Le cinéma a lire décembre 2014

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[ N°3 | DECEMBRE 2014 ] UNE PUBLICATION DE LA

L’AFFICHE DU MOIS Qu’est-ce qu’une affiche ? La vente aux enchères d’affiches de cinéma, notre illustraorganisée aux Studio, est l’occasion de nous tion), la beauté interroger sur la finalité d’une affiche de cinégraphique de ma. la composition, Sa fonction première est mercantile. Elle le souvenir est faite pour attirer les spectateurs dans les d’un film aimé, salles, et ce côté publicitaire lui vaut parfois le réalisateur, un certain mépris. Pourtant, sa conception un acteur sont n’est pas chose aisée. Elle doit, sur un espace autant d’élérestreint, résumer l’œuvre, nommer les difféments subjecrents protagonistes (acteurs, réalisateur…) et tifs qui peuvent contenter le producteur qui en est le commandonner envie ditaire. de l’acquérir. Bien qu’initialement conçue pour une durée Elle devient de vie éphémère, l’affiche retrouve une se- aussi, au fil du temps, une part de la mémoire conde vie auprès d’amateurs ou de collection- du cinéma. Elle représente son époque, un neurs. Le choix de l’illustrateur (Enki Bilal sur moment de notre vie.

Vente aux enchères d’affiches de cinéma 4 décembre 2014 | 18h30


RENCONTRE

Christophe Cognet Dans le cadre du Mois du film documentaire et en partenariat avec La Maison du souvenir de Maillé, la bibliothèque des cinémas Studio recevait, le 21 nov., Christophe Cognet, réalisateur du film documentaire Parce que j’étais peintre.

Ch. Cognet souhaite mettre son film dans le contexte de sa démarche artistique personnelle. Sa rencontre avec Boris Taslitzky , artiste peintre résistant interné à Buchenwald puis militant culturel (qui a alors 90 ans) est déterminante. Le réalisateur se rend dans différents camps de concentration pour en ressentir les vestiges avec son corps et décide de montrer, dans un film, les œuvres des déportés (principalement des dessins fragiles sur des supports improbables) sur les lieux mêmes où elles ont été créées. Il évoque la possibilité de 100.000 œuvres dont environ 30.000 ont été retrou-

vées et sont conservées dans des musées, des lieux de mémoire, chez les artistes. On a tous vu des photos ou des films sur les camps, Nuit et brouillard d’Alain Resnais par exemple. Ces images nous ont marqués mais elles ont, pour la plupart, été réalisées à la Libération par des personnes extérieures. Même si ce fut celui de grands réalisateurs comme John Ford ou Samuel Fuller pour l’armée américaine, ce n’est jamais le regard des prisonniers. Les œuvres montrées dans le film sont les images réalisées clandestinement par les victimes de la tragédie : elles révèlent les visages des déportés pendant leur internement et relatent l’horreur de leur vie quotidienne. C. Cognet précise :« On a besoin d’images pour penser » et celles du film vont modifier notre vision antérieure de l’enfer des camps. Beaucoup d’entre elles ont servi de témoignages, y compris dans les procès d’aprèsguerre. Montrant des scènes d’une horreur inouïe, elles sont d’abord des œuvres d’art réalisées par nécessité, parce qu’ils étaient peintres.

Si elles nous interrogent sur l’idée de beauté et sur la fonction de l’image, elles rendent compte de la dignité humaine et suscitent l’émotion. Le DVD du film est vente à la bibliothèque (22 €)

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FILM À VOIR ET À REVOIR

Larmes de joie

Mario Monicelli – 1962 Séance : Lundi 29 décembre 2014 – 19H30 Au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre, trois personnages vont réunir leur solitude. Tortorella, figurante de cinéma, se laisse entraîner dans un périple nocturne par Umberto, acteur de second plan et par Lello, un pickpocket à la petite semaine. Ensemble, ils vont écumer les soirées, espérant rentrer les poches pleines de quelques bijoux. Le film ne fait pas l’unanimité lors de sa sortie en France. Les critiques s’entendent pour louer Le Pigeon, sorti en 1958, dont le succès faisait espérer, avec Larmes de joie, un film aussi sarcastique et drôle. Il n’en est rien. « Cette comédie qui se voudrait désopilante, est aussi sinistre qu’un réveillon de la Saint-Sylvestre » clame Michel Mardore dans Les Lettres françaises [1]. S’il accorde un certain crédit au jeu des acteurs, « le générique a donc permis une curieuse confrontation de monstres sacrés », il ne trouve aucune qualité au scénario qu’il qualifie d’ennuyeux. Ph. P. fait le même constat dans Image et son [2] en regrettant que le metteur en scène n’ait pas poussé assez loin son sujet. « Ainsi, certains aspects de Larmes de joie apparaissent-ils comme sortant de l’ordinaire. Malheureusement ils disparaissent dans un flot de banalités et de longueurs. Peut-être Monicelli a-t-il eu peur de ces audaces ? » Certaines plumes, moins sévères, trouvent quelques qualités au film, sans pour autant crier au génie ! « C’est Mario Monicelli qui a réalisé avec son habilité coutumière, dans le style néo-réaliste italien

américanisé, cette bande sans prétention, souvent amusante, mais un peu traînarde. » souligne l’avis mitigé de M.D. dans Le Canard enchaîné [3]. Un demi-siècle plus tard, Larmes de joie ressort sur les écrans et son accueil change. De petite comédie poussive, le film passe au statut d’œuvre emblématique de l’Italie de la belle époque. « Le film commence comme une pièce de la commedia dell’arte usée où tout le monde est en surrégime, mais cette énergie un peu criarde trouve rapidement à se fondre dans les rouages d’une mécanique burlesque absolument merveilleuse de précision » [4] analyse Vincent Malausa dans Les Cahiers du cinéma. Même chose pour Lorenzo Codelli. Il conclut son article, dans lequel il décortique les références faites à la littérature et au cinéma italien (notamment la scène de la fontaine de Trevi, largement inspirée de La Dolce Vita de Fellini, sorti juste avant le début du tournage de Larmes de joie), par ces quelques mots, emprunts de nostalgie : « C’était ça l’époque bénie du cinéma italien ! » [5]. La valeur n’attend pas le nombre des années ? Ce lieu commun n’est pas de mise ici puisque tel un bon vin de garde, Larmes de joie semble pourtant s’être bonifié au cours des décennies. Les articles cités sont issus du fonds documentaire de la bibliothèque. Ils sont à votre disposition et vous pouvez venir les découvrir dans leur intégralité. [1] Les Lettres françaises – juillet 1962 | [2] Image et son n° 155 – octobre 1962 | [3] Le Canard enchaîné – 1962 | [4] Les Cahiers du cinéma n° 688 – avril 2013 | [5] Positif n°626 – avril 2013


VIDÉO EN POCHE

Oublier Cheyenne

entendre les dialogues intérieurs qu’elles s’adressent. Film de Valérie Minetto | France Le film tourne autour de quatre personnages Sortie : mars 2006 | durée : 1h30 centraux, dont on sait peu de choses, mais suffisamment pour deviner le bonheur derrière Sonia et Cheyenne s’aiment et pourtant, cet lequel ils courent. Et finalement, on comprend amour ne suffit pas à remplir le fossé idéologique qui les sépare. Sonia, prof de physique-chimie, mène une vie rangée qui la

contente. Cheyenne, journaliste au chômage en fin de droit rêve de décroissance et fuit le système en s’exilant dans une caravane à la montagne. Les kilomètres et les idéaux qui les séparent ne parviennent pas à éteindre les sentiments qu’elles se portent. Que peut-on accepter par amour ? Jusqu’où ne peut-on pas aller, même pour l’autre ? Aimer est-ce renoncer ou renoncer est-ce aimer ? Valérie Minetto pose ces questions à travers une histoire ordinaire, sans artifice ni rebondissement inutiles. Le désarroi de Sonia est au centre du film, même si la caméra suit la trajectoire de l’une et de l’autre et nous laisse

que le bonheur des uns se fera au détriment de celui des autres. Ce film est disponible dans notre catalogue de vidéos en poche*.

Nouveau dans le catalogue* •Master of the Universe de Marc Baudet •Ida de Pawel Pawlikowski •My sweet pepper land de Hiner Saleem

*La bibliothèque des Studio dispose du catalogue Vidéo en poche, qui vous propose un choix de films trop rares sur les écrans (fictions, documentaires, films d’animation). Le principe : contre 5 euros, vous repartez avec le film sur votre clé USB - liste des films disponibles : www.videoenpoche.info/index.php Le cinéma à lire | n°3 décembre 2014 2 rue des Ursulines, 37000 Tours | http://biblistudio.wordpress.com


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