BIKINI SEPTEMBRE-OCTOBRE 2019

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SEPTEMBRE-OCTOBRE 2019 #43



TEASING

À découvrir dans ce numéro...

«MOITIÉ HUMAIN MOITIÉ ANIMAL»

VIDEOCLUB

CRICKET

GIRLBAND

TROMPETTE

GUERRE ET PAIX

TURFU

SOUND SYSTEM

«COURIR AVEC LES ENCEINTES SOUS LES BRAS»


ÉDITO

ALLEZ LE VERT ! Bétonnées, minérales, goudronnées… une chose est sûre : nos villes ne sont jamais assez vertes. Au-delà du confort de vie qu’ils procurent, les arbres représentent le meilleur rempart naturel contre la chaleur. Une évidence que l’on semble redécouvrir bêtement chaque été en arpentant esplanades dégagées et rues asphaltées. Si de nombreuses communes, particulièrement les métropoles, communiquent sur leur effort en verdure, qu’en est-il vraiment ? Une réponse apportée par la startup rennaise Kermap qui, il y a quelques semaines, a lancé un site (NosVillesVertes.fr) permettant de calculer « le patrimoine arboré » de chaque commune, grâce à un ingénieux traitement d’images satellite. Au classement des villes vertes françaises, Rennes apparaît en 5e position avec 21 % de végétal sur son territoire. À titre de comparaison : Brest en compte 14 %, Saint-Brieuc 19 %, Vannes 20 %, Saint-Malo 11 %... Une préoccupation pas uniquement urbaine. En campagne aussi, cette envie d’arbres à gogo se fait sentir. C’est notamment le cas avec l’entreprise finistérienne EcoTree qui propose depuis 2016 aux particuliers de participer à la bonne tenue (préservation, gestion, plantation) de forêts. Ou encore avec le tout récent projet “Antik Arrée”. Espérant boucler son financement participatif d’ici fin septembre, cet étonnant programme souhaite restaurer la forêt primaire qui couvrait le centre-Bretagne il y a plusieurs milliers d’années en rachetant des parcelles à reboiser. Utopique ? Certainement. Mais à l’heure où de nombreux scientifiques appellent à une végétalisation massive de la planète (1 200 milliards d’arbres supplémentaires seraient nécessaires pour contrer le réchauffement climatique), si on se mettait vraiment au vert ? La rédaction

SOMMAIRE 8 à 11 12 à 21 22 à 27 28 à 31 32 à 37 38 à 41 42 à 47 48 & 49

WTF : collectifs féminins, mégots, Videoclub, SubPac... « Nous, réfugiés » « Je traque le yéti » Belle-Île-en-dub « La sorcière, une femme libre donc dangereuse » Rock family RDV : Bison Bisou, Youn Kamm, Pour l’amour de Léon, Turfu, Periods... « Le pouvoir aux nanas »

50 BIKINI recommande 4

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Directeur de la publication et de la rédaction : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Brice Miclet, Maud Gautier / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Consultant : Amar Nafa / Couverture : Gaëtan Heuzé / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (St-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos partenaires, nos lieux de diffusion, nos abonnés, Émilie Le Gall, Louis Marchand. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - 1 bis rue d’Ouessant BP 96241 - 35762 Saint-Grégoire cedex / Téléphone : 02 99 25 03 18 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2019.



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QUEL GIRLBAND ALLER VOIR ?

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WHAT THE FUNK !

UN COLLECTIF ÉLECTRO-GOSPEL, UN GROUPE DE ROCK QUI ENVOIE DU PONEY, UNE FORMATION ÉLECTRO-SOUL INTERNATIONALE BIEN EXCITANTE : LES PROJETS 100  % FÉMININS SQUATTENT LES SCÈNES BRETONNES. LA PREUVE PAR TROIS.

Pennie Smith

C’est un bouillonnement funk et hip-hop que promet le festival Le Funk prend les Rennes. Une 5e édition qui, côté musique, verra défiler Cut the Alligator, Brigand, DJ Freshhh... En bonus : une conférence sur la sapologie, une costumerie ambulante... Du 2 au 6 octobre à Rennes.

« J’ADORE L’EAU »

Franck Alix

MADAM

Groupe de pop psyché à sa création, Aquaserge poursuit ses expérimentations dans sa version “orchestra”, rejoint par des musiciens issus du jazz et de l’improvisation (saxo, trompette, flûte traversière…). Une aventure sonore mouvante à découvrir lors de la 16e (et riche) édition de l’Atlantique Jazz Festival. Le 9 octobre à La Carène à Brest.

TU MOURRAS MOINS BÊTE

bulles

Le festival de BD Quai des Bulles a bon goût puisqu’il a honoré l’an dernier la vulgarisatrice scientifique rigolote Marion Montaigne. Tradition oblige, l’illustratrice signe l’affiche de cette 39e édition. Du 25 au 27 octobre à Saint-Malo. 6

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« On aime le fait que les gens viennent voir un groupe dont ils n’ont jamais entendu parler, finissent par pogoter comme des fous et repartent en nous disant qu’ils ne s’attendaient pas à se prendre tant d’énergie dans la gueule. » Avec ce texte de présentation sur sa page Facebook, le quatuor tarbotoulousain Madam tease son style musical : du rock rentre-dedans qui sent la sueur et la bière. Come on barbie, let’s go party. Quand et où ? Le 20 septembre aux Nuits Soniques à Auray

O’SISTERS

CANINE

L’énigmatique Magali Cotta montre les crocs – ah ah – avec son projet Canine : un drôle d’objet artistique protéiforme, sa délicieuse voix androgyne s’accompagnant sur scène d’un collectif 100 % féminin de danseuses et choristes soigneusement stylisées. Un premier album, Dune, est sorti en février dernier. Le résultat : un électro-gospel envoûtant, classieux et singulier, évoquant Björk et Beth Gibbons de Portishead. Quand et où ? Le 2 novembre aux Sons d’Automne à Quessoy

Cousin étymologique des films O’Brother des frères Coen et des Frères Sisters de Jacques Audiard, O’Sisters est un collectif international (photo), emmené par la DJ et productrice Missill. En bonne coach, elle a constitué un cinq majeur solide d’afro-électro-funk qui s’est distingué d’emblée lors de son concert inaugural aux Trans en décembre dernier. On prend les concerts les uns après les autres mais cette équipe est assurément amenée à tout rafler. Quand et où ? Le 5 octobre au Novomax à Quimper



WTF

QUE FAIRE DE TES MÉGOTS ? CET ÉTÉ, LES MÉGOTS DE CIGARETTES ONT CONCENTRÉ LES EFFORTS ÉCOLO. À JUSTE TITRE, LORSQU’ON SAIT QU’UN FILTRE DE CLOPE MET 15 ANS À SE DÉGRADER ET PEUT POLLUER JUSQU’À 500 LITRES D’EAU. TOUR DE BZH DES INITIATIVES. Remplir une bouteille de mégots ramassés sur son chemin : le challenge “Fill The Bottle” a ponctué l’été sur les réseaux sociaux. Inspirés par cette démarche, des bars ont proposé de poursuivre l’opération nettoyage, cadeau à la clé : un verre de bière offert contre un verre de mégots. C’est notamment le cas de l’Arena Café à Brest qui, durant tout août, a ainsi récompensé ses clients.

GARDER SON FESTIVAL PROPRE Si les festoches ont su éradiquer les gobelets en plastique jetable qui jonchaient le sol, reste le problème des

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S’OFFRIR UN VERRE

clopes bazardées par terre. Parmi les initiatives relevées : les très nombreux cendriers installés au Bout du Monde, les cendars de poche à la Route du Rock et à Fête du Bruit, ce dernier les offrant même pour un « objectif zéro mégot ».

apparaissent en BZH. Le principe : le fumeur a le choix entre deux bacs qui, selon les suffrages, se remplissent différemment. Né grâce au budget participatif de la Ville de Rennes, un de ces cendriers ludiques a ainsi été installé près des Champs Libres. Premier vote : palet ou pétanque ?

CONCEVOIR DU MOBILIER URBAIN

Basée dans le Finistère, la startup MéGO est la première entreprise en France à collecter, traiter et recycler les mégots. Une valorisation de VOTER ces déchets qui permet de produire Apparus il y a un petit bout de temps du mobilier urbain : des bancs et en France, les cendriers interactifs (forcément) des cendriers.

DR

ROAD TRIP

Après Transsiberrian en 2015, écrit à bord du train qui relie Moscou à Vladivostok, le beatmaker électro Thylacine a de nouveau mis les voiles pour son second opus, ROAD vol.1. Direction l’Argentine cette fois-ci à bord d’une Airstream, cette fameuse caravane tout en alu datant de 1972, où l’Angevin y a installé son studio. Trois mois sur les routes à composer en fonction des paysages, des rencontres… Un carnet de voyage musical à découvrir le 11 octobre à La Carène à Brest et le 1er novembre aux Indisciplinées à Quéven.

LES TRENTE GLORIEUSES Neil Hannon, grand manitou de The Divine Comedy, fête ses 30 ans de carrière avec Office Politics, douzième (et osé) album sorti en juin où sa pop orchestrale prend des tournures new wave. Il vient le défendre le 30 octobre à La Carène à Brest. 8

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VIDEOCLUB : MIGNON OU BIDON ?

AUSSI ADULÉ QUE MÉPRISÉ, LE DUO NANTAIS CARTONNE EN SE CONTANT FLEURETTE EN CHANSON. CRASH-TEST. On ne sait pas trop sur quel pied danser avec Videoclub. Jeune duo nantais composé d’Adèle Castillon, youtubeuse de 17 ans, et Matthieu Reynaud, son boyfriend, musicien. Ensemble, ils font une pop rafraîchissante disent certains, niaise répondent les autres. Depuis Amour plastique, sorti en 2018, force est de constater que le couple cartonne sur YouTube. La notoriété d’Adèle a aidé, tout comme les clips mignons tout plein. « C’est une sorte de storytelling adolescent, analyse la Briochine Carole Boinet, journaliste aux Inrocks. Ils empruntent des choses à Fauve, certains y voient une proximité avec Jacno. Il y a un petit côté Dawson, très platonique, dans une époque où l’on présente souvent les jeunes comme des malades du porno. » Si les deux tourtereaux n’ont qu’une poignée de concerts à leur actif, cela n’a pas empêché Thierry Houal, programmateur du festival Les Indisciplinées à Lorient, de les inclure dans sa prog. « À la première écoute, je me suis dit : “Encore des bluettes pop comme les Pirouettes”. Mais comme toute expression artistique dite “naïve”, elle l’est sans doute moins qu’on l’imagine. Les Beatles racontaient la même chose à leur début. » Toute proportion gardée bien sûr. Brice Miclet Le 27 septembre à Baisers Volés à St-Malo, le 9 novembre aux Indisciplinées à Lorient 9


WTF

AVEC LE SUBPAC, LA MUSIQUE S’ÉCOUTE AVEC LE DOS ÊTRE SOURD OU MALENTENDANT N'EST PAS UN FREIN POUR ASSISTER À UN CONCERT. À DÉFAUT D'ENTENDRE LA MUSIQUE, LES GRÂCE À UN NOUVEL ÉQUIPEMENT : LE SUBPAC. UN SAC À DOS VIBRANT QUI COMMENCE (DOUCEMENT) À SE FAIRE UNE PLACE DANS C’EST QUOI ? Un petit sac à dos qui vibre selon la musique que vous écoutez. Voilà comment résumer simplement le principe du SubPac. Un équipement mobile et autonome (il est équipé d’une batterie et d’une liaison sans fil) qui fonctionne sur toutes les sources sonores : baladeur, console de jeux, télé… et aussi dans les salles de spectacles où il peut être connecté à la régie son.

C’EST OÙ ? En BZH, Le Triangle à Rennes est la première salle à s’être équipée de SubPac. Mis en place sur quelques temps forts la saison passée, le dispositif sera proposé – gratuitement – sur toute la programmation à l’année. « Cela s’inscrit dans notre démarche d’accessibilité auprès de tous les publics », expose Marion Deniaud, chargée de l’action culturelle. Pour l’instant, nous sommes dotés de quatre sacs, avec

l’idée d’en avoir de nouveaux d’ici la fin de l’année. » Toujours à Rennes, le TNB vient également d’en acquérir pour la nouvelle saison. Si la grande majorité des structures bretonnes n’en sont pas encore équipées, certaines y réfléchissent tout de même, à l’image du festival des Trans Musicales qui envisage d’en proposer « d’ici un an, après un travail de réflexion avec des personnes sourdes pour mieux comprendre leurs besoins ».

ET AUSSI ? Le SubPac peut également s’utiliser dans le cadre d’une pratique artistique. « Au Triangle, ils sont mis à disposition lors de nos ateliers de danse. Un autre rapport au rythme s’installe alors, souligne Marion Deniaud pour qui le SubPac s’avère également un excellent outil de sensibilisation du public. Les personnes entendantes peuvent aussi l’essayer. Cela leur permet de mieux comprendre la façon dont les personnes en situation de handicap peuvent vivre un spectacle. » 10

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PERSONNES PEUVENT DÉSORMAIS LA RESSENTIR PLUSIEURS SALLES ET FESTIVALS DE L’OUEST. ÇA FAIT QUOI ? Si le SubPac était initialement destiné aux gamers, il a vite été adopté par les personnes sourdes et malentendantes. À défaut d’entendre la musique, le sac à dos permet de la ressentir. Les basses fréquences vibrent en de multiples points sur la colonne vertébrale et dans le creux des reins. On a testé, c’est bluffant.

DES ALTERNATIVES ? À La Carène à Brest, une ceinture vibrante, baptisée Vibzh et imaginée par des étudiants de l’UBO, a par ailleurs été testée en 2018. Un prototype qui devrait prochainement déboucher sur « une veste équipée d’une soixantaine de vibreurs ».

ET AILLEURS ? En France, l’Aéronef à Lille a été la première salle à s’être munie de SubPac en 2016. Dans l’Ouest, on compte aussi quelques pionniers. Le festival mayennais Au Foin de la Rue : premier événement plein air à en faire l’expérience en 2018. « Cette année, on en avait 17, situe Bastien Bonhoure, le chargé de com. Nous en avons d’ailleurs prêté à Art Rock à Saint-Brieuc pour sa dernière édition. » Autre acteur engagé : le festival nantais Hip Opsession qui, en plus du SubPac, propose également du chansigne (concert traduit en langue des signes) et des caissons vibrants. « Avec ces derniers, les sensations passent par les pieds, éclaire Jérémy Tourneur, responsable des relations aux publics. C’est bien mais tu es sur une structure fixe. Avec le SubPac, tu restes libre de te déplacer. » J.M 11


DOSSIER

ALORS QUE LE DÉBAT SUR LA POLITIQUE MIGRATOIRE REVIENT À L’ASSEMBLÉE EN CETTE RENTRÉE, RENCONTRES AVEC DES EXILÉS INSTALLÉS EN BRETAGNE. 12

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DOSSIER

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« LA SYRIE, UN PAYS MAGNIFIQUE, AVANT LE ses plus de deux millions d’habitants recensés avant la guerre. « Mon mari était tapissier dans un magasin, j’étais femme au foyer avec un enfant en bas âge, nous vivions bien », explique-telle dans un français parfois hésitant, une langue dont elle ne connaissait pas un mot il y a encore quelques mois. En 2012, la bataille d’Alep débute et voit s’affronter diverses branches d’opposants au régime de Bachar el-Assad et forces loyales soutenues par l’armée russe. Largage de barils explosifs par hélicoptères, attaques chimiques, attentats et bombardements incessants, y compris sur les hôpitaux : rien ne sera épargné à la population et on estime à 20 000 le nombre de victimes civiles recensées en ville, jusqu’à ce que le siège se termine toute fin 2016 sur une victoire du régime de Damas. Hadil, son mari et leur fils Taim sont contraints de quitter ce « chaos » vite devenu invivable, comme des millions de compatriotes. « On a essayé de rejoindre légalement la La guerre civile en Syrie est prati- times. C’est difficilement imaginable, Turquie au nord (située à 45 km, quement terminée. De la résistance et d’ailleurs Hadil Jilibati ne cherche ndlr), mais la frontière était fermée au régime de Bachar el-Assad, il ne pas vraiment à faire comprendre ce et nos passeports refusés, alors il a restait cet été qu’une petite poche traumatisme aux interlocuteurs qui fallu se cacher pour y entrer. » de résistance : un groupe djihadiste, l’interrogent sur ce qu’elle a vécu ces La petite famille reste un an sur retranché dans la région d’Idleb, au dernières années. Dans un sourire place mais les conditions ne sont pas nord-ouest du pays. Depuis le 15 mars timide et par quelques mots simples, bonnes et il faut reprendre la route, 2011 et le début officiel de ce conflit, elle se contente de dire de son pays une nouvelle fois. La Grèce est leur les observateurs s’accordent sur le de naissance qu’il était « magni- deuxième pays d’accueil et la porte chiffre d’environ 500 000 morts fique », que sa vie là-bas était « très d’entrée pour l’Europe. « Nous nous et plus de 6 millions de déplacés, heureuse », et qu’il « (lui) manque, sommes inscrits auprès de l’UNICEF dans un pays qui comptait autour c’est évident ». qui nous a aidé à trouver un hôtel de 20 millions d’habitants avant que Avant d’arriver en France en 2017, où résider. Au départ, nous souhaine débutent les combats. la jeune femme de 29 ans a passé la tions nous rendre en Allemagne, où À l’échelle d’un pays comme la majeure partie de son existence à vivent mon frère et ma mère (son France, c’est comme si une guerre Alep, la ville la plus peuplée de Syrie père est resté à Alep, ndlr), mais c’est en son sein faisait 1,7 million de vic- – devant la capitale Damas – avec la France qui nous a choisis : lors 14

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CHAOS DE LA GUERRE » d’un entretien où nous avons parlé de la guerre, l’ambassade de France a décidé de retenir notre dossier et nous a envoyés à Rennes. »

« Des secrets de cuisine » Un choix par défaut au départ mais « une bonne destination », reconnaîtelle rétrospectivement : « On a eu beaucoup de chance, même si les premiers mois étaient très difficiles. » Le couple de Syriens ne résiste pas néanmoins à ces bouleversements de vie : Hadil et son mari se séparent. Seule avec son fils, elle se prend en main. « Je ne parlais pas français, seulement un peu d’anglais… On est vite isolé mais on a reçu l’aide de Coallia », une association d’aide et d’accompagnement social, qui lui permet d’accéder à un logement à Pacé, où Taim est désormais scolarisé. « Il a 8 ans et passe en CE2. Il parle le français couramment, je suis tellement fière ! » Hadil aussi apprend la langue de son pays d’adoption par le biais du CLPS, centre de formation pour adultes. Depuis janvier, elle prend des cours intensifs « de 9 h à 17 h, c’est efficace mais hyper fatigant. Je compte continuer sur ce rythme après la pause estivale pour parler le meilleur français possible, c’est indispensable pour se sentir bien ici. J’aimerais aussi pouvoir passer mon permis de conduire. » Cela, espère-telle, lui permettrait d’envisager une installation définitive en Bretagne. « J’ai acquis un statut de réfugiée

(donnant accès à une carte de résidence valable dix ans, ndlr) et c’est donc plus facile désormais de se voir avec ma famille en Allemagne. Mon frère est venu cet été à Rennes, c’était un bonheur. Il travaille à McDonald’s et parle très bien allemand, c’est un exemple pour moi. » Vivant actuellement du RSA, Hadil hésite encore sur son choix d’orientation professionnelle. Vente ? Restauration ? Le 20 juin dernier, Journée mondiale des réfugiés, la jeune Syrienne a participé au Refugee Food Festival, événement annuel né en 2016 et dont le but est de favoriser l’insertion socioprofessionnelle des réfugiés par le biais de la cuisine. Pour la première fois, la ville de Rennes participait à la manifestation et Hadil a été accueillie par Anouck Méléard-Soller, cheffe du Café Albertine, à qui elle a fait découvrir ses spécialités d’Alep : kebbeh (boulettes de viande), murtabak (galettes fourrées), samboussek (petits pâtés farcis) ou encore katayef (dessert). « On a travaillé à quatre mains en s’apprenant mutuellement des secrets de cuisine », apprécie Anouck, qui a depuis gardé contact avec sa protégée et dont elle ne tarit pas d’éloges : « Ses progrès en français sont impressionnants et son courage est grand. Si elle souhaite poursuivre dans la voie de la restauration, on ne manquera pas de l’accompagner. » Régis Delanoë

« Mon fils passe en CE2, je suis tellement fière »

CHRONOLOGIE DE LA CRISE MIGRATOIRE 2014 : Conséquence des guerres en Syrie et en Lybie, ainsi que des tensions économiques et climatiques en Afrique et au Moyen-Orient, la crise migratoire en Europe s’intensifie. Le nombre de demandeurs d’asile sur le continent passe en un an de 435 000 à 626 000.

2015 : Le conflit syrien entraîne l’exode de plus d’un million de réfugiés vers l’espace Schengen. Début septembre, la photo du corps du petit Aylan, enfant de 3 ans d’origine kurde retrouvé sur une plage turque, choque l’opinion publique.

2016 : Démantèlement de la Jungle de Calais, qui a compté jusqu’à 6 000 migrants. Ces derniers sont répartis dans des Centres d’accueil et d’orientation (CAO) sur l’ensemble du pays. Le 6 octobre, création d’une nouvelle agence de garde-frontières et de garde-côtes, communément appelée Frontex.

2017 : Sur cette seule année, 5 386 migrants meurent ou disparaissent, soit 1,74 % des exilés (chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations). En juillet, évacuation du squat de La Poterie à Rennes, plus grand centre d’hébergement non-officiel dans la région (175 occupants).

2018 : Poussée électorale des mouvements populistes et anti-immigration sur le continent, avec notamment la victoire de l’extrême-droite en Italie et la réélection de Viktor Orban en Hongrie.

2019 : Poursuivie par la justice italienne pour son activité de sauvetage, la capitaine Pia Klemp devient le symbole d’une Europe plus divisée que jamais sur la question. En août, l’Ocean Viking, bateau affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, part en mer. Il succède à l’Aquarius qui, en moins de trois ans, a sauvé près de 30 000 hommes, femmes et enfants de la noyade. 15


DOSSIER

« L’ÉCRITURE A ÉTÉ POUR MOI UNE BOUÉE DE

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L’été 2019 n’a pas vraiment été de tout repos pour Ibrahim Sountara. À 34 ans, le jeune Ivoirien installé à Rennes a entamé les démarches pour reprendre ses études et vise un poste de conducteur de train à la SNCF. « J’ai fait acte de candidature, il a fallu monter tout un dossier. Ça va, je commence à maîtriser ! », rigolet-il. En mars dernier, l’obtention de son statut de réfugié a en effet été l’aboutissement d’une longue bagarre avec ce qu’il appelle « la machine administrative ». « Elle peut te broyer tellement c’est décourageant de réunir tous les papiers nécessaires, souffle-t-il. Je suis un peu devenu un expert par la force des choses. Mais c’est bon, j’ai fini par obtenir ma carte de séjour, valable dix ans. Je peux enfin entrevoir un avenir ici. » Ibrahim a quitté son pays natal en décembre 2015. La raison ? « Une pression familiale très forte », avec un père polygame qui maltraite une partie de sa descendance. Le jeune étudiant en droit finit par prendre la décision de rejoindre l’Europe.

« Par contrainte. Quand on quitte sa terre natale, ce n’est jamais un plaisir, quoi qu’en disent certains politiques… », glisse-t-il. Commence alors ce qu’il nomme son « odyssée » : un voyage d’un an et demi depuis Abidjan jusqu’en Bretagne, en passant par les dangereuses routes du Mali en camion de passeurs, l’Algérie, la Libye (« la torture, l’esclavage, les viols des femmes… Là-bas les migrants ne sont que des choses à vendre »), la traversée de la Méditerranée en canot pneumatique (« à 159 sur une embarcation de sept mètres de long, des mouvement de panique ont provoqué la mort de quatre personnes, dont un ami »), les camps de rétention en Sicile puis en Suisse, et finalement la France, d’où il est passé illégalement à la frontière de Vintimille. « Une cousine habitant à Rennes avait promis de m’accueillir mais elle ne l’a pas fait et je me suis retrouvé à la rue pendant une semaine. » Nous sommes en mai 2017 et Ibrahim est au comble du désespoir. « Un jeune couple de Français est venu me

DEMANDES D’ASILE : QUELLE SITUATION EN BRETAGNE ? Il y a quelques mois, la préfecture de Bretagne a livré un dossier complet concernant l’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés dans la région. Un pointage annuel datant de 2017 qui révèle que 2 336 demandes d’asile ont été enregistrées sur le territoire, un chiffre en hausse de 38,8 % sur un an et de 264 % sur dix ans. 16

Cela reste peu à l’échelle nationale : en France en 2017, ce sont 100 142 demandes qui ont été comptabilisées (2,3 % des demandes d’asile sont faites en Bretagne alors que la région compte environ 5 % du total de la population française sur son territoire). En BZH, les cinq nationalités les plus représentées sont les Albanais (357 dépôts de

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dossier, soit 15,3 % du total des demandes), les Soudanais (205, soit 8,8 %), les Géorgiens (202, soit 8,6 %), les Afghans (156, soit 6,7 %) et les Syriens (154, soit 6,6 %). « Albanais et Géorgiens fuient généralement pour des raisons sanitaires, avec un système de santé déplorable dans leur pays, précise Carole Nathalie,

de l’antenne rennaise du Réseau éducation sans frontières (RESF). On a aussi une importante communauté mongole dans le secteur. Sans oublier l’arrivée régulière d’exilés du continent africain. » La Bretagne est-elle pour eux une bonne terre d’accueil ? « Globalement oui, car la région possède un réseau associatif d’aide


SAUVETAGE » parler alors que j’étais en détresse sur un trottoir. Ils m’ont invité chez eux. Sans cette aide, je ne sais pas où je serai aujourd’hui… » L’exilé passe ensuite par le squat de La Poterie, jusqu’à son évacuation trois mois plus tard (lire page 15). « J’ai eu la chance d’être alors accueilli par un étudiant en médecine qui m’a logé dans son 28m² pendant trois mois, puis c’est une militante de l’association Un Toit c’est un droit qui a pris le relais, deux mois de plus. » Avant, enfin, de réussir à obtenir un logement, là encore via cette même association. « Tous ces gens qui m’ont tendu la main, jamais je ne pourrai les oublier. » Intérimaire depuis quelques mois, en attendant peut-être d’entamer une reconversion dans les chemins de fer, Ibrahim mène en parallèle une carrière naissante d’écrivain. Son premier roman, Le Rêve brisé, inspiré de son parcours, est sorti l’an passé aux éditions Hedna. « J’ai commencé à l’écrire en Italie en tapotant sur mon téléphone. L’écriture a été pour moi une bouée de sauvetage, un moyen de ne pas sombrer. » R.D

aux réfugiés plus dense que la moyenne. Reste que les difficultés pour eux sont immenses car les démarches administratives sont souvent complexes et les structures d’hébergement largement insuffisantes : moins d’un demandeur d’asile sur deux peut en bénéficier. Pour les autres, c’est le système D. » Avec une indemnité journalière accordée par l’État s’élevant à 6,80 € pour un demandeur d’asile seul (20,40 € pour une famille de cinq personnes), on peut effectivement parler de débrouille. 17


DOSSIER

« DES MONTAGNES DE KABOUL AUX CHAMPS Lorsqu’on a rencontré Abdul-Wares Wahab, il venait tout juste de présenter la soutenance de son mémoire à la fac. « Ça va, ça s’est plutôt bien passé », sourit-il visiblement soulagé. Nous sommes tout début juillet et ce dernier examen valide son Master en ressources humaines à l’IAE de Brest. « Mon stage en alternance à Morlaix Communauté se termine quant à lui à la fin du mois. Puis j’enchaîne sur un CDD jusque fin 2019. » Un parcours universitaire et professionnel que ce garçon de 27 ans aurait tout sauf imaginé. Car malgré le t-shirt “À l’aise Breizh” qu’il porte le jour de notre rencontre, la Bretagne lui était une destination exotique, pour ne pas dire inconnue, il y a peu. Né en 1992 en Afghanistan, c’est au lycée qu’Abdul se familiarise avec la langue française. « Quelques heures d’enseignement par semaine m’ont permis une découverte élémentaire, avant de me perfectionner à l’université de Kaboul », raconte-t-il dans un français sans accroc. Un apprentissage qui lui permet d’être sollicité par l’ambassade et les services militaires français présents sur le territoire afghan. Nous sommes en 2011 et Abdul n’a que 19 ans lorsqu’il commence à travailler comme interprète pour l’armée. « Je n’étais pas affecté à des missions militaires mais plutôt aux projets de développement. J’assurais notamment les traductions des réunions entre les différentes autorités. À cette époque, l’Afghanistan étant dans une période plutôt calme. Il y avait une certaine stabilité. » Avant que la situation ne se dégrade dans un pays pris en étau entre les talibans et Daesh. « Tous les Afghans qui avaient travaillé de près ou de loin 18

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avec des armées étrangères étaient alors menacés. Certains ont été tués. Il y avait des enlèvements, des explosions… Plus l’état du pays empirait, plus je me sentais en danger. » Après plusieurs demandes d’asile déposées et trois ans d’attente (!), il obtient finalement la possibilité de venir se protéger en France. « Il a fallu être patient, prendre des précautions, mais aujourd’hui je suis en sécurité », indique-t-il sobrement, ne préférant pas polémiquer sur le dossier complexe des interprètes afghans (de nombreux autres collègues ont également dû se battre pendant plusieurs années pour faire valoir leur droit d’asile). Une nouvelle vie qui, en novembre 2016, a donc pris racine à Lanmeur, jolie bourgade de 2 200 habitants au nord du Finistère. « Je suis passé des montagnes de Kaboul aux champs de vaches bretonnes, rigole-t-il. Ça a été un dépaysement total. Là-bas, j’habitais encore avec ma famille

(il n’a pu retourner la voir qu’une seule fois depuis, ndlr), ici j’ai découvert la solitude. Mais j’ai la chance d’avoir été bien accueilli à Lanmeur. » En premier lieu par l’équipe municipale qui a pu lui mettre à disposition un appartement dans un logement social à l’entrée du bourg.

« Les gens sont bienveillants » Le temps de prendre ses marques, Abdul, qui a depuis obtenu sa carte de séjour pour une durée de 10 ans, a réussi à se faire une place au sein de la population. « Je me suis inscrit au club de foot et dans une association de course à pied. Ça m’a permis de rencontrer du monde et de me faire connaître. Si mon arrivée a suscité des réticences ? Je ne sais pas, peut-être, mais je n’ai jamais eu de réactions hostiles en tout cas. Les gens d’ici sont bienveillants. » À l’image de ce voisin qui passera lui rendre visite en cette fin de journée pour le dépanner


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DE VACHES »

d’un chargeur de téléphone portable : « L’histoire d’Abdul mérite d’être racontée, nous confiera cet habitant. Son parcours est exemplaire. » Car depuis son installation à Lanmeur, le jeune homme n’a pas vraiment glandé : un travail à la maison de retraite communale, quelques mois chez un producteur de légumes et, surtout, une poursuite d’études. « Le secteur des ressources humaines m’intéresse. Si je n’avais pas fait interprète en Afghanistan, c’est un domaine dans lequel j’aurais aimé travailler. » Si Abdul ne rentre pas dans la catégorie des réfugiés habituellement présentés depuis le début de la crise migratoire, son parcours fait malgré tout écho. « Au niveau des obligations administratives, des temps d’attente et du travail d’intégration, il y a des similitudes. Je me sens forcément proche d’eux. C’est pour cette raison que je participe à une association où j’ai pu accompagner une vingtaine de réfugiés afghans dans leur démarche de régularisation. » Julien Marchand 19


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Dans une autre vie, Florida Neziri aurait pu occuper un emploi aussi intéressant que lucratif au port de Gênes. Au lieu de cela, la jeune femme, aujourd’hui âgée de 29 ans, vit actuellement à Rennes, seule avec son enfant, affrontant non sans difficulté les obstacles de son statut de réfugiée albanaise (première nationalité la plus représentée parmi les demandeurs d’asile en Bretagne en 2017, d’après les chiffres de la préfecture). Il y a encore cinq ans, Florida était fiancée et travaillait dans le fret maritime en Italie, tout en menant en parallèle des études de commerce international. Une situation envieuse après une jeunesse compliquée. « Je suis née en Albanie mais je n’y ai vécu que six ans. On a dû fuir avec mes parents et ma sœur. Mon papa, qui travaillait pour le GIGN local, était menacé par des hommes liés à la mafia. Mon oncle en est mort, il a fallu tout quitter du jour au lendemain. » Les exilés trouvent d’abord refuge en Grèce, avant que les deux sœurs ne partent poursuivre leurs études en Italie à leur majorité (pays où la sœur de Florida vit toujours). « Mes parents avaient pour projet de rejoindre l’Angleterre via Jersey, illégalement car ils n’avaient d’autres choix. Mais le passeur les a plantés à Saint-Malo et voilà comment ils se sont retrouvés à Rennes il y a huit ans. » Seuls mais aidés par quelques mains tendues, dont celle de la section locale du Secours Populaire, où le père devient un bénévole actif. En 2014, après que sa mère tombe malade, Florida décide de plaquer sa vie italienne pour venir les aider 20

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« TOUT QUITTER DU JOUR AU LENDEMAIN »

en Bretagne. « Avant que je ne déménage dans mon propre appartement, nous avons vécu à trois dans un studio de 9 m²… C’était des moments difficiles. » En quatre mois, elle apprend seule le français en s’aménageant un petit bureau dans une cave de l’immeuble et passe avec succès le test de langue lui permettant de s’inscrire à Rennes 2 pour y reprendre ses études, en repartant de zéro.

« J’étudie, je travaille » « J’ai validé ma Licence de commerce international en juin dernier, annonce-t-elle fièrement dans un français quasi parfait. J’espère poursuivre en Master à la rentrée, puis intégrer une école de commerce en alternance pour achever mon cursus. » En France, Florida est aussi devenue maman d’une petite fille, d’un Français dont elle est aujourd’hui séparée. « Entre la maternité, les études et le travail (elle

est vendeuse dans un centre commercial, ndlr), c’est sûr que ce n’est pas de tout repos ! Mais j’ai toujours eu ce caractère volontaire pour surmonter les épreuves. » Régularisée – non sans mal – en France par le biais de ses études, elle se bat encore avec l’administration pour obtenir un titre de séjour définitif pour ses parents, qui restent menacés dans leur pays d’origine. « Mon papa ayant récemment obtenu un CDI – à 61 ans ! – dans un abattoir, cela devrait faciliter les démarches », espère Florida, qui regrette le discours qu’elle entend trop souvent depuis son arrivée en France. « Certains disent qu’on vient voler le travail, qu’on est des profiteurs… Ils ne savent rien de nous et se permettent de juger. Ce n’est pas parce que j’ai un accent que je ne suis bonne à rien. J’étudie, je travaille. Je viens d’Albanie et j’en suis fière, mais mon pays ne doit pas suffire à me définir. » R.D


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LE CRICKET : RÉFUGIÉ SPORTIF

Avec plus de 2,5 milliards de sportifs, le cricket est le deuxième sport le plus pratiqué au monde derrière le football. Si ce sport reste largement méconnu dans nos contrées, il gagne actuellement du terrain. En Bretagne, des clubs se sont récemment créés à Rennes, Lorient, Silfiac ou encore tout dernièrement à Saint-Brieuc à l’initiative d’un lycéen de 17 ans, Mansur Nasiri. « On accueille toutes les bonnes volontés, connaisseurs ou débutants, mais il faut reconnaître que pour l’instant on est surtout entre Afghans, constate-t-il. Je viens aussi de là-bas (il est arrivé en France il y a deux ans, ndlr) et c’est le sport numéro un. L’idée c’est de partager notre passion dans notre pays d’accueil. » Président du club rennais, Hazrat Khan appartient également à cette communauté afghane qui, fuyant les Talibans, est l’une des plus importantes à demander l’asile en France. « Depuis 2017 et la création de l’asso, on gagne des pratiquants. On a désormais une équipe de jeunes et une section féminine est en projet. Il nous est déjà arrivé d’être plus de 60 aux entraînements. Des Afghans mais aussi des Pakistanais, Indiens, Anglais, Sud-Africains… » Et des locaux aussi ? « Quelques-uns oui, venus souvent par curiosité. Trop peu encore, mais ça va venir petit à petit, j’en suis sûr ! » De quoi peut-être envisager de voir l’équipe de France de la discipline, renforcée par ses immigrés originaires d’Asie centrale, participer un jour à son premier mondial. 21


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Jean-Louis Maurette


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antalon militaire et charentaises. C’est dans un style mi-commando mi-détente que Jean-Louis Maurette nous accueille chez lui, dans son appartement de Quimperlé, dans le sud-Finistère. Sur les murs de son salon, quelques animaux empaillés surveillent la pièce : trois hiboux, une corneille, deux buses, un canard, une sorte de petite fouine… Pas de yéti ? « Ah ah non, pas encore. Un jour, peut-être… », se marre cet homme de 60 ans qui, cet été, est rentré de sa nouvelle expédition en Russie « à la recherche de l’Almasty », l’autre nom de l’homme sauvage. « J’ai passé une dizaine de jours avec un ami dans le Caucase. Plus précisément en Karatchaïévo-Tcherkessie. On n’a pas choisi ce lieu au hasard : lors d’un précédent voyage en 2015, c’est là qu’on avait entendu un cri moitié humain moitié animal à la tombée du jour. “Aaaaooooooh Aaaaooooooh”, comme si quelqu’un ou quelque chose appelait au secours. Un hurlement très mélancolique qui, selon moi, n’appartient à aucune créature encore recensée sur Terre », raconte cet aventurier autodidacte passionné par la cryptozoologie (la science des animaux inconnus) depuis qu’il est ado.

« Quand j’avais 12 ans, un de mes cousins m’a offert le livre Sur la piste des bêtes ignorées du zoologue Bernard Heuvelmans. Au début, je n’y ai pas trop prêté attention, avant de me plonger dedans. On y parlait d’animaux mystérieux et d’hominidés cachés sur la planète. Ça m’a fasciné. C’est à cet âge que j’ai commencé à m’imaginer sur leurs pistes. » Un destin à la Indiana Jones que cet électro-mécanicien de formation chevauchera finalement sur le tard, alors âgé de la cinquantaine. « À ce moment-là, j’alternais les petits boulots et les périodes de chômage. Un jour, Henry, un de mes amis installé en Russie, m’appelle pour me dire

« Le descendant d’une

espèce aujourd’hui éteinte » 24

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qu’il se ferait bien une expédition de plusieurs semaines en pleine nature, histoire de prendre l’air. Un voyage façon “Aventuriers de l’arche perdue” que j’accepte tout de suite. »

Rayon rando de Decathlon Jean-Louis se souvient alors de ses rêves d’adolescent et n’a désormais qu’une chose en tête : partir sur les traces de l’Almasty. « Il était temps pour moi d’aller vérifier sur le terrain ce que j’avais pu lire dans les bouquins. Est-ce que c’était vrai ou s’agissait-il de gros bobards ? Je voulais me faire mon propre avis. » Après un passage au rayon randonnée de Decathlon (« mes emplettes n’étaient pas du tout adaptées aux conditions météo : je caillais toutes les nuits dans mon sac de couchage »), c’est à l’été 2013 que les deux comparses débarquent au sud-ouest de l’Altaï. « On a ciblé cette région car


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on sait que l’homme de Denisova y a vécu. Selon plusieurs théories, le yéti pourrait être l’un des descendants de cette espèce d’hominidé aujourd’hui éteinte. En parallèle de l’Homo sapiens, l’Almasty aurait réussi à survivre et à se développer, caché dans des contrées inexplorées. » Pendant près de deux mois, Jean-Louis et Henry crapahuteront au milieu des montagnes et des grottes en quête du moindre indice. Non sans l’aide des personnes rencontrées sur leur chemin. « Ce n’était pas toujours évident d’avoir des informations de leur part. Deux étrangers qui débarquent comme ça et qui posent des questions sur le yéti… Mais avec les Russes, dès que ça boit un coup, les langues se délient. Notamment avec les anciens qui ont tous une histoire d’Almasty à raconter. » Leur passage dans le village de Tchorny Anouï, connu pour ses élevages de cerfs, leur permet aussi d’échanger 25


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« Une empreinte de 50 cm près d’un cours d’eau » avec des bergers et des chasseurs… « Tous nous ont fait part de “choses étranges” qui se passaient dans la forêt… Ils nous ont fait comprendre qu’il n’y avait pas que des ours et des loups qui vivaient là-bas. » De quoi les convaincre de continuer à s’enfoncer dans l’épaisse végétation en dépit des mises en garde des habitants. « On nous a averti que ça pouvait être dangereux de s’y aventurer. Surtout sans arme. À part un poignard et un couteau suisse, on n’avait rien pour se défendre... »

dans ses bagages. « Parmi les plus belles, deux empreintes. L’une au niveau d’un cours d’eau : un pied de 45-50 cm où l’on distinguait bien les orteils. Dans cette zone, personne ne marche pieds nus, alors à part un Almasty je ne vois pas qui ça peut bien être… Et l’autre, un moulage de pied, là encore d’une cinquantaine de centimètres, que j’ai pu observer chez un habitant, assure Jean-Louis qui, au fil des témoignages recueillis, a pu esquisser un portrait-robot du yéti. Il a globalement l’apparence d’un être « Un squelette entier » humain, il mesure entre 1 m 70 et Malgré des dizaines et des dizaines 2 m 20, entièrement nu, recouvert de grottes visitées, les deux garçons de poils roux ou noirs, des cheveux rentreront bredouilles de cette longs, des pieds et des mains très première expédition dans l’Altaï. larges, des pommettes hautes, des Ni ossement ni touffe de poils ni yeux légèrement bridés… » empreinte suspecte ne seront débusqués… « Une nuit tout de même, nous avons été réveillés par des bruits sourds. Comme si quelqu’un tapait fortement avec un bout de bois sur les troncs d’arbres autour de notre campement. Étant donné que les premières habitations se trouvaient à plusieurs kilomètres, qui pouvait bien faire cela ? Aux États-Unis, le bigfoot est réputé pour marquer son territoire de cette façon… » Un épisode et une « rencontre » qui donneront envie à Jean-Louis de poursuivre ses investigations : en 2014 et 2015 dans le Caucase, en 2017 au Kazakhstan, en 2018 en République d’Adyguée, avant donc le Caucase à nouveau en juillet dernier… Un total de six expéditions et quelques « preuves » ramenées 26

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S’il est aujourd’hui encore un peu fatigué par son dernier périple, JeanLouis planche déjà sur le prochain. Ce divorcé, père de deux enfants (« ils me prennent un peu pour un fou mais ça les fait marrer »), aimerait voir grand pour sa future expédition. « J’ai désormais pas mal de contacts sur place qui peuvent préparer le terrain pour une mission de longue durée, de six à douze mois minimum. Si on veut se donner toutes les chances, il n’y a pas d’autres choix. Quand tu es dans les montagnes du Caucase, tu as face à toi un océan végétal : des forêts à perte de vue. Il pourrait y avoir des milliers d’Almasty dedans que tu ne les verrais pas. L’idée serait donc de construire un vrai camp de base puis, à partir de là, de mener des excursions en suivant différentes pistes. » Un projet conséquent qui nécessite la recherche de sponsors. « Surtout qu’il faudrait partir avec du vrai


Photos : Jean-Louis Maurette

matériel technologique. Actuellement, je n’ai qu’une simple paire de jumelles et un vieux reflex, alors qu’il nous faudrait des pièges photos, des caméras thermiques, des jumelles de vision nocturne… » De quoi ramener une preuve irréfutable ? Notre doux zinzin y croit dur comme fer, boosté comme jamais par les toutes récentes révélations sur la possible existence d’un homme sauvage. En mai dernier, l’armée indienne révélait avoir photographié des empreintes de yéti à la frontière népalo-chinoise. Et en juin, on apprenait dans des documents déclassifiés que le FBI avait officiellement enquêté sur le bigfoot au milieu des années 70. « Si toutes ces choses sortent aujourd’hui, c’est bien que quelque chose existe », affirme Jean-Louis dont le rêve ultime serait de trouver dans une grotte « un squelette entier ou, encore mieux, une dépouille d’Almasty ». Restera plus alors qu’à l’empailler. Julien Marchand

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SUR LA PLAGE, DANS LES BOIS, LES VALLONS, LES BLOCKHAUS… DEPUIS PRÈS DE VINGT ANS, DES TEUFS REGGAE-DUB SONT ORGANISÉES PAR DIFFÉRENTS SOUND SYSTEMS À BELLE-ÎLE-EN-MER. UN CAS UNIQUE PARMI LES ÎLES BRETONNES. l est tout juste 1 h du matin dans la forêt de Grand Cosquet à Belle-Île-en-Mer. Ce samedi soir d’août, deux jeunes sound systems, Heartikal et Taleba, organisent la première édition de leur événement “The Sound of Trees”. À l’extérieur du bois, les voitures se garent en file indienne et les nombreux noctambules venus profiter du son jusqu’au lever du soleil s’engouffrent petit à petit derrière les arbres, tout en évitant soigneusement les nombreuses branches qui bordent les deux murs d’enceintes. 28

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Pendant près de dix heures, dub et techno retentiront aux quatre coins de la forêt. Bellilois pur jus, saisonniers et fêtards de passage : ils seront plus d’une centaine à être venus profiter d’un des nouveaux “sons” de l’été. Rythmée par le vrombissement des basses et les laborieux pas de danse des derniers survivants, la soirée se terminera sans embûche, au petit matin, sous le regard harassé de ses jeunes organisateurs. À Belle-Île-en-Mer, depuis près de vingt ans, construire son propre sound system est presque devenu

une religion pour la jeune génération. Du genre à économiser pour s’acheter un caisson plutôt qu’une Xbox, les Bellilois façonnent euxmêmes leurs murs de son. Il faut dire que si t’as envie de faire la fête sur l’île, t’as le choix entre une vieille boîte de nuit un peu pourrie ou ces gros rassemblements reggae-dub gratuits qui ont lieu deux fois par semaine chaque été. Personnellement, le choix était vite fait. Nichée au large de la presqu’île de Quiberon, l’île compte près de 5 000 habitants à l’année,


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contre 50 000 l’été. Réputée pour ses sublimes criques, Belle-Île a donc su aussi se faire un nom grâce à ces sound systems. Un cas unique parmi les îles bretonnes. Annoncées dans la journée sur des groupes Facebook, ces soirées peuvent réunir d’une dizaine à plusieurs centaines de participants.

« Notre propre son » Aujourd’hui, on compte près d’une dizaine de collectifs sur l’île : Untitled, Islanders, Dub Dealing, Jungle Army, Abyssal, Heartikal, Taleba, Crew Jah Sound (piloté par cinq filles, une exception dans un milieu plutôt masculin)… L’un des plus jeunes répond au nom de Likkle Waxx. Un crew composé d’une quinzaine de Bellilois allant de 15 à 20 ans, qui ont commencé à organiser leurs soirées l’année dernière. « En 2017, l’idée a vraiment émergé. On était un groupe de potes portés par l’envie de créer notre propre son. Ça 29


« à part un groupe électrogène qui a pris feu. On a vidé toute la flotte qu’on avait dessus. Maintenant on a des extincteurs ! » Pour mieux comprendre cet engouement bellilois autour des sound systems, il faut remonter au début des années 2000, lorsque trois potes – Jehan, Laurent et Renan – mordus de reggae et de dub, décident de créer des soirées sauvages dans des blockhaus de l’île, sous le nom de Promising Crew. « À cet âge-là, on n’avait pas beaucoup de loisirs à part fumer des pet’ et écouter du son. On trouvait que ça manquait un peu d’animation sur l’île », retrace Jehan. Après avoir commencé par poser dans des bars avec de simples chaînes hi-fi, le trio, alors tout juste âgé de 18 ans, investit dans un petit système son et accumule les enceintes dégotées à droite à gauche. « C’était vraiment à l’arrache, mais il y a eu il ne faut rien oublier, ajouter des des free mémorables. » tonnelles et prévoir plusieurs heures pour le montage. » Une copieuse « Des enceintes sous les bras » check-list qui n’a pas freiné Dub Des soirées qui ont donné des idées Dealing lorsqu’il s’est lancé en 2015. et qui ont vu d’autres collectifs « C’était le bordel par rapport à ce éclore sur l’île. À l’image d’Untitque l’on fait aujourd’hui. Pendant led, fondé en 2007. « On n’a pas la soirée il n’y a pas eu de souci, du tout mis les pieds en boîte de mais les flics sont venus au petit nuit. En fait, notre boîte c’était les matin et c’était l’horreur. Quand free. À l’époque, on essayait d’en ils ont vu que c’était juste cinq mecs faire tous les week-ends. Et puis, de 16 ans qui étaient derrière tout avec tous les touristes l’été, on avait ça, ils nous ont fait comprendre naturellement un public qui avait que ça n’allait pas du tout. Mais envie de faire la fête… » nous on s’en foutait, le principal Pour la plupart des organisateurs, c’était d’avoir fait notre première même les plus aguerris, l’un des gros soirée », rembobine Arthur qui, défis reste toujours de dénicher de en quatre ans d’organisation, nouveaux spots. Surtout depuis que n’a pas eu trop de couacs à gérer, l’un des lieux favoris – la plage de Bordardoué – a été fermé. « C’était un site un peu emblématique, car c’est là que les premières fêtes ont commencé. À chaque fois, elles finissaient à plusieurs centaines de personnes…

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nous motivait pas mal de voir tous les autres sound systems organiser des soirées sur l’île. On a monté notre première teuf près de la plage de Kerel en juin 2018, situe Jules, l’un des membres. Les gars du collectif Islanders nous ont pas mal aidés. Ils nous ont prêté des groupes électrogènes notamment, on manquait de matos à nos débuts ! »

« C’était vraiment à l’arrache » Membre du collectif Dub Dealing, Arthur, 20 ans, embraye. « Une soirée demande de l’organisation, surtout quand c’est tes premières fêtes. La veille, voire l’avant-veille, il faut tout prévoir : électricité, essence, camion, etc. Le jour même,

« C’est devenu une façon de vivre sa jeunesse sur l’île » 30

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Le problème, c’est que ça générait beaucoup de problèmes de sécurité, de voisinage, de nuisances sonores… On a essayé de gérer, mais ça a été très compliqué, notamment car des associations ont porté plainte », justifie Frédéric Le Gars, maire du Palais, la capitale de l’île. Si les autorités font dorénavant preuve d’une certaine bienveillance à l’égard de ces soirées, les sound systems étaient loin d’être bien vus à leurs débuts. « À notre époque dans les années 2000, lorsqu’on organisait des free on était plus dans un rapport de confrontation avec la police. On s’est déjà retrouvé à courir avec les enceintes sous les bras pour éviter de se les faire confisquer. Même si je reconnais que certains étés, il nous arrivait sans doute de faire trop de fêtes, jusqu’à quatre par semaine… », confie Jehan. Des

soirées à répétition à l’origine de quelques PV pour tapage nocturne. Aujourd’hui, la situation s’est globalement apaisée. « En général, on essaye de prévenir la police ou la mairie avant tout rassemblement. Ils sont plus tolérants, car ça fait un moment qu’il y a des sound systems sur l’île, c’est rentré dans les mœurs », souligne Étienne, membre du collectif Islanders né en 2012. Même si quelques insulaires et résidents secondaires continuent de gueuler. « Il y a forcément toujours des réticences. À cause du bruit, des possibles consommations de drogues et d’alcool… Parfois aussi, il peut y avoir des dégradations dans les jardins proches des fêtes… », reconnaît Jehan, fataliste. Des soirées sauvages qui, fortes de leur expérience et notoriété au fil des étés, ont même débouché sur

des événements légaux. C’est le cas du crew Untitled Sound System qui a fondé le festival Island Station en 2015. Un rendez-vous annuel se déroulant à Grand Cosquet près de Locmaria. « Au-delà des sons, on avait envie d’organiser des soirées où on pouvait inviter des artistes à Belle-Île. On a commencé par organiser des soirées en salles, avant de se lancer avec un “vrai” festoche sur deux jours », se rappelle Dorian, l’un des fondateurs du crew. Les 26 et 27 juillet derniers, le collectif célébrait une nouvelle édition du festival qui affichait d’ailleurs complet. Une réussite que reconnaît le maire du Palais. « Il s’agit désormais d’un phénomène totalement intégré à Belle-Île. C’est devenu une façon d’y vivre sa jeunesse. » Maud Gautier

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REDOUTÉE, INDÉPENDANTE, EN MARGE DE LA SOCIÉTÉ… LA SORCIÈRE SIGNE UN RETOUR REMARQUÉ DANS LES MILIEUX FÉMINISTES. UNE FIGURE QU’A CHOISI D’EXPLORER LE FESTIVAL « DANGEREUSES LECTRICES » POUR SA PREMIÈRE ÉDITION. ourquoi avoir choisi la sorcière comme thème pour la première édition de votre festival littéraire ? Camille Ceysson et Émilie Cherbonnel, co-fondatrices : C’est une thématique qui s’est vite imposée. L’essai de Mona Chollet (Sorcières, la puissance invaincue des femmes, paru en 2018) et l’utilisation actuelle de toute cette imagerie dans les milieux féministes ont fait de la sorcière un 32

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personnage dans l’air du temps. Tout cela permettait donc de mobiliser des autrices assez facilement sur cette notion de femmes considérées comme dangereuses. D’un point de vue culturel, cela renvoie aussi à des références connues de tous, aussi bien dans la littérature ou le cinéma, qui peuvent attirer des personnes qui ne sont pas forcément dans la mouvance féministe mais qui souhaiteraient simplement en savoir plus sur ce personnage.

C’est quoi votre définition de la sorcière ? Une femme libre, qui ne rentre pas dans des cadres hétéro-patriarcaux et qui est rejetée parce qu’elle sait des choses que les hommes ne savent pas. Il y a les sorcières aux pouvoirs magiques dans les contes mais, dans notre histoire, les sorcières c’était plutôt des herboristes, des guérisseuses… Des femmes que l’on a persécutées parce qu’elles étaient différentes.


Comment expliquez-vous cette réappropriation de la sorcière dans certains mouvements féministes actuels ? Dans les années 1970 déjà, il existait une revue féministe qui s’appelait Sorcières. De nos jours, la figure de la sorcière a aussi un côté ludique, plébiscité sur les réseaux par un public plutôt jeune. Du coup, ce n’est pas étonnant de voir fleurir des “witch bloc” lors de manifestations. Et puis, on est dans un monde qui ne fait pas vraiment sens, alors pourquoi ne pas maudire le patriarcat sur treize générations ? Si on n’y arrive pas par la lutte classique, essayons la sorcellerie ! Dans la littérature, est-elle récurrente ? La bibliographie qu’on a entamée n’arrête pas de s’allonger. Et encore, on a fait une sélection resserrée à l’angle féministe. Parmi les œuvres phare, on peut citer La Sorcière de Jules Michelet (parue en 1862, ndlr). C’est un texte important car c’est le premier qui dit que les sorcières sont avant tout victimes des hommes parce qu’elles refusent de se soumettre à des schémas imposés. Parmi les autrices invitées au festival, lesquelles mettent la sorcière au cœur de leur travail ? Camille Ducellier a pas mal travaillé sur ce thème avec notamment son Guide du féminisme divinatoire. Diglee et Jack Parker viennent toutes les deux d’écrire Le Grimoire de la sorcière moderne. Parmi les autres propositions, Laura Nsafou viendra faire une conférence sur la sorcière dans la littérature de la diaspora africaine. On verra que la sorcière ce n’est pas qu’un balai et un chapeau pointu : c’est une figure que l’on retrouve dans toutes les cultures. Recueilli par J.M Les 28 et 29 septembre aux Ateliers du Vent à Rennes 33


DOSSIER

« LE DOMAINE DU MAGIQUE »

urbain que rural. Si le domaine du magique les caractérise tous les deux, sorciers et guérisseurs sont deux catégories différentes. Le guérisseur ne peut agir que sur l’animé (hommes et bêtes) et peut uniquement soigner. Tandis que le sorcier, dont les dons sont plus étendus, intervient également sur l’inanimé (objets, événements...) et agit dans les deux sens : il peut faire et défaire, envoûter et désenvoûter, soigner et rendre malade… » En Bretagne (« qui n’est pas plus une terre de guérisseurs qu’ailleurs mais où la parole est plus libre »), la pratique a notamment été immortalisée par le photographe Charles Géniaux fin 19e/début 20e siècle. Conjureuse, panseuse, leveuse de trésors, invocatrice, sorcière… Des clichés qui ont contribué à inscrire et renforcer l’image d’Épinal de la rebouteuse.

Charles Géniaux

Charles Géniaux

Quelles que soient les époques et les latitudes, la magie s’est toujours trouvé une place dans nos sociétés. « Sur notre continent, aussi loin que les sources permettent de remonter, on trouve des traces de sorcellerie : les écrits du 9e siècle y font déjà référence et certains objets datent quant à eux de la période galloromaine », rembobine Dominique Camus, ethnologue breton et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet dans la région. Un travail d’enquête qu’il a débuté dans les années 1970 du côté de Dinan avec la curiosité d’en savoir plus sur les personnes dotées de dons. Alors, ça a vraiment existé les sorcières en Bretagne ? « Déjà, il faut rappeler que cela concerne aussi bien les hommes que les femmes, et que c’est un phénomène tout autant

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Charles Géniaux / Collection Musée de Bretagne / Marque du Domaine public

UNE TRANSMISSION DE POUVOIRS « Dès que l’on aborde la question des guérisseurs, la notion de don surgit », poursuit Dominique Camus. Des capacités que l’on pouvait acquérir de différentes façons. « Il y a ce que l’on appelle les “dons de naissance”. Ce que l’on retrouve notamment chez les leveurs de maux qui tiennent leur faculté du jour de leur naissance. » Ainsi, les natifs du 10 août auraient la capacité de traiter les verrues, ceux du 23 juillet pourraient soigner le zona, les natifs du 1er février feraient passer les fièvres… « Chez les panseurs, il s’agit en revanche de dons transmis. Une formule (souvent composée d’un geste et d’une récitation mentale) qu’un guérisseur confie un jour à son successeur, une personne de confiance qu’il désigne. Chez les sorciers et sorcières, les pouvoirs se transmettent également de cette façon, souvent dans le cadre familial. » 35


DOSSIER

UNE MÉDECINE POPULAIRE

« Lors de mes enquêtes, je me suis rendu compte que sur un rayon de seulement quelques kilomètres, on pouvait se faire soigner de la quasi-totalité des pathologies qui empêchent le bon déroulement des activités de la vie quotidienne : dermatoses, verrues, dartres, infections dues aux insectes, nerfs froissés, luxations, entorses, brûlures… » Une médecine populaire vers laquelle les gens se tournaient en premier lieu jusqu’au début du 20e siècle. « La médecine officielle telle qu’on la connaît aujourd’hui est récente, à peine un siècle et demi. À ses débuts, elle était surtout à destination d’une certaine catégorie de population : des gens plutôt riches installés dans les grandes villes ou dans des souspréfectures. Dans les campagnes, à savoir 80 % du territoire, il n’y avait pas vraiment de docteurs. Alors C’est la plus connue des sorcières pour les petites consultations, c’était bretonnes. Photographiée au tout le guérisseur qu’on allait voir. » début du 20e siècle par Charles Géniaux, Naïa multipliait les apparitions au pied du château des Rieux à Rochefort-en-Terre dans le Morbihan. Une femme qui, selon les différents écrits, pouvait « jeter des sorts, manipuler les braises, voir l’avenir, soutirer le lait des vaches, faire avorter les truies, empêcher les poules de couver et faire tourner le sang des hommes ». Pour certains habitants, elle était même immortelle et dotée d’un don d’ubiquité. Une créature sans âge qui, selon Dominique Camus, est surtout source de fantasmes et d’extrapolations. « En réalité, on ne sait pas grand-chose d’elle. Elle est présentée comme sorcière mais il y a plus de chances que ce soit une pauvre femme qui s’amusait consciemment ou inconsciemment dans les ruines du château. » Mucem / Charles Géniaux

Charles Géniaux / Collection Musée de Bretagne / Marque du Domaine public

IMMORTALITÉ ET DON D’UBIQUITÉ

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Mucem / Charles Géniaux

ET AUJOURD’HUI ? Si ces images et histoires semblent renvoyer au passé, le phénomène perdure. Tout le monde connaît dans son entourage quelqu’un qui a été voir un rebouteux pour une verrue ou un méchant coup de soleil. « Les pratiques ont pu évoluer avec le temps, mais elles existent toujours. De nos jours, panseurs et conjureurs exercent en parallèle de la médecine officielle et parfois même en collaboration. Depuis les années 1970, certains hôpitaux font régulièrement appel à des guérisseurs traditionnels. Comme les coupeurs de feu sollicités pour soulager les grands brûlés. » Julien Marchand “Charles et Paul Géniaux, la photographie, un destin” : exposition au Musée de Bretagne à Rennes à partir du 18 octobre 37


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Titouan MassĂŠ

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ROCK FAMILY

NOUVEAU VENU DE LA SCÈNE RENNAISE, LE GROUPE LA BATTUE RÉUNIT (ENFIN) ELLIE ET BERTRAND JAMES, FILLE ET FILS D’UN COUPLE D’ANGLAIS, INSTALLÉS EN BRETAGNE APRÈS UNE FOLLE CARRIÈRE À CÔTOYER MICHAEL JACKSON, MADONNA, DURAN DURAN, EURYTHMICS…. ILS RACONTENT, EN FAMILLE.

ertrand et Ellie James posent la chose d’emblée : « Ce n’est pas un truc qu’on crie sur tous les toits et à longueur de temps que notre père et notre mère ont accompagné des grosses stars dans des méga tournées. On n’est pas trop du genre à s’en vanter mais là pour le coup, c’est l’occasion d’en causer tous ensemble, alors allons-y ! » La création récente du nouveau groupe La Battue, réunissant le frangin, la frangine et la presque demi-sœur de la troupe, Yurie (lire par ailleurs), nous avait donné l’idée de leur soumettre la proposition suivante : pourraient-ils inviter leurs parents à se joindre à eux le temps de l’interview ? Parents dont on avait vaguement su, en relisant de vieux articles de presse, qu’ils avaient effectivement eu des expériences pas banales dans le milieu de la musique. Jimmy James et Gillian O’Sullivan acceptent de bonne grâce de se plier à l’exercice et se pointent au rendezvous dans un bar rennais, accompa-

gnés de Douglas, leur border collie. Toute la bande au complet, c’est Jimmy qui, le premier, déroule l’historique familial. « Gillian et moi sommes tous les deux Anglais, moi du nord et elle du sud de Londres, raconte-t-il avec un délicieux accent. Je suis entré dans le monde de la musique en 1972 par le biais de mon frère qui était guitariste dans un groupe irlandais ami avec Rory Gallagher. Ils avaient un van Volkswagen tout pourri et j’ai proposé de les transporter avec mon fourgon pour la tournée qu’ils devaient démarrer. » L’expérience réussit et Jimmy devient ensuite roadie de Curved Air, groupe de prog rock dont fait partie Stewart Copeland, futur batteur de Police. Bien vite, ses talents de technicien du son se révèlent et le jeune homme prend du galon en étant embauché par un gros prestataire. L’industrie musicale prend à l’époque de plus en plus d’ampleur. « En 1975, la boîte me propose un déménagement à Hollywood pour accompagner les grosses tournées internationales qui se montaient alors. Est-ce que j’ai

hésité à quitter l’Angleterre ? Pas vraiment ! » Le jeune Anglais est logé au mythique Sunset Tower (« tout le petit milieu du rock s’y croisait ») et a pour première mission d’organiser un concert de Rod Stewart à Hawaii. « Il ne fallait pas se louper dans l’envoi du matos par conteneur mais une fois sur place on a quand même bien profité des plages ! ». Plus tard, Jimmy se retrouve à gérer le son pour l’anniversaire de Stevie Wonder dans une discothèque hollywoodienne, file à Las Vegas travailler pour les Commodores, puis intègre l’équipe de tournée du groupe Foreigner (et son tube I want to know what love is). « C’est avec eux que l’expérience a été la plus longue, avec plus de 600 concerts à travers le monde. Chaque jour une nouvelle ville : tu décharges trois semi-remorques de matos puis tu le recharges, tu dors quelques heures dans un bus qui file vers un autre lieu, levée 8 h et c’est reparti… Comme ça tous les jours ou presque pendant plusieurs mois. » Pour ne pas se cramer les ailes, 39


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Jimmy décide de rentrer au pays en 1982. Embauché par la multinationale de l’événementiel Clair Brothers, il repart néanmoins pour quelques tournées mythiques : Duran Duran (« jamais vu un maniaque comme le chanteur : son pied de micro devait être calé au millimètre près »), Madonna (tournée Who’s that girl 1987, l’époque du jeté de culotte) ou encore Michael Jackson durant dix-huit mois d’une frénétique tournée Bad (« un gars dans son monde, inabordable »).

« Les anecdotes des parents » C’est durant cette décennie 80 que Jimmy rencontre Gillian, débarquée dans le monde de la musique quelques années auparavant. « J’ai d’abord travaillé dans le secteur de l’informatique, situe-t-elle. En parallèle, je passais aussi pas mal de temps en studio : j’ai toujours aimé chanter depuis toute petite sans vraiment penser à en faire un métier. Mais un jour, je fais la connaissance d’Eurythmics, un jeune groupe alors pas très connu qui me propose de partir avec eux aux États-Unis. » La jeune femme fait le choix difficile de quitter son job pour devenir la choriste d’Annie Lennox et Dave Stewart, duo en pleine ascension. « On a commencé par des petites salles avant de se retrouver à jouer dans des stades. Dix-huit mois d’une ferveur incroyable. » Nous sommes en 1983 et le tube Sweet Dreams (are made of this) devient numéro 1 aux USA et se vend à plus de trois millions d’exemplaires.

« C’était un vertige de retrouver mon petit appart londonien après une telle expérience. Mais d’autres opportunités se sont finalement vite présentées à moi. » Elle collabore avec les groupes Spandau Ballet, Duran Duran encore eux, Big Country... Gillian et Jimmy se retrouvent à travailler ensemble pour le groupe The Cross et lient connaissance. « On est à la fin des années 80 et on a senti que c’était le moment pour nous de trouver un endroit calme pour se poser. » Et fonder une famille : Bertrand voit le jour en 1990, Ellie deux ans plus tard. Entre les deux naissances, les James quittent le tumulte de Londres pour rejoindre la Bretagne. « On ne connaissait pas mais c’était le plus facile pour quitter le pays sans trop s’en éloigner, justifie Jimmy. Pendant un temps, j’ai d’ailleurs continué à travailler à la sonorisation du stade de Wembley. » Cherchant quelques contrats dans le coin, il découvre aussi le monde des fest-noz, « un milieu pas facile à intégrer mais passionnant ». Bertrand et Ellie ont encore en mémoire des soirées passées « à dormir sous la console de la régie ». Une enfance de bohème dont ils gardent un souvenir heureux. « À la maison, on chantait souvent à quatre voix sur les Beatles ou les Beach Boys, se rappelle Ellie, des trucs très sunshine pop qui nous ont d’ailleurs fortement influencés. » Son frère se remémore aussi « les histoires que nous racontaient les parents avant d’aller au lit : pas besoin de livre, ils n’avaient qu’à piocher dans leurs anecdotes pour nous émerveiller.

« Une vie faite de boulot, mais aussi beaucoup de fun » 40

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Et plus on avançait en âge, plus on avait droit à des détails croustillants : une voiture larguée dans une piscine, un chambre d’hôtel ravagée par un artiste, etc. ! » Comme Jimmy, Gillian continue pendant longtemps à travailler dans la musique, donnant des cours de chant à Saint-Brieuc et collaborant à quelques projets locaux. Les deux ont depuis peu déménagé des Côtes d’Armor, où ils s’étaient d’abord installés en arrivant de Londres, pour Clisson… la ville du Hellfest. Pour le plaisir, ils chantent encore dans une chorale, suivent avec attention les groupes de leurs enfants (de Bumpkin Island à Totorro, en passant par Mermonte et désormais La Battue : « nous sommes hyper fiers de ce projet familial ! ») et portent un regard amusé sur leurs épopées rock’n’roll passées. « On a eu la chance de vivre un âge d’or du genre, avec énormément de démesure. C’était une vie hyper sensorielle faite de pas mal de boulot mais aussi beaucoup de fun. On a bien profité. » Régis Delanoë


Yoann Buffeteau

LA BATTUE : 2 + 1 Le projet La Battue est né de l’envie d’Ellie de créer un nouveau support musical pour ses compositions perso qui datait de plusieurs années. « En les faisant découvrir à Bertrand, on s’est dit que ce serait intéressant de nous associer pour la première fois, après avoir mené jusqu’à présent des carrières parallèles. » Restait à trouver un troisième élément pour que le groupe naisse et les James ont tout de suite matché avec Yurie Hu, claviériste d’origine sud-coréenne, récemment installée à Rennes après avoir vécu des années à Tours (où elle joue pour la formation YachtClub) et devenue une sorte de « sœur adoptive ». Deux claviers, une batterie, trois chants : la formule d’une pop incandescente et sucrée, entre harmonies vocales des fiftiessixties et humour absurde et tendre à la Monty Python. Le 21 septembre au Thabor à Rennes, le 27 septembre à La Carène à Brest et le 28 septembre à Bonjour Minuit à St-Brieuc 41


RDV

BB BRUTS Pain and Pleasure, tel est le nom on ne peut plus adapté du deuxième LP de Bison Bisou, à paraître en octobre et qui succède à Bodysick sorti il y a deux ans. « C’est un disque volontairement différent, prévient Seb, le bassiste de la bande de cinq, fondée en 2011 et qui revendique déjà près de 200 concerts sur le CV. On voulait un son plus brut, en passant du temps à sculpter la matière directement aux amplis avec les pédales d’effets. » En résulte 34 minutes bien jouissives de post-rock évoquant les fantômes d’At The Drive-In et Mars Volta, avec le charismatique Charly au chant.

« On joue un rock décomplexé, une musique qui nous sort du bide. C’est la seule option légitime à nos yeux. Que le rock soit populaire en ce moment ou pas importe peu car il doit toujours se placer en marge pour exister. C’est une musique de contestation, une énergie un peu primaire. » Un kiff qui s’apprécie encore mieux sur scène, avec la Bretagne comme terrain de jeu récurrent. « C’est notre deuxième maison. Comme on vient du Nord, qui n’est pas réputé pour se comporter en bonnet de nuit (sic), on s’y retrouve plutôt bien !

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LES CINQ LILLOIS DE BISON BISOU DÉMARRENT LA RENTRÉE LE CARTABLE CHARGÉ D’UN DEUXIÈME ALBUM QUI ENVOIE DU STEAK. MEUUUUUUUH.

On n’y a sincèrement aucun mauvais souvenir et notre passage l’an dernier au P’tit Minou à Brest reste pour nous l’une des meilleures soirées de toute l’histoire du groupe. » Passés aussi par les Trans en 2014, les “BB” lillois s’annoncent déjà de retour en décembre pour l’édition 2019 du grand raout rennais. R.D Le 12 octobre à La Carène à Brest

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« DA-BA-DEE-DA-BA-DAA »

Derrière le projet musical Silly Boy Blue se cache – enfin pas vraiment – Ana Benabdelkarim, journaliste de profession et exmembre du groupe nantais Pégase. Révélée il y a un an avec Cecilia, imparable tube mélancolique (piano, voix vaporeuse, ça matche), elle a depuis signé chez une filiale de Warner et enchaîne les jolies dates : Francos, Rock en Seine et la petite tournée française en tant que vainqueur du dernier prix iNOUïS du Printemps de Bourges. À l’Antipode à Rennes le 12 octobre avec Di#se, Lord Esperanza et Calling Marian, autres lauréats. 42

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Myriam Jégat

PAS LE TEMPS DE SOUFFLER

COMPAGNON DE ROUTE D’IBRAHIM MAALOUF, LE TROMPETTISTE YOUN KAMM VIRE À TOUT VENT. « J’avais envie de me mettre un peu en danger en étant sur le devant de la scène. » C’est ainsi que Youn Kamm explique sa volonté de se lancer dans un nouveau projet baptisé Trei[z]h, dont le concert inaugural aura lieu à la rentrée à domicile à Lorient. Un quintet avec lui et sa trompette au centre du jeu. « J’ai voulu composer une bande-son assez onirique, entre pop rock et électro d’inspiration nordique, présente-t-il. La matière chantée est inspirée de textes de Youenn Gwernig, avec en accompagnement sur scène le mapping de mes amis des Ateliers du Bout de la Cale. » Trei[z]h se veut intimiste et s’ajoute aux différents projets passés ou encore en cours de ce trentenaire prolifique, joueur de biniou et de bombarde en plus de la flûte, passé par la Kreiz Breizh Akademi et grand admirateur d’Erik Marchand. « J’ai une formation de musicien de festnoz, notamment avec le groupe Pevar Den. Je suis aussi membre du quatuor Ndiaz et du power trio Heptafonik. » Sans oublier sa collaboration originale avec le bagad du Bout du Monde et, bien sûr, avec Ibrahim Maalouf, avec qui il a fait la tournée des Zénith et des gros festivals depuis 2012. « Grâce à lui, la trompette est redevenue un instrument qui compte. » Le 10 octobre à L’Hydrophone à Lorient 43


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L’ÉPOPÉE RUSSE « GUERRE ET PAIX », UN PAVÉ PLOMBANT ET REBUTANT ? QUE NENNI, AFFIRMENT LES DRAMATURGES CAMILLE PÉLICIER ET ADÈLE CHANIOLLEAU, TOMBÉES AMOUREUSES DE L’ŒUVRE DE TOLSTOÏ. Guerre et Paix est l’une des plus grandes œuvres romanesques de l’histoire de la littérature. Un monument au sens figuré comme au sens propre, l’ouvrage de près de 1 600 pages s’abordant comme la conquête de l’Everest, y compris pour le lecteur entraîné. Œuvre écrite par le Russe Léon Tolstoï dans les années 1860 – il aurait mis près de dix ans à la parachever –, elle traite de son pays au début de 19e siècle, parlant aussi bien des conflits l’opposant à l’armée napo-

léonienne que de la société aristocratique de l’époque. La vision acerbe et moderne de cette icône anarchiste et charismatique a fasciné la comédienne et autrice Camille Pélicier, qui reconnaît avoir lu « une vingtaine de fois » Guerre et Paix. Un livre tellement important pour elle que l’idée de faire partager son idylle littéraire avec le grand public a germé, et c’est ainsi qu’est né le spectacle Pour l’amour de Léon, écrit en collaboration avec la dramaturge Adèle Chaniolleau. « Loin d’être une

explication de texte, il s’agit de transmettre une histoire d’amour avec une œuvre, de faire entrer le spectateur dans les tréfonds de l’histoire et de l’âme de son auteur. Mon personnage sur scène agit un peu comme Alice pénétrant dans le terrier du lapin et invitant à l’y rejoindre. » Avec ses exemplaires des différents volumes de Guerre et Paix barbouillés de notes et de post-it, Camille

Bastien Burger

HIPSTER BELIN

Originaire de Quiberon, Bertrand Belin a connu une année 2019 à fond les ballons : sortie de Persona son sixième album, parution du roman Grands Carnivores et bande originale du film Ma vie avec James Dean. Le dandy rockeur poursuit sur sa lancée avec une dense tournée qui passera par Baisers Volés à Saint-Malo le 28 septembre, les Sons d’Automne à Quessoy le 1er novembre, Cap Caval à Penmarc’h le 2 novembre, l’Échonova à Saint-Avé le 9 novembre, le centre culturel Jacques Duhamel à Vitré le 30 novembre…

CLIK-CLAK Mutation de PhotoReporter à Saint-Brieuc qui devient le PhotoFestival. Une formule repensée qui mettra en avant le travail de reportage de dix photographes français et internationaux à travers le monde. Du 19 octobre au 17 novembre. 44

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Adèle Chaniolleau

Pélicier décline Pour l’amour de Léon le temps de cinq épisodes « visibles indépendamment les uns des autres », s’étalant sur toute la saison théâtrale et traitant de différentes thématiques : « le romanesque, le désir, la guerre, la croyance et la paix. » R.D Premier épisode le 21 septembre au CDDB à Lorient (puis le 30 novembre, le 18 janvier, le 7 et le 28 mars)

OÏ OÏ OÏ OÏ ! Relancé en 2017, Carnavalorock s’est vite refait une place dans le calendrier culturel. Une large part de la prog est consacrée à la scène alternative (Ludwig Von 88, Le Bal des Enragés, Sales Majestés…), en s’autorisant quelques pas de côté (Salut C’est Cool, Tiken Jah Fakoly…). À Saint-Brieuc (Bonjour Minuit et Robien) du 17 au 19 octobre.

Richard Volante

BABY SITTING

Qui va garder les enfants ?, C’est le titre du spectacle de Nicolas Bonneau présenté le 16 octobre à L’Aire Libre à Saint-Jacquesde-la-Lande. Une question vraiment posée par Laurent Fabius lorsque Ségolène Royal s’est présentée à la présidentielle de 2007, base de réflexion sur la place des femmes dans l’engagement politique. 45


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NOW FUTUR Avec sa prog atypique et défricheuse, la scène Gwernig des Vieilles Charrues a toujours le mérite de sortir du lot face à une programmation (et c’est le propre du festival carhaisien) grand public et convenue. La dernière édition n’a pas dérogé à la règle avec la présence des deux zinzins de Turfu et leur musique joyeusement bâtarde sous le chapiteau. « D’un côté, il y a Raphaël à l’accordéon diatonique et aux pédales d’effets ; et moi aux machines électroniques et à la batterie, situe Matthieu qui a rencontré son compère lors d’un festival de musiques trad en 2014 au

Antoine Germain

ACCORDÉON ET ÉLECTRONIQUE : VOICI TURFU, ÉTONNANT OVNI DE LA SCÈNE NÉO-TRAD.

Portugal. Avant de se retrouver trois années plus tard et de commencer à improviser différentes formules. » Avec une volonté établie d’entrée : faire danser les gens. « L’accordéon se prête bien aux musiques électroniques et répétitives. Ce qui est en fait un instrument atemporel. » « Une volonté d’hybridation », proche de groupes néo-trad comme Super Parquet (« on se reconnaît à fond dans sa démarche ») qui permet à

ce duo parisiano-nordiste, auteur de l’EP Instant Fraîcheur en février, de toucher à la fois les scènes musiques actuelles et celles dédiées à l’accordéon. « Les deux milieux nous collent souvent l’étiquette d’OVNI, mais l’un comme l’autre sont ouverts et curieux de notre mélange. En bal ou en club, on trouve notre place. » J.M Le 3 octobre au Grand Soufflet à Rennes

Louis Bardiat

« MUSCLE TON JEU, LÉA ! »

Déjà 21 ans que la France est devenue championne du monde de foot pour la première fois (« … et trois ZÉ-RO ! »). Marquée à vie par cette épopée, Léa Girardet s’était promis de s’en inspirer pour réaliser elle aussi son rêve : devenir comédienne. Ses galères dans le métier ont été la matière à ce spectacle, Le Syndrome du banc de touche, où elle réhabilite les discours motivationnels d’Aimé Jacquet, iconique sélectionneur des Bleus (« Petit bonhomme c’est pas Zizou ! »). Une douce déclaration d’amour à la lose à écouter du 15 au 19 octobre au Quartz à Brest. 46

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Raw Journey

OVAIRES ET CONTRE TOUS

AVEC LEUR SYNTH PUNK VÉNÈRE, LES TROIS RENNAISES DE PERIODS BOUSCULENT LES RÈGLES. Periods, c’est trois sœurs ou presque. « Paola et moi on l’est vraiment. Ophélie l’est devenue car depuis qu’on s’est connues c’est devenu un peu fusionnel », précise Dana, chanteuse principale et claviériste de ce trio à deux claviers, une boîte à rythme et une basse. « Le projet est né fin 2017, poursuit la porte-parole du groupe. Ophélie jouait dans les Flashers, moi dans Maraudeur, on se retrouvait dans les mêmes soirées à Rennes et c’est au Ty Anna en juin 2018 qu’on a joué notre premier concert. » S’en suit une tournée avec Carambolage, dont une jolie date au Trabendo pour faire connaitre leur synth punk réveillant les fantômes 80’s de Suicide, Devo et Père Ubu. « J’écoute énormément de hip-hop, Paola de la techno, Ophélie plus du rock. Tout ça nous construit », juge Dana. Malgré le nom du groupe, des paroles évoquant sans détour « la schneck » ou « les ragnagnas » et le fait de jouer en soutif sur scène, Periods refuse néanmoins d’être paresseusement rangé dans la case “girl power”. « On est évidemment féministes mais ce n’est en rien un calcul. On est des femmes libres, on ne se met aucune barrière : c’est en cela qu’on combat la misogynie. » R.D Le 14 septembre à I’m From Rennes et le 9 novembre à l’Antipode à Rennes 47


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LE POUVOIR AUX NANAS DANS UN MONDE DE L’ART LONGTEMPS DOMINÉ PAR LES HOMMES, LES FEMMES ONT DÛ BATAILLER POUR REVENDIQUER LEUR STATUT DE CRÉATRICES. UNE ÉMANCIPATION ARTISTIQUE, À DÉCOUVRIR À TRAVERS 80 OEUVRES JUSQUE FIN SEPTEMBRE AU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE RENNES, QUE NOUS RETRACE MARIE-JO BONNET, LA COMMISSAIRE DE CETTE EXPOSITION.

voulu prouver que l’art guérit, particulièrement Louise Bourgeois (1911-2010, ndlr) (image n°4). De même pour Niki de Saint Phalle (1930-2002, ndlr) (image n°2) dont le rôle a été prépondérant : avec son exposition “Le Pouvoir aux Nanas”, elle a ouvert largement les portes. Pour la plupart d’entre elles, créer était une façon de s’affir« LA RÉSILIENCE ARTISTIQUE » mer en tant qu’artiste et en tant que « Ce qui m’intéressait, c’était de femme. Prenons l’exemple d’Élisamontrer que des femmes, soumises beth Vigée Le Brun (1755-1842, à la violence sociale et sexuelle, ndlr) : dans son autoportrait (image sont sorties de leur statut de victime n°1), elle se représente en train de par un travail de résilience artis- peindre, et non avec sa fille en tant « À LA PRÉHISTOIRE » tique. L’archétype, c’est Artemisia que mère. Il y a ici une revendica« L’exposition présente plus de Gentileschi (1593-1653, ndlr) qui tion d’un statut professionnel. » 80 œuvres de femmes, allant es- a été violée par son professeur sentiellement du Moyen Âge à nos et qui a réalisé l’extraordinaire « L’ ART TEXTILE » jours. Mais nous remontons jusqu’à tableau Judith décapitant Holo- « S’il y a un domaine artistique la préhistoire car, aujourd’hui, pherne. Beaucoup d’artistes ont dans lequel les femmes se sont da« DES INTERDITS » « Depuis la Renaissance, l’art est le pré carré des hommes : aux femmes la procréation, aux hommes la création. L’organisation du système artistique s’est faite en n’accordant qu’une toute petite place aux femmes. Elles faisaient face à de nombreux interdits : après la Révolution, elles n’ont pas le droit d’entrer à l’Institut des beaux-arts (les femmes artistes sont alors le plus souvent issues d’une famille d’artistes, là où elles apprennent) et le nu leur est exclu (jusque fin 19e siècle). »

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nous sommes en train de reconsidérer la question de l’art pariétal : les femmes y auraient également participé. Nous exposons aussi deux “Vénus” (image n°3), des statuettes qui datent de - 25 000 ans. Ces petites sculptures aux formes arrondies seraient en fait des autoportraits de femmes enceintes. »


vantage investies, c’est l’art textile. Il y a là un rapport entre la tradition et la révolution. Elles n’ont pas voulu sacrifier ce rapport au tissu. Elles ont détourné un mode de création que les hommes assimilaient aux femmes pour s’affirmer en tant qu’artistes. Je pense à Magdalena Abakanowicz (1930-2017, ndlr) qui a retiré les tapisseries des murs pour en faire des installations grandioses (image n°5). Ou encore à Annette Messager (née en 1943, ndlr) qui, en 1974, a brodé des proverbes sexistes sur des tissus. » « TOUJOURS UN PLAFOND DE VERRE » « La visibilité des femmes artistes s’est améliorée mais du chemin reste à parcourir. Regardez le marché de l’art, les musées, les expositions… Il n’y a toujours que 30 % d’œuvres de femmes dans les FRAC et DRAC. Alors que le public est ouvert et sensibilisé, un retard persiste. D’autant plus que les filles représentent la majorité des élèves aux beaux-arts. Mais bon, le fameux plafond de verre… Dans le milieu de l’art, ce sont les hommes qui tiennent encore les rênes. » Recueilli par J.M Créatrices, l’émancipation par l’art : jusqu’au 29 septembre au musée des beaux-arts de Rennes 49


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Alex Salinas

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Flavien Prioreau

RECOMMANDE

PIXIES

PANTHA DU PRINCE

BALTHAZAR

DINARD FILM FESTIVAL

Aaaaaah ! Enfin une grosse pointure rock au Liberté. Les Pixies ont programmé trois dates en France, dont celle-ci à Rennes, pour défendre leur nouvel album Beneath the Eyrie, à paraître le 13 septembre. Immanquable aussi pour entendre en live les classiques Where is my mind et Monkey gone to heaven.

Hendrik Weber, alias Pantha du Prince, est l’un des maîtres de la techno minimale. Invité à Rennes dans le cadre du festival Maintenant, l’Allemand y présentera son nouveau projet baptisé Conference of Trees : une création sonique, filmique et costumée sur le thème des arbres. L’appel de la forêt.

Fin janvier, les Belges de Balthazar ont sorti leur quatrième album Fever, après trois années de silence et de projets parallèles. Un nouvel opus « écrit avec les hanches », plus sexy et groovy que les précédents, qui confirme chez ce quintet son statut de valeur sûre de la scène rock indé.

Si son nom a connu un léger lifting, le festival du film britannique de Dinard s’appuie toujours sur ses fondamentaux pour sa 30e édition. Soit le meilleur du cinéma d’outre-Manche. Parmi les propositions hors compétition, un attrayant focus sur les rock stars anglaises passées par le grand écran. À Dinard Du 25 au 29 septembre

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Marie Planeille

Aux Indisciplinées à Lorient Le 7 novembre

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Au TNB à Rennes Le 9 octobre

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Au Liberté à Rennes Le 21 octobre

TEENAGE KICKS

NADIA ROSE

COURT MÉTRANGE

TINARIWEN

Événement unique en France, la biennale d’art urbain Teenage Kicks revient pour une quatrième édition. À Rennes, son fief historique, mais aussi dans deux villes voisines, avec au programme des expos et performances de muralisme. Avec Poch, Honet, Pozla, Sten & Lex...

Fans de Missy Elliot et d’Eminem, foncez voir la native de Croydon, dans la banlieue sud de Londres. Âgée de 26 ans, la rappeuse britannique, ambassadrice du grime, est armée pour tout kicker avec son flow tantôt élastique tantôt mitraillette. Ta-ta-ta-ta-ta !

Beaucoup d’amour pour ce festival dédié aux courts métrages insolites et fantastiques. Cette 16e édition est en plus consacrée à un thème phare du genre : « le fantôme, hantise du passé et cinéma de l’invisible. » Wahouh, ça fout les miquettes.

Les darons du blues touareg ont plus de 20 ans de carrière mais gardent la hype. En atteste les collab hyper classe de leur nouvel album à paraître en septembre : Warren Ellis des Bad Seeds, Stephen O’Malley de Sunn O))), Cass McCombs ou encore Rodolphe Burger. Popopopo !

À Rennes, Saint-Malo et Nantes Du 3 septembre au 27 octobre

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Le 12 octobre à Hip Opsession à Nantes Le 31 oct. à Bonjour Minuit à St-Brieuc

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Au Gaumont à Rennes Du 9 au 20 octobre

Au Théâtre de Cornouaille à Quimper Le 17 octobre




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