BIKINI AVRIL-MAI 2014

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AVRIL-MAI 2014 #16



TEASING

À découvrir dans ce numéro...

« J’AI DÛ FUMER UNE MERGUEZ »

PACMAN CALIFORNIE

MIOSSEC

HAPPY MAISON CLOSE

«COMME CHEZ LE CAVISTE»

BLACK POWER

FEMMES

FONTAINES DAMON ALBARN

BLIND TEST

POTES ARRACHÉS «UNE BLAGUE SUR PIERRE MÉNÈS»


ÉDITO CHAMPIONS

Toutes les études le montrent : la qualité du sperme en France chute. Les dernières recherches en la matière le confirment : d’après l’Institut de veille sanitaire, la concentration globale et le nombre de spermatozoïdes de morphologie normale déclinent. Alors qu’en 1985, 60 % des spermatozoïdes étaient considérés comme bien formés, seuls 40 % le sont en 2005. Les boules ! (blague) Principale raison évoquée : des facteurs environnementaux et autres perturbateurs endocriniens. Si les chercheurs pointent l’exposition aux pesticides et son utilisation intensive, on est prêt à parier que dix années de PC portable sur les genoux et de jeans slim sur nos entrejambes (coucou les baby rockeurs !) n’ont pas arrangé les choses. Dans ce tableau peu réjouissant, une exception apparaît néanmoins : la Bretagne est, avec la Franche-Comté, la seule région où la qualité du sperme augmente. Après le taux de réussite au bac, voici donc un domaine de plus où nous sommes premiers de la classe. Et ce n’est pas tout. En février, Le Journal du Net a publié une étude sur les habitudes alimentaires des Français. Là encore, la Bretagne se distingue. Par rapport à la moyenne nationale, nos quatre départements affichent une surconsommation de cidre, mousseux et pâté. Un régime de champion qui explique – à coup sûr – la bonne forme de nos spermatozoïdes. La rédaction

SOMMAIRE 6 à 13 WTF : éditions anniversaire, vieux billets de festivals, bière dans la rue, Damon Albarn, vidéos virales, tournages chez les particuliers, les combos de groupes, corbeille... 14 à 23 Do weed yourself 24 à 27 « Banco ? Banco !!! » 28 à 33 Inst3gram 34 à 39 Au temps des maisons closes 40 à 47 RDV : Traams, Feu! Chatterton, The Same Old Band, Pierre-Emmanuel Barré, Kid Wise, Eggregor8 48 & 49 Vide ton sac... Miossec 50 BIKINI recommande 4

avril-mai 2014 #16

Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Isabelle Jaffré, Brice Miclet / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Photographe : Justin Bihan / Consultant : Amar Nafa / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (St-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Mickaël Le Cadre, Matthieu Noël, Étienne Cormier, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2014.



WTF

QUEL ANNIVERSAIRE FÊTER ?

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GARE AU GORILLE

CE PRINTEMPS, PLUSIEURS ACTEURS CULTURELS DE LA RÉGION VONT SOUFFLER LEURS BOUGIES. DES ANNIVERSAIRES QU’ILS COMPTENT BIEN FÊTER COMME IL SE DOIT. AU PROGRAMME : MUSIQUE, CONCERTS ET GROS GÂTEAU.

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Le festival de cirque contemporain du Carré Magique à Lannion s’apprête à vivre sa quatrième édition. Délocalisé pour l’occasion sous un chapiteau à PleumeurBodou, le rendez-vous accueille notamment l’énergique compagnie Akoreacro pour son spectacle Klaxon. Du 27 au 31 mai.

QUAI OUEST

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UN GARS, UNE FILLE

Elysian Fields officie depuis deux décennies dans la veine rock-intellomais-pas-chiant. Et puis, la voix de Jennifer Charles, c’est du miel pour les oreilles. La tournée du duo new-yorkais passe le 17 avril à La Carène à Brest et le 19 avril aux Nuits Soniques à Auray.

MAIS TOUJOURS LE POING LEVÉ

power

Curtis Mayfield, Syl Johnson, Public Enemy, Gil Scott Heron… La B.O du combat de la communauté noire pour la reconnaissance de ses droits a belle gueule. Le spécialiste de la question Belkacem Meziane en a fait une conférence, organisée par L’Échonova, qui aura lieu le 20 mai au Triskell à Plœren. 6

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« On n’a pas tous les jours 20 ans ! » C’est sans doute ce que s’est dit l’agence Quai Ouest quand elle s’est décidée à faire la fête pendant trois jours au port de commerce de Brest. L’équipe, à qui l’on doit notamment le festival du Bout du Monde, les Jeudis du Port et un nombre incalculable de concerts dans la région, a invité ceux qui ont marqué son histoire : Zebda, Idir, Moriarty, Les Goristes… Quel cadeau apporter ? Un livre d’or pour les vingt prochaines années. Quand et où ? Du 24 au 26 avril à Brest.

DOOINIT

ANDEL’IR

Le festival Andel’ir, c’est Astérix dans un camp de Romains : un cabochard qui sait montrer les biscottos – et jouer de la gourdasse magique – pour se faire respecter. Le banquet des 10 ans a lieu sous chapiteau avec, comme d’hab, une prog’ plutôt festive : Christine, Zebda, Ramoneurs de Menhirs, The Popopopops… On n’est pas bien ? Paisibles, à la fraîche, décontractés du gland ? Quel cadeau apporter ? Un sarouel fait maison. Quand et où ? Les 25 et 26 avril à Andel, près de Lamballe.

Pour les fans pointus de rap, le festival Dooinit, qui fête sa 5e édition, fait figure d’eldorado avec ses légendes underground et ses valeurs montantes de la nouvelle génération. Thème de cette année : la Californie. Soleil, palmiers et gansta rap ? Oui mais pas que. Derrière le cadre idyllique de Los Angeles, une réalité pleine de contrastes apparaît. En qualité d’ambassadeurs, Med, Dom Kennedy (photo), Blu, DJ Babu ou encore Rakaa viennent nous la conter. Quel cadeau apporter ? Un t-shirt collector du groupe Dilated Peoples. Quand et où ? Du 1er au 6 avril à Rennes.


Bikini

ILS SONT OÙ LES JOLIS BILLETS ?

LES CODES-BARRES ET QR CODES ONT REMPLACÉ LES VIEUX TICKETS À L’ANCIENNE. IRRÉMÉDIABLEMENT ? Ils étaient mignons avec leurs couleurs pastel, le logo du festival dessus et le nom des artistes programmés. Des tickets aujourd’hui aux oubliettes, les ventes se faisant désormais en majorité via Digitick sur le Net ou les réseaux Ticketnet (Leclerc) et France Billet (Fnac). Résultat, il faut désormais se contenter d’un code-barres à imprimer sur une feuille A4 ou d’un billet standardisé dont le format et l’apparence sont les mêmes selon qu’on achète une place pour Art Rock ou pour un match de foot au Roudourou. Pourquoi ce changement ? « Pour des raisons logistiques liées à la taille du festival, expliquent les Charrues qui ont arrêté depuis quelques temps les billets à l’ancienne. En plus, ils étaient facilement falsifiables. » Les Trans aussi sont passés à Digitick en 2007 : « La dématérialisation est beaucoup plus simple. » Parmi les festivals interrogés, seul le Bout du Monde à Crozon (qui accueille 60 000 spectateurs à chaque édition) fait exception en gardant encore environ un tiers de sa billetterie en manuel. « C’est notre côté nostalgique. Cela permet aussi de continuer à être présent dans des endroits un peu isolés mais importants pour nous. » 7


WTF

PEUT-ON ENCORE BOIRE UNE BIÈRE DANS LA RUE ? SI L’IVRESSE MANIFESTE SUR LA VOIE PUBLIQUE CONSTITUE UNE INFRACTION, LE DROIT FRANÇAIS N’INTERDIT PAS EN REVANCHE UN PRINCIPE THÉORIQUE QUE DE NOMBREUX ARRÊTÉS ONT REMIS EN CAUSE. L’ARRIVÉE DES BEAUX JOURS ÉTANT PROPICE AUX

BREST

SAINT-BRIEUC

Traditionnel jour de chouille pour les étudiants, le jeudi soir est depuis 2010 à éviter pour tous les adeptes de la liche outdoor. Un arrêté préfectoral bannit en effet la consommation de boissons alcoolisées sur et aux abords de la place de La Liberté en plein cœur de Brest. Une réglementation que la municipalité a couplée avec une interdiction de vente à emporter d’alcool dans l’hyper-centre chaque jeudi de 20 h à 6 h du matin. Le reste de la semaine ? C’est YOLO, à condition de pas trop faire les zigotos.

L’arrêté municipal quadrille l’hyper-centre. Sur un secteur allant de la rue Jules Ferry à la rue du Maréchal Foch, tout godet ingurgité sur un espace public (autre qu’une terrasse) est passible d’une contravention. Hé ouais mon gars. Idem dans l’ensemble des parcs, jardins et parkings. L’arrêté ne concerne pas en revanche le port du Légué. Bon plan. Une certaine tolérance subsiste également lors du festival Art Rock.

QUIMPER

La municipalité quimpéroise a pondu deux arrêtés sur la consommation d’alcool en ciblant des coins précis du centre-ville. Sont concernés : les abords de la gare, le quartier Saint-François (tout autour des halles pour résumer), celui de la préfecture et le jardin du théâtre. Parmi les bons spots encore autorisés : l’esplanade Mitterrand, devant le théâtre de Cornouaille, fait figure d’oasis.

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LORIENT

Chaque été, au mois d’août, le festival Interceltique transforme le centre de Lorient en une buvette géante où règne une ambiance à la cool entre gobelets de Guinness et concerts en terrasse. En attendant cette chouette parenthèse, il est interdit de boire et de transporter tout liquide alcoolisé aux abords des places publiques et des espaces verts notamment. Pour info, l’édition 2014 de l’Interceltique mettra l’Irlande à l’honneur. Des gobelets de Guinness on vous avait dit.


LA CONSOMMATION - MODÉRÉE - D’ALCOOL EN EXTÉRIEUR. BINOUZES EN PLEIN AIR, ON FAIT LE POINT.

SAINT-MALO Une réglementation s’applique malheureusement sur les coins les plus agréables de la ville. Et ce, toute l’année, de 8 h à 4 h du matin. Oubliez donc : l’intra-muros et ses remparts, les plages, les digues du Sillon et des Bas-Sablons, les jardins et squares publics. Pour la bière sous le soleil, on attendra la Route du Rock.

RENNES

Du cimetière du Nord jusqu’au quartier Gare Sud, la consommation d’alcool sur l’espace public – en dehors des terrasses de café évidemment – est interdite. 7 jours sur 7. À cela, il faut rajouter l’ensemble des parcs et jardins de la ville. À un détail près : il est autorisé de s’envoyer une mousse au niveau des emplacements destinés aux pique-niques. Pour les amateurs du chemin de halage, le tracé de l’interdiction s’arrête au niveau du stade de la Route de Lorient. Pour ce qui est du transport, toute possession de récipient d’alcool est interdite les nuits des jeudis et vendredis au niveau des places Sainte-Anne, Saint-Michel, Lices et République.

VANNES

Si vous avez envie de faire les foufous, on vous conseille d’éviter la cité vannetaise. La consommation de boissons alcoolisées est en effet interdite sur l’ensemble (oui, oui l’ensemble) des voies, places et secteurs piétonniers de la commune. Évitez aussi de vous trimballer avec une bouteille à la main sur un secteur allant du boulevard de la Paix jusqu’au port, du jeudi au lundi matin, ainsi que chaque veille de jour férié ou de vacances scolaires. La solution ? Faire la fête du lundi au mercredi.

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WTF

POURQUOI DAMON ALBARN FAIT L’UNANIMITÉ ? LORS D’UNE DISCUSSION MUSICALE ANIMÉE, PARLEZ DE L’ANCIEN LEADER DE BLUR ET DE GORILLAZ. SOYEZ ALORS CERTAIN DE METTRE TOUT LE MONDE D’ACCORD. PLUSIEURS RAISONS À CELA. IL EST INTÈGRE

« Je l’avais rencontré en 1991 alors que Blur débutait. La noisy-pop que le groupe faisait à l’époque était déjà hyper maîtrisée. » Le musicologue Christophe Brault, qui va animer en avril une conférence sur Damon Albarn et la brit pop, se souvient d’un gars « autrement plus intéressant et sympa que les frères Gallagher. La guéguerre de tubes entre Blur et Oasis a caricaturé Albarn en un personnage un peu Peter Gabriel », observe Christophe branleur qu’il n’est pas. La suite Brault. Depuis Think Tank, le derde sa carrière le prouve. » nier album studio de Blur il y a dix ans, le lad londonien a multiplié IL EST ÉCLECTIQUE les projets et les collaborations : Loin de s’enfermer dans le carcan Gorillaz bien sûr, The Good The brit pop rétro sixties – coucou Bad and The Queen, un peu de Oasis ! – Damon Albarn a su évo- musique africaine (en produisant luer et toucher à différents styles. l’album Welcome to Mali d’Ama« Il a parcouru le monde, trouvé dou et Mariam, porté par l’étonde l’inspiration ici ou là. En ce sens nant morceau Sabali), de la B.O.F je lui trouve des similitudes avec et même un soupçon d’opéra.

« Albarn, je ne crois pas que ce soit un gars calculateur qui va faire de la musique de tel style parce que c’est la mode. Il va où le vent le porte et saisit les opportunités qui se présentent en fonction de ses envies. Il a la chance de pouvoir se le permettre. » Alors que Blur n’a jamais été officiellement dissout, son chanteur a décidé d’ouvrir un chapitre solo avec la sortie de l’album Everyday Robots prévue le 28 avril. Les premiers extraits dévoilés laissent peu de place au doute : ça fera encore une fois l’unanimité. « Il n’a que 45 ans, ce qui est jeune dans le rock aujourd’hui, estime Christophe Brault. Je le vois bien durer au top encore au moins dix ans. » R.D

CORBEILLE Holiday on Ice À la tête de ce spectacle sur glace : Philippe Candeloro dont on salue une fois de plus les délicieux commentaires aux J.O de Sotchi. Notre préféré ? Sa saillie sur la patineuse italienne Valentina Marchei: « Elle a beaucoup de charme Valentina, un petit peu comme Monica Belluci. Peut-être un peu 10

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moins de poitrine, mais bon… » Mais bon. À Rennes Vincent Delerm Beaucoup ont réagi à l’affaire Serge Dassault qui aurait donné de l’argent en échange de votes. Comme l’ont relevé de nombreux twittos, le sénateur UMP ne serait pas le seul : pour une tentative d’achat de

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IL EST TALENTUEUX

Damon Days, conférence et concert tribute le 17 avril à l’Antipode à Rennes

NOTRE ANTI-SÉLECTION DES SPECTACLES QUAND FRANCHISE ET MAUVAISE FOI NE FONT QU’UN voix, Vincent Delerm pourrait lui aussi être mis en examen. À Rennes Elmer Food Beat Avant sa reformation en 2007, le groupe nantais était la B.O rigolote d’une époque révolue qu’on avait plaisir à remémorer. Celle des soirées méchoui à la salle des fêtes, avec

du Pshitt orange sur les tables et de la glace Miko vanille-fraise au dessert. Depuis leur retour, le malaise est total. À Rennes et Brest Gad Elmaleh Je rêve d’une pub très embarrassante qui mette fin à l’imposture Gad Elmaleh (rires enregistrés). À Rennes


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VIDÉOS VIRALES : TOP ET FAIL

DES LIPDUBS AUX REMAKES DE HAPPY, PETIT INVENTAIRE DES DIFFÉRENTS CLIPS ÉCHANGÉS SUR LE NET. HAPPY Depuis la sortie du clip de Pharrell début 2014, les remakes se multiplient. Si Rennes en a déjà sorti deux – à noter la présence du footballeur Alessandrini (photo), en froid avec son club, qu’on voit sourire pour la première fois de la saison –, les Happy de Vannes, St-Brieuc et Quimper sont dans les tuyaux.

LIPDUB Si ces clips nous semblent d’un autre temps, leur âge d’or ne date pourtant que de quatre ans. Un genre qui a la particularité d’être un aimant à haters. Parmi les bad buzz : le lipdub de l’aumônerie de Rennes et celui de l’école Télécom Bretagne.

BREF Beaucoup d’étudiants ont parodié la mini-série. Là encore, les jeunes cathos rennais ont fait parler d’eux.

HARLEM SHAKE La vidéo la plus virale (et la plus débile). Quimper, Dinan, Lorient, Guingamp… On y trouve aussi bien des lycéens, des sportifs pro (les handballeurs du Cesson Rennes Métropole), que des salariés qui s’emmerdent à la pause déjeuner (le Castorama de Brest, le Décathlon de Betton). 11


WTF

TON SALON COMME DÉCOR DE CINÉ ?

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GALETTES

RECEVOIR TOUTE L’ÉQUIPE D’UN FILM CHEZ SOI, C’EST POSSIBLE. ENCORE FAUT-IL ÊTRE CHOISI POUR QUE SON HOME SWEET HOME ACCUEILLE UN TOURNAGE. ON VOUS DONNE TROIS PISTES. ACTION !

Parmi les récentes sorties notables chez les groupes du coin, signalons l’EP Ivory de The 1969 Club, le second album de Ladylike Lily, l’EP Gettysburg de Kids Of Maths, l’album Blind Spøt d’EXPØ, ou encore le premier LP de l’électronique Douchka.

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C’EST PLUS FORT QUE TOI

Grand gourou de la noise à l’époque de Sonic Youth, Thurston Moore s’est séparé en 2011 de sa compagne et partenaire de groupe Kim Gordon. Il se remet en selle via le projet Guitar Poetry Tour, en trio avec Andy Moore (The Ex) et Anne James Chaton. Ça promet de bien bastonner. Le 4 avril au Manège à Lorient.

BLACK IS BEAUTIFUL

afro-jazz Vue à la dernière édition du Bout du Monde, la chanteuse franco-camerounaise Sandra Nkaké, élue révélation des Victoires du jazz 2012, sera la tête d’affiche du festival Complet’Mandingue qui se déroule les 16 et 17 mai à Saint-Brieuc. 12

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Pour Anne Le Dantec, de Tréguier, c’est arrivé un peu par hasard. « La régisseuse est du coin et elle connaissait ma maison, explique-t-elle. Au départ, j’étais un peu réticente. Il faut quand même laisser sa demeure trois jours à une bande d’inconnus ! » Anne a finalement accepté. Un choix qu’elle ne regrette pas. C’est ainsi qu’à l’automne dernier, l’équipe de Ker Salloux d’Olivier Jahan, avec Emma de Caunes notamment, s’est installée chez elle. L’occasion aussi de découvrir à quoi ressemble en vrai le tournage d’un film. « Ça fait tout bizarre de voir le jardin envahi de câbles et vingt personnes dans un petit coin de son salon. Mais c’est une super expérience. »

L’AMI DE L’AMI Si vous ne voulez pas attendre la chance qu’un réalisateur passe devant chez vous, il reste toujours les relations. En 2011, Patrick Neyrat a ainsi accueilli dans sa maison de Baden, dans le Morbihan, le film Sea, no sex and sun avec Fred Testot, sorti en mai 2012. « Le réalisateur Christophe Turpin est un ami d’ami, raconte-t-il. Il cherchait une maison typique du coin. » Il a donc prêté sa baraque à titre amical. Lui et sa femme sont partis pendant une semaine. « Ce n’était tout simplement pas possible de rester : ils envahissent tout. Mais ce qui est très sympa c’est de voir sa maison dans le film après ! »

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LE COUP DE BOL

S’INSCRIRE Pour ceux qui n’ont ni la baraka ni le réseau, reste une solution. Il existe un service du Centre régional du tourisme en Bretagne dédié à l’accueil des tournages. « Nous avons 361 lieux référencés à disposition des équipes », explique Catherine Delalande, la responsable. Tous n’ont pas servi de décor, seule une petite trentaine a eu cette chance. Dont pas mal d’adresses professionnelles : garages, hôtels, bars, etc. Pour faire partie de la liste, il faut postuler en envoyant un mail avec une description et des photos (si vous êtes locataire, demandez quand même l’autorisation à votre proprio). Une contrepartie financière est prévue : elle peut varier du symbolique à une somme importante selon le décor (qualité, rareté) et la taille – donc les moyens – de la production. Isabelle Jaffré


Rachel Louiset

LES COMBOS DE GROUPES

À L’HEURE OÙ CERTAINES FORMATIONS SE SÉPARENT, D’AUTRES S’UNISSENT. RÉCAP’ DES RÉCENTS MARIAGES. PLAZA FRANCIA Si Catherine Ringer avait entamé une tournée solo au décès de Fred Chichin, elle replonge aujourd’hui dans l’aventure d’un groupe en s’associant à Gotan Project. Quand ? Le 16 avril à Mythos, le 16 mai à La Carène, le 6 juin à Art Rock.

MHA Valeurs sûres de la place rennaise, Mermonte et Totorro, rejoints par la chanteuse de Bumpkin Island (photo), s’apprêtent à donner naissance à un joli bébé : une pop joyeuse, scintillante et délicate. Quand ? Un album est prévu pour l’automne 2014.

SOVIET SUPREM R.Wan de Java et Toma de La Caravane Passe, aka Sylvester Staline et John Lénine, unissent leurs forces autour d’un hip-hop russorigolo-balkanique. Certains ont connu le goulag pour moins que ça. Quand ? Le 19 avril à Mythos.

MÖD3RN Pour les 20 ans d’Astro, Electric Rescue, un fidèle du festival, fait appel à Traumer et Maxime Dangles pour Möd3rn, un projet live prometteur. Quand ? Le 6 juillet à Astropolis. 13


DOSSIER

DO WEED YOURSELF

DÉBUT 2014, LE CANNABIS A MARQUÉ L’ACTU AVEC L’OUVERTURE DE COFFEE SHOPS AUX USA. EN ATTENDANT UNE ÉVOLUTION DE LA LOI FRANÇAISE, LES JARDINIERS EN HERBE S’ORGANISENT. 14

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n clic-clac, des affiches de festivals accrochées aux murs, une table basse où cohabitent feuilles de cours et paquets de clopes entamés : l’appart d’Alice ressemble à celui de n’importe quel autre étudiant. À une différence près. Au milieu du 18 m2 de cette Brestoise de 21 ans, un drôle de meuble attire l’attention. Une sorte d’armoire, assez haute, de couleur noire. Une lumière vive semble rayonner de l’intérieur. « Attends, je vais l’ouvrir pour te montrer ce qu’il y a dedans, annonce la jeune femme qui s’exécute aussitôt. Et voilà... mes enfants ! » Soit trois plants de cannabis placés sous une lampe à sodium (allumée 18 heures par jour), un extracteur (pour renouveler l’air et réguler le “climat”) et un ventilateur : le matériel adéquat pour faire pousser en intérieur cette plante de la famille des cannabinacées. « J’ai acheté tout le matos dans un growshop de la ville. Et les graines, je les ai trouvées sur un site Internet étranger. Tiens, regarde le catalogue si tu veux. » Mis en vente par une société espagnole, plusieurs types de graines sont disponibles : White Widow, Super Silver, Original Amnesia, Shark Attack… Différentes variétés pour différentes qualités : production, rapidité, puissance et taille. « Moi, j’ai un plant de Chronic, un d’Orange Bud et un autre de California Hash Plant, indique l’étudiante brestoise. En tout, ça mettra presque quatre mois à pousser : deux mois de croissance et deux mois de floraison. Ensuite, il ne restera plus qu’à faire sécher les têtes et ça sera bon. » 15


DOSSIER

C’est la deuxième année qu’Alice cultive ses propres plants. « Pour ma conso perso uniquement. Je ne fais pas ça pour dealer. » Celle qui avoue fumer « deux-trois pét’ par jour pour [se] poser et faire [ses] devoirs » s’est lancée dans la culture indoor pour diverses raisons.

« Comme chez le caviste » La première est financière. Si le matériel, les graines et le terreau lui ont coûté dans les 400 euros, cet investissement lui permet aujourd’hui de disposer d’une beuh « de qualité » faite maison qu’elle estime environ cinq fois moins chère que sur le marché.« La motivation est aussi éthique. En faisant mes propres plants, je sais d’où vient mon herbe : ce que je fume est clean, c’est pas issu d’un trafic, il n’y a pas de sales histoires derrière. » Le discours est sensiblement le même pour Aymeric, un commercial de 30 ans de la région briochine. Lui aussi s’est mis à jardiner pour sa conso personnelle, et lui aussi n’y voit que des avantages. « Avec cette culture, j’en ai pour sept mois à fumer. J’ai quelques potes dans le même cas, on s’échange nos conseils, on teste la weed de chacun… C’est comme quand tu compares des bonnes bouteilles chopées chez le caviste ou des recettes de

cuisine. Il y a une vraie part de plaisir. » Reste que cette culture est totalement illégale. En France, la législation est on ne peut plus stricte : la production de cannabis est théoriquement punissable de 20 ans de réclusion criminelle et d’une amende de 7,5 millions d’euros (article 22535 du Code pénal). Dans les faits, les contrevenants chopés la main dans le sac de graines risquent nettement moins mais peuvent quand même prendre quelques mois de prison et plusieurs milliers d’euros d’amende. Nous sommes d’ailleurs en Europe l’un des pays les plus répressifs. En Espagne par exemple, l’autoproduction est autorisée. Antoine, un Breton qui effectue régulièrement des voyages de l’autre côté des Pyrénées pour son travail, est

« Ce que je fume est clean, ce n’est pas issu d’un trafic » 16

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d’ailleurs devenu “socio” du plus grand cannabis social club de Catalogne : Airam. « L’asso compte 11 000 membres, éclaire-t-il. Pour 20 euros par an, tu as une carte qui t’autorise à te rendre sur place pour y acheter jusqu’à 80 grammes de beuh chaque mois. La production est gérée en circuit fermé par l’asso. » Commerce de proximité, circuit court et produits bio : les desseins des babos appliqués à l’échelle du cannabis.

« Nous manquons de lobbys » Le concept fonctionnant en Espagne, peut-être y a-t-il moyen de l’importer chez nous ? C’est ce que s’est dit Dominique Broc, un vieux de la vieille du combat prolégalisation. Au printemps dernier, lui et quelques téméraires ont fait la une des médias en annonçant en grandes pompes la création d’un réseau de cannabis social clubs (CSC) dans l’Hexagone, basé sur un principe identique. « Résultat des courses, il s’est


Photos : Bikini

fait tomber dessus par les autorités, qui ont perquisitionné chez lui et se sont empressées de dissoudre les CSC déjà créés, fait remarquer un proche de Dominique Broc, gérant d’un growshop en Bretagne. Avec la loi prohibitionniste actuellement en place en France, c’est impossible d’officialiser l’autoproduction. D’autant que contrairement à des pays voisins, nous manquons de lobbys dans les hautes sphères du pouvoir, hormis chez les Verts (début février, la sénatrice EELV Esther Benbassa a déposé un projet de loi visant à autoriser l’usage contrôlé du cannabis, ndlr). » En 1999, la cannabiculture représentait 5 % de l’herbe consommée en France. Aujourd’hui, la part est passée à 30 %, voire 40 % selon certaines sources. Les chiffres du ministère de l’Intérieur font état de 200 000 producteurs. « Je n’ai pas vraiment d’espoir pour une légalisation, mais une dépénalisation serait déjà bien, estime Alice. Qu’on laisse les petits producteurs, ceux qui ne dealent pas, tranquilles.» Aymeric est du même avis : « Autori17


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parmi les plus fidèles. Moyenne d’âge : « 40 ans. L’autre jour, un papy de 75 ans est venu me voir, il cherchait un moyen naturel de calmer ses douleurs arthritiques. »

« Une question de temps » À ce propos, un premier pas a été franchi en faveur du cannabis thérapeutique, avec la récente autorisation de mise sur le marché hexagonal du Sativex, un spray buccal fabriqué à base de cannabis, qui sera prescrit pour soulager certains patients souffrant de sclérose en plaques. Une première depuis que la plante a été bannie de la pharmacopée française en 1953. Le signe d’un assouplissement progressif de la législation ? Pas vraiment, la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) reste encore très fermement opposée à toutes formes de dépénalisation. Dans ses voeux à la presse en janvier dernier, sa présidente Danièle Jourdain-Menninger a réaffirmé sa

volonté « d’intensifier la lutte contre la cannabiculture » en « renforçant la surveillance des sites Internet et des magasins spécialisés », autrement dit les growshops. Un discours qui ne décourage pas K-Shoo : « Ce n’est plus qu’une question de temps. Il va bien falloir se rendre compte que la stratégie actuelle est contre-productive. Malgré la législation, la France est le pays d’Europe où on consomme le plus (13,4 millions de Français ont déjà expérimenté et 1,2 millions fument dix joints dans le mois, d’après l’Observatoire des drogues et des toxicomanies, ndlr). » Dans ce contexte, l’ouverture de coffee shops aux USA début 2014 donne espoir aux militants. « En 1937, le Colorado était le premier État américain à prohiber le cannabis. Aujourd’hui, il fait la une en officialisant sa légalisation à des fins récréatives. La boucle est bouclée. » Régis Delanoë, avec Julien Marchand

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ser chaque citoyen à faire pousser quelques plants, je ne le vois pas comme quelque chose d’utopique. » K-Shoo, un membre historique du CIRC (Collectif d’information et de recherche cannabique, asso militante depuis plus de vingt ans) ne dit pas autre chose : « On aimerait que les usagers puissent sortir de la clandestinité. La dépénalisation permettrait d’éduquer les gens, de les responsabiliser. » Au cœur de l’hypocrisie générale qui entoure la question de l’autoproduction en France, se trouve le réseau des growshops. Il existe plusieurs centaines de ces magasins sur tout le territoire, dont une dizaine rien qu’en Bretagne. « On est régulièrement surveillé par les flics mais tout le matériel qu’on vend est parfaitement légal, explique un gérant. Quand on me demande ce qu’on fait, je réponds qu’on est dans la fleur à forte valeur ajoutée ! » Ses clients viennent « de tous horizons ». Il compte des notaires, des avocats et des médecins

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EN ATTENDANT LE E-JOINT ?

Difficile d’échapper à la cigarette électronique. En l’espace de deux ans, elle s’est imposée comme un succès commercial : près de deux millions de Français l’utiliseraient quotidiennement et neuf millions l’auraient déjà testée. De quoi donner des idées à tous ceux qui aimeraient voir naître le e-pétard. Si celui-ci existe déjà aux States ou au Canada où il est commercialisé à des fins thérapeutiques, le spliff électronique n’est en revanche pas prêt de débouler sur le marché français, sauf changement de législation. Malgré cette interdiction, des petits malins et autres apprentis chimistes ont réussi à mettre au point leur propre e-joint en fabricant du liquide contenant du THC, la molécule qui fait rigoler. Des tutos (« salut bande de salopes ! ») sont même dispos sur YouTube. Reste la solution Canada Dry : le vapotage goût cannabis, dépourvu de THC. Plusieurs boîtes spécialisées proposent différents arômes : Super Skunk, Space Cake, Canna Mint... C’est le cas du site Internet Vapshop dont les e-liquides saveur ganja représentent 25 % des ventes. « C’est notre produit phare et notre produit d’appel, fait savoir Sébastien, responsable des ventes chez Vapshop. Nous sommes en train d’étoffer la gamme. Ce genre d’e-liquides est l’un des moyens de booster le développement d’entreprises comme la nôtre. » 19


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Se balader parmi les différentes rubriques du site Le Bon Coin est un voyage formidable. Une plongée quasi sociologique dans notre si belle France des régions et des terroirs. Une photographie exhaustive et fascinante de nos foyers, de nos placards, de nos tiroirs. Créé en 2006, LeBonCoin.fr est aujourd’hui le plus gros site de petites annonces en France (21 millions d’annonces visibles chaque jour), un passage devenu obligé pour tous ceux qui souhaitent dénicher ce que l’Homme a pu un jour fabriquer. Une doudoune orange taille 16 ans 100 % polyester, un iPhone 4S tout opérateur, des plaquettes de frein Renault Trafic, une lampe de chevet Betty Boop, un présentoir à noix de coco, un Cluedo encore sous blister, un lot de 31 magnets cordons bleus Le Gaulois… « Nos collaborateurs ont tendance à dire que tout ce qui est à vendre sur Terre se trouve sur le Bon Coin, et même un peu plus », rapporte Antoine Jouteau, directeur général adjoint chargé du marketing. Le « un peu plus » nous intéresse particulièrement. À l’heure où certains plongent dans le darknet (partie du web dont on accède par le réseau Tor qui garantit l’anonymat de chaque utilisateur) pour y acheter ce qu’on ne trouve pas à Monoprix (stupéfiants, armes, faux papiers, etc.), peut-on imaginer pouvoir dégoter son haschich

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ON A ESSAYÉ DE VENDRE DU SHIT SUR LE

en allant simplement sur le Bon Coin ? Avouez que ça serait quand même plus pratique pour nos amis fumeurs.

Le eBay de la drogue On a donc essayé d’en vendre, description aguicheuse et jolie photo de barrette de shit à la main. En vain. Nos tentatives, mêmes les plus détournées, ont échoué. « Vends résine de cannabis, idéal détente et relaxation », « vends résine de chanvre, anti-stress », « vends encens à fumer cannabis »... Toutes refusées. « Nous avons un savoir technologique et un œil humain qui démasquent les arnaqueurs, explique Antoine Jouteau. Ce travail de modération est primordial : il permet de s’assurer que les règles légales sont appliquées, de garder un site bien rangé (qu’une voiture télécommandée ne se retrouve pas à la rubrique

« Vends résine de cannabis, idéal détente et relaxation » 20

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automobile par exemple) et d’empêcher les tentatives d’escroquerie ou de fraude. » Chaque jour, entre 600 000 et 800 000 annonces sont déposées sur le Bon Coin. Celles qui n’auraient pas passé le logiciel automatique de modération (le site n’a pas souhaité communiquer la part de refus) sont relues par une équipe de 150 modérateurs (basés à Malte, « des étudiants français pour la plupart »). C’est là que les offres recalées sont soit finalement validées soit mises à la poubelle. Comme notre annonce. « Ce n’est pas vraiment les tentatives de mise en vente de stupéfiants qui nous prennent du temps. Les gens qui voudraient vendre de la drogue ne passent pas par chez nous, fait savoir le responsable marketing. Ce sont plus les arnaques de type hameçon qui préoccupent nos équipes. Il faut bien les détecter (un prix extrêmement bas par rapport à ceux du marché par exemple) pour éviter à nos usagers de se faire arnaquer. »


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BON COIN

Si les autres sites de vente entre particuliers communiquent eux-aussi sur le travail de modération qu’ils effectuent (celui-ci n’est pas parfait car notre annonce d’« encens en résine de chanvre » avec une photo de shit a été validée sur PriceMinister), cela n’empêche pas les internautes de se procurer drogues ou médocs en passant par des adresses étrangères ayant pignon sur Web ou par le populaire Silk Road (sorte d’eBay de l’illicite), accessible dans le darknet. Une zone de non-droit ? « Plus maintenant », affirme la direction générale des douanes. Renforcé par la loi Loppsi, le service de cyberdouane peut aujourd’hui infiltrer les réseaux cachés où il se fait passer pour un acheteur. Ce qui lui était impossible avant. « Cela a permis en décembre dernier l’arrestation d’un vendeur de speed et de résine de cannabis présent sur Silk Road, poursuit la DG des douanes. Nous l’avons traqué pendant quatre mois afin d’effectuer le travail d’information et de renseignement nécessaire à son interpellation. C’est une première en France. » J.M 21


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Lorsque l’on évoque la question de la marijuana dans la musique, difficile de ne pas se cantonner au reggae et aux autres musiques jamaïcaines. Il faut dire que de Legalize It de Peter Tosh à Gimme The Weed de Buju Banton, les classiques explicites du genre ne manquent pas. Pourtant, malgré les apparences, les autres genres musicaux ne sont pas en reste. Bruno Blum, journaliste et auteur de l’ouvrage Shit! Tout sur le cannabis, explique : « La culture afroaméricaine, notamment, a toujours été proche du chanvre. Parler des musiciens noirs sans parler de la ganja, c’est comme parler des Français sans évoquer le pinard. Louis Armstrong, par exemple, qui était un grand fumeur, a composé Muggles en étant sous l’emprise du cannabis. » En France, les odes à la ganja nous rappellent souvent les années lycée et ce mélange de ska, reggae et 22

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musique festive bien de chez nous, laissant nos oreilles sur leur faim, pour ne pas dire en sang : Marcel et son Orchestre, Rasta Bigoud, Sinsemilia, Pierpoljak, Kana... Tous revendiquent des influences jamaïcaines et piochent ce qu’ils peuvent, bon gré mal gré, dans cette culture.

« J’ai dû fumer une merguez » Un écran de fumée. Car ils n’ont pas le monopole du chanvre. Adios Zapata de Renaud, Cannabis de Nino Ferrer, Solexine & Ganja de Hubert-Félix Thiéfaine appartiennent au patrimoine de la chanson que les amateurs d’herbe ont souvent tendance à zapper. Sans oublier le classique album Aux Armes et caetera de Serge Gainsbourg ou encore les rappeurs du 113 (L’Apérispliff, Au Summum) et NTM (Pass pass le oinj). Blum continue : « Les hippies, le jazz, le funk, les punks... Quand

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LA MUSIQUE AIME-T-ELLE LA GANJA ?

on regarde bien, les allusions sont présentes partout, tout le temps. » Alors on a fouillé. Et on a trouvé quelques surprises. La Cucaracha est, à la base, un hymne à la marijuana transformé plus tard en chant partisan. Dans les années 1970, les Charlots ont sorti un morceau intitulé J’ai dû fumer une merguez. Pour Les Charlots, ça expliquerait bien des choses... De son côté, le rock, que l’on pourrait penser exclusivement focalisé sur les substances type cocaïne, héroïne et LSD, a aussi son lot de rouleurs de joints. Devant la masse des morceaux écrits par des monstres sacrés du blues, de la pop, du folk, du rock ou encore de la soul, quelques bons titres apparaissent : Rip this joint des Stones, Homegrown de Neil Young, Let’s go get stoned de Ray Charles, And it stoned me de Van Morrison... Brice Miclet


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Des gangs d’ados voleraient des hortensias dans les jardins pour fumer les pétales qui, séchés, auraient les mêmes vertus psychoactives que le cannabis : c’est LA rumeur fofolle qui a déferlé dans tous les médias en début d’année. Une rumeur qui, il faut bien le reconnaître, est assez marrante. La fleur préférée des mamies, nouvelle star des soirées pétards ? Il y aurait de quoi se gondoler. Pour le centre antipoison d’Angers, qui centralise tous les cas d’intoxication dans le nord-ouest de la France, il s’agit de « gamineries », rien de plus. « Comme beaucoup de plantes, l’hortensia possède un principe actif cyanogénétique mais aucune étude scientifique n’a démontré son pouvoir récréatif comme succédané du cannabis. » Pour être plus clair, ça ne défonce pas les cocos. Idem concernant la légende urbaine de la peau de banane séchée dont on pourrait extraire de la bananadine, une substance aux propriétés proches du LSD. « Un mythe persistant » pour notre spécialiste. Ce dernier confirme en revanche de graves cas d’intoxication à la noix de muscade, aussi appelée drogue des prisons. « C’est un véritable poison potentiellement très dangereux. » À n’utiliser qu’en petites quantités pour parfumer la béchamel donc. 23


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« BANCO ? BANCO !!! » DANS LE MONDE IMPITOYABLE DES MÉDIAS, LE JEU DES 1000 EUROS EST UN MYSTÈRE. MALGRÉ SON CONCEPT VIEUX DE 50 ANS ET SON IMAGE CHEAP, LE PLUS ANCIEN JEU RADIO DE FRANCE AFFICHE UNE INSOLENTE AUDIENCE. ANALYSE D’UN CONTRE-EXEMPLE. vec sa Fiat Punto de fonction, sa valisette et ses nuits passées dans des hôtels 2 étoiles à travers la France, Nicolas Stoufflet a des allures de VRP. Dans sa sacoche, rien à vendre pourtant, mais plutôt un stock de questions classées par couleur : bleue, blanche et rouge. « On en reçoit une centaine par jour de la part des auditeurs. Dans le lot, on n’en garde que huit », explique ce garçon au crâne tout lisse qui, depuis six années, est à la tête du plus vieux jeu radio du pays. 24

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Ce jeu, c’est le Jeu des 1 000 euros. Un programme lancé en 1956, une époque où France Inter s’appelait encore Paris Inter, et qui sillonne une centaine de communes par an avec un principe simple : poser à deux candidats – qui jouent ensemble et non l’un contre l’autre – des questions de culture générale. S’ils réalisent le grand chelem, ils remportent 1 000 euros. Un concept loin d’être recherché mais qui, tous les jours de 12 h 45 à 13 h, attire 1,4 million d’auditeurs, soit le programme le plus écouté à cette heure.

En ce mercredi après-midi de février, l’émission du jour est programmée à Loudéac dans les Côtes d’Armor. Cela faisait cinq années que la ville candidatait (« en termes de notoriété, c’est une super opération. Un coup de projecteur sur une antenne nationale, ça ne se refuse pas », explique-t -on au cabinet du maire). Loudéac est la première date de la tournée bretonne 2014 qui passera les jours suivants par Plésidy, Morlaix et Brest. À l’intérieur de la salle des fêtes, tout semble prêt ou presque : des banderoles France


Inter sont suspendues aux murs, les micros sont branchés sur l’estrade et près de 200 chaises en plastique sont disposées sur le parquet. « Il faudra en rajouter tout à l’heure, glisse Bernard, l’un des deux ingés son qui, trois heures avant le début des festivités prévues à 18 h3 0, termine les préparatifs. À chaque fois, les salles sont blindées en Bretagne. » Ce soir, cela sera encore le cas : 200 chaises seront rajoutées et c’est autant de personnes debout qui assisteront à l’enregistrement. En 2014, il n’y a donc pas que Fauve et Stromae qui remplissent les salles les doigts dans le nez.

Évangéliste du quiz À Loudéac, trois émissions seront mises en boîte. Une session “jeunes” et deux manches adultes. Face à un Nicolas Stoufflet autant occupé à préparer ses fiches qu’à haranguer la foule tel un prêtre évangéliste du quiz, les candidats sélectionnés dans le public se creusent la tête pour tenter de répondre aux questions. « Qu’est-ce qu’une viande persillée ? Qui a peint Pluie, Vapeur et Vitesse ? Quelle est la monnaie du Vietnam ? Comment s’appelle l’inventeur du mascara ? Dans quelle ville se trouve la Tour de Belém ? » Plutôt vives dans leurs réponses, Annie et Émilie passent les trois premières questions et se hissent au moment tant attendu du banco et du super banco, synonyme de 1 000 euros. Elles le tenteront, en vain, avant de repartir simplement avec un bouquin, un lecteur mp3 et un porte-clés France Inter. « Les gens viennent d’abord pour participer, observe Philippe Brault, auteur d’un webdoc sur les coulisses de l’émission. 1 000 euros, c’est une somme mais ce n’est rien par rapport à ce que certains jeux offrent. Ici, y a pas un paquet de pognon sur la table, on ne promet pas la Lune. » 25


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Photos : Bikini

Des gains avant tout symboliques qui, à une époque où tout le monde semble courir après l’argent, contribuent aussi à l’attachement du public. « C’est un jeu dont la base est plutôt saine, estime Nicolas Stoufflet. L’essence même du programme est de faire réfléchir, c’est tout. » « Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de jeux à la radio ou à la télé basés sur le savoir universel, poursuit Bertrand Bossard, metteur en scène du Jeu des 1 000 euros, une pièce de théâtre inspirée de l’émission. Depuis les années Sarkozy, on a parfois l’impression que c’est mal vu d’être cultivé ou intello. Ce jeu prouve le contraire, ça fait du bien. »

« Ding, ding, ding... » Mais comment expliquer que ce dinosaure du paysage radiophonique résiste aussi bien dans l’univers sans pitié des médias malgré son image désuète, sa réalisation artisanale et ses enregistrements dans des trous parfois paumés ? Pour son présentateur, la réponse est dans la question. « C’est parce qu’il est atemporel qu’il dure. C’est un jeu qui a gardé ses rites et qui ne court pas après la mode, ça lui permet ainsi de traverser les époques. » À l’image du métallophone que Yann Pailleret, le co-animateur, fait sonner pour accompagner le temps de réflexion des candidats : « ding, ding, ding… » Ici tout est fait à la main, pas de sons préenregistrés, on est loin des standards de production de nombreux programmes.

« À la direction de Radio France, certaines personnes doivent se poser des questions sur l’émission, présume Philippe Brault. Je pense qu’elle est toujours plus ou moins menacée mais son audience la préserve. » Sur la sellette le jeu ? Si Nicolas Stoufflet reconnaît une tentative de suppression passée, il sait son émission en position de force : « C’est une super locomotive pour le JT de 13 h qui, du coup, est le journal le plus écouté à cette heure-là. »

Mousseux et Curly 20 h 30 : les enregistrements touchent à leur fin à Loudéac. Les chèques, cadeaux et lots de consolation sont remis dans la foulée aux candidats alors que, dans le fond de la salle,

«  On a parfois l’impression que c’est mal vu d’être cultivé » 26

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le maire arrose ses administrés de mousseux et de Curly. Pour l’équipe de France Inter, la fête n’ira pas plus loin. Pas d’after dans les loges ni de groupies à l’hôtel. « Comme on est en tournée, les gens s’imaginent souvent que c’est ambiance 3e mitemps après chaque émission. Mais vu qu’on prend la route le matin, cela s’arrête au vin d’honneur », assure l’animateur qui, après tant de kilomètres avalés, a appris à connaître les régions où l’on mange le mieux. « Il y a quelques années, on avait enregistré une émission dans un village de 180 habitants dans le Lotet-Garonne. Faute de restaurant, on avait été invité chez la femme du maire pour déjeuner. Je me souviens encore du menu : soupe aux truffes, magret de canard et gâteau aux noix. Tu vois, c’est plus côté bouffe qu’on profite. » Julien Marchand


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TRIVIAL POUR CUITE

Pour s’amuser entre copains, les gamins ont les ludothèques et leurs aînés les troquets. Un coin de zinc, c’est idéal pour taper le carton. Certains tenanciers proposent même des soirées à thème. Au hit-parade des jeux de bistrot : le quiz de culture générale. On en trouve à Brest, au bar Les Fauvettes chaque mardi et au Tir Na Nog le mercredi. À Rennes, c’est aussi le cas chaque lundi soir avec des quiz organisés dans deux établissements différents de la ville : au Synthi et au Gazoline (plus un quiz en anglais au Funky Munky les mercredis). « C’est pas anodin qu’on fasse ça le lundi, ça permet d’amener un peu de vie et de clientèle pour combler la période creuse du début de semaine », indique-t-on au Gazoline qui organise également, depuis un an et demi, un blind test chaque mardi soir. Le principe : des extraits musicaux que les participants, organisés en équipes, doivent reconnaître. Un jeu pratiqué aussi à Brest au Hamilton et au pub The Dubliners. Popularisé il y a quelques années par l’émission Tout le monde en parle de Thierry Ardisson, avec Philippe Corti aux platines, il s’applique parfaitement à l’ambiance bar (exemple : l’équipe qui gagne remporte un mètre de shots), à condition de jouer le jeu et de proscrire l’utilisation de Shazam. 27


DOSSIER

INST3GRAM

CADAVRES DE BOUTEILLES, POTES ARRACHÉS ET GALETTES DANS LE JARDIN : CHAQUE FÊTE RÉVÈLE SON INCONTOURNABLE LOT DE PHOTOS. MAIS NOM D’UNE PIPE, POURQUOI ? 28

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l est 2 h du mat’. Ou peut-être 3 h. À vrai dire, tu as arrêté de regarder l’heure en même temps que tu as arrêté de compter les verres que tu enquillais. T’es à une soirée, t’es avec tes potes, la musique est bonne, t’es heureux. Ce moment de bonheur, comme souvent, tu vas vouloir l’immortaliser. Tu sors ton appareil photo et la petite lumière qui clignote à côté de l’objectif crée spontanément une petite meute autour de toi. L’un lève son bock, une copine exhibe son joint, un malin fait un V avec sa main sur le cœur façon weshwesh. Le selfie posté dans la foulée sur Facebook fera un max de likes, tout comme les autres photos que tu prendras jusqu’au petit matin. Un gars bourré en train d’uriner, une table jonchée de cadavres de bouteilles, deux filles qui se galochent en souriant, et puis pourquoi pas une petite galette, ma foi ça peut arriver. Ne fais pas l’innocent, tu vois très bien comment ça se passe. À l’époque de l’argentique, ces clichés n’existaient pas. Question d’économie de pellicule. Les rares qui étaient pris restaient honteusement cachés dans les boîtes à chaussures, loin des honorables albums souvenirs. Aujourd’hui en revanche, tu peux les diffuser partout sur les réseaux sociaux. Et ça cartonne. La version web du magazine Vice en a même fait une rubrique phare, baptisée “Petit bout de paradis”. Le Finistérien Basile (et son jetable) a contribué à la 29


série, avec ses photos destroy prises lors de soirées qu’il passe du côté de chez lui à Quimperlé. De l’art punk où une flaque de vomi s’admire avec autant d’attention que Les Nymphéas de Claude Monet. « En soirée, les gens sont plus désinhibés, explique-t-il. Et comme moi-même je le suis plus aussi, je shoote à l’instinct, sans réfléchir dix ans au cadrage ou à la lumière. C’est le charme de la photo de soirée d’ailleurs : ce côté instantané, où tu immortalises à des moments improbables des gens dans des situations qui les font sortir de leur quotidien. » Ce phénomène, c’est aussi un des domaines d’étude des sociologues de la fête. Car oui, cette matière est tellement formidable qu’il existe des sociologues de la fête, tels Philippe Joron, interrogé sur le sujet. « Prendre des photos en soirée et les partager sur la toile nourrit le

Basile et son jetable

Basile et son jetable

Basile et son jetable

Basile et son jetable

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narcissisme, analyse l’universitaire. On sacralise son quotidien, on en fait de l’événementiel : “Regardez, je suis allé à telle soirée, avec telle personne, voyez comme ma vie est géniale…” »

« Immortaliser ces trophées » Autrement dit, tu ne t’en rends pas forcément compte mais t’aurais une fâcheuse tendance à adopter une posture, à te magnifier un peu en montrant combien tu sais faire des trucs de fou. « Faire n’importe quoi en soirée sous l’emprise d’alcool et de l’effervescence collective, ça a toujours existé, poursuit le sociologue. Seulement l’environnement technologique a changé et permet de faire partager ses délires instantanément via les réseaux sociaux. Les mecs qui ont volé un lama, s’ils avaient attendu de dégriser, peutêtre n’auraient-ils pas relayé leurs photos sur le Net… »

« Des fêtes dans la lignée des cérémonies de l’Antiquité » 30

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Vous l’aurez compris, Philippe Joron n’est pas fan de cette tendance qu’auraient les jeunes d’aujourd’hui – vous – de prendre la pose avec des tronches de cake. « Mais en vrai, ces fêtes sont dans la droite lignée des cérémonies sacrées de l’Antiquité, ose-t-il. Aujourd’hui bien sûr on ne procède plus à des sacrifices mais il faut quand même que la fête laisse une trace, qu’elle génère un trophée : une voiture incendiée dans un cas extrême, un alignement de bouteilles vides dans une soirée de manière plus banale. Immortaliser ces trophées par des photos sert à les authentifier comme tels. » À méditer. Passons à un autre sociologue spécialiste de la question. Vu qu’ils sont plusieurs, profitons-en. Christophe Moreau travaille au cabinet d’études Jeudevi à Paimpont, en Ille-etVilaine, un bureau spécialisé dans les sciences humaines et sociales. Pour lui, ces photos, aussi futiles paraissent-elles, peuvent jouer un rôle. « Prenez une bande de jeunes en soirée, au domicile de l’un d’eux comme c’est de plus en plus coutume. Ils sont coupés du monde


Nono Le Photographe

extérieur et peuvent potentiellement faire tout et n’importe quoi, y compris le pire. Avec les smartphones, ils se prennent en photo, qu’ils partagent et commentent ensuite sur la toile. Inconsciemment, ils réintroduisent du contrôle social. C’est Big Brother qui scrute vos attitudes, vos vêtements… Mieux vaut garder le contrôle de soi, ne pas être trop déchiré. C’est de l’automodération. » Un point de vue intéressant, né d’un constat qu’il explique : « Les rituels festifs ont toujours existé mais, autrefois, les fêtes au village et fêtes des battages par exemple réunissaient tous les âges. Le phénomène global de repli générationnel, qui s’est amplifié depuis le début des années 2000, est selon moi la principale cause des débordements. Les jeunes expérimentent l’excès entre eux, sans que ça puisse être régulé par leurs aînés. C’est là que les photos et leur partage sur le Net entrent en jeu. Elles ont un rôle de régulation. » Et puis ça fait de Mark Zuckerberg l’heureux possesseur du plus fantastique album photos de notre si belle époque. Régis Delanoë 31


DOSSIER

LE PHÉNOMÈNE NONO LE PHOTOGRAPHE

Nono le photographe

Nono le photographe

Nono le photographe

Sachons le reconnaître avec honnêteté : on est chaque jour un peu plus jaloux de la Lorraine depuis qu’on a découvert Nono Le Photographe, devenu en quelques mois, par la magie des réseaux sociaux, le photographe des discothèques le plus célèbre de France. Sa page Facebook revendique plus de 5 000 fans et son cercle d’admirateurs va bien au-delà de son terrain de chasse : le monde de la nuit autour de sa ville d’Épinal. « Dans mon club photo, je suis le seul à traiter du sujet. Quand les autres voient mon succès, ils sont forcément un peu envieux. » Nono – Bruno de son vrai prénom – est un retraité de l’usine Michelin du coin. « Un jour, un ami DJ m’a invité à l’accompagner à la soirée d’ouverture d’une nouvelle boîte. Comme j’ai toujours aimé la photo, j’y suis allé avec mon appareil et j’ai passé ma soirée à shooter les clients. Ils trouvaient ça tellement super et moi aussi que depuis j’y passe

TOP 3 DES

PHOTOS INÉVITABLES

CES TROIS CLICHÉS SONT INCONTOURNABLES À TOUTES LES (GROSSES) SOIRÉES. ON EN FAIT LE TOUR. CHEEEEEEEEESE. 32

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tous mes week-ends. Certains soirs j’enchaîne deux discothèques et je dois encore refuser des invitations. » Mais bon sang, qu’est-ce qui l’attire ainsi ? L’argent ? « Je ne suis pas rémunéré. Juste parfois, j’accepte un verre ou deux quand on me le propose. » La fête ? « J’aime voir les jeunes s’amuser. J’aime bien blaguer avec eux. » L’art ? « On peut dire ça oui ! La photo de boîte, c’est compliqué quand on ne maîtrise pas. Y a plein de lumières dans tous les sens, ça bouge… Mes photos étaient pourries au départ. » Celles actuelles sont fantastiques de naturel, pleines de gens qui s’éclatent comme des foufous sur le dancefloor, gin-tonic en main, imprimé RG512 sur le poitrail et duckface en guise de sourire. Un tableau sans fard de la jeunesse de France qui ne se soucie ni du bon ni du mauvais goût. « Vous avez pas des photographes comme moi en Bretagne ? » Non, pas aussi génial que toi Nono, malheureusement.

LE SELFIE

LA PAIRE DE FESSES LE MEC QUI DORT

Il n’aura pas fallu attendre que selfie soit élu mot de 2013 pour qu’un gars ait l’idée de se prendre en photo à bout de bras entouré de ses potes. Meilleur façon pour être sûr de laisser une trace de soi sur les photos, cette pratique narcissique a connu son pic début mars avec le selfie de Bradley Cooper aux Oscars (plus de 3 millions de retweets). La version de Kev Adams aux Césars a eu moins de succès.

Allez comprendre pourquoi, il ne se passe pas une grosse chouille sans qu’un mec n’ait envie de montrer son cul (ou sa bite, en fonction de l’heure et de l’état). Ça sert à rien : mais il le fait. Le moment où le pote (un peu moins bourré que les autres) sort tranquillou son appareil photo pour immortaliser la pause qu’il fera tourner aux copains pendant plusieurs semaines.

Il existe une règle que tout fêtard se doit d’avoir en tête : tu dors, t’es mort. Pour les malheureux qui auraient la mauvaise idée de piquer du nez sur le canapé, ils s’exposent à des inscriptions au marqueur sur les bras, le torse et – top bâtard – sur le visage. Pour un bizutage plus sympa : l’entourer de cadavres de bouteilles façon scène de crime. Marrant et pas méchant.


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LE BUSINESS DES PHOTOS DE BOÎTE

Angie Cadoret, responsable de SoonNight, une agence spécialisée dans les photos de discothèque. C’est un bon business ? Oui, si on l’accompagne d’autres activités. Créée il y a dix ans, SoonNight est aujourd’hui un vrai média multiservices des sorties sous toutes ses formes : discothèques, soirées étudiantes… Pour la partie photos, on reste sur un marché assez restreint avec un concurrent principal : WeeMove. Et ça paie ? Nos photographes ne sont pas rémunérés mais bénéficient de l’accès gratuit aux établissements. Ce sont souvent des jeunes passionnés à la fois par la photo et le milieu de la nuit. L’activité leur permet de combiner les deux. Vous vous autocensurez parfois ? On évite les photos trop dénudées ou celles qui ne mettent pas en valeur. À quoi tient le succès de ces photos ? Comme c’est un lieu où on s’amuse entre amis, on apprécie de pouvoir immortaliser l’instant avec un beau cliché. C’est un marché amené à se développer encore dans les années à venir, d’autant que la France est en retard sur les pays anglo-saxons où c’est un gros business. 33


DOSSIER

AU TEMPS DES MAISONS CLOSES JUSQU’AU MILIEU DU 20E SIÈCLE, L’AMOUR TARIFÉ AVAIT SES ADRESSES SPÉCIALISÉES. DE BREST À FOUGÈRES, L’HISTOIRE DES BORDELS S’EST AUSSI INSCRITE EN BRETAGNE. RÉCIT. 34

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Musée de Bretagne - Rennes

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l existe un temps que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaître. Ce temps, révolu depuis la loi Marthe Richard en 1946, c’est celui des maisons closes. Une époque où l’amour tarifé avait pignon sur rue. Volets scellés mais portes ouvertes à tous ceux qui souhaitaient s’offrir les services d’une “fille publique”. Autorisées en 1804 pour contrer la prostitution sauvage, les “maisons de tolérance” se multiplient rapidement dans les principales villes de France. La Bretagne n’y échappe pas. Brest, Quimper, Saint-Brieuc, Fougères, Vannes... Toutes ont leurs bordels. À Rennes, à la moitié du 19e siècle, c’est l’âge d’or pour ce type d’établissement : 17 maisons en activité sont enregistrées au quatre coins de la cité. Au clas-

sement des coins les plus chauds, la rue Saint-Thomas, où se trouvait l’ancienne caserne militaire de Kergus, truste la première place avec pas moins de six adresses.

Célestine, Louise et Georgette « Les maisons de tolérance sont l’égout séminal nécessaire dans une ville de garnison », estimait alors Daniel Pastoureau, préfet d’Ille-et-Vilaine, dans un arrêté en 1857 pour expliquer le bon score rennais. Même phénomène à Fougères où “Le 112”, l’unique bordel de la ville, était installé juste en face de la caserne. Les militaires, premiers clients des maisons ? Oui, mais pas que. « Il faut savoir que tout le monde fréquentait ces établissements car il en existait différentes sortes », indique

« Le prix d’une passe valait celui d’un verre de vin » 36

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Brigitte Rochelandet, universitaire et auteure de l’ouvrage L’Histoire de la prostitution. Premier lieu : les bouges. « Des endroits horribles où les filles pouvaient enchaîner 40 passes par jour. Il n’y avait pas de chambres, cela se passait à la cave ou dans l’escalier. Le prix d’une passe valait celui d’un verre de vin. On y trouvait surtout des ouvriers. » Sur Rennes, ces tripots constituaient la majorité des établissements. Viennent ensuite les « petites maisons, type La Maison Tellier de Maupassant », des établissements plus respectables où un public aisé a ses habitudes, et enfin les maisons de luxe fréquentées par la haute bourgeoisie. « Ici, les filles sont triées sur le volet. Elles doivent être jolies mais aussi intelligentes pour pouvoir faire la conversation. Pour autant, elles ne sont pas mieux traitées : comme ailleurs, elles n’étaient que des corps qu’on achetait et dont on faisait ce qu’on voulait », poursuit Brigitte Rochelandet.


Musée de Bretagne - Rennes Musée de Bretagne - Rennes

Si la plupart des maisons de haut rang étaient installées à Paris, la Bretagne a tout de même compté des établissements de ce standing. Sous ses airs de belle endormie, Quimper peut se vanter de plus d’un siècle de nuits d’orgies où sexe et argent se mêlaient copieusement. « Au n°23 et au n°52 de la rue Jean Jaurès, anciennement rue Neuve, se trouvaient deux maisons closes. Tous les témoignages recueillis indiquent qu’il s’agissait d’établissements bourgeois, explique Anaïs Scornet, conférencière à la Maison du patrimoine de Quimper. À commencer par les pétitions des riverains qui s’indignaient de voir autant de luxe dans de tels lieux de débauche. » À Rennes, le “Fémina Bar”, connu sous le nom de “La Tour de Nesle”, faisait aussi partie des adresses chics au début du 20e siècle. Situé rue Duhamel, cet établissement disposait de huit pensionnaires. En 1936, les filles de la maison s’appellent

« Derrière les belles robes,

des choses peu glorieuses » Célestine, Louise, Marie, Georgette, Jeannine... Certaines prennent des pseudos à l’image de Simone qui se fait appeler Doly.

Syphilis, chancre... Pour ces femmes âgées de 21 à 38 ans, la journée de travail débutait à 16 h et commençait par un premier verre à l’arrivée des clients. Les filles étaient ensuite exposées en tenue légère dans le salon de présentation, avant de monter dans les chambres à l’étage. « La passe était payée directement à la tenancière, précise Brigitte Rochelandet. Sauf demande ou envie particulière de la part du client, cela ne devait pas durer plus de trente minutes. Dans les maisons bourgeoises, une fille faisait entre trois et cinq passes par soirée. »

Ambiance feutrée, coupe de champagne et porte-jarretelles : l’image glamour que nous donnent l’art et la littérature des maisons closes étaitelle avérée ? Pour Caroline Andrieu, auteure de L’Histoire des maisons closes, cette image d’Épinal n’était vraie qu’en surface. « Derrière les salons en velours, les belles robes et la sensualité, se cachaient des choses peu glorieuses. Les infections par exemple. » Instaurés en partie pour des raisons sanitaires, ces établissements n’ont pu malgré tout échapper aux maladies. Syphilis, chancre, blennorragie… Chaque passe pouvait se transformer en véritable roulette russe. En 1936, deux visites médicales par semaine (le mardi et le vendredi) étaient obligatoires à Rennes. Cellesci se déroulaient directement à la 37


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maison de tolérance qui disposait d’une salle d’examen équipée du matériel nécessaire : spéculum, pinces, doigtiers en caoutchouc... Si une pensionnaire était diagnostiquée comme contagieuse, elle était « immédiatement signalée au commissariat de Police et dirigée sans délai à l’hôpital de l’HôtelDieu », comme l’imposait l’arrêté du service des mœurs rennais. Les frais d’examens et de traitement des filles étaient à la charge de la gérante de la maison. « Si les autorités souhaitaient ausculter les prostituées, ce n’était pas en premier lieu pour leur santé, mais plutôt pour celle des clients et de leurs “honnêtes” femmes », éclaire l’auteure de L’Histoire de la prostitution. Les demandes d’examens renforcés pouvaient également venir suite à des recrudescences d’infections. Comme en 1915 où le chef d’escadron de la caserne de Fougères écrit au maire pour l’informer « que les chasseurs du groupe cycliste du

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DOSSIER

bataillon de Bussy ont contracté des maladies vénériennes pendant leur séjour dans la ville ». Idem à Rennes en 1895 où le préfet d’Illeet-Vilaine, suite à un rapport du ministre de la Guerre, s’inquiète « du développement toujours croissant des maladies vénériennes dans l’armée » et qu’elles représentent « près du quart de la totalité des maladies, la place de Rennes étant particulièrement infectée ».

«DES EROS CENTERS AUX USINES À PUTES  »

Si le risque de contamination faisait partie de la vie des filles, ces dernières souffraient plus globalement d’un manque de liberté. Elles étaient confinées à l’intérieur de ces établissements aux rideaux tirés et aux volets fermés. « À Quimper, les voitures qu’elles prenaient devaient aussi être équipées de rideaux », ajoute Anaïs Scornet. En plus de travailler en maison, les jeunes femmes y habitaient et

il y a la Nouvelle-Zélande qui a décriminalisé la prostitution. Les travailleuses peuvent Morgane Merteuil, escort, féministe et secrétaire créer des établissements sous générale du Strass, le syndicat du travail sexuel. la forme d’une coopérative où chacune est associée. En Êtes-vous pour la réouverture Faut-il imaginer termes de liberté, de sécurité des maisons closes ? de nouvelles formes de lieux et de droits, c’est efficace. Il faut voir de quoi on parle. de prostitution ? S’il s’agit d’établissements En France, tout type Et en Europe ? que l’on trouvait en France d’établissement est interdit. On trouve malheureusement avant 1946, où les prostituées Si des travailleuses du de tout. D’un côté, des “eros étaient exploitées et sous sexe veulent, par exemple, centers” où les prostituées l’autorité d’une maquerelle partager un appartement, louent une chambre sans que qui imposait ses conditions c’est considéré comme du le propriétaire ait autorité sur de travail, nous sommes bien proxénétisme. Il faut revoir elles. De l’autre côté, évidemment contre. ça. Parmi les pays modèles, de véritables “usines à putes”, 38

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en Espagne par exemple, où les filles sont exploitées. Quelles sont actuellement les priorités en France ? L’abrogation du délit de racolage. Le problème des lois actuelles, c’est qu’elles ne sont pas là pour protéger les travailleuses du sexe mais uniquement pour lutter contre la prostitution. Pour en finir avec l’exploitation et la vulnérabilité des filles, ce n’est pas de la prohibition qu’il faut, mais des droits.


17 e

festival

CompLet’

Mandingue Rencontres Africaines

2014

St-Brieuc Salle Robien

n’avaient le droit d’en sortir que si elles étaient accompagnées de la tenancière. « On pouvait les considérer comme prisonnières », poursuit Caroline Andrieu. Mais pourquoi ne se sauvaient-elles pas ? « Elles étaient très endettées : on leur faisait payer, souvent le double du prix, les produits – maquillage, vêtements, etc. – venant de l’extérieur. Beaucoup pensaient pouvoir racheter leurs dettes et leur liberté mais c’était un système infernal. » Une pression qui s’exerçait au quotidien. « Elles étaient du coup sous le contrôle total de la gérante. Si dans la rue une fille peut refuser un client, cela était impossible en maison », explique Brigitte Rochelandet. Une servitude qu’on imagine accrue sous l’Occupation. En plus des établissements déjà existants (la maison “La Féria” à Rennes était qualifiée de « bordel de la Wehrmacht » par les soldats allemands), de nouveaux furent instaurés. Parmi les cas les plus symboliques : un ancien bain rituel juif de Brest transformé en maison de passes. Julien Marchand

Illustration Marine Vassal

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Afro Rock

16 mai

Sandra Nkaké St Lô Akeikoi Cie Blaka

17 mai dingue

Concert

Man

lëk Sèn Dobet Gnahoré Thomas GueÏ Kunbe Cie Blaka

www.completmandingue.org infoline 06 89 13 73 15

web

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RDV

C’EST DU BRUTAL VU ET APPROUVÉ À LA DERNIÈRE ÉDITION HIVERNALE DE LA ROUTE DU ROCK, LE TRIO PUNK-POP TRAAMS REVIENT PAR CHEZ NOUS DÈS CE MOIS D’AVRIL POUR UNE DATE AU MANÈGE À LORIENT, AVANT SON PASSAGE AU PRINTEMPS DE BOURGES. ’était le vendredi à la Nouvelle Vague à SaintMalo, premier soir de l’édition hiver de la Route du Rock. Avant les têtes d’affiche Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra et The Warlocks, une curiosité : Traams. Ils sont trois à débouler sur scène, ne paient pas de mine, ne s’embarrassent pas tellement des formules de politesse mais balancent un set hyper nerveux, dense, saisissant, parfaitement maîtrisé. Une petite heure plus tard, l’assemblée bien garnie ressort un peu sonnée mais, pour beaucoup, pas mal impressionnée : mais bordel, c’est qui ces gars qui tabassent autant dans la veine 40

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punk et krautrock ? D’où viennent ces brillants newcomers ? Ces questions nous ont pas mal taraudés jusqu’à ce qu’on prenne l’initiative de contacter le groupe de manière à mieux le cerner. C’est le bassiste Leigh Padley qui s’est chargé de nous répondre. « Traams a été fondé en 2011 mais ça faisait déjà quelques années qu’on se connaissait avec Stu (guitare et chant) et Adam (batterie), raconte-t-il. On vient de Chichester, que tu ne connais probablement pas. La ville est mignonne, historiquement chouette mais ce n’est pas vraiment le cadre idéal pour s’éclater quand t’es jeune. » Les trois zozos décident donc de réveiller cette paisible cité du

Sussex, au sud de l’Angleterre (entre Portsmouth et Brighton, ça devrait rappeler des voyages scolaires à certains d’entre-vous), en montant ce projet de groupe que Leigh peine à définir autrement que par l’expression tiroir « loud pop music ». « Perso, j’écoute aussi bien du prog rock, du hip-hop que du hardcore, Adam est dans le grunge et Stu est pas difficile. En mixant nos trois zones d’influences, t’obtiens un truc assez généraliste. » Testé au casque via un premier EP, Ladders, puis un album, Grin, Traams s’apprécie à sa juste valeur en live, le groupe ayant déjà une solide expérience de la scène. « On a la chance de tourner en


James Kendall

Europe depuis nos débuts, un truc comme 90 concerts et pas mal de bon temps. Un exemple ? Une partie de saute-mouton sur scène en Estonie, avec Shona du groupe Honeyblood (un autre groupe de l’excellent label de Traams, FatCat Records, ndlr). Cela dit c’était plutôt con, je me suis déchiré le talon d’un pied, j’ai pas pu marcher pendant un moment après… » La bande garde aussi un excellent souvenir de son premier passage en Bretagne à la Route du Rock. « Je dirais même que c’était splendide, une étape importante pour nous, insiste Leigh. On n’a pas l’habitude de jouer devant autant de monde. » Actuellement en Angleterre, le trio (« Trois c’est la bonne formule, on compte rester comme ça, à moins que Johnny Marr veuille se joindre à nous… ») revient dans nos contrées en débutant une petite tournée par une date à Lorient, avant d’aller secouer le Printemps de Bourges. Régis Delanoë Le 18 avril au Manège à Lorient 41


RDV

SCOTCH ON THE ROCK APRÈS UNE PREMIÈRE DATE AUX BARS EN TRANS OÙ ILS AVAIENT REMPORTÉ LE TITRE DE MEILLEUR ESPOIR, LES GARÇONS DE FEU! CHATTERTON FONT LEUR RETOUR EN BRETAGNE. AVEC L’ENVIE DE CONFIRMER LE BIEN QU’ON PENSE D’EUX.

DR

uestion… un indice chez vous… Et top ! Je suis une équipe parisienne venue à Rennes en décembre où j’ai remporté aisément une victoire dans l’hiver breton. Beaucoup misent sur moi pour remporter de nouveaux titres cette saison. Je suis ? Je suis ?... Le PSG ? Perdu. Feu! Chatterton ? Gagné ! « Rennes reste notre meilleur concert, estime d’ailleurs toujours Sébastien, le guitariste du quintet. Pendant les Trans, Rennes est une ville qui déchire. Le samedi matin, après une nuit blanche, on s’est retrouvé au comptoir d’un resto à se faire payer à bouffer par la femme du chef. À Paris, tu ne vis jamais ça ! » À défaut d’aventure culinaire, Feu! Chatterton y a tout de même façonné sa musique. Entre des arrangements rock, une batterie parfois jazz et un chanteur venu du slam (mais qui ne fait pas de slam), le premier titre La Mort dans la pinède est déroutant. Côté textes, l’héritage de Jean Fauque, longtemps parolier d’Alain Bashung, sonne direct. « Bashung a sorti un album appelé Chatterton, précise 42

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Arthur, le chanteur un peu dandy. Mais notre nom vient du tableau La Mort de Chatterton de Henry Wallis. » Après avoir goûté au Trianon et ses 1 500 spectateurs lors de la première partie de Connan Mockasin, Feu! Chatterton prépare ses futures dates, les Francos cet été notamment. En attendant, un premier EP sortira à la mi-mai. Quatre titres sont au programme. Dont Côte Concorde, un morceau dans lequel la tragédie du paquebot Costa Concordia gagne en poésie. « Ce naufrage est une fable, explique Arthur. Il s’est produit un vendredi 13 ! Ce jour-là en plus, la France perd son triple A. Là, arrive cet énorme paquebot rempli de nouveaux riches, qui ne sont en fait que de pauvres gens ayant l’impression de vivre dans le luxe. Un monstre des mers qu’un petit caillou réussit à éventrer. C’est cruel et propice au cynisme. C’est comme ça que la réalité vient nourrir la fiction. » Brice Miclet Le 19 avril au festival Mythos à Rennes


DR

SAME OLD BAND : LABEL AFFAIRE

AVEC LEUR ROCK PSYCHÉ, CES LORIENTAIS PEUVENT DEVENIR LA JOLIE SURPRISE DE 2014. JOUEURS DU GRENIER C’est fin 2010 que Fabien, 24 ans, Thibault et Antoine, 23 ans, rejoints plus récemment par Marion, 22 ans, ont créé le groupe. « On faisait tous un peu de musique au lycée. On trainaît au Galion et au Manège, situe Fabien. Un jour, Antoine nous a invités pour jammer dans son grenier. Premier concert au tremplin des Indisciplinées en 2010, on le gagne. Le groupe était lancé. » MI-IKEA, MI-WEST COAST Couvé par MAPL et l’Échonova, The Same Old Band porte haut les couleurs du rock morbihannais, avec un style psyché rétro emprunté à quelques glorieux aînés : « On kiffe les Suédois de Dungen et de Goat. Brian Jonestown Massacre aussi, ça nous parle. » LABELLISÉ CHARRUES Programmés aux dernières Trans, Fabien et sa bande en ont profité pour sortir un premier single, Done Me Good. « On prépare l’album qui pourrait sortir à la fin de l’été. » Avant cela, il y aura quelques concerts et une belle exposition médiatique via le Label Charrues, qui remplace cette année le tremplin du festival carhaisien. Le 12 avril à L’Échonova, le 26 à l’Antipode, le 9 mai à La Citrouille, le 17 au Run ar Puñs 43


RDV

« DIRE DES SALOPERIES TOUS LES MIDIS » AVEC SON HUMOUR NOIR, LE BRETON PIERRE-EMMANUEL BARRÉ A RÉUSSI À FAIRE DE SES CHRONIQUES LE MOMENT LE PLUS COOL DE « LA NOUVELLE ÉDITION ». TÉLÉVISION, LIBERTÉ D’EXPRESSION ET VANNES TRASH : IL BALANCE TOUT. lors comme ça il paraît que t’es Breton. Tu viens d’où exactement ? Je suis né à Quimperlé, j’ai grandi au Pouldu. J’ai fait mon lycée à Lorient avant d’aller à Rennes en fac de bio. Mais j’ai vite arrêté : je faisais pas mal la fête et je picolais tous les soirs… Je me suis ensuite installé à Paris car je voulais faire du théâtre. Alors comme tout le monde, je me suis inscrit au cours Florent, mais c’était pas terrible. Tu es sur France Inter depuis 2012 et sur Canal depuis la rentrée, comment t’as atterri là-bas ? J’ai rencontré Frédéric Lopez à Avignon où je jouais mon spec44

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tacle Pierre-Emmanuel Barré est un sale con. Ça lui a plu et il m’a proposé de rejoindre son équipe. Pour Canal, c’est la femme du rédacteur en chef de La Nouvelle Édition qui m’écoutait à la radio et qui m’a conseillé. Mais la télé ne rentre pas du tout dans mon plan de carrière : je ne voulais pas spécialement en faire, je ne la regarde pratiquement pas. Je trouve que c’est un truc assez abrutissant.

dire à peu près tout. Pour moi, il n’y a rien de sacré. Je pense qu’on a le droit de se moquer de tout. Après forcément, on m’a déjà censuré quelques trucs.

Quoi par exemple ? Un jeu de mot sur la Shoah. Avec ce qui s’est passé avec l’affaire Dieudonné, on m’a demandé de le modifier. Sinon, je n’ai pas trop le droit aux blagues sur les autres émissions de la chaîne. J’avais écrit un truc Tu ne te prives pas pour autant sur Pierre Ménès (la chronique pour y dire des horreurs. Tu fais racontait que le Costa Concordia pas mal de vannes sur la pédophi- avait pu être relevé grâce à la techlie, les maladies... Canal relit tes nique utilisée tous les matins pour textes ou t’as une liberté totale ? lever Pierre Ménès, ndlr). J’ai dû le Je soumets mes papiers avant mais virer car il serait un peu susceptible. j’ai énormément de liberté. Je peux Les gens manquent de dérision.


Ça se passe bien avec l’équipe de La Nouvelle Édition ? Ils n’ont pas l’air d’avoir trop le sens de la fête... Bah écoute, ils sont plutôt marrants ! Je n’aurais pas aimé me retrouver dans une émission à la Hanouna où ça crie, où les mecs font tout ce qu’ils peuvent pour être filmés, quitte à dire de la merde. À La Nouvelle Édition, ce n’est pas comme ça. J’aime son côté posé. Et puis, je trouve ça plus marrant d’aller dire des saloperies tous les midis dans une émission bon enfant que d’aller prêcher des convertis en faisant de l’humour noir à 23 h. T’aurais pas préféré être au Grand Journal ? Je n’aurais pas eu le droit de dire la moitié de ce que je dis. La Nouvelle Édition, c’est le midi, c’est pas une émission à forte audience, c’est l’idéal. C’est quoi les sujets qui font le plus réagir ? La Corse ! (rires) Suite à une chronique, la Ligue des droits de l’Homme de Corse a saisi le CSA... Mais ce qui touche le plus les gens, c’est les trucs du quotidien. Les femmes battues par exemple. Tu peux en rigoler mais ça fait toujours réagir. Je peux faire trente vannes sur des centaines de migrants morts noyés sans avoir trop de réactions, alors que si je fais une blague sur une femme tabassée je reçois une dizaine de lettres. C’est compliqué de faire de l’humour noir de nos jours ? Du moment que c’est drôle, tu peux rire de n’importe quel sujet. Si les gens rient avant d’être gênés, je considère que c’est réussi. Recueilli par Julien Marchand Du lundi au jeudi à La Nouvelle Édition sur Canal Plus 45


RDV

ESPOIRS Ô DES ESPOIRS PORTÉS PAR L’EXCELLENT MORCEAU « HOPE », LES TOULOUSAINS DE KID WISE ONT FAIT FIGURE DE RÉVÉLATION DE LA FIN D’ANNÉE 2013. AVEC UN PREMIER ALBUM PRÉVU DANS QUELQUES MOIS, LES CINQ GARS ESPÈRENT AUSSI MARQUER 2014.

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pop progressive teintée d’électro. Un set de 50 minutes ponctué de l’excellent hit Hope, morceau porté par un clip très léché, visionné plus de 200 000 fois sur YouTube en à peine six mois. « Kid Wise a commencé comme un projet solo mais il a naturellement débouché vers un vrai collectif, via des connaissances qui sont devenues des membres à part entière, situe Augustin. J’ai trop l’esprit groupe pour garder mon truc dans mon coin. » Au pays du rugby, on aime

réussir en équipe. « L’EP est sorti cette année (en 2013, ndlr), avec l’idée de sortir un album d’ici quelques mois. Quelques compos sont déjà prêtes mais inutile de se précipiter. » Les garçons comptent prendre les matchs les uns après les autres. « C’est un milieu qu’on prend le temps de découvrir. Il ne faut pas se faire happer par un effet buzz éphémère, mieux vaut miser sur le long terme. » R.D Le 20 avril à Panoramas à Morlaix

Claire Dorn

amedi 7 décembre 2013, dernier jour des Bars en Trans, le chouette petit frère des Trans Musicales. Son créneau au jeune frangin, ce sont les découvertes. Un défrichage de talents qui a permis aux organisateurs de repérer les Toulousains de Kid Wise, programmés le soir même au bar Le Sympatic. En attendant, le groupe termine ses balances. Après une séance photo, il est prêt pour les interviews. Un exercice auquel ses membres se prêtent entre amusement et étonnement. « C’est toujours surprenant de constater qu’on intéresse du monde au-delà de notre cercle de connaissances, on a du mal à s’habituer à ces choses-là », explique Augustin, chanteur, clavier et leader du groupe, composé de cinq jeunes gens âgés entre 17 et 26 ans. « Certains d’entre nous sont encore à l’école, on est tout neuf dans le milieu, tout nous émerveille. Venir en Bretagne par exemple, c’est une première. On est venu en camion, sur deux jours, une bonne expédition. Puis là on découvre qu’on joue dans la fameuse rue SaintMichel de Rennes, ça promet pour ce soir. » Le concert sera effectivement une réussite, avec déjà une étonnante maturité et un registre séduisant de


Antonin Fourneau

À HUIT SUR PACMAN

CONTRÔLER À PLUSIEURS UN MÊME PERSONNAGE DE JEU VIDÉO : LE GAMEPLAY RÉINVENTÉ. Twitch plays Pokemon : c’est le nom d’un projet participatif plutôt fou qui s’est terminé début mars. En l’espace de 16 jours, 7 heures et 45 minutes, 100 000 internautes sont venus à bout du jeu Pokemon rouge. Connecté sur Twitch.tv, chaque joueur pouvait lancer une commande par le biais d’un chat, centralisant tous les signaux et contrôlant ainsi le héros. Pour résumer, c’est comme si les 100 000 gamers se partageaient une même manette. Un sacré bordel qui après 17 tentatives dans le combat final – faute de coordination – a quand même permis la victoire. Sommes-nous donc meilleurs à plusieurs ? C’est l’une des questions qu’Antonin Fourneau explore grâce à son installation Eggregor8 (photo) qu’il présente au festival Bouillants. Principe ? Huit joueurs qui essaient de contrôler un seul et même Pacman. « C’est intéressant de voir les mécaniques sociales qui se créent, explique l’artiste numérique. Il y a ceux qui crient pour imposer leur façon de jouer, ceux qui font pause pour se parler, ceux qui jouent à tour de rôle… Un jeu nous apprend une façon de jouer, ici on la casse pour en découvrir de nouvelles. » Festival Bouillants à Vern-sur-Seiche Du 6 avril au 1er juin 47


VTS

VIDE TON SAC MIOSSEC CHRISTOPHE MIOSSEC S’APPRÊTE À FÊTER SES 20 ANS DE CARRIÈRE AVEC LA SORTIE DE SON 9E ALBUM STUDIO,« ICI-BAS, ICI-MÊME ». POUR CET ANNIVERSAIRE, QUATRE AMIS ET TÉMOINS PRIVILÉGIÉS DE SON PARCOURS REVIENNENT SUR LEURS SOUVENIRS PARTAGÉS AVEC LE BRESTOIS.

Albin de la Simone, auteur-compositeur-interprète, a travaillé sur l’arrangement du nouvel album de Miossec. La première rencontre ? C’était il y a un an lors d’un spectacle hommage à Bashung. Christophe et moi étions sur scène. Ça a tout de suite bien fonctionné. Et c’est en août dernier qu’on a décidé de travailler ensemble. Ce que tu garderas de ta collaboration avec lui ? La chance d’avoir pu travailler avec cet artiste. J’aime sa façon de faire. C’est quelqu’un qui écrit tout le temps et partout. À la différence de beaucoup d’auteurs qui sacralisent leurs textes, Christophe n’a pas peur de modifier ou de jeter. Ça donne envie d’écrire toujours plus. Ce qu’il a apporté à la chanson française ? Une personnalité qui n’existait pas avant. Il colore la chanson d’une façon qui lui est propre. Ce n’est pas le cas de beaucoup d’artistes. La chanson préférée ? La Fidélité. Une chanson où il y a du romantisme dans le refrain et de la crudité dans les couplets : ça définit bien Christophe je trouve. 48

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Gustave Kervern, réalisateur, auteur, a réalisé le clip de Chanson pour les amis et interviewé Miossec pour l’ouvrage Petits moments d’ivresse. La première rencontre ? Pour une émission de Radio Nova. On a beaucoup causé de l’île Maurice, où je suis né et où il a vécu à une période de sa vie. Ce que tu garderas de ta collaboration avec lui ? Pour Petits moments d’ivresse, j’avais tenu à aller chez lui à Brest. Il m’avait proposé de rester dormir, j’avais refusé en craignant la cuite. En fait, il avait déjà arrêté de boire, il tournait à un vin sans alcool appelé “Bonne Nouvelle”. Quand je suis avec lui, je me sens bien. Ce qu’il a apporté à la chanson française ? C’est l’un de mes deux paroliers préférés avec Souchon. J’aime son humour pince sans rire, sa fragilité, ses failles. La chanson préférée ? J’ai pas la mémoire des titres mais ça a été un plaisir de réaliser le clip de Chanson pour les amis. Il le sait pas encore mais je lui ai dégoté un rôle pour mon prochain film, une adaptation d’un bouquin de Jean Teulé, Fleur de Tonnerre, sur une serial killeur bretonne au XIXe.


Charles Muzy, patron du Vauban à Brest, institution de la vie culturelle et nocture où Miossec a ses habitudes. La première rencontre ? On se connaît au moins depuis une trentaine d’années avec Christophe. Quand il était jeune, il venait manger avec ses parents au restaurant du Vauban. Par la suite, il fréquentait pas mal les lieux pour le bar du haut et les concerts du bas. Ce que tu garderas de ta collaboration avec lui ? Il a bien dû jouer une trentaine de fois au Vauban. Une immense fierté d’avoir pu l’accompagner. On ne s’est jamais lâché. Je me souviens de sa première date ici sous le nom de Miossec. C’était en 1994 en première partie de The Divine Comedy. Je ne vais pas dire qu’il a volé la vedette au groupe de Neil Hannon mais on n’en était pas loin. Il y avait déjà une grosse attente sur lui. Ce qu’il a apporté à la chanson française ? Depuis que se sont éteints des gens comme Ferré ou Brel, c’est pour moi l’un des meilleurs. Il tient haut la main la chanson française. Des mots aussi forts, on n’en trouve que chez lui. La chanson préférée ? La Fidélité. C’est un morceau qui me touche. Et qui correspond bien aux Brestois.

Yann Tiersen, auteur-compositeur-interprète, a produit l’album Finistériens de Miossec en 2009. La première rencontre ? C’était pour une émission de radio, on était tous les deux invités. En 2001 je crois bien. Ouais, si tard. On est du même coin mais on n’avait pas encore eu l’occasion de se croiser jusque là. Ce que tu garderas de ta collaboration avec lui ? L’idée de base, c’était de faire un album ensemble. Puis finalement, le projet à évolué et je me suis retrouvé à la production de Finistériens. Christophe amenait ses textes et moi je me chargeais de la musique. On a fini par mixer le tout à Bruxelles, c’était cool, comme la tournée qu’on a fait tous les deux avant la sortie de l’album. Ce qu’il a apporté à la chanson française ? C’est un grand chanteur de variété. La variété au sens noble du terme, attention. C’est un bon compositeur avec un vrai univers d’écriture qui lui est propre. La chanson préférée ? Tout le répertoire de Boire. J’aime aussi les suivants bien sûr mais celui-là était le plus frais, le plus surprenant. ► Sortie d’Ici-bas, ici-même le 14 avril ► Du 9 au 12 avril au Quartz à Brest

et le 27 mai au TNB à Rennes

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AGENDA

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RECOMMANDE

BJM

MÉTAL HURLANT

JELLO BIAFRA

BOYS NOIZE

C’est toujours un plaisir de voir revenir Anton Newcombe et le Brian Jonestown Massacre sur une scène bretonne. Les anti-héros du docu mythique Dig! viennent défendre la sortie d’un nouvel album, Revelation. Déluge de guitares old school et psyché en prévision. Avec Joel au tambourin ?

« 1975-1997, la bande dessinée fait sa révolution », annonce le titre de l’actuelle expo du Fonds Leclerc pour la culture. Cette révolution, c’est celle d’un mag mythique de la BD, Métal Hurlant, dont on redécouvre ici l’histoire grâce à 350 originaux signés Gotlib, Franquin, Blutch, Sfar... Foncez !

L’ancien leader des géniaux Dead Kennedys (Holiday in Cambodia, c’est eux, la version punk déglinguée du Viva Las Vegas d’Elvis Presley aussi) continue sa carrière en solo, avec toujours sa voix haut perchée et son militantisme vert teinté de rouge. Un parfait mashup de Zack de la Rocha et de Joe Strummer.

Le DJ allemand, qui avait marqué l’année 2007 avec son album Oi Oi Oi et son remix de My Moon My Man de Feist, sera l’une des têtes d’affiche de la 16e édition de Panoramas. L’auteur de l’EP Go Hard l’an passé devrait bien secouer le Grand Club, plateau qu’il partagera avec Mr. Oizo et Rone. Belle triplette.

POULAIN CORBION La scène principale d’Art Rock bute vraiment bien cette année, avec notamment Foals, François & The Atlas Mountains, Temples (photo) et la curiosité Alice Cooper. Cette fois, pas de Sexion d’Assaut ni de Skip The Use dans les parages, ça fait plaisir. À Art Rock à Saint-Brieuc Du 6 au 8 juin

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RUFUS

BIENVENUE PRINTEMPS

Dans sa pièce Les Jaillissantes, Rufus s’attaque à un sujet pour le moins suprenant : les femmes fontaines. S’appuyant sur des lettres de femmes et des témoignages d’hommes, le fantasque comédien tente de lever le voile sur cette réalité encore méconnue du plaisir féminin.

Le Théâtre de Poche s’apprête à fêter l’arrivée des beaux jours avec la 4e édition de sa soirée électronique “Bienvenue Printemps”. Au menu : les Anglais du DMX Crew, le duo rennais Splash Wave ou encore le collectif techno Minimum Syndicat (photo).

À Mythos à Cesson-Sévigné Le 16 avril

À Panoramas à Morlaix Le 18 avril

Au Théâtre de Poche à Hédé Le 12 avril

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À La Carène à Brest Le 25 avril

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À Landerneau Jusqu’au 11 mai

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Le 24 mai à La Carène à Brest Le 25 mai à Stereolux à Nantes

PLEASE, CONTINUE C’est l’histoire d’un procès. Et pas celui de n’importe quel accusé : Hamlet, jugé pour avoir tué Polonius, le père de sa petite amie Ophélie. Une pièce étonnante où le destin et la trajectoire des personnages de Shakespeare sont décortiqués par des juges, avocats et jurés.

Au Théâtre de Cornouaille à Quimper Les 9 et 10 avril




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