novembre-dĂŠcembre 2013 #14
TEASING
À découvrir dans ce numéro...
« une escroquerie musicale »
é va s i on
NA Z I GRAFFITI FOLIE PURE
B A R VI P
« d e s c o n n e r i e s d e r e p e n t i s »
SALMA H AY E K Morceaux cachés
POPPERS
SU Z E CD DE LA HONTE
« i l v i e i l l i t b i e n P a s s e - P a r t o u t »
ÉDITO
foot & luxure À votre avis, qui parmi les supporters du Stade Rennais, du FC Lorient ou de l’En Avant de Guingamp trompe le plus sa compagne ? Réalisée par Ashley Madison, un site de rencontres extra-conjugales, une étude dévoilée dernièrement a classé l’ensemble des supporters de Ligue 1 selon leur fidélité amoureuse. Si au niveau national les fans parisiens sont ceux qui vont le plus voir ailleurs (en moyenne 4,28 aventures par an), le sondage révèle des Guingampais exemplaires (0,86), des Lorientais curieux (1,22) et des Rennais qui, dans ce domaine, arrivent enfin à conclure (2,08). Un classement que le site de rencontres avait également effectué pour les festivaliers. Sorti cet été, il démontrait que le public du Festival Interceltique, d’Astropolis et des Vieilles Charrues avait plus de mal à résister à la tentation que celui de la Route du Rock ou du Bout du Monde. On imagine du coup le score que pourrait réaliser un supporter rennais sur la plaine de Carhaix. Ces deux sondages sortis, nous attendons maintenant le prochain. Alors, dans quelle salle de concerts est-on le plus volage ? Dans quel cinéma ? Dans quel bar ? Dans quelle fac ? Dans quelle cité U ?... La course au podium (vous) est ouverte. La rédaction
SOMMAIRE 6 à 13 WTF : tournée des Trans, morceaux cachés, Fauve, foot & personnalités, sweats de fac, business des billets VIP, festivals 2014, corbeille... 14 à 23 « Y a quoi dans ton discman ? » 24 à 31 Faites sortir l’accusé 32 à 35 Au carrefour du LOL 36 & 37 Zéro 06 38 à 41 Les aventuriers des apéros perdus 42 à 47 RDV : Moodoïd, HHhH, The Red Goes Black, JC Satan et Wampire 48 & 49 Vide ton sac... le graffiti 50 BIKINI recommande 4
novembre-décembre 2013 #14
Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Isabelle Jaffré, Benoît Tréhorel, Simon Doniol / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Photographe : Justin Bihan / Consultant : Amar Nafa / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (Saint-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Étienne Cormier, Malou L’Arvor, Mickaël Le Cadre, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2013.
WTF
tournée des trans : le top 3
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je t’aime à l ’italienne
pour se mettre en jambes avant le festival début décembre, les trans musicales font le tour de l’ouest en novembre avec les groupes locaux qui feront l’actu demain. On mise sur ces trois-là.
DR
Les Nuits Soniques s’apprêtent à fêter leur 20e édition. Un rendezvous au cadre méga classe (un théâtre à l’italienne avec parquet ciré et lustre XXL) qui, pour son anniversaire, invite Chateau Marmont, Pendentif et De La Montagne. Le 21 décembre à Auray.
dead Konstantin Lipatov
oui aux cadences infernales
Après Professeur et Poetry, la chorégraphe Maud Le Pladec s’interroge sur les rapports entre musique et chorégraphie. Dans Democracy, cinq danseurs et quatre joueurs de batterie se partagent le plateau, pour un spectacle où corps et rythmes échangent mutuellement. Le 7 novembre à Quimper, du 13 au 16 novembre à Rennes.
jeux-concours
gratos Vos entrées en concert et festival pour pas un rond, c’est sur le Facebook de Bikini. Festival NoBorder à Brest, Im Takt à Carhaix, Les Nuits Soniques à Auray… Venez tenter votre chance ! 6
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Qui ? Un trio composé de deux Rennais, Berne et Bernard (aussi membre du groupe Maria False) et d’un Parisien, Brice. Quoi ? Les gaziers revendiquent une « dark dance mélangée à de la noise, une musique froide mais rythmée ». Après écoute de leur premier EP Transmissions, on confirme. Un disque “fin du monde friendly”. Quand et où ? Le 16 novembre à Coatelan à Plougonven, le 29 novembre au Cargö à Caen, le 30 novembre au Run ar Puñs à Châteaulin et le 7 décembre à L’Étage à Rennes.
D.A.N
Qui ? Quatre jeunes Nantais qui se cachent derrière trois lettres. D.A.N : Disco Anti Napoléon. Quoi ? Petits protégés de Pegase (programmé l’an passé aux Trans) et copains des Von Pariahs, le quatuor a sorti au printemps dernier Blue Lawn, un EP remarqué par la critique. Leur disco pop psyché rapelle Tame Impala, ce qui n’est pas la comparaison la plus dégueu. Leur premier album serait dans les tuyaux. Quand et où ? Le 29 novembre au Cargö à Caen et le 6 décembre à L’Étage à Rennes.
samba de la muerte
Qui ? Deux Normands sont à l’origine de ce projet. Et pas les plus manchots : Adrien (le clavier de Concrete Knives) et Superpoze (nouveau chef de file de l’abstract hip-hop français et récente signature Kitsuné). Quoi ? Dans une formule à quatre sur scène, les garçons (photo) défendent une folktronica vraiment bien branlée et marchent dans les pas de Bon Iver, Sufjan Stevens ou encore Patrick Watson. Quand et où ? Le 29 novembre au Vip à Saint-Nazaire et le 7 décembre à L’Étage à Rennes.
WTF
les morceaux cachés, ça existe toujours ? Le doigt pressé sur la touche uu , on allait les chercher à la toute fin des albums. Mais voilà, avec l’essor du mp3 et le déclin du compact disc, cette tradition semble disparaître. On vérifie. finalement décidé de rajouter au dernier moment, explique Fabien, le bassiste. Et puis, c’était aussi pour faire un peu comme les grands... » Au lieu des quelques minutes de blanc, Justin(e) avait poussé le vice jusqu’à inverser le son. « Il fallait découper la piste et la retourner sur À l’heure du mp3 et des albums l’ordi. » Parmi les autres techniques : découpés, une question : pourquoi ? enregistrer sur la face habituelleSi Justin n’a pu nous répondre, ment non-gravée ou se servir du Justin(e) l’a fait. Ce groupe nantais prégap, soit la piste 0 (comme l’ont avait dissimulé Benjamin Gauthier fait Katerine, Vitalic ou QOTSA). sur son album Du Pareil au Même. Un charme perdu sur le Net où la « C’était un de nos “tubes” du début, mention “hidden track” apparaît pas prévu pour le disque, qu’on a sur certains sites de téléchargement. Bikini
Le mois dernier, Justin Timberlake a sorti The 20/20 Experience: 2 of 2. Et a renoué avec une pratique qu’on avait un peu oubliée : celle du titre caché dans les dernières minutes d’un album. Ainsi, sur la 11e et ultime piste, après quelques secondes de blanc, Pair of Wings apparaît en bonus. Cette habitude a connu son âge d’or avec le CD. On a tous un album où figure un titre caché. Dans les productions récentes, on en a relevé sur Audio Video Disco de Justice ou sur What Did You Expect from The Vaccines? des Vaccines.
Nicolas David
produits en bretagne
Alors que 2013 touche à sa fin, une palanquée de groupes locaux donnent déjà rendez-vous à l’année prochaine et sortent de nouveaux albums, prêts à les défendre sur scène. C’est le cas des Rennais de Lady Jane et de leur chouette LP rock Things we forgot on vacation. Grosse actu aussi pour Sylvain Texier, avec deux sorties en octobre : en solo sous le nom de The Last Morning Soundtrack (EP intitulé Ghosts) et via le groupe Fragments, dont il est membre (Off the Map). Dans un tout autre style, les prolifiques rappeurs de Psykick Lyrikah déboulent avec l’album Jamais trop tard. Et on rappelle enfin que Monster Parade par The Enchanted Wood (photo), programmé aux Trans, est toujours dispo en vinyle et CD. 8
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FAUVE : stop ou encore ?
sensation du printemps, le groupe affiche toujours complet à chacune de ses dates. Parti pour durer ? « On hallucine de voir l’ampleur que ça prend. Quelque part, c’est disproportionné. On n’a pas l’impression de l’avoir mérité, pas encore. » Voilà ce nous confiait le collectif Fauve quand on lui avait consacré un article en avril pour annoncer ses premières dates en BZH. Depuis, l’album Blizzard est sorti, les concerts s’enchaînent et l’emballement ne faiblit pas. La venue des Parisiens au Vauban en novembre est complet deux bons mois avant. « Un tel phénomène, c’est rare, observe Marc Jouon de Quai Ouest, organisateur de la soirée brestoise. Chez les artistes francophones actuels, Fauve est tout en haut avec Stromae. » Mais l’engouement qui confère parfois à l’hystérie n’est-il pas un poil exagéré ? « Le fait est qu’ils ont un truc en plus, constate Joran Le Corre, premier à les avoir programmés dans la région pour Panoramas. Par le côté générationnel, ça me fait penser au Noir Désir de la grande époque. » Et c’est amené à durer ? « Ils ont la tête sur les épaules et une vision très juste du monde de la musique. Ils ont le talent et le recul nécessaire pour s’installer. » Sale nouvelle pour les haters. Le 7 novembre à Brest (complet) Le 8 novembre aux Indisciplinées 9
WTF
foot et personnalités : qui supporte qui ? Un stade de foot, c’est une société en miniature avec le tiers-état dans les gradins et une poignée de privilégiés en carré VIP. parmi eux, des gens connus. C’est Pour qui le champagne et les mini-pizzas ?
Entrepreneurs et politiciens locaux forment la majorité du contingent. L’actuel ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian est par exemple un grand fan du FC Lorient, car ancien maire de la ville. Interrogé sur la question, le journaliste Marc Beaugé (So Foot, ex-Inrocks) range aussi Miossec dans cette catégorie. « Tu sens que le mec triche pas. Son rapport au Stade Brestois ressemble à ce qu’on peut trouver en Angleterre, où chaque rockeur anglais se doit de supporter le club de sa ville d’origine, même si les résultats sont nazes. »
Il fut un temps où l’ex-Miss France Laury Thilleman fréquentait le stade Francis-Le Blé de Brest, sa ville d’origine. Le rival Guingamp a souvent droit à la visite de la MILF Estelle Denis, supportrice affichée de l’EAG. Mais le plus marrant reste de voir la bomba latina Salma Hayek (photo) tomber en amour pour le Stade Rennais. Marrant mais pas étonnant : l’actrice est casée avec le fiston Pinault, proprio du club et sosie (approximatif) de Daniel Craig. Pour Marc Beaugé, « Salma apporte une touche de naïveté et de légèreté désarmante ».
CORBEILLE Brigitte Fontaine Grande dame, peut-être. Excentrique, à n’en pas douter. Drôle, parfois. Imposture, clairement. Le “oui mais c’est une artiste” n’excuse pas tout, et sûrement pas cette voix dégueulasse. À Saint-Brieuc Joyce Jonathan Printemps : saturation 10
d’Hit West et Virgin Radio avec son single Ça Ira. Été : saturation des journaux people avec son boyfriend Thomas Hollande. Automne : saturation des salles de concerts du coin. Prenez le mot répété trois fois précédemment et vous aurez notre sentiment sur Joyce Jonathan. À Brest, Rennes, Callac
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les beaufs
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les bombasses
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les locaux
Depuis France 98, c’est devenu cool de supporter une équipe. Qui gagne, de préférence. Quantité de “footix” deviennent donc subitement fans du PSG. Mais des exceptions misent sur l’originalité et l’EAG est un modèle franchouillard qui amuse le petit écran : Cyril Hanouna a été converti par un pote chroniqueur et Valérie Damidot applique ses pochoirs avec le maillot rouge et noir sur le dos. « C’est d’abord le nom qui l’a fait marrer, croit savoir Marc Beaugé. En Avant Guingamp : c’est quand même drôle à dire à voix haute. »
Notre anti-sélection des spectacles Quand franchise et mauvaise foi ne font qu’un Riké « Aujourd’hui la journée sera belle / j’ai en tête cette mélodie / cet air qui me rappelle qu’aujourd’hui la journée sera belle. » Au royaume des Bisounours, le rasta blanc reste le boss. À Brasparts
tion : il est actuellement en phase 7 (entre Damien Saez et Jack Sparrow). Il nous tarde de voir la suite. À Rennes
Le combo infernal Joli enchaînement au Liberté. Les Chevaliers du Fiel le 14 novembre, Michel Sardou le 15. Une Soan Côté look, le chanteur belle idée cadeau. poursuit sa transforma- À Rennes
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le boom des billets vip
Pour les concerts et festivals, le business des billets “premium” se développe. Cool mais quel intérêt ? Vous vous souvenez de la scène dans Wayne’s World où Wayne et Garth sont au concert d’Alice Cooper ? Avec leur pass, ils fendaient la foule pour passer backstage et voir leur idole. Un privilège généralement réservé aux partenaires, médias et pros. Mais pour ceux qui souhaitent désormais passer de “l’autre côté”, des offres grand public ont vu le jour. Côté concerts, SFR a par exemple créé sa billetterie “SFR LivePass” permettant de bénéficier de places en avant-première, de surclassements et de billets « coupe-file ». à l’image de ce qui se fait déjà dans de gros festivals (Sziget, Coachella, Rock en Seine...), les Trans Musicales ont lancé cet été un pass 3 jours VIP pour 63 €. Le quota de 300 billets s’est très vite écoulé. « C’est pour remplacer le pass Parc Expo/Cité qu’on a mis en place cette offre », explique Camille Pavageau, responsable billetterie. Mais qu’apporte-t-elle de plus qu’une entrée classique ? « L’accès au bar VIP, un espace d’accueil plus agréable, avec un bar plus varié. » VIP certes, mais de seconde zone. Car si le carré s’est ouvert à tous, d’autres espaces sont nés en festivals : “Club VIP”, “Backstage Plus”, “Very VIP”... Pour croiser Alice Cooper, il faudra donc repasser. 11
WTF
Est-il cool de porter un sweat de sa fac ?
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« chérie, ça va couper »
Films de genre, comédies, drames… le Festival européen du film court, 28e du nom, est sur le point de s’ouvrir à Brest. À l’affiche : 200 courts-métrages à mater au Quartz et au Liberté. Nouveauté cette année, la compétition OVNI : objet vidéo non identifié. Du 12 au 17 novembre.
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iam : the end
Après la sortie en avril dernier de leur 6e album studio Arts Martiens, les darons du rap français ont déjà annoncé l’arrivée de leur nouvel opus qui déboulera le 18 novembre, avant de préciser qu’il s’agit du dernier. Pour leur tournée d’adieu, ils passeront le 8 novembre à Saint-Malo, le 14 février à Rennes et le 15 février à Saint-Brieuc.
grosse galette
miossec Pour fêter les 20 ans de carrière de Miossec, Pias, sa maison d’édition, réédite toute sa discographie en format vinyle. Sortie calée le 11 novembre. Boire et Baiser sous le sapin, idéal pour choquer Mamie à la Noël. 12
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Si les étudiants américains le font, pourquoi pas nous ? Porter les couleurs de son école, de sa fac, c’est renforcer le sentiment d’appartenance. Les bureaux d’élèves des écoles d’ingénieur et de commerce l’ont bien compris. Chez eux, la vente de merchandising est presque une tradition. Désormais, même les lycées s’y mettent. Paria, une boîte qui vend des t-shirts humoristiques bretons, a été contactée fin 2012 par le lycée de Portsall. Il souhaitait avoir un logo avec un look US pour des sweats, t-shirts et mugs. « L’idée était de les vendre ensuite pour financer des voyages ou d’autres projets », explique Ronan Calvarin, l’un des patrons de Paria. Depuis, la société a fourni une quinzaine de lycées du Finistère. « Du coup, on va commencer à démarcher pour en faire une activité à part entière », ajoute-t-il. D’autres sociétés – souvent jeunes – se sont aussi lancées sur le même créneau : Casual C, Le Tricot de Mémé, Les Bacheliers… Toutes mettent en avant un savoir-faire “universitaire”.
sée Campus communication. Mais les universités n’y vont pas à fond, elles se contentent souvent d’une boutique en ligne. « Cela ne fait pas partie de la stratégie des établissements. Ils ne fonctionnent pas en marque. En sport, par exemple, on ne voit pas de t-shirts ou de maillots avec l’identité des facs, contrairement à ce qui se fait aux États-Unis. » Et si les ventes marchent mieux en école supérieure, c’est parce que les étudiants y sont un groupe plus homogène que ceux des universités. « Ce sont souvent les BDE qui gèrent cela. Quand le merchandising est Côté facs, l’arrivée d’un imposé par l’institution, ça marche merchandising officiel moins bien », analyse Manuel Caest plus timide. Celles de Nantes, névet. De toute façon, Harvard, Rennes ou encore Brest ont bien Oxford, Berkeley, Yale... ça sonne des boutiques. « C’est une sorte de quand même mieux que Rennes 1, mode depuis trois ou quatre ans », Rennes 2 ou Université de Bretagne observe Manuel Canévet, directeur Occidentale, non ? associé de l’agence de com’ spécialiIsabelle Jaffré
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Les Anglo-Saxons le font depuis longtemps. En France, on commence à croiser de plus en plus d’étudiants avec des sweats floqués du logo de leur université. Alors, cool ou pas cool ?
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festivals 2014 : les premiers noms
2013 se termine, les premières pistes des éditions 2014 se dévoilent. on fait le point. vieilles charrues Programmé l’été dernier, Elton John avait dû annuler sa venue à Carhaix pour raison médicale. Avant d’annoncer sa participation à l’édition 2014.
bout du monde Au lendemain de sa dernière édition, le festival de Crozon a évoqué quelques pistes pour 2014 : Moriarty, Ayo et Jeff Beck (photo), classé 5e meilleur guitariste de tous les temps selon le magazine Rolling Stone.
mythos Jeanne Cherhal se produira les 16 et 17 avril à L’Aire Libre.
art rock Au printemps dernier à Saint-Brieuc, Féfé avait dû se résoudre à arrêter après dix minutes sur scène. Aphone, il avait abdiqué. Cela ne serait pas étonnant qu’Art Rock le réinvite pour qu’il puisse finir son set.
astropolis hiver Programmé aux Trans Musicales 2012, le DJ danois Kölsch, du label Kompakt, pourrait être présent lors de la prochaine édition hivernale d’Astropolis en janvier. 13
DOSSIER
Y a QUOI DANS TON discman ? Il y a 30 ans, le premier CD était vendu en France. Qu’en reste-t-il ? 30 personnalités artistiques et médiatiques nous confient leurs souvenirs. 14
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DOSSIER
BRNS
Premier CD ? Fashion Nuggets de Cake. On se l’écoute d’ailleurs toujours parfois dans le van avec le groupe. Il vieillit bien. Premier single ? Wannabe des Spice Girls. On était encore enfant. Le CD le plus écouté ? OK Computer de Radiohead. Il annonce un tournant dans la musique pop : fin du grunge et de la brit pop, arrivée d’une pop plus expérimentale. Le CD de la honte ? L’EP des Cranberries, avec la version originale de Zombie et plein de remix bizarres. Je pense qu’il vaut mieux qu’il reste là où il est : loin d’une platine ! Dernier achat ? ça doit être l’album d’Alt-J. Quelle importance aujourd’hui ? Il y a un problème avec la
mesparrow
Premier CD ? Une compil de compositions de Beethoven. Premier single ? Charmless Man de Blur. Le plus écouté ? Welcome to the modern dance hall de Venus. Le CD de la honte ? Happy Nation d’Ace of Base... Dernier achat ? Brother de Black Keys, je l’avais déjà en vinyle. Quelle importance aujourd’hui ? J’adore écouter des CD en entier sur la route, sans être coupée. 16
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seth gueko
dématérialisation de la musique : on n’associe plus un groupe ou un artiste à un visuel. Or, c’est hyper important. Je me souviens que j’achetais parfois un CD rien qu’en flashant sur la pochette. Le premier album de Eels par exemple c’était le cas, avec la petite fille aux gros yeux. Très impressionnant.
Premier CD ? Un best of de George Benson. Premier single ? Hey Mister DJ de Zhane. Le CD le plus écouté ? Autopsie 3 de Booba, pour les instrus à la fin. Le CD de la honte ? Première Consultation de Doc Gynéco. Dernier achat ? Mon album Bad Cowboy pour l’offrir. Quelle importance aujourd’hui ? J’aime le côté tactile avec le produit. J’adore décortiquer les livrets et découvrir des photos inédites.
sourdoreille
juveniles
Premier CD ? Legend de Toto. Premier single ? Virtual Insanity de Jamiroquai. Le CD le plus écouté ? Nevermind de Nirvana. Le CD de la honte ? Le 2 titres de Will Smith, Men In Black. Le morceau groove à mort. Dernier achat ? Random Access Memories de Daft Punk. Quelle importance aujourd’hui ? J’écoute en streaming. Et j’ai des morceaux en mp3 pour les DJ set.
Premier CD ? 666.667 Club de Noir Désir. Premier single ? Freed From Desire de Gala, j’étais comme un dingue. Le plus écouté ? J’arriverai pas à départager 666.667 Club et OK Cowboy de Vitalic. Le CD de la honte ? À 20 ans, j’étais un grand fan de Mass Hysteria. Quand le quatrième album est sorti, je l’ai écouté avant de me rendre compte que c’était vraiment de la soupe. J’ai brûlé le disque avec de la vodka. Dernier achat ? Une compil du label allemand Kompakt. Quelle importance aujourd’hui ? J’écoute quasi-exclusivement de la musique en ligne. Surtout pour des questions pratiques.
the 1969 club
Premier CD ? Parmi Eux de Deportivo. Je les adore toujours d’ailleurs, je les trouve excellents. Premier single ? Un quoi ? Le CD le plus écouté ? Kasabian, le premier. Le CD de la honte ? Overprotected de Britney Spears. Je connaissais la choré. Je l’écoute toujours en soirée. Il me donne la banane. Dernier achat ? Un album d’Alain Souchon, en occas’, où il y a la chanson Le Baiser. Quelle importance aujourd’hui ? C’est un de mes objets préférés. J’adore enlever le plastique, découvrir le dessin sous le CD, les collaborations, les remerciements... Ce qui est chouette c’est ceux qui les revendent pour des cacahuètes, youhouuuu !
gérard baste
Premier CD ? Doggystyle de Snoop Doggy Dogg. Premier single ? Je pense que c’était Jamiroquai. Je kiffais. Le CD le plus écouté ? Thriller, Michael Jackson était un génie. Le CD de la honte ? L’album des WhatFor. À l’époque, je matais toute la real TV et je l’attendais. Dessus, y a quand même la participation de Nile Rodgers ! J’avais déjà pécho les L5 avant... Ah ah c’était vraiment pourri ! Dernier achat ? J’en prends beaucoup en “nice price” pour les vacances. Aux dernières : Morrison Hotel des Doors et Licensed to Ill des Beastie. Quelle importance aujourd’hui ? Le format est certes dépassé mais je ne me vois pas faire un album sans le sortir en physique. C’est l’aboutissement du boulot, une concrétisation qu’on ne retrouve pas en digital.
yan wagner
Premier CD ? Dig Your Own Hole de The Chemical Brothers. Le premier payé de ma poche. Premier single ? Sûrement de l’eurodance assez foireuse genre Night Crawlers. Le CD le plus écouté ? One Nation Under a Groove de Funkadelic. Le CD de la honte ? Une compilation moisie contre le sida. C’était l’époque des slows dans les booms et cette compilation en regorgeait. Dernier achat ? Cela devait
sûrement être la B.O de Aguirre par Popol Vuh. Mais je continue à acheter des CD pour les offrir à mes parents. Quelle importance aujourd’hui ? Cela fait bien longtemps que le CD n’exerce plus sur moi d’attraction particulière. Si j’achète un album je le fais plus volontiers en vinyle. Si je cherche des titres à passer en club, alors je me tourne soit vers les maxi, soit vers des mp3 en 320 kbps au minimum via des plateformes type Beatport.
salut c’est cool
Premier CD ? Toxicity de System of a down. Je le connais par cœur. Premier single ? J’en ai jamais eu. Le CD le plus écouté ? 14 greatest hits de Hot Chocolate. Je l’ai écouté tous les matins au lycée. Le CD de la honte ? t.A.T.u. Dernier achat ? Le dernier de Sexy Sushi, juste avant l’été. Quelle importance aujourd’hui ? K7, CD, mp3 et vinyle : chacun est cool et important.
panteros 666
Premier CD ? Smash d’Offspring. Premier single? Flat Beat de Mr Oizo. Le CD le plus écouté ? In The Court of the Crimson King de King Crimson. Je découvre toujours de nouvelles choses même après 834 écoutes. Le CD de la honte ? Medecine Cake de Pleymo. Le néo métal français est une cible facile. Dernier achat ? Une compil de Rave Anthems de 1996 achetée à San Francisco lors de la dernière tournée U.S de Club Cheval. Quelle importance aujourd’hui ? C’est comme un animal de compagnie, ça vieillit, ça prend de la place, parfois ça pue un peu mais ça rappelle plein de bons souvenirs. Le seul problème reste la place du support physique dans une époque de dématérialisation. 17
DOSSIER
mermonte
Premier CD ? Sergent Pepper’s des Beatles certainement. Premier single ? Je n’en ai jamais acheté de ma vie. Le CD le plus écouté ? Electric Ladyland de Jimi Hendrix. Le CD de la honte ? Follow the leader de Korn. Je l’avais acheté car j’étais fan de Life is Peachy. Dernier achat ? Un Syd Barrett que j’avais complétement zappé. Quelle importance aujourd’hui ? J’aime ce format, j’en achète toujours car je trouve le son très bon. Cependant, c’est très fragile et la pochette est trop petite.
hollysiz
Premier CD ? Vanessa Paradis, l’album éponyme avec Kravitz. Premier single ? California Love de Tupac Shakur. Le CD le plus écouté ? Bad de Michael Jackson, car je refaisais intégralement toutes les chorégraphies des clips. Le CD de la honte ? La Lambada. Je suis très bon public de ce genre de chansons. Dernier achat ? It was written de Nas, cet été, pour le réécouter. Quelle importance aujourd’hui ? J’aime l’objet, même si la plupart du temps aujourd’hui je télécharge (légalement). J’achète toujours en CD pour les artistes que j’aime depuis longtemps.
SUPERPOZE
Premier CD ? Un album de punk-rock de teenager, mais je ne me souviens plus lequel parmi Lagwagon, Nofx et Yellowcard. Premier single ? Peut-être bien Nèg’Marrons ou Aqua. Le CD le plus écouté ? Moon Safari de Air. Le CD de la honte ? Je connaissais l’album de Manau presque par cœur quand j’étais petit. Le dernier achat ? Le dernier James Blake quand il est sorti. Quelle importance aujourd’hui ? J’achète encore des CD, mais beaucoup moins que des vinyles. Avec mon collectif, nous faisons des CD à la main, fabriqués de A à Z, sérigraphiés… J’aime 18
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ce travail-là. Ce que fait Kütü Folk par exemple, c’est top. J’ai aussi été agréablement surpris par la version CD de l’album d’Alt-J, il y a un vrai travail de packaging. Je trouve le CD encore intéressant si on se sert de ses dimensions pour faire une belle pochette.
gonzaÏ
Premier CD ? L’album d’Alliance Ethnik, une énorme faute de goût due à l’adolescence. Premier single ? Scream de Michael Jackson en duo avec sa sœur. Refrain imparable. Le CD le plus écouté ? Impossible d’en citer un. J’écoute un disque de façon compulsive pendant un mois, tous les jours, plusieurs fois, et puis écœuré, je le range. Le CD de la honte ? Celui de Coolio, Gangsta’s paradise. Dernier achat ? Je ne me souviens plus. J’ai jeté ma platine CD en 2007 et ne l’ai pas remplacée. Quelle importance aujourd’hui ? Le seul souvenir que je garde des CD, c’est ceux de la médiathèque que je copiais. Un bon moyen dans cette époque pré-Internet de se cultiver pour pas cher.
les gérards
Premier CD ? Americana de The Offspring. Premier single ? Scatman de John Scatman. Ski-Ba-Bop-Ba-Dop-Bop ! Le CD le plus écouté ? The Power Out d’Electrelane. Le CD de la honte ? Le premier album de Placebo eu à Noël… Dernier achat ? Arcade Fire, The Suburbs - Deluxe Edition. Quelle importance aujourd’hui ? Pour la plage ou le camping.
rich aucoin
Premier CD ? Le premier album de Led Zeppelin. Premier single ? Move Your Feet de Junior Senior. Le CD le plus écouté ? Dark Side of The Moon de Pink Floyd. Le CD de la honte ? Big Shiny tunes 2, une compilation que la
GRAND MARNIER
Premier CD ? Le premier acheté avec mon propre argent est l’album éponyme de Downset. Premier single ? Je n’ai jamais eu de single, je trouvais ça cheap. Le CD le plus écouté ? Mata Leao de Biohazard, il s’écoute d’une traite. Le CD de la honte ? Je suis archi-contre toute forme d’ironie dans l’amour de la musique. Dernier achat ? Solo Piano II de
totorro
radio nationale au Canada avait l’habitude de faire. Dernier achat ? J’achète beaucoup de vinyles mais le dernier CD, c’est une compilation de titres de Phil Spector. Y avait un livret de 40 pages avec aussi… Quelle importance aujourd’hui ? ça sera marrant quand les groupes “do it yourself” ressortiront avec fierté des CD faits maison comme certains le font aujourd’hui avec les cassettes.
Gonzales. Sa durée est idéale pour prendre un bain, et j’adore les bains. Quelle importance aujourd’hui ? Ce format a été un rêve quand il est apparu : le truc inusable, super moderne, avec un son pur, le laser... Maintenant tout le monde se rend compte que ça ne fait pas mal au cœur de jeter un CD à la poubelle.
Premier CD ? Steal this album de System of a down. Premier single ? Daddy DJ… Le CD le plus écouté ? Chocolate Starfish de Limp Bizkit. Le CD de la honte ? Le premier album de Louise Attaque. Un disque offert avec ma chaîne hifi. Dernier achat ? This Is Our Science d’Astronautalis lors d’une date en Allemagne. Quelle importance aujourd’hui ? C’est toujours bien d’en avoir dans sa voiture. Et puis on peut en échanger avec les copains. Pour l’écoute, on privilégie le vinyle.
luz
Premier CD ? Bad de Michael Jackson, dès le jour de sa sortie en 1987, juste avant la rentrée des classes au lycée Balzac de Tours. Premier single ? Aucune idée. Probablement une merde. Le CD le plus écouté ? Dead Letter Office de REM. Je l’ai détesté à la première écoute. Puis j’ai compris que c’était une compil bourrée de raretés et de reprises, dont trois exceptionnelles du Velvet.
Le CD de la honte ? The Return Of The Space Cowboy de Jamiroquai. Un pote m’avait fait écouter le morceau The Kids. Pour moi, son riff de guitare était capable de tuer tous les fascistes de la terre. Après, j’ai vu que le gars en question portait un ridicule chapeau à cornes. ça m’a dégoûté, comme si une vache avait chié dans mes oreilles. Mais les flatulences du
morceau restent toujours un bon antidote à la déprime. Dernier achat ? Malesch d’Agitation Free. J’étais bourré. Quelle importance aujourd’hui ? C’est le pire format qui existe. La première grande escroquerie musicale. La première fois que l’industrie du disque nous a dit « on va tous vous niquer en vous obligeant à racheter tous les disques que vous aviez déjà ». 19
DOSSIER
les imposteurs
Premier CD ? Synkronized de Jamiroquai. J’aime presque tous les titres de ce disque et les ai appris au piano à l’époque. Premier single ? Un deux titres du Nirvana MTV Unplugged. Le CD le plus écouté ? L’unique album de La Patère Rose ! Le CD de la honte ? Mes parents
zombie zombie
Premier CD ? Movement de New Order. Je l’écoutais sur mon discman payé avec ma première paye. Ça coûtait assez cher à l’époque… Premier single ? Le CD single m’a toujours semblé superflu, je me souviens quand même avoir acheté un de The Cure car il y avait une vidéo avec. Le CD le plus écouté ? Daydream Nation de Sonic Youth. Je connais par cœur les moindres subtilités des structures des morceaux. Le CD de la honte ? Hallelujah des Happy Mondays. Disque surestimé acheté sous l’influence des Inrockuptibles… J’avais l’impression d’avoir chopé un disque de baloche branchouille. Dernier achat ? Il y a une semaine : Hovers, un CD-R du trop méconnu Stanley Brinks. Quelle importance aujourd’hui ? Ce format n’a plus que deux intérêts : la voiture et le DJ set... 20
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nico prat
avaient un album de Pow woW qu’on écoutait souvent le dimanche. Dernier achat ? Un album de Smashing Pumpkins. Quelle importance aujourd’hui ? Je conserve surtout les CD que certains artistes m’ont offerts. Le compact disc a 30 ans, on joue de la musique depuis des milliers d’années...
rone
Premier CD ? J’ai très tôt été fasciné par un disque d’Erik Satie dans la tour à CD de ma mère. Mais le premier que j’ai acheté est un album de Nirvana. Premier single ? C.R.E.A.M du Wu-Tang Clan, il y avait des instrus dessus ! Le CD le plus écouté ? Ascenseur pour l’échafaud de Miles Davis, j’avais 16 ans. Un disque qui m’a fait découvrir le jazz. Le CD de la honte ? J’ai encore beaucoup d’affection pour la B.O du Grand Bleu par Éric Serra. C’est kitsch mais j’ai du respect pour ce disque, il m’a touché quand j’étais enfant. Dernier achat ? Un album d’Arcade Fire, il y a cinq ans. Quelle importance aujourd’hui ? Ado, j’étais très attaché à mes CD. Mais depuis quelques années, ceux que je reçois s’empilent. Je n’ai plus le réflexe de les écouter.
Premier CD ? Le premier album de Rage Against The Machine. Premier single ? Je ne me souviens plus du tout. En revanche, je regrette pas mal l’époque des EP : à 17 ans, j’ai passé une semaine à Londres, j’en suis revenu avec une cinquantaine. Le concept de face B aujourd’hui se perd totalement, c’est dommage. Il y avait un côté collectionneur qui me plaisait. Le CD le plus écouté ? Definitely Maybe d’Oasis. J’étais en séjour linguistique à Dublin, et une nana que j’aimais bien a mis un disque. J’ai juste eu le temps d’entendre le chanteur scander « maybeeeeee » Ce « maybe » m’a pas mal hanté pendant toute la semaine restante. Le CD de la honte ? J’ai encore l’album des Worlds Apart. Dernier achat ? La réédition du premier album de Rage Against The Machine. La boucle est bouclée. Quelle importance aujourd’hui ? Je suis fou de musique, et me moque bien du support. Le CD n’est qu’un objet carré qui a accompagné ma découverte de la musique.
phenüm
Premier CD ? Nevermind de Nirvana. Premier single ? Jump de Kris Kross. Le CD le plus écouté ? Cornerstones de Jimi Hendrix. Le CD de la honte ? En solitaire de William Scheller. Je suis encore touché par ses mélodies et sa voix. Dernier achat ? Maze de Chateau Marmont en mai dernier. Quelle importance aujourd’hui ? Le CD est plutôt cool : pas bien encombrant, qualité de son, un artwork et une face aluminium multicolore !
aline
Premier CD ? Un best of des Clash. Premier single ? Girls in love. C’était un Allemand qui chantait ça... (Andreas Dorau, ndlr). Le seul single que j’ai acheté je crois. Le CD le plus écouté ? Hatful of Hollow, une compilation des Smiths. J’ai dû l’écouter tous les jours pendant six mois. Le CD de la honte ? Franky Goes to Hollywood... surproduit. Dernier achat ? Vauxhall and I de Morrissey, trouvé dans une brocante Quelle importance aujourd’hui ? C’est un support que je déteste. ça fait longtemps que je n’en achète plus. C’était pourtant hyper futuriste quand c’est apparu. J’ai eu pas mal de gravés. J’en écoute encore de temps en temps en bagnole, mais je transfère tout en mp3. 21
DOSSIER
rover
Premier CD ? La B.O du film Wonderwall par George Harrison. Premier single ? Around the world des Daft Punk. Le CD le plus écouté ? Sergent Pepper’s des Beatles. Le CD de la honte ? Get a grip d’Aerosmith. Je pense toujours bien aimer ce disque. Dernier achat ? L’album solo de Julian Casablancas. Quelle importance aujourd’hui ? J’ai un attachement lié à une nostalgie. Et je trouve que ce format conserve l’œuvre dans son intégralité, contrairement au mp3 qui a tendance à scinder un album.
tepr
Premier CD ? Dangerous de Michael Jackson. Premier single ? Black Betty de Ram Jam. Le CD le plus écouté ? Le premier ! Le CD de la honte ? Honnêtement, il n’y a aucun disque que je regrette d’avoir acheté... Il fallait un budget pour acheter un CD à l’époque, je ne faisais pas mes choix à la légère. Dernier achat ? So what de Miles Davis. C’était en janvier 2007. Quelle importance aujourd’hui ? Je trouve le CD encombrant et pas très beau, un peu comme le DVD. Je n’en ai d’ailleurs plus aucun chez moi. 22
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franck annese
Premier CD acheté ? J’ai bien peur que ce soit le 30 cm d’Elmer Food Beat. J’avais 13 ans, j’habitais à Bourgbarré en Ille-et-Vilaine, j’étais bien. Premier single ? Girl you know it’s true de Milli Vanilli. Le CD le plus écouté ? Vivadixiesubmarinetransmissionplot de Sparklehorse. Je ne pense pas qu’il se soit passé un mois sans que je n’écoute ce disque depuis sa sortie. Le CD de la honte ? J’hésite. Il faut dire que je cumule. J’adore Daniel Balavoine, tout le monde me dit que c’est ringard mais moi je vois pas bien en quoi. J’adore France
disso de dlf
Premier CD ? Un Depeche Mode. Premier single ? Je n’ai jamais été très enthousiaste de ce format. Le CD le plus écouté ? Laughing Stock de Talk Talk. Un CD très en dehors des modes. Le CD de la honte ? S’il fallait trouver quelque chose d’un peu “mal vu”, j’ai un best of de Souchon. Dernier achat ? The Enemy de Centenaire, à La Route du Rock. Quelle importance aujourd’hui ? Pendant longtemps, pour moi, CD était égal à CD gravé. Je me revois encore devant l’ordinateur. J’ai l’impression que c’était il y a un siècle. Ça doit remonter à même pas dix ans.
Gall. J’adore Michel Berger. J’adore la variété française, en fait. Dernier achat ? High Violet de The National. Pour offrir. Quelle importance aujourd’hui ? C’est un format hyper important pour moi, même si en vieillissant, je me suis aperçu que je préférais le vinyle. Mine de rien, j’écoute encore beaucoup de CD, je dois en avoir 6 500 chez moi. De très bonnes choses, des moins bonnes, mais je ne me résous pas à jeter car ils représentent chacun un moment important de ma vie. Ou alors tout simplement parce que je trouve que c’est classe d’avoir plein de CD dans son entrée...
breton
Premier CD ? The Score des Fugees. Premier single ? Higher State of Consciousness de Josh Wink. Le CD le plus écouté ? Center of Attention d’INI. Le CD de la honte ? Unwritten de Natasha Bedingfield. Le titre These Words est un classique. Dernier achat ? Push Away The Sky de Nick Cave. Artiste incroyable. Quelle importance aujourd’hui ? Si un artiste parvient à créer quelque chose d’intéressant et d’unique, que le public aura sincèrement envie de posséder, les CD auront toujours leur place.
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27 février 1983, JT d’Antenne 2, Patrick Poivre d’Arvor présente d’un air solennel une galette brillante de 12 cm de diamètre : le CD. « Regardez bien ce disque, dit-il, c’est en principe le disque de l’avenir, un disque numérique, inusable ou presque. » S’en suit un reportage en RFA, dans une des deux seules usines au monde à produire à l’époque le compact disc. Le lecteur coûte alors une blinde (6 000 francs, près de 1 000 euros) et le catalogue est mince : La Symphonie Alpestre de Richard Strauss, 52nd Street de Billy Joel et The Visitors d’ABBA. Rapidement pourtant, les ventes explosent. En 1985, Brothers in Arms de Dire Straits est le premier album à passer le million d’exemplaires vendus. Trois ans plus tard, le gros vinyle devenu ringard se fait dépasser par son ambitieux petit frère, qui va jusqu’à représenter en 2002 plus de 95 % des ventes d’albums, tous formats confondus. Puis c’est la chute, violente et inéluctable : le CD passe sous la barre des 50 % de ventes d’albums dès 2010, assommé par le web. « Inusable, inrayable, la musique codée par ordinateur défie le temps », annonçait le reportage télé il y a trente ans. Preuve s’il en fallait que les journalistes ne sont pas toujours visionnaires. 23
dossier
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a dernière évasion de la prison JacquesCartier à Rennes a été la plus spectaculaire. Une évasion à l’ancienne. Comme on l’a écrit dans le journal à l’époque, c’est une histoire digne de Lucky Luke. Il ne manquait plus que les chevaux derrière les murs pour réceptionner les détenus… » Cinq ans après les faits, Michel Tanneau, journaliste à Ouest-France, a toujours en tête le joli coup réalisé par ces deux évadés. « C’était en décembre 2008, quelques jours avant Noël. Ça s’est passé en pleine nuit. Après avoir scié les barreaux, ils ont réussi à accrocher une corde dans leur cellule. À l’extérieur du mur d’enceinte, des complices attachaient l’autre bout autour d’un arbre. Les détenus n’avaient alors plus qu’à se laisser glisser comme sur une tyrolienne, avant de filer… C’est une évasion qui nécessitait une forme athlétique, de l’aide extérieure et surtout du culot. » Pas une première pour Jacques-Cartier, qui a fermé ses portes en 2010, remplacée par la prison “moderne” de Vezin-le-Coquet. Ces vingt dernières années, les évasions et tentatives ont ponctué l’histoire de l’ancienne maison d’arrêt. Des envies de liberté aux procédés variés : trou dans le mur creusé à la fourchette, lancer 25
XIIIfromTokyo
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de grappin, fugue par les égouts, suscitent de l’admiration, pas les serrures détruites à l’explosif et autre violentes. » classique sciage de barreaux. Encore faut-il que cela vaille le coup de s’évader. Qui risquerait trois anPar la ruse nées de prison supplémentaires (la Des histoires qui fascinent et qui peine pour évasion s’ajoute, pas de font toujours les titres, aussi bien confusion possible) si la condamnaau niveau local que national. D’Al- tion d’origine n’est pas trop lourde bert Spaggiari à Antonio Ferrara, ou si la libération est proche ? Un en passant par Jacques Mesrine et calcul que ne font pas tous les évadés. Jean-Pierre Treiber, les évasions « Pour moi, il en existe deux catégocaptent toujours l’attention du ries, estime Martine Herzog-Evans, public. « Quand un détenu réussit professeur de droit à l’Université à franchir un mur réputé infran- de Reims et auteure de nombreux chissable, on ne peut que saluer le ouvrages sur la question. Les pieds geste, explique Frédéric Ploquin, nickelés qui profitent d’une occasion journaliste à Marianne et auteur du en or ou qui ne rentrent pas d’une livre Ils se sont fait la belle. Mais permission de sortie, sans réfléchir tous les évadés n’ont pas l’adhésion aux conséquences. Généralement du public. Seules les évasions par ils sont retrouvés dans les 48 heures la ruse ou par l’exploit physique chez leurs proches. Et puis il y a
« L’évasion peut être belle et foirer dans l’heure qui suit » 26
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les organisés, ceux qui savent qu’ils sont en prison pour un bon bout de temps et qui réfléchissent donc à une fuite. »
« Le plus compliqué : la cavale » « La grande majorité des détenus ne pensent pas à s’évader, relativise néanmoins Frédéric Ploquin. Ils acceptent plus ou moins leur sort et s’évadent autrement : des tranquillisants à haute dose et du shit toute la journée. Par contre, pour une bonne partie des délinquants professionnels, notamment les braqueurs, l’évasion est une obsession. Et si à l’extérieur des gens les aiment, les soutiennent ou ont besoin d’eux, ils sont alors prêts à les aider. » Dernier exemple notable en date : l’évasion de Redoine Faïd. Arrêté pour sa participation présumée à une attaque à main armée qui a coûté la vie à une policière municipale, cette figure du banditisme s’est évadée en avril dernier de la
Édouard Hue XIIIfromTokyo
prison de Sequedin, dans le Nord, après que des complices aient réussi à lui faire passer armes et explosifs. Avant d’être finalement repris six semaines plus tard dans un B&B en banlieue parisienne. Car l’évasion est tout sauf une finalité. C’est peut-être même là que tout commence. « Le plus compliqué, ce n’est pas de sortir mais plutôt de ne pas y retourner, ajoute Frédéric Ploquin. L’évasion peut être belle sur le moment et foirer dans l’heure qui suit. La cavale, c’est ce qu’il y a de plus difficile. Cela nécessite de l’aide, de l’argent… » « À Rennes, depuis 1989, tous les évadés ont été repris », note Michel Tanneau. Un constat que l’on observe dans les autres centres pénitentiaires bretons, à l’image de l’évasion de Laurent Jacqua en 1994 de la prison de Plœmeur, rattrapé quatre mois plus tard (lire par ailleurs page 28). Davantage axées sur la sécurité, qu’en est-il des nouvelles prisons dites
« Il y aura toujours des failles dans les prisons modernes » modernes ? Depuis son ouverture en mars 2010, celle de Vezin-le-Coquet dans l’agglomération de Rennes, seul établissement de cette génération en Bretagne, n’a pas encore enregistré la moindre évasion réussie. Placée dans une zone industrielle et équipée de miradors (à la différence de Jacques-Cartier), elle apparaît sur le papier mieux armée pour parer toute tentative.
des caméras sont branchées alors qu’il faudrait davantage de gardiens ; les détenus ont moins de responsabilités dans la vie quotidienne ; des vitres sans tain sont installées… Tout pousse à la déshumanisation et alimente la violence. Pour certains, la seule issue reste donc l’évasion », juge Elsa Dujourdy, juriste à l’OIP. « Même si depuis plus de dix ans de plus en plus de mesures sont prises pour limiter les risques, il y aura « Il y en aura toujours » toujours des évasions », poursuit Un type d’établissement qui, selon l’auteur d’Ils se sont fait la belle. Et l’Observatoire international des d’ajouter : «Il y a aura toujours des prisons (OIP), est cependant loin failles dans les prisons modernes. de couper toute envie d’air frais chez Et il y aura toujours de la place pour les prisonniers. « Le problème de tous les types d’évasion, qu’elle soit ces prisons, c’est qu’elles vont à l’en- professionnelle ou artisanale. » contre des recommandations faites en matière de sécurité dynamique : Julien Marchand 27
DOSSIER
« l’évasion dont je suis le plus fier ?
Qu’est-ce qui pousse un détenu à s’évader ? L’être humain n’est pas fait pour être enfermé. Accepter sagement sa peine, c’est des conneries de repentis ! Tu ne peux pas accepter l’enfermement. Moi je t’enferme dans ton salon pendant quinze jours, tu vas devenir dingue. Même avec tout le confort : télé, canapé, jeux... Mais au bout de deux jours t’auras qu’une Comment ça se prépare ? envie : sortir. Physiquement déjà. Se mettre au Si on ne pense pas à l’évasion, on sport, à la muscu. éviter le foot pour ne pas se blesser. Il faut être puissant devient fou ? L’évasion te permet d’avoir de l’es- pour pouvoir affronter tous les cas poir. Si tu sais que tu n’as aucune de figure : passer un mur, te battre chance de t’en sortir, c’est là où ça avec des matons, courir dehors devient dur. C’est aussi un état d’es- pendant des heures... Si t’as tous les prit, une lutte contre la répression. flics de France au cul, il faut réponLorsque tu mets à genoux le système dre physiquement. en t’évadant, c’est le pied. Quand tu défies les miradors, que t’arrives Et en termes de logistique et de à t’enfuir, que tu vois que tout ça matériel ? n’est que de la pacotille, toutes les ça c’est secret. J’ai réussi à faire portes te semblent ouvertes après. rentrer des scies, des armes, des fumigènes... Point barre. L’évasion, on y pense dès le premier jour de détention ? C’est long à préparer une évasion ? Avant même ma condamnation, Plutôt rapide. Y a une chose dont il j’y pensais. J’étais tombé pour bra- faut se rappeler : ne jamais garder quage, je savais que je partais pour le matériel en cellule. Tu le gardes quinze ans en cellule. Il fallait que plus de deux jours, c’est mort. Moi je me barre. dès que j’avais le matos, j’agissais
« Accepter sa peine de prison : des conneries de repentis ! » 28
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Ancien braqueur récidiviste, libre depuis 2010, Laurent Jacqua a passé 25 ans en prison. Un séjour ponctué de plusieurs évasions et tentatives. Il les raconte.
direct. Dans les films, tu vois les mecs qui cachent des trucs pendant des mois, c’est des conneries. L’outil idéal, c’est quoi ? Le cerveau : trouver la faille parce qu’il y en a toujours une, même dans les prisons les plus modernes. Tu as trois évasions à ton palmarès, celle dont tu es le plus fier ? Celle de Plœmeur dans le Morbihan (le 9 octobre 1994, ndlr). On a fait le coup de l’ampoule. La nuit, les matons faisaient des rondes et allumaient la lumière dans chaque cellule pour s’assurer qu’on était bien là. Un soir, on a volontairement grillé notre ampoule et ces cons-là sont arrivés pour la changer. Sauf que nous, on était armé pour les accueillir. J’ai enfermé les deux matons dans la cellule, on a ouvert toutes les grilles avec les clés du surveillant-chef et on a passé les derniers sas de sécurité avec une prise d’otages. Avant de se tirer avec la voiture du directeur, une Clio blanche je me souviens.
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plŒmeur »
à chaque détention, l’administration te surveillait particulièrement ? Après une évasion, j’ai fait cinq ans en quartier d’isolement. Et j’ai été aussi beaucoup transféré, ils m’ont fait tourner dans une quarantaine de prisons. ça s’appelle la rotation DPS : la rotation des détenus particulièrement surveillés. Un bon moyen pour casser les tentatives d’évasion. Tous les moyens sont bons dans une évasion ? Il faut être sans pitié à un moment donné. S’il faut arracher une bagnole, t’arraches une bagnole. Si t’as besoin de prendre des gens en otage, tu les prends en otage. Le mirador te tire dessus, tu lui tires dessus. Quand ta vie est en jeu, tous les moyens sont bons. Après, je ne faisais pas des trucs de crapule. Je n’allais pas attaquer une vieille, mais si elle était sur mon chemin je la poussais, et le teckel avec ! C’était ça ou 20 ans de prison, j’allais pas commencer à faire des politesses. Recueilli par J.M 29
DOSSIER
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BNF
le jour où vidocq s’est enfui de brest
Avant de faire l’objet d’un (mauvais) film avec Depardieu dans le rôle-titre, le personnage de Vidocq a vraiment existé. Enfant de la petite bourgeoisie né en 1775, EugèneFrançois Vidocq a très tôt profité des troubles de la Révolution pour s’essayer à la filouterie. Fin 1796, il est condamné par un tribunal du nord de la France, sa région d’origine, pour faux en écriture. Alors âgé de 21 ans, le jeune homme est condamné à l’enfermement au bagne de Brest avec d’autres détenus de son rang : petits escrocs, contrebandiers, déserteurs… « Brest était l’un des deux lieux d’incarcération de l’époque avec Toulon, éclaire l’historienne Frédérique Joannic-Seta. Ce n’est pas un hasard s’il s’agit de deux ports militaires : les bagnes ont remplacé les condamnations aux galères à partir de la moitié du 18e siècle. » Vidocq, comme ses compagnons d’infortune, est contraint aux travaux forcés à l’arsenal de la ville, 30
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attaché H 24 à un autre détenu par des fers, le crâne rasé (« la marque distinctive des forçats ») et habillé d’une reconnaissable tunique. Les conditions de vie sont hardcore et la mortalité importante : « On comptait environ 10 % de pertes rien qu’en chemin jusqu’au bagne, puis 10 % de plus le temps de la quarantaine, à cause des nombreuses maladies : typhus, choléra, scorbut… » L’enfer sur terre.
Avec une perruque Par instinct de survie, une cinquantaine de forçats essayait de se faire la malle chaque année. « La majorité des évasions se tentait à l’extérieur du bagne en journée, précise Philippe Jarnoux, autre historien spécialiste de la question. Il y avait 2 000 à 3 000 prisonniers pour seulement 300 gardes, qu’il était facile d’acheter. » Il fallait ensuite se défaire de sa chaîne et parvenir à se fondre dans la population malgré les stigmates physiques du bagne.
Nul n’a jamais su qui a aidé Vidocq dans sa fuite mais seulement huit jours après son arrivée à Brest (pour Frédérique Joannic-Seta, « plus vite on tentait de s’évader, moins on courait le risque d’être reconnu par les surveillants »), il parvient à prendre la clé des champs avec des habits de matelot et une perruque pour cacher sa tonsure. Dans ses mémoires, Vidocq revint sur cet épisode : « Après mille tours et détours, j’arrivai enfin à la seule porte qu’eût la ville ; il y avait là toujours, à poste fixe, un ancien garde-chiourme (…) Je déposai à ses pieds une cruche de lait que j’avais achetée pour rendre mon déguisement plus complet. Chargeant alors ma pipe, je lui demandai du feu. Il s’empressa de m’en donner (...) et après que nous nous fûmes réciproquement lâchés quelques bouffées de tabac dans la figure, je le quittai pour prendre la route qui se présentait devant moi. » Take that Redoine Faïd ! R.D
comment s’évader comme au ciné ?
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en faisant un trou dans le mur L’un des meilleurs films d’évasion. Basé sur une histoire vraie, L’évadé d’Alcatraz raconte comment Frank Morris (joué par Clint Eastwood) et deux autres détenus, alors incarcérés dans l’une des prisons les plus sûres des états-Unis, ont réussi à se faire la belle en creusant le mur de leur cellule. Le tout accompagné de préparatifs géniaux : cuillères taillées, fausses têtes en papier mâché pour berner les matons, radeau de sauvetage fabriqué à partir d’imperméables. Les trois fugitifs ne seront jamais retrouvés.
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sur le trajet Si la prison vous semble un lieu infaillible, profitez alors de votre transfert pour vous tailler. C’est ce qu’a fait le docteur Richard Kimble, accusé à tort d’avoir buté sa femme, pour retrouver la liberté dans Le Fugitif (photo). Malgré un Tommy Lee Jones aussi con que borné à ses basques pendant une heure et demi, Harrison Ford parviendra à trouver le véritable assassin. Même procédé dans Les Ailes de l’Enfer où des détenus prennent le contrôle de leur avion. Un joli navet dont Nicolas Cage a le secret.
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en creusant un tunnel Attention, classique. Tiré d’un épisode de la Seconde Guerre mondiale, La Grande évasion (Steve McQueen, Charles Bronson...) revient sur la tentative d’aviateurs rosbifs, ricains et polonais faits prisonniers dans un camp allemand. Depuis leur baraquement, ils décident de construire une galerie souterraine censée déboucher dans un sous-bois. Une méthode qui n’est pas sans rappeler La Grande Illusion, sorti en 1937, où des prisonniers français, pendant la Guerre 14-18, décident de se barrer par un tunnel.
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par les airs Une paire d’ailes pour s’échapper, la technique avait été utilisée par Icare dans la mythologie grecque. Elle sera envisagée par la poulette Ginger, dans Chicken Run, pour s’évader de la ferme où elle craint de finir en tourte. Coachées par Rocky, un coq-boy US atterri là par hasard, les poules tenteront de s’initier au vol. Avant de construire un poulet géant faisant décoller tout le poulailler au-dessus des champs. La route ? Là où on va, on n’a pas besoin… de route.
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avec le plan de la prison Sur la route, le GPS c’est pratique. Pour s’évader d’une prison, c’est pareil. Dans Prison Break, Michael Scofield s’est donc fait tatouer sur le torse, le dos et les bras les plans du pénitencier de Fox River, où son frère est incarcéré dans l’attente de son exécution. Le plan, mais pas que : numéros de téléphone et formules chimiques complètent l’antisèche. Un stratagème qui inspire les collégiens et lycéens souhaitant carotter si on en croit le forum “Blabla 15-18 ans” de JeuxVidéo.com 31
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aU CARREFOUR DU LOL
POUR ATTIRER LES CLIENTS, LES GRANDES SURFACES NE misent PAS QUE sur lES PRIX BAS. de nombreuses enseignes multiplient les animations et invitent des stars de la tÉlÉ. AU PROGRAMME : DÉDICACES, BISOUS ET DOMINOS GÉANTS. a scène se passe un samedi à l’hypermarché Carrefour de Langueux, près de Saint-Brieuc. Au milieu de la galerie marchande, postés sur une estrade, quatre garçons en marinières bleu marine et blanches sont le temps d’une journée le centre d’intérêt commun des clients venus refaire le plein de Chocapic et de pizzas Sodebo. Dans l’ordre d’apparition (mais pas de grandeur) : Passe-Muraille, 32
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Passe-Temps, La Boule et PassePartout. L’équipe de Fort Boyard est dans la place ! De 10 h à 18 h, les trois nains les plus fameux de la télé et leur pote gras-double vont enchaîner les séances de dédicace et se laisser prendre en photo avec petits et grands n’enfants. C’est la magie de Fort Boyard : ça parle à tout le monde. Dès qu’il aperçoit un appareil photo, PassePartout fait ce qu’on attend de lui sans qu’on le lui demande : tendre
son bras vers l’objectif et montrer le pouce, l’index et le majeur, façon « on a trois clés, vas-y Brigitte, kung-fu dans la boue pour choper la quatrième ! » Assis à côté, La Boule est en roue libre. « Comment tu t’appelles ? Alizée ? Viens me faire un bisou ma belle », dit-il en arrachant la gamine des bras de son père pour la poser d’autorité sur ses genoux, attendant photo et bécot. L’audience assiste à la scène, amusée. Pot-pourri de
commentaires : « Il a la forme PassePartout, ça vieillit peut-être pas pareil un nain » ; « Il est dégueulasse La Boule, on dirait qu’il est bourré » ; « Il est pas là le Père Fouras ? Et Félindra-tête-de-tigre ? » Toutes les cinq minutes, la même musique repasse en boucle dans les enceintes, à rendre fou : « Ta-ta-ta daaa ! Ta dam tam tam dam ta-ta-ta-ta daaam ! » En retrait, Stéphane Manach observe la scène. Il a la banane. C’est lui qui a fait venir les loustics en sa qualité de président de l’asso des commerçants : « Ils étaient déjà venus pour l’ouverture du drive il y a quelques temps et ça avait bien fonctionné, alors on les a de nouveau sollicités. C’était prévu pour l’été mais ils ont un planning de dingue. »
Une centaine de dates par an Le manager Patrick Champagnac confirme qu’en dehors des trois mois de tournage au Fort, la Boyard Family passe l’année à sillonner la France. « Une centaine de dates, principalement en hyper. Et ça cartonne toujours. » Tout le monde y gagne : un gros chèque pour les vedettes (on n’a pas réussi à savoir combien mais La Boule a tiré un sourire quand on lui a demandé et a simplement répondu « pas mal »), une cace-dédi pour les clients et du monde dans les rayons pour le magasin. Lors de l’inauguration de l’Hyper U de Châteaugiron en février dernier, le directeur Gaëtan Chauviré avait lui aussi décidé de faire venir PassePartout. « C’est un personnage populaire, simple et sympathique qui aime le contact avec les gens », justifiet-il. En tant que personnalité télé d’un programme familial qui traverse les générations, Passe-Partout – qui porte bien son surnom – est consensuel et idéal pour animer un lieu aussi neutre qu’un hyper. 33
« L’idée c’est quoi ? Générer du trafic, dynamiser les ventes et fidéliser la clientèle », pose Cédric Bastié, responsable d’évasion Communication, un poids lourd de l’animation commerciale en France.
« Matt Pokora coûte cher » Sa boîte propose aux enseignes trois types de service : faire venir sur place un animateur micro (« Vente flash : pour deux bouteilles Ricard achetées, la troisième offerte ! »), installer des bornes de jeu interactives (celles où vous insérez votre ticket de caisse en espérant gagner un week-end à Djerba) ou engager une “star”. C’est là que Passe-Partout intervient, ou une ancienne Miss France, ou un chanteur calibré radio. Un choix que Cédric Bastié aurait tendance à déconseiller. « Matt Pokora par exemple coûte cher, et qui va venir le voir ? De l’ado qui ne va pas consommer. » Son conseil ? Les
Cora Rennes
Cora Rennes
Cora Rennes
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stars virtuelles, façon mascotte : T’Choupi, Dora l’Exploratrice… « Captain America c’est mieux que Matt Pokora car, dans ce cas, c’est la maman qui viendra avec ses enfants et fera en même temps ses courses de la semaine. » L’intérêt pour le centre commercial est de donner autre chose à sa clientèle qu’un caddie et une incitation à le remplir, « même si c’est la finalité », précise Karine Picot-Coupey, prof en marketing à Rennes 1. « Les professionnels de la grande distribution sont bien embêtés en ce moment, poursuitelle, car l’hypermarché est devenu un espace trop déshumanisant. Les caisses automatiques, ça fait gagner du temps mais le client finit par s’y perdre. Pareil avec le drive et Internet. Si les clients viennent au magasin, il leur faut quelque chose en plus : un service, un conseil… ou une animation. »
« On a même eu droit à un passage télé au Japon » 34
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Cédric Bastié est du même avis : « Le responsable d’un hyper doit cesser de considérer le lieu comme un simple espace de vente. Il faut que ce soit un centre de vie où on prend plaisir à se rendre, comme on se rend au marché du village. » Dans cet esprit, Leclerc avait récemment lancé une campagne de pub intitulée “Les Alliances Locales”. Le concept était de mettre en scène producteur et commercial pour bien montrer la volonté de proximité de l’enseigne avec l’économie locale. Exemple : un proprio de magasin pris en photo avec un maraîcher dans un champ de poireaux sous le slogan « Ces deux-là sont faits l’un pour l’autre ».
« L’hyper le plus sympa » « L’animation doit être prise au sens global, poursuit Karine PicotCoupey. Qu’on fasse l’événement en faisant venir une personnalité ou qu’on essaie d’instaurer plus de lien social, il faut faire en sorte que les clients se sentent à l’aise dans ce tiers-lieu qu’est l’hyper et fassent ce qu’ils ont à faire : consommer. »
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Les champions dans ce domaine se trouvent au Cora de Pacé, près de Rennes. L’hypermarché compte près de 10 000 fans Facebook et un community manager au taquet : Éric Bourdé. « Ma volonté quand on m’a confié ce poste, c’était non pas de servir la soupe commerciale mais de rendre service à nos clients et, si possible, de les divertir. » Comme en 2011 avec la vidéo YouTube de dominos géants réalisée dans le magasin qui dépasse aujourd’hui les 600 000 vues. « On a même eu droit à un passage télé au Japon », se marre Éric Bourdé, qui dit s’inspirer de « l’esprit potache de Rémi Gaillard » pour imaginer ses animations : jeux de réflexion à la con, happening, vidéos tournées à l’arrache dans les rayons la nuit… « On n’est peut-être pas réputé pour être l’hyper le moins cher du secteur mais le plus sympa, oui. Une communauté de fans s’est constituée, ils s’arrangent parfois pour se retrouver, par exemple demain pour la foire aux vins. Si tu veux venir d’ailleurs, hésite pas. » Régis Delanoë 35
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dans un pays où il y a plus de téléphones portables que d’habitants, certains ont pourtant décidé de vivre sans. une situation qui, à l’heure de l’hyperconnectivité, demande de l’organisation et des potes conciliants. n France, on recense environ 71 millions de téléphones portables (pour 65 millions d’habitants). Autant qu’un sous-vêtement, il est devenu un objet incontournable de notre quotidien. Pourtant, des jeunes vivent toujours sans (sans portable, hein). À l’heure des forfaits low-cost et du tout connexion offert par les smartphones, cette espèce semble en voie d’extinction. Selon le Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de 36
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vie), ils seraient environ 1 % chez les 18-30 ans, tranche d’âge pourtant la mieux équipée en téléphonie mobile sur l’ensemble de la population. Parmi eux, Victor. Ce Rennais de 30 piges le crie haut et fort : « Le portable, ça ne m’intéresse pas ! J’ai un téléphone fixe, ça me suffit amplement. » Petite précision : un fixe sans répondeur. Victor fait partie de ces réfractaires qui veulent « rester peinards ». Il sait pertinemment que sans portable, il est plus difficilement joignable. Donc, il « emmerde tout le monde ».
Alors, pour contourner le problème, Victor met en place quelques stratégies. « Par exemple, je sais où sont toutes les cabines téléphoniques près de chez moi. Ça peut me servir en cas d’urgence. À une époque, elles étaient mon deuxième bureau. » Autre adepte de cette philosophie de vie : Louise, 24 ans, qui a eu un portable pendant quelques années avant de se le faire voler. « Je n’en ai pas racheté, et ça m’a pas dérangé finalement. J’envoie des mails, des photos par la poste. C’est aussi bien comme ça. »
Si, il y a quelques années encore, le coût pouvait être un frein, cette raison n’est pratiquement plus invoquée aujourd’hui. Ceci notamment grâce à l’arrivée de Free dans la téléphonie mobile en 2011 qui a bousculé le marché et poussé ses concurrents à revoir leurs tarifs à la baisse. Victor confirme : « Autant, c’était compliqué d’avoir un portable y a cinq ou six ans, parce que y avait des mois où je n’avais plus une thune. Autant là maintenant, c’est devenu vraiment abordable… Mais j’m’en fous. » Face à cette tribu anti-iPhone, la sociologue Joëlle Menrath a enquêté. Selon l’auteure de l’ouvrage Mobile Attitude, « chacun a ses propres techniques pour préserver son équilibre. Pour certains, le refus d’avoir un téléphone mobile est un gage de Hadrien, 29 ans, est lui dépité. À liberté. Bon, il y a des extrémistes cause de sa réussite à un concours de dans tous les domaines. Certains l’enseignement, il a dû se résoudre à optent pour le tout connexion, prendre un 06. Contre son gré. « En quand d’autres sont dans le tout cas d’admission au Capes, ils exigent hors connexion. » un numéro de portable. Donc, je n’ai pas eu le choix. » Être dépourvu « Ma copine : ma standardiste » d’un code PIN peut poser problème Mais qui dit sans portable ne dit pas au boulot. Un employeur ne voit forcément déconnecté. Au contraire pas toujours d’un très bon œil un même. Patricia Croutte, à l’origine jeune sans portable, surtout quand d’une enquête pour le Credoc, fait il cherche à embaucher. « Quelque ce constat : « On observe que ceux part, ça marginalise. Ou du moins, qui n’ont pas de téléphone mobile ça donne l’image d’un mec qui est un sont tous des utilisateurs d’Internet. peu en marge », poursuit Hadrien. Il n’y a donc pas, de leur part, un Des cas de figure rares malgré tout, refus des nouvelles technologies. Ils note Régine Plourdeau de la Mis- sont seulement réticents à l’usage sion locale de Rennes, organisme du portable. » qui aide à l’insertion professionnelle Victor a un profil Facebook, Hadrien des 16-25 ans. « Quand ils sont en est branché sur Gmail. Par ailleurs, recherche d’emploi, quasiment tous la proportion de personnes qui ont un portable, même ceux qui sont utilisent leur box pour téléphoner le plus en difficulté. Le plus gênant, ce continue de progresser. Vivre au n’est pas l’absence de téléphone, c’est quotidien sans mobile, c’est donc plutôt qu’ils changent de numéro possible ? Oui, à condition d’avoir sans mettre à jour leur CV… » un minimum d’organisation et un
maximum d’anticipation. Car ce joli monde a néanmoins ses limites. Ne serait-ce que pour draguer. Pas vrai Hadrien ? « La première fois que j’ai acheté un portable, c’était à cause d’une fille qui me plaisait. C’était une Italienne, elle était en fac avec moi et je ne savais pas trop comment l’aborder. Je me suis dit qu’en lui envoyant des SMS ce serait plus facile. » Si pour les célibataires, une vie sentimentale apparaît très compromise sans mobile, pour les autres, le conjoint s’avère très utile. Victor : « Ma copine, c’est ma standardiste. Dans son portable, y a tous les numéros de mes potes. » De même, il est préférable d’avoir des amis conciliants : « Quand tu pars en week-end, il faut compter sur les autres. Tu files le numéro d’un pote à tes parents au cas où ils veulent te joindre. » Parmi les inconvénients majeurs, Louise avoue à demi-mot : « Ça m’a coupé de pas mal de relations, ça m’a éloigné de certains amis. » Hadrien a carrément perdu les siens. Temporairement on vous rassure. « C’était à la dernière fête de la musique, j’étais avec des potes en ville. À un moment, je les ai perdus. Bon bah j’ai fini la soirée tout seul comme un con. Et là tu te retrouves dans la situation du mec qui en a besoin. » Par certains côtés, ces Cro-Magnon du 21e siècle nous rendent quand même un tantinet nostalgiques. Louise a toujours un calepin où elle note au crayon les numéros utiles. Hadrien et Victor connaissent par cœur « une bonne vingtaine de numéros ». Alors merci, chères cartes Sim, d’avoir volé notre mémoire. Benoît Tréhorel 37
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Ras le cul de ne commander que des demis ? Lassé de la vodka-Red Bull ? Pour vous aider, nous sommes partis à la recherche des alcools oubliés et des apéritifs d’autrefois. Un rendez-vous en verre inconnu. u veux vraiment que je te serve une Suze ? Tu déconnes pas ? Je te préviens, j’en ai bu une fois, j’ai jamais recommencé depuis. C’est spécial comme goût… Enfin tu verras. » L’avertissement du barman avait pourtant été lancé avant même que la capsule de la bouteille ne soit dévissée. OUI, je vais commander un verre de Suze. C’est la première fois de ma vie. Envie de goûter, de changer, de voir à quoi ressemble vraiment cet alcool à base de plantes macérées, d’ordinaire relégué au fin fond du buffet de Mamie entre la bouteille de Porto et celle de Muscat. Posé sur le comptoir, il est là devant moi. Avec sa couleur jaune doré et sa dégaine de sirop contre la toux. D’abord l’odeur, chelou. Puis la pre-
mière gorgée, sous le regard presque inquiet du serveur. « Un parfum de gentiane sauvage distillant une délicate amertume en bouche », m’annonçait-on dans le petit texte de présentation. Pour le côté sauvage et amer, pas de souci, 10/10. Pour la délicatesse, on repassera par contre. Après deux gorgées sirotées, je vide mon fond de verre comme on boit un Efferalgan effervescent. Le plus vite possible et sans y penser.
« Le gros souci pour ces vieux alcools, observe Thierry Daniel de l’agence Liquid Liquid et organisateur du salon Cocktails Spirits, c’est qu’il y a eu à un moment donné un problème dans le transfert de génération : pour les jeunes des années 70, Suze, Dubonnet and co sont devenus ringards. C’était assimilé à la vieille France, qu’ils rejetaient au nom de la modernité, représentée par les alcools importés tels que le whisky et la vodka. » « Vieille France » Un constat également partagé par La Suze n’est pas un cas à part. les producteurs eux-mêmes. Édith Dubonnet, Noilly Prat, Cointreau, Giffard, directrice marketing de la Campari, Marie Brizard, Lillet, Fer- société Giffard, productrice de la net-Branca… Des apéritifs nés à la liqueur Menthe-Pastille, reconnaît fin du 19e siècle, qui ont connu leurs que « cela n’était pas à la mode, heures de gloire dans la première il y a 30-40 ans, de boire l’alcool moitié du 20e siècle, avant de tomber de ses parents ». Si cette boisson a dans un certain oubli. connu un passage à vide pendant 39
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de nombreuses années, elle connaît depuis quelques temps un regain d’intérêt. « Le produit a sauté une génération. Il est passé des grandsparents aux petits-enfants. On n’a pourtant rien fait de spécial pour aller chercher ce nouveau public. On l’a simplement vu venir vers nous. » Un phénomène que l’on retrouve pour la plupart des marques. « Cela m’arrive effectivement d’avoir de temps en temps des tables de jeunes qui se font des tournées de Suze ou de vieux alcools dans le genre. C’est assez nouveau », note un barman rennais. Mais bordel, comment ces boissons ont-elles bien pu revenir dans l’apéro game ? « Ces anciens produits sont tendance dans les bars à cocktails. Une des spécialités à la carte du "meilleur bar du monde" à New York est élaborée à base de Suze, répond Thierry Daniel. Ces alcools se vendent d’ailleurs mieux à l’étranger car ces spiritueux sont considérés comme des joyaux du patrimoine. C’est so french de boire de la Chartreuse ou du Noilly Prat. Pernod vient par exemple de lancer en grandes pompes une absinthe
nous déterrent leurs topinambours, panais et autres légumes oubliés, le monde merveilleux de la liche surfe lui aussi sur le rétro. Face à un marché qui leur paraît donc prospère, les sociétés s’organisent. « À l’heure actuelle, trois écoles s’affrontent dans la stratégie marketing, explique Marie Mascré, de l’agence So Wine qui s’est occupée de la communication de la liqueur Picon Bière. 1/ Conserver tous les attributs de la marque et seulement dépoussiérer en surface ; 2/ Procéder à une modernisation assumée du packaging ; 3/ Jouer la carte des séries S’y tremper les fesses limitées pour créer du prestige. » Autre facteur non-négligeable Comme Suze a su le faire en faisant cité unanimement : l’attrait des appel à des créateurs comme Jeanconsommateurs pour les produits Charles de Castelbajac, Christian vintage et authentiques. À l’image Lacroix ou Sonia Rykiel pour des des cuisiniers qui chaque hiver éditions collector. Dans la même veine, Cointreau a de son côté signé un contrat avec la pin-up Dita Von Teese, nommée ambassadrice officielle. C’est donc désormais dans une coupe géante
aux États-Unis, et ça cartonne. » Pas un hasard donc si Cointreau, liqueur à base d’écorces d’orange, créée en 1849 à Angers, a fait des USA son marché n°1. « La France ne représente actuellement que 11 % de nos ventes, précise le service com’, mais il est vrai que l’actuelle mode des cocktails nous est favorable. » La marque reconnaît d’ailleurs communiquer plus auprès des établissements, professionnels et barmen qu’auprès du grand public, l’idée étant d’être le plus présent sur les cartes.
« Des tables de jeunes qui se font des tournées de Suze » 40
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LES LIQUIDES INTERDITS... PUIS AUTORISéS Eux aussi avaient disparu, mais pour des raisons juridiques, avant d’être de nouveau légaux sur le marché.
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à l’effigie de la marque qu’elle se trempe les fesses et s’effeuille pour son show “Be Cointreau-versial” – joli exemple de naming culturel au passage – depuis 2008.
Vieilles étiquettes « Les personnalités du showbiz sont efficaces pour relancer une mode. Ce fut notamment le cas pour le cognac dans le milieu des rappeurs américains. Leur consommation a boosté les ventes mondiales », rappelle Marion Mora, spécialiste marketing de l’agence Win Win, qui a travaillé sur la marque d’anisette Marie Brizard. L’apéritif Lillet a quant à lui bénéficié des sorties de Casino Royal et de Quantum of Solace, en 2006 et 2008, pour s’offrir un joli coup de pub : on y voyait James Bond se servir un Vesper, un cocktail réalisé à base de cet apéritif girondin. Né en 1887 et racheté par la société Ricard en 2008, Lillet a également misé sur la déclinaison du produit
d’origine. Cet été, un Lillet rosé a vu le jour. But de la manœuvre : « rencontrer un nouveau public », affirme l’attachée de presse de la marque, en s’appuyant sur le succès que connaît le rosé à l’apéritif depuis deux étés. Un élargissement de gamme également adopté par Suze (versions fruits rouges et agrumes) et Picon (Picon club). Une stratégie que Menthe-Pastille n’envisage en revanche pas du tout. « La recette a été élaborée en 1885 et n’a jamais bougé depuis. Hors de question d’y toucher ! Le risque serait de dérouter les consommateurs, cela peut tuer le produit d’origine. » Une dimension authentique et historique que la liqueur a même renforcée côté look. « En 2005, on a souhaité revoir le packaging. Au lieu de le moderniser, on a finalement fait un retour dans le passé en remettant des éléments présents sur les vieilles étiquettes. » Julien Marchand et Régis Delanoë
Ce spiritueux (qui peut titrer entre 45° et 90°) doit sa notoriété à des écrivains, comme Verlaine ou Rimbaud, gros consommateurs. L’âge d’or pour cette boisson, avant son interdiction en 1915 (elle rendrait « fou et criminel »). Depuis 1988 et un décret réautorisant la présence de thuyone (molécule principale de l’huile essentielle d’absinthe) dans les boissons, la fée verte est de nouveau produite en France.
RED BULL Créée en 1987 en Autriche, cette boisson énergisante n’a obtenu son autorisation pour le marché français qu’en 2008. La faute à la présence de taurine dans sa composition dont les effets restent inconnus. Depuis sa commercialisation, la boisson fait l’objet de controverses. Dernier épisode en date : un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, recommandant aux enfants, ados et femmes enceintes de ne pas en consommer.
POPPERS Certes ce liquide ne se boit pas (seules ses vapeurs s’inhalent), mais l’utilisation détournée dans un but sexuel (aphrodisiaque) et festif (euphorisant) de ce vasodilatateur initialement utilisé en médecine (pour le traitement de maladies cardiaques) a conduit les autorités à règlementer. En 2011, toute vente ou offre de Poppers est interdite, avant que le Conseil d’État annule cette prohibition en juin dernier. 41
RDV
folie pure
Parti méditer seul dans les Alpes suisses, Pablo Padovani, le guitariste de melody’s echo chamber, est revenu à la civilisation six mois plus tard avec un projet musical aussi barjot que jouissif, baptisé moodoïd. l n’y a que deux sortes de personnes qui partent de leur plein gré s’isoler plusieurs mois en montagne : les bergers et des artistes. Pablo Padovani appartient à la deuxième catégorie. C’est de famille : son père, JeanMarc, est un saxophoniste jazz de renommée internationale. Toujours est-il qu’au cours de l’année 2011, le gars Pablo s’est retrouvé à faire l’ermite, groles de rando aux pieds. « J’ai passé six mois du côté de Genève, seul. C’est dans ce contexte qu’est né le projet Moodoïd. Au bout de ces six mois, je suis revenu à Paris avec quelques chansons et une grosse envie de les jouer. » Mais l’ébauche mettra du temps à aboutir. D’abord parce que Pablo est pas mal occupé à jouer les guitaristes pour Melody’s Echo Chamber. Ensuite parce qu’il a galéré pour trouver une formation qui lui convienne. « Non pas que je suis difficile mais c’est pas toujours facile de trouver des musiciens à la fois intéressés par un projet et suffisamment disponibles. » 42
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Après avoir subi de multiples changements, le line-up s’est stabilisé depuis juillet dernier avec trois filles pour l’accompagner sur scène. « Ce n’est pas vraiment un hasard. J’avais beaucoup joué avec des mecs et je voulais changer d’état d’esprit, d’autant que le projet Moodoïd s’y prête bien. » Le projet en question est un joyeux bordel sonore, avec un fond psychédélique, une touche de musique orientale et des paroles en français qui empruntent au surréalisme (« Je suis la montagne / je suis sous des arbres / la tête dans les nuages / je suis à l’intérieur de toi », commence la chanson Je suis la montagne). Le premier EP 4 titres paru à la rentrée a un côté fastueux. Des Alpes suisses où ils ont été composés, les morceaux ont gardé l’aspect majestueux des grands espaces. « En plus, quand j’ai eu la possibilité d’enregistrer, j’ai eu le syndrome du mec qui découvre les possibilités offertes par un studio et se dit : “merde, c’est génial.” J’ai fait des sessions gigantesques, avec parfois jusqu’à 200 pistes par morceau, ce
qui donne ce côté épique. Quand j’ai refilé les maquettes à Kevin Parker (leader du groupe Tame Impala, aux manettes du mixage de l’EP, ndlr), il m’a rappelé dans la foulée en me disant (il imite l’accent australien) : c’est un banquet ! » Sur scène, Pablo et son girl band jouent grimés, avec masques, paillettes et costumes foutraques. Une manière d’être raccord avec la musique jouée. « J’ai été scolarisé dans une école de cinéma, précise le chanteur. Dans chacun de mes groupes, je suis celui qui aime se déguiser et faire le spectacle. » Mais avant le concert des Trans, Pablo a encore prévu de partir s’isoler quelques temps. « Ce sera dans le Lot cette fois-ci. Le but, c’est d’écrire de nouvelles chansons et d’avoir suffisamment de matière pour enregistrer un premier album. » Album qui devrait sortir dans le courant de l’année prochaine. Régis Delanoë Le 5 décembre aux Trans Musicales de Rennes
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Fiona Torre
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« tuer du nazi, un sport national »
Laurent hatat met en scène « HHhh », un roman de laurent binet qui revient sur la tentative d’assassinat de Reinhard Heydrich, général ss chargé de planifier la solution finale. une pièce où fiction et réalité s’imbriquent.
Anima Motrix
Anima Motrix
a pièce retrace l’assassinat d’un nazi : c’était un plaisir personnel, un rêve que vous auriez aimé réaliser ? C’est sûr qu’il y a des millions de gens qui passent des heures à tuer du nazi sur ordinateur. C’est un sport national, ça ne mange pas de pain d’en tuer de nos jours, surtout quand ils sont virtuels. Plus sérieusement, la pièce permet de se poser la question suivante : qu’estce qu’on aurait fait si on avait été à ce moment-là ? Les héros évoqués dans la pièce sont des gens ordinaires. C’est ça qui est intéressant, que des gens tout à fait normaux accomplissent des actes qui bousculent le déroulement de la Seconde Guerre mondiale.
Anima Motrix
Le personnage est un écrivain qui s’interroge sur l’écriture de son roman. Une sorte de mise en abyme... J’aime beaucoup les boîtes qui rentrent dans les boîtes... Et le théâtre est une boîte dans laquelle on essaie de faire rentrer le plus de choses. Alors si une des boîtes nous montre le réel et questionne les personnages de fiction, ça titille forcément l’esprit. 44
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La pièce s’interroge en effet sur les relations entre fiction et réalité… Si on ne cite que des faits historiques, on ne raconte pas l’histoire. Fictionnaliser, c’est remplir les trous, tout en respectant bien sûr la réalité historique. D’une manière plus large, il y a une subjectivation. C’est-à-dire qu’on prend parti pour un personnage. On va imaginer les risques qu’il prend, ce que ça lui coûte… On a besoin d’une part de fiction et d’invention pour remettre en situation le personnage et essayer de comprendre ses actes. Quitte à romancer ? C’est la question. à partir de quand on romance et jusqu’où. Il faut s’approprier l’histoire pour la transmettre avec émotion. Notre espèce ne va pas retenir des faits froids accumulés dans les livres d’Histoire – même s’ils sont nécessaires –, la compréhension de l’exemplarité passe par une appropriation subjective. C’est une mise en vie du récit. Recueilli par Julien Marchand Le 14 novembre au Carré Magique à Lannion
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et le vainqueur de la meilleure progression chez les groupes locaux est... the red goes black ! Le CV de The Red Goes Black commence de la manière suivante. Naissance il y a deux ans à Douarnenez par quatre potes fans de blues rock : Enzo, Tsunam, Chatter et Pete. Puis vient la rubrique consacrée aux expériences passées et là c’est Enzo qui présente : « On a mis un an à composer nos morceaux. Puis on a enchaîné pas mal de petites dates, avant de tenter les Jeunes Charrues cette année. » Tremplin gagné finger in the noise sur la plaine de Carhaix. « Honnêtement, on ne se voyait même pas parmi les prétendants. Mais c’est cool, on a désormais une approche plus professionnelle. » L’effet tremplin joue à plein : le groupe enchaîne les concerts depuis cet été et clôturera royalement son année aux Trans. « Une date importante, reconnaît Enzo, car c’est un festival avec une grosse visibilité au niveau des professionnels de la musique et des médias. » La bande de Douarn’ y présentera un extrait de leur premier album, qu’ils enregistrent cet automne et qu’ils ont financé grâce à la plateforme de financement Kiss Kiss Bank Bank. Ces fans des Black Keys ne sont donc pas seulement talentueux, ils sont aussi malins. Le 9 novembre à Quessoy et le 5 décembre aux Trans Musicales 45
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Des années que le groupe JC Satan trimballe son garage rock partout en europe. Des prêches qui drainent une assemblée de fidèles de plus en plus nombreuse. Prêt pour la grand-messe JC satanique ? e groupe, né à Bordeaux en 2009, est mi-français mi-italien. Comment s’estil formé ? Dorian (clavier) : C’est Paula et Arthur, qui s’étaient connus à Turin, qui ont fondé JC Satan. Avant que Romain, Ali et moi arrivions. Paula bossait dans l’orga’ de concerts, alors on a eu très tôt l’opportunité de faire des dates en Europe. En 2010, on avait joué en Allemagne, en Croatie, mais toujours pas en France !
exigeants. Il y a de belles surprises aussi parfois : cet été par exemple, on a remplacé au pied levé le groupe de Liam Gallagher aux Eurockéennes, ça s’est super bien passé. Autre moment marrant : cet été au festival du Cabaret Vert, on nous a programmés entre Sick Of It All et Offspring, le public avait pas la Vous semblez vous en tirer pas mal même gueule que d’habitude ! ces derniers temps, non ? Romain : Et en mars prochain, on Romain : Oui, enfin va pas croire va enfin traverser l’Atlantique. On que c’est la folie non plus. Là par a quelques dates calées, notamment exemple, on revient d’une mini- à Los Angeles et Austin, pour le fesC’est réducteur de vous ranger dans tournée de quatre dates en Angle- tival South by Southwest. L’Améla catégorie “groupe garage” ? terre, on a dû faire 30 personnes rique, putain ! Romain (batterie) : Si tu entends par d’affluence en moyenne… Recueilli par R.D là qu’on produit un son crade, t’as Dorian : L’Angleterre, c’est difficile pas tout à fait tort. d’y percer, les mecs sont vraiment Le 23 novembre à Coatelan à Plougonven 46
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Dorian : Le garage c’est plus une scène qu’un style musical. C’est la catégorie des groupes qui ont une approche “do it yourself” et jouent dans les caves, d’où le son pas toujours très propre. C’est un petit monde d’intermittents qui s’en sortent plus ou moins bien.
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le bal des wampire
oh, joie : les synthés déglingos du duo wampire traversent l’atlantique. destination lorient. Wampire fait partie de ces groupes américains de bonne qualité mais trop underground (et trop fauchés) pour venir régulièrement se produire dans le coin. « Jusque-là, explique Eric, un des deux membres du duo, on n’a joué qu’une seule fois en France, à Paris en juin dernier, devant une audience pleine de fans complètement bourrés. Très marrant comme expérience… » Wampire vient de Portland, dans l’Oregon. Rocky, l’autre moitié du groupe, pourrait parler des heures de sa ville tant il l’apprécie « même si les jeunes cadres à la con et les touristes commencent à gâcher l’ambiance ». C’est là, dans un squat d’artistes, que le duo s’est constitué. « On a commencé par mettre les ingrédients de base : batterie, basse, guitare. Puis on a colorisé la chose avec des synthés et des textures. Lors d’un de nos premiers concerts, un gars a décrit ça comme étant du psych-pop, ce qui n’existe pas vraiment en soi mais on s’est dit que ça collait bien. » Avant qu’une nouvelle étiquette ne viennent coller au cul des garçons : « Plus récemment on nous a dit qu’on faisait de la musique moderne de farces et attrapes, et pour le coup on trouve ça carrément adapté. » Le 9 novembre aux Indisciplinées à Lorient 47
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Le festival Teenage Kicks a rassemblé, le mois dernier à Rennes et Saint-Malo, une quarantaine de street artistes internationaux. Origines, explosion et état des lieux : Patrice Poch et Mathias Brez, les deux organisateurs, reviennent sur les moments forts de l’art urbain contemporain.
« À la fin des années 60, deux villes aux États-Unis se tiraient la bourre en matière de graffiti : Philadelphie et New York. C’est là que les premiers trains ont été peints à la bombe aérosol ou au marqueur. En France, il faut attendre le début des années 80 pour voir cet art arriver. C’est le Parisien Bando qui, après un voyage aux USA, ramène cette culture. Avec des graffeurs comme Jay, Skki et Ash, ils vont devenir les précurseurs du genre en France, des artistes emblématiques. »
« Les tout premiers graffitis parisiens ont été réalisés sur les quais de Seine, sur les palissades du Louvre, au terrain Stalingrad… Et puis le genre a explosé : à la fin des années 80, il y avait des tags partout à Paris. C’est aussi à cette époque qu’on a vu les premières peintures sur les métros. À partir de 1985, des crews de graffeurs, comme le Crime Time Kings ou les BBC, vont également commencer à sillonner l’Europe. Pour moi, c’est l’âge d’or. »
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« Les institutions se sont vite rendues compte du potentiel du truc. Forcément, une récupération commerciale s’est opérée. Pour les puristes, il y aura cette impression de vendre son âme au diable... En 1984, alors que le mouvement n’en est qu’à ses balbutiements en France, la RATP sort même une campagne de pub reprenant le graffiti ! »
« Très vite, les artistes européens vont essayer de se différencier de ce qui se faisait aux États-Unis : plus de finesse dans les dessins, des recherches typographiques plus abouties… D’autres médiums sont également utilisés : peinture acrylique, collages, pochoirs, affiches... »
« En Bretagne, le mouvement a débarqué à la toute fin des années 80. On trouvait déjà des pochoirs, mais c’est en 1989 qu’on a vu le premier graffiti “nord-américain” à Rennes. C’est dans les friches et dans les anciennes usines qu’on a commencé à peindre. Et puis, après dix ans de discussions avec la municipalité, les premiers murs légaux ont fait leur apparition. Aujourd’hui, on peut dire que Rennes compte dans le milieu. Des artistes comme Poch, Rock, WAR ou Žilda sont reconnus et s’exportent. »
« Avec les pouvoirs publics, les relations se sont aussi développées. Le problème est que le graffiti reste le plus souvent cantonné à la jeunesse et au socio-culturel. Même si le graffiti a aujourd’hui fait son entrée dans les galeries d’art, sa vraie reconnaissance est toujours en cours. Les artistes venant du graffiti doivent exister en tant qu’artistes à part entière. On est dans l’art contemporain. Prends l’exemple d’Aryz présent à Teenage Kicks : c’est fou ce qu’il fait, c’est un artiste qui va exploser. »
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AGENDA
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Cubosh
recommande
les bars en trans
RETROGAMING
GIRLS IN HAWAII
Sapritch
Le off des Trans est plus qu’un simple off. Loin du Parc Expo, les Bars en Trans squattent une dizaine de bars du centre-ville et, comme chaque année, peuvent se vanter de jolis coups dans leur prog. Pour cette 28e édition, on vous conseille notamment les Toulousains de Kid Wise (photo), certainement l’une des sensations de 2014.
Alors que PS4 et Xbox One débarquent en tête de gondole, L’Échonova se met en mode 8-bits avec une thématique musique et jeux vidéo : expo, ateliers, conférences… La session se termine par deux jours de concerts chiptune, concours Guitar Hero et bornes d’arcades. Noël avant l’heure pour les geeks.
Des gars belges faisant référence à des filles du Pacifique et un dernier album intitulé Everest : Girls in Hawaii adore brouiller les pistes. Une chose est sûre : l’album en question est brillant et la tournée de concerts actuelle est un triomphe. Allez demander aux footeux si la Belgique c’est pas hype…
Un “One Man Conf” : voici ce que promet le dénommé Sapritch. Soit, si on décortique l’appellation, un mec seul sur scène produisant un mashup de conférence et de stand up humoristique. Le thème ? L’histoire des musiques actuelles. Toutes y passent : punk, rap, funk, blues… Un spectacle tout-en-un.
festival invisible Ne nous mentons pas : Brest en novembre, c’est pas précisément l’Eden. Mais le festival Invisible propose pour la 8e année d’échapper à la sinistrose le temps d’un weekend et de concerts soignés. Au programme notamment, nos chouchous de Cheveu (attention, blague). À La Carène et au Vauban à Brest Du 20 au 23 novembre
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À l’Antipode à Rennes Le 28 novembre
clôture de l’ amour
L’HEURE D’HIVER
Quand un couple se sépare, c’est généralement un beau merdier. Les invectives de l’un affrontent les reproches de l’autre. Dans sa pièce Clôture de l’Amour, Pascal Rambert dissèque une rupture, sans pathos, à travers deux monologues furieux. Radical.
Depuis fin octobre, nous avons officiellement basculé dans l’heure d’hiver. Si ce changement d’horaire est redouté par certains, on vote plutôt pour de notre côté. Fini les excuses et les remords pour attaquer le premier verre dès 17 h : il fait nuit, on peut.
À La Passerelle à Saint-Brieuc Les 19 et 20 novembre
novembre-décembre 2013 #14
Au Run Ar Puñs à Châteaulin Le 5 décembre
Partout Depuis le 27 octobre
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À L’Échonova à Saint-Avé Les 14 et 15 décembre
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À Rennes Du 5 au 7 décembre
luke jenner C’est l’un des événements de ces Trans Musicales 2013 : le premier concert solo en Europe de Luke Jenner, le chanteur de The Rapture à la voix de fausset. Le projet reste mystérieux mais il semblerait que ce soit pas mal orienté disco. Studio 54 au Parc Expo. Aux Trans à Rennes Le 5 décembre