Cinéma à Lire été 2015

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[ N°9 | JUIN-JUIL-AOÛT 2015 ] UNE PUBLICATION DE LA

LA VIE DE LA BIB Vente d’affiches Le fonds documentaire de la bibliothèque des Studio regorge de richesses dont une collection d’affiches de cinéma comptant plus de 10.000 titres. La plus ancienne est celle des Parents terribles de Jean Cocteau, édition originale de 1948, date de la sortie du film et illustrée par Hervé Morvan. Une partie de ces affiches est visible toute l’année dans les sous-sols de la bibliothèque. La totalité peut être vue lors des Journées Européennes du Patrimoine, dont la prochaine édition se tiendra le samedi 19 septembre 2015. Des expositions sont régulièrement organisées à l’occasion de rétrospectives, de venues de réalisateurs dans nos murs... Elles peuvent également être prêtées à des associations culturelles désireuses d’organiser des manifestations. Les affiches sont fournies par les sociétés de distribution des films, à l’occasion de leur pro-

grammation aux Studio. Pour chaque film, la bibliothèque conserve, dans la mesure du possible, 3 affiches, l’idéal étant d’archiver 1 grand format (150x120 cm) et 2 petits (40x60 cm) ou moyens (60x80 cm) formats. À l’occasion de la 31ème Nuit des Studio le 6 juin prochain (programme disponible sur le site des Studio ou à l’accueil du cinéma) la bibliothèque organise une vente d’affiches dans le hall principal à partir de 18 heures. Les affiches proposées sont celles des films des 20 dernières années pour lesquels la bibliothèque possède déjà la quantité requise dans son fonds. Cette année ce sont plus de 1200 affiches qui seront ainsi proposées à la vente pour un prix modique.


L’AFFICHE DU MOIS

Tout le monde il est beau... Premier film réalisé par Jean Yanne, Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil sort sur les écrans français le 5 mai 1972, le même mois que le film de Maurice Pialat Nous ne vieillirons pas ensemble dans lequel il joue et pour lequel il obtient le prix d’interprétation qu’il n’ira pas chercher en raison d’un désaccord entre lui et le réalisateur. Le film nous fait partager le quotidien d’une station de radio, domaine bien connu de Jean Yanne pour y avoir officié de nombreuses années. Il y interprète le rôle principal, celui d’un animateur radio qui se fait licencier pour avoir été irrévérencieux envers sa hiérarchie et les annonceurs de la station. Il utilise l’humour – pas toujours subtil – pour dénoncer les débuts de la société de consommation à outrance. Tito Topin, dessinateur de l’affiche, est né en Maroc, à Casablanca en 1932. Il a ensuite vécu au Brésil quelque temps avant de s’installer en France, en 1966. Illustrateur, il participe à divers compagnes publicitaires, fait des affiches de cinéma, de la bande dessinée (dont 2 avec jean Yanne : La Langouste ne passera pas et Voyage au centre de la C..ulture). Ami du réalisateur, c’est donc tout naturellement qu’il réalisa les affiches des premiers films de Yanne Moi y’en a vouloir des sous, Les Chinois à Paris, Chobizenesse. On lui doit aussi celles de Tout va bien, Les Poneyttes… Un gigantesque Jésus est dessiné au centre de l’affiche, à la façon pop, des années 70. Ses bras grand ouverts contiennent de nombreuses scénettes. Chacune d’elle illustre les paroles du générique, qui est lui-même le dessin animé des illustrations de l’affiche. Le CRS

dessiné face au jeune fait écho aux évènements de mai 68 et plus particulièrement aux violentes émeutes de la rue Gay-Lussac. On y voit également une représentation de la guerre du Vietnam, des famines au Bengladesh, des troubles au Proche-Orient, des conflits au Biaffra. Un mercenaire coupe un Biafrais en deux et s’en désaltère, comme le dit la chanson. Détail amusant : tout en bas de l’affiche, on peut voir un homme qui tombe, comme s’il glissait le long de l’affiche. On retrouve exactement le même personnage, à la même place sur l’affiche du deuxième film de Jean Yanne Moi y’en a vouloir des sous. Par la suite, Tito Topin est devenu écrivain et on lui doit une douzaine de romans. Mais ce que le grand public retient de lui c’est la série Navarro, avec Roger Hanin qu’il a créée en collaboration avec Pierre Grimblat.


DANS NOS RAYONNAGES

Tours, capitale du court métrage Les Journées internationales du court métrage, 1955-1971 par Donatien Mazany – Editions Anovi L’intention de ce livre est, comme le précise l’auteur, « de retrouver l’évènement, le revivre, participer à sa pérennité ». Au début des années 50, rentrant du Festival de Cannes, l’initiateur de la Fédération centrale des cinés-clubs (FCCC) et le directeur du CNC ont l’idée de réhabiliter les films courts, parents pauvres du 7ème art, diffusés jadis en première partie des longs métrages au cinéma. De son côté la ville de Tours souhaite organiser une manifestation culturelle qui se déroulerait chaque année. De leurs rencontres naissent « Les Journées internationales du court métrage de Tours » qui, à leur commencement en 1955 sont le seul festival en France consacré exclusivement au film de court métrage ainsi considéré comme une œuvre à part entière. De nombreux pays y seront représentés et montreront diverses sortes de films : films de cinéastes, de scientifiques, d’amateurs, d’animation, publicitaires, pour enfants. Un marché du film proposera des séances « para-officielles ». Un jury rassemblera des personnalités diverses : tourangeaux prestigieux (Max Ernst ou Jules Romains), artistes internationaux (Francis Poulenc, Man Ray, Marguerite Duras ou Patri-

cia Highsmith) et récompensera des cinéastes alors débutants : Chris Marker (1956), Robert Enrico (1961), Roman Polanski (1962)… Toute la ville de Tours s’animera alors à l’heure du cinéma, organisant de nombreuses expositions et les personnalités afflueront : François Truffaut, Alain Resnais, Agnès Varda… 200 journaux seront accrédités chaque année représentant la presse du monde entier. D. Mazany raconte le déroulement du festival émaillant son récit d’anecdotes pittoresques mettant en scène des lieux bien connus des tourangeaux : L’Olympia, l’ABC et… Les Studio où des films seront projetés en 1970 et 1971. Les raisons de la disparition du festival en 1972 sont complexes et ne tiennent pas seulement, d’après l’auteur, à l’attitude du maire de l’époque, Jean Royer. L’évocation de ce festival intéressera anciens et nouveaux cinéphiles car il appartient au patrimoine culturel de la ville de Tours et fait désormais partie de son histoire. Très documenté grâce à différentes archives (notamment celles de la bibliothèque des Studio), ce livre, paru en 2015, rend hommage à un festival d’hier qui a donné au film de court métrage ses lettres de noblesse.

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biblistudio.wordpress.com


VIDÉO EN POCHE

2 automnes 3 hivers

Film de Sébastien Betbeder | Français Sortie : décembre 2013 | durée : 1h33

À 33 ans, Armand, qui squatte l’appartement d’un copain parti à l’étranger et qui vit de petits boulots, décide de prendre sa vie en main. Il se met au jogging et percute Amélie au Jardin du Luxembourg, à l’intersection de deux allées alors qu’elle court aussi. Le hasard les fait se croiser une seconde fois. Armand vient au secours d’Amélie, agressée par 2 hommes dans la nuit. En plus de la flèche de cupidon, il reçoit un coup de couteau en plein cœur. Ce film n’est pas une énième comédie sentimentale sur les trentenaires. Le ton est diffé-

rent, le découpage du film, sous forme d’une quarantaine de chapitres, est singulier. L’histoire est ponctuée d’interventions des protagonistes, face caméra, qui racontent les évènements de leur point de vue. Ces monologues illustrent le décalage qui existe entre les situations vécues par le collectif et le ressenti individuel, et appuient sur la fragilité de mener à bien une relation amoureuse sur le long terme. Le style pourrait rappeler celui de la nouvelle vague française auquel Sébastien Betbeder aurait ajouté une pointe de modernité. Vincent Macaigne endosse parfaitement le romantisme un peu lunaire de son personnage. Maud Wyler l’accompagne, parfois radieuse, souvent inquiète. Entourés de seconds rôles hauts en

couleur, ils illustrent une génération qui peine à rejoindre le monde des adultes et à trouver sa place dans la société.

Nouveau dans notre catalogue* •Il était une fois en Anatolie de Nuri Bilge Ceylan •Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan

*La bibliothèque des Studio dispose du catalogue Vidéo en poche, qui vous propose un choix de films trop rares sur les écrans (fictions, documentaires, films d’animation). Le principe : contre 5 euros, vous repartez avec le film sur votre clé USB - liste des films disponibles : www.videoenpoche.info/index.php Le cinéma à lire | n°9 juin-juil-août 2015 2 rue des Ursulines, 37000 Tours | http://biblistudio.wordpress.com


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