BIKINI AVRIL-MAI 2015

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AVRIL-MAI 2015 #21



TEASING

À découvrir dans ce numéro... «LA GNÔLE : LA VODKA DU TERROIR»

VEGAN

GRADUR P O LYA M O U R

FACHOSPHÈRE

SELFIE STICK

«LE CULTE DE LA PUNCHLINE»

FOOD DESIGN

TAGS DE CHIOTTES CHERCHEUR D’OR DRAGUE EN PLEIN AIR

« H O M M E = C H E VA L = V E R D E T E R R E »


ÉDITO

LE MATCH DES FAITS DIV’ Brest et Rennes se tirent généralement la bourre. Que ce soit sur le plan sportif, économique, médiatique (« t’es plutôt Télégramme ou Ouest-France ? », la bonne réponse est Bikini), universitaire, culturel, technologique (à l’image de l’attribution du label “French Tech” à Rennes au détriment de la cité brestoise), ces deux villes ont l’habitude des comparaisons et des combats de bonne guerre. Un domaine supplémentaire, moins formel mais tout aussi passionnant, vient régulièrement rythmer ce match : les faits divers à la con. Et depuis quelques semaines, on peut dire que les occasions se multiplient de chaque côté, comme si les deux camps se répondaient du tac au tac. À l’image de cette passe d’armes observée dans les journaux en ce début d’année. Morceaux choisis (et sans trucage) : « Rennes : la police frappe à sa porte, il est nu et mange du cassoulet », « Brest : il tente de braquer trois commerces avec un couteau à huîtres », « Rennes : il montrait ses fesses à la caméra de la salle de sport », « Brest : ivre, le cambrioleur portait des menottes en fourrure rouge »… Dans cette compet’ de high-level, les deux villes jouent des coudes, avec engagement mais à la régulière. Aucune ne lâche du terrain et des prolongations sur 2015 semblent s’imposer pour les départager (à vous de jouer les gars !). Avec l’arrivée des beaux jours, des premières terrasses et des soirées ensoleillées, nul doute que ce printemps sera disputé. Prêts ? Partez ! La rédaction

SOMMAIRE 6 à 13 WTF : soirées rétro, selfie sticks, séries au cinéma, Kaaris et Gradur, albums live, éducation sexuelle, corbeille... 14 à 23 « Nous sommes des animaux » 24 à 27 Pourquoi écrit-on sur les portes des chiottes ? 28 à 33 « Y’a de l’or partout ici » 34 à 39 On a fait notre propre alcool 40 à 47 RDV : Chocolat, Radio Elvis, Les Gordon, Kyle McDonald, Constance, Sianna, Sensitive Explosion 48 & 49 Vide ton sac... Vivement Lundi ! 50 BIKINI recommande 4

avril-mai 2015 #21

Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Isabelle Jaffré, Brice Miclet / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Consultant : Amar Nafa / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (St-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Mickaël Le Cadre, Matthieu Noël, Étienne Cormier, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2015.



WTF

DANS QUELLE SOIRÉE RÉTRO ALLER ?

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HERE COMES THE SUN

LE MONDE CONTEMPORAIN VOUS ENNUIE ? REMONTEZ DONC LE TEMPS. À DÉFAUT DE DELOREAN, PLUSIEURS SOIRÉES METTENT À L’HONNEUR DES COURANT MUSICAUX NÉS DANS LES SIXTIES ET SEVENTIES. NOM DE ZEUS !

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Le Théâtre de Poche fête la cinquième édition de Bienvenue Printemps, son rendez-vous électroprintanier. Au menu : quatre DJ (dont Ekman de Berceuse Héroïque et Full Quantic Pass de Midi Deux) pour célébrer la fin de l’hiver. Le 11 avril à Hédé (35).

LE FILS PINAULT AU 1ER RANG

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PSYCHOBILLY

Initiative bien fun de l’Échonova qui propose deux soirées ciné en drive-in sur le parking de la salle : Une nuit en Enfer (avec la fameuse scène de danse de Salma Hayeeeek) et Bullitt. Précision importante pour les puristes : c’est en VOST. Et c’est gratos. Les 28 et 29 mai à Saint-Avé.

CÔTÉ BOUQUIN

coe

Étonnants Voyageurs, le festival littéraire de Saint-Malo, propose un sacré parterre d’écrivains pour son édition 2015, avec la présence notamment de l’Anglais Jonathan Coe, de l’Américain Russell Banks et du Chilien Luis Sepúlveda. Pour comparer, c’est comme si les Charrues programmaient les Stones, AC/DC et Rihanna. Du 23 au 25 mai à Saint-Malo. 6

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Du rockabilly en plus déglingué : voilà comment définir le psychobilly, un style qui colle bien avec l’univers des séries Z : du trash, du cul et de la violence plus symbolique que réelle. The Meteors (photo), les pionniers du genre qui sévissent depuis le début des années 80, sont de passage à Rennes. Rupture de Jägermeister à prévoir. Dress code ? Tatouages colorés, maquillage à la truelle, chemise et corset noirs Quand et où ? Le 10 mai au Mondo Bizarro à Rennes

NORTHERN SOUL

ROCKSTEADY

Chronologiquement, le rocksteady est apparu en Jamaïque entre le ska et le reggae, à la fin des années 60. Musicalement, il est aussi entre les deux : plus lent que le ska mais moins fonfon que le reggae quand même. La Carène organise une “Rocksteady Night !” avec en tête d’affiche Alpheus, un daron de la scène. Dress code ? Costume cintré, cravate étroite, chapeau à petits bord, chaussures cirées Quand et où ? Le 30 avril à La Carène à Brest

Le son Motown à emporter dans une barquette de fish and chips : c’est de ça qu’il en retourne avec la Northern Soul, réponse rosbif aux crooners et divas d’outre-Atlantique. Un style musical narré avec fun par Nick Hornby dans un de ses derniers romans, Juliet, Naked. Une soirée spéciale est au programme de l’Ubu avec la venue de Gemma & The Travellers (passés par les Trans Musicales en 2013) et les Londoniens de The Ephemerals. Dress code ? Chemise et polo Ben Sherman, jupe et futal amples, mocassins qui couinent Quand et où ? Le 7 mai à l’Ubu à Rennes


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SELFIE STICKS : INTERDITES EN FESTOCHE ?

APRÈS LES MUSÉES, LES PERCHES À SELFIE SERONT-ELLES AUSSI BANNIES DES FESTIVALS ? Le smartphone clipsé au bout d’un bâton afin d’avoir un angle plus cool, c’est le principe des selfie sticks. En quelques mois, ces perches se sont multipliées dans les lieux touristiques et culturels. À tel point que plusieurs établissements, français ou étrangers, ont décidé de les bannir : le château de Versailles, les musées nationaux de Washington, les 26 salles de concerts O2 au Royaume-Uni... Raison invoquée : « protéger les visiteurs et les œuvres d’art en cas d’utilisation maladroite. » À l’approche des prochains festivals, qu’ont décidé les organisateurs ? Si certains avouent ne pas avoir encore tranché, d’autres indiquent qu’ils ne l’autoriseront pas. « Ces perches sont considérées comme un objet dangereux », fait savoir Panoramas. « Dans un contexte de foule compacte, elles peuvent également s’avérer gênantes », ajoutent les Charrues. À quelques semaines de sa prochaine édition, Art Rock entend quant à lui se montrer plus conciliant. « Si l’usage de ces perches est faite sans abus, on ne voit pas d’inconvénient. Ça peut même donner des photos originales. » Reste plus qu’à espérer avoir assez de réseau pour les partager. 7


WTF

POURRA-T-ON VOIR DES SÉRIES AU CINÉMA ? « D’un point de vue artistique, certaines séries pourraient tout à fait être projetées dans une salle », estime Anne Le Hénaff de Travelling. Le festival ciné de Rennes a d’ailleurs déjà programmé des épisodes. « Ça a très bien marché même si les spectateurs étaient un peu déstabilisés : ils étaient un peu frustrés de ne pas avoir la suite. » Techniquement non plus, pas d’obstacles. « On est capable de diffuser en direct ou en différé des opéras, des concerts, des ballets… Alors pas de problème pour des séries, explique Yves Sutter, directeur de Cinéville.

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LA SAISON 5 DE GAME OF THRONES DÉBOULE LE 12 AVRIL. PLUTÔT QUE DE LA REGARDER SUR UN STREAMING POURRI, AVOUEZ QU’UNE PROJECTION SUR ÉCRAN GÉANT AURAIT DE LA GUEULE. MAIS EST-CE POSSIBLE ?

Mais à mon avis il faut que ça reste ponctuel. Un événement. » Car comment motiver plus que les fans hardcore pour des séries qu’on peut voir gratos chez soi ? « Ça peut valoir le coup pour un lancement de saison, juge Yves Sutter. Mais c’est compliqué à cause des droits

élevés. » En effet, les producteurs d’une série veulent la rentabiliser et le ciné n’est pas le meilleur moyen. « On n’a pas vraiment les mêmes capacités d’accueil que la télé... » Aux Studios, à Brest, l’essai a été fait une fois avec une série galloise doublée en breton. « C’était un partenariat avec la chaîne Tébéo », se souvient Bertille. La salariée du ciné finistérien soulève une autre difficulté : « On refuse déjà tellement de films. On enlève certains qui continuent à faire des entrées pour placer des nouveautés. C’est déjà compliqué de gérer les films sans se rajouter des séries. » Isabelle Jaffré

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SKEUDS : POSE TA GALETTE

La scène musicale bretonne a envie d’en découdre et dégaine ses munitions. Parmi les groupes du coin auteurs d’un premier album en ce premier semestre 2015 : The Madcaps, Eyjafjöll (photo) et les renno-parisiens de Venera 4. De l’actu aussi chez le label Les Disques Normals avec les sorties d’Academic Sausage de Fat Supper, Boring Pools de We Only Said et Tendre Mort de [kataplismik].

JEU-CONCOURS : PLAISIR D’OFFRIR À l’occasion de notre 4e anniversaire, on a décidé de vous offrir quelques cadeaux. Des places à gagner pour : Art Rock, Mythos, Rock’n Solex, Agitation, Bienvenue Printemps, Roulements de Tambour, Papillons de Nuit et Les 3 Éléphants. Rendez-vous sur notre Facebook et Twitter ! 8

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SEXE : MODE D’EMPLOI

« CE N’EST PAS SALE ! » POUR COMPRENDRE LES CHOSES DE LA VIE, IL N’Y A PAS QUE DOC ET DIFOOL. LA PREUVE PAR TROIS. LA BOBINE DE RUHMKORFF Désir, attraction des corps, obsessions sexuelles : Pierre Meunier décrypte les mécanismes de l’amour à l’aide d’une machine chelou : la bobine de Ruhmkorff. Un engin capable de transformer une faible énergie en une décharge de 60 000 volts. Quand et où ? Les 26 et 27 mai au théâtre de Cornouaille à Quimper

CLITO’RIK Imaginé par GAST, un collectif féministe assez rock’n’roll du Finistère, le festival Clito’Rik va décortiquer la question du plaisir. Au menu : ateliers, conf’, projections sur la masturbation, le polyamour, le sexisme, le genre, le consentement… Quand et où ? Du 3 au 5 avril au Sterenn à Trégunc

SEXE-MACHINES Vous vous souvenez du sketch des Nuls où Chabat explique à l’aide d’une bouteille de lait comment on fait les bébés (« ça c’est ta mère… ») ? Sexe-Machines de Diane Grenier, c’est presque pareil. Une installation à base d’objets du quotidien dans des rapports inter-machines qui nous questionne sur notre sexualité. Quand et où ? Du 4 avril au 31 mai au festival Bouillants à Vern-sur-Seiche 9


WTF

QUE PENSER DE KAARIS ET GRADUR ?

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RIOT GRRRL

ON AIME OU ON DÉTESTE MAIS LES DEUX RAPPEURS, SYMBOLES DU RAP FRANÇAIS COUILLUS À L’EXTRÊME, CARTONNENT. TOUS DEUX BIENTÔT DE PASSAGE EN BRETAGNE, CES BONHOMMES VALENT-ILS LE COUP QU’ON SE DÉPLACE ?

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Dans Plus Femme que Femme, Gladys Tchuimo et Mireille Akaba, deux chorégraphes camerounaises, s’attaquent à un sujet sensible : la condition des femmes en Afrique. Et dégomment, grâce à la danse, la violence, les inégalités et les menaces qui pèsent sur le beau sexe. Le 28 mai au Triangle à Rennes.

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MOB CHOP

Le plus vieux festival étudiant de France a toujours de la reprise. Pour sa 47e édition, le Rock’n Solex ouvrira les festivités par une soirée reggae, avant deux soirées électro où seront programmés, entre autres, Thylacine (photo), Fakear, Agoria, N’to et Blutch. Vroum vroum ! Du 13 au 17 mai à Rennes.

GEEK CONVENTION

press start Avis aux amateurs de jeux vidéo, deux festoches à mettre dans vos agendas. Les 4 et 5 avril à Lannion, le Fest4game organise une palanquée de tournois (Mario Kart, Fifa, etc.) pour 32 heures de jeu non-stop. Enfin, du 22 au 24 mai à Rennes, se tiendra la 11e édition du Stunfest (compet’ de Street Fighter, bornes d’arcade, conférences, concerts). 10

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Quand on évoque le rap français en 2015, difficile de ne pas remarquer l’ascension du gars de Roubaix, Gradur, et la persévérance dans le rap game de Kaaris. Musicalement proches, assez éloignés sur le fond, les deux rappeurs divisent. « Qu’on le veuille ou non, Kaaris apporte quelque chose au rap français, estime Ramsès Kefi, journaliste spécialisé hip-hop à Rue89. Artistiquement parce qu’il a de la technique, mais aussi cinématographiquement car ce mec est un personnage. Kaaris a compris que le rap était aussi un spectacle. » Et puisque le hip-hop français a historiquement tendance à mettre le paquet sur les lyrics, la question des paroles se pose obligatoirement pour ces deux zigotos. « Lorsqu’on l’écoute attentivement, Kaaris est loin d’être le plus mauvais stylo à la main. » Pour Julian Colling, journaliste musique à l’AFP, « ces deux rappeurs ont des punchlines qui font sourire, pas par leur humour, mais par leur vulgarité. Pour ça, ils sont très forts, super hardcore. Le côté jusqu’au-boutiste est hyper efficace. »

Une recette qui, début mars, a permis à Gradur (dont des dates sont en train de se caler en BZH) de devenir disque d’or avec son album L’Homme au Bob, vendu à plus de 30 000 exemplaires en trois jours. Tous deux sont adeptes de la trap, un genre qui s’est imposé dans le hip-hop. « C’est le souci que j’ai avec la scène actuelle, avoue Julian, ça uniformise les flows. Ils imitent les Américains, mais avec quinze ans de retard. Et puis, ils manquent d’autodérision. Chose qu’ont plus certains rappeurs ricains. » Pour Ramsès Kefi, c’est le culte de la punchline qui pose problème : « Cette mode tend à affaiblir les textes. Les mecs cherchent à les empiler. Le résultat, c’est que ça donne des paroles décousues, qui perdent tout leur sens et toute leur force. Globalement, les textes de Kaaris tournent en rond (violence, argent...) et, sur certains titres, sont très limités en terme de contenu. Mais écoute-t-on Kaaris pour sa plume ? » Brice Miclet Kaaris : le 22 avril à L’Étage à Rennes, le 23 avril à La Carène à Brest


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FESTIVALS : J’IRAI DORMIR CHEZ VOUS

SUR LA PELOUSE OU DANS UN LIT, LES OFFRES D’HÉBERGEMENT CHEZ L’HABITANT SE MULTIPLIENT. Trouver où pieuter quand t’es en festoche n’est pas toujours easy. Si certains événements disposent de campings XXL, d’autres jonglent avec des capacités moindres. C’est le cas de Panoramas qui, du 3 au 5 avril, va enregistrer la venue de 11 000 spectateurs par jour. Problème : seules 6 000 places de camping sont dispo. Pour pallier cette carence, un partenariat a été noué avec un jeune site web, Owlcamp. Son principe ? Mettre en relation des personnes à la recherche d’un bout de gazon et des hôtes prêts à les accueillir. « On est une sorte d’Airbnb du camping, résume Émeline Foissey, cofondatrice du site. C’est nous qui avons contacté Panoramas. Ils ont accepté car ils trouvaient qu’on se rejoignait en termes de public. » Un type de collaboration que le leader de la location entre particuliers développe également. L’an passé, Airbnb a bossé avec Les Trans et Rock en Seine notamment. Des partenariats naturels selon Sarah Roy, la responsable com, qui rappelle que « historiquement, Airbnb s’est développé grâce aux événements et à leur afflux de visiteurs ». 11


WTF

LES ALBUMS LIVE : C’ÉTAIT LA DERNIÈRE SÉANCE ? IL Y A QUELQUES SEMAINES, BIRTH OF JOY A ENREGISTRÉ SUR LA SCÈNE DE L’UBU SON PROCHAIN ALBUM. UN GENRE DE DISQUE QUI, DEPUIS UNE VINGTAINE D’ANNÉES, PEINE À TROUVER SON PUBLIC. MAIS POURQUOI ? un album studio, alors les structures ne vont pas se risquer à faire du live. » Surtout que les enregistrements pirates – de plus ou moins bonne qualité – viennent se perdre dans les méandres de YouTube, offrant aux utilisateurs l’accès à un nombre quasi illimité d’enregistrements de concert. « Avec les moyens disponibles aujourd’hui, c’est pourtant simple de Mais c’est aussi une manière de faire un disque live, ça coûte bien faire une sorte de best of, qui peut moins cher qu’un album studio, intéresser un public plus large. » s’étonne Yannick Legrain. Et je pense qu’il y a encore un public « INTERNET A PRIS LE PAS » prêt à les acheter. » Mario Raulin Difficile de citer un album live répond : « Certes, il y a encore des sorti comme produit d’appel par fans qui collectionnent tout d’un un artiste dernièrement. « C’est groupe. Mais Internet a pris le pas. conjoncturel, affirme Mario Il n’y a qu’à voir le phénomène des Raulin, fondateur du site musical Boiler Room dans la musique élecSourdoreille. Le public consomme tronique. C’est du live, de la vidéo moins de disques en général. C’est fixe et ça cartonne. » Et surtout, déjà très difficile de rendre rentable c’est gratuit. B.M

CORBEILLE Christine & The Queens Roswell, les statues de l’Île de Pâques, le yéti, le Saint-Suaire, le monstre du Loch Ness… À cette liste de mystères encore inexpliqués, s’ajoute un nouveau phénomène : l’unanimité TOTALE autour de Christine and The Queens. La plus belle énigme de ces derniers mois. À Saint-Brieuc 12

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Dany Brillant Une légende raconte que le Dean Martin français donne pour mission à un de ses techniciens de zieuter dans la foule les plus jolies filles pour les inviter à le rejoindre en loge après chaque concert. Des majeures, hein. On est obligé de préciser depuis Jean-Luc Lahaye. À Fougères et St-Brieuc

NicoM

Il y a 40 ans, Keith Jarrett sortait son Köln Concert, l’enregistrement live de jazz le plus fameux de l’histoire. Aujourd’hui, les choses seraient sûrement un peu plus compliquées. Que ce soit en France ou ailleurs dans le monde, les albums captés sur scène sont de plus en plus rares, souvent assez confidentiels. Rien à voir avec le marché d’il y a plus de trente ans. Pourtant, certains artistes s’évertuent à tenter le coup. En janvier, à l’Ubu à Rennes, les Néerlandais de Birth Of Joy (photo) ont enregistré un live destiné à sortir en physique. C’est également le cas des Ogres de Barback qui, par la sortie d’un double album, fêtent la fin de leur tournée des 20 ans : « C’est sûr que ce disque est avant tout à destination des gens qui sont venus voir le groupe sur scène, explique Yannick Legrain, du label Irfan.

NOTRE ANTI-SÉLECTION DES SPECTACLES QUAND FRANCHISE ET MAUVAISE FOI NE FONT QU’UN Collectif 13 Les forces du mal ont décidé de s’allier et s’apprêtent à s’abattre sur la planète Terre. À la tête de cette horde de l’apocalypse : des membres de Tryo, La Rue Kétanou, Le Pied de la Pompe, No One is Innoncent… Point de salut possible : une tournée de 60 dates est déjà calée. À Arradon

Placebo Si on s’interroge sur leur intérêt en 2015 (depuis Black Market Music, c’est un peu pourri, non ?), force est de constater que Brian Molko et sa bande ont de l’humour. Sur leur contrat, figurerait en effet une clause indiquant que s’ils entendent du Phil Collins avant le concert ils refusent de jouer. Respect. À Saint-Brieuc


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DOSSIER

« NOUS SOMMES DES ANIMAUX » ACTIVISTES, VÉGÉTALIENS, ANTISPÉCISTES... PAR ÉTHIQUE, PHILOSOPHIE OU CONVICTIONS ÉCOLO, ILS SE SONT ENGAGÉS POUR LA CAUSE ANIMALE ET RÊVENT D’UN MONDE SANS STEAK. 14

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e 28 janvier à l’Assemblée nationale, les députés ont définitivement adopté la loi concernant le statut des animaux en France, les reconnaissant comme des « êtres vivants doués de sensibilité » et non plus comme des « biens meubles ». Si cette nouvelle a fait marrer quelques trolls sur les réseaux sociaux (ballot pour les zoophiles :/), elle a surtout fait lever les bras des activistes de la cause animale de tous poils – ah ah – qui attendaient qu’aboutisse enfin l’une de leurs principales revendications. Dans le camp des satisfaits : Tolga et Émilie, coresponsables de l’asso étudiante Sentience à Rennes 2. « Nous sommes des antispécistes », précisent-ils, un mouvement qui affirme que toutes les espèces se valent et qu’aucune ne doit dominer l’autre. En équation, ça donne « homme = cheval = ver de terre », en opposition à l’humanisme, qui place l’espèce humaine audessus de la pyramide. « Tout être vivant est doué de conscience et ressent des émotions telles que le plaisir ou la douleur. En tant qu’hommes, nous sommes des animaux (coucou Mr Oizo !) ni plus ni moins. Nous devons donc cesser toute forme d’exploitation des autres espèces. » 15


DOSSIER

« Une banalité du mal » Des causes qui tiennent également à cœur l’asso L214, qui revendique 4 500 adhérents au niveau national. Croisée dans le centre-ville de Rennes pour une opération de sensibilisation, Bérénice, la porte-parole bretonne, pose le cadre : « On est là pour faire prendre conscience l’opinion publique des dérives de l’exploitation animale sous toutes ses formes. » Même le bio ne trouve pas grâce à ses yeux : « S’il y a des progrès au niveau de l’élevage, ça passe ensuite par les mêmes circuits au niveau du transport et de l’abattage. Pour être clairs, nous sommes pour foutre la paix aux animaux ! Qui sommesnous pour leur infliger castration, coupage de cornes et de la queue, ébecquage ou meulage des dents ? »

L214

Un point de vue qu’ils savent radical et difficilement applicable à 100 %, reconnaît Tolga : « En marchant, je sais bien que j’écrase des fourmis… Je ne dis pas qu’il faut arrêter de vivre mais notre mission est au moins d’interpeller sur certaines pratiques évitables : la corrida, l’exploitation de la fourrure, la maltraitance des animaux de cirque, la consommation de foie gras… » Les membres de L214 se définissent comme des révoltés « pacifistes » qui refusent toute action violente. « On rend seulement public certaines vidéos dans le but d’interpeller, comme on a pu le faire ces derniers mois dans la région dans un élevage de lapins dans le Morbihan ou dans un couvoir du côté de Carhaix. » C’est William qui a filmé ces images en centre Bretagne l’été dernier. « C’était un job étudiant et j’ai complètement halluciné des méthodes pratiquées sur place, témoignet-il. Les poussins malformés sont jetés dans une broyeuse. Certaines fois, ce sont tous les mâles qui sont éliminés, des milliers par demijournée… J’ai même vu des collègues remplir un sac poubelle de poussins et serrer jusqu’à étouffement. Tout le monde trouve ça normal, on est

« Pour être clairs, nous sommes pour foutre la paix aux animaux » 16

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dans une forme de banalité du mal. » L214 lui a fourni le matériel pour filmer en caméra cachée des images qui ont depuis pas mal tourné sur le Net. « Au bout d’un mois j’ai démissionné, écœuré par ce système. »

Sauvetage de goélands L’agroalimentaire n’est pas le seul ennemi des activistes de la cause animale. En tête de gondole des énervés de la surpêche, on trouve Sea Shepherd, ONG internationale née en 1977 par Paul Watson, un ancien dirigeant de Greenpeace, lassé de l’inaction de cette dernière. Sea Shepherd partage pourtant une similitude avec le plus fameux organisme de défense de l’environnement : un certain goût de l’apparat avec une esthétique soignée selon une thématique très pirate. Le logo fait apparaître une tête de mort avec en dessous une crosse de berger et le trident de Neptune. Ses représentants basés en Bretagne reconnaissent que le merchandising


Sea Shepherd Sea Shepherd / G. Lockitch

Lamya, présidente de l’antenne française, « la plus importante en Europe avec une centaine de volontaires bénévoles sur le long terme ». Parmi ceux-ci, on trouve quelques Bretons engagés à donf au service de la cause, comme Sarah qui pilote le groupe local de Sea Shepherd à Saint-Malo. « La destruction des fonds marins est actuellement cent fois plus rapide que celle des forêts tropicales, s’alarme-t-elle. On n’est pas des radicaux mais il faut que les lois maritimes soient respectées. » La jeune femme s’est portée volontaire pour deux campagnes : en 2013 dans le sauvetage de dauphins Traquer un baleinier japonais dans la baie de Taiji au Japon et Les rejetons de Paul Watson sont l’an dernier aux îles Féroé pour une présents sur quasi toutes les mers opération menée contre la chasse de la planète. Grâce aux dons, la rituelle des globicéphales, les plus flotte des bateaux de Sea Shepherd gros mammifères marins d’Europe. s’agrandit et les actions se multi- « Avec nos bateaux, on faisait en plient. « Il y a dix ans, on faisait sorte d’éloigner les animaux des une grosse campagne à l’année, zones de massacre et de gêner un aujourd’hui c’est cinq », calcule maximum les pêcheurs. » Baptiste,

Sea Shepherd

Sea Shepherd

séduit la mouvance punk et metal, avec un stand qui cartonne au HellFest et des partenariats avec des groupes de passage dans la région tels que Lofofora ou Gojira. Les t-shirts, sweats et bonnets, tous en noir et frappés du logo qui claque, « permettent de financer les campagnes », explique Arnaud, de Sea Shepherd Lorient. Si les actions dans la région sont assez limitées (sauvetage de goélands et ramassage de déchets sur la plage pour l’essentiel, « faute de gros moyens matériels et humains »), elles sont en revanche beaucoup plus d’envergure à l’international.

un jeune militant malouin de 21 ans, faisait aussi partie de l’opération. « C’est parfois chaud avec les pêcheurs locaux mais ça en est resté à des menaces, explique-t-il. Notre action a permis de passer de 1 300 globicéphales tués en 2013 à seulement 33 l’an dernier. » La satisfaction est aussi de mise pour Gwendal, 26 ans, originaire d’Auray et qui a rejoint l’ONG en 2012 après des études dans la Marine marchande. Il a été le témoin actif de l’une des campagnes les plus médiatiques effectuées par Sea Shepherd au large de l’Antarctique, servant comme officier mécanicien à bord du Bob Barker, l’un des principaux bateaux de la flotte, à traquer un baleinier japonais.

« Ne pas céder à la violence » « Il avait un quota de 1 035 baleines et, grâce à nous, il n’en a tué que 103. On peut considérer que c’est un succès. » Avec à la clé tout de même une sacrée frayeur : « On a été coincé un moment entre le baleinier de 8 000 tonnes et un bateau ravitailleur de 5 000 tonnes. Le Bob Barker pesant 500 tonnes, la catastrophe a été évitée de peu, j’ai vu la coque se déformer depuis la salle des machines… » Consciente du danger qui guette parfois, Sea Shepherd sait s’imposer des limites, assure Arnaud de Lorient. « Il y a des gens qui viennent me voir et qui me disent : “faudrait torpiller les bateaux japonais, c’est tous des connards !” C’est notre rôle d’expliquer que si l’injustice est parfois grande, il ne faut pas céder à la tentation de la violence. » Après tout, on n’est pas des bêtes. Régis Delanoë 17


DOSSIER

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Bikini

Bikini

J’AI ESSAYÉ DE DEVENIR VEGAN

Asseyez-vous confortablement, respirez profondément et commencez à penser à toutes les choses qui vous font plaisir. Au fur et à mesure que votre liste s’allonge, un constat sans appel vous arrive en pleine face : les choses les plus cool dans la vie sont faites de viande. Et ouais. Si on estime que les hommes sont passés de végétariens à omnivores à l’époque du Pliocène, il y a plus de 5 millions d’années, certains de nos contemporains ont aujourd’hui choisi de dire fuck à l’évolution de notre régime alimentaire. J’ai décidé d’en faire partie et de suivre les préceptes des plus radicaux d’entre eux, les vegan. Leur règle ? Le refus de tout produit issu de l’exploitation animale, aussi bien côté bouffe que pour les objets de consommation courante (cuir, laine, cosmétiques). En clair, QUE du végétal. Première étape : faire les courses dans un magasin bio où les produits estampillés vegan se multiplient. « Les fabricants affichent de plus en plus cette mention sur les emballages, signe d’une tendance en développement », m’indique Isabelle Uguen, de la Biocoop Scarabée à Rennes. Dans mon 18

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panier : savon, légumes, fruits, soupe, jambon végétal (si si, ça existe) et tout un tas de produits à base de soja. Pour mon premier repas, je décide cependant de déjeuner au restaurant du magasin où des plats végétaliens sont proposés quotidiennement. Au menu, taboulé de tempeh (c’est du soja) et mafé au tofu (soja aussi). Si d’habitude ça fait “squich squich” quand je mange, là ça fait plutôt “cronch cronch”. Si au bout du troisième jour je tiens le choc, j’ai tout de même une sensation de privation « Moi aussi au début j’avais l’impression qu’il manquait quelque chose dans mon assiette. Il faut un certain temps pour s’habituer et gérer les manques mais on s’y fait », me rassure Nathalie Le Bris, correspondante costarmoricaine de l’Association des végétariens de France et végétalienne depuis une année. Bannir les produits d’origine animale, un simple mode de vie ? Pour Estiva Reus, sociologue à l’Université de Brest, le véganisme est un peu plus que ça. « C’est un mouvement social qui se manifeste aussi bien dans la consommation que dans l’activité militante. Avec des motivations

propres à chacun. En Occident, il est d’abord lié à l’éthique animale depuis l’ouvrage fondateur de Peter Singer, La Libération animale, en 1975*. Mais d’autres arguments entrent en compte : la santé, l’écologie, le développement du tiers monde… » Toutes ces nobles raisons n’auront cependant pas raison de moi. Au quatrième jour, peu enjoué à l’idée d’avaler mes “veggie knackis”, je décide de rompre mon jeûne en faisant péter charcut’ et fromage. J’aurai tenu 96 heures, 96 heures pendant lesquelles je me suis rendu compte que je n’étais pas encore prêt à mettre définitivement la bidoche de côté. Pas de quoi culpabiliser selon Nathalie Le Bris : « Si tout le monde mangeait simplement un peu moins de viande, ça serait déjà très bien » Un vœu loin d’être réalité : selon l’ONU, la consommation mondiale de viande a progressé de 2,3 % par an au cours des dix dernières années et atteint aujourd’hui 41,8 kilos par an et par habitant. J.M *Peter Singer est l’invité du colloque « La Libération animale, 40 ans plus tard » les 28 et 29 mai à Rennes


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Fin 2014, l’activiste vegan Gilles Lartigot (photo) cartonnait avec son livre EAT : chronique d’un fauve dans la jungle alimentaire. Au sommaire : dénonciation de l’industrie agroalimentaire, défense de l’agriculture bio et promotion du véganisme. Si ce Français expatrié au Québec a notamment été invité sur Canal, il bénéficie parallèlement d’un relais médiatique plus étonnant : la fachosphère. Du site web d’Alain Soral aux sites de « réinformation » (Breizh-info.com), Gilles Lartigot y trouve une oreille attentive. Même phénomène pour le « crudivore » Thierry Casasnovas, dont les vidéos sont également relayées. Mais bordel, pourquoi ces militants nationalistes kiffent tant un mouvement qu’on imagine plutôt l’apanage de la gauche bobo ? « Consommer des produits sains, locaux, enracinés, qui respectent la nature, cela rentre complètement en résonnance avec le mode de vie traditionnel prôné par l’extrême droite », estime le politologue Stéphane François, auteur de L’Écologie patriote. Un discours qui, depuis une dizaine d’années, connaît une seconde jeunesse. « C’est une façon de plus de brouiller les pistes et d’attirer des personnes qui ne sont pas au courant des idées qu’il y a vraiment derrière. À l’image de certaines Amap dont les fondateurs étaient des membres du Bloc identitaire. » 19


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Qui n’a jamais eu envie de comprendre son animal, d’interpréter ses cris, de déchiffrer son langage ? Ce rêve un peu fou, c’est le job d’Alban Lemasson. Au sein de la station biologique de Paimpont, une antenne de l’Université de Rennes 1 créée en 1968 et nichée au cœur de la forêt de Brocéliande, cet éthologiste de 39 ans passe une partie de ses journées entouré de singes. Une cinquantaine de primates, de trois espèces différentes (mone de Campbell, mangabey à collier et singe de Brazza) dont il décrypte les modes d’expression et le comportement social. Son domaine de prédilection : la communication vocale. Une faculté qu’Alban Lemasson a particulièrement étudiée chez les mones de Campbell (photo), une espèce arboricole, vivant à l’état sauvage dans des forêts très denses visuellement et donc contrainte d’échanger en “se parlant”. Si pour nous, humains, il ne s’agit que de simples cris, ceuxci sont en réalité plus complexes et démontrent une capacité certaine à utiliser la voix comme un outil d’information. À commencer par la sémantique et la syntaxe.

Innovation vocale « Ces primates encodent des messages compréhensibles par leurs semblables. Ils disposent d’une quinzaine de sons de base qui leur permettent d’échanger. Il peut s’agir, entre autres, de cris de contact ou de

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À BROCÉLIANDE, ALBAN ÉCOUTE LES SINGES

cris d’alarme. Si le mâle du harem détecte la présence d’un léopard par exemple, il alerte ses femelles en prononçant “krak”. Et si c’est un aigle, “hok”. » Un répertoire vocal limité que les singes ont su enrichir en développant des règles syntaxiques. « L’analyse de nos enregistrements nous a permis de montrer qu’ils utilisaient le suffixe “oo” pour généraliser leurs messages. Ainsi, “krak-oo” et “hok-oo” alarment respectivement de tout danger terrestre et aérien. » Ce à quoi s’ajoutent des combinaisons de sons, pouvant mélanger jusqu’à six cris, leur offrant une palette d’expressions plutôt large. À l’image du “boom boom hok-oo hok-oo krak-oo krak-oo” annonçant l’arrivée d’un autre groupe de singes sur leur territoire. Plutôt dingo. Encore plus ouf, les singes de

« Ils copient la voix de leurs amis, c’est une sorte de badge social » 20

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Paimpont ont même inventé un nouveau son, propre à leur vie bretonne. « Il s’agit d’un cri anti-humains. Cela ressemble à “fwr fwr fwr”. C’est un dérivé d’un de leurs cris d’alarme. Cette innovation vocale leur sert à prévenir les autres quand ils voient un humain en blouse blanche arriver : le vétérinaire. »

L’origine du langage humain ? Au-delà de cette faculté à s’exprimer, d’autres piliers fondamentaux de la communication, qu’on imaginait réservés aux humains, ont aussi été identifiés par Alban Lemasson. Parmi ceux-ci, les règles qui régissent la conversation : se parler à tour de rôle, ne pas se couper la parole, ne pas parler à n’importe qui... « Nous nous sommes également rendus compte que les femelles singes copiaient la voix de leurs amies, et non celles de leurs ennemies. Cette imitation est une sorte de badge social, comme un groupe d’ados qui utilise le même vocabulaire. C’est une façon de montrer ses


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« PARLER »

affinités et de prévenir l’extérieur de ses liens avec tel ou tel individu. On se rapproche de l’accommodation vocale chez l’homme : on ne parle pas de la même façon avec n’importe qui. » Si l’éthologiste reconnaît que le danger de son métier est de faire de l’anthropomorphisme, le résultat de ses recherches lui permet en revanche de mettre en lumière les points communs entre différentes espèces de primates (ce que nous sommes, nous, Homo sapiens). Avec cet objectif final : s’interroger sur l’origine de notre langage. « Les principes essentiels que nous avons étudiés chez les singes nous apparaissent comme des précurseurs du langage humain. La syntaxe, la sémantique, la conversation, l’imitation : des règles présentes dans toutes les cultures humaines et que les mones de Campbell ont eux aussi développées. Étudier la communication de ces primates ancestraux, c’est tenter de comprendre comment s’exprimait l’homme il y a plusieurs millions d’années. »

Julien Marchand 21


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LE CALENDRIER DES POSTES : « UN EXERCICE ARDU »

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Quand tu vas chez mamie, il est là. Accroché près de la porte d’entrée, rangé à côté du téléphone ou posé sur le buffet de la cuisine. Son look n’a quasiment pas bougé depuis sa création en 1854 par l’imprimerie Oberthur à Rennes mais il résiste. Le calendrier des postes, officiellement appelé “l’almanach du facteur”, a su passer les époques et les générations. Comment ? En faisant de sa faiblesse une force : ne pas être à la mode pour ne jamais être démodé. Car il est vrai que ses illustrations ne cherchent pas à courir après la tendance et préfèrent miser sur des valeurs sûres : les p’tits chats et les p’tits chiens. Des modèles avec qui Jean-Michel Sotto, un Morbihannais de 58 ans, travaille depuis une quinzaine d’années. Son taf ? Photographe animalier. Dans sa photothèque, près de 200 000 clichés

dont les meilleurs ont été imprimés sur des cartes postales, puzzles, agendas… Sans oublier l’almanach du facteur qui constitue sa principale carte de visite. Une activité qui, derrière cet univers champêtre fait de fleurs de tournesol et de paniers en osier, s’avère plus complexe qu’elle en a l’air. Au-delà de l’aspect financier (comptez une dizaine d’euros pour une carte postale, une centaine pour un almanach), Jean-Mich’ avoue quelques fois en chier lors des shootings. « Un animal, ça bouge tout le temps. Il faut réussir à capter son attention pour qu’il reste en place et qu’il regarde l’objectif. C’est pour ça que je suis assisté par ma femme. Seul, je n’y arriverais pas. C’est un exercice vraiment ardu. Les photos de concerts – qu’il m’arrive de faire également –, c’est simple à côté... »

Il a par exemple été question d’en concevoir un pouvant se mouvoir comme un serpent.

Les robots ont-ils toujours ressemblé à des humains ? Non. Quand les premières recherches sur les robots ont vu le jour dans les années 1910, on visait le modèle animal. Il y a eu un basculement après-guerre avec les débuts de l’intelligence artificielle : en concevant un robot raisonnant comme un humain, on s’est dit qu’il ne pouvait que lui ressembler. Une croyance dont on est heureusement revenu depuis. 22

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Pourquoi ? Parce que ce n’est pas logique ! Rien que le côté bipède, c’est très handicapant pour un robot, il faut régler ce problème d’équilibre… Et puis pourquoi le limiter aux propres limites de l’homme ? Il pourrait avoir plus de deux bras, voir derrière lui, être amphibie, voler… Avec Fukushima, les Japonais ont pris conscience que leurs robots n’étaient pas adaptés.

En plus, un robot non humain, ça foutrait moins les boules, non ? On a un rapport complexe vis-à-vis de la représentation humanoïde. Il y a un côté créateur : je façonne le robot à mon image. En même temps, plus il nous ressemble et plus il nous fait peur. C’est la théorie dite de « la vallée dérangeante » du roboticien Masahiro Mori : mieux vaut éviter de reproduire des formes humaines qui tendent à apparaître comme monstrueuses.

L’avenir est donc plus aux robots animaux ou insectes ? C’est le courant de pensée qui prospère actuellement. Mais plus que cette guerre des robots, le grand débat actuel porte sur les dérives potentielles du transhumanisme. Des éminents spécialistes comme Stephen Hawking mettent en garde : l’ordinateur pourrait dépasser le cerveau humain d’ici 2020... Jusqu’au mois de mai, se tient le cycle “L’Homme et l’animal” aux Champs Libres à Rennes. Au programme : rencontres, conférences, cafés philo et ateliers avec un robot-animal.


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LES CLIPS LES PLUS COOL AVEC DES ANIMAUX

FLAVIEN BERGER Pour le clip d’Océan Rouge, le Parisien a décidé de plonger dans le grand bassin : une vidéo de 14 minutes (!) hyper léchée où nagent avec volupté divers animaux marins. Ce fan de Thalassa est à découvrir sur scène le 5 avril à Panoramas et le 23 mai à Art Rock.

I AM A CHIEN Quand ce trio électro singe le comportement des tigres, marmottes et lézards, ça donne Humanity (photo), un clip en double screen réalisé par Panteros666.

BEST COAST Si les chats sont les maîtres d’Internet, ils le sont aussi dans la musique. La preuve avec les Californiens de Best Coast où des matous équipés de caméras réalisent la vidéo de Crazy for You. Trop pipou.

RATATAT L’album LP4 de Ratatat réhabilite la perruche. Point d’orgue : le clip de Neckbrace où l’oiseau démultiplié nous offre une danse hypnotique.

LCD SOUNDSYSTEM C’est connu : les musiciens aiment bien fourrer leurs mains n’importe où. C’est notamment le cas de James Murphy qui, pour New York, I Love You But You’re Bringing Me Down, n’hésite pas à habiter la marionnette de Kermit, la grenouille du Muppet Show. 23


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C’EST UN CLASSIQUE DES TOILETTES PUBLIQUES. À LA FAC, DANS LES BARS OU SUR LES AIRES D’AUTOROUTE, DUR D’ÉCHAPPER AUX TAGS SUR LES MURS DE CES LIEUX. UNE PRATIQUE SECRÈTE AUX MOTIVATIONS MULTIPLES. out le monde a déjà lu dans ses toilettes. Un livre, un magazine, une BD. Assis sur la cuvette, chacun a pu trouver en ce moment de pause et d’intimité la bulle nécessaire pour parcourir quelques pages en toute quiétude. Un plaisir auquel s’adonnaient même les plus grands écrivains. 24

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De James Joyce à Henry Miller, en passant par Jean-Jacques Rousseau (« Je lisais à la garde-robe et je m’y oubliais des heures entières », avouait-il dans Les Confessions), tous revendiquaient leur amour de la lecture sur chiottes. Si la majorité d’entre nous se contente de bouquiner, certains vont plus loin et décident de passer

de l’autre côté du crayon. Faisant des cabinets, de ses murs et de ses portes, un lieu d’expression où n’importe quelle pensée peut être couchée. Que ce soit à l’université (mention spéciale aux chiottes de la B.U de Rennes 2), à la gare, dans la rue ou sur une aire d’autoroute, la plupart des toilettes publiques regorgent d’inscriptions en tout


genre. Un enchevêtrement de mots et de gribouillis, parfois stylisé, souvent bordélique, comme un condensé brut de l’esprit humain. On dira presque du Jean-Michel Basquiat des fois. Si si.

« Drague en plein air » Des graffitis aux natures diverses. Parmi les plus récurrentes : les petites annonces de cul. À l’heure d’Internet, les murs des chiottes résistent et apparaissent toujours comme un incontournable pour certains à la recherche d’un one shot. « JH 44 ans pour JF 30 ans pour moments agréables », « Mec pour mec au 06 41 77… », « Bisexuel la cinquantaine cherche relation. RDV dans la journée » ou le plus codé « HBI CH F/CPL ici 18h45 », pouvait-on lire dernièrement dans des WC de bord de route du côté de Brest et de Lorient. Géographe à l’université d’Angers, Stéphane Leroy a pas mal bossé sur ce qu’il appelle les « interactions sexuelles impersonnelles » dans l’espace public. Parmi les principaux spots recensés : les bois, les parkings, les chantiers, les cimetières et, bien sûr, les vespasiennes et autres blocs sanitaires. Des lieux où on consomme surtout sur place, bien que cela soit interdit (selon l’article 222-32 du code pénal, une relation sexuelle dans un lieu public peut être sanctionnée de 15 000 euros d’amende et d’un an de prison). Un phénomène qui, selon notre universitaire, concerne quasi exclusivement les rencontres gay. « Cela ne veut pas dire que tous ces dragueurs sont des homos revendiqués, loin de là. Il peut s’agir d’hommes mariés qui, grâce à ces lieux cachés et secrets, peuvent assouvir leur sexualité sans être obligés de passer par un bar ou une boîte gay où ils n’osent pas aller. » Alors que « la drague en plein air » a pris du plomb dans l’aile avec la géolocalisation via des applis smart25


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phone comme Grindr ou Tinder, Stéphane Leroy estime cependant que ces endroits ne sont pas prêts de disparaître. « Au-delà du fantasme, c’est l’aspect transgressif qui plaît. Ces dragueurs modifient l’usage commun d’un lieu en se l’appropriant. C’est une façon pour eux de défier la norme hétérosexuelle qui façonne les espaces publics. »

« L’affrontement par l’écriture » Si les murs des toilettes offrent aux corps la finalité de s’exprimer, l’esprit n’est pas en reste. Slogans militants, réflexions philosophiques et invectives citoyennes fleurissent également entre la poignée de porte et le dérouleur à PQ. Avec parfois des discussions à coup de réponses fléchées qui s’instaurent entre différents participants. Des dialogues politiques que Denis Colombi, doctorant en sociologie à Sciences Po Paris, s’est amusé à

observer. D’après lui, ces échanges reposeraient sur un principe similaire à tous ceux auxquels on a l’habitude d’assister. « Il y a des gens qui discutent d’un sujet, et d’autres qui commentent leurs discussions, éventuellement en s’en moquant ou en remettant en cause sa légitimité ou sa forme. C’est exactement ce qui se passe quotidiennement dans le débat public français, affirmait-il dans un de ses articles. Mais pourquoi prendre la peine d’interrompre ou de prolonger son passage aux lieux d’aisance pour ajouter une intervention à un débat dont on n’est pas sûr qu’il s’agisse bien d’un dialogue ? (…) La meilleure explication que je puisse trouver est la suivante : les graffitis ont toujours été une pratique profondément agonistique, c’est-à-dire une forme de lutte et d’affrontement par l’écriture. Il s’agit de se mesurer aux autres.

« On est dans le volet nihiliste de l’expression urbaine » 26

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Un affrontement où on rivalise d’à-propos, d’esprit ou même de culture. »

« Des écrits spontanés » Si vous pensez que l’écriture aux commodités est récente, sachez que ce phénomène est en réalité presque aussi vieux que les toilettes elles-mêmes. Les premières traces de graffitis dans les latrines remontent à l’Antiquité. Et Pompéi, de par son état de conservation, en constitue le plus bel exemple avec ses inscriptions gravées, peintes ou écrites au charbon de bois. On y retrouve des petites annonces explicites (« une bite pour 5 sesterces »), des souvenirs de voyageurs (« Avons séjourné à Pompéi le 6 des calendes de septembre ») ou, tout simplement, l’expression d’hommes heureux de se soulager (« Je vais accoucher d’un caca »). Des messages qui font marrer la fine équipe de Graffitivre, un Tumblr génial recensant les tags les plus débiles et les plus absurdes. « D’un point de vue historique, c’est intéressant de se rendre compte qu’à


Photos : Bikini

l’époque de l’Empire romain tout le monde ne parlait pas comme Cicéron et qu’il y avait aussi du latin vulgaire, constate Guillaume, l’un des fondateurs du blog qui, après une année de collecte, compte plus de 700 photos. La grande majorité des tags sont pris dans la rue, mais on en a aussi repéré dans des toilettes. Les chiottes de facs sont généralement un bon foyer à graffitis. C’est sans doute dû à l’ennui… » Et il est vrai que les sanitaires des universités bretonnes offrent toujours un passage ponctué de blagounettes, de jeux de mots foireux ou de réflexions plus ou moins profondes. Des inscriptions pas toujours de bon goût, mais salvatrices selon la team de Graffitivre : « À l’heure où le street art monopolise nos murs et devient de plus en plus sérieux, ces écrits spontanés font du bien. Ça ne cherche pas à faire dans l’artistique ou dans le poétique. C’est juste quelqu’un qui prend un feutre pour laisser un message à la con. On est clairement ici dans le volet nihiliste de l’expression urbaine. »

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« Y’A DE L’OR PARTOUT ICI »

ILS GRATTENT LE FOND DES RIVIÈRES AVEC L’ESPOIR DE TOMBER SUR UNE PÉPITE. DANS UNE RÉGION RICHE EN RESSOURCES AURIFÈRES, LES CHERCHEURS D’OR ONT BONNE MINE. 28

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uand on accompagne Malo Kervern, on s’imagine assez facilement ce qu’ont pu ressentir ceux qui se sont lancés dans la ruée vers l’or au 19e siècle aux États-Unis. On est là, les pieds dans l’eau, à remuer du sable et de la terre, en rêvant à chaque pelletée d’une pépite qui nous tendrait les bras. « Les pépites, c’est un peu du fantasme. Trouver des paillettes, c’est déjà super bien. Dans la région, il y en a presque partout : dans une rivière sur trois dans le Finistère, dans une sur deux dans le Morbihan… Et ouais, on peut dire qu’on marche souvent sur de l’or en Bretagne… », rigole cet ancien maçon qui, depuis 2011, a fait de l’orpaillage et de la recherche de minéraux son activité principale. Nous sommes aujourd’hui à Loqueffret, dans le centre Finistère. Tout près de l’Ellez, une rivière qui prend sa source dans les Monts d’Arrée. Ce n’est pas la première fois que ce garçon de 40 ans vient prospecter ici, même s’il avoue que ce n’est pas tout à fait son lieu de prédilection. « D’habitude, je vais plutôt dans l’Odet (dans le sud du 29, ndlr). Mais bon, c’est comme un bon coin à champignons, tu t’imagines bien que je ne vais pas t’y amener ou te dire où c’est… » 29


Peu importe, en cette journée, seule une petite demi-heure lui sera nécessaire pour faire apparaître quelques paillettes dans le fond de sa battée (l’espèce de chapeau chinois) qu’il fait tourner avec rythme et fluidité. Ça en est presque hypnotique. « Après avoir dégrossi les cailloux avec un tamis, j’utilise la battée pour éliminer le sable grâce à la force centrifuge. L’or étant plus lourd (un litre d’or pèse 19,3 kilos, ndlr), il reste dans le fond et ne s’échappe pas. Tiens regarde, on voit quelques paillettes, les points jaunes là, on peut pas les louper, me montre Malo agréablement surpris par sa prise du jour. Faudra que je revienne, c’est pas inintéressant comme endroit finalement. » Partageant son temps entre la prospection et l’animation auprès du grand public, Malo raconte avoir toujours cherché de l’or dans les rivières. « Mon histoire avec ce métal a commencé

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par un livre que m’avait donné un prof au lycée. Il recensait tous les coins aurifères de Bretagne. Je me suis alors dit qu’il devait bien rester un petit peu d’or pour moi. »

« Un triangle d’or » En France, on compterait près de 500 orpailleurs occasionnels et une centaine de réguliers, selon JeanLouis Pichon, président de la Fédération française d’orpaillage. « C’est un sport de solitaires et beaucoup d’amateurs orpaillent sans passer par un club. Il est donc difficile de fournir des chiffres exacts. » Pour le boss de la fédé (qui rappelle qu’il est « obligatoire » d’avoir l’accord du propriétaire du terrain), la quasi totalité des pratiquants le font « pour le frisson que procure la recherche d’or » et non en vue d’une possible revente. « Les paillettes, grains ou pépites viennent le plus souvent compléter une collection personnelle.

« J’ai un ami qui a trouvé

une pépite de 140 grammes » 30

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Il y a un plaisir à regarder l’or qu’on a cherché soi-même, comme un trésor qu’on aurait trouvé et qu’on garde précieusement. » S’il reste flou sur les quantités collectées et sur ce qu’il en fait (selon le Code minier, toute vente est soumise à une autorisation administrative), Malo Kervern explique vivre avant tout de ses stages et démonstrations. « Le gramme d’or varie autour de 35 € aujourd’hui. Avec l’évolution du cours, on peut estimer qu’il sera à 100 € d’ici quelques années. Équipé d’une rampe de lavage, je pourrais être sur le terrain tous les jours pour faire entre 10 et 20 grammes quotidiens mais, physiquement, ça serait très dur. Je finirais cassé. » Reste l’espoir d’une grosse pépite que tout chercheur a secrètement en tête. « J’ai un ami à Loudéac qui en a trouvé une de 140 grammes ! Auprès de musées ou de collectionneurs, une pépite entière peut rapporter des dizaines de milliers d’euros. Audelà du nombre de grammes, c’est surtout considéré comme une pièce minéralogique. » De quoi motiver certains à racler le fond des rivières


Lucien Guédès Bikini

en centre Bretagne où le secteur Pontivy/Loudéac/Mur-de-Bretagne est considéré comme « un triangle d’or » par les passionnés. Car il est vrai que la région apparaît comme l’un des principaux spots français en la matière, avec les Pyrénées et le Massif central. Géologue métallogéniste au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), Éric Gloaguen confirme : « Le sous-sol breton appartient à une vaste portion de socle ancien : le Massif armoricain. Ce socle a été en grande partie structuré lors de la formation d’une importante chaîne de montagnes, il y a plus de 300 millions d’années. » Un phénomène qui a entraîné un fort épaississement de la croûte continentale en profondeur. « Cela a provoqué un échauffement qui a libéré des fluides contenant des métaux. Ces derniers sont remontés dans les parties superficielles de la croûte pour former des gisements où les conditions étaient possibles. » Dans la région, plusieurs ressources aurifères ont été localisées par le BRGM (voir carte page 32). La plus importante d’entre elles

« Ils ont localisé une zone

de quartz avec un filon d’or » se situe à Lopérec, dans le Finistère, où 3,5 tonnes d’or ont été estimées par des ingénieurs-géologues au milieu des années 80.

Une galerie de 250 mètres Trente ans plus tard, Lucien Guédès s’en souvient encore parfaitement. À 77 ans, cet ancien agriculteur, passionné d’orpaillage, n’a pas perdu une miette du chantier dont il était riverain. « C’est en 1985 que les recherches ont commencé sur le lieu-dit du Cléguer. Les gars ont débuté en faisant des prospections à la battée. Les premiers résultats étant prometteurs, des tranchées et des carottages ont alors été effectués. C’est là qu’ils ont localisé à 200 mètres de profondeur une zone de quartz avec un filon d’or. » En 1990, une galerie de 250 mètres est creusée. « Les prélèvements remontés à la surface étaient disposés en tas et numérotés. Il y avait aussi des

bassins de décantation. Aujourd’hui, tous sont rebouchés et la galerie fermée. » Car malgré le potentiel de Lopérec, le chantier s’est arrêté en 1992, « pour raisons économiques », explique le BRGM, laissant les 3,5 tonnes d’or sous terre. Mais cela pourrait changer. L’an passé, plusieurs permis exclusifs de recherche (PER) ont été accordés en France métropolitaine. Une première depuis la fermeture il y a dix ans de Salsigne, la dernière et plus importante mine qu’ait connu le pays (115 tonnes d’or y ont été extraites entre 1892 et 2004). Derrière ces PER, on trouve des entreprises dont le job est de poursuivre les recherches pour réévaluer le potentiel de chaque site. À leur niveau, il ne s’agit que d’exploration et non de production. Parmi ces sociétés dites junior (qui refileront ensuite le bébé à de grosses compagnies d’exploitation minière, 31


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en échange d’un gros chèque ou d’une participation) : Variscan Mines, une boîte orléanaise qui a déposé à ce jour huit demandes de permis en France. « Un seul concerne l’or. Il s’agit de l’ancienne mine de La Bellière dans le Maine-et-Loire. Pour les autres sites, on s’intéresse surtout à des métaux comme le cuivre ou le tungstène. Des métaux stratégiques pour l’industrie et les nouvelles technologies », précise Patrick Lebret, géologue chez Variscan. Sur les huit dossiers, quatre sont bretons : Merléac, Silfiac, Loc-Envel et Fougères. Rien pour Lopérec ? « Avec les informations dont on dispose actuellement, c’est un gisement trop petit pour que l’investissement vaille le coup. Avec une mine “développement durable” qui respecterait l’environnement et les habitations, comme on souhaite en faire aujourd’hui en France, cela coûterait en effet trop cher pour une compagnie d’exploitation.

LES RESSOURCES AURIFÈRES EN BRETAGNE

Pour qu’elle s’y intéresse, il faudrait élargir la zone de recherche. » Ce que compte faire la société SudMine qui a déposé, en août dernier, une demande de PER afin de poursuivre l’exploration à Lopérec.

aujourd’hui, c’est un ingénieur avec un joystick. Tout se passe en profondeur, il n’y a pas de pollution visuelle ni sonore. On peut minimiser les impacts écologiques au maximum », assure Éric Gloaguen. Même volonté de la part de Variscan : « Face à « Germinal, c’est fini » une demande mondiale en métaux Dans un pays qui semble avoir un qui va augmenter, il est important peu oublié son passé minier, reste à qu’on produise nous-mêmes, pour imaginer les exploitations de demain. ne pas être dépendants à 100 % Si la création de la Compagnie natio- de l’extérieur. Et puis, en termes nale des mines de France (CMF), d’emploi, ça ne peut que être un impulsée par Arnaud Montebourg plus : une mine ça ne se délocalise alors ministre du Redressement pro- pas. Sans oublier toutes les filières ductif, était initialement prévue fin que cela peut générer. » 2014, ce projet semble quelque peu à Un scénario plutôt kiffant pour l’inl’abandon. Aucune communication dustrie française qui devra toutefois publique n’a été faite à ce sujet depuis patienter quelques années. Patrick un an et le BRGM, qui était partie Lebret confirme : « Compte tenu des prenante, avoue ne pas savoir où délais administratifs et des différents en est le dossier. temps d’études de la part des sociétés, Un enthousiasme douché qui la prochaine mine en France n’ouvrira n’empêche pas les protagonistes pas avant dix ans. Mais on en prend d’imaginer les futures mines. « Ger- le chemin. » minal, c’est fini. Une exploitation Julien Marchand

GISEMENT D’OR

MOYEN TRÈS FAIBLE

PRÉSENCE D’OR DANS LES RIVIÈRES

> 1g/m3 0,2 g à 1g/m3

LOPÉREC

LE SEMNON SOURCE : BRGM

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LES TRÉSORS PERDUS EN BRETAGNE

Égarés ou cachés, des trésors seraient dissimulés dans la région. Petit listing.

FOUGÈRES Durant les invasions anglo-normandes au début du 12e siècle, Raoul II, alors baron de Fougères, aurait planqué une partie de ses richesses aux celliers de Landéan en pleine forêt fougeraise.

DOUARNENEZ Sur l’île Tristan, se trouverait le butin du brigand La Fontenelle qui y aurait enfoui, au 16e siècle, deux barils d’or.

CAMARET-SUR-MER En 1694, des troupes anglo-hollandaises en déroute auraient enseveli un trésor sur la plage du Trez Rouz. Au milieu du 19e siècle, quelques pièces furent découvertes par un pêcheur.

LE FAOUËT Marie Tromel, célèbre bandit du Finistère au 18e siècle, aurait enterré un tonneau rempli d’or au lieu-dit Le Vehut.

NIVILLAC En 1719, le marquis de Pontcallec aurait reçu du roi d’Espagne plusieurs milliers de pièces d’or. Si le marquis fut exécuté pour trahison envers le régent, son trésor resta introuvable. Le manoir de Lourmois et le château de Pontcallec pourraient l’abriter. 33


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ON A FAIT NOTRE PROPRE ALCOOL EST-IL POSSIBLE DE FABRIQUER SOI-MÊME DE LA LICHE ? OH QUE OUI ! BOUILLEURS DE CRU, DISTILLATEURS, BRASSEURS : LA PRATIQUE A SES ADEPTES. ON A ÉTÉ À LEUR RENCONTRE. 34

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et article est né d’une idée à la con : y aurait pas moyen de fabriquer notre propre alcool ? Quelques tutos existent sur YouTube et on trouve même une fiche dédiée sur le site Marmiton, mais comme on a complètement zappé nos cours de chimie et qu’on a moyennement envie de niquer une cuisine, on a consulté les Pages Jaunes. Bingo : le métier de distillateur existe. Le premier coup de fil est le bon : un certain Dominique Coudé nous donne rendez-vous un matin d’hiver dans la localité de Saint-Sevrant, dans le Morbihan rural. « Amenez du cidre avec vous et on verra ce qu’on peut faire. » On s’est donc démerdé à remplir un bidon de vingt litres qu’on a chargé dans le coffre de la voiture, et roule ma poule. Arrivés sur place, l’épaisse fumée qui se dégage de la chaudière se voit de loin. Avec en-dessous, une carriole sur

laquelle repose l’alambic que Dominique Coudé trimballe « huit mois de l’année, cinq jours sur sept », sur un rayon d’une vingtaine de kilomètres autour de Josselin où il réside. Il est l’un des vingt distillateurs encore en activité dans la région. Dans les années 50, ils étaient plus de 300…

« Suffit de suivre la recette » « Je me suis garé à côté d’un ancien lavoir car faut une réserve d’eau pour la colonne de refroidissement », précise le quinquagénaire, affairé à installer le matos alors que les premiers clients, prévenus par une petite annonce parue dans le journal, débarquent. En tracteur pour la plupart. L’équipement de Dominique Coudé est sommaire : une grande cuve où transférer le liquide à distiller – en l’occurrence du cidre –, chauffé par un foyer alimenté au bois, un chapiteau d’où s’échappent les vapeurs

« Attention hein, la gnôle,

c’est pas fait pour boire sec » 36

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d’alcool et un serpentin réfrigérant. À la sortie de la tuyauterie, c’est une liqueur plus ou moins pure qui s’écoule et qu’il est possible de doser grâce à un densimètre. Pour l’eau de vie de cidre (la « gnôle » en VO), le distillateur cale sa machine pour obtenir un liquide à 50°. « Attention hein, c’est pas fait pour boire sec ! », rigole un des clients arrivé en Massey Ferguson, avec dans sa remorque deux tonneaux de 225 litres. « C’est un restant de vieux cidre, explique l’agriculteur retraité, en trempant son doigt dans le filet de liche artisanal qui coule dans un seau. Plutôt que de le foutre à la douve, je le transforme. » En une vingtaine de minutes, la magie opère : le cidre est aspiré et passe dans la machine infernale pour obtenir de quoi remplir un tonnelet de 20 litres d’eau de vie, facturé 50 €, soit la rémunération du distillateur. Pas de taxe, le client étant venu avec une démarche signée de sa belle-mère. Ce « privilège du bouilleur de cru » remonte à l’époque napoléonienne et permet aux personnes ayant des arbres fruitiers sur leur propriété d’en


Photos : Bikini

être exonérées. « Mais ce droit a cessé en 1959, par conséquent il ne concerne plus que des gens au minimum septuagénaires, précise Dominique Coudé. Ça représente encore plus de 80 % de ma clientèle mais le pourcentage tend à diminuer, forcément… » Pour les autres, il leur faut s’acquitter d’une taxe assez dissuasive : 87 € les dix premiers litres d’eau de vie, 174 € au-delà. C’est ainsi que nos vingt litres de cidre, transformés en un litron de gnôle, nous ont été facturés une petite dizaine d’euros. Tout le monde peut-il faire comme nous ? « En théorie oui, mais il faut m’apporter la preuve que vous possédez un terrain avec des arbres fruitiers. » Pour chaque prestation, il réalise une fiche avec identité du client et numéro de cadastre, la pratique étant surveillée de près par les douanes… Si la distillation et la production d’alcool fort nécessitent ces autorisations, la réalisation artisanale de bière s’avère en revanche plus freestyle. C’est ainsi qu’on s’est retrouvé chez Julien, 22 ans, qui depuis la ferme de ses parents près de Redon brasse sa propre binouze. Le tout, à la cool et avec du matériel de récup’. 37


PAPIER

« Tout mon équipement est fait maison. J’utilise des vieilles marmites, des cuves de lait, des grilles d’engins agricoles…, énumère ce garçon qui, en l’espace de deux années, a déjà réalisé une quinzaine de brassins de 20 litres chacun pour lui et ses potes. J’ai eu très peu de ratés. Si tu respectes bien les phases de chauffe, de filtration et de fermentation, ainsi que les différents paliers de température, ce n’est pas très compliqué. Faire de la bière, c’est de la cuisine. Suffit de suivre la recette. » Une mousse “do it yourself” qui forcerait presque le respect tant il apparaît plus simple d’acheter un pack au Super U du coin. Bah ouais, pourquoi se faire iech’ alors que les rayons de nos supermarchés regorgent de bières aussi diverses que variées ? Julien, lui, ne voit pas vraiment la chose comme ça. « Au-delà du plaisir à faire sa propre bière, c’est l’envie de produire quelque chose de qualité qui me motive. Mes parents sont dans l’agriculture biologique, je suis donc sensibilisé. Et puis, j’ai toutes les matières premières sur place : blé,

orge, houblon, herbes… Un peu de normes et d’hygiène, mais ça me dans l’esprit des paysans-brasseurs : botterait bien. » Un pas qu’a franchi de la terre à la bière ». Dave Bednarowicz il y a un an en lançant La Belle Joie, l’une des « Ça vous brûle la langue ! » 600 micro-brasseries que compte Actuellement saisonnier, ce passionné actuellement la France. de botanique n’exclut d’ailleurs pas C’est à son domicile de Kervignac, de se lancer à 100 % dans la bibine. pas loin de Lorient, que l’autoEt rêve de commercialiser, un jour, entrepreneur a installé un espace une bière fine de dégustation. « En spécialement dédié à sa nouvelle m’équipant d’une cuve supérieure activité. « J’ai commencé en amapouvant produire 500 litres deux teur il y a une dizaine d’années, il fois par semaine, je pense que c’est a fallu du temps avant de prendre rentable. On serait sur un tout autre le coup de main et trouver les bons modèle, avec de nouvelles contraintes dosages. »

« L’EAU DE VIE, LA VODKA DU TERROIR »

DR

Le café-gnôle étant passé de mode, l’eau de vie de pomme a-t-elle un avenir ? Pour le Breton Thierry Daniel, du salon Cocktails Spirits, la réponse ne fait aucun doute : « C’est un produit qui a tout pour surfer sur la hype actuelle du “consommer local”. » De même qu’on aime faire son marché pour pécho des produits régionaux, l’alcool du cru a la cote. « Faut oublier l’image 38

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vieillotte du tord-boyaux du papy ivrogne, l’eau de vie est très appréciée dans les bars branchés de New York ou de Berlin, assure notre spécialiste. On peut considérer ça comme de la vodka de terroir. » Aux entrepreneurs, Thierry Daniel suggère de foncer : « Un bon spiritueux labellisé breton, ça peut cartonner. C’est une niche économique à développer dans l’avenir. » Et

aux consommateurs, il délivre ce conseil : « On est sur une palette aromatique prononcée, qu’on peut équilibrer avec un peu de sucre et de citron, façon pisco sour. En punch aussi pourquoi pas. » Reste sinon la bonne vieille recette de campagne : le 44 (photo), avec 44 morceaux de sucre, 44 grains de café et une orange plongée 44 jours dans de l’eau de vie. Pour les gourmets.


Photos : Bikini

Il a investi 25 000 euros pour s’aménager un petit local et acheter du matos de pro : cuves, mélangeur, fermenteur, pompes… « Ma dernière acquisition : une étiqueteuse, j’en pouvais plus de tout faire à la main ! » Pour sa première année d’activité, Dave a produit « 60 hectolitres de six sortes de bières, blonde, blanche, brune, ambrée, pale ale et tripel », ce qui fait un peu plus de 18 000 bocks de 33 cl qu’il vend sur les marchés et à certains restaurateurs du coin. « Faut le faire par passion, clairement, parce que pour l’instant je suis encore loin de me faire un Smic, souffle le quadra, ancien militaire. Heureusement qu’il y a les revenus réguliers de ma femme. » De quoi regretter de s’être lancé dans pareille aventure ? « Ah non ! C’est un vrai plaisir de faire déguster ses bières aux clients. » On peut confirmer à notre petit niveau, vu qu’on a aussi fini par goûter le litre de gnôle ramené de notre périple à Saint-Sevrant. Verdict ? « Faut le boire d’un cul sec, autrement ça vous brûle la langue ! »

Régis Delanoë avec Julien Marchand

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RDV

CHOCO POP EN 2010, MALGRÉ DE BELLES PROMESSES (ET UNE RÉPUTATION SULFUREUSE), LE GROUPE CHOCOLAT S’ÉTAIT MIS EN SOMMEIL. MAIS VOILÀ QUE CES MONTRÉALAIS RÉAPPARAISSENT AUJOURD’HUI SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE. PLUS SAGES QU’AVANT ? out avait bien commencé. En 2007, Chocolat déboule avec un EP remarqué par la critique québécoise et internationale. « Un enregistrement qui se tient bien, dans un style rock psyché à la Yardbirds », situe Jimmy Hunt, l’auteur, compositeur, interprète et, de fait, leader du groupe. Un an plus tard, c’est la confirmation avec la sortie de l’album, Piano Élégant, dans un style sensiblement différent, « plus fleur bleue ironique façon The Kinks, avec des compos en français ». La grosse tournée qui suit est aussi un succès pour Jimmy et les siens. 40

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« On est allé aux États-Unis avec Jay Reatard, c’était hyper cool. Je me souviens d’un show à New York sur invitation des Black Lips. » Un climax suivi de plusieurs mois de délitement entre 2009 et 2010 qui entrainera la mise en sommeil du groupe. La faute à une ascension mal gérée mais aussi à quelques coups de folie qui ont terni la réputation des loustics. S’agissant du buzz mal assumé (en VO non sous-titrée, débrouillez-vous), Jimmy confie : « On s’est retrouvé à jouer pour les Jeux olympiques de Vancouver. Un des fils de Bob Marley, Damian, était tête d’affiche, ça sentait le pot

dans le crowd qui était majoritairement venu pour écouter du reggae. Y avait un fume pas possible dans la salle, on était stone à la sortie du stage. 7 000 personnes, c’était énorme pour nous mais on n’était pas super à l’aise. » S’agissant de la réputation du groupe ensuite : « Il nous est arrivé de jouer les trouble-fête sur certaines dates au Québec. Un peu de casse dans les loges, ce genre. Quelques bières brisées et on raconte que t’as pissé sur du monde (sic)… » Un documentaire appelé ironiquement Élégance, sorti en 2009, retrace même les péripéties alcoolisées des cinq garçons.


John Londono

« Mais tout ça est derrière nous, promet Jimmy qui, depuis, a relancé l’aventure Chocolat, par désir de retrouver l’énergie bestiale d’un collectif. J’ai tourné un peu en solo à partir de 2010 mais c’était pas pareil. Quand je suis venu jouer en France, c’était un peu trop mou à mon goût. » Ah bon ? « Ouais, j’y ai fait quelques premières parties pour un chanteur qui s’appelle Thomas Fersen, tu connais ? » Ah ouais, ok. Cette fois c’est donc avec ses comparses que le gars Jimmy va revenir dans nos contrées au printemps défendre le nouvel album, Tss Tss, enregistré courant 2014 et sorti en début d’année par le très réputé label Born Bad Records. « C’est un retour aux sources du premier EP sorti en 2007, précise le grand dadais chevelu. On est sur du rock psyché à tendance garage, même si j’arrive jamais à vraiment savoir si c’est un terme péjoratif ou flatteur… » Régis Delanoë Le 23 mai à Art Rock à Saint-Brieuc 41


RDV

ELVIS, IL PERCE PIERRE GUÉNARD EST ARRIVÉ DANS LA MUSIQUE NON PAS POUR S’OCCUPER MAIS PAR VOCATION. SI SON GROUPE, RADIO ELVIS, COMMENCE À BIEN CARTONNER, IL SAIT COMBIEN IL FAUT CRAVACHER POUR DURER. ONE FOR THE MONEY, TWO FOR THE SHOW.

DR

Sans vouloir trop se moquer, le Pierre Guénard d’il y a cinq ans n’envoyait pas trop du rêve. Il vivait à Parthenay, riante cité des DeuxSèvres, et pratiquait le slam. Mais il a envoyé valser les deux pour rejoindre Paris et opter pour le chant. Le jeune homme est sérieux, limite grave, quand il évoque son parcours. « J’ai eu l’envie de rompre avec ma vie d’avant pour tenter de percer dans la musique, explique-t-il. Ça fait cliché mais c’est un peu ma raison de vivre. Après le Bac, j’ai enchaîné les petits boulots, je cherchais ma voie et finalement j’ai fini par la trouver en composant. » Le spoken word des débuts s’enrichit de mélodies. Colin, un ami de lycée, et Manu, rencontré au détour d’un studio, l’accompagnent pour fonder un groupe, un vrai, qu’ils baptisent Radio Elvis. « Faut du temps pour trouver le bon rythme de croisière. S’entourer des bonnes personnes, apprendre à se connaître et à se faire confiance, choisir les mélodies, se détacher de ses influences pour composer un truc à soi, singulier, reconnaissable… Une signature. » Il cite néanmoins volontiers quelques référents musi42

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caux : « Dominique A, Jean-Louis Murat, 16 Horsepower, les grands classiques Brel et Bashung… » Romantique assumé au profil de poète maudit, Pierre Guénard se veut néanmoins lucide dans le discours. « Avec notre premier EP, Juste avant la ruée, on a bénéficié en 2014 d’une belle exposition – Inrocks Lab, Fair, SFR Jeunes Talents – et fait quelques bonnes dates (comme les Bars en Trans en décembre, ndlr). Mais attention à l’effet buzz. Avec Internet en plus, c’est amplifié : les gens matent un clip, accrochent mais peuvent vite passer à autre chose. Le grand défi, c’est de durer, constituer un public de fidèles. » Alors fini les rêves, place au pragmatisme. « La musique, c’est pas le monde des Bisounours, hein, constate-t-il. T’as des enjeux financiers, médiatiques… J’ai arrêté tous mes boulots d’à côté pour tenter l’aventure à fond, avec un maîtremot : la générosité. On n’est pas là pour faire un coup sans lendemain. » Régis Delanoë Le 3 avril aux Arcs à Quéven Le 8 avril à Mythos à Rennes


Julien Brachhammer

FRAIS COMME UN GORDON

ÇA BOUGE PAS MAL EN CE MOMENT POUR LE BEATMAKER BRETON, PETIT FRÈRE DE FAKEAR ET SUPERPOZE. Beaucoup ont découvert Marc, aka Les Gordon, lors de la première partie de Stromae aux Trans 2013. « Forcément un super souvenir. Jouer devant 7 000 personnes, ça marque bien sûr. Les gens ne venaient pas pour moi, mais ça s’est bien passé, se rappelle ce garçon de 30 ans, originaire de Fougères. Ça m’a servi d’accélérateur et m’a boosté pour bosser sur mon EP Saisons, sorti l’été dernier. » Une production électro acoustique, influences « Four Tet, Dinosaur, Bonobo, Gold Panda », qui rapproche cet ancien du conservatoire de Saint-Malo (où il a appris le violoncelle pendant dix ans) de la nouvelle génération de beatmakers français menée par Fakear, Superpoze et Thylacine. « On compare souvent ma musique à la leur. Il y a des points communs mais j’essaie d’y apporter un côté plus pop, avec notamment beaucoup de guitares. » Une esthétique qui a séduit le tourneur Allo Floride qui l’a récemment intégré à son catalogue. « Ça m’a permis d’être booké sur Paris, à L’International et au Social Club entre autres. Une bonne façon de prendre le pouls pour la suite. Avec, j’espère, des dates dans quelques festivals cet été. En attendant, je sortirai au printemps un nouvel EP. » Le 18 avril au Don Jigi Fest à Vitré 43


Kyle McDonald

RDV

LE GOÛT DES AUTRES LE CALIFORNIEN KYLE MCDONALD, VALEUR SÛRE DE L’ART NUMÉRIQUE, PRÉSENTE « SHARING FACES ». UNE SORTE DE MIROIR INTERACTIF QUI, APRÈS LE JAPON ET LA CORÉE DU SUD L’AN PASSÉ, S’APPRÊTE À INVESTIR LE MÉTRO RENNAIS. Comment est né Sharing Faces ? Toutes les histoires qui nous interrogent sur notre relation aux autres me touchent. C’est ce que j’ai essayé de faire avec Sharing Faces. Je voulais concevoir une installation où chacun pouvait se questionner sur son lien avec autrui et se poser des questions sur ce que représente l’autre à ses yeux.

Est-ce que vous rêvez de l’installer dans un lieu particulier ? J’ai été marqué par le travail de l’artiste JR qui, en 2007, avait exposé des portraits monumentaux de Palestiniens et d’Israéliens sur le mur de séparation. Cela peut sembler très naïf de s’attaquer à un problème si complexe avec Après avoir connecté des personnes tant d’optimisme mais l’espoir est de pays différents, Sharing Faces quelque chose de contagieux. Cette Comment ça marche ? va mettre en relation des habitants expo a permis à certains de voir les Devant un miroir, tout le monde d’une même ville. Vos attentes sont- choses différemment. Si j’en avais veut voir son propre reflet. J’ai donc elles différentes à Rennes ? l’opportunité, je serais forcément voulu inverser la chose en renvoyant J’ai toujours l’espoir que cela donne heureux que Sharing Faces puisse l’image de quelqu’un d’autre. Ici, envie aux gens d’aller à la rencon- en faire autant. deux écrans situés dans des lieux trer de l’autre et d’échanger avec Recueilli par différents fonctionnent comme des lui. Quels que soient les pays et Julien Marchand miroirs interactifs. Le visage et la leurs histoires. Sharing Faces leur position de l’utilisateur sont détectés en donne l’occasion mais ce sont Du 2 avril au 3 mai et, grâce à un algorithme, la photo aux utilisateurs de se l’approprier. dans le cadre du festival Bouillants 44

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d’une personne ayant la même posture et la même expression s’affiche. Lors de la première expérience entre le Japon et la Corée du Sud, ce sont plus de 400 000 portraits qui avaient été pris. Une base de données conséquente qui avait permis une utilisation optimale du système.


DR

NOUVEAU NOM POUR NOUVELLE VIE

CONSTANCE EST NÉ DES CENDRES D’OLYMPIA FIELDS. VRAI NOUVEAU PROJET OU SIMPLE CAMOUFLAGE ? « Constance, c’est un nouveau groupe, pas un simple changement de nom », prévient d’emblée Micka, le guitariste, qui s’explique : « Les membres sont les mêmes qu’Olympia Fields mais c’est le seul point commun. On est passé d’un chant anglais au français, et musicalement d’une pop assez enjouée à quelque chose de plus froid, plus sombre, entre new-wave et shoegaze. » Et pas question non plus de voir ça comme un calcul pour relancer une machine qui finissait par tourner à vide : « À la limite, il y a même une plus grande prise de risque à repartir de zéro et dans un style plus exigeant. Mais vraiment, on s’en fout, du moment qu’on joue enfin ce qui nous plaît. Constance, c’est nous sans qu’on se force, ce qui finissait par ne plus être le cas avec Olympia Fields. » Un groupe qui a quand même permis aux cinq zozos d’emmagasiner un peu d’expérience. « Jouer en première partie des Naïve New Beaters, ça reste un moment fort », rembobine Micka, qui se projette sur les échéances à venir, « notamment une soirée à l’Échonova où on partage l’affiche avec Kid Wise. Une belle date pour un groupe naissant. » Le 30 avril à L’Échonova à Saint-Avé 45


RDV

À LA FRAÎCHE NOUVELLE VENUE DANS LE HIP-HOP FRANÇAIS, SIANNA, 19 ANS, A TOUT POUR FAIRE PARLER D’ELLE EN 2015. À SON AGENDA : LA SORTIE D’UN PREMIER EP ET UNE BELLE TOURNÉE AU PRINTEMPS QUI LA FAIT REVENIR EN BRETAGNE.

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« Quand tu es une fille et que tu veux faire du rap, il faut avoir du cran. Ne pas avoir peur de choquer, rester authentique. Beaucoup de filles ont trop écouté les critiques, se sont un peu auto-censurées, et n’ont donc pas percé. Moi, je fais juste mon truc et on verra bien. » Forte d’un premier EP éponyme sorti il y a quelques semaines et d’un flow qui pète le feu, la jeune femme s’est notamment vu confier les premières parties de Soprano et de Joke.

Avant un prochain retour en avril à Rennes qu’elle a découverte lors de son passage aux Bars en Trans 2014. « C’était mortel ! Je ne savais pas vraiment si le public allait adhérer. Dans les festivals, le rap, c’est souvent compliqué. Mais là, quand je suis sortie de scène, j’avais le pull trempé de sueur. C’est généralement bon signe. » Brice Miclet Le 10 avril à L’Antipode à Rennes dans le cadre du festival Mythos

Fifou

epuis quelques années, le rap français est un joyeux merdier. Entre les différentes chapelles, le retour des anciens, les clashs et la place revendiquée de chacun dans le rap game, pas facile d’y voir clair. C’est dans ce contexte, bien éloigné de celui de l’âge d’or des nineties, que débarque Sianna, une jeune Beauvaisienne de 19 ans. Issue de la génération qui pourrait considérer les Lauryn Hill et les EVE comme des vieilleries, l’ancienne meneuse du groupe Crack House jette un regard lucide sur la scène actuelle. « Les rappeurs de mon âge ont pris de plein fouet l’arrivée de la trap dans le rap, et toutes les facilités que ça peut engendrer. Mais je n’ai pas forcément voulu rentrer dans ce moule. » Depuis quelques années, la vague trap a en effet envahi le hip-hop français, enfantant les Jul, Kaaris et consorts. Et même si elle tente de s’en démarquer, Sianna n’échappe pas au phénomène. « C’est vrai qu’avant, il y avait beaucoup plus de contenu dans les lyrics, plus de sens et de poésie. Il y en a qui le font toujours mais, surtout, chacun voit la poésie comme il l’entend. » Une chose n’a cependant pas changé : Sianna fait toujours partie des rares meufs à percer dans le milieu.


Pascaline Eaumond

« DONNER VIE AUX ALIMENTS »

DANS « SENSITIVE EXPLOSION » DELPHINE HUGUET, FOOD DESIGNER, CUISINE AVEC DES HAUT-PARLEURS. C’est quoi le food design ? C’est une démarche qui considère la nourriture comme un matériau comme un autre. Et qui peut être utilisé comme les designers le font avec le bois, le métal, etc. Disons qu’il y a deux grands pôles de création. La conception de nouveaux produits pour l’industrie agroalimentaire et les artisans. Puis, le design d’auteur où on crée des installations, des scénographies (pour un buffet par exemple) qui permettent de faire passer des messages ou de travailler sur des thématiques. Avec Sensitive Explosion, le design culinaire devient aussi un spectacle… Je voulais mettre la nourriture en mouvement, elle qui d’habitude est statique. J’ai donc commencé à travailler avec des haut-parleurs. Les ondes donnent vie aux aliments. En bossant sur ce projet avec Vivien (l’un des deux autres auteurs, ndlr), on souhaitait que les spectateurs soient happés par tous leurs sens : la vue, le son, l’odorat, le goût… L’ingrédient le plus intéressant ? Les poudres ont de jolis effets car, en fonction des ondes, elles créent des dessins différents, parfois géométriques. C’est assez fascinant. Le 23 mai à la MPT de Penhars à Quimper 47


VTS

VIDE TON SAC

VIVEMENT LUNDI ! LES AFFAIRES TOURNENT À FOND LES BALLONS POUR LA SOCIÉTÉ DE PRODUCTION RENNAISE VIVEMENT LUNDI. DERNIÈRE PREUVE EN DATE : LE PRIX REÇU CET HIVER AU PRESTIGIEUX FESTIVAL DE SUNDANCE POUR LE COURT MÉTRAGE D’ANIMATION « TEMPÊTE SUR ANORAK ». L’OCCASION DE REVENIR AVEC JEAN-FRANÇOIS LE CORRE, PRODUCTEUR ET COFONDATEUR, SUR LES RAISONS DU SUCCÈS.

« LE COURT MÉTRAGE D’ANIMATION, UN LABORATOIRE »

« EN 48 HEURES LA SOCIÉTÉ ÉTAIT CRÉÉE »

« Vivement Lundi est né de l’arrêt de Lazennec Bretagne, la société audiovisuelle historique dans la région, qui est notamment à l’origine de la création de l’émission C’est pas sorcier et a lancé des jeunes réalisateurs comme Mathieu Kassovitz. Il y avait un vide, on l’a réoccupé en 48 heures en reprenant la production du court d’animation L’Homme aux bras ballants. Un film signé Laurent Gorgiard avec un certain Yann Tiersen à la B.O pour sa première expérience du genre. Il a rencontré un succès immédiat, remportant de multiples prix dont le FIPA d’Or en 1998 et le Prix spécial du jury au Festival d’Annecy la même année. Une telle réussite a permis de mettre la société naissante immédiatement sur les bons rails.. » 48

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« Vivement Lundi depuis sa création, c’est une centaine de productions dont pas mal de courts métrages d’animation : Le Petit dragon, Cul de bouteille, Tempête sur anorak... C’est un laboratoire, un lieu de formation des auteurs, avec une grande liberté pour faire de la création originale qui peut attirer l’attention des festivals. On ne gagne pas d’argent avec le court mais en termes de notoriété c’est très important, tout en permettant à des jeunes talents de se faire la main. »


« RENNES DEVANT NANTES »

« Le système centraliste français fait que 85 % de l’activité audiovisuelle est à Paris. Mais on a réussi à fédérer les talents du coin : réalisateurs, scénaristes, monteurs… On a aussi la chance d’avoir le siège de France 3 Ouest ici. Et si tu rajoutes d’autres diffuseurs comme TV Rennes, tu te retrouves avec un dynamisme plus important à Rennes qu’à Nantes en matière d’audiovisuel. Tous ces ingrédients font qu’on peut continuer à travailler ici, même si le TGV a souvent été dans notre deuxième maison. »

« ÇA PEUT CONNAÎTRE UN SUCCÈS INTERNATIONAL »

« UN DÉCLIC AVEC POK & MOK »

« On a aujourd’hui trouvé notre rythme de croisière avec une trentaine de personnes employées, un chiffre qui peut varier en fonction des projets. L’année 2011 a été marquante pour deux raisons. D’abord la reconnaissance de nos pairs avec le Prix Procirep (la plus prestigieuse récompense dans le domaine de la production TV en France, ndlr), que n’avait jamais remportée une société hors de la région parisienne. Ensuite, le succès de notre première série d’animation Pok & Mok, qui a été diffusée sur Canal +. Il y a eu une étape de franchie : on continuait à faire de la création originale tout en réussissant à rencontrer un public large. »

« Actuellement on foisonne de projets ! On planche notamment sur la deuxième saison de Dimitri, qui peut connaître un succès international. On travaille aussi sur Bienvenue à Bric-à-Broc, une autre série pour Canal, et sur La science des soucis, un cartoon déjanté développé pour France 4… Et puis, on espère sortir aussi dans les salles un docu historique et musical consacré au fascinant poète Gil Scott-Heron. »

« PAS DANS LA MÊME COUR QUE PIXAR ET DISNEY »

«Les États-Unis restent un incontournable dans le marché de l’audiovisuel. On y met régulièrement les pieds grâce aux courts d’animation : les présélections des Oscars en 2012 (Cul de bouteille), le festival de Sundance (Tempête sur anorak primé en janvier dernier, Le Petit dragon en compétition en 2010)... Quand tu sais que chaque année Sundance reçoit 8 000 courts pour n’en retenir que 60, c’est une fierté quand même ! Et puis tout est “huge” là-bas, hyper calé, très pro, c’est pas désagréable même si c'est un univers bien loin du nôtre. On ne se considère pas comme jouant dans la même cour que Pixar et Disney... » 49


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AGENDA

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Petites cellules chaudes

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KEVIN MORBY

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DJ MASEO

Le monde part en couille alors il n’y a aucune honte à se réfugier loin du climat de violence ambiant. Les douces ballades rétro sixties de Kevin Morby sont ce doudou qui permet de retrouver un sommeil paisible. Un seul morceau pour te convaincre : All of my life. Ayé, t’es en paix ? Ben tu vois.

Depuis 18 ans, le festival briochin porte haut et fort les couleurs de la musique africaine. Un rendez-vous à part dans le paysage breton fait de découvertes et de curiosités qui, cette année, invite notamment Janice in the Noise (photo) et Le Bal de l’Afrique enchantée. Les auditeurs de France Inter like this.

Quinze personnes autour d’une table qui partent à la rencontre d’inconnus sur Chatroulette, le site de rencontres par webcam le plus fascinant mais aussi le plus flippant du web. Un spectacle conçu comme une expérience qui nous questionne sur les notions d’intimité, de voyeurisme et de connectivité.

Il s’appelle Vincent Mason, se fait surnommer DJ Maseo mais il est surtout connu pour être un des membres fondateurs des mythiques De La Soul. Il a aussi collaboré avec Damon Albarn pour Gorillaz. Bref, on parle là d’une putain de légende que le festival Dooinit a réussi à faire venir en BZH.

Au théâtre Louis Guilloux à St-Brieuc Le 2 avril

À l’Ubu à Rennes Le 4 avril

DR

Dan Aucante

À Saint-Brieuc Les 17 et 18 avril

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Au Manège à Lorient Le 27 mai

IT IT ANITA

BARBE NEIGE...

SET & MATCH

MOVIE STAR JUNKIES

La Belgique, ses bières trappistes, sa friture et sa scène rock avec ses innombrables groupes qui butent. Dernier exemple en date : It it Anita, dans un style bien stoner, à l’affiche de la 13e édition du festival Roulements de tambour, le même soir que We Insist!

… et les sept petits cochons au bois dormant. Prenez le meilleur (et le pire !) des contes, mettez le tout dans un shaker et avalez cul sec ce joyeux cocktail. C’est la recette du spectacle de la chorégraphe italienne Laura Scozzi qui fout un grand coup dans les youk de nos histoires d’enfance.

Actuellement en pleine bourre, les trois Montpelliérains s’apprêtent à sortir leur album Cosy bang bang. L’occasion pour les gaziers de s’affirmer comme les meilleurs ambassadeurs d’un rap hédoniste et ensoleillé. Sortez les olives, le pastis et les glaçons, on arrive.

Les cinq Italiens sont de retour. Revenus il y a peu avec un 3e album, Evil Moods, les garçons n’ont rien perdu de leur superbe. Après une période d’accalmie, ils semblent même s’être encanaillés. Résultat : leur garage-pop titubante tape là où il faut. Oh oui.

Au 1988 Live Club à Rennes Le 17 avril

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Les 7 et 8 avril au théâtre de Lorient Le 28 avril au Carré Magique à Lannion

À Mythos le 10 avril, L’Échonova le 11, Art Rock le 24 mai

À La Carène à Brest Le 2 mai




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