[ N°6 | MARS 2015 ] UNE PUBLICATION DE LA
DANS NOS RAYONNAGES
laissée à la fois le personnage et ses films, analyse appuyée par la présentation de Fans de Woody Allen – et nous vous savons quelques-uns de ses héritiers : réalisateurs nombreux parmi les spectateurs des Studio et acteurs qui s’inscrivent chacun avec son – précipitez-vous vers notre bibliothèque ! originalité spécifique dans son sillage. Le tout est saupoudré de Un numéro hors-série cet humour (new-yorkais, des Inrockuptibles vous juif, philosophique ? ) y attend : Tout Woody qui fait de ce numéro Allen with love… Ce titre hors-série un fruit aciduaurait d’ailleurs pu être lé à déguster… En voici celui d’un film du réalisaquelques zestes : teur new-yorkais. « L’avantage d’être intelCe numéro retrace son ligent, c’est qu’on peut incroyable parcours penfaire l’imbécile alors que dant lequel il nous a offert l’inverse est totalement plus de quarante films en impossible ». bientôt cinquante années « Si je fais si bien l’amour, passées derrière (et souc’est que je me suis vent devant) la caméra. longtemps entraîné tout Au sommaire, des entretiens, une filmographie amplement commentée, des portraits et seul »… On vous interviews de ses actrices fétiches (parmi laisse méditer ! elles Kate Blanchett et Emma Stone) ou de ses muses. On y trouve également une analyse approfondie de l’empreinte qu’ont
Tout Woody Allen with love
RENCONTRE
Frank Lafond
Le 6 février 2015, la bibliothèque a reçu Frank Lafond, spécialiste du cinéma fantastique et de science-fiction, sujet sur lequel il vient d’écrire un dictionnaire de référence. Frank Lafond nous surprend en démarrant son exposé par l’ouvrage de Thomas More Utopia, écrit en… 1516 ! Le philosophe et homme politique anglais, y décrit l’Île d’Utopie : paradis de contentement, république qui exclut toute tyrannie. Dans son livre, il ne développe pas de trame narrative mais décrit plutôt un monde imaginaire, son projet étant de changer l’ordre établi. C’est un rêve social et politique qui propose des modèles communautaires. Cinq siècles plus tard, le cinéma ne fera que s’emparer de cette conception en développant des impulsions utopiques. Dès le début du cinéma muet par exemple, c’est à l’échelle domestique, dans l’intérieur
de la maison qu’une technologie utopique va prendre en charge les tâches ménagères, grâce au développement de la toute nouvelle électricité (Hôtel électrique de Segundo de Chomón – 1908). Le plus souvent, une société utopique se développe dans un lieu clos, protégé du monde extérieur, comme le montre Frank Capra dans Horizons perdus en 1937. C’est un paradis où des extra-terrestres sages et proches de la nature usent raisonnablement des avancées scientifiques (Le Vaisseau dans le ciel de Holger-Madsen en 1918). Parfois, c’est
une autre époque qui représente cette société rêvée (Croisières sidérales d’André Zwoboda en 1941). Les réalisateurs sont nombreux à avoir proposé leur version d’un monde idéal. Mais derrière ces visions, parfois simplistes, apparait une critique des institutions et des dérives qu’apporte le progrès (Metropolis de Fritz Lang en 1927). Dans La Vie future (1936), William Cameron Menzies dépeint un monde décimé par les guerres et les maladies que viendront sauver les occupants d’un curieux aéroplane. Mais la technique peut-elle prendre le pouvoir sans étouffer les voix dissidentes ? George Lucas invente également sa société utopique dans THX 1138, en 1971 : un univers monochrome standardisé et déshumanisé, où la vie en communauté prime sur le lien familial, où les hommes n’ont plus des noms mais des matricules. Ainsi l’utopie est un thème foisonnant permettant d’aborder tout type de sujet : le progrès technique, le bonheur, la démocratie, le pouvoir, le futur, la famille, etc faisant de la science-fiction et du fantastique un genre cinématographique à part entière qui mérite bien un dictionnaire.
L’AFFICHE DU MOIS
Barberousse
L’approche du Festival International de Cinéma Asiatique de Tours réveille en nous des envies de films nippons. Qu’y a-t-il de mieux que les réalisations d’Akira Kurosawa pour représenter ce cinéma ? Parmi une filmographie riche de 32 films, Barberousse (Akahige en VO), sorti au Japon en 1965 et en France en 1978, marque la fin d’un cycle pour le réalisateur. C’est son dernier film en noir et blanc. C’est également la fin d’une longue collaboration avec l’acteur
sawa responsable. De son côté le réalisateur révèle que Mifune est devenu difficile à diriger et qu’il n’a pas donné à son personnage la couleur que le réalisateur avait imaginé pour lui. L’affiche française naît sous les pinceaux de Bernard Dufour, peintre abstrait et figuratif, né à Paris en 1922. La majeure partie du visuel est occupée par le visage de Barberousse, dont la barbe s’étire et envahit toute la partie basse. Trois autres personnages sont représentés : deux à l’intérieur de la masse sombre de la barbe, comme s’ils venaient s’y réfugier pour chercher la protection du personnage, et un dernier, en haut à droite, dans une attitude de déférence. Aucun élément ne donne d’indication sur le sujet du film, ni sur l’histoire, ni sur l’époque. Seules des impressions de dureté, de tourmente émanent du graphisme sombre et du regard du visage principal.
Bernard Dufour a travaillé de façon très épisodique pour le cinéma. On lui doit également les affiches de Padre Padrone (Paolo Taviani, 1976), de Regards et sourires (Looks and Smiles de Ken Loach, 1981). Ses mains font une apparition sur les écrans de cinéma dans La Belle noiseuse (Jacques Toshirô Mifune. Akira Kurosawa et Toshirô Rivette, 1991) pour les scènes de dessin en Mifune ont travaillé ensemble sur 16 longs gros plan. Ce sont également ses tableaux métrages. Ce dernier est à l’origine de la dis- que l’on voit dans le film. corde qui va les séparer. Pour les besoins du rôle, Mifune est contraint de garder la barbe LE BLOG pendant les 2 années que dure le tournage. Encore plus de rubriques à découvrir sur le Cette transformation physique l’empêche de blog de la bibliothèque tourner dans d’autres films et le met dans une situation financière précaire dont il rend Kurobiblistudio.wordpress.com
VIDÉO EN POCHE
Quelques chiffres !
graphique comme le genre des films : - 6 films pour la jeunesse - 7 films d’animation ou de science-fiction pour adultes - 4 films historiques - des fictions, comédies narratives et drames humains contemporains de toute nature - une quarantaine de films qualifiés de documentaires dont la plupart n’ont pas été projetés aux Studio. Mais d’autres qui relatent des expériences individuelles ou dépeignent des rapports sociaux mériteraient aussi ce qualificatif ; C’est le cas par exemple de Non au Mac Drive (2010), Gagarinland (2011), Moi, la finance et le développement durable (2011), Parole de Bibs (2001), Un monde sans eau (2008)... Un documentaire n’est pas synonyme d’ennui. Que dire par exemple de Terre de la folie, récit très drolatique. Ces films sont aussi variés que les préoccupations et champs d’action contemporains. Vidéo en Poche est un cinéma ouvert sur le monde et ses problématiques. Il est engagé mais sans excès d’élitisme, accessible à tous. Ainsi, par ce mode de distribution original, Vidéo en Poche donne une deuxième chance à quelques titres parmi les meilleurs. L’article intégral, riche d’informations complémentaires, est disponible sur le blog de la bibliothèque.
C’est en octobre 2010 que les cinémas Utopia démarrent la vente de films sur clé USB. Fin janvier 2015, le nombre de films s’élève à 127, plus exactement 127 fichiers, chacun pour un coût de 5 euros. Car quelques films, en particulier ceux pour la jeunesse, sont regroupés par 3 ou même 5 (par exemple Louloup et autres loups). Environ 70 % des films Vidéo en Poche ont été projetés aux Cinémas Studio. Il n’y a donc pas d’antagonisme entre les choix des deux structures, plutôt une grande proximité. Rien d’étonnant à cela puisque la vocation première de Vidéo en Poche est de créer un outil pour les salles de cinéma d’art et d’essai. Les films proposés sont-ils des productions récentes ? Une bonne douzaine est sortie en salle avant l’an 2000 et presque la moitié dans la période 2000-2009. Il est rare que le délai entre la sortie en salle d’un film et sa disponibilité sur Vidéo en Poche soit inférieur à un an. Devant l’impossibilité de commenter chaque film (catalogue disponible en ligne et à la bi- Nouveau dans notre catalogue* bliothèque), essayons de dégager quelques •2 automnes 3 hivers de Sébastien caractéristiques de ce « florilège » cinématoBetbeder
*La bibliothèque des Studio dispose du catalogue Vidéo en poche, qui vous propose un choix de films trop rares sur les écrans (fictions, documentaires, films d’animation). Le principe : contre 5 euros, vous repartez avec le film sur votre clé USB - liste des films disponibles : www.videoenpoche.info/index.php Le cinéma à lire | n°6 mars 2015 2 rue des Ursulines, 37000 Tours | http://biblistudio.wordpress.com