BIKINI JANVIER-FEVRIER-MARS 2014

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JANVIER-FÉVRIER-MARS 2014 #15



TEASING

À découvrir dans ce numéro...

«UN VIEUX CLAQUOS QUI PUE»

K AT S U N I CONTESTATION

SATTOUF

STRIP SUPER MARIO

«J’AI QUITTÉ MON CDI» H U M O U R P AY S A N

TH E BIG

LEBOWSKI ÉLECTRO ARABE

FOODPORN

J E S S I C A 9 3 «UN DJ SET DE STÉPHANE PLAZA»


ÉDITO 2014

Notre bilan de l’année 2013 aura le mérite de l’efficacité : c’était bieng. C’était même pas mal du tout. Mais voyons loin, tournons-nous vers le futur et plongeons-nous tout de suite dans 2014. Alors, qu’attendre de cette nouvelle année ? Quels seront les événements qui feront date ? Quels seront les groupes sur qui il faudra compter ? S’il est toujours difficile de prédire qui seront les incontournables de demain, il s’avère plus facile de citer les rendez-vous qu’on n’a pas envie de zapper. Notre calendrier est déjà accroché, avec plusieurs jours de cochés. Dans la catégorie festivals, ça sera l’année des éditions anniversaire pour plusieurs d’entre eux dans la région. Le Finistère étant particulièrement gâté en célébrations avec la 15e du Bout du Monde et la 20e d’Astropolis... Un été finistérien qui s’annonce une nouvelle fois des plus cool avec Arctic Monkeys à Carhaix. Un poids lourd qui est, à l’heure où nous écrivons ces lignes, le plus joli (gros) coup dans les programmations bretonnes. Et côté name-dropping – puisqu’il faut bien y passer – nous sommes curieux (et impatients) de voir ce que vont devenir : Kid Wise, Samba de la Muerte, Fauve (oui oui Fauve, coucou les haters !), Von Pariahs, We Are Match, Totorro, Noir Statues, Sudden Death of Stars… On leur souhaite le meilleur, pour qu’on puisse à nouveau dire : c’était bieng. La rédaction

SOMMAIRE 6 à 15 WTF : humour communautaire, Thomas en concert, DJ set de people, sport & politique, arabe dans l’électro, papier alu des clopes, gros groupes internationaux en BZH, corbeille... 16 à 25 Êtes-vous un “no job” ? 26 à 31 Quality strip 32 & 33 Bit music only 34 à 37 C’est quoi cette hype du fromage ? 38 à 47 RDV : Bertrand Belin, Jessica93, Capilotractées, Riad Sattouf, Ramona Córdova, Bantam Lyons, Muzo 48 & 49 Vide ton sac... la contestation 50 BIKINI recommande 4

janvier-février-mars 2014 #15

Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Isabelle Jaffré, Brice Miclet / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Photographe : Justin Bihan / Consultant : Amar Nafa / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (St-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Mickaël Le Cadre, Étienne Cormier, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2014.



WTF

CONTAKT

QUEL « THOMAS » ALLER VOIR ?

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TROIS GARS PROGRAMMÉS DANS DES SALLES DE SPECTACLE DE LA RÉGION PORTENT LE MÊME PRÉNOM. MAIS LA RESSEMBLANCE S’ARRÊTE LÀ. TROIS STYLES, TROIS ESTHÉTIQUES, TROIS GENRES : IL Y EN A POUR TOUS LES GOÛTS.

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Nostalgique de LCD Soundsystem, cette info est pour toi : les gaziers d’Im Takt ont les dents qui rayent le parquet en ce début de nouvelle année et sortent (enfin) un premier album, le prometteur Another Reality. La release party a lieu le 17 janvier à La Carène, chez eux à Brest.

... FERSEN Christian Berthelot

HEY COLLÈGUE !

Contractions, c’est le nom d’une pièce bien foutue, créée au Royal Court Theatre de Londres et qu’on retrouve à l’affiche du TNB du 15 au 25 janvier. Le pitch : un cas de harcèlement moral au travail, dans un contexte d’ultra-libéralisme rampant. Vivement le grand soir, hein ?

ET DE TROIS

inattendus Le rendez-vous “découverte” de Quai Ouest s’apprête à passer la troisième. Après Pégase et Capture, c’est Natas Loves You, un groupe de pop luxembourgeois, qui sera sur la scène du Vauban à Brest le 22 mars, avant la sortie de son premier album cette année. 6

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En septembre dernier, le chanteur a sorti Thomas Fersen & The Ginger Accident, son 10e album studio. Une nouvelle dont on était complètement passé à côté. Beaucoup plus intéressant par contre, on a appris que ce nom de scène (car Thomas Fersen est un pseudo) serait un clin d’œil à Tomás Boy, ancien joueur mexicain de foot qui, lorsqu’il portait le brassard de capitaine, a réussi à amener héroïquement sa sélection jusqu’en quart de finale du Mondial 86. Et ça c’est beau. Idéal si vous aimez ? Olive et Tom Quand et où ? Le 27 mars au Liberté à Rennes

... AZIER

... VDB

Ancien journaliste rock, Thomas VDB nous avait bien fait marrer avec ses one-man shows En rock et en roll et Presque célèbre. Dans son nouveau spectacle Thomas VDB chante Daft Punk, il interprète désormais a cappella tous les tubes de la french touch. Une pièce qu’il défend sur la scène du Point Virgule et qu’il teste actuellement dans tout le pays. Une étape finistérienne est au programme avant, sait-on jamais, une tournée around the world (attention, blague). Idéal si vous aimez ? Interstella 5555 Quand et où ? Le 25 janvier à L’Arthémuse à Briec

Hollandais de 26 ans, Thomas Azier (photo) a eu la bonne idée de s’installer à Berlin, the place to be hype. D’abord repéré par Woodkid, Stromae lui a confié fin 2013 les premières parties de sa tournée triomphale. Elle a sûrement donné des idées à ce sosie d’Oliver Sim (le chanteur de The XX), auteur d’une électro-pop glaçante et futuriste. Testez les tubes Angelene ou Ghostcity et vous verrez que c’est pas nul Azier (vous l’avez ?). Idéal si vous aimez ? Albator Quand et où ? Le 15 mars à La Citrouille à Saint-Brieuc



WTF

HUMOUR COMMUNAUTAIRE : QUI FAIT RIRE QUI DANS SI L’HUMOUR EST UNIVERSEL, TOUT LE MONDE NE SE GONDOLE PAS POUR LES MÊMES RAISONS. RIEN QU’EN BRETAGNE, PANORAMA RÉGIONAL DES DIFFÉRENTES FORMES DE BLAGUES, GALÉJADES ET CALEMBOURS.

LES « BRESTOA »

Avec son accent brestoa à couper au couteau et ses expressions ti’zef, le journaliste Steven Le Roy a réussi à faire de ses “brèves de trottoirs” l’un des rendez-vous phare de la chaîne Tébéo. Largement reprises sur le Net (sa page Facebook compte plus de 4 000 fans), les chroniques de « ce grand strouillou », qui passe ses vacances « à la caravane à Plouguerneau », racontent l’actualité locale à hauteur de comptoir et à coups de références brestobrestoises. Des vidéos aussi soignées qu’une coque passée par la Sobrena. Mots-clés ? La foire Saint-Mich’, l’arsenal et le Stat’ brestoa. Pour qui ? Pour tous les gaziers de Bress’même. Au-delà de Daoulas, pas dit que tu comprends tout direc’.

LES TWITTOS

LES PAYSANS

Le potentiel comique d’un éleveur enguirlandant ses génisses à coups de « vind’zi » et de « nom dé diou » est tellement intéressant que c’est devenu un genre en soi. Du standup des champs initié par Les Vamps et qui cartonne ces temps-ci en Bretagne avec Marie Guerzaille, Jaoset d’Lainti et La Bande à Philo (photo). La recette : une salle des fêtes, un déguisement (blouse, fichu, chemise qui gratte, béret) et des blagues sur fond de comice agricole, de biture aux roupettes et de culbute dans la paille. Mots-clés ? Radio Bonheur, lait ribot, Bourvil, John Deere. Pour qui ? Pour les fans de L’Amour est dans le Pré. Gosse beau, le Thierry.

Twitter est en passe de devenir le plus grand spectacle comique du Net. Un théâtre des Deux Ânes virtuel où les adeptes des bons mots s’amusent avec l’actualité en 140 caractères. La mode du moment, ce sont les comptes parodiques. Le concept marche aussi bien dans le foot (Christian Bourpiff et Loïc Ferraille côté Lorient, Jocelyn Genaoueg et Noël Levrette pour l’EAG) qu’en politique (François Cuilland’, le vrai faux maire de Brest). Mots-clés ? Ivre virgule, NSFW, FollowFriday, #SachezLe Pour qui ? Pour les lecteurs du Gorafi et de L’Humour de Droite. 8

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LA RÉGION ? LE LOL EST PLURIEL.

LES GEEKS

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les plus connus des Youtubers branchés dans le jeu vidéo sont basés à Fougères. C’est depuis la cité médiévale que Usul et le Joueur du Grenier (photo) tournent leurs émissions. Deux hardcore gamers qui, face à la caméra, testent (et dégomment) des jeux et se penchent sur la culture geek (super-héros, Internet, etc.). Des mecs assez dingos capables de te faire des blagues sur les différents niveaux d’évolution de Bulbizarre. Pas loin des deux garçons, le Rennais Links The Sun complète la famille. Mots-clés ? RPG, highscore, hentai, Marvel, BOOM HEADSHOT ! Pour qui ? Pour ceux qui ont déjà soufflé dans une cartouche Nintendo.

LES CULTUREUX

S’amuser des manies d’un chanteur en studio ou des relations tendues entre journalistes et attachés de presse : le comique pour cultureux est un comique de niche, fait par les cultureux, pour les cultureux. Matez quand même les vidéos du batteur Romain Baousson (du groupe rennais Apochela) ou le Tumblr “Je Suis Stagiaire Aux Trans”, y a moyen de bien golri. Mots-clés ? Catering, showcase, phoner Pour qui ? Pour les porteurs de bracelet VIP en festoche. 9


WTF

« ON TRAVAILLE SUR UN DJ SET DE STÉPHANE PLAZA »

Q8

BIBINE FOREVER

Marque de fringues et collectif de rap alcoolo-rigolo (Dabaaz, Svinkels, etc.), Qhuit avait enregistré en BZH l’album Gran Bang il y a dix ans. Si on attend toujours le second opus, les gaziers continuent à tourner avec leur Qhuit Partizzz. Soit le mix idéal entre musique, textile et cacahuètes. Le 8 mars au festival HIP OPsession à Nantes.

Youri Lenquette

EN AVANT !

Qui ? Craftmen Club, formation rock guingampaise qui revient sur le devant de la scène cette saison. Quoi ? Deux mots pour qualifier Eternal Life, le nouvel album : flippé et bandant. Quand ? Sortie le 3 février. Et en concert le 7 du même mois à La Citrouille à Saint-Brieuc.

SALI-SALUT-SALOU

ned

Programmée au Théâtre de Lorient les 24, 25 et 26 janvier, la pièce Such is Life propose de narrer la vie de Ned Kelly, un gangster mythique, mi-Scarface, mi-Robin des Bois, qui a fasciné l’Australie dans la deuxième moitié du 19e. Méchamment prometteur. 10

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Imaginez : vous êtes en virée entre potes, les bars viennent de fermer mais vous n’avez pas envie de vous coucher. Après quelques moments d’hésitation, vous atterrissez finalement en boîte et là, bordel, derrière les platines, vous tombez sur un animateur télé en train de passer Bouger Bouger de Magic System. Ce genre d’aventures, les habitués de la discothèque La Scala, à Guipry en Ille-et-Vilaine, l’ont connu le 9 novembre dernier. Pendant plus de deux heures, ils ont dansé sur les mix de… Cauet. « Ça s’est très bien passé », se félicite Benoît Rolle, le directeur de l’établissement.

« C’EST CHER POUR CE QUE C’EST » Ce n’est pas la première fois que le gérant fait appel à un people pour un DJ set. Dernièrement, c’est surtout aux stars de téléréalité qu’il demande de passer des disques : Guillaume de Secret Story, John-David des Anges de la téléréalité... Mais quel intérêt ? « C’est un tout, explique Steve Zeitoun de S.Night Prod qui actuellement fait tourner Alizée en DJ set. Les gens viennent voir un people dans un contexte nouveau, découvrir son univers musical, danser sur ses morceaux préférés et, pour finir, faire une photo avec. » Des guests qui représentent un certain budget (« pour Cauet, comptez 12 000 euros », nous confie un patron de boîte dans le Morbihan), mais est-ce que cela vaut le coup ?

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LES PLATINES DES CLUBS ET DISCOTHÈQUES NE SONT PLUS RÉSERVÉES AUX DJ PROFESSIONNELS. ANIMATEURS, COMÉDIENS ET STARS DE TÉLÉRÉALITÉ : DE PLUS EN PLUS DE PEOPLE SONT INVITÉS À MIXER. MURDER ON THE DANCEFLOOR ?

Patron de la discothèque Le 29 au Faou, Patrick Labataille est sceptique. « Autant je suis sûr de l’investissement avec un showcase de Keen’V, autant je pense pas qu’un people en DJ set fasse venir vraiment plus de monde que d’habitude. C’est très cher pour ce que c’est, surtout que ce ne sont pas de vrais DJ. » Son de cloche différent pour le gérant de La Scala pour qui la notoriété de ses invités reste un argument. « On fait forcément plus d’entrées avec une célébrité. Et si on ne gagne pas d’argent sur une soirée, ça permet surtout de faire un bon coup de pub », estime Benoît Rolle qui se tâte à faire venir Éric & Ramzy, nouvellement lancés sur ce créneau. Une palette de personnalités que le boss de S.Night Prod compte bien enrichir : « Il ne faut pas avoir peur de faire appel à des gens auxquels on ne penserait pas forcément, quitte à surprendre. Actuellement, je travaille sur le DJ set de Stéphane Plaza et de Jean-Michel Maire de Touche Pas à mon Poste. Ça peut marcher. » J.M


SPORT ET POLITIQUE : IN A RELATIONSHIP DERNIÈREMENT, LES PRÉSIDENTS DES CLUBS DE LIGUE 1 SONT MONTÉS AU CRÉNEAU CONTRE LA TAXE À 75 %. UN ÉPISODE DE PLUS DANS LA RELATION ENTRE SPORT ET POLITIQUE. PETIT ÉTAT DES LIEUX EN BZH.

« Les sportifs en activité sont rares à causer politique, constate Georges Cadiou, ex-journaliste sportif sur France Bleu. Pourquoi ? Pour pas qu’on les emmerde, même si ça ne les empêche pas d’avoir un avis. » Citons tout de même le champion de canoé Arnaud Hybois, seul Breton parmi les 100 sportifs soutenant François Hollande à la présidentielle. Ainsi que l’ancien coach de Guingamp et de Rennes Guy Lacombe (photo), sur une liste à Dinard aux municipales de 2008.

« Les politiques s’impliquant dans le sport sont plus nombreux, remarque Georges Cadiou. C’est un moyen de gagner en popularité pour les notables locaux. » Tel Noël Le Graët (photo), qui a été à la fois président de club et maire de Guingamp. Son successeur à l’EAG Bertrand Desplat s’est aussi fait remarquer cet hiver avec la parution du message “non à l’écotaxe” au Roudourou. « Ne pas oublier non plus que le président du Stade Rennais, Frédéric de SaintSernin, est un ancien élu UMP. »

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GWENN-HA-DU POWER

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DES POLITIQUES DANS LE GAME

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DES SPORTIFS SUR LES LISTES

« La spécificité en Bretagne, ce sont les prises de position régionalistes », estime l’ancien journaliste radio, qui cite le cycliste « Bernard Hinault (photo), jamais le dernier pour faire la promotion de la langue bretonne, et le skippeur Rolland Jourdain, sensible à la politique écologiste ». La démonstration de force de la finale de Coupe de France de foot 100 % bretonne en 2009 est aussi une preuve de la puissance d’une région qui ne rate jamais une occasion de faire son auto-promo.

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WTF

LES MUSIQUES ÉLECTRO AIMENT-ELLES L’ ARABE ? À L’IMAGE DU DUO ACID ARAB, QUELQUES PROJETS ÉLECTRO PUISENT LEUR INSPIRATION DANS LA CULTURE ORIENTALE. UN MARIAGE PAS TOUJOURS ÉVIDENT DANS UNE POP MUSIC D’ABORD ANGLO-SAXONNE. Pas besoin de rester des heures sur Deezer pour accoucher du constat suivant : la pop music ne regorge pas de hits en langue arabe. Les plus gros tubes planétaires sont chantés en anglais. Nos playlists en sont remplies ras-la-gueule et, quelles que soient les époques, quels que soient les styles, on peine à trouver un titre en arabe qui a réussi à squatter les charts internationaux. Aujourd’hui, cet état des lieux semble perdurer. Notamment lorsqu’on regarde le genre qui a conquis la planète : l’électro (et plus globalement l’électro-pop). Si la langue arabe et la culture orientale restent cependant présentes dans les catalogues, elles sont cantonnées au rayon fourre-tout des “musiques du monde”, une étiquette qui accorde plus d’importance à l’origine qu’à l’esthétique.

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NON : LE CONSTAT EST SANS APPEL

OUI : IL Y A DES PROJETS AMBITIEUX Si la musique mainstream est une industrie dont les deux yeux sont rivés vers l’Occident, des artistes ont quand même eu l’ambition de vouloir placer la langue arabe sur la carte de la pop. Parmi les essais osés, on se souvient de YAS, une collaboration entre Mirwais (exTaxi Girl, producteur de Madonna sur trois albums) et la chanteuse libyenne Yasmine Hamdan. De cette entente était né Arabology en 2009, un album électro-pop en arabe bien branlé. Parmi les forces vives actuelles, le Syrien

CORBEILLE Mimie Mathy Au hit-parade des plus gros scandales de ces derniers mois, la révélation des 250 000 boules touchées par Mimie Mathy pour chaque épisode de Joséphine Ange Gardien figure en tête, loin devant la viande de cheval dans les lasagnes et les écoutes de la NSA. À Guipavas 12

Grand Corps Malade Accusé d’être à l’origine de la mode du slam en France, n’est-ce pas un chef d’accusation passible d’un jugement devant une cour d’assise ? Et pas de circonstances atténuantes ! À Brest

Omar Souleyman (photo), représentant de l’électro-dabkeh jouit d’un belle cote (il était programmé au Pitchfork fin 2013) et le duo Acid Arab (mélange d’acid house et de sonorités orientales) multiplie les festivals en ce moment (Trans Musicales il y a quelques semaines, Astropolis ce mois-ci). Pas loin de nous sinon, les Nantais d’Orange Blossom tournent depuis près de vingt ans dans tout le pays avec leur musique électronique sauce harissa.

MOUAIS : À VOIR Ces projets plaçant la culture arabe au cœur des musiques actuelles peuvent-ils s’imposer all over the world ? Bien malin celui qui pourrait l’affirmer. Pourtant taillé pour l’international, Araboly de YAS, par exemple, n’avait pas su aller au-delà du succès critique.

NOTRE ANTI-SÉLECTION DES SPECTACLES QUAND FRANCHISE ET MAUVAISE FOI NE FONT QU’UN

Noa Moon Cette jeune Belge a sévi tout cet été avec son tube My Paradise (plus d’un million de vues YouTube cette connerie quand même). Même si nous Emmanuel Moire sommes grands amateurs Le chanteur intègre cette d e p â t i s s e r i e s , s e s année la troupe des Enfoi- chansons tartes nous FFF rés. La double peine pour écœurent dès la première On vous voit venir ceux les bénéficiaires des Restos. bouchée. qui trouvent ça « sympa » À Rennes À Brest

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le retour de la Fédération française de funk, mais venez pas vous plaindre quand Sinclair fera lui aussi son come-back. À Rennes et Brest


Bikini

FAIRE DU FRIC AVEC LE PAPIER ALU DES CLOPES ?

C’EST UNE RUMEUR QUI TRAÎNE : ON POURRAIT REVENDRE EN PHARMACIE CES FAMEUSES FEUILLES. ON VÉRIFIE. Recevoir de l’argent d’un pharmacien en échange du papier qui protège les clopes de l’humidité dans les paquets ? Un super plan en apparence. La rumeur se répand depuis de nombreuses d’années, des cours de lycées aux forums Internet. Chacun y va de son prix : de 3 € à 180 € le kilo ! Alors, info ou intox ? « Il s’agit d’une vieille rumeur. Fausse ! », répond Anne Myon, de l’Union Nationale des Pharmacies de France. D’où la moue dubitative des pharmaciens lorsqu’on évoque cette légende urbaine. À l’image de Natacha, pharmacienne à Brest, que l’idée fait bien marrer : « Hein ?! Je suis en activité depuis 1998, je n’en ai jamais entendu parler. » Pas mieux du côté de la fédération nationale des débitants de tabac. « Il y a bien des études de marché pour le ramassage des paquets mais rien sur le papier aluminium spécifiquement. Pour l’instant, aucune filière de recyclage n’existe », explique Guillaume Le Gros, chargé de communication de la fédération. Pour financer la hausse du prix des clopes de 2014, il faudra trouver autre chose. Isabelle Jaffré 13


WTF

ILS SONT OÙ LES GROS GROUPES EN BRETAGNE ?

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‫فلنرقص‬

LES FESTIVALS DE L’ÉTÉ COMMENCENT À LÂCHER LEURS PREMIERS NOMS. PARMI CEUX-CI : DE GROS GROUPES INTERNATIONAUX QUI SE FONT DE PLUS EN PLUS RARES DANS LES SALLES DE LA RÉGION. MAIS POURQUOI ? À NANTES

Nick Helderman

L’ AMI MOLETTE

Né aux Pays-Bas en 1988, Jacco Gardner est un drôle d’ovni qui revisite – pastiche diront les mauvaises langues – la scène garage psyché de l’Amérique des sixties, via un premier album intitulé Cabinet of Curiosities. Sa nouvelle tournée 2014 en France débutera le 25 janvier à l’Ubu à Rennes.

DES CADEAUX

noël

C’est toujours Noël avec Bikini. Ce mois-ci, nous vous offrons des places pour les festivals suivants : HIP OPsession à Nantes, 360° à Saint-Brieuc et Circonova à Quimper. Pour tenter votre chance, rejoignez-nous tout de suite sur notre page Facebook ! 14

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À l’affiche du Liberté à Rennes en ce début d’année : Emmanuel Moire et Anne Roumanoff. Au Musik Hall : tournée Âge Tendre et Têtes de Bois. À l’Hermione à Saint-Brieuc : Nolwenn Leroy. Au Parc des Expos de Lorient : Franck Dubosc… La période ne fait pas exception. Mais nom d’une pipe, ne peut-on pas prétendre à mieux ? « Difficilement, estime Jacques Abalain de Diogène Productions. La région s’est fait doubler depuis que Nantes a son Zénith de 8 000 places », inauguré fin 2006. Le Liberté à Rennes, avec ses 5 500 places, ne peut pas rivaliser. « Ces 2500 places font la différence pour le haut du panier. » D’ici avril, la salle nantaise accueille notamment Phoenix, Franz Ferdinand et Metronomy.

et leur tournée mondiale s’arrêtait au Japon ou à l’Australie max. Aujourd’hui, les Black Keys vont aussi en Indonésie, en Malaisie, en Amérique du Sud… Ils n’ont plus que 4 dates maximum à consacrer à la France et les salles bretonnes ne sont clairement pas prioritaires… »

EN TOURNÉE MONDIALE

DANS LES FESTIVALS

« On aimerait avoir plus de gros noms mais on est confronté à une concurrence de plus en plus mondialisée », explique-t-on au Liberté qui, comme la plupart des salles de ce type en France, n’a pas de programmateur mais est louée par des entreprises organisatrices de concerts (Alias Production, Radical Production…) qui possèdent un pool d’artistes comme un club de football a des joueurs sous contrat. Jacques Abalain poursuit : « Dans les années 80, un groupe comme The Cure faisait 25 dates en France

Arctic Monkeys (photo) à Carhaix cet été : joli coup réalisé par les Charrues et nouvelle preuve de la mainmise des festivals du coin, capables de centraliser en une poignée de week-ends la hype du moment. Ce qui peut satisfaire le spectateur. « Prenez un passionné de musique dans le Finistère, explique le boss de Diogène, son budget annuel consacré aux concerts peut passer entièrement dans les pass des Charrues, du Bout du Monde et de Fête du Bruit. Ce qui reste une bonne façon de voir de gros groupes. » R.D

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Le festival DañsFabrik, 3e du nom, est ambitieux : il souhaite faire danser la ville de Brest, en essaimant des spectacles un peu partout en ville (Quartz, Carène, Vauban, etc). Avec un thème cette année : ‫ «( ! فلنرقص‬dansons ! » en arabe). Du 17 au 22 mars.



DOSSIER

ÊTES-VOUS UN “NO JOB” ?

VOUS PRENEZ VOTRE P’TIT DEJ’ TOUS LES JOURS DEVANT MOTUS ? PAS DE PANIQUE, VOUS N’ÊTES PAS SEUL. CONGÉ SABBATIQUE, DÉMISSION ET GLANDE PROFESSIONNELLE ONT LEURS ADEPTES. 16

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DOSSIER

MARRE DE VOIR LEUR TÊTE AU BOULOT TOUS

e départ a été brutal. J’ai fait ce qu’on appelle un abandon de poste. Un matin, je ne suis pas venu au taf, j’ai envoyé un mail à la directrice pour lui dire que je ne reviendrais plus et basta. Je sais que ça ne se fait pas du tout comme façon de faire, mais j’en avais plus rien à foutre de ce boulot. Je ne voulais surtout plus y retourner. » Alors qu’il entamait sa quatrième année en tant que surveillant dans un lycée privé de Rennes, David, 31 ans, a décidé d’envoyer chier son taf, sa boss et ses collègues. Une décision d’autant plus courageuse qu’il était en CDI et que, sauf faute grave, cette situation lui offrait un avenir professionnel sûr et stable. Si on rajoute à ça le contexte actuel du marché de l’emploi, oui on peut le dire : David a pris une décision couillue. Démissionner en 2014 est tout sauf anodin. « À part ma copine, mes proches ont eu un peu de mal à comprendre ce

choix. Avec la crise et tout, je comprends que ça puisse leur paraître assez incompréhensible mais je ne me voyais plus faire ce boulot. J’avais une forme de lassitude, le sentiment de ne pas être aidé par ma hiérarchie dans les tâches au jour le jour. Les possibilités d’avancement étaient aussi réduites », explique le jeune homme qui a aujourd’hui rebondi dans la restauration.

« Besoin de changer » David n’est pas le seul à avoir franchi le pas. En France, en 2012, les démissions représentaient plus de la

« Quitter un CDI sciemment , quelque chose de culpabilisant » 18

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moitié (56,1 %) des fins de CDI. Claire, 29 ans, en fait partie. L’été dernier, elle a quitté son poste de chargée de com’ dans une salle de spectacle de la région. Un emploi en CDI qu’elle occupait depuis deux ans. « Côté professionnel, j’avais des divergences de point de vue et, côté perso, j’avais besoin de changer de ville, avance-t-elle. Mes amis et ma famille disent que j’ai bien fait. Il y a eu de la surprise pour certains mais, dès que j’ai expliqué les raisons, ils m’ont soutenue. » Si elle n’a pas retrouvé de taf en France depuis, Claire s’est aujourd’hui installée pour quelques mois à Bristol en Angleterre. En attendant d’y voir plus net sur son avenir, elle se « gave » de concerts, perfectionne son anglais et voit surtout cette expatriation comme


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LES MATINS ? DÉMISSIONNEZ !

un futur argument pour son CV. « C’est quand même plus valorisant de mettre que t’as vécu à l’étranger plutôt que d’être restée glander au chômage chez toi. Ça permet aussi de justifier plus facilement ta démission à un futur recruteur. »

« Ne pas se pourrir la vie » Le désir d’ailleurs, c’est aussi ce qui a motivé Aglaé, 26 ans, quand elle a décidé d’abandonner son CDI dans une rédaction brestoise. Elle a dit adieu à la rue de Siam, au tram’ flambant neuf et au port de commerce pour découvrir le Brésil. « Avec la Coupe du monde et les Jeux olympiques qui arrivent, c’était la destination idéale dans les pays étrangers. » Une actualité riche qui a suffit à la convaincre de quitter son « poste sûr » pour le statut précaire

de pigiste. Un choix plus qu’osé dans le milieu de la presse où la recherche d’un CDI apparaît plus ardue que la quête du Graal. Un phénomène surprenant ? Pour Alain Mergier, sociologue, ces jeunes actifs qui ont les bollocks de tout plaquer « étonnent de plus en plus les DRH qui ne s’attendent pas à ça vu l’état du marché du travail ». Selon lui, deux raisons principales sont à l’origine des démissions actuelles. « D’abord, il y a tous ceux qui attendent une progression rapide dans leur carrière. Ils ont l’impression de faire du surplace et que l’entreprise ne prend pas en compte tout leur talent. Cela peut expliquer leur désir de trouver une autre boîte. » Le sociologue évoque ensuite le manque de reconnaissance personnelle. « Si les diplômés et les jeunes actifs sont prêts à s’investir dans leur boulot, à rendre service et à aider, ils exigent une réciprocité. Les relations “horizontales” avec leurs collègues et leurs managers de proximité sont primordiales pour eux. S’ils ont le sentiment de ne pas être respectés et de ne pas être pris en considération, ils préfèrent alors démissionner. Quitte à prendre des risques malgré le côté peu réjouissant du marché de l’emploi. » Car si on sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on gagne. Dans un pays où le CDI reste une référence absolue, perçu comme un dispositif de reconnaissance (après le stage et le CDD s’ils ont été jugés concluants) et comme le meilleur rempart contre la précarité, nos démissionnaires ont

tous passé outre ces considérations. YOLO quoi. « Au-delà de la crise et du chômage dont on nous rabat les oreilles, il y a aussi une espèce de pression sociale autour du CDI qui peut être difficile à gérer. C’est tellement vu comme une finalité que de le quitter sciemment c’est culpabilisant », témoigne Claire que les prévisions économiques et l’absence de croissance forte n’ont pas fait changer d’avis : « Si j’avais décidé d’attendre que l’économie aille mieux pour démissionner, j’y serais encore dans trente ans à ce poste… La réelle difficulté, c’est de prendre la décision dans sa tête. On a un modèle bien ancré qui nous colle à la peau : passer son bac, faire des études, trouver un travail et s’en satisfaire. Se dire qu’on va interrompre ce schéma n’est pas évident... Et puis, après tout, ce n’est qu’un boulot, c’est quand même con de se pourrir la vie pour ça. »

« À 26 ans, c’était le moment » Une liberté et un détachement visà-vis du travail que beaucoup de salariés envient. Et qui frappent l’imaginaire collectif. On a tous en tête la pub Loto où un employé en calbut’ chantait « Au revoir, au revoir président ! » affublé d’un masque de poussin. Dans la même veine, Marina Shifrin, une Américaine de 25 ans bossant dans une boîte de prod’, a annoncé en septembre dernier sa démission à son employeur en postant une vidéo YouTube où on la voyait danser dans l’open space sur Gone de Kanye West. 19


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Résultat : plus de 17 millions de vues, dont un paquet qu’on imagine solidaire de la jeune femme. « Pas mal de mes potes m’ont dit qu’eux aussi aimeraient faire de même mais qu’ils n’en avaient pas le courage, ajoute Aglaé. Vu qu’aujourd’hui cela se passe plutôt bien, que j’ai réussi à m’installer comme pigiste, je n’en suis que plus fière d’avoir eu le cran de partir. » À condition de ne pas rater le coche. Toutes les personnes que nous avons interrogées nous ont confié avoir profité du bon créneau, de l’occasion parfaite, du contexte adéquat pour démissionner (ouais, toi qui nous lis, fais pas le con en envoyant tout péter du jour au lendemain).

« LA PARESSE PEUT RÉGULER LA SOCIÉTÉ »

André Rauch, historien et auteur de l’ouvrage La Paresse : Histoire d’un péché capital. Y a-t-il eu au cours de l’Histoire des périodes où il était bien vu de ne pas travailler ? Je vois deux exemples principaux. Celui des “sauvages”, au 16e siècle, lorsque les Européens découvrent le nouveau monde. Le sauvage était alors perçu par les colons comme un homme heureux : indolent, vivant à l’état de nature, ne travaillant pas. Jusqu’à ce qu’on le contraigne aux travaux... Il y a un deuxième cas où la paresse était bien vue, c’est celui de l’aristocratie. Il y avait ceux qui travaillaient (les paysans) 20

et ceux qui étaient toujours de loisirs (les aristocrates). Pour ces derniers, travailler, c’était faillir à sa caste. Il aurait été très mal considéré de besogner. Cela aurait été perçu comme une transgression du statut et de l’honneur. Cette situation tient jusqu’à la Révolution. C’est à partir de la Révolution que la paresse est mal vue donc ? Dès la Réforme, dès Luther (au 16e siècle, ndlr), avoir un métier est considéré comme la mission de l’Homme sur Terre. Car si Dieu a créé l’Homme c’est aussi pour qu’il continue son œuvre.

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« Si j’avais eu un prêt pour un appartement sur le dos, bien sûr que je n’aurais pas démissionné comme ça, reconnaît David. Même chose si j’avais eu un gosse ou le projet d’en avoir un. » Son de cloche similaire pour notre ancienne Brestoise qui estimait être dans l’âge idéal pour prendre le risque.« Quand j’aurai la trentaine, j’aurai sans doute de nouvelles envies personnelles qui me feront voir les choses différemment. Mais là, à 26 ans, c’était le moment ou jamais : j’ai pas encore d’enfants, pas de mari… Et puis, j’ai toute la vie pour trouver un CDI. »

Pour les Lumières (au 18e siècle, ndlr), le raisonnement est quelque peu différent. Rousseau dit qu’à l’état de nature, l’Homme végète. Mais quand il entre en société, il doit travailler pour ne pas être à la charge des citoyens, chacun devant être complémentaire. Cette idée va se répandre dans l’esprit révolutionnaire. Ne pas vouloir travailler, c’est de droite ou de gauche ? Paul Lafargue, auteur du pamphlet Le Droit à la paresse, défend l’idée que lorsque nous travaillons nous enrichissons beaucoup plus le patron que nous nous enrichissons nous-mêmes. Pour Lafargue, la seule façon de mettre fin à cette inégalité, c’est de paresser et de faire la grève. Pour le mouvement marxiste et

Julien Marchand anarchiste, la paresse c’est le droit de reprendre sa liberté, et de partager le travail ainsi que les privilèges. Il voit la paresse comme un mouvement social qui se légitime par rapport à une aliénation et pour la construction d’une société plus juste. Aujourd’hui, les politiques mettent tous en avant la valeur travail. C’est pas bon signe pour les paresseux... Je me souviens d’une femme politique qui à la fin du 20e siècle a fait voter la loi sur les 35 heures, on lui en a beaucoup voulu. Mais 35 heures de travail, ça voulait dire qu’il y avait un temps de la vie où l’on avait le droit de ne pas travailler. Cette notion de paresse peut réguler la société et établir nos différents temps de vie.


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De juillet 2012 à juillet 2013, Thomas a fait ce que beaucoup d’entre nous rêvent de faire : ne plus mettre les pieds au boulot. Pendant une année, ce contrôleur aérien de 28 ans, originaire de la presqu’île de Crozon, a ainsi échappé aux horaires imposés, aux astreintes, aux collègues casse-bonbons… Mais comment me diriez-vous ? Grâce à un dispositif considéré comme un acquis social depuis le 3 janvier 1984 : le congé sabbatique. Des vacances (non payées) XXL avec l’assurance de retrouver son taf et sa rémunération au retour. « Cela faisait quelques temps que j’y pensais quand je me suis décidé à le prendre, se souvient Thomas. Je savais que je pouvais en bénéficier, j’avais pas de copine, pas d’appart à rembourser : j’ai alors foncé ! » Pendant onze mois, Thomas va donc profiter de ses économies pour rendre visite à ses potes éparpillés à travers le monde : Espagne, Maroc, Mauritanie, Sénégal, Cap-Vert, les Antilles, Brésil… Le tout à une allure plutôt douce (stop dans le Sahara, traversée de l’Atlantique sur un voilier), le temps de découvrir et de se laisser vivre. Pas trop déstabilisant tout de même de perdre le rythme quotidien du boulot ? « Franchement, j’ai pas eu le temps de m’ennuyer. Les voyages prenaient déjà du temps. Et puis, entre la grasse mat’, les balades et les copains, ça te remplit la journée. » 21


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« Le poker entre potes ? Ça ne me branche plus. » À sa manière, Gaétan est un abstinent. Ancien joueur à temps plein, ce Rennais de 30 ans a décroché il y a six mois et cherche depuis un emploi, un “vrai” emploi. « Je n’ai ni remords ni regrets, dit-il aujourd’hui, J’ai gagné correctement ma vie pendant cinq ans sans travailler (sic), c’est plutôt pas mal. J’ai toujours eu en tête que je n’allais pas faire ça toute ma vie. J’avais un boulot avant, j’en retrouverai un après. » Ingénieur de formation – « avoir l’esprit matheux, ça compte dans le poker » – Gaétan a donc mis entre parenthèses une vie active classique, les yeux rivés sur un écran 21 pouces et le cul vissé sur son fauteuil. « Je jouais online en cash-game, huit à dix tables de poker en même temps, 100 heures par mois. » Pour quels gains ? « 60 000 euros au total, dont la moitié les six mois qui ont suivi la libéralisation du marché des jeux en ligne en 2010. À l’époque, je me faisais 5 000 euros par mois. L’orgie. » Cet âge d’or n’a pas duré : après deux ans d’anarchie, l’État a commencé à fureter dans ce juteux business. « Une centaine de mecs se retrouvent actuellement avec le fisc au cul, c’est le bordel. » Désormais imposable, le poker n’est plus aussi bankable qu’avant, d’autant que le niveau a en plus augmenté. « C’est aussi pour ça que j’arrête, reconnaît le jeune homme. C’est une activité qui a ses bons côtés mais elle est difficile à assumer à la

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« MON BOULOT ? JOUER SUR L’ORDINATEUR

longue. Par exemple, j’ai jamais dit clairement à mes parents comment je gagnais ma vie car ça aurait été trop compliqué à expliquer… »

Champion du monde à FIFA Pour Adrien aussi, il a fallu cravacher pour faire comprendre à ses proches qu’il allait démissionner de son emploi dans une banque pour se consacrer à temps plein au poker. « Ma famille était contre mais j’ai réussi à les rassurer rapidement. » Le Rennais de 27 ans, connu dans le milieu sous le surnom de Zlatan35, a effectivement su se montrer convaincant en empochant 390 000 dollars lors d’une victoire à Macao en 2009, puis 500 000 dollars deux ans plus tard au tournoi d’Amnéville… Contrairement à Gaétan, Adrien joue plus dans de vrais tournois que sur le Net. Lunettes noires, écouteurs et la moue du bluffeur, il a la panoplie

« À l’époque, je me faisais 5 000 euros par mois. L’orgie » 22

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du parfait winner. « C’est important aussi d’avoir une bonne hygiène de vie, prévient-il. Quand l’entrée d’un tournoi est à 10 000 euros, mieux vaut être en forme car le droit à l’erreur est inexistant. » Avec plus d’1,5 millions d’euros de gains accumulés depuis ses débuts, Adrien a quand même de quoi voir venir. Ce qui ne l’empêche pas de s’inquiéter. « J’ai eu un contrôle fiscal et mon avocat dénonce un flou juridique. Du coup, j’ai décidé de partir m’installer à l’étranger. » Un secteur qui se fait moins de souci pour son avenir : le e-sport. « C’est même en plein boom », s’enthousiasme Rémy Chanson, manager de Millenium, seule équipe pro de l’Hexagone de sport virtuel, avec des jeux comme Starcraft ou Counter Strike… « On a sous contrat la moitié des 20 à 25 gamers professionnels français. Ils touchent entre 1 200 et 4 000 euros par mois, hors gains en tournoi (1 000 à 2 000 euros la victoire en moyenne en France, ndlr). » Vous avez bien lu : des mecs sont payés pour jouer à la console.


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»

Joueur semi-pro de Street Fighter 4, David alias LordDVD est d’ailleurs sous contrat avec Millenium. Après son job alimentaire du matin, il anime des émissions l’après-midi et met en ligne certains streamings où on le voit en train de se bastonner avec des joueurs du monde entier. Hier apanage de quelques obscurs geeks, les stars du pro-gaming deviennent mainstream. C’est le cas de Bruce Grannec, 27 ans, champion du monde du jeu de foot FIFA : il fait de la pub pour Coca, s’affiche avec des joueurs de Ligue 1 et amasse un bon paquet d’oseille. Tout ça en taquinant une manette de PS3 et, reconnaît-il, en ne s’entraînant « pas plus d’une à deux heures par jour trois fois par semaine ». Drôle de job quand même, alors qu’il n’a jamais connu la vie professionnelle “réelle” depuis la fin de ses études en informatique… « Mais je n’ai aucun problème avec mon activité, bien qu’elle puisse étonner, assuret-il. Je gagne ma vie honnêtement, je voyage, je rencontre des fans… Il y a pire, non ? » Régis Delanoë 23


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La pop culture est remplie de mecs qui n’en foutent pas une, de glandeurs dont on ne connaît pas vraiment le boulot et de courageux qui ont osé dire merde au monde du travail. On en fait le portrait robot.

LA TENUE Deux vêtements apparaissent comme incontournables. Commençons par le peignoir, plus utilisé par les “no job” comme une robe de chambre ou un gilet XXL. À l’image de Dark dans la série NerdZ diffusée sur NoLife et, surtout, du “Dude” dans The Big Lebowski, champion incontestable de l’oisiveté. Et dans le bas ? Le bermuda (vêtement anti-taf par exemple) fait partie des indispensables. Dans Mon Oncle Charlie, Charlie Sheen, un compositeur de musiques de pub qui vit de ses royalties, se trimballe en

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FRINGUES, BOISSON, LOISIRS... LE MATOS

toute circonstance avec. Ce mec a LE MEUBLE trop du bol. Meilleur endroit pour jouer à la console, regarder la télé, faire LA PILOSITÉ la sieste, prendre des apéros… Largement avant Bruce Toussaint Le canapé est l’un de leurs spots (qui lui se lève tôt), la barbe de trois préférés. Exception : le lit dans jours avait déjà envahi le visage d’un Alexandre le bienheureux où Phipaquet de “no job”. Un look pas lippe Noiret quitte toute contrainte vraiment réfléchi, une beu-bar ni pour profiter un peu de la life. dessinée ni entretenue, à la différence de celle taillée au millimètre de ces L’ÉMISSION DE TÉLÉ saletés d’hipsters. Tous ceux qui sont passés par la case chômage le savent : Motus s’impose L’HABITAT vite comme un rituel du matin. Sans grands moyens financiers, la Idéal pour le p’tit déj’ à 11h. majorité de nos réfractaires au bou- Ooooooooh-oh-oh-oh-oh ! lot ont opté pour la colloc. La best solution pour diminuer le loyer. Ce LA PICOLE qu’ont bien compris Seth Rogen Les “no job” ne sont pas les deret ses potes dans En Cloque mode niers sur la chose. Le Dude enchaîne d’emploi ou encore François Cluzet les White Russian (cocktail à base et Guillaume Depardieu, deux glan- de liqueur de café, vodka et lait), deurs-loseurs dans Les Apprentis. le héros de Mon Oncle Charlie se réveille un matin sur deux avec la gueule de bois et Homer Simpson, même s’il taffe officiellement, passe plus de temps chez Moe à boire des Duff.

Vêtement anti-taf, le bermuda fait partie des incontournables 24

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DU “NO JOB”

LA DROGUE Exclusivement douce. On citera la bande d’En Cloque qui passe ses journées à se faire des bangs. Idem dans Friday où Ice Cube et Chris Tucker campent deux méga-flemmards qui occupent leurs aprem’ en fumant de la weed.

LES HOBBIES Plusieurs écoles : la sportive (le bowling dans The Big Lebowski), la geek (Dark de NerdZ tue le temps avec ses jeux vidéo), la télé (à défaut de boulot, Mike Myers diffuse depuis sa cave une émission dans Wayne’s World) ou l’obsédée (Charlie Sheen qui multiplie les plans cul ou Seth Rogen qui crée un site web avec des photos de nichons de célébrités).

LES FILLES Si la majorité de ces anti-héros galèrent côté cœur, certains parviennent quand même à pécho. Parmi les plus belles prises : Katherine Heigl dans En Cloque ou Cassandra dans Wayne’s World. « Un jour, elle sera mienne. Oh oui, un jour elle sera mienne. » 25


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QUALITY STRIP

DANS UN MONDE FAIT DE PECTORAUX HUILÉS ET DE LINGERIE AFFRIOLANTE, LES PROFESSIONNELS DU SEXY-SOFT ONT FAIT DES BOÎTES DE NUIT LEUR LIEU DE TRAVAIL. ON S’EST INVITÉ.

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lle est belle comme un cœur, charmante, gentille, cultivée, drôle. Et lucide aussi. « Je sais que dans l’assistance y aura des gros relous complètement pétés qui vont vouloir me toucher, aller au-delà de ce qui est autorisé. Mais je m’en fous. Parce que j’ai du caractère et parce que ça fait partie du jeu. » Strip-teaseuse, Satine est l’invitée star de la soirée sexy organisée ce samedi de fin novembre à la discothèque La Villa à Guipavas, près de Brest. Il est 1 h 30 du matin, elle vient d’arriver et file backstage se préparer. Le calme avant la tempête. Derrière la porte, c’est un déluge de techno boum-boum, de lumières aveuglantes et de clients bien chauds qui l’attendent, vodkaorange à la main. Satine est surprise qu’on s’intéresse à elle. Gênée aussi un peu. « Cette activité, je l’ai commencée il y a cinq ans en parallèle de mes études. Aujourd’hui, j’ai mon diplôme, mais je continue le strip, en attendant de pratiquer plus tard mon “vrai” métier. Je préfère ne pas te dire ce que c’est, par souci de discrétion tu comprends… » La vingtaine, vivant dans le Morbihan, Satine cloisonne ses deux vies. Le jour : jeune fille sage avec « des parents adorables qui respectent (ses) choix ». La nuit : gogo-danseuse se trémoussant dans une cage au-dessus du dancefloor et se mettant topless dans un salon privé contre 30 euros. Pour l’intégral, 27


c’est 50. « J’aime l’ambiance des clubs, assure-t-elle. J’ai commencé serveuse et comme j’ai toujours adoré danser, faire du strip s’est imposé naturellement. »

« Plus mignonne que ma meuf » Rien de dégradant dans l’histoire ? « Il faut considérer ça d’abord comme une discipline artistique et sportive avec une dimension érotique. Il faut savoir jouer avec les clients. » Qu’en pensent ces derniers justement ? Deux d’entre eux, interrogés à la sortie du salon privé, assurent que « ça valait le coup » de se délester d’un billet de 20 et d’un de 10. « Elle est plus mignonne que ma meuf », rigole l’un deux. Pour le pote qu’ils rejoignent en revanche, pas question de débourser une telle somme. « C’est reuch pour mater une paire, estime-t-il. À ce tarif, je préfère me payer trois verres ! » Faire venir Satine sur place a coûté 300 euros

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Neo-Strip

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à Nico, le patron des lieux. Son établissement de 600 places ayant quasiment fait le plein, il se montre satisfait de l’investissement. « C’est l’assurance d’une soirée réussie, avec de l’ambiance et du monde. Pour mes clients qui n’osent pas aller dans des boîtes de strip, c’est aussi l’occasion de se faire plaisir dans un cadre festif. » Au rythme de deux shows de ce type par week-end et en rajoutant les pourboires, Satine reconnaît gagner correctement sa vie avec un salaire « au-dessus du smic ». « Pour un travail qui n’en est pas vraiment un et qui ne me prend que quelques heures, ça vaut le coup. » L’auto-entrepreneuse commence même à se faire un nom. Dans quelques semaines, elle s’envolera pour le Maroc rejoindre une troupe de pole-danseuses embauchées le temps de la saison touristique par une discothèque prestigieuse.

« Des maçons et des flics dans ma troupe de chippendales » 28

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Kevin a vécu pareille gloire internationale il y a une décennie. « À l’époque, raconte-t-il, je travaillais comme agent de sécurité et il m’arrivait d’assister à des shows. Pratiquant l’aérobic, je me suis dit que ça pouvait constituer un bon complément de revenus. Je me suis lancé. D’abord en solo, puis en intégrant une équipe de chippendales. On a beaucoup tourné, y compris à l’étranger. »

« Des salaires de médecins » Un job qu’il tient en haute estime. « C’est beaucoup de boulot si on veut faire ça sérieusement : épilation, bronzage, diététique, musculation… Sans oublier la chorégraphie, toujours soignée. Mon credo : pas de vulgarité. » Aujourd’hui en « préretraite », ce Briochin quadragénaire continue cette activité à la cool, « deux shows par mois maximum, en soirée privée : enterrement de vie de jeune fille, anniversaire, départ en retraite… » Parmi ses concurrents, il y a Neo, de dix ans son cadet et actuellement en pleine bourre. « Le plus dur dans


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le milieu est de se faire un nom, dit-il. Après ça se passe toujours super bien, il ne faut juste pas que la fille soit trop timide ou son copain trop jaloux s’il assiste au show. » Pour lui pas de doute, le potentiel de développement du strip dans le coin est important, ce que confirme Jocelyn Quesme, du salon Éropolis. « Les plus débrouillards peuvent toucher des salaires de médecin. Attention tout de même : les carrières sont courtes. Et puis c’est l’anarchie, il n’y aucune structure type fédération ou syndicat. Du coup il y a de tout, y compris de gros arnaqueurs qui n’y connaissent rien à la science du strip. » Le dernier conseil est signé Kevin, vieux sage : « J’ai connu des collègues chippendales qui prenaient la grosse tête car ils étaient traités comme des stars les soirs de représentation. Mieux vaut avoir un travail à côté pour garder les pieds sur terre. Quand j’ai monté ma propre troupe, j’ai recruté ce type de profil : des profs de fitness, des maçons, des flics… » Oui, des flics. Ce monde est décidemment formidable. Régis Delanoë 29


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Jean-Michel Baudry

LE BURLESQUE : PIN-UP ET ROCK’N’ROLL

« Je me souviens de la première fois qu’on avait programmé un show burlesque. C’était en 2006, en marge du concert de The Quakes, un fameux groupe de rockabilly. Les filles se sont pointées sur scène pour faire leur truc et des gros beaufs dans le public gueulaient des insanités du genre “à poil, salopes !”. Ils avaient pris ça pour un strip de base sans saisir la subtilité artistique de la chose, c’était triste… » Bruno, le gérant du Mondo Bizarro à Rennes, n’a pas tenu rigueur de ce raté initial. Il a insisté, persuadé que « le burlesque colle parfaitement à l’imagerie rock » de son troquet. Intuition payante : « C’est rentré dans les mœurs. On organise des shows deux à trois fois par an et ça cartonne. Le dernier, c’était celui de Bertie Page Clinic cet automne. Et le prochain sera pour l’anniversaire du Mondo en janvier. » Le burlesque s’affiche désormais un peu partout : dans les pubs via l’égérie Dita von Teese, dans les clips de 30

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rockab’ et dans les théâtres les plus cotés. Les 11 et 12 février, la tournée marathon du cabaret New Burlesque fera halte au Quartz à Brest. Comme partout, la salle devrait être blindée. « Il n’en a pas toujours été ainsi pourtant, rappelle Kitty Hartl, la créatrice et responsable de la plus célèbre troupe burlesque de France. Quand j’ai importé le concept des États-Unis il y a dix ans, on a commencé devant une cinquantaine de spectateurs. Il a fallu s’imposer. »

« Plus féministe que glamour » Une tâche grandement facilitée par la sortie en 2010 du film Tournées de Mathieu Amalric, pile-poil dans le thème, qui a permis de faire connaître au grand public cette forme particulière de spectacle érotico-comique. « C’est à Broadway vers la fin du 19e siècle que le burlesque est né avec la troupe des Frères Minsky, éclaire Romain, auteur de So Burlesque, un site spécialisé. Ce sont

les premiers à avoir apporté une touche théâtrale au strip-tease. » Le mouvement est ensuite entré dans la culture populaire dans les années 50, époque pin-up et rock’n’roll, avant de disparaître dans les seventies, en plein boom de la révolution sexuelle. « L’avènement du porno a porté un coup très dur aux spectacles érotiques où on est plus dans la suggestion que dans la vulgarité. » Le retour en grâce se fera à partir des années 90, avec une petite mise à jour : « Le burlesque du 21e siècle se veut plus militant féministe que glamour. » Militant voire même thérapeutique selon Ève Calvez, fondatrice d’Atout Élégance, seul organisme à proposer des cours d’effeuillage burlesque en Bretagne. « Certaines clientes viennent pour s’amuser entre copines. Mais d’autres sont en recherche de féminité. L’idée du burlesque, c’est de jouer de ses complexes avec un public, et ça marche. » R.D


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LES “MÉNAGES” DES STARS DU X

Jusqu’en 2011, Jade Laroche était une des filles les plus en vue dans le milieu porno. Égérie Dorcel pendant deux années, la jeune femme avait un emploi du temps pas mal chargé, cumulant son métier d’actrice avec celui de stripteaseuse en club. « Dès ma première couverture de magazine et avant même la sortie de mon premier film, je recevais des propositions de discothèques. La notoriété Dorcel ouvre des portes », reconnaît-elle. Avec un intérêt financier évident : « Les strip-teases me rapportaient plus que les films. Mais l’un n’allait pas sans l’autre, chacune de ces activités servait l’autre.» Ces “ménages” des stars du X en boîte de nuit sont peu répandus en France (« seules celles qui ont un vrai statut de pornstar peuvent faire des strips une de leurs activités principales », poursuit la Dorcel girl). Ce qui n’est pas le cas outre-Atlantique, comme le résumait l’actrice X Katsuni sur son blog il y a quelques mois : « Aux États-Unis, de véritables agences réunissent une centaine d’actrices dont la popularité suffit à être engagée pour trois jours d’affilée et à raison de deux shows par soir. » Un phénomène qui, d’après elle, n’est pas encore prêt de se généraliser par chez nous. Question de différence de mentalité entre « deux pays, deux cultures et deux manières de vivre la nudité, le sexe et ses fantasmes ». 31


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BIT MUSIC ONLY LA XBOX ONE ET LA PS4 BRILLENT UNE NOUVELLE FOIS PAR LEURS GRAPHISMES. DANS UNE INDUSTRIE OÙ L’IMAGE PRIME, LA MUSIQUE SEMBLE PASSER AU SECOND PLAN. QU’EN EST-IL VRAIMENT ? COMPOSITEURS ET PROFESSIONNELS DU JEU RÉPONDENT. mis gamer, cette question est pour vous : dans vos jeux vidéo, quel élément a le plus d’importance pour la personne qui partage votre appart ? Les graphismes, le scénario, la jouabilité ? Non. La musique ? Bingo. « C’est même peut-être la première chose à laquelle je penserais : que le son ne lasse pas votre copine pendant que vous jouez », affirme Christophe Héral, compositeur de la musique de Beyond Good & Evil et de Rayman Origins, quand on l’interroge sur les qualités d’une bonne bande-son. 32

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Un avis que partage son homologue Pierre Estève (la musique de Dragon Lore II et d’Atlantis, c’est lui). « Il faut qu’elle soit discrète… tout en étant indispensable pour qu’elle puisse immerger le joueur dans l’environnement. C’est un équilibre à trouver. Une musique peut être excellente à écouter cinq minutes mais insupportable au bout d’une heure. Pour autant, il ne faut pas qu’elle soit tiède, ce n’est pas de la musique d’ascenseur. » Souvent comparée à la bande originale d’un film, la bande-son qui sort de nos consoles dispose néanmoins de caractéristiques qui lui sont

propres. « L’approche compositionnelle est différente par rapport à une B.O.F qui, elle, suit une timeline. Un jeu vidéo est un média participatif, les événements dépendent du joueur et de ses actions. Ce qui implique d’aborder la musique et les sons différemment, explique Nicolas Bredin, responsable de la formation “music et sound design ” à l’Isart digital, une école spécialisée dans l’animation. La musique n’est pas qu’une illustration, elle peut par exemple apporter des informations au joueur. Il faut alors la concevoir dans un autre cadre : un cadre interactif. »


Mais comment faire en sorte que les mélodies, bruitages et gimmicks sonores s’accordent quand ce qui se passe à l’écran dépend de la bonne volonté du joueur qui est libre de faire ce qu’il veut ? On imagine facilement l’usine à gaz à quoi ça doit ressembler.

« Prends l’exemple de Pong » « Ce n’est pas plus compliqué qu’une musique de film, c’est juste qu’il y a plus de contraintes techniques », poursuit Pierre Estève. La bande-son d’un jeu est donc un savant agencement de boucles, transitions et arrangements qui se mettent en place, le plus harmonieusement possible, en fonction de l’action. Avec les évolutions techniques et le développement des moteurs audio ces dernières années, le média sonore a gagné en possibilités et qualité. Nos deux compositeurs mettent cependant en garde et déconseillent d’en faire des caisses. « Une mélodie trop orchestrée peut devenir vite fatigante. Prends l’exemple de Pong : la bande-son est plus que simpliste mais elle ne lasse pas et donne les feedbacks nécessaires », estime Christophe Héral. Même topo pour Pierre Estève qui se montre réservé sur certains points. « Aujourd’hui, 90 % des jeux vidéo utilisent des sons pris dans des banques de données. Alors forcément, il s’agit de sons que l’on retrouve dans plusieurs jeux. C’est l’inconvénient de l’industrialisation de l’informatique. » L’auteur de la musique d’Atlantis évoque même les moteurs automatiques qui, selon lui, pourraient sonner la fin des sound designers et autres habilleurs sonores d’ici cinq à dix ans. De quoi s’inquiéter ? Car si l’industrie du jeu vidéo constitue actuellement le premier secteur mondial de l’enter-

tainment (plus que la musique et le cinéma réunis), sera-t-elle toujours génératrice d’emploi ? « En termes de débouchés, c’est comme pour tous les milieux artistiques : tout est possible. Les entreprises auront toujours besoin de main d’œuvre », avance Nicolas Bredin. Du travail oui, mais pas forcément en France. « Même s’il n’est pas un eldorado, c’est un secteur dynamique. Mais les jeunes qui souhaitent se lancer dans la composition ou le sound design doivent être mobiles et prêts à partir à l’étranger », reconnaît Vincent Percevault de la société Game Audio Factory et référent “son” au Syndicat national du jeu vidéo. Le cas d’Ubisoft est révélateur : l’entreprise française, fer de lance dans le secteur, a basé son plus gros studio au Canada.

« Surtout un rêve de gosse » Face à cette industrie mondialisée, une branche discrète fait son biz dans son coin. Le jeu vidéo indépendant, qui connaît un intérêt grandissant, multiplie les sorties (dispo en ligne essentiellement) et affiche une vitalité certaine malgré les budgets modestes de ses petits studios. Des jeux qui font aussi appel à des musiciens. C’est le cas de Maxime, étudiant en informatique à Brest. Ce garçon de 25 ans a déjà signé la bande-son de deux productions, dont Plateforme Minds qui devrait sortir prochainement sur Steam, l’un des principaux sites de vente de jeux en ligne. De quoi lui donner envie d’en faire son taf ? « Je sais pas, affirme le jeune homme, futur développeur de logiciels. Ces deux projets, j’ai bossé dessus bénévolement. Par plaisir. Pourquoi ? Faire la musique d’un jeu, c’était surtout un rêve de gosse en fait. » J.M

TOP 3 DES MUSIQUES DE JEU OLD SCHOOL TETRIS En 1989, le jeu de briques offrait – déjà – le luxe de choisir entre trois musiques. La “type-A” est certainement devenue l’une des mélodies les plus connues au monde, bien au-delà du cercle des gamers. Un juste retour des choses pour cet air inspiré de la chanson Korobushka, tirée du folklore russe. « Une de mes préférées, confie le compositeur Christophe Héral, elle a la particularité de procurer un stress supplémentaire. »

SUPER MARIO BROS Signé Koji Kondo, aujourd’hui considéré comme l’un des maîtres des musiques de jeu, le thème de Super Mario Bros (la musique du premier niveau) est cité unanimement par tous les compositeurs. Sa principale qualité ? « Être indissociable du jeu. Mario ne va pas sans sa musique », affirme Pierre Estève. « Elle est d’une redoutable efficacité, et surtout d’une fausse simplicité », ajoute Christophe Héral.

ZELDA Également composée par Koji Kondo, la musique de jeu The Legend of Zelda, sorti en 1986 (une année après Mario) a réussi à devenir l’élément le plus représentatif de cette saga de Nintendo. Le plus fou, c’est qu’elle a bien failli ne pas exister. Kondo voulait à l’origine utiliser le Boléro de Ravel comme thème, avant de renoncer quand il a appris que les droits d’auteurs n’avaient pas encore expiré. 33


PAPIER

Instagram

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C’EST QUOI CETTE HYPE DU FROMAGE ?

ILS SONT LES NOUVELLES STARS DU #FOODPORN. SAINT-NECTAIRE, COMTÉ ET CLAQUOS AU LAIT CRU SQUATTENT DÉSORMAIS LES RÉSEAUX SOCIAUX OÙ LA BOUFFE EST DEVENUE UN CULTE. ET AVEC CECI ? CE SERA TOUT. l y a quelques semaines dans un bar du 11e arrondissement de Paris, un cercle d’amatrices organisait sa première soirée officielle. Ce club, c’est celui des “Filles à fromages”, un mouvement initié par le mag’ culinaire Grand Seigneur et relayé par plusieurs personnalités. But du collectif : réunir le maximum de nénettes autour d’une même passion, le frometon. Parmi les premières adhérentes notables : Ophélie Meunier du Petit Journal, Alexandra Gentil (la blondinette de Fais pas ci, fais pas ça) ou encore Donia Eden, la présentatrice du Journal du hard sur Canal. Des nanas qu’on imagine plutôt avec une barquette de carottes râpées le midi, mais qui ont le mérite d’affirmer que, oui, on peut être aussi bien roulée qu’une bûche de chèvre

Soignon et s’envoyer un bout de Saint-Nectaire entre deux épisodes du Mentalist le mardi soir. « Même mon mec en a ras le bol que je parle tout le temps de fromages », confiait l’animatrice du magazine porno de la quatre, « fan de roquefort et de bleu », lors de son intronisation dans le cercle.

#FoodPorn Dans cette déclaration d’amour dévoilée au grand jour, les “filles à fromages” ne sont pas seules. Dans une ère où le smartphone s’est intégré comme un outil du repas (en amont pour trouver le resto, pendant pour photographier, et après pour commenter), la consommation fromagère se montre, s’affiche, se partage. Notamment sur les réseaux sociaux où les photos de Mont d’Or, de

comté 36 mois d’affinage et de truffade sont légion. Tous participent au phénomène #FoodPorn, soit le culte digital de la bouffe. Après les clichés Instagram de sushis et de burgers bistrot il y a quelques années, le fromage a donc su trouver sa place sur le Net. « Il y a actuellement une tendance, voire une fierté, à revendiquer qu’on aime le fromage, note Julien Pham, rédacteur en chef de Fricote, un magazine “food et culture”. Le fromage est socialement dans l’air du temps depuis deux-trois ans. Si tu dis à tout le monde que tu aimes manger un vieux claquos qui pue, personne ne va trouver ça chelou. C’était pas forcément le cas avant. » Une tendance qu’on observe particulièrement chez les étudiants et jeunes actifs. « Prends l’exemple 35


PAPIER

du marché des Lices à Rennes. Il y a dix ans, c’était essentiellement papy et mamie qui venaient y faire leurs courses. Depuis quelques temps, c’est des jeunes que je vois venir chercher des bons produits », constate Sébastien Balé, fromageraffineur depuis quatorze ans dans la capitale bretonne. « Pour des jeunes, organiser une soirée fromages, c’est facile, poursuit Marc de Ferrière, responsable du diplôme universitaire “Fromage et Patrimoine” à l’université de Tours. Chacun ramène un morceau, du bon pain, une bouteille : ça fait une soirée pas trop chère mais avec de la qualité. C’est aussi une manière de bien manger même si on ne sait pas cuisiner. C’est donc ouvert à tous. »

Sacralisation du produit Pour Sébastien Balé, cet engouement des jeunes générations pour le fromage artisanal tient à plusieurs choses. « Déjà, je pense que de plus en plus de gens se rendent compte que le fromage vendu en grande distribution n’est pas terrible.

Si un fromager est forcément plus cher, il tient un rapport qualité/prix qui reste largement supérieur. Et puis, il y a un attrait certain pour les produits les plus naturels, les aliments issus de l’industrie agroalimentaire ayant de moins en moins une bonne image. » On touche là l’un des points centraux de la gastronomie actuelle : la sacralisation du produit. Amplifiée par les émissions télé (Master Chef, Top Chef, etc) qui ont le mérite de placer la qualité des ingrédients au cœur de la cuisine, cette valorisation met les produits du terroir en tête du food game. Le fromage n’y coupe pas. « Devenu totem, le produit est le réceptacle ultime de l’authenticité gastronomique. Dans son sillage, une nuée d’artisans et de petits commerces qui se starifient à leur tour »,

« Quand on mange un fromage, on mange aussi une histoire » 36

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expliquait dernièrement Le Nouvel Obs dans un sujet intitulé “Food culture : une nouvelle mythologie urbaine”.

« Il faut un storytelling » Derrière cette hype autour du fromage de high-level, ne verrait-on pas tout de même une façon de se la jouer gastronome ? S’il y a encore quelques mois chez papa-maman ils s’envoyaient des Babybel et des P’tit Louis (« super tes œufs de vache ! »), beaucoup d’étudiants sont désormais passés au pavé de Touraine ou au bleu des Causses comme s’ils en avaient mangé toute leur vie. Mais pourquoi ? « Pour les vingtenaires, la nourriture est devenue une culture, répond Patrice Duchemin, sociologue de la consommation. C’est un loisir qui demande du temps, de la recherche, de la réflexion. Et aujourd’hui, pour justifier une consommation, il faut un storytelling. C’est le cas


Bikini

avec le fromage : il y en a une variété énorme, avec des histoires différentes pour chaque sorte. C’est un domaine de connaisseurs. » « Il y a tellement de choses à raconter : l’origine, le producteur, la fabrication… Quand on mange un fromage, on mange aussi une histoire », complète Marc de Ferrière. Reste un point important, et non des moindres, qu’on a failli zapper : le plaisir. « Le fromage, c’est d’abord la convivialité, rappelle notre sociologue de la conso. Quand tu vas chez le fromager en général, c’est que tu reçois des amis. » Un aliment fédérateur qui, en France, reste indissociable du vin. Un point sur lequel insistent tous nos pros du frometon. Sébastien Balé développe : « L’un ne va pas sans l’autre. D’ailleurs, quand il te reste un bout de fromage, on te ressert du vin, et vu qu’il te reste du vin, on te remet un bout de fromage… C’est sans fin ce truc et c’est souvent synonyme de bonne soirée. » Julien Marchand 37


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« CE N’EST EN RIEN UN CONCERT »

LE CHANTEUR ET GUITARISTE BERTRAND BELIN SE LANCE DANS UN NOUVEAU PROJET : ÉCRIRE, COMPOSER PUIS INTERPRÉTER EN DIRECT LA BANDE-SON DE LA PIÈCE « SPLEENORAMA ». UNE CRÉATION DU THÉÂTRE DE LORIENT.

ans Spleenorama, tu joues le rôle d’un fantôme. C’est quoi cette histoire ? Je joue le rôle de Laurent. Sauf que Laurent est mort et qu’il ne fait que chanter dans la pièce. À son enterrement, les trois autres membres du groupe de rock qu’ils formaient se retrouvent après quinze ans de séparation. La mise en scène et l’écriture dramaturgique mettent en place des flashbacks. Ce personnage a donc aussi des instants de présence. Ce spectre est une sorte d’émanation des angoisses de ceux qui sont toujours vivants. Les protagonistes ont accumulé des aigreurs. Ils vont démêler les nœuds qui se sont formés au fil des ans. Le format est assez hybride : une pièce de théâtre dans laquelle un musicien intervient… J’avais déjà participé à des projets un peu hybrides, comme Imbécile avec Barbara Carlotti et JP Nataf notamment. C’était une forme de 38

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concert tendant vers la mise en scène. Là, je pense que ça s’apparente plutôt à du théâtre en chemin vers la comédie musicale. En tout cas, ce n’est en rien un concert. Dans Spleenorama, tu te vois comme un acteur à part entière ou comme un musicien qui intervient près des acteurs ? En grande partie comme un acteur, parce que je porte le nom d’un personnage qui n’est pas le mien. Ce n’est pas vraiment Bertrand Belin qui chante. Mais le fait que mon rôle ait encore beaucoup à voir avec la musique est une des raisons pour lesquelles j’ai accepté d’accompagner ce projet. D’où t’est venue l’envie de te lancer dans cette aventure ? C’est Marc Lainé, le metteur en scène, qui m’a contacté. Il avait écouté mon album Hypernuit. Il a aimé et m’a dit qu’il lui avait inspiré une histoire. On ne se connaissait pas avant, mais c’est un mélomane, donc le courant est bien passé.

Parallèlement à Spleenorama, tu tournes toujours sur scène pour défendre ton album. Il y a une démarche artistique commune entre les deux ? Ce ne sont pas des projets de même nature mais le musicien, moi en l’occurrence, est le même. Je ne suis pas parti pour réinventer mon univers avec Spleenorama. Ici, l’esthétique musicale sera la même que sur mes albums. Et le sujet de la pièce ne me fait pas peur, c’est assez proche de ce que je fais. Mes chansons parlent presque toujours de la vie et de la mort. Mais ça serait intéressant un jour de prendre une autre identité pour pouvoir faire une autre musique. Faudrait que je réfléchisse à ça. Recueilli par Brice Miclet Spleenorama du 18 au 22 mars au CDDB à Lorient Bertrand Belin en concert le 7 février à La Nouvelle Vague à Saint Malo et le 8 février à La Carène à Brest


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Ph. Lebruman


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ALONE IN THE DARK JESSICA93 : DERRIÈRE CE PSEUDO DE SKYBLOG, SE CACHE GEOFFROY, LE NOUVEL HOMME FORT DE LA SCÈNE SHOEGAZE. INDÉPENDANCE, BANLIEUE PARISIENNE ET STREET CREDIBILITY : LE GARÇON ORIGINAIRE DE BONDY NOUS DIT TOUT.

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n France, l’usurpation d’identité est passible de cinq années d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Une peine que pourrait encourir Geoffroy Laporte tant son nom de scène brouille les pistes. Car Jessica93 n’est pas cette lycéenne de Seine-Saint-Denis avec qui tu tchattais sur Caramail, mais plutôt un mec de 33 ans qui fait de la musique qui bastonne bien. Très bien même. Mais pourquoi ce nom si débilos ? « Si j’avais été une fille, ma mère m’aurait appelée Jessica. Ça me faisait marrer. » Auteur avant l’été de son premier album Who Cares et vu à Rennes il y a quelques semaines aux Bars en Trans, Jessica93 n’est pourtant pas un petit nouveau. Navigant depuis 2005 dans différents groupes, dont Les Louise Mitchels, ce garçon a démarré il y a trois ans – déjà – son projet solo. « J’ai commencé à triturer des trucs tout seul de mon côté. Je les gardais pour moi jusqu’à ce que des potes m’appellent pour les dépanner sur une première partie. C’est flippant d’être seul mais c’est cool aussi : tu fais ce que tu veux. » Après une tripotée de dates dans des rades et une notoriété grandissante, Jessica93 peut aujourd’hui se targuer de participer à l’actuelle dynamique du milieu rock indé 40

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initiée par les Pneu, Marvin, Cheveu, JC Satan et consorts. « La scène française est très riche. Il y a tout un tas de groupes DIY qui tournent énormément. C’est mortel. » Une indépendance qu’a aussi adoptée Geoffroy. Pas de tourneur, pas de manager, juste un travail en coproduction sur chaque disque avec plusieurs labels (Et mon cul c’est du tofu, Teenage Menopause, etc.) qui lui permet de toucher différentes scènes : noise, garage, métal... Ce cul entre deux chaises, Jessica93 le cultive aussi par son QG en banlieue parisienne. Le gars a grandi dans des bleds du 93 et vit aujourd’hui à Bondy. « Grandir en banlieue, tu peux pas faire pire. Côté musique, c’est dur de trouver des potes dans le même délire que toi. Pareil pour les lieux de concerts, y a pas grand chose, pas d’endroit où tu peux être accompagné. » Un manque qu’il relativise et dont il se moque au final. « Quand je vois des jeunes groupes qui après deux concerts dans une Smac et un passage sur France Inter sont autant robotisés sur scène, ça ne me dérange pas d’avoir dû jouer dans des lieux où t’as envie de te pendre. Le rock’n’roll, ça s’apprend sur le terrain. » J.M Le 14 novembre à La Carène à Brest


DANS « CAPILOTRACTÉES », SANJA ET ELICE SE SUSPENDENT PAR LES CHEVEUX. TOUT VA BIEN LES FILLES ? Comment on se lance dans une pièce ayant pour thème le cheveu ? À la base, nous sommes parties de la discipline circassienne (la Circassie est une région du Caucase, ndlr) de la suspension par les cheveux. C’est une pratique traditionnelle qu’on trouvait belle, surprenante et un peu bizarre aussi. C’est assez fou au final. Et plus on travaillait notre spectacle, plus on commençait à développer cette thématique du cheveu. Culturellement, le cheveu est en effet un élément particulier… Les cheveux veulent dire plein de choses. Qu’ils soient courts ou longs, ils symbolisent différents attributs : la féminité, la virilité, la puissance… Et puis c’est une matière complexe, qu’on peut considérer à la fois comme morte et vivante. Dernière chose : ça fait mal ? Bien sûr. Surtout au début, même si on s’habitue. Mais toutes les disciplines du cirque font mal : aux pieds, aux bras, aux mains… Ça demande beaucoup d’entraînement. Chez nous, ce sont surtout les muscles du cou qui travaillent. C’est ça qui retient tout le poids du corps. Les 10 et 11 février au Théâtre de Cornouaille à Quimper 41


Photos : Les Films des Tournelles et Kate Barry

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« CENDRILLON EN MASCULIN »

APRÈS « LES BEAUX GOSSES », L’ANCIEN RENNAIS RIAD SATTOUF SORT SON SECOND FILM « JACKY AU ROYAUME DES FILLES ». L’HISTOIRE D’UN RÉGIME TOTALITAIRE DIRIGÉ PAR LES FEMMES OÙ LES HOMMES SONT SOUMIS ET VOILÉS. ans Jacky au royaume des filles, les hommes sont voilés. Ça vient d’où cette idée ? La République démocratique et populaire de Bubunne, où se déroule le film, se trouve sur Terre mais dans une dimension parallèle où les femmes ont le pouvoir. Le même pouvoir qu’ont les hommes dans notre monde. Dans cette dimension, je voulais créer un pays extrémiste et ultra-conservateur et y raconter l’histoire d’un Cendrillon masculin. Les sociétés totalitaires assignent des rôles spécifiques aux sexes, accompagnés de codes vestimentaires stricts.

montre ses mollets suffit à susciter comme épouvantail. Dans le film, le désir chez les femmes. tout va bien pour Jacky, jusqu’à ce qu’il soit exclu de la société qui ne Vos films et vos BD ont très souvent tolère ni sa rébellion ni sa remise des adolescents comme personnages en question. centraux. C’est un âge qui vous fascine toujours autant ? Sinon, pas trop de pression de faire C’est l’étape où l’on quitte l’enfance. un second film après le succès des Sa difficulté, c’est d’appréhender la Beaux Gosses il y a trois ans ? réalité qui, souvent, entre en colli- J’étais très angoissé ! Mais c’était sion avec la vision rassurante que aussi le moment de faire quelque l’on a pu intégrer lorsqu’on était en- chose de totalement différent. Je fant. J’écris des histoires que j’aurais souhaitais m’interroger sur la quesaimé découvrir quand j’avais 14 ans. tion du rire. Qu’est-ce qui nous fait Je voulais faire un film qui montre rire ? Qui rit de quoi ? Dans Les avec humour que l’on n’est jamais Beaux Gosses, j’ai exploré toutes obligé de respecter ce qu’on nous les sortes de rire possibles. Il y a une demande de respecter. On peut tou- scène où un prof se suicide. Certains jours choisir de se soumettre ou non. spectateurs en rient simplement, Comme les “voileries” que portent d’autres pas, d’autres ont un rire les hommes de Bubunne... Un exemple ? jaune ou nerveux... Je trouve cela C’est un habit spécifique qui n’a pas Nous vivons dans un monde mas- fascinant de voir ce que le rire peut d’équivalent sur la planète. On peut culin dans lequel les pays les plus dire d’une société. Inverser les rôles y reconnaître le voile musulman, développés sont les pays où les sexes dans Jacky au royaume des filles, mais aussi les habits des bonnes sont les plus égaux. Mais à l’inté- ça peut être comique... mais aussi sœurs, des moines orthodoxes ou rieur de ceux-ci, le progrès se heurte terrifiant. Tout le monde ne rira pas bouddhistes... Dans cette société toujours au conservatisme de la fa- de la même manière, c’est certain ! frustrée au maximum, la dissimula- mille et de ses valeurs. Dès que l’on tion du corps le transforme en objet prône plus d’égalité entre les sexes, Recueilli par Brice Miclet de fantasmes. Résultat, le seul fait certains brandissent la menace du qu’un homme relève sa voilerie et déséquilibre de l’ordre familial Sortie le 29 janvier 43


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CANDIDE CRUSH AUTEUR CET AUTOMNE DE SON DEUXIÈME ALBUM, L’AMÉRICAIN RAMONA CÓRDOVA A POSÉ SES VALISES EN FRANCE DEPUIS DEUX ANS. UNE PREMIÈRE POUR CET HOBO VOYAGEUR À LA VOIX HAUT PERCHÉE ET À LA VIE DE BOHÈME. i cet article existe aujourd’hui, c’est grâce à un bon pote. Ayant des goûts musicaux proches, on échange nos coups de cœur. Le dernier en date est Ramona Córdova. « Tu vas voir, c’est spécial. La voix surtout », me précise mon fidèle conseiller. Curiosité en éveil, direction Spotify pour découvrir l’album Quinn to new Relationships, sorti cet automne. Première surprise : Ramona est un mec, de son vrai nom Ramon. Deuxième surprise : le timbre de voix s’avère effectivement bien chelou. Pour être clair, elle donne l’impression d’être fausse. En tout cas très haut perchée. Mais étonnamment pas si désagréable. Cousine de celles de 44

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Mark Linkous, le défunt leader de Sparklehorse, et de Jason Lytle de Grandaddy. Musicalement, on est dans cette même veine indé folk, mibidouillage geek, mi-ballades scouts. On peut aussi y retrouver du Sufjan Stevens. « Je suis né en Arizona mais dès mon plus jeune âge j’ai beaucoup voyagé, s’est raconté le bon gars Ramon en français dans le texte. J’ai écrit mes premières chansons à onze ans et, deux ans plus tard, j’ai débuté dans un groupe de ska punk rockabilly, jusqu’à ce que je débute ce projet en 2006, avec le premier album The boy who floated freely. » S’en suivent un bon petit succès critique et une tournée qui va lui redonner l’envie de tracer la route : « Scandinavie, Taiwan,

Chine, Corée, Japon, Alaska, Nouvelle-Orléans, un tour au Mexique, plusieurs au Canada, Moscou… » La liste est non exhaustive et les aventures infinies. Car Ramon est un hobo, un vrai, vivant d’amour, d’eau fraîche et de pas grand-chose d’autres. « J’aime cuisiner, danser, coudre, réparer des choses cassées comme une voiture, un ordi ou une maison », énumère-t-il en vrac. Ce drôle d’oiseau candide a posé son nid en France depuis maintenant deux ans. Une sédentarisation qui pourrait ne pas durer connaissant la vie du loustic. Il s’agit donc d’en profiter, ses dates de concert se multiplient ces tempsci par chez nous… R.D Le 20 février à La Carène à Brest


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BANTAM LYONS : FROID DEVANT

AVEC LES GARS DE BANTAM LYONS ET LEUR COLDWAVE GLACIALE, PAS DE DOUTE : C’EST L’HIVER. « Bantam Lyons est né fin 2011 des retrouvailles avec Maëlan, un pote de lycée que j’avais perdu de vue. Mon frangin m’avait proposé de composer la musique d’un court métrage qu’il devait réaliser. Je le sentais pas de le faire seul, alors quand j’ai revu Maëlan, je lui ai proposé. C’est comme ça que c’est parti. Le film de mon frère ? Il est toujours dans les cartons par contre ! » La genèse du groupe est racontée par Loïc, chanteur et guitariste d’une formation créée avec Maëlan à la basse, bientôt rejoint par Samuel à la batterie et Nicolas aux claviers. Le style ? Un mash-up d’influences. « Garage et shoegaze pour Maëlan et moi, rock indé pour Sam, jazz et trucs plus classiques pour Nico », explique Loïc, dont la voix glaçante rappelle le regretté Ian Curtis. La demi-douzaine de concerts effectués en 2013, après la sortie d’un premier EP (« plus un fourre-tout de démos qu’un vrai EP pour être honnête ») laisse apparaitre un potentiel qu’il va maintenant falloir exploiter. « On va tout faire pour en s’installant ensemble à Nantes, alors qu’on était jusqu’à présent éparpillé en Bretagne. Un 3 titres doit sortir d’ici la fin de l’hiver et les dates de concerts devraient suivre. » Le 17 janvier à La Carène à Brest 45


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ITINÉRAIRE D’UN ENFANT TARÉ

DIRECTEUR ARTISTIQUE DU PROCHAIN FESTIVAL ITINÉRAIRES GRAPHIQUES DANS LE PAYS DE LORIENT, LE DESSINATEUR MUZO EST UN GARS À LA COOL AVEC QUI ON A PARLÉ DE MÉTAL HURLANT, DU PROFESSEUR CHORON ET MÊME DE TINTIN. a fiche Wikipédia est formelle : notre gars Muzo a vu le jour à Rennes en 1960. « Sauf qu’en fait j’y suis né par accident, du temps où mon père y faisait son service militaire, je n’y ai jamais vraiment vécu », précise le dessinateur, de son vrai nom JeanPhilippe Masson. C’est dès la fin de l’adolescence qu’il prend le surnom de Muzo (en hommage à la bande dessinée Placid et Muzo dans Pif Gadget), en même temps qu’il fait ses débuts dans le monde de la BD, après une formation en accéléré. « Aux BeauxArts, raconte le garçon aujourd’hui installé à Paris, je ne suis jamais allé plus loin que la première année. Pourquoi ? J’avais déjà commencé à publier donc finalement la transition vers la vie active s’est faite assez naturellement. » Il faut dire que le jeune Muzo débarque en plein eldorado. Et s’en rappelle avec une pointe de nostalgie. « Ah c’est sûr que c’était une belle époque. Celle de Hara-Kiri, Métal Hurlant, Actuel, Charlie… On peut parler d’âge d’or. Les Gébé, Choron, 46

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Maneuvre, t’allais les voir directement pour leur proposer tes œuvres, c’était quand même nettement plus facile et humain qu’aujourd’hui avec les mails. T’avais aussi une liberté quasi-totale de publier des dessins un peu bizarres. J’inclus les miens dans cette catégorie ! » Et c’est vrai que l’animal n’est pas du genre à proposer du tout-venant, que ce soit au niveau du dessin ou de l’histoire. Son style bizarroïde se reconnaît surtout par cette manière caractéristique qu’il a de proposer des personnages avec des têtes grossies légèrement flippantes et des corps en mouvements qui font penser au surréalisme, avec d’évidents clins d’œil à Picasso. « Même si c’est Tintin qui le premier m’a fait aimer la BD, j’ai toujours eu tendance à aimer tout ce qui était provoc’, raconte-t-il. C’était l’époque qui voulait ça aussi. Quand tu débutais dans les années 70, t’avais pas forcément envie de t’aligner sur les canons classiques type Astérix ou Lucky Luke. » L’autre caractéristique marquante de Muzo, c’est sa manière d’évoluer

librement entre les différents univers de la culture graphique : presse, édition, animation (« au début des années 90, j’avais collaboré avec Canal Plus pour un projet de courts métrages animés par ordi – chose très innovante à l’époque. Si je me rappelle bien, ça s’appelait Le monde merveilleux des nains de jardin ! ») et jusqu’aux impénétrables galeries d’art. À partir du 28 février, les organisateurs d’Itinéraires Graphiques à Lorient vont lui permettre d’ajouter une ligne à son riche CV, puisqu’il a été promu directeur artistique du festival. « Une première pour moi et une grande fierté », dit-il. L’occasion aussi de faire partager ses coups de cœur : « Parmi les expos à ne pas louper, je recommande celles de mon ami et fidèle collaborateur Placid, le graveur Olivier Besson, Olivia Clavel du collectif Bazooka et le peintre Captain Cavern. » Régis Delanoë Du 28 février au 27 avril au festival Itinéraires Graphiques à Lorient


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Illustrations : Muzo


VTS

VIDE TON SAC LA CONTESTATION LA MOBILISATION DES BONNETS ROUGES ET LE COMBAT DES OPPOSANTS À L’AÉROPORT DE NOTRE-DAME-DES-LANDES S’INSCRIVENT DANS LA LONGUE LIGNÉE DES MOUVEMENTS SOCIAUX D’IMPORTANCE DANS L’OUEST. JEAN-JACQUES MONNIER, SPÉCIALISTE DE L’HISTOIRE POLITIQUE BRETONNE, REVIENT SUR LES PRINCIPAUX ÉVÉNEMENTS QUI ONT FORGÉ L’IMAGE REBELLE DE LA RÉGION.

« Dans une Bretagne conservatrice et antirévolutionnaire, le premier mouvement de révolte sociale marquant a lieu à Douarnenez en 1924. C’est la grève des Sardinières, ces ouvrières qui ont bataillé pour obtenir un meilleur salaire (ici dans le tableau de Charles Tillon). Cette révolte s’inscrit dans une époque de développement du communisme dans le secteur (Douarnenez a élu trois ans plus tôt le premier maire “rouge” de France) et alors que les femmes vont encore devoir attendre longtemps avant d’obtenir le droit de vote. »

« L’après-Seconde Guerre mondiale est marquée dans la région par un spectaculaire mouvement de modernisation de son agriculture, encouragé d’abord par la France puis par l’Europe : remembrement, matériel de pointe, élevage intensif… Dès les années 60, une partie du milieu paysan s’interroge sur cette politique agricole trop libéralisée qui provoque la disparition progressive des petites exploitations. En 1967, une manifestation réunit plus de 6 000 paysans et dégénère, faisant une cinquantaine de blessés. »

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« Si la Bretagne s’est peu mobilisée au moment des événements de mai 68, elle s’est “réveillée” quatre ans plus tard autour de la grève du Joint Français à Saint-Brieuc : à travail égal, les ouvriers étaient moins payés que ceux de la maison-mère basée en région parisienne. Il y a eu une conjonction des luttes et un mouvement de solidarité sans précédent autour de ce cas, avec le soutien des milieux agricoles, intellectuels et culturels. Une vraie et belle réussite puisque l’usine existe encore aujourd’hui. »

« En 1973, le plan Messmer prévoit l’installation d’une centrale nucléaire en Bretagne. Cinq ans plus tard, il est décidé que la construction aura lieu sur la commune de Plogoff. La population va se révolter contre ce projet, dans des proportions inédites en France. Elle proteste contre le mépris des instances décisionnaires qui font la sourde oreille et refuse que la région devienne la poubelle de la France. À la même époque, avait lieu la marée noire de l’Amoco Cadiz… Là encore ça a payé puisque le projet est finalement abandonné en 1981. »

« Les jeunes Bretons ont la chance de bénéficier de bonnes conditions de scolarisation, l’académie de Rennes étant l’une des meilleures du pays. Plus informés, les étudiants sont souvent à la pointe des mouvements de protestation, notamment à Villejean à Rennes. L’histoire retiendra aussi que l’IUT de Lannion a été le premier établissement universitaire de France bloqué en février 2006 lors du mouvement anti-CPE. »

« Aujourd’hui encore, les révoltes sociales sont grandes et se manifestent de diverses manières : Notre-Dame-des-Landes, point de ralliement de l’extrême-gauche écologiste, et plus récemment les Bonnets Rouges, plus régionalistes et contre l’establishment. Il est encore trop tôt pour juger du devenir de ces mouvements et de leur importance dans la riche histoire des luttes sociales en Bretagne. » 49


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AGENDA

N. Nova & L. Bolli

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RECOMMANDE

FAKEAR

THE CLASH DAY

LE JEU DES 1000 EUROS

PLAY TIME

Dur de passer à côté du Caennais tant il a squatté les prog’ dernièrement : Astropolis (où il revient cet hiver), Beauregard, Nördik Impakt, Trans Musicales… L’abstract hip-hop de Fakear fait mouche et la récente sortie de son second EP devrait de nouveau le rendre incontournable ces prochains mois. Good news !

Le plus brillant groupe punk, c’est The Clash. Devant les cinglés Pistols. Devant les cartoonesques Ramones. Pour vous en convaincre, un “Clash Day” est organisé à St-Brieuc avec projection du film Rude Boy, lecture musicale de London Calling et concert du cover band Last Band in Town. You should go.

Le metteur en scène Bertrand Bossard s’est penché sur le jeu mythique de France Inter. Dans cette pièce, qui conserve les codes et les moments clés du programme original, les candidats sont projetés dans un monde où le savoir a disparu. C’est là où ça va dérailler à bloc. Super banco ? Super ! Super ! Super ! Super !

Chouette expo en ce moment aux Champs Libres. De Super Mario Bros à MineCraft, Play Time s’interroge sur la culture du jeu vidéo et croise les approches esthétiques, philosophiques et économiques pour mieux comprendre cette mythologie naissante aux possibilités infinies.

ROUTE DU ROCK La “collection hiver” du festival malouin est une valeur sûre, avec une Nouvelle Vague toujours blindée et une prog’ pas du tout vilaine. À l’affiche de cette 9e édition, entre autres : Jackson & His Computer Band (photo), Breton, Willis Earl Beal… À Saint-Malo et Rennes Du 19 au 23 février

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FESTIVAL 360°

HAR MAR SUPERSTAR

Rendez-vous pluridisciplinaire, 360°, qui fête sa sixième édition, pose cette année la question : comment ça raconte chez vous ? Pour y répondre, il invite, entre autres, la performeuse Miet Warlop, les danseurs de Delgado Fuchs et le génial touche-à-tout Étienne Jaumet (photo).

Le physique de Katerine, la voix de Stevie Wonder, le groupe façon Motown et le réseau d’un boss de Brooklyn (Karen O, Julian Casablancas) : ladies and gentlemen, voici Har Mar Superstar, révélation des Trans 2013. Son retour en BZH est immanquable.

À La Passerelle à Saint-Brieuc du 25 au 28 mars

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Aux Champs Libres à Rennes Jusqu’au 16 février

À l’Échonova à Saint-Avé Le 14 février

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À Brest (Quartz) les 11 et 12 février À Lannion (Carré Magique) le 25 fév.

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À La Citrouille à Saint-Brieuc Le 1er février

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À Brest (Astropolis) le 24 janvier À St-Brieuc (Citrouille) le 15 mars

TRAVELLING Pour sa 15e édition, le festival de cinéma de Rennes Métropole pose ses valises à Rio. Rétrospective, panorama actuel et coups de cœur : une prog’ entre favelas, plages et stades de foot. L’occasion de recroiser ce bon vieux Hubert Bonnisseur de la Bath (photo). À Rennes Du 25 février au 4 mars




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