BIKINI avril-mai 2011 n°1

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AVRIL-MAI 2011 #1



TEASING

À découvrir dans ce numéro... « LES BARS BRANCHÉS SONT MORTS » E X T R AT E R R E S T R E S

«  F A I R E D U PAT I N E T S E B A T T R E  »

« ON REPRÉSENTE LA CAMPAGNE » C A F É ALLONGÉ

U N S TA D E

« S E X - T O Y POURRI L U D I Q U E »

JEUNES CHARRUES


ÉDITO

DO IT YOURSELF Créer un magazine de A à Z, de sa réflexion jusqu’à sa production : c’est de cette envie qu’est né BIKINI. S’appuyant sur des références et des codes qui lui sont propres, ce nouveau titre souhaite apporter un contenu éditorial neuf en Bretagne. Gratuit et indépendant, ce bimestriel a l’ambition de porter un regard différent sur l’actualité culturelle et sociétale. Et ainsi d'apporter une voix de plus à la presse régionale. Média culturel au sens large du terme, BIKINI traitera avec la même considération l’ensemble des phénomènes. Qu’ils soient minoritaires ou grand public, émergents ou installés, indé ou institutionnels. Tous les acteurs nous intéressent. Nous avons la même curiosité pour un artiste confirmé que pour un newcomer, du moment qu’il défend un projet cohérent. Car, en témoin privilégié de la pop culture, BIKINI se revendique mainstream et pointu, spécialisé et transversal. Le dynamisme culturel est une réaction en chaîne à tous les niveaux. Seule l’action est importante, pas son domaine d’exécution. La rédaction

SOMMAIRE 6 à 17 18 à 23 24 & 25 26 à 29 30 & 31 32 à 37 38 à 51 52 & 53

WTF : Sexy Sushi, nanars, café allongé, concerts pour les kids, Stunfest, marques bretonnes de fringues, Mark The Ugly, Serge Teyssot-Gay, Dorcel Store, Agitato, Seth Gueko, Qhuit, John-Harvey Marwanny, anti-agenda... La plouc culture est-elle branchée ? Papier Toilettes « J'ai rencontré un Raëlien » Chattes Roulettes Jeunes Charrues : et après ? RDV : The Last Morning Soundtrack, Im Takt, Baru, Misteur Valaire, I come from pop, Žilda et Metronomy Vide ton sac... Yelle

54 BIKINI recommande

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avril-mai 2011 #1

Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Jasmine Saunier / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Photographes : Justin Bihan et Tristan Huet / Consultant : Amar Nafa / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (Saint-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Abir Ajouz et Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2011.



WTF

SEXY SUSHI VA-T-IL TUER MANSFIELD.TYA ?

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LE CHIFFRE

MOITIÉ DU SAGE DUO MANSFIELD.TYA, JULIA LANOË EST DE PLUS EN PLUS ACCAPARÉE PAR SON AVATAR DE REBEKA WARRIOR, LA BARGE BEUGLANT DES INSANITÉS AU MICRO DE SEXY SUSHI.

Clément Gino

DR

« REPRÉSENTE »

Nom : Ladylike Lily Activité : Folkeuse Actu : Représente la Bretagne au tremplin Découvertes du Printemps de Bourges (du 20 au 25 avril) Pas toute seule : L'electro expérimentale de Monkey & Bear portera également les couleurs de la région

COUP DE BEAT

sextape Dans sa dernière production, J-Zen a samplé des musiques de films de boules des années 1970. Le résultat : poilant, jouissif, bien léché. Et dispo en libre téléchargement. Pour les amateurs, le jeune producteur est à l’affiche du festival Dooinit, le 2 avril, à Rennes.

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Rico Forhan

C’est le nombre d’avant-premières que Yelle assure sur la tournée britannique de Katy Perry. Dernière date de leur périple commun : le 9 avril à l’Arena Square de Londres.

******O U I ****** ******N O N ****** Les zinzins électro-punk Sexy Sushi peuvent avoir raison des appliquées Mansfield.TYA. Parce qu’envisager une cohabitation sur la durée entre les deux, c’est comme imaginer une collocation entre Gérard Baste et Alela Diane : irrémédiablement, le bac à légumes du frigo commun se transformera en réserve à bières. Entraînant la fuite de la délicate folkeuse face aux rires rotés du bonhomme. Car le trash l’emporte toujours sur le sage et le projet indé-dark des mignonnes nantaises pourrait ne pas survivre à l’inattendu succès de la méchante gouailleuse Rebeka Warrior et de son pote Mitch Silver. Sexy Sushi, le 9 avril, au festival Panoramas (Morlaix). Mansfield.TYA, reprise des concerts en septembre 2011

Sexy Sushi n’est pas une version Mad Max d’Attila le barbare. C’est une récréation bordélique qui a jusqu’ici laissé toute la place nécessaire à l’expression de Mansfield.TYA, leurs concerts s’alternant à un rythme régulier. 2009 : année du duo féminin avec plus de 40 scènes contre 20 pour le binôme white trash. 2010 : millésime Sexy Sushi avec une trentaine de performances contre une petite dizaine pour les deux copines. Et on peut faire confiance à la talentueuse schizophrène Julia Lanoë/Rebeka Warrior pour continuer à faire vivre ses deux personnages, elle qui expliquait dernièrement aux Inrocks son admiration pour « les gens qui font un peu tout à la fois ». Pas folle la Nantaise, juste multiple. Régis Delanoë


COMMENT FAIRE UN BON NANAR ? LES CHAMPS LIBRES CONSACRENT UNE RÉTRO SUR LE CINÉMA EN BRETAGNE. 300 FILMS Y ONT ÉTÉ TOURNÉS, DONT DES NAVETS DEVENUS CULTES. ON LES DISSÈQUE AVEC PIERRE NÉDÉLEC, COMMISSAIRE ÉXÉCUTIF DE L'EXPO. UN TITRE UN DéCOR « Ces années marquent le début du tourisme de masse. Ces comédies sont donc tournées sur le littoral », note Pierre Nédélec. La plage, le port, la falaise, le phare… Le territoire est marqué, parfois avec des gros sabots, surtout dans les comédies de vacances.

Studio Canal

Les années 1970 ont offert au cinéma des titres de films franchement poilants. Les nanars bretons n’échappent pas à la règle : Touch’ pas à mon biniou, Vos gueules les mouettes, La frisée aux lardons… « C’était l’époque des comédies françaises qui avaient une grande liberté de ton », explique Pierre Nédélec.

UNE AFFICHE DES PERSONNAGES Le marin, le curé, l’alcoolique, la Bigoudène... Les nanars ont exploité les stéréotypes. Elément important de ces personnages : la grivoiserie. Sur une terre bigote, les personnages ne se font pas prier quand il s’agit de baiser ou de reluquer le cul d’une écolière.

Les nanars bretons, c’était l’époque des affiches dessinées. Dans une période marquée par l’arrivée des magazines Fluide glacial et L’Écho des Savanes, les affiches y vont franco et n’hésitent pas à montrer une paire de fesses ou de nichons. Des visuels qui s’accordent savoureusement

avec leur titre et leur casting génération nanar : Bernard Menez, Pierre Mondy et Henri Guybet pour les plus fameux. Julien Marchand La Bretagne fait son cinéma, jusqu’au 28 août aux Champs Libres à Rennes

Le café allongé est-il de retour ? AltoCafé, Mc Café, French Coffee... les enseignes de coffee house se multiplient et de nouveaux franchisés devraient ouvrir à Rennes, Quimper et Lorient. La contre-attaque du jus de chaussette ? ça plaît aux jeunes. Trustée par Starbucks, l’image des coffee house doit sa popularité à un concept : le lieu générationnel. « Le marketing a horreur du vide. Alors après le café de bol, celui de tasse et Nespresso, le café pour les jeunes est né en France dans les années 2000 », explique Patrice Duchemin, sociologue de la conso. Pour plaire, ces enseignes misent sur l’ambiance (les canap’), une boisson allongée customisable (les sirops aromatisés) et la mobilité (le gobelet en carton à emporter). « Il est intéressant de voir ces jeunes femmes avec leur gobelet de café dans la rue, ajoute Patrice Duchemin. C’est l’influence Sex and the City : on est dans une consommation démonstrative et extravertie.»

Nespresso influence. Ce n’est pas parce que ces cafés sont « le contrepied du troquet du coin » que leur succès est assuré, estime Bernard Boutboul, de Gira Conseil, une agence qui a conseillé Starbucks avant son arrivée en France. « 80 % des Français boivent leur café avant 14 h, à la différence des Anglo-Saxons qui en prennent toute la journée. » Pour cet expert de la conso, le café allongé est dead. La faute à Nespresso. « L’expresso et sa mousse sont perçus comme des gages de qualité. La proximité italienne joue là-dedans. » Un élément compris par McCafé qui possède aujourd’hui cinq espaces en Bretagne. « Il y a quinze ans, McDo proposait des pancakes et du café allongé. Aujourd’hui, c’est croissant et expresso. » J.M 7


WTF

QUEL CONCERT VOIR AVEC SON PETIT FRÈRE ?

ÂGE TENDRE ET TÊTE DE PUNK

1981

Entre DEUX tournéeS de Champomy, les spectacles jeune public apportent leurs premières émotions scéniques aux kids. Faut-il privilégier les concerts à l’heure du goûter ?

Christophe Goussard

Le 8 avril à l’Ubu, à Rennes, une soirée souvenir réunira les grands noms du keupon BZH de l’époque. Au programme : Kalashnikov, Trotskids, Frakture, P38 et Wart. L’occasion de ressortir ses Dr. Martens et de pogoter à l’ancienne.

Miss.Tic; avec l'accord de la galerie W

L’EXPOSITION

Après Troy Henriksen l’an dernier, c’est la plasticienne Miss.Tic, adepte du pochoir, qui a été invitée cette année par Art Rock pour habiller les 3000 m² de l’ancien Monoprix. C'est aussi elle qui a réalisé l'affiche de l'édition 2011. Ses œuvres seront visibles pendant un mois à partir du 9 juin.

LE RENDEZ-VOUS

apéritif Venir à un concert sans savoir qui va jouer ? C’est ce que propose cette saison l’Échonova, à Saint-Avé, avec ses apéros-sonores secrets. Un artiste à découvrir autour d’un verre. Le 21 avril et le 12 mai, à 19 h. Gratuit.

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Revisiter 50 ans de musique rock avec des instruments Playskool. The Wackids (photo) a un concept simple mais plutôt sympa. Un Toy Story musical où les enfants découvrent les classiques du genre : Chuck Berry, les Stones, AC/DC... Pour les kids ? Pour une fois qu’on ne propose pas aux gosses des chansons débiles, c’est bien. Pour vous ? Idéal pour tester sa culture rock et dragouiller la babysitter d’Enzo, le copain de classe de votre frère. The Wackids, le 19 avril à L'Echonova (Saint-Avé) et le 20 avril au Run ar Puñs (Châteaulin)

Moins fun et plus intello, des rendez-vous font le choix de la douceur. Exemples : les Instants Thés de l’Antipode à Rennes et prochainement, à Brest, le spectacle L’ourson et autres contes russes. Un ciné-concert mélangeant dessin animé russe et poésie. Des moments Cajoline. Pour les kids ? Parfait pour calmer les chiards avant le Knackinouilles du soir. Pour vous ? Une douce parenthèse qui vous fait oublier René La Taupe et Helmut Fritz. L’ourson et autres contes russes, les 20 et 21 avril à la Carène (Brest)

Les enfants sont bon public. C’est sur cette corde que jouent les formations “Écoute ta mère et mange ton short” et “Super Mosai et Pas Mal Vincent”. Si les premiers apparaissent comme des Fatals Picards pour moins de dix ans (pléonasme), les seconds se la jouent super-héros. Au programme : histoires enfantines, slogans Nutella et humour d’animateurs sociocu’. Pour les kids ? « Waaa trop rigolo celui avec sa grosse guitare. » Pour vous ? Pas plus niais qu’un concert de Tryo. Écoute ta mère et mange ton short, le 17 avril, à l’Asphodèle (Questembert) Super Mosai et Pas Mal Vincent, le 15 avril, à l’Omnibus (Saint-Malo)

J.M


Sébastien Roignant

FIGHT : 2D vs 3D ?

UNE COMPÉTITION DE BASTON VIRTUELLE A LIEU AU FESTIVAL STUNFEST. LA 2D Y FAIT DE LA RÉSISTANCE. Round 1 Seulement deux des dix jeux en compet’ sont en 3D : Tekken et Soul Calibur. La star incontestable est Super Street Fighter IV, jeu de baston 2D. Selon Aymeric Lesné de l’asso organisatrice, « c’est le jeu parfait pour tuer un quart d’heure avec ton pote ». Verdict : 2D win. Round 2 Graphiquement, 2D et 3D se valent. L’univers manga est présent, avec couleurs flashy et personnages connus des gamers. « Ryu, Ken, Akuma… Qu'on soit en 2D ou en 3D, chaque compétiteur choisit son favori en fonction de ses points forts. » Verdict : égalité. Round 3 Niveau jouabilité, la 2D façon plate-forme l’emporte largement. « Les nouvelles consoles ne sont pas faites pour le jeu de baston qui nécessite le bon vieux joystick, explique Aymeric. Idem avec la 3D, c’est moins maniable car il est difficile de tourner autour d’un adversaire. » Verdict : 2D par KO. R.D Stunfest, du 29 avril au 1er mai, campus Beaulieu à Rennes 9


WTF

QUI PORTE LES MARQUES BRETONNES ? ROOTS, BREIZHOU OU BIEN LOL, LES MARQUES DE FRINGUES DE LA RÉGION CULTIVENT LA FIBRE TRIBALE. POUR L’ARRIVÉE DE LA SAISON PRINTEMPS/ÉTÉ, ON LES DÉCRYPTE PAR FAMILLES AVEC karine picot-coupey, prof de MARKETING À RENNES 1 ET SPÉCIALISTE DES enseignES VESTIMENTAIRES. LES SURFEURS ET VOILEUX

Un style sobre qui ne triche pas avec la tradition : pull marin zébré, ciré jaune de rigueur, vareuse de gros coton, gwenn-ha-du imprimé sans artifice sur un polo coupe droite. Idéal pour : taper le carton avec ses beaux-parents après un bon plateau de fruits de mer. Les marques : Armor Lux, Guy Cotten, Stered... L’avis de l’experte : « D’abord destinées à un public nautique, ces marques connaissent un renouveau et élargissent leur cible. Grâce à leur ancrage historique, elles bénéficient de la mode actuelle du retour à l’authenticité. »

Du fashion, du cool, du ample qui plaît bien aux esprits libres pour qui le surf, tu vois, c’est d’abord un état d’esprit, une communion avec Dame nature, un revival beatnik. Idéal pour : taper un bœuf au ukulélé le soir sur la plage sans se cailler les roustons. Les marques : Kanabeach, Hoalen, Breizh Punishers... L’avis de l’experte : « Leur référant marketing est le style de vie. Ces marques revendiquent un lien avec la nature. La valeur liberté prime également et permet d’internationaliser le discours. Pour preuve, le slogan de Kanabeach, “all different but all together”. »

LES BREIZHOUX

LES COMIQUES

De la revendication politique 100 % coton : croix noire sur fond blanc, élevage d’hermines sur le poitrail et slogan qui claque, en brezhoneg évidemment. Idéal pour : taper un CRS avec ses dix potes indépendantistes devant la sous-préf’ de Châteaulin. Les marques : Emsaver, Shop Breizh... L’avis de l’experte : « La stratégie marketing est clairement plus confidentielle. On se situe sur un marché de niche, avec pour cible une clientèle locale engagée culturellement, voire politiquement. Ce type de produits ne peut se trouver que dans des régions à forte empreinte identitaire. »

Vaste gamme de sérigraphies pour les amateurs de bons mots et galéjades pur beurre salé. À croire que les clichés sur la région sont indéfiniment déclinables en gag. Idéal pour : se taper une meuf en festival, après l’avoir fait craquer avec le « sex-toy breton » représentant un menhir. Les marques : À l’Aise Breizh, Momo Le Homard, Paria... L’avis de l’experte : « Le marquage identitaire est très fort, mais tourné en dérision. L’image véhiculée se veut jeune. Pour ne pas risquer de tourner en rond, ces marques doivent faire preuve d’une imagination constante. »  R.D

DR

LES CLASSIQUES

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CORBEILLE Notre anti-sélection des concerts. Quand franchise et mauvaise-foi ne font qu’un. Ben L’Oncle Soul Selon le site des Inrocks, Seven Nation Army est le morceau le plus massacré des années 2000. Malgré son air benêt, le soulman est loin d’être innocent dans cette affaire. Pire : en parachevant l’œuvre initiée par les gros cons beuglant « po po lo po po po po », il a précipité le split de Meg et Jack White. Le 13 avril à Rennes

Grégoire Ce week-end-là, on a prévu d’aller dans le Finistère. Alors si le champion de My Major Company pouvait éviter de geindre, ça serait gentil. Qu’on puisse jouer au foot pénard dans le jardin. Le 24 avril à Plougastel

Cali Il est fan de U2. Le 19 mai à Rennes

Zaz Il paraît qu’elle est sincère quand elle chante. Je le suis aussi quand je fais de la mousse au chocolat, ça ne m’empêche pas de la foirer à chaque fois. Le 31 mai à Brest

La rédaction

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WTF

mark The Ugly aime-t-il le foot breton ? Affreux et méchant, Mark The Ugly vomit sa mauvaise foi chaque semaine sur le site du magazine So foot. Quand il s’agit de donner son avis sur les clubs bretons, le vilain ventile façon puzzle. Stade Rennais

FC Lorient

Saison : « Ouais c’est pas mal… pour une équipe de catcheurs. En Ligue 1, ça fonctionne. C’est une équipe dure à jouer, qui aime mettre des brins. Le plus fort, c’est quand même de jouer le titre en gagnant à l’extérieur une fois tous les six mois. Après, j’aime bien Antonetti avec son cheveu sur la langue. Et puis, il y a Salma, un bon point. Là, tu sens quand même qu’elle fait ses 40 balais, t’as qu’à voir son cul… » Prono : « Ils seront dans les cinq, sûr. Quoique ce ne serait pas cohérent avec le passé, vu qu’à chaque fois ils se font baiser à la fin. »

Saison : « Un coup de gueule : le synthétique. Oh les mecs, vous n’êtes pas dans votre piaule, on ne joue plus sur une moquette. Gourcuff qui accepte de faire jouer son équipe sur du SaintMaclou, c’est triste. Je préfère voir un vrai match de foot sur un champ de patates que 22 mecs en moulé à Lorient. Sinon Gameiro, j’aime beaucoup. Il doit se barrer mais dans un club où il est sûr de jouer. Koscielny ? Ce joueur est une merde, ça se saurait si Wenger savait recruter. » Prono : « Le maintien. Pour une équipe pareille, c’est déjà beau. »

S E P T I È M E

Stade Brestois Saison : « Je kiffe ! Bon, je n’y suis jamais allé, mais ça m’a l’air cool : l’ambiance, le stade pourri, le coach Alex Dupont qui me fait marrer. Je pense que c’est une ville qui a durablement sa place en L1, bien plus qu’un… Nancy par exemple. » Prono : « À la 10e, 12e place. »

É D I T I O N

F E S T I V A L D E D A N S E & D E S A R T S A G I T É S

18 > 21 MAI 2011

LE TRIANGLE RENNES

W W W.L E T RIA NGL E .ORG - 02 99 2 2 27 27

Recueilli par R.D

L’OBJET Né en 1985 sous forme de porte-clés en plastoc, le fingerskate a explosé commercialement dans les années 2000. Le festival Urbaines met la mini-planche à l’honneur. Des ateliers seront proposés en marge de concerts hip-hop. Du 2 au 7 mai, à l'Antipode à Rennes. sur le Facebook de BIKINI

LE PAYS La Belgique est à l'honneur pour la 10e édition des Rencontres du cinéma européen. Parmi les avantpremières à surveiller : Hitler à Hollywood. Ce faux-documentaire, du Bruxellois Frédéric Sojcher, raconte l'histoire d'un film tourné en 1939 mais qui ne sera jamais projeté. L'enquête se tourne alors vers l'industrie du ciné US... Du 13 au 19 avril, à Vannes

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Tcho Antidote

QUI ES-TU SERGE TEYSSOT-GAY ?

Il a fait la Une pour avoir précipité la fin de Noir Désir. Mais il vaut bien plus que ça. Un guitariste d’exception Si Cantat était l’âme charismatique de feu Noir Désir, le son du groupe, clairement c’est Sergio. Exemple avec Tostaky, ce riff caractéristique et cet ahurissant solo final. Puis plus tard avec son pote syrien Khaled Aljaramani pour Interzone et ce dialogue guitare/oud. Un militant de l’ombre Celui qui est à l’origine du titre de l’album Dies Irae (« Jour de colère ») multiplie les collaborations humanistes : participation au collectif Liberté de circulation, ateliers musicaux avec des détenus, mise en musique de textes engagés, etc. Un homme libre S’il a préféré mettre un terme officiel à Noir Désir en novembre, il en était déjà le membre le plus insaisissable. Touche-à-tout, Sergio a goûté au projet solo, à la musique orientale, au style musico-littéraire, au hip-hop avec la Rumeur et enfin au free rock transgenre avec Zone Libre. R.D Zone Libre feat. Casey & B. James, le 14 avril à l’Antipode, à Rennes 13


WTF

Pourquoi les boutiques Marc Dorcel sont-elles toutes dans l’Ouest ? Après Lanester, Brest et Saint-Herblain, le pape du porno chic a implanté sa nouvelle grande surface du sexe à Rennes. Explication faciale avec Michel Jézéquel, le gérant des magasins. pauvre que les autres régions en matière de sex-shops. Depuis 2006, les Dorcel Stores affichent un nombre de clients et un chiffre d’affaires supérieurs aux prévisions.

L’objectif à terme, c’est quoi ? Devenir une franchise ? Nous le souhaitons dans un avenir proche. Beaucoup d’indépendants nous contactent. Mais les banques restent encore frileuses Tenir une boutique de charme pour les franchises de charme car dans la région, c'est un bon plan ? elles n’ont pas assez de recul sur C’est un bon marché. Il y a ces enseignes. Le test breton et la pas mal de clubs libertins, ça crédibilité de Dorcel peuvent les aide. La Bretagne n’est pas plus convaincre.

Dorcel

Le 4e Dorcel Store a ouvert à Rennes. Encore une ville bretonne, pourquoi ? Quand la société Marc Dorcel a ouvert sa première boutique en 2006 à Lanester, l’objectif était de développer d’autres magasins dans la région avant d’en implanter ailleurs. Pourquoi la Bretagne ? J’y habite et je travaille pour Marc Dorcel depuis 1993, le choix s’est fait ainsi.

Juste par curiosité, c’est quoi le produit qui se vend le plus chez vous ? Le rabbit. Un sex-toy ludique, design et esthétique. On n’est plus sur le pénis de base. Recueilli par J.M

ALORS ON DANSE ? THE SHOW MUST GO ON EN FÉVRIER, MP3 EXPERIMENT et ANTICODES EN MARS, LE FESTIVAL AGITATO EN MAI… MAIS POURQUOI TOUT LE MONDE VEUT NOUS FAIRE DANSER ? LE PUBLIC LE VEUT…

… LES ORGANISATEURS AUSSI

Les amateurs de danse like to move it, move it. En février, Jérôme Bel a ainsi proposé à une vingtaine de Rennais de participer à son spectacle The Show Must go on à l’Opéra. Idem à Brest, au festival Anticodes, où des non-professionnels ont été castés pour une soirée au Grand Théâtre. L’an dernier, le festival Agitato, avec son « mp3 experiment », avait réuni 400 personnes pour une déambulation chorégraphique. Un coup retenté par le festival des Coquecigrues. Mais pourquoi les gens veulent danser ? « Les amateurs sont avertis, beaucoup ont déjà fait des ateliers. Ce n’est plus le même public qu’il y a vingt ans », répond Charles-Edouard Fichet, directeur du Triangle et boss d’Agitato.

Une envie de bouger qui permet aussi aux organisateurs de spectacles de créer des événements qui détonnent de leur programmation prévue à l’année. Cela attise la curiosité des médias et augmente la notoriété de ces rendezvous. Le directeur du Triangle reconnaît d’ailleurs que, l’année dernière, c’est surtout le « mp3 experiment » qui a marqué les esprits. « Cela fait venir des gens qui ne seraient pas venus forcément, ce qui est bien. » Pour l’édition 2011 d’Agitato, le participatif reste donc au programme, avec des « invitations à danser ». J.M

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Festival Agitato, du 18 au 21 mai, à Rennes sur le Facebook de BIKINI


Fifou pour Fish High (DR)

UN CINQ À SETH GUEKO ?

pour Son camping-car tour, le gipsy king du rap français passe PAR rennes. UNE « TÊTE DE ROUMAIN » à CINQ VISAGES. Un forain Comme Delarue, Seth Gueko va faire une tournée sous le signe du camping-car. Fasciné par l’univers gitan, il évite les clichés du gangsta rap, préférant les roulottes aux piscines remplies de bombasses. Un punchliner « Sous vodka/pomme, mal rasé comme Joe Dalton », il a fait de ses bons mots sa marque de fabrique. Un enfant du ciné Amateur de Louis de Funès, Michel Audiard et Poelvoorde, il sort des références que d’autres rappeurs ne doivent pas comprendre. Un mec vulgaire Il n’y va pas à moitié quand il s’agit de déblatérer. Il assure que c’est du second degré mais cite Bigard comme excuse : « c’est très français d’être vulgaire. » Pas faux. Un fan de rock alternatif Bercé par les Bérus et la Mano Negra, il a repris Salut à toi. Au Mondo, Seth jouera à la maison. J.M Le 13 avril au Mondo Bizarro, à Rennes 15


WTF

LE T-SHIRT D’ALCOOLO EST-IL PASSÉ DE MODE ?

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L’ ANNIVERSAIRE

AVINÉE ET HIP-HOP, LA MARQUE QHUIT VIENT DE SORTIR SA NOUVELLE COLLEC. UNE ACTU QUI NOUS TURLUPINE : LE COCKTAIL BIBINE ET FRINGUES EST-IL TOUJOURS TENDANCE OU A-T-IL LA GUEULE DE BOIS ?

Mythos, le festival des arts de la parole, fête ses quinze ans. Le moment le plus marrant de son annif devrait être la comédie musicale de Didier Super. Du 12 au 17 avril à Rennes.

Frederic Leschallie

LE COME-BACK

Cinq ans après la sortie de leur 2e album, les gars de Stupeflip sont de retour avec Hypnoflip invasion. « Entre Public Enemy et Isabelle Boulay », le crew ne change pas de recette et vous invite à sa table le 14 mai, à Rennes, au festival Rock’n Solex.

LE MOT

facebook

C’est le terme le plus recherché ces douze derniers mois sur Google par les internautes bretons. « Youtube » et « Bon coin » complètent le podium. Signe des temps, « Pôle emploi » est l’une des recherches qui affiche la plus forte progression en Bretagne : + 60 % par rapport à l’année précédente.

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le tradi domine. Un coup d’œil dans la rue suffit à réaliser l’incroyable retour du classique. Chemises à carreaux, polos, couleurs tradi : les codes bourgeois reviennent en force, à peine revisités. Quelques irréductibles affichent toujours un logo de marque de bière sur leur t-shirt, mais les rangs s’éclaircissent. D’origine brestoise, aujourd’hui basée à Paris, la marque Qhuit, et sa devise karmique « Bibine Forever », fait de la résistance et constitue un emblème du vêtement éthylique. Mais voilà, si les premiers modèles arboraient slogans alcoolisés et graphisme tombé dans le tonneau, les faces de poivrots se sont désormais raréfiées au profit d’imprimés plus sobres. Pour Rhum-G et Mook, créateurs de la marque, on ne peut pas pour autant parler de tournant. « On avait dix ou quinze pièces dans la première collection alors, forcément, les modèles explicitement alcooliques se voyaient plus. » Qhuit justifie l’utilisation de l’imprimé alcoolo dans le cadre de son univers délirant, et non comme fil directeur. « C’est plus un esprit de teuf qui se dégage des visuels. »

mais il mute. La marque a mûri, comme nous tous, mais la fête est toujours là. Aujourd’hui, Qhuit se revendique d’un streetwear mâtiné d’inspiration saucisson. Et pour la bibine ? L’alcoolo-trash a déserté la rue, mais le délire reste, en filigrane. En témoignent quelques modèles comme le « Jesus saves alcoholics too ». « C’est un peu plus subtile que juste des mecs bourrés », résume Rhum-G, lui-même vêtu d’un hoodie «  gathering of the drunkyards ». Moralité : naissance d’un genre, le chic alcoolique. Jasmine Saunier


APRES LE SUCCÈS DE SON JEU « PLAN SOCIAL  », JOHNHARVEY MARWANNY PUBLIE UN GUIDE BILINGUE DE CONVERSATION AMOUREUSE.

DR

FAUT-IL DRAGUER EN ANGLAIS ?

Quelles sont les principales règles de l'amour à l'international ? L'essentiel est simple : il faut s'exprimer en anglais. C'est d'autant plus crucial que les étrangers adorent l'anglais parlé avec l'accent français. C'est hormonal, cela les excite. Or, s'exprimer en anglais avec un accent français, c'est exactement ce que vous propose mon nouveau guide. Je suis à Londres, une fille me plaît, je ne parle pas anglais, que faire ? Foncez bon Dieu, mon petit Julien ! Une petite astuce cependant : si elle est jolie, ne vous contentez pas de lui dire cela. Faîtes-lui plutôt un compliment sur sa coiffure, un vêtement... Ainsi, plutôt que de la renvoyer à son simple physique, vous lui direz en substance qu'elle a bon goût, ce qui commencera à entrouvrir les portes de son cœur, et surtout plus si affinités. Est-ce plus facile de draguer en français ou en anglais ? En anglais, vous bénéficiez du facteur exotisme qui vous fait marquer automatiquement dix points de plus. Recueilli par J.M Depuis le 28 mars en librairie

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DOSSIER

LA PLOUC CULTURE EST-ELLE BRANCHテ右 ?

RAP RURAL, SAUCIFLARD SUR LE COMPTOIR ET ACCENT BRETON... LE LIFESTYLE DE NOS CAMPAGNES SORT DES BLEDS ET FAIT SON ENTRテ右 DANS LA POP CULTURE. LA REVANCHE DES BOUSEUX ? 18

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DOSSIER

loucs, paysans, campagnards, bouseux… La culture française a rarement donné une image flatteuse des mecs qui habitent dans des bleds. Le plus souvent ignorés, les provinciaux underground n’ont jamais eu leur part du gâteau dans la pop culture made in France. À l’inverse des lads anglais qui, pour les plus célèbres, ont réussi à sortir de leur trou et à devenir branchés sans être estampillés London city : Blur, Mike Skinner et Arctic Monkeys en tête, accent cockney en prime. Si les 2000’s ont fait la part belle à la hype chiante (bobo-hippie-chic, bars lounge et albums de Charlotte Gainsbourg), ces dernières années ont vu naître l’engouement pour le cheap (lire éclairage p.23) et la réaffirmation de l’identité plouc. Rappeur rural, MC Circulaire est l’un des fers de lance de ce revival. Avec son maxi sorti en 2007, il a réussi à mettre les pieds du hip-hop dans le lisier. Ses morceaux parlent d’aprèm à glander dans les arrêts de car, du bas débit, de bars de merde, de 103 SP, de cuites au terrain de foot, de bastons les jours de derby… « J’ai grandi jusqu’à mes 15 ans dans le centre Morbihan, avant de déménager à Saint-Hilaire-des-Loges, en Vendée. Alors l’esprit plouc, ça 20

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son quotidien dans le répertoire de la pop culture, en mélangeant esprit hip-hop et background plouc. Ce qu’avait aussi expérimenté l’écrivain Pierric Bailly dans son roman Polichinelle, paru en 2008. Ce fan de Missy Elliott y racontait les aventures white-trash d’une bande d’ados dans un bled paumé du Jura. Usant d’un style mélangeant argot jeune et patois local. « À la campagne, on associe sans complexe un vocabulaire du cru à Un putain d’accent bigouden une langue plus moderne. Un gamin Aujourd’hui en préparation de son de 15 ans peut dire : "vingt dieux album prévu pour la fin de l’année, comment ça déchire". Ces vieilles MC Circulaire est parvenu à inscrire expressions, qui ont toujours été ne pouvait pas être autre chose », lâche l’auteur de Demain c’est trop tard, dont les meilleurs punchlines témoignent d’une réalité loin d’être bucolique : De toute façon, tout le monde s’en branle, on est la France oubliée. Dans mon quartier, y’a jamais eu de MJC/Combien de familles au chom’du qui survivent grâce aux allocs, y’a plus de darons alcooliques qu’en cure de désintox. Le véritable « hymne de nos campagnes ».


là pour nous, on les utilise sans y penser », expliquait Pierric Bailly sur le site Internet Fluctuat. Associer des références campagnardes ou tradi à la culture jeunes, des ploucs bretons ont réussi ce tour de force. Concours d’air biniou aux Vieilles Charrues, détournements sur les t-shirts À l’Aise Breizh, Kanabeach ou Momo Le Homard, punkbreizhou des Ramoneurs de Menhirs, marque de streetwear 2Neuf… Réalisateur de Barravel, un film sur le surf, le Finistérien Ronan Gladu voit sa bande-annonce tourner sur Facebook depuis plus d’un an. Cette vidéo présente la région, façon carte d’identité, avec un putain d’accent bigouden (« La Bretagne, c’est plus d’370 000 kilos de pommes de terre et plus d’6000 cafés et bars »). Pour un résultat plutôt efficace. « La vidéo a plu car il n’y avait pas vraiment de précédent, précise-t-il. La Bretagne était encore tournée dans une communication menhir et vieille église. Le but était de jouer sur la fierté bretonne et le décalage. »

C’est en dépoussiérant l’image d’un produit breton que Kanabeach a aussi surfé sur la plouc culture. Le t-shirt « Hénaff : la tête dans le pâté » est l’un des best-sellers de la marque de Loc-Maria Plouzané. Un détournement qui, selon Jildaz Colin, chef de produit chez Hénaff, a contribué à booster la popularité de la marque chez les jeunes.

« Les deux pieds dans la bouse » « Depuis une dizaine d’années, notre image s’est énormément améliorée auprès de ce public, reconnaît-il. Nos études le confirment : quand on pouvait lui sembler ringard hier, on apparaît culte aujourd’hui. » Pour ce faire, la boîte de Pouldreuzic a pas mal taffé sa réputation auprès des milieux nautiques et des sports de glisse. « Nous sommes partenaires de l’école de surf de Bretagne et nous

sommes présents sur des courses de kitesurf, ajoute Jildaz Colin. Cela nous permet de bien toucher les 15-20 ans. » Une notoriété qui s’affiche aussi sur Internet où le pâté Hénaff compte plus de 34 000 fans sur Facebook. C’est dix fois plus que Christine Boutin. « Le vent souffle dans notre sens car les valeurs régionales, d’autant plus en Bretagne, sont recherchées et assumées », reconnaît le chef marketing de la marque. Auteur de l’ouvrage Fils de ploucs, dont le premier tome s'est écoulé à 45 000 exemplaires, Jean Rohou abonde dans ce sens. « Jusque dans les années 1960, nous avions honte de nous-mêmes. Et puis, la vision de la Bretagne a changé : afflux touristique, dynamisme économique et valorisation du patrimoine traditionnel. Là-dessus, Mai 68 a subverti la hiérarchie établie

« Putain vous avez aussi Internet ? Ouais mon gars » 21


Tristan Huet

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et déclaré que les dominés valaient mieux que les dominants. Nous voilà donc aujourd’hui fiers d’affirmer notre identité et de nous revendiquer fils de ploucs », explique cet ancien professeur pour qui « il est important de conjuguer affirmation de soi et ironie critique : vanter la Bretagne mais avec humour ». Car la plouc culture est aussi faite de second degré et d’autodérision. « Les deux pieds dans la bouse mais connecté au reste du monde », résume Ronan Gladu pour qui « le milieu du surf en Bretagne a toujours joué sur cet esprit. » Et dans les terres ? Comme à son habitude, MC Circulaire est plus vindicatif et ne peut s’empêcher de faire un fuck aux

hypeux des centres-villes. « Y’a des mecs qui sont persuadés que, parce que tu viens d’un bled, tu souffres forcément d’un manque de culture. Sans oublier le : "Ah putain, vous avez aussi Internet ! " Eh ouais mon gars, on a Internet… »

« La ploukitude n’existe plus » La mainstreamisation de la culture et le 2.0 sont aussi constitutifs de cette tendance. Internet, musique, vidéo… c’est en utilisant des vecteurs contemporains que la plouc culture s’est développée, s’appuyant sur des références pop connues de tous. Ce qui permet aujourd’hui à chacun de jouer dans la cour contemporaine, et non plus dans

« Il y aura toujours des jeunes dans des bleds » 22

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le traditionnel ou le folklorique. Une piste démontrée par Tracks en janvier dernier dans son reportage sur le « Breizh Sound ». Et demain ? Reprise et détournée aujourd’hui, la plouc culture le sera-t-elle encore à l’avenir ? « La ploukitude n’existe plus, estime Jean Rohou. Nos bourgs ne seront plus ce qu’ils étaient. Mais il est important, pour que la mondialisation n’entraîne pas une uniformité monotone, de préserver la diversité des particularités. » MC Circulaire, « plouc et fier » jusqu’à la mort, reste quant à lui un défenseur de l’esprit bouseux. « Je préfèrerai toujours faire des concerts dans des endroits où il ne se passe rien car il y aura toujours des jeunes dans des bleds et dans des arrêts de car. » Julien Marchand Photos : Justin Bihan


« LES BARS BRANCHÉS SONT MORTS » Autrefois, la hype était belle et luxueuse. Puis, évolution des mœurs oblige, elle est devenue brillante et vulgaire. Aujourd’hui, les lignes changent et la crise a propulsé Lidl source d’inspiration pour la branchitude. Moitié par écœurement de Rolex, moitié par soucis d’avant-gardisme, le branché a trouvé son bonheur là où on l’attendait le moins : du côté du ringard et du cheap. Le must en la matière s’inspire de ce que les années 1970 ont enfanté de pire. Coiffé tel le plus beau des Deschiens, collé-serré dans sa chemise à carreaux, il étrenne sa doudoune turquoise dans le métro du matin, le sourire confiant sous sa moustache lustrée. La liste est longue des vieux objets qu’on était content d’avoir mis de côté : les lunettes de l’inspecteur Derrick, très RDA revival, et les jupes mi-mollet achetées à la friperie du coin, pour ne citer qu’eux. Et pourtant, ils sont revenus. À l’image de la bière 8°6, autant consommée par les clodos que par les hipsters, le cheap a su se faire chic et cool à Paris. Tout le révolutionnaire de la chose est bien sûr dans le décalage, comme pour le plouc en Bretagne. Lancées en 2008 par le magazine Vice, gratuit culturel dont certains papiers sont devenus cultes, les soirées « Rade » symbolisent bien cet engouement. Elles réunissent, à chaque édition, 600 branchouilles tassés dans un troquet pourri et sans prétention du 20 e, 11 e ou 9e arrondissement de Paris pour faire la fête. Coupelles crasseuses de caouettes comprises.

seront sur un coin de terrasse des artistes, des gens qui travaillent dans la mode et tout ce qui fait le lectorat de Vice. « Ça correspond au style du magazine », affirme Benjamin Lassale pour qui les endroits avec lesquels le magazine collabore « assument le fait d’être des bars de quartier. C’est ce qui nous plaît là-dedans : des gens vrais. » Authentique contre « Des bars de quartier » authentoc : 1-0. « Contrairement aux bars qui se Depuis ce grand jour où le Rade revendiquent branchés, rappelle a vu passer Jack Lang, toujours à Benjamin Lassale, il n’y a pas de l’affût des centres d’intérêt du jeune, sélection à l’entrée et la musique les soirées sont systématiquement est bonne. » Comme une réaction bondées. Après une trêve hivernale épidermique aux lieux artificielle- et en attendant une prochaine édiment hype et design où on se fait tion prévue ce printemps, le Rade chier avec des connes autour d’un serait, d'après ses inventeurs, en mojito à 10 euros. passe d’évoluer. Le branché va À partir de 18h, les habitués du encore muter. « Rade », dont la devise est « les Jasmine Saunier bars branchés sont morts », croiPhoto : Tristan Huet « Notre idée, explique Benjamin Lassale, l’un des boss de Vice, c’était de profiter de ces espaces en centre-ville pas très estimés, pour en faire le lieu le plus branché de la capitale le temps d’une soirée. » On s’y rend à la cool pour profiter du plaisir de rentrer gratuitement quelque part et de boire des bières à moins de 3 euros.

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PAPIER

PAPIER TOILETTE PISSOTIÈRES, VESPASIENNES, SANISETTES... COMMENT LES MUNICIPALITÉS BRETONNES GÈRENT-ELLES LES TOILETTES PUBLIQUES ? UNE ENQUÊTE QUI VA VOUS SOULAGER. out le monde a forcément déjà été confronté à pareille situation : une soudaine envie de pisser et l’innocente balade en centre-ville se transforme en moment d’angoisse. Ce d’autant plus qu’une légende urbaine persistante laisse penser que les toilettes publiques sont au mieux 24

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glauques, au pire inexistantes. Ce qui est loin d’être le cas. Et l’on ne parle pas là des toilettes de centres commerciaux ou de bars. À Rennes, par exemple, pas moins de 60 toilettes gérées par la municipalité sont disséminées aux endroits stratégiques, soit une pour 3500 habitants. Honnête. Proportions identiques à

Brest, avec une quarantaine de sanisettes en accès libre. Bien loin des pissotières cradingues et des chiottes à la turque à l’hygiène cauchemardesque, la norme aujourd’hui, ce sont les boxes individuels et automatisés. Parfum citronné et musique d’ascenseur de série, claustrophobie en option.


À Rennes, ces « lieux d’aisance » constituent désormais les deux tiers du parc. « Ils sont gratuits et entretenus jusqu’à deux fois par jour pour les plus fréquentés, présente Laurent Jarry, technicien au service propreté de la ville. Deux agents travaillent à plein temps pour assurer l’entretien et la maintenance. » Comme à Brest ou à Lorient, ils sont fermés la nuit (à partir de 22h ou 23h et jusque 6h, selon les villes), « afin d’éviter que leur utilisation soit détournée en lieu de squattage ou de trafics en tout genre ». Lancées par Decaux au début des années 1980 à Paris, ces sanisettes ont progressivement remplacé les vespasiennes (les urinoirs old school). Elles ont l’avantage d’être

individualisées et sont accessibles aux personnes à mobilité réduite (pour les modèles les plus récents). Ces toilettes nouvelle génération sont également un vecteur d’égalité des sexes. Sur un terrain où les femmes sont désavantagées, les sanisettes ne font pas de discrimination et imposent la cuvette unisexe. Auteur d’une étude approfondie sur le sujet, Julien Damon, professeur d’urbanisme à Science Po Paris, note que « si les femmes et les personnes âgées sont les usagers qui les fréquentent le plus, les hommes préfèrent faire des économies de moyens et de temps en maculant les trottoirs, les recoins d’immeubles, les abribus ou les distributeurs bancaires ». Volonté pour la gente masculine de garder l’avantage et de conserver le contrôle sur l’envie primaire ? Toujours est-il que les partisans de la pisse nature encourent une amende prévue par la loi qui, selon le lieu, le contexte et le zèle des policiers, peut varier de 38 à 450 euros. Motif de l’infraction écrit noir sur blanc dans le code pénal : « miction sur la voie publique ».

« Comme les crottes de chien » « C’est un problème qui peut faire sourire, mais comme les crottes de chien, c’est important pour le confort de la population de s’y attarder et de trouver les meilleures solutions », souligne Anne-Marie Cibaud, adjointe en charge du dossier à Brest. Avec un budget compris entre 500 000 et 1 million d’euros, la cité finistérienne a d’ailleurs lancé depuis l’an

dernier un projet d’envergure qui doit permettre d’installer une vingtaine de nouvelles toilettes. Quatre ont déjà été mises en place en 2010, sept autres doivent voir le jour cette année. « On prend en compte ce que nous disent les riverains, précise l’élue, trois projets ont d’ailleurs été annulés car ils auraient pu constituer une gêne. » À 80 000 euros environ la toilette, il s’agit effectivement de ne pas se louper. « C’est un service public », insiste de son côté Brigitte Le Gall, du service voirie de la ville de Lorient. C’est la société Loris Service qui a la charge du bon fonctionnement et de la propreté des sept gogues lorientaises. Un de ses responsables, Vincent Penard, détaille la prestation : « Il faut les réapprovisionner en papier toilette, les nettoyer, réparer les petites casses et les problèmes électriques fréquents, enlever les tags… » Nettement plus autonomes mais beaucoup plus rares, les toilettes sèches offrent une solution alternative. Rennes en a installé trois depuis 2008 dans des parcs et espaces verts, Brest « étudie la question ». Sont-elles pour autant une solution d’avenir pour les centres-villes ? « Non, assure Laurent Jarry, elles ne sont pas adaptées pour de fortes fréquentations. » Elles apparaissent pourtant de plus en plus lors de grandes manifestations publiques – festivals notamment – avec une propreté nettement supérieure. Régis Delanoë Photo : Justin Bihan 25


GONZO

« J’AI RENCONTRÉ UN RAËLIEN »

MÉDIATIQUE AU DÉBUT DES ANNÉES 2000, LE MOUVEMENT RAËLIEN APPARAÎT AUJOURD’HUI EN CHUTE INTERSIDÉRALE. NOUS AVONS TROUVÉ UN DE SES DERNIERS DISCIPLES ET AVONS EMBARQUÉ DANS SON APPARTEMENT. 26

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Justin Bihan

uatrième étage d’un immeuble du centreville rennais. Après avoir monté une série de marches étroites, j’appuie sur la sonnette de la porte de gauche. « Bonjour et bienvenue », m’adresse Michel (prénom modifié, ndlr), mon hôte, dans un phrasé digne d’une rencontre du troisième type. Un pas dans l’entrée et là, au-dessus de la commode dépose-merdes, une affiche surgit devant moi. Un portrait de Raël. Noir et blanc, format A3, encadré, sous lequel sont notées des citations de celui qui prétend être le messager des extraterrestres Elohim. Pas le temps de les lire qu’on m’invite à passer dans le salon de cet appart vieillot. Y’a un tas d’éclairages indirects, la lumière est tamisée, une chaîne susurre de la musique relaxante et une forte odeur d’huiles essentielles embaume la pièce. La rencontre du Buddhabar et de Nature et Découvertes, version ufologique. Un demi cul posé sur l’un des deux fauteuils, je regarde Michel qui, lui, reste debout devant moi. « Voilà... un raëlien », m’annonce-t-il en se montrant lui-même du doigt. Putain. Tunique blanche à grande encolure, logo du mouvement en pendentif doré et veste aux couleurs florales. Le look de l’emploi. Après m’avoir proposé une tisane (« J’ai pas très soif, merci » - on ne sait jamais), mon fan des soucoupes, contacté via le site Internet du mouvement raëlien, me demande pourquoi j’ai voulu le rencontrer. Je lui explique que je suis nouveau à Rennes et que, passionné par la question extraterrestre, je cherche un groupe pour échanger sur le sujet. Il se lève et va chercher un bouquin qu’il me tend aussitôt. Les extraterrestres m’ont 27


RaelPress

GONZO

emmené sur leur planète : la bible du mouvement raëlien. L’ouvrage qui explique « tout » : la rencontre de Claude “Raël” Vorilhon avec les Elohim en 1973 dans la campagne auvergnate, son repas avec Jésus, Moïse et Mahomet sur une autre planète, l’origine extraterrestre de la vie sur Terre, les préceptes donnés par les Elohim, mais qui oublie de rappeler qu’en 1995 le mouvement a été considéré comme sectaire par une commission d’enquête parlementaire.

naid (en 2002, un labo dirigé par une responsable raëlienne affirmait avoir cloné le premier être humain), les procès de membres pour agressions sexuelles sur mineurs lors de stages de méditation sensuelle... Et aujourd’hui, la léthargie. « Je suis désormais le seul raëlien à Rennes. Dans l’Ouest, entre les membres et les sympathisants, nous sommes une trentaine. Beaucoup sont partis depuis l’affaire du clonage et les personnes qui nous contactent ne restent jamais longtemps. Le message raëlien m’apporte du bien-être Retraité de la CAF chaque jour, c’est pour ça que je Raëlien depuis 1975, Michel a suis toujours fidèle », me raconte connu tous les états de ce courant ce retraité de la CAF qui s’énerve qui se définit comme « une religion à moitié quand on l’interroge sur athée ». L’engouement des débuts les liens entre sa croyance et l’ésoté(« Au plus fort, nous étions près risme : « Ça n’a rien à voir ! L’ésotéde 300 membres en Bretagne »), risme, c’est le mystère. Nous, c’est la médiatisation liée à l’affaire Clo- la science. »

« La prochaine rencontre a lieu à Nantes, ça te dit ? » 28

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Si le mouvement apparaît en perte de vitesse cosmique (lire ci-contre), des activités perdurent tout de même. Mon hôte anti-darwinien me parle des rencontres organisées tous les deux mois dans une ville de l’Ouest. « La prochaine a lieu à Nantes, ça te dit ? Ça serait sympa si tu venais... »

« Tu verras peut-être un signal » Sans lui répondre, je l’interroge sur le programme de ces journées. Méditation, projection de vidéos et tentative de communication télépathique avec les Elohim. « Comme ils nous l’invitent à le faire tous les dimanches », me précise Michel, livre à l’appui : « Contemple les étoiles en pensant fortement aux Elohim, en pensant que tu es prêt à faire exactement ce qu’ils pourraient te demander, même si tu ne comprenais pas très bien pourquoi ils te le demandaient. Tu verras peutêtre un signal si tu es prêt. » Ça me fout les boules, je me casse. Retour sur Terre. Julien Marchand


« LES NOUVEAUX MOUVEMENTS SONT DIFFICILES À IDENTIFIER » Responsable de Prévensectes, un site Internet contre les mouvements à dérive sectaire, Xavier MartinDupont connaît bien les raëliens. Le mouvement lui a en effet déjà foutu un procès au cul il y a quelques années pour diffamation (que le spécialiste anti-raëlien a gagné). Pour lui, ce courant est aujourd’hui mourant. « Depuis Clonaid, il y a eu des défections en masse. C’est un mouvement qui a su exister par les médias et uniquement. Il fonctionne par le buzz, expliquet-il. 300 membres en Bretagne ? Je ne pense pas que cela a déjà été le cas, même dans les heures de gloire. Quand le mouvement annonce un chiffre, il faut toujours le diviser. Et aujourd’hui, il peine à recruter. » Association chargée de recueillir les signalements des victimes, l’ADFI (association pour la défense de la famille et de l’individu) confirme les propos du boss de Prévensectes. En Bretagne, le mouvement raëlien n’a jamais été puissant.

Près de 600 signalements sont reçus chaque année par les ADFI de Bretagne

Pour l’ADFI Bretagne-Sud, qui couvre le Finistère et le Morbihan, aucun signalement contre cette organisation ufologique n’a été rapporté en huit années d’activités. Et si les extraterrestres ne sont plus vraiment à la mode, à la différence des 90’s et de l’époque X-files, aujourd’hui ce qui a le vent en poupe, ce sont les courants liés à la psychothérapie, au bien-être et à l’équilibre personnel.

se renvoient les personnes. D’une consultation à une conférence, d’un stage à un séminaire… », ajoute de son côté l’ADFI Haute-Bretagne qui reçoit chaque année entre 400 et 500 signalements. Fini donc l’image emblématique des sectes : celle d’une grande communauté dirigée par un gourou surpuissant. Pour les associations de prévention, le danger sectaire peut venir de personnes, seules de prime abord, mais qui fonctionnent « Nébuleuse de petits courants » en réseau. « Cela est plus difficile « Les mouvements à dérive sectaire pour alerter les autorités, explique s’adaptent à la demande des gens. l’ADFI Bretagne-Sud. On dispose Si quelque chose a du succès, ils de moins de preuves et il est coms’engouffrent dedans. Certaines thé- pliqué de recouper les différentes rapies sont tout à fait honorables, affaires… » le problème c’est que les courants Les conséquences sont pourtant les dangereux s’y diluent », précise mêmes qu’avec les sectes multinaAnnick Le Héritte, la présidente tionalisées : soumission, isolement de l’ADFI Bretagne-Sud. social et escroquerie. Refus de soins, « Ces nouveaux types de mouve- mise en danger de la vie d’autrui et ments sont plus difficiles à identifier suicide dans les cas les plus extrêmes. car il s’agit d’une nébuleuse de petits Autre chose qui ne change pas : les courants. Et ces petites organisations cibles de ces mouvements. « Les gens en situation momentanée de faiblesse, les personnes dans une mauvaise passe », décrit l’ADFI Haute-Bretagne. « Les femmes sont plus touchées que les hommes, surtout avec ces nouvelles psychothérapies sauvages », note Annick Le Héritte. Quid des jeunes ? Viscéralement étudiante, la région rennaise est touchée par les organisations qui tentent de capter les jeunes adultes. « Il faut faire attention à ces associations politiques extrémistes qui s’affichent comme mouvements de jeunesse. À Rennes, on les voit régulièrement à la sortie du métro, avec table, documents et pancartes. » 29


PAPIER

CHATTES ROULETTES

SPORT RÉTRO RÉSERVÉ AUX NÉNETTES, LE ROLLER DERBY CONNAÎT AUJOURD’HUI UN NOUVEL ENGOUEMENT. EN BRETAGNE, CINQ ÉQUIPES PRATIQUENT CETTE DISCIPLINE QUI MÉLANGE PATINS, COLLANTS SEXY ET BRUTALITÉ.

Royal Catin des Moody Bitches

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h putain ! » Alors qu’une rangée de filles sur patins prend de l’élan, l’une d’elles vient de chuter lourdement. « Je vais avoir mal au cul pendant une semaine », prédit Royal Catin, 27 ans, déjà amochée d’un joli bleu sur le bras droit. Cette petite brune et ses cinq copines forment les Moody Bitches, l’une des trois équipes rennaises de roller derby. Un sport, né aux Etats-Unis dans les années 1930, où deux équipes de filles se poursuivent en patins à roulettes sur une même piste. Coups d’épaules, de hanches et de fesses autorisés. Une discipline à l’esprit « girl power » trash et rebelle qui plaît dans les milieux alternatifs, hardcore et punk notamment. Slux, 28 ans, co-fondatrice et capitaine des Moody Bitches, est issue de cette scène. « Le roller derby et l’esprit rock vont très bien ensemble. Faire du patin, se battre et se prendre une biture : ce sont les clichés du roller derby mais c’est ce qui m’a attirée. » Deux fois par semaine, elles s’entraînent dans le sous-sol d’une résidence, entre portes de garage et issues de secours. « Nous n’avons pas réussi


à avoir de salle. Alors en attendant l’été, on squatte ici », explique la capitaine. Ce soir, elle et ses coéquipières portent les couleurs de leur team : rouge et noir. Collants ou bas résille, jupette ou mini-short… des tenues sexy surmontées de genouillères, protège-poignets et casques. Dans un style déesses modernes de la fight. « Ce sont quand même des filles qui font un sport de couillus », lâche Fred, leur coach. Popularisé en 2010 grâce au film Bliss de Drew Barrymore, le roller derby connaît aujourd’hui un regain d’intérêt. En France, il existe près d’une vingtaine d’équipes. En Bretagne, cinq se sont créées : trois à Rennes, une à Brest et une à Quimper. « Les milieux alternatifs sont présents dans la région, cela explique l’engouement. Je pense aussi que les filles issues de

ces mouvements souhaitent quelque chose qui les rassemble en dehors des concerts et de la musique », estime Suna de l’équipe brestoise BMO Roller Derby Girls.

« Ton pseudo prend le dessus » Ce qui l’a particulièrement séduite dans ce sport, ce sont les pseudos. Car, sur la piste, Suna devient BadSunaFucka. « Sur tes patins, tu es un personnage. Ton pseudo prend le dessus et tu deviens quelqu’un d’autre. C’est une partie de ta personnalité qui s’exprime autrement. Un peu comme un nom de scène », analyse-t-elle. « Les pseudos font partie du folklore, c’est un aspect important », ajoute Slux. Si elles sont étudiantes, fonctionnaires, intérimaires IRL, seuls leurs noms de guerre comptent lorsqu’elles

patinent : Barbie Tuerie, Emy Globine, Black Vicious, Oma’a Bitch, Royal Catin… Un « Mister Hyde » qui permet à chaque fille de faire ressortir la bourrine qui est en elle. Une imagerie et une esthétique qui viennent naturellement se coupler à la musique. À la fin de l’année 2010, les Moody Bitches et les BMO se sont même associées pour monter un concert dans un bar rennais. « Quand tu fais du roller derby, c’est cohérent de faire des soirées à côté. Ça va ensemble », précise Slux. Après leur première grosse soirée en mars au Mondo Bizarro, les Moody Bitches remettront le couvert en juin. Pour une nouvelle soirée hardcore sous le signe des patins. Julien Marchand Photos : Justin Bihan 31


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EN QUINZE ANS, 5000 GROUPES ONT PARTICIPÉ AU TREMPLIN DU FESTIVAL CARHAISIEN AVEC L’ESPOIR D’ÊTRE LAURÉAT. SEULEMENT VOILÀ, UNE VICTOIRE AUX CHARRUES PERMET-ELLE DE PERCER ?

The Octopus, scène Xavier Grall, juillet 2010 (photo : Alain Marie)

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DOSSIER

Sheer-K et Didier Squiban réunis pour le projet Mesk

Jean-Jacques Toux. Dans dix territoires de l’Ouest, des structures référentes organisent une soirée avec quatre ou cinq formations. Et le groupe qui sort du lot gagne son ticket pour Carhaix. Chaque année, dix jeunes groupes intègrent ainsi la programmation du festival. Et à l’issue du weekend, un jury composé de professionnels désigne un lauréat qui ouvrira l’édition suivante. »

qui tentent de se faire connaître. C’est la majorité. Et puis, il y a des formations plus confirmées, avec déjà une petite notoriété locale, qui sont motivées par le côté “Charrues” et qui aimeraient bien y passer pour franchir une étape », observe Anne-Claire Charles, administratrice au Manège. « Si les groupes s’inscrivent, ajoute Yann Tronet de la Citrouille à Saint-Brieuc, c’est pour le prestige. Et l’espoir d’être « Une grosse date » sélectionnés. Passer à Carhaix, ce Au Manège, la salle de musiques n’est pas rien sur ton CV. » actuelles (Smac) du pays de Vainqueur de la dernière édiLorient, on reçoit chaque année tion des Jeunes Charrues, le entre 50 et 60 inscriptions pour groupe The Octopus, originaire les Jeunes Charrues. « Deux de Douarnenez, reconnaît le principales raisons poussent les coup de pouce que lui a donné le musiciens à vouloir participer. Il tremplin. « Ça nous a ouvert des y a d’abord les groupes naissants portes et ça nous a permis d’aller

LES LAURÉATS

1997 : Pas de tremplin

1996 : Gwenc’hlan et The Guilt Pour l’édition inaugurale, deux groupes retenus. Gwenc’hlan faisait du rock façon Soldat Louis. Dernières nouvelles au off de l’Interceltique 2007. The Guilt disparait rapidement de la circulation.

1998 : Kharmelean La formation du centre Bretagne est devenue Calico. Au total, trois albums sortis au début des années 2000, un quatrième prévu cette année et pas mal de concerts dans la région, dont cinq à venir ce printemps dans le coin.

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DR

uand on a monté les Jeunes Charrues en 1996, l’idée était de s’intéresser aux jeunes groupes de la région. Avec le CLAJ de Carhaix (Culture Loisirs Animation Jeunesse, ndlr), on a donc décidé de lancer ce tremplin. On a reçu un paquet de CD et de cassettes. Et, entre nous, on a sélectionné deux groupes qu’on a programmés au festival », se souvient JeanJacques Toux, programmateur aux Vieilles Charrues et initiateur de ce rendez-vous. Quinze ans après, ce sont 5000 groupes qui ont participé aux Jeunes Charrues. Certains ont eu la chance de jouer à Kérampuilh, certains ont eu la chance de gagner à Kérampuilh. Parmi les formations qui ont marqué les esprits : Hocus Pocus, Jeanne Cherhal, Wankin’ Noodles, Sheer-K, Micronologie, Maïon & Wenn… Pour tous ces groupes, l’épisode Jeunes Charrues a commencé chez eux, lors d’une finale locale, face à d’autres groupes du cru. « C’est en 1999 que le tremplin a pris sa forme actuelle, explique

1999 : Loupous System Fonk Neuf zicos brestois matent Merzhin en finale avec leur fusion funk. Assurent quelques concerts avec les potes de No Place For Soul, puis splittent au bout de deux ans. 2000 : Siméon Lenoir L’année où Jeanne Cherhal participe, c’est un Brio-

chin pratiquant du world reggae qui triomphe. Les dernières nouvelles datent de l’été 2009 : il partageait une scène avec Johnny Junior - sosie officiel d’Halliday - à Binic. 2001 : Klaktonclown Pas facile de survivre avec un nom pareil, mais la pop cabaret des Ligériens


rassemble quelques années durant un public de fidèles. Jusqu’en 2008 et le concert d’adieu à Ancenis, près de chez eux. 2002 : Hocus Pocus Les Nantais imposent leur hip-hop de province et décollent grâce à ce tremplin. 2008 est leur année : Victoire de la musique et

« Pour la visibilité, c’est bien, ton nom circule davantage »

Justin Bihan / BIKINI

plus vite. Cela fait de nous un groupe plus crédible, qui tient la route », estime Max, bassiste et chanteur du quatuor rock. Même son de cloche du côté de Micronologie, groupe de hiphop, lauréat en 2008. « Une grosse date comme Carhaix, pour la visibilité, c’est bien. On l’a senti après la victoire : notre Myspace a été plus visité, on a eu des papiers dans la presse, ton nom circule davantage. Ça t’aide un peu les premiers temps pour trouver des dates », expliquent les quatre gars du crew. «  Aujourd’hui, il est de plus en plus difficile pour les jeunes groupes de trouver des endroits où jouer. Alors si leur passage aux Charrues les aide, tant mieux. C’est un coup de projecteur qui peut déboucher sur des bonnes choses », ajoute JeanJacques Toux. Les bonnes surprises sont souvent des rencontres. Car Carhaix reste un endroit privilégié chaque été. « Aux Charrues, tu as une concentration de professionnels, alors s’il y a bien une date où tu peux prouver quelque chose c’est celle-ci. Si ta musique a un truc, si tu assures ta prestation et si ça plaît à un mec, ça peut décoller », estime Yann Tronet. >>>

Micronologie

disque d’or avec Place 54. Le crew de 20Syl est la plus belle tête de gondole des Jeunes Charrues.

en 2007, après 3 albums. La chanteuse continue avec My Girl In Trouble, trio électro-punk féminin.

2003 : New Paulette Orchestra Encore un nom bizarre, encore un semi-raté. Le rock psyché des Caennais a pourtant du retour, mais l’inévitable split survient

2004 : Sheer-K Faire du trip-hop quand on vient de Brest, c’est couillu. Le combo sort deux albums et s'affiche à une palanquée de concerts. A monté Mesk, un projet

commun avec Didier Squiban, qui s’est concrétisé par la sortie d’un album. 2005 : FDB Francis Dub Band, initiales FDB. Le groupe reggae métis de Douarnenez compte 11 membres, dont 3 chanteuses. Trop de bouches à nourrir, l’aventure s’arrête après un album. 35


DOSSIER

Pour Max de The Octopus, le bouche à oreille entre pros peut fonctionner. « Les festivals se parlent entre eux. À long terme, ça peut payer. » Victorieuses en 2007, Maïon & Wenn ont tourné comme des folles l’année qui a suivi. « Ça facilite les choses pour créer des liens, reconnaissent les deux copines. On avait déjà l’habitude de la scène mais c’est clair que ça nous a aidées à nous professionnaliser car on a appris de nouvelles choses, la comm’ par exemple. » Travailler tous les aspects de la musique, c’est aussi ce que permettent les Jeunes Charrues. Tous les groupes sélectionnés pour le festival se voient proposer

lauréats et ce qu’ils sont devenus, très peu ont vraiment percé. Alors, que faire ? « Après les Charrues, la problématique est la même pour tous les groupes », estime l’initiateur du tremplin pour qui le festival n’a pas vocation à devenir « un tourneur ». « Autant il y a un partenariat en amont entre le festival et les structures, autant il n’y en a pas pour l’après Charrues, explique AnneClaire du Manège. S’il devait y « Pas un tourneur » Question qui a fait débat cette avoir un accompagnement à faire, année entre les différents orga- cela reviendrait plus aux Smac nisateurs des Jeunes Charrues, car elles sont habituées à le faire l’accompagnement apparaît aussi à l’année. Mais cela dépend aussi crucial pour les formations qui de leurs moyens. » veulent poursuivre leur progres- Pour Yann de la Citrouille, cette sion. Car, à regarder la liste des question reste délicate. « Il ne faudrait pas considérer ce travail d'accompagnement comme un travail de label. Nous ne sommes pas là pour sortir des groupes mais pour leur proposer des solutions dans leur pratique musicale. C’est à eux de se bouger le cul s’ils veulent faire vivre leur projet. » Julien Marchand

deux formations avant leur passage : une liée au travail scénique (une semaine en pré-production) et une autre, plus théorique, qui se penche sur différents points comme le statut d’intermittent du spectacle ou le droit d’auteur. « Faire de la bonne zik ne suffit pas. Surtout quand on veut poursuivre le truc et tenter d’en vivre », juge Jean-Jacques Toux.

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Maïon & Wenn

2006 : Lugo La pop rigolote de ce trio briochin passe très bien en festival. Sortent 3 albums et tournent toujours régulièrement. 2007 : Maïon & Wenn Les chansonnettes punks loufoques de ce duo de copines de Morlaix détonnent. Misant plus sur la 36

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quantité que sur la qualité, elles écument les salles avec leur spectacle déjanté. Plus de 300 concerts, série en cours. Sérieux s’abstenir. 2008 : Micronologie Repéré aux Trans l’année précédente, le hip-hop groovy du crew rennais remporte le tremplin en devançant des Wankin’

Tremplins à Carhaix (16 avril), Penzé (16 avril), Rennes (16 avril), Saint-Malo (22 avril), Lorient (23 avril), Saint-Brieuc (6 mai) et Pont-l’Abbé (7 mai)

Noodles encore balbutiants. Un album, sorti en 2009 et un maxi vinyle paru il y a peu. 2009 : I Arkle La new wave du trio de Saint-Lo possède une qualité certaine, mais peine à trouver son public. Malgré des invitations aux plus gros festivals normands, ça

ne décolle pas. Pas encore, en tout cas. 2010 : The Octopus Le quatuor de Douarnenez pratique un rock viril à la MC5 ou, plus proche, façon Datsuns dont ils ont assuré la première partie. Ce groupe de scène vient de sortir un EP 4 titres. R.D



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MORNING GLORY

GROSSE ACTU CE PRINTEMPS POUR THE LAST MORNING SOUNDTRACK, AVEC LA SORTIE D’UN PREMIER ALBUM ET UNE TOURNÉE À SUIVRE. LA SUITE LOGIQUE D’UN PARCOURS JUSQU’ICI SANS FAILLE. e Rennais Sylvain Texier se souvient parfaitement du jour où il a décidé de faire naître son double artistique, The Last Morning Soundtrack, « un nom qui sonnait bien, avec cette touche cinématographique qui me tient à cœur ». C’était le 21 septembre 2007, journée internationale de la paix dans le monde. Le timing était bon pour diffuser sur le Net ses délicates chansons. Des compositions mélancoliques, chantées d’un doux timbre de voix. « Au début presque un filet », soufflet-il. Jamais personne jusqu’alors ne l’avait entendu ne serait-ce que fredonner. « J’étais trop complexé, trop timide ! Au départ, je voulais juste mettre des mots sur mes sentiments. J’en avais besoin. » Avec Myspace, « l’idée était d’ouvrir un compte, mettre en ligne un morceau, recevoir quelques avis et, s’ils étaient négatifs, merci au revoir. Personne n’en aurait rien su ». Exac38

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tement le contraire s’est produit : 1000 écoutes la première semaine, plus de 20 000 en trois mois, The Last Morning Soundtrack attire la curiosité. Ses yeux s’illuminent : « Je ne comprenais pas ! Mes proches non plus d’ailleurs, quand je leur ai expliqué bien plus tard que Last Morning, c’était moi. » Le parcours du discret professeur de batterie transformé en chanteur-compositeur étonne. Lui-même n’en revient d’ailleurs pas : « Je suis rapidement passé à la radio, j’ai joué et… c’était kiffant. Ça été une révélation. » La mutation est complétée par les premières scènes, où il est accompagné de quatre musiciens, « des amis, un choix évident pour que je me sente rassuré. Passer de derrière à devant, pour quelqu’un de discret, ça reste une épreuve ». Jardin Moderne, Antipode, Route du Rock, Paris, province… Les dates s’enchaînent, avec même un trip à Londres. « Jouer là-bas, dans un

ancien théâtre shakespearien, c’était un rêve de gosse. » Un second se concrétise en 2011, avec la sortie de l’album, A Distance. A Lack, « né entre ma chambre et ma cuisine ». Dix morceaux autoproduits qu’il a presque entièrement réalisés : composition, voix et la plupart des arrangements. « Last Morning, c’est mon projet à géométrie variable. » De cinq sur scène, ils passent d’ailleurs, à partir de cette année, à deux seulement. « J’ai plus d’assurance, justifie le songwriter, j’assume mieux qu’avant le caractère intimiste de mes chansons. » Des chansons aux lignes épurées, d’où émane de la tristesse, toujours, « car les choses tristes sont souvent les plus belles ». Régis Delanoë Le 16 avril à Fougères, le 29 avril à Dinard, le 14 mai à Questembert


photo : ChloĂŠ Le Drezen

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DÉSIRS D’AVENIR

APRÈS UNE ANNÉE D’APPRENTISSAGE, LE TRIO ÉLECTRO-ROCK IM TAKT MISE SUR L’ANNÉE 2011 POUR DÉCOLLER. AU PROGRAMME, CONCERTS, DÉMO ET BEAUCOUP DE TRAVAIL POUR ATTEINDRE UN OBJECTIF : PERCER. rest sous la grisaille a quelque chose de l’Angleterre de Control, l’excellent film consacré à Ian Curtis et Joy Division. Ces mêmes teintes qui envahissent le paysage, les bâtiments, le ciel et même la mer. Drôle d’impression. « Ah ah, ouais, c’est le bout du monde ici », rigole Vincent, 28 ans, bassiste et clavier du groupe Im Takt, accompagné de ses deux compères : son frangin Bertrand, 24 ans, batteur, et Xavier, 27 ans, guitariste et second clavier. Formé fin 2009, le groupe a fait parler de lui pour la première fois à Carhaix en 2010, remportant haut la main le tremplin Kreiz Breizh des Jeunes Charrues. Xavier joue francjeu : « C’était stratégique, on a pu s’inscrire là-bas parce que je suis originaire du centre Bretagne. Ça nous a permis de faire face à moins de concurrence que si on s’était inscrit à Brest. » C’est là qu’ils vivent et qu’ils répètent, avec l’objectif avoué de réussir. Vincent : « Bien sûr qu’on est ambitieux. Il le faut. Moi je suis intermittent, Xavier vient de terminer ses études, Bertrand va bientôt finir. Im Takt, on y croit. 2010 nous a ouvert les portes, 2011 doit être une année décisive. » 40

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C’est là que l’on reparle de Joy Division, mythique groupe de coldwave. À première écoute, les Brestois sont de lointains cousins musicaux de Curtis et sa bande. Un style martial, binaire, des rythmes lancinants et froids. « Il y a une base rigide dans notre musique mais ce n’est pas le son ultime qu’on aimerait produire. Il nous faut apporter plus de vie, on y travaille. » Si Im Takt revendique un héritage post-punk eighties, il lorgne également vers des sonorités plus joyeuses, proches de celles de LCD Soundsystem. « Ce côté hybride nous plaît, on aime voir le public danser. » Ils ont déjà une vingtaine de concerts à leur actif, mais se considèrent encore en apprentissage. Jusqu’ici exclusivement instrumental, le groupe pourrait intégrer des voix, sous forme de samples. Une démo trois titres est bouclée. Elle doit leur permettre de franchir une nouvelle étape. Parti en mars effectuer une tournée avec leurs potes de Mnemotechnic, le trio ouvrira ensuite la soirée de Panoramas le samedi. Avec l’envie d’en découdre. Régis Delanoë Le 9 avril à Morlaix (festival Panoramas) et le 14 mai à Douarnenez


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Baru, dessinĂŠ par Jean-Pierre Gibrat, invitĂŠ d'honneur au Festival de Perros-Guirec

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LA LUTTE DES CASES

PRÉSIDENT DU JURY AU DERNIER FESTIVAL D’ANGOULÊME, BARU CONNAÎT UNE CONSÉCRATION MERITÉE, PRÈS DE TRENTE ANS APRÈS SES DÉBUTS DANS LA BD. PAS DE QUOI FAIRE TOURNER LA TÊTE DE CE FILS DU PEUPLE. vant Baru, il y a eu le professeur Baruela. Hervé de son prénom, enseignant d’éducation physique en Meurthe-et-Moselle, où il est né en 1947. Dans les années 1960, la région entame son long déclin industriel. Pour ce fils d’ouvriers communistes (un père d’origine italienne, une mère bigoudène), il y a alors l’urgence de donner une voix à ceux qui l’entourent. « Les dominés de la société, cette classe ouvrière, les miens, mes copains. Sans le savoir, ce sont des personnages romanesques », explique-t-il. À l’époque, c’est l’avènement de la BD contemporaine et de l’humour provocateur. « Charlie-Hebdo et Hara-Kiri m’ont donné envie de me lancer ». Il n’a alors jamais dessiné – « je n’ai pas grandi dans une sphère culturelle » - mais il a un avantage, son métier de formation.

« Être prof de gym m’a permis de vite assimiler la représentation des corps et la mécanique humaine. » En 1982, il publie ses premiers dessins dans Pilote. Deux ans plus tard, c’est la sortie de Quéquette Blues, un style révolutionnaire, qui inspirera une génération de nouveaux auteurs, Manu Larcenet en tête. Suivront notamment L’Autoroute du soleil et L’Enragé, Grand Prix à Angoulême en 2010. La recette d’un « Baru », c’est un dessin nerveux, enjoué, coloré, au service d’aventures et de mésaventures du quotidien. Une bande de jeunes avec des intérêts de jeunes – le sexe, le rock, les petits larcins, la gloire – vivant dans un univers postindustriel en crise. Action, humour et travail sociologique de fond forment un cocktail détonnant. Le principal intéressé la joue modeste : « Je suis un dessinateur de rue. Mon truc, c’est

de raconter une histoire à partir de la vie de gens ordinaires.» Son dernier album en date, Fais péter les basses Bruno !, ne déroge pas à la règle. Des vies s’y entrechoquent, avec ce subtil mélange de légèreté et de gravité. « C’est ainsi dans mes BD car c’est ainsi qu’est la vie », justifie Baru, qui, en « personne attentive », a un avis éclairé sur le contexte actuel : « Bien sûr que l’affaiblissement des solidarités m’inquiète, mais je ne suis pas pessimiste. Je sais que Sarko va finir par payer, tout comme je sais que Le Pen est une vaste pantalonnade. Si tant de gens votent FN, c’est juste pour faire chier et non par conviction. » À bientôt 64 ans, Baru n’est pas prêt de lâcher ses crayons. Régis Delanoë Les 16 et 17 avril au 18e festival de la BD de Perros-Guirec 43


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MISTEUR FREEZE

CE PRINTEMPS, DEUX FESTIVALS BRETONS ONT EU LA BONNE IDÉE D’INVITER LE GÉNIAL QUINTETTE QUÉBÉCOIS MISTEUR VALAIRE. BIKINI LES A RENCONTRÉS CHEZ EUX, À MONTRÉAL, À L’HEURE DU BRUNCH.

eurs bonnes gueules s’affichent régulièrement en une des journaux et magazines locaux. Misteur Valaire, c’est la hype du moment au Québec où ils font salle comble partout où ils passent. Dernier exemple en date le 17 février, où ils ont mis le feu à la salle Métropolis de Montréal. L’une des plus grandes de la métropole, avec 2300 places. La semaine précédente, ils avaient donné le coup d’envoi d’une tournée qui les emmènera en avril et mai en France et en Belgique, avec dixneuf dates au programme. Dont deux en Bretagne. Rendez-vous avait été pris à l’heure du brunch, dans un café du centreville de Montréal, avec Luis Clavis, percussionniste et show-man du groupe, qui déroule la bio entre deux rasades de café : « Avec les autres membres du band, on se connaît depuis l’âge de six ans. C’est au secondaire, vers quatorze 44

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ans, qu’on a commencé à jammer ensemble ». À l’époque, une partie de la team fréquente une école de jazz et les cinq ados orientent naturellement leur son dans cette direction. « Puis assez vite, on s’est mis à écouter d’autres choses et on a pu réunir assez d’argent pour se payer du matos, alors notre musique est devenue moins conventionnelle. » En 2006, Misteur Valaire sort un premier album et débute sur scène, « d’abord pour quatre personnes, puis pour dix, puis cent. Le bouche à oreille a fonctionné ». Une idée géniale les fait alors connaître du grand public : lancer leur deuxième album en téléchargement sur leur site Internet, à prix libre. « On voulait qu’un maximum de gens puisse nous écouter. Il se trouve qu’on l’a fait deux semaines avant que Radiohead ne fasse pareil avec In Rainbows. Les médias ont repris ce côté précurseur, ce qui nous a fait une sacrée pub »,

s’amuse Luis. Farouches défenseurs de ce mode de distribution, ils ont procédé de la même façon avec leur troisième album l’an dernier, l’excellent Golden Bombay. Définir leur style n’est pas chose aisée, tant les cinq gars, aujourd’hui tous âgés de 25 ans, aiment mélanger les genres. Questionné à ce sujet, le percussionniste les fait tous défiler, apparemment sans ordre préférentiel : « On touche au jazz, à la pop, au rock, à l’électro, au funk, au hip-hop… » Aucun style n’est tabou, tous sont revendiqués. Sur scène en revanche, c’est plus facile à caractériser. En un mot : péchu. « On adore que ça parte dans tous les sens », confirme Luis qui se réjouit de revenir en France « pour le vin backstage et le public très énergique... enfin, saoul surtout ! » Régis Delanoë Le 23 avril au festival Andel’Ir à Andel, le 13 mai au festival Rock n’Solex à Rennes


DR

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photo : Nathalie Helesbeux

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PLAN À TROIS

AVEC LEUR SET NOISY POP, LES TROIS GARS D’I COME FROM POP SONT PARTIS AUX QUATRE COINS DE LA FRANCE À LA RENCONTRE DU PETIT MONDE DE LA SCÈNE INDé. UN MONDE QU’ILS INTèGRENT LES YEUX GRANDS OUVERTS.

uestion : combien de temps faut-il pour parcourir la distance séparant une chambre du fin fond du Finistère à la grande scène de l’ElyséeMontmartre ? Pour Pascal, chanteur d’I Come From Pop, le périple a duré moins de deux ans. Une jolie prouesse, alors qu’à l’origine, il était « seul, avec quelques mélodies en tête et une guitare désaccordée ». Première étape du voyage : le barbu trentenaire à la voix androgyne se voit offrir une date prestigieuse à La Carène à Brest, en première partie de Syd Matters, fin 2008. « C’est à ce moment que Laurent et moi sommes entrés en jeu, raconte François, le guitariste. à l’issue du concert, comme on s’est rendu compte que ça fonctionnait bien entre nous, autant musicalement qu’humainement, on a souhaité continuer. » Voilà comment ce qui devait être un projet solo mute en une aventure à trois. Seul le nom, I Come From Pop, vient rappeler ces débuts

balbutiants, car aujourd’hui, c’est bel et bien au pluriel que le groupe fonctionne. « Pascal vient avec son écriture, qu’on n’hésite pas ensuite à secouer, éclater et déstructurer pour obtenir un résultat qui nous satisfait tous », explique François. Un procédé démocratique mûri sur les routes de France, durant les deux années qui ont suivi la rencontre entre les trois larrons. « On a tout de suite souhaité partir de chez nous pour tester notre musique devant un public sans complaisance », justifie le guitariste. De Lyon au Havre en passant par les Trans et le Bataclan à Paris, les concerts marquants ne manquent pas. Jusqu’à cette fameuse date à l’Elysée-Montmartre. « Tout ça pour nous est assez incroyable, reconnaît Pascal. Partir ensemble avec la Kangoo chargée à bloc de matos, traverser la France et jouer la musique qu’on aime devant un public qui répond procure des sensations incroyables. » François parle d’un esprit « colonie de vacances », où « la camaraderie n’est pas un vain mot ». Alors tant

pis si les cachets sont bas et la fatigue maximum. Le chanteur enchaîne : « On a déjà la chance de faire de jolies dates et de toucher un peu d’argent, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de groupes. Dans le milieu indé, une extrême minorité parvient à en vivre. Même ceux qui font des grosses scènes et qui ont bonne presse travaillent presque tous à côté. Il faut savoir intégrer cette donnée et ne garder que le plaisir. » Le guitariste ne dit pas autre chose : « ces artistes qu’on admirait et qu’on admire toujours, on a eu la chance d’en rencontrer quelques-uns et tous sans exception sont des gens aussi adorables qu’abordables. Pouvoir ne serait-ce qu’approcher cet univers suffit amplement à notre bonheur. » Avec un album en préparation et quelques nouvelles dates, l’année 2011 doit permettre à I Come From Pop de définitivement acter sa présence dans la famille de la scène indé. Régis Delanoë Le 20 mai au Manège à Lorient, le 26 mai à l’Antipode à Rennes 47


RDV

ŽILDA L’ÉPHÉMUR

ADEPTE DU STREET-ART, CET ARTISTE BRETON COLLE SES PEINTURES SUR LES MURS, VIEUX BATEAUX ET USINES ABANDONNÉES. DES ŒUVRES FUGITIVES LOIN DE TOUTE MUSÉALITÉ. hez moi ou dans une galerie, ça n’a aucun intérêt. Ce qui m’intéresse c’est de contextualiser une œuvre. De l’installer dans la rue pour qu’elle puisse s’infuser. » Sur la façade décrépie d’une vieille maison du mail François Mitterrand, à Rennes, Žilda pose la nouvelle pièce de son projet « Palimpseste ». Une peinture sur papier. Une reproduction en noir et blanc du tableau Escapando de la crítica du peintre espagnol Pere Borrell del Caso. « Cela m’a demandé une centaine d’heures pour la réaliser. Je travaille moi-même mes pigments... » Un travail de fourmi qui contraste avec le temps de pose. En un quart d’heure et plusieurs coups frénétiques d’un pinceau nappé de colle, Žilda redonne vie à un ancien cadre publicitaire. « Il fait 163 cm sur 118. C’est une touche muséale sur un mur en friche. Si j’ai horreur des toiles à cause du cadre qui m’étouffe, ici je me l’impose. La contrainte me plaît dans l’art de rue car il faut faire avec des éléments déjà présents », raconte cet artiste, originaire de Lorient, aujourd’hui installé à Rennes, qui a commencé le streetart par les pochoirs. Une technique emblématique de l’art urbain, popu48

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larisée par Banksy, qui a vite lassé Žilda. « Il y a un côté machinal. On se répète à l’infini. C’est la pièce unique qui m’intéresse, insiste celui qui regrette la tournure qu’a prise le street-art. Aujourd’hui, il faut se montrer, faire de ton art un show. Je ne fonctionne pas à ça, je n’aime pas montrer ma tronche. » Sollicité pour des commandes institutionnelles depuis son projet « Je suis un éphémère » sur les murs du centre-ville rennais en 2008, il les a refusées. « Je n’ai pas besoin d’être validé pour exister. » Cette absence dans les circuits conventionnels, galeries et musées, conforte un aspect inhérent de son travail : le caractère éphémère de ses œuvres. Posées à Saint-Malo, Lorient, Paris, Toulouse, Rome ou encore Lisbonne, ses peintures restent soumises à l’arrachage et à la destruction. « C’est toujours mieux qu’une pièce reste le plus longtemps, qu’elle s’imprègne dans un quartier. Mais cela fait partie du jeu quand on colle une peinture dans la rue. » Julien Marchand Projet Palimpseste sur le mail François Mitterrand, à Rennes. Installations à découvrir également à Lorient, Saint-Malo…


Rome - mai 2009

photos : Žilda et BIKINI

Rennes - janvier 2011

Rennes - juin 2008

Rennes - avril 2009

Rennes - mars 2010

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RDV

SPRING BREAK

AVEC UN DEUXIÈME ALBUM PLUS APAISÉ ET UNE TOURNÉE QUI SE PROLONGERA CET ÉTÉ, METRONOMY EST L’UN DES GROUPES LES PLUS ATTENDUS DU PRINTEMPS. LES ANGLAIS PEUVENT TOUT FAIRE PÉTER CETTE ANNÉE. he English Riviera, le nouvel album de Metronomy, débute par une plage éponyme, comme pour le précédent opus, Nights Out. Dans les deux cas, ce morceau introductif donne des pistes sur les intentions du groupe. Les trompettes stridentes annonçant un paquebot en alerte, la guitare désaccordée et le tambour militaire ont laissé place au doux bruit des vagues, au chant des mouettes et à un air solennel de violon. L’électropop speedée et l’atmosphère postapocalyptique d’il y a trois ans ont été remplacées par une pop teintée d’une touche d’électro, baignée dans un univers plus apaisé. Le leader Joseph Mount abonde : « C’est un album que je trouve plus relaxant. Il fonctionne encore bien en soirée, mais une soirée plus intimiste. » Pour quelqu’un qui avait auparavant qualifié sa musique de « dance-music avec la gueule de 50

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bois », le changement est profond. Et voulu. L’Anglais s’explique : « Il y avait plus un désir de produire quelque chose de différent qu’une véritable volonté de jouer sur un mode plus léger. Il aurait été très facile de faire un album dans la lignée du précédent. » On l’interroge alors sur ce virage pop. Il dément. « Dans mon esprit, j’ai toujours fait de la pop. L’électro s’est plus imposé à moi que l’inverse. C’est un style que j’apprécie, mais pour moi, je n’en ai jamais vraiment fait. » Qu’on se le dise : Joseph Mount, bricoleur de génie et remixeur fou – Franz Ferdinand, Gorillaz... – n’est plus le geek amoureux de son Mac que la presse a dépeint à ses débuts. « Je trouve que The English Riviera sonne plus comme un album de musiciens qu’un disque fait par ordinateur », milite-t-il. L’écoute attentive des onze pistes de ce nouvel effort lui donne raison. La voix est mise en avant, de

même que les instruments, guitare, basse, batterie. Quelques bijoux se détachent de l’ensemble, tels Corinne, She Wants, The Bay ou le nouveau single The Look. Plus globalement, il ressort qu’on a là affaire à une œuvre collective, pas au produit d’un bidouilleur solitaire, aussi doué soit-il. Précisons que la donne a changé depuis les débuts de Metronomy. L’ami d’enfance de Joseph, Gabriel Stebbing, est parti, tandis que le bassiste Gbenga Adelekan et la batteuse Anna Prior ont débarqué. Avec son fidèle clavier Oscar Cash toujours à ses côtés, Joseph Mount peut désormais compter sur une formation solide. « Maintenant que nous sommes quatre, nos performances live sonnent comme un vrai groupe », assure-t-il. À vérifier fin mai à Rennes. Régis Delanoë Le 23 mai à l’Antipode à Rennes


photo : Gregoire Alexandre

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Vide ton sac

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AGENDA

V.Arbelet

DR

DR

Maud-Elisa Mandeau

recommande

GRANDMASTER FLASH

TOUS A L’ASSO

BENDA BILILI

QUE FAIRE ? (LE RETOUR)

Auteur du mémorable The Message il y a près de vingt ans, le grand maître du scratch et pionnier du hip-hop est toujours en grande forme, à plus de 50 berges. En tournée européenne, la légende vivante du Bronx pose ses platines à Brest le temps d’une soirée qui s’annonce sympatoche.

L’Assolidaire, collectif briochin regroupant la Contremarche et le Disquaire notamment, organise sa première soirée-concert. Seront de la partie : Julien Tiné (en duplex vidéo de Los Angeles), Pollux from Rio, Le Prince Miiaou (photo), Acapulco 44 et Rafale pour un DJ set.

Le staff d’handicapés congolais distille un groove fabuleux à la bonne humeur contagieuse. Rendus célèbres par l’émouvant documentaire éponyme, présenté au festival de Cannes 2010, ils tournent depuis deux ans régulièrement en France. À découvrir.

S’il fallait faire le tri dans notre Histoire, que faudrait-il garder ? La Révolution française ? Mai 68 ? La Coupe du Monde ?… Dans sa cuisine, un couple s'interroge sur les dates et les figures qui ont marqué l’Humanité, traitant avec le même sérieux les questions existentielles et terre-à-terre. À la Passerelle, Saint-Brieuc (22) Les 12 et 13 mai

Maxime Raymond

Au Glenmor, Carhaix (29) et au Quartz, Brest (29) Les 10 et 11 avril

DR

Daniel Jackson

À la salle Robien, Saint-Brieuc (22) Le 16 avril

Dumez

À la Carène, Brest (29) Le 3 mai

PÉRISCOPAGES

LE MENHIR CHEVELU

Lykke Li

CHINESE MAN

Créées en 2001, les Rencontres de la bande dessinée d’auteur et de l’édition indépendante fête leurs dix ans cette année. Au programme : des expositions dans les galeries et boutiques de la ville, sans oublier les Assises de la BD indé aux Champs Libres.

En attendant le Hellfest, les métaleux pourront se rendre dans le Finistère pour la 3e édition du festival du Menhir Chevelu. Avec une programmation qui ne fera pas dans la dentelle. Parmi les têtes d'affiche : Loudblast (photo) et Taake.

Partout où elle passe, la sensation pop venue de Suède cartonne. Sold out à la Cigale quatre jours plus tôt, la jeune femme fait escale à l’Antipode, à Rennes. Elle viendra y présenter son 2e album, l’excellent Wounded Rhymes.

Un an après un premier passage réussi, les Marseillais de Chinese Man reviennent pour une semaine de résidence à l’Échonova, qui se terminera par une soirée carte blanche. Également programmés au festival Rock’n Solex.

À Rennes (35) Du 6 au 29 mai

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Espace Keraudy, Plougonvelin (29) Les 23 et 24 avril

À l’Antipode, Rennes (35) Le 25 avril

À l’Échonova, Saint-Avé (56) Le 6 mai




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