BIKINI SEPTEMBRE-OCTOBRE 2017

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SEPTEMBRE-OCTOBRE 2017 #33



TEASING

À découvrir dans ce numéro...

«JE PARS À LA RECHERCHE DU YÉTI»

SANGLIER MENSTRUATIONS

COATELAN FAKE NEWS «T’AIMES ÇA LES GRATOUILLES HEIN»

DRUIDE SHAKESPEARE L’APOLOGIE DÉBARQUEMENT

«UN CERVEAU CONNECTÉ DIFFÉREMMENT»


ÉDITO

LIBERTÉ POUR LOUP Ce n’est pas le genre de choses qu’un journal a l’habitude d’écrire : nous espérons que ces lignes ne soient plus d’actualité lorsque vous les lirez. Car à l’heure où nous bouclons cette édition (vendredi 18 août), cela fait 23 jours que le journaliste indépendant Loup Bureau, 27 ans, est détenu en Turquie où il risque jusqu’à trente ans de prison. Le 26 juillet, cet ancien étudiant de l’IUT de Lannion (il y a effectué son année de licence professionnelle en 2011-2012) a été arrêté à la frontière entre l’Irak et la Turquie. Ce que lui reprochent les autorités ? Le fait « d’appartenir à une organisation terroriste armée » après que des photos, sur lesquelles il apparaît en compagnie de combattants kurdes syriens des YPG (organisation considérée comme terroriste par la Turquie), aient été découvertes. Photos datant de 2013 à la suite d’un reportage réalisé pour la chaîne TV5 Monde. Ni plus ni moins, martèlent son avocat, sa famille et son comité de soutien. D’abord détenu à la prison de Sirnak, le journaliste originaire de Nantes a été transféré au centre pénitentiaire de Van, à une douzaine d’heures de route, ce qui « va rendre sa défense plus difficile », affirme son avocat. Après Olivier Bertrand et Mathias Depardon, il s’agit du troisième journaliste français interpellé en Turquie en moins d’un an. Un pays où 160 journalistes sont actuellement incarcérés. Si 16 jours (!) après l’arrestation de Loup Bureau l’Élysée a fait savoir qu’Emmanuel Macron allait s’entretenir avec le président turc Erdogan à ce sujet, la mobilisation doit perdurer. Une pétition ayant déjà recueilli plus de 25 000 signatures est en ligne sur Change.org. Espérons-la obsolète. La rédaction

SOMMAIRE 6 à 13 WTF : Artistes allemands, librairies spécialisées, Shakespeare, billet suspendu, polémiques... 14 à 23 What the fake ?! 24 à 27 La puissance du port du jazz 28 à 31 Top of the pop 32 à 39 À la recherche du wallaby 40 à 47 RDV : Lomepal, Laia Abril, Druids of the Gué Charette, 10LEC6, Chevreuil 48 & 49 Coatelan : le club dézingue 50 BIKINI recommande 4

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Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Isabelle Jaffré, Brice Miclet, Maud Gautier / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Consultant : Amar Nafa / Couverture : George Tiedemann / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (St-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Mickaël Le Cadre, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2017.



WTF

QUEL ALLEMAND ALLER VOIR ?

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MILKSHAKE YOUR BODY

PAS BESOIN DE POIREAUTER PENDANT DES HEURES DEVANT LE BERGHAIN À BERLIN : TROIS AMBASSADEURS DE LA CULTURE GERMANIQUE SONT DE PASSAGE DANS LE COIN. COMBO CLAQUETTES-CHAUSSETTES OBLIGATOIRE.

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Le label rennais Banana Juice fête ses 25 ans cette année. Un quart de siècle, c’est l’occasion parfaite pour faire la fête (rime) pendant deux jours, avec la crème de son catalogue : Batmobile, Powersolo, Demented Scumcats, Long Tall Texans, Thee Andrews Surfers, Fifty Foot Combo… Les 22 et 23 septembre au parc des Gayeulles à Rennes.

LEN FAKI

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EDDY BELLEGUEULE

Lauréat inRocKs Lab 2016, vainqueur du prix Inouïs du Printemps de Bourges 2017 : le CV d’Eddy De Pretto commence à avoir une sacrée belle gueule. Un premier album doit sortir tout bientôt, avec la tournée qui suit. En Bretagne, ce sera à l’Antipode à Rennes le 12 octobre et au festival des Indisciplinées le 10 novembre aux Arcs à Quéven.

GOLO GOLO DANS LA CASEMATE

beat

Après une première édition l’an passé, la soirée électro Bunker Brestois remet le couvert, toujours en mode best-of “ti zef” : BR ǀ ST, Go Deep, Conne Action, Night Birds, Radio Lune… Le 21 octobre à La Carène. 6

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Bientôt 20 ans que le DJ d’origine turque sévit dans le monde de l’électro, où il fait aujourd’hui figure de tête de gondole. Invité il y a un an à se produire à Rennes dans le cadre du Made Festival, Len Faki revient en Bretagne comme tête d’affiche de la soirée Fortress, rentrée des classes de la bande d’Astropolis dans le 2-9. Au programme : une techno boum boum minimaliste et hypnotique, copine idéale de vos bouchons d’oreilles. Quand et où ? Le 9 septembre au Fort de Penfeld à Guilers

KADAVAR

KASSEM MOSSE

Le festival pluridisciplinaire Maintenant a eu la bonne idée d’inviter cette année le dénommé Gunnar Wendel, aka Kassem Mosse (aucun lien, fils unique), auteur d’une house downtempo rêveuse et sophistiquée qui (dit-on) s’exprime idéalement en live. Collaborateur régulier des labels de référence Workshop et Laid, il propose une musique pour initiés qui ne se laisse pas facilement apprivoiser. Expérience exigée. Quand et où ? Le 13 octobre à L’Antipode à Rennes

De longs cheveux soyeux, une barbe bien fournie, des fringues de friperie et des poches sous les yeux : Kadavar (photo), c’est d’abord un style seventies qui colle à la perfection avec le style musical pratiqué, un bon gros rock psyché des familles. Dans la droite lignée de Led Zep, de Black Sabbath et d’Hawkwind, les trois membres du groupe (Dragon, Lupus et Tiger) balancent des sonorités rappelant les origines du hard. Quand et où ? Le 19 octobre à l’Ubu à Rennes



WTF

LIBRAIRIES INDÉ : VRAIMENT SPÉ Faut-il être fou pour se lancer dans le business de la librairie indépendante dans une cour où jouent des mastodontes du calibre de la Fnac, de Cultura et – pire encore – d’Amazon ? Un peu, et pourtant des boutiques continuent de s’ouvrir, et pas seulement par des inconscients total. « Il est évident qu’on ne le fait pas pour l’argent mais d’abord par passion voire militantisme, pose Jeremi Kostiou, de la librairie Nadoz-vor, qui a ouvert à Brest en décembre dernier. D’ailleurs je ne me dégage pas encore de salaire mais je compte bien y parvenir. »

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AU DERNIER DÉCOMPTE, LA FRANCE COMPTE 3 200 LIBRAIRIES INDÉPENDANTES EN ACTIVITÉ. UN CHIFFRE QUI SE STABILISE GRÂCE À UN NOUVEAU FILON : LA SPÉCIALISATION. À VOS MARQUE-PAGES, PRÊTS, LISEZ !

Parmi les ouvertures récentes dans la région, beaucoup ont opté pour la même logique : la spécialisation. Pour Jeremi, c’est la Bretagne. « Une sélection soignée d’ouvrages sur la région. » 3000 titres sur 200 m² et la certitude d’avoir fait le bon choix en se spécialisant autant. « Ce n’est même pas un choix mais une obligation : on ne peut pas lutter au niveau du stock. Comme un artisan, je

choisis avec attention ce que je propose à ma clientèle. » Ce que fera également la librairie Bulles et Jeunesse, bientôt installée à Vitré, avec un catalogue 100 % jeune public. La tonalité est la même à la librairie La Nuit des temps, débarquée à Rennes depuis cet été. « Face aux géants, il faut répondre par le qualitatif, estime Ayla Saura, l’une des cogérantes avec Solveig Touzé (photo). C’est ce qui est recherché par ceux qui viennent chez nous : qu’on les guide vers des coups de cœur. » Parmi les 6 000 références disponibles, une orientation revendiquée vers le féminisme et l’écologie.

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FREAK SHOW

Pour sa 22e édition, le festival du Grand Soufflet nous plonge une nouvelle fois dans ce que l’accordéon propose de mieux. Au milieu des valeurs sûres (Les Ogres de Barback, Washington Dead Cats…), quelques étranges curiosités comme le Maxi Monster Music Show (photo), un spectacle rétro-freak mené par une vraie fausse femme à barbe dans une ambiance de cabaret des années folles. Ou encore le duo mexicano-lyonnais Kumbia Boruka, ambassadeur d’une cumbia en mode sound system. Du 4 au 14 octobre à Rennes et dans tout l’Ille-et-Vilaine.

« SUR LES BANCS PUBLICS, BANCS PUBLICS » Joyeux mélange pluridisciplinaire au festival Banc Public : musique (Johnny Montreuil, Ellie James, Cabadzi), théâtre, art de rue, sérigraphie… Du 23 septembre au 8 octobre à Saint-Brieuc. 8

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Johan Persson

ONE TWO THREE VIVA SHAKESPEARE !

CE N’EST PAS PARCE QUE LE BREXIT EST ACTÉ QU’IL FAUT BOUDER WILLIAM SHAKESPEARE. LA PREUVE PAR TROIS. JULIUS CAESAR Écrite en 1599 pour l’ouverture du Globe Theatre à Londres, cette tragédie relate la conspiration contre Jules César. Un texte qui fait écho au contexte anglais de l’époque : la rébellion d’Essex contre la reine Elizabeth Ire. Mise en scène par Arthur Nauzyciel, cette pièce est à découvrir en version originale surtitrée. C’est quand ? Du 5 au 14 octobre au TNB à Rennes et les 19 et 20 octobre au Quartz à Brest

MESURE SUR MESURE Texte déroutant, ni comédie ni tragédie, où l’on découvre une ville de Vienne plongée dans le chaos après que le Duc ait confié le pouvoir à son cousin, impitoyable avec la loi. Ici mis en scène par Declan Donnellan et interprété par la troupe du Théâtre Pouchkine de Moscou (photo). C’est quand ? Les 18 et 19 octobre au Théâtre de Cornouaille à Quimper

RICHARD II Des meurtres, des trahisons, des bannissements, des renoncements : aucun ingrédient ne manque à cette fresque historique inspirée par le règne de Richard II d’Angleterre. C’est quand ? Les 21 et 22 novembre à La Passerelle à Saint-Brieuc 9


WTF

SO-SO-SO SOLIDARITÉ AVEC LES SANS-BILLETS !

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ELLE EST TOUTE TORDUE

Connue aussi bien pour la qualité de sa prog’ que pour sa forme biscornue, la salle de l’Ubu à Rennes a ouvert ses portes le 2 octobre 1987. Trois décennies plus tard, elle s’apprête à fêter cet anniversaire avec une nuit spéciale rétrospective coordonnée par un habitué des lieux, le DJ, producteur et chanteur Rubin Steiner. Le 30 septembre.

Kent Adreasen

« ON DIRAIT LE SUUUUUUD »

Spoek Mathambo a déboulé au printemps avec son nouvel album Mzansi Beat Code. Une confirmation de l’habileté du Sud-Africain à marier house, hip-hop et musique traditionnelle zulu. Le 20 octobre au 1988 Live Club à Rennes, le 3 novembre aux Sons d’Automne à Quessoy et le 4 novembre aux Indisciplinées à Lorient.

« WE ARE THE CHAMPIONS »

tremplin

Parmi les temps forts du festival Cultures Hip Hop : la finale bretonne du tremplin rap Buzz Booster. Un concours qui, l’an passé, a vu triompher Di#ese qui s’est payé le luxe de remporter la finale nationale en mai dernier. Pour découvrir son successeur, RDV le 13 octobre au Novomax à Quimper. 10

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Vous connaissez sans doute le système du café suspendu. Vous commandez un café mais en payez deux. Un pour vous et un pour une personne dans le besoin qui en fera la demande. Cet acte de solidarité a fait son apparition dans certains théâtres qui ont mis en place un système quasi similaire : le billet suspendu. C’est le cas du Théâtre de Lorient qui a initié ce dispositif en avril dernier lors du festival Eldorado. Ici, même principe qu’au bar : des places prépayées par des spectateurs sont mises à la disposition de personnes qui n’auraient pas les moyens de se les offrir. « Je vous avoue qu’il n’y a pas eu un engouement monstrueux. Sur tout le festival, il n’y a eu que trois billets suspendus, témoigne Isabelle Guivarc’h, chargée de communication. Mais on aimerait malgré tout appliquer ce système pour l’ensemble de nos spectacles sur toute l’année. » Ce que va également expérimenter Le Triangle à Rennes à partir de cette rentrée. « En achetant sa place, chaque spectateur pourra s’il le souhaite faire un don, en majorant sa place de quelques euros supplémentaires. Chaque tranche de 5 ou 10 € se traduira par un billet suspendu disponible dans le hall d’entrée, sous forme de contremarque à présenter à la billetterie », détaille CharlesEdouard Fichet, son directeur. Une initiative louable, même s’il est impossible d’assurer qu’elle profite d’abord au public visé. « Nous croyons en

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SUR LE MÊME PRINCIPE QUE LES CAFÉS SUSPENDUS, LE SYSTÈME DES BILLETS SOLIDAIRES ARRIVE DANS QUELQUES SALLES ET THÉÂTRES DE LA RÉGION. UN POUR TOUS ET TOUS POUR UN !

la bonne conscience des gens, mise le boss du Triangle. Nous n’allons pas contrôler les personnes qui en bénéficient. » Un point central qui différencie ce système des autres dispositifs de tarifs préférentiels ou de gratuité. Des aides qui s’adressent avant tout aux personnes bénéficiaires des minima sociaux. Un levier sur lequel le théâtre de La Passerelle à Saint-Brieuc préfère agir. « On travaille avec l’association Culture Zatous pour mettre à disposition des places gratuites. Cela donne la garantie d’offrir ces entrées à des personnes socialement et financièrement éloignées de la culture, explique Catherine Zuccolo, la responsable du développement des publics. Le billet suspendu pourrait être complémentaire, mais pour l’instant ce n’est pas encore envisagé. » Même topo au Quartz à Brest, au TNB à Rennes ou au Théâtre de Cornouaille à Quimper où les billets suspendus ne sont pas (encore) mis en place. M.G



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QUAND LES ARTISTES FONT POLÉMIQUE DANS LE VISEUR DE DEUX COLLECTIFS FÉMINISTES, LE RAPPEUR RENNAIS LORENZO A FAIT CAUSER DE LUI CET ÉTÉ. PAS UNE PREMIÈRE DANS LA RÉGION. RETOUR SUR LES ARTISTES BRETONS QUI ONT FAIT POLÉMIQUE.

Le rap provoc et joyeusement débilos du Rennais Lorenzo s’est retrouvé cet été au cœur d’une polémique. Deux assos féministes, dénonçant des « textes sexistes », ont lancé une pétition pour interdire son concert prévu en septembre à Dijon. Concert maintenu par la municipalité soulignant la liberté artistique et la « bouffonnerie » décalée de “l’empereur du sale”.

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MANAU

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MATMATAH

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LORENZO

S’il fallait ne garder qu’un titre de Matmatah, ce serait L’Apologie. Un tube indémodable qui a valu aux quatre Brestois d’être condamnés en juin 2000 pour « provocation à l’usage de stupéfiants ». À l’origine de cette procédure : la brigade des stups de Nantes qui, en 1994, avait déjà lancé des poursuites contre Billy Ze Kick pour son morceau Mangez-moi.

Après quelques années de silence, l’auteur de La Tribu de Dana est revenu fin 2014 avec Le Chant du coq. Pour le clip de ce morceau, le chanteur Martial Tricoche s’illustre en réalisant une quenelle, geste sulfureux inventé par Dieudonné. Malgré les critiques, le groupe ne fera pas machine arrière et remerciera même l’humoriste pour « son soutien ». Pas glop.

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DU RAP, DU RAP, ET DU RAP

Pour les amateurs de hip-hop, il y a moyen de bien se la mettre en cette rentrée. Dans les prog’ à venir, on retient notamment : le toujours efficace crew BALUSK (le 15 septembre au festival I’m From Rennes), le prince de la vigne Gérard Baste (le 5 octobre à La Carène à Brest), une riche soirée réunissant Georgio, Caballero et JeanJass (le 7 octobre à La Nouvelle Vague à Saint-Malo), Columbine (le 13 octobre à La Carène), l’incisif Médine (le 22 septembre à L’Étage à Rennes et le 3 novembre à L’Échonova à Saint-Avé), le Rennais ABD (photo) qui fera notamment partie de la nouvelle cuvée de la Tournée des Trans en cette fin d’année (le 25 novembre au Run ar Puñs à Châteaulin et le 1er décembre à L’Échonova). Yes mamène. 12

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DOSSIER

WHAT THE FAKE ?!

C’EST SANS DOUTE L’EXPRESSION DE L’ANNÉE. DE L’ÉLECTION DE TRUMP À LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE FRANÇAISE, LES FAKE NEWS ONT SQUATTÉ L’ACTU. ET EN BRETAGNE ? 14

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DOSSIER

l n’y a désormais plus une semaine sans qu’on parle d’elles : les fake news. On les évoque, on les relaie, on les infirme, on les dénonce. Mais elles persistent et font aujourd’hui pleinement partie du jeu médiatique qu’elles viennent inlassablement ponctuer. Jusqu’à devenir – sans trop se tromper – le phénomène de cette année, loin devant le hand spinner (RIP petit ange). Si l’expression favorite de Donald Trump n’est pas encore entrée dans le dico (en attendant, l’Académie française recommande de lui préférer les termes bobard, contre-vérité, mensonge ou encore trucage), elle a pourtant bien squatté l’actu française de ces derniers mois. Avec, comme climax, la campagne électorale du printemps où les fausses informations semblent avoir autant circulé que les “vraies” déclarations. Pour ne pas dire plus. Une impression juste ? Oui et non. « La désinformation a toujours fait partie des modes normaux de circulation des nouvelles dans l’opinion publique. Pas nécessairement par mauvaise volonté ou mauvaise intention, mais aussi par défaut d’information. L’essence même des rumeurs et fake news, c’est le discours officiel relayé par les médias où on va aller pointer l’élément encore méconnu, l’erreur, le détail dissonant… En soit, ce n’est pas un phénomène récent, rappelle Julien Giry, docteur en sciences politiques à l’université de Rennes 1 et spécialiste du conspirationnisme. En

revanche ce qui est nouveau, c’est la quantité d’informations et donc de désinformations disponibles dans l’espace public, en particulier en raison du développement d’Internet (et de l’immédiateté des échanges qu’il permet, ndlr). Plus il y a de nouvelles informations, plus il y a de la place pour la contre-information et la supposée réinformation. » Voilà pour la théorie. Et dans la pratique ? En Bretagne, l’un des exemples les plus retentissants de fausses informations a été celui du SMS de suicides d’agriculteurs l’an passé. Le samedi 23 janvier 2016, un texto, largement diffusé auprès du monde agricole, annonçait que trois éleveurs des Côtes d’Armor s’étaient donné la mort, « dont un frère et une sœur sur la même nouvelle tragique… mais fausse. poutre » (voir photo). Près de 24 heures après sa diffusion dans les médias traditionnels et sur « Il aurait fallu se renseigner » les réseaux sociaux, l’information Aussitôt, l’info est reprise par cer- est démentie par la préfecture de tains médias, France 3 Bretagne et Bretagne : aucun agriculteur ne Europe 1 notamment. Parmi leurs s’est suicidé ce week-end-là dans sources : les organisations profes- le département. Et encore moins sionnelles, dont la section finisté- dans la bourgade d’Hénanbihen, rienne de l’APLI (Association des citée nommément dans le SMS. producteurs de lait indépendants). « Cette histoire me laisse toujours un Christian Hascoët, son porte- goût amer, témoigne Daniel Paulet, parole, se souvient encore très bien le maire. Cela a mis en émoi la comde cet épisode. « Comme beaucoup mune. Personnellement, j’ai tout de d’agriculteurs, j’ai reçu ce texto. J’ai suite pensé à des agriculteurs installés alors téléphoné à des collègues des ici. Heureusement, il n’en était rien, Côtes d’Armor pour savoir si eux mais ce qui s’est passé est lamentable. aussi l’avaient eu. C’était le cas. J’ai d’ailleurs porté plainte (pour C’est là que j’ai averti quelques- propos mensongers portant atteinte à uns de mes contacts journalistes l’image de la commune, ndlr) auprès pour faire remonter l’info. » Une du procureur de la République… mais je n’ai eu aucun retour de sa part. Si j’en veux aux journalistes ? Tout le week-end, j’ai été assailli de coups de fil… mais c’est avant qu’il aurait fallu se renseigner. »

« L’élément encore méconnu, l’erreur, le détail dissonant » 16

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Bikini

Si les journalistes piégés ont depuis fait leur mea-culpa (« l’information nous provenait d’une source fiable. […] Des textos qui se diffusent comme une traînée de poudre, et cette rumeur qui enfle tant et si bien que les médias, à quelques minutes du bouclage, finissent par donner l’information », s’excusait ainsi France 3 Bretagne dans un communiqué), tous les protagonistes de cette affaire ne condamnent pas ce texto erroné et cette fake news propagée. C’est le cas de Christian Hascoët, pourtant parmi les premiers à l’avoir relayé. « On s’est fait avoir je le reconnais. Mais ce faux SMS n’est qu’une anecdote dans un océan de drames qui d’ordinaire sont tus. Une récente étude de la MSA (Mutualité sociale agricole, ndlr) estime qu’un agriculteur se suicide tous les deux jours en France. Nous savons tous que c’est une réalité, et pourtant rien n’est fait. Le SMS a certes été inventé, mais il aurait pu être vrai. » 17


DOSSIER

« Ça ne fait jamais plaisir de se faire bananer... » Un public visé, une nouvelle jugée plausible, un contexte favorable : voilà les principaux ingrédients du succès d’une rumeur. « Vraie ou fausse, cette information trouve un écho dans la population. Sans même la vérifier, cela va me pousser à la partager car ça va prouver quelque chose que je pense être vrai : la France va mal et les agriculteurs souffrent, développe Sylvain Delouvée, chercheur en psychologie sociale à l’université de Rennes 2 et spécialiste des croyances collectives. Les rumeurs et fake news s’appuient sur des biais cognitifs à l’œuvre chez chacun d’entre nous, comme le biais de confirmation d’hypothèses. Nous avons tous tendance à chercher des réponses qui confirment nos propres croyances, plutôt que des éléments qui les infirment. » Julien Giry, de l’université de Rennes 1, poursuit : « Pour que la désinformation soit reprise, il faut qu’elle s’inscrive dans un contexte qui fasse sens pour le groupe au sein duquel elle circule. Un groupe social ne va pas nécessairement croire la même chose qu’un autre groupe, car l’information ne va pas entrer en résonnance avec son univers de perception. »

Vrai faux druide Si la rumeur peut naître en différents endroits, la fake news, elle, possède une origine. « Elle est créée à dessein. C’est une distorsion de la réalité pour distiller quelque chose de faux », précise Sylvain Delouvée. Et ainsi devenir un outil de désinformation 18

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et de propagande. À l’image du tweet de Gilles Pennelle, conseiller régional du Front National, qui lors de la campagne présidentielle, affirmait qu’un « individu radicalisé » avait été arrêté à Rennes « en possession de plans détaillés du centre commercial Alma ». Le tout ponctué du hashtag attentat. Tweet repris et partagé… avant d’être démenti par la Police. Moins polémique mais tout aussi politique, l’histoire du druide de La Roche-Derrien rentre elle aussi dans la case des infos bidonnées utilisées comme moyen d’action. En mars 2016, cette commune de 1 032 habitants des Côtes d’Armor annonçait le plus sérieusement du monde qu’elle faisait appel à un druide, faute de médecin. Journaliste au Télégramme, Benoît Tréhorel est le premier à avoir traité l’affaire. « Un matin, on a reçu un mail de la municipalité de La RocheDerrien qui expliquait simplement avoir embauché un druide. Au début, je me suis dit “qu’est-ce que c’est que ces conneries ?”. J’ai appelé le maire, qui m’a confirmé que c’était vrai, et l’ai rencontré dans l’après-midi pour qu’il me détaille la chose. Avec autour de lui quelques élus, tous on-ne-peut-plus-sérieux. À aucun moment, on ne pouvait douter qu’il s’agissait d’un canular. » Car cela en était bien un. À la baguette, Jean-Louis Even, le maire, qui avait clairement l’objectif de réaliser un joli coup de com’. « Nous n’étions pas le seul village à manquer de médecins. Nos annonces pour en

recruter un étaient noyées parmi toutes les autres de Bretagne et de France. À partir de là, y avait pas cinquante solutions : fallait faire le buzz. C’est comme ça qu’on a décidé de faire appel à une agence de pub à Lannion pour imaginer un truc original. »

« Pas agréable de mentir, mais... » L’imposture tiendra deux jours, le temps d’être reprise par tous les médias régionaux et nationaux, avant que la supercherie ne soit dévoilée : le druide est en réalité un acteur. Qu’importe, l’essentiel est là pour Jean-Louis Even. « Ça a fait parler de nous et nous a permis de trouver un médecin quelques mois plus tard. » Conscient d’avoir manipulé ses administrés et les médias en racontant des craques, le maire endosse cette responsabilité. « Ce n’est pas agréable de mentir, mais c’était pour la bonne cause. Et cela a permis de parler des déserts médi-


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caux, justifie-t-il. J’ai tout de même eu au téléphone quelques directeurs de journaux un peu vexés de s’être fait avoir… Mais bon, on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs… » « Ouais c’est sûr que ça ne fait jamais plaisir de se faire bananer... Mais je ne suis pas le seul à m’être fait berner. Honnêtement c’était hyper bien calé. Franchement bravo », concède – beau joueur – Benoît Tréhorel. « Si cette affaire du faux druide a marché, c’est parce qu’elle a répondu à toute une série de croyances préexistantes : le passé druidique de la région, la critique de la médecine traditionnelle, le problème des médecins en zones rurales…, décortique Sylvain Delouvée. La solution que je préconise contre les fake news, intox et rumeurs ? Se considérer le 1er avril toute l’année. Un jour où on se méfie de tout, où on garde son esprit critique et où on essaie de remonter les sources de chaque information. » Julien Marchand

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DOSSIER

S’il est un milieu exposé aux fake news, c’est bien celui du foot. Avec deux fenêtres sensibles par an : en janvier et l’été, lors de ce qu’on appelle les périodes de mercato, ces moments où les clubs peuvent acheter et vendre des joueurs. Un marché aux bestiaux XXL qui draine des millions de thunes et presque autant de rumeurs. « Kevin Jambonneau sur les tablettes de… », « Felipe de Sousa parti pour rester à… », etc. Il n’y a pas si longtemps, des magazines sortaient en kiosque entièrement consacrés à ces pistes, parfois basées sur la seule parole d’un agent de joueur en quête d’une commission. Internet n’a fait qu’amplifier le phénomène avec des sites spécialisés tels que Foot Mercato ou Mercato365. C’est dans ce contexte qu’est né le canular du joueur Anderson Antunes (photo), joli modèle de fake news dont l’instigateur principal, Fabien, raconte la genèse. « On est en juin 2009. Guingamp, que je supporte, vient de remporter la Coupe de France mais le double buteur de la finale Eduardo est sur le départ. Sur le forum réunissant les supporters du club, on s’impatientait de lui trouver un successeur. D’où l’idée de créer de toutes pièces un faux transfert. » De toutes pièces pas exactement : Fabien et des membres historiques du forum préparent leur coup et décident de partir de l’existence d’un vrai joueur, le dénommé Anderson Antunes. « Brésilien, attaquant, il avait déjà vadrouillé, notamment au Japon. On a flairé le bon client. » Reste à confectionner le piège. 20

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« ON A HACKÉ LES INFOS MERCATO »

« Je me suis inscrit sur l’équivalent brésilien de Skyblog pour créer un site consacré au joueur, que j’ai rempli d’un contenu fait de textes en portugais copiés-collés grossièrement. Puis j’ai mis en ligne un article rédigé grâce à Google trad dans lequel il était question d’une signature en France. » Le texte en question dit ceci : « O atacante Azulão, Anderson Antunes, parece já ter chegado a acordo com os franceses do FC Guingamp. » Fabien poursuit : « On a ensuite modifié sa page Wikipedia et on a dégoté une vidéo YouTube compilant ses meilleures actions… La panoplie était alors complète pour lancer la bombe. » Le 18 juin sur le forum de l’En Avant, une série de messages d’internautes mis dans la confidence font état de la signature d’un attaquant brésilien, info soi-disant relayée par une radio locale. La

curiosité naturelle des fans fait le reste. « Le blog, la fiche Wiki et la vidéo ont vite été retrouvés. Le cumul des trois rendait crédible la piste. Et c’était parti pour plusieurs jours de spéculation. » Jusqu’à obtenir le Graal souhaité : une brève du Télégramme en date du 20 juin faisant référence à « la fausse rumeur Anderson Antunes », avec un démenti officiel de Noël Le Graët, alors président du club, déclarant que « personne ne l’a vu ». « On avait décidé au préalable de stopper la machine dès que l’histoire remontait jusqu’à la presse, donc on a vite révélé le pot aux roses après ça. » Un bidonnage qui, pour Fabien, « serait plus difficile à reproduire aujourd’hui : paradoxalement, on parle de plus en plus de fake news mais les gens sont plus méfiants qu’en 2009 sur l’origine des sources en ce qui concerne les rumeurs foot ». R.D


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LA PREMIÈRE FAKE NEWS BRETONNE ?

Nous sommes en 1675. Depuis trois ans, la France est en pleine Guerre de Hollande. Pour financer les combats, Louis XIV lève de nouveaux impôts royaux. Sur tout le territoire, des taxes sur le tabac et sur le papier timbré, désormais requis pour tous les actes authentiques, sont instaurées. Une décision qui passe mal, notamment en Bretagne, déjà touchée par la restriction du commerce maritime causée par la guerre, et historiquement rétive à tout impôt de l’État français. Dans différentes villes de la région, éclatent alors des émeutes : Nantes, Rennes, Saint-Malo, Lamballe, Guingamp, Gourin, Landerneau et bien sûr Carhaix, le bastion des “bonnets rouges” qui donneront leur nom à cette révolte. Une situation explosive et, très vite, un nouveau bruit qui circule : la gabelle, cet impôt sur le sel dont la Bretagne est exemptée, serait sur le point d’être mise en place. Une information infondée mais cette rumeur – non démentie par le pouvoir – envenime la situation. À Rennes, le 25 avril 1675, les émeutiers scandent « Vive le roi sans gabelle » comme cri de ralliement, rapporte l’historien Georges Minois dans son ouvrage Nouvelle Histoire de la Bretagne. Quelques semaines plus tard, la rumeur refera surface, particulièrement en Basse-Bretagne. Là où le soulèvement sera le plus violent. 21


DOSSIER

FAKE NEWS, RUMEURS, INTOX, CANULARS, PAS DE GALETTES DES ROIS À BREST

L’histoire fait encore bien marrer Romain. En 2015, alors qu’il était étudiant en effets spéciaux, ce Guingampais de 27 ans réalise un montage vidéo d’un orque à Ploumanac’h et l’envoie aux journaux régionaux. Le Télégramme mord direct à l’hameçon et diffuse la vidéo sur son site. « Le timing était parfait car, quelques jours avant, un médecin de Saint-Brieuc affirmait avoir vu un orque dans la baie, explique-t-il. Un journaliste m’a rappelé, je lui ai juste dit que j’avais récupéré la vidéo avec un touriste. Et c’est passé comme ça. » Après une semaine de canular (« et parce que j’en avais marre d’être contacté par des passionnés d’animaux marins »), Romain fera machine arrière en prévenant Le Télégramme de la supercherie : « Ils m’ont un peu engueulé, mais rien de bien méchant. »

Depuis quelques années, l’information ressort sur les réseaux sociaux chaque mois de janvier : les écoliers brestois seraient privés de couronnes des rois, pour ne pas offenser « certaines communautés ». Si en 2013, dans le cadre d’une application stricte de la laïcité, les couronnes avaient bien été retirées car il y était inscrit le mot “épiphanie” (une décision sans doute discutable), il n’en est rien depuis : galettes, fèves et couronnes sont bien distribuées à la cantine. Sauf que l’annonce ressurgit désormais chaque année sur Twitter, largement relayée et déformée par la fachosphère.

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UN ORQUE À PLOUMANAC’H

UN CALAMAR GÉANT SUR LA PLAGE « Breaking news ! Un calamar géant échoué sur une plage bretonne ! » Partagé sur Twitter au printemps 2015, le cliché est impressionnant : une créature de plusieurs dizaines de mètres étendue sur le sable, entourée de badauds médusés… Plutôt monstrueux mais totalement bidon. Un montage photo qui, en 2014, avait déjà servi à une précédente rumeur : celle d’un calamar radioactif, « monstre de Fukushima », échoué en Californie. Il est toujours marrant de lire les commentaires au premier degré sur la page Facebook du Gorafi. En janvier 2014, le site d’infos parodiques annonçait que la commission européenne souhaitait « diviser par deux la taille des crêpes bretonnes » pour lutter contre l’obésité. Parmi les réponses, quelques réactions malaisantes : « Non mais de quoi je me mêle ! Je suis Bretonne et le diamètre des crêpes me convient tout à fait. Pffff !!! »

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LE DIAMÈTRE DES CRÊPES


HOAX… LA MÉGANE NOIRE ET LE RADAR « Le radar est dans la calandre, il est quasi invisible et flashe de l’avant et de l’arrière ! » En mars 2013, pas mal d’automobilistes sont au taquet avec l’instauration des nouveaux radars, invisibles, installés à bord de véhicules banalisés. À Rennes, la photo d’une Mégane noire roulant sur la rocade et un numéro de plaque d’immatriculation se partagent massivement sur le Net... sauf que ce n’est pas la bonne voiture. Cette photo circulera également au même moment dans plusieurs régions françaises.

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DU POISSON CONTAMINÉ

« Attention avec le poisson panga ! Ne jamais acheter cette saleté ! » À l’été 2013, ce message, signé du chercheur François Harmegnies de l’Ifremer à Brest, a été partagé plus de 50 000 fois sur Facebook. La panga, « un nouveau poisson asiatique », sur le point d’envahir le marché grâce à son prix bas, serait « infecté à haut niveau de venins, bactéries » et de « métaux contaminés ». De quoi flipper ? Pas vraiment. De 1/ en 2013, le scientifique cité était déjà à la retraite (l’Ifremer a d’ailleurs porté plainte pour usurpation d’identité). De 2/ le poisson en photo est un Pangasius gigas et non un Pangasianodon hypophthalmus (celui en vente). Et de 3/ le panga, bien que sujet à de l’aquaculture intensive, ne présente pas plus de risques qu’un autre poisson d’élevage. 23


NARA

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LA PUISSANCE DU PORT DU JAZZ

IL Y A 100 ANS, DES CENTAINES DE MILLIERS DE SOLDATS AMÉRICAINS, ENGAGÉS DANS LA GRANDE GUERRE, DÉBARQUAIENT À BREST. PARMI CES HOMMES : DES COMBATTANTS NOIRS, JOUEURS D’UNE MUSIQUE JAMAIS ENTENDUE JUSQU’ALORS. votre avis, quelle musique pouvaient bien écouter vos arrière-grandsparents il y a 100 ans ? Si le Hit Machine avait existé en 1917, les Charly et Lulu de l’époque auraient alors annoncé les prestations de Maurice Chevalier et Mistinguett dans les cabarets parisiens, le ballet Parade du compositeur Erik Satie ou encore la chanson Je Cherche après 24

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Titine (que Chaplin ressortira en 1936 pour Les Temps modernes) parmi les hits de cette année-là. Un paysage musical qui s’apprêtait à connaître ce qui sera par la suite considéré comme une révolution : l’arrivée du jazz. Un genre nouveau qui déboule dans un contexte particulier, celui de la Première Guerre mondiale qui fait alors rage en France et en Europe.

En Bretagne, Brest est certainement la ville qui vit le plus au rythme du conflit, ponctuée par les départs et arrivées de soldats. « En 1917, Brest ne compte plus beaucoup d’hommes. Ceux du 19e régiment d’infanterie sont en effet partis sur le front et la plupart des marins ont été affectés en Méditerranée, situe Alain Boulaire, historien spécialiste de la cité finistérienne. C’est dans ce cadre que


les Américains vont débarquer, Brest ayant été désigné comme le meilleur port pour accueillir de gros bateaux, à la différence de Saint-Nazaire et Bordeaux qui ne possédaient pas de port en eau profonde. » La première arrivée massive des “Sammies” à lieu le 12 novembre 1917. « Ce sont plus de 800 000 Américains qui débarqueront en tout à Brest. Au début, ils sont logés dans les casernes existantes mais, assez vite, le camp de Pontanézen va être installé. Il va prendre de plus en plus d’extension, jusqu’à atteindre la capacité de 85 000 hommes. Plus que ne comptait d’habitants la ville de Brest alors. »

Une Marseillaise jazzy sur les quais Parmi les troupes, des soldats blancs et noirs qui ne se côtoient pas. À cette époque, la ségrégation est encore de mise au sein de l’armée US et les combattants afro-américains composent des unités spécifiques. Parmi les plus connues : le 369e régiment d’infanterie. Dans ses rangs, un homme, au grade de lieutenant, va vite se faire remarquer : James Reese Europe. « Avant la guerre, c’est déjà un personnage connu aux États-Unis. Il est né dans une famille noire en Alabama en 1880, avant de déménager pour Washington et New York où il va avoir un rôle important en tant que musicien mais surtout en tant qu’organisateur, explique Laurent Cugny, historien du jazz. James Reese Europe va notamment créer une institution de la musique noire américaine, le Clef Club, qui faisait du “booking” comme on dirait aujourd’hui. Il y avait un orchestre de cent musiciens, dont dix pianos, et c’est Europe qui le dirigeait. Il s’est notamment produit à la mythique salle du Carnegie Hall. » Engagé en 1916, il est chargé de constituer une fanfare au sein des troupes. Et lorsque les USA entrent en guerre en avril 1917, c’est près de 25


quarante musiciens qui composent alors son band. En attendant leur départ pour la France où, en plus de combattre (Europe est affecté à une compagnie de mitrailleuses), ils seront également chargés de donner des représentations, dans les hôpitaux militaires notamment. « C’est ainsi que le 26 décembre 1917 ils embarquent à bord du navire Le Pocahontas, direction Brest, où ils arrivent le 1er janvier 1918 », retrace Alain Boulaire. Dans le port brestois, James Reese Europe et ses hommes ne passent pas inaperçus. Avec leur couleur de peau tout d’abord (« pour beaucoup de Bretons – pour ne pas dire la majorité – c’était les premiers noirs qu’ils voyaient ») et avec leur musique inédite qu’ils jouent sitôt sur les quais. « Lors de cette représentation improvisée, ils ont interprété La Marseillaise. On raconte que la foule a tardé à la reconnaître tant elle sonnait différemment », rapporte Laurent Cugny. Des clairons, trompettes, trombones, clarinettes, cors et saxophones pour une version syncopée de l’hymne national. Le jazz vient de débarquer et c’est à Brest qu’il résonne pour la première fois. « Il faut juste être prudent avec les termes employés, tempère Laurent Cugny. La musique de James Reese Europe reste celle d’un “marching band”. C’était d’abord une fanfare militaire. Selon nos critères d’aujourd’hui, ce n’était pas du jazz, mais du ragtime. Un style précurseur de la musique noire américaine. »

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Un genre musical qui, quel que soit son nom, détonne à l’époque. Après seulement quelques jours passés à Brest, c’est à Nantes que l’orchestre donne son véritable premier concert. Celui-ci a lieu le 12 février au Théâtre Graslin lors d’une fête célébrant l’amitié franco-américaine. Au programme : hymnes, airs patriotiques et quelques compositions. « C’est de la musique de primitifs. Ce sont des chansons de nègres soit, mais c’est tout un art savant qui est en train de sortir de ces chansons, de leurs rythmes, si originaux que l’oreille qui les a perçus ne les oublie pas », s’enthousiasmait alors Ouest-Éclair, ancêtre d’Ouest-France, dans son édition nantaise. Suivront des représentations à Tours et à Aix-les-Bains, avant un départ pour le front, dans la Meuse. « Là encore, ségrégation oblige, ils seront sous le commandement de l’armée française, et non américaine », rappelle Alain Boulaire. Des combats où ces soldats gagneront leur surnom d’Harlem Hellfighters.

« De la musique de primitifs... mais c’est tout un art savant » 26

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James Reese Europe survivra à l’enfer des tranchées, avant de regagner Brest, son port de départ, en janvier 1919. « Il mourra seulement quelques mois plus tard, de retour aux USA, lors d’une dispute avec un de ses musiciens, poursuit l’historien brestois. Après un concert, il lui avait fait remarquer qu’il avait mal joué. Il a reçu un coup de canif et a fait une hémorragie interne. Il avait 39 ans. » Un destin tragique qui, selon Laurent Cugny, va construire le mythe de ce musicien que l’Histoire retient comme le pionnier du jazz en France. « Il n’est pourtant pas le seul à avoir introduit le jazz dans le pays : je pense notamment au musicien américain Louis Mitchell qui, à cette époque, était à Paris et participait à ce qu’on allait appeler le Montmartre Noir. Si le nom de James Reese Europe est resté, c’est parce qu’il y a du storytelling. Il y a tous les ingrédients pour faire une histoire qui parle aux gens d’aujourd’hui : la guerre, le débarquement US, le combat héroïque, sa mort précoce… Je ne minimise pas son action mais c’est davantage à l’histoire du pré-jazz qu’il appartient. » Julien Marchand


DR Cinémathèque Bretagne - opérateurs armée US

LE DÉBARQUEMENT EN CINÉ-CONCERT

L’arrivée des bateaux dans la rade, l’accostage au port, les effusions de joie sur les quais, la vie quotidienne des soldats dans les casernes, le départ pour le front… Documents d’exception, ces scènes du débarquement US à Brest en 1917 ont été filmées par les opérateurs de l’armée américaine. Un témoignage de notre histoire récente, conservé par la Cinémathèque de Bretagne, que le pianiste Christofer Bjurström (de l’ensemble brestois Sillages) et le compositeur électronique Vincent Raude ont décidé d’habiller en musique pour le prometteur ciné-concert Quand le jazz débarque ! Sammies in Brest. Un film dont sont tirés les clichés (photo) de l’exposition Boys in Brest qui se tient jusqu’au 17 septembre aux Ateliers des Capucins. Le 12 octobre au Quartz à Brest dans le cadre de l’Atlantique Jazz Festival 27


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TOP OF THE POP

AVEC UN QI SUPÉRIEUR À 130 (CONTRE 100 DE MOYENNE) LES SURDOUÉS REPRÉSENTENT 2 % DE LA POPULATION. COMMENT VIVENT-ILS CE PARTICULARISME ? PLONGÉE DANS UNE COMMUNAUTÉ QUI VIT H24 EN IDIOCRATIE.

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’est un goûter ordinaire un samedi après-midi d’été ordinaire au parc des Gayeulles à Rennes. La fumée de graillon des barbecues voisins embaume un air déjà chaud. Des gamins jouent à la balle, au vélo, se chamaillent avec des pistolets à eau. Des sonos portables délivrent de la musique caribéenne, dans ce lieu de la capitale bretonne prisé des communautés antillaise et africaine. Les dix convives qui m’ont exceptionnellement invité à les rejoindre ont pris place dans l’herbe, à l’ombre d’un merisier, juste en bordure de ce joyeux brouhaha. Au calme ou presque. Cakes salés et sucrés sont étalés sur la nappe à pique-nique, ainsi que du chocolat, quelques gâteaux secs, des sodas : un goûter ordinaire donc, pour des gens qui ne le sont pas. Ils sont tous différents, ne seraitce que par l’âge – d’à peine vingt ans pour les plus jeunes à un bon soixante pour le plus âgé – mais tous ont un point commun qui les a réunis ici : ce sont des surdoués. Ce qui, dans la définition qui en est communément faite, se caractérise par le fait de posséder des capaci28

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tés intellectuelles supérieures : au moins 130 de QI, quand la moyenne nationale en France est de 98 (-3,8 points sur les 10 dernières années, d’après une récente étude…). Ils seraient un peu plus d’un million sur le territoire, représentant 2 % de la population nationale.

« Zèbres » « Tu peux nous qualifier de surdoués. Tu peux aussi choisir le terme de HP (pour “haut potentiel”, ndlr) ou nous appeler les zèbres, d’après la dénomination de la psychologue Jeanne Siaud-Facchin (auteur de l’ouvrage de référence sur l’adulte surdoué, Trop Intelligent pour être heureux, ndlr). » Les zèbres ? Oui, car réputés inapprivoisables et ayant pour caractéristique de se ressembler en apparence mais d’avoir des rayures uniques, comme des empreintes digitales. Voilà comment la discussion s’est engagée, à bâtons rompus. Elle va durer deux bonnes heures, autour de ces trois questions principales que je suis venu leur poser. 1/ c’est quoi exactement, être surdoué ? 2/ pourquoi se réunir entre surdoués ainsi ? Et 3/ de quoi on parle, entre


surdoués ? « Déjà, on peut facilement répondre à la troisième question car c’est la plus facile, rétorquent-ils (précision pratique : les propos rapportés sont collectifs car l’anonymat a été souhaité). On discute de tout et de rien, de nos centres d’intérêt, de l’actu, de nous, parfois des tracas et inquiétudes des uns ou des autres… » Pas de débats enflammés sur la mécanique quantique ou la philosophie nietzschéenne, donc. En tout cas pas plus qu’ailleurs.

« Une sur-lucidité » Mais alors, que font-ils ainsi à se réunir entre eux ? Cette question est déjà plus complexe, reconnaissent-ils, eux qui sont tous inscrits au préalable sur le forum le plus populaire des adultes surdoués en France, baptisé “Zebras Crossing”, et qui se donnent rendezvous pour des rencontres IRL telles que celle-ci une fois par mois environ (des « attroupements » comme ils les appellent). « Lorsqu’on est entre nous, expliquentils, on ne met pas le frein à main comme on en a l’habitude autrement. Sans présomption, les échanges avec les gens “ordinaires” (sic) finissent par être frustrants voire susciter l’ennui. C’est une bouffée d’air mais aussi un soulagement pour les nouveaux qui nous rejoignent. Car ici on ne se sent pas différents. » Contrairement à ce qu’ils sont en dehors, dans notre monde où ils disent devoir trop souvent « rentrer dans le moule » ou « se brider ». Ce ne serait donc pas les thèmes abordés qui diffèreraient mais plus la qualité des échanges et la profondeur des analyses, conséquences d’une vivacité d’esprit exacerbée, d’une « sur-lucidité ». Et force est de constater qu’ils s’expriment tous remarquablement bien, avec chaque fois les mots de vocabulaire qui vont bien. « Le pire pour nous, ce sont les réunions au boulot, pointe 29


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parc des Gayeulles, dont certains ont trouvé leur équilibre en s’unissant… entre surdoués. « On se comprend mieux entre nous, d’ailleurs on se reconnaît même quand on ne se connaît pas, c’est comme un sens en plus. » Ne seraient-ils pas des sortes de superhéros dotés de dons cérébraux et sensoriels inadaptés à notre monde ? L’idée les fait sourire mais ils ne la rejettent pas : « Si la perception non verbale et l’exacerbation des sens sont des super pouvoirs, alors il y a un peu de ça, oui. »

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« Une vie épuisante »

l’un d’eux tandis que tous les autres acquiescent. Il y a dans ce monde une tendance à la lenteur et à l’inefficacité qui nous fait bouillir et peut nous rendre acerbes, parfois. »

« Décalage émotionnel » L’ennui, l’agacement : autant de sentiments qui expliquent un taux de réussite scolaire et professionnel pas tellement supérieur à la moyenne nationale. « Notre cerveau est câblé différemment des autres en fait, tente l’un de la troupe, jeune retraité de l’enseignement. On va souvent venir nous dire qu’on réfléchit trop, qu’on analyse trop. On a cette tendance à tout questionner : nous-mêmes, les autres, le sens de la vie… On est en quête de sens perpétuelle. » Une hypersensibilité dans laquelle tous se rejoignent sans exception. « On fuit les batailles d’égo et les conflits, on a aussi du mal avec les

systèmes hiérarchiques. Autant de paramètres qui rendent difficile notre intégration dans le monde de l’entreprise. » Il y a également les rapports affectifs qui sont différents du commun des mortels, comme l’a analysé Sylvie Tordjman, psychiatre rennaise spécialiste de la question, rencontrée en juin à l’occasion d’un colloque sur le haut potentiel : « Enfants comme adultes surdoués ont tendance à vouloir s’investir pleinement, avec des intérêts obsessionnels parfois confondus avec de l’autisme. Dans la relation aux autres, notamment amicale et amoureuse, il peut aussi y avoir un décalage émotionnel qu’ils ont du mal à gérer. » Pas de copinage ou d’amourette de passage chez les HP, l’investissement se doit d’être plein et entier. « On a une vie affective parfois compliquée », reconnaissent les zèbres du

« Notre cerveau est cablé différemment des autres » 30

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Une impression confirmée lors d’une rencontre avec d’autres « diagnostiqués » surdoués : Élisabeth et Anthony. « On est une éponge à émotions et à sens », avoue Anthony, développeur informatique de 35 ans.Après trois quarts d’heure de discussion à la terrasse d’un bar rennais, il avouera d’ailleurs se sentir un peu mal en raison du passage des voitures dans la rue, avec cette étrange impression de le voir lever les yeux bien avant que tout véhicule n’arrive ni n’émette le moindre son pour le commun des mortels… Troublant. « C’est une vie un peu épuisante que nous menons, souffle-t-il. Au moins aimerait-on être mieux acceptés mais on est souvent plus pris pour des gens bizarres, dans une société qui n’a qu’une faible tolérance pour l’excentricité. » Tous deux sont membres de Mensa, une association internationale dont les membres ne sont admis qu’à condition de justifier, test à l’appui, d’un QI d’au moins 130 (« une manière de lever toute ambiguïté, on sait qu’on est entre nous et qu’on peut parler sans filtre », justifie Élisabeth). Née au lendemain de la


Seconde Guerre mondiale, Mensa avait un but altruiste au départ, l’objectif étant que ses membres puissent contribuer à l’épanouissement de l’intelligence humaine, par le biais de recherches et de publications scientifiques notamment.

« Prendre en compte le surdon » Des surdoués comme bienfaiteurs de l’humanité, s’érigeant en sauveurs d’une société déclinante qui vote Trump et qui mate Hanouna : l’idée a du sens mais les membres de Mensa rencontrés, tout comme les zèbres du Parc des Gayeulles, refusent d’endosser cette haute responsabilité. « Penser qu’on puisse tirer les gens intellectuellement vers le haut, c’est une utopie, on a déjà assez de problèmes dans nos propres vies pour devoir en plus penser aux 98 % de la population »,

estime Élisabeth. Ce serait d’ailleurs plutôt d’abord à la société de mieux s’occuper de ses surdoués plutôt que l’inverse, assure Hélène Plassoux, coach professionnelle à Brest et fondatrice de l’association Axiohom, dont le but est d’aider les HP dans leur carrière. « Leur mode de raisonnement atypique n’est pas toujours bien perçu ni compris. Les ressources humaines des entreprises prennent en compte le handicap, pas le surdon, qui est l’extrême inverse et qu’il faudrait peut-être apprendre à mieux connaître. Pourquoi seraitce toujours à eux de s’adapter à notre monde, à rentrer dans notre “moule” comme ils disent ? Il en va de leur épanouissement et ça ne peut qu’être bénéfique pour nous tous à terme. » Régis Delanoë

ET À L’ÉCOLE ? Chez les enfants et ados, le terme le plus utilisé est celui de précoce. « Mais il est un peu maladroit car il induit une avance dans l’intelligence et non une différence. Or, c’est bien de cela qu’il s’agit : la haute intelligence, on l’a ou on ne l’a pas, elle n’évolue que très peu avec l’âge », corrige la pédopsychiatre Sylvie Tordjman, qui vient également nuancer l’image qu’on peut avoir de ces surdoués assis au premier rang, la main toujours levée : « Un tiers d’entre eux sont en échec scolaire et se trouvent en décalage d’apprentissage. » En Bretagne, deux écoles proposent des sections au cursus spécialement adapté : le collège Saint-Vincent Providence de Rennes et l’ensemble scolaire Les Cordeliers de Dinan (collège et lycée). Réorganisation du temps de travail, suivi individualisé, ateliers spécifiques : ces écoles pour champions prennent en compte la différence (intellectuelle et émotive) de ces gamins pas banals.

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DEPUIS SIX MOIS DANS LES CÔTES D’ARMOR, UN MARSUPIAL ÉCHAPPÉ DE SON ENCLOS SE BALADE EN PLEINE CAMPAGNE. DU JARDIN DE SON PROPRIO AU DERNIER SPOT OÙ ON L’A APERÇU, ON A REMONTÉ LA PISTE. HOUBA HOUBA ! ’était le lundi 6 mars, à 7 h du matin : un ouvrier de la carrière de la commune m’appelle pour me prévenir qu’il a vu un kangourou sur le bord de la route en allant travailler. Si je l’ai cru ? Je connaissais bien le garçon, donc je n’ai pas mis en doute ce qu’il me disait, même si forcément cela surprend ! » Six mois après cet étonnant coup de fil, l’histoire fait toujours sourire Cyril Jobic, le maire de Calanhel. Au milieu des champs et des sousbois, c’est bien un jeune wallaby, un 32

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kangourou de petite taille (90 cm max), qui vagabonde autour de ce bourg de 210 habitants des Côtes d’Armor. « Je l’ai moi aussi croisé au bord de la route, complètement par hasard, poursuit l’élu. C’était quinze jours après sa première apparition. J’ai sorti mon téléphone et j’ai même eu le temps de prendre quelques photos à une dizaine de mètres ! Mais quand j’ai voulu me rapprocher, il s’est enfui. » Une habitude pour ce wallaby. Rémi Théobald, habitant de Calanhel et propriétaire de l’animal, confirme.

C’est en effet le jour où il a voulu le mettre dans son parc que le marsupial s’est fait la malle. « Venez voir, c’est juste ici, indique-t-il en nous conduisant dans son jardin au lieudit de Penn-ar-Pont. Ça s’est passé là : au moment où je l’installais dans son enclos, il m’a sauté par-dessus, avant de se barrer dans la nature. J’ai eu le temps de rien faire… C’était impossible de le rattraper. Un wallaby a beau être petit, ça reste très puissant… » Depuis, la bête ne cesse de faire des apparitions. Au village, une dizaine


de personnes ont déjà croisé son chemin. « Moi, je l’ai vu un soir au mois de mars. Il était en plein milieu de la route. J’ai pilé pour ne pas l’écraser ! Il ne bougeait pas, sans doute effrayé par les phares de ma voiture », se souvient Yvonne Prigent, qui tient le Café de la Poste en plein cœur du bourg.

« Il peut devenir notre mascotte » Après plusieurs semaines de discrétion, c’est à Callac, à 6 kilomètres au sud de Calanhel, que l’animal a refait surface. Une jeune femme de 18 ans a même réussi à le photographier près de la gare (photo). C’est d’ailleurs dans ce quartier que Marylène Hamon, la tenancière du bar La Buvette, l’a elle aussi aperçu. « C’était un matin, j’allais déposer des sous à la banque. Le wallaby était là, il descendait la route sur ses grandes pattes… Une personne qui l’avait également repéré a contacté les gendarmes, mais c’était trop tard. » « On est intervenu une fois après un appel, mais sans succès, fait savoir Christophe Mosse de la gendarmerie de Callac. Nous n’avons pas organisé de battue car il n’y a rien d’alarmant. Et, pour l’instant, son propriétaire ne s’affole pas… » D’après de nombreux témoignages, le wallaby aurait ensuite fait son nid en mai autour de l’étang de la Verte Vallée, toujours à Callac. Un vaste plan d’eau, bordé d’arbres, de buissons et de fougères. Un endroit calme où le petit animal (herbivore) avait tout pour se poser tranquillou bilou... C’est finalement à Saint-Nicodème, à 13 kilomètres de là, qu’il est réapparu fin juin, aperçu par un habitant de la commune. Un road trip à travers les champs que le marsupial ne semble visiblement pas vouloir arrêter. « Pour le moment, il ne représente pas de réel danger, même s’il est en liberté. La seule crainte, c’est qu’il cause un accident de la route. Là je serais res33


ponsable…, concède son proprio, qui semble pour autant avoir clairement lâché l’affaire. Si j’ai essayé de le récupérer depuis ? Non. Même si je le vois, je ne pense pas que j’arriverais à mettre la main dessus… La seule solution si quelqu’un le trouve, ça serait de l’enfermer dans un endroit clos, une grange par exemple. Sinon, on peut essayer de le piquer avec un fusil hypodermique, mais il faut faire attention au dosage de la seringue, pour ne pas le tuer… » « Autant le laisser dans la nature s’il ne fait pas de dégâts, estime de son côté Cyril Jobic, tout heureux que cette histoire fasse parler de sa commune. J’ai été interrogé par plusieurs médias : Le Parisien, RTL… Et même par une journaliste de New York ! Tout ça, au final, c’est plutôt marrant. Ce wallaby peut devenir notre mascotte. Avec l’ouverture de la chasse à l’automne, il ne faudrait juste pas qu’on lui tire dessus… »

« Un peu patapouf » En Bretagne, ce n’est pas la première fois que des animaux en liberté font parler d’eux. Parmi les cas les plus emblématiques : l’ours de Ploëzal dans les Côtes d’Armor qui, en 1997, avait fait pas mal causer. Pendant plus de deux mois, l’animal avait été recherché. Trois battues avaient été organisées, un hélicoptère déployé et de nombreux habitants mobilisés pour tenter de choper la bête. Vingt ans plus tard, Lucien François, l’ancien maire, n’a rien oublié de cet épisode. « Tout cela a commencé à

Cyril Jobic

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la fin du mois d’août. Un couple de Parisiens en vacances dans la région expliquait avoir vu un ours à Ploëzal. » L’histoire fait alors le tour du village. La presse s’y intéresse, jusqu’à ce que les gardes-chasses prennent les choses en main. Au lieu-dit Campors, des pièges à base de miel, de poissons et de pommes sont même mis en place pour appâter l’animal. Sans succès. Mais le vendredi 3 octobre, l’ours est aperçu plusieurs fois. Des cris rauques et puissants sont également entendus. Au hameau de Kerouarn, Marcel Le Calvez, un agriculteur, assure l’avoir vu près de ses clapiers. « Il regardait les lapins. Je suis arrivé. Il a démarré tout de suite, mais tranquillement. En partant, il s’est retourné et m’a regardé. Il était à dix mètres. Il est allé dans la rangée de choux et je l’ai perdu dans la brume », expliquait-il

« Marcel, y peut pas confondre un ours avec un blaireau... » 34

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dans les colonnes d’Ouest-France. Un témoignage crédible ? « Marcel, y peut pas confondre un ours avec un blaireau… », estimait à l’époque le premier adjoint de la commune. Surtout que le même jour, un second agriculteur affirme lui aussi l’avoir repéré. Au fil des témoignages, la description de la bête s’affine et fait clairement penser à un ourson : « de couleur brune, tirant sur le noir par endroit », « une soixantaine de centimètres au garrot », « 1 m 50 debout », « un peu patapouf »…

« Une panthère dans le champ » « À partir de ce moment-là, la gendarmerie a appelé un hélicoptère pour faire le tour du secteur », se souvient Lucien François. En parallèle, des gendarmes et gardes-chasses, accompagnés d’une quarantaine de riverains, quadrillent le secteur et balaient les environs. Une battue d’envergure qui ne donnera rien, même si les protagonistes restent persuadés de l’existence de l’ours. En tout, neuf personnes prétendent l’avoir vu.


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Jusqu’au dénouement, une quinzaine de jours plus tard, lorsqu’un gros chien est retrouvé mort sur le bord de la route. Poils bruns mi-longs et taille de 70 cm au garrot, la ressemblance est forte entre l’ours présumé et cet imposant cabot. « Entre temps, un de mes amis m’avait appelé pour me dire qu’il avait perdu sa chienne, un griffon Korthals. » La race du chien renversé. « Ce fameux ours qu’on traquait depuis plus de deux mois, c’était tout simplement... un chien. » Une découverte qui sonna la fin des recherches. Si les gendarmes ont longtemps continué à y croire (« le faisceau d’indices dont nous disposons laisse supposer qu’on a bien affaire à un ourson », persistait le capitaine Bourin, alors commandant de la compagnie de gendarmerie de Guingamp), les investigations furent officiellement suspendues le 20 octobre. Aujourd’hui, restent les souvenirs d’une « histoire amusante » désormais inscrite au palmarès de la commune, jusqu’à lui donner le nom d’un de ses principaux événements sportifs, La Course de l’Ours, dont la 20e édition se tient début novembre. 35


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Mais ça fait pas peur ? « Elle ne m’a pas semblé menaçante, plutôt craintive même. Elle avait des grands yeux verts brillants, une tête triangulaire caractéristique, un pelage noir… Pas de doute que c’était une panthère. En tout cas, ce n’était pas un serval (félin africain proche du chat, ndlr), comme beaucoup l’ont prétendu après : j’ai fait la guerre d’Algérie, et je sais à quoi ça ressemble un serval ! »

« Je n’avais pas bu... » Malgré la bonne foi de ce témoin, aucune trace ni indice formel ne sera relevé durant les quelques semaines de traque. Président de la société de chasse locale, Éric Prigent confirme. « Quand Jean m’a parlé de cette panthère, j’ai appelé les gardes fédéraux pour les avertir. Ils ont alors décidé de mettre un piège

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À une dizaine de kilomètres de Ploëzal, la bourgade de Squiffiec, en plein pays trégorrois, a elle aussi eu droit à son feuilleton animalier. C’était en novembre 2011. Alors en plein repérage sur le terrain en prévision de l’ouverture de la chasse, Jean Duigou, habitant au lieu-dit Run Kermouster, raconte s’être retrouvé nez à nez avec… une panthère. Le retraité se remémore encore très bien aujourd’hui cette rencontre inopinée. « J’étais dans un champ où je marchais dans les traces de la moissonneuse quand je suis tombé sur elle. Elle était là, à l’affût en train de guetter un faisan. Tout d’un coup, elle a tourné la tête dans ma direction, avant de s’échapper vers la forêt de pins. Elle a dû faire 50 mètres en trois-quatre bonds maximum. » Plutôt ouf.

en place : un appât vivant dans une cage et un appareil photo nocturne. Mais cela n’a rien donné. » Aucune empreinte ne sera non plus découverte par l’employé du zoo de Trégomeur pourtant dépêché sur place. « Mais le temps était très sec, aucune trace n’était possible, rétorque Jean Dui-

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Denisova (espèce éteinte du genre Homo, ndlr), vit quelque part sur la planète. À quoi ressemblerait-il ? L’apparence d’un être humain, entre 1 m 70 et 2 m 20, nu, recouvert de poils, des yeux bridés et des pommettes hautes. » Après le sud-ouest de l’Altaï russe et le Caucase (« le berceau de l’almasty, nous y avons recueilli beaucoup de témoignages de villageois ») c’est au Kazakhstan, à la frontière entre le Kirghizistan et la Chine, que Jean-Louis va s’envoler en septembre. « Je vais d’abord essayer de rencontrer des habitants

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« JE TRAQUE LE YÉTI » Le point commun entre Tchang, Tintin et Jean-Louis Maurette ? Le yéti. Pour la quatrième fois depuis 2013, ce Quimperlois de 58 ans va partir sur les traces de l’homme sauvage. Jean-Louis y croit à fond : l’homme sauvage, aussi appelé almasty, sasquatch ou bigfoot selon les contrées, existe bel et bien. « Je me passionne pour la cryptozoologie (l’étude des animaux inconnus de la science, ndlr) depuis que je suis ado. Et je suis persuadé qu’un type d’hominidé caché, sans doute descendant des hommes de

qui affirment l’avoir vu. Puis, j’irai crapahuter sur le terrain à la recherche d’indices, expose l’aventurier qui y met toutes ses économies. Mon matériel est en revanche sommaire : je dois me contenter d’un simple appareil photo et d’une paire de jumelles, alors qu’il me faudrait une caméra thermique et des

pièges photos. » S’il n’a pas encore débusqué le yéti, il affirme en revanche avoir observé une de ses possibles empreintes dans le Caucase. « Celle d’un pied de 47 cm au niveau d’un cours d’eau. Dans cette zone, personne ne marche pieds nus. Alors, à part un almasty, je ne vois pas qui… »


Bikini

gou qui y croit toujours à bloc malgré les moqueries dont il a été sujet. Le maire n’a jamais vraiment pris au sérieux mon témoignage. Et Nono, le dessinateur du Télégramme, sousentendait que j’avais dû boire un verre de trop… Alors que non. » Si un routier affirmera quelques jours plus tard avoir lui aussi aperçu une panthère du côté de Plouisy, à 8 km de Squiffiec, aucune battue ne sera organisée. Six années plus tard, le mystère reste donc entier. « On ne connaîtra sans doute jamais le fin mot de l’histoire. C’est dommage, regrette Éric Prigent. Est-ce que c’était un gros chat ? Un animal échappé d’un cirque ? Moi, je pencherais pour une bête apprivoisée enfuie de chez un particulier. Une hallucination des témoins ? Je ne pense pas. Et puis, une panthère à Squiffiec, j’ai envie d’y croire. Tout le monde n’a pas ça chez lui. » En attendant la prochaine bête ? Depuis le 20 juillet, un fauve, d’abord identifié comme une lionne puis comme un puma concolor se baladerait en Mayenne, d’après plusieurs témoignages. Bloqué par l’autoroute, l’animal pourrait désormais se diriger vers la Bretagne. Roaaaaaar ! Maud Gautier et Julien Marchand 37


DOSSIER

TT-PNRA

LE RETOUR DU LOUP EN BRETAGNE ?

Pourra-t-on de nouveau croiser des loups à l’état sauvage dans les Monts d’Arrée, en forêt de Brocéliande ou sur les hauteurs du Menez-Hom ? Il semblerait que oui. S’il avait totalement disparu du territoire français au milieu du 20e siècle, le canidé a fait son retour au début des années 1990 en franchissant la frontière franco-italienne. La première observation officielle date de 1992 dans le parc du Mercantour, dans les Alpes-Maritimes. Depuis, il ne cesse de poursuivre sa route vers le nord. Selon l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, on compte aujourd’hui près de 360 individus. En dix ans, sa population a triplé et occupe désormais les deux tiers du pays, de l’Aquitaine à la ChampagneArdenne. En attendant, la Bretagne ? « Dans les années 1600, on trouvait des loups un peu partout dans la région, situe Pierre Le Buhan, auteur de l’ouvrage Le loup et l’homme en Bretagne sorti en 2015. Mais ce sont dans les années 1800 qu’on en compte le plus sur nos terres : environ 1 700. » Des bêtes qui, pour se 38

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nourrir, s’attaquaient aux élevages et au bétail. « C’est essentiellement pour cette raison que l’État a souhaité les exterminer. Il remettait des primes aux chasseurs qui, pour toucher l’argent, devait ramener les pattes de la bête. » La récompense maximale revenait à ceux qui parvenaient à tuer une louve pleine. Certains départements, comme le Finistère, octroyaient même des primes plus élevées que celles de l’État. À l’époque, le but était d’en finir avec ces canidés maudits des éleveurs.

« Dans les dix ans » « Un autre argument est le fait que les loups enragés ne fuyaient plus l’homme », poursuit Pierre Le Buhan. À leur pedigree, quelques attaques meurtrières qui ont marqué la région. « Une des affaires les plus macabres a eu lieu en 1851 à Bourbriac dans les Côtes d’Armor. Un loup enragé fit 48 victimes, dont 18 morts, avant d’être abattu. Sur 300 ans d’archives étudiées, j’ai répertorié 37 attaques de loups en Bretagne qui, au total, auront fait 93 morts... »

Avant sa disparition au début du 20e siècle. « Dans la région, la fin du loup daterait de 1906 à Ploumanac’h. Il s’agit du dernier individu, vu et tué, qu’on compte dans les registres officiels », éclaire Marion Le Vée, responsable du Musée du loup au Cloître-Saint-Thégonnec, pour qui « il n’y aurait pas encore aujourd’hui de loups établis en Bretagne ». Une simple question de temps pour cette espèce désormais protégée (40 abattages de loups sont tout de même autorisés en France chaque année) ? « Pour l’instant, les scientifiques ne s’avancent pas totalement sur le sujet, mais oui, on peut imaginer un possible retour en Bretagne dans les dix prochaines années », estime Marion Le Vée. Même topo pour Pierre Le Buhan qui, à part une décision d’État pour stopper leur expansion, ne voit aucun obstacle à leur progression vers l’ouest. Si la présence aujourd’hui présumée d’individus en Poitou-Charentes est à l’avenir confirmée, c’est certainement par le sud-est de la Bretagne que le loup fera sa réapparition. M.G


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« JE VIS AVEC UN SANGLIER »

« Viens par ici que je te gratte... Ouh t’aimes ça les gratouilles hein ! Ouhhh oui ! » La scène a de quoi surprendre. Malgré ses 180 kilos, son poil dru et son air balourd, Obélix se fait caresser comme n’importe quel animal de compagnie. C’est pourtant bien un sanglier que Brigitte Lavoine papouille comme si de rien n’était. « Treize ans après l’avoir trouvé au fond de mon jardin, c’est toujours mon bébé, confie la retraitée, installée à Bolazec, près de Morlaix. Je l’ai recueilli à sa naissance. Il pesait 800 grammes. Sa mère ayant été tuée, il n’aurait pas survécu dans la nature. J’ai donc décidé de le garder. » OK, mais c’est quand même un sanglier quoi. « Il faut savoir que c’est une bête qui se domestique facilement. Une fois apprivoisée, elle ne retourne pas à l’état sauvage. Je n’avais donc pas de réticences à la garder. Il fallait juste que j’obtienne l’autorisation de la préfecture car il s’agit d’une espèce sauvage. » Après l’avoir nourri au lait maternisé pour cochons pendant les premières semaines, Brigitte lui cuisine désormais ses menus. « Pâtes, légumes, viande, œufs… Le sanglier est un animal omnivore, mais le mien est du genre capricieux : si je ne fais pas cuire les pommes avec du sucre, il ne les mange pas, explique la sexagénaire qui laisse Obélix naviguer dans la maison où il a libre accès. Il ne fait pas trop de bêtises. Honnêtement, c’est beaucoup plus discret qu’un chien : ça n’aboie jamais. » J.M 39


The Northside Issue

RDV

SKATE ET CASQUETTE

APRÈS DES ANNÉES PASSÉES DANS L’OMBRE DE NEKFEU ET DU COLLECTIF 1995, LE PARISIEN LOMEPAL A SORTI CETTE ANNÉE SON PREMIER ALBUM SOLO, L’EXCELLENT « FLIP ». TOUT ROULE POUR LE RAPPEUR LE PLUS SKATEUR DE FRANCE. on album Flip a été l’un des projets rap les plus excitants de la scène française cet été. Lomepal a pourtant bien failli ne jamais se lancer dans le hip-hop. « Jusqu’à mes 15 ans je pensais que j’allais être skateur pro. J’étais bête et jeune, plein de rêves. Et à 18 ans, j’ai commencé à faire du rap. Je ne sais pas pourquoi, ça n’avait aucun sens. Je n’avais pas de fibre musicale », rembobine le bonhomme de 25 ans, qui a grandi dans le 13e arrondissement de Paname. 40

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C’est au lycée que son histoire avec le hip-hop débute. Il y rencontre Nekfeu, avant de sortir en 2011 un morceau commun : À la trappe. Un beau carton qui coïncide avec la montée du rappeur le plus grand public du moment, et de son crew L’Entourage. À ce moment-là pourtant, Lomepal est à deux doigts d’arrêter le rap. « Nekfeu et son groupe étaient déjà dans une nébuleuse qui bouffait encore plus de rap que moi. Ils vivaient le rap comme je vivais le skate à l’époque. Mais

je n’étais pas fier de ce que j’avais fait sur notre morceau ensemble. J’avais beaucoup de failles, il me manquait de la technique..., avouet-il avec le recul. J’étais aussi blessé par le fait que ça ne prenait pas et que Nekfeu, lui, réussissait. Sur À la trappe, il brille, alors que moi je fais de la merde. » Malgré les frustrations, le garçon décide de se lancer dans l’écriture. « J’avais un peu d’inspiration. Je me suis alors dit que j’allais faire un petit projet solo et que, si ça ne marchait


pas, je laisserais tomber l’affaire. C’est là qu’il y a eu un déclic. » Un temps rangé dans cette nouvelle scène rap française emmenée par les 1995 et consorts, Lomepal a alors cherché à s’en défaire : « Je faisais un peu partie de la nouvelle génération de gars qui voulaient être techniques sur des beats à l’ancienne. C’est comme ça que j’ai commencé. Mais très vite, j’ai voulu faire mon truc, expérimenter, arrêter de me mettre dans une scène particulière. Je voulais faire des morceaux qui n’existaient pas avant, des fois c’était foireux, des fois c’était cool. » C’est le temps des premiers EP (dont 20 Mesures, son premier disque) et des collab’ coolos : Hologram Lo’ (le DJ de 1995), le Belge Caballero (« On est devenu potes. Il m’a fait rencontrer toute la Belgique et il y a eu des connexions… », explique celui qui partage un titre avec Roméo Elvis sur Flip), Superpoze, Stwo (qui bosse aujourd’hui avec Drake)… Jusqu’à Flip, sorti fin juin, où Lomepal y dévoile de nombreux textes introspectifs, mélancoliques, parfois acerbes. Des histoires de tromperie, de fins de relation (Yeux disent), de nostalgies amoureuses, d’égo. « Un connard et un mec bien dans le même corps », résume-t-il justement dans Palpal. Sans oublier le skate, omniprésent sur l’album, comme un amour de jeunesse qu’Antoine Valentilleni de son vrai nom ne pouvait définitivement pas oublier : le titre de l’album déjà, Flip, nom d’une figure culte ; les roulements à billes qui se font entendre sur un paquet de morceaux ; et le titre Bryan Herman, en hommage à ce skateur américain cabossé, avec qui Lomepal partage un trick commun : le hardflip passé en gap. Du lourd, on vous dit. Brice Miclet Le 8 novembre à l’Antipode à Rennes 41


RDV

« LES RÈGLES, UN TABOU ET BIEN PLUS » Votre nouvelle expo s’intéresse aux menstruations. Pourquoi ? Ce projet s’inscrit dans un travail au long cours intitulé L’Histoire de la misogynie. Après avoir traité le problème des troubles alimentaires, je me suis penchée sur la question de la sexualité. Le premier chapitre se concentrait sur l’avortement, un sujet toujours urgent. Ici, la série Les mythes des règles s’intéresse aux représentations des menstruations et comment elles affectent non seulement le quotidien mais plus globalement la perception des femmes dès leur plus jeune âge.

Les règles sont-elles vraiment toujours taboues ? Dans les plupart des régions du monde, elles sont toujours un tabou et même bien plus que ça. Les peurs et stigmas sociaux liés aux règles persistent. Les nombreuses idées fausses qui circulent ont un impact considérable sur la santé, l’hygiène et l’avenir des femmes. En moyenne, une femme passe entre 3 000 et 3 500 jours de sa vie à avoir ses règles. Pourtant, dans une majorité de cultures, les menstruations sont vues négativement, voire de manière honteuse et sale.

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AU FESTIVAL PHOTOREPORTER, LA PHOTOGRAPHE ESPAGNOLE LAIA ABRIL EXPOSERA SON PROJET « LES MYTHES DES RÈGLES ». UN TRAVAIL POUR DÉCONSTRUIRE LA STIGMATISATION DES MENSTRUATIONS.

Est-ce un sujet difficile à mettre en images ? En photographie, les questions féminines sont sous-représentées. Dans le cas de mon projet, je souhaitais illustrer des concepts, des croyances et des peurs d’une façon abstraite et symbolique. Du 7 octobre au 5 novembre au festival PhotoReporter à St-Brieuc

Sébastien Roy

PLANÉTARIUM ÉLECTRO

Dans la programmation toujours exigeante et pointue du festival Maintenant, organisé par Electroni[k], la performance Entropia imaginée par le producteur électro Fraction vaut clairement le détour. Une expérience immersive où les spectateurs, allongés autour d’une structure polygonale lumineuse, sont plongés dans une création sonore et visuelle à 360°. Le résultat ? Un paysage d’ondes et de fractales dessiné par les sons spatialisés pour un voyage entre équilibre et chaos. Festival Maintenant, du 10 au 15 octobre à Rennes 42

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Lise Dua

ALLUMEZ LES PROJOS ! LES RENNAIS DU GROUPE OBSCUR SERONT À L’AFFICHE DES TRANS. Le Groupe Obscur : étrange patronyme pour un quintet qui ne l’est pas moins. La création du groupe remonte déjà à 2012 mais il n’était jusqu’alors connu que des initiés, la faute à une communication discrète. Les cinq préfèrent par exemple garder leurs identités secrètes et parler d’un seul nom, avec LGO comme diminutif. Dont acte. Il y a aussi ces déguisements qu’ils arborent sur scène comme en interview. Pourquoi pas. Ils ont même inventé leur propre langue, l’obscurien, « avec des mots qui s’inventent au fur et à mesure de leur besoin », précisent-ils. Autant de curiosités un brin déstabilisantes, qui ne doivent pas brider l’envie de se plonger dans la découverte de cet objet musical. « On travaille à notre rythme, assez lentement certes mais c’est pour ne rien laisser au hasard. » Résultat : une pop soignée, atypique et fascinante, qui a convaincu le pointilleux label La Souterraine (Requin Chagrin, Aquaserge) de les signer pour leur premier album. Invités en juillet à se produire en comité restreint sur la scène rennaise de l’Ubu (gérée par l’asso organisatrice des Trans), LGO a réussi son examen de passage et figurera à l’affiche de la Tournée des Trans en fin d’année. Pour sortir enfin de l’ombre. Le 16 novembre à l’Ubu à Rennes, le 1er décembre à L’Échonova à Saint-Avé 43


RDV

LA PATTE CHEVREUIL

EN UN PEU MOINS DE TROIS ANS, LE COLLECTIF RENNAIS CHEVREUIL S’EST FAIT UN NOM DANS LA SCÈNE HOUSE ET TECHNO BRETONNE. NOTAMMENT GRÂCE À SES SOIRÉES OPEN AIR À « L’ESPRIT RAVE ».

Ftne Prod

Quand on a rencontré Romain, le président de l’asso Chevreuil, il était entre deux journées de prépa sur un terrain à l’ouest de Rennes. « Là où on organise nos teufs. Il y a encore des choses à travailler en prévision de la prochaine. » Des soirées open air qui ont permis à ce collectif électro, né en 2015, de voir son blaze pas mal tourner. « L’idée, c’était de prendre un endroit vierge et de le transformer en un espace d’expression libre. On essaie d’apporter une “patte Chevreuil” : des teufs en extérieur où on fait gaffe à la déco, un line-up orienté techno

et house, le tout dans un esprit rave où chacun est plutôt libre : on laisse par exemple les gens apporter leur alcool fort s’ils veulent… La bière, elle, est dispo à nos bars… » Un collectif aux rangs fournis (DJ, scénographe, vidéaste…) invité cette année à la prog du festoche I’m From Rennes pour une soirée réunissant la crème des crews électro locaux. The next big step ? « On est à la recherche d’un lieu inédit pour organiser un mini-festival. Au printemps prochain espérons. » Le 22 septembre au Liberté dans le cadre du festival I’m From Rennes

Bruno Maurey

CHEMINS DE TRAVERSE

Piloté par la compagnie Zabraka et coproduit par Le Théâtre de Lorient, Parcours Tout Court se définit comme un rendez-vous « transversal » d’arts vivants où théâtre, danse, musique, cirque et cinéma se croisent dans une vingtaine de créations. On y retrouve notamment Chloé Moglia, toujours en suspension, avec son nouveau spectacle La Spire (photo) ; l’enquête russo-bretonne d’Alexandre Koutchevsky dans la pièce Ça s’écrit T-C-H ; ou encore l’installation cinématographique et sonore R12 qui retrace le périple entre Orléans et Tanger du metteur en scène Mohamed El Khatib. Du 14 au 24 septembre à Pont-Scorff et Lorient 44

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Camille Vivier

AFRO JOJOS

LES PIEDS À PARIS ET LA TÊTE EN AFRIQUE : VOICI 10LEC6, NOUVELLE SIGNATURE ED BANGER. Cela fait un bail que 10LEC6 ponce l’underground français, depuis 2004 plus exactement. Après avoir notamment assuré les premières parties de Gossip, le groupe semble paré à prendre une autre envergure. Si la formation reste fidèle à son esprit d’origine, le remix de son EP Bedjem Mebok, sorti cette année chez Ed Banger (label de Justice, Breakbot…), montre une mutation. Plus afro, plus dance, et ce en grande partie grâce à sa nouvelle chanteuse, Nicole. Une Camerounaise chantant principalement en bulu, tirée du gospel pour venir s’éclater sur les délires parfois punk et expérimentaux de Jess (batterie), Simon (basse), Erwan et Gaëlle (percussions). Le résultat ? Foufou. « On a commencé à travailler sans avoir d’objectif précis. On voulait juste ne pas avoir de guitare dans nos morceaux. La base mélodique vient de la basse, et on voulait incorporer des percussions… », explique Jess, également co-directeur du label de musiques africaines électroniques Bazzerk. « C’est une démarche instinctive, poursuit Simon. Quand on fabrique la base des morceaux, on joue des choses qui ne sont pas forcément logiques. On ne peut pas les écrire, on en est incapable. Il y a des changements de tempo, des grilles temporales bizarres, mais c’est ce qui fait qu’on est un peu à part. » B.M Le 4 novembre aux Indisciplinées à Lorient 45


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THE PANORAMIX C’est un drôle de mystère que cache la forêt de Brocéliande. En son sein se trouve une proportion très inhabituelle de (bons) groupes garage. Il y avait Chouette, trop vite disparu, il y a toujours Sapin, les Versatil Monsters et, aujourd’hui, les Druids of the Gué Charrette, derniers nés de la lignée. « Gué Charrette pour un lieu-dit du côté de Monterfil, d’où on vient. Les druides pour l’habillement qu’on porte sur scène. C’est dans l’esprit de vieux groupes qui faisaient pareil comme les Mummies ou les Monks », éclaire Perig, porte-parole de ce

quintet de potes qui a longtemps gratouillé à l’ombre avant de sortir une première K7 et de jouer ses premiers concerts en 2015. « Au bar La Fontaine à Saint-Péran, comme tout le monde, avec une vingtaine de concerts depuis. » Puis c’est au studio L’Abri 101 à Bédée près de Rennes, où sont passés avant eux les Kaviar Special et The Madcaps, que les Druids ont enregistré un premier LP partagé avec Electric Nettles, autre groupe de Perig. Rentrés depuis peu dans le giron de Beast Records (la classe) et à l’affiche du dernier festival de

Jérémie Marchaut

LE PAYS DE BROCÉLIANDE : SA FORÊT, SES LÉGENDES... ET SON VIVIER DE GROUPES GARAGE ! DERNIÈRE PREUVE EN DATE AVEC LES DRUIDS OF THE GUÉ CHARRETTE. PORT DE LA CAPUCHE RECOMMANDÉ.

Binic (re-la classe), les gaziers de Monterfil s’attèlent à préparer un premier vrai album dans lequel ils comptent bien affirmer un style « plus psyché et post-punk que vraiment garage ». Le 8 septembre au festival Tomahawk à Querrien, le 28 octobre à L’Artimon à Vannes

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DE SANG FROID

Échappée du duo électro Scratch Massive, Maud Geffray poursuit ses expérimentations solitaires. Après l’enivrant EP 1994 sorti il y a deux ans, la native de Saint-Nazaire a dévoilé cette année son premier album solo Polaar, fruit d’une virée de deux mois à Rovaniemi, en Laponie, à la rencontre des ados de cette ville proche du cercle polaire. Un opus à la mélancolie glaciale, oscillant entre dark-wave et dream-pop, bande originale d’une Finlande où le soleil ne se lève presque jamais. Le 22 septembre au 1988 Live Club à Rennes, le 23 septembre à Rêverie Moderne à Sarzeau, le 29 septembre à La Carène à Brest, le 20 octobre à Nördik Impakt à Caen 46

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VTS

COATELAN : LE CLUB DEZINGUE C’EST LA FIN D’UNE ÉPOQUE. ANCIEN BAR DEVENU DISCOTHÈQUE EN 1977, LE CLUB COATELAN À PLOUGONVEN VA FERMER SES PORTES. NOIR DÉSIR, LES RITA, LES DÉBUTS DE JUSTICE… COUP DE RÉTRO SUR LES GRANDES HEURES AVEC ANNA LE CORRE, LA GÉRANTE, ET JORAN LE CORRE, DU FESTIVAL PANORAMAS.

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Le groupe bordelais va particulièrement marquer cet âge d’or du Club Coatelan de son empreinte avec quatre concerts entre 1987 et 1996. « La dernière fois c’était pour la tournée promo de 666 667 Club, Noir Désir était alors au sommet de sa carrière et jouait dans des salles bien plus grandes mais ils avaient tenu à venir, parce qu’ils aimaient le cadre et Ghislaine, explique Joran Le Corre. Pour le coup, la jauge des 400 entrées

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C’est au lieu-dit Coatelan à Plougonven, dans la pampa au sud de Morlaix, que se trouve ce lieu qui a d’abord été un bar, puis une salle de bal et une discothèque à partir de 1977. « Un an plus tard, le tenancier François André, petit-fils de la propriétaire historique, décédait. C’est sa femme, Ghislaine, qui a repris la gérance en s’associant à un ami, Alain Bourven », resitue Anna Le Corre. Le duo diversifie l’offre et propose des premiers concerts à partir de 1980 : du blues d’abord, grande passion d’Alain Bourven, du jazz (dont des grands noms comme Archie Shepp et The Lounge Lizard), puis assez rapidement la crème de la scène rock alternative française qui cartonne à l’époque. « Les Rita Mitsouko (photo), les Bérus, Ludwig Von 88, La Mano Negra, Négresses Vertes… Ils sont tous passés. »

NOIR DÉSIR, QUATRE GARÇONS PLEIN D’AVENIR

payantes était bien trop juste, je me souviens de la guerre que ça avait été pour choper des places. »

PANO S’INCRUSTE Dans les années 90, le Club Coatelan continue à proposer jusqu’à quatre concerts par mois, dans une veine rock (Joran : « Un moment fort, la venue de 16 Horsepower qui avait joué dans le cadre d’une tournée organisée par… les cigarettes Chesterfield. Une autre époque »). « Petit à petit Ghislaine a voulu lever le pied et a cédé l’organisation de la programmation musicale à plus jeune », se rappelle Anna. C’est à ce moment que les Le Corre, sœur et frère, qui ont débuté DJ et serveur sur place, prennent du galon. L’asso Wart voit le jour et avec elle le festival Panoramas en 1998. « Un an plus tard,

on réalise notre premier gros coup avec le concert de Sloy. Depuis, d’autres moments marquants restent : Sébastien Tellier, ou encore le concert d’Izia (photo), à peine 17 ans à l’époque et qui restera gravé dans les mémoires de tous ceux qui y était ce soir de 2007 », rembobine Joran.

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DU BLUES AU ROCK ALTERNATIF


Alain Marie

LA CRÈME DE L’ÉLECTRO

Les concerts se sont faits plus rares ces dernières années mais continuent d’entretenir la légende du Club. Anna se rappelle « d’une des premières dates hors de Paris de Justice (le 7 mai 2006, à l’occasion de la 9e édition de Panoramas, ndlr), les mecs se demandaient ce qu’ils foutaient là, en pleine campagne, il a fallu les rassurer, c’était évidemment plein avec un public survolté » (photo). Dans un autre registre, en 2009, le concert de Sexy Sushi prend littéralement l’eau après seulement dix minutes. « Rebeka Warrior avait arrosé l’ordi de son collègue Mitch Silver, il n’a jamais pu redémarrer. » Plus récemment, Daniel Avery et Boris Brejcha ont aussi régalé.

THIS IS THE END « Le Club est en vente », annonce Anna, qui a repris le flambeau de Ghislaine André en 2012. Le fonds de commerce cherche actuellement un nouveau repreneur avec, espère l’actuelle gérante, « le désir d’entretenir l’esprit unique d’un des plus vieux clubs privés de France, même si c’est un défi dans le contexte actuel ». En attendant, une série de trois soirées concerts « d’au revoir » est organisée cet automne, avec des artistes « amis » de Wart : Rebeka Warrior, James Darle et Maât T.Lesco.P le 30 septembre ; Poni Hoax, DJ AZF et Wicked le 6 octobre ; N’To, Robert Le Magnifique et F.E.M le 7 octobre. Histoire de finir en beauté.

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AGENDA

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Flavien Prioreau

RECOMMANDE

GY!BE

LESKA

FILM BRITANNIQUE

TEENAGE KICKS

Oh oui ! Les Montréalais de Godspeed You! Black Emperor déboulent sur la scène du TNB pour un concert organisé en partenariat avec l’asso des Trans Musicales. Une chouette idée pour (re) découvrir leur prog rock bien intense capable de faire durer des morceaux plus de vingt minutes. Let’s go !

Derrière ce duo, se cachent deux producteurs bien connus de la scène bretonne : Les Gordon et Douchka, pour un joli mariage entre électro instrumentale et beats percutants. Les deux gaziers s’apprêtent à vivre une rentrée 2017 bien chargée : un paquet de dates et un nouvel EP qui déboule à la mi-septembre.

Qui va succéder au rock’n’roll (et excellent) Sing Street, grand vainqueur l’an passé au Festival du film britannique de Dinard ? Réponse en septembre sur la côte d’Émeraude pour la 28e édition (présidée par Nicole Garcia) de ce rendez-vous immanquable pour tous les amoureux du cinéma british.

Imaginée par Patrice Poch et Mathias Brez, la biennale d’art urbain Teenage Kicks revient pour une troisième édition en cette rentrée. Au menu : expositions, performances, rencontres… dans la rue ou en galerie. Parmi les premiers noms : Philippe Baudelocque, aka Fusion, avec son nouveau projet Vegetalismo (photo). À Rennes, Saint-Malo et Nantes Du 7 septembre au 29 octobre

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À Dinard Du 27 septembre au 1er octobre

Joëlle Gueguen

À Rêverie Moderne, Nördik Impakt, Run ar Puñs, Les Indisciplinées…

Greg Dezecot

Au TNB à Rennes Le 18 octobre

RITUEL 1

NAPOLEON MADDOX

CARNAVALOROCK

LUANDA - KINSHASA

Un nouveau venu dans la grande famille des festivals : Rituel 1. Un rendez-vous pluridisciplinaire (musique, arts visuels et tatouages) qui souhaite mettre en avant l’expérimentation esthétique. Au programme : Forever Pavot (photo), Ko Shin Moon, Blind Butcher…

Dans le cadre de l’Atlantique Jazz Festival, le rappeur de Cincinnati propose un fascinant spectacle-concert dans lequel il revisite l’histoire (vraie) de ses aïeules, sœurs siamoises sorties de l’esclavage en devenant des bêtes de foire riches et célèbres.

Il est de retour ! Disparu depuis 20 ans, le mythique festival briochin Carnavalorock revient cet automne avec une prog’ rock et punk de valeurs sûres : Ludwig Von 88, Bellrays (photo), Tagada Jones, Decline… Canettes de bière forte de rigueur en apéro.

Le photographe et cinéaste Stan Douglas s’invite en BZH le temps d’une installation prometteuse : la mise en scène d’un enregistrement fictif dans un décor reconstituant le studio légendaire de la Columbia Records (J.Cash, A.Franklin, C.Mingus…). One, two, three, four.

À Rennes (Jardin Moderne, Hôtel Pasteur) Du 2 au 4 novembre

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Au Quartz à Brest Le 14 octobre

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À la salle de Robien à Saint-Brieuc Les 20 et 21 octobre

Aux Champs Libres à Rennes Du 10 octobre au 7 janvier




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