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‫בס"ד‬

L’Asssociation Ohel Yesharim présente

TERRE D’ISRAËL TERRE D’ÉTERNITÉ

5777 Distribution gratuite



TERRE D’ISRAËL TERRE D’ÉTERNITÉ

Recueil des paroles des Sages. Ce fascicule a pour but d’encourager nos frères à l`Alyah à travers les Paroles de nos Sages traitant de la valeur de la Terre d`Israël et de la troisième et derniere délivrance que nous vivons actuellement. Notre association OHEL YESHARIM (la Tente des Justes) créée à la mémoire de notre ancêtre le Rav Itrsak Bonan Zatsal fait référence à la Terre d`Israël qui est «la Tente» qui recueille «les Justes» qui sont les nouveaux immigrants qui viennent se «blottir sous les Ailes de la Présence Divine.»

Faites une grande mitsva: envoyez ce fascicule à un ami ou proche après l`avoir lu. Merci 1


A la mémoire de Yaacov Naphtali ben Rahel, Guilhad Michael ben Bat Galim, Eyal ben Iris Téchoura et de tous les soldats et civils tombés en justes parfaits et en sanctifiant le nom de Dieu pour défendre notre Patrie.

A la mémoire de Edmond Binyamin et Adélaïde de Rothschild qui ont tant oeuvrés à la reconstruction de la terre d'Israël.

A la guérison complète de Géoula Cohen notre grande amie qui nous a toujours aidés de tout cœur ainsi que Haïm Mordehaï ben Anat. A la réussite de David Roche et Haïm Amsellem A la mémoire de Emma Maïssa Bat Hanna, de Aaron Ben Doudani, de Yossef Benayoun, de David ben Messouda. A tous nos amis. 2


Nous devons tout d’abord remercier notre grand Rav qui nous a enseigné la Torah avec amour et patience. Nous espérons que ce fascicule reflète la Torah qu’il enseigne et nous n’y avons délibérement pas cité son nom puisque ce qui y est écrit est inspiré de son enseignement, le Rav Yeochoua Zukermann chlita ainsi que la gentillesse de la Rabanite Malka dont la maison est ouverte aux quatre vents de la sagesse et de l’hospitalité.

Avec tous nos remerciements à notre grand Rabbin d’Israël le Rav David Lau chlita au Rav Chlomo Aviner chlita et au Rav Menahem Ben Yaacov chlita. Nous adressons nos plus vifs remerciements à Avraham Azoulay et son équipe du P’tit Hebdo pour son aide précieuse à la réalisation et publication de ce fascicule.

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Béni soit l’Éternel notre Dieu qui a donné la Torah et la Terre d’Israël son Peuple. Comme commente Rachi le premier mot de la Torah: «Au commencement» (D. créa le ciel et la terre.) Rabbi Yitshak a enseigné: La Torah (en ce qu’elle constitue essentiellement un code de lois) aurait dû commencer par «Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois» (Chemot, 12, 2) puisque c’est par ce verset qu’est édicté le premier commandement prescrit à Israël. Pourquoi débutet-elle avec Berechit? (au commencement) «La puissance de Ses Hauts Faits, Il l’a révélé à son Peuple, en lui donnant l’héritage des nations». (Psaumes 111,6). Ainsi si les nations du monde viennent à dire à Israël «Vous êtes des fossoyeurs, vous avez conquis les terres des sept nations!» on pourra leur répondre: «Toute la Terre appartient au Saint Béni Soit-Il. C’est lui qui l’a créée et l’a donnée à qui bon lui semble. (cf Yirmiya 27,5). C’est par Sa Volonté qu’il les a données à ces peuples, et c’est par Sa Volonté qu`il les leur a reprises et qu’Il nous les a données!» (Yalquout chim`oni,30,187). 7


TERRE D’ISRAËL TERRE D’ÉTERNITÉ ____________________

Ce fascicule n’est qu’un recueil d’une partie des paroles des Sages de toutes les générations, traitant du sujet de la Terre d’Israël, que notre association a réunies et traduites dans le but de donner accès au public francophone à certains textes difficilement compréhensibles pour qui ne maîtrise pas un hébreu parfait. La trame est constituée par des passages du livre «L’Éternité d’Israël» du Maharal de Prague, sur lesquels sont articulés des commentaires, essentiellement tirés de la pensée des Rav Kook, père et fils. L’objectif des commentaires est de créer un lien entre le texte original et la réalité que nous vivons aujourd’hui. Nous espérons qu’avec l’aide de D., ce fascicule aidera le lecteur à entrevoir une nouvelle réalité quant à sa conception de la Terre d’Israël et du retour des exilés qui a commencé il y a environ 100 ans. Ci-joint la liste des Sages et des enseignements pris en référence à l’écriture de ce fascicule:

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* la traduction des textes originaux sont en caractères gras * Lorsque nous citerons le Rav Kook dans le texte, il s’agira du Rav Avraham Yitz’hak Hacohen Kook zatsa"l, le père du Rav Tsvi Yehouda Kook zatsa"l.

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CHAPITRE I «LA DÉLIVRANCE VIENDRA PAR LE MÉRITE DES FEMMES VERTUEUSES» En cette nuit froide du début de l’hiver, tout le monde s’affairait à la préparation de la fête; un grand événement se préparait, les cœurs étaient en liesse malgré ce pincement, cette angoisse sourde et profonde que l’on essayait de cacher. L’occupant avait imposé des décrets qui devenaient de plus en plus cruels, de moins en moins supportables: interdiction d’avoir une porte d’entrée à toute maison juive pour lui enlever son intimité, plus de possibilité de manger de la viande et enfin, interdiction aux femmes de se rendre au bain rituel. Mais la dernière en date, qui durait déjà depuis trois ans et huit mois, était le droit de cuissage par un gouvernant grec préalablement à tout mariage juif et dont la réplique était que les Juifs ne se mariaient plus. Nous avions perdu notre fierté, notre espoir, notre indépendance nationale et notre autonomie; nous étions asservis par un peuple cruel et primitif et, devant la masse de l’occupant, la foi en nous-mêmes et en notre peuple d’essence divine était ébranlée. Ce jusqu’à cet acte de la fille du grand-prêtre Matityahou qui devait se marier avec le fils de ‘Hachmonaï nommé Éliézer: «Quand arriva le jour de la fête, on l’emmena dans un petit carrosse au porteur et, au moment du festin, tous les grands personnages d’Israël se réunirent pour faire honneur à Matityahou et à ‘Hachmonaï qui étaient les plus grands de leur génération. Quand tous 10


s’attablèrent, ‘Hanna, la fille de Matityahou, se dressa sur le carrosse, claqua des mains, déchira sa robe de mariée et se tint découverte devant tout Israël, devant son père, sa mère et son beau-père. Quand ses frères virent cela, ils tremblèrent de honte, se jetèrent face contre terre, déchirèrent leurs vêtements et s’apprêtèrent à la tuer. Alors elle clama: «Écoutez, frères et oncles, parce que je me suis tenue dévêtue et sans aucune faute devant des Justes, pour cela vous demandez vengeance; par contre, me laisser entre les mains d’un incirconcis qui veut abuser de moi ne réveille en vous aucune vengeance contre lui et son peuple. Cependant, vous devriez apprendre de Chimon et Lévy, les frères de Dina, qui n’étaient que deux et ont vengé leur sœur, massacré un village comme Sichem et étaient prêts à sacrifier leurs vies pour l’Unité du Nom de D. qui les a aidés et ne les a pas détruits. Et vous, cinq frères, Yehouda, Yo’hanan, Yonathan, Chimon et Éliézer, la fleur de la prêtrise, plus forts que deux cents hommes, ayez confiance en D. et Il vous aidera, comme il est dit: «Car rien n’empêche D. de délivrer… «(Samuel 1, 14)». Elle fondit en larmes et implora: «Maître du monde! Si tu n’as pas pitié de nous, sois miséricordieux pour Ton grand Nom saint que nous représentons et fais que notre vengeance soit aujourd’hui la Tienne.» À ce même instant, leur esprit de vengeance se réveilla et ses frères déclarèrent: «Réunissons-nous et décidons quoi faire!» Ils se consultèrent l’un l’autre et dirent: «Amenons notre sœur auprès du grand roi et disons-lui: "Notre sœur est la fille du grand-prêtre! Il n’y a pas en Israël plus grand 11


que notre père et nous pensons qu’elle n’est pas du rang du gouverneur mais du grand roi, ainsi nous rentrerons dans sa maison, le tuerons, attaquerons ses serviteurs et ministres, et D. nous aidera et nous accordera la victoire."» Ils suivirent ce conseil et D. leur accorda une grande délivrance; alors tout Israël entendit une voix en provenance du Saint des Saints «et ils vainquirent Talyah et Antiochus». Ainsi D. nous délivrera de nos jours. Amen! Nous connaissons la suite des événements: les frères de ‘Hanna levèrent une petite armée courageuse, puissante et intrépide; ils attaquèrent et vainquirent de nombreuses légions grecques, se battant avec une force toute divine, à un contre cinquante. Ils délivrèrent le peuple de l’oppresseur et retrouvèrent leur indépendance nationale, leur autonomie, leur fierté. «Yehouda et ses justes arrivèrent devant le Temple, détruisirent les autels idolâtres des Grecs, démontèrent et enfouirent l’autel saint que ceux-ci avaient rendu impur. Ils construisirent une nouvelle Menora. Seulement il n’y avait plus d’huile pure pour allumer la Menora car les Grecs avaient rendu impures toutes les huiles; ils cherchèrent et trouvèrent une seule petite fiole qui portait encore le sceau du grand-prêtre qui ne contenait de l’huile suffisante que pour un jour; D. fit un miracle et l’huile brûla et éclaira le Temple pendant huit jours. L’année suivante, ils décrétèrent et firent de ces jours, jours de fête de louange et de remerciement, les huit jours de ‘Hanoucca» (Midrach ‘Hanoucca). Et le Rav Chlomo Aviner commente dans son livre «Le souffle de vie»: En conséquence, affirme Yehouda Maccabi, notre lien avec D. n’est pas un simple sujet de réflexion littéraire 12


ou philosophique plaisante à méditer, c’est une réalité concrète et vécue qu’il faut prendre en considération dans nos entreprises militaires et politiques. C’est la première fois après la fin de la révélation prophétique que quelqu’un se lève pour dire: la foi en D. est élément très «réel» et c’est à partir d’elle et animée par elle que l’on doit combattre. Effectivement, il s’avéra une fois de plus que la foi en D. est le réalisme le plus élevé et le plus global qui soit. Dans le fascicule «Le messianisme d’Israël», une question a été posée au Rav Tsvi Yehouda Kook zatsa"l: quelle est la signification des paroles du Rav Kook zatsa"l (le père du Rav Tsvi Yehouda zatsa"l)? «L’éclair divin qui est apparu dans l’âme des Hasmonéens s’est brisé en mille étincelles. Mais lorsque celles-ci auront été rassemblées en une seule torche, l’éclair réapparaîtra dans toute sa splendeur». Quel est cet éclair et que sont ces étincelles? La réponse fut: «L’éclair qui a brillé dans l’âme des Hasmonéens fut le dévoilement de leur courage extraordinaire lié à une profonde spiritualité. Par la suite, ne sont apparues que de petites étincelles, comme la révolte de Bar Kokhba. Il n’y eut pas alors le même déferlement spirituel de grandeur d’âme et de dévouement en faveur du peuple ou du Temple. Une partie du peuple s’opposa à Rabbi Akiba, alors que le peuple tout entier avait suivi les Hasmonéens. À la fin des temps, l’éclair réapparaîtra à nouveau dans un dévoilement extraordinaire de dévouement et de sainteté. Une royauté temporaire d’une autre tribu est donc possible: celle des Hasmonéens était l’une de ces royautés temporaires. 13


Dans la génération qui suivit la révolte, les Hasmonéens oublièrent que leur royauté était temporaire et entendirent la perpétuer, ce qui provoqua leur décadence et leur corruption. De nos jours également, en Eretz Israël, notre royauté est temporaire mais c’est d’elle que sortira une royauté éternelle, celle de la maison de David.»

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CHAPITRE II «LA PREMIÈRE ALYAH» Le règne des Hasmonéens se termina en l’an 37 avant l’ère vulgaire; de là, nous faisons un bond de plus de 1500 ans dans l’histoire, durant lesquels la Terre d’Israël resta déserte et «esseulée», quand un événement se produisit après l’expulsion des Juifs d’Espagne. La célèbre famille Karo avait émigré avec un groupe de Sages à Constantinople en Turquie. Le Rav Chlomo Halevy Alkabetz zatsal compositeur de lekha dodi (le chant des prières du vendredi soir) qui était présent a témoigné sous forme d’une lettre qui a été retranscrite dans le livre du Chla Akadoch «Les Deux Tables d’alliance». Elle a été écrite essentiellement dans le but d’aider ses concitoyens à monter en Eretz Israël sans craindre le préjudice financier que cela peut entraîner, sachant, par un décret divin, que l’heure est à la «grâce» (c’est-à-dire une période de dévoilement de la volonté divine). À l’occasion de la veillée de la fête de Chavouot, les Sages nous recommandent d’étudier toute la nuit pour réparer le fait que la nuit précédant le don de la Torah au mont Sinaï, le peuple avait dormi. Voici certains passages de cette lettre: «Sachez que notre maître Rabbi Yossef Karo zatsa"l et moimême [Rabbi Chlomo Halévy Alkabetz zatsa"" l] étudiions de toute notre âme la nuit de Chavouot, sans aucun repos. * Rabbi Yossef Karo est l’auteur du code de lois juives appelé Choul’han Aroukh’, «la table dressée». 15


Quand nous commençâmes l’étude de la Michna (Loi orale) et après avoir étudié deux ordres, le Créateur nous privilégia et on entendit une voix parlant par la bouche du Juste, notre maître Rabbi Yossef Karo zatsa"l. Une voix forte bien articulée, que toutes les personnes présentes entendirent et ne comprirent point; la voix était très mélodieuse et allait en s’intensifiant. Nous nous jetâmes face contre terre, le souffle coupé, sans pouvoir lever les yeux, à cause de la crainte que nous éprouvions. Et la voix s’adressa à nous, en disant: «Écoutez, mes amis très chers et aimés, la paix soit sur vous. Réjouissez-vous, ainsi que celles qui vous ont enfantés. Soyez heureux dans ce monde et dans le monde à venir, puisque vous avez préservé vos âmes pour Me couronner pendant cette nuit. Car depuis de nombreuses années, la couronne est tombée de Ma tête, rien pour Me consoler, J’ai été jetée dans la poussière et étreinte d’humiliation, et vous M’avez rendu Ma couronne d’antan. Renforcez-vous, mes amis, et continuez vos efforts, mes aimés. Réjouissez-vous, élevez-vous et sachez que vous, les fils de Ma gloire, vous avez eu le mérite d’être dans le Sanctuaire de la reine. Toute votre Torah et le souffle de votre bouche sont venus devant D. et ont pourfendu les mondes et les espaces jusqu’en haut. Les anges se turent, les séraphins s’immobilisèrent, les ‘hayot se dressèrent et toute l’armée divine écouta votre voix. Et moi, la Michna (la Présence divine), la mère qui modèle chaque homme, suis venue vous parler. Si vous étiez dix, J’aurais pu m’élever de plus en plus. Cependant, Je me suis élevée et réjouissez-vous ainsi que celles qui vous ont 16


enfantés, mes amis très chers qui avez chassé le sommeil de vos yeux; grâce à vous, Je me suis élevée cette nuit et aussi grâce à vos amis résidant dans la grande ville. Vous n’êtes pas comme ceux qui «sont couchés sur des lits d’ivoire», dans le sommeil qui constitue un soixantième de la mort, et «étendus sur leur lit de mort». Vous êtes en adhésion avec D. et Il se réjouit de vous. Ainsi, Mes enfants, renforcez-vous et continuez vos efforts, élevezvous dans Mon amour, Ma Torah et Ma crainte, et si vous aviez ressenti un soupçon de la souffrance que J’endure, vous n’auriez jamais éprouvé de joie dans votre cœur ni vu de rire sur votre bouche, car c’est à cause de vous que Je suis jetée dans la poussière. Donc, renforcez-vous, continuez vos efforts et renforcez-vous, mes chers fils justes, n’arrêtez pas votre étude car «un fil de bonté est tendu sur vous». Ainsi, relevez-vous, mes chers fils, et proclamez comme le jour de Yom Kippour: «Béni est à jamais le Nom de Son Règne Glorieux!» Nous nous levâmes en tremblant de tous nos membres et proclamâmes comme on nous l’avait ordonné. La voix revint et dit: «Réjouissez-vous, Mes enfants. Reprenez votre étude sans vous arrêter même un instant, et montez en Terre d’Israël car tous les moments ne se valent pas et «D. n’a pas de limite pour sauver un petit ou un grand nombre»; n’ayez pas de remords pour vos biens matériels car «du meilleur de la terre vous vous rassasierez». Et «si vous êtes désireux de monter et M’écoutez, du meilleur de la terre vous mangerez. Ainsi donc, dépêchez-vous et montez en Terre d’Israël car Je vous donnerai votre subsistance», vous serez dans la paix et vos maisonnées seront en paix 17


ainsi que tout ce que vous possédez car «D. donne la force à Son peuple et le bénit de la paix». La voix revint la 2e nuit de Chavouot et répéta entre autres: «Vous êtes comme saoûls des convoitises de ce monde, continuez et annulez la convoitise «car le jour viendra où l’homme devra éliminer le dieu de l’argent» ainsi que tout ce qu’il désire, ses dieux d’or et sa convoitise pour l’argent. Et montez en Israël car D. est avec vous, seulement vous êtes ensevelis dans la convoitise et les bassesses de ce monde…» C’est ainsi que Rabbi Joseph Halévy Karo est monté en Israël avec sa communauté et s’est installé dans la ville de Safed, comme on le sait, où l’on peut encore visiter sa synagogue de nos jours. Au XIIIe siècle, Rabbi Ye’hiel de Paris est monté avec trois cents Sages; au XVIIIe siècle, le Baal Chem Tov envoya en Terre d’Israël trois cents élèves, le Gaon de Vilna sept cents. Bien plus, à l’époque de Maïmonide, Saladin avait donné aux Juifs l’autorisation de retourner en Israël, mais l’ère de l’exil n’était pas close. Le Rav Chlomo Aviner analyse que l’impossibilité de monter n’était d’ailleurs pas seulement d’ordre technique. Durant des siècles, les persécutions et outrages subis en exil par les Juifs avaient émoussé leur combattivité et, psychologiquement, ils étaient davantage prêts à être battus qu’à se battre. Mais nos yeux doivent se dessiller et voir tous les miracles du retour à Sion, de l’État, de l’armée, 18


de la libération de Jérusalem. Qui aurait pu prévoir la déclaration de Balfour en 1917? Qui prévoyait en 1917 que la nation d’Israël retrouverait sa souveraineté en 1948? Qui prévoyait en 1948 la victoire de 1967? Et la situation et évolution sans pareilles de la nation juive sur sa Terre en moins de 100 ans! Ce dévoilement qu’a reçu le grand Sage Rabbi Joseph Halévy Karo était certainement la continuité de la propagation des «étincelles» à travers l’histoire, depuis les Hasmonéens jusqu’à nos jours.

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CHAPITRE III NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (Maharal de Prague) NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (1, 9) Il n’est possible d’appréhender une chose positive d’une manière véritable que par la connaissance de son contraire, ainsi on acquerra la connaissance de toute réalité par son opposé, par exemple de la couleur noire on appréhendera la couleur blanche, et ainsi pour toute chose. De manière conventionnelle, nous savons que la connaissance du contraire est unique, c’est pour cela qu’il est écrit dans la section de Pessa’him (116,2): «La Haggada commence par le déshonneur et finit par l’éloge.» Et pourquoi commence-t-elle par le déshonneur? Car la valeur substantielle de l’éloge ne s’appréhende qu’au moyen de son contraire. Ainsi on ne pourra expliquer la libération finale si on n’éclaircit pas le sujet de l’exil et de la destruction du Temple; de ce fait, on comprendra le bien et la libération que nous attendons tant. 20


Tout d’abord, il est nécessaire d’élucider le sujet de l’exil en général, qui est une preuve indéniable et claire de la délivrance, et en cela il n’y a aucun doute que l’exil est un changement dû à une modification de l’ordre préétabli, car D. a installé chaque peuple sur la terre lui convenant le mieux et ainsi le peuple d’Israël sur la terre d’Israël. Le fait d’avoir été exilé de notre terre constitue un changement et une modification totale de l’ordre préétabli. Toute chose qui est en-dehors de son cadre naturel n’est pas à sa place, n’a pas d’assise dans ce nouvel endroit et tend naturellement à revenir à son lieu prédisposé, car la volonté d’y demeurer impliquerait un acte contre nature, ce qui est une chose tout simplement IMPOSSIBLE. Comme exemple imagé, nous dirions que si tu essaies de maintenir une flamme vers le bas alors que sa nature est de s’élever et que tu veuilles forcer sa nature à changer, si cette flamme se maintenait entièrement vers le bas, alors tu aurais transformé sa nature véritable. Il en aurait été de même pour le peuple d’Israël, s’il s’était maintenu en exil éternellement, et non dans l’endroit qui lui était prédisposé selon l’ordre de la Création, c’est-à-dire en Eretz Israël, souverain et pas sous la domination d’autres peuples, comme ont dit les Sages (traité Avot, chapitre 3): «Il n’y a pas de chose qui n’ait sa place propre»; donc si le peuple d’Israël était resté éternellement en exil, il se serait maintenu en-dehors du lieu qui lui était prédisposé et aurait rendu naturel un acte contre nature. Seules les choses naturelles perdurent car la nature que D. a mise dans chaque chose lui permet de se maintenir de manière permanente, et si elle se 21


maintenait en permanence, contrairement à l’ordre de la Création, cette chose deviendrait superflue et anéantie, et cela est impossible. En d’autres termes, la dispersion est contre nature; ainsi chaque élément est voué à retrouver sa place d’origine, vecteur d’unité. Ce raisonnement est évident pour tout un chacun qui y réfléchit, car chaque élément fait partie d’un tout indissociable, ne formant qu’une seule entité, et ainsi tout éparpillement est destiné à être réuni de nouveau. En conséquence, la dispersion du peuple d’Israël parmi les nations est une réalité qui n’est pas naturelle parce qu’elle est une nation unique, prédisposée à se maintenir ensemble dans l’unité, comme tu trouveras que toute chose naturelle n’est pas divisée en deux mais unifiée; de même, tous les torrents mènent à la mer et se réunissent ainsi, car une chose unique ne se divise jamais, alors tu comprendras que le peuple d’Israël est un peuple unique, pas plus divisé ni éparpillé que n’importe quelle autre nation, et donc voué à être réunifié. Et on ne peut pas dire que ce soit la conséquence d’une faute puisque la dispersion d’Israël n’est pas en fin de compte une chose naturelle car si elle s’était maintenue éternellement, cela aurait changé l’ordre naturel établi! Et s’il y avait eu une possibilité de rester toujours dans cet état, alors la faute aurait été permanente, sans repentir, et cela n’est pas possible selon l’ordre divin de la Création du monde (comme il est écrit: «Le repentir a précédé la création du monde»). De plus, selon l’ordre de la Création, il n’est pas normal qu’une nation soit asservie à une autre et lui fasse porter le joug, car D. a créé chaque nation indépendante, unique. 22


Israël est conçu pour être le «phare des nations», à leur tête, quand il réalise la volonté de D., et cela de manière naturelle, selon l’ordre existentiel, de par son niveau élevé. Cependant, les nations du monde, qui ont été créées pour elle-même, devraient, selon l’ordre de la Création, être autonomes, car elles n’ont pas été créées pour être un phare pour les autres nations, et cela sans rapport avec la réalisation de la volonté divine. Et donc, si l’exil était éternel ainsi que l’asservissement aux nations, cela aurait changé l’ordre préétabli de la Création, ce qui est une chose impossible, nous en déduisons que de l’exil nous pourrons comprendre la délivrance. Commentaire Une illustration parfaite du concept du Maharal zatsal qu’une chose positive ne peut être appréhendée que par la connaissance de son contraire est justement la Terre d’Israël sur laquelle il est écrit «car la terre vomit ses habitants» (Lévitique 18.25) or même si cela ne touche qu’une infime partie de la population la fonction normale est la digestion, seulement ce qui n`est pas digéré est expulsé. En fait quand un Juif fait son Alyah il ressentira ce lien de vie avec la Terre d`Israël, chose qui n’existe pas en exil comme Rachi le commente dans le Talmud (Moed katan 25.1) «La Présence Divine ne réside pas sur autre terre que la Terre d`Israël», celle-ci opérera sur lui comme une digestion et ce nouveau lien avec la Terre 23


et le Peuple le transformera et il se sentira de plus en plus investi par la volonté de participer pleinement aux actions du peuple (Torah, Armée, Gouvernement) jusqu’a 120 ans où il se liera entièrement á la Terre et deviendra un engrais pour elle jusqu’à la résurrection des morts. Histoire du Maharal zatsa"l Yehouda ben Betzalel Liwa (Loeb), plus connu dans le judaïsme sous le sigle M-A-H-A-R-A-L (Morénou HaRav Liwa – Notre Maître Rabbin Liwa), est né en Pologne, probablement en 1512. Ses parents, originaires de Worms en Allemagne, avaient sans doute, comme de nombreux Juifs, fui l’Europe occidentale pour s’établir dans l’est, vers la fin du XVe siècle. Après avoir poursuivi des études rabbiniques dans sa ville natale, le Maharal devient le chef spirituel de la province de Moravie, qu’il quitte ensuite pour fonder une yechiva où il enseigne pendant onze ans, en dehors de toute formation officielle. Il devient ensuite le chef de la communauté de Posen jusqu’en 1598, date où il sera élu chef spirituel de la grande communauté de Prague, à laquelle son nom restera désormais éternellement lié. Les Juifs vivaient à l’écart des Chrétiens et étaient soumis à des mesures souvent vexatoires et des outrages plus ou moins réguliers. À Prague, les Juifs étaient contraints de porter un vêtement particulier et la rouelle, et de se coiffer d’un chapeau spécial. Le livre «Netsa’h Israël» (l’Éternité d’Israël), écrit en 1599, est exclusivement consacré au problème de la Rédemption, répondant ainsi d’emblée à ceux qui voyaient dans la dispersion le signe d’une malédiction et dans l’extermination la solution finale, en jouant sur la double 24


acception du terme Netsa’h qui signifie à la fois «éternité» et «victoire». Le Maharal énonce dans un même souffle la pérennité du peuple d’Israël et la victoire de D. sur la volonté de puissance des nations (Professeur Benno Gross). Dès le début de Netsa’h Israël, le Maharal zatsa"l entre dans le vif du sujet, nous expliquant de manière rationnelle l’impossibilité de l’existence indéfinie de l’exil et de l’assujettissement aux nations. La question qui se pose est toujours, malgré toute la souffrance endurcie depuis des générations, nous qui sommes restés juifs par le mérite de nos pères qui n’ont jamais brisé la chaîne du judaïsme depuis le don de la Torah où nous avons reçu l’âme collective du peuple juif au mont Sinaï, pourquoi, après la création de l’État d’Israël tant attendue et espérée, prenons-nous le risque terrible pour nous et nos enfants de tomber dans l’oubli, l’assimilation, la disparition? La réponse à cette question est très complexe car chacun a l’impression de faire le meilleur de ce qu’il peut: est-ce vrai? Il est vraisemblable que le manque d’information, de connaissance, dans ce domaine en soit la cause, ce qui provoque un frein à la motivation à l’Alyah. Les Sages nous enseignent qu’un des traits les plus importants du repentir 25


est que l’homme doit être habité par un idéal sans cesse renouvelé, l’obligeant à se remettre toujours en question et à se ressourcer indéfiniment, ce qui est l’antithèse de la routine pour celui qui pense que changer ses habitudes est une chose dangereuse. À l’époque où nous vivons, l’essor fantastique de l’évolution technologique peut voiler les yeux des Juifs, comme le dit le Maharal zatsa"l dans son livre Netivot Olam (les Sentiers du monde), à savoir que «le manque et l’insatisfaction chez l’homme sont proportionnels à l’attrait du matériel», comme il est écrit dans les Maximes des Pères: «L’homme meurt sans avoir assouvi la moitié de ses désirs». Ou encore le Ramhal dans son livre la voie des Justes (chap10) nous enseigne que «Si un homme tente de vaincre son penchant au mal et de dominer ses envies, il ne changera pas pour autant sa nature et ne pourra extirper de son cœur cette envie corporelle. Il y parviendra seulement en y renonçant au profit de la sagesse et de ses voies. Quoi qu'il en soit, l'opacité de la matière fait tout pour le détourner et le séduire.» Nous espérons que ce fascicule nous aidera, avec l’aide de D., à sortir de l’exil ainsi que l’exil de nous-mêmes. Le Zohar nous l’enseigne (section Émor): «À l’heure où D. bénit le peuple d’Israël pour les sortir de l’exil et leur faire du bien, Il est alors vraiment le Libérateur, car la Présence divine sortira de l’exil; de ce fait, nous apprenons que D. reviendra avec Israël de l’exil», comme il est dit (Deutéronome 30): 26


«Lorsque tout ceci t’adviendra, la bénédiction et la malédiction que je t’ai présentées, si tu les prends à cœur au milieu de tous ces peuples où t’aura relégué l’Éternel ton D., si tu reviens à l’Éternel ton D. et que tu écoutes Sa voix en tout ce que Je te prescris aujourd’hui, toi et tes fils, de tout ton cœur et de toute ton âme, alors l’Éternel ton D. reviendra avec tes captifs, Il aura pitié de toi et te rassemblera à nouveau d’entre tous les peuples parmi lesquels l’Éternel t’aura dispersé. Serais-tu exilé à l’extrémité des cieux, de là l’Éternel ton D. te rassemblerait, de là Il te prendrait. L’Éternel ton D. te ramènera dans le pays qu’auront possédé tes Pères et tu le posséderas à ton tour. Il te rendra heureux et plus nombreux que tes Pères.» Et Rachi de commenter: le texte aurait dû dire: «Il fera revenir tes captifs» et non «D. reviendra avec tes captifs». Nos Rabbins en ont déduit que la Présence divine, s’il est permis de s’exprimer ainsi, réside avec Israël dans la détresse de l’exil. Il a fait inscrire Sa propre délivrance pour le jour de leur délivrance. Il reviendra avec eux. On peut encore dire que le jour, c’est-à-dire l’époque du rassemblement des exilés, est si important et entouré de telles difficultés, que l’on pourrait imaginer que D. Luimême devra saisir véritablement chacun par la main pour 27


l’arracher à son endroit, comme il est dit (Isaïe 22, 12): «Et vous, vous serez rassemblés un à un, enfants d’Israël». Le Rav Kook zatsa"l explique l’éloignement des Juifs de notre ère en argumentant qu’un mouvement de retour naîtra, engendrant un nouveau judaïsme proche de la terre d’Israël, où le Juif retrouvera enfin sa nature profonde et où la religion aura un aspect tout à fait naturel, débarrassé des faussetés et apparences de l’exil. C’est pour cela que le Rav Kook zatsa"l préconise l’étude de la foi à travers les textes de nos plus grands Sages. «Le judaïsme du passé, de l’Égypte à nos jours, a été une longue lutte contre nature, contre le côté laid de la nature. Nous avons lutté contre la nature pour la vaincre et la remettre à sa place. Elle nous a succombé, les mondes se sont embaumés et, au plus profond de la nature, s’est amplifiée une quête pour la sainteté et la pureté. Nous tous nous rapprochons de la vraie nature et elle se rapproche de nous. Grâce à ce souffle nouveau imprégné dans la terre, dans le langage, la liberté et l’honneur, la littérature et la puissance, la propriété et la sensibilité, tous s’écoulent dans le flot de la nature emplie d’un feu de sainteté. Grande est notre demande corporelle, nous avons besoin d’un corps sain. Du fait de notre intense préoccupation spirituelle, 28


nous avons oublié la sainteté du corps, délaissé la santé et la puissance corporelle, oublié que nous avons une chair sainte, pas moins que nous avons «l’esprit saint». Nous avons abandonné la vie pratique. Tout notre repentir et notre ressourcement avec toute leur splendeur spirituelle ne seront réussis pleinement qu’accompagnés d’un ressourcement physique qui produira un sang neuf et sain, des corps élancés et vigoureux, un souffle ardent rayonnant dans de puissants muscles.» (Orot, 78). Rabbi Avraham Yitz’hak Hacohen Kook (1865-1935) a été le 1er grand-rabbin ashkénaze d’Israël et considéré comme l’un des plus importants commentateurs de la Torah des dernières générations. Il fut nommé grand-rabbin en 1921. Lors de la déclaration Balfour, le Rav Kook zatsa" l prit publiquement position en faveur du sionisme. L’importance de ces propos tenait aussi au fait qu’en Terre d’Israël, à l’époque du mandat britannique, un Rav orthodoxe et non un Rav «progressiste ou réformé», légitimait le sionisme. En effet, il ne faut pas oublier qu’alors, la population sioniste laïque restait minoritaire dans le yichouv de la Terre d’Israël: la plupart des habitants juifs appartenaient à l’ancien yichouv qui s’opposait au sionisme. Il jugeait positivement le sionisme et les pionniers, et valorisait le processus de construction et d’installation sur 29


la Terre d’Israël alors qu’il n’a pas de valeur religieuse par lui-même. Il avait un amour infini pour chaque membre du peuple juif. Lorsqu’on lui demandait pourquoi il aimait tous ces pionniers laïcs, il répondait: «Il vaut mieux que j’échoue dans l’amour gratuit plutôt que dans la haine gratuite, à D. ne plaise». Ils respectaient les pionniers qui bâtissaient le pays, considérant qu’ils accomplissaient une œuvre sainte. Le Rav les compara aux ouvriers qui, à l’époque de la construction du Temple, entraient quotidiennement dans le Saint des Saints, endroit que le grand-prêtre lui-même n’avait le droit de fouler qu’une fois par an. Cette comparaison montre que l’action des sionistes laïcs ne constitue, selon le Rav Kook zatsa"l, qu’une première étape dans le processus de la Rédemption et que l’engagement matériel et politique n’est qu’un moyen au service d’une cause finale spirituelle et religieuse (Introduction à la pensée du Rav Kook – Yossef ben Chlomo). Le Rav Kook zatsa"l a créé le premier grand-rabbinat d’Israël et a écrit de très nombreux ouvrages sur les lois juives, l’éthique qui privilégiait l’unité du peuple juif, l’amour de la Torah et de la Terre d’Israël. Il décéda le 3 Éloul 5695 (1935).

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NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (1, 10) Les Sages y font allusion dans leur grande sagesse dans la section Lekh Lekha («Va pour toi»). D. dit à Abraham: «Sache que Je les ai dispersés, tu sauras que Je les rassemblerai à nouveau» – «Sache que Je les ai mis en esclavage, tu sauras que Je les libérerai» et le Midrach n’a pas jugé utile d’expliquer chaque chose puisqu’il ne traite que d’un même sujet: il lui aurait suffi de mentionner: «Sache que Je les ai mis en esclavage, tu sauras que Je les libérerai.» Et pourquoi a-t-Il rappelé aussi le rassemblement suite à la dispersion? La réponse est que ces deux mots «sache» et «tu sauras» font allusion à l’exil et à la «délivrance»: l’exil au présent: «sache», et la délivrance au futur: «tu sauras», et donc de comprendre que de l’exil viendra la délivrance future, comme nous avons expliqué: «Sache que Je les disperserai et tu sauras que Je les réunirai à nouveau» car la dispersion ne représente pas l’ordre de la Création qui doit être unifiée, tel Israël qui est un peuple unique mais dispersé, comme nous l’avons expliqué, à savoir que les choses uniques doivent être rassemblées ou réunies. Et ensuite, «sache que Je les ai maintenus et soumis au joug des nations» et, selon l’ordre existentiel, il n’est pas normal qu’Israël soit sous la domination d’un autre peuple, car le peuple d’Israël se maintient sur une autre terre que la sienne, subordonné à une nation qui le domine. Un gage que l’on aurait donné à garder à une tierce personne, et ce n’est pas dans ce but que le peuple d’Israël a été créé, d’où il est écrit: «Sache que Je les ai mis sous le joug d’une 31


nation étrangère, tu sauras que Je les libérerai», car c’est D. qui a ordonné la Création et il est impossible qu’il vienne de D. une chose qui soit en-dehors de l’ordre préétabli, mais seulement pour un moment provisoire dû à la faute, et même cela n’est pas appelé sortir de l’ordre préétabli pour une punition temporaire, mais si cela devait durer éternellement ce serait chose impossible car, comme nous l’avons expliqué, une chose sortie de l’ordre préétabli ne peut se maintenir indéfiniment et donc chaque nation, chaque peuple, doit être libre et indépendant sur sa terre. Commentaire Ainsi que l’explique Maïmonide zatsa"l dans son Michné Torah: «Quelle est la différence entre l’exil et la délivrance? C’est uniquement la libération de l’asservissement du joug des nations.» Cela pourrait paraître exagéré que ce soit uniquement cela qui détermine l’état de délivrance. En fait, comme nous venons de le voir, en exil le juif n’est pas lui-même, il n’est pas naturel, il est influencé par les nations qui l’entourent, il perd petit à petit son identité. Il s’assimile, D. préserve, sans s’en apercevoir, car l’influence extérieure est tellement forte et présente qu’il n’y a que peu de gens qui peuvent y résister. De plus, ayant vécu toujours dans ce milieu, il est imprégné de la culture ambiante et ne sait plus lui-même quel est son véritable état naturel, c’est-à-dire qu’il doit avant tout habiter sur sa terre en Israël et avec un gouvernement autonome, libre de toute influence extérieure, être lui-même entièrement 32


guidé par les lois de la Torah et par une royauté juive. Tout cela, deux mille ans d’exil nous l’ont fait oublier, nous ont fait chuter dans le matériel et éloignés de notre nature, au point que l’on ne s’en rend même plus compte. C’est pour cela que de grands Sages, tels que le Maharal de Prague, Maïmonide et bien d’autres, ont guidé le peuple juif en exil pour qu’il ne s’y perde pas et qu’il garde son identité malgré l’exil et l’influence des nations. Maïmonide nous explique que «la seule différence entre l’exil et la délivrance, c’est la libération de l’asservissement du joug des nations», de leur influence, c’est-à-dire naturellement se retrouver sur sa terre, donc sortir de l’exil de soi. C’est un programme réparateur qui demande beaucoup d’efforts mais qui sera, nous n’en doutons pas, largement récompensé. Nous vivons maintenant le début de la gueoula, la délivrance, et bien sûr, l’État d’Israël ne répond pas encore à tous les critères espérés, mais l’important c’est de participer de manière active à la reconstruction de la nation en vivant sur sa terre avec son peuple, de vivre l’histoire d’Israël et de mener à chaque instant le combat qui est le nôtre. Le Rav Chlomo Aviner nous dit dans «le Souffle de vie»: Si un Juif doit monter en Israël, c’est parce que c’est sa maison. Les Juifs de France ou vivant parmi les nations sont des Juifs exilés en France, nés en France par un accident 33


de l’histoire. On ne pose pas de conditions pour rentrer chez soi. La question est de savoir si l’on veut observer l’histoire en spectateur pour finalement la subir ou en être un témoin actif et y participer. Et l’attitude noble, lorsque surgissent des problèmes, consiste à contribuer à les résoudre et non à se contenter de les dénoncer. Ainsi quand de graves problèmes d’antisémitisme surgissent entrainant mort d’homme, le Juif d’exil se trouve devant un dilemme: s’il décide de subir l’histoire et qu’il se repose sur sa foi en Dieu qui le sauvera de cette situation (jusqu’à quand!?) en restant en exil, il ne fera que donner sa bénédiction aux peuples comme il est écrit: «Par toi seront bénies toutes les races de la terre». (Leh Leha 2.3) mais s’il décide de participer activement à l’histoire et monte en Israël où il ne mettra plus sa vie entre les mains des nations, il va de ce fait décupler de manière exponentielle la force du peuple sur sa terre comme il est écrit: «Comment un seul poursuivra mille et deux mettrons en fuite dix mille» (Devarim 32.30). Le Rav Kook zatsa"l disait: «Alors que les souffrances subies en exil de nos jours sont des douleurs d’agonie, celles que connaît actuellement la Terre d’Israël correspondent aux douleurs de l’enfantement».

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NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (10, 64) Dans le chapitre Bné A’him («les fils des frères») (Meguila 29b), le Tanna Rabbi Chimon bar Yo’haï enseigne: Viens et observe combien les enfants d’Israël sont chers aux «yeux» de D., car en chaque endroit où ils ont été exilés, la Présence divine les a accompagnés: exilés en Égypte, la Présence divine les a accompagnés, comme il est écrit: «Exilé, Je Me suis exilé avec la maison de ton père pour venir en Égypte»; exilés en Ilam, la Présence divine les a accompagnés, comme il est écrit: «Et pour vous, J’ai été envoyé en Babylone»; exilés en Édom (exil actuel), la Présence divine les a accompagnés, comme il est écrit: «Quel est celui qui vient d’Édom, qui arrive de Botsra, les vêtements teintés de rouge?» (Isaïe 63). De même, quand ils seront délivrés de l’exil, la Présence divine sera avec eux, comme il est écrit: «Et l’Éternel ton D. reviendra avec les exilés, etc.» Il n’est pas écrit: «Il ramènera» mais «Il reviendra», pour nous apprendre que la Présence divine reviendra avec eux d’entre les exils. Le Rachba za¨l, dans son commentaire sur les Aggadot, s’est questionné sur le retour de l’exil: «De même quand ils seront délivrés dans le futur, la Présence divine sera avec eux.» Évidemment! Si D. est avec eux en exil, a 35


fortiori qu’Il reviendra avec eux quand ils seront délivrés. C’est l’explication du Rachba. Et je dis (Mahara"l) que les choses gardent leur sens premier: qu’il soit plus important que la Présence divine soit avec Israël en exil plutôt que quand ils seront délivrés comme l’ont dit les Sages au sujet du malade (Chabbat 12): «Celui qui vient visiter le malade ne s’assiéra ni sur son lit ni sur sa chaise, mais se rapprochera et s’assiéra devant lui» comme il est écrit dans les Psaumes (41, 4): «L’Éternel le soutiendra sur son lit de douleur; sa couche, tu la retournes entièrement dans sa maladie.» Et dans mon livre Gour Arié («Le Lionceau») sur la section Vaye’hi, nous en avons donné deux raisons: la 1ère, c’est que toute chose ayant besoin d’être gardée, reçoit une protection divine supplémentaire et donc le malade qui a perdu l’état naturel que D. a mis en l’homme, a besoin d’une telle protection divine afin qu’il ne soit pas perdu. La 2e raison, du fait qu’il est écrit (Isaïe 57, 15): «Car ainsi parle le D. Très-Haut et suprême, celui qui habite l’Éternité et qui a pour nom le Saint: «Sublime et saint est Mon trône! Mais il est aussi dans les cœurs contrits et humbles, pour vivifier l’esprit des humbles et ranimer le cœur des affligés.»» Car un trait de caractère divin est que la Présence divine accompagne ceux qui sont dans la souffrance personnelle; par conséquent il est logique que D. soit d’autant plus 36


avec Israël en exil, à l’instar du malade qui a perdu son état naturel. Il n’est pas dans la nature ni dans les habitudes du monde qu’une nation en domine une autre. Ainsi, la Présence divine les accompagne en exil, car s’il n’en était pas ainsi, comment pourraient-ils se maintenir dans la 4e royauté si ce n’était D. qui avait provoqué cet exil? Et quand nous sortirons de l’exil, viendrait-il à l’idée que D. ne soit pas avec nous??? C’est pour cela qu’il est dit: «Même quand ils sortiront de l’exil, D. sera avec eux». Et le fait que D. soit avec Israël en exil vient d’une toute autre raison, comme nous l’avons expliqué, car Israël ne peut pas se séparer de la Présence divine, du fait que D. a associé Son Nom au leur et c’est pourquoi dans chaque exil et dans leur retour, Il est avec eux, car cette adhésion à D. est indéfectible, et ainsi nous dirons que quand ils sortiront de l’exil pour monter en Israël, la Présence de D. n’aura plus pour vocation de les protéger mais seulement pour que cette adhésion ne soit pas manquante. Commentaire Le Maharal zatsa"l nous explique que D. nous a accompagnés en exil, comme on accompagne un malade pour le sauver! 37


En fait, le Juif de l’exil actuel est le dernier maillon d’une chaîne vieille de deux mille ans, ses pères n’avaient pas le choix. Tous les Juifs vivaient en exil; lui, cependant, pourrait faire le bon choix pour sa femme et ses enfants, et souvent il ne réalise pas l’élévation incroyable qu’il vivrait, ainsi que sa famille, en se liant à son peuple, sur sa terre, dans un pays indépendant où le Juif est fort, courageux, sans être soumis aux nations, avec une armée puissante qui le protège, dans un quartier où il ne serait entouré que de Juifs, où ses enfants pourront s’épanouir en toute liberté, sans complexe, et enfin dans le pays que D. scrute d’un bout à l’autre de l’année, comme il est écrit: «Un pays dont l’Éternel ton D. s’enquiert, et dont les yeux sont toujours sur lui depuis le commencement jusqu’à la fin de l’année». Et Rachi de commenter: «Mais ne s’enquiert-Il pas de tous les pays, comme il est écrit: … pour faire pleuvoir sur une terre inhabitée (Job 38, 26)? Il ne prend soin en réalité, s’il est permis de s’exprimer ainsi, que de ce pays-là, et l’attention qu’Il lui porte l’amène à prendre soin également des autres.» Depuis deux mille ans le Juif a été exilé de pays en pays, cherchant à s’installer et finalement obligé, à force de souffrance, de s’exiler dans un autre pays, alors qu’il pensait s’être établi de manière durable, pourtant lorsqu’il vient en Israël, il a l’impression de se retrouver et d’avoir un lien avec l’environnement. 1. Moi, par exemple, je suis monté en Israël après le mariage pour que mes enfants naissent en Israël, avec une âme toute juive. 38


2. Moi, j’ai pu envoyer mes enfants au lycée pour continuer leurs études en Israël. Sinon je les aurais incités à s’installer en Israël après leurs études pour qu’ils ne commencent pas à travailler et vivre en exil dont la fuite sera difficile. 3. Moi, j’ai décidé à 40 ans, après avoir travaillé en France, de monter en Israël avec ma femme et mes enfants, pour leur permettre un épanouissement total et qu’ils commencent une vie nouvelle dès leur jeune âge. Pour ma part, me recycler et m’adapter ne me font pas peur et j’ai confiance (en la Providence divine), je ne suis pas le premier dans cette situation. 4. Moi, bien que j’ai 50 ans, après avoir travaillé et pu amener quelques biens, j’ai décidé avec une grande foi de faire mon Alyah avec ma femme et mes enfants, réalisant que notre état ici était provisoire, et de me jeter à l’eau alors qu’il était encore temps. 5. Moi, j’ai 60 ans et j’attends depuis longtemps la retraite, j’ai décidé avec ma femme de réaliser mon Alyah et monter en Israël. Une nouvelle vie s’ouvre à nous, nos enfants qui sont grands nous suivront et nous serons un phare pour notre famille, un exemple de courage; de plus, je n’ai jamais eu trop le temps d’étudier (la Torah), ce sera pour moi une bonne opportunité de m’occuper de mon âme; quant au matériel, je m’accommoderai de ce que j’ai acquis. 6. Moi, j’ai 65 ans et ne vais surtout pas prolonger ma retraite ici un jour de plus. Si D. m’en donne la force, je monterai en Israël avec ma femme et certains de mes enfants. J’espère que mon exemple sauvera les autres, pour leur donner l’essor qui 39


leur manque à faire leur Alyah ou se rapprocher de la Terre d’Israël. En effet, il faut bien le dire, l’exil est un terrible piège, surtout pour les enfants, même s’ils ont étudié à l’école juive et qu’ils doivent ensuite faire un choix au moment d’entreprendre leurs études supérieures en-dehors du milieu juif, bien qu’on les ait mis en garde, à l’université ils ne réalisent plus le danger d’assimilation et peuvent tomber facilement dans le piège. C’est pour cela, nous l’avons dit, que l’Alyah, si elle n’a pas été faite jeune, se fera aux phases ultérieures de la vie, et sauvera nos enfants de l’assimilation. NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (11, 64) Comme nous l’avons déjà expliqué, la preuve intellectuelle qui nous fait comprendre que la multitude découle de l’unité par un enchaînement progressif, la Torah de vérité en témoigne, comme il est dit (Deutéronome 14): «Vous êtes les fils de l’Éternel votre D.» Et tu dois comprendre que ce nom honorable, «fils de D.», est attribué à Israël. Et il n’y a pas de doute que les nations existantes sont sujettes et influencées par D., béni soit-Il, et les créatures ne se ressemblent pas, certaines sont influencées du fait de leur proximité à la vérité et d’autres pas; cela dépend de leur éloignement ou de leur rapprochement à D., béni soitIl, comme nous le montre ce nom honorable donné à Israël, «les fils», et qui est aussi désigné par le nom de «Mon fils, 40


Mon aîné» (Exode 4), car on pourrait rétorquer que la relation avec D., du fait qu’ils sont appelés les enfants ou fils de D., n’est pas particulière, puisqu’il pourrait y avoir deux fils, sans qu’aucun n’ait l’avantage; de ce fait, Israël est aussi appelé «Mon fils aîné» car personne ne peut avoir deux aînés. De là tu comprendras qu’il ne se peut pas qu’une autre nation soit appelée «les fils» car D. est Un et le fils provient de l’essence du père; or, l’essence divine est une, donc Son fils est aussi un. Cela est expliqué dans le Midrach, car D., béni soit-Il, témoigne qu’Israël est un, du fait qu’il vient de l’essence divine véritable, de D., béni soit-Il, qui est Un; seulement les autres nations, bien qu’elles soient aussi influencées par D., béni soit-Il, ne sont pas influencées par l’essence divine, comme l’est Israël. Comme nous l’avons dit, il existe obligatoirement une nation qui soit les «prémices» et qui a été créée en premier par D., béni soit-Il; de ce fait, cette nation est appelée «prémices» et également «aînée» car l’aînée représente les prémices, et pour ces prémices tout a été créé comme le saisit l’intellect, et aussi parce que l’aîné est unique, vu qu’il ne peut y avoir deux aînés, comme il est impossible que D., béni soit-Il, ait deux premiers-nés, car Il est Un et agira d’abord sur l’essentiel de l’existence qui sera aussi unique; par conséquent, les prémices seront d’abord 41


influencées et ensuite les choses qui y sont rajoutées. Et cela nous montre la relation et le lien indéfectibles d’Israël avec D., béni soit-Il, car si cette nation n’était pas appelée «Mon fils aîné» d’un nom unique, et s’il y avait eu deux fils, aucun d’entre eux n’aurait bénéficié de ce lien parfait; or, comme ils sont appelés «Mon fils aîné» et que l’aîné est unique, cela montre le lien parfait et indissoluble avec la véritable essence divine. Commentaire Le Maharal zatsa"l nous enseigne que le monde a été créé pour le peuple juif; cela nous semble encore plus exagéré que la notion de peuple élu! En fait, en lisant ces lignes, nous comprenons qui nous sommes: peuple élu, saints, en adhésion totale avec D. et nous réalisons à quel point nous sommes profondément différents, de par notre essence et notre fonction, des autres peuples. Bien sûr, le grand piège est qu’extérieurement, la différence n’est pas si visible et pourtant, plus nous approfondirons les textes, plus nous apprendrons et ressentirons cette différence fondamentale entre Israël et les nations. C’est pour cela que les jeunes, même s’ils ont étudié dans une école juive, une fois qu’ils se retrouvent dans les universités, ne font plus la différence et cela devient alors un grand danger. Les parents devraient être conscients de ce danger et trouver «le remède avant la maladie», c’est-à-dire qu’à l’époque où nous vivons, le seul remède pour les jeunes, c’est l’Alyah; 42


bien sûr, vous me direz: «Mais là-bas ce n’est pas parfait», justement c’est toi qui as pour mission de monter en Israël et d’aider à son perfectionnement, et Israël aidera au tien; en tout cas, tu auras échappé au fléau de notre génération: l’assimilation, comme le dit le Rav Chlomo Aviner dans son livre «Le souffle de vie» publié il y a 17 ans! «Les statistiques sur ce sujet sont éloquentes, tragiques. L’assimilation des Juifs à travers le monde ne cesse d’augmenter. En Russie, cent mille Juifs disparaissent chaque année. Aux États-Unis, cinquante mille. Le taux de mariages mixtes atteint des pourcentages effrayants. Nombreux sont les pays d’Europe occidentale où l’on constate plus de 50% de mariages mixtes. Dans certaines villes de France et de Scandinavie, ce phénomène atteint 70%, voire 80% de la communauté juive. Dans l’état de New York, le chiffre est de 48%. En France, l’éducation juive, pas précisément religieuse, sous toutes ses formes – écoles, mouvements de jeunesse, Talmud Torah, centres communautaires – ne touche que 18% des jeunes. Cela signifie que huit jeunes sur dix n’ont aucun contact avec le judaïsme. Il n’y a qu’en Israël que le taux de mariages mixtes tend vers le zéro. Toute la jeunesse du pays a un contact avec le judaïsme. Bien sûr, il y a encore beaucoup à améliorer, mais c’est très loin de la situation catastrophique de l’exil.» 43


Les réflexions et enseignements du Maharal zatsa"l nous aident à comprendre qui nous sommes et quel est notre rôle fondamental, à avoir toujours un grand espoir en tant qu’individus et en tant que peuple, pour une grande mission que nous devons réaliser, que nous ne sommes pas le peuple persécuté, rescapé, mais le peuple fort, élu, choisi par D. pour réaliser pleinement Sa volonté, que ce n’est pas vers le mur des Lamentations mais vers le mur de la reconstruction, de l’espérance, que nous revenons, et pas en Terre sainte mais sur la Terre du SAINT, comme l’explique le verset. Eretz HaKodech en hébreu veut dire «la Terre de D.» et non pas la terre sainte, comme cela a été mal traduit! De plus, la relation du peuple juif à D. et la mission dont Il nous a chargés en tant que peuple constitue l’une des causes principales de la haine des nations qui ont toujours voulu nous détourner de notre mission, soit en essayant d’anéantir la TORAH, comme ce fut le cas au temps des Romains, des Grecs, puis de l’Inquisition…, soit en essayant de détruire notre PEUPLE, pogroms, Shoah…, soit en essayant maintenant de reprendre ou morceler notre TERRE; mais quoiqu’il advienne, le plan divin se déroule et malgré les obstacles, les textes sont clairs, comme nous l’explique le Maharal zatsa"l: le peuple d’Israël sera l’espérance et la délivrance du monde, comme l’affirme le Rav Avraham Livni zatsa"l dans son grand livre «Le retour d’Israël ou l’espérance du monde.» De plus, il est important que nous réalisions le sens de l’expression «phare des nations», c’est-à-dire que nous 44


devons les éclairer par notre connaissance, notre force et notre sainteté, comme du temps du roi Salomon, si elles sont prêtes à recevoir la lumière; toutefois nous ne devons en aucun cas contracter des pactes ou des alliances avec elles maintenant que nous vivons de manière autonome et que la longue période d’asservissement aux nations du monde est achevée.

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NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (11, 64-65) Du fait que la multitude découle de l’unité par un enchaînement progressif, tu as éclairci le fait marquant qu’il ne se peut pas qu’il y ait dans la création une chose qui soit à la fois le commencement, qui devance, soit le début de la multiplicité et que cette chose soit secondaire ou en arrière, car si ce n’était pas ainsi, il serait difficile de comprendre comment découlerait la multiplicité de D. béni soit-Il qui est Un; de ce fait, il ne se pourrait pas qu’il y ait une nation unique qui soit le début de la multiplicité parmi les nations du monde qui se ressemblent et que cette chose soit en arrière ou délaissée. Ainsi cette nation est ISRAËL, qui est une nation unique, solitaire, appelée prémices, comme il est écrit: «Israël est saint et séparé pour D., les prémices de Sa récolte», pour nous enseigner qu’Israël est saint pour D., béni soit-Il, car ils sont les prémices de toutes les nations et tous les prémices appartiennent à D. béni soit-Il. Ils sont les prémices de Sa récolte, le reste des nations étant un ajout, un surplus, et c’est de là que découle la multiplicité.Et donc, comme Israël constitue les prémices de l’existence, il devient de ce fait l’essentiel de la Création, et les autres nations ne lui étant pas comparables, elles sont par conséquent seulement un ajout; or, toute chose 46


rajoutée ne saurait être l’essentiel de l’existence. Il est une chose inenvisageable que les nations soient l’essentiel et Israël leur soit inférieur et assujetti. Ainsi nous avons vérifié le sujet de l’enchaînement de la multitude et prouvé par des preuves tangibles et éloquentes qu’Israël est une nation unique, isolée, prémices et cause de la Création, comme il est écrit: «Au commencement, D. créa les cieux et la terre.» Et le Midrach explique que le ciel et la terre ont été créés pour Israël, comme il est écrit: «Israël saint, les prémices de sa récolte», car pour les prémices de sa récolte un homme ensemence tout son champ, de même Israël constitue les prémices de sa récolte et pour eux, Il a tout créé. Le reste des nations est un ajout à cela, et comment D., qui est unique, l’unicité même dans ce monde, n’auraitIl pas créé une nation qui lui corresponde? Et cette nation a un lien avec Lui car elle est unique, à l’instar de D., béni soit-Il. Et Israël, dont il est écrit (Samuel 2-7, 23): «Et y a-t-il comme Ton peuple, comme Israël, une seule nation sur la terre, que D. soit allé délivrer pour en faire SON peuple?» Peuple unique, détenteur de la Torah, a contrario des autres nations qui n’ont pas reçu une Torah divine, unique. D. les a fait sortir d’Égypte afin de contracter une alliance avec le peuple d’Israël, le peuple qui porte sur lui le Nom divin, et c’est une chose indéfectible. Ainsi, ils ne peuvent être comme les autres nations, car du fait de leur création, ils appartiennent à D.. 47


Et comprends aussi cela de la création même du peuple d’Israël qui possède intrinsèquement une fonction divine ne pouvant être annulée. On pourra apprendre cela des paroles des Sages qui nous ont enseigné cette vérité dans leur sagesse en disant (Talmud Baba Kama 114b): «Vous êtes appelés homme (adam) et les nations ne sont pas appelées homme»; nous n’avons donc pas besoin de preuve car Israël est l’essentiel de l’existence de ce monde parce qu’au niveau individuel, il est appelé homme. Et quand tu y réfléchiras et que tu approfondiras, tu trouveras ces choses très claires, sans aucun doute, car l’homme est la dernière créature créée (pendant les sept jours de la création du monde); ce n’est pas le fruit du hasard, c’est dû au fait que l’homme représente l’essence de la Création, et c’est par cette essence que le monde sera parachevé; il est donc souhaitable qu’il soit le dernier apparu car il vient parfaire la Création. De même pour le peuple d’Israël qui a aussi été créé le dernier et possède en lui la vertu cachée de l’homme, création ultime, car tu ne trouveras aucune nation qui aurait été créée après le peuple d’Israël; en effet, Amon, Moav et Esaü étaient toutes des nations existantes avant le peuple d’Israël, comme le prouvent les Écritures, puisque 48


celles-ci les mentionnent avant la sortie d’Égypte. Ainsi, le peuple d’Israël, ayant été créé le dernier, a en lui la segoula, la vertu cachée de l’homme. Et de tout cela tu éclairciras le fait de l’éternité d’Israël qui n’est pas soumis au changement car il est le principal de l’existence. Commentaire: La Torah nous enseigne la sainteté du peuple d’Israël, comme il est dit: «Vous serez saints pour Moi, car Moi D. Je suis saint, Je vous ai séparés d’entre les peuples pour être à Moi» (Section Kedochim 20, 26). Et Rachi de commenter: «Si vous restez séparés d’eux, vous êtes à Moi, sinon vous êtes à Nabuchodonosor et à ses semblables et serez exilés de la Terre sainte.» Et malgré cela, l’antisémitisme persiste, les nations n’ont pas compris le rôle essentiel d’Israël dans l’existence du monde, comme nous le dit le roi David dans les Psaumes: «Si l’Éternel n’avait été avec nous – peut bien dire Israël – quand tout le monde se levait contre nous, ils nous auraient avalés tous vivants dans le feu de leur colère, les eaux nous auraient submergés, un torrent aurait passé sur nous. Oui, notre âme aurait vu passer sur elle les eaux impétueuses. Béni soit l’Éternel qui ne nous a pas livrés en pâture à leurs dents! Notre âme a été sauvée comme un passereau du filet des oiseleurs, le filet s’est rompu et nous sommes sains et saufs. Notre salut est dans le Nom de l’Éternel qui a fait le ciel et la terre.» (Psaume 124) 49


NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (13, 80-81) Et il est important de comprendre, comme nous l’enseigne la lettre noun de l’alphabet hébraïque, qui correspond à la nefila (chute), qu’Israël est le sujet du Roi; or, quiconque est le sujet d’autrui est plus soumis à la chute et ne peut être relevé que par la cause, c’est-à-dire par D. béni soit-Il, car le sujet est toujours dépendant de la cause. Dans le Psaume dont chaque phrase commence par une des vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque (chapitre 145), il est écrit: «Ouvre Tes mains et rassasie toute vie par Ta volonté», c’est parce que D. est le commencement de tout, qu’Il nourrit et fait vivre toute créature à chaque instant. Or ce Psaume est exempt de la lettre noun. Cela signifie aussi que D. n’abandonnera pas Son peuple à la chute totale car Il le fait vivre mais si, au niveau particulier, on ne se relie pas à la cause (c’est-à-dire à D.), il y aura alors une chute personnelle, et donc Israël peut en particulier tomber dans la faute; par contre, il ne pourra jamais y avoir de séparation totale car le Nom de D. est sur eux et leur donne vie. Cela explique la longévité de cet exil, car comment dire que la libération soit possible si D. est l’unique cause de la délivrance, loin de notre monde et pas toujours près de la nature. De ce fait, le niveau de cette délivrance sera le plus élevé car elle est loin de ce monde-ci, alors que la 2e délivrance de Babylone n’a pas été si grande vu qu’elle était proche de ce monde-ci et n’est survenue que 70 ans plus tard. 50


Cependant, la 1ère délivrance d’Égypte, qui avait un niveau plus élevé, ne fut pas mise en action tout de suite étant donné son niveau et son élévation audessus du monde naturel (du fait des nombreux miracles surnaturels qui s’y sont produits) et donc il a fallu attendre 410 ans. Enfin la 3e et dernière délivrance est encore bien plus lointaine et élevée que les deux précédentes et vient donc après un temps plus long, puisque nous avons attendu près de deux mille ans, car tout ce qui est éloigné de ce monde naturel arrive petit à petit, et les Sages nous enseignent que le retour sur la Terre d’Israël est le tout début de la délivrance et que celle-ci aura lieu à l’aide de miracles bien plus sublimes qu’à la sortie d’Égypte. Commentaire: Pourtant, celui qui scrute la délivrance finale, saura voir combien le retour des Juifs sur leur Terre est entouré de miracles permanents: les victoires dans les guerres, l’agriculture, la reconstruction du pays, l’économie, l’essor prodigieux de la Torah, tout baigne dans le miracle, bien que pour l’instant D. voile Sa face dans l’Histoire, comme nous l’enseigne le Rav Kook zatsa"l: «Historia», qui forme les mots «Hester Y’a», littéralement en hébreu «D. voilé». Et malgré ce voilement divin, il est difficile de ne pas ressentir la «Main miraculeuse» de D. dans toutes les branches de la reconstruction de l’État d’Israël. 51


NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (11, 68) Donc, lorsqu’une personne approfondira ces choses-là et acquerra la véritable connaissance de ce sujet, elle comprendra alors l’essence du lien éternel et saint entre D. et Son peuple; or, de cela, nous déduirons l’importance d’Israël, et tu comprendras que D. n’a pas abandonné Son peuple en exil. Comme on le sait, les choses naturelles ont dans ce monde une place fixe et invariable, et il n’a pas été créé de choses surnaturelles comme l’adhésion d’Israël à D., qui est surnaturelle. On pourrait croire que cette adhésion à D. varierait en fonction des actions du peuple, ou pourrait être annulée comme pour Noé et Adam, car dans ces cas, l’adhésion à D. n’était qu’au niveau individuel et quand les paramètres changeaient, l’adhésion à D. se modifiait aussi. Cependant, les pères de la nation ont reçu des promesses concernant le peuple d’Israël, donc au niveau collectif et pas au niveau particulier: «Pour toi et ta descendance Je donnerai la Terre d’Israël», c’est ce qu’on appelle un lien au niveau collectif (et pas au niveau particulier), c’est-àdire pour l’ensemble du peuple, tout en sachant que le changement n’affecte pas le général, seulement le particulier. Ainsi, bien que l’intensité du lien varie en fonction du comportement du sujet, quoiqu’il en soit, le lien du 52


peuple avec D. ne se modifie pas, et n’est pas affecté par le changement, même en exil. La faute affecte ce lien uniquement au niveau individuel où il y a des changements, mais au niveau collectif, il n’y a pas de variations, pour t’enseigner que ce lien fut établi dès le début avec l’ensemble du peuple et non pas avec l’individu ou le particulier; De ce fait, D. a choisi au début Abraham et l’a fait sortir d’Our en Chaldée pour lui donner la Terre d’Israël, comme il est écrit (Genèse 12): «Et D. dit à Abraham: «Va pour toi de ton pays, de ton lieu natal… vers le pays que Je t’indiquerai. Je ferai de toi une grande nation; Je te bénirai, Je rendrai ton nom glorieux, et tu seras une source de bénédiction «», alors que pour Noé il n’est pas mentionné «pour toi et ta descendance», car l’alliance faite avec Abraham est indéfectible et D. l’a nommée «alliance éternelle». Le RAM a trouvé ce verset vraiment étonnant: pourquoi la Torah ne fait-elle pas préalablement l’éloge d’Abraham, justifiant que D. se dévoile à lui? «Va pour toi…», car du fait qu’il était un juste, la Présence divine s’est dévoilée pour lui dire: «va pour toi…»; il aurait donc été préférable d’écrire qu’Abraham était un juste, comme nous le trouvons pour Noé (Genèse 6): «Et Noé trouva grâce aux yeux de l’Éternel» et il est écrit ensuite: «Ceci est la généalogie de Noé. Noé fut un homme juste, irréprochable entre ses contemporains; il se conduisit selon D.». Il est donc rappelé que Noé était un juste avant que D. ne se soit dévoilé à lui. 53


Cependant, selon ce que nous avons expliqué plus haut, il n’existe aucune contradiction, car Noé avait été choisi pour son niveau individuel, qui ne dépend que de la personne et du niveau qu’elle a atteint par ses bonnes actions; par contre, Abraham n’a pas été choisi pour son niveau individuel, seulement pour la nation israélite qui est sa descendance, car il est écrit pour ce même choix: «Et Je ferai de toi un grand peuple», et cela est un choix collectif. Un tel choix n’est pas dépendant du tout des bonnes actions ou des fautes, parce que les actions n’influencent que le particulier, et même si évidemment le mérite des pères est effectif, quoiqu’il en soit, l’essentiel du choix d’Abraham était pour la nation «pour lui et sa descendance». Tu pourrais rétorquer: «Non, ce n’est pas à ton mérite ni à la droiture de ton cœur que tu devras la conquête de leur pays: c’est pour leur iniquité que l’Éternel ton D. dépossède ces peuples à ton profit et aussi pour accomplir la parole qu’Il a jurée à tes pères, à Abraham, à Isaac et à Jacob» (Deutéronome 9). Bien sûr, le fait qu’Il ait emmené cette génération en Eretz Israël dépendait du mérite des pères et donc du particulier, seulement l’essentiel du choix de D. pour Abraham n’était pas un choix particulier, c’est seulement qu’Il l’a choisi, lui et sa descendance après lui, et cela est un choix collectif pour la nation et aucunement une élection personnelle qui ne dépend que du receveur et de ses fluctuations. Cela explique pourquoi le verset ne rappelle pas qu’Abraham était un juste avant que la Présence divine ne se soit 54


dévoilée à lui quand D. lui a dit: «Va pour toi» S’il n’en était pas ainsi, il serait évident que D. se serait dévoilé à Abraham pour ses vertus et lui aurait dit: «Va pour toi…», pour son mérite particulier qu’il aurait mentionné au préalable, et ce serait alors un amour divin soumis à des conditions qui, pouvant s’annuler, annuleraient l’amour, car le choix personnel est soumis à changement mais le choix collectif, et donc le choix des pères, est permanent! C’est pour cela que son mérite n’est pas mentionné, car l’élection de la nation d’Israël ne peut être annulée car D. a choisi le peuple d’Israël pour son essence et pas pour ses bonnes actions, et on ne peut pas dire que D. l’ait choisi car il accomplissait Sa volonté, et donc il est écrit au début (Ézéchiel 37, 27): «et Je serai pour vous un D.» et après «et vous serez pour Moi un peuple». C’est-à-dire que D. a choisi Israël avant tout et même si Israël n’accepte pas le joug divin; c’est pour cela que les bonnes actions d’Abraham ne sont pas mentionnées avant son élection par D., alors que pour les nations du monde il est écrit: «Car qui oserait se risquer de M’approcher? dit l’Éternel. Vous serez ainsi Mon peuple et Moi Je deviendrai votre D.» (Jérémie 30, 21-22). Commentaire Le Maharal zatsa"l nous dévoile ici un enseignement très important que de nombreux grands Sages ont aussi transmis, 55


à savoir qu’il existe un mérite de l’homme pour ses bonnes actions qui sera un mérite particulier et un mérite pour l’adhésion au Klal Israël, la collectivité d’Israël, c’est-à-dire d’accepter l’ordre divin donné à Abraham de se rendre en Terre d’Israël et de se joindre à la nation, car nous sommes appelés peuple et eux ne sont pas appelés peuple, comme nous l’expliquera le Rav Kook zatsa"l. La Torah a aidé le peuple juif et l’a sauvé de l’assimilation et de la descente dans le «puits de l’exil» pendant plus de deux mille ans, durant lesquels nous n’avions pas la possibilité de revenir sur notre Terre. Les générations et les grands Sages se sont succédés et malgré toutes les souffrances et tous les sacrifices, si nous sommes encore juifs aujourd’hui, c’est du fait que la chaîne des générations n’a pas été rompue; cependant, maintenant que nous sommes à nouveau réunis sur notre Terre avec un gouvernement indépendant et une armée, nous pouvons nous lier à notre peuple et réaliser pleinement la promesse divine faite à Abraham: «Va vers toi de ton pays, de ton lieu natal et de ta maison paternelle, et va vers le pays que Je t’indiquerai. Je ferai de toi une grande nation; Je te bénirai, Je rendrai ton nom glorieux, et tu seras une source de bénédiction.» Et donc, outre le niveau individuel que nous pouvons atteindre par nos bonnes actions, en Israël nous nous élevons aussi par ce niveau collectif, puisque nous sommes également appelés «nation de prêtres»; du fait que l’individu participe 56


pleinement au début de la délivrance, il s’élève d’autant plus, malgré les difficultés que cela engendre, car l’effort qu’il va fournir pour rejoindre son peuple sur sa Terre lui sera rétribué par l’obtention de ce niveau collectif national, comme il est écrit dans le Talmud: «La récompense est fonction de l’effort»; et quelle récompense recevra celui qui aura fait l’immense effort de monter en Israël? Eh bien il fera partie intégrante de la nation juive et vivra toutes les étapes de la délivrance, car sans effort il n’y a pas de récompense; comme l’homme qui s’investit énormément au niveau individuel pour se perfectionner, en étudiant la Torah autant qu’il le peut, de même il doit au niveau collectif s’efforcer de rejoindre son peuple sur sa Terre, comme le cite le Talmud de Jérusalem (Chekalim 9b). Un enseignement du Tana Rabbi Méïr: «Tout celui qui s’est établi sur la Terre d’Israël, parle la langue sainte, mange ses fruits dans la sainteté, lit les trois paragraphes du Chema matin et soir, on dit de lui qu’il héritera le monde futur.» Ou encore cet enseignement de Rabbi Na’hman de Breslev au début du chapitre 20 du Likouté Moharan: «Quiconque désire devenir juif au plein sens du terme, c’est-à-dire progresser en échelons, ne pourra le faire que grâce à la Terre d’Israël.» 57


Les Sages nous disent que le temps maximum jusqu’au dévoilement du Messie sera de 6000 ans; le 7e millénaire, comparé au Chabbat, sera donc le monde futur. Nous sommes en 5774 donc, comme le Chabbat débute le vendredi alors qu’il fait encore jour, d’après ce calcul en 5774, nous sommes déjà rentrés dans le Chabbat. Donc cette période que nous vivons actuellement est appelée «les Talons du Messie»; nous nous trouvons à l’ère pré-messianique et les souffrances qu’ont endurées nos pères depuis cent ans, ainsi que celles des guerres et de la construction d’Eretz Israël, sont désignées par l’expression «douleurs de l’enfantement du Messie», à l’instar d’une femme ayant des contractions et souffrant lors de l’enfantement. Heureux sommes-nous, nous qui participons en Israël pleinement à la reconstruction de notre peuple et de notre Terre, sous un gouvernement juif et une armée de défense juive. Il y a cent ans, ceci était une chose inconcevable à l’esprit et pourtant D. a décidé de nous faire revenir sur notre Terre et nous redonner notre indépendance perdue depuis deux mille ans. En cela, nous sommes «les nains sur les épaules des géants», c’est-à-dire de nos ancêtres au niveau spirituel très élevé; c’est pourtant nous, les nains, qui avons eu le mérite, grâce à nos pères, de revenir en Israël sur les épaules des géants. Par conséquent, nous devons être remplis de gratitude envers le D. d’Israël qui a choisi notre génération pour ce retour, comme l’écrit le Rav Tsvi Yehouda Kook zatsa"l dans son pamphlet: 58


«LE MESSSIANISME D’ISRAEL»: Le signe obvie de la fin L’expression Yemot HaMachia’h, les «temps du Messie», désigne une période historique très précise: le rétablissement de la royauté dans son statut antérieur, la libération de l’asservissement aux nations, la rupture du joug que les peuples faisaient peser sur notre nuque. Les «temps du Messie» débute nt ainsi par une réalité très concrète, relevant de l’expérience vécue du peuple élu. Ces «jours du Messie» comportent un nombre important d’étapes et de degrés. C’est d’abord pour le peuple et pour la Terre d’Israël un retour de la bénédiction et donc la fin de la malédiction que constituait l’exil. D., mettant fin à Son courroux, se réconcilie désormais avec le peuple et avec la Terre. «Je vous amènerai sur votre sol» (Ézéchiel 36, 24) et «tes enfants retourneront dans leurs frontières» (Jérémie 31, 16). Ce retour doit s’entendre dans tous les sens possibles, tant matériel que spirituel. La réconciliation avec la Terre a commencé lors de la fondation de Péta’h Tikva (5638) et des premières colonies. Cette réoccupation du sol s’effectua dans une atmosphère lourde de dangers mais déjà se manifestait «le signe obvie 59


de la fin» annoncé par les Sages, et Rachi commente: «Il n’est pas de signe plus évident de la fin que celui qui énonce le verset: «Et vous, montagnes d’Israël, vous donnerez votre frondaison et vous porterez votre fruit pour Mon peuple d’Israël car ils sont près de revenir «» (Ézéchiel 36, 8). La bénédiction de la Terre par ses fruits est aujourd’hui réalité quotidienne par le blé, la vigne, etc. Certes, il ne s’agit là que d’une réalité matérielle, mais il faut s’habituer à penser que c’est l’œuvre de D. «D’œil à œil, ils verront l’Éternel retourner dans Sion» (Isaïe 52, 8). L’expression «d’œil à œil» traduit en fait l’attitude de l’homme qui, orientant son œil vis-à-vis de l’œil divin, peut voir«l’Éternel retourner à Sion». Dans cette «optique», il faut s’émerveiller du nombre de ceux qui sont revenus; le verset «car ils sont près de revenir» s’est accompli après deux millénaires d’attente messianique par la réalité tangible de la résurrection d’Israël. Le chemin, jalonné de toutes sortes de difficultés, est déjà à moitié parcouru et les étapes actuelles du développement politique-gouvernemental-militaire agricole représentent l’un des aspects des «jours du Messie». La période messianique commence de façon exotérique par les signes évidents de la fin et se poursuit sur le mode ésotérique de la résurrection des morts. Et il n’y a point de contradiction entre les différentes étapes de la délivrance. 60


Ce dont nous traitons, c’est l’aspect réel de la nation. L’État d’Israël en question est un état comme les autres, avec mille problèmes; mais c’est aussi un état dans lequel les prophètes vont et viennent. Les Sages ont déjà remarqué que la gloire du Roi se manifeste davantage chez ceux qui en sont le plus éloignés que chez ceux qui en sont le plus proches. Le «Kidouch Hachem», la sanctification du Nom divin la plus élevée est celle qui se manifeste au plus bas de la terre. Le Gaon de Vilna en donne une définition étonnante: les âmes des gentils proviennent du ciel tandis que celles d’Israël sont issues de la terre. Tous les peuples ont été créés à l’image de D.; toutefois, leurs âmes, émanation de D., demeurent suspendues dans le domaine céleste. En revanche, les enfants d’Israël restent «attachés à l’Éternel votre D.» (Deutéronome 4, 4), même dans leur fonction terrestre. NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (24, 121) Il nous paraît clair que l’exil d’Israël et la destruction de notre Temple, notre splendeur, constituent un changement de l’ordre préétabli dans le monde, et il est une chose connue que toute situation qui en découlerait ne pourrait se maintenir que provisoirement. Car il est impossible qu’une déviation de l’ordre préétabli ait une durabilité permanente, car chaque chose doit se 61


tenir à la place que D. lui a attribuée, et a fortiori la nation d’Israël, qui est unique, différente des autres nations; le fait qu’elle ait été exilée au sein des nations n’est pas une chose naturelle. Donc toute chose dans ce monde qui ne résiderait pas à sa place naturelle et serait ainsi sortie de l’endroit qui lui était prédestiné, entraînerait un manque, car l’endroit prévu pour elle détermine sa survie, et toute déviation par rapport à sa situation existentielle entraînerait sa perte, si cela était permanent. NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (24, 122) Et comme nous l’avons dit plus haut, du fait que le peuple d’Israël est désuni et disséminé aux quatre coins du monde parmi les nations, l’individu pensera qu’il s’agit d’un déshonneur et une grande perte pour ce peuple, comme l’a dit Haman quand il a voulu détruire Israël (Esther 3): «Il est une nation désunie et disséminée parmi les autres nations… il n’est donc pas de l’intérêt du roi de les conserver.» Sa pensée était qu’Israël était perdu de lui-même du fait qu’ils étaient désunis et disséminés parmi les nations et donc annulés parmi eux; de ce fait, il fallait achever sa destruction. De toute façon, comme ils ne résident pas dans un seul pays étranger [le Maharal zatsa"l parle du temps où le retour en Israël n’avait pas commencé!], c’est le signe qu’ils n’y resteraient pas car l’endroit approprié pour le peuple saint est la Terre de la sainteté. 62


Et au contraire, si les nations avaient eu pour Israël une terre unique après qu’ils fussent exilés de leur terre et de l’endroit qui leur était prédestiné, cela aurait été pour Israël un grand préjudice, une perte, mais ils ont été dispersés dans le monde car leur place spécifique est devenu le monde entier. Et cela était possible pour Israël car chaque chose a sa place en fonction de son niveau et du sujet qu’elle traite, et nous savons que si Israël n’avait pas existé, le monde n’aurait pas été créé et, de ce fait, le monde entier est devenu son lieu de résidence et quand ils ont été exilés, ils l’ont été dans le monde entier. Et donc, s’ils s’étaient installés dans un seul pays étranger, cela n’aurait eu aucune signification car ce n’était pas leur place prédestinée. Et cela est une preuve claire et évidente qui implique obligatoirement que notre exil aura une fin, car si Israël était resté indéfiniment en exil, on aurait pu dire que D., béni soit-Il, s’était séparé d’eux et qu’ils seraient devenus comme le reste des peuples de la terre; or, actuellement, [au temps du Maharal zatsa"l] alors qu’ils ne résident pas sur leur terre et qu’ils sont sous le joug d’autres nations, chose pour laquelle aucune nation ni langage n’a été créé et qui n’est pas en accord avec l’ordre de la Création du monde, cette chose ne peut être éternelle et l’exil prendra obligatoirement fin. 63


Quoi qu’il en soit, si D. n’avait pas décrété que le peuple d’Israël serait en exil sous le joug d’autres nations, cette chose ne se serait pas maintenue même pour un temps et, D. préserve, ils auraient été complètement dominés et assimilés. Mais que l’exil soit sans fin n’est pas une chose possible selon l’ordre de la Création du monde et c’est donc le décret divin qui a permis cela. Commentaire Le Maharal zatsa"l reprend l’idée fondamentale que D. a placé chaque peuple de manière naturelle sur sa terre, et d’autant plus le peuple d’Israël qui est différent des autres peuples; ainsi, le mot hébreu AM (peuple) n’est employé que pour le peuple d’Israël qui a été créé au Mont Sinaï, alors qu’il recevait les Tables de la Loi des mains de D. Et tout cela dans le but de rentrer en Eretz Israël avec la Torah. Comme nous l’avons dit, l’exil est une sortie de la Terre d’Israël qui semblait obligatoire, car être méritant en tant qu’individu est une chose possible, alors qu’en tant que peuple c’est beaucoup plus difficile. Nous avons pu nous maintenir de manière miraculeuse pendant deux mille ans grâce à D. qui a envoyé à chaque génération de grands Sages pour nous éclairer de leur savoir et de leur sagesse. Cette époque est révolue et depuis environ cent que le pays a recommencé à se peupler de Juifs et se reconstruire, nous avons enfin retrouvé notre vraie nature. L’une des entraves pouvant se dresser devant le Juif des nations est l’éblouissement de l’explosion scientifique qui est un sujet 64


important à traiter: l’influence de l’évolution de la science et de la culture sur les jeunes de notre génération. Comme nous le savons, Rabbi Chimon bar Yo’haï a écrit dans le saint Zohar il y a près de 2000 ans qu’en l’an 1800 de notre ère, D. ouvrirait les cataractes du ciel d’où se déverserait sur le monde une pluie de connaissances nouvelles. Effectivement, dans les 200 dernières années, le monde a évolué d’un point de vue technologique et scientifique bien plus que depuis sa création, c’est-à-dire 5500 auparavant. De ce point de vue, nous étions il y a 200 ans encore à «l’âge de pierre». L’autre côté de la médaille est que cette évolution fulgurante engendre de nombreux problèmes pour qui manque de discernement, comme nous l’explique le Rav Avigdor Neventsal chlit"a sur la section Yitro. Le Saint, béni soit-Il, proclame au mont Sinaï: «Souvienstoi du jour du Chabbat pour le sanctifier… Tu n’y feras aucun travail.» (Exode 20 7-8). Quelle est la raison de ce commandement? La Torah répond: «car en six jours D. a créé le ciel et la terre et tout ce qu’elle renferme… et Il s’est reposé le septième jour.» La première explication est que la Torah veut sceller dans nos cœurs le fondement de la foi: que D. a créé le monde et que rien n’existait auparavant. En-dehors de cela, il semble que la Torah ait aussi eu l’intention de sceller dans nos cœurs qu’«en six jours D. créa le ciel et la terre.» Six jours et pas plus! Et les scientifiques se posent la question de savoir comment est-il possible qu’un monde aussi complexe que le nôtre ait été créé en six jours seulement! Selon les lois de la nature cela aurait nécessité des milliards d’années! 65


Il est en fait difficile de comprendre cette question, à savoir que l’existence créée à partir de la non-existence peut se développer pendant des milliards d’années, et donc Celui qui est capable de créer l’existence peut aussi créer le monde en six jours! Certains n’arrivent pas à penser ainsi et sont interloqués de savoir comment ce monde aussi complexe a pu être créé en six jours, ce serait un véritable défi aux lois de la nature! Seulement, c’est D. qui a créé le monde et y a instauré les lois de la nature; Il peut donc, par Sa volonté, se délier de ces lois. Celui qui comprend que D. a créé le monde et la nature, peut facilement en déduire qu’Il a créé les cieux et la terre en six jours seulement; si on a la foi en D., on peut facilement comprendre que ce monde s’est si vite développé.» Tout le problème vient du fait que le monde technologique recherche toujours des explications concrètes et des résultats immédiats qui, non seulement écartent l’homme du divin, mais en plus le confortent dans sa vocation matérialiste. C’est essentiellement ce que l’on apprend à l’université ou à la faculté, comme disait Descartes: «Science sans conscience n’est que ruine de l’âme». Donc le retour sur notre Terre est maintenant devenu une survie pour notre peuple et la démographie y est galopante, alors qu’en-dehors de la Terre d’Israël, la démographie juive, compte tenu de l’assimilation, est négative. Quiconque prend profondément conscience de la réalité ne peut se tourner que vers la Terre d’Israël pour y construire un avenir durable, comme le dit la prophétie d’Ézéchiel: 66


Ainsi parle D., l’Éternel: «Oui, je les ai éloignés parmi les nations et Je les ai dispersés dans les pays et Je leur ai été un Sanctuaire quelque temps dans les pays où ils sont venus. Ainsi parle D., l’Éternel: «Je vous rassemblerai d’entre les nations et Je vous recueillerai des pays où vous avez été dispersés et Je vous donnerai le pays d’Israël… Et Je leur donnerai un seul cœur et Je mettrai parmi vous un esprit nouveau; J’ôterai le cœur de pierre de leur corps et Je leur donnerai un cœur de chair, afin qu’ils suivent Mes lois, qu’ils observent Mes prescriptions et les accomplissent, et ils seront pour Moi un peuple et Je serai pour eux un D.» (Ézéchiel 11). Nous devons être persuadés au fond de nous-mêmes que notre situation en exil est provisoire: du temps du Maharal zatsa"l, alors que les Juifs n’étaient pas encore revenus en Terre d’Israël, il nous fait une démonstration étincelante de la preuve de la «temporalité» de l’exil. Que devrions-nous dire maintenant du cadeau divin dont jouit notre génération après deux mille ans d’exil? Les grands Sages de toutes les époques auraient été les premiers à monter en Israël, eux qui attendaient avec une telle impatience de revenir à Sion et à la Terre du Saint, béni soit-Il. De tous temps, on a prié, clamé, étudié, approfondi, pleuré, espéré et chanté le retour en Israël! Car la grandeur de la chose a accaparé les esprits des plus grands Sages depuis la Création 67


du monde, comme il est écrit dans les Psaumes (137): «Sur les rives des fleuves de Babylone, là nous nous assîmes, et nous pleurâmes au souvenir de Sion. Aux saules qui les bordent, nous suspendîmes nos harpes; car là nos maîtres nous demandaient des hymnes, nos oppresseurs des chants de joie. «Chantez-nous [disaient-ils], un des cantiques de Sion! «Comment chanterions-nous l’hymne de l’Éternel en terre étrangère?» NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (27, 134) Dans le chapitre ‫׳‬Helek (97), Rabbi Éliahou enseigne: le monde actuel durera six mille ans: deux mille ans de tohubohu, deux mille ans de Torah, deux mille ans de Messie, c’est-à-dire un temps spécial prévu pour l’arrivée du Messie; celui-ci ne peut en aucun cas venir avant, malgré toutes les repentances et bonnes actions du monde, mais seulement pendant les dernières deux mille années qui sont celles du Messie, car la fin des temps est propice à sa venue. Tu as donc compris que ce moment propice à la venue du Messie, qui unifiera tout, sera à la fin des temps, à l’apogée des jours de ce monde; ne sois donc pas surpris qu’il y ait tant d’empêchements, de retard des «Talons du Messie», car le moment qui lui est favorable est à la fin des temps; or, tout ce qui vient en son temps est une bonne chose. Et si Israël a un très grand mérite, il se pourra que 68


le Messie vienne au début des derniers deux mille ans, sinon il viendra en son temps qui est le meilleur moment prêt et fait pour lui. Commentaire Que pouvons-nous ajouter à cela, nous qui vivons en l’an 5774, c’est-à-dire à peine 226 ans avant le début de l’an 6000? Et comme toutes les choses divines se dévoilent de manière subite, il nous faudra être prêts, si ce n’est spirituellement, du moins physiquement, à attendre sa venue en Israël, car le but de la montée en Israël pour se joindre à son peuple et à l’âme du peuple, constitue aussi une simple préparation physique d’adaptation à une nouvelle vie et culture. Il est impossible de comprendre la grandeur et la profondeur de l’Alyah avant d’y prendre part et, d’un point de vue pratique, de s’installer physiquement en Israël pour retrouver son niveau authentique au sein de son peuple et non au milieu des nations où les dés sont faussé; ainsi nous réparerons véritablement nos traits de caractère et atteindrons le niveau d’humilité qui nous amènera à la crainte de D. avec une foi profonde en la Rédemption d’Israël, comme nous l’explique le Rav Kook zatsa"l dans son livre «La morale de ton père» où il pose la question suivante: «Si on ne connaît pas le niveau élevé d’Israël, comment peut-on prier d’un cœur entier pour sa Rédemption? Car bien sûr, en ce qui concerne la bénédiction du Libérateur d’Israël dans la prière de la amida (l’une des 18 bénédictions que l’on prononce debout, à voix basse), l’intention souhaitée ne concerne pas seulement la douleur de l’âme 69


que l’on ressent à cause de la pesanteur de l’exil mais aussi du sujet de cette bénédiction qui témoigne que la volonté vient du niveau élevé d’Israël et de sa sainteté. Et si l’on n’a pas suffisamment approfondi par la réflexion le niveau de la Terre d’Israël, ses vertus particulières et sa grande sainteté, comment peut-on réellement prier pour la construction de Jérusalem, puisqu e la prière prov ie nt justement des parois du cœur quand il ressent un manque?»

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NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (29, 138) Dans la Mekhilta (Bechala’h 86), il est dit: «Tu trouveras que les exils sont arrivés seulement pour la foi». Grande est la foi devant «Celui qui a parlé et le monde fut», c’est grâce au mérite de la foi d’Israël au bord de la Mer Rouge que s’est posé sur eux l’Esprit saint et qu’ils ont chanté, comme il est écrit: «Ils ont cru en D. et en Moïse Son serviteur»; tu trouveras aussi que les Hébreux n’ont été délivrés d’Égypte que par le mérite de la foi, comme il est dit: «Et il a cru en D. et Il lui en a compté comme un mérite»; que si D. a compté à Abraham en mérite éternel la promesse d’hériter de la Terre d’Israël, a fortiori au peuple d’Israël qui espère toujours en la grâce divine et scrute la délivrance sans relâche. Nous allons maintenant vérifier et expliquer le niveau élevé de la foi, car nous avons déjà dit que la foi est l’adhésion totale à D., c’est-à-dire croire en Lui de tout son cœur et de toute son âme. Et donc il est écrit que les exils ne sont arrivés que pour développer la foi, car l’objet de la foi c’est que le croyant sorte des limites de son «moi» pour se donner à D. et adhérer à Lui. Par conséquent, les exils, qui représentent une séparation d’avec D., ont été envoyés par Lui pour développer la foi, afin d’être en adhésion avec D. par la foi et de revenir vers Lui. 71


Et sur l’élévation de la foi et de son niveau, Rava a dit: Au moment du jugement d’un homme, on lui demande: «Astu entrepris tes affaires commerciales avec foi? As-tu fixé des temps d’étude de la Torah? T’es-tu occupé de fructifier et multiplier? As-tu guetté et espéré la délivrance? As-tu approfondi la connaissance des textes pour en connaître chaque détail?»» Nous allons approfondir le sujet de la délivrance, car une chose séparée du monde matériel est en l’action et l’homme, être matériel, n’est pas de par sa nature en action, seulement en potentiel, c’est cela le sujet de la nature: elle est potentielle, et s’il n’espère ni ne guette la délivrance, l’homme ne vivra alors qu’au niveau du potentiel et pas de l’action, alors que celui qui espère et guette véritablement la délivrance sera en action comme les êtres séparés. Et tu comprendras que la période de la délivrance future (le Maharal zatsa"l parle il y a cinq cents ans!) où l’homme sera complètement en action n’arrivera qu’au temps du Messie, et donc il sera jugé pour avoir espéré et guetté la délivrance seulement au niveau du potentiel et non pas de l’action. Et donc tu as éclairci ce sujet de l’espérance et de l’attente de la Rédemption qui est obligatoire pour l’homme, celui-ci devant toujours se tenir dans l’expectative de la délivrance divine. Tout cela est d’un niveau supérieur qui concerne ceux qui ont reçu une âme divine, intelligente, pour approfondir la réflexion et développer l’intelligence; par conséquent, l’homme doit atteindre l’harmonie qui lui est propre, sinon il sera jugé pour s’être enfoncé dans la matière. 72


Commentaire Donc, sur le sujet de la foi et de la délivrance le Rambam statue que c’est une mitzva d’habiter en Terre d’Israël, d’en prendre possession et de la reconstruire («Livre des Commandements» de Maïmonide), Et au sujet de l’attente du libérateur, l’un des 13 articles de foi du Rambam dit: «Je crois d’une foi entière en la venue du libérateur, et même s’il tarde, j’attendrai chaque jour sa venue.» Le Rav de Brisk en donne l’explication précise: «Il ne suffit pas de croire en la venue du libérateur, il faut aussi attendre et désirer sa venue!» Comme poursuit Maïmonide: «Tout celui qui n’y croit pas ou qui n’attend pas sa venue… renie, car il lui manque l’un des fondements de la foi!» («Lois des Rois», chapitre 11, 5/1). Le Juif religieux, s’il étudie la Torah, se sent empreint d’une mission divine; il accomplit évidemment le commandement illimité de l’étude de la Torah, améliore effectivement ses traits de caractère et accède aussi à la connaissance de la Torah. Pourtant, le Rav Tsvi Yehouda Kook zatsa"l nous enseigne une autre voie dans un de ses livres, au chapitre intitulé: L’état qui donne existence à la vision de la délivrance. Au début du débat pour éclaircir l’existence réelle de la vision de la délivrance, les Sages nous disent que «La délivrance d’Israël se fera petit à petit» (Talmud de Jérusalem, Berakhot 41, 5). Cet enseignement embrasse de manière claire l’intégralité de la délivrance, comme cela est expliqué dans la Torah et les 73


Prophètes et selon l’ordre des versets de la section Nitsavim (30, 1) qui a trait à la techouva (c’est-à-dire au retour vers D. d’une personne qui s’en était éloignée), à savoir que l’attachement à l’ensemble du peuple d’Israël et son retour en Terre d’Israël sont prioritaires et nécessaires pour que la techouva personnelle (retour aux commandements) s’accomplisse parfaitement. «Or, quand te seront survenus tous ces événements, la bénédiction ou la malédiction que J’offre à ton choix, si tu les prends à coeur au milieu de tous ces peuples où t’aura relégué l’Éternel ton D., que tu retournes jusqu’à l’Éternel ton D….» Traduction de «ad Hachem Elokékha», dans un sens général du commandement (c’est-à-dire vers le peuple); un peu plus loin, il est écrit: «Et l’Éternel ton D. reviendra avec les captifs et Il te rassemblera au sein des peuples parmi lesquels Il t’aura dispersé… Il te ramènera dans le pays qu’auront possédé tes pères et tu le possèderas à ton tour», donc après le retour en Israël, par lequel nous reprenons l’héritage des pères. D. circoncit le cœur des pères et des fils «pour que tu aimes l’Éternel ton D. de tout ton cœur et de toute ton âme…». «L’Éternel ton D. fera peser toute la malédiction sur tes ennemis…», et seulement ensuite la Torah évoque la 74


techouva au niveau individuel, c’est-à-dire l’application des commandements «et toi tu reviendras vers l’Éternel et tu feras tous les commandements que Je t’ordonne aujourd’hui…» Traduction de «ve’ata tachouv el Hachem», alors qu’au début on revenait jusqu’à D., du mot ad. Donc la techouva au sens religieux du terme ne prend sa signification entière et totale qu’après la délivrance, le rassemblement des exilés et la reprise de notre héritage par la conquête! Il y a maintenant près de deux millions de Juifs religieux en Eretz Israël dont une bonne partie composée d’étudiants des yechivot qui foisonnent dans chaque ville d’Israël, du Golan à Eilat, suivant toutes les méthodes d’étude; unifiant les trois niveaux: Torah, Peuple et Terre, comme nous l’explique le Rav Tsvi Yehouda Kook zatsa"l: «De nos jours, le Maître du monde opère de grandes révolutions et fait descendre les rois de leurs trônes. Il renverse la Turquie qui avait régné 400 ans sur la Terre d’Israël, au moment où d’autres peuples sont venus la dominer sous l’égide de la Société des Nations. Tout cela est-il le fait du hasard? D’un désordre anarchique? C’est D. incognito! Ouvrez vos yeux et voyez! Nous ne sommes pas des Karaïtes, D. soit loué, nous nous fions au Talmud qui fixe «le signe évident de la fin». Il faut avoir des oreilles et des yeux pour discerner ce qui s’est passé pendant les cinquante dernières années. Le prophète Isaïe interpelle: «Vous qui êtes sourds, entendez; aveugles, ouvrez les yeux et voyez! Qui est aveugle, sinon 75


Mon serviteur, sourd, sinon le messager que J’envoie? Qui est aveugle comme le favori de D., aveugle comme le serviteur de l’Éternel? «(Isaïe 42, 18-19).» Les Talmidei ‫׳‬Hakhamim, les Sages, qui sont appelés les serviteurs de l’Éternel, sont aveugles! Quel drame douloureux! Eux qui devraient être les anges du service, les envoyés de D., ils sont sourds! Et il y a tellement de choses à voir et entendre! Réfléchis et écoute, alors tu verras D. incognito. «Tu as vu de grandes choses et tu n’as pas fait attention, tu avais les oreilles ouvertes sans rien entendre!» (Isaïe 42, 20). Comme nous l’enseigne notre Grand Rabbin d’Israël le Rav Lau chlita: «les dirigeants des communautés ont une obligation sainte d’exhorter les Juifs à monter en Terre d’Israël de s’y établir et d’y fixer leur lieu de résidence». Les textes à ce sujet sont clairs. La Guemara Kidouchin (49b) nous enseigne: «Dix mesures de connaissances sont descendues dans le monde, neuf en Eretz Israël et une dans le reste du monde.» Le Midrach Beréchit Rabba commente: «Il n’y a pas de Torah comme celle d’Eretz Israël; et que les sages d’Eretz Israël sont plus compétents pour déterminer les lois car ils ont le mérite de s’enivrer de l’air d’Eretz Israël qui rend intelligent.» La différence entre l’étude de la Torah en Eretz Israël et en Babylonie était tellement grande que la Guemara (Baba Metsia 85) nous enseigne que Rabbi Zérah observa 100 jeûnes lorsqu’il monta en Eretz Israël, ce pour oublier la Torah de Babylonie. Ce fait n’a évidemment pas été relaté 76


dans le but de diminuer la grandeur des Sages qui étaient des géants de la Torah mais pour nous enseigner que s’ils avaient vécu en Eretz Israël ils auraient été encore plus grands. Le Rav Kook zatsa"l nous enseigne (Olat HaRe’iya 1c) que «La Torah d’Eretz Israël renferme une abondance de sainteté qui repose sur tout le peuple d’Israël étudiant la Torah, et cet esprit de sainteté contribue à la compréhension des lois particulières. Cela veut dire que le processus de l’influence de l’étude de la Torah en Terre d’Israël s’effectue de haut en bas, alors qu’endehors d’Eretz Israël il n’est pas concevable de dire qu’une sainteté descend d’en haut car l’air des nations du monde est impur; par conséquent, chaque détail étudié élève une étincelle particulière se rapprochant du Maître du monde. Et donc, endehors de la Terre d’Israël le processus de l’influence de l’étude se fait de bas en haut.» Ou encore «Le judaïsme d’exil, sans la nourriture qu’il reçoit de la rosée de vie de la sainteté de la Terre d’Israël, ne comporte pas de base physique en soi, seulement par la vision du coeur fondée sur l’espoir et la réflexion relatifs au passé et au futur. 77


Cependant, la force qui permet à cette vision du cœur de porter en elle le poids de la vie et de réussir avec sa puissance vers le chemin de la vie du peuple, est limitée dans le temps et son terme paraît déjà être arrivé. Par conséquent, le judaïsme descend miraculeusement en exil mais son seul espoir consiste à se relier à la source de la vie véritable, de la sainteté authentique qui n’existe qu’en Terre d’Israël.» (Orot, 9). Combien de fois est-il écrit dans la Torah que D. nous a promis de nous faire hériter de la Terre, quoi que diront les nations du monde? Pourtant le Rav Kook zatsa"l savait bien que réaliser des valeurs morales et spirituelles à l’intérieur d’un état est plus difficile que dans la vie individuelle: «Garder la Torah collectivement et dans son expression politique est un travail difficile, beaucoup plus difficile qu’individuellement… et la tâche exigée pour constituer un ensemble et en faire une société politique est beaucoup plus compliquée que celle faite à titre individuel. Car nous voyons bien l’échec de la morale humaine la plus simple… jusque dans les détails qu’elle inspire et l’emprise qu’elle a sur la vie. L’humanité dans son ensemble en reste encore très loin, elle ne consent pas au devoir moral quand il s’agit de politique collective. 78


Nous comprenons que le mauvais penchant de l’individu a une force considérablement accrue chez l’homme en tant qu’être politique, à tel point que les concepts de bien et de mal, de justice et d’injustice, disparaissent de l’essence du politique qui a alors libre cours pour s’enflammer.» Donc le Juif religieux plein de foi ne doit pas être en attente de la délivrance en potentiel, il est le premier à la réaliser en action, comme nous le disait le Maharal zatsa"l. Il est entre nos mains de prendre une décision et naturellement de mettre aussi notre foi en action pour nous rapprocher de la plénitude, dans ce monde et dans l’autre. Les Sages nous enseignent dans Ketoubot 110b: «De tout temps un homme doit habiter en Terre d’Israël, même dans une ville peuplée à majorité de «serviteurs des étoiles» plutôt que d’habiter en-dehors de la Terre d’Israël, même dans une ville peuplée à majorité de Juifs, car tout celui qui habite la Terre d’Israël ressemble à celui qui a un D. et tout celui qui habite endehors de la Terre d’Israël est semblable à celui qui n’a pas de D., comme il est écrit (Lévitique 25): «Pour vous donner la terre de Canaan pour être pour vous un D.» 79


Et quiconque n’habite pas la Terre d’Israël n’a-t-il pas de D.?! Seulement pour t’enseigner que quiconque habite endehors de la Terre d’Israël ressemble à celui qui sert des idoles, comme il est écrit au sujet de David (Samuel 1-26, 19): «Parce qu’ils m’ont rejeté aujourd’hui pour ne plus être inclus dans l’héritage de D.», comme pour me dire: «Va servir des dieux étrangers»; or, Saül a-t-il vraiment dit à David: «Va servir des dieux étrangers» (lorsqu’ils l’ont pourchassé et obligé à sortir de la Terre d’Israël)? Seulement, pour t’enseigner que quiconque habite en dehors de la Terre d’Israël, c’est comme s’il servait des idoles.»

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NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (30, 141) Tu as déjà éclairci le fait que l’exil du peuple d’Israël est un manque qui en fait la cause du bien espéré à la fin. Même si, pour celui qui espère, l’exil n’est pas une bonne chose en soi, quoi qu’il en soit, cela sera la cause du bien espéré, car toute existence est précédée d’un manque, à l’instar de la nuit qui vient avant le jour; pareillement, ce monde-ci précède le monde futur, le manque et l’absence doivent donc être représentés par l’exil. Et bien au-delà de cela, sous un autre point de vue, nous pouvons dire que D. a délivré les enfants d’Israël de l’exil et les a élus comme Son peuple, car avant cela ils étaient soumis aux nations et n’avaient en quelque sorte aucune existence propre puisque l’individu n’a pas d’existence propre tant qu’il est soumis à un autre individu; par conséquent, quand D. les a extraits d’entre les nations pour qu’ils Lui appartinrent, ils ont alors retrouvé une nouvelle vitalité qui leur manquait totalement auparavant; en cela, D. est leur véritable essence et en Lui ils ont retrouvé leur existence propre, ce qui n’aurait pas été ainsi s’Il ne les avait pas délivrés. Et cela est l’essentiel même de ce qui est écrit (Exode): «Je suis l’Éternel ton D. qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte». Il n’y a aucun doute qu’Il les a fait sortir d’Égypte et les a choisis comme peuple puisqu’avant cela, ils n’avaient pas d’existence propre, donc D. est leur essence profonde; c’est pourquoi il est dit: «Je suis l’Éternel ton D.» car, bien que D. soit le D. du monde 81


entier, quoi qu’il en soit, il n’y a pas de comparaison avec les autres nations, vu que l’essence même d’Israël est quand D. est leur D.. Commentaire Le Maharal zatsa"l insiste sur le fait que l’indépendance du peuple juif par rapport aux nations a une importance primordiale dans la mission divine du peuple d’Israël. Nous pourrions rétorquer que nous aurions pu aussi bien réaliser notre mission en exil, au sein des nations, pour les éclairer de notre lumière: eh bien, non, le fait le plus important est justement que D. nous a fait sortir de l’exil pour nous prendre pour peuple, cela est essentiel pour notre réalisation en tant que peuple, comme nous l’explique le Rav Kook zatsa"l: «Et ce que voulaient les Saducéens, à savoir que l’individu participe et offre le sacrifice journalier, provient du fait qu’ils n’ont pas accepté que l’assemblée d’Israël possède une sainteté particulière, ce que l’on ne trouve dans aucun autre peuple ni langage. En effet, le but du rassemblement des autres nations n’est que la recherche du bien individuel, sans aucune existence collective profonde; donc la valeur de la collectivité pour les nations ne relève que du niveau du partenariat, or pour les partenaires, l’essentiel est évidemment la part que chacun reçoit de cette association. En revanche, pour le peuple d’Israël, «assemblée» et «partenariat» sont deux notions distinctes, car la collectivité d’Israël est dotée d’une sainteté particulière et d’une 82


existence collective indissociable indépendante de la part de chaque individu; de ce fait, le sacrifice de l’assemblée ne peut être apporté par un particulier, puisque l’âme individuelle est extraite de la source de la vie éternelle dans le trésor collectif et c’est le collectif qui octroie l’âme à l’individu.» (Michpat Cohen, Orot 124, 144). Que dire maintenant du fait que six millions de Juifs sont réunis sur la Terre d’Israël? C’est une explosion à tous les niveaux: économique, démographique, spirituel, technologique...: par ailleurs, nous comprenons comment ces six millions de Juifs qui viennent renforcer l’âme d’Israël parce qu’ils sont juifs, font peur à 350 millions de voisins hostiles se trouvant à la première ceinture autour d’Israël et tiennent tête haute devant le monde entier! Vous rétorquerez peut-être qu’en Israël les Juifs ne sont pas tous croyants et que cet État a été créé par des pionniers non religieux depuis Herzl jusqu’à nos jours, il peut être difficile d’accepter que même ces personnages, bien qu’éloignés de la Torah, ont été les instruments de D. pour le début de la délivrance. Lorsque D. décida que l’heure du retour était arrivée, certains se sont sentis empreints d’une mission de sauvegarde et de rassemblement du peuple juif sur sa Terre, dans le but de prévenir l’antisémitisme et l’avilissement du peuple juif, comme nous le dit Herzl lui-même: «À l’heure de la plus basse dégradation du peuple juif, à l’époque de l’antisémitisme le plus sordide, qu’un journaliste dépourvu 83


de moyens ait métamorphosé un chiffon en drapeau, une masse avilie en nation.» C’est ce que l’on appelle le sionisme laïc dont la réussite est indéniable dans la reconstruction du pays, la création d’un État et d’une armée. Cependant, cet idéal lié aux circonstances historiques n’a été que très peu transmis aux générations suivantes car, la Torah nous enseigne que Dieu donne deux héritages au peuple juif: - le premier est la torah comme il est écrit: «C’est pour nous qu’Il dicta la Torah à Moïse, elle restera l’héritage de la communauté de Jacob.» (Deutéronome 33, 4). Rachi commente: «Nous la tenons ferme et nous ne l’abandonnerons pas.» Et grâce à la Torah, nous pourrons apprendre l’amour du peuple et de la Terre d’Israël, comme il est écrit: «Tu écouteras donc, Israël, et tu observeras les commandements avec soin, afin de prospérer et de multiplier sans limite, ainsi que l’Éternel, Dieu de tes pères, te l’a promis, dans ce pays ruisselant de lait et de miel.» (Deutéronome 6, 3). - Le deuxième est la Terre d’Israël comme il est écrit en de très nombreux endroits parmi eux «Vois j’ai donné devant vous le pays, venez et héritez du pays que Hachem a juré à vos pères Avraham, à Yitshak et à Yaaqov de leur donner et à leur descendance après eux.» et Rachi commente: «Nul ne vous opposera de contestation et vous n’aurez pas à livrer bataille s’il n’avaient pas envoyé d’explorateurs ils n’auraient pas eu besoin d’armes.» 84


Donc nous comprenons que ces deux héritages sont indissociables et un sans l’autre ne peut survivre. Et quel est le lien entre le respect des commandements et le Terre d’Israël? Sur le verset «Vous placerez mes paroles là sur votre cœur et sur votre âme, vous les lierez en signe sur votre main, elles seront en frontaux entre vos yeux.» (Ekev 11.18) Rachi rapporte le sifri «Même après que vous aurez été exilés, distinguez-vous par les mitsvot, mettez les tefilins, faites des mézouzot afin qu’à votre retour en Israël elles ne soient pas nouvelles pour vous». Comme il est écrit «Faistoi des signes distinctifs». (Yirmia 31.20)!

NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (31, 143) Tu as donc maintenant éclairci le fait que l’exil, et a fortiori la destruction du Temple, constituent une déviation et une modification en opposition totale avec l’ordre de la Création car, selon cet ordre, il est nécessaire qu’il y ait un Temple saint pour le monde entier; c’est pourquoi il est dit que celui qui vit dans une génération où le Temple n’a pas été reconstruit, comme du temps du roi Salomon, c’est comme s’il l’avait détruit lui-même. Nous avons trouvé aussi dans les paroles de nos Sages que D. Lui-même, qui a créé et arrangé le monde et désire le bien des créatures, espère et suscite la délivrance. Par ailleurs, il existe une différence entre la première délivrance et la dernière qui, bien qu’inéluctable, reste, elle aussi, cachée du monde. 85


Ceci car la première délivrance d’Égypte était due au mérite des pères à qui D. avait juré qu’Il délivrerait Ses enfants; de ce fait, on pouvait en prévoir le terme car il était dû au mérite des pères. En revanche, la dernière délivrance, que nous vivons actuellement, n’émanera que de D. Lui-même, et donc sa finalité sera une chose extraordinaire. Mais les Sages, tels que Rabbi Simlaï et Rabbi Aquiba n’ont pas pu entrevoir la vérité sur ce sujet, car la première royauté a duré 70 ans, la seconde 52 ans, celle de Bar Kokhba deux ans et demi et les écrits à ce sujet ne sont pas clairs pour nous. Donc D. Lui-même désire la délivrance d’Israël car alors le monde atteindra sa plénitude; or, D. désire la plénitude du monde et c’est pour cela qu’Il attend le moment de la délivrance. Ce qui empêche ce moment d’arriver, c’est l’attribut de justice qui s’oppose si Israël n’est pas encore méritant en tant que peuple et, quoi qu’il en soit, la mesure du bien et de la bonté que D. emploie pour conduire Son monde, sera utilisée pour consoler Israël. Et si tu dis que l’attribut de justice empêche la Rédemption, pourquoi alors l’attendre impatiemment? Nous disons que c’est pour recevoir notre salaire car, comme nous l’avons déjà expliqué, notre mérite provient du fait que D. Lui-même espère et attend impatiemment la délivrance. Quoi qu’il en soit, tu as compris des paroles des Sages, à 86


savoir que D., qui a créé l’existence dans un ordre précis, désire mettre fin à l’exil qui est un changement de l’ordre préétabli du monde. A fortiori, l’homme qui est en exil doit espérer la Rédemption de toute son âme. Commentaire Que pourrions-nous répondre au Maharal zatsa"l qui a vécu à une génération d’un exil très dur et qui, s’il avait vécu à notre époque, aurait sûrement été le premier à monter en Israël? Notre génération a le mérite de pouvoir concrétiser cette attente, la mettre en action. Achrènou!!! Heureux sommes nous!!! Ceci comme nous l’enseigne le Rav Tsvi Yehouda Kook zatsa"l. «Le rassemblement des exilés constitue le fondement de la délivrance. «Il te rassemblera» est une étape concrète du processus des temps messianiques. Nous constatons chaque année les progrès de ce processus et sommes arrivés ces dernières années au miracle des miracles: l’Alyah des Juifs de Russie. Les Russes pensaient être les maîtres du monde entier. Mais «la main de l’Éternel avait été sur eux pour semer la confusion» (Deutéronome 2, 15). Le célèbre Sage appelé ‘Hafetz ‘Haïm avait déjà annoncé que d’ici une cinquantaine d’années, la Russie s’écroulerait. L’Alyah est un degré particulier dans le processus du 87


«retour des enfants dans leurs frontières» (Jérémie 31, 16). Ce sont là des faits concrets et évidents. «Le rassemblement des exilés fait partie intégrante de l’époque messianique. C’est ce qui explique les propos de Maïmonide selon lesquels celui qui ne croit pas au Messie, renie la Torah qui accorde une place si proéminente au rassemblement des exilés (une bénédiction lui est réservée dans la Amida) en tant que phénomène messianique.»

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NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (38, 165) Deux choses séparées ne peuvent pas se tenir ensemble, car l’une d’elles annulerait l’autre; de ce fait, elles ne pourraient être indépendantes qu’à la condition qu’il n’y ait entre elles aucune relation ou liaison. Mais quand viendra le temps du Messie, temps propice où il n’y aura plus de séparation ni de différence, alors il sera impossible que chacun soit indépendant. La contradiction qui réside dans le fait qu’Israël, nation unique, soit séparé des autres nations nombreuses, entraîne que leur multiplicité s’oppose à Israël, nation unique, et l’annule; de même Israël, nation unique, annule les nations nombreuses. C’est cela que l’on appelle la guerre de Gog et Magog, qui se produira plus tard avec le roi-Messie, lorsque toutes les nations, qui sont nombreuses, s’uniront ensemble contre le roi-Messie, le roi d’Israël, nation unique. Sache que Celui qui unifie Israël, c’est D. qui est Son D. et qui unifie donc Israël jusqu’à ce qu’ils soient Un, comme nous le disons dans la prière (de l’après-midi de Chabbat): «Tu es Un et Ton Nom est Un; et qui est comme Ton peuple Israël Un sur la terre?», car D., qui est Un, est le D. d’Israël, et grâce à cela Israël est un peuple unique; et c’est à cause de cela qu’éclatera la guerre de Gog et Magog qui est une guerre contre Israël, nation unique; 89


l’unicité d’Israël vient de D., donc cette guerre est en fait contre D. Commentaire Le Maharal zatsa"l nous explique la raison compréhensible pour laquelle les nations du monde s’opposent à nous. En effet, il ne faut surtout pas se méprendre, seule la nation juive sera en paix avec elle-même et amènera la paix dans le monde. Le mot «paix» se dit Chalom en hébreu, qui est l’un des noms de D.; donc la véritable paix passera, se dévoilera obligatoirement par le peuple juif. Quand nous nous croyons en paix en-dehors d’Israël, c’est en fait que nous ne sommes pas en guerre, mais il n’y a bien sûr pas de paix authentique. C’est pour cela que cycliquement, l’antisémitisme ressurgit. Ne nous leurrons pas, ouvrons les yeux: à l’époque actuelle où il y a une grande opposition à Israël, les nations veulent imposer leur soi-disant paix en Israël. De nos jours, le seul endroit où un Juif soit vraiment en sécurité c’est sur sa Terre, avec son armée, son état indépendant, son économie; n’attendons pas que les problèmes se succèdent et s’accumulent. En dehors d’Israël, il faut bien le dire: nous ne serons pas défendus, et ceux qui s’imaginent le contraire connaîtront bien des surprises et désillusions. L’un des problèmes fondamentaux dans ce domaine est que toute information, qu’elle provienne des nations ou des Juifs de diaspora, est faussée, tronquée, souvent mensongère et déformée. L’influence des nations est trop présente pour 90


entrevoir la vérité et en fait, très souvent, tout ce que l’on entend n’invite pas à l’Alyah; au contraire, cela peut entraîner le Juif de diaspora à s’opposer à Israël sur certains points. Seuls peuvent juger ceux qui ont trimé, travaillé, se sont battus et ont construit la Terre d’Israël, dont les enfants ont donné leur vie pour la défense du pays et du peuple, et ceux qui participent actuellement à son développement actif sur le terrain. Comment peut-on parler d’une chose que l’on ne vit pas pleinement? Donc le mérite infini de celui qui monte sur sa Terre et se lie à son peuple sera aussi de découvrir pour lui une nouvelle vérité qui le changera naturellement en bien. Israël et les nations sont comme les deux plateaux d’une balance et nous avons longtemps été bas en tant que nation, mais maintenant que nous nous sommes réunis à nouveau, nous ne cesserons plus de monter et les nations de descendre, par exemple les crises économiques qui les atteignent périodiquement, alors que grâce à D., l’économie d’Israël se maintient vers le haut. Comme nous l’explique le Admor HaZaken dans le Tanya sur le verset: «Et un peuple s’affermira plus que l’autre» (Genèse 25, 23) qui fait allusion à la lutte entre Esaü et Jacob, le mauvais et le bon penchant de l’homme, Israël et les nations, 91


jusqu’à ce que l’un des deux domine totalement l’autre. Et Rachi de commenter: «Lorsque l’un des deux s’élèvera, l’autre s’effondrera», ainsi qu’il est écrit: «Je vais être comblée, maintenant qu’elle est ruinée.» (Ézéchiel, 26, 2). Tyr n’a été comblée que lorsque Jérusalem a été ruinée (Meguila 6a). Métaphore bien connue: la délivrance décidée par D. est comparée à un train lancé à grande vitesse. D. est le «conducteur du train». Des gens y sont assis, d’autres marchent dans le sens du train, d’autres en sens contraire, mais ceux-ci se trouvent quand même dans le train. Les derniers sont restés sur le quai de la gare. Ne restez pas sur le quai, car la 3e délivrance que nous vivons est la dernière, le train ne s’arrêtera plus, montez dans le train en marche!

NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (38, 167) Dans le chapitre ‘Helek (88, 71), il est dit: «Si tu vois une génération qui subit beaucoup d’épreuves comme un fleuve, comme il est dit: «Aussi craindra-t-on le nom de D. dans les régions où le soleil se couche, la majesté divine où il se lève, car elle se présentera comme un fleuve encaissé que précipite le souffle de l’Éternel.» (Isaïe 59, 19)» Et encore: «Il viendra, le libérateur de Sion» (Isaïe 59, 20); et Rabbi Yo’hanan a dit: «Le fils de David ne viendra que dans une génération entièrement méritante ou entièrement dépourvue de mérites»; dans une génération méritante, comme il est écrit: «Et Ton peuple, tous des 92


justes qui hériteront éternellement la terre»; dans une génération dépourvue de mérites, comme il est écrit: «Et il s’est aperçu qu’il n’y avait pas un homme, il a constaté avec stupeur que nul n’intervenait...» (Isaïe 59, 16) Et nous expliquerons ce sujet en disant que le libérateur, ou Messie, viendra dans une génération d’opposants, car ils représentent le tout début du niveau divin. Cette choselà est écrite de manière allusive: «car il viendra comme un jeune adversaire». Nous avons déjà expliqué en plusieurs endroits que la notion de jeune homme est toujours employée pour faire allusion au matériel, corporel et donc, quand il est dit qu’il viendra comme un jeune adversaire, c’est toujours avec la force matérielle, corporelle, car le souffle divin surgira sur le roi-Messie; et il est dit que le fils de David ne viendra que dans une génération entièrement méritante ou entièrement dépourvue de mérites, car le degré élevé du Messie surpasse le niveau des mérites de la génération, puisqu’il vient pour parfaire le monde; or, si la génération est méritante, tous seront dignes d’atteindre la plénitude, et si elle est dépourvue de mérites et qu’ils sont manquants, le Messie viendra pour eux afin de réparer le préjudice précédant toujours l’existence, car quand il se trouve dans le monde un manque existentiel, alors l’existence se renouvelle entièrement pour combler ce manque, ce qui est bien connu. Commentaire Le Rav Kook zatsa"l nous enseigne que «l’insolence qui croît durant la période précédant la Rédemption est 93


caractéristique, selon la Michna (Sota 9, 15), de la confusion des valeurs et du trouble des esprits. Cette confusion ne comporte pas que des aspects négatifs, elle poussera à la recherche de réponses nouvelles à donner à ce défi, «qui permettront d’expliquer ouvertement les mystères de la Torah», afin d’accélérer le processus de restauration. Ce refus de valeurs positives est également «une manifestation de la force de vie, le ferment de vie de la splendeur supérieure s’y cache.» L’insolence dont parle la Michna n’est donc pas le signe d’une délinquance courante marquant u n e époque apoc aly ptique agitée, mais une étape sur la voie de la restauration, le s ign e de malais e d’ un e civilisation dont les progrès de la connaissance objective de la réalité provoquent un désir d’unité que cette connaissance n’est pas à même d’assouvir. La science a considérablement élargi l’appréhension du monde sensible, posant des problèmes que seule une spiritualité renouvelée serait en mesure de résoudre. Le malaise pouvant déboucher sur une crise redoutable pourrait être évité ou circonscrit grâce à un développement de l’étude authentique de la Torah (traduction Pr Benno Gross - «Les lumières du retour»). Ou encore, «Un grand nombre d’adhérents à l’esprit de la nation, qui connaissent actuellement un réveil certain, 94


déclarent n’avoir nul besoin de l’esprit divin. S’ils réussissaient réellement ainsi à fonder la nation en Israël, ils la placeraient dans une situation d’iniquité et de destruction. Mais ils ne savent eux-mêmes pas ce qu’ils veulent… au point que même celui qui déclare qu’il n’a nul besoin de l’Esprit divin, lorsqu’il revendique l’esprit d’Israël, l’Esprit divin réside au cœur de sa demande, même contre sa volonté. L’individu particulier peut se couper de la source divine, mais non la nation, la communauté d’Israël toute entière. Aussi tous attributs nationaux, tant prisés comme expressions de l’esprit national, terre, langue, histoire, gouvernement, sont-ils animés de l’Esprit divin.» (Orot p. 63) Dans son livre «INTRODUCTION A LA PENSEE DU RAV KOOK», «La Vision de la Rédemption» Yossef ben Chlomo explique parfaitement le retour et la création de l’État d’Israël par les pionniers laïcs. Nous en citerons quelques passages importants. Le lien dialectique entre nation et esprit dans toute la réalité, se manifeste ainsi dans l’histoire. Selon le Rav Kook zatsa" l, il constitue la clef de l’explication des différentes étapes de l’histoire d’Israël, depuis l’exil jusqu’à la venue de la Rédemption. La vie du peuple juif en exil se distingue par un niveau spirituel et moral incomparable à celui des 95


nations environnantes. Et même si, naturellement, «les individus avaient des tendances matérialistes, issues de la vie et de ses désirs nécessaires, depuis son exil, la nation en revanche n’avait plus de lien avec la matière.» Cette description de la vie en exil comme moralement pure, sans contact avec la souillure inhérente à la force indispensable pour diriger un état ou une armée et s’occuper de politique, constitue l’une des affirmations qui servent souvent, depuis l’époque du Rav Kook zatsa" l jusqu’à maintenant, à valoriser l’exil et critiquer le sionisme. Cependant, le Rav Kook y voit plutôt une atteinte considérable à la perfection de la réalité historique du peuple juif – et de toute existence – car celle-ci nécessite la conjonction de «l’idée divine», source de la vie spirituelle et religieuse, et de «l’idée nationale», concrétisée dans l’histoire réelle, «toutes deux viennent du D. vivant». En exil, la vie de la nation israélite se replia sur les préceptes religieux, mais cela amoindrit aussi l’idée divine, elle «se réfugia alors dans un nid exigu et étroit, dans le petit sanctuaire des synagogues et des maisons d’étude, dans le souci de la vie et de la pureté familiale»; «Il était dès lors évidemment impossible de retrouver la grande force propre à la vision de l’union harmonieuse des deux idées, dans la puissance et la splendeur comme au temps jadis, lorsque le peuple était fermement installé sur sa terre.» La déficience inhérente à la séparation entre l’idée divine et l’idée nationale a une signification métaphysique puisque, 96


comme nous l’avons déjà vu, une spiritualité coupée de la matière et de la vie altère l’unité de l’existence, il s’agit d’une sorte d’ «idolâtrie spirituelle», d’une perversion de l’esprit: «La tendance excessive à la spiritualité fait de grands dommages, elle fait perdre le sens de la véritable splendeur spirituelle.» En exil, Israël perdit le dynamisme nécessaire à la force et à la diffusion de l’esprit; «l’exil diminua les forces sensibles et créatrices, la force de la vie et le sens esthétique.» Pourtant, il représente un stade nécessaire, un contrepoids à la tendance de l’idolâtrie, il servit de «remède à la tentation matérialiste diffuse.» Cette étape de l’histoire d’Israël se termine désormais, l’heure est venue d’un passage dialectique à son contraire, il apparaît avec le début du sionisme laïc, opposé par principe à la religion, puisqu’il refuse tout ce que l’exil signifie. En tant qu’antithèse de l’étape précédente et remède à la grave maladie de l’exil, il est naturellement porté aux extrêmes: «Et voici maintenant l’heure de l’éveil de la renaissance nationale, elle nous annonce la guérison de la maladie générale, et autorise donc la nation à aborder des sujets matériels. La tendance première à séparer l’esprit de la matière doit bientôt s’achever et c’est la source de l’impatience à l’approche du Messie.» Le Rav n’hésite pas, en conséquence, à faire audacieusement l’éloge de la vie du 97


corps, ce qui lui valut la colère des orthodoxes de l’ancien yichouv: «La gymnastique que les jeunes d’Israël font sur la Terre d’Israël pour fortifier leur corps et devenir des fils courageux et forts au service de la nation, perfectionne la force spirituelle des plus grands justes qui ne s’occupent que des noms saints, ils rendent plus manifeste la lumière divine dans le monde, et son dévoilement ne se peut sans eux.» L’idée de repentance reçoit ainsi une signification plus ample, comme nous l’avons déjà vu à propos de la métaphysique. Renouer avec toutes les forces matérielles et vitales, abandonnées pendant l’exil, conditionne à ses yeux la repentance spirituelle et religieuse: «[…] Nous avons abandonné la vie active, l’éveil des sens, liés tous deux à notre réalité corporelle, en craignant de déchoir, ce fut par manque de foi en la sainteté de la Terre […] Toute notre repentance réussira dans la mesure où nous savons en faire une repentance tant spirituelle que matérielle.» Il ne faut pas, ce faisant, méconnaître l’aspect dialectique de ses propos: les bâtisseurs laïcs de la Terre restent encore «des pécheurs d’Israël». Dans ses relations personnelles avec les gens du nouveau yichouv, le Rav faisait preuve, comme on le sait, d’un grand amour d’Israël, mais cette attitude découlait aussi des principes mêmes de sa philosophie. «L’essence de la réalité est une, la division est une idolâtrie». 98


La Rédemption adviendra donc quand les antagonismes de l’esprit et de la matière, de la sainteté et du profane, seront dépassés grâce à une synthèse supérieure, c’estàdire quand la loi dialectique imprimera sa marque sur l’antithèse profane pour attester que «le terme de cette tendance extrême approche, car la nation porte en elle un contrepoids; il apaisera la tempête et les choses seront rééquilibrées dans le sens élevé qui convient. Il faut que se répandent la découverte de la lumière spirituelle et la finalité intérieure propres à la tendance matérielle, alors la maladie de l’insolence sera guérie et ses mauvais symptômes disparaîtront, l’ensemble de la nation s’éveillera à sa réalité naturelle et y découvrira la splendeur de son âme.» Cette doctrine dialectique seule rend compréhensible l’essence véritable du mouvement moderne de la renaissance d’Israël.

NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (42, 172) Tu as déjà éclairci à maintes reprises le fait que le but et l’aboutissement de toute chose sont propices à la plénitude et à l’harmonie, et cela parce que le commencement ne représente pas la plénitude vu qu’il n’est encore ni entier ni réalisé. Cela implique donc obligatoirement que l’aboutissement du temps de ce monde est propice à l’harmonie, ce sont les jours du Messie qui seront à la fin des temps. Nous avons déjà 99


expliqué que ce monde-ci n’était pas prêt pour Israël; or, comment le Messie demeurerait-il dans ce monde matériel? Car l’ensemble du sujet relatif au Messie est divin et non matériel; ceci ne représente pas une difficulté car les temps messianiques sont un, donc tous les jours du Messie sont appelés «fin du monde», qui seront propices à la Révélation divine, comme l’homme qui, durant la plus grande partie de sa vie, n’est pas divin; c’est seulement lorsqu’il atteint le terme de sa vie, que ses forces physiques, matérielles, le quittent jusqu’à ce qu’il devienne divin; il en va de même pour le monde et la fin des temps, appelée temps messianiques, le monde sera divin et l’homme ne poursuivra plus les choses matérielles, seulement les choses divines. NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (42, 175) Et donc tu as compris qu’au temps du roi-Messie, le monde aura atteint sa plénitude, comme nous l’avons déjà expliqué. Et toute chose complète est en action et non plus en potentiel, car quand elle est encore en potentiel, elle manque alors de plénitude; or, lorsque le monde atteindra la plénitude, comme cela adviendra aux temps messianiques, il sera en action, c’est le niveau que le monde atteindra lors des jours du Messie. Commentaire Donc, aux temps messianiques, le monde sera spirituel, à savoir unifié et harmonisé, car le pouvoir essentiel de la 100


matière, c’est la division; cela est bien sûr aux antipodes d’un homme qui ferait don de soi, sans calcul, pour s’unir à son peuple sur sa Terre, ce qui nécessite non pas le désir de recevoir mais celui de donner de sa personne pour une cause élevée et profondément spirituelle. Et nous apprenons aussi cela de notre père Yaakov sur le verset «ils prirent leur bétail et leurs biens qu’ils avaient acquis au pays de Canaan.» (Berechit 46.6) et Rachi commente «En revanche ce qu’il avait acquis à Paddan Aram il l’avait donné à Essav comme prix du rachat de sa part dans le caveau de Makhpela. Il s’était alors dit les biens dont je suis devenu propriétaire en dehors d’Erets Israël ne sont pas bons pour moi.» Autrement dit, l’élan d’une personne pour entreprendre son Alyah ne résultera pas d’un calcul, non pas qu’il doive être inconscient, mais simplement que l’attrait de l’idéal humain et divin le pousse à réaliser sa vie et se rapprocher ainsi de l’harmonie tant recherchée. Comme nous l’enseigne le Rav Tsvi Yehouda Kook zatsa"l, Maïmonide explique: «Une étoile apparaîtra en Jacob – c’est David. Une tribu se lèvera en Israël – c’est le roiMessie (Lois des Rois - 1, 8 et 9)». D’après Rabbi ‘Haïm ben Attar, le terme «tribu» désigne une partie de la nation: un groupe s’éveillera et se lèvera, comme cela se passe chez les nations, c’est-à-dire selon les voies naturelles; et c’est ainsi que s’accomplira 101


notre délivrance. Maïmonide poursuit: «Il remuera la descendance de Seth – c’est le roi-Messie». L’expression «les enfants de Seth», nous dit le Rav Tsvi Yehouda Kook zatsa"l, signifie l’humanité entière, qui est en commotion à cause de ce qui nous arrive. Les nations de la terre sont effrayées devant notre puissance. «La crainte et le tremblement les atteignent». Évidemment, ceux qui refusent de relier cette puissance à la Providence préfèrent parler de merveilles de l’armée israélienne, ce qui ne fait aucune différence, car «le D. des Armées n’est appelé ainsi qu’au nom d’Israël». Le Rav Aviner nous enseigne que prendre part à l’armée c’està-dire être prêt à donner sa vie pour le Peuple d’Israël est l’acte d’amour gratuit le plus élevé qui soit pour le peuple et il vient réparer la cause de deux mille ans d’exil ainsi que la destruction du deuxième Temple qui était la haine gratuite, Dieu préserve! Donc, comme nous l’a expliqué le Maharal zatsa"l, prenons activement et non passivement part à la délivrance en rejoignant notre peuple, sur notre Terre, avec notre armée, et en essayant d’amener ce petit grain de sable qui contribuera à former les sables de la mer, comme il est écrit: «Vous serez nombreux comme le sable de la mer».

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NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (55, 202) Nous allons éclaircir dans ce chapitre le fait que le monde entier est contre Israël, car les nations représentent une partie du monde, et pendant les temps propices aux nations et en rapport avec elles, il y a eu une opposition à Israël. Et cela est clair car chaque chose a un temps qui lui est propice, selon les paroles des Sages (Avot 84): «Il n’y a point d’homme qui n’ait son heure», et si ceci est valable pour l’homme en particulier, comment ne le serait-ce pas pour les nations en général? Donc il y a eu des temps particuliers, propices aux nations. Dans les temps futurs, même les opposants d’Israël seront avec eux pour perfectionner le monde messianique, et il n’y aura plus aucune opposition à Israël jusqu’à ce que tout s’harmonise avec les nations. Et pour cela, Israël sera éternel, pour être en paix avec tous ses ennemis et il n’y aura plus de raison d’imperfection, car l’imperfection constitue le contraire de la chose parfaite; or, s’il n’y a plus de contraire, il n’y a plus d’imperfection. Commentaire Comme nous l’explique le Rav Kook zatsa"l (Les Lumières du repentir - Orot HaTechouva 7), 103


«Il est dans la nature du repentir de procurer à l’homme à la fois apaisement et appel à une réflexion sérieuse. La moindre réflexion sur le repentir le conforte. Une seule petite lueur de sa grande lumière porte déjà en elle le sublime et exaltant bonheur de tout un monde. Mais en même temps, le repentir place l’esprit devant l’obligation permanente d’un perfectionnement qui le sauve de l’orgueil et projette sur lui une douce lumière, conférant une grande et stable valeur à son existence.» Donc nous voyons que l’homme et le monde se bonifient et tendent chaque jour vers une amélioration. Néanmoins, les médias pourraient nous inciter à croire le contraire, alors qu’en fait ils ne cherchent qu’à faire sensation par des informations souvent traumatisantes qu’ils diffusent dans un but lucratif. De même, la vitesse à laquelle les informations négatives se répandent empêche l’homme de réaliser que le monde devient chaque jour un peu meilleur puisque le but, comme l’explique le Maharal zatsa"l, est la plénitude et que même avec les nations nous finirons par obtenir une paix véritable, comme poursuit le Rav Kook zatsa"l. «Du profane aussi la sainteté se révélera et même de l’effrénée liberté surgira le joug bien-aimé. Des chaînes d’or s’assembleront et s’élèveront dans la poésie libertaire et un irradiant repentir émergera même de la littérature profane. Ce sera l’émerveillement suprême de la vision de la Rédemption. Que le bourgeon fleurisse, que la fleur s’épanouisse, que le fruit mûrisse et le monde entier saura que l’Esprit Saint se manifeste dans la communauté d’Israël dans toutes les envolées de son esprit. 104


Et finalement, tout culminera dans un repentir qui apportera guérison et Rédemption au monde.» (Les lumières du repentir - Orot HaTechouva) Il est bien évident que pour l’instant les nations n’ont pas compris le rôle ni l’importance du peuple juif, comme le Maharal zatsa"l l’a expliqué auparavant. En conséquence, cette incompréhension quasi-totale entraîne la politique mondiale, les informations diffusées en-dehors d’Israël exercent une influence néfaste sur les Juifs vivant là-bas, où la critique d’Israël est pratiquement permanente, et qui n’ont, pour la plupart, qu’une vision superficielle et seulement partiellement vraie. Naturellement, cela ne favorise pas l’Alyah. Heureusement, à l’ère messianique, le monde reconnaîtra son erreur et ne s’opposera plus à la fonction du peuple juif, comme D. a dit à Abraham: «Je ferai de toi une grande nation, Je te bénirai, Je rendrai ton nom glorieux, tu seras une source de bénédiction, Je bénirai ceux qui te béniront, et qui t’outragera Je le maudirai; par toi seront bénies toutes les races de la terre.» (Lekh Lekha II, 3) NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (56, 205) Comme nous l’avons déjà expliqué, la consolation qu’a reçue Israël en exil est un sujet que nous devons approfondir. Le fait qu’Israël, qui est l’essentiel de la création et de l’existence, que D. Lui-même a fait sortir d’Égypte en dévoilant Sa «face», leur a construit un Temple, s’est exilé avec eux, leur a construit un autre 105


Temple et s’est encore exilé avec eux, jusqu’à ce que par nos fautes et celles de nos pères, le 1er Temple soit détruit, et D. a fait revenir Ses enfants, jusqu’à ce que le Temple soit détruit une 2e fois, cette chose-là, Il ne l’a faite pour aucun autre peuple jusqu’à ce jour, ce qui montre qu’Israël constitue l’essentiel et le fondement du monde, et même l’essence du monde en général, et si D. préserve, ils avaient été annulés, le monde entier aurait été détruit. Et quand ils résident sur la terre de leurs ennemis et que D. a la «face cachée», cette chose-là n’annule aucunement le niveau d’Israël. Et même s’Il nous a asséné humiliations et avilissements, ils ont montré et dévoilé leur haut niveau du plus profond de l’abaissement, car le propre de l’humiliation est la dispersion d’un bout du monde à l’autre parmi les nations, ainsi l’homme pensera que cette chose est le signe d’un très grand manque. En outre, il semble impossible, d’un premier abord, qu’il y ait eu une plus grande perte pour une nation que la dispersion, à tel point que les nations croient qu’il ne reste plus aucune adhésion du peuple d’Israël avec D.! Cependant, tu dois éclaircir le fait que la dispersion d’Israël dans le monde entier est le signe de leur niveau divin. Car quand le peuple d’Israël résidait sur sa Terre, il demeurait à l’endroit qui lui était spécifique et prévu pour lui, le liant d’un lien particulier, car chaque chose 106


demeure à sa place spécifique et il n’y a pas dans le monde de chose qui n’ait sa place. Et comme nous avons expliqué, si la chose se retire de son endroit spécifique, elle est considérée comme perdue. Donc il est nécessaire que cette nation, qui est l’essentiel du monde, réside sur une terre qui soit aussi l’essentiel du monde, car Eretz Israël, qui est une Terre sainte, est destiné au peuple saint, donc Israël possède une terre qui lui convient parfaitement. Seulement, quand ils ont été exilés de leur terre, ils l’ont été dans un lieu particulier qui n’avait aucun rapport, aucun lien avec Israël; c’est pour cela qu’ils ont été dispersés dans le monde entier, parce que, du fait de leur niveau élevé, le monde entier est devenu leur lieu de résidence. Commentaire Le grand Maharal zatsa"l nous explique que l’exil devait se produire dans le monde entier car Israël ayant quitté sa Terre de prédilection qui était de son niveau, ne pouvait résider dans aucun autre endroit, car seule la Terre d’Israël, appelée «la Terre de vie» par le Zohar, a un lien particulier avec le peuple juif comme nous l’explique le Rav Kook zatsa"l: La Terre d’Israël n’est pas pour la nation un bien extérieur, une acquisition extrinsèque qui ne serait qu’un moyen de rassemblement général dans un but existentiel physique ou même spirituel. «La Terre d’Israël est une entité originale dont l’essence véritable est liée au peuple d’Israël par un lien organique 107


vivant, étreinte des vertus profondes et secrètes de sa réalité. Aussi est-il impossible d’appréhender la qualité particulière de la sainteté de la Terre d’Israël et de l’aimer de manière authentique par une réflexion rationnelle humaine mais seulement par l’esprit divin qui réside sur toute la nation et qui est gravé naturellement et profondément dans l’âme d’Israël… (Orot).» Et le Rav Aviner de rajouter: «Le lien entre le peuple et la Terre est tel que la Terre répond en quelque sorte à l’appel du peuple qui revient, en lui permettant d’y vivre dans l’honneur» («Le souffle de vie»). Et le Rav Kook zatsa"l de rajouter: «C’est une mitzva de goûter à pleine bouche du doux plaisir des rayons de la sainteté puissante de la Terre d’Israël, afin que sous soyez repus et que vous vous abreuviez à son sein consolateur pour profiter et jouir des rayons de sa grandeur. Ou encore: Le cœur se languit pour la Terre d’Israël, la foi en Terre d’Israël, la sainteté de la Terre d’Israël. Il est rempli de joie pour la Terre d’Israël, de l’harmonie intérieure de la Terre d’Israël, de l’adhésion à la Terre d’Israël, de la confiance en Terre d’Israël. Je T’en prie, D. miséricordieux et compatissant, je T’en prie, pardonne et donne-moi le mérite de revenir vers Toi d’une foi entière, ramène-moi vers la Terre que Tu nous as promise. Fais-moi mériter de voir la joie de Ton peuple, de Te glorifier avec Ton héritage. Aie pitié, Père miséricordieux, sauve-nous, D. sauveur.» (Orot, 171). 108


«L’attente de voir la splendeur de la Terre espérée, le désir intérieur pour la Terre d’Israël, dévoilent les lettres saintes, les lettres de la vie, l’essence israélite dans notre intériorité et notre authenticité.» (Orot Israël, 44) Nous devons nous convaincre qu’il existe toujours des solutions pour monter en Israël, quelles que soient les situations difficiles et épreuves à surmonter: comme nous l’avons vu, D. n’abandonne pas Son peuple en exil, au contraire Il l’accompagne comme un médecin au chevet du malade car, comme nous le fait ressentir le Rav Kook, certainement le plus grand sage de notre génération, l’Alyah est un profond vécu, avant, pendant et après, un ressenti qui métamorphose tellement l’être que pour quelqu’un qui a vécu cette grande et très émouvante expérience, la terre d’exil perd pour lui rapidement toute valeur, au point que s’il y revient, il s’y sent complètement étranger. En fait, sa vie a virevolté à 180°, elle a changé d’objectif, elle s’est remplie de cette lumière dont ceux qui décident de rester en exil ne verront que quelques rayons lors de leur passage en Israël. Par ailleurs, combien devons-nous réfléchir sur le fait que le Maharal zatsa"l nous explique que nous n’avons aucun rapport avec la terre sur laquelle nous avons été exilés! Bien sûr, après des générations, nous avons adopté certaines cultures, un art de vivre et avons été influencé par le pays où nous vivons, mais si nous réfléchissons bien aux paroles du Maharal zatsa"l et du Rav Kook zatsa"l ainsi qu’à celles de très nombreux Sages, nous réalisons que, n’ayant aucun lien profond avec le pays d’exil qui n’a rien à voir avec notre essence, nous devrions retourner sur notre Terre pour devenir enfin naturels 109


et retrouver nos coutumes, notre culture véritable et notre histoire; comme nous l’avons dit, les Juifs exilés en France sont «nés en France par un accident de l’histoire». Le Juif vit de ce fait un profond conflit intérieur dont il ne comprend pas obligatoirement l’origine, car il y a énormément de «blocages» extérieurs de toutes sortes qui l’empêchent de voir la vérité. «Il y a plus grave que l’exil. C’est d’oublier que l’exil est exil, c’est prendre goût à l’étranger, s’enraciner à l’étranger, oublier la nostalgie de sa véritable demeure. «Rav Chlomo Aviner, «Le souffle de vie». Et enfin, il se peut que la situation militaire d’Israël l’apeure; pourtant il est écrit: «Tout celui qui est solidaire du peuple dans la souffrance a le mérite de voir sa consolation» D’où apprenons-nous cela? De Moïse, notre maître, qui a choisi de s’asseoir sur une pierre pendant la guerre contre Amalek, comme il est dit: «Une pierre qu’ils mirent sous lui» (Exode 17 12). Et Rachi de commenter: «Et il ne s’est pas assis sur un coussin ou un oreiller. Il a dit: «Israël est dans la souffrance! Je serai donc moi aussi dans la souffrance avec eux!» (Traité Ta’anit 11a)

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NETSA’H ISRAËL - L’ÉTERNITÉ D’ISRAËL (63, 226) «Chantez, vous cieux, car D. a fait trembler les fondations de la terre… D. a délivré Jacob et s’est glorifié d’Israël.» (Isaïe 44) Ce verset vient nous expliquer que la délivrance future, qui sera du niveau le plus élevé qui soit, provoquera un tremblement des cieux et des fondations de la terre, car elle harmonisera le monde entier. C’est pourquoi le verset nous dit: «Chantez, vous cieux, car D. a fait trembler les fondations de la terre… D. a délivré Jacob et s’est glorifié d’Israël», car Israël représente toute l’existence. Et ils méritent le chant de gloire du fait de la délivrance, comme il est dit: «Car D. a délivré Jacob.» Le chant et le cantique montrent que quand un individu est en harmonie avec lui-même et le monde, alors il est envahi de joie, et comme la délivrance représente l’harmonisation des créatures, elles seront donc envahies de chant et de poésie. Comme nous l’avons déjà expliqué, la finalité et l’aboutissement sont propices à l’harmonisation, car toute chose n’atteint la perfection que quand elle touche à sa fin; or, la délivrance dernière, qui aura lieu à la fin des temps, sera propice à l’harmonisation et le monde entier atteindra son aboutissement et sa perfection. «Chantez, vous cieux, car D. a fait trembler les fondations de la terre…» 111


D’où savons-nous qu’aux temps futurs, les cieux et la terre seront glorifiés devant Israël? Car il est dit: «Chantez, vous cieux…» D’où savons-nous que les serviteurs des étoiles – les nations étant appelées dans la Torah «serviteurs des étoiles et des astres» - loueront les enfants d’Israël? Car il est dit: «Chantons les peuples, Ton peuple» Et d’où savons-nous que même les montagnes et les collines se réjouiront? Car il est dit: «Les montagnes et les collines éclateront devant vous de joie.» Et d’où savons-nous que même les royautés exulteront? Car il est dit: «Car tous les arbres des champs claqueront des mains.» Et d’où savons-nous que même les pères et les mères seront allègres? Car il est dit: «Chantez, les habitants du rocher, du sommet des montagnes ils riront.» Tout ceci nous apprend que tout sera réalisé, finalisé, harmonisé grâce à Israël, comme nous avons dit que la finalisation engendre la glorification et le chant de la chose qu’elle complète, car le monde sera harmonisé lors de la dernière délivrance; donc quand Israël sera en harmonie, tout sera en harmonie; or, puisque D. est l’essence ultime d’Israël, quand ils atteindront la perfection, le monde entier atteindra la perfection; C’est pourquoi le verset dit: «Chantez, vous cieux, car D. a fait trembler les fondations de la terre…», car la finalité est l’aboutissement du ciel et de la terre. 112


Puis nous avons posé la question: d’où savons-nous qu’aux temps futurs les serviteurs des étoiles et des astres glorifieront Israël? C’est parce que même de ce point du vue, l’harmonie d’Israël harmonisera les serviteurs des étoiles et des astres. Il est écrit ensuite: d’où savons-nous que même les royautés exulteront? À ce propos, les Écritures disent: «Car tous les arbres des champs claqueront des mains», comme il est écrit: «la paume de la main», c’est au sujet de l’être humain qui atteindra aussi l’harmonie, car l’harmonie d’Israël sera leur harmonie et donc même eux glorifieront Israël car chacun glorifie celui qui l’harmonise, donc ils glorifieront Israël, car D. est l’harmonie du monde et les royautés représentent le monde entier. Et par la suite il est écrit que même les pères et les mères glorifieront Israël, car le niveau et l’harmonie des pères c’est Israël, comme nous l’avons expliqué. Que nous ayons le mérite de voir la délivrance! Amen!

Commentaire Le final de l’Éternité d’Israël est écrit pour nous élever au niveau ultime que nous atteindrons lors de la délivrance finale, et nous serons reconnus et glorifiés par tous en retrouvant notre rôle essentiel de Peuple Divin avec notre Torah et notre Terre. 113


Comme nous l’explique le Rav Kook zatsa"l: «La résurrection de la nation est le fondement de l’établissement du grand repentir, le repentir suprême d’Israël et le repentir du monde entier qu’elle suscitera.» (Les lumières du repentir, 17) ou encore: «L’État n’est pas le bonheur suprême de l’homme. Il faut le dire pour un état ordinaire sans valeur supérieure à celle d’une société de grande responsabilité, dont les nombreux idéaux, la couronne de la vie humaine, flottent au-dessus d’elle sans la toucher. Ce n’est pas le cas pour un État fondé sur un idéal qui anime toutes ses expressions et constitue le bonheur suprême de chaque individu. Cet État dépasse les autres dans l’échelle du bonheur; cet État c’est le nôtre, l’État d’Israël, le fondement du Trône de D. sur terre. Son unique aspiration est que D. soit Un et Son Nom Un, tel est le bonheur suprême.» (Orot)

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CHAPITRE IV DE LA COMMÉMORATION DE LA SHOA A LA FÊTE DE L’INDÉPENDENCE Le jour de la commémoration de la Shoa en Israël nous pleurons nos six millions de morts dont un million et demi d’enfants qui ont sanctifié le nom de D, et nous nous rappelons du plus grand crime de l`humanité. Cette période a marqué la fin de «l’asservissement d`Israël aux nations du monde» comme l’indiquent les initiales: ‫שעבוד אומות העולם=שאה‬, bien sur le vav de conjonction est manquant puisque c’est la lettre qui relie le ciel et la terre et cette abomination n’a été que le fait de la cruauté humaine: D. avait la face cachée car les ténèbres précèdent toujours la lumière. Les nazis ont voulu «effacer le souvenir» du Peuple juif de la surface de la Terre, D. préserve, comme nous devons le faire d’Amalek, et le Maharal Zatsal nous explique que c’est en fait une guerre contre D. Notre long et douloureux exil de deux mille ans n’a été marqué que de souffrances, pogroms et persécutions, haine des nations depuis la lutte entre Esaü et Yaacov Avinou et chaque pays où les Juifs ont été exilés n’a été qu’un refuge provisoire de l’Égypte jusqu’à nos jours, mais grâce à D. nous sommes aujourd`hui plus forts que jamais et avons retrouvé notre indépendance sur notre Terre Divine. Le Rav Avraham Itsrak Hacohen Kook Zatsal est certainement le porteur du message divin le plus adéquat pour 115


notre génération. Il adresse un message à TOUT le Peuple Juif dont le fer de lance est le retour sur la Terre de D., Terre de nos ancêtres, Terre de l’espoir et de la Renaissance de la Nation Juive pour retrouver notre dignité perdue sous l’accablement de l’exil parmi les nations. Il nous enseigne que nous devons «réveiller» notre «Sentiment National» qui était endormi pendant deux mille ans, notre Foi dans le Peuple d`Israël en tant que Nation libre sur sa Terre, et que le Peuple Juif n’est pas la résultante du rassemblement physique des Juifs, mais elle doit son existence à l’Âme Collective d’Israël que nous avons reçue au Mont Sinaï avec la Torah; là-bas le Peuple est né et a reçu sa Loi. Peuple, Torah et Terre ne font qu’un; Unité Divine. Le Rav a écrit ce texte en 1933, deux ans avant son décès pressentant un grand danger imminent pour le Peuple Juif. A cette époque Jabotinsky parcourait les communautés de Pologne et leur disait «Si vous ne voulez pas en finir avec l’exil, c`est lui qui en finira avec vous (D. préserve!)» A travers ce texte, avec un langage vrai et percutant, le Rav veut faire passer un profond message de Délivrance, il veut sauver et réveiller le Peuple Juif de sa torpeur et lui dévoiler l’étincelle qui se trouve enfouie au plus profond du mal. 116


CHOFFARS «En ce jour résonnera le Grand Choffar, alors arriveront ceux qui étaient perdus dans le pays d’Achour, relégués en terre d’Egypte, et ils se prosterneront devant l`Eternel sur la Montagne Sainte à Jérusalem...»(Isaïe 27, 13) «Notre Dieu et Dieu de nos Pères, Sonne du Grand Choffar de notre Délivrance...» (Prières du Moussaf de Roch Hachana.) C’est sur le Grand Choffar de la Délivrance que se porte la Prophétie et c’est au son du Grand Choffar que nous prions à Roch Hachana, le Grand Choffar précisément!!! Le Choffar de la Délivrance présente différents niveaux: 1) Le Grand Choffar, 2) Le Choffar Moyen type, 3) Le Petit Choffar; et le Choffar du Messie est comparé au Choffar de Roch Hachana: 1) La loi nous incombe d’utiliser une corne de bélier pour sonner à Roch Hachana (Orah Haïm 1,586) 2) A posteriori tous les Choffars sont valables (même ref.) 3) La corne d’un animal impur ou qui a servi à l’idolâtrie et appartenant à un non Juif est interdite, mais si on l’a utilisé pour sonner, on est quitte. Il est permis de sonner avec n’importe quel Choffar s’il ne s’en trouve pas de valable (cacher) mais cela sans réciter la Bénédiction (Michna Broura.) Ces différents niveaux édictes par la Loi Juive (Halaha) pour le Choffar de Roch Hachana sont comparables aux différents niveaux de la Délivrance. 117


1) Le nom de «Choffar du Messie» est employé pour faire allusion à l`éveil ou à l’impulsion qui entraineront la Renaissance et la Délivrance du Peuple d`Israël. Cet éveil est la sonnerie qui rassemblera les exilés éparpillés et les amènera sur la Montagne Sainte à Jérusalem. Elle s’est faite entendre en Israël à différentes époques et est présente aujourd`hui pour des individus ou une fraction du Peuple Juif dont l’éveil et la volonté prennent leurs racines dans la Sainteté, dans la Foi inébranlable en D, dans la Torah, dans la Sainteté et la spécificité du Peuple d`Israël et par le désir de réaliser la Volonté Divine qui est la Délivrance véritable et entière du Peuple d`Israël. Representé par le Grand Choffar et son niveau élevé: désir de Délivrance du Peuple à travers cette volonté qui sublime tout en haut la grande mission du Peuple d`Israël qui ne peut pas se dévoiler étant en exil et misérable. 2) Il y a une deuxième volonté plus faible, pas de grande exaltation pour les idéaux élevés de la sainteté, subsiste seulement le nature humaine saine qui provient de la Sainteté. Cette nature humaine saine porte en elle la volonté rudimentaire et naturelle pour le peuple d’édifier un gouvernement sur la Terre d’Israël, de se relever et de vivre une vie libre et simple comme tous les Peuples. Cette volonté provenant d’un Sentiment National naturel est représenté par le Choffar Moyen Ordinaire qu’il est facile de se procurer et bien qu’il soit apte, le premier choffar est d’un meilleur niveau: «A posteriori tous les choffars sont aptes.» (cachers) 118


3) Cependant il subsiste le troisième niveau du Choffar du Messie qui est aussi comparable au Choffar de Roch Hachana: c’est le Petit Choffar, inapte, dont on ne sonne que par obligation s’il ne s`en trouve pas d`autre. Ceci, sans aucune exaltation ni Volonté de Délivrance élevée provenant de la Sainteté, sans aucun Sentiment National naturel et humain de volonté de vivre avec son Peuple dans l’honneur, et si on ne peut pas sonner du Choffar cacher de la Délivrance, surgissent les ennemis d’Israël et sonnent eux-mêmes la délivrance à nos oreilles!!! Ils nous forcent à écouter le son du Choffar, ils nous avertissent et hurlent dans nos oreilles sans nous laisser de repos en exil. Cette corne d’animal impur s’est transformée en Choffar du Messie! Amalek, Hitler... réveillent le Peuple Juif à la Délivrance! Et celui qui n’a pas voulu entendre le son du premier Choffar et même du deuxième, n’a pas voulu entendre car ses oreilles sont bouchées, il entendra le son du Choffar impur, impropre, contre son gré il l’entendra...

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CHAPITRE V LE GRAND APPEL DU RAV KOOK Zatsa"l VERS LA TERRE D’ISRAËL En Eretz Israël, mes amis, en Eretz Israël! Cet appel est promulgué d’une voix haute et retentissante. Venez au pays d’Israël, mes frères complaisants, venez au pays d’Israël, sauvez vos âmes, l’âme de votre génération et l’âme de notre peuple entièrement, sauvez-vous de la désolation! Sauvezvous de la pourriture et l’abaissement, sauvez-vous de toute impureté et méchanceté, de tout malheur et détresse, auxquels vous serez sujets dans tous les pays des nations, sans différence ni explication. La voix de D. nous appelle, Sa main est étendue sur nous, Son souffle qui réside dans nos cœurs nous rassemble et nous encourage et Il nous oblige nous tous à clamer d’une voix forte, puissante et prodigieuse: «Vous, frères, enfants d’Israël; vous, frères chers à nos yeux et aimés, venez en Terre d’Israël, rassemblez-vous un par un, n’attendez pas que tout soit réglé et officiel, n’attendez pas d’avoir achevé des diplômes, faites ce que vous pouvez et réunissez-vous! Montez en Eretz Israël!» Prenez, empruntez le chemin en faveur de notre peuple aimé et opprimé, montrez-lui effectivement que sa voie est déjà prête devant lui, il n’a pas à s’expliquer, il ne dispose 120


pas de plusieurs voies et chemins, une seule route est tracée devant lui, et qui ne cesse d’avancer; il est obligé de la prendre et justement vers la Terre d’Israël. Les bourgeons sont visibles sur la Terre d’Israël. Venez et voyez comment la rose de Jacob commence à pousser sur la Terre du Saint Béni soit-Il. Venez voir comment le souffle de la nation fleurit et se réveille à sa résurrection, à la vie, à l’honneur et à la puissance. Reconnaissez, mes frères aimés, mes frères malheureux qui résidez sur des terres étrangères, le grand trésor de la sainteté et du repos, de la béatitude, du délice et de la plénitude, de l’élévation et de la grandeur de l’âme, de la sainteté de la vie, de la puissance de la pensée et de la sensibilité de l’émotion existant dans tout cœur juif installé en Terre d’Israël. Venez en Eretz Israël, venez contempler la beauté de la Terre désirée, la magnificence du Carmel et du Sharon, l’éclat des beaux cieux bleu azur, la limpidité de l’air pur et tempéré en chaque saison. Venez et réjouissez-vous sur la Terre désirée, la Terre de vie dont l’atmosphère fait vivre les âmes. Quelle beauté, quelle splendeur! Le temps de la renaissance, de la reconstruction et du rétablissement du judaïsme en Israël est arrivé. La nécessité de revenir vers la Terre de nos Pères concerne toutes les situations de la nation, matérielles et spirituelles. Nous avons une grande obligation de réveiller en nous l’amour pour Sion qui sommeille, l’amour éternel qui, depuis les temps anciens, brûle dans le cœur des enfants de notre peuple où qu’ils se trouvent… (extrait de Ma’amarè HaReiya, pages 323-325) 121


CHAPITRE VI RAV AVRAHAM AZOULAY zatsa"l Parmi les nombreux exemples de grands Sages ayant réalisé leur Alyah depuis de longues générations, nous avons pris comme exemple le Rav Avraham Azoulay zatsa"l. Le Rav est né en 1570 à Fez au Maroc, d’une famille de sages de Castille venus après l’expulsion des Juifs d’Espagne. À la suite d’une révolution, il quitte la ville en y laissant ses biens et décide de monter en Eretz Israël, «dans l’endroit de sainteté». En chemin, le bateau se brise sur les rochers et sombre mais le Rav est sauvé. En souvenir de ce miracle, il fait de sa signature la forme d’un bateau. Il vit à Hébron où il écrit de nombreux livres dont «‘Hessed LeAvraham» (le mot ‘hessed pour rappeler les grâces dont D. l’a gratifié, et Avraham pour montrer que la source d’inspiration de ce livre a pour but de faire du bien à son peuple) dont nous citerons quelques passages. Le Rav est le grand-père du ‘Hida. Ses textes sont tirés de sources très profondes, souvent de la kabbale. Nous en citerons ici quelques-uns à titre d’information et, leur interprétation étant d’un niveau élevé, nous nous contenterons de les reproduire sans commentaires. 1ère Source, Fleuve 19 Le monde se nourrit de la sève de la Terre d’Israël, il s’améliorera et s’élèvera à l’avenir mais pas autant que la 122


Terre d’Israël, comme l’ont enseigné les Sages. Ce niveau ne sera pas attribué à la terre étrangère du fait qu’elle n’est pas propice à la bénédiction; cependant, toutes les autres terres seront bénies de la bénédiction dont jouit la Terre d’Israël, car les terres étrangères sont dominées par des anges gouverneurs qui entourent la Terre d’Israël et y puisent une abondance de sainteté qu’ils répandent à l’extérieur. Les Sages nous enseignent au sujet de la bénédiction de la Terre d’Israël et de ses fruits, que ces derniers sont saints et les prélèvements qui s’y rapportent sont réalisés dans la sainteté. En terre étrangère sont préposés deux gardiens, les étoiles et les astres qui n’exercent aucune influence sur la Terre d’Israël où sont préposés des anges saints. 3e Source, Fleuve 12 Sachez que les âmes vivant en Terre d’Israël proviennent du niveau de la sphère appelée yetsira, c’est-à-dire «Formation», aussi appelée «la maison d’Israël» ou «les fils»; en effet, quand un homme réside en-dehors de la Terre d’Israël, il possède une âme provenant des ofanim et quand il a le mérite de venir habiter en Terre d’Israël, il reçoit une âme nouvelle provenant de la sphère de la Formation qui revêt son âme ancienne. 123


Lors de sa première nuit en Terre d’Israël, se détachent de lui deux âmes qui s’élèvent tout en haut dans les cieux et à leur retour seule sa nouvelle âme revient; de ce fait, il n’est plus sujet aux punitions car cette nouvelle âme pure n’a jamais fauté, comme nous l’enseignent les Sages (Ketoubot 111): «que lui soient effacées toutes ses fautes». Quiconque habite en Terre d’Israël est appelé un juste, même s’il n’en a pas l’apparence, car s’il n’était pas un juste, la Terre d’Israël l’aurait vomi, comme il est écrit dans le Lévitique (18, 25): «car la Terre vomit ses habitants»; or, puisque la Terre ne le vomit pas, c’est qu’il est forcément un juste, bien que dans le doute il puisse être un méchant. [Ici le Pné Yehochoua nous dit que le verset parle uniquement de ceux qui habitent en Eretz Israël pour réaliser le commandement d’habiter la Terre d’Israël dont le mérite les protège de fauter. Et donc si quelquefois il peut fauter, même pour une faute volontaire vers laquelle son mauvais penchant le pousse de manière naturelle, le mérite de se trouver dans cet endroit saint le protège et l’entraîne immédiatement au repentir. Seulement, celui qui y habite pour une autre raison et à plus forte raison celui qui dénigre la sainteté de l’endroit et qui suit son mauvais penchant, sur lui les Écritures enseignent (Jérémie 2): «Et vous êtes venus, vous avez souillé Ma Terre et avez mis Mon héritage pour la vermine.»] 124


Sache aussi que celui qui habite en Terre d’Israël et la quitte pour aller habiter là-bas en Égypte commet une faute qui a pour conséquence que l’ange de l’orgueil le domine. En revanche, quiconque prend sur lui d’habiter en Terre d’Israël sans redescendre en Égypte est considéré comme s’il avait été uni à D. tous les jours de sa vie. Le Rav nous enseigne que quiconque sort de la Terre d’Israël où il habite se sépare de la Providence sainte (Source 3, Fleuve 11); malgré cela, il nous explique aussi que celui qui sort de la Terre d’Israël où il réside, avec l’intention d’y revenir rapidement, y laissant sa femme et ses enfants, cet homme méritera une protection particulière car D. est miséricordieux et bienfaisant, et il habillera son âme de la Terre d’Israël d’une autre âme protectrice afin que son âme israélienne ne soit pas touchée par l’impureté! (Source 3, Fleuve 14). Sur ce sujet, le Rav Kook zatsa"l nous enseigne que l’âme collective de l’Assemblée d’Israël repose sur une personne seulement en Terre d’Israël. Dès qu’elle vient en Terre d’Israël, son âme particulière s’annule du fait de la grande lumière de l’âme collective qui s’introduit en elle, et ce contenu suprême agit, que ce soit par la volonté et la conviction de la personne, ou même si elle ne le désire pas et n’en connaît pas du tout la valeur. Néanmoins, il existe une grande différence entre le dévoilement et l’élargissement en chacun de l’âme collective, à savoir que plus la volonté d’être «englobée» par l’âme collective qui brillera d’une lumière toute sainte est forte, plus elle connaîtra sa valeur et ses limites selon la 125


mesure de son développement et de son apparition dans une harmonie de couleurs merveilleuses de cette lumière sainte pour développer en elle la puissance et la joie, la grandeur et la gloire (Orot, 62). Au sujet de l’ère messianique dont nous avons parlé, nous citerons d’abord Maïmonide (Lois des Rois 12) puis ce texte très ésotérique et imagé du Rav Avraham Azoulay zatsa"l. Maïmonide nous dit: «Qu’il ne vienne pas à ton esprit qu’au temps du Messie les us et coutumes du monde s’annuleront ou que certaines actions de la création du monde se renouvelleront. Celui-ci continuera d’exister selon les mêmes coutumes et tous reviendront à la véritable connaissance. Les Sages nous ont enseigné que la seule différence entre le monde actuel et celui de l’époque messianique, sera la fin de l’asservissement aux nations. Les textes des prophètes sont très énigmatiques et hermétiques; même les Sages n’ont pas reçu d’enseignement précis à ce sujet, hormis l’interprétation des versets qui donne lieu à de nombreuses divergences d’analyses.» 3e Source, Fleuve 22 Sache que la cabale nous a transmis une tradition selon laquelle le jour où le Libérateur (Messie) viendra en Terre d’Israël avec le rassemblement des exilés, les morts de la Terre d’Israël ressusciteront; ce même jour les murailles de Jérusalem disparaîtront et seront remplacées par des pierres précieuses, les morts de la Terre d’Israël deviendront entièrement spirituels ainsi que tous les gens qui y vivaient 126


encore et tous seront transformés, recevant un corps spirituel à l’instar d’Adam le premier homme avant la faute, ‘Hanokh, Moïse notre maître, de mémoire bénie, le prophète Élie. Tous flotteront en l’air et voleront comme des aigles sous le regard des exilés. Alors les exilés, en voyant tous ces gens transformés en nouvelles créatures, volant dans les airs, allant habiter au Jardin d’Eden pour y étudier la Torah de la bouche du Saint Béni soit-Il, se rassembleront et ressentiront dans leur cœur une très grande inquiétude et tristesse. Ils se plaindront au roi-Messie et lui diront: «Nous aussi faisons partie du peuple d’Israël comme eux, par quel mérite ont-ils reçu un corps et une âme tout spirituels alors que nous n’avons pas changé? Pourquoi nous faire ce mal?» Et le roi-Messie leur répondra: «Il est bien connu et notoire que l’un des " traits de caractère"du Saint Béni soit-Il est que tout est mesure pour mesure. Ceux qui vivaient en Terre d’Israël après de grandes peines et durs efforts pour y arriver afin de mériter une âme pure, n’ayant pas épargné leur corps et leur argent, venus par mer ou par terre sans avoir peur de sombrer dans les flots ni d’être volé sur terre ou faits prisonniers par des maîtres cruels, et tout cela pour le bénéfice de leurs esprits et de leurs âmes, ont pu de ce fait redevenir spirituels, mesure pour mesure. 127


Seules resteront des êtres matériels, les personnes qui se sont découragées alors qu’elles avaient, elles aussi, la possibilité de venir en Terre d’Israël. Elles ont été attirées par l’argent ou ont souhaité ménager leur personne et leurs biens dont elles ont fait l’essentiel, plaçant leurs esprits et leur âme en seconde place. En ce qui concerne leur convoitise pour l’argent, voici que D. leur donnera sans limite de tout l’argent, l’or et pierres précieuses qui ont coulé dans les mers. Et ce jour même, la mer a été assermentée de refouler tous ses trésors sur le rivage de Jaffa car tout ce qui a coulé depuis les sept jours de la création jusqu’à l’époque du roi Salomon, de mémoire bénie, la mer le déversa sur les rivages de Jaffa pour le roi Salomon qui s’en est enrichi. Et depuis la mort du roi Salomon jusqu’à nos jours, qui correspond à la période du rassemblement des exilés, tout sera rejeté dans le futur sur le rivage de Jaffa et le roiMessie partagera le butin pour chaque juste selon la part qu’il mérite, comme il est dit dans Deutéronome 33, 19: «Car de l’abondance des mers ils seront nourris et des trésors cachés dans le sable». Par ailleurs, tous les trésors cachés dans la terre seront ramenés par des tunnels et ils rouleront de tous les endroits pour arriver en terre d’Israël afin d’être partagés par les exilés, chacun selon la part qui lui reviendra, et ils seront rassasiés de tout cet argent. Tout cela pour ceux qui auront été méticuleux pour leur argent et leur corps et qui resteront donc matériels, rassasiés d’une grande quantité d’argent. 128


Seuls ceux qui, comme nous l’avons dit, n’auront pas épargné leur corps et leur argent mais uniquement leur esprit et leur âme, D. leur donnera leur récompense puisqu’Il les transformera en nouvelles créatures pour les emmener au Jardin d’Eden d’en bas.

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CHAPITRE VII L’INHUMATION EN TERRE D’ISRAËL Nous allons maintenant aborder le sujet de l’inhumation en Terre d’Israël et rapporter trois avis: celui de Maïmonide, celui du Rav Avraham Azoulay et enfin celui du Zohar. 1. Maïmonide – Lois des Rois Les Sages nous enseignent: quiconque gît en Terre d’Israël, ses fautes lui sont pardonnées. Même s’il y parcourt quatre coudées (environ deux mètres), il aura droit au monde futur; de même celui qui y est enterré sera pardonné, comme si l’endroit où il se trouvait représentait l’autel du pardon, comme il est dit: «Et sa terre sera pardonnée avec lui…» Et il n’y a pas de comparaison entre celui qui y vient de son vivant et celui qui y est amené après sa mort. Cependant, les grands Sages y étaient transportés après leur mort, tu apprends cela de Jacob notre père et Joseph le juste. [Il faut noter que tous deux étaient descendus en Egypte car ils y étaient forcés comme nous apprenons du verset «Il dis je suis le Dieu de ton père ne crains pas de descendre en Egypte car je t'y ferais devenir une grande nation». (Berechit 46.3) et Rachi commente: Parce qu'il était tourmenté à l'idée de 130


devoir quitter la Terre d'Israël, et ensuite «Moi je descendrai avec toi en Egypte et moi je t'en remonterai». (Berechit 46.4) Rachi commente: Hachem lui garantit ici qu'il sera enseveli en Erets Israël (Yerouchalmi Sota 1.10.)]. 2. Rav Avraham Azoulay zatsa"l (3e Source, Fleuve 10) Il est bien connu que la Terre d’en haut est appelée «Terre de vie»; de ce fait, l’âme secrète de celui qui est enterré en Terre d’Israël monte vers la Terre de vie d’en haut. Cependant, ceux qui sont enterrés en dehors de la Terre d’Israël, ce qui correspond à la terre étrangère d’en haut sont appelés les morts de la terre étrangère et ne sont pas appelés vivants. Le secret de la vie suprême ne se prolonge pas sur la terre étrangère d’en haut car la vie d’en haut provient du secret de la splendeur appelé «Arbre de vie» et du secret de la Torah appelée la source jaillissante de la connaissance supérieure, comme il est dit: «Et la connaissance fera vivre celui qui l’aura acquise» (Ecclésiaste 12); de là elle se prolongera jusqu’à ce qu’elle atteigne la Terre de vie appelée «Royauté». Les morts gisant en-dehors de la Terre d’Israël ne sont donc pas appelés «vivants», c’est-à-dire qu’ils ne s’abreuvent pas à la source de la vie éternelle, et ce jusqu’à la résurrection des morts quand ils monteront ensuite en Eretz Israël. 131


Le Rav Avraham Azoulay zatsa"l nous explique ensuite tous les niveaux des habitants de la Terre d’Israël. - Le premier niveau est celui qui n’a pas vu la Terre d’Israël et n’y est jamais venu. - Le deuxième niveau est celui qui a seulement vu la Terre d’Israël de loin. - Le troisième niveau est celui qui est venu en Israël pour y habiter, en est sorti et est mort en dehors de la Terre d’Israël. - Le quatrième niveau est celui qui est venu en Terre d’Israël et y est resté jusqu’au jour de sa mort. - Le cinquième niveau est celui qui y est né et y a vécu jusqu’à sa mort. Ainsi tous les niveaux d’importance graduelle renferment en eux de profonds secrets. Le dernier niveau est celui qui y fait venir ses ossements après sa mort. Nous citerons maintenant le texte du saint Zohar sur la parachat A’haré Mot («après la mort») qui se passe de tout commentaire. 3. Le saint Zohar Rabbi Juda a dit: «Riche est la part de celui qui a eu le mérite, durant sa vie, de s’établir sur la Terre de la sainteté, car il aura eu le mérite de continuer la rosée des cieux qui, d’en haut, descend vers la terre. Et quiconque a eu le mérite de se lier à cette Terre de sainteté durant sa vie, aura le mérite, plus tard, de se lier à la Terre de sainteté d’en haut. 132


Et celui qui n’a pas eu le mérite, durant sa vie, de se lier à la Terre de sainteté, et que l’on amène làbas pour y être enterré, il est écrit sur lui: «Et vous avez mis mon héritage pour la vermine». Son âme sort dans l’autre domaine étranger et son corps vient dans le domaine de la sainteté. C’est comme s’il avait transformé la sainteté en profane et le profane en sainteté. Quiconque a eu le mérite de rendre l’âme en Terre de sainteté, ses fautes lui sont pardonnées et il a le mérite de se blottir sous les ailes de la Présence divine, comme il est écrit: «Et sa terre a été pardonnée avec lui»; et même plus, s’il a mérité pendant sa vie la Terre de sainteté, il méritera que se pose toujours sur lui l’Esprit saint. Et celui qui réside dans l’autre domaine, c’est-à-dire en dehors de la Terre d’Israël, c’est l’esprit «autre», étranger qui se posera sur lui. CONSEILS TRES UTILES POUR REUSSIR SON ALYAH Le Choix d'un Lieu d'Alyah: Quel que soit l'endroit que vous choisirez pour faire votre Alyah, l'important dans une première phase, est de ne pas se séparer des communautés francophones, vous vous sentirez moins "dépaysés" et pourrez recevoir de précieux conseils de ceux qui ont de l'expérience. 133


Vous pourrez ainsi participer à une vie communautaire et familiale plus adaptée à notre mentalité et celle de nos enfants, et cela facilitera le choix des écoles. Sur le plan matériel: Il est important de comprendre comme nous l'avons expliqué dans ce fascicule que l'Alyah est une élévation spirituelle, et dans toute volonté de changement il y a un effort à fournir pour atteindre son but. Dans un premier temps il sera très important de ne pas prendre de responsabilités matérielles importantes et de ne pas investir son capital sauf si possible pour l'acquisition d'un bien. Même si le salaire vous parait insuffisant, et le niveau de vie pas à la hauteur de vos habitudes, soyez patients et vos efforts seront largement récompensés pour vous, vos enfants et les générations à venir. Sur le plan spirituel: Vous allez retrouver votre Peuple, ayez beaucoup d'amour pour lui, maintenant que vous allez participer à son perfectionnement essayez de ne "voir" que les choses positives. Enfin, le meilleur conseil est de fixer des temps d'études de la Torah et de s'y tenir.

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CONCLUSION Prendre la décision de «monter» en Israël pour y vivre définitivement n’est pas une chose facile. Pour une famille de nouvel immigrant, la question qui se pose presque systématiquement est: «De quoi allons-nous vivre là-bas?» Mais si l’on réalise ce qu’est «Eretz Israël» et le niveau que l’on y atteindra dans tous les domaines de la vie, on comprendra que le dicton talmudique «La récompense est fonction de l’effort» y trouve alors sa pleine application et signification; on comprendra que même si ces efforts nous coûtent, ce ne sera rien à côté du cadeau que D. nous a fait en nous donnant cette Terre de sainteté, comme il est écrit dans le Talmud Berakhot: «Rabbi Chimon bar Yo’haï nous enseigne: D. donne trois cadeaux merveilleux au peuple d’Israël et tous sont accompagnés d’épreuves. Ce sont: la Torah, Eretz Israël et le monde à venir. La Torah, d’où l’apprend-on? Comme il est dit: " Heureux l’homme que D. éprouve, et de Sa Torah Il lui enseignera."Eretz Israël, comme il est dit: " Comme le père corrige son fils, l’Éternel ton D. te corrigera"et juste après il est écrit: " Car l’Éternel ton D. t’emmènera sur cette bonne Terre. " L e monde à venir, comme il est écrit: " Car la bougie est comparée au commandement et la lumière à la Torah; le chemin de la vie, ce sont des remontrances de la morale (le chemin de vie étant toujours comparé au monde à venir).» Nos Sages ont posé la question: si c’est un cadeau, pourquoi faut-il l’accompagner d’épreuves. La réponse donnée est que ces trois cadeaux, D. les donne pleinement à Israël mais leur 135


niveau est tellement élevé que même avec des épreuves, cela reste toujours un cadeau merveilleux pour celui qui a compris ce qu’il reçoit. Rabbi Yossef Carol de Londres nous enseigne: le mot hébreu adam est constitué des 3 lettres alef, dalet et mem. Alef est la première lettre du mot hébraïque adam et donc assimilée à lui. Dalet représente le mot David et mem rappelle Machia’h (le Messie). Or, nous dit le Rav, d’Adam à David il y a 2854 ans et de David à l’année 5708 (=1948), année de la création de l’État d’Israël il y a 2854 ans, qui représente la lettre mem = Messie! BON VOYAGE!

Notre association «OHEL YESHARIM», «la tente des Justes», a été créé à la mémoire de notre ancêtre le Rav Yitz’hak BONAN zatsa"l (1762-1814), juge rabbinique de la communauté livournaise de Tunis (dont l’un de ses livres portait ce nom), ainsi que de son fils David BONAN zatsa"l, que leur souvenir soit pour nous une bénédiction. Si vous voulez aider à la publication de ce fascicule, le dédier à une personne ou tout autre demande, adressez-vous à ohelyesh@gmail.com Vous pouvez aussi retrouver notre livre sur: www.Lphinfo.com

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