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‫בס"ד‬

Le mensuel de la famille Juive de France

N°47 - Janvier 2017 / Tevet 5777

& LeP´titHebdo

SPÉCIAL ÉLECTIONS DU CONSISTOIRE DE MARSEILLE Alternance ou continuité?

TRIPNGO CÉLIBATAIRES Pour des rencontres personnalisées

Tou Bichvat Saméah'!

Interview exclusive Shmouel Trigano

Les olim de France vus par les israéliens




LEV HAIR & LPH | N° 47 JANVIER 2017 - CHVAT 5777

Edito Un seul drapeau, celui de la liberté! Le plus rassurant pour nous de cette nouvelle ère qui s'ouvre devant nous, ce sont les deux millions de manifestants anti Trump et la levée de boucliers unanime des médias à travers le monde contre l'arrivée du successeur d'Obama. C'est la preuve que le président américain est dans le bon camp, le même que le nôtre! Avec l’arrivée du nouveau Shérif à la Maison Blanche, on peut affirmer que le monde en général, chacun en particulier, a reçu une vraie leçon de vie. Ce n’est pas le ''Yes we can'' de son prédécesseur mais plutôt le ''Rien ne résiste à la volonté". Une nouvelle donne aussi en ce qui concerne l’Amérique: le nouveau président a l’intention de s’occuper d’abord de son peuple en relevant les classes moyennes et défavorisées de la société. Et Israël alors? C’est d’abord un grand soulagement pour notre pays qui l’a majoritairement soutenu mais aussi une série de sujets à éclaircir: l’ambassade des EtatsUnis à Jérusalem? La souveraineté sur Maalé Adoumim et dans le Goush Etsion? La reprise de la construction à Jérusalem et en JudéeSamarie? Koushner, le nouvel émissaire juif au Moyen-Orient? Espérons qu’à présent on ne se sente plus obligé de se tourner vers Washington avant d’entamer chaque chantier dans notre capitale. On a déjà subi 8 années de gel de la construction qui nous ont fait reculer à tous points de vue: perte de notre indépendance et hausse des prix. Entre le drapeau sur

l’ambassade américaine à Jérusalem et la reprise des marteaux-piqueurs à Har Homa, Guivat Hamatos, Ramot, Guilo, Maalé Adoumim et dans tous les yishouvim, le choix est clair. Bibi a su, de tous temps, brillamment jonglé entre Obama, Clinton, Biden et Kerry. Nous attendons de lui le lancement d'une ère nouvelle dans ses relations avec le grand frère américain. Sans peur des menaces européo-palestiniennes, il doit prendre son sifflet de capitaine et donner le coup d’envoi magistral à des centaines de milliers d’habitations nouvelles. Bâtir jour et nuit notre magnifique pays, sans grandes déclarations, va permettre d'insuffler aussi un nouveau départ pour une Alya massive, garante de notre avenir. Donald Trump vient de déclarer, à juste titre: "L’Amérique d’abord!" Et si de la façon la plus naturelle, on en faisait autant?: "Israël avant tout!" Il y a plus de 3000 ans, Moshé ordonnait à Pharaon "Libère mon peuple!". Nous avons tous quitté un jour cette Egypte (chacun la sienne), nous nous sommes débarrassés plus ou moins de nos chaînes, nous avons traversé un nombre incalculable de déserts, et dans tout, nous avons ressenti la main forte de D. pour pouvoir accéder à notre liberté. Alors, le seul drapeau qui doit flotter sur notre terre, c’est toujours celui de la liberté de notre peuple.

Les divrey Torah sont dédiés à la mémoire bénie de Rahel Cohen bat Yamna

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Spécial Elections

S

Par Sandrine A.Sroussi

pécial élections du Consistoire de Marseille

Le 29 janvier prochain auront lieu les élections du Consistoire de Marseille. M. Zvi Ammar, le candidat sortant ne se représente pas, après 18 ans de mandat. M. Michel Cohen Tenoudji est le chef de la liste Am Ehad (contenant un grand nombre de personnes actuellement en fonction au CIM), dont le slogan appelle au «changement et à l’équilibre». En face de lui, M. Yves Lévy, également ancien membre de l’équipe sortante consistoriale, préside le «Ensemble pour l’avenir» avec un programme complet visant à faire évoluer le fonctionnement et les priorités du consistoire. Parallèlement à ces listes officielles, le mouvement, «le Renouveau» souhaite une alternance à ces équipes qui, selon lui, ont «fait leur temps» et ne laissent pas la place à un véritable changement démocratique. Ce n’est pas une véritable liste mais un rassemblement de jeunes (et moins jeunes) dont la volonté est d’apporter plus de démocratie au fonctionnement du CIM et des réponses au malaise de la communauté juive marseillaise qui compte environ 70 000 personnes. Cette défiance de la part d’une grande partie de la communauté, est en effet perceptible dans les témoignages recueillis lors de micro-trottoirs effectués sur les réseaux sociaux. Ces témoins se sont exprimés, avec une grande liberté de parole, sur des sujets qui les concernent, tels que l’administration de l’état civil, les prix du cacher, les difficultés de la conversion ou le délaissement de la jeunesse. Le candidat élu devra donc répondre au mieux à ce malaise pour fédérer la communauté de Marseille. Dans notre époque 2.0, les candidats se sont livrés à une bataille de communication moderne, via des communiqués sur les réseaux sociaux, afin de défendre ou d’attaquer, qui, un bilan controversé par certains, qui, des méthodes de dénigrement taxées de «hiloul hachem», qui, un déni de démocratie dans des élections «jouées d’avance»… Ce dossier n’a pas été simple à rédiger car le débat a été pollué par des affrontements (souvent personnels) et des accusations réciproques de soutien à l’une ou l’autre liste. Nous sommes, cependant et en tout état de cause, passés au-dessus de ces accusations, en laissant s’exprimer tous les acteurs de ces élections, de manière parfaitement équitable, pour cerner les véritables enjeux de ces élections qui doivent, à la base et en fin de compte, servir les seuls et uniques intérêts de la communauté juive de Marseille. 29 janvier 2017: Les élections du CIM, alternance ou continuité? Tout d’abord, retour sur le bilan de M. Zvi Ammar, candidat sortant, du Consistoire, qui a répondu à nos questions à ce sujet et sur le contexte dans lequel se déroulent ces élections. Après un rappel utile sur l’historique du consistoire et ses missions, nous rapporterons les témoignages d’un échantillon représentatif de la communauté sur leur vécu et leurs attentes. Puis, nous avons interrogé MM. Lévy et Cohen Tenoudji, ainsi que MM. Thierry Fareau (Am Ehad) et Yann Mizrahi (Ensemble pour l’Avenir) sur les projets phares de leurs listes respectives. M. Hagay Sobol, ancien candidat aux dernières élections du Consistoire en tant que tête de la liste «Avec», nous a apporté un éclairage extérieur (car il ne se présente pas). Enfin, nous nous intéresserons au mouvement «Le Renouveau». N’étant pas une liste officielle, il n’a pas souhaité communiquer par voie de presse mais s’est exprimé sur ses objectifs et ses attentes, notamment au cours d’une réunion d’information qui a permis à tous ceux qui le souhaitaient, d’échanger sur le caractère démocratique (ou non) de ces élections. Nous vous relaterons les péripéties connues par ce mouvement jusqu’à l’heure de notre bouclage, mi-janvier.

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A quoi sert le Consistoire? Créée en 1808 par Napoléon Ier, dans le cadre de la laïcisation du pays, le Consistoire central israélite de France est l'institution chargée d’administrer le culte israélite en France, sur le modèle des religions catholique et protestante. Elle représente officiellement la religion juive de France et nomme le grand rabbin du pays. Il ne faut pas le confondre avec le Conseil représentatif des institutions juives de France, dont la vocation est de représenter toutes les tendances de la communauté juive française auprès des pouvoirs publics. Chaque consistoire départemental, dont celui de Marseille, se compose d'un grand rabbin et de quatre membres laïcs choisis dans l'assemblée des notables israélites locaux. Il s’occupe de: La vie juive au quotidien (mariages, bar mitsvot, conversions, hevra kadicha), la sécurité de notre communauté, la pérennité de l’éducation juive par le biais des écoles, des talmudé torah et des centres pour étudiants, la cacherout, les actions envers les plus défavorisés, l’entretien des bâtiments des synagogues, la solidarité avec Israël, la pérennité du devoir de mémoire, l’étude juive, la formation des rabbins.



M. Amar Zvi

Président sortant du CIM

1. Pouvez-vous établir un bilan de ces 18 années de mandat? Même si cela peut sembler prétentieux, je pense que mon bilan est positif grâce à toute une équipe. En effet, quand je suis arrivé à la présidence du Consistoire en décembre 1999, j’ai trouvé une institution au fonctionnement obsolète. Aujourd’hui, tout est transparent, contrôlé, informatisé. Notre organisation est rigoureuse avec un organigramme précis et tout est notifié. Après plusieurs années de travail, nous quittons le consistoire avec une trésorerie saine et équilibrée. A notre arrivée, nous avions un mois de stock de caveaux pour enterrer nos morts. Nous avons eu beaucoup des difficultés à convaincre la mairie de nous laisser gérer nos caveaux. Nous sommes maintenant tranquilles pour 8 ans pour enterrer dignement nos morts. 2. Si vous deviez changer quelque chose, que changeriez-vous? J’ai consacré énormément de temps, bénévolement, ainsi que mes équipes, à exercer mes fonctions, mais j'ai la modestie de dire que tout n'est pas parfait. Si je devais changer quelque chose, ce serait l’accueil que je souhaite plus chaleureux, plus accueillant. Il faut aussi créer une commission de liaison entre les administrateurs et le rabbinat, sans nous substituer aux rabbins, pour assurer un meilleur suivi des dossiers et une relation plus humaine entre le rabbinat et nos fidèles. 3. Que répondez-vous aux accusations de vos détracteurs au sujet du manque de transparence et de démocratie dans l’organisation des élections? A cette question, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. A notre arrivée, les élections se déroulaient sans aucune information ni communication. Aujourd’hui, les dates sont connues de tous, longtemps à l’avance. Avant, un article dans les statuts du consistoire donnait toute liberté au conseil d’administration de refuser, sans aucun motif, n’importe quelle demande

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Photo by DR

Spécial Elections

Retour sur le bilan de:

d’adhésion. Je l’ai immédiatement supprimé. Depuis 18 ans, aucune demande n’a été refusée car le consistoire appartient à toute la communauté. Dans toute démocratie, il y a des règles à respecter. Si quelqu’un souhaite diriger le consistoire, il ne peut y prétendre deux ou trois semaines avant. Pour être éligible, il fallait adhérer un an avant, soit le 31 janvier 2015. Il fallait aussi s’intéresser à l’institution, assister à l’assemblée générale annuelle, donner ses observations, s’opposer, payer sa cotisation. Certaines personnes peuvent être inéligibles parce qu’elles n’ont pas respecté les statuts. Je m’insurge contre ce terrorisme intellectuel et d’ailleurs, ces personnes ont été déboutées de toutes leurs demandes au tribunal. Personnellement, je suis au consistoire depuis 24 ans, 6 ans en tant qu’administrateur et 18 ans, en tant que président. Les premières années, je ne pouvais pas m’exprimer car si on était en désaccord, on était jeté dehors. Cela a été le cas et on a rédigé un article selon lequel on ne pouvait réintégrer le consistoire, si on avait été en dehors dans les deux ans avant les élections. J’ai saisi le tribunal qui m’a donné raison et réhabilité. En tant que président, j’ai toujours laissé à chacun le droit de s’exprimer et je me suis toujours plié à la décision de la majorité. C’est cela, une véritable démocratie. 4. Peut-on avoir une idée du nombre d’électeurs adhérents au CIM aujourd’hui et que pensez-vous de l’idée de dissocier adhésion et droit de vote dans le futur? Nous allons toucher environ 3300 adhérents. Aucune association communautaire n’a autant de votants. Nous avons donc la meilleure représentation possible. Tout juif peut voter mais il doit être adhérent. La France est un état de droit et le CIM, une association avec des statuts, des adhérents, un conseil d’administration, un président... Nous devons connaître le nombre de votants à l’avance. La règle est de payer 60 euros, on accepte que l’adhérent ne paye que l’année qui précède les élections. Si on considère la somme divisée sur les six ans du mandat, cela coûte 10 euros par an. Avec le Cerfa fourni et la déduction fiscale, nous arrivons à 3.33 euros par an. Cette institution ne méritet-elle pas qu’on donne au moins cette somme par an pour pouvoir voter? C’est donc un faux débat, nous sommes une association qui doit travailler dans un cadre légal.


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Mtrottoirs icro-

Quelles sont les plaintes et attentes de la communauté? A époque moderne, moyens modernes de communication. Les micro-trottoirs se font désormais sur les réseaux sociaux. Nous avons interrogé un panel représentatif de la communauté juive Marseillaise en créant deux groupes très largement ouverts. L’un regroupait des mères et pères de familles, concernés à titre privé ou professionnel par leurs relations avec le Consistoire. Le second a regroupé des notables ou représentants des institutions communautaires ainsi que des particuliers, non membres d’institutions communautaires. Tous se sont retrouvés sur ces groupes sur lesquels ils choisissaient de rester membres et où ils pouvaient s’exprimer librement, au vu de tous ou en message privé. Trois questions ont été posées: 1. Que pensez-vous du Consistoire de Marseille? S’occupe-t-il convenablement de la communauté: cacherout, mariages, divorces, décès, conversions…? 2. Qu’attendez-vous de la nouvelle équipe dirigeante? 3. Avez-vous des anecdotes éventuelles (négatives ou positives) relatives à vos rapports avec le Consistoire? Sur le groupe «non institutionnel», les réactions ont été souvent épidermiques et hostiles au Consistoire. Certaines personnes ont montré de la réticence à s’exprimer au vu de tous et sont sorties du groupe. Quelques-unes ont choisi de s’exprimer en privé. Sur le groupe «institutionnel», le débat a vite tourné à l’affrontement entre «pro» et «anti», sans réel débat ni confrontation d’idées. C’est dire combien le débat est passionnel. Or, il est nécessaire de dédramatiser le débat. Ces témoignages n’ont pas été modifiés et donnent

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une idée assez précise des doléances de la communauté auxquelles devront répondre les candidats élus aux prochaines élections. Certaines accusations, concernant notamment la jeunesse, ne sont pas toujours avérées car il existe une structure communautaire, «Héritage», qui œuvre justement dans le but de rassembler les jeunes et de leur proposer des activités. Cela permet néanmoins de «prendre le pouls de la communauté» et, le cas échéant, pour le candidat élu, d’adapter ses actions en fonction des attentes de tous. Conversions - «Le Consistoire met trop de bâtons dans les roues pour les conversions. Quand l’un des parents est juif, que la personne qui veut se convertir respecte les fêtes, se sent juive et va à la synagogue tous les chabat, on doit les encourager à devenir juifs, pas les dégoûter de la religion en les faisant payer très chers des cours…» - «Il faudrait une plus grande flexibilité sur les conversions et étudier les demandes au cas par cas». - «Le processus est trop long et trop cher, ce qui pousse les gens à la mixité. Cela peut durer jusqu’à sept ans pour finalement s’entendre dire:»vous n’êtes pas prêts.». - «Que dire de certains dossiers de conversion perdus pour lesquels on doit repartir à zéro?» Cacher - «Et pourquoi le Consistoire interdit de la viande qui est autorisée à Paris, par exemple? « - «Le Consistoire exagère sur le prix des téoudot, c’est pour cela que les restaurants cacher ferment les uns après les autres…» - «Cela me laisse une impression de «mafia» quand on entend que la teouda est reprise puis redonnée à certains restaurants, que le président est accusé dans des affaires louches…» - «Une plus grande flexibilité sur la cacherout car certaines surveillances ne sont pas acceptées».


“Je veux pouvoir revendiquer ma judaïcité en France sous le couvert d’une institution à la hauteur de nos valeurs”

- «Les produits cacher sont hors de prix. Je ne parle même pas de la viande! Les produits laitiers et les biscuits ont leur prix triplé parce qu’il y a un tampon cacher dessus, jusqu’au jour où, finalement, comme par hasard, le produit initial est considéré comme cacher comme le saumon fumé par exemple…» - «Je voudrai signaler que les prix des fournisseurs sont hallucinants et qu’en tant que magasin, nos marges sont très faibles. Le Consistoire nous impose la viande Beth Din de Marseille qui est plus chère…» - «Les prix des produits cacher sont hallucinants sans compter qu’ils augmentent encore à Pessah! Du coup, il n’est pas étonnant de voir apparaître des groupes sur les réseaux sociaux pour mettre en avant des produits autorisés par tel ou tel rav. Alors c’est à nous de glâner des informations pour savoir si c’est cacher ou pas à cause des petites guerres internes du Consistoire. Lorsqu’on voyage en Israël, on voit bien le prix des produits que l’on retrouve importés en France! Est-ce dû au seul coût du transport? J’en doute…» - «Le prix des produits cacher est juste insupportable: La liste des produits autorisés devrait être rédigée par une instance nationale et pas selon le rav de telle ou telle communauté. Qu’est-ce que cela signifie? Qu’il y a des juifs plus juifs que d’autres?» - «Concernant les prix de la cacherout, on ne sait plus, après plusieurs enquêtes, qui est le plus gourmand: le grossiste, le Consistoire ou les revendeurs? Certains rabbins et membres du Consistoire consomment des produits qui ne sont pas sur la liste et qu’ils estiment cacher. Beaucoup de familles aimeraient manger cacher mais, faute de moyens, ils ne le peuvent.» - «Pour la cacherout, on se perd avec les produits autorisés comme ceux du Rav Wolf mais que le Consistoire ne valide pas…» - «Quand je vais chez Auchan et que les poulets rôtis sont à 5 euros et que, chez nous, ils sont à 17 euros, je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’il y a un problème… Jeunesse - «Il faudrait organiser des soirées pour le réveillon pour que les jeunes se rencontrent, il y aurait moins de mariages mixtes.»

- «Le consistoire délaisse notre jeunesse et ne fait absolument rien pour eux (séminaires, soirées, rencontres). Heureusement que les mouvements de jeunesse encore présents sont actifs pour les enfants mais, arrivés à l’adolescence, c’est à nos instances communautaires de prendre le relais et de faire grandir cette jeunesse.» - «Pour les ados et les jeunes adultes, il n’existe rien pour les réunir, aucune structure aucun lieu qui les rassemble ou leur propose des activités.» - «Rien n’est organisé pour les jeunes: notre jeunesse s’éparpille…» Mariages / Divorces / Décès - «Quand on veut se marier, on doit passer par une personne très peu chaleureuse et qui ne sourit qu’une fois qu’elle a son chèque et qu’elle a bien vérifié qu’on est juif après plusieurs générations. Trop de méfiance.» - «La gestion des divorces est très mauvaise. Le dayan n’est là que quinze jours par mois. Le mari a tous les droits pour changer d’avis et du coup, le guet peut attendre toute une vie…» - «Pour un décès, on vous demande d’abord votre avis d’imposition pour savoir ce que l’on peut vous proposer.» - «C’est honteux qu’une personne forte décédée doive payer deux places!! Pourquoi se gaver sur le compte d’un mort? Quand la grand-mère de ma mère a disparu, on a vu que le Consistoire était en train de préparer la tombe pour enterrer quelqu’un au-dessus!» - «Il est important de mettre en place des règles d’équité concernant les enterrements. Pour les riches, c’est un caveau, pour les pauvres, c’est la fosse commune.» Les attentes - «Pour moi qui travaille dans le privé, immergée dans la société civile, le Consistoire aurait dû être un argument pour expliquer encore et toujours notre intégration dans la société française. Vue de l’extérieur, c’est notre communauté entière qui est vue comme une mafia et j’ai personnellement très mal vécu les titres de journaux sur le président du consistoire…» - «Ce que j’attends de la future équipe dirigeante, c’est de la transparence et de l’exemplarité, un bilan financier moral et accessible. Je veux pouvoir revendiquer ma judaïcité en France sous le couvert d’une institution à la hauteur de nos valeurs, surtout à l’heure où le débat sur la laïcité bat son plein car, à mon sens, le Consistoire a un rôle primordial à jouer dans la mutation que vit la société. Nº47 JANVIER 2017 | LEVHAIR.COM | LPH | 11


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M. Cohen Tenoudji

Tête de liste de Am Ehad

1. Vous vous présentez en tête de la liste «Am Ehad» aux prochaines élections du Consistoire de Marseille. Quels sont vos projets annoncés sous «l’ère du changement et de l’équilibre»? Notre programme est axé autour de 5 thématiques entre autres (l’institution, l’innovation, la pratique religieuse, la vraie solidarité avec les familles nécessiteuses et les relations extérieures ) avec pour chacune des mesures audacieuses et ambitieuses qu’il serait trop long de vous détailler ici. A titre d’exemple, voici quelques mesures phares que nous mettrons en place si les électeurs nous accordent leur confiance: • Rapprocher les rabbins du consistoire des membres de notre communauté avec la publication d’un agenda en ligne où leurs missions et déplacements seront accessibles. • création d'un GMAH au sein du CIM , Prêt à taux 0% d'intérêt . Bien évidemment nous prêterons aux personnes qui ont l'intention de rembourser . Le montant de ce GMAH sera d'un million d'euros. • Mise en place d’une cellule «réseau de solidarité» composée de bénévoles afin de rendre visite aux malades, personnes démunies, juifs isolés etc. • Ouverture de la cacherout pour la rendre plus concurrentielle sur les prix et la qualité. • Création d’une ligne «Allo Rabbin» pour répondre aux questions de pratiques religieuse. • Mise en place d’une procédure pour mieux accompagner les demandes de conversions. Je précise ici qu’il ne s’agit pas pour nous d’interférer sur des décisions qui appartiennent aux rabbins.

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• Une cellule d’accompagnement «SOS Mariage» pour aider les couples en difficulté et tenter d’enrayer le taux de divorces. • Création d’un talmud Thora en version «e-learning» afin de pouvoir atteindre le plus grand nombre. • Entamer une démarche qualité au sein de l’administration du consistoire afin de certifier nos services et d’atteindre un degré de satisfaction haut pour les membres de notre communauté. 2. Que pensez-vous des polémiques actuelles sur le bilan, sur la personnalité du candidat sortant, M. Zvi Ammar, sur le déni de démocratie de ces élections? Peut-on les balayer d’un revers de la main ou reconnaître le bien-fondé objectif de certaines critiques? Monsieur Zvi Ammar, n’étant pas candidat à sa propre succession, est la cible privilégiée comme dans toutes les élections. Toutefois je ne peux que réprouver les invectives ad hominem dont il fait l’objet et auxquelles je me refuse d’adhérer. Ce type de polémique est contraire à mon éthique et à celle de la liste que je conduis. Le débat aujourd’hui doit s’articuler autour de la construction et de l’avenir. Si la critique peut être constructive, elle doit se faire dans le respect des personnes et de l’institution que représente le consistoire israélite de Marseille. Exiger que des candidats au consistoire ait un minimum d’ancienneté en tant que simple adhérent me semble en adéquation avec la fonction pour défendre et porter un projet. Si vous faites allusion au montant de la cotisation je vous rappelle que l’adhésion est un acte volontaire et je pense qu’il ne doit pas exister de barrières financières pour adhérer à son consistoire , si nous sommes élus bien évidemment nous comptons faire baisser son montant et souhaitons également mettre en place une adhésion directe, lorsque la personne cotise déjà à d’autres associations communautaires sportives, culturelles ou cultuelles. Notre objectif est d’atteindre 10 000 voire 20 000 adhérents. Il faut donc motiver les gens à adhérer au CIM. Enfin, je souhaite que l’on aborde les solutions pour répondre aux attentes de nos coreligionnaires, ce pourquoi je suis candidat.


3. Que répondez-vous aux (jeunes) membres du mouvement «Le Renouveau» lorsqu’ils demandent plus de respect de tous les membres de la communauté, riches comme pauvres, de la part des instances consistoriales et plus de démocratie dans le fonctionnement des élections et de l’institution? Comme vous le savez notre liste s’appelle AM EHAD un seul peuple. De ce nom découle un programme dont le fil conducteur est de rapprocher le consistoire de tous les membres de notre communauté. Chaque juif aura une place privilégiée au sein de notre

institution qui est la maison de tous les juifs. Chaque juif, quelles que soient ses origines, son statut social et son degré d’implication religieuse, doit être écouté, respecté et servi. Je présente une liste composée en partie de nouveaux et jeunes candidats ayant pour seule motivation d’insuffler un nouvel élan à notre belle institution que nous avons le devoir de préserver. Nous espérons que les électeurs adhèreront massivement à notre projet et nous accorderont leur confiance merci.

Déclaration de Michel Cohen Tenoudji

Publi Communiqué

Tête de liste Am Ehad

Je suis né en Algérie dans une famille où tradition rime avec chaleur humaine et affection. Dès mon plus jeune âge, Marseille fut ma terre d'accueil et je ne remercierai jamais assez la France de nous avoir offert un espace culturel et intellectuel où nous avons pu vivre notre judaïsme avec sérénité. J'ai cultivé une identité juive sur lesquelles sont érigées mes valeurs morales. Marié, père de 5 enfants et pharmacien, je suis un homme professionnellement et affectivement accompli. Ce qui anime ma volonté aujourd'hui de me présenter à la présidence du consistoire, est mon réel désir d'apporter à mes coreligionnaires mon écoute, mon soutien et mon action. Cinq mille familles juives quittent la France chaque année, cela a forcément des répercussions autant sur l'étiolement de la communauté juive et sur l'économie. L'antisémitisme, malheureusement de plus en plus croissant en France, et les difficultés de tous ordres que connait actuellement le pays, oblige la communauté à se remettre profondément en question et à ne pas éluder certaines répercussions sur les familles les plus défavorisées, personnes âgées ou femmes élevant seules leurs enfants. J'ai réuni autour de moi une équipe de personnes éminentes et dévouées, chefs d'entreprises, élites de tous horizons, parce que dans ce monde il est important d'avoir les moyens pour atteindre ses exigences. La communauté a besoin de toutes ses forces vives pour favoriser l'équilibre sociétal et améliorer sa valeur. AM EHAD saura apporter les réformes indispensables pour améliorer la condition des personnes en situation précaire, tout en respectant les lois juives avec équité et intégrité, deux mots qui ont toujours été au cœur de mes actions. Le stéréotype du juif décrit par les antisémites n'existe pas, il y a autant de juifs qu'il y a de diversités humaine, sociale, intellectuelle ou économique, mais ce qui les relie les uns aux autres, c'est le livre, la Torah, voilà pourquoi on nous nomme "le peuple du livre", et le consistoire est la maison qui abrite ce livre, et ce livre est le garant de notre liberté, de notre égalité et de la fraternité qui nous unit. J'entends représenter ces principes avec pertinence, fierté et dignité parce que c'est vous tous qui m'insufflerez les mots justes et inspirerez mes actions. J’affirme sous serment, que mon élection n’a aucun lien avec Mr Zvi Ammar, qui est un homme communautaire que je respecte autant que Mr Yves Levy, qui tous deux méritent mon respect pour le travail qu’ils ont accompli ensemble durant 24 ans dans une amitié jusqu'à lors indéfectible. Je suis un homme de conviction, j'accompagne mes mots de mes actes, et mon souhait est de me concentrer sur les réponses à apporter aux attentes et aux besoins de ma communauté. Lorsque j'ai choisi le nom de ma liste: "AM EHAD", je ne l'ai pas choisi en vain. Parce que j'ai la conviction profonde, que nous avons un rôle à jouer tous ensemble pour protéger nos lois et la maison qui les abrite qui est le consistoire. Je m'engage avec sincérité au sein de ma communauté pour lui apporter les réponses nécessaires à ses difficultés et la rassembler dans la maison de Dieu. Voilà mon idéal, et c'est lui qui justifie aujourd'hui ma candidature et ma volonté de me présenter, assisté de mon équipe, devant vous. Michel Cohen Tenoudji Nº47 JANVIER 2017 | LEVHAIR.COM | LPH | 13


Spécial Elections

Y

ves Lévy

Tête de liste «Ensemble pour l’avenir» 1. Mr Lévy, vous êtes un ancien membre de l’équipe sortante du Consistoire de Marseille et vous présentez une liste aux prochaines élections. Quelle est votre réaction face aux polémiques actuelles relatives à l’équipe en place depuis 18 ans et aux interventions des uns et des autres sur les réseaux sociaux? Cette polémique ne m’intéresse pas. Je préfère consacrer toute mon énergie à travailler sur un programme innovant, qui réponde aux besoins de notre communauté. C’est le sens que j’ai donné dès le départ à ma campagne en demandant à mes colistiers de ne pas entrer dans ces discussions stériles. J’ai une vision objective de la situation de par mon expérience au sein du Consistoire. Avoir été confronté au succès mais aussi à quelques échecs me rend aujourd’hui clairvoyant à la fois sur le bienfondé de certaines initiatives mais aussi lucide sur les effets négatifs de certaines décisions. Le Consistoire a réalisé des avancées constructives mais il nous reste à nous rapprocher de l’ensemble de notre communauté, plurielle, dans sa diversité et tenir compte de l’évolution de la société car les solutions d’il y a quinze ans ne sont plus adaptées aujourd’hui. Il nous faut de la modernité, dans le respect des traditions et créer enfin une direction de la communication qui saura véhiculer de façon positive auprès de la communauté les projets et initiatives de la nouvelle équipe.

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2. Comment réagissez-vous face au «mouvement» «le Renouveau» qui revendique de vraies élections démocratiques «avec la possibilité pour tous d’y participer»? Je suis favorable bien sûr sur le principe à une élection accessible à tous. Malheureusement les statuts à ce jour ne le permettent pas. Respectueux des règles établies, nous sommes obligés de «faire Avec», mais sachez que parmi nos priorités nous changerons les statuts par une assemblée générale extraordinaire, dès la première année afin de ramener l’adhésion à 26 euros pour tous et à 5 euros pour les étudiants et certains publics en difficulté. 3. Quelle est votre différence de «programme électoral» par rapport à l’équipe menée par Michel Cohen Tenoudji qui veut passer à «l’ère du changement et de l’équilibre»? Je ne connais pas à ce jour le programme de Michel Cohen Tenoudji, mais si je me lance dans une candidature pour être président, c’est que je pense qu’il est temps de «rafraichir»notre consistoire. 4. Quels sont vos projets pour la communauté juive de Marseille, qui est la seconde communauté du pays en termes de population? Nos projets sont nombreux, mais pour n’en citer que quelques-uns: - modification des statuts, avec notamment le mandat du président ramené à 4 ans renouvelable une seule fois - rajeunir la liste des adhérents en permettant aux plus jeunes de s’inscrire grâce à des tarifs accessibles à tous. - dynamiser la politique du consistoire avec des actions fortes notamment tournées vers les jeunes (amélioration des locaux des mouvements de jeunesse, les accompagner dans leurs projets…) - refonder le service cacherout avec une formation accrue de nos chomerims, aide à la création d’une association de consommateurs… -recentrer le grand rabbinat autour de l’Institution. Bien sûr ces projets ne sont pas exhaustifs, et seront détaillés dans notre programme.


YVES LEVY

UN HOMME DE THORA, UN HOMME DE TERRAIN Voter pour Yves Lévy, c'est choisir de porter à la tête du Consistoire un homme de terrain, actif, dynamique et dévoué. Religieux et respectueux de la Thora et des Rabbanims, il est toujours présent lors des évènements et des moments forts de notre communauté. Yves Lévy, marié et père de trois enfants, a démarré son parcours communautaire au Maccabi Lyon en section football où il a eu la chance de connaître un homme comme Serge Pozmentier. Lors de son installation à Marseille, à la suite de son mariage avec une jeune fille issue du DEJJ, il a participé à la création du Club AVIR et du MazelClub qui regroupaient les jeunes et leurs donnaient l'occasion de se rencontrer. Sa grande fierté a été d'être le témoin de nombreux mariages. Quelques années plus tard, il a été sollicité par les présidents Marcel Guenoun et Joseph Siahou et c'est avec sérieux, plaisir et honneur qu'il a engagé son action au sein du Consistoire, jusqu'à ce jour. Yves Lévy a été, à titre professionnel, directeur commercial pendant 35 ans d'une société d'hygiène internationale.

"Donner à la Grande Synagogue son aura d'antan."

“Echanges fructueux d'Yves Lévy avec les responsables et bénévoles de l'Association Mazone."

“Yves Lévy et Albert Vessid, ancien déporté, présents à l'allumage des bougies et fête des enfants à la synagogue d'Allauch, pour Hanoucca.”

"Intègre et impliqué dans sa communauté, homme de thora, Yves Lévy en train d'étudier la paracha de la semaine."

"Les jeunes, l'étude, la Thora… Une priorité dans notre programme.”

"La cacherout au centre des débats avec des personnes reconnues et compétentes, comme Albert Abihssira."

VOTEZ YVES LEVY ! "Rencontre avec les bénévoles du panier de chabbat pour améliorer cette belle action sociale."

"Yves lévy félicite Abraham Ohana du Centre héritage pour son action : l'épanouissement de la jeunesse, une ambition commune aux deux hommes.”

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Spécial Elections

A

m Ehad

Ensemble pour l’Avenir

Leurs convictions et projets phares

Nous avons cherché à aller au-delà des points énoncés dans les programmes des deux listes officielles, «Am Ehad» et «Ensemble pour l’avenir, en discutant avec les colistiers de l’une et l’autre équipe, à savoir M. Thierry Fareau pour «Am Ehad» et M. Yann Mizrahi pour «Ensemble pour l’avenir», qui parlent tous deux, au nom de leurs équipes respectives. 1. Pourquoi vous êtes-vous réunis autour de cette liste précise? Thierry Fareau: Je suis chirurgien-dentiste et j’ai choisi M. Michel Cohen Tenoudji parce que je crois en son programme. Nous, et je parle au nom de toute mon équipe, le connaissons depuis longtemps, c’est un homme modeste et fédérateur et nous voulons amorcer un vrai changement sur tous les plans. Sans dénigrer le travail effectué par nos prédécesseurs car toute remise en cause est nécessaire pour pouvoir avancer, nous souhaitons l’amplifier, en étant plus proches du terrain. Ce qui a fait défaut par exemple, c’est le manque de suivi des dossiers. Nous œuvrerons dans le sens d’une plus grande «traçabilité», d’un meilleur accompagnement des familles et c’est une vraie évolution positive. Yann Mizrahi: J’ai 32 ans, je suis ostéopathe et j’ai créé SOS Ostéopathe à Marseille. En tant que jeune, j’ai décidé de m’investir dans notre communauté parce qu’elle en avait besoin, la place des jeunes au sein du CIM étant inexistante. J’avais besoin de changement et

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j’ai choisi M. Lévy que je connais. Il est à l’œuvre dans cette institution depuis 20 ans, il connait les tenants et aboutissants des problèmes que doit résoudre l’institution, même s’il n’avait pas les moyens, en tant qu’administrateur, de diriger et de mettre en œuvre une autre politique suivant une autre ligne directrice. Ses qualités d’intégrité, de sincérité et d’humilité sont connues de tous. Notre équipe est jeune, dynamique, compétente dans tous les domaines (sécurité, jeunesse, cacherout, rabbinat.. et nous allons travailler dans tous ces domaines pour faire bouger les choses. Yves Lévy est donc réellement l’homme du changement. 2. Quel est votre (ou vos) projet(s) phare(s) pour changer le CIM et répondre aux mieux aux attentes de la communauté? Thierry Fareau: Nous souhaitons mettre l’accent sur la solidarité avec les familles Marseillaises qui connaissent des difficultés ponctuelles (ou non). Nous allons conserver les Paniers de Chabat bien sûr, mais nous avons constaté que certaines familles n’en veulent pas. Cela les aide mais elles ont surtout de grandes difficultés à «boucler leurs fins de mois». Il leur manque toujours 200 ou 300 euros par mois, ce qui se cumule sur l’année voire plus… Nous souhaitons mettre en place un système dans lequel les rabbins, responsables communautaires ou directeurs d’écoles pourront nous recommander, en toute discrétion, ces familles auxquelles on pourra verser, directement sur leur compte, un virement d’une somme qui variera en fonction des dossiers. Cette somme sera utile pour régler certaines factures et subvenir aux besoins de la famille. Une commission dédiée suivra ces familles durant un an et cela pourra être reconduit si nécessaire. Un autre point relevant de la solidarité, du hessed est le «gmah» (guemilout hassadim) qui est, concrètement, un prêt à taux zéro, pour des familles qui ne peuvent pas faire face à une sortie importante d’argent de manière ponctuelle (bar ou bat mitsva…) mais qui sont en mesure et ont la volonté de rembourser cette somme sur des périodes et des montants variables et à définir. Nous saluons ici l’initiative


Par Sandrine A.Sroussi Yann Mizrahi: Un nouveau projet ne peut s’inscrire que sur des fondations saines. Je pense que le projet phare de notre liste n’est pas unique mais pluriel. Nous devons œuvrer pour tous les postes de la communauté (la jeunesse, la solidarité, la modernisation de l’administration…) qui sont tous fondamentaux. Mais ils ne pourront être mis en œuvre qu’à la suite d’un audit financier qui permettra d’établir les différents budgets pour les différents postes. de M. Philippe Halfon, qui pratique ce type d’aides depuis quelques années, à hauteur de 100-150 000 euros et dont l’utilité n’est pas à démontrer. Comme les besoins sont importants, nous allons prendre plus de risques en mettant à la disposition de la communauté une somme d’un million d’euros. Je rappelle que ceci n’est pas un don mais un crédit à taux zéro dont les modalités et la mise à disposition de l’emprunteur seront étudiés par une cellule spécifique. C’est l’une de nos volontés fortes, celle d’aider ceux qui sont dans le besoin à faire face à des besoins d’argent ponctuels. De plus, cette interaction entre responsables cultuels et communautaires autour des familles dans le besoin, ne peut que renforcer le lien entre le CIM et les différentes personnes en contact étroit avec la communauté et améliorer la gestion. Il faut reconnecter le tissu associatif avec le CIM pour un travail efficace et constructif. Nous avons d’autres projets de changements, comme celui de l’amélioration du service de la cacherout. Il faut savoir que le Renouveau a accusé l’ancienne équipe de corruption et de «magouilles». C’est complètement faux et ils ont été déboutés de toutes leurs demandes. Une réunion constructive a été organisée avec des bouchers et traiteurs afin de statuer sur les nécessaires aménagements à effectuer dans le sens d’un meilleur service. Nous souhaitons également mettre en place une adhésion directe, lorsque la personne cotise déjà à d’autres associations communautaires sportives, culturelles ou cultuelles. Notre objectif est d’atteindre 10 000 voire 20 000 adhérents. Toutefois, lorsque l’on critique le prix e l’adhésion à 60 euros, je rappelle juste qu’en 2010, alors qu’elle était à 5 euros, sur 6000 adhérents que l’on a sollicités pour renouveler leurs adhésions, seules 400 personnes ont répondu. Il faut donc motiver les gens à adhérer au CIM par d’autres moyens… Enfin, le dossier des conversions est aussi un dossier urgent. Sans remplacer les rabbins, il faut que les délais soient raccourcis et les dossiers mieux traités.

Ceci étant dit, le CIM doit être l’affaire de tous. Toute la communauté doit s’investir via des commissions et j’invite quiconque le souhaite à venir partager, échanger et apporter son expertise et ses idées dans des sujets qui nous concernent tous. Sur le plan du fonctionnement, le mandat sera réduit à 4 ans et nous appelons de nos voeux une intégration du CRIF et du FSJU au sein du CIM pour avancer main dans la main. Le prix des adhésions passera à 26 euros pour tous et à 5 euros pour les plus démunis. Nous devons restructurer tout le consistoire: refonder toute l’administration, la rendre plus dynamique, la moderniser, l’informatiser, assurer une permanence rabbinique et recentrer les différents acteurs de la communauté autour de l’institution. Par ailleurs, une ville comme Marseille ne possède que deux talmudé torah, il faut résoudre ce problème.

La jeunesse est un des éléments clés du changement, il faut amener les jeunes dans des commissions jeunesse afin d’apporter du sang neuf et une force de proposition novatrice dans de nombreux projets. Il faut mieux prendre en compte le handicap en améliorant les conditions d’accès des handicapés dans les synagogues et centres communautaires et guider les familles. Le système des paniers du chabat doit être réaménagé de manière à ce que la distribution se fasse dans des conditions plus discrètes et plus dignes. L’action sociale doit être revue de manière à restructurer les visites aux malades et aux prisonniers en renforçant le bénévolat. Nous veillerons à créer une permanence composée d’élus pour aider au règlement des conflits d’ordre juridique, social administratif. Le CIM doit aussi veiller (et aider) à ce que chaque synagogue dispose de moyens de sécurité renforcés. Enfin, le lien indéfectible avec Israël doit être préservé et solidifié avec la multiplication des échanges franco-israéliens sportifs, culturels et économiques et la défense de Jérusalem, capitale éternelle d’Israël. Nº47 JANVIER 2017 | LEVHAIR.COM | LPH | 17


Spécial Elections

agay H

Sobol

Ancien tête de liste "AVEC"

Le Pr Hagay Sobol est une personnalité connue et reconnue de la communauté juive de Marseille mais pas seulement. Médecin et professeur des universités, il est aussi conseiller PS dans les 11e et 12e arrondissements de Marseille et secrétaire fédéral chargé des coopérations en Méditerranée. Tête de la liste «Avec» aux dernières élections consistoriales, il a talonné la liste de M. Zvi Ammar qui a finalement gagné avec 36 voix d’écart. Cette fois-ci, il ne se présente pas et peut donc s’exprimer en toute liberté sur ces élections. 1. M. Sobol, que pensez-vous du climat dans lequel se déroule la campagne électorale consistoriale à Marseille? Cette campagne se déroule dans un climat passionnel disproportionné où le débat est difficilement possible. De plus, le Consistoire est une institution républicaine (Loi 1905) et non le Rabbinat. Il est donc étonnant que des Rabbins, que par ailleurs je respecte, s’immiscent dans le débat pour réclamer «le Shalom ou l’unité» alors qu’une campagne électorale est un processus sain et démocratique où chacun doit pouvoir s’exprimer en toute liberté et non la manifestation de la désunion. Le non renouvellement des équipes dirigeantes est également un problème. Selon moi, les statuts devraient limiter le nombre de mandats pour le Président à deux, et favoriser le renouvellement des équipes. Le Consistoire est une institution très visible et représentative de notre communauté. Et dans le climat actuel, les actions méritoires risquent d’être oubliées, en ne se focalisant que sur les manquements, mêmes supposés. Raison de plus pour être exemplaire et à l’image du Cohen Gadol, de porter les habits de la fonction. Dans le cas contraire, malheureusement, c’est toute; notre communauté qui en serait impactée. Pourquoi ne vous présentez-vous pas? Dans cette époque de terreur, je pense que mon positionnement en tant qu’élu, peut être plus utile à la communauté. Mes prises de parole sont relayées dans des médias importants et diversifiés (Washington Post, N.Y Times, Huffington Post ou le Times of Israël…). Au-delà, j’estime que notre expérience en tant que juifs peut servir à toute la communauté nationale. En effet, nous n’avons jamais cédé au repli identitaire malgré la résurgence de propos que l’on pensait enterrés depuis la seconde guerre mondiale. Enfin,

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selon moi, un élu de la République ne saurait occuper le poste de président du consistoire, sans risque de confusion des genres. 2. Que pensez-vous de l’accusation du mouvement «le Renouveau» sur le caractère non démocratique de ces élections? Le Consistoire est la maison de tous les juifs de Marseille. Or, la cotisation d’adhésion n’a jamais été aussi élevée puisqu’une personne doit s’acquitter de 60 euros pour pouvoir voter, au lieu de 5 euros aux dernières élections. Par solidarité avec ceux qui, dans le désarroi, ne veulent pas qu’on le sache et ne demandent pas d’aide, je ne me suis pas acquitté de ma cotisation. De plus, le système de listes tel qu’il est actuellement (la liste «gagnante» remporte tous les sièges) empêche toute opposition d’être représentée au CA du CIM. C’est une conception pour le moins étrange de la démocratie. L’expérience d’«Avec» a révélé une immense volonté de changement de la part de la communauté juive de Marseille et un engagement extraordinaire puisque nous sommes arrivés à un score de quasi parité avec la liste existante et un nombre d’adhérents de plus de 7000, ce qui est ainsi beaucoup plus représentatif de la diversité de la communauté de la région qui compte 70.000 âmes. «Un président de la communauté» ne peut être celui de seulement 500 ou 700 personnes (soit environ le nombre de votants/adhérents actuels). Il faut que le CIM redevienne la Maison de tous les juifs et que ses dirigeants quels qu’ils soient insufflent un esprit de débat et de renouvellement qui sont notre essence culturelle depuis des millénaires. Dans le cas contraire, ils porteront la lourde responsabilité d’avoir éloigné tant de nos coreligionnaires qui n’auront plus de boussole pour les orienter. Je profite de cette interview pour formuler mes meilleurs vœux pour la nouvelle année civile 2017.


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Spécial Elections

L e

Renouveau

communautaire

Conteste le caractère démocratique des élections du CIM. Retour sur des élections controversées. Fin novembre, une information diffusée sur les réseaux sociaux, appelait tous ceux qui le souhaitaient, à participer à une réunion d’information le 5 décembre 2016, au Centre Fleg, sur les prochaines élections consistoriales. Cette réunion, visait à mobiliser «les forces vives de la communauté» contre l’organisation jugée «non démocratique» des prochaines élections. Parmi les participants, M. Bruno Benjamin, président du CRIF Marseille-Provence - qui a, par ailleurs, apporté son soutien à la liste de M. Yves Lévy -, a pris la parole, «en tant qu’invité et militant communautaire depuis 25 ans». Il a exprimé son souhait que les prochaines élections se déroulent sous le signe d’une démocratie pluraliste. «Après 18 ans de gestion, le temps de l’alternance est venu. Les gens veulent comprendre le fonctionnement d’élections censées être démocratiques.» Lors de cette réunion, il a été rappelé que le Consistoire était une association loi 1901. Ses statuts ont été récemment modifiés, augmentant le montant de l’adhésion de 5 à 60 euros. De fait, les adhérents n’ayant pas réglé leur cotisation de 2015 ont été radiés, faisant baisser leur nombre de 7000 à environ 500 pour une communauté d’environ 70 000 âmes, cette somme étant discriminante pour une partie de la population. Ces statuts limitaient aussi la possibilité de créer d’autres listes. Aux dernières élections, celui qui payait ses cotisations 2010-2011 de manière rétroactive, pouvait se présenter en tant que candidat. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. L’un des membres du «Renouveau» s’est exprimé: «notre mouvement est né afin de répondre aux besoins grandissants de la communauté. La réduction de la cotisation doit s’inscrire dans le cadre de changements nécessaires pour plus de solidarité. Le verrouillage de la campagne a été effectué en vertu de changements statutaires inadmissibles. Nous avons tenté de trouver une conciliation avec le Consistoire plutôt que d’aller

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à l’affrontement… Il a même été demandé un din torah, qui a été accordé, à condition que le Consistoire choisisse lui-même l’un des dayanim… Nous n’avons donc pas d’autre choix que de faire intervenir les tribunaux afin d’obtenir un report de la date des élections.» Suite à cette réunion et grâce à des soutiens sensibilisés à leur cause, les membres du «Renouveau» ont finalement déposé une liste au Consistoire, qui devait vraisemblablement être menée par M. Jocelyn Zeitoun. Fin décembre 2016, le CIM a annoncé que «La liste Renouveau n'a pu requérir le nombre minimum de candidats éligibles selon les statuts en vigueur et conformément à l'article 3 des dits statuts». Après des «tentatives de conciliation échouées», Le Renouveau a donc mis en demeure le CIM. Débouté une première fois, il attend les résultats d’une audience qui aura lieu le 9 février prochain. Celle-ci, initiée par une trentaine de requérants (des adhérents et des candidats potentiels), vise à statuer sur la légalité des statuts juridiques du Consistoire et, s’ils sont déclarés illégaux, les élections pourraient être invalidées. Dossier à suivre donc… A quelques jours des élections et selon M. Zvi Ammar, environ 3300 adhérents devraient voter pour leur liste préférée. Ce nombre a été difficile à estimer car les membres des deux listes se sont reprochés mutuellement des campagnes d’adhésions effectuées à la dernière minute (et gratuitement) pour gonfler le nombre d’électeurs potentiels… En tout état de cause, les échanges (souvent houleux) lus sur les réseaux sociaux ont clairement fait ressortir que les juifs marseillais attendent plus de transparence et de clarté dans le fonctionnement de leur institution cultuelle, plus de concurrence permettant la baisse des prix du cacher, des tarifs convenables et adaptés pour les enterrements, des délais et des conditions plus souples en ce qui concerne les conversions et une amélioration de la prise en charge de la jeunesse juive. L’avenir nous dira bientôt, le 29 janvier prochain, quelle liste aura recueilli les faveurs de la communauté et qui sera le prochain président du CIM. Dans tous les cas, la tâche est immense et toutes les bonnes volontés seront les bienvenues...


‫בס"ד‬

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Initiative

Ujeunesse

n projet innovant pour rassembler la

(et plus si affinités?) Le manque de structures dédiées aux rencontres inter-communautaires en vue du mariage est l’une des revendications de la communauté juive de Marseille. Le Rav Dan Attia et Gabriel Cohen, directeur de la publication Lev Haïr sont en passe de réaliser un projet innovant en la matière. Le Rav Attia est Roch Kollel d’halakha (à la tête d’une structure d’étude sur la loi juive) et également rabbin de la communauté de la Bergerie sur la corniche. Il nous parle de son projet en direction de la jeunesse juive d'Europe, en collaboration avec M. Gabriel Cohen. Depuis un certain temps déjà, j’organise des conférences pour les étudiants. Mais, avec Gabriel Cohen, nous avons eu l’idée d’approfondir le sujet en montant une association pour les jeunes célibataires. Notre but est de faire des «chidouhim» personnalisés et adaptés à la personnalité de chacun. Chaque célibataire doit remplir une fiche de renseignements en indiquant ses vœux et ses choix pour trouver son âme-sœur. Il doit aussi fournir un certificat de judaïcité pour que nous puissions nous assurer de l’ascendance juive de la personne avant toute chose. Ensuite, une personne sera chargée d’étudier les dossiers afin d’analyser les compatibilités effectives entre nos jeunes célibataires. C’est ce travail qui va nous permettre d’organiser des rencontres fructueuses parce que potentiellement compatibles. Ce projet est celui de «chidouhim en masse» mais aussi d’amener nos jeunes à respecter les lois fondamentales de la pureté familiale et du chabat. Nous les sensibilisons par des cours dédiés à ce sujet. Ce projet repose pour l’instant sur les réseaux sociaux (Facebook) sur lesquels nous proposons

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ces fiches de renseignement et des activités de loisirs et de rencontres. Nous avons la volonté de créer un site internet à moyen terme mais cela va dépendre des fonds que nous aurons réussi à lever. Ce projet est né du constat d’une grande assimilation de la communauté et du manque de structures existantes. Certes, les mouvements de jeunesse organisent des activités de loisirs qui permettent aux jeunes de se rencontrer mais ces rencontres se font au hasard… Notre idée est de favoriser les mariages inter-religieux sur Marseille mais aussi des rencontres entre jeunes juifs d’autres villes de France (Lyon, Paris…) par le biais de grands chabatot intercommunautaires. Le délai de réalisation de notre projet va dépendre de la trésorerie que nous aurons amassée par la sollicitation de certaines fondations et de particuliers. A l’heure des élections consistoriales et au moment où la communauté attend du changement sur le plan d’une meilleure prise en charge de sa jeunesse, la nouvelle équipe dirigeante du CIM saura-t-elle répondre à cette attente particulière? Dossier à suivre… Gabriel: 06.18.98.61.80


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Le Kling du mois

C

Par Rav Élie Kling

?

omment des rabbanim m'ont convaincu d'ôter

mon talith katan

Le premier cours sur le sujet que je vis sur le net me surprit. Le second m'intrigua. Au troisième m'effleura l'idée, moi qui, vous me connaissez chers lecteurs, n'a rien d'un complotiste, qu'il s'agissait peut-être d'une campagne organisée dans le milieu rabbinique hexagonal pour des raisons autant surprenantes que mystérieuses. Je veux parler, bien entendu, de l'incroyable attaque contre le port du talith katan et de la coutume de plus en plus répandue de laisser pendre les tsitsiot à l'extérieur! Cela ne vous a certes pas échappé si comme moi, vous fréquentez régulièrement les réseaux sociaux. Les cours, illustrés comme il se doit, de maintes citations savantes de midrashim, de guemarot, de richonim et d'aharonim, posaient jusque dans leur titre l'incroyable question: y a-t-il réellement une mitsva de porter le talith katan? J'en vis même un qui écrivait en sous-titre: si oui, sous quelles conditions? Y a-t-il au contraire une interdiction d'en porter? Pourquoi? La "cerise sur le gâteau", comme on dit ici, ce fut ce post publié sur la page facebook d'un site de Torah qui titrait: "ne laissez personne vous bousculer à mettre un talith katan si cela peut mettre en danger votre judaïsme ou votre famille!" Un peu abasourdi quand même, je me décidais enfin à écouter ces chiourim. J'y apprenais que, tous comptes faits, porter un talith

katan n'est pas vraiment une obligation religieuse! Certes, me disait-on, celui qui le porte accomplit une bonne action. C'est même une grande "maala". Mais n'oublions pas que la halakha n'oblige que ceux qui possèdent un vêtement à quatre coins d'y ajouter les franges règlementaires. Cependant, si vous ne possédez pas un tel vêtement, rien ne vous oblige à en acheter un! Et puis, sortir avec les fils dehors représentent aujourd'hui un danger certain. Et même si vous essayer de les rentrer sous votre chemise ou votre pantalon, pouvez-vous être certains qu'ils n'en sortiront pas inopinément, mettant ainsi en danger vous et votre famille?

A part cela, les vendeurs de talith katan, voyant l'engouement que celui-ci suscite malheureusement chez de plus en plus de jeunes juifs autant naïfs qu'idéalistes, que certains rabbanim irresponsables mais idéologiquement aveuglés par leur amour inconsidéré 26 | Nº47 JANVIER 2017 | LEVHAIR.COM | LPH


du talith katan poussent dans ce sens, ont récemment fait monter le prix du vêtement rituel pour profiter de l'aubaine! Ne risque-t-on pas dès lors de voir des gens s'endetter pour s'en payer un? Et à supposer qu'il s'agisse d'une famille nombreuse, le nombre de talitoth à acheter représenterait une somme si importante qu'elle pourrait mettre la parnassa de la famille en danger!! Et tout cela pour une simple "maala", certes forte respectable en soi mais dont les décisionnaires ne sont pas tous d'accord à reconnaitre l'importance et le caractère contraignant?! Après avoir écouté attentivement le second cours, j'hésitai encore un peu à ôter mon talith. C'est la troisième vidéo qui eut raison de mes dernières hésitations. Comme les deux autres, elle commençait par vanter les mérites de cette mitsva qui, d'après le Talmud équivaut à elle seule à toutes les autres mitsvot réunies, mais à la huitième minute, elle prouvait elle aussi qu'on ne pouvait décemment pas parler à son égard d'une véritable mitsva et qu'il convenait que chacun se posât sincèrement la question de savoir "s'il était vraiment prêt moralement et spirituellement à l'accomplir". Je pensais à ce moment-là que je n'apprendrai rien de bien nouveau dans ce troisième chiour qui semblait reprendre les thèmes principaux des deux premiers. J'attendais qu'on me serve le couplet sur

"la nécessaire prise de conscience du fait que si D.ieu, dans son infinie sagesse t'avait créé sans talith katan, est-ce que ça ne signifiait pas qu'il faille tout d'abord accomplir ta mission de juif sans talith katan avant que de te lancer inconsidérément dans l'acquisition de celui-ci?"

Mais là, surprise, le troisième rav me réservait un argument inédit: imaginons que le juif vêtu des franges rituelles décide un jour de les ôter par commodité, un jour d'été particulièrement chaud par exemple, ne pourrait-on pas alors craindre que ce geste n'en entraine un autre et qu'il en vienne à transgresser chabbat ou à cesser de manger casher?! Vu sous cet angle, je devais bien convenir que porter les tsitsiot pouvait constituer un danger pour le maintien du judaïsme et être le premier pas vers l'assimilation. Et c'est à ce moment-là que je décidais de ne plus porter de talith katan. Bon, je vous laisse, un copain vient de m'envoyer un lien d'un célèbre rav français sur le thème: "estce vraiment une mitsva de mettre les tefilin tous les matins?". J'ai hâte de l'ouvrir.

(p.s: vous aurez compris que les vidéos parlaient en fait de la mitsva d'habiter en Israël et pas de celle de porter le talith, mais si je l'avais dit comme ça, vous ne m'auriez peut-être pas lu…) Arrêtez-moi si je dis des bêtises….

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Parasha

Par Dr Michel Bensoussan

U

n Résumé de la Sidra: aera

L'esclavage en Égypte touche à sa fin. Pourtant les enfants d'Israël ne sortiront qu'une année plus tard, après que Dieu aura frappé l'Égypte des dix plaies. Notre Sidra relate les sept premières. Première montée: Dieu annonce à Moché qu'il compte mettre en pratique les promesses faites aux patriarches: cinq étapes sont énoncées. Quatre concernent la sortie (d’où les quatre coupes de vin bues à Pessah), et la cinquième l'entrée en terre de Canaan (d’où l'habitude, plus récente, de boire une cinquième coupe). Deuxième montée: Pour rassurer le peuple que Moché et Aharon, les sauveurs du peuple, sont bien "de chez nous"(!!), la généalogie depuis Reuben, Chimon, Levi et leurs enfants jusqu'à Moché est détaillée. Troisième montée: Moché (âgé de 80 ans) sera le chef de la délégation auprès de Pharaon. Aharon (bien qu'il soit de trois ans son aîné) sera son porteparole. Dieu, quant à Lui, se chargera d'endurcir le cœur de Pharaon pour qu’il garde son libre arbitre! pour que sa décision ne soit pas due à la souffrance causée par les plaies! et pour démontrer à tous, par les dix plaies, la suprématie de Dieu. Quatrième montée: Pour accéder au dialogue avec

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V

Pharaon, il faudra réaliser devant lui un prodige: le bâton d'Aharon sera transformé en reptile. Mais les magiciens font de même. En revanche, le bâton d'Aharon "avale" ceux des magiciens! Pour réaliser la première plaie, Moché rencontre Pharaon sur le Nil. Après l'injonction de laisser partir le peuple, et le refus de Pharaon, Aharon frappe les eaux du Nil qui se transforment en sang pendant sept jours. Cela tue les poissons et il n'y a plus d'eau potable en Égypte. Les magiciens de Pharaon réalisent un prodige semblable. Pharaon refuse de renvoyer le peuple. La seconde plaie est la multiplication des sauterelles qui envahissent chaque recoin de l'Égypte. Pharaon promet cette fois qu'il accédera à la demande des Hébreux si on le débarrasse des sauterelles. Cinquième montée: Mais une fois la condition remplie, il refuse à nouveau de renvoyer le peuple! La troisième plaie est celle des "Kinim" (poux ou vermine): Aharon frappe de son bâton la terre et elle est transformée en "Kinim". Cette fois les magiciens ne réussissent pas à faire de même. La quatrième plaie est "Arov": des bêtes sauvages déferleront sur l'Égypte en épargnant la terre de "Goshen" où habitent les Hébreux. Sixième montée: Effectivement, ces bêtes envahissent jusqu'au palais du Pharaon. Ce dernier cède. La plaie est retirée, mais une fois encore Pharaon refuse de laisser partir le peuple. La cinquième plaie est "Dever": une épidémie frappe tous les animaux en Égypte (mais pas chez les Hébreux). La sixième plaie: Moché et Aharon lancent de la cendre vers le ciel. Elle est transformée en "Shehin", une maladie de la peau qui frappe les hommes comme les animaux. Septième montée: La septième plaie est "Barad": une grêle accompagnée de feu s'abat sur les animaux qui ne sont pas à l'abri. Les cultures sont également détruites. Là encore, la terre de Goshen n'est pas touchée. Pharaon demande à ce que cela cesse. Mais après l'intercession de Moché et l'arrêt de la grêle, Pharaon revient sur sa promesse et refuse de renvoyer le peuple.


près la venue

Wolf

du Rav

Une prise de conscience?

La réception du Rav Eliezer Wolff, Président du tribunal rabbinique d’Amsterdam (Av Beth din), le 12 janvier dernier, par la communauté d’Ohel Yaacov de Sainte-Marthe et son rabbin, le Rav Bendao, est la première étape vers une meilleure autonomie en cacheroute. Une synanogue pleine, et l’espoir de solutions concrètes. 150 personnes étaient au rendez-vous à l’invitation de la communauté Ohel Yaacov. Une belle réussite ou un constat d’échec? La venue d’une personnalité renommée telle que le Rav Wolff, très connu pour avoir créé la liste dite du «Rav Wolff», est une bénédiction pour la communauté de Marseille. L’une des préoccupations du Rav Wolff

est d’«interdire ce qui doit l’être mais ne pas interdire tout systématiquement», comme le pense aussi le Rav Bendao qui ajoute: «Nous prenons beaucoup de temps à réflechir à ce que nous ingérons soit casher, en revanche il est important que ce que nous disons le soit aussi». Un voyage d’études de quelques jours à Amsterdam est prévu pour avoir une approche plus éclairée des pratiques en terme de cacheroute. Il permettra de trouver des solutions aux côtés du Rav Wolff. H.Bendao précise: «Le rav Wolff a une grande ouverture d’esprit, dans le strict respect des règles halakhiques». Haïm Bendao reprend les propos du rav: «Manger casher, c’est bien, mais il s’agit aussi d’avoir un comportement dit «casher» dans les affaires et le comportement au quotidien». Le rêve de Haïm? Une rencontre entre le rav Wolff et le rav Mimoun.

Nos communauté

A

Par Magali Barthès

Le Rav Haïm Bendao revient d’une formation de leadership de neuf jours sous l’égide de l’OSM.

R

approcher les juifs d’Israël Le grand défi de l’Organisation Sioniste Mondiale.

Lev haïr: Quels étaient les objectifs de cette formation? Haïm Bendao: Ce rendez-vous résulte d’une prise de conscience du gouvernement israélien de l’éloignement de certaines communautés de la diaspora, comme la nôtre, dans le 14ème arrondissement de Marseille ou la communauté juive de Pau. Les juifs de ces communautés doivent savoir qu’ils sont tout aussi importants que ceux des grosses communautés. Parmi les thèmes abordés au cours de ce colloque, l’identité juive, le dialogue intercommunautaire via le prisme de la désinformation envers Israël, et le thème d’Israël à travers son peuple et ses traditions, ses avancées technologiques. Lev Hair: Que retenez-vous de ce séjour? Haïm Bendao: Je souhaite tout d’abord remercier Elie Berrebi, Moshe Cohen Jean-Charles Zerbib et Yaël David-Touati. Une délégation diversifiée - 40 personnes de communautés françaises et belges, éducateurs, chef d’entreprise, rabbin – des cours théoriques, des intervenants de grande qualité, et la visite du pays incarnant réussite, fierté et combativité en si peu de temps, bref beaucoup d’émotions. Je me suis mis à la place d’un touriste qui se rend pour la première fois en Israël. Israël est un pays d’une grande tolérance, un pays où l’appel à la prière n’offusque personne,

un pays dans lequel l’hébreu et l’arabe, les deux langues officielles, font partie du paysage quotidien. Voilà un message qu’il faut transmettre à la diaspora. Lev Haïr: Quelles personnalités avez-vous rencontré? Haïm Bendao: Ce séjour en Israël a été l’occasion de rencontrer d’éminentes personnalités. La rencontre avec le docteur Simkha Lebovitch, célèbre pour ses livres, a été d’un grand intérêt, en particulier pour l’apport de la Torah dans le management, des connaissances des traits de caractère de certains personnages bibliques, comme Joseph, ou Yehouda. Un beau moment de dialogue avec Gérard Benhamou, spécialisé dans l’analyse des médias et notamment la part d’information et de désinformation concernant Israël. Pour plus d’informations: 20 chemin de Sainte-Marthe Marseille 14ème Téléphone: 06 51 26 28 94 Email: bsdhm26@gmail.com Nº47 JANVIER 2017 | LEVHAIR.COM | LPH | 29


Journée de la Shoah

N

Par Alain Michel

27 janvier:

oah Kliger

à l'O.N.U

Depuis quelques années, l’O.N.U. a instauré la date du 27 janvier, le jour où l’armée rouge est entrée dans le camp d’Auschwitz, comme journée internationale de commémoration des victimes de la Shoah. On ne peut pas véritablement parler de «libération d’Auschwitz», puisque le 27 janvier 1945 la grande majorité des prisonniers survivants se trouvait sur les routes de Silésie, dans cette «marche de la mort» où une grande partie d’entre eux allait effectivement périr, de froid, de faim ou encore sous les balles des Allemands. Parmi ceux qui échappèrent à ce sort se trouvait un jeune homme de 17 ans, Noah Klieger. Cette année, la cérémonie centrale qui a lieu à New-York sous la présidence du Secrétaire Général accueille comme invité principal, grâce aux efforts de l’ambassadeur Dany Danon, ce même Noah Klieger. Personnage exceptionnel, c’est tout un symbole que sa venue à l’O.N.U. représente. Né à Strasbourg il y a plus de 90 ans, Noah était au début de la guerre avec ses parents en Belgique, où il participa (à 14 ans!) à l’organisation d’un réseau faisant passer des jeunes juifs vers la Suisse. Arrêté et envoyé au camp de Malines, il est déporté à Auschwitz en janvier 1943. Il a survécu à deux ans d’enfer grâce à ce qu’il appelle «une série de miracles», dont l’un des premiers est que, malgré son jeune âge, il s’est retrouvé dans l’équipe des «boxeurs d’Auschwitz», dont il est aujourd’hui le dernier survivant. Rescapé des marches de la mort, puis du camp de Dora en Allemagne, il finit par revenir à Bruxelles où il retrouve ses deux parents, rescapés également d’Auschwitz. Son frère était parti en Angleterre avant la guerre pour devenir rabbin au collège talmudique de Gateshead. C’est à Auschwitz que Noah est devenu sioniste, qu’il a compris que les Juifs devaient avoir un

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!

Etat pour pouvoir se défendre. Il milite donc dans le Bruxelles de l’après-guerre au sein de la jeunesse sioniste, puis décide de partir à son tour vers le pays d’Israël. C’est ainsi qu’en juillet 1947, comme beaucoup de survivants des camps de la mort, Noah Klieger se retrouve avec 4500 autres personnes sur le bateau l’Exodus qui part du sud de la France vers les côtes de la terre promise. Ses capacités exceptionnelles font qu’il est le seul survivant de la Shoah qui est intégré à l’équipage du bateau, où il est chargé d’organiser la défense contre un éventuel abordage des Anglais. C’est effectivement ce qui se produit et, comme les autres passagers, Noah est rapatrié en France, puis vers le nord de l’Allemagne. Il revient en 1948 en Israël, et participe aux combats de la guerre d’indépendance. Il développe ensuite une longue carrière de journaliste et est toujours, à 90 ans, un membre actif de la rédaction du journal Yediot Aharonot, tout en étant le correspondant israélien du journal l’Equipe. Noah s’est toujours passionné pour le sport, et il a même été le président du fameux club de Basket «Maccabi Tel-Aviv». Le 27 janvier 2017, c’est donc ce symbole vivant de la lutte du peuple juif pour sa survie et du combat pour l’Etat d’Israël qui rendra hommage devant la communauté des Nations aux six millions de Juifs qui ont péri dans la Shoah. Noah Klieger a écrit un très beau témoignage sur sa vie, les événements qu’il a traversés et les miracles qui l’ont accompagné. En hébreu le livre s’appelle «élé toldot Noah», comme les premiers mots de la parasha qui nous raconte comment Noé traversa la destruction du monde par le Déluge, puis participa à sa reconstruction. C’est un peu le sort de notre «Noah moderne», qui a traversé la destruction promise au peuple Juif et a ensuite participé à sa reconstruction dans l’Etat d’Israël. La traduction en Français de ses mémoires a été assurée par les éditions Elkana sous le titre «Plus d’un tour dans ma vie». Le lire, c’est non seulement découvrir une existence passionnante, mais c’est aussi donner du sens à la propre vie de chaque lecteur. www.editionselkana.com



ont-ils

mauvaise

Shmuel Trigano Le 22 janvier a été lancée une association à Tel Aviv qui vient enrichir le paysage israélien: Dialogia. Lancée par Shmuel Trigano et Max Benhamou, elle a pour ambition de créer un pont intellectuel entre l'alya de France et la société israélienne. Max Benhamou est un homme d'affaires qui a réussi, il a aussi occupé des fonctions communautaires importantes en France, en étant pendant 7 ans le Président de l'AUJF. Son alliance avec l'intellectuel Shmuel Trigano est née du constat qu'il a fait en venant s'installer en Israël: "Je croyais bien connaitre le pays. Mais je me suis rendu compte qu'il n'y a pas un Israël, ce pays est pluriel et donc difficile à comprendre. J'ai fait part de mes réflexions à Shmuel. Comme j'ai quelques moyens, nous avons décidé de créer Dialogia pour comprendre ce qui se passe ici et aider les Juifs de France à comprendre ce qu'est Israël. En effet, une mauvaise appréhension du pays est souvent à l'origine d'erreurs qui gâchent certains rêves d'alya''. Shmuel Trigano, intellectuel français reconnu, a déjà fait son alya en 1969, il obtient alors un diplôme de l'Université Hébraïque de Jérusalem. Puis il repart vivre en France avant de revenir s'installer à Tel Aviv, il y a deux ans. ''Je n'ai pas d'ambition politique'' confie-t-il à LPH, ''mais je suis revenu en Israël pour agir''. Avant de lancer Dialogia, les deux hommes ont commandé un sondage à l'institut Rushinek, sur l'image que la société israélienne se fait des olim de France. En voici quelques données et interprétations.

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Une image nourrie de clichés? La première donnée qui saute aux yeux lorsque l'on observe les résultats de ce sondage, ce sont les termes qui viennent à l'esprit des sondés pour décrire les olim de France. Ils sont 22% à les trouver ''barbares, culottés et gueulards'', 21% pensent à Netanya quand on évoque les Français et 16% leur accolent l'adjectif ''riches'' à égalité avec celui de ''sionistes''. ''Ces résultats interpellent'', reconnait Shmuel Trigano, ''les sondeurs eux-mêmes ont été stupéfaits par certaines réponses''. Cette stupéfaction est accentuée par le fait que des enquêtes d'opinion effectuées au sujet des olim de Russie ou des Etats-Unis donnent des résultats plus favorables: ''Les Russes sont parfois vus comme consommant trop d'alcool ou associés à une certaine pègre, mais globalement ils ont un capital sympathie plus important que les Français. Ceux qui sont le plus appréciés sont les olim américains parce qu'on admire le fait qu'ils aient quitté leur belle vie par idéal. Curieusement, les Français ne sont pas associés à cet idéal massivement, les Israéliens ont plus tendance à penser qu'ils ont quitté la France pour fuir l'antisémitisme''. Ce que montre également le sondage c'est que le cliché du Français qui fait grimper les prix de l'immobilier a la dent dure. Pour la plupart des sondés qui ont entre 30 et 40 ans, issus principalement de la région de Tel Aviv, ce sont les Français qui sont responsables de la crise immobilière, en achetant d'ailleurs souvent plusieurs appartements qu'ils n'occupent pas ou très peu. Enfin, les Israéliens reprocheraient aux olim de parler encore trop en français et de rester replier sur euxmêmes. ''Ce qui est relativement logique'', souligne Shmuel Trigano, ''quand on sait le pourcentage de

Crédits: Claude Truong Ngoc

Interview exclusive

Lpresse ? es olim de France


Par Avraham Azoulay retraités qui arrivent de France et qui n'apprendront jamais vraiment l'hébreu et resteront entre eux''. Shmuel Trigano tempère toutefois ces résultats: ''L'institut de sondage a accentué les aspects négatifs, en mettant en avant la réponse la plus forte et la plus significative. Un pourcentage souvent non négligeable ne sait pas se prononcer. Cela prouve que la population des olim est souvent mal connue par l'Israélien moyen''. Néanmoins, se dégage de cette étude un profil de l'olé de France moyen tel que les Israéliens se le représente: religieux, oriental, de droite, nationaliste, riche. ''Sans s'en rendre compte, le olé de France est pris dans le système de classement qui règne en Israël. Aucun Français même séfarade ne se définirait comme oriental. Les olim sont précédés d'une image qu'ils ne maitrisent pas''. Des olim qui peuvent apporter Le sondage ne reflète pas que des aspects négatifs de ces olim. En effet, 37% pensent que les olim de France font des efforts pour s'intégrer, 82% des Israéliens sont prêts à les aider dans cette démarche et 47% sont optimistes sur leur intégration d'ici 3 ans. Par ailleurs, pour les Israéliens, toujours selon ce sondage, la population francophone peut beaucoup apporter au pays sur le plan économique mais aussi intellectuel. 58% estiment que les Français renforcent le niveau intellectuel en Israël. Cette opinion rejoint la différence de culture entre la France et en Israël d'après Shmuel Trigano: ''En Israël, la vie intellectuelle est très concentrée autour du monde universitaire, ce qui n'est pas le cas en France".

Comprendre Shmuel Trigano nous dit être motivé par le désir de comprendre: ''Je veux agir auprès des Français bien sûr, mais surtout dans la société israélienne, en hébreu. J'ai comme projets de créer une revue en hébreu, d'organiser des colloques en hébreu. Je souhaite pouvoir poser, dans le débat israélien, certaines questions qui ne sont pas posées en mettant à profit le recul que l'on a parce que, justement, nous n'avons pas grandi ici''. D'ailleurs le sondage que nous évoquons a principalement pour vocation, selon ses initiateurs, de comprendre la société israélienne: '' Le sujet derrière ce sondage c'est la société israélienne. C'est l'image que les Israéliens renvoient à travers leurs réponses qui est le plus important. Notre ambition n'est pas de pleurer sur la façon dont les Israéliens voient les olim de France". Les premiers éléments qui en ressortent, de ce point de vue, seraient que les Israéliens qui acceptent le mieux les olim de France sont souvent religieux, vivent dans la périphérie avec un niveau de vie moyen. "On peut s'interroger sur le degré d'ouverture aujourd'hui de la société israélienne face aux vagues d'immigration''.

'' Venir en Israël, c'est témoigner d'un acte d'engagement vis-à-vis du peuple juif et du judaïsme'' Ayant lui-même fait la démarche, Shmuel Trigano est formel: ''On ne peut pas imaginer que les Juifs de France, qui viennent d'une société développée en crise très profonde, en proie aux attentats, choisissent de vivre en Israël uniquement par un calcul rationnel. Venir en Israël, c'est témoigner d'un acte d'engagement vis-àvis du peuple juif et du judaïsme''. Pour cet intellectuel, en France on ressent une ''dépression ambiante, alors qu'en Israël, on vit dans une atmosphère plus pacifiée, plus relaxée. Israël est un pays jeune avec beaucoup d'enfants, de femmes enceintes'', décrit-il. Il parle d'expérience, lui qui, depuis le début des années 2000 a été mis à l'écart de la scène médiatique et intellectuelle française. '' Il y a une chape de plomb, de censure totalitaire en France. Il n'y a pas de liberté d'opinion. On ne peut assumer certaines opinions, comme les miennes, qu'en étant dans l'ombre. Heureusement pour nous qu'il y a internet, sinon nous serions réduits au silence. Ce changement, je l'ai vécu personnellement dans mon rapport à la scène publique''. Cette crise française date selon Shmuel Trigano des agressions antisémites - plus de 500 en deux ans passées sous silence sur ordre du gouvernement Jospin. ''Comme elles étaient le fait de Musulmans, les autorités ont sacrifié l'identité juive à l'ordre public. C'est pour dénoncer ces agressions, dans une démarche citoyenne, que j'ai créé, avec d'autres, en 2000, l'Observatoire du Monde Juif. On nous a traités de racistes et on nous a écartés. On a préféré parler d'importation du conflit israélo-palestinien, de tensions intercommunautaires, transformant ainsi les victimes en coupables''. Pour Shmuel Trigano le départ des Juifs de France n'est pas le résultat de l'antisémitisme mais le constat qu'une forme d'identité juive n'est plus possible en France. Il s'agit de cette identité qui s'est forgée au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Elle a cessé au début des années 90. "La venue des Musulmans d'Afrique du Nord a été le début de la fin de la légitimité d'une identité juive en France". C'est dans ces écueils, qui ont plongé la France dans une crise profonde, que Shmuel Trigano espère qu'Israël ne tombera pas, parce que selon lui, il y en a certains prémices: ''Le peuple d'Israël est un peuple global, dans lequel tous les peuples de l'Humanité se retrouvent par l'intermédiaire des Juifs qui l'ont rejoint. C'est le laboratoire de l'Humanité. Il connait une effervescence, des problèmes, des télescopages du fait de ce rassemblement. C'est ce que je veux comprendre, ce sur quoi je veux travailler: sur ce principe de réalité, sans lequel on est voué à la disparition et à l'échec. On doit penser une véritable éducation, une réforme morale du peuple juif". Nº47 JANVIER 2017 | LEVHAIR.COM | LPH | 33


Photo by Hadas Parush

Sur le vif

Q

ue vous inspire le sondage commandé par Shmuel Trigano et Max Benhamou?

Sofa Landver

Ministre de l'Alya et de l'Intégration

Depuis que le Yediot Aharonot a publié des extraits du sondage selon lequel, les olim auraient une image négative auprès des Israéliens, je ne peux me sortir de la tête, les expressions utilisées: baguette, croissant, riches, responsables de la crise du logement et non sionistes… Mon esprit retourne sans cesse à mes premiers pas en tant qu'ola hadasha d'ex-URSS, au temps où avoir un accent russe était mal perçu, au temps où avoir une autre apparence, un autre style vestimentaire étaient immédiatement étiqueté comme signe d'appartenance à une alya de ''prostituées'', ''de mendiants'', de ''non-juifs'',… Combien de fois, les olim d'ex-URSS ont-ils entendu dans les bus, à la banque, à la koupat holim ou au supermarché, l'insulte: ''sales russes, retournez en Russie''! Les stéréotypes dont j'ai souffert en tant qu'ola hadasha de Russie, et qui plus est femme, ont laissé en moi une trace que je porte jusqu'à aujourd'hui. Cela me fait mal de lire dans le journal, 38 ans après ma propre alya, 26 ans après la grande vague d'immigration russe, 26 ans après l'immigration éthiopienne, que nous n'avons toujours rien appris en tant que société et en tant qu'individus. Moi, qui ai brisé le plafond de verre, en tant qu'ola hadasha et aussi en tant que femme, je le sais, les clichés naissent de la peur, la peur de l'autre, de celui qui est différent, du changement que ces étrangers apportent avec eux. Si l'histoire juive nous a appris quelque chose, c'est que la peur de l'autre, les stéréotypes amènent à la destruction et à la désolation. Au bout du compte, ''nous sommes tous responsables les uns des autres'' et si nous ne le sommes pas, qui se tiendra à nos côtés quand les peurs et les clichés seront dirigés contre nous, en tant qu'Israéliens, que Juifs? En tant que ministre de l'alya et de l'intégration, en tant que députée, mon bureau reçoit sans arrêt

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des plaintes pour discrimination, racisme, stéréotypes haineux envers les olim et leurs enfants. L'année dernière, je me suis occupée de cas très douloureux d'enfants qui ont été blessés par le contenu de certains livres du ministère de l'Education dans lesquels ont continue encore à décrire les Russes comme des alcooliques et par des professeurs qui aujourd'hui encore séparent les enfants d'origine éthiopienne des autres, ou qui punissent des élèves uniquement parce que pendant la recréation ils ont lu des livres dans leur langue maternelle, ou encore par des publicités mettant en scène des artistes connus qui se moquaient de l'accent des olim qui ne comprennent pas l'hébreu. Chaque alya nous a sauvés en tant qu'Etat et en tant que peuple. L'alya de l'ex-URSS a sauvé économiquement Israël, et il en va de même pour l'alya française. Mais surtout, chaque alya nous sauve de nous-mêmes, parce que nous ne devons pas oublier que nous sommes un seul et même peuple avec un seul Etat et un destin commun.

Avi Zana

President de AMI

L'enquête n'ayant pas encore été officiellement publiée, mes remarques ne se basent donc que sur les éléments déjà parus dans la presse israélienne. Il faut le dire d'emblée, ce sondage n'est ni plus ni moins qu'une manipulation médiatique qui ne fait que refléter l'image que l'élite israélienne veut donner des juifs de France et de ses olim. Je m'explique, le simple fait de donner dans un sondage comme options de réponses: "barbares et bruyants", "riches", "plages et bronzage"... à la question: "Qu'est-ce qu'il vous vient à l'esprit quand vous pensez aux olim de France?", n'est ni plus ni moins que du racisme antifrançais et anti-séfarade! Il ne faut pas avoir peur des mots, je vis en Israël depuis bientôt 40 ans et l'image de la baguette et du croissant a été drôle un moment, mais là c'en est trop. Les politiques et les médias israéliens veulent confiner la communauté des olim de France dans un certain folklore, comme ils l'ont fait pour les autres immigrations des pays d'orient.


Il y a aussi une confusion voulue de leur part entre les olim et les touristes français qui viennent en nombre très important et plein d'énergie sur les plages israéliennes chaque été. La classe dirigeante israélienne ne veut pas faire l'effort ni de connaitre ni de comprendre l'histoire de notre communauté d'origine, sinon elle aurait besoin de faire sa propre introspection, ce qui l'amènerait à des conclusions pas très brillantes quant à l'intégration des différentes vagues d'olim. Elle refuse aussi d'admettre la réussite des rapatriés juifs en France tant sur le plan économique que sur le plan intellectuel. L'image qu'a donc voulu perpétuer ce sondage est celle du juif fuyant l'antisémitisme français et que l'Etat d'Israël veut bien accueillir s'il ne se comporte pas comme "un barbare bruyant sur les plages de Netanya". La nouvelle association francophone qui a commandé ce sondage, un de plus, débattra de ses conclusions sans même y associer les spécialistes de l'alya de France. Ce sont une fois de plus "des intellectuels israéliens" qui vont nous expliquer qui nous sommes et comment nous devons nous intégrer. Je crois qu'il est temps de réagir, nous avons devant nous un travail de longue haleine qui doit être fait par la jeune génération des olim de France qui est parfaitement intégrée dans le pays et qui connait les règles du jeu de la politique et des médias.

Ariel Kandel

Directeur de Qualita

Ce sondage n'est pas si négatif, il me semble. Si 22% des Israéliens estiment que les olim de France sont ''barbares'', cela signifie que 80% ne le pensent pas! Ceci étant, il y a un travail évident à faire, et Qualita s'efforce aussi de l'accomplir, dans la transmission d'une image correcte de ce que sont les olim de France. Ils sont sionistes et ne viennent pas tous bardés de diplômes. Un Français sur deux qui vit en Israël en âge de travailler n'a pas de diplôme académique. Je ne pense pas qu'il y ait plus de racisme anti-français avec l'augmentation de l'alya des Juifs de France. Au contraire, je crois que de plus en plus d'Israéliens commencent à connaitre cette population, même s'il reste encore à faire. Ce que je retiendrais de ce sondage, ce sont les 82% qui se disent prêt à aider les olim dans leur intégration. Il y a peu, j'ai lancé un appel, sur les ondes de Galei Tsahal, pour que les gens portent plus d'attention à leur prochain olé. Pendant longtemps les Israéliens ont pensé qu'il n'était pas nécessaire de venir en aide aux Francophones. On les voyait comme des gens pour qui la vie était facile. Si tant de personnes sondées ont exprimé leur volontarisme pour les aider, c'est que le degré de compréhension face aux difficultés de l'alya a augmenté. C'est ce que je garde de ce sondage.

“Je ne doute pas du fait que les Français vont devenir de plus en plus israéliens et que les Israéliens vont finir par voir surtout les qualités de cette population avant ses défauts” Daniel Benhaïm

Directeur de l'Agence Juive en France

Ce sondage ne me choque pas et ne m'inquiète pas. On oublie souvent que l'alya est un choc de culture. Les Français arrivent avec leur mentalité, leurs qualités, leur mode de vie et regardent parfois les Israéliens de haut. De leur côté, les Israéliens les voient arriver comme des étrangers qui tentent de leur imposer leur vision. Ce n'est pas nouveau, déjà dans les années 50 chaque vague d'immigration se moquait de la précédente. Comme si le fait d'être arrivé cinq ou dix ans plus tôt donnait une supériorité. La vague d'alya, en provenance de France, importante de ces dernières années, a créé un bouleversement dans la société israélienne, il faut en faire le constat. Elle a perturbé une certaine routine et cela peut déranger. Je pense qu'il faut laisser à chacun le temps nécessaire. De façon réciproque, chaque côté doit s'adapter à l'autre, et ce sera le cas. Je ne doute pas du fait que les Français vont devenir de plus en plus israéliens et que les Israéliens vont finir par voir surtout les qualités de cette population avant ses défauts. Je ne crois pas que le résultat de ce sondage montre une diminution de la capacité d'acceptation des olim par la société israélienne. A chaque époque on a regardé les nouveaux arrivants avec un regard critique. Au fil du temps, cela s'est arrangé. Il y aura toujours des plaisanteries, des moqueries gentilles, par-ci par-là, mais cela ne remet pas en cause le brassage culturel qui fait notre pays et ne nous empêche pas de vivre ensemble et de construire une nation. Dans beaucoup d'endroits on constate la solidarité des Israéliens envers les olim. Ce sondage montre en quelque sorte, cette force de la société israélienne: dire ce que l'on pense même si ce n'est pas positif et malgré tout dire qu'on aime ces olim et qu'on est prêt à les aider. Je conclurais en attirant votre attention sur le fait qu'Israël est le seul pays à ne pas employer le terme d'immigrants mais de olim pour désigner les ''étrangers'' qui s'installent sur son territoire. Cela veut tout dire. Nº47 JANVIER 2017 | LEVHAIR.COM | LPH | 35


Notre Histoire

L

es Juifs et la

citoyenneté

Depuis leur départ de la Terre d’Israël à la chute du Second Temple (en l’an 70 de notre ère), et leur dispersion à travers le monde, les communautés juives se sont efforcées de respecter leurs pratiques religieuses et rituelles. C’est pourquoi, vivant au milieu des nations où ils ont trouvé refuge, ils ont vécu séparés des autres peuples afin d’éviter l’assimilation. Car de tous temps, s’assimiler c’était disparaître. Cette attitude leur a valu pendant 2000 ans en France et dans toutes les terres de diaspora d’être plus ou moins discriminés. De 1215, date du Concile de Latran(1), jusqu’au XVIIIème siècle, les Juifs sont contraints de se distinguer par le port de vêtements différents avec la rouelle cousue dessus, et de chapeaux à bout pointu. Il leur est interdit de sortir pendant la Semaine Sainte, d’occuper des fonctions d’autorité, d’avoir des relations quelles qu’elles soient avec les Chrétiens. Ils sont confinés dans des ghettos. Au cours des siècles, les Juifs sont le plus souvent chassés, spoliés de leurs biens, contraints de se convertir au catholicisme, quand ils ne sont pas torturés et brulés sous l’Inquisition en Espagne et au Portugal au XVème siècle. En 1492 l’Espagne par le fameux Décret de l’Alhambra expulse massivement les Juifs du pays. Selon les estimations, 50 000 à 300 000 s’exilent cependant que 150 000 environ acceptent la conversion. Beaucoup rejoignent le sud de la France où ils sont mieux tolérés en général et où ils bénéficient parfois d’une autonomie administrative notable. En France officiellement les Juifs ont été expulsés du Royaume en 1394 par un décret qui est resté en vigueur jusqu’au XVIIIème siècle. Cependant, au gré des changements de règnes ou de l’annexion de telle ou telle province, ils reviennent s’installer là où on les autorise à le faire: A l’est dès le XVIème, dans le sud-ouest où les Marranes viennent habiter Bordeaux et Bayonne, dans le sud-est (Comté de Nice et Comtat Venaissin). Paris leur est interdit. Leurs conditions de vie varient selon les régions et selon la législation locale plus ou moins discriminatoire. Généralement ils sont pauvres, exclus d’un grand nombre de professions, le plus souvent fripiers, colporteurs et prêteurs d’argent. Seuls les Juifs portugais sont bien organisés, ont pignon sur rue et peuvent même s’enrichir par le commerce. On peut dire que le culte juif est toléré partout à condition qu’il ne s’exprime pas ouvertement. On estime à 40 000 âmes le nombre de Juifs en France – dont 500 à Paris malgré l’interdiction– à la veille de la Révolution Française de 1789. Ce tableau pourrait apparaître pessimiste mais comme le fait remarquer Rina Neher-Bernheim(2): «Le caractère marginal des communautés juives dans la Société Française a pour contrepartie positive une forte cohésion intérieure et des structures communautaires solides.» Nous verrons qu’il n’en sera pas toujours ainsi au cours des siècles.

Avant la revolution française de 1789

Quelques années avant la Révolution, des événements majeurs vont marquer les esprits et jouer un rôle historique et déterminant dans le changement du statut des Juifs et dans les mentalités. Ces événements sont d’une part, la Révolution américaine et la Déclaration d’Indépendance de 1776 auxquelles participent activement près de 2000 émigrés Juifs et d’autre part, le mouvement des Lumières et la Haskala. La Révolution américaine Quand les colonies britanniques d’Amérique du Nord déclenchent leur Guerre d’Indépendance contre la Grande Bretagne, les émigrés juifs vont y

participer, engageant leur fortune et leur vie. C’est en collaborant à cette aventure inédite que les Juifs vont prendre conscience de leur appartenance à une Nation, eux qui n’en ont plus, à une démocratie, à une histoire, montrant ainsi une extraordinaire faculté à s’adapter à toutes les situations. Le Préambule de la Déclaration américaine stipule: «Tous les hommes naissent égaux» Désormais, tous les Juifs américains sont des citoyens, libres de se déplacer, de voter, de servir dans l’armée, d’accéder à tous les corps de métier, d’accéder à l’Education laïque supérieure et surtout de jouir d’une entière liberté de culte. Selon Noémie Grynberg(3), cette tolérance a permis que:

(1) A l’initiative du Pape Innocent III, le Concile de Latran se réunit en 1215 pour prendre des décisions concernant entre autres le renforcement de l’exclusion des Juifs et des Sarrasins. (NDR) (2) Article du Dr Rina Neher-Bernheim: les Juifs en France sous la Révolution Française et l’Empire. (3) «Juifs et citoyens» in Hamodia Magazine n° 281 octobre 2013 36 | Nº47 JANVIER 2017 | LEVHAIR.COM | LPH


Par Esther Bénichou «L’antisémitisme ne devienne jamais aussi répandu qu’en Europe» et que «le pays de l’Oncle Sam est apparu à beaucoup de Juifs comme une terre d’accueil.» Mais envers de la médaille: «le creuset libéral américain a conduit à une très importante assimilation d’une partie de la communauté.» En Europe, la conjonction de deux mouvements –les Lumières et la Haskala – externe et interne au judaïsme, va favoriser l’émancipation des Juifs. Le Mouvement des Lumières Né au XVIIème siècle, ce mouvement culturel, philosophique et intellectuel va se développer dans toute l’Europe au cours du XIXème siècle. On a donné à cette période le nom de Siècle des Lumières. En effet, à l’arbitraire, à l’obscurantisme et à la superstition, les Philosophes tels Spinoza, Newton, Voltaire, vont opposer le savoir, l’éthique et le triomphe de la raison sur la foi et sur la croyance. Du coup, cette philosophie change la perception des Juifs par la Société. Jusque-là, l’image des Juifs que véhiculait l’Eglise était très péjorative, celle d’un peuple déicide, usurier, accroché à la loi mosaïque. Certes il y a encore beaucoup de préjugés et d’antisémitisme comme celui peu connu de Voltaire, vibrant défenseur des opprimés et qui écrit dans le Dictionnaire Philosophique: «C’est à regret que je parle des Juifs: cette nation est à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la Terre…» Mais en définitive, les Lumières vont contribuer à donner une image plus flatteuse d’un peuple qui se relève sans cesse de tout ce que les Nations lui font subir. La Haskala Très influencé par les Lumières ce mouvement prend naissance en Allemagne au XVIIIème siècle et se poursuit au XIXème siècle. Les Intellectuels juifs mettent tous leurs espoirs dans ces nouvelles idées propagées par le Siècle Moïse Mendelssohn des Lumières, dont ils espèrent qu’elles vont améliorer le sort des Juifs européens. Ils veulent mettre l’accent sur l’Education aux sciences, aux langues et à la culture générale. Ils souhaitent améliorer les relations entre les Juifs et les peuples au milieu desquels ils vivent; et ils visent à une réelle intégration des Juifs dans les pays d’accueil. Ces initiatives réformistes ne vont pas sans provoquer des frictions avec les tenants du judaïsme traditionnel. Un homme incarne la défense de l’émancipation; il est allemand et il s’appelle Moïse Mendelssohn (17291786). Intelligent, curieux des sciences profanes,

polyglotte y compris en hébreu, ne renonçant pas à son judaïsme (il traduit la Torah en allemand) mais prônant une prise de distance par rapport à la religion, pour mieux se rapprocher des Chrétiens parmi lesquels il a des amis. Vienne, Berlin sont des foyers de culture intense où évoluent avec beaucoup d’aisance les Juifs Freud, Marx, Théodor Herzl et Stephan Zweig notamment. En France, deux personnalités ont admiré Mendelssohn. Ce sont deux révolutionnaires: Mirabeau et l’Abbé Grégoire. L’un et l’autre déplorent les lois qui séparent les Juifs des autres nations et préconisent de les émanciper en les soumettant à la jurisprudence des nations chez lesquels ils résident. En 1787 Louis XVI promulgue l’Edit de Versailles. Cet Edit de Tolérance accorde l’état civil à tous les noncatholiques. C’est un début avant l’acquisition en 1789 de la citoyenneté pleine et entière.

Sous la revolution francaise et sous l’empire La prise de la Bastille marque le début de la Révolution à Paris. Elle sera suivie de troubles dans tout le pays, déclenchant La Robespierre à la convention Grande Peur: châteaux brûlés, titres seigneuriaux détruits par des paysans poussés par la misère et inquiets des événements parisiens. Dans certaines régions comme l’Alsace ces émeutes prennent une tournure anti-juive et on assiste à l’attaque de maisons juives, à leur pillage par les paysans. Ces faits sont relatés en Août 1789 à l’Assemblée Nationale par l’Abbé Grégoire indigné qui demande la complète émancipation des Juifs. Mais il rencontre une forte opposition. Le 26 Août 1789 la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen affirme que: «Tous les hommes naissent et demeurent égaux en droits» et que «nul ne doit être inquiété pour ses opinions religieuses». Ce fut théorique car dans les faits l’émancipation fut plus longue à acquérir. Il faut signaler le rôle très actif d’un Juif de Nancy Berr Isaac Berr, porte parole des Juifs alsaciens et les efforts répétés des députés révolutionnaires tels l’Abbé Grégoire, Duport, Robespierre et Clermont-Tonnerre pour obtenir l’émancipation: «Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus. Il faut qu’ils ne fassent dans l’Etat ni un corps politique ni un ordre…» Le 13 novembre 1791 les Juifs vont accueillir avec des

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Notre Histoire

transports de joie la ratification par Louis XVI de la loi déclarant tous les Juifs citoyens français. Mais ce décret s’il consacre la pleine émancipation des Juifs de France, va aussi par voie de conséquence abolir toutes les structures communautaires, les juridictions rabbiniques et tout ce qui faisait d’eux une minorité organisée. Ce sera la porte ouverte à l’assimilation. Pendant toute la période révolutionnaire et jusqu’à Napoléon une hostilité anti-juive persistera car les mentalités ne sont pas encore prêtes à accepter cette réalité. Arrive Bonaparte qui s’émeut du sort des Juifs pendant sa campagne en Egypte en 1799 et qui aurait tenté d’offrir aux Juifs de les aider à restaurer Napoleon et le Sanhedrine leur état ancestral sur la Terre d’Israël. Mais pour diverses raisons cette idée sera vite enterrée par le général devenu empereur qui va maintenant se préoccuper de l’évolution de la situation des Juifs dans le pays. Après la Révolution, les Juifs vont continuer à s’émanciper: le nombre de Juifs augmente peu à peu. Ils s’établissent dans toute la France et de préférence dans les grandes villes. Les changements s’opèrent lentement à l’époque impériale et s’accentuent au cours du XIXème siècle. Cent ans après la Révolution, on note que la majorité des Juifs de France se regroupe à Paris. C’est par le biais de l’armée qui attire beaucoup de jeunes Juifs, que s’opère la transformation la plus radicale. Et tandis que le Gouvernement teste par là, le degré d’intégration des Juifs dans la Société Française, les Juifs y voient la preuve de leur dévouement à la France qui leur a donné l’égalité. Et pourtant il y a beaucoup de réticences à cette évolution et Napoléon n’est pas sourd à certaines dénonciations et plaintes contre les Juifs, accusés de vivre en marge de la société et de ne pas s’intégrer totalement. Il est même question d’abolir leurs libertés! C’est pourquoi dès 1807 une assemblée de 112 membres représentative du judaïsme de l’Empire est désignée. Elle est chargée de répondre à bon nombre de questions notamment celles ayant trait au patriotisme et au dévouement des Juifs à la patrie française, ou plus délicat à trancher, le problème des mariages avec des non-Juifs. A partir de là, Napoléon va lancer l’idée de réunir

comme dans l’Ancien Temps Grand Sanhedrin des Juifs de l'Empire un Sanhedrin dont les décisions auront force de loi pour tous les Juifs de L’Empire. En 1808 Napoléon va imposer aux Juifs une organisation de la communauté calquée sur l’organisation administrative de la France: un consistoire et un rabbin dans chaque département et à Paris un Consistoire Central et un Grand Rabbin. Dans toutes ses conquêtes de territoires (Italie, Allemagne, Pays-Bas), Napoléon impose son décret d’organisation et permet ainsi aux Juifs européens d’accéder à l’émancipation. Reste que l’attitude de Napoléon à l’égard des Juifs a été jugée très contradictoire parfois louangée à l’excès et parfois dénoncée comme dangereuse et nocive. Il est vrai que cette politique va contribuer au cours du XIXème siècle à la disparition des ghettos, au changement des pratiques du Judaïsme accélérant ainsi l’assimilation ou la conversion et à la généralisation de l’obtention de l’égalité des droits des Juifs dans les pays touchés par les idées révolutionnaires.(4) Citons quelques exemples significatifs: En 1830 la Belgique et la Grèce En 1834 les Pays-Bas En 1839 l’Empire Ottoman En 1858 le Royaume Uni En 1861 l’Italie En 1867 l’Autriche-Hongrie En 1871 l’Allemagne Le processus de libération des Juifs en France et dans le monde qui leur a permis d’obtenir la citoyenneté et la pleine égalité de droits avec leurs concitoyens a abouti à une émancipation exemplaire. «De paria qu’il était, le Juif accède… à la Adolphe Crémieux dignité d’homme libre(5). Et plus encore car après l’Empire et sous la IIIème République c’est un homme politique juif, Adolphe Crémieux, qui va donner la citoyenneté aux 37 000 Juifs d’Algérie, le 24 octobre 1870. Mais ce décret de portée considérable ouvre une autre page d’histoire, celle des Juifs d’Algérie qu’il conviendrait de raconter plus en détails. Esther Bénichou historienne marlenebenichou@gmail.com

(4) Selon un tableau emprunté à l’article du Wikipedia anglais: Emancipation of the Jews.

(5) Dr Rina Neher-Bernheim: les Juifs en France sous la Révolution Française et l’Empire. 38 | Nº47 JANVIER 2017 | LEVHAIR.COM | LPH



Education

E

xtension du Centre socio-éducatif

Gan Mordekhai

Un Complexe éducatif ouvert sur le quartier Aujourd’hui près de 400 enfants fréquentent le complexe socio-éducatif Gan Mordekhai. Forts du succès de la construction du premier bâtiment, c’est tout logiquement que nous envisageons son extension jusqu’aux filières supérieures afin d’offrir un panel pédagogique le plus large possible, pariant aussi sur des filières d’avenir pour les jeunes, attractives pour eux, assurant le succès du projet et permettant d’offrir aux étudiants les meilleurs outils de travail et d’accueil. Le bâtiment se veut moderne et viendra compléter les offres que nous avons aujourd’hui en rajoutant des espaces extérieurs, des espaces pour la petite enfance mais aussi ouvrir plus largement les filières d’avenir pour la plupart inexistantes à ce jour dans le réseau d’écoles juives sur Marseille. Il s’agit là d’un véritable projet de quartier, ouvert à toute la communauté, adultes et enfants. Un lieu autour de la petite enfance Notre vision est comme toujours centrée autour de l’enfant, et c’est tout logiquement que le nouveau complexe prévoit entre autres un gros focus sur le pôle petite enfance. L’extension du Pôle petite enfance nous permettra d’accueillir 40 enfants supplémentaires selon les normes d’accueil des jeunes enfants. Actuellement, ce sont 120 enfants qui sont accueillis à la crèche, faisant de la crèche Devorah Lea la plus grande crèche de la région PACA, et l’extension permettra d’amener ce chiffre à 160. Les enfants pourront bénéficier des toutes nouvelles infrastructures avec en tout premier lieu un espace extérieur entièrement rénové pour les récréations, et un nouveau réfectoire. Bien sûr le reste des travaux tels que le CDI leur sera également profitable puisque nos équipes pourront utiliser et exploiter au mieux tous ces outils pédagogiques et de divertissement. L’enseignement et l’apprentissage au cœur de nos preocupations Comme c’est déjà le cas, le pôle enseignement ira de la maternelle au lycée, et nous avons pour ambition

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de développer de nouvelles filières. C’est un pari que nous souhaitons faire sur des filières d’avenir, qui manquent cruellement dans la communauté sur Marseille et sa région. En toute logique, pour donner à nos enfants et élèves tous les outils nécessaires, nous allons développer notre CDI, qui deviendra alors une bibliothèque universitaire sur plusieurs niveaux. Elle sera dotée d’une diversité d’ouvrages allant de la maternelle jusqu’au lycée, permettant à chacun de trouver son bonheur en termes éducatifs et pédagogiques ou juste pour le plaisir de lire. Le CDI est déjà équipé d’outils multimédias dernier cri, c’est un laboratoire de langues par exemple, et nos enfants y apprennent l’informatique. Il dispose également d’un espace pour les petits bouts du jardin d’enfants et de la crèche qui viennent chaque semaine passer un moment de détente calés confortablement dans les poufs et coussins qui leur sont réservés. Un lieu de culte et de culture La Torah rythme nos journées, nos actes et nos pensées. C’était donc évident d’y consacrer une partie de notre espace. Nous souhaitons créer une synagogue, un mikve pour hommes et un pour femmes. Un centre educatif et sportif ouvert sur le quartier Les bienfaits du sport sur le corps et l’esprit ne sont plus à démontrer, que ce soit sur le plan physique, le plan intellectuel ou le plan social. La pratique d’activités sportives est donc indispensable pour le bien-être de l’enfant. C’est dans cette optique que nous tenons à développer notre plateau sportif. Nous proposerons un espace de remise en forme, en plus du gymnase dont nous disposons et dans lequel les enfants de tous âges et toutes structures de la crèche au lycée peuvent se dépenser. Un autre point non négligeable de notre projet concerne la cafeteria, puisque ce n’est pas seulement un lieu de restauration, mais c’est également un lieu de rencontre. C’est avec beaucoup d’espoirs et d’ambition que nous nous engageons dans ce projet qui va B’H’ profiter à nos enfants et à toute notre belle communauté dans les années à venir.


Pains Suisses By Elsa Abitbol

Préparation Dans un récipient, mélanger le jaune d’œuf avec le sucre en poudre jusqu’à ce que l’œuf blanchisse. Incorporer la farine et mélanger de nouveau. Faire bouillir le lait dans une casserole avec la vanille et verser progressivement le lait chaud dans votre préparation. Reverser le tout dans la casserole et faire épaissir votre préparation à feu moyen. Mettre la crème pâtissière obtenue dans une poche à douille.

Ingrédients • 1 jaune d’œuf + 1 œuf pour la dorure. • 50 g de sucre en poudre. • 30 g de farine. • 250 g de lait. • une gousse de vanille ou de l'extrait de vanille • 1 pâte feuilletée. • Des pépites de chocolat.

Répartir la crème pâtissière sur un côté de votre pâte feuilletée et parsemer de pépites de chocolat. Fermer le tout et coupez la pâte en 5 bandes. Placer les bandes sur un grill, badigeonner à l’œuf et faites cuire le tout pendant 15 minutes à 210°c. Sortir vos viennoiseries du four et déguster

Bonne appétit! Page préparée by Vanessa Fedida Retrouvez nos recettes sur la page Facebook: "Partageons nos recettes sucrées et salées"


Nos racines

L Norvège es Juifs de

Depuis plusieurs années, les mauvaises nouvelles qui nous parviennent de Norvège s'accumulent. Pas un jour sans qu'une affaire d'antisémitisme ne soit signalée, pas une semaine sans qu'une mesure discriminatoire ne soit envisagée, pas un mois sans qu'on nous annonce un départ collectif des derniers Juifs de ce pays du Nord. Qui sont les Juifs de Norvège? Vers quel destin se dirigent-ils?

Les premières mentions d'une présence juive en Norvège datent de la fin du quinzième siècle. Malgré le principe adopté dès l'an 1000 d'interdire l'entrée du pays aux non-chrétiens, des Juifs fuyant l'Inquisition ont été autorisés à s'installer en Norvège et dans les autres pays du Nord de l'Europe. Plus tard, ils seront rejoints par des Juifs d'Europe centrale. Néanmoins, pendant plusieurs siècles et à moins de détenir une autorisation spéciale, les Juifs ont été officiellement interdits de séjour en Norvège. En 1850, un poète, Henrik Wergeland et un directeur d'école, Fauchald Peder Jensen, ont fait campagne contre cette interdiction qui a finalement été levée en 1851 par le parlement norvégien, le «Storming». C'est ainsi que le premier Juif à être officiellement recensé dans le pays l'a été en 1852. Quarante ans plus tard, une synagogue sera érigée à Oslo. À l'époque de la Seconde Guerre mondiale, 2100 Juifs vivaient en Norvège. La communauté juive a payé un lourd tribut à la Shoah.772 Juifs ont été déportés et seuls 34 d'entre eux sont revenus des camps. Le principe de restitutions et d'indemnisation a été adopté par le parlement en 1999. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, un millier de Juifs vivaient en Norvège, répartis entre Oslo et Trondheim. En 1967, une association de soutien à Israël, «La paix pour Israël» a été créée. Elle compta à ses débuts quelque deux mille membres et fut présidée, en 1991 par Kare Kristensen, ancien président de la Commission des Affaires étrangères du parlement. Les Juifs étaient 1500 dans les années 2000 où le mouvement Habad-Loubavitch fit son apparition et

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où une congrégation libérale s'installa également. En 2009, le roi Harald V accomplit un geste mémorable en se rendant à la synagogue d'Oslo et au Centre Communautaire. Le rabbin Joay Melchior, fils de l'ancien député israélien Michael Melchior et petit-fils du Grand rabbin du Danemark, Bent Melchior, enthousiaste, n'hésita pas alors à affirmer que «le roi veut donner à ses sujets juifs le sentiment qu'ils appartiennent pleinement au tissu national norvégien.» Le roi alla même jusqu'à visiter le jardin d'enfants, à rencontrer les jeunes du mouvement «Bné Akiva» et ceux de l'école juive et à se rendre au mikvé, le bain rituel. Venant peu après la rencontre du prince Haakon Magnus avec l'Organisation des Étudiants Juifs de Norvège, cette visite royale avait laissé espérer un avenir serein. Les choses, ont le sait, ne sont pas allées dans le bon sens. Malgré l'ambiance détestable qui règne de nos jours en Norvège, le Premier ministre, Jens Stoltenberg a demandé pardon aux Juifs lors de la Journée Internationale à la mémoire des Victimes de la Shoah en 2012. Envahie par les troupes allemandes le 9 avril 1940, la Norvège avait alors été, rappelons-le, dirigée par le régime collaborationniste du fameux Vidkun Quisling. Pour Jens Stoltenberg, qui s'exprimait à l'endroit même où 552 Juifs avaient été embarqués sur le cargo SS Donau et conduits vers les camps de la mort, «Si les meurtres ont été indéniablement commis par les Nazis, ce sont des Norvégiens qui procédaient aux arrestations et qui conduisaient les camions». «Il n'est jamais trop tard pour reconnaître se fautes» avait alors estimé un dirigeant de la communauté juive, Ervin Kohn et, pour le dernier survivant des déportés, Samuel Steinman, «il était grand temps». Autre «bonne nouvelle» au début de l'année 2014: la minorité conservatrice-progressiste, membre du gouvernement, a appelé, dans sa plate-forme électorale, le gouvernement à avoir une politique plus favorable à Israël. La dirigeante de ce parti, Erna Solberg et le Premier ministre norvégien envisagent un voyage officiel en 2014 en Israël. Par ailleurs, le ministre norvégien de la Culture, Thorhild Widvey, s'est déclaré opposé au boycott culturel de l'État juif prôné par certains milieux artistiques du pays. Cela dit, force est de constater que l'opposition aux Juifs et au judaïsme est ancienne en Norvège.


Par Jean-Pierre Allali En 1929, déjà, le parlement norvégien avait adopté une loi interdisant la chehita, l'abattage rituel des animaux suivant la pratique juive. Cette interdiction est toujours en vigueur. Quelques années plus tard, dans les années trente, le Premier ministre, Jens Hundseid, avait renchéri en déclarant: «Nous n'avons aucune obligation de soumettre notre bétail aux atrocités juives ; nous avons invité les Juifs à s'installer sur notre sol, mais nous n'avons aucune obligation de fournir aux Juifs des animaux pour leurs orgies religieuses». La question de la pratique de la circoncision qui, on le sait, est même un sujet de débats en France, a été, ces dernières années, l'objet de prises de positions intransigeantes en Norvège. Ainsi, une revue médicale Tidsskr Nor Legeforen a publié, en 2013, un article écrit par trois médecins qui considèrent que «la circoncision d'une personne sans indication médicale et sans son consentement, violait les principes de l'éthique médicale de base» et demandent qu'elle soient interdite avant l'âge de seize ans. Des caricatures antisémites font leur apparition régulièrement dans des journaux norvégiens. En septembre 2006, la synagogue d'Oslo a été attaquée à l'arme automatique. Le 16 mai 2009, le carré juif du cimetière de Sofienberg à Oslo à été profané. Des croix gammées ont été peintes sur des tombes. Une

enquête a révélé que 26% des Norvégiens pensent que les Juifs se considèrent comme supérieurs aux autres. En 2014, il ne restait plus environ que 800 Juifs en Norvège et la presse faisait état d'une volonté générale de départ des Juifs vers d'autres cieux. Les mariages mixtes sont courants et nombreux sont les Juifs qui évitent d'afficher leur croyance. La présidente de cette petite communauté, Anne Sender, s'est dit inquiète quant à l'avenir et affirme que l'antisémitisme est, pour l'essentiel, dû à des personnes issues de l'immigration, mais que, hélas, peu de gens et de responsables réagissent, préférant laisser faire. Le quotidien Aftenposten n'hésite pas à prévoir, dans un avenir proche, une Norvège sans Juifs et appelle, si on veut éviter cette situation, à sécuriser les deux synagogues du pays, à Oslo et Trondheim. En février 2012, déjà, l'écrivain Hanne Nabintu Herland n'avait pas hésité à affirmer que la Norvège est le pays le plus antisémite de l'Ouest. L'avenir des Juifs de Norvège où, en 2017, il ne reste plus que quelques centaines de Juifs, est, on le voit, pour le moins, compromis.

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Sport

L

Par Gabriel Cohen

e Krav

Magaà Marseille

Bonjour Ofir, peux-tu te présenter? Je m’appelle Ofir, J’enseigne le Hagana Krav Maga, que j’ai fondé, depuis plus de 15 ans et je suis Préparateur Physique pour sportifs de haut niveau, notamment à l’Olympique de Marseille depuis 4 ans déjà. J’enseigne également sous forme de cours particuliers, la self défense ou la remise en forme. Qu’est-ce que le Hagana Krav Maga? C’est un système de survie urbain qui a vocation à apporter à monsieur et madame tout le monde, des gestes essentiels pour se sortir de situations d’agressions que l’on peut rencontrer au quotidien, dans la rue, dans un parking, un ascenseur etc. Ce système est composé de gestes instinctifs, naturels, issus de différents arts martiaux, associés à plus de 15 ans d’expérience de terrain dans le domaine de la sécurité et de l’anti terrorisme, et adapté à la réalité de rue. Nous y utilisons les objets de l’environnement (stylo, parapluie, chaises, manteau etc...), tout est bon pour survivre! C’est la raison pour laquelle il n’y a ni ceintures, ni compétitions. Il ne s’agit pas de chorégraphies répétées mais bien de survie urbaine avec pour seul objectif: LA SURVIE! 44 | Nº47 JANVIER 2017 | LEVHAIR.COM | LPH

Qui peut le pratiquer? Tout le monde, dès l’âge de 6 ans (comme en Israël)! Et c’est l’objectif. Nous sommes dans une ère ou lorsqu’un problème surgit, on se retrouve seul à pouvoir réagir. La seule option valable est donc d’apprendre à se défendre et donc, de suivre des cours dans un club sérieux et professionnel. Un instructeur qui a lui même une réelle expérience de terrain s’impose donc. Combien de temps faut-il pour savoir se défendre? Nous proposons différentes formules sous forme de Crash Course (stage intensif) ou bien les cours collectifs tous les midis et soirs. En cours collectifs, il faudra compter 6 mois pour avoir des bases réelles. C’est comme tout, cela prend du temps si l’on veut faire les choses bien. Nous ne vendons pas du rêve. Peut-on s’inscrire en milieu d’année? Où se renseigner? Oui les inscriptions sont possibles tout au long de l’année chez nous. Via le site internet: www.kravmaga13.com


2rien

Sinon

M. Worms, d'Europe de l'Est, se présente à la synagogue de Bar-surMarne pour le poste de chamach. Le conseil d'administration est tout à fait favorable, mais au moment de signer le contrat, on s'aperçoit avec consternation que ce monsieur ne sait pas écrire. Ils ne peuvent pas embaucher un illettré. Worms commence alors à faire de la vente à domicile. Ça marche bien. Il achète ensuite une voiture. Ça marche encore mieux. Il ouvre un magasin, puis deux. Il veut en ouvrir d'autres,

SUCHIC

mais pour cela il doit demander un prêt à sa banque. Le directeur de la banque ne demande pas mieux que de prêter à un client si solvable. Il donne les documents à parapher à Worms. Celui-ci signe d'une croix. Le directeur n'en croit pas ses yeux: - Vous ne savez pas écrire? - Comme vous voyez. - Et malgré cela, vous avez réussi à monter une si belle affaire! Vous vous rendez compte de ce que vous seriez devenu si vous saviez écrire! Si j'avais su écrire? je serais le chamach de la synagogue de Bar-sur-Marne.

Pourquoi n'y a-t-il jamais de ballons

sur le plateau de Questions pour un Champion? Parce que Julien Lepers!

K

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Le restaurant «SUCHIC» est un établissement haut de gamme situé rue

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