Reconnaitre les principaux ravageurs et maladies de la carotte
Dans cette brochure, nous avons présenté les meilleurs informations portées à notre connaissance. Bejo Zaden B.V. ne pourra pas être tenue, de quelque manière que ce soit, comme responsable d’éventuels dommages, pertes ou troubles, en relation directe ou indirecte avec les informations contenues dans cette brochure ou avec les recherches qui en sont la base.
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Avant-propos Cher lecteur, Un des principaux facteurs affectant le rendement d’une culture est le soin apporté à prévenir et à combattre les maladies et les parasites de la plante. Il ne manque pas de maladies et de parasites susceptibles de s’attaquer aux carottes soit en culture, soit après la récolte. Il en résulte fréquemment un impact négatif sur le rendement et la qualité. La présente brochure décrit les principaux parasites et maladies concernant la carotte. Il y est également indiqué les précautions à prendre pour les prévenir, et les mesures de lutte en cas d’attaque. Nous travaillons sans relâche au développement de nouvelles variétés hybrides de qualité, toujours améliorées. Dans ce cadre, la résistance aux principaux parasites et maladies est d’une grande importance. Pour obtenir des conseils relatifs aux variétés, vous pouvez prendre contact avec votre représentant/conseiller agricole. Une autre source avantageuse d’informations est représentée par notre catalogue de produits et notre site Web: www.bejo.com. Le présent document ne donne pas d’information sur les produits phytosanitaires appliqués à la plante en végétation. Votre fournisseur de produits phytosanitaires pourra répondre à vos questions sur les traitements autorisés et les délais d’emploi avant récolte qui leur sont associés. Nous espérons vous être utile avec la présente brochure, et vous souhaitons une récolte saine et abondante. Bejo Zaden B.V.
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Table des matières Avant-propos 3 Champignons Alternariose (Alternaria dauci) Pourriture noire (Alternaria radicina) Pourriture grise (Botrytis cinerea) Cercosporiose (Cercospora carotae) Pourridié noir (Chalaropsis thielavioides, Thielaviopsis basicola, Chalara elegans) Oidium (Erysiphe heracleï) Rhizoctone commun (Fibularhizoctonia carotae) Fusariose (Fusarium avenaceum) Rhizoctone violet (Helicobasidium purpureum) Tache noire des racines (Mycocentrospora acerina) Maladie de la bague (Phytophthora porri, P. megasperma, P. cactorum) Cavity spot (Pythium spp.) Maladie des taches noires (Rhexocercosporidium carotae) Rhizoctone brun (Rhizoctonia solani) Pourriture blanche (Sclerotinia sclerotiorum)
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Bactéries Pourriture molle bactérienne (Erwinia carotovora subsp. carotovora) Gale commune (Streptomyces scabies) Brûlure bactérienne (Xanthomonas campestris pv. carotae)
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Virus Virus des feuilles rouges (Carrot Red Leaf Virus) Virus des taches jaunes du panais (Parsnip Yellow Fleck Virus)
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Phytoplasmes Phytoplasme de la jaunisse de l’aster (Aster Yellows)
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Nématodes Nématode a kystes (Heterodera carotae) 28 Nématode a galles (Meloidogyne hapla) 29 Nématode des lésions des racines (Pratylenchus penetrans) 30 Insectes Noctuelle des moissons, vers-gris commun (Agrotis segetum) 31 Pucerons (p. ex., Cavariella aegopodii (puceron des ombellifères) 32 Mouche mineuse de la carotte (Napomyza carotae) 33 Pucerons des racines (Pemphigus phenax) 34 Altise (Phyllotreta nemorum, Phyllotreta undulata) 35 Mouche de la carotte (Psila rosae) 36 Psylle de la carotte (Trioza apicalis) 38
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Alternariose (champignon) Alternaria dauci
L’alternariose est la plus fréquente des maladies foliaires de la carotte. L’attaque par ce champignon peut être à l’origine de diminutions substantielles du rendement, en raison de la destruction de la surface des feuilles où se fait la photosynthèse. Symptômes Le champignon produit sur les feuilles des taches irrégulières de couleur brun sombre à noir, avec des bords jaunes. L’infection commence au bord de la feuille. Une attaque sévère peut résulter en une superposition des taches, qui est suivie du rabougrissement et de la mort de la feuille. La plante a alors l’apparence d’avoir été brûlée. Dans des conditions de froid et d’humidité, on peut voir les filaments mycéliens et les spores (conidies). Les feuilles anciennes sont plus sensibles à l’attaque que les jeunes feuilles. En général la racine de la carotte proprement dite n’est pas attaquée. Les feuilles atteintes se brisent facilement, ce qui entraîne des problèmes lors de la récolte mécanisée. Développement et mode d’attaque Le champignon peut subsister sur les parties de plante restées en terre après la récolte et passer ainsi l’hiver. Il sporule abondamment en conditions humides et à des températures comprises entre 20°C et 30°C. Mais il peut également sporuler à des températures plus basses (moins de 8°C). La dissémination se fait par le vent, l’eau, les hommes et le matériel agricole. L’humidité est une condition de l’éclosion des spores. La température optimale pour une infection est 28°C. Malgré cela, la maladie apparaît surtout par temps frais à l’occasion d’une longue période d’humidité; ces conditions sont caractéristiques de l’automne. Prévention et lutte curative Pratiquer une rotation des cultures suffisamment espacée et veiller à une croissance uniforme du matériel végétal. La fumure foliaire donne un feuillage plus robuste qui résiste mieux aux maladies. Vers la fin de la période de croissance, la fumure foliaire peut favoriser la repousse du feuillage, ce qui simplifie la récolte mécanisée. Prendre soin d’enlever ou d’enfouir le matériel végétal restant après la récolte, de façon à réduire au minimum la transmission d’inoculum aux récoltes suivantes.
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Pourriture noire (champignon) Alternaria radicina
Symptômes L’alternariose Alternaria radicina entraîne des taches noires qui peuvent apparaître sur toute la surface de la carotte. Leur forme et leur taille varient depuis de minuscules tachetures rangées en lignes jusqu’à des plaques rondes de grande taille. Il arrive qu’on puisse les repérer en plein champ, au collet de la carotte. Les symptômes sur les feuilles sont similaires à ceux d’Alternaria dauci : lésions noires et irrégulières, essentiellement au bord des feuilles les plus anciennes. Quand l’infection parvient à la nervure centrale de la feuille, celle-ci jaunit, se flétrit et finit par mourir. Une attaque foliaire par Alternaria radicina est en général moins lourde de conséquences qu’une attaque par Alternaria dauci. Sur la carotte elle-même, l’attaque se produit le plus souvent durant l’entreposage. Développement et mode d’attaque Sur le terrain, le champignon peut s’attaquer à la racine souterraine à partir du feuillage. L’infection à partir du sol est également possible, soit à partir des poils absorbants des radicelles, soit par contact direct avec la racine principale. Alternaria radicina se développe à des températures comprises entre -0,5°C et 34°C. L’infection peut donc se développer même durant l’entreposage à basse température, pourvu que le taux d’humidité soit au moins de 92%. Les carottes infectées peuvent également transmettre la maladie aux carottes saines qui les entourent. Le feuillage restant avec le légume après la récolte est également une source d’infection importante. Prévention et lutte curative Veiller à une prompte destruction des résidus de récolte. Enlever les carottes et résidus infectés de la récolte avant l’entreposage des carottes. Nettoyer avec soin les aires de stockage et nettoyer les bandes transporteuses entre deux lots. De même, une rotation des cultures suffisamment espacée peut se révéler efficace.
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Pourriture grise (champignon) Botrytis cinerea
Symptômes Peu après le début du stockage des carottes, apparaissent des lésions brun noir bien délimitées, sans l’aspect de moisi. Plus la carotte reste entreposée longtemps et plus sa sensibilité au Botrytis augmente. Les tissus infectés sont rapidement tapissés de moisissure, à l’intérieur de laquelle des sclérotes peuvent se développer. A basse température, le mycélium reste blanc. Les symptômes ressemblent alors à ceux de Sclerotinia. La plupart de temps il est aisé d’identifier le champignon par ses amas de sporanges gris. Développement et mode d’attaque Le champignon survit dans le sol, sur les résidus de végétation, et sous la forme de sclérotes. L’infection intervient dans des conditions d’humidité en arrière-saison, quand la résistance de la feuille faiblit. Le feuillage est infecté par contact direct ou par sporulation. Les spores tombent du feuillage sur les parties émergées de la racine. Les carottes fraîchement entreposées sont encore résistantes à l’infection. Plus la carotte perd de l’humidité, plus elle est exposée à l’infection. Celle-ci apparaît d’abord à la pointe de la carotte. Quand la température de stockage est supérieure à 5°C de nouvelles feuilles se forment, qui sont également infectées sans difficulté. La maladie peut se propager dans l’entrepôt par sporulation comme par contact direct. Prévention et lutte curative Eviter de blesser les carottes durant et après l’arrachage. Limiter les pertes d’humidité et empêcher la formation de condensation dans le local de stockage.
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Cercosporiose (champignon)
Cercospora carotae
Symptômes Une attaque de Cercospora carotae se reconnaît aux petites taches de forme ronde à ovale qui se forment sur les feuilles et les pétioles. Ces taches évoquant des yeux sont de couleur paille au coeur et brun foncé au bord, et sont en général plus aisément identifiables sur les pétioles. Une attaque sévère résulte en un recouvrement mutuel des taches, qui peut entraîner un dépérissement rapide de certaines parties de la feuille. Le champignon préfère le feuillage jeune et apparaît donc en général plus tôt qu’Alternaria dauci. Développement et mode d’attaque Le champignon passe l’hiver dans les résidus de plants de carotte et sur des plantes hôtes sauvages. Les spores, à leur éclosion, s’introduisent dans la feuille par des orifices naturels, tels que les stomates. Le développement du champignon est conditionné par une période de 24 à 48 heures durant laquelle la feuille doit demeurer humide. La température optimale est de 28°C. La maladie apparaît environ 10 jours après la contamination, selon la température. Cercospora carotae se manifeste le plus souvent sur les parcelles où on pratique une culture intensive de la carotte. Prévention et lutte curative Veiller à obtenir un matériel végétal robuste et sain par une croissance optimale et une éventuelle fumure foliaire. Examiner le feuillage, à intervalles de 14 jours, à la recherche de symptômes. Pratiquer une rotation des cultures suffisamment espacée.
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Pourridié noir (champignon)
Chalaropsis thielavioides, Thielaviopsis basicola, Chalara elegans Symptômes Le pourridié noir se reconnaît à des taches noires superficielles et de forme irrégulière, qui peuvent recouvrir la carotte entière en quelques jours. La maladie apparaît après que les carottes aient été lavées, emballées sous plastique et entreposées en ambiance non réfrigérée. Les taches noires résultent d’une sporulation abondante. Dans la cas de carottes infectées, mais non emballées sous plastique, la sporulation, le plus souvent, n’a pas lieu. Cependant la carotte pourra présenter un aspect grisâtre. La surface atteinte est très vulnérable aux attaques secondaires de bactéries. Le pourridié noir est une maladie grave du produit après récolte. La carotte en plein champ ne montre pas de symptômes. Développement et mode d’attaque Le champignon survit dans le sol et sur les débris végétaux, sous forme de spores dormantes. Les agents pathogènes sont répandus dans le monde entier et disposent d’un large éventail de plantes hôtes. Les pommes de terre et les cucurbitacées sont également atteintes. Le processus d’infection proprement dit est mal connu. Prévention et lutte curative Eviter de blesser les carottes durant et après la récolte. Enlever les particules de terre dans toute la mesure du possible avant le tri. Réfrigérer les carottes aussi vite que possible après la récolte et entreposer les carottes à une température de 5°C au maximum.
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Oidium
(champignon) Erysiphe heracleï Symptômes Erysiphe heracleï se manifeste surtout par temps sec et beau. Le feuillage des plants infectés se couvre de mycélium et de spores blancs et poudreux et devient presque chlorotique. En dépit de l’infection, la feuille, sous le champignon qui croît en surface, peut encore donner pendant longtemps une robuste impression de vitalité. Si la feuille couverte de mycélium reste exposée sans protection à des conditions humides durant plusieurs jours, les conséquences pour l’état de santé de la feuille peuvent être dramatiques. La feuille, affaiblie, est en effet beaucoup plus vulnérable à la contamination par d’autres pathogènes. Développement et mode d’attaque Le champignon prospère plutôt par temps sec et chaud, mais il lui faut également de l’humidité. La croissance et le développement du vrai mildiou sont favorisés par une courte période de forte humidité atmosphérique (brume) durant la nuit ou en début de matinée. Prévention et lutte curative Veiller à obtenir un matériel végétal robuste et sain par une croissance optimale et une éventuelle fumure foliaire.
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Rhizoctone commun (champignon)
Fibularhizoctonia carotae
Symptômes Après un certain temps en entrepôt, on voit apparaître de petites dépressions en forme de cratère, tapissées de moisissure blanchâtre. Les cratères peuvent, avec le temps, s’élargir et se creuser. Dans un stade ultérieur, les parties attaquées prennent une coloration jaunâtre et on peut voir parfois des petits sclérotes, 1-3 mm, de coloration brune à noire. Après le lavage des carottes le mycélium est malaisément discernable et il ne reste que la carotte, couverte de cratères sombres. Développement et mode d’attaque Il subsiste encore beaucoup d’incertitude sur le cycle vital du pathogène. Les emballages souillés sont une source importante d’infection, et surtout les caissettes et cageots en bois. Le champignon se développe rapidement à l’humidité. Même si la température descend autour de 0°C, la croissance continue lentement mais sûrement. Une couche superficielle d’humidité sur la carotte (condensation) facilite la croissance du champignon. Il est fréquent de voir une attaque secondaire par des bactéries ou d’autres champignons. Prévention et lutte curative Une bonne hygiène est primordiale. Il est recommandé de désinfecter les caissettes et cageots avant emploi. Eviter les variations de température dans les locaux d’entreposage.
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Fusariose (champignon) Fusarium avenaceum
Symptômes La fusariose provoque la pourriture sèche, essentiellement à la base de la feuille et sur les flancs de la racine. Les parties attaquées sont sèches et de couleur brun clair. Ces zones peuvent ensuite sécher vers l’intérieur et se durcir. Dans des conditions d’humidité, se développe un mycélium rouge-rosé. La pourriture démarre au collet de la carotte, mais dans de nombreux cas elle gagne le reste de la racine. Outre Fusarium avenaceum, d’autres espèces du genre Fusarium peuvent provoquer des infections similaires, telles que F. acuminatum, F. equiseti, F. oxysporum, F. redolens et F. solani. Développement et mode d’attaque Le genre Fusarium se trouve essentiellement dans le sol, sur les parties des plantes tant aériennes que souterraines, et sur les débris végétaux. Fusarium avenaceum est un pathogène foliaire important sur les cultures céréalières. Il est probable que la source de la contamination pour la carotte soit la litière de paille utilisée pour la couverture du sol. Le champignon survit sous forme de mycélium, de spores, ou de spores dormantes de reproduction asexuées. La plupart du temps la contamination se produit à une température comprise entre 7°C et 20°C. Sous température plus basse (autour de 0°C) et à l’air sec, les dommages peuvent rester limités. Restreindre au maximum les dommages causés aux carottes durant la récolte permet de limiter le risque de pourriture sèche durant l’entreposage. Prévention et lutte curative Essayer de blesser les carottes aussi peu que possible lors de la récolte.
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Rhizoctone violet
(champignon) Helicobasidium purpureum, Rhizoctonia crocorum Symptômes Helicobasidium purpureum est reconnaissable à son réseau mycélien violet foncé, à l’intérieur duquel apparaissent de petits points d’infection plus sombres. Quand on sort du sol une carotte infectée, il est courant qu’une bonne quantité de terre lui reste collée. L’infection elle-même reste superficielle, mais les tissus sous-jacents peuvent facilement se décomposer. Les plants contaminés se repèrent par la couleur pâle de leur feuillage ou divers signes de flétrissement. Sur les parties aériennes, le mycélium est beaucoup plus fourni, avec une couleur allant du blanc au mauve. Le champignon peut croître sur la surface du sol, d’une carotte à l’autre. Développement et mode d’attaque Ces champignons liés au substrat ont une vaste gamme de plantes hôtes à leur disposition, entre autres la pomme de terre, l’endive, la betterave, la carotte, le haricot, le céleri et le chou. Helicobasidium purpureum a un développement lent. La température optimale est comprise entre 20°C et 25°C. En dessous de 5°C la croissance est pratiquement arrêtée. L’infection a toujours lieu au cours des premiers stades végétatifs, mais il s’écoule plusieurs semaines avant que les premiers symptômes ne soient visibles. Prévention et lutte curative Pratiquer une bonne rotation des cultures, par exemple avec des céréales et des herbes fourragères. Enlever et détruire les carottes atteintes. Choisir des parcelles avec de bonnes capacités de drainage. Veiller à effectuer des désherbages soignés. S’assurer que les plants de carotte croissent de façon uniforme. Le dosage fin des apports d’engrais joue ici un rôle important.
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Tache noire des racines (champignon)
Mycocentrospora acerina
Symptômes Mycocentrospora acerina se trouve essentiellement en zone tempérée. Une attaque du champignon peut provoquer des taches intéressant l’ensemble de la carotte. Le signe le plus caractéristique est la multiplication de plaques noires déprimées. Au début les tissus sont humides et de couleur brune, après quoi les taches gagnent rapidement en profondeur avec un noircissement et l’apparition de bords bruns et saturés d’eau. Les symptômes ressemblent beaucoup à ceux de l’alternariose au stockage; distinguer entre l’un ou l’autre pathogène nécessite la plupart du temps un examen au microscope. Développement et mode d’attaque La température optimale pour ce champignon varie entre 17°C et 20°C. Le mycélium continue cependant de croître à 0°C. Le plus souvent, une attaque pourra survenir après un temps de stockage important. Jusque là le dévelop-pement du champignon reste très limité. Après quelques mois, le processus de décomposition peut prendre des formes très graves, même à basse température. Le champignon survit dans le sol sous forme de spores dormantes à la paroi cellulaire épaisse. La lumière provoque le développement d’un autre type de spore (conidies) qui se prête aisément à la dissémination par le vent et l’eau. Le haut de la carotte est également contaminé à partir du feuillage. De plus, les blessures causées à la carotte durant et après la récolte constituent autant de portes d’entrée importantes pour ce champignon. Prévention et lutte curative Limiter la croissance du feuillage grâce à une fumure azotée mesurée, et le maintenir robuste et vert grâce à la fumure foliaire. Lors de l’élaboration du plan de culture, éviter les autres plantes hôtes telles que le céleri et le persil. Ne pas blesser les carottes lors des traitements (y compris au champ), de l’arrachage et du stockage. Laisser à la carotte le temps de cicatriser, même peu de temps, peut réduire visiblement la contamination par ce champignon. Il est recommandé de prélever des échantillons quelques semaines avant et après la date de récolte et de les entreposer à part sous 10°C.
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Maladie de la bague
(champignon) Phytophthora porri, P. megasperma, P. cactorum Symptômes Une attaque par Phytophthora se distingue par les zones atteintes, qui forment de larges bandes brun foncé, saturées d’eau, autour de la carotte, en son milieu ou près du collet. Les tissus atteints restent élastiques ou peuvent devenir mous et inconsistants. Le processus de décomposition peut, à l’occasion, être observé sur le terrain, mais dans la plupart des cas on ne peut voir les symptômes à l’oeil nu avant la récolte. La maladie continue de se développer dans les locaux d’entreposage, même à basse température. En atmosphère humide il se forme une épaisse couche blanche de moisi. La maladie de la bague a été associée à un défaut de drainage des parcelles. Développement et mode d’attaque Le champignon survit dans le sol sous forme de spores dormantes à la paroi cellulaire épaisse. L’infection n’apparaît que par forte humidité. Prévention et lutte curative Eviter une trop forte charge en eau, que ce soit à la suite d’irrigations ou de précipitations. Stocker les carottes à basse température et un taux d’humidité inférieur à 95%.
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Cavity spot (champignon) Pythium spp.
Symptômes Le cavity spot entraîne de petites taches légèrement déprimées sur la carotte. Au stade initial de l’infection, celles-ci se manifestent sous forme de petites taches ovales souscutanées dont la couleur varie de gris-brun jusqu’à pratiquement incolore. Plus tard les endroits infectés vont grandir en accompagnant la croissance naturelle, en longueur et en épaisseur, de la carotte, occasionnant la fissuration de l’épiderme. Ce qu’il en reste est une cavité ouverte, ovale, aux bords éraillés. L’écorce disparaît dans la tache et autour d’elle. Développement et mode d’attaque Le cavity spot est provoqué par plusieurs champignons du genre Pythium, dont Pythium violae est, selon diverses sources, un des principaux pathogènes. Ces champignons passent l’hiver sous forme de mycélium sur des matières organiques et des résidus végétaux, et sous formes de structures adaptées à la dormance (oogones). Ces structures dormantes peuvent rester en vie sous la terre pendant très longtemps. Le champignon s’introduit dans la carotte, après quoi la carotte met en route un mécanisme de défense qui l’empêche de proliférer. Le cavity spot n’est la plupart du temps visible qu’après une période de croissance d’au moins 12 semaines. Il est probable qu’en fait la contamination a lieu bien plus tôt au cours d’un stade végétatif antérieur. Quand survient la maturité de la carotte, elle s’accompagne d’une plus grande vulnérabilité au cavity spot. Une carotte à pleine maturité peut, dans les conditions optimales (température modérée et humidité élevée), être affectée sérieusement en un temps très court. La température optimale pour les diverses espèces de Pythium varie entre 18°C et 25°C. La pression infectieuse peut varier de façon considérable d’année en année sur une même parcelle. Le cavity spot est associé à un fort apport d’engrais chimiques, à un taux d’humidité du sol élevé au début de la période de croissance de la végétation, et à un taux d’humidité du sol élevé lors de la maturation des carottes. Un pH du sol supérieur à 8 semble inhiber le cavity spot. Une forte teneur en potassium et en azote est également associée au cavity spot.
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Prévention et lutte curative Cultiver sur des terres à faible pression de Pythium. Une croissance tranquille diminue le risque de cavity spot. Les chercheurs divergent sur l’importance d’une rotation des cultures bien espacée. Cependant on peut généralement admettre qu’il est probable qu’elle contribue à réduire l’incidence de cavity spot. Pythium violae dispose de nombreuses plantes hôtes qu’il infecte de façon asymptomatique, comme le brocoli, le chou-fleur, le céleri et la betterave. L’oignon est un bon précédent cultural. Il est reconnu que le carbonate de calcium (composant notamment le calcaire) possède un effet inhibiteur significatif sur le développement du cavity spot. Cependant la pratique du chaulage augmentera les risques d’apparition de la gale (Streptomyces scabies). Un bon drainage est important.
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Maladie des taches noires (champignon) Rhexocercosporidium carotae
Symptômes Rhexocercosporidium est un champignon à croissance lente, capable d’attaquer le feuillage et la racine. L’attaque commence par de petites tachetures sombres, réparties sur toute la racine. Ces tachetures croissent progressivement jusqu’à constituer des lésions aux formes diverses mais arrondies, allant du brun sombre au pratiquement noir. Les taches peuvent se rejoindre et ainsi recouvrir toute la surface de la carotte. Les tissus atteints sont consistants, superficiels et nettement délimités. Dans des conditions spécifiques, un mycélium vert olive se développe en surface. Sur les feuilles, la maladie provoque d’abord des taches circulaires ou de forme irrégulière, dont la couleur varie de gris à presque noir. Vues à l’oeil nu ces taches sont nettement délimitées, mais l’observation à la loupe montre que l’attaque contre les tissus sains rayonne à partir de la tache. Les taches peuvent augmenter en nombre et en diamètre jusqu’à se confondre, entraînant le dépérissement de secteurs entiers de la feuille. Le champignon semble avoir une préférence pour les tissus déjà anciens. Sur le terrain il est malaisé de distinguer cette maladie de la cercosporiose et de l’alternariose. Cercospora s’attaque de préférence aux jeunes feuilles; Alternaria commence en général ses attaques par le bord des feuilles. Rhexocercosporidium peut provoquer une fonte brutale des semis. Les parties souterraines se colorent de brun sombre à noir, alors que les cotylédons sont encore verts. Par temps humide, les plants survivants sont envahis de taches foliaires nécrotiques.
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Développement et mode d’attaque L’infection peut provenir aussi bien du sol que de la voie aérienne. Le champignon se développe à des températures allant de -3°C à 25°C, avec un optimum d’environ 18°C. La carotte est le seul hôte connu à ce jour. Prévention et lutte curative Il n’existe pas encore de méthode sûre de prévention ou de lutte contre ce champignon. Il semble probable qu’un automne humide en favorise le développement.
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Rhizoctone brun (champignon) Rhizoctonia solani
Symptômes On observe des foyers d’infection en plein champ, où le développement de la carotte fléchit et où le feuillage dépérit. Les pétioles et la base des feuilles disparaissent, et la racine montre des taches brun sombre et déprimées. Les taches sur la carotte ressemblent beaucoup aux symptômes du cavity spot. Quand les symptômes foliaires font défaut, il est aisé de faire une confusion avec cette dernière maladie. Développement et mode d’attaque Rhizoctonia solani est un champignon du sol, très répandu, qui survit sous forme de sclérotes et sous forme de mycélium sur les débris végétaux. La présence de Rhizoctonia est associée à une forte teneur en matière organique dans le sol. L’infection peut se produire à tout stade de la croissance et du développement de la carotte pour peu qu’il y ait suffisamment d’humidité et de chaleur (température supérieure à 18°C). La maladie se propage sans difficulté d’un plant à l’autre. Une forte densité de plantation crée un microclimat favorable et provoque une contamination rapide sur le terrain. Si les symptômes relatifs aux parties aériennes font défaut, l’infection peut survenir lors de la récolte ou au stockage. Le processus d’infection peut se dérouler entièrement pendant le séjour en entrepôt. Les dégâts ainsi causés sont encore aggravés par des infections secondaires. Prévention et lutte curative Le champignon peut coloniser très rapidement la matière organique fraîche. Il est donc déconseillé d’effectuer les semis sur des parcelles où a été récemment enfouie de la matière organique végétale (p. ex. engrais vert). Eviter de blesser la base des feuilles et veiller au bon drainage du sol.
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Pourriture blanche (champignon)
Sclerotinia sclerotiorum
Symptômes Les carottes attaquées sur le lieu de stockage sont recouvertes de mycélium blanc, où se distinguent des structures de dormance noires (sclérotes). Sclerotinia sclerotiorum a un large éventail de plantes hôtes et peut également provoquer des dégâts foliaires sur le terrain. Développement et mode d’attaque Sous des conditions persistantes de temps frais et humide, les sclérotes laissés dans le sol éclosent. L’apothécie en forme de champignon qui se développe laisse échapper les spores, qui sont disséminées par le vent et la pluie. Les premières infections sont décelées à la base des pétioles. Elles s’étendent rapidement au feuillage. Les feuilles infectées sont brun foncé et souvent recouvertes d’un mycélium blanc caractéristique, au sein duquel se forment après quelque temps, même sur le terrain, des structures de dormance noires. En général la base de la feuille est également touchée. La racine elle-même, au début, ne montre aucun symptôme. Cependant, c’est en entrepôt que peuvent se révéler les dégâts qui font de Sclerotinia la plus importante source de pertes au stockage pour les carottes. Prévention et lutte curative Il est important de procéder à un désherbage soigné, car de nombreuses adventices sont des plantes hôtes de Sclerotinia. Les cultures alternées à recommander sont l’oignon, la betterave, l’épinard, les céréales et le maïs. Il vaut mieux en tenir compte lors de l’élaboration du plan de culture. Réfrigérer les carottes aussitôt que possible après la récolte et maintenir une température constante dans le local de stockage afin d’éviter autant que possible la formation de condensation.
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Pourriture molle bactérienne (bactérie)
Erwinia carotovora subsp. carotovora
Symptômes La pourriture molle bactérienne provoque une décomposition très rapide du tissu de la moelle (parenchyme) et des faisceaux vasculaires. Les tissus atteints se transforment en une masse sans consistance, aqueuse et gluante, tandis que l’épiderme reste à peu près intact. Le processus de décomposition s’accompagne souvent d’une odeur nauséabonde provoquée par la prolifération secondaire de bactéries. Les attaques en plein champ sont rares et se produisent surtout dans le cas de conditions atmosphériques extrêmement humides. L’infection est plutôt observée durant le transport et le stockage. Développement et mode d’attaque Erwinia carotovora se trouve en général dans le sol et survit sur les débris végétaux. La bactérie parasite les lésions, et elle peut s’introduire dans la carotte sans difficultés par les blessures qui résultent de l’arrachage, d’attaques fongiques, du gel, ou de dégâts d’insectes. Le traitement des carottes après la récolte et les conditions d’entreposage sont des éléments essentiels de la prévention de problèmes de ce genre. La prolifération de la bactérie dans les installations de lavage peut conduire à des épisodes de pourriture des plus sérieux, surtout quand les carottes sont emballées sous film plastique et entreposées sans réfrigération. Erwinia carotovora est souvent mise en cause d’emblée devant un cas de pourriture molle, mais elle est loin d’être la seule bactérie causant de tels problèmes. Outre d’autres espèces du genre Erwinia, l’infection sur des carottes peut également provenir de Pseudomonas marginalis. Cette dernière prospère même à des températures proches de zéro degré. Prévention et lutte curative Eviter et limiter les blessures durant et après l’arrachage. Sécher les carottes sans tarder après le lavage et maintenir une température d’entreposage suffisamment basse. Changer régulièrement l’eau de lavage. Désinfecter le local de stockage, l’installation de lavage et les caissettes et cageots une fois par an. Ne pas cultiver de carottes sur des parcelles mal drainées.
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Gale commune (bactérie) Streptomyces scabies
Symptômes Les endroits infectés montrent des structures à l’aspect caractéristique, comme du liège, formant souvent un anneau autour de la carotte. La gale existe surtout sur des parcelles riches en calcaire et se déclare en général quand le sol est très sec. Développement et mode d’attaque Les lésions dues à la gale sont aisément reconnaissables car la bactérie provoque chez les cellules infectées une prolifération anormale. La gale a de nombreuses plantes hôtes, dont la betterave, la pomme de terre, le navet, le radis et le panais. Prévention et lutte curative Respecter le calendrier d’irrigation, surtout au début de la phase de grossissement de la carotte. Eviter les parcelles où on cultive de la pomme de terre.
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Brûlure bactérienne (bactérie) Xanthomonas campestris pv. carotae
Symptômes La bactérie Xanthomonas provoque des taches brunes irrégulières sur la feuille. On voit également, dans une moindre mesure, des stries étirées, brun foncé, gorgées d’eau, qui apparaissent sur les pétioles. L’attaque sur le feuillage commence par de petites tachetures jaunes, qui augmentent rapidement de diamètre. Le centre de la tache se dessèche en peu de temps et son pourtour, irrégulier, est d’un jaune caractéristique. Xanthomonas est favorisé par des conditions chaudes et humides. L’infection par la bactérie gêne la récolte mécanisée, en raison de l’affaiblissement du feuillage. Développement et mode d’attaque En cas de conditions défavorables, la bactérie peut survivre dans la sol. Lors d’une chute de pluie ou d’une irrigation, la bactérie est éparpillée dans l’atmosphère par les éclaboussures et peut se disséminer sur de grandes distances, portée par le vent. Il est également admis que les insectes peuvent transporter les bactéries. Par temps humide et chaud (25-30°C) la bactérie peut se multiplier rapidement. Pour pouvoir infecter les feuilles intérieures, la bactérie a besoin d’une humidité superficielle constante, qui pourra pénétrer dans les tissus les plus profonds par les orifices naturels des feuilles. Après avoir pénétrée dans la plante, la bactérie prolifère rapidement dans les espaces interstitiels entre les cellules, gênant le fonctionnement de celles-ci. Une fois l’infection confirmée, il est difficile, sinon impossible, de mettre en oeuvre des mesures de lutte suffisantes. Prévention et lutte curative Pratiquer une rotation des cultures suffisamment espacée.
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Virus des feuilles rouges (virus)
Carrot Red Leaf Virus
Symptômes Le premier signe de la présence du virus du roussissement des feuilles est le jaunissement des feuilles, qui fait penser à une carence. Puis le roussissement intervient rapidement. Développement et mode d’attaque Le virus du roussissement des feuilles se manifeste généralement en combinaison avec le ‘virus de la marbrure de la carotte’. La contamination se fait par l’entremise de diverses espèces de pucerons. Prévention et lutte curative Essayer de protéger les plants de carotte contre les pucerons.
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Virus des taches jaunes du panais (virus)
Parsnip Yellow Fleck Virus
Symptômes La plante meurt à partir du centre. Les feuilles les plus récentes pendent mollement, alors que les plus anciennes semblent initialement rester saines. Les jeunes plants infectés peuvent mourir très vite, restant à peine discernables dans un couvert végétal fermé. Chez les plants plus âgés, le dépérissement s’accompagne d’une courbure des pétioles foliaires et du jaunissement des feuilles les plus anciennes. Puis la pointe de la racine et les racines secondaires les plus minces meurent. Développement et mode d’attaque La maladie résulte de l’infection par le sérotype Anthriscus du virus des taches jaunes du panais (PYFV). Ce virus se trouve également sur le cerfeuil, l’aneth, le coriandre et chez, notamment, les ombellifères sauvages. Le virus est transmis par le puceron des ombellifères. Il s’agit d’un processus semi-persistant : à la suite d’un contact prolongé avec les vaisseaux d’une plante infectée, le puceron est lui-même infecté. Il peut ainsi continuer pendant toute sa vie à transmettre le virus vers des plantes saines; ce qui contraste avec les virus non-persistants : ceux-ci peuvent se transmettre par un contact bref et superficiel avec le rostre du puceron, donc de façon immédiate, mais ils cessent d’être actifs au bout de peu de temps. Le transfert par le puceron à partir de plantes infectées ne peut avoir lieu que si ces plantes sont en même temps porteuses du virus du jaunissement de l’Anthriscus, qui tout comme le PYFV est souvent présent sur le persil sauvage sans provoquer de symptômes. La carotte n’est pas un hôte pour ce virus cofacteur. En conséquence, la transmission du PYFV est possible du persil sauvage vers une carotte mais non de carotte à carotte. Compte tenu du mode de transmission par le puceron, les insecticides n’ont qu’un effet négligeable sur l’expansion de la maladie. Prévention et lutte curative Aucune méthode de lutte efficace n’est disponible.
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Phytoplasme de la jaunisse de l’aster (phytoplasme)
Aster Yellows
Symptômes La jaunisse de l’aster commence par un jaunissement du jeune feuillage. L’examen à l’oeil nu évoque une plante carencée en éléments essentiels. On assiste ensuite à un développement massif de nouvelles pousses à partir du collet. Pour finir, les feuilles plus anciennes prennent une couleur rouge caractéristique. La partie souterraine de la carotte offre un aspect rugueux. Développement et mode d’attaque La maladie est provoquée par un phytoplasme, un organisme unicellulaire atypique, proche des bactéries, protégé par une membrane mais non par une véritable paroi cellulaire. Le pathogène est transmis de plante en plante par des insectes, tels que certaines cicadelles, qui se nourrissent à partir des tissus vasculaires de l’écorce de la plante. La jaunisse de l’aster est une maladie des carottes largement répandue, qu’on trouve dans la plupart des pays producteurs de carottes de peu d’importance sur ce marché. La perte de rendement, qui dans de nombreux cas est négligeable, ne justifie pas les frais de lutte contre la cicadelle à l’origine de la contamination par le pathogène. Celui-ci utilise un large éventail de plantes potagères hôtes, dont le céleri, l’oignon, la laitue et la scarole. Prévention et lutte curative Limiter la densité de plantes adventices (sensibles au pathogène, p. ex. trèfle) sur la parcelle et aux alentours. Elles offrent aux insectes une source de nourriture et un abri. Enfouir les résidus de récolte sans tarder. Eviter la culture de plantes potagères sensibles au phytoplasme dans les parcelles avoisinantes.
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Carotte attaquée et carotte saine (Photo BASF)
Gros plan d’un kyste blanc (non mûr) (Photo INRA)
Nématode a kystes (nématode) Heterodera carotae
Symptômes La présence de ce nématode se fait sentir par des zones de végétation irrégulière qui perdurent d’une année sur l’autre. Le feuillage des plants atteints est rabougri et peut dépérir. Les parties souterraines de la plante sont très déformées, avec une apparence velue. La racine principale croît avec une lenteur anormale et on observe sur l’ensemble du système racinaire des kystes bruns ou blancs. Quand un plan de culture comporte un retour fréquent de la carotte, la circonférence des zones de végétation irrégulière augmente d’une récolte à l’autre. Développement et mode d’attaque Les larves du nématode s’introduisent dans la jeune carotte par des lésions existantes ou en utilisant leur stylet pour percer un orifice dans l’épiderme de la carotte. Les mâles ressortent après peu de temps, tandis que les femelles passent le reste de leur vie immobiles dans le parenchyme de la carotte. Chaque femelle produit de 200 à 600 oeufs, qui restent à l’intérieur de son propre corps. Il en résulte le renflement de son corps jusqu’à prendre la forme d’un citron entouré d’une coque protectrice, appelée kyste. Le kyste est blanc pour commencer, puis il devient brun. Lors de l’arrachage de la carotte, la plupart des kystes restent dans la couche arable. Lors de la culture de carottes suivante dans le même champ, les larves sont attirées à l’extérieur de leur kyste par les produits émis lors du processus de multiplication cellulaire de la carotte. Le cycle recommence à partir du début. Pour peu que des plantes hôtes soient présentes, l’existence de kystes avec des larves vivantes peut persister de nombreuses années. Le nématode Heterodora carotae a un spectre très étroit de plantes hôtes, pratiquement limité à la carotte cultivée et à la carotte sauvage. Le nématode est disséminé par la terre qui reste collée, soit aux chaussures des cultivateurs soit aux instruments aratoires. Prévention et lutte curative La carotte est très sensible aux dégâts causés par ce nématode. La rotation des cultures peut en réduire la densité. Compte tenu de la longévité élevée des larves dans les kystes, une durée du cycle de rotation d’au moins 4 à 6 ans est conseillée.
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Nématode a galles (nématode)
Meloidogyne hapla
Symptômes La carotte montre des malformations telles que ramifications, étranglements, extrémités arrondies. Sur les racines secondaires se développent de nombreuses nodosités de quelques mm de diamètre. Une attaque précoce ou une parcelle fortement contaminée peuvent provoquer la destruction quasiment complète des plantules. Le développement des ramifications souterraines a pour effet de rendre difficile l’arrachage des plants infectés. Développement et mode d’attaque Le nématode se déplace dans le sol et est attiré par les substances que la carotte émet durant la germination et la multiplication cellulaire. Les larves s’introduisent dans la racine et s’y fixent avec la tête dans les tissus vasculaires. Elles provoquent alors une prolifération démesurée des cellules avoisinantes. Les femelles juvéniles connaissent une croissance rapide et passent du stade mobile et longiligne au stade adulte, sphérique et statique. Les migrations et le développement du nématode dans la racine provoquent nombre de modifications morphologiques, se traduisant par des renflements et des nodosités. Finalement les tissus autour de l’abdomen de la femelle se fissurent. Quelques centaines d’oeufs sont expulsés en une masse gélatineuse, donnant lieu au développement de nouvelles larves. Le nématode des nodosités de la racine utilise de nombreuses plantes hôtes et se multiplie avec une intensité particulière sur le scorsonère, la pomme de terre, le poireau, le trèfle, la laitue et la carotte. Le plus souvent l’attaque sur les végétaux reste circonscrite à des emplacements déterminés. Prévention et lutte curative Mettre en oeuvre une rotation des cultures suffisamment espacée (au moins cinq ans). L’utilisation de plantes non hôtes ou hôtes médiocres dans la rotation peut aider à réduire la population du nématode.
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Carotte saine (Photo BLGG)
Carotte touchée par le nématode (Photo BLGG)
Nématode des lésions des racines (nématode)
Pratylenchus penetrans
Symptômes Petites taches de rouille allant du rouge orangé au brun sur la racine centrale et les radicelles. En cas d’attaque prononcée, les taches peuvent se fondre ensemble et prendre une couleur noire. On peut également observer des étranglements sur toute la circonférence de la carotte. Il est souvent malaisé d’identifier avec certitude une attaque par ce nématode. Le parasite est de taille microscopique et les dégâts causés aux parties souterraines de la plante sont pratiquement invisibles. Par ailleurs les symptômes sur les parties aériennes peuvent également correspondre à d’autres “fatigues des sols”. Une forte densité du nématode sur une parcelle peut entraîner le nanisme et le dysfonctionnement de l’absorption d’eau et de nutriments. Développement et mode d’attaque Le nématode adulte n’atteint pas un millimètre de longueur. Il est pourvu d’un stylet qui lui permet de perforer les parois cellulaires et de se nourrir. Le nématode des lésions des racines peut s’introduire dans la carotte en tout endroit de son choix. Une fois parvenu dans le parenchyme il s’installe dans les espaces interstitiels entre les cellules. Dans la carotte, la prolifération des nématodes peut être très importante. Ils hivernent dans les parties infectées des plantes. La dissémination résulte du travail de la terre et en particulier du déplacement de terre et de parties de plantes infectées. Prévention et lutte curative La carotte est très sensible aux dégâts provoqués par ce nématode. Le nématode dispose d’un large éventail de plantes hôtes, ce qui limite les possibilités de rotation des cultures. Les crucifères (chou, moutarde, colza etc.) et les membres de la famille des chénopodiacées (betterave, épinards) n’entraînent qu’une modeste prolifération du nématode. La pomme de terre, le maïs, les papilionacées, le poireau et l’oignon provoquent une prolifération sévère. Il est préférable de prévenir l’attaque plutôt que de la traiter. Une fois en place, l’invasion est très difficile à contenir.
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Noctuelle des moissons, vers-gris commun (insecte) Agrotis segetum
La noctuelle des moissons est un papillon de la famille des noctuidés ou noctuelles. Symptômes Les ailes antérieures présentent des couleurs très variées, de beige jaunâtre clair à presque noir. Les ailes postérieures sont très pâles, blanches chez les mâles et grises chez les femelles. Leur envergure est de 32 à 42 mm. Les larves grises destructrices peuvent mesurer jusqu’à 50 mm de long et se nourrissent de nombreuses plantes herbacées et légumes racines. Le vers-gris, nom donné à la chenille souterraine, découpe des orifices plutôt circulaires sous le collet des carottes et autres racines ombellifères. Elles causent des dommages presque tous les ans, au cours des mois chauds et secs. Développement et mode d’attaque Deux couvains sont produits chaque année, de mai à juin et d’août à septembre. Les femelles déposent leurs œufs un à un ou par petits tas en dessous des plantes sauvages, sur les tiges et à la surface du sol. La première génération larvaire se développe de juin à juillet. Les jeunes chenilles se nourrissent la nuit, rongeant les feuilles et coupant les pétioles. Pendant la journée, elles se cachent en s’enroulant sous une motte de terre ou en s’enfonçant légèrement en dessous de la surface du sol. Elles se chrysalident au sol au début du printemps et donnent parfois naissance à une deuxième génération d’adultes à la fin de l’été. À la fin de la saison, les larves deviennent moins actives, hivernent sous forme de chenilles et se chrysalident au début du printemps. Prévention et lutte curative Les dommages sont souvent découverts tardivement. Il est possible de réduire les risques par un bon contrôle des mauvaises herbes. L’irrigation ou de fortes précipitations peuvent tuer les vers-gris sur le feuillage pendant qu’ils s’alimentent au dessus du sol. En règle générale, les cultures régulièrement irriguées rencontrent moins de problèmes de versgris.
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Pucerons (insecte)
P. ex. Cavariella aegopodii (Puceron des ombellifères) Symptômes communs aux pucerons Le plus souvent les pucerons se tiennent sur la face inférieure de la feuille et dans les jeunes feuilles du coeur. En dépit du rabougrissement et du jaunissement que peut montrer le feuillage aux endroits colonisés par l’insecte, ces dégâts directs ne sont pas les plus importants. En effet, les pucerons sont les vecteurs de diverses affections virales. Le puceron des ombellifères Le puceron des ombellifères est une espèce de puceron largement répandue. Il hiverne sur les saules et sur les plantes hôtes pérennes. Sa présence sur les plantes est à peine discernable. Ce qui attire d’abord l’attention est l’exuvie abandonnée par le puceron après chaque mue. On a l’impression que le sol sous les plantes est jonché de mégots de cigarette. L’importance du puceron des ombellifères réside essentiellement dans son rôle de vecteur de divers virus de la carotte.
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Mouche mineuse de la carotte (insecte) Napomyza carotae
Symptômes La mouche mineuse de la carotte dépose ses oeufs sur les feuilles et les pétioles. Les larves qui en sortent dévorent en forant des galeries, surtout au niveau du collet. Développement et mode d’attaque Avant de pondre ses oeufs, la femelle perce des trous dans la feuille pour se nourrir. Ces trous, appelés points de nourriture, sont visibles sur la feuille. Environ une semaine plus tard, des asticots blancs sortent des oeufs. Ils creusent des galeries sinueuses dans le pétiole en direction de la racine. Puis des galeries sont creusées dans celle-ci à partir du collet, certaines longues, d’autres plus courtes. La mouche mineuse de la carotte connaît deux vols par an. Le premier a lieu vers la fin juillet, le second de la fin août jusqu’au mois d’octobre. La plus grande partie des dégâts aux cultures provient des asticots issus du premier vol. L’arrachage des carottes intervient le plus souvent avant que les asticots du deuxième vol n’aient atteint les plantes. Prévention et lutte curative Le buttage entraîne une réduction significative des attaques. Le collet doit rester couvert de terre durant toute la période de culture; il est nécessaire de procéder à deux buttages. Examiner régulièrement le feuillage pour déceler les galeries de la mineuse. C’est la façon la plus simple d’évaluer l’activité de la mouche mineuse de la carotte.
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Pucerons des racines (insecte) Pemphigus phenax
Symptômes Les pucerons forment une couche blanche laineuse de cire sur la carotte. En règle générale, cette infection n’a pas ou peu d’incidence sur la croissance de la carotte. La croissance n’est limitée que lorsque de jeunes plants sont victimes d’une infection massive. Ce ravageur est universel. Les pucerons pondent leurs œufs en hiver, sur les peupliers. La première génération se développe en galles foliaires dans ces arbres. En juin/juillet, les femelles adultes ailées migrent des peupliers vers les plantes ombellifères. Elles déposent leurs petits aptères sur ces plantes. Ces derniers s’installent et deviennent des pucerons des racines de la carotte. Les fils laineux qu’ils excrètent sont l’une de leurs caractéristiques types. Les pucerons n’excrètent pas de substance toxique et n’entraînent aucune déformation des carottes. Le Dysaphis crataegi est un autre puceron, moins commun. Ce puceron forme lui aussi des fils laineux, mais se trouve plus souvent sur le col de la carotte. Ce puceron n’endommage que les jeunes plants. Pendant les mois d’hiver, l’aubépine se fait l’hôte de Dysaphis crataegi, alors qu’en été ce sont les plantes ombellifères qui jouent ce rôle. Prévention et contrôle Comme les pucerons ne causent généralement aucun dommage, même s’ils sont nombreux, le contrôle des pucerons n’est pas nécessaire.
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Photo: Manabu Kamimura WUR
Altises (insecte)
Phyllotreta nemorum, Phyllotreta undulata Symptômes Petits trous irréguliers aux formes arrondies dans le feuillage. En cas d’attaque sévère, les feuilles semblent avoir été criblées de petits plombs. Développement et mode d’attaque Les altises sont de petits coléoptères de 2 à 3 mm, à la carapace luisante de teinte foncée, très véloces. Grâce à leurs pattes postérieures très développées, elles sont capables de faire des bonds considérables. Les adultes sont à l’origine de la plus grande partie des dommages aux cultures quand ils se nourrissent de la partie inférieure des feuilles. C’est surtout par temps ensoleillé et sec que l’insecte cause des dégâts notables à une végétation jeune. Les oeufs sont déposés dans le sol, à quelques cm de profondeur, au début de l’été. Après leur éclosion les larves se nourrissent sur les racines des plantes, le plus souvent sans provoquer de dégâts visibles. Les spécimens adultes hivernent en subsistant d’adventices et de matière organique morte. Le coléoptère réapparaît au début de l’année suivante et se nourrit d’adventices jusqu’à ce que la végétation cultivée lui soit à nouveau accessible. Ils deviennent de plus en plus difficiles à contrôler au fur et à mesure que la source de nourriture constituée par les adventices s’épuise. Prévention et lutte curative Les altises ont une préférence pour les crucifères (chou, radis, etc.) mais on observe également des dégâts sur la carotte. Veiller à une croissance optimale de la végétation, de façon à passer aussi vite que possible le stade vulnérable de jeunes plants. Planter des hôtes plus attractifs pour l’altise entre les rangs ou entre les plants de la culture principale (p. ex. moutarde) peut donner de bons résultats. Dans la mesure où l’insecte résiste à la mauvaise saison en se nourrissant d’adventices, il n’est pas inutile, avant l’hiver, d’enfouir à la charrue ou à la herse l’herbe, les adventices à larges feuilles et les résidus de récolte.
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Mouche de la carotte (insecte) Psila rosae
Symptômes La mouche de la carotte est le principal ravageur de la carotte. Ses asticots de couleur blanche forent des galeries dans la racine, surtout en surface. Les galeries prennent une coloration rouille. Une attaque précoce entraîne la destruction des plantules, des malformations de la carotte, une croissance réduite et des carottes filandreuses. Les larves plus âgées creusent dans la racine principale et forent des galeries dans la moitié inférieure de la carotte. Développement et mode d’attaque La mouche de la carotte passe l’hiver sous forme de pupe dans le sol. Les premiers spécimens adultes prennent leur vol fin avril et recherchent des endroits abrités pour se nourrir et se reproduire. La mouche peut parcourir des distances considérables. Les femelles quittent leur cachette au crépuscule et pondent leurs oeufs sur le sol, autour du pied de la plante hôte. Entraînés plus bas par le vent et la pluie, les oeufs trouvent ainsi un environnement parfaitement adapté à leur développement ultérieur. Leur éclosion intervient environ huit jours plus tard. Les jeunes larves se nourrissent des racines secondaires les plus minces. Par la suite elles s’attaquent également à la racine principale. Chaque asticot peut attaquer plusieurs plantes. Il en résulte, dans une parcelle de carottes, l’aspect caractéristique en forme de bol de la zone atteinte, qu’on appelle parfois “cheminée”. A l’issue de leur croissance, les larves quittent la carotte et s’enterrent pour se pupifier. Aux Pays-Bas la mouche de la carotte produit trois vols: - Vol de printemps : fin avril à fin juin - Vol d’été : mi-juillet à septembre - Vol d’automne : septembre à fin novembre
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Les carottes précoces peuvent être attaquées vers la mi-mai. La mouche de la carotte peut être présente au champ depuis la fin avril jusqu’au mois de novembre. Au cours de cette période, la production d’oeufs dans les parcelles de carottes peut se poursuivre de façon ininterrompue. Il faut donc en permanence protéger les plantes des asticots. Prévention et lutte curative Utiliser des semences enrobées d’insecticide. Il en résulte une bonne protection contre le premier vol de la mouche de la carotte. L’enrobage insecticide est recommandé pour les semis effectués à partir du mois d’avril. L’utilisation de pièges collants permet la détection des vols suivants. Veiller à ce que le voisinage du champ de carottes ne comporte pas trop de zones propices où la mouche peut se dissimuler (haies, buissons) et tailler court l’herbe aux alentours. Ces précautions limitent les possibilités de pariade et le risque de présence de mouche de la carotte. En période sèche, l’irrigation peut stimuler l’éclosion des oeufs et l’activité des asticots. L’arrachage aussi complet que possible des résidus de carottes après la récolte permet de diminuer la population d’asticots restant dans le sol. La population de mouches adultes de l’année suivante s’en trouve également diminuée. Effectuer la récolte à temps. Dès l’apparition de petites taches de rouille sur les racines principales et secondaires, on dispose d’un délai de sept à dix jours pour récolter les carottes.
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Psylle de la carotte (insecte) Trioza apicalis
Symptômes Feuilles très recourbées et arrêt complet de la croissance. Le psylle de la carotte mesure près de 3 mm de long et se reconnaît à sa couleur vert pâle et à ses antennes noires. Cet insecte sauteur a les yeux rouges et des ailes pratiquement transparentes. Les psylles hivernent dans les conifères, sous forme d’un insecte adulte. Fin mai, ils migrent vers d’autres hôtes, notamment les carottes. Les semis sont particulièrement sensibles à la mousse toxique sécrétée par les psylles (une forte réaction a lieu après que les plantes ont été percées). Les plantes plus âgées supportent mieux l’invasion. Les œufs sont déposés de mai à la fin du mois de juin. 25 jours après, les larves peu mobiles sortent des oeufs en rempant, puis 4 semaines plus tard, deviennent des psylles adultes. Prévention et contrôle Comme il hiverne dans les conifères, le psylle de la carotte représente un problème de faible envergure et très localisé, notamment dans les pays scandinaves. L’utilisation d’une semence enrobée d’un insecticide peut permettre de réduire la pression exercée par ce nuisible. Après le stade des quatre feuilles, l’infection n’aura plus d’impact notable sur le rendement.
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