BAT'CARRÉ N°8

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numéro 8 // février-mars 2013

Corée du Sud LE PAYS DU MATIN CALME

Mafate

LA VIE AU-DESSUS DES NUAGES RencontRe avec tieRno MonéneMbo

bataye kok

JIM, UNE PURE LÉGENDE

CARRÉ

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ÉVASION CULTURELLE ÉVASION BEAUX LIVRES & ÉVASION ROMANS DU MONDE ÉVASION JEUNESSE AU CŒUR DE L’ÎLE LE QUOTIDIEN À L’ÎLET À MALHEUR CAYENNE, SI LOIN DU BAGNE ! RENDEZ-VOUS AVEC RENÉ ROBERT AURÈRE, LE POINT D’ANCRAGE COUP DE CŒUR ADRIANA ET MOI, LE RENDEZ-VOUS D’AURÈRE SAVOIR-FAIRE LE MALOYA SUR LE BOUT DES DOIGTS INSTANTANÉ MÉTAMORPHOSE SPECTACULAIRE DU PAYSAGE ÎLE MYSTIQUE PROTECTIONS, TOUR D’HORIZON RENCONTRE TIERNO MONÉNEMBO, CONTEUR ET COMPTABLE DE L’HISTOIRE HORIZON SAUVAGE QUARTIER FRANÇAIS, LE PASSÉ MIS À NU VOYAGE-VOYAGE LA CORÉE DU SUD, LE PAYS DU MATIN CALME BATAYE KOK JIM, UNE PURE LÉGENDE RENDEZ-VOUS BD ZISKAKAN, LA MUSIQUE DES BULLES CHRONIQUE AKOUT SALEM EN DIX QUESTIONS PAPILLES EN FÊTE RECETTE DE L’ATELIER DE BEN JEUX RÉSULTATS DES JEUX

Tous droits de reproduction même partielle des textes et des illustrations sont réservés pour tous pays. La direction décline toute responsabilité pour les erreurs et omissions de quelque nature qu’elles soient dans la présente édition.

Couverture Photographie de Igor Tarasov Éditeur BAT’CARRÉ SARL bimestriel gratuit

Directeur de publication Anli Daroueche anli.daroueche@batcarre.com 0692 29 47 50

Adresse 16, rue de Paris 97 400 Saint-Denis Tel 0262 28 01 86 www.batcarre.com ISSN 2119-5463

Directrice de la rédaction Francine George francine.george@batcarre.com 0262 28 01 86 Rédacteurs Géraldine Blandin, René Robert Jean-Paul Tapie, Anne-Line Siegler Serge Delmas, Sylvain Gérard Guillaume Perroux, Francine George Secrétaire de rédaction Aline Barre

Directeur artistique P. Knoepfel, Crayon noir atelier@crayon-noir.org Photographes Géraldine Blandin Anne-Line Siegler Stefan Grippon Jean-Noël Enilorac Éric Lafargue Serge Delmas Hippolyte Illustrateurs Hippolyte

Création & exécution graphique Crayon noir

Distribution TDL

Vifs remerciements à René Robert, Serge Delmas Benoît Vantaux, Éric Lafargue pour leur précieuse collaboration à ce numéro

Impression Graphica 305, rue de la communauté 97440 Saint-André DL No. 5565 - Mars 2013

Développement web Anli Daroueche, Axe Design Publicité Francine George : 0262 28 01 86


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Ce début d’année bouscule les habitudes, la saison cyclonique est dense, la crise s’installe et n’encourage pas à aller de l’avant, le désespoir conduit au meurtre ou au suicide… alors, évadons-nous ! Il existe à La Réunion, et au-delà, des endroits, des paysages, des personnages qui donnent envie de rêver. C’est ce que nous vous proposons dans ce numéro avec de très belles rencontres à Mafate et en Corée du sud. Un échange riche et passionnant avec le lauréat du prix Métis 2012, Tierno Monénembo, écrivain engagé qui parle de la vie avec un enthousiasme lyrique. Bataye Kok met en scène sa figure légendaire. Vous découvrirez aussi la musique en images avec le dernier album de Ziskakan tandis que Christine Salem se livre à vous, en toute simplicité. Pour finir et continuer à mettre vos papilles en fête, Benoît Vantaux vous propose son coulant au chocolat. Que du bonheur ! Joyeuse année 2013 !

Francine George

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É VASION BEAUX-L IV RES · 4 Sélection Francine George

MIXITÉ OCCITANE

Arnaud Späni, photographe aux multiples facettes, vient de s’installer à La Réunion. Né en Afrique, il a longtemps vécu en Espagne, puis dans le Gers et à Toulouse. Aventurier au regard plein d’entrain, Arnaud Späni sait mettre en lumière une conception architecturale, un paysage, une saveur, le style en vogue, l’âme d’un inconnu croisé au hasard du chemin. Il a publié une vingtaine d’ouvrages en France et en Espagne. Sa collaboration avec le Toulousain Alem Surre-Garcia, ancien président de l’Institut Occitania-al-Andalus, porte sur la mise en relation entre l’art mudéjar et l’art gothique occitan. Ainsi, ce superbe ouvrage raconte une histoire de l’art singulière « qui va de l’époque médiévale à l’époque baroque où Toulouse et Saragosse étaient à la tête de principautés prestigieuses, musulmanes ou chrétiennes. » Clochers & Minarets, les influences orientales dans l’art religieux occitan Arnaud Späni – Alem Surre-Garcia ÉDITEUR Privat TITRE

AUTEURS

UNE MER INTÉRIEURE EN LIMOUSIN

Julie Delfour, docteur ès lettres et docteur en géographie, dévoile les coulisses de la construction du barrage de Vassière mis en eau il y a maintenant 60 ans. Illustré par les belles prises de vue d’Arnaud Späni, cette unité de production hydroélectrique a créé « une petite mer intérieure » avec ses ports, ses rivages sur le plateau des Millevaches. Vassivière, Lac de lumière Julie Delfour et Arnaud Späni ÉDITEUR EDF - Privat - collection Patrimoine régional TITRE

AUTEURS

FENÊTRE OUVERTE SUR CUBA

Ce livre sur Cuba est une avant-première, trois éditeurs sont sur la brèche. Le choix final est en cours. Le photographe Arnaud Späni nous livre ici sa vision de la société cubaine « au hasard des rencontres de ces hommes et de ces femmes, combattants du quotidien, qui nous dévoilent leurs joies et leurs souffrances, laissant ainsi la trace de leur existence, l’essence même de leur société. » Une balade insolite à découvrir sous peu. Sin embargo… Cuba Arnaud Späni ÉDITEUR en cours TITRE

AUTEUR

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5 · É VASION R OMANS DU MON DE

DESTINS CROISÉS EN HAÏTI

Jean-Marc Pasquet est à la fois conteur, musicien, scénariste. Son roman nous embarque dans deux scénarios parallèles, l’un dans le Haïti corrompu d’aujourd’hui, et l’autre dans l’Hispanola du XVIe siècle, avec en trame de fond, les rites taïnos. Un thriller époustouflant et un tour de force pour un genre qui n’est pas nouveau. Jean-Marc Pasquet, au parcours familial cosmopolite, sait remarquablement bien insuffler du mystique au réel, de l’histoire à l’imaginaire, du possible au probable, de la musique aux scènes imagées… le tout sans répit ! Le sens de l’aventure a, ici, un rythme effréné ! Libre toujours Jean-Marc Pasquet ÉDITEUR JC Lattès TITRE

AUTEUR

L’AFRIQUE AU PREMIER PLAN

Auteur prolixe au succès mondial, Yasmina Khadra, ancien officier supérieur de l’armée algérienne, campe son intrigue, cette fois-ci, en Afrique. Kurt Kraussmann, médecin allemand, gâté par la vie au commencement, va sombrer dans une vertigineuse descente aux enfers pour se reconstruire de façon surprenante. Cette trajectoire est formidablement bien restituée dans tous ses différents épisodes douloureux, avec de temps à autre, quelques notes d’humour inattendues. Otage en Somalie, Kurt hait de prime abord l’Afrique pour toutes les souffrances infligées, tandis que Bruno, son compagnon français de mésaventure, en est totalement épris. Ils sont à l’image de ce continent complexe, multiple, en proie aux pires excès terroristes comme aux grandes leçons d’humanité. Les échanges manichéens entre les deux protagonistes interpellent sans cesse ceux qui essayent de comprendre le monde. L’équation africaine Yasmina Khadra ÉDITEUR Pocket TITRE

AUTEUR

UN DANGEREUX MÉTIER À BRODER

Premier roman de ce professeur d’université espagnol. L’action se déroule d’abord en Espagne puis à Tanger et Tétouan pendant la guerre civile et la seconde guerre mondiale. Sira, jeune femme issue d’un milieu modeste madrilène, a appris de sa mère le métier de couturière. Planche de salut qui va la conduire vers un destin auquel elle n’avait pas été préparée, l’espionnage dans les plus hautes sphères de l’État. De ce thriller mené tambour battant, on sort enchanté, surtout par la partie marocaine, la légèreté du ton faisant oublier quelques manques certains. Il s’agit plus de dépaysement, d’ambiance, que d’un véritable roman historique, même si l’on y côtoie l’univers feutré, mais féroce, des ambassades et l’on croise l’ombre de personnages ayant existé. L’espionne de Tanger Maria Duenas ÉDITEUR Robert Laffont TITRE

AUTEUR


É VASION JEUN ESSE · 6

PREMIÈRES BULLES

Premier tome, premier scénario, première BD…l’aventure commence vite, haut et fort. Les deux Réunionnais auteurs de Nogard ont défendu leur création au festival d’Angoulême en ce début d’année 2013. Pour ceux qui aiment le fantastique, tous les ingrédients de l’action sont réunis pour « faire souffler le feu de la soif ! » Souhaitons-leur longue vie ! Nogard – Tome 1 Patrice Bavoillot et Afif Ben Hamida ÉDITEUR Des Bulles dans l’Océan TITRE

AUTEURS

LA COLLECTION DES IMAGIERS

Les imagiers en album cartonné, très colorés, apportent aux tout-petits les premières sensations de lecture. Premier imagier sur les animaux, premier imagier sur les fruits, premier imagier sur les légumes… les pages se tournent facilement et résistent aux gestes brusques de bébé. ILLUSTRATIONS ET TEXTE ÉDITEUR

Guillaume Bernardin

Tibaba

LA COLLECTION DES TITO

Tito, le ti’tang des hauts, partage avec joie ses aventures avec les petits qui font leurs premiers pas en lecture. Tito va au marché, Tito mange à la cantine, Tito va à la plage, Tito en randonnée…et à la fin de chaque album, un coloriage les attend pour continuer l’aventure. ILLUSTRATIONS ET TEXTE ÉDITEUR

Tibaba

Guillaume Bernardin



AU CŒU R DE L’ Î LE · 8

TEXTE

& PHOTOGRAPHIE

Le quotidien à l’Îlet à Malheur

au-dessus des nuages, il y a le cirque de Mafate. Un coin isolé au milieu des montagnes, là où la route, le bruit des klaxons et la pollution n'existent pas. ils sont environ 700 à habiter le cirque. certains y sont nés, d'autres ont choisi de s'y installer. tous aiment leur vie mafataise si particulière. Rencontre avec quelques-uns de ces habitants, à l'Îlet à Malheur, juste en face d’aurère.

GÉRALDINE BLANDIN



AU CŒU R DE L’ Î LE · 1 0

Ce samedi après-midi, Gigi et Martinien sont aux fourneaux. Dans leur petite cuisine sous tôle, ils préparent un cari au feu de bois, « un vrai cari des hauts ». Les Hauts, Gigi et Martinien les connaissent bien. Ils ont toujours vécu à Mafate. Lui est originaire d'Îlet à Malheur. Elle, de Grand Place, un autre îlet qu'elle a quitté il y a une dizaine d'années pour suivre « son prince charmant ». Depuis, les amoureux font leur chemin ensemble, à Malheur. L'îlet compte une soixantaine d'habitants, une boutique, une école, une chapelle et plusieurs gîtes. La vie de ces Réunionnais des Hauts est rythmée par les visites extérieures comme celle du facteur qui dépose le courrier chaque mardi ou celle du Père Stéphane qui vient donner la messe régulièrement. Quant aux visites des touristes et des hélicoptères, elles sont quasi quotidiennes.

le corps y veut bouger !

Toutes les deux semaines, un hélicoptère vient déposer la nourriture pour les marmailles de l’école. Une fois par mois, ce sont les déchets que l’hélicoptère vient récupérer. À Mafate, le tri sélectif n’existe pas, mais les habitants essayent au maximum de brûler et passer au compost les déchets verts. Ces rotations sont récentes, elles existent depuis six ans seulement, depuis, en fait, la naissance du Parc National des Hauts de La Réunion. Avant, tous les déchets étaient entassés à l’air libre. À ces rendez-vous se rajoutent de nombreuses rotations pour la boutique, pour les gîtes ou celles de la DDASS, de l’ONF ou encore de la Gendarmerie. « Habite un’autre place ? Peut-être quand nou sera vieux... Mais pas tout’suite, lé sûr ! Nou veut garde les pieds sur terre ! », sourit Gigi. Avec Martinien, ils vont courir régulièrement sur les sentiers, par plaisir et parce que « le corps y veut bouger ! » Depuis toutpetits, leurs jambes sont habituées à ces chemins escarpés. Pour aller à l'école, à la boutique ou voir la famille, il faut marcher. Pour aller travailler, il faut marcher aussi. Martinien est salarié du GCEIP, une structure gérée par le Conseil général et qui a pour but d'aménager les espaces naturels de La Réunion. Ainsi, une dizaine de jours par mois, avec ses collègues, il arpente les sentiers mafatais afin de les « réparer » pour les habitants du cirque et les touristes.


LES REMPARTS À L’HORIZON

LE COMPTOIR À PALABRES

LE RENDEZ-VOUS DOMINICAIN


AU CŒU R DE L’ Î LE · 12

« J'aimerais travailler davantage… mais c'est déjà ça ! Le boulot, c'est la seule chose difficile à Mafate… Il n'y en a pas assez pour tout le monde. Pour travailler, on est obligé d'enquiller plusieurs petits contrats ou alors de créer sa propre structure. » Et c'est ce qu'a fait Gigi. Après avoir cumulé pendant plusieurs années les petits boulots à Mafate, dans les écoles, sur les sentiers ou dans le tourisme, la trentenaire a décidé d'ouvrir son propre gîte il y a un an avec l'aide de son compagnon. Ensemble, ils régalent chaque soir les touristes de passage avec leurs caris au feu de bois, leurs gâteaux péï et leur musique seggaë. Martinien à la guitare, Gigi au chant… Les amoureux composent eux-mêmes leurs chansons comme Zozo blanc qu'ils jouent ensuite chez eux ou lors de concerts qui ont lieu en ville. « En bas, personne ne s'attend à voir des Mafatais jouer de la musique… ça les surprend, c'est génial ! Et faire découvrir nos compositions en dehors du cirque, c'est un plaisir pour nous. »

Je suis bien ici. C’est calme, c’est beau... et j’aime ce que je fais

S'ennuyer dans les montagnes ? L'idée fait sourire le couple. « C'est le contraire, pou être tranquille, il faut ou ça va dans les bas justement ! Ici, si ou veux occup’ out temps à Mafate, ou peux sans problème ! Entre le travail, les enfants, la musique, le jardin… Néna toujours un afèr pour faire ! » Graziella partage cette opinion. Pourtant, quand la jeune femme débarque à Mafate il y a treize ans, elle s'ennuie… le premier mois ! Originaire de Piton St-Leu, Graziella est tombée amoureuse de Gilbert, un Mafatais qui n'aimait pas la ville. Pour vivre avec lui, elle l'a donc suivi dans son cirque. « La première fois que je suis venue, le chemin était long et difficile ! Je me disais que je n'y arriverais pas… Je n'avais jamais été à Mafate avant ! Et je ne savais pas du tout où je mettais les pieds ! » Aujourd'hui, Graziella ne veut plus quitter Malheur : « Je suis bien ici. C'est calme, c'est beau… Et j'aime ce que je fais. » En 2006, après plusieurs petits boulots, la Mafataise d'adoption crée un camping dans l'îlet. Elle y travaille tous les jours avec son compagnon. Sa seule pause, c'est quand elle va voir sa famille dans les bas au moins une fois par mois. « Lé dur là-bas… Moin lé plus habituée au bruit par exemple. Mi gagn pas dormir, mi entend la route, les voitures… Quand mi lé là-bas, mi lé pressée de remonter ! Pourtant, marcher… mi aime pas trop mais faut faire avec », plaisante Graziella. Car Mafate se mérite ! Plusieurs heures de marche sont nécessaires pour rejoindre les Hauts. L'Îlet à Malheur et Aurère sont à une vingtaine de kilomètres de la Rivière des Galets. « Seulement » huit se font à pied, les autres à bord d'un 4x4, car c’est plus facile et surtout moins dangereux pour les marcheurs. En effet, il faut traverser à plusieurs reprises le lit de la Rivière des Galets. Mais début janvier, le cyclone Dumile a ravagé la piste… Les 4x4 ne peuvent plus circuler. C'est un problème pour les Mafatais d’Aurère et de Malheur qui doivent désormais parcourir les vingt kilomètres à pied et surtout passer dans l'eau plusieurs fois.


« C'est dangereux… La rivière est haute par moments, elle nous arrive à la taille, raconte Guy, un habitant de Malheur. C'est facile de tomber ! Sinon, il faut passer par Salazie, mais la route pour descendre est longue... » Depuis Malheur ou Aurère, il est assez simple de rejoindre Salazie par le sentier Scout, qui s’étend sur huit kilomètres. Mais la route pour sortir du cirque est longue et sinueuse. Les Mafatais, plus habitués à l’hélicoptère qu’aux voitures, sont « sensibles » aux virages de la route de Salazie ! Pour Guy, les ravages de Dumile lui posent un réel problème. Le gérant de la boutique d'Îlet à Malheur doit descendre régulièrement en ville pour faire ses courses. En temps normal, les marchandises sont ensuite ramenées en 4x4 jusqu'à Deux-Bras, au bout de la piste, là où l'hélicoptère les récupère pour les monter ensuite à Malheur. « Mais là, il va falloir s'organiser différemment… La piste ne va pas être réparée avant le mois d'avril.» S’organiser différemment, c’est trouver de nouvelles solutions. Des rotations sont envisagées depuis la Rivière des Galets, Dos d’Âne ou encore Salazie, mais plus c’est loin et plus c’est cher ! Guy est né à Malheur il y a 47 ans. Il n'a jamais quitté son îlet. Sa boutique, il l'a ouverte il y a 25 ans. Un rêve de gamin. « Petit, quand mi té à l'école, pou gagne un peu l’argent, nou té vend boissons pou band z’habitants Malheur. Té un bon l’ambiance ! Alors moin l’a imagine fé pareil plus tard ! » En 1987, Guy ouvre la première boutique de l'îlet. Une petite boutique qu'il agrandit au fil du temps. Guy surnommé Guito à Mafate, et sa femme Fabienne travaillent tous les jours de l'année. « Les vacances ? On verra plus tard… Car si on part, il faut tout fermer. C'est embêtant… » Le couple accueille dans sa boutique les randonneurs qui viennent se ravitailler, mais aussi, et surtout, les habitants de l'îlet. Car la boutique de Guito, c'est un peu le point central de l'îlet, là où tout le monde passe pour causer un instant. « Tous les soirs, les gens de Malheur et même d’Aurère viennent à la boutique boire une canette, grignoter quelque chose ou acheter un afèr pour le repas… C'est surtout l'occasion de discuter

entre nous, de se retrouver et de se raconter ce qui s'est passé dans la journée. » Comme partout, quelques ladi lafé traînent au milieu des conversations les plus sérieuses portant souvent sur le même sujet ces derniers mois : l'eau. Les habitants de Malheur et d’Aurère sont confrontés à un grave problème d’approvisionnement d'eau. Celui-ci, qui se fait depuis la ravine Joson, est insuffisant. Mais le cyclone Dumile a apporté de la pluie et réglé le problème… jusqu’à la prochaine saison sèche. Malgré tout, Guito ne quitterait pour rien au monde son îlet natal. « Moin la jamais vécu en bas et moin l'en a pas envie ! Et pou quoi faire en bas ? Mi aime ma vie ici en haut », explique le Mafatais, papa de quatre enfants. Deux d'entre eux, les plus grands, habitent pourtant en bas depuis quelques années déjà. Car à Mafate, l'école s'arrête en primaire. Les enfants doivent quitter le cirque quand ils entrent au collège. En période scolaire, ils sont en bas. Pendant les vacances, ils retrouvent les Hauts. Mais une fois que ces petits Mafatais ont goûté à une autre vie, celle de la ville, certains ne reviennent pas dans leur cirque. Graziella a deux filles de sept et quatorze ans. Leika, la plus grande, actuellement au collège de la Rivière des Galets, veut revenir vivre à Mafate quand elle sera adulte. Mais pour sa sœur Kenza, les projets sont différents : « J'aimerais vivre à St-Paul quand je serai grande, il y a plus de choses à faire », confie la petite Réunionnaise. Quant à Guito, lui, il espère qu'un jour l'un de ses enfants reprendra sa boutique et continuera de la faire vivre, là-haut, au-dessus des nuages.

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AU CŒU R DE L’ ÎLE · 14

TEXTE JEAN-PAUL TAPIE PHOTOGRAPHIE GÉRALDINE BLANDIN

Cayenne, si loin du bagne !


Est-ce parce qu’il se trouve dans le fond du fond du cirque que l’îlet de la Cayenne est le moins connu du cirque de Mafate ? Peutêtre. Le soleil, chaque jour, y séjourne un peu moins longtemps qu’au-dessus des autres écarts. Il semble l’effleurer, l’espace de quelques heures, l’arrachant à l’ombre matinale pour le replonger un peu plus tard dans l’ombre vespérale. C’est que l’îlet de la Cayenne est un îlet discret. Il ne se pavane pas, ne s’exhibe pas. Il est tellement niché au creux de la rivière des Galets qu’on a du mal à le repérer de loin. Le plus souvent, on ne le découvre qu’en arrivant dessus. Au détour du sentier qui serpente depuis la passerelle d’Oucy ou de celui qui longe discrètement la rivière depuis le Bronchard, ou en contrebas de celui qui descend de Grand-Place. Brusquement, Cayenne est là, sous vos yeux, devant vous. Quelques cases aux couleurs pimpantes, nichées dans la végétation, comme des femmes dissimulées sous les frondaisons, qui se taisent en vous apercevant de l’autre côté de la ravine, avant de reprendre leur conversation, un ton en dessous. Elles paraissent indifférentes au randonneur qui passe. Cayenne attendra que vous preniez la peine de faire le petit détour de quelques minutes qui vous rapprochera de ses quelques cases, de son gîte flanqué d’un terrain d’atterrissage pour l’hélicoptère. Vous pourrez vous y reposer un instant, en attendant de gagner Grand-Place ou de poursuivre vers l’amont de la rivière des Galets, par où vous pouvez également rejoindre Grand-Place les Hauts : un superbe sentier sinueux vous attend à la Roche Ancrée pour vous voler votre dernier souffle et vous faire regretter de n’avoir pas fait halte à Cayenne. Bien entendu, vous pouvez aussi choisir de passer quelques heures, voire la nuit, à Cayenne. On sait être accueillant, même si l’on ne court pas après le touriste avec force panneaux indicateurs, comme un peu plus haut, à Grand-Place, où les gîtes se disputent les randonneurs. Le gîte de Cayenne n’a rien

de spécial, ni d’inoubliable. C’est le lieu qui l’est. Et si vous restez pour y passer la nuit ou quelques heures, vous découvrirez, à un quart d’heure à peine de l’îlet, le cimetière de Cayenne, que certains baptisent de GrandPlace, alors qu’il est nettement plus près de l’un que de l’autre. Il fait l’objet d’une description dans un roman dont, oh tiens, quelle coïncidence, je suis l’auteur. La voici. Le cimetière occupait un terrain de forme quadrangulaire. Il ne reflétait pas une activité fébrile. On mourait peu dans cet écart de Mafate. Ou, plus vraisemblablement, les candidats à l’inhumation se faisaient de plus en plus rares. Un portail de bois permettait de franchir le grillage tressé de liserons. On avait écrit à la peinture blanche, sur les planches du portail, cette requête : Eteindre votre bougie avant de partir. Les tombes étaient éparpillées, un peu au hasard, semblait-il ; il n’y avait pas d’allées, juste de l’herbe, qui avait été tondue récemment. Certaines tombes étaient entourées de grilles, c’étaient les mieux entretenues. Des buissons de fleurs blanches poussaient un peu partout. Les croix, toutes identiques (elles provenaient sans doute du même fournisseur), portaient le nom du disparu et la date de sa mort, précédés de la mention DCD (j’avais déjà remarqué ce détail sur les croix plantées au-dessus du Gouffre, près d’Etang-Salé). Les Thiburce et les Thomas abondaient, suivis de plus loin par les Benoit et les Libelle. L’emplacement était superbe, invisible du chemin mais incroyablement ouvert sur l’espace. Le bord du rempart du Maïdo ne semblait être qu’une étape vers le ciel. L’endroit aurait séduit tout adepte de la translation des âmes. Maintenant, si vous ne me croyez pas, si vous ne me faites pas confiance, rendezvous à Cayenne et visitez le cimetière. Vous n’en reviendrez pas. Enfin, façon de parler, bien sûr !


TEXTE RENÉ ROBERT

R EN DEZ-VO US AVE C RENÉ ROB ERT · 16

PHOTOGRAPHIE STEFAN GRIPPON

Aurère, Le cirque de mafate : un attrait particulier pour les réunionnais et les amateurs de nature en général ; un cirque insondable dans son histoire ; une souffrance pour les mollets de la plupart d’entre nous ; une avalanche de questions face à cette multiplicité de paysages et d’îlets accrochés aux faîtes de précipices… et toujours cette envie d’y retourner, car on a l’impression d’être « ailleurs », sans pouvoir l’expliquer. Les repères sont toujours des ravines inquiétantes ou des remparts dominateurs. Dans ce labyrinthe de créations paysagères, offrandes d’une nature riche dans son évolution, il est facile de perdre le nord, et on se raccroche comme l’on peut à une forme connue, un sentier habituel, un hameau comme aurère.

VUES D’EN HAUT, VUES D’EN BAS... PERSPECTIVES VERTIGINEUSES

!


le point d’ancrage Cet îlet est à peu près au centre du cirque, dominé par le Piton Cabri. Regardant vers le nord et la Pointe des Galets (invisible), on situe vers l’est la Roche Ecrite et le Cimendef ; vers l’ouest le rempart de l’îlet des Orangers, et plus loin, celui du Maïdo. Dans notre dos, c’est l’énorme masse du Gros Morne qui culmine à plus de 3 000 mètres. Et dire que tous ces monuments naturels sont souvent des ruines, des restes d’une évolution où les grands glissements de terrain et l’érosion des torrents ont joué un rôle considérable. Comment imaginer que jadis, voici plusieurs centaines de milliers d’années, là où nous sommes, s’étendaient de vastes plateaux inclinés, réguliers, qui rejoignaient le Piton des Neiges, un volcan actif qui devait trôner à plus de 3 400 mètres ?

on a l’impression d’être « ailleurs », sans pouvoir l’expliquer .


R EN D EZ-VOUS AVE C R ENÉ RO BERT · 18

En fixant son attention sur une carte du cirque, ou en regardant Mafate grâce à un défilement de photographies prises du ciel (avec Google par exemple), on remarque une suite de vallées profondes et de crêtes allongées qui sont autant de difficultés à franchir. En partant du rempart ouest de la Roche Ecrite au-dessus du Bras de Sainte-Suzanne, c’est d’abord la Crête de la Marianne, puis la Crête d’Aurère, puis de l’autre côté de la Rivière des Galets, la Crête des Orangers. Vers le sud d’Aurère, et proche de La Nouvelle, il y a une dernière crête, celle des Calumets. Toutes ces crêtes sont minces et orientées dans le sens amont/aval et sont des conséquences de l’érosion de torrents parallèles.

la puissance du travail de la nature

TEXTE RENÉ ROBERT PHOTOGRAPHIE GÉRALDINE BLANDIN

Pour les deux grands cirques voisins, Salazie et Cilaos, on note que cette série de crêtes résiduelles n’est une évidence que pour Mafate. ll y a bien le magnifique Bras de Caverne, parallèle à la Rivière du Mât, pour le cirque de Salazie ; mais il est tout seul. Au total, si les trois cirques ont un indéniable air de famille, et notamment une forme générale de poire, limitée par de hauts remparts presque verticaux, ils sont assez nettement différents par une foule de détails naturels. C’est du côté d’Aurère que l’on peut percevoir au mieux la puissance du travail de la nature, et celle de l’eau en particulier, et aussi l’originalité de Mafate. On a tous vécu les expériences des cyclones tropicaux et de leurs crues dévastatrices pour se faire une petite idée de ce qui a dû se passer dans la région d’Aurère au cours des millénaires précédents. C’est une région surprenante à bien des égards. Elle l’est par sa géographie, ses paysages actuels. Elle l’est aussi par son histoire géologique et toutes les questions qu’elle suscite. Lors de votre prochaine excursion dans cette région, prenez le temps de dépasser le panorama qui s’offre à vous en vous projetant dans le passé pour essayer d’imaginer l’incroyable processus d’érosion qui a, peu à peu, transformé ce paysage.



CO UP DE CŒUR · 2 0

TEXTE JEAN-PAUL TAPIE PHOTOGRAPHIE GÉRALDINE BLANDIN

Adriana & moi LE RENDEZ-VOUS D’AURÈRE

Rendez-voUs n’est peUt-êtRe pas le teRMe adéqUat. Un Rendez-voUs iMpliqUe qUe l’Une et l’aUtRe peRsonne soient aU coURant. paRleR de RencontRe seRait peUt-êtRe plUs appRopRié. encoRe qU’Une RencontRe soUs-entend qUe chacUn, apRès coUp, se soUvienne d’avoiR RencontRé l’aUtRe. contRaiReMent à Moi, je ne sUis pas sûR qU’adRiana kaRaMbeU se soUvienne de M’avoiR cRoisé à aURèRe.

v


Pour tout dire, je n’ai même pas la conviction qu’elle ait eu conscience de ma présence. Pas même de mon existence. En fait, elle ne m’a pas vu. Elle est passée devant moi, immense et élégante dans sa combinaison beige teinte café au lait, le logo de la Croix-Rouge bien en évidence, souveraine et absente, pas même dédaigneuse, aussi bien à sa place dans cet îlet du bout du monde que sur le proscenium d’un défilé de mode. J’ai appris plus tard qu’elle était venue là en hélicoptère pour réaliser quelques photos destinées à une campagne de levée de fonds en faveur de l’organisation humanitaire dont elle était alors le symbole dans le monde entier. Il est très peu probable que, si je retourne à Aurère, je la croise de nouveau. D’ailleurs, j’y suis retourné à plusieurs reprises depuis lors, et jamais je ne l’ai revue. Rien ne prouve qu’elle y remette un jour les pieds, aussi n’est-il sans doute pas indispensable que je m’y rende dans le seul but de la revoir. Mais, me direz-vous, il n’est pas indispensable d’espérer rencontrer Adriana Karambeu pour se rendre à Aurère. Et là, je suis tout à fait d’accord avec vous. L’îlet, à lui seul, justifie une visite, et pas obligatoirement par hélicoptère. On peut s’y rendre à pied. J’ai même envie de dire : on doit s’y rendre à pied. D’autant que les chemins pour l’atteindre ne manquent pas, et ils sont tous plus beaux et plus pittoresques les uns que les autres. Le plus classique, bien sûr,

consiste, à partir de Deux Bras, de monter par le Bord Bazar en contournant le Piton Cabri. On peut aussi, toujours à partir de Deux Bras, remonter le Bras de Sainte-Suzanne, puis se glisser dans la Ravine des Merles par un sentier exigeant, mais gratifiant. On peut encore l’atteindre en partant du cirque de Salazie et en empruntant le Sentier Scout qui conduit jusqu’à Ilet-à-Malheur avant de traverser la Ravine Bémale par une jolie passerelle et d’attaquer un petit raidillon dont vos jambes garderont le souvenir bien après être arrivé à Aurère. On peut enfin descendre le superbe Sentier Augustave, depuis Bord Martin, sur la route menant au Col de Fourche, et entrer dans l’îlet à l’endroit même où parvient le Sentier du Bras des Merles. Je n’irais pas jusqu’à dire que tous les chemins mènent à Aurère, mais vous remercierez tous ceux-là de vous y avoir conduit. Car Aurère est un îlet très convivial. Forcément : c’est un carrefour de sentiers, et donc un rendez-vous de randonneurs. Il est donc accueillant. On y compte plusieurs gîtes et chambres d’hôtes et un café idéalement situé au croisement de tous ces chemins. On peut y admirer le Maïdo sous un angle original et, quand descend le crépuscule, se laisser enchanter par le silence riche d’échos qui entoure le lieu. Aurère est une étape indispensable dans Mafate. Même si le souvenir d’Adriana Karambeu ne l’habite plus vraiment.


PU B LI- R E PO RTAGE B AT’ CAR RÉ · 22

nouveau nom, nouveau logo, nouvelle charte, nouvelle dynamique, qualité tourisme ile de la Réunion prend son envol ! l’iRt - Île de la Réunion tourisme - souhaite renforcer l’attractivité de l’île dans un contexte où la concurrence est de plus en plus exacerbée. attirer plus de touristes, savoir les fidéliser passent par l’amélioration de la qualité des produits et des services qui leur sont proposés. le label redynamisé, un nouveau logo plus moderne avec sa grande lettre q - symbole de qualité reconnu dans le monde - emportée haut dans le ciel par un paille-en-queue répondent à cette démarche. les professionnels du tourisme à la Réunion se regroupent autour de ce nouveau label pour lequel ils signent « l’engagement satisfaction. »


UNE CHARTE D’ENGAGEMENT AU STANDING INTERNATIONAL

À La Réunion, 113 professionnels s’engagent et garantissent le respect des dix promesses de la charte de qualité dans tous les secteurs : hébergements classés, restaurants, accueils information, loisirs culturels, activités sportives de pleine nature, boutiques artisanales, transports. Chacune de ces branches professionnelles a établi la liste des dix engagements prioritaires visant à améliorer la qualité des prestations offertes. Ces professionnels mettent un point d'honneur à accueillir les clients avec le sourire et à répondre à leurs attentes. Audits mystère, suivi personnalisé garantissent le niveau de service au standing international et la satisfaction des nouvelles exigences des touristes et des résidents.

Retrouvez les adhérents de « qualité tourisme - ile de la Réunion » sur www. reunion.fr


Le Ma lo ya

SUR LE BOUT DES DOIGTS


25 · SAVOIR - FAIR E

TEXTE

& PHOTOGRAPHIE

ANNE-LINE SIEGLER

considéré comme subversif jusqu’au début des années 80, le Maloya, hérité de l’esclavage, est depuis 2009 classé au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. la reconnaissance de cette richesse identitaire et culturelle a encouragé jean-luc Robert, saint-andréen de 43 ans, à s’imposer dans la fabrication d’instruments traditionnels. soudeur de métier, il devient « facteur » d’instruments traditionnels à plein temps. en musique, « le facteur » est celui qui conçoit, réalise, ou répare les instruments.


DANS SON ATELIER DE CRÉATION… À Saint-André, sous la varangue familiale aménagée en atelier, se côtoient différentes familles de tambours, kayambs en série, bobres en cours de finition, pikèr et sati. Jean-Luc Robert explique sa façon de travailler : pour lui, pas question de clouter son kayamb ni de le truffer de graines de lentilles. Car ce fabricant d’instruments traditionnels est un puriste, un partisan du retour aux sources. « Je privilégie le montage à l’ancienne. Pour le kayamb, j’utilise des tiges de fleurs de cannes et du bois de goyave pour la cloison, le tout est attaché avec du fil ou « ligaturé » comme on dit. Avant c’était du fil de choca ou de vacoa qui était utilisé. » À l’intérieur du cadre compartimenté en deux s‘équilibrent de petites boules noires circulaires, les graines de safran marron, et plus rarement des graines de cascavel ou encore des graines de Job. Malheureusement, ces pépites acoustiques se raréfient. Dans ses kayambs, l’homme glisse des petites pièces, comme un portebonheur, de façon à personnaliser l’objet. « L’artiste donne une âme à son instrument. Je ferme le kayamb devant lui. » Son premier roulèr, il s’en souvient comme si c’était hier, coupé morceau par morceau à la hache dans un bois de letchis vieux de 150 ans. « Le bois le plus noble, au son le plus puissant, c’est le bois de tamarin, avec le bois de letchis. Mais ce dernier est très dur, il faut le tremper un mois dans l’eau avant de le travailler. Je travaille tout type de bois selon la demande. Par exemple, les djembés, qui sont arrivés à La Réunion dans les années 80, sont issus de bois de mangue, les roulèr sont faits avec du bois de tamarin…»

AU SERVICE DES ARTISTES

Familier du Maloya et des servis kabaré depuis toujours, le Saint-Andréen s’est lancé dans la fabrication traditionnelle d’instruments de musique. « Au départ, c’était par besoin, j’avais un roulèr familial à réparer. Après, j’ai appris tout seul, en regardant les autres et j’ai ajouté ma touche personnelle. » Il est maintenant fortement apprécié du monde culturel. « Les gens commencent à me faire confiance », reconnaît celui qui travaille uniquement sur commande. Humble, discret et respectueux des artistes de renommée qu’il côtoie, Jean-Luc, alias Zanlik, se garde bien d’énumérer leurs noms.


27 · SAVO IR -FAI RE

LE RETOUR AUX SOURCES

Pour lui, le Maloya ne s’explique pas. Il doit se vivre, se ressentir. « Quand tu joues, il y a une magie. Une électricité, c’est en toi, c’est mystique, c’est comme une sensation de chair de poule. » L’apport de l’Afrique et de Madagascar sont indiscutables, même si les instruments ont été transformés et adaptés à La Réunion. Le roulèr est par exemple « endémique » de l’île. « Le Maloya est né de pratiques cultuelles malgaches et africaines. Les esclaves charpentiers ont évidé un tronc d’arbre et pris une peau de bœuf pour faire un roulèr. Le sati, c’est un morceau de tôle, un « bac pétrole » sur lequel on a commencé à taper. » Aujourd’hui, les techniques de fabrication ont bien évolué. On n’évide plus un tronc d’arbre, mais on monte un roulèr à partir de morceaux de bois découpés à la hache ou à la tronçonneuse, cintrés puis cerclés. Le montage cordé des roulèr, qui a remplacé le cloutage, permet ainsi de travailler différentes hauteurs de sons auxquelles contribue l’épaisseur de la peau choisie.

L’ART DE LA TRANSMISSION Dans son atelier qui rappelle un amphithéâtre, le facteur couve des yeux ses « bébés », il évoque avec affection les différentes sonorités de ses instruments au « son clair », « grave » ou « renfermé ». Au bout d’une grande table est posé le bobre, à l’architecture originale, c’est l’un des instruments les plus difficiles à jouer. Attribut des conteurs, sa sonorité fait penser à une complainte lancinante. Tout en haut des planches domine le tambour vouve, aujourd’hui pratiquement disparu, sorte de roulèr allongé qui rappelle la vouve des pêcheurs. Chaque pièce est unique, signée par l’artiste, Z-Lik pour Zanlik. Au gré de sa fantaisie, Jean-Luc Robert revisite aussi les instruments traditionnels, tels le roulèr zébré ou tacheté. Effet garanti !

C’est pour préserver cette richesse culturelle que ce père de famille intervient aussi dans les écoles. Et comme chez les Robert le Maloya est une pratique familiale, voire ancestrale, le facteur travaille en tandem avec son fils Luciano, percussionniste, qui l’aide à faire « évoluer l’instrument ». Après sept ans de conservatoire à Saint-Benoît, le jeune homme à la tête du groupe « Loryzine » propose au public un Maloya plus urbain, nourri d’un son traditionnel mélangé à des rythmes afro-cubains.

Atelier Z-Lik Fabrication Jean-Luc Robert 110 rue des Pinpins 97440 Saint-André jean-luc.robert21@orange.fr 0692 14 76 32


I N STAN TA N É · 28

TEXTE FRANCINE GEORGE PHOTOGRAPHIE STEFAN GRIPPON


Février 2013. Métamorphose spectaculaire du paysage. Les pluies cycloniques forment un arc de cascades sur le radier de la rivière d’Abord qui relie Saint-Pierre à Terre-Sainte.


ÎL E MYSTIQ U E · 30

TEXTE

&

PHOTOGRAPHIE ANNE-LINE SIEGLER

Protections TOUR D’HORIZON

le mauvais œil et le besoin de s’en protéger existent depuis la nuit des temps. Malchance, nadjar, bouche cabri, mové zieu… la Réunion, héritière de diverses cultures au fil des migrations, n’y échappe pas. ces protections auxquelles l’individu menacé peut recourir portent un nom en créole : garanties ou garde-corps. elles évoluent avec ou en marge des différentes instances religieuses qui les tolèrent ou les considèrent comme idolâtriques dès lors qu’elles frôlent la sorcellerie.


LES TROUBLES DE L’ÂME Maladies, problèmes de nature financière, amoureuse ou sociale, mauvaises âmes à gérer… autant de manifestations de forces négatives qui menacent le quotidien des Réunionnais. L’auteur, les auteurs des maléfices ? Un voisin, un camarade, un ancien concubin ou même une mauvaise étoile. Dès lors, les moyens de protection mis en œuvre sont multiples, de la simple prière à l’usage de talismans savamment confectionnés. Diverses matières peuvent entrer dans la composition d’une garantie et différents supports : papier, tissu, métal, poinçons, gravures agrémentées de symboles ou non. Ces objets peuvent être sacralisés, « chargés » par un intercesseur – prêtre, devineur ou guérisseur – dont le rôle se situe à mi-chemin entre le religieux et le thérapeutique. De fait, il est souvent difficile de tracer une frontière nette entre médecine, magie, religion et sorcellerie.

Outre la transgression d’un interdit, le mauvais œil « s’attrape » par la médisance et la jalousie. Prégnant dans le milieu malbar, le regard de l’autre, tout comme la parole (bouche cabri ou mauvaise langue) sont considérés comme potentiellement malveillants. Un simple regard admirateur, ou des paroles trop élogieuses peuvent déclencher involontairement des forces négatives. Les musulmans redoutent aussi ce pouvoir malsain du regard et de la parole et appellent « nadjar » le mauvais œil.

Face à ces risques, les plus vulnérables sont les jeunes enfants et les femmes enceintes. Dans l’hindouisme réunionnais, on peint alors un « poutou » (point noir) au milieu du front de l’enfant et/ou sur sa joue gauche ; on peut aussi orner ses yeux de kajal (khol), lui faire porter des bracelets noirs aux poignets. À noter que le noir est une couleur de protection en Inde. Le recours aux garanties se fait aussi lorsque l’on rentre dans une phase négative de son signe astrologique. « Cet état de faiblesse entraîne de mauvaises choses », explique un pusari de l’île. Et de préciser que « beaucoup de jeunes cherchent à se protéger psychologiquement. » Mais ces personnes deviennent aussi des proies faciles pour les devineurs, plus intéressés par l’appât du gain que par l’apport d’une aide thérapeutique. « Plus de 90% des gens se font berner », estime le prêtre tamoul.


Les porte-bonheur

LE SACLON

LES TAWIZ

Le saclon ou saklon est un talisman fréquemment employé. Terme créolisé à partir du tamoul « cakkaram » qui signifie roue, énergie, le saclon sert à concentrer les forces positives et l’énergie d’une divinité sur un individu ou un espace. Sur une plaque de métal est gravée en sanskrit ou en tamoul une figure magique (ou yantra), un diagramme représentant une divinité, orné de formules et de symboles sacrés. Lorsque ces garanties sont portées autour du cou, on utilise alors de petits saclons simplifiés, gravés sur des feuilles de métal et roulés dans de longs tubes, des taïtou. La personne est alors placée sous la protection de Mariamen pour la maladie et Karli pour le mauvais œil. En outre, à chaque grande fête, les bijoux personnels peuvent être bénis lors du bain de la divinité célébrée ce jour-là, le métal étant conducteur de la force divine. Les garanties pour fonctionner pleinement doivent être portées au contact de la peau.

Les zarab disposent également de garanties appelées « tawiz ». Ces derniers, confectionnés dans des sachets de tissu vert, contiennent des versets du Coran ou des formules de prières traduites en chiffres. On les porte sur soi ou on les affiche dans la maison ou le commerce. Certains tawiz doivent être glissés dans de l'eau que l'on boit après dilution de l’inscription. Les tawiz sont aussi présents dans les rites liés à la maternité : on les noue autour du ventre pour éviter les fausses couches, à la cheville droite pour un accouchement sans problème et au poignet droit du bébé. Ils peuvent également être placés sous un oreiller. Comme dans l’hindouisme, les tawiz servent à repousser une mauvaise âme ou djinn. Mais cette pratique divise les musulmans : pour certains, porter un tawiz est « shirk » ou péché d’idolâtrie, pour d’autres il relève d’une science talismanique au même titre qu’une science médicale. Du coup, c’est à des molwis venant d’Inde ou de l’Ile Maurice que l’on s’adresse, pour les cas difficiles. Dans les communautés musulmanes mahoraises et comoriennes, ces pratiques de tawiz se nomment « hiriz ».

En honorant et remettant des offrandes aux anciens, ces derniers protègent les vivants.


33 · Î LE MYSTIQUE

LA MÉDAILLE

LES ODY

Quant à La Réunion catholique, les saints y sont très sollicités : médailles de la Vierge, de Saint Benoît, Saint Christophe, Sainte Rita, Saint Michel, statues et images de Saint Expédit. Le crucifix en lui-même est une protection contre les démons.

Pour ce qui est des communautés malgache et chinoise, il est plus question de culte que de religion, notamment de cultes aux ancêtres. En honorant et remettant des offrandes aux anciens, ces derniers protègent les vivants. Les Réunionnais d’origine malgache disposent d’équivalents créoles de garanties, les ody, fabriqués par des devineurs et guérisseurs. Ces ody, « rechargés » pendant le servis kabaré, se présentent sous plusieurs formes, entre autres des cornes de zébu dans lesquelles sont introduits bois, métal, os, dents, griffes, poils, miel, terre... Comme l’esprit y habite, il faut régulièrement réactiver leur pouvoir.

Certains devineurs incorporent ces médailles à leurs garanties y ajoutant des éléments malbars ou malgaches. À l’inverse, Malbars et Malgaches introduisent des éléments chrétiens dans leurs talismans. Les garanties « créoles » se présentent sous forme de sachets en toile et contiennent des ongles, de la cendre, des prières de Sainte-Croix, des litanies de Saint Expédit, parfois des morceaux de bec de coq. Là aussi, pour que le talisman fonctionne, il doit être porté au contact de la peau. L’Église s’oppose à ces « garde-corps », considérés comme « sacrements du diable », surtout lorsqu’ils se rapprochent de la sorcellerie.

Pour un tour d’horizon plus approfondi Jean Benoist, Anthropologie médicale en société créole. 1993, Paris, PUF Jean Benoist, Hindouismes créoles. Mascareignes, Antilles. Paris, CTHS Françoise Dumas-Champion, Le mariage des cultures à l’île de La Réunion. Paris, Karthala, 2008 Marie-France Mourregot, L’islam à l’île de La Réunion. L’Harmattan, 2010 Jacques Brandibas, Psychopathologies et Thérapeutiques Réunionnaises. Saarbrücken, Editions Universitaires Européennes, 2010

LE PA KUA

Pour la communauté chinoise, l’héritage de la religion populaire, apportée à La Réunion par les premiers migrants au début du XXe siècle, tend à disparaître. En effet, peu se souviennent des dessins ésotériques affichés dans les maisons, les restaurants ou les boutiques, et des miroirs convexes appelés Pa Kua, censés rejeter les ondes négatives. Cela dit, le culte à la divinité protectrice Guandi est toujours en vigueur. Ce dernier est censé pourchasser les mauvais esprits et lutter contre les mauvais sorts. Certaines amulettes auraient le même effet, comme l’anneaudisque de jade Pi ou les pendentifs figurant le symbole yin et yang.


P UB LI-R E PORTAGE B AT’ CA RRÉ · 3 4

SFS le spécialiste de l’assurance construction

Partout dans le monde, SFS est proche de ses clients


LE POIDS DU GROUPE SFS

Le groupe SFS (Securities & Financial Solutions) a été créé en 2002 par Patrice Gilles fondateur de la SARL Securities & Financial Solutions. Cette société de courtage était initialement spécialisée dans la souscription de contrats d’assurances RC décennale et protection juridique sur le département de La Réunion. Désormais, avec son statut de mandataire de compagnies d’assurances, le groupe SFS est le spécialiste de l’assurance construction sur le territoire français, mais aussi dans les DOM et en Nouvelle-Calédonie. Après dix années d’existence, le Groupe SFS représente un capital social de 3.88 millions d’euros, près de 100 millions de primes d’assurance gérées, plus de 240 salariés dans le monde au travers de 49 représentations dans dix pays sur les quatre continents.

L’EFFICIENCE AU SERVICE DU CLIENT

SFS a réussi à développer des programmes adaptés et souples, permettant à sa clientèle de bénéficier de couvertures optimales avec un tarif parmi les plus performants du marché. Son PDG, Patrice Gilles, le confirme : « L'accompagnement de nos assurés dans le respect de notre dénomination « Sécurité et Solutions Financières » guide le développement de nos produits tout en orientant nos choix d’organisation et d’expansion territoriale. Dans cet esprit, nous poursuivons notre progression sur trois axes prioritaires :

Patrice Gilles, fondateur du groupe Securities & Financial Solutions

• la recherche permanente de nouveaux • produits performants en mettant notre • expertise en oeuvre pour offrir • des solutions d'assurance construction • respectant les exigences • règlementaires et légales les plus • complexes. • le rapprochement de nos clients • pour mieux satisfaire leurs besoins. • C’est le cas avec notre présence • à Mayotte. • des processus surveillés, mesurés, • analysés, visant à toujours améliorer • la qualité de notre organisation • et de nos services. »

L’ÉVOLUTION DE L’AGENCE DE MAYOTTE Depuis 2009, le Groupe SFS est présent à Mayotte avec le rachat de la société de courtage en assurances Espace Conseil de Mamoudzou. Kevin Moutien, le nouveau représentant du Groupe SFS à Mayotte, en souligne les particularités : « Par Skype, Intranet et Internet, je suis relié à tous les collaborateurs, administrateurs et experts du groupe SFS. Cette facilité de communication, cette proximité font de nos agences des modèles de réactivité. Nous collaborons à de nombreux projets, et nous devons donner à nos clients les réponses dans les meilleurs délais tout en étant précis et pointus. SFS, c’est un accompagnement au niveau juridique et technique (service gratuit offert aux adhérents). Les collaborateurs de SFS sont également sensibles à la prévention : nous n’attendons pas qu’un problème survienne pour nous déplacer sur un chantier. En cas de sinistre, c’est également SFS qui est l’interlocuteur des assurés. SFS est à l’écoute permanente des constructeurs et artisans mahorais qui sont de plus en plus conscients de l’utilité et la sécurité que leur apporte la garantie décennale. » Son expertise avérée, sa présence locale et l’obligation d’appliquer la loi Spinetta à Mayotte donnent à l’agence mahoraise de SFS toutes les raisons de progresser rapidement.


R ENCO N TR E · 36

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCINE GEORGE PHOTOGRAPHIE JEAN-NOËL ENILORAC

Tierno Monénembo Conteur et comptable de l’histoire



R ENCO N TR E · 38

Il vient d’arriver de Conakry. Un long voyage qui ne lui enlève pas son sourire d’enfant. Très impressionné par l’accueil qu’il reçoit, fier d’être le nouveau lauréat du prix Métis après Maryse Condé et Lyonel Trouillot, il nous invite à découvrir son dernier roman Le terroriste noir qui a également été sélectionné dans la première liste du prix Goncourt. Né en Guinée en 1947, Tierno Monénembo a fui, très jeune, la dictature de Sékou Touré. Il arrive en France pour passer son doctorat en biochimie. Il enseigne ensuite au Maroc, puis en Algérie et se met à l’écriture, puis vient s’installer en France. Son premier roman Les crapauds-brousse édité au Seuil en 1979 décrit de manière acerbe une société africaine corrompue. Toujours en quête d’identité, il met en scène l’histoire de son peuple, les Peuls. Avec Le roi de Kahel, il obtient le prix Renaudot en 2008. Il avait auparavant obtenu le prix des Tropiques avec L’aîné des orphelins qui traite du génocide rwandais. Que ce soit dans l’esprit des légendes peules ou dans celui d’un village des Vosges, l’écriture de Tierno Monénembo est toujours aussi belle, imagée, drôle, tout en donnant au tragique une profondeur inédite. Ses personnages nous habitent longtemps après avoir tourné la dernière page, un signe qui ne trompe pas. Tierno Monénembo est sans conteste un grand écrivain qui reste étonnamment modeste et discret, malgré son succès. Il se sent « comptable des douleurs nationales » et garde la rage au ventre pour témoigner des violences que subissent son peuple et son pays, l’Afrique toute entière.

votre réaction lorsque vous avez su que vous étiez le lauréat du prix Métis ? Je ne connaissais pas l’existence du prix Métis. Je l’ai appris par une alerte Google. Et lorsque j’ai découvert que deux grandes personnalités littéraires - Maryse Condé et Lyonel Trouillot – étaient les lauréats précédents, je me suis dit que j’étais en très bonne compagnie ! Je suis évidemment très fier d’avoir reçu ce prix. comment vous est venu le sujet de votre roman Le terroriste noir ? En tant qu’exilé, je suis très attentif à ce qui se passe dans mon pays et très attentif aussi aux événements qui touchent un Guinéen. Un jour, je lis dans un hebdomadaire que l’on remet une médaille posthume, soixante ans après son exécution, à un Guinéen qui s’est illustré comme résistant pendant la seconde guerre mondiale. Je me dis, tiens voilà un sujet intéressant, un Guinéen, héros de la Résistance dans les Vosges ! On a tellement écrit sur la Seconde Guerre Mondiale qu’il y a usure du sujet. Il fallait que je trouve un point de vue original. Et, à ma connaissance, Addi Bâ est le seul engagé des Tirailleurs Sénégalais à avoir été chef de la Résistance. C’est exceptionnel. Et ce qui est exceptionnel aussi c’est qu’il ait été aussi bien accepté dans cette France des années 40. D’autre part, ses compagnons fusillés avec lui ont été immédiatement reconnus comme résistants. Pour Addi Bâ, il a fallu attendre soixante ans !


Un bel hommage aux oubliés de l’histoire comme vous l’avez mis en relief au début du roman : Oui, en citant cette belle phrase de Sédar Senghor : « On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat inconnu, Vous, mes frères obscurs, personne ne vous nomme. » Il est vrai que la France a du mal à reconnaître ses héros noirs. Addi Bâ est une figure très charismatique et un peu mystérieuse à la fois. Il a écrit son nom dans l’histoire de la région. À Langeais et dans deux villages vosgiens, une rue porte maintenant son nom. Il serait probablement président du conseil général, ou quelque chose comme ça, s’il vivait encore. Mais il reste un héros sur le plan local seulement. et en Guinée ? En Guinée, on sait juste qu’il est venu en France et qu’il s’est fait tuer par les Allemands. J’ai rencontré l’un de ses parents. Il savait peu de chose sur lui, juste le nom du village dont il était originaire. comment avez-vous retrouvé l’histoire d’addi bâ ? Je ne connaissais rien d’Addi Bâ. Et j’ai eu beaucoup de chance. J’ai rencontré un journaliste vosgien Étienne Guillermond - qui a compilé lettres, photos et témoignages sur Addi Bâ. Il a même créé un site internet très bien fait - www.addiba.free.fr. La famille de ce journaliste avait hébergé Addi Bâ à Tollaincourt, Romaincourt dans le roman. C’est lui-même qui avait gardé son Coran et quelques-unes de ses affaires. Je me suis donc rendu dans ce village à la rencontre des protagonistes de l’histoire. Chacun avait sa version selon l’âge qu’il avait à l’époque et selon sa proximité avec Addi Bâ, c’est ce qui m’a aidé à créer du flou, car je ne voulais absolument pas faire quelque chose d’historique.

pourquoi ? Je voulais m’exprimer en tant qu’écrivain. L’histoire vraie est le fil conducteur, mais je suis un romancier, pas un historien. Je laisse la chronique des événements objectifs aux historiens. Un écrivain n’est pas objectif, il travaille sur l’émotion. L’art n’est pas objectif. L’art est subjectif car il part du sentiment. La littérature a tendance à humaniser. Au fin fond de la barbarie, il reste quelque chose d’humain. L’écrivain ne procède pas par la haine, il fonctionne sur l’affection. l’essence même de la littérature est l’âme humaine. Flaubert, Dostoïvski, Faulkner ont un regard différent sur l’histoire, un œil inventif. Ce sont les guerres et les grandes tragédies humaines qui font la richesse de la littérature. Sans la guerre de sécession, il n’y aurait pas eu Faulkner aux Etats-Unis, sans toute la violence et la souffrance que les Russes ont subies du temps des Tsars, il n’y aurait eu ni Tolstoï, ni Dostoïevski. C’est la douleur qui crée l’art. vous avez réussi à recréer l’ambiance d’un village, le parler, les comportements vosgiens ? je crois en l’esprit des lieux. Ma femme est vosgienne et j’ai eu la chance de me procurer une sorte de lexique en patois vosgien, c’est ce qui fait que mes personnages ont cet accent authentique. Je voulais trouver une tonalité, restituer la richesse des paysans vosgiens. J’ai donc donné la parole à Germaine, une vieille vosgienne qui parle au neveu d’Addi Bâ autant qu’elle se parle à ellemême et exhume son passé. Je voulais évoquer le personnage d’Addi Bâ, son parcours, sans toutefois l’exposer. Mon envie était de donner au lecteur la possibilité de l’imaginer sous ses différentes facettes.


R ENCO N TR E · 40

dans un passage du livre, vous évoquez l’implication de la Grande Mosquée de paris dans la Résistance ? Oui, en effet. Addi Bâ était musulman et fut un temps aide-cuisinier à la Mosquée de Paris. Il avait gardé des contacts et, ce qui n’est pas forcément très connu parce qu’ils sont d’une grande discrétion à ce sujet, la Grande Mosquée de Paris a été un haut lieu de la Résistance. Le recteur faisait semblant d’être avec les Allemands alors qu’il protégeait de nombreux résistants, et de nombreux Juifs. Cette histoire que je relate de messages cachés dans les pelures d’oignons est tout à fait réelle, c’était une façon de correspondre sans éveiller les soupçons. le roman pourrait devenir un film ? Il est question d’une adaptation cinématographique. Oui, la première scène où Germaine Tergoresse raconte la découverte d’Addi Bâ est imprimée avec précision dans la tête de chacun au village. Étienne a aujourd’hui 84 ans, il n’en avait que dix-huit à l’époque, mais il en parle comme si ça venait de se passer. EXTRAIT

« Sonnez à n’importe quelle porte et l’on vous décrira mieux que si Renoir en avait fait un film sa petite taille, son teint de ricin, son nez de gamin, ses yeux de chat, ses habits de tirailleur, tachés de sueur et de boue, le buisson d’alisiers sous lequel il gisait, l’odeur de la tourbe, et le bruit des sangliers sous les châtaigniers. Il en faut des tas de petits hasards pour tisser une existence, n’est-ce pas ? Pensez que cette histoire n’aurait pas eu lieu, que je ne serais pas là en train de pérorer sur votre oncle si l’Étienne avait obéi à son père.»

il s’agit d’un parcours inverse au personnage de votre précédent roman, Le Roi de Kahel, qui, lui aussi, a existé. Oui, il y a un effet miroir entre les deux histoires. Dans le roi de Kahel, je raconte l’histoire d’un aventurier qui a existé, Aimé Olivier de Sanderval, admirateur du peuple Peul et devenu un « roi » Peul. Cette histoire se situe aux prémisses de la colonisation pour rappeler que les premiers colons étaient avant tout des explorateurs, les commencements de la colonisation étaient l’œuvre de pionniers. Ce sont des histoires complémentaires. Addi Bâ, qui est Peul aussi, a fait le chemin inverse. L’un quitte le monde des Blancs en France pour aller se mêler à l’histoire des Africains et l’autre, à l’inverse, quitte l’Afrique pour se mêler à l’histoire des Blancs, en France. vous êtes un écrivain voyageur. vous avez toujours besoin de vous immerger dans le pays de vos romans ? Oui, j’ai besoin de comprendre le pays, de me frotter au quotidien, aux gens, et de laisser décanter avant de me lancer dans l’écriture. Mais j’écris à tout bout de champ, à n’importe quel moment de la journée, j’ai mon carnet de notes. J’ai vécu six mois au Brésil pour m’imprégner et j’ai écrit, bien plus tard, mon roman Pelourinho. J’ai eu besoin de vivre au Brésil, de comprendre le sens du Brésil, je me suis frotté aux gens, j’ai compris les relations fortes qu’il y a entre l’Afrique noire et le Brésil, et après que tout ça soit décanté dans mon corps et dans mon esprit, j’ai pu écrire ce roman, deux ans plus tard !


Un autre exemple. J’ai passé trois mois à Cuba en résidence d’écrivain. C’est un très beau pays, très grande littérature, une belle musique, une grande révolution. À Cuba, les choses sont faites, il n’y a pas que des promesses, la santé, la pharmacopée, les clubs de littérature… Tout ça existe. Ils n’ont jamais coupé les grands courants de la création. Tout le monde sait lire et écrire là-bas. Ils ont laissé les mœurs libres, ce n’est pas comme en Chine. Mon projet de roman est de parler d’un métis qui revient sur les traces de sa mère. Son père est Guinéen et sa mère est Cubaine, il vient marcher dans les pas de la révolution à travers l’histoire de sa mère. J’ai enseigné en Algérie. J’ai un roman en moi depuis les années 80 où j’étais là-bas pendant les événements sanglants. J’y ai perdu beaucoup d’amis. J’étais très lié à un écrivain algérien. Je dois écrire sur l’Algérie pour lui. Ce travail d’écriture m’aide aussi à me comprendre. La psychanalyse ne se fait pas seulement sur le divan, elle se fait aussi dans le voyage et dans l’écriture. J’ai l’impression de mieux me connaître et de faire partie du monde dans lequel je vis. et votre récent retour en Guinée ? Ça fait plus de quarante ans que j’avais quitté la Guinée ! Il était hors de question pour moi de revenir sous une dictature, même s’il est difficile de couper le cordon avec le pays de sa naissance. J’ai le projet d’écrire un roman qui va célébrer la ville de Conakry et qui va raconter l’histoire d’une jeune fille guinéenne d’aujourd’hui qui concentre sur elle, sur sa personne, sur sa vie, l’ensemble des douleurs nationales vécues depuis 1958.

c’est important pour vous de témoigner par la fiction ? La Guinée est un pays qui depuis 1958 est sans droit, où le principe du droit a toujours été violé par ceux qui dirigent l’État. L’État guinéen se comporte comme un prédateur, comme un bandit, comme un cow-boy. Il vole, il mange et tue comme il veut. Il piétine la constitution guinéenne et tous ses principes. La constitution de la Guinée était certainement la meilleure du monde dans les années 60. Mais Sékou Touré l’a toujours violée. Et aujourd’hui, ça continue. Alpha Condé mène une approche ethno-stratégique pour masquer une gestion qui va vers le pouvoir personnel. Les Guinéens n’ont jamais été vraiment opposés. L’utilisation des ethnies et des régions pour prendre le pouvoir et le conserver existe depuis Sékou Touré dans les années 50. Il a opposé les Peulhs et les Soussous artificiellement pour s’imposer face à Yacine Diallo. Ensuite, il a opposé les Peuhls et les Malinkés. Et aujourd’hui, Alpha Condé entre dans ce créneau-là. Il faut le dire. C’est le chaos. Une des plus longues dictatures. La violence est visible partout. Notre devoir d’écrivain, c’est de raconter la douleur nationale. Il est très difficile d’être écrivain chez nous sans être militant. q seriez-vous tenté par une carrière politique dans votre pays ? Non, car je témoigne à ma manière et depuis que j’ai reçu le prix Renaudot, ce que j’écris sur mon pays, sur l’Afrique, est plus écouté qu’avant. Les écrivains africains sont presque tous exilés. On se voit, on se rencontre dans des colloques. Les jeunes générations comme Wabery ou Mabanckou alimentent des blogs, créent des lieux de débats, d’échanges, les choses avancent beaucoup plus vite avec les jeunes.


R ENCO N TR E

pourquoi choisir une femme pour porter votre roman sur conakry ? Les femmes et les enfants sont d’excellents personnages de roman. Ce sont des personnages très riches et très fluides, perméables et modelables. On peut façonner ces personnages à sa guise. Avec deux trois mots mis dans la bouche d’une femme ou d’un enfant, on peut raconter le monde entier. Alors qu’avec un homme, il faut des tonnes de mots pour dire la même chose. Au cinéma, dans les romans ou en art plastique, la femme est expressive, il suffit d’un souffle, une larme au bord des cils …

HO R IZO N SAUVAG E · 42

quelle image avez-vous de la Réunion ? J’ai l’impression qu’il y a quelque chose d’africain ici, que le degré de métissage est plus fort que dans les autres DOM. Je ne connais pas cette partie du monde et j’espère pouvoir la découvrir un peu, même si je ne peux pas rester longtemps. En tous les cas, la cuisine a l’air excellente !

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sur batcarre.com, retrouvez Tierno Monémembo et sa bibliographie

TEXTE FRANCINE GEORGE PHOTOGRAPHIE ERIC LAFARGUE

QUARTIER FRANÇAIS, LE PASSÉ MIS À NU

Squelettes moribonds, les structures métalliques de l’usine sucrière offrent dans un furtif trait de lumière un tableau saisissant. Par endroits, lianes et ronces tentaculaires recréent, en tissant leur toile, un paysage sur les ruines du passé. Seule, la cheminée en pierre de basalte, droite, presqu’intacte, s’impose au regard de celui qui se souvient.

SUITE PAGES

44 & 45




45 路 HO RIZO N SAU VAG E



47 路 VOYAGE VOYAGE

TEXTE

& PHOTOGRAPHIE

La Cor茅e du Sud LE PAYS DU MATIN CALME

SERGE DELMAS


la corée du sud est un « petit pays » (100.000 km2 soit 1/5 de la france métropolitaine) comparée à ses grands ou puissants voisins : la chine, la Russie et le japon. séparée de la partie nord depuis la guerre de corée, elle reçoit la protection américaine et accueille ses Marines. devenue une démocratie, de culture asiatique et de culture occidentale, elle est à la fois très différente et très proche de nous. Modèle économique libéral et volonté d’être reconnu sur le plan mondial ont conduit le pays à un niveau de développement comparable à celui des pays européens. à titre d’illustration, ses marques les plus connues : samsung, lG ou encore hyundai et kia. la culture coréenne est également en pleine évolution. Gangnam style et ses multiples variantes déferlent sur la toile, la k-pop (korean-pop) a envahi les oreilles des teenagers du monde entier, les dramas (séries tv) sont vus dans tous les pays et le cinéma coréen est sans doute aujourd’hui le plus dynamique d’asie. en littérature, les traductions en français donnent accès à la lecture de grands écrivains coréens tels que hwang sok-yong ou jo jong-Mae, les mahwas, bandes dessinées coréennes « cousines » des mangas japonais, sont diffusées aussi bien sur papier, que sur internet hd… la corée du sud se montre de par le monde.


49 · VOYAGE VOYAGE

Chine

LA SCISSION DES CORÉES

La République de Corée (Corée du Sud) occupe 45 % du territoire de la péninsule. Elle est gouvernée par un régime démocratique et compte aujourd'hui plus des deux tiers de la population. La République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord), gouvernée par un régime totalitaire, est environ deux fois moins peuplée. Pascal Dayez-Bourgeon, agrégé d’histoire, ancien diplomate en poste en Corée du Sud, dans son dernier essai L’histoire de la Corée, présente ainsi « le pays du matin calme » :

Corée du Nord

Séoul

« La Corée n’est pas une île. C’est une presqu’île, solidement arrimée au continent chinois. Mais dans notre géographie imaginaire, la Corée est bien une île, et même plutôt deux fois qu’une. Une île parce que la Corée du Nord verrouille la frontière qui la sépare de la Chine. Entre les deux Corées, la terrible DMZ, cette bande de territoire hermétiquement fermée, coupe le pays en deux depuis 1953 (60 ans cette année !). Le Sud est donc doublement isolé, on ne peut plus y accéder qu’en avion ou en bateau. La Corée du Sud est bien une île : une île politique. »

Corée du Sud

Japon


VOYAGE VOYAGE · 50

SÉOUL, UNE CAPITALE AU BOUILLONNEMENT PERMANENT

Tout commence à Séoul, principale porte d’entrée du pays, grande métropole dépassant les 10 millions d’habitants dans laquelle vit un Coréen sur cinq. Ce qui caractérise Séoul peut-être, c’est le mélange du passé et du présent, les palais royaux, les temples et les portes d’enceinte qui côtoient les grands immeubles de verre et leurs écrans géants, buildings sur lesquels se reflètent les multiples néons d’une ville qui vit jour et nuit. Ces dernières années, ont été construits des immeubles design, conçus par de grands cabinets d’architectes à l’instar de la nouvelle mairie de Séoul qui se dresse à l’arrière de l’ancien bâtiment, témoin de la période coloniale (l’occupation japonaise a duré de 1910 à 1945). Il semblerait que les autorités séoulites aient la volonté de faire de la capitale de la Corée du sud la ville monde de l’Asie du nord-est. Séoul est en perpétuelle mutation…

La ville est très étendue, les quartiers dissemblables, les ruptures surprenantes. Les transports en commun sont bien développés. Le métro, moderne, et d’une propreté remarquable, possède de multiples ramifications pouvant atteindre les villes voisines. Les bus, très nombreux, ont des trajets plus difficiles à appréhender en raison des itinéraires indiqués en hangeul (l’alphabet coréen très graphique), et les taxis sont pratiques et surtout pas chers. La ville se divise en deux parties de part et d’autre de la rivière Han. Au nord, Gangbuk « l’ancienne ville », qui regroupe les principaux sites historiques et culturels. Au sud, Gangnam, la ville récente, quartiers d’affaires… dont le nom est désormais mondialement connu ! Outre la Namsan, la colline située en plein centre, au sommet de laquelle se dresse la Seoul Tower, la capitale est largement entourée de montagnes. Aussi, ne vous étonnez pas de croiser des randonneurs dans le métro, dont les dernières stations arrivent aux pieds des montagnes. Comme à La Réunion, beaucoup de Coréens sont fous de randonnée, véritable « sport national ». Chaque fin de semaine, ils envahissent les chemins balisés. Il est facile de les distinguer car ils sont tous équipés de tenues adaptées. En Corée, « l’habit fait le moine », le vêtement a un rôle de reconnaissance et de marqueur social.

DÉTAIL DE LA STATUE MONUMENTALE DE BOUDDHA AU TEMPLE DE SINHEUNG-SA DANS LE PARC NATIONAL DE SEORAKSAN.


SÉOUL

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VUE DE LA NAMSAN ET DE LA TOUR QUI DOMINE LA VILLE DEPUIS LE QUARTIER HISTORIQUE DE BUKCHON.


VOYAGE VOYAGE · 52

BALADE DANS SÉOUL

Impossible de décrire tous les lieux à visiter, par contre quelques sites s’imposent. Le palais Deoksugung et la mairie de Séoul retracent en plein centre-ville une grande partie de l’histoire moderne de la Corée. Dernière résidence de l’Empereur d’un pays déjà sous le joug japonais, les bâtiments royaux traditionnels tout de bois et de tuiles colorés côtoient les bâtiments de style néoclassique occidental. Annexe du musée national d’art contemporain, des expositions sont organisées y compris dans les bâtiments historiques associant la tradition à la vision moderne des artistes. Sur la place, la mairie rappelle également le passage du temps avec son bâtiment classique du XX e siècle et son « annexe » résolument du XXI e. La visite est incontournable pour les amateurs d’architecture, ou ceux qui prennent plaisir à découvrir l’âme des lieux. La structure tubulaire du bâtiment se dresse entre les murs végétaux, la façade tout de verre ouvre sur la ville laissant ainsi la lumière inonder le hall. Un joyau !

Le sanctuaire Jongmyo abrite les tablettes des esprits des rois et des reines de la dynastie Joeson. Leurs esprits résident dans un trou spécialement creusé dans une tablette de bois. Tout en longueur, le bâtiment principal, début du XVII e siècle, accueille les tablettesesprits de 19 rois et 30 reines, chacune installée dans une pièce séparée. Le parc est calme, mystérieux, la visite le samedi peut s’effectuer à sa guise, un bonheur. À l’entrée du site, des retraités jouent la journée au baduk (nom coréen du jeu de go) ou au janggi (échecs chinois). La colline boisée de la Namsan, située en plein Séoul, permet de voir la ville du nord et celle du sud tout en se promenant. Le lieu est très prisé au printemps en raison de ses arbres en fleurs. Au sommet se dresse la tour de Séoul, offrant un point de vue encore plus élevé sur la ville et les environs montagneux, permettant aussi de voir la mer à l’ouest. Le flanc sud plus calme vous amène vers Itaewon et le splendide musée d’Art de la fondation Samsung : le LEEUM.

LA MAIRIE DE SÉOUL EN PREMIER PLAN, L’ANCIEN BÂTIMENT DATANT DE

1926

ET,

LE RECOUVRANT PRESQUE COMME UNE VAGUE, LE NOUVEAU BÂTIMENT CONSTRUIT EN

2012 RÉPONDANT

AUX NORMES

ENVIRONNEMENTALES. À L’INTÉRIEUR, SON HALL DE VERRE ET D’ACIER AUX MURS VÉGÉTALISÉS.


LES ARAIGNÉES

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MÂLE ET FEMELLE

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SCULPTURES

GÉANTES DE LOUISE BOURGOIS À L'ENTRÉE DU LEEUM À SÉOUL.

Le LEEUM est composé de trois bâtiments modernes. Le premier conçu par Mario Botta abrite la collection d’art traditionnel coréen faite de pièces exceptionnelles de céramique (de céladons entre autres dont plusieurs sont estampillés « Trésor national »), de métal et de peintures bouddhiques. Le second est l’œuvre de Jean Nouvel, il accueille la collection d’art contemporain : un artiste, une œuvre de choix en général. Enfin le dernier, conçu par Rem Koolhaas présente des expositions temporaires de niveau international. À l’entrée, sur la terrasse esplanade, les sculptures araignées (femelle et male) de Louise Bourgois valent, à elles seules, la visite !

À SEOGWIPO, PORT DE L’ÎLE DE JEJU DO, LA NOUVELLE GALERIE-CAFÉ VUECREST DANS UNE CONSTRUCTION À L’ARCHITECTURE MODERNE.

Cheonggyecheon : la rivière retrouvée. Elle s’étend sur plus de 5 km en plein centre de Séoul. En 1958, une route fut construite dessus. En 2005, après travaux, la rivière est réapparue au jour. Elle constitue aujourd’hui un lieu de promenade unique avec ses 22 petits ponts et ses décorations de pierre. Début novembre, la fête des lumières investit les lieux tout le long de ses berges : une mise en scène de personnages historiques et folkloriques faits de fil de fer et de papier huilé, éclairés de l’intérieur. Dans la nuit, ils apparaissent flottant sur la rivière, la foule dense formant une procession de part et d’autre. C’est magique et très populaire.


VOYAGE VOYAGE · 5 4

BALADE EN PLEINE NATURE ET DANS LES PARCS NATIONAUX

La Corée est très montagneuse, les plaines y sont rares. Le pays est composé de nombreuses vallées fluviales et de massifs rocheux qui font le bonheur des amateurs d’excursions en plein air. Les sorties à la journée sont la règle, ce qui n’empêche pas le randonneur de faire de beaux dénivelés s’il le souhaite. Malgré l’industrialisation des années 80 et 90, la Corée reste verte et les nombreux parcs nationaux ou régionaux sont facilement accessibles. Ils sont très fréquentés les fins de semaine, pendant les vacances et tout spécialement au printemps, lors de la floraison des cerisiers formant des voutes enneigées de délicates fleurs blanches et, à l’automne, pendant la « foliage period », feuillages flamboyants embrasant la montagne de mille feux. Début du printemps et début de l’automne constituent des temps forts pour visiter le pays et jouir de ces si beaux spectacles naturels.

RETOUR DE PÊCHE VERS LE PORT DE TONGYEONG, AU SUD-EST DE BUSAN. TONGYEONG EST LA PORTE DU PARC NATIONAL MARITIME DE HALLYEO DONT LES NOMBREUSES ÎLES SONT RELIÉES PAR FERRY CÔTIER.

Le parc national du Seoraksan se situe dans le nord-est aux portes de la petite ville de Sokcho. Coincée entre la mer de l’est et le massif montagneux, Sokcho est un port de pêche actif. Des panneaux en russe indiquant le terminal des ferries pour Vladivostok font réaliser combien la Corée est proche de la Sibérie. Le parc comporte plusieurs accès, de nombreux chemins de promenade, de randonnée ou d’alpinisme selon son niveau et quelques sommets dignes d’être gravis. Les parcs nationaux ont des sources thermales avec des bains, des villages pour se restaurer, des auberges et des temples bouddhistes renommés qui méritent la visite ou le séjour.


Le départ est indiqué en coréen et en anglais : « national scenic road of Korea ». Très vite, vous comprenez pourquoi.

Le parc national de Jirisan, autre grand parc réputé pour ses sommets de plus de 1 500mètres, certains difficiles d’accès, dont le Jiri San seulement destiné aux randonneurs aguerris et bien équipés. Le parc offre de somptueux paysages avec ses cours d’eau qui serpentent à travers des forêts denses. Au pied des montagnes se dressent de nombreux temples anciens, maintes fois reconstruits ou réaménagés, signes d’une religion véritablement pratiquée. C’est au temple de Sanggyesa qu’il est possible d’admirer la floraison de printemps, féérique et inoubliable. Pour accéder au temple, une petite route remonte la vallée. Le départ est indiqué en coréen et en anglais : « National scenic road of Korea ». Très vite, vous comprenez pourquoi. En cette période, la route passe sous une voute faite de fleurs de cerisiers. Quatre kilomètres d’un ruban bordé de vieux arbres noirs aux troncs noués, tordus, qui portent des millions de fleurs blanches nacrées dont les pétales s’envolent au moindre souffle d’air. Vous entrez alors dans un monde enchanté. Un sentiment de profonde sérénité vous habite en marchant dans une lumière douce filtrée par les fleurs.

DANS GYEONGJU, L'ANCIENNE CAPITALE DU ROYAUME DE SILLA AVEC SA FORTERESSE DE BANWOLSEONG

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LE CHÂTEAU DU CROISSANT DE LUNE

IL NE RESTE QU'UN PARC AVEC QUELQUES VESTIGES SOUS LES PINS ET, AU PRINTEMPS, LES MAGNIFIQUES CERISIERS EN FLEURS.

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VOYAGE VOYAGE · 56

BALADE SEREINE DANS LES TEMPLES BOUDDHISTES

Le bouddhisme est une des composantes essentielles du patrimoine culturel coréen. Aujourd’hui, il coexiste avec le christianisme et le chamanisme en tant que croyance et pratiques religieuses. Le bouddhisme est indissociable de l’histoire du pays et de son unification. Introduit au IV e siècle, le bouddhisme ne fut définitivement adopté qu’au VI e siècle à l’époque des Trois royaumes. L’art religieux bouddhique constituait alors le principal élément culturel commun aux coréens. Deux exemples à ne pas manquer pour se faire une idée de la beauté de l’art bouddhique et du haut savoir atteint par les artistes et artisans coréens se trouvent à Gyeongju, ancienne capitale du royaume de Silla puis de toute la Corée après unification. Le temple de Bulguk-sa et la grotte de Seokguram se situent à la périphérie de la ville (laquelle aurait compté jusqu’à un million d’habitants à son apogée). Erigé sur des terrasses de pierre en 535 et agrandi en 752, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, Bulguk-sa est un joyau de l’art de Silla. Si les bâtiments en bois ont été plusieurs fois restaurés ou reconstruits, la qualité et la complexité des charpentes et la finesse des peintures rendent compte de la ferveur des croyants au fil des siècles. Les édifices en pierre : ponts, escaliers, dont l’un comprend 33 marches représentant les 33 étapes conduisant à l’Eveil, les pagodes enfin, sont des chefs-d’œuvre originaux ayant survécu aux invasions.

Relié au temple par un agréable chemin de balade à flanc de montagne, la grotte de Seogkuram est l’un des plus beaux sanctuaires dédiés à Bouddha. Entouré de bodhisattvas et de divinités gardiennes de la grotte, un immense Bouddha Sakyamuni contemple avec sérénité les collines boisées, et au-delà la mer de l’est. La construction de la rotonde en blocs de granit blond constitue un tour de force architectural au VIII e siècle. Le temple de Haein-sa fondé en 802 est peut-être le plus connu des temples coréens. Il conserve nombre de trésors artistiques répartis dans plus de 90 bâtiments : sanctuaires, ermitages et temples secondaires. Mais ce qui en fait son plus grand intérêt sont les 81 258 tablettes en bois qui représentent l’ensemble de textes bouddhiques le plus complet d’Extrême-Orient : le tripitaka koreana. Littéralement « trois corbeilles », son nom évoque les trois branches du bouddhisme : les sutra (les écritures), les vinaya (les lois) et les abhidharma (les traités). Cette seconde édition des tablettes en bois de bouleau, celle existante aujourd’hui, date de 1251. L’ensemble est conservé depuis le XV e siècle dans des petits bâtiments conçus spécifiquement, chefs-d’œuvre d’ingéniosité qui évitent toute dégradation des tablettes, encore une prouesse !


BALADE MARITIME

: LES MERS, LES CÔTES ET LES ÎLES

Presqu’île, péninsule, la Corée est bordée par les mers. La mer de l’ouest (ou mer jaune), peu profonde, sépare la Corée de la Chine. La mer de l’est (ou mer du Japon) borde les Corées, le Japon et la Russie jusqu’à l’île Sakhaline. La mer du sud et le détroit de Corée séparent le pays du Japon. Entre les deux pays se trouve la plus grande île coréenne et la plus différente : Jeju Do, différente par son climat nettement plus tempéré que sur le continent.

Ici abrités par le Hallasan, le grand volcan central, les mandariniers et les arbres aux tangerines poussent à profusion sur les pentes du grand volcan. Jeju est différente par son histoire insulaire et sa langue parlée. Différente par ses terres de lave, l’île, comme La Réunion, est née de volcans qui, aujourd’hui, sont bien assoupis. Le Halla San domine l’île et constitue le point culminant de la Corée du sud (1 950 m). D’autres ont émergé, dont le volcan Ilchulbong en bordure de côte, que le temps a relié au littoral par un cordon alluvial. Vision magique d’un volcan « miniature », facilement accessible tout comme l’est U Do, la petite île voisine (à peine 20 minutes en ferry) qui avec ses paysages, ses cultures protégées par des murets de pierre, rappelle quelque peu la Bretagne.

ULLEUNG DO (ÎLE DE LA MER DE L'EST). ARRIVÉ AU VILLAGE DE DODONG-RI, UN SENTIER COURT LES ROCHERS JUSQU’AU PHARE PUIS AU PETIT PORT DE JEODONG-RI.


VOYAGE VOYAGE · 58

Jeju Do est renommée pour son tourisme et ses groupes de visiteurs en provenance de Chine, du Japon ou de Corée. On y vient en voyage de noces ou en sortie scolaire. Plus qu’ailleurs, on y mange des fruits et bien sûr du poisson et des produits de la mer. Outre l’ascension du Hallasan pour les randonneurs les plus émérites, l’île se visite en empruntant les fameux « Olle ». Ces chemins de marche font découvrir des paysages, des habitats et des points de vue uniques. Vous surplombez les falaises de basalte, traversez des vergers, passez devant un café, une galerie ou un marché, ils sont sources de découvertes et de rencontres. Bien aménagés, ils se parcourent facilement. Pour le retour, vous trouverez toujours un bus ou un taxi pour vous ramener à bon port. On tombe vite sous le charme de Jeju et il est difficile d’en partir.

CHEODONG-RI, PETIT PORT TRADITIONNEL DE ULLEUNG DO, LES BATEAUX Y PARTENT LE SOIR POUR PÊCHER LE CALAMAR À LA LUMIÈRE ÉBLOUISSANTE DE DIZAINES DE LAMPES.

Les côtes coréennes sont très variées, découpées, faites de petits ports, de criques, de baies…. On dit qu’il y a 4 000 îles, îlets, îlots, rochers ou cailloux… pour certains habités et reliés par des petits ferries assurant les liaisons. Prendre un ferry dans le petit matin brumeux, vers une destination « invisible » est une expérience magnifique. Parfois, plusieurs arrêts vous attendent avant de faire escale dans un petit port ou une simple cale où descendent des îliens, des travailleurs occasionnels ou des randonneurs venus pour en parcourir les hauteurs. En fin de journée, de retour au port en même temps que les bateaux de pêche, vous aurez l’impression de revenir d’un ailleurs, d’un bout du monde.


Une autre île incontournable : Ulleung Do. Une île-volcan située dans la mer de l’est tout proche des « rochers Liancourt », quelques cailloux que les Coréens nomment Dok Do et que les Japonais revendiquent. Les mers sont riches en ressources halieutiques, poissons, calamars, bases de l’alimentation, aussi sont-elles disputées. La pêche aux calamars rythme la vie à Ulleung Do. Les bateaux quittent les ports nichés entre les falaises le soir pour s’allumer plus loin au large et attirer ainsi les mollusques. 15-20 hommes ont déployé leurs lignes garnies d’hameçons qui courent de part et d’autre des flancs du bateau. Les lignes sont déroulées et enroulées avec rapidité, les calamars prestement attrapés. Des dizaines de lumières éclairent les bateaux et luisent à l’horizon dans la nuit, jusqu’au petit matin. Au port, près des bateaux que l’on décharge, des fils sont tendus pour faire sécher la pêche du jour. Il y a toujours quelques vendeurs de calamars séchés réchauffés sur des pierres chaudes que l’on consomme ainsi en amusegueule en buvant du Soju, le soir venu.

LES BATEAUX DÉCHARGENT À MÊME LE QUAI LES CALAMARS PÊCHÉS. ENSUITE, LES FEMMES LES VIDENT ET LES ENFILENT SUR DES TIGES DE BOIS. UNE FOIS LAVÉS, ILS SONT SUSPENDUS AU SOLEIL POUR SÉCHER.

MARCHÉ AUX POISSONS VIVANTS EN VENTE DANS DES BASSINES.


VOYAGE VOYAGE · 60

BALADE GASTRONOMIQUE ET DÉCOUVERTE DU CAFÉ

Si la gastronomie coréenne n’est pas vraiment réputée, sans doute est-ce parce qu’elle n’est pas connue. Le riz et les produits de la mer en constituent la base. Les restaurants de poissons foisonnent dans les ports et sur les côtes. Séoul et Busan ont un marché aux poissons et coquillages qui valent la visite et la dégustation sur place. Légumes et végétaux sont souvent employés pour compléter le repas coréen fait de multiples petits plats disposés sur la table. Il revient à chaque convive de faire son choix avec ses baguettes et d’alterner les saveurs selon son propre goût. Le riz est mangé avec la cuillère, le bol reste posé sur la table, le tenir dans sa main serait inconvenant. Je ne voudrais pas oublier de mentionner le mets national qui accompagne tous les repas : le Kimchi ou légume fermenté. Souvent fait à partir de chou, son absence de la table coréenne est impensable. Véritable institution, il est préparé à l’automne dans toutes les familles et il n’est pas rare de voir des restaurants ou des entreprises s’installer sur le trottoir pour préparer le Kimchi. Le spectacle est fréquent à Séoul et dans toutes les villes et villages de Corée. Bien sûr, chacun a sa recette propre, sa façon de l’accommoder ; et pour le conserver, on remplit de grandes jarres en terre cuite brunes vernissées que l’on place devant sa porte ou à défaut sur son balcon. Le goût ne nous est pas familier, pourtant, petit à petit, on s’y habitue et on ne conçoit pas un repas façon coréenne sans Kimchi !

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Pour finir, une autre particularité de la Corée du sud, le café ! Les Coréens sont des buveurs de café, et sacrément ! Le thé est grandement consommé, mais vous trouverez partout, dans chaque rue de centre-ville, un « salon de café ». Des chaînes de salon existent, ainsi que des indépendants, véritables artisans du savoir faire un « bon café ». Et savez-vous comment s’appelle un professionnel du café, celui qui a étudié à Turin ? Un barrista ! Le barrista, en Corée, vous reçoit dans son salon à la décoration originale, presque chez lui, et c’est toujours fort sympathique.

Références bibliographiques Pascal Dayez-Burgeon : Histoire de la Corée des origines à nos jours Editions Tallandier 2012 Robert Kœhler : Korea Guide Seoul Selection Publisher 2012 Numéro spécial sur la Corée dans La Revue des deux mondes mars 2012 Conseils pratiques • Vols quotidiens avec Air France • en passant par Paris • Meilleures saisons : le printemps (avril-mai) • et l’automne (septembre-octobre). • Température clémente toute l’année • sur la grande île de Jeju DO • Pas de visa obligatoire pour tout séjour • touristique de moins de 3 mois • pour les ressortissants français • Pas de vaccination obligatoire • Décalage horaire : plus cinq heures • (12h à Saint-Denis – 17h à Séoul)



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Balade littéraire la littérature coréenne est riche, dense et créative, du roman sociétal aux histoires les plus fantaisistes. les éditeurs de l’hexagone, en particulier zulma, actes sud ou philippe picquier se sont emparés de textes variés et proposent, traduits en français, des nouveautés chaque année dans leur catalogue.

BIBLIOTHÈQUE DE RUE À SÉOUL

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Sélection Serge Delmas

LE CHANT DE LA FIDÈLE CHUNHYANG

Yi Mongnyong, le fils d’un gouverneur, s’éprend de Chunhyang, la fille d’une ancienne courtisane. Malgré la différence de classe sociale, ils se marient à l’insu de tous. Mais la vie les sépare. Le gouverneur est appelé à la capitale où Yi Mongnyong doit poursuivre ses études. Le nouveau gouverneur, homme autoritaire et cruel, exige que la belle Chunhyyang se mette à son service, mais fidèle à son serment, elle refuse de se soumettre. Pendant ce temps, Mongnyong devient inspecteur royal et se déguise en mendiant pour débusquer les mauvais serviteurs du royaume. Arrivé à Namwon, il révèle son identité et peut ainsi délivrer sa fidèle épouse… Le chant de la fidèle Chunhyang anonyme ÉDITEUR Zulma TITRE

AUTEUR

HISTOIRE DE BYON GANGSOÉ

Joueur, voleur, buveur, Byon Gangsoé, dont le nom signifie « rigide comme le fer », jouit d’une grande santé sexuelle. Jusqu’au jour où ce vaurien vagabond rencontre une jeune veuve en exil, belle à se damner, sur qui pèse une lourde malédiction : tous ceux qui l’approchent passent de vie à trépas. Byon ne craint pas de braver le sort. Malgré ses dons, il rejoint pourtant la cohorte de moines, saltimbanques, mendiants qui, dans l’espoir d’une union avantageuse et à leurs risques et périls, prêtent leur concours à de picaresques funérailles… Histoire de Byon Gangsoé anonyme ÉDITEUR Zulma TITRE

AUTEUR

HWANG SOK YONG

Lu dans le monde entier, Hwang Sok Yong est un des rares écrivains coréens appréciés en Corée du nord tout autant qu’en Corée du sud. Œuvre charnière dans la littérature coréenne, Monsieur Han, raconte la vie d’un médecin pendant la guerre de Corée. L’auteur dresse le portrait d’un monde divisé, en pleine tourmente idéologique, dans lequel le héros, candide, est pris entre soumission et trahison dans l’engrenage de l’histoire. Monsieur Han Hwang Sok Yong ÉDITEUR Zulma TITRE

AUTEUR

COLLECTIF

Cette brève et dense galerie de nouvelles écrites par huit femmes d’aujourd’hui bouleverse et secoue le lecteur, soudain projeté dans un univers qu’il connaît et ignore en même temps : car s’il s’agit de la vie quotidienne, ces histoires d’amour et de désillusion ont une force d’évocation intensément charnelle, soucieuse de l’instant et comme ancrée dans les mémoires. Coktail sugar et autres nouvelles de Corée collectif ÉDITEUR Zulma TITRE

AUTEURS


ILLUSTRATION, TEXTE

&

PHOTOGRAPHIE HIPPOLYTE

TEXTE EN CRÉOLE SYLVAIN GÉRARD

JIM

UNE PURE LÉGENDE

B ATAYE KOK · 6 4


PORTRAIT

dans tous les ronds de coqs de l'île et évidemment au port, où il vit depuis toujours, jim est une figure, une légende dans l'univers des bataye kok. il a la gueule et la prestance de ces pirates qui peuplaient les livres de notre enfance, à la fois effrayant et fascinant. jim a le regard fier, un peu fou, le port de tête et le poitrail hauts, surmontant ses jambes de cow-boy chaussées d'incontournables santiags. jim est presque trop pour être vrai. ses amis l'affublent de surnoms tels que « le Maître », « le professeur »… tout le monde a une histoire sur jim. Jim en raconte beaucoup lui aussi, toujours sur la brèche, en tension, il hurle, gémit, harangue, prend la pose, pleure, remplit l'espace, fabrique son personnage. Il a les plus beaux coqs de l'île, « cendrés », « tapisserie » et s'enorgueillit de tout savoir sur eux. Il se dit « dangereux », redouté, adulé, incompris, épié. Sorte de Billy Bones, flibustier de quartier, il construit sa légende, entre fantasme et réalité, mais qui connaît vraiment Jim ? Jim est semblable aux bataye kok, il se donne beaucoup, flatte au premier coup d'œil, fascine ou repousse à la première approche, mais le vrai Jim se mérite, il est là, caché derrière cette image et, comme les bataye kok, il est complexe, dense, et vit avec passion. Toujours à fond.


B ATAY E KOK · 66

LA RENCONTRE

Jim rakont anou son vi, son bataye, son konba. Jim sa in boug i woi èk le zye lèspri. Jim la viv zafèr pa gayar, la pa toultan fé le bon shoi soman astër lu na la « Foi », soman astër lu na « l'Espoir ». Son kozman i fann, lémosion kapaye ayi, digdig souk son kadav, son zye i koul komsik dann son fonnkër na la houl. Lu koz, lu koz son gadianm, lu koz son fièlnoirsi, lu koz son kontan, lu koz son malizé, lu kass la blag, lu koz sèrye. Jim pou lu, « Bataye Kok » sa, in zistoir Gan Diab èk Bondye.

In boudtan apré nou bouj, nou sa o ron, « Snack Bar Bataille Coq » (en français s'il vous plaît !), inn ti koinn lonm dann kërdsolèye. Kazboisoutol èk dë-troi mur béton, nad kok i réponn linn é lot dann kat koin le kartié. In gran ron kourandèr, fasad an tol pinn tout an blan, in shapo rouj fine délavé èk le tan. An fass, lot koté shemin, juss par dèrièr, su in boudmur néna in tag... « Bataille Coq City ! », lé pinn an blë. Nou lé an plin dann lërdmidi, shakinn asiz su inn ti ban béton ousa desu le pié lé ékri... « Le Port Sa mêm-mêm ». Rant in lonbraj, rant in féklèr, Jim i prépar in bon boushon èk in boushonnlièj boutèye de vin akoz son kok na in zèrgo in pë fèb. Inn-dë loto i pass tanzantan, dë marmaye su in vélo, inn madam, foular su la tèt, abiyé tout an blan épui sa inn ot afèr...


UN ROND DE BATAYE KOK DESSINÉ PAR HIPPOLYTE

Lër i pass, lër i pass, ayi minm jordu la aranjé, lër i pass, rezman nad boug i fini par débarké. Inn ti kok noir kolé rouj san, inn ti kaye, in moushté, kolé rouj san, inn ti réyé, inn ti sandré, azot osi kolé rouj san. Bann kok i kakaye tout ansanm in ninstan apré sa i arèt din kou pou arkomans ti dousman. Lër i pass, lër i pass, na poin rien ki spass. Lër i pass, lër i pass, néna in pëdmonn i débark, dousman dousman, i fé le tour, i di bonjour, i asiz sinon sa i sa joué kart. Le ron i ranpli ti bout, ti bout….. « Oté Jim ! Okilé konba ? Na inn 2kg6 pou ou la, si ou vë ! » Ala ! Premié défi lé lansé ! Soman, i bataye pa, i défil, bann gro kajo lé dann ron mé apré sa dirèk zot i fil surman zot néna inn ot filon, inn ot landroi ousa i koz pou in pë plus larjan. Kan mêm sa, Jim i rouv konba !

Astër, le vré i komans. Inn ti konba 200 soman vitman vitman Jim lé an difikulté, lu la done lavantaj, son ladvèrsèr lé pa mové, i done pou alé. Su son figur, traka rouv son siyon, la i sa pèrd larjan mé Jim stin Kok Dur, lu tienbo droit juskobout, juskobout... Le jour la, Jim la pa ginye son konba mé lu la rouv le bal, le bal zèrgo, le bal galo, le bal paryaj dann Galodrome le Port. Jamé Jim va larg son Bataye.

Retrouvez le webdoc de Bataye Kok sur pils.re


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ILLUSTRATION

& PHOTOGRAPHIE

HIPPOLYTE ET EMMANUEL PROST

TEXTE EN CRÉOLE GILBERT POUNIA

Ziska

kan LA MUSIQUE DES BULLES


Les Bulles dans l’océan sortent un ouvrage dédié au groupe Ziskakan. Illustré par Emmanuel Prost, l’auteur de Zorey Dedan, et par Hippolyte, le dalon de Bataye kok, ce carnet de musique met en scène l’ambiance des concerts et les textes de Gilbert Pounia en créole, écrits de sa main, et, traduits en français. Lors du concert au Sakifo, la belle équipe avait complété le live par des dessins réalisés en temps réel et projetés sur grand écran pendant le show. De belles photos et les illustrations happening sont complétées par de nouveaux dessins qui, à eux seuls, racontent une histoire autour d’un baobab. Donc, plein de belles choses à découvrir dans ce carnet de voyage musical intitulé sobrement Ziskakan ! Il faudra pourtant patienter jusqu’aux premiers jours d’avril pour découvrir cet album inédit.


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PROPOS RECUEILLIS PAR GUILLAUME PERROUX PHOTOGRAPHIE AGENCE VEKHA

Salem en dix questions au rythme du kayanm, son instrument de prédilection, christine salem ouvre les portes d’un maloya hypnotique, vibrant, qui prend aux tripes, un mélange raffiné de transe et de blues.


QU’EST CE QUI AURA LE PLUS MARQUÉ TON ANNÉE 2012 ? Professionnellement, on peut parler du concert Sacem que j’ai fait au IOMMA en mai dernier. Il est à la source de toute une nouvelle dynamique de travail. Mon manager, mon producteur et mon tourneur étaient présents et ils ont tenté ensemble de voir comment ils pouvaient optimiser ce qu’il se passait. Côté perso, j’ai pris la décision d’arrêter mon travail au CAP, c’est vraiment une année de changement !

2013 COMMENCE SOUS DE BONS AUSPICES, AVEC LA SORTIE DE TON CINQUIÈME ALBUM « SALEM TRADITION ». POURQUOI CET HOMMAGE AUX DIX ANS DE CARRIÈRE SOUS CE NOM ? C’est 15 ans de carrière ! C’est une décision prise dans la foulée du IOMMA, nous voulions créer un lien entre l’ancienne formation et la nouvelle, pour ceux qui n’avaient pas encore capté.

TU AS COMPOSÉ DEUX TITRES AVEC MORIARTY. IL EN RÉSULTE UNE SUPERBE ALCHIMIE. COMMENT S’EST PASSÉE CETTE COLLABORATION ? Fliiiiiii (sifflet) C’est une rencontre qui date de quelques années ! Thomas, un des musiciens, était notre régisseur de tournée. J’ai rencontré Rosemary quand elle a fait le premier Sakifo et on s’est souvent vu par la suite ici, ailleurs ; nous avions aussi une copine en commun et puis un jour on a eu envie de faire quelque chose ensemble et c’est parti.

RACONTE-NOUS D’OÙ EST NÉE CETTE RENCONTRE COMPLICE AVEC ROSEMARY STANDLEY. Je viens de le dire, c’est l’histoire d’une rencontre et d’une amitié.


LE PREMIER MORCEAU DE CE NOUVEL OPUS SE NOMME « TI BLÉ » EN RÉFÉRENCE À TON SURNOM. D’OÙ TE VIENT-IL ? De mon papa. Il rêvait d’une petite cafrine (il était yab !) et quand il m’a vue j’étais au-delà de son espérance, et il m’a appelée Ti blé !

LES PAROLES DE TES CHANSONS SONT UN MÉLANGE AUX ACCENTS CRÉOLES, ARABES, MALGACHES ET SWAHILIS. UNE INSPIRATION EN LIEN AVEC TA QUÊTE IDENTITAIRE ? Oui, c’est en lien avec mes ancêtres. Ces dernières années, j’ai beaucoup cherché en allant dans les pays voisins (Comores, Madagascar et Zanzibar). ça m’a permis de mieux comprendre qui je suis.

LE MALOYA EST UNE MUSIQUE QUI AMÈNE À LA TRANSE. EST-CE UN SUPPORT NÉCESSAIRE POUR TON ÉCRITURE ET TES COMPOSITIONS ? Certains morceaux me viennent sur scène, mais j’en écris aussi. J’accueille ce qui vient quand ça arrive et ça peut avoir plusieurs formes.

TU TE NOURRIS DE LA SCÈNE, PEUX-TU NOUS EXPLIQUER CE QUE TU RESSENS DANS CES MOMENTS D’INTENSE CRÉATIVITÉ ? Une énergie incroyable !

QUELS SONT LES COMBATS, LES ENGAGEMENTS DE CHRISTINE SALEM ? Il me semble important de positiver la transe et le côté mystique du maloya. Souvent quand on parle de service Kabaré, on voit la sorcellerie, le diable… moi j’ai envie de changer ce regard. Si tout ça n’était pas positif, je ne serais pas en train de vous répondre.

POUR 2013 QUELLES SONT TES BONNES RÉSOLUTIONS ? Peace and love et apprendre l’anglais !

C H R O NI QU E A KO UT · 72

PHOTOGRAPHIE ZIM



PA PI L L ES E N FÊ TE · 74

PHOTOGRAPHIE PIERRE CHOUKROUN

cœur coulant au chocolat

Ingrédients pour six personnes

recette de l’Atelier de ben

3 œufs 100 g de beurre 80 g de sucre 150 g de chocolat noir 50 g de crème liquide Six cercles à mousse de 7,5 cm de diamètre.


étape 1 Faire fondre le chocolat. Ajouter le beurre ramolli et mélanger. étape 2 Fouetter les œufs avec le sucre. Ajouter le chocolat puis la crème. Bien mélanger. Réserver au réfrigérateur pendant deux heures. Cette ganache se conserve trois jours. étape 3 Poser chaque cercle sur un morceau de papier sulfurisé et le mettre sur une plaque de cuisson. Remplir de ganache aux trois-quarts. Cuire au four (un maximum de quatre cercles à la fois) à 180 °C pendant dix à douze minutes. Laisser refroidir quinze minutes. étape 4 Passer un couteau à l’intérieur des cercles pour faciliter le démoulage. étape 5 Servir avec des noisettes concassées, une boule de glace vanille, de la crème anglaise en verrine ou un coulis de fruits rouges. Pour accompagner avec finesse ce cœur coulant au chocolat, La Cave de La Victoire vous conseille un Porto Churchill’s finest Rosare Port.

www.batcarre.com Retrouvez cette recette filmée sur notre site dans la rubrique Café coulé


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Captivant

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Un peu avant mille. Démesuré

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D Fleuve de Suisse. Est renversé

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Membre de l’UE. Coiffure de douanier

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Avili. Au pied de la lettre

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Préposé à la coordination. Tressée

H Côté d’une feuille. Il eut son culte

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Il est apparu en janvier 2002. Support de trafic

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La belle Hellène

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Carnaval. Patrie d’Henri IV

H I

Tiens ! Pris sur le vif

m Au goût du jour. Il masque le jour n Pleine de sillons. Pour un ancien o Lecteur mystérieux. Dessus

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Astuces. Tel quel dans le texte

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Mère de Caïn. Servante

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Répandu

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Est à Londres. Domaine réservé quand il est carré.

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u Défrichée

Q Commerçant

Élément du hasard

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Zig ou zigoto

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Eau forte. Polit

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Faire venir à soi. Langue méridionale

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Terre à labourer. Propulsa

W Pue. Mélangea

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Habiller. Corresponds. Es agité. Ville du Dauphiné

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Dénoncé. Terme de rugby. Équipe milanaise.

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Vedettes. Navire. Blouser. Fruits

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Parfois préposition. Le non-être. Mot de transition.

Couverture de fonds. Arasé

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Lava à l’eau. Activités physiques. Drame lyrique

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Figure sportive. On y trouve Vientiane. Voit sans être vu. Partie de la Russie. Place forte Adjectif numéral. Prêt-à-porter. Voussoirs. Livres. Premier magistrat municipal.

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Partie d’une fusée. Lève son verre. Bâtiment industriel. Princes arabes Vêtues. Léger comme l’air. Nombre pair. Personnel réfléchi

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Ineptie. Perfections. Éclate. Ils s’en vont en fumée



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1 DIFFICILE

La grille du jeu est composée de 9 lignes, 9 colonnes et de 9 régions (les 9 carrés). La grille du jeu contient toujours des chiffres de 1 à 9 et des cases vides, le but est donc de remplir entièrement la grille de manière logique. La règle du jeu est simple : chaque ligne, colonne et région ne doit contenir qu’une seule fois tous les chiffres de un à neuf. Formulé autrement, chacun de ces ensembles doit contenir tous les chiffres de un à neuf. La plupart du temps, le jeu est proposé sous la forme d’une grille de 9×9, et composé de sous-grilles de 3×3, appelées « régions ». Quelques cellules contiennent des chiffres, dits « dévoilés ». Le but est de remplir les cellules vides, un chiffre dans chacune, de façon à ce que chaque rangée, chaque colonne et chaque région soient composées d’un seul chiffre allant de 1 à 9. En conséquence, chaque chiffre dans la solution apparaît une seule fois selon les trois « directions », d’où le nom « chiffre unique ». Lorsqu’un chiffre peut s’inscrire dans une cellule, on dit qu’il est candidat.


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NUMÉRO 1 // JUILLET - AOUT 2011

NUMÉRO 2 // OCTOBRE - NOVEMBRE 2011

NUMÉRO 3 // DÉCEMBRE 2011 - JANVIER 2012

NUMÉRO 4 // FÉVRIER - MARS 2012

LISBONNE

NUMÉRO 5 // AVRIL - MAI 2012

NUMÉRO 6 // SEPTEMBRE - OCTOBRE 2012

BAT’ NUMÉRO 7 // NOVEMBRE - DECEMBRE 2012 // JANVIER 2013

Luc Schuiten

À L’OMBRE DES CONQUISTADORS

RENÉ ROBERT LE FEU SACRÉ DE LA TRANSMISSION

VOYAGE DANS LE PATRIMOINE TERRE DE PASSION

À LA RÉUNION

des jouets & DES HOMMES

UN PARADIS TOUT PRÈS D’ICI

PATAGONIE FIN ET COMMENCEMENT D’UN MONDE

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R ÉSULTATS DES J E UX DU NUMÉRO PR ÉC ÉDENT · 80

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NOUS TENONS À REMERCIER NOS PARTENAIRES QUI SOUTIENNENT NOTRE PROJET AVEC UNE BELLE CONSTANCE :

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