JUIN-JUILLET-AOÛT 2017 #32
TEASING
À découvrir dans ce numéro...
«LA FEMME AUX MILLE TATOUAGES» MARILYN MANSON
CHOUCHEN
SURPLUS
PICASSO
CHAMPION DU CRACHER DE BIGORNEAUX
BREXIT
ERASMUS
NATURISME
FANFARE ÉLECTRO
NANAR
«UN REPAS ARROSÉ AVEC LE PEN ET TABARLY»
ÉDITO
ABÉCÉDAIRE DE L’ÉTÉ 2017 A comme… Apéro. Hé hé. /// B comme… Biafine. Cherche pas, c’est elle ta copine de l’été. /// C comme… Complet. Les Charrues et le Bout du Monde affichent déjà sold out. /// D comme… D’équerre, décalqué, démâté : ton état après trois jours de festival. /// E comme… Eder. Un an que le Portugais a crucifié les Bleus en finale de l’Euro :( /// F comme… Festival. N’oublions pas le tout premier organisé en Bretagne : Elixir en 1979. /// G comme… Guy Cotten. Le ciré jaune idéal pour reconnaître les touristes. /// H comme… Homard bleu. La mascotte estivale se trouve à Océanopolis à Brest. /// I comme… Îles. Celles de Bretagne : toujours une bonne idée l’été. /// J comme… Jokari.« C’est la piquette, Jack ! » /// K comme… Kenavo la fac et le boulot. On se revoit en septembre. /// L comme… « Libérez Bob L’Éponge, libérez Bob L’Éponge ! » /// M comme… Mercato. Les rumeurs de transfert foot : un Subutex en attendant la reprise. /// N comme… Naturisme. 18 plages bretonnes tolèrent cette pratique. /// O comme… Ouvrebouteille, toujours en avoir un de réserve dans l’Eastpak. /// P comme… Palets ou pétanque ? Les deux ! /// Q comme… Quechua. La marque de la tente 2 Seconds fête ses 20 ans. /// R comme… Rosé pamplemousse. Et si on arrêtait d’en boire ? /// S comme… Saucisses ou sardines : le dilemne du barbeuc /// T comme… Tour de France. Pas d’étape chez nous cet été. RDV en 2018 ! /// U comme… Ubiquité, un don bien pratique avec le calendrier dense des rendez-vous estivaux /// V comme… Ventriglisse, un classique des campings de festivals. /// W comme… Wagon. La LGV déboule le 2 juillet. /// X comme… Xavier Grall, la scène découvertes des Charrues. /// Y comme… « Yakalélo, yakalélo ! » /// Z comme… Zéro. Le nombre de thunes qu’il te restera fin août. La rédaction
SOMMAIRE 6 à 11 12 à 27 28 à 35 36 à 41 42 à 47 48 & 49
WTF : collab’, surplus militaire, Airbnbouffe, racheter un festival... Tops 3 de l’été BZH-UK : no future ? Le tatouage, toujours rebelle ? RDV : Super Parquet, Rennes-Yaoundé, Yak, Shame Il était un petit navire
50 BIKINI recommande 4
juin-juillet-août 2017 #32
Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Isabelle Jaffré, Brice Miclet, Jean-Marc Le Droff, Maud Gautier / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Consultant : Amar Nafa / Couverture : Richard Baker / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (St-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Mickaël Le Cadre, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2017.
WTF
QUELLE COLLAB’ MUSICALE VOIR ?
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TEL EST VISIONS
UN GROUPE + UN GROUPE = UN GROUPE. MATHÉMATIQUEMENT, C’EST FAUX, MAIS ARTISTIQUEMENT C’EST CORRECT. LA PREUVE AVEC CES TROIS UNIONS MUSICALES DE PASSAGE DANS LE COIN CET ÉTÉ.
Mathieur Renoult
Le festival Visions en est à sa cinquième édition et commence à franchement s’imposer dans le paysage estival breton. Ses singularités ? Un site exceptionnel (le fort de Bertheaume), une prog’ indé bien bien pointue (d’obédience électro, rock et expérimentale) et un accueil high level (bières locales, bouffe artisanale…). Du 4 au 6 août à Plougonvelin.
MÖD3RN
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CROQUE-MITAINE
S’il semble de plus en plus intéressé par le ciné, Marilyn Manson n’en a pas moins oublié son premier amour pour la musique qui fait peuuuur. Le festival Fête du Bruit, jamais avare de revival nineties, réussit un joli coup cette année en le faisant venir en BZH pour sa seule date française de l’été. Le 12 août à Landerneau.
MUSIC, BEACH !
quiberon
La salle de concert L’Échonova met les voiles direction Quiberon pour une soirée électro qui s’annonce pas piquée des hannetons. Son nom ? Kiberen 4Live. À la prog notamment, ces diables de Christine. Le tout pour 2 euros, la belle affaire. Le 21 juillet. 6
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Maxime Dangles, Electric Rescue et Roman Poncet (aka Traumer) : trois noms déjà bien installés de la scène techno française qui ont décidé de s’associer il y a quatre ans pour former Möd3rn. Un (joli) monstre à trois têtes, six mains et tout un tas de machines. Six EP ont déjà vu le jour, avant la sortie cet été – enfin – d’un premier album, Trois : tribal, sombre et dansant. Hashtag can’t wait, comme disent les jeunes Quand et où ? Le 1er juillet à Astropolis à Brest
ALLTTA
Vous les avez peut-être vus à Mythos en avril. Derrière AllttA (pour “A Little Lower Than The Angels”) se cachent deux visages de la scène hip-hop (photo) : le beat-maker nantais 20syl (Hocus Pocus et C2C) et l’Américain Mr. J. Meideros (The Procussions). Après un premier EP l’an passé, les deux gaziers ont concrétisé leur amitié de 10 ans en sortant cette année leur premier album The Upper Hand. Quand et où ? Le 13 juillet aux Vieilles Charrues à Carhaix
UN AIR DEUX FAMILLES
Incontournables à la fin des années 90 sur les compils du magazine Rock Sound (dont Thomas VDB était le rédac chef !), Les Ogres de Barback et Les Hurlements d’Léo sont depuis toujours sur les routes, avec leur casquette de piliers de la scène rock alternative française. Seize ans après une tournée commune en 2001 qui avait vu naître l’album Un Air deux familles, les deux groupes remontent ensemble sur scène. Pour un nouveau tour de piste. Quand et où ? Le 7 juillet à Festidreuz à Fouesnant, le 8 juillet au Foin de la Rue à Saint-Denis-de-Gastines et le 26 août à Couvre Feu à Frossay
WTF
SURPLUS MILITAIRE : RIP LE TREILLIS ? VESTES KAKI, RANGERS, FUTALS CAMOUFLAGE… LES MAGASINS DE SURPLUS MILITAIRE TENDENT À SE RARÉFIER DANS LA RÉGION, AU GRAND DAM DES CHASSEURS MAIS AUSSI DE CERTAINS ÉTUDIANTS ET TEUFEURS. de fidèles. « Des chasseurs, des bricoleurs, des passionnés mais aussi encore pas mal de jeunes », détaille Pierre Touzé, le néo-retraité de Quimperlé (et père du gérant du magasin de Ploërmel). Si « les teufeurs sont moins nombreux qu’à une de moins en moins d’articles à pro- époque » à se ruer sur les derniers poser à la vente : l’armée française futals camouflage et les rangers, pas n’a plus assez de troupes pour nous mal d’étudiants viendraient encore se refiler ensuite la seconde main qu’on fringuer dans ces bazars à troufion. avait l’habitude de proposer », avance « Des étudiantes plus exactement, Alexandre Touzé. signalent les Touzé père et fils. En ce moment, c’est la veste kaki unie Les pros de la fripe qui marche pas mal. » Un basique de soldats l’assurent de garde robe estimé à une quinzaine pourtant : ils gardent une clientèle d’euros. DR
Ces derniers mois, deux magasins de surplus militaire ont mis la clé sous la porte : l’emblématique surplus rue SaintMichel à Rennes et la boutique Bretagne Surplus à Quimperlé. « Un départ à la retraite pour ce dernier, sans repreneur », signale Alexandre Touzé, du surplus de Ploërmel, qui dresse l’état des troupes proposant des vêtements neufs ou d’occase de l’armée : « Désormais dans la région, il y a moi, une petite échoppe à Lorient (Mini Stock Army, ndlr) et La Grande Évasion sur le port de Brest, c’est tout. » S’ajoute à cela l’amaigrissement des stocks : « On a
Constanze Kaul
LA BARRE DE FAIR
Dispositif d’accompagnement et de soutien des jeunes groupes et artistes émergents, le FAIR (fonds d’action et d’initiative rock) voit un paquet de ses lauréats 2017 se faire une place en festivals. Et c’est tant mieux. Parmi la promo de cette année de passage en Bretagne cet été, on retient notamment : les rockeurs bourguignons (photo) de Johnny Mafia (Au Pont du Rock), le beat-maker électro-tropicale Clément Bazin (Art Rock, Charrues), l’inclassable Fishback (Beauregard, Bobital, Au Pont du Rock) ou encore le rappeur poitevin KillASon (Art Rock, Charrues).
QUI VEUT SON PASS FESTIVAL ? On vous offre des places pour La Nuit de l’Erdre, Accords et à Cris, Au Pont du Rock, Roi Arthur, Au Foin de la Rue, Art Sonic, Chauffer dans la Noirceur. RDV sur notre page Facebook ! 8
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AIRBNBOUFFE
DERNIÈRE ÉTAPE À FRANCHIR DANS L’UBÉRISATION DE LA SOCIÉTÉ : LA RESTAURATION ENTRE PARTICULIERS. La pratique a droit à plusieurs appellations : social dining, foodsurfing, eatsharing. Pour la définir clairement, il s’agit d’une sorte d’ubérisation de la restauration. Avec un principe simple : des cuistots amateurs accueillent à leur domicile des gourmands en quête d’une alternative aux restos classiques. Différentes start-up ont tenté de s’engouffrer dans la niche. Certaines ont déjà disparu (Social Appetit, MeetCook…), d’autres (Cookening, Live My Food) se sont fait avaler par l’actuel leader mondial VizEat. Cette plateforme reste néanmoins encore assez peu présente en dehors de Paris. Une autre, VoulezVousDiner.com, tente de s’imposer mais, là encore, la Bretagne se fait discrète avec une dizaine d’inscrits proposant un gueuleton à dom’. Interrogés, deux d’entre eux pointent « la méconnaissance du concept » pour justifier ce peu d’engouement. Pas de quoi décourager la Quimpéroise Énora Goulard qui a lancé il y a un an son site baptisé Paupiette. « De l’intergénérationnel mettant en relation des étudiants en recherche de bons plats pas chers (prix fixe : 7 € le menu complet, ndlr) avec des seniors qui veulent casser leur solitude. » Un concept misolidaire mi-uber qu’elle a pour l’instant développé dans le Finistère (une cinquantaine de personnes fédérées), ainsi que du côté de Bordeaux et Paris, « en attendant d’étendre le réseau ». 9
WTF
RACHETER UN FESTIVAL, C’EST POSSIBLE ?
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TATANES POWER
CHANGEMENT DE PROPRIÉTAIRE. C’EST LE CAS DE ROCK EN SEINE QUI, AU PRINTEMPS, A ÉTÉ VENDU À MATTHIEU PIGASSE, DÉJÀ PRÉSIDENT DES EUROCKS. EN ATTENDANT LE TOUR DES ÉVÉNEMENTS BRETONS ?
Sébastien Bozon / AFP
Depuis 2005 a lieu le festival Chausse tes Tongs. Un drôle de nom pour un week-end de musique. Pour cette 7e édition, un line-up bien chiadé : Miossec, Rachid Taha, Ropoporose, Lysistrata... À TrévouTréguignec du 18 au 20 août.
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DANS TES RÊVES !
Elle a connu une année à fond les ballons. Chaînon manquant entre M.I.A. et FKA Twigs, la Quimpéroise Sônge a trimballé son r’n’b lunaire dans toute la France. Retour dans l’Ouest cet été où on la retrouve aux Vieilles Charrues, aux Papillons de Nuit, ainsi qu’à Quimperlé le 19 juillet pour une date (gratos) organisée par MAPL avec Octave Noire et Liev. Bon plan.
MANGE TA GALETTE
skeud
Trois sorties sont à signaler ces temps-ci. Pour les fans de garage, c’est Noël en été avec le premier opus des Dinannais de Cheapster, baptisé Revenge et celui des Brestois du Mamøøth, Brest Baywatch. Ex-Micronologie et Darjeeling Speech, le Rennais Oliver Saf sort l’EP Aux Murmures de l’aube. Une pop urbaine à découvrir au Festival du Roi Arthur le 26 août. 10
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En mars dernier, Matthieu Pigasse (photo), patron de la banque Lazard, s’est offert le festival parisien Rock en Seine. Une acquisition de plus de la part du millionnaire, propriétaire de Radio Nova et des Inrocks, déjà président des Eurockéennes de Belfort. Pour ce qui ressemble fortement à une OPA sur la coolitude made in France. Si on n’a pas le portefeuille de l’homme d’affaires, on s’est quand même renseigné auprès des festivals bretons. Alors, c’est possible de vous racheter ? « Le festival n’est pas à vendre et ce n’est pas d’actualité, fait savoir Guillaume Rocaboy, du Bout du Monde à Crozon. Nous avons eu il y a deux ans une proposition de rachat de la part d’une entreprise finistérienne dans le secteur du spectacle. Mais nous l’avons refusée catégoriquement. Nous n’avons jamais imaginé valoriser ce projet humain pour le revendre. » Même son de cloche à Carhaix. « Les Vieilles Charrues appartiennent à
l’association du même nom. Aucune autre structure n’est partie prenante et il n’en est absolument pas question car nous tenons à notre indépendance, explique Claire Malard, chargée de communication. Le festival est ancré dans le territoire centre-breton, un rachat n’aurait aucun sens. À ma connaissance, nous n’avons jamais reçu d’offre. » Pas le cas de La Route du Rock dont le positionnement diffère. « On reste un festival 100 % indépendant mais on ne ferme aucune porte. Bénéficier de l’appui d’un financier à condition de garder la pleine maîtrise artistique : on aurait tort de s’en priver. L’argent c’est le nerf de la guerre, reconnaît François Floret, le directeur du rendezvous malouin. On a d’ailleurs eu une belle opportunité en 2007 lorsque des financiers israéliens, dont on a su plus tard qu’ils étaient millionnaires, voulaient monter un partenariat avec nous. On s’est même rendu à Tel Aviv, jusqu’à ce que finalement les choses capotent. »
DOSSIER
TOPS 3 DE L’ÉTÉ
MUSIQUE, EXPO, PATRIMOINE, LOISIRS, CONSO... VOICI EN EXCLU LE MEILLEUR DE L’ÉTÉ 2017 EN BRETAGNE. QUI VOIR, OÙ ALLER, QUOI FAIRE : ON VOUS DIT TOUT. 12
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DOSSIER
De l’étranger, les Français sont considérés comme des mangeurs de grenouilles alors qu’honnêtement, on est tous des Macron, on préfère le cordon bleu. La Bretagne, c’est pareil avec le chouchen : les touristes en ramènent de leurs vacances en pensant que c’est l’alcool local alors qu’en fait pas vraiment… « Sur les 120 000 bouteilles qu’on vend chaque année, un bon tiers part pendant la période estivale, donc oui on peut dire que c’est une boisson touristique », constate Erwan Lefebvre, le responsable production de la distillerie Warenghem, basée à Lannion, dont le chouchen Mélmor représente 15 % du chiffre d’affaires et qui a une situation de quasi monopole sur cette boisson.
Du coup, quid de l’hydromel que les Parisiens sont fiers d’avoir acheté ? « En fait, l’hydromel c’est le nom générique et le chouchen le nom breton mais c’est la même chose, prévient Patrick Gouédard, de la société Chouchen d’Armor. Autrefois il y avait bien une différence, le chouchen se distinguant des hydromels par la présence de jus de pomme frais, mais aujourd’hui la législation l’interdit. » Hydromels comme chouchens possèdent donc désormais la même base : de l’eau, du miel et des levures, pour une liqueur qui titre à 13 degrés et qui se consomme surtout à l’apéro. L’apéro, ce délicieux rituel où un cocktail permet aussi de vite repérer les touristes en recherche de sen-
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TOP 3 DES BOISSONS QUE SEULS LES TOURISTES PRENNENT
sations fortes et de vraies-fausses traditions régionales : le kir breton, soit l’association d’une crème de mûre ou de cassis et de cidre. Pas fou, le local saura que le cidre, c’est pour les crêpes et que c’est pêché de l’altérer avec du sucre.
TOP 3 DES SQUATTEURS DE FESTIVALS On les retrouve chaque été. Ces groupes bookés, archi bookés, qui tapent l’incruste dans la plupart des festivals. Sur la première marche du podium cette année en Bretagne : Meute, une fanfare électro allemande, programmée sur quatre dates dans la région (Charrues, Bout du Monde, Belle Île on air, Chant de Marin). À la suite du classement, pas mal de groupes ex aequo avec trois dates au compteur. On retient notamment les quatre Brestois de Matmatah qui font leur retour après huit années d’absence (Charrues, Roi Arthur, Fête du bruit) et le groupe La Femme (Art Rock, Au Pont du Rock et Charrues). Sans oublier Nirmaan (un chouette projet breton “hindi-rock”) et Biga Ranx qui, eux aussi, jouent trois fois cet été en terre bretonne. 14
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TOP 3 DES ÎLES À LOUER SUR AIRBNB
FORT DU PETIT BÉ Depuis deux ans, Alain-Étienne Marcel loue le fort de l’île du Petit Bé (photo), à quelques centaines de mètres des remparts de la ville close. Une démarche qui permet à ce septuagénaire de poursuivre la restauration de ce lieu qu’il a entamée il y a près de dix-sept ans. « Chaque année, j’enregistre entre sept et huit réservations. » Construit au 17e siècle, ce fort Vauban faisait partie du dispositif de défense de la cité corsaire. Prix : 600 € la nuit.
SAINT-RIOM Située dans la baie de Saint-Brieuc, se niche l’île de Saint-Riom. Sur place, trois maisons (pouvant héberger une quinzaine de personnes) ont été restaurées au cœur même de l’abbaye construite en 1184. « En 1202, les moines ont arrêté d’occuper l’île pour s’installer dans l’abbaye de Beauport à Paimpol », éclaire Ana Delaveaud, de l’office de tourisme de Paimpol-Goëlo. Prix : 2 500 € la nuit.
CUHAN L’île de Cuhan est l’unique île privée de la Trinité-sur-Mer, dans le Morbihan. Il y a plusieurs années, « elle a été occupée par des chantiers ostréicoles, explique Cécile Massal de l’office de tourisme de la Trinité-sur-Mer. Elle abrite aujourd’hui une grande maison de 300 m2. » Prix : 990 € la nuit. 15
DOSSIER
TOP 3 DES CHÂTEAUX ABANDONNÉS Parmi les trompe-l’ennui d’un jour d’été où t’aimerais juste trouver une alternative à la plage, l’urbex s’avère être une activité pas mal attrayante. L’un de ces apprentis-aventuriers dans la région, Clément Delarue, définit la chose ainsi : « L’urbex consiste à se rendre dans des édifices abandonnés – habitation, immeuble, usine – pour les photographier. » Une pratique essentiellement urbaine – d’où le nom – mais qui a aussi son pendant campagnard, le rurex. Une chasse au trésor avec, parmi les plus belles prises, les châteaux abandonnés de nos contrées. « Malheureusement ils ne sont pas nombreux, remarque Clément. Soit ils sont trop délabrés, soit ils sont difficiles d’accès car privés. » Pénétrer un tel lieu sans autorisation peut conduire à 15 000 euros d’amende et un an de prison tout de même…
remontent au Moyen Âge et qui a été racheté au 19e par le grand-père de Jean-Edern. » Lequel y habitera plusieurs mois de l’année entre les années 50 et sa mort mystérieuse en 1997. « Il y a reçu d’illustres amis : Mitterrand avant qu’il ne se brouille Cassé, pillé, délaissé avec lui, Badinter, Le Pen… » Le Après quelques recherches, la Bre- Pen ? « Oui, Jean-Marie Le Pen tagne possède néanmoins quelques au cours d’une soirée mémorable beaux spécimens du genre, en tout d’août 1992 à laquelle a également cas avec de belles histoires. Le participé Tabarly. On raconte qu’à plus remarquable d’entre eux est l’issue du repas, très arrosé, Le Pen le château de la Boixière (parfois se serait mis à reprendre des chanorthographié Boissière) sur la com- sons paillardes avec Tabarly avant mune d’Edern dans le Finistère, à d’entonner L’Internationale ! » L’acl’abandon depuis vingt ans tout juste tuel propriétaire l’ayant totalement et le décès du plus fameux de ses laissé à l’abandon, le lieu se visite habitants, le polémiste Jean-Edern aujourd’hui : lugubre et mystérieux Hallier (une sorte de Finkielkraut avec, à l’arrière du bâtiment, une époque Palace). Son biographe Jean- porte fermée aux carreaux brisés qui Claude Lamy raconte : « C’est en laissent deviner aux plus téméraires réalité un manoir dont les origines de sacrées explorations.
« Un repas très arrosé avec Jean-Marie Le Pen et Tabarly » 16
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Toujours dans le Finistère et dans un tout autre style, le manoir de Coecilian à Camaret-sur-Mer vaut également le déplacement. Déjà pour son cadre exceptionnel, au-dessus de la plage de Pen-Had, dominant majestueusement la mer d’Iroise et ses nombreux surfeurs. Ensuite pour son histoire illustre, à la triste fin. Mikaël Lugan, président des amis de Saint-Pol-Roux, un fameux poète qui a inspiré le courant surréaliste et qui a fait construire cet édifice en 1905, retrace : « L’auteur s’y est installé pour fuir Paris avec sa femme Amélie, qui disparaîtra en 1923, sa fille Divine et sa gouvernante Rose. » Cette dernière décèdera en 1940 lors d’une incursion d’un soldat allemand. Le manoir sera ensuite pillé et SaintPol-Roux mourra peu de temps après de chagrin. La propriété servira de cache aux Allemands pendant la guerre et sera détruite par un raid de l’aviation britannique en 1944. Les ruines qui en restent depuis, dont ces étonnantes colonnes, ont quelque chose de troublant.
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Le troisième lieu découvert durant notre exploration est le château du Breil à Iffendic, en pays de Brocéliande. Construit à l’origine au 14e par la famille du même nom, il passera de main en main au fil des siècles, sera en partie démoli pendant la Révolution française avant une reconstruction quasi complète au milieu du 19e siècle. « Mais il a brûlé en 1903, la faute à un peintre qui aurait mal éteint un mégot. Mon père s’en souvenait, il avait 10 ans à l’époque, ça a été toute une histoire… L’héritière d’alors n’avait pas les sous pour le retaper et l’assurance était insuffisante. Il est resté en l’état depuis », narre l’avant-dernier proprio de l’époque, André Frin, qui a cédé les lieux il y a quelques années à son fils. « Un menuisier d’Iffendic a bien eu l’idée un moment de monter une asso pour le sauver mais ça ne s’est finalement pas fait alors il est amené à disparaître, mangé par le temps… » Facilement visible depuis les champs qui l’entourent, le château du Breil est aujourd’hui muré. Seule une discrète porte à l’arrière donnerait accès à l’intérieur par la cave... 17
DOSSIER
Cécile Léna
Alors que la LGV déboule cet été, reliant Paris et Rennes en moins d’une heure et demie, Les Champs Libres ont fait du train la star de ses actuelles expos. Parmi celles-ci, Tous les trains sont des horloges, un projet réunissant cinq artistes contemporains séduits par l’imaginaire du chemin de fer. C’est le cas de Cécile Léna, auteure de l’installation Free Ticket / Kilomètre Zéro, où le spectateur est invité à prendre place à bord d’un compartiment old school entre les USA et l’Asie. En toile de fond, le voyage d’un boxeur en fuite. « Le train est inspirant car tout le monde a une histoire personnelle avec lui. C’est un moyen de transport mais aussi un lieu de vie, sans échappatoire, propice aux rencontres. » Se définissant comme un « bricoluminologue », le plasticien Flop s’est quant à lui penché sur le paysage en mouvement qu’offrent ces voyages.
Studio Joanie Lemercier
TOP 3 DES RAISONS DE VOYAGER EN TRAIN
Dans Travel-lllling, une lampe sur un rail fait naître un jeu d’ombres et de lumières sur des villes et campagnes imaginaires. « Le défilement des paysages, ce mouvement linéaire continu… Ce côté contemplatif m’a toujours plu. » Un point qui tient également à cœur à Joanie Lemercier dont les toiles lumineuses de Cosmos Express font dérouler des panoramas futuristes. « On monte à bord d’un train pour voyager d’une planète à une
autre. Un peu comme dans le dessin animé Galaxy Express. Je me suis ici concentré sur cette fenêtre sur l’extérieur, explique l’artiste dont le grand-père était cheminot. C’est un thème qui – forcément – me parle. La machine en tant qu’objet me fascine. Elle est le symbole de la révolution industrielle et d’importants changements qu’a connus le monde. » Jusqu’au 3 septembre aux Champs Libres à Rennes
TOP 3 DES QUESTIONS QU’ON A TOUJOURS VOULU POSER À UN NATURISTE Pascal Coince, vice-président de l’association naturiste finistérienne, lève le voile sur nos interrogations.
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Est-ce qu’on peut choper des coups de soleil sur les parties intimes ? Chez l’homme, la peau est naturellement plus foncée à cet endroit, mais c’est conseillé d’appliquer une protection car il s’agit d’une zone sensible. Attention pour les nouveaux : la plupart du temps, c’est les fesses qui sont touchées et c’est pas 18
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toujours agréable… surtout quand on s’assoit. Là c’est l’été, il fait beau, mais comment vous faites l’hiver ? On fait aussi du naturisme ! À Brest par exemple, il y a des créneaux dédiés à la piscine Foch et dans un centre de fitness MyFit. On peut aussi manger en tant que naturiste dans un restaurant. Par exemple, on a demandé à une crêperie de nous recevoir nus le temps d’un repas :
TOP 3 DES TUBES INDE DE L’ETE Trois disquaires vous ont déniché leurs hits parmi les dernières sorties.
BAD SEEDS RECORDSHOP, BREST - Down The Line de Beach Fossils : « Une ligne de basse flottante, une guitare propulsive et capricieuse…tout pour en faire le single lo-fi de cet été. » - Sugar for the Pill de Slowdive - Afraid of Us (feat. Zeroh) de Jonwayne
CORNER RECORDS, LORIENT - Batucadab de Meyso : « Un morceau bien foutu qui vient de sortir sur Plexus Records, un label de Poitiers. » - Meci Bon Die de Georges-Edouard Nouel (réédition) - Concrete Walls (feat. Djela) de Maodea
BLIND SPOT, RENNES - Zaffa de Ko Shin Moon : « Un groupe français qui mixe plein de style différents : folklorique, électro... » - It Sends My Heart Into A Spin de Vanishing Twin - Panic de Forest Swords
elle a accepté. On peut aussi pratiquer des activités en salle comme le bowling. Personnellement je n’ai pas encore testé. Avec l’asso, on privilégie plutôt les activités de plein air. Et en voiture, vous êtes nu aussi ? La voiture est un lieu privé, mais on reste potentiellement visible au volant donc on est soumis à la loi sur l’exhibition sexuelle. De toute façon, en tant que naturistes, ce n’est pas dans nos habitudes de conduire nu. Du moins, pas en dehors des centres de vacances et des lieux réservés au naturisme. 19
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TOP 3 DES MEILLEURES TERRASSES
C’est un décor de carte postale. Les vagues qui frappent la roche, la bruyère coiffée de sel, les cinquante nuances de glaz de la mer d’Iroise et, entre deux pans de falaise, un bar sorti de nulle part. Murs blancs et volets bleus, La Buvette fait face aux éléments au lieu-dit Pors Théolen à Cléden-Cap-Sizun, dans le sud-ouest du Finistère. Dans cet ultime bistrot avant l’océan, sur cette terrasse au bout du monde, se côtoient des marcheurs, des touristes qui se sont trompés de route et des locaux qui viennent saluer Françoise, la tenancière. Cette dame de 75 ans est née dans cette maison construite en 1935. « Ça a toujours été un bar, tenu par ma mère, femme de marinpêcheur. J’ai naturellement repris l’affaire et ne l’ai jamais quittée. » Ici, rien n’a changé ou presque. Même table, mêmes bancs, même comptoir bas (une espèce en voie de disparation) auquel Hubert, un habitué, est accoudé. Avec Françoise, il se remémore les coups de tabac qu’a connus le Cap Sizun, comme celui de « l’automne 1976 où le Boehlen (un pétrolier allemand, ndlr) s’est échoué au large de l’île de Sein. Ça s’est passé 20
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un jeudi, comme tous les naufrages qui ont lieu par ici. » Malgré « les rafales à 170 km / h », La Buvette a toujours tenu. « Le jour où y aura de l’eau dans mon bar, ça fera longtemps qu’on sera tous enterrés », lance la gérante en nous servant un bock de Kro (ici, pas de tireuse) pendant qu’Hubert nous quitte pour relever ses casiers à homards. À 43 kilomètres plus au nord à vol d’oiseau, niché au fin fond de l’anse de Camfrout au Relecq-Kerhuon, près de Brest, le Café de la Cale offre une terrasse d’exception à tous ceux qui font l’effort de la chercher. Avec sa vue imprenable sur le Pont de l’Iroise et sur la rade qui s’ouvre en arrièreplan, le lieu prend des airs de San Francisco au moindre rayon de soleil. « La bâtisse date de 1872. À l’origine c’était un petit bar de pêcheurs, explique Julien Tixier, qui a repris l’établissement en 2012 après y avoir travaillé comme saisonnier. Les paysans venaient y boire un coup en attendant le bac pour traverser l’anse : on voit encore les restes de l’embarcadère en contrebas. » La construction du Pont Albert-Louppe puis du Pont de l’Iroise, qui ont rendu le bac obsolète,
aurait pu avoir raison du petit bistrot. C’est finalement tout l’inverse qui s’est passé, les deux édifices participant pleinement à la beauté du paysage. Une revanche sur le destin qu’a également connue l’île de Cézembre, au large de Saint-Malo. Ce caillou reste dans l’Histoire comme l’endroit d’Europe le plus bombardé de toute la Seconde guerre mondiale. En août 1944, pendant plus de trois semaines, l’île sur laquelle s’étaient retranchées des troupes allemandes sera pilonnée par plus de 20 000 bombes, dont une soixantaine au napalm. Si elle garde toujours des stigmates et a connu, au printemps dernier, une vaste opération de déminage (de nouveaux chemins seront ouverts au public l’an prochain), Cézembre peut se targuer d’une vue inédite sur la côte d’Émeraude : Cancale, SaintMalo, Dinard… Un panorama de dingo dont Franck Meslier jouit depuis la terrasse de son troquet Le Repère du Corsaire. « Compte pas sur moi pour te dire des conneries sur la vue et le paysage comme dans Du côté de chez vous sur TF1. Ici, c’est beau parce que c’est beau. Point. » On se tait donc, on s’assoit et on profite.
TOP 3 DES VAINQUEURS DU TOUR EN CHANSON Trois anciens vainqueurs du Tour de France ont eu droit à un hommage par des artistes de passage dans le coin prochainement. En remontant le palmarès, c’est d’abord les Wampas (le 3 juin à Algues au rythme à Arradon) qui, avec Rimini en 2006, ont pleuré la mort par overdose de Marco Pantani, vainqueur du Tour 98. En 1987, un autre groupe alternatif, Ludwig von 88 (le 20 octobre à Carnavalorock à StBrieuc), chantait les louanges du triple vainqueur breton du Tour entre 1953 et 1955 dans Louison Bobet Forever. Enfin en 1979, Paolo Conte (le 16 juillet aux Vieilles Charrues) y était aussi allé de son hagiographie à Gino Bartali son compatriote, vainqueur des éditions 1938 et 1948 de la Grande Boucle.
TOP 3 DES FESTOCHES GRATOS BINIC FOLKS BLUES FESTIVAL 52 concerts, 34 groupes, 0 euro. À l’affiche de cette 9e édition : Tim Presley, King Khan & The Shrines, Sonny & The Sunsets... Du 28 au 30 juillet.
FESTIVAL PHOTO DE LA GACILLY Ce village du Morbihan se transforme chaque année en véritable galerie à ciel ouvert. La photographie africaine subsaharienne sera à l’honneur cet été.
L ’ ART DANS LES CHAPELLES Treize artistes contemporains investissent vingt chapelles de la région pour un joli mariage des genres. À partir du 7 juillet. 21
DOSSIER
TOP 3 DES CHAMPIONS DU MONDE WTF Chaque été en Bretagne, c’est le même rituel. Pour entretenir la tradition et assurer de jolis souvenirs aux touristes en recherche d’exotisme, divers concours sont organisés dans des bleds du coin : tressage d’oignons, lancer de menhirs ou de bourriches, arrachage d’échalotes, concours mondial – mondial ! – de la plus grande crêpe… Ces jeux pour déglingos ont lieu en marge de kermesses dont Alain Jourden scrute le calendrier, en quête d’exploits à accomplir. À 56 ans, ce goémonier de Plougoulm, près de Saint-Pol-de-Léon, peut se targuer d’être un champion dans plusieurs disciplines, dont le lancer d’artichauts, en duo avec son fils Thierry, lequel est par ailleurs le recordman du cracher de tomates cerises. Alain, lui, sa grande spécialité, c’est le cracher de bigorneaux. Il en est même officiellement le recordman du monde, avec un jet à 11,04 m réussi en 2011. Un paragraphe en atteste dans le Guinness Book qu’il exhibe fièrement depuis son domicile, dont le jardin sert de piste d’entraînement. « J’ai participé pour la première fois en 2002 et depuis je n’ai pas manqué une édition, gagnant chaque fois. » Faut dire qu’il s’est entraîné « des heures et des heures pour trouver le bon geste et le travailler ». Son secret ? Caler le coquillage entre les dents du dessus et la lèvre supérieure, pointe vers l’arrière. « Ensuite faut aspirer un maximum d’air par
grandes goulées, comme les apnéistes. Un ou deux pas d’élan suffisent, comme les lanceurs de poids. » Chez les Jourden, c’est compèt-compèt. « Les autres viennent pour s’amuser, nous pour gagner. Pour le lancer d’artichauts, on s’est entraîné comme des malades avec mon fils, trois heures par jour toute la semaine. Ah on n’est pas des rigolos ! »
« L’alcool aide un peu »
Plus dilettante, Baptiste Gergaud n’en possède pas moins un sacré palmarès lui aussi, pour une seule spécialité : le cri de cochon. C’est le club de foot de Milizac, au nord de Brest, qui organise chaque été ce concours qui attire un public de plusieurs milliers de personnes. « Pourquoi le cri de cochon ? Parce que c’est repas cochon grillé. Pourquoi je participe ? Parce que je suis
« Les autres viennent pour s’amuser, nous pour gagner » 22
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du coin et pour faire marrer les copains. » Baptiste Gergaud a la réponse facile. Il ne s’entraîne pas particulièrement à pousser le cri de l’animal (« j’ai un pote porcher donc j’ai quand même eu de quoi m’inspirer au début, après faut juste se lâcher – l’alcool aide un peu –, et ne pas avoir peur de l’extinction de voix le lendemain ») mais a tout de même réussi à gagner par trois fois, en 2006 puis lors des deux dernières éditions. « La tradition veut que le tenant remette son titre en jeu, alors je participe à nouveau cet été. » En cas de victoire, il pourrait compléter sa collection de lots promis au lauréat. « La première année j’ai eu une scie circulaire, la deuxième un Weber, la troisième une débroussailleuse, ça fait plaisir. » Notre troisième champion WTF est aussi le plus athlète. À 20 ans, Maxime Signorino, champion de Bretagne du 100 m dans sa catégorie, licencié au CA Bigouden, peut se targuer d’avoir sur son CV de sportif une ligne atypique : champion de
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la montée du phare d’Eckmülh, sur la commune de Penmarc’h. « J’en suis à trois victoires en trois participations depuis 2014, avec un record porté à 46 secondes et 54 centièmes en 2015 », annonce le jeune étudiant qui prépare son concours d’entrée pour intégrer la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (« 12 heures de muscu par semaine et 4 000 calories par jour »). 46’54 pour monter les 307 marches de l’édifice, soit une moyenne folle de 15 centièmes par marche ! « Le truc, c’est de s’aider des bras. Je fais aussi la diff’ en montant par 4 ou 5 marches contre 2 ou 3 pour mes adversaires (près de 200 tout de même, ndlr). C’est bien cardio, comme un long sprint en colimaçon. » Des exploits qui lui ont valu des invitations pour les plus fameuses de ces courses verticales en France, dont celle de la Tour Eiffel. « Si j’intègre les pompiers de Paris, ça sera plus facile pour tenter l’expérience. » Et planter le Gwenn ha du dans la capitale, un juste retour des choses pour ces champions pour touristes. 23
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Même s’il a décidé de se barrer de l’Union européenne, il faut avouer que le Royaume-Uni reste tout de même un des plus gros fournisseurs de kiff de la planète. Les chips au vinaigre, l’album Magical Mystery Tour des Beatles, le binge drinking, les films de Ken Loach, la page 3 du Sun, Paul Scholes, le eggs & bacon du p’tit dej… Des spécialités locales qui nous auraient bien donné envie de naître de l’autre côté de la Manche. Parmi celles-ci, figure un monument de la gastronomie britannique : le fish and chips. Un plat simple (un filet de poisson blanc frit, servi avec des frites et de la sauce tartare) qui serait né au milieu du 19e siècle dans l’East End londonien. Capable de satisfaire à la fois le palais des ouvriers et ceux de la famille royale (le Prince Charles en serait dingue), le fish and chips n’a en revanche jamais véritablement réussi à s’exporter en France, relégué loin derrière la pizza, le burger ou encore le kebab dans la restauration rapide. 24
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« Il y a 3-4 ans, on a pourtant vu un petit frémissement. À Paris, des établissements et food trucks se sont lancés sur ce créneau mais le soufflet est vite retombé, constate Bernard Boutboul, directeur de Gira Conseil, un cabinet d’études dans la restauration. La raison ? Les deux produits sont frits, c’est trop pour les Français. »
« Journée d’été à la plage » Une image de plat qui sent le graillon combattue par les cuistots bretons qui en ont fait leur spécialité. C’est le cas de Jaouad Ouarga, à la tête du Bistrot du Marin au port du Légué, près de Saint-Brieuc. Pour lui, c’est tout sauf de la junk food. « On est sur des produits de qualité. Le poisson, ce n’est que du frais : du cabillaud qu’on reçoit tous les matins. » Même topo pour Ash Hall-Davey, gérant du resto Aux Sabots Rouges à Guéménésur-Scorff. « Le fish reste associé à la mauvaise réputation de la cuisine anglaise – bien qu’elle se soit beau-
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TOP 3 DES RAISONS DE MANGER UN FISH AND CHIPS
coup améliorée – mais ce n’est pas justifié. Prenons la pâte qui enrobe le poisson : elle est fine, légère et croustillante, et finalement peu grasse ». On est loin du poisson pané avec qui il est parfois confondu. « Il s’agit d’une pâte à beignet et non d’une panure », rappelle Ash, originaire de Bristol, pour qui une région de pêche comme la Bretagne a tout pour voir le fish and chips s’épanouir comme un poisson dans l’huile. « Pour moi, c’est le plat idéal pour terminer une journée d’été à la plage. » Persuadé du potentiel de son best-seller (« une cinquantaine de couverts tous les midis »), Jaouad Ouarga avoue plancher sur de futures installations. Si on compte déjà des échoppes à Saint-Malo, Binic ou encore Paimpol, le garçon entend bien placer de nouveaux restos sur la carte. « Je souhaite développer un projet de franchise. Je pense qu’il y a un marché dans des villes comme Rennes ou Nantes et, bien sûr, en bord de mer. »
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TOP 3 DES FILMS DE L’ÉTÉ BRETON
TRAITEMENT DE CHOC
LES GALETTES DE PONT-AVEN
À NOUS LES GARÇONS
Alain Delon se promenant à oil-pé avec Annie Girardot sur une plage de Belle-Île-en-Mer : une scène extraite de Traitement de choc (1973) qui va faire entrer un peu plus l’acteur à gueule d’ange au rang de mythe, lui qui était déjà une bonne grosse star à l’époque. « Pour une scène de baignade, des hommes-grenouilles avaient même été engagés pour assurer sa protection », confie Tangui Perron, auteur de l’ouvrage Le Cinéma en Bretagne.
Le style paillard se décline en chanson, en dessin et en film, époque Max Pécas ou Joël Séria. Ce dernier réalise en 1975 Les Galettes de Pont-Aven, un nanar bien grivois. Au casting, le superbe Jean-Pierre Marielle ou encore Dominique Lavanant en prostituée bigoudène. Du libertaire et de l’épicurien avec quelques clichés sur la Bretagne sans ciré ni bottes, entre deux scènes d’ivresse et de fesses. Un long-métrage devenu culte.
Éric Elmosnino dégueulant ses tripes depuis le pont d’un chalutier au large de l’Île-aux-Moines, Franck Dubosc faisant de la moto sur le sentier des douaniers : À Nous les garçons de Michel Lang fait partie de ces bleuettes des années 80. Il s’agit pour les deux acteurs de leur premier rôle au cinéma, dans un film à la B.O surannée : Jean-Luc Lahaye, Claude Barzotti et l’inégalé Elle préfère l’amour en mer de Philippe Lavil. Prenez ça les hipsters.
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TOP 3 DU POURQUOI Y A DES VAGUES EN BRETAGNE
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La Torche, Guidel, la presqu’île de Crozon ou encore la côte sauvage de Quiberon… Si la police du surf débarquait, la Bretagne prendrait perpet’. Creuses, rapides, puissantes, les vagues sont présentes en continu sur les côtes, « rassemblant une communauté de surfeurs toute l’année », comme l’assure Ronan Gladu, photographe et membre du collectif Lost In the Swell. OK mais comment ça se fait ? Pourquoi y a-t-il des vagues en Bretagne et comment se forment-elles ? « D’abord, elles sont générées par le vent. Plus le vent souffle fort et longtemps, plus les vagues seront grandes », situe Sylvain
Ghiron, responsable multimédia à Océanopolis et océanographe technicien de formation. Seconde étape, la houle. « Une fois qu’elles se sont formées, les vagues peuvent se propager très loin et deviennent de la houle. La houle de Bretagne peut par exemple s’être formée au large du Canada lors de tempêtes. »
Troisième élément à prendre en compte : la topographie des lieux. C’est la forme du fond, abrupte, qui va entraîner l’éclatement de la vague. Pour Ronan Chatain, directeur technique de l’école de surf de Bretagne et ancien champion de France de longboard, « la côte finistérienne découpée et très rocheuse offre un potentiel de surf et de vagues très important ». Le garçon cite notamment la baie d’Audierne et plus particulièrement la pointe de la Torche. Ah oui, il y a une dernière étape : les vagues déferlent (sinon c’est pas drôle).
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TOP 3 DES STATUES DE LA LIBERTÉ A PRENDRE EN PHOTO
GOURIN
CLÉGUÉREC
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Dressée sur la place de la victoire à Gourin, au nord-ouest du Morbihan, cette statue de la liberté de 2m50 de haut a été offerte par Air France suite à la fermeture de son agence installée à Roudouallec en 1990, à dix kilomètres de là. « Un cadeau de départ en guise d’hommage aux 15 000 émigrés de Gourin et de ses environs qui ont traversé l’Atlantique à la fin du 19e siècle et début 20e pour tenter leur chance aux États-Unis », explique Jean-François Baudet, de l’association Bretagne TransAmerica.
Au nord du Morbihan, Cléguérec peut se vanter d’avoir une statue de la liberté coulée en 1875, soit dix ans avant celle de New York. Dessinée par le sculpteur Auguste Bartholdi, « elle a été inaugurée en 1882 en hommage à Joseph Pobéguin, maréchal des logis, chargé d’ouvrir une voie à travers le Sahara, relate Christine Teffo, adjointe à la culture à la mairie de Cléguérec. Cette mission était alors perçue comme une ouverture au monde, chargée de porter le flambeau de la civilisation, d’où la statue… »
Sur le bord de la voie express, entre Vannes et Auray, elle regarde les voitures passer depuis 27 ans. Cette statue de six mètres, on la doit à JeanPhilippe Krischer, patron de Seagull, un fabricant de chars à voile qui a voulu se faire un kif en érigeant cette statue devant son entreprise « Avant, elle appartenait à un établissement de la chaîne Hôtel Liberty, aujourd’hui disparue. Je l’avais repérée au salon nautique de Paris en 1990, avant de faire une offre pour l’acquérir : 30 000 francs à l’époque ! »
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TOP 3 DES TECHNIQUES POUR FAIRE UN CHATEAU DE SABLE XXL
Vous en avez marre de bronzer et l’eau est vraiment gelée ? Alors, pourquoi ne pas bâtir un château de sable de dingo ? Avant de vous lancer, quelques conseils s’imposent tout de même. « La première chose, c’est de choisir le lieu, en évitant les zones trop exposées au vent, pose Laurent, du collectif Breizh Sable Tour qui, chaque été, part en tournée sur les plages bretonnes. Ensuite, il faut dès le départ réfléchir à ce que l’on veut construire. » Tel un architecte, vous devez donc imaginer le plan de votre sculpture avant de vous lancer. « Si vous voulez dessiner une tortue par exemple, vous allez commencer par tracer la forme de sa carapace dans le sable. Il faut réfléchir au nombre d’éléments qui la composent avant de remplir chaque partie de sable. » Pour dresser les monticules, il faut tasser avec douceur et humidifier. Mais attention à ne pas utiliser trop d’eau. Selon une étude parue dans la revue scientifique Nature, le château parfait ne contiendrait que 1 % d’eau. Juste ce qu’il faut pour lier les grains de sable entre eux. Et s’il fait chaud, n’hésitez pas à vaporiser votre construction pour éviter qu’elle s’effrite. Le king de la playa, c’est vous. Régis Delanoë, Julien Marchand, Maud Gautier, Jean-Marc Le Droff 27
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BZH-UK : NO FUTURE ?
UN AN APRÈS LE RÉFÉRENDUM DU BREXIT, LES BRITANNIQUES DE BRETAGNE ONT TOUJOURS LES BOULES. ALORS QUE LES NÉGOCIATIONS AVEC L’UNION EUROPÉENNE VIENNENT TOUT JUSTE DE DÉBUTER, CERTAINES CONSÉQUENCES SE FONT DÉJÀ SENTIR.
’es un peu juste niveau finances mais t’aimerais quand même te faire quelques jours de vacances de l’autre côté de la Manche ? Don’t worry. Pour tous ceux qui y font attention, la Bretagne est bien un petit bout de la grande : un Kreiz-Breizh anglophone devenu bastion des ressortissants britanniques, le style victorien des villas de Dinard, Jersey accessible en moins d’une heure et demie, des restos de fish ans chips aussi crispy qu’à Londres (lire par ailleurs page 24), les quatre stations de la BBC 28
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captées en FM sur toute la moitié nord de la BZH… Sans oublier Roscoff, la plus anglophile des villes bretonnes grâce à ses ferries qui, depuis 1973, relient la cité balnéaire au sud-ouest de l’Angleterre. Dans le port nord-finistérien, c’est le même rituel à chaque départ. Des volants à droite, des plaques d’immatriculation jaunes et des autocollants GB viennent ponctuer les longues files de voitures. Des véhicules britanniques attendant tous que l’Armorique, l’un des imposants navires de la Brittany Ferries, finisse d’accoster afin de pouvoir
embarquer direction Plymouth. Cette relation avec le Royaume-Uni fait aujourd’hui partie de l’ADN de Roscoff. Tourisme, agriculture, agroalimentaire, commerce… Autant de secteurs profitant à pleine balle de ces échanges. Une liaison qui, depuis le 23 juin 2016 et le référendum en faveur du Brexit (51,89 % des votants), a pris du plomb dans l’aile. Si le divorce avec l’Union européenne ne sera acté qu’à l’issue des négociations entamées fin avril et qui devraient courir sur les deux prochaines années, certaines répercussions jaillissent déjà.
Prisés par les Anglais en quête de vin détaxé, les vendeurs d’alcool installés le long des bords de route à Roscoff se souviennent encore de l’annonce des résultats. « J’étais avec des clients en pleine commande pour leur mariage quand ils ont reçu les différentes alertes et notifications sur leurs téléphones, témoigne Romain Lagrée, à la tête du magasin Red Cash Wine & Beer. Je les ai vus devenir tout pâles, avant qu’ils ne divisent par deux le nombre de bouteilles prévues. Ils préféraient être prudents et revoir certaines dépenses à la baisse, au cas où. »
« Seulement 183 km nous séparent » Une tendance qui s’est confirmée depuis. « Si les gros clients fidèles continuent d’acheter en quantité, ce sont les clients occasionnels qui ont diminué leur budget. Leur ticket moyen a chuté d’un bon tiers, observe le gérant qui se veut néanmoins optimiste sur la suite des événements. Un Brexit “dur” n’est dans l’intérêt de personne. » Du côté de l’office de tourisme de Roscoff (où les Anglais représentent 60 % de la clientèle étrangère), on croise les doigts à l’orée de cette nouvelle saison. « L’an passé, cela ne s’était pas vraiment fait ressentir. Le référendum ayant eu lieu fin juin, les réservations avaient déjà été effectuées, explique Marion Roguès, chargée d’accueil. La température pour cette année ? Disons qu’on sent un petit mou. Les chiffres ne sont pas mauvais mais ils risquent de ne pas progresser autant qu’ils auraient dû. » À la Brittany Ferries, qui sur l’année 2015-2016 a vu 365 803 passagers emprunter la ligne Roscoff-Plymouth, on ne souhaite pas s’exprimer pour le moment sur les « conséquences supposées » du Brexit.« C’est en effet trop tôt. Il faut attendre que les dispositions soient réellement connues pour lancer des hypothèses. Tant que l’entreprise 29
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ne dispose pas d’éléments solides, aucune décision ne peut être envisagée à la légère », justifie Claude Pengam, le chargé de communication. « En dépit des difficultés et incertitudes liées au Brexit, je ne doute pas un instant que le bon sens prévaudra des deux côtés de la Manche », espérait quant à lui dans un communiqué Jean-Marc Roué, le président de Brittany Ferries.
« Que May aille au diable » S’il attend également d’en savoir plus, le CESER de Bretagne (conseil économique, social et environnemental régional) a dressé un premier état des lieux des enjeux du Brexit sur le territoire. « La question revêt une importance particulière pour la région. Le Royaume-Uni est en effet son plus proche voisin. Seulement 183 km nous séparent. Il s’est tissé au fil des siècles des relations étroites de coopération, rappelle Jean Hamon, le président du CESER. Sur le plan du commerce international par exemple, le Royaume-Uni est un partenaire important de l’économie
bretonne car il est source du premier excédent commercial de la région. » Parmi les secteurs qui ont le plus de quoi flipper, « la pêche hauturière (au large, ndlr) car 50 % des captures ont lieu dans la zone britannique. Il peut aussi y avoir une renégociation des accords de quotas. Tout cela peut ébranler le système : la filière pêche tout d’abord, ainsi que tous les acteurs en amont et en aval. » Le tourisme pourrait aussi pas mal morfler. « Les Britanniques sont la première clientèle étrangère en
Bretagne. Une clientèle qui a vu son pouvoir d’achat chuter avec la dépréciation de la livre sterling. La parité monétaire est un enjeu majeur. Tout comme la libre circulation des personnes, estime le boss du CESER qui redoute tout autant l’incertitude générée par le Brexit. Il faut éviter les attitudes négatives où on aggrave le mal par un excès de pessimisme. Avec ce risque d’anticipations autoréalisatrices. » Des perspectives qui foutent un peu les miquettes aux 13 000 Britan-
BYE BYE ERASMUS ? Sur l’année universitaire 2015-2016, dans le cadre d’Erasmus (devenu Erasmus+ en 2014), près de 7 663 étudiants français sont partis au RoyaumeUni. Même si aucune décision n’a encore été prise et que rien ne va bouger le temps des négociations ces deux prochaines années, le Brexit laisse planer de nombreuses interrogations sur la place 30
des Britanniques dans le programme d’échange universitaire. « Pour l’instant, on ne peut rien avancer, affirme Pierre van de Weghe vice-président en charge des relations internationales à l’Université de Rennes 1. Les pays membres de l’Union européenne doivent accepter la libre circulation des personnes. Une condition indispensable
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pour participer à Erasmus. Si ce n’est pas le cas et que pour étudier au RoyaumeUni un visa est nécessaire, les universités britanniques seraient alors écartées. » Pour autant, si la GrandeBretagne se retire de l’UE, le maintien dans le programme pourrait se faire suivant différents accords. « L’Union européenne compte 28 pays, mais 33 participent à Erasmus, précise Sylvie Le Moël,
développeuse Erasmus+ et rattachée à la MJC du Plateau à Saint-Brieuc. Les pays hors UE ne sont pas exclus du programme. Je pense notamment à la Norvège ou au Liechtenstein qui, grâce à des accords bilatéraux, respectent les conditions de libre circulation et participent au financement. Une fois le Brexit acté, cela sera peut-être aussi le cas du Royaume-Uni. » M.G
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niques installés en Bretagne. Notamment dans le Kreiz-Breizh où, dans certaines communes, ils représentent jusqu’à 20 % des habitants (!). De quoi mettre Florian Philippot en PLS. Pour Maggie Fee, secrétaire de l’association AIKB, chargée de faciliter l’accueil et l’intégration des anglophones, le vote en faveur du Brexit a fait naître de nombreuses craintes, à court et moyen termes. « Avec la chute de la livre, beaucoup de Britanniques ont vu le montant de leur retraite diminuer, car perçue en Angleterre. » À l’épicerie anglaise de Gouarec, on confirme. « Ma pension a chuté de plus de 10 %. Ce Brexit est un calvaire pour nous, Britanniques de France », rouspète une cliente. « Que Theresa May aille au diable ! », enchérit Paul White, le gérant du shop. Un agacement ressenti par l’AIKB. « Tous ces gens ont fait le choix de vivre en France et d’y investir, parfois toutes leurs économies pour rénover une maison. Peu se voient retourner en Grande-Bretagne », indique Maggie dont les dernières réunions sur l’obtention d’un titre de séjour et de la nationalité française ont fait carton plein. Julien Marchand 31
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« JE N’AI PAS ENVIE DE CHOISIR ENTRE LE ROYAUME-UNI ET LA FRANCE » ROBIN FOSTER, 43 ANS, MUSICIEN, France. Il va pourtant falloir que je Au final, je ne suis jamais rentré finir CAMARET (29) me renseigne du point de vue admi- mes études en Grande-Bretagne. J’ai « Le Brexit m’a fait me poser des questions auxquelles je ne pensais pas avant. Mon statut d’étranger, le désir d’Europe, la question de la nationalité, le pays où je vis… Tout cela, disons que c’était naturel avant. Maintenant, cela risque de changer. Avant de voter pour une sortie totale de l’Europe, il aurait mieux fallu essayer de la corriger, non ? Tout n’est pas parfait je le reconnais, mais on est quand même mieux dedans que dehors. En tant que Britannique, sans la double nationalité, certaines choses vont devenir plus compliquées. Je pourrais demander une naturalisation, mais le faire à cause du Brexit, ça serait dommage. Je n’ai pas envie de choisir entre le Royaume-Uni et la
nistratif pour savoir quoi faire. Je n’envisage pas de repartir. J’habite en Bretagne depuis vingt ans, j’y ai passé presque la moitié de ma vie. J’ai débarqué ici en 1997. J’étais étudiant à Manchester et, pour ma troisième année de fac, j’ai décidé de passer une année à l’étranger. J’ai atterri comme assistant de langue dans un lycée de Brest. La région m’a tout de suite plu. J’aime bien Saint-Malo, Rennes et, bien sûr, Brest qui me fait penser à un petit Sheffield. Je me suis super vite intégré. Deux semaines après mon arrivée, un patron de pub me parlait d’un groupe de rock qui cherchait un guitariste. C’est comme ça que j’ai rejoint Beth, un groupe qui a pas mal tourné à l’époque.
toujours eu l’idée d’être un vieux rockeur anglais en France... Et ça continue aujourd’hui. Depuis, j’ai quitté Brest pour m’installer à Camaret sur la presqu’île de Crozon où je bosse sur mes albums solo. À la base, c’était juste pour six mois, le temps d’écrire et de composer… Finalement, ça fait huit ans que j’y suis. Camaret a un esprit îlien qui me plaît. J’y vis avec ma femme, irlandaise, et notre fils de 5 ans, scolarisé ici. Tout cela fait que je ne suis pas vraiment tenté de rentrer… Mais j’aime à croire que le Brexit ne se fera finalement pas. J’ai toujours du mal à m’y faire à 100 % et, tout compte fait, peutêtre qu’on fera machine arrière. Du moins je l’espère. »
« JE N’AI PAS LE MAL DU PAYS, J’AI DEUX CHEZ KIRSTEN LAWTON, 36 ANS, ANCIENNE Quitter mon pays pour un nouveau GYMNASTE DE LA SÉLECTION BRITAN- n’a pas été une épreuve. J’ai eu la NIQUE, VERN-SUR-SEICHE (35) chance de vite m’intégrer : j’avais
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« Ça fait un peu cliché de dire ça mais, si je suis aujourd’hui installée en France, c’est parce que je suis tombée amoureuse d’un Français. Je l’ai connu en 1998, lors d’un championnat d’Europe de gymnastique au Portugal. Lui était dans l’équipe de France, et moi dans celle de GrandeBretagne. À la fin de ma carrière, après les Jeux olympiques d’Athènes en 2004, j’ai décidé de venir vivre avec lui en France. Il s’entraînait à Rennes, on s’est donc installé ici, en Bretagne. 32
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déjà un cercle d’amis et j’ai trouvé du travail rapidement. D’abord comme assistante de langue et enseignante à la fac, avant de cofonder avec une amie Pipelettes, une agence spécialisée dans le placement de jeunes au pair à travers le monde. Je travaille surtout avec des pays anglophones, Royaume-Uni en tête. Ça me permet de garder un lien avec mes racines. Mais je ne peux pas dire que j’ai le mal du pays. Ça fait plus de dix ans que je vis en France, j’ai deux “chez moi” maintenant. Demander
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MOI MAINTENANT » la nationalité française ? Je remplis les critères et je peux faire la démarche si je le souhaite. C’est d’ailleurs en cours. Le Brexit m’a poussée à cela. Jusqu’ici, je n’en avais pas besoin, mais à l’avenir cela pourrait être utile pour continuer à vivre ici comme aujourd’hui. Quitter l’Union européenne m’attriste. La mobilité internationale est quelque chose d’important pour moi, je l’ai beaucoup vécue à travers le sport. Le Brexit s’inscrit contre cette logique. Je trouve que ce n’est pas dans l’intérêt d’un pays de fermer ses portes, notamment à tous ces jeunes, étudiants ou jeunes travailleurs, pour qui la Grande-Bretagne était une destination de choix. » 33
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« L’ANGLETERRE ? MARIAGES ET LES NATASHA WOLFENDEN, 27 ANS, SERVEUSE AU PUB “FOX AND FRIENDS”, RENNES (35)
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« Je t’avoue que je ne suis pas vraiment les négociations autour du Brexit. Il y a un an, j’ai bien sûr halluciné le lendemain du référendum, je ne pensais jamais que cela allait passer. Depuis, je regarde ça un peu de loin… Pourquoi ? Pour le moment, il n’y a pas encore de conséquences directes et puis, même si je suis de nationalité britannique, je m’intéresse d’abord à l’actualité en France car c’est le pays où je vis. Ça fait douze années que je suis ici. J’avais 15 ans quand, avec mes parents, on a quitté le nord de Man-
« FERMER LES FRONTIÈRES : PAS LE SENS DE MICHAEL DODDS, 52 ANS, DIRECTEUR mettre plus facilement dans la peau avec les Britanniques un goût pour DU COMITÉ RÉGIONAL DU TOURISME d’un visiteur. Surtout pour moi qui les choses simples de la vie. C’est DE BRETAGNE, RENNES (35) ai grandi à Brighton, dans le sud « what you see is what you get » : « Avant d’être nommé au comité régional du tourisme (CRT), je travaillais pour un cabinet anglais de conseil en tourisme. Je faisais alors de la prospection en France et j’avais eu l’occasion de faire des missions à Douarnenez et à Redon notamment. Je me suis vite rendu compte que la Bretagne n’était pas une région banale. Elle a cette chance d’être une marque avec une forte notoriété. En tant qu’étranger, je ne pensais pas forcément être retenu quand j’ai envoyé mon CV au CRT. Au final, je pense que mon statut a constitué un atout : le fait que je vienne de l’extérieur peut garantir une certaine objectivité. Cela permet aussi de se 34
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de l’Angleterre, là où le tourisme balnéaire est né. Cela fait huit ans que je suis à ce poste. J’ai essayé de développer le marketing expérientiel. L’idée est de faire vivre des expériences et des “moments uniques” aux personnes. En ce sens, le modèle irlandais m’inspire beaucoup avec notamment la mise en avant de la convivialité. Et s’il y a bien une région française où on peut mettre la population locale au cœur du système, c’est la Bretagne. Mon acclimatation à la région a d’ailleurs été très facile. De par ma fonction j’étais dans une situation privilégiée mais j’ai tout de suite été bien accueilli. Les Bretons partagent
il n’y a pas d’artifice. J’ai bien sûr très mal vécu le référendum du Brexit. Ce n’est pas le sens de l’histoire que de fermer les frontières. J’ai grandi dans la construction européenne et je me suis toujours considéré comme anglo-irlandais (sa mère est irlandaise, ndlr). Avec le Brexit, je vais donc entreprendre les démarches pour avoir les deux nationalités. La nationalité française ? Je n’ai pas senti le besoin de la demander. Et puis mes enfants ne veulent pas que je devienne français. Ils veulent garder ce lien avec l’Angleterre. Pour leur avenir et leurs études, cette ouverture sera une chance. »
POUR LES ENTERREMENTS » chester pour s’installer en Bretagne, à Saint-Jacut-de-la-Mer. L’Angleterre, j’y retourne seulement à de rares occasions, le plus souvent pour les mariages et les enterrements. À part la famille, rien ne me manque vraiment… Je n’ai d’ailleurs pas de raison d’y retourner : mon copain est français, je travaille ici... Le fait que je bosse dans un pub me permet quand même de garder un lien avec mon pays d’origine. En tout, nous sommes quatre Britanniques dans l’équipe, plus des Irlandais, un Australien… Entre nous, on parle en anglais, on partage quelques références culturelles... Sans oublier le foot : je supporte l’équipe d’Angleterre, forcément. »
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L’HISTOIRE »
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DE PLUS EN PLUS DE TATOUÉS, DE PLUS EN PLUS DE SALONS… LONGTEMPS CONSIDÉRÉ COMME TRANSGRESSIF, LE TATTOO S’EST-IL BANALISÉ ? INCONTESTABLEMENT, OUI. MAIS FACE À CETTE NORMALISATION, UN ESPRIT UNDERGROUND PERDURE. asser chez un tatoueur pro, Stan n’en a plus vraiment besoin. Pour se dessiner sur la peau, ce jeune Rennais opère directement chez lui, en solo. Comme en cet après-midi de mai où, assis sur son lit, il vérifie son matos avant d’effectuer les différents branchements. « Après tu vois, je prends une buse que je mets dans le dermographe (machine à tatouer, ndlr). » Next step : stabiliser l’aiguille avec un élastique qu’on enroule tout autour de la machine « pour éviter que ça bouge ». Il ne reste plus qu’à allumer le générateur. 36
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Le tatouage home-made peut alors commencer. Ancien étudiant en arts plastiques, ce Rennais, âgé de la vingtaine, est passé maître dans l’art du “tattoo sauvage”. « Ma première machine, je l’ai fabriquée avec une fourchette et un moteur, se souvient-il. Après, j’ai investi dans du vrai matériel. En tout, j’ai quatre dermographes que j’ai achetés sur Internet. Pourquoi cet investissement ? Je me suis toujours dit que je me ferais moi-même mon premier tatouage. » Depuis trois ans, Stan est le tatoueur préféré de sa bande de potes. Cette
passion, il la partage avec Inès, 22 ans, rencontrée à la fac. « En tout, je dois avoir une trentaine de tatouages : sur les bras, les jambes…, énumère la jeune femme. J’ai aussi construit une machine en regardant un tuto sur Internet. » Pour bricoler sa bécane, Inès a recyclé le moteur d’un vieil appareil BaByliss. « J’ai dû faire deux ou trois tatouages avec. Mais c’était un peu galère : l’aiguille sautait ou bougeait sur les côtés. Au final, je préfère utiliser une simple aiguille et de l’encre de Chine. » C’est aussi le cas de Mathilde et Annabelle, à Châteaubourg près de
Rennes. Depuis près de trois ans, ces deux jumelles ont adopté l’esprit DIY. « Au départ, je n’avais pas forcément d’argent pour aller en salon et j’ai toujours eu envie d’essayer », explique l’une des deux frangines. Mais se tatouer avec une simple aiguille prend du temps. « L’encre de Chine marque mal. Pour avoir un point noir, il faut piquer plusieurs fois au même endroit. Par exemple, le triangle, là, on a mis cinq heures pour le faire », raconte Mathilde. Des tatouages parfois brouillons qui peuvent toujours être revus par des pros. « Même si mes tatouages ne sont pas parfaits, ils peuvent être recouverts en salon. Du coup, j’ai pas vraiment peur de me lancer, ni de les regretter... » De quoi filer des idées à tous ceux qui, chaque été, recouvraient leur bras avec les décalcomanies des paquets de Malabar.
Alcool à 90° Ce délire du tattoo sauvage, la grande majorité des professionnels ne le kiffent pas vraiment. Pour Miss Atomik, tatoueuse depuis près de douze ans et figure rennaise du milieu, « tous les métiers ont besoin d’une formation. Les problèmes d’infections touchent énormément de gens et ces pratiques augmentent les statistiques de risques liés aux tatouages ». Des conditions d’hygiène pas toujours top que reconnaissent même ses adeptes. « Au début, j’étais tellement pressée de me tatouer toute seule que je ne faisais pas vraiment gaffe, admet Annabelle. Maintenant, on applique toujours de l’alcool à 90° et on fait attention à bien désinfecter l’aiguille. » « Quand je fais des tatouages, je mets des gants, j’utilise des aiguilles stériles… Mais Inès, elle s’en fout, elle », balance Stan. « Je réutilise toujours la même aiguille. Je la désinfecte mais c’est tout », répond l’intéressée. 37
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Sauvage ou réalisé par des professionnels, le tatouage semble en tout cas n’avoir jamais été aussi populaire, redéfinissant la nature de cet “art épidermique” longtemps considéré comme rebelle, transgressif ou marginal. Cette démocratisation, les tatoueurs pro la vivent quotidiennement. « On n’est pas encore des coiffeurs mais presque », plaisante Fred du salon Kornog Tattoo à Brest, qui voit « une plus grande variété de personnes venir se faire tatouer ».
« Moins dans la créativité » En France, ce serait aujourd’hui 14 % de la population qui aurait la peau marquée. « La révolution du tatouage a commencé dans les années 1970, situe Élise Müller, auteure de l’ouvrage Une anthropologie du tatouage contemporain. Et depuis les années 2000, il y a une véritable explosion. Le tatouage s’affiche de manière positive, porté par des sportifs et des stars qui incarnent la réussite et véhiculent une image
valorisée. Cela touche notamment les jeunes pour qui cette pratique n’est plus un frein. » Pour Miss Atomik, il existe désormais deux types de clientèle. « D’un côté, on a les gens qui ont vraiment envie d’un tatouage, avec l’esprit et la culture qui vont avec. Et, de l’autre, les gens qui le prennent pour un accessoire de mode, même si cela peut être une porte d’entrée pour de nouveaux tattoos par la suite. » Signe de cette popularité croissante, des conventions spécialisées sont d’ailleurs nées ces dernières années dans l’Ouest : Saint-Malo, Lorient, Nantes, Saint-Brieuc ou encore Rennes, attirant chacune plusieurs milliers de tatoués, newcomers ou chevronnés. Dans les salons (dont le nombre est passé de 400 à 4000 entre 2000 et 2016 en France), le nombre de clients a lui aussi augmenté. Les demandes évoluent, ainsi que les styles. S’il y a quinze ans, la mode était au tatouage tribal, c’est aujourd’hui les mandalas
« On ne se tatoue plus pour être en marge de la société » 38
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qui font fureur. Des motifs le plus souvent chopés sur Google images. « On est moins dans la créativité, regrette Ronan, propriétaire du salon BWT Tattoo à Saint-Brieuc. Souvent les gens débarquent avec des images sur leur smartphone en disant “je veux ci, je veux ça”. »
« Repousser les limites » Totalement banalisé le tatouage donc ? « Aujourd’hui, on ne se tatoue plus pour être en marge de la société, estime Dorian Glehen, le boss de Vlad Tattoo à Lorient. C’est un peu comme le perfecto qu’avaient les punks sur leur dos. Aujourd’hui, tout le monde porte un blouson en cuir et ça n’a plus rien de rebelle… Tout finit un jour par être récupéré. » « Pour beaucoup, le tattoo est devenu un simple produit de consommation », ajoute Ronan à Saint-Brieuc. Reste néanmoins les pratiques plus radicales, comme les tatouages sur le visage, moins faciles à assumer quand tu postules pour un taf ou quand tu rencontres ta belle famille. « Certains se tatouent les parties visibles pour repousser un peu les limites. Mais cela concerne surtout
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ceux qui sont déjà bien tatoués, explique Fred de chez Kornog. Il nous arrive d’ailleurs de refuser. On ne tatoue pas n’importe qui n’importe où, notamment les plus jeunes. » S’il reconnaît lui aussi que la pratique a « perdu de sa magie », Dorian, à la tête de son salon depuis deux années, se veut pour autant optimiste sur la capacité de son art à se réinventer. Cela peut passer par les tatoueurs sauvages, à l’image de Stan ou Inès qui par leur démarche DIY perpétuent un certain héritage underground, mais aussi par les salons. « C’est un truc qui va forcément continuer. Il y a tellement de possibilités. De nouveaux styles vont émerger et les professionnels participeront à ce renouveau. » Même son de cloche pour Élise Müller qui ne veut pas croire en une totale banalisation. « Le tatouage aura toujours un côté transgressif car c’est définitif. Dans une société où tout est transitoire, cela reste un engagement. » Maud Gautier Conventions à venir : Rennes Tattoo Convention les 3 et 4 juin, Lorient Ink the Sun les 8 et 9 juillet, Corsaire Tattoo Ink à St-Malo les 8 et 9 juillet 39
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« LE TATOUAGE PERMET DE SORTIR L’HOMME DE
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À travers les civilisations, qu’estce qui a poussé les hommes à se tatouer ? Le tatouage, la scarification et la coloration de la peau permettent à l’homme de sortir de son “état brut”. En fait, on pense que les premiers groupes humains se sont marqués vraisemblablement pour se différencier de l’animal. Dans les sociétés traditionnelles, le marquage corporel servait d’abord à inscrire le membre d’une société dans son groupe. En Afrique avec les scarifications, c’était exactement la même chose : certaines scarifications sont extrêmement précises et permettent de voir d’où vient une personne, ce qu’elle a accompli, etc.
Bridgeman images
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on va très vite se servir de la marque comme quelque chose que l’on apparente à l’asocial. Cette marque exclut un individu de la société ou le stigmatise en tant que membre d’un groupe non accepté. Depuis quand se tatoue-t-on ? Aux 18e et 19e siècles, la justice Depuis la révolution néolithique, marquait les personnes déviantes c’est à dire depuis qu’il y a une pour des raisons de mauvaises pratique culturelle chez les groupes mœurs ou de délits : « a volé », humains. À la période de la préhis- « s’est prostituée ». C’est quelque toire et dans l’Antiquité on trouve chose que l’on faisait déjà avec les déjà des traces de tatouages. Il y esclaves. On les marquait au fer a Ötzi par exemple, mort il y a rouge pour savoir à qui ils apparte5 300 ans, connu comme le premier naient, mais surtout rappeler qu’ils homme tatoué. En fait, des gens étaient esclaves. tatoués, il y en a toujours eu. Je pense notamment aux Pictes, dans Comment le tatouage s’est-il popul’Antiquité, qui vivaient en Écosse. larisé ? Les Romains les appelaient ainsi Dans les années 1920, se dévecar ils étaient vraisemblablement loppent aux États-Unis ce qu’on marqués. Mais ils ne savaient pas appelle les “freak show”. Des bien si c’était de la peinture ou personnes du milieu forain vont des tatouages. Si on s’intéresse à commencer à se faire entièrement l’époque moderne, c’est à partir tatouer, mais uniquement pour le du 18e siècle qu’on va découvrir spectacle. On parle de « l’homme des peuples tatoués. Le premier crocodile » ou de « la femme aux contact avec le tatouage “cultu- mille tatouages ». Il faudra ensuite rel” concorde avec les témoignages attendre les années 60 pour que d’explorateurs comme James l’image du tatouage évolue, mais Cook. Il a découvert les Maoris c’est très progressif. Au début par en Nouvelle-Zélande, des popula- exemple, ce ne sont que des comtions connues pour leurs tatouages munautés spécifiques comme les faciaux qu’on appelle le Moko. À bikers qui se font tatouer. Puis, cette époque, les peuples comme au fil des années, la pratique du les Maoris se tatouaient pour mar- tatouage devient de plus en plus quer leur place dans la société. Plus accessible. on était important dans le groupe et plus on portait des tatouages Y a-t-il des époques où le tatouage élaborés. était banni ou inexistant ? Au Moyen Âge, on ne se tatouait À cette même période, à quoi était pas car cela aurait été perçu comme associé le tatouage dans nos sociétés une marque diabolique. Tout comme occidentales ? à la Renaissance, où le tatouage ne Aux 18e, 19e et début du 20e siècles, se pratiquait pas.
George Catlin / Musée du quai Branly
Édith Joseph, chargée de projet de l’exposition À Fleur de peau.
SON ÉTAT BRUT » Est-ce qu’aujourd’hui on continue de se tatouer pour les mêmes raisons ? Certaines sociétés traditionnelles continuent de se tatouer pour se reconnaître en tant que groupe. Mais désormais, dans les sociétés occidentales, si on se marque c’est pour se créer une identité. Moi ce que j’entends souvent chez les tatoueurs, c’est une volonté de “se finir”. Il y a l’idée qu’on n’est pas accompli, que l’image que l’on projette ne correspond pas à ce qu’on est. Pour finir de construire son identité, on va alors se marquer la peau. Recueilli par M.G
John Atherton
“À Fleur de peau” jusqu’au 31 décembre à l’abbaye de Daoulas
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LE GROUPE SUPER PARQUET MÊLE TRADI AUVERGNAT ET ÉLECTRO BIEN ACTUELLE. LE TOUT MANAGÉ DEPUIS LA BRETAGNE OÙ IL SERA CET ÉTÉ AU BOUT DU MONDE ET AUX CHARRUES, APRÈS AVOIR ÉTÉ INVITÉ AUX TRANS CET HIVER. bjet musical hybride (chelou diront certains), Super Parquet est né en 2012 d’une rencontre entre Louis (issu de la scène trad’ auvergnate), Julien et Simon, alors en études d’enseignement de la musique à Lyon. « Nous deux étions plus tournés vers la scène électro, explique ce dernier. Mais on s’est aperçu qu’on avait plus de points communs musicalement que ce qu’on pensait a priori. En 42
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premier lieu, le fait d’aimer jouer de longues plages mélodiques composées de boucles hypnotiques. » Dans le groupe, chacun joue sa partition : Julien assure la partie électro pure – machine – et Simon joue de la boîte à bourdon (« une sorte de vièle donnant cette nappe de fond psyché »). À cela se rajoutent la cabrette de Louis (« une petite cornemuse auvergnate, pour faire simple ») et le banjo d’Antoine, le quatrième membre
arrivé entre temps. Un ensemble enrichi par les voix de Julien et de Louis. « On s’adapte à tous les types de public. On est aussi bien amené à jouer dans des bals tradi, où pour le coup c’est plutôt à la cool, que dans des squats ou raves… Dans ce cas, on peut aussi bourriner. L’autre jour, on était à l’affiche d’une soirée étudiante en Normandie et c’était de la folie. Les petits jeunes étaient littéralement en transe, on a halluciné. »
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Les gaziers du Puy-de-Dôme commencent aussi à enchaîner les festivals plus mainstream : Printemps de Bourges, Trans (« grâce à ce diable de Jean-Louis Brossard qui nous a repérés au Printemps »), le Bout du Monde et les Charrues, pour une seconde fois cet été après 2015. « On a un super manager breton, Tangui Le Cras (qui s’occupe par ailleurs d’un autre artiste mi-tradi mi-actuel, Krismenn, ndlr). Il nous avait invités au festival Fisel à Rostrenen et le courant est tout de suite passé. On est devenu des bons copains », indique Julien. Du coup, 2017 ? Louis : « Écoute on a de bonnes perspectives… (silence) Putain j’ai l’impression de parler comme un PDG (rires). En vrai, on a déjà une trentaine de dates de bookées d’ici la fin de l’année et on espère caler une résidence un de ces quatre pour donner suite à notre premier EP (éponyme, ndlr), qui est épuisé. » Régis Delanoë Le 14 juillet aux Vieilles Charrues Le 4 août au Festival du Bout du Monde 43
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FROM YAOUNDÉ TO RENNES L’histoire commence en 2014. Venus du Cameroun, les danseurs de la compagnie X-trem Fusion passent un mois de résidence au Triangle à Rennes. Toutes les deux tarées de danse hip-hop, Marjolaine Peuzin et Alice Pinto Maïa vont à leur rencontre, sympathisent et partagent même quelques entraînements. Un désir naît alors chez les deux jeunes Rennaises : s’envoler pour Yaoundé ! « Sur place, on a rencontré les gars du Sn9per Cr3w, un collectif avec qui on a très vite dansé, se rappelle Marjolaine, 31 ans. Le directeur du Triangle voulait aller plus loin
dans les échanges entre Rennes et le Cameroun. C’est là qu’est née l’idée de créer un spectacle en commun. » Le mois d’août 2016 signe les premières semaines de collaboration, mais aussi de découverte. « Là-bas, la danse est partout, elle est ancrée dans le quotidien. Les quatre gars du Sn9per Cr3w font du hip-hop, mais sont aussi spécialisés dans la danse traditionnelle camerounaise. C’est quelque chose qui nous intéressait. » À leur retour, Marjolaine et Alice – respectivement breakeuse et danseuse funkstyle – rejointes par trois danseurs rennais (Ayã
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EN JUIN, LE TRIANGLE ACCUEILLE LE DEUXIÈME ÉPISODE DU PROJET « RENNES / YAOUNDÉ, DANSE CONNEXION ». UN SPECTACLE HIP-HOP, FRUIT D’UN ÉCHANGE ENTRE LA BRETAGNE ET LE CAMEROUN.
et Kaê Brown Carvalho ainsi que Naïm Ben Hamouda) ont monté le premier épisode de ce projet transfrontalier, présenté en février. Le deuxième volet sera dévoilé lors du festival Agitato avec, cette fois-ci, la présence des garçons du Sn9per Cr3w. Pour une première tous ensemble. M.G Le 8 juin au Triangle à Rennes
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VOIX DE GARAGE
Villejuif, Val-de-Marne : sa tradition communiste, son hôpital et… son groupe de garage lo-fi. Les quatre garçons du Villejuif Underground sont tellement fans de leur ville qu’ils ont décidé de lui rendre hommage. C’est là qu’ils vivent en coloc, qu’ils répètent et qu’ils enregistrent. Le dernier EP, Heavy Black Matter, est sorti chez Born Bad Records. Les gaziers se sont même exportés jusqu’en Chine il y a quelques mois. Une tournée WTF de 13 dates sur d’immenses scènes, partageant l’affiche avec des popstars locales. Plus adapté, c’est à Binic que joueront cet été ces inclassables, reconnaissables à la voix très Lou Reed du chanteur – australien – Nathan Roche. Le 30 juillet au Binic Folks Blues Festival 44
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EFFET BŒUF
UN EP SUR LE LABEL DE JACK WHITE ET UNE TOURNÉE AVEC THE LAST SHADOW PUPPETS : VOICI YAK. Abrasif : tel est le mot qui vient direct à l’esprit pour qualifier le rock de Yak, groupe de scène à la réputation grandissante. Pour affiner la présentation, le plus simple est encore de demander à Oli, le chanteur, ses influences. « Velvet, Mark E. Smith de The Fall, Stooges, Spacemen 3 et Suicide. Et pas mal de northern soul », énumère le natif de Wolverhampton, tout comme Andy, l’un des deux autres membres du trio. Une ville qu’il vante comme « ayant été la première à avoir des feux de circulation automatiques et élue au Lonely Planet comme l’une des pires au monde ». C’est à Londres qu’ils sont désormais installés. Là-bas. Yak s’est fait connaître pour avoir sorti un EP sur Third Man Records, le label de… Jack White (Oli : « On partage le même cordonnier, c’est là qu’on s’est rencontré, je portais des bottes cubaines qu’il a aimées et il m’a invité à dîner »). À son palmarès également : quelques tweets incendiaires concernant les conditions de leur tournée avec The Last Shadow Puppets, dont il assurait la première partie l’été dernier. Une polémique tuée dans l’œuf par Oli, qui déclare aujourd’hui n’avoir eu « aucun problème » avec un groupe dont il se dit « extrêmement flatté d’avoir pu partager des dates ». Le 8 juillet au Festival Beauregard Le 20 août à La Route du Rock 45
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SHAME ON YOU
VUS À LA ROUTE DU ROCK CET HIVER, LES AFFREUX JOJOS DE SHAME NOUS OFFRENT LA B.O DE L’ANGLETERRE DU BREXIT : ARROGANTE, VÉNÈRE, SANS CONCESSION ET… FASCINANTE.
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La prestation des Londoniens de Shame a été la révélation de la dernière édition hivernale de La Route du Rock. Au bout d’un morceau, le chanteur Charlie Steen commençait à renverser sa bière. Au bout de trois, il se désapait. Au bout de six, il donnait des coups de pied de micro au guitariste Eddie Green sans même s’en rendre compte, pour finalement finir parmi les spectateurs sur le dernier morceau. Un bon souvenir pour lui aussi, se rappelle-t-il : « Saint-Malo c’était chouette, bonne salle, bon public, moins apathique qu’à certains de nos shows anglais. »
Si la formation de Brixton reste encore jeune (moyenne d’âge : 19 ans), elle en est déjà à plus de 150 concerts joués, « dont pas mal de minables au début, avant de se forger une petite réputation de groupe live », dans un style « influencé par Television et les Smiths ». Entendre par là du bon vieux rock, avec un Charlie Steen qui déblatère sa misère plus qu’il ne la chante. « On s’apprête à jouer cet été les plus gros festivals qu’on n’ait jamais faits jusque-là, c’est flippant mais aussi bien excitant. » Le 4 juin à Art Rock à Saint-Brieuc Le 13 juillet aux Vieilles Charrues
Lumière d’Août
LE CADEAU BONUS
Après une année de repos, Bonus, le festival de théâtre contemporain du Théâtre de Poche à Hédé, revient pour une 6e édition. À l’affiche, une douzaine de spectacles. On retient notamment Éperlecques, de Lucien Fradin, qui s’intéresse aux questionnements universels de l’adolescence. Ou encore Ça s’écrit T-C-H (photo) d’Alexandre Koutchevsky où un homme reclus dans la campagne bretonne mène l’enquête et part à la recherche de son ancêtre présumé, le compositeur russe Tchaïkovsky. Sans oublier les concerts (gratuits) du soir avec, entre autres, Borja Flames et le bien nommé Cachette à Branlette. Du 24 au 27 août à Hédé 46
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VTS
IL ETAIT UN PETIT NAVIRE AU LARGE DE NOS CÔTES, ENTRE 3 000 ET 5 000 BATEAUX REPOSENT AU FOND DE L’EAU. DE QUOI FAIRE BIEN KIFFER LES PLONGEURS EN QUÊTE DE VESTIGES AQUATIQUES. TOUR D’HORIZON SOUS-MARIN AVEC NICOLAS JOB, AUTEUR DE L’OUVRAGE « 65 ÉPAVES EN BRETAGNE ».
AMOCO CADIZ L’an prochain, cela fera quarante ans que l’Amoco Cadiz, pétrolier supertanker libérien, s’est échoué au large de Portsall dans le Nord-Finistère, provoquant l’une des plus importantes marées noires jamais connues
DRUMMOND CASTLE au monde (220 000 tonnes de pétrole brut). Aujourd’hui, restent les mauvais souvenirs de cette catastrophe écologique et, au fond de l’eau, la carcasse de ce monstre des mers. « Il s’agit de la plus grosse épave de France, et sans doute de la planète, situe Nicolas Job. Cela s’étend sur 330 mètres, on a vraiment le sentiment de plonger sur un tapis de tôles et de tubes. » Si le site est aujourd’hui totalement dépollué, la vie peine à y reprendre ses droits. « La plupart des épaves constituent des récifs artificiels peuplés de crabes, homards et poissons. Mais bizarrement, ce n’est pas le cas de l’Amoco Cadiz. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi. »
KLÉBER « Il s’agit d’un bateau de guerre. Ce qui est rare en Bretagne. » Croiseur cuirassé de la marine nationale française, long de 130 mètres, le Kléber repose depuis le 27 juin 1917 au sud de l’archipel de Molène. La raison ? Sur une manœuvre de neutralisation d’une mine, il saute sur une seconde. Si l’épave est ferraillée dans les années 60, de nombreux éléments restent encore observables. « Le Kléber a coulé retourné, ce qui fait que ses 48
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entrailles sont encore bien protégées. On y trouve des machines gigantesques, des canons, des cheminées... »
C’est au milieu du Fromveur, ce passage entre Ouessant et Molène, que le Drummond Castle, un paquebot britannique, sombre dans la nuit du 16 au 17 juin 1896, après avoir heurté le récif des Pierres Vertes au nord-ouest de Molène. À son bord, 244 passagers, seuls trois seront rescapés. Gisant à 64 mètres de profondeur, le Drummond Castle constitue « une des plus belles épaves de Bretagne » selon Nicolas Job. « Elle fait 110 mètres de long. Quand on s’en approche, on a le sentiment d’une ville engloutie. Il y a beaucoup de tôles, mais on peut toujours observer les chaudières, l’imposante hélice, les deux grosses ancres… C’est un de mes sites préférés, surtout qu’il offre une excellente visibilité, tant le sable et le maërl blanc (un débris d’algue à enveloppe calcaire, ndlr) renvoient la lumière. »
U-171
« Là encore, un vestige plutôt rare : un sous-marin ! » En octobre 1942, le subaquatique allemand U-171 heurte une mine au large de Lorient, à l’est de l’île de Groix, avant d’être happé par le fond. De ce tombeau posé à 38 mètres de profondeur, 30 hommes (sur 52), réussiront à s’extirper miraculeusement. S’il est aujourd’hui interdit d’y pénétrer (car considéré comme un sanctuaire), le U-171 ne repose pas en paix pour autant. « Il est sujet à la houle et se dégrade énormément. Il commence à être bien abîmé. »
ET AUSSI... Artiglio. Navire spécialisé dans la récupération de cargaisons de bateaux coulés, l’Artiglio est mandaté pour « faire pétarder » l’épave du Florence-H au large de Quiberon en décembre 1930. Mais l’explosion est si violente qu’elle engloutit l’Artiglio. Le chasseur d’épaves est devenu épave. Henry R. James. Le 16 juillet 1917, ce cargo britannique est torpillé par un sous-marin allemand en baie de Lannion. « Une des rares épaves dans cette zone », précise Nicolas Job pour qui ce site est très photogénique : « L’eau y est claire et il reste encore de nombreuses superstructures. » Okawango. À proximité d’Ouessant, ce cargo allemand, qui heurta des rochers le 28 mai 1913 avant d’exploser, repose aujourd’hui à 45 mètres de profondeur. « Un site magnifique. Les éléments de l’épave sont répartis dans plusieurs canyons. » J.M 49
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AGENDA
La BaZooKa
DR
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Succession Picasso, FHEL
RECOMMANDE
LE CHANT DE MARIN
PICASSO
MEUTE
LE BAL FANTASTIK
En parallèle des fêtes maritimes, le festival du Chant de Marin de Paimpol affiche une programmation musicale plutôt fat. Une soirée retient l’attention : le 11 août avec la présence de Bachar Mar-Khalifé (photo), Jambinai, Calypso Rose, Asian Dub Foundation, Gocoo… À l’abordage !
Le Fonds Hélène et Édouard Leclerc accueille cette année une rétrospective consacrée à Pablo Picasso (un peintre assez sympatoche à ce qu’il paraît, vous connaissez ?). Au total, 150 œuvres du maître couvrant toute sa vie. Y aura pas Guernica, mais quand même ça claque.
De la techno organique. C’est le chouette créneau de Meute, une fanfare électro allemande, vue aux Trans cet hiver. Ici, ni ordi ni console, mais des cuivres, percussions et xylophones. Pour vous faire une idée, on vous conseille ses reprises rafraîchissantes de Laurent Garnier et de Âme. Ça dépote plutôt bien.
Concocté par les danseurs du collectif La BaZooKa et le groupe Alek et les Japonaises, ce Bal Fantastik, inspiré par le cinéma de SF, emmène ses participants dans un voyage chorégraphique à travers la 4e dimension. Super-héros, mutants, aliens… des personnages avec qui danser lors de ce périple « au-delà du réel ». Au Triangle à Rennes Le 10 juin
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Le 13 juillet aux Charrues, le 4 août au Bout du Monde, le 11 au Chant de Marin
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Au Fonds Leclerc à Landerneau Du 25 juin au 1er novembre
Paula Miquelis
À Paimpol Du 11 au 13 août
AGAR AGAR
BIG LOVE
INTERPOL
BELLE ÎLE ON AIR
Privilège des groupes qui ont la hype, Agar Agar a été invité en mai à se produire au très coté festival The Great Escape à Brighton. Une ligne bien classe de plus sur le CV du duo parisien dont le morceau Prettiest Virgin a permis de lancer la carrière.
Et de trois pour les Rennais de Crab Cake Corporation qui déboulent pour une nouvelle édition de leur élégant festival électronique Big Love. À l’affiche : Midland (photo), Fort Romeau, Superpitcher… Youpla, ça va chauffer dans les bermudas !
Le clou du festival La Route du Rock cette année ? C’est Interpol qui le plantera en interprétant dans son intégralité le mythique premier album du groupe, Turn on the bright lights. Un événement pour fêter les 15 ans de sa sortie (ça nous rajeunit pas).
Une prog pas dégueulasse (Superpoze [photo], Cotton Claw, Leska…), un cadre tip top (l’écrin du Bois du Génie à Belle-Île-en-Mer) pour un week-end au large, au milieu de l’océan Atlantique : franchement, on n’est pas bien là, paisible, à la fraîche ?
Le 4 juin à Art Rock et le 6 juillet à La Nouvelle Vague à St-Malo
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À Rennes (Ubu, Square La Touche) Du 9 au 11 juin
juin-juillet-août 2017 #32
À La Route du Rock à St-Malo Le 20 août
Les 11 et 12 août Au Palais à Belle-Île-en-Mer