AVRIL-MAI 2012 #6
TEASING
À découvrir dans ce numéro... « L E S B A R S Q U I S E N T E N T L E V I E U X »
MASCOTTES
CAMPING SIESTE CRAPULEUSE CONCERTS SOUS CASQUES
GALETTE SAUCISSE
« A P R È S AV O I R S I F F L É U N E B O U T E I L L E D E B E A U J O L A I S »
POP LOUANGE
SITES DE RENCONTRE COUPLES ILLÉGITIMES
« L E M O RT, IL N’EST PAS CHIANT » PASSER PAR LES PETITES ROUTES
ÉDITO
ANNIVERSAIRE Un gratuit d’information, indépendant, régional, ciblé 18-35 ans. Il y a un an, Bikini sortait son premier numéro et prenait un créneau jusqu’alors laissé libre dans la presse bretonne. Notre volonté était de proposer un magazine au contenu nouveau et ainsi de nous positionner en complément des autres titres. Depuis, nous nous sommes efforcés à défendre l’identité éditoriale que nous nous étions fixée. Une rigueur qui s’est avérée une obligation : notre ton, notre approche, notre traitement de l’info restent les meilleures armes pour fidéliser notre lectorat, que l’on remercie de nous suivre, et ainsi justifier notre place. Lancer un nouveau média est cependant loin d’être une évidence. Surtout lorsqu’il s’agit d’un gratuit dont les seules recettes sont publicitaires. L’information a un prix, produire des articles prend du temps, l’éditorial a un coût. Si Bikini fête sa première année, c’est grâce aux annonceurs et partenaires qui ont cru en l’intérêt d’un titre comme le nôtre. Nous les remercions de leur confiance et la prenons pour un encouragement à continuer dans cette voie. Ça tombe bien : on en a l’intention. La rédaction
SOMMAIRE 6 à 17 WTF : mousseux, ex-membre, prix d’un festival, mascottes, camping, sites de rencontre, lecture, 5 à 7 dans les hôtels, classiques au théâtre, chanteurs masqués, concerts sous casques, auto-stop, corbeille... 18 à 25 De la cuite dans les idées 26 à 31 « C’est dit dans l’Évangiiile !!! » 32 & 33 Galette saucisse 34 à 37 Des jobs mortels 38 à 47 RDV : C2C, Bouzard, Amon Tobin, Wankin’ Noodles, Thomas VDB et Breton 48 & 49 Vide ton sac... Stunfest 50 BIKINI recommande
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avril-mai 2012 #6
Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Isabelle Jaffré, Jasmine Saunier, Benoît Tréhorel / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Photographe : Justin Bihan / Consultant : Amar Nafa / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (Saint-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Glen Recourt, The Westport Inn, Matthieu Noël, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2012.
WTF
PEU-RA
QUEL EX-MEMBRE ALLER VOIR ?
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LES GROUPES QUI LES ONT FAIT CONNAÎTRE SONT MORTS OU EN SOMMEIL. POURTANT, ILS CONTINUENT À FAIRE DE LA MUSIQUE. SOLO, DUO OU NOUVELLE FORMATION : PAS FACILE DE SE DÉBARRASSER D’UN EX.
Maxime Brunet
Débuté le 27 mars, le festival rennais de rap Dooinit, troisième du nom, se termine en feu d’artifesse. Au programme : Lords of the Underground le 5 avril à l’Antipode, OC et Apollo Brown le 6 au 4Bis et Ali Shaheed d’A Tribe Called Quest le 7 à l’Ubu.
EX-TAXI GIRL
DR
AGRILOL
Mettre des légendes débiles sur des photos agricoles : la page Facebook Prise de choux, imaginée par un Malouin, fait dans l’humour paysan et compte (putain quand même) 6 500 fans. Certaines illustrations nous ont bien fait golri, comme celle des bébés chats dans le sac. Miaouuu.
PETIT MAIS ZOLI
aux bleds
Entre Panoramas et Art Rock, le festival des Petites Folies impose sa deuxième édition au calendrier. C’est organisé du 16 au 20 mai dans différents patelins du Pays d’Iroise. À retenir la présence de Bumpkin Island à LampaulPlouarzel le vendredi soir. 6
avril-mai 2012 #6
La France du début des années 1980 s’enamoure de la new wave romantique, avec Elli & Jacno, Marquis de Sade, Taxi Girl… La vie mouvementée du groupe de Mirwais et de Daniel Darc s’achève en 1986. Pas celle de ce dernier, pourtant marquée par une propension à s’en foutre plein les nasaux et les veines. Opéré en 2004 avec Crèvecœur, le retour en grâce de Darc se confirme fin 2011 avec La taille de mon âme. Pour qui ? Les gueules cassées et ceux qui rêvent de l’être. Si vous aimez ? L’absinthe Où et quand ? Le 7 avril au festival Mythos (Rennes)
EX-TTC
Décembre 2006 : Teki Latex, Cuizinier, Tido Berman et DJ Orgasmic sortent 3615 TTC, le troisième album d’un des groupes phares de la scène rap dite alternative. Ce disque divise les fans, avant de diviser lui-même le groupe. Fondateur d’Institubes, label hip-hop et électro aujourd’hui éteint, Teki (photo) confirme son penchant pour la musique club en montant Sound Pellegrino, nouveau label 100 % house, et en s’associant avec Orgasmic pour ses prestations live. Pour qui ? Les mecs qui portent des polos fluo. Si vous aimez ? La vodka/Red Bull Où et quand ? Le 6 avril à Panoramas
EX-TRASHINGTON DC
Ces keupons brestois avaient fait leur tournée d’adieu au printemps 2011, mettant fin à une aventure aussi hardcore que rigolote (côté anecdotes : l’un des gars coincé dans la cheminée du Mondo Bizarro. Obligé d’appeler les flics). Depuis, Goose, un des membres, s’est embistrouillé dans un nouveau groupe rennais : The Decline. Formation punk-rock plutôt tonique. Pour qui ? Ceux qui n’hésitent pas à mettre des bourre-pifs en fin de soirée. Si vous aimez ? Le Jägermeister Où et quand ? Le 27 avril à Andel’Ir et le 18 mai à La Citrouille (St-Brieuc)
Bikini
ÇA SE BOIT TOUJOURS LE POL RÉMY ?
LES MOUSSEUX BAS DE GAMME VOIENT LEURS VENTES CHUTER. EN BRETAGNE, ILS RÉSISTENT. Le Journal du Net a publié dernièrement une étude de l’institut Nielsen sur les habitudes alimentaires des Français. Parmi les particularités bretonnes : un goût certain pour les vins mousseux. Par rapport à la moyenne nationale, nos départements affichent des consommations supérieures : + 48 % pour l’Ille-etVilaine, + 84 % pour le Finistère, + 108 % pour le Morbihan et, enfin, + 133 % pour les Côtes d’Armor. Au rayon des bulles pas chères, il existe une marque incontournable : Pol Rémy. Une gamme commercialisée par Patriarche, l’un des leaders du marché. Alors, le mousseux, ça marche bien ? « Il y a deux tendances actuelles au niveau national, répond Élodie Rio, chef de produits à Patriarche. D’un côté, les vins effervescents qualitatifs au prix moyen de 5 € qui voient leurs ventes augmenter. De l’autre, les mousseux basiques, dont le prix varie entre 1,5 et 2,5 €, qui eux connaissent un recul. » Les consommateurs, tous tentés par les prix moyens ? Même les étudiants, « cible principale » de Pol Rémy ? Il semblerait : selon une étude de FranceAgriMer, « les vins sans appellation séduiraient moins les plus jeunes ». 7
WTF
UN FESTIVAL DE MUSIQUE, COMBIEN ÇA COÛTE ? CACHETS D’ARTISTES, PROMOTION, FRAIS DE PRODUCTION... COMMENT SE COMPOSENT LES DÉPENSES D’UN FESTIVAL MUSICAL ? EXEMPLE AVEC PANORAMAS DONT LE COÛT TOTAL DE L’ÉDITION 2012 S’ÉLÈVE À PRÈS DE 700 000 EUROS.
227 510 € ARTISTIQUE 33 % du budget. Cela comprend les contrats avec les artistes et tous leurs à-côtés (transports, hébergement, repas...) « Ça a toujours été notre principal poste de dépense. Il augmente sensiblement cette année car on a une programmation plus riche le vendredi et, aussi, parce que les cachets d’artistes grimpent », explique Eddy Pierres, le directeur du festival. Une hausse qu’il observe notamment chez les artistes électro depuis deux années.
67 529 € FONCTIONNEMENT 10 % du budget. Cela englobe une partie des frais de fonctionnement du festival et de l’association qui organise Panoramas. Cela comprend aussi les salaires de l’équipe de production : les permanents de l’asso et les régisseurs généraux. La régie s’occupe du travail de logistique et reçoit les demandes techniques des productions d’artistes.
47 500 € TAXES 7 % du budget. Il s’agit de la Sacem (droits d’auteur) et du CNV (taxe dont est redevable tout organisateur de spectacle).
80 598 € ACCUEIL ET SÉCURITÉ
30 056 € COMMUNICATION ET PROMO 4 % du budget. « Par rapport à d’autres festivals, on a un budget ridicule pour la promotion. On essaie globalement de diminuer le papier pour privilégier le Net où on communique le plus tôt possible », précise Eddy Pierres. Un tiers de ce poste est consacré à l’achat d’espaces publicitaires, ce qui en fait la première dépense de communication. 8
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181 025 € TECHNIQUE 26 % du budget. On retrouve là tout ce qui concerne la location de la salle et sa mise en service (son, lumières, matos pour la scène). Ainsi que l’aménagement du site et l’accueil du public (déco, sanitaires...)
12 % du budget. « Le festival grandit. Les exigences de sécurité de la part des autorités sont donc plus importantes et précises. » Ces efforts en terme d’accueil correspondent aussi à un souhait de l’orga, avec la mise à disposition de navettes et d’agents de prévention (secouristes, cavaliers sur les parkings...)
57 000 € BAR, RESTAURATION ET MERCHANDISING 8 % du budget. « Cette année, précise Eddy, nous augmentons les dépenses liées aux aménagements pour faire, par exemple, un vrai espace restauration assis. »
Celibouest
L’ AMOUR EST DANS LE PRÈS ?
PLUSIEURS SITES DE RENCONTRE TENTENT DE JOUER LA CARTE RÉGIONALE. AVEC SUCCÈS ? « Le lancement de Celibouest est une réussite, ça se développe bien. » Michel Villemin a la banane : le site de rencontre qu’il a lancé en 2011 cartonne. « On fait dans le matrimonial sérieux, avec de la modération et des photos clean, pour éviter les débordements, les gars mariés, tout ça… » Résultat : déjà 35 000 inscrits. « Le critère régional fonctionne car c’est plus humain, les annonces ne sont pas noyées dans la masse et on peut plus facilement se rencontrer en vrai. » Ce qui est quand même le but, au final. Nettement moins jouasse, Céline Ridard a été contrainte dernièrement d’abandonner le projet Breizh Affinity, site qu’elle avait lancé en 2010. « Il m’a manqué du temps et de l’argent, déplore-t-elle. Le budget pub est énorme si on veut se faire connaître. » Dommage, elle s’était pourtant lancée dans un créneau « novateur en Bretagne » : l’organisation de speed-dating. « Mais financièrement c’est pas viable, d’autant que beaucoup d’inscrits profitaient seulement des deux semaines gratuites et coupaient leur compte après. » L’amour oui, tarifé plutôt crever. 9
WTF
LES CONCERTS SOUS CASQUES SONT-ILS SI COOL ?
DEVIL EN CAMPAGNE
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FINI LES GROSSES SONOS ET LES ENCEINTES. PLACE AUX ÉCOUTEURS QUI VOUS RETRANSMETTENT LE CONCERT EN DIRECT AU CREUX DE VOTRE TYMPAN. Y’EN A DE PLUS EN PLUS. MAIS EST-CE SI BIEN ?
Le festival Motocultor de Theix (56) prend de l’ampleur et fait venir des noms réputés de la scène métal. On préfère retenir les plus rigolos d’entre eux, avec déjà annoncés pour l’édition d’août 2012 : Sublime Cadaveric Decomposition, Immolation et Cattle Decapitation. Miam !
C. Hélie/Gallimard
Silents Events
DÉTONNANT VOYAGEUR
Du 26 au 28 mai à Saint-Malo se déroule le festival du livre Étonnants Voyageurs. Parmi les invités : Karim Madani, ex-journaliste hip-hop, qui vient présenter son nouveau roman, Le Jour du Fléau. Un polar bien glauque pour accompagner l’arrivée du printemps.
AGATHE THE BLUES
come-back Le Cool Soul Festival, événement itinérant, fait étape à St-Brieuc. La tête de gondole de la soirée n’est autre que Wraygunn, le groupe de The Legendary Tiger Man, qui avait enflammé le forum de La Passerelle lors du festival Art Rock 2011. Welcome back, gros. À La Citrouille les 6 et 7 avril. 10
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Vivre un concert avec un casque a ses avantages : la possibilité de régler le volume, de changer de canal et ainsi de DJ, de discuter avec ses potes sans devoir crier.... « Pour le public, le confort est total. L’écoute est moins physique, plus cérébrale », explique Arno Gonzalez. Le DJ angevin a été pas mal séduit par cette première expérience à l’Apero in Silencio d’Astropolis, en janvier à Brest. Directeur de la Muse en Circuit, David Jisse tourne lui depuis plus de sept ans avec une production de trois musiciens. « Les gens nous parlent souvent de voyage personnel. Le son arrive directement au creux de l’oreille, c’est très intime. Et en même temps, ils partagent car ils voient d’autres personnes autour d’eux. » L’artiste apprécie le public « tous azimuts » que le spectacle draine. Des habitués de la musique contemporaine aux jeunes, attirés par le côté marrant et original des casques.
Le principal bémol : le silence ambiant qui empêche de se lâcher. « Les gens n’osaient pas trop danser, a pu observer Jeanne, chargée de prod’ pour Astropolis. Pour Arno Gonzalez, « le travail de mix doit se faire uniquement au casque. Ça demande un temps d’adaptation mais rien d’insurmontable ». Les contraintes techniques aussi peuvent poser problème. « Trois canaux, c’est trois émetteurs d’ondes différents. Ce n’est pas toujours facile mais nous arrivons aujourd’hui à sonoriser tout type de lieux, explique Bertrand Riguidel de Silence Events, boîte spécialisée dans ces événements. Pour le public enfin, reste à faire gaffe au moment de commander un verre. Car, avec son casque, on se retrouve vite à hurler. La règle : godet = oreilles dégagées. Isabelle Jaffré La Muse en Circuit, le 12 mai au festival Sonik, Théâtre de Cornouaille à Quimper
Bikini
FAUT-IL RESTER AU CAMPING EN FESTIVAL ?
CERTAINS FESTIVALIERS DÉCOLLENT RAREMENT DE LEUR CAMPEMENT. FAUT DIRE QU’IL Y A DE QUOI FAIRE. MUSIQUE Face à des campeurs qui préfèrent le cubi à Cali, certains festivals se sont mis à développer des animations au milieu des tentes. Comme aux Vieilles Charrues où depuis 2011 un village a été installé. Chaque jour, les Jeunes Charrues s’y produisent. Même topo à Andel’Ir dont la prochaine édition sera dotée d’une programmation pour son camping. Julien Tiné y assurera un DJ set. « Avant, on proposait des animations en journée au festival, explique l’orga. Le problème, c’est qu’entre le camping et le site, il y avait le bar du village… »
JEU Souvent à l’initiative de partenaires, des jeux occupent également l’aprèsmidi. On pense à l’animation recyclage lancée par Kro aux Charrues.
CONCOURS Certains festoches voient leurs spectateurs prendre les choses en main. Meilleur exemple : les concours d’aquasplash (une bâche, de l’eau savonneuse et des gaziers torse poil qui s’élancent dessus) devenus dans certains campings, comme celui du Bout du Monde, une institution. 11
WTF
« ELLE FOUT LES BOULES CETTE MASCOTTE » CES TROIS PELUCHES GÉANTES ONT POUR BUT D’AMUSER LA GALERIE AVANT LE MATCH ET À LA MI-TEMPS. MISSION RÉUSSIE ? ON VOIT ÇA AVEC FRÉDÉRIC BOUÉ, DE LA SOCIÉTÉ DE MARKETING SPORTIF QUATERBACK. DINGER
La recrue du mercato hivernal du Stade Brestois a été présentée avec fierté : « Le pirate véhicule une image de combattant et de bravoure tout en étant rusé pour pouvoir aller faire des coups à l’extérieur. » D’accord, mais ça ne justifie en rien les dents en décapsuleur. L’avis de l’expert : « Le coup du marin pour une ville portuaire, c’est bien vu, même si spontanément on pense plus à Saint-Malo. Elle a ce côté guerrier qui colle à l’image du club. Par contre, elle fout quand même un peu les boules, non ? »
Des yeux de foncedé, un méchant bide à bière et un sourire béat jusque dans la défaite : la mascotte du Stade colle à merveille à l’image de Rennes. Trop ? « Elle doit prochainement bénéficier d’un petit lifting », annonce-t-on au club de foot. L’avis de l’expert : « Elle a une gueule sympa. Et puis le blanc la rend douce, c’est très adapté, le but premier étant de plaire aux enfants. Elle est grosse ? C’est vrai qu’elle a des formes, mais au moins comme ça on est sûr de la voir depuis le haut des tribunes ! »
CORBEILLE Oldelaf La Tristitude, c’est quand un gars fait rimer couilles avec nouilles, compose une instru qui vaut pedzouille, diffuse son morceau sur le Net et s’en met plein les fouilles. Et ça fait mal, mal, mal. À Dinard
Franck Seurot
Stade Rennais F.C
ERMINIG
SB29.com
ZEF LE PIRATE
Le club de hockey de Brest s’appelle les Albatros. Un oiseau qui vit au large de pas mal d’océans, mais pas l’Atlantique Nord. C’est ballot. La mascotte Dinger s’en fout : avec ses yeux canailles et son duvet soyeux, elle plaît au public. Surtout quand elle fait la con sur la glace. L’avis de l’expert : « Je la trouve réussie : le nom à connotation US, bien vu pour un sport américain ; le choix de l’oiseau, cohérent avec le nom du club ; et le déploiement des ailes, idéal pour les photos de groupe avec les enfants. » R.D
NOTRE ANTI-SÉLECTION DES SPECTACLES QUAND FRANCHISE ET MAUVAISE FOI NE FONT QU’UN
Brigitte On passera sur le look hipster bien agaçant pour se concentrer sur la musique, et seulement Marcel et son orchestre la musique : non mais Les Ch’tiguidap font leur sans déconner, c’est quoi tournée d’adieu. La der des cette unanimité autour der pour les auteurs de Con de Brigitte ? Tournée des GiedRé comme un balai, Arrête festoches, récompenses à Cette chanteuse au style ton crin-crin et Où sont gogo… C’est l’incompréScorpions princesse-trash est censée mes pantoufles. Pourquoi hension totale. Les Teutons sont au hard- être rigolote, mignonne, c’est toujours les meilleurs À Brest et Saint-Brieuc rock ce que Drucker est décalée... Si c’est ça la qui partent en premier ? au PAF : un affreux truc bonne copine idéale en À Brasparts La rédaction 12
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ringard qui refuse de laisser la place. Heureusement, le groupe a annoncé que l’actuelle tournée mondiale serait – logiquement – la dernière. Hop, hop, hop, du balai. À Rennes et Brest
2012, on préfère encore une virée entre couilles. Buuuurp ! À Rennes
DR
QUI POUR NOUS LIRE UN LIVRE ?
À LA TÉLÉ OU DANS LES FESTIVALS, LA LECTURE À VOIX HAUTE S’IMPOSE. MAIS DE DIFFÉRENTES FAÇONS. Si vous n’arrivez pas à dormir, vous êtes peut-être tombé sur Voyage au Bout de la Nuit, diffusé de 3h à 6h sur Direct 8. Le pitch ? Des comédiennes plutôt bien foutues vous lisent les classiques de la littérature. Le concept est simple (un canapé + un livre + une fille = une émission) mais s’appuie sur une « audience stable ». Ce programme érotico-littéraire reprend le principe de la lecture à haute voix. Une oralité que l’on retrouve dans les festivals et salons du livre. « On organise des lectures avec les auteurs volontaires depuis cinq ans », explique Alain Le Flohic du festival Noir sur la Ville à Lamballe. Même topo du côté du Livre Insulaire de Ouessant. « Les auteurs s’y prêtent de plus en plus. Cela fait vivre leur livre et crée des rendez-vous : aujourd’hui, les dédicaces ne suffisent plus pour se faire connaître. » Pour autant, les écrivains sont-ils tous de bons lecteurs ? Non, affirment les festivals contactés. « Sauf exceptions, on a arrêté les lectures avec les auteurs, ajoute Mélani Le Bris, d’Étonnants Voyageurs. Ce qui nous intéresse, c’est une lecture qui apporte un regard nouveau sur l’œuvre : musique, slam ou poésie performée. » Étonnants Voyageurs, du 26 au 28 mai à Saint-Malo 13
WTF
LE 5 À 7 EST-IL RENTABLE ?
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SALUT LES KIDS
LA SIESTE CRAPULEUSE EST UN BUSINESS ASSUMÉ PAR CERTAINS HÔTELS. EN BRETAGNE, DES ÉTABLISSEMENTS DÉVELOPPENT LEURS OFFRES DE CHAMBRES À LA JOURNÉE ET CIBLENT LA CLIENTÈLE VOLAGE.
DR
Pour la 15e édition de Kaléidoscope, les jeunes du Finistère ont imaginé et mis sur pied 69 projets. Ils les présenteront du 31 mars au 16 avril dans 40 villes du département. Musique, sport, danse et, cette année, de plus en plus de créations audiovisuelles, avec notamment des réalisations de courts-métrages, bandes-annonces et vidéos. Action !
Yann Morrison
VERS L’INFINI ET AU-DELÀ
Les choses vont vite pour Juveniles. Portés par les singles We Are Young et Ambitions, les Rennais ont signé à la fin de l’hiver chez AZ, label du groupe Universal. Leur tournée du printemps passe par Panoramas, mais aussi par Brighton en mai, pour le très coté festival The Great Escape.
ÉLECTRO AU THÉÂTRE
printemps
Le Théâtre de Poche à Hédé (35) fait la teuf pour l’arrivée des beaux jours. Il s’associe avec Château Merdique et The Brain, émissions radio respectivement sur Canal B et Jet FM, pour une soirée aussi électro que vénère. On y verra La Mesnie du Précurseur, Anatopia et Ceephax Acid Crew. Le 28 avril. 14
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L’infidélité, c’est comme aller au Mac Do. C’est moche, mais bon hein... Et c’est bien pratique pour les hôteliers qui veulent rentabiliser leurs chambres en les louant la journée à des couples illégitimes. À priori, si vous demandez une chambre en plein aprem, on ne devrait pas vous la refuser. Par contre, le tarif sera souvent le même que pour une nuit. Mais voilà, selon André Pertron, président des hôteliers de la pointe Bretagne, la « tradition » se perd. Le marché est en perte de vitesse, la chambre à la journée n’est plus ce qu’elle était. Est-ce à dire que les couples d’aujourd’hui sont plus fidèles ? « Non, les gens se débrouillent autrement… », regretterait-il presque. C’est la crise, après tout. Certains hôtels de moyenne et haute gamme pratiquent alors des prix négociés et proposent des chambres à partir de 45 €. Les plus malins incluent même dans leur tarif deux coupettes… Après, vous pouvez toujours aller au Formule 1. Mais là, on garantit pas le champagne.
Devant cette baisse du marché, l’hôtellerie s’adapte. D’abord, fini le 5 à 7. Les chambres en journée se réservent de 11 h à 17 h. Ça casse le mythe, mais c’est plus pratique pour refaire les chambres. Et comme aujourd’hui 80 % des réservations de nuitées se font par Internet, pourquoi pas celles des journées ? Des sites surfent sur cette vague : Between9and5.com, Dayuse.com, Roomforaday.com… En Bretagne, le Novotel Alma à Rennes ou encore les Balladins et le Best Western Europe à Brest se sont fait référencer. « Ça permet d’utiliser l’hôtel à 150 % », expliquent Gilbert et Gaëlle Pérès. Les gérants des deux hôtels brestois se sont inscrits sur Dayuse.com. « C’est plus rigolo de communiquer sur les couples illégitimes. Mais ça n’intéresse pas que cette catégorie : il y a des gens qui viennent se reposer, travailler », insiste Gilbert Pérès. Il ne dit pas si, eux aussi, prennent l’option coupettes. Isabelle Jaffré
Albancoret.com
QUEL CHANTEUR MASQUÉ VOIR ?
IL Y A LES ARTISTES AU VISAGE DÉCOUVERT. ET LES AUTRES. TROIS D’ENTRE EUX PASSENT CHEZ NOUS. THE BLOODY BEETROOTS Avec leur masque du Venom dans Spiderman, ces trois Italiens semblent avoir repris les pouvoirs maléfiques et violents du héros comics. Résultat : leur électro-punk tabasse fort. À voir ? Si vous avez les oreilles bouchées, pas besoin d’Audispray. Quand ? Le 27 avril au festival Insolent à Quimper
BOB LOG III Avec son casque d’aviateur et son costume d’homme-canon, cet Américain assure un show blues déglingo. Accompagné sur scène de sa fidèle guitare-slide, de ses percus et de son humour barré. À voir ? Si vous aimez Rémy Bricka Quand ? Le 25 mai au Run ar Puñs à Châteaulin
LE KLUB DES LOOSERS Huit ans après Vive La Vie, un skeud qui puait l’échec amoureux, Fuzati (photo) revient avec La Fin de l’espèce, un album aussi cynique et déprimé que le précédent. Du hiphop bien misanthrope comme il faut. À voir ? Si vous vous êtes fait larguer ou virer ou recaler aux partiels. Quand ? Toujours pas de date de calée en BZH. Arf. Allez, un p’tit effort les programmateurs. 15
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QUI FAIT ENCORE DU STOP ?
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À BOIRE ET À ÉCOUTER
LES AUTO-STOPPEURS, C’EST COMME LES BICHES OU LES SANGLIERS AU BORD DES ROUTES. ON NE SAIT JAMAIS OÙ NI QUAND, MAIS ON SAIT QU’ON VA S’EN PRENDRE UN. ON EN VOIT TOUTEFOIS MOINS. LA FAUTE À QUI ?
Bikini
Du 5 au 8 avril, 25 troquets de Vannes proposent plus d’une cinquantaine de rendez-vous pour la 10e édition de Festi’Vannes. Y aura des concerts, des expos, des dédicaces d’auteurs... Côté musique : le hip-hop de Micronologie, l’électro d’Ordœuvre, DJ Netik... Gratuit.
Christophe Raynaud de Lage
EN PISTE
Qui ? Le cirque Aïtal Quoi ? Pour le meilleur et pour le pire, un spectacle d’acrobates Avec ? Victor Cathala et Kati Pikkarainen, un duo franco-finlandais Pour quoi ? Cette création revisite les années 1970 : le retour aux champs, l’amour en voiture... Quand ? Du 16 au 19 mai Où ? Au festival Gare au Gorille à Pleumeur-Bodou (22).
ROOTS
didgeridoo Grâce à cet instrument, Hilight Tribe, un collectif de babos-zicos, fait de la trance acoustique, un genre bien weird. Si les rastas partaient en guerre, ils écouteraient ça. Le 28 avril à Andel’Ir et le 1er juin à l’Omnibus à St-Malo. 16
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LYCÉENS
COVOITURAGE
En quelques années, la pratique du stop a chuté. Mais la résistance existe. Certains par philosophie de vie. C’est le cas des adeptes de longues traversées continentales en “hitch-hicking” (Roadfairy.org). D’autres par nécessité. Sans fortune et sans permis, Charles et Adrien lèvent régulièrement le pouce à la sortie de leur lycée lamballais, pour rentrer au bercail, à dix bornes de là. « C’est pratique quand nos parents ne sont pas dispo. En général, on attend moins de dix minutes. »
Le grand prédateur de l’auto-stop reste le covoiturage. « C’est beaucoup plus sûr, argue Alice Chasseriaud, chargée de com’ chez Covoiturage.fr (95 % des annonces en France). La confiance entre les gens s’établit en amont. Il y a une préparation, une organisation. L’auto-stop, c’est l’aventure. » Une aventure gratos qui s’étire le plus souvent sur de courtes distances. À la différence du covoiturage où « la moyenne des trajets enregistrés est de 330 km », précise Alice.
CASTING
LIEUX INCONTOURNABLES
Avant d’en faire monter, Philippe, salarié dans une société de transport finistérienne, procède, lui, à un rapide casting. Trois secondes pour jauger la bouille, les fringues et le potentiel de confiance. « Je ne prends jamais de fille, par peur d’avoir des soucis. » Comme lui, Laurent, transporteur pour une boîte de la banlieue rennaise, est devenu « beaucoup plus méfiant que par le passé ».
Subsistent malgré tout quelques hauts lieux de l’auto-stop, comme le bout de l’avenue Corneille à la sortie de Saint-Brieuc. Ou le début de la RN12 direction Brest, en quittant Rennes, un vendredi après-midi. Là, fleurissent toujours de bien belles pancartes en carton et des pouces levés. Des pouces ! Pas des majeurs. Benoît Tréhorel
DR
RÉVISEZ VOS CLASSIQUES
SÉANCES DE RATTRAPAGE POUR LES GLANDEURS QUI N’ONT RIEN RETENU DES COURS DE FRANÇAIS. CYRANO DE BERGERAC Le personnage d’Edmond Rostand (photo) est un incontournable, avec son tarin, son verbe gascon et son amour pour Roxanne (you don’t have to put on the red light). La phrase ? « C’est un roc, c’est un pic, c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ? C’est une péninsule ! » Quand ? Du 9 au 11 mai au Quartz à Brest, les 22 et 23 mai au théâtre de Lorient
TARTUFFE L’histoire d’un suce-boules faux derche qui manipule et trompe son monde. Spoiler : à la fin, il se fait gauler. Molière aime les happy-ends. La phrase ? « Ceux de qui la conduite offre le plus à rire sont toujours sur autrui les premiers à médire. » Et toc. Quand ? Les 24 et 25 avril à La Passerelle à Saint-Brieuc
IVANOV Le premier succès d’Anton Tchekhov relate les aventures d’un loser trentenaire dont la vie part en sucette. Prenez des notes, ça peut servir. La phrase ? « Mélancolie ! Noble nostalgie, vague à l’âme. » C’est bon d’avoir les boules. Quand ? Les 3 et 4 avril au Carré Magique à Lannion 17
DOSSIER
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DOSSIER
idèle à son image de journaliste de comptoir dans Groland, Gustave Kervern vient de publier Petits Moments d’Ivresse. Un ouvrage où il interroge acteurs, chanteurs et amis sur leur relation à la picole. Gustave, c’est à vous mon bon. Comment est venue l’idée de faire parler des personnalités de leurs “petits moments d’ivresse” ? Faire parler de la picole, ça peut paraître léger, mais en fait on se rend compte que c’est un truc qui traverse la vie de tout le monde, qu’on aime ou pas l’alcool d’ailleurs. On a tous eu une première cuite, on a tous bu des coups avec les copains, on a tous un tonton alcoolique… Finalement, ce livre, c’était l’occasion de faire des mini-biographies à travers ce prisme de l’ivresse. Parler d’alcool permet de vite rentrer dans l’intimité des gens… C’est un truc que tout le monde vit.
Évoquer l’alcool ravive des souvenirs de jeunesse, de repas arrosés, de moments parfois drôles et parfois moins… C’est aussi un moyen de révéler la part de folie qu’il y a en chacun. Chez les artistes par exemple. Ceux qui vivent des moments d’ivresse peuvent vite partir en couilles. C’est pour ça que j’ai toujours aimé la vie de ces gens-là. Le rapport à l’alcool est-il plus fort dans certaines régions ? Non, pas spécialement, la picole est universelle. Tiens, même en Iran, t’apprends grâce à Marjane Satrapi (l’auteure de Persepolis, ndlr) que l’alcool circule abondamment.
« Je n’ai jamais été trop bière. C’est quand même mieux le vin » 20
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J’aime bien aussi le réalisateur coréen Hong Sang-soo : dans tous ses films les comédiens sont toujours hyper bourrés, lui aussi d’ailleurs, ça donne un effet génial. Pareil avec le Finlandais Aki Kaurismaki, avec qui on a travaillé pour le film Aaltra avec Benoît Delépine. Le mec avait cette réputation de boire énormément, on a fait ce film avant tout pour aller au bar avec lui ! Le bar reste-il d’ailleurs un lieu d’ivresse incontournable ? Pour moi, oui. J’ai jamais trop aimé les repas de potes et les soirées à domicile. J’ai toujours préféré les tournées en solitaire dans les rades. Je le fais moins aujourd’hui, mais j’aimais bien partir d’un point A, arriver à un point B et me faire les bars entre les deux. Je faisais ça surtout le dimanche, un jour où je me fais chier.
« Les pots où t’as plus que du jus d’orange, ça rime à rien... » sont inscrites au calendrier, comme le réveillon, c’est pas souvent les plus réussies. Mais bon, après avoir sifflé une bouteille de Beaujolais, on s’en fout de ces considérations !
Les bons troquets à l’ancienne ne se trouvent-ils pas dans les petits bleds ? Quand on fait des repérages pour Groland, on tombe parfois dans des endroits incroyables, dernièrement un bar-épicerie dans l’Oise. C’est surtout le décor qui me fascine, les bars qui sentent le vieux, les tables L’alcool est-il toujours aussi bien vu en formica... Dans l’Oise toujours, aujourd’hui qu’autrefois ? une tenancière m’avait montré une Dans la culture et au cinéma, il est encoche sur son comptoir en bois, toujours bien représenté. Dans la vie faite d’après elle par un Allemand par contre, c’est autre chose. T’as avec son couteau. C’est fascinant. Les qu’à voir comment ils nous font chier gens par contre, je me méfie, parce maintenant avec les vins au verre… que ça cause souvent politique et c’est Avant, les gens prenaient une bouteille pas toujours agréable à entendre. et la sifflaient. Au resto, le midi, le repas à l’eau devient courant. Et les Aimes-tu les moments fédérateurs, pots de départ dans les entreprises comme le Beaujolais nouveau ? où t’as plus que du jus d’orange, ça Je vais dire oui car les fêtes je suis rime à rien... jamais contre. Même si celles qui
Quel est ton rapport à la gueule de bois ? Les lendemains de cuite sont toujours des moments de honte. Aujourd’hui ça m’arrive plus rarement vu que je bois beaucoup moins, mais il fut une époque où la gueule de bois était quasi permanente, alors faut vivre avec, ça fait partie du jeu. Je me suis toujours démerdé pour pas terminer au commissariat, j’arrive à garder un fond de lucidité. J’ai seulement eu quelques hontes verbales, parce que je disais des conneries. Le matin t’es rongé par la culpabilité quand tu t’en souviens. Mais sinon je ne suis pas un mec violent. L’alcool, c’est bien pour rigoler, pas pour se foutre sur la gueule.
Canal +
Les troquets et les bars sont aussi moins nombreux… Ouais, on en perd en France des centaines par an, c’est triste. Bon heureusement il en reste, mais je trouve qu’il y a moins de déconne. Dans le quartier de Bastille où j’habite, t’as des rues où t’as plus que des bars lounge, c’est une belle connerie si tu veux mon avis. Heureusement c’est pas encore partout pareil. Dans le 10e arrondissement, t’as le café Chez Jeannette par exemple, qui a été racheté par des jeunes, mais ils ont décidé de tout garder à l’ancienne. Résultat : ça cartonne.
Que recherches-tu personnellement dans l’ivresse ? C’est un bon moyen de rencontrer des gens, des inconnus, connaître leur vie, leur métier. J’aime le fait de discuter, parfois cinq minutes, parfois une demi-heure. En fait, c’est par timidité que j’ai commencé à picoler, comme beaucoup de gens d’ailleurs.
As-tu un alcool de prédilection ? J’ai jamais été trop bière. J’ai eu une grosse période pastis pendant un moment, vu que j’ai vécu dans le sud. Le mieux c’est quand même le vin. Dommage par contre qu’on mette de plus en plus d’étiquettes avec un design moderne. Car c’est quand même le vieux graphisme pas beau le plus joli.
Recueilli par Régis Delanoë 21
DOSSIER
Justin Bihan
BISON BOURRÉ : PAR LES PETITES ROUTES
C’est un truc vieux comme le monde. Ou plutôt qui remonte aux années 1960 et à l’apparition des infractions de conduite sous l’empire d’un état alcoolique. Vous êtes en soirée et l’apéro se prolonge un peu au-delà du raisonnable, alors que vous aviez prévu de reprendre le volant. Que faire ? L’envie est grande de tenter le coup. Pour limiter les risques de se faire contrôler, vous décidez alors d’éviter l’axe principal et d’emprunter les petites routes de campagne, le fameux itinéraire “bison bourré”, encore appelé “voies à trois grammes”. « Mauvaise idée, assure le capitaine de gendarmerie Jourdhier, spécialiste de la sécurité routière dans la région. De une car il s’agit d’axes accidentogènes (affirmation confirmée par la Sécurité Routière 35, ndlr), de deux car nous prenons en compte tous les axes, même les plus petits, en changeant régulièrement d’endroits. » 22
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Il est donc en théorie possible de devoir souffler dans le ballon jusque sur des chemins de terre. « Notre but est de créer un sentiment d’insécurité permanent chez ceux qui souhaiteraient eux-mêmes faire preuve d’insécurité au volant », insiste l’homme au képi.
Au cœur de ce jeu entre les chats/flics et les souris/conducteurs : les professionnels de la boisson. Bien que conscients du danger, ils auraient tendance à se ranger du côté des vilains à l’haleine chargée. Logique en un sens, c’est leur gagnepain. « Entre barmen, le téléphone sonne, reconnaît Maxime, patron Contrôle-pipeau de bistrot dans un bled des Côtes Mieux vaut donc ne pas trop jouer d’Armor. Comme ça je préviens aux cons. Ou tenter de filouter, mes clients qu’un contrôle-pipeau comme l’explique Vincent, 27 ans, a été mis en place en sortie de bourg. de Pont-l’Abbé dans le Finistère : Après, c’est à eux de décider s’ils « Il y a la technique du “un qui ouvre n’ont pas intérêt à repartir par une la route”. Le gars qui n’a pas bu autre sortie, ou alors à pied. » part pour s’assurer qu’il n’y a pas Une technique également utilisée par de gendarmes et, une fois arrivé, Vincent : « Quand je roule et que je appelle les autres pour les prévenir vois des flics, si j’ai un copain qui que c’est bon. » Là encore, c’est traîne au bar, je lui envoie un texto risqué, car le capitaine Jourdhier pour lui dire où je les ai croisés. Et prévient : « On met peu de temps à au lieu de partir par la gauche, il installer un contrôle, et on n’hésite repart par la droite. » Par contre t’es pas à rester jusque dans la matinée au courant qu’envoyer un SMS en pour prendre les noctambules pas conduisant est pas moins dangereux assez reposés ». que de rouler bourré ? R.D
LA NUIT EST CHAUDE, ELLE EST SAUVAGE
Basile et son jetable
Basile et son jetable
Basile et son jetable
Basile, du blog Basile et son jetable, on l’a rencontré au Vauban à Brest. C’était lors de l’édition hivernale d’Astropolis. Le lieu était bien choisi pour rencontrer cet habitué des soirées finistériennes. Demi, verre de rouge et assiette de cacahuètes : le menu lui aussi l’était pour causer de ses photos qu’il bazarde sur le Net après chacune de ses grosses virées (Trans Musicales, soirées Sonics, Crab Cake…) « À la base, j’avais un appareil numérique mais j’avais peur de le péter quand je sortais. Et puis, il y a trois-quatre ans, je me suis remis aux jetables après être tombé sur de vieilles photos prises lors d’un voyage scolaire au Futuroscope. J’ai trouvé ça cool », raconte ce garçon de 23 ans, originaire de Quimperlé, qui commande ses appareils sur le web : « Je les achète en gros. 50 pour 150 euros. Des Kodak : il faut les aider, ils sont dans la merde. »
Concert, alcool, filles, garçons, culs à l’air et dodo sur les canap’ : le blog reprend les grands classiques des fêtes avec excès. « En général, je ne me souviens de rien. Je me réveille avec deux appareils remplis de photos : les trois quarts sont des surprises. Et comme il est rare que je les développe le lendemain, j’ai le temps d’oublier ce que j’ai pu prendre. C’est ce que j’aime dans les jetables, contrairement au numérique où tu vois direct ce que tu as pris. » Un contenu trash-cool (« Quand je suis chez le photographe, j’ai à moitié honte ») qui a permis à sa page d’être estampillée par Vice. Le magazine lui confie d’ailleurs quelques couvertures d’événements. L’un des prochains s’annonce épique. Accoutumé aux soirées électro, Basile changera de décor pour un week-end chez les métalleux du Hellfest en juin. « Ça peut être pas mal… » Ouais. J.M
LA GUEULE DE BOIS, C’EST QUOI ? L’ATTAQUE DE LA MEMBRANE « L’alcool provoque un orage neurophysiologique dans le cerveau, explique Jean-Yves Le Goff, médecin nutritionniste. Il rend les parois des cellules perméables, ce qui augmente les échanges et provoque cette euphorie. » Problème : la descente et l’effet rebond, quand les cellules retrouvent leur état normal. C’est là que ça fait mal.
verres causent aussi la perte d’un litre d’eau dans l’organisme ! Total : la gueule de bois est empirée par la déshydratation et l’état d’hypoglycémie.
TOUS LES ALCOOLS SE VALENT ?
Justin Bihan
Pas vraiment. Ils contiennent plus ou moins de congénères (colorants, conservateurs...) qui aggravent les symptômes. Les alcools colorés en contiennent plus que les autres, idem L’ÉPUISEMENT DES PROVISIONS pour les bouteilles de mauvaise quaL’alcool nous fait perdre du glucose, ce lité. Adage à retenir : moins tu payes carburant cellulaire. De plus, quatre à la caisse, plus tu payes au réveil. J.S 23
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QUE PENSER DU MAC DO POST-CUITE ?
Bikini
En matière de diététique un lendemain de beuverie, il est politiquement correct de défendre l’austérité monacale : un brocoli, une tranche de jambon, de grands verres d’eau et basta. C’est la détox, religion nutritionnelle dominante. Le principe ? Donner un bon coup de Kärcher sur vos organes pour les rendre à nouveau présentables. Un concept loin d’être fun et plutôt douteux médicalement : l’eau avalée ne se déverse pas dans le corps pour “nettoyer” les organes. L’eau qui lave c’est la vaisselle ; le corps c’est un peu plus compliqué que ça. Face à cette fausse bonne idée qu’est la détox, il existe un rituel fait de gras, de sucre et de sel. Un passage obligé pour de nombreux fêtards après une nuit bien arrosée : le Mac Do. Ses adeptes lui trouvent des vertus (seule chose qui passe, estomac remis à l’endroit...) mais est-ce si efficace ?
D’un point de vue nutritionnel, il se trouve qu’ingurgiter un menu Maxi Best Of ne serait pas aussi con que cela. « Ce n’est pas étonnant que ça puisse soulager les symptômes, s’amuse le Dr Jean-Yves Le Goff, nutritionniste à Saint-Brieuc. Le sel retient l’eau et permet de se réhydrater, et le sucre combat l’hypoglycémie. J’aurais personnellement plutôt opté pour un bon restaurant... mais pourquoi pas ! » Autre idée intéressante développée par notre docteur : boire un verre d’alcool pour faire passer sa gueule de bois. « Il n’est pas question de se reprendre une cuite, tempère-til, mais boire un verre permet de ralentir cet effet rebond lorsque les membranes cellulaires retrouvent leur perméabilité d’origine. » On n’a pas dit « soigner », mais « retomber plus doucement ». C’est déjà ça de pris, non ? Jasmine Saunier
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Alain Bennasar, le responsable sécu. Les gens partent plutôt facilement, ils savent qu’ils peuvent continuer à faire la fête aux campings : 60 à 70 % des festivaliers y dorment. » Et y comatent le lendemain. Deux tournées de vérification sont toutefois nécessaires pour les agents de sécurité (630 déployés chaque jour sur l’ensemble du festival), « pour s’assurer que personne n’ait décidé de dormir sous une régie, dans les toilettes ou contre une barrière », explique Alain Bennasar qui a déjà
Bikini
« FAUT PARTIR MAINTENANT LES GARS » Imaginez que vous avez un jardin et que vous invitez 55 000 personnes pour une fête. Au moment d’éteindre la sono et de ranger les gobelets, faire partir cette petite bande peut s’avérer compliqué. Un cas de figure connu chaque été par le festival des Vieilles Charrues. Alors, c’est galère de libérer Kérampuilh de ses occupants pas forcément enclin à aller se coucher ? « Globalement, ça se passe bien. Pour vider l’espace scénique, ça nous prend entre 30 et 45 minutes, répond
officié sur les Trans, Bobital et SaintNolff. Avec un souvenir particulier pour ce dernier : « C’était un public à part, plus alcoolisé. C’était la croix et la bannière pour le faire partir. Sans doute parce que c’était le dernier festival de la saison dans la région. »
Bikini
ON A TESTÉ LE BLOWFISH ET LE MERCY
En 2010, un breuvage miracle était censé arriver sur le marché : Outox. Cette boisson se vantait « d’accélérer la baisse naturelle du taux d’alcool dans le sang ». Les politiques avaient émis leurs plus grandes réserves, les assos de prévention routière avaient quant à elles carrément gueulé. Faute de résultats prouvant son efficacité, les autorités avaient finalement réussi à faire retirer l’argument dégrisant des messages pub de la marque. Depuis cette polémique, aucune nouvelle boisson ne s’est positionnée sur ce marché en France. De même qu’il n’existe pas de médoc anti-gueule de bois à proprement parler. Du coup, on a regardé ce qui se faisait ailleurs. Au rayon nouveautés, est sorti dernièrement aux États-Unis le Blowfish for Hangover. Des comprimés effervescents, moitié aspirine moitié caféine. On vous le dit tout de suite : Blowfish ne fait pas de miracle. Tout juste donne-t-il un coup de fouet pour rallumer rapidement la chaudière. Outre-Atlantique, il existe aussi le Mercy et son slogan « Drink today, feel better tomorrow ». Un breuvage préventif donc, composé d’acides aminés, d’antioxydants et de vitamines. Oui c’est un peu de la triche, et c’est surtout bien dégueulasse : le goût fait penser à de l’Orangina périmé et passe l’envie de boire. C’est peut-être là son efficacité. 25
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i on aura de l’alcool ? À priori non, on n’est pas sûr de prendre la licence. Après, si les gens veulent en ramener, on va pas non plus fouiller les sacs... » Le 30 juin à Arradon, dans le Morbihan, nous serons donc bien dans un festival. Et c’était là l’une des principales envies de Baptiste, Albin et Quentin, trois des jeunes initiateurs du HolyFest, le premier festoche de musique chrétienne organisé dans la région. « On voulait proposer des concerts dans un autre cadre que celui d’une église. La configuration festival correspond davantage à notre génération, explique Baptiste, étudiant à Vannes et président de l’asso organisatrice de l’événement. On souhaite aussi montrer que la musique chrétienne, ce n’est pas que du classique ou du chant grégorien. Et le curé de “Jésus, reviens parmi les tiens”, ce n’est pas non plus notre truc... » Concrètement, cela veut donc dire qu’il existe des groupes qui louent le Seigneur et tout le tralala en jouant du rock, du reggae ou du rap. Leur but ? Diffuser le message du Christ par une musique plus moderne que celle des Petits Chanteurs à la croix de bois. « On aura même un DJ de dance chrétienne. Ce qui est rare en France », ajoute l’équipe du HolyFest qui, pour leur tête d’affiche, a réussi à choper Glorious (photo). 27
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Créé en 2002, ce groupe lyonnais est LA réference de la scène française de “pop louange”. Un combo guitare/ basse/batterie à la sauce catho. « Si on fait de la pop, c’est parce qu’on n’écoutait pas Jean-Sébastien Bach mais Nirvana quand on était jeune », explique Benjamin Pouzin, l’un des chanteurs. Bien qu’on reste tout de même loin du grunge et de Kurt Cobain (pas de « rape me » dans les paroles de Glorious), la formule marche : plus de 400 dates au compteur et 180 000 albums vendus. Présents début février à Rennes pour Ecclesia Campus (le rassemblement national des étudiants catholiques), Benjamin et son groupe ont attiré près de 3 000 jeunes dans la salle du Liberté. « C’était le feu ! », se souvient Antoine Motte de l’équipe d’Ecclesia Campus. Mais qu’est-ce qui plaît autant dans ces concerts où tout le monde semble être à donf tout en étant parfaitement à jeun ? « Aujourd’hui, les jeunes sont dans un catholicisme de conviction, à la différence de leurs parents qui étaient dans un catholicisme de tradition,
analyse Benjamin. Du coup, ils se retrouvent dans cette forme démonstrative, décomplexée et événementielle de vivre leur foi. »
« Jésus veut-il vraiment ça ? » Des formations de pop louange, il en existe en Bretagne. « On en compte une petite dizaine », précise Baptiste du HolyFest. Parmi ceuxci, le groupe Talitha Koum, né il y a un an du côté de Saint-Brieuc. « Au départ, on était un groupe de prières. Puis on a décidé de s’éloigner de la liturgie classique et d’évoluer vers la musique », raconte Antoine, 22 ans. Le style ? « Du pop-rock, qui envoie du lourd. » Pas au point d’être au line-up du prochain Hellfest, mais assurément
« Quand on était jeune, on écoutait plutôt Nirvana » 28
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de quoi faire grincer les dentiers de quelques bigotes habituées aux chœurs chevrotants. « S’il y a des mécontents, franchement ils sont rares », assure pourtant la bande, qui s’est trouvé un but gratte en mains : « Faire prier les gens. On a cette capacité à rassembler autour de la croix. » C’est aussi la vocation de Sonenn, une formation lorientaise. « La pop louange, c’est une façon de montrer l’Église différemment. Les concerts sont une bonne accroche pour capter les gens », répond Marie, l’une des deux chanteuses. À une époque où les églises se vident, cette façon de pratiquer sa foi peutelle attirer de nouveaux jeunes ? « On peut parler d’évangélisation positive mais nous ne sommes pas là pour convaincre de force », répondent les gars du HolyFest. « On n’est pas une machine à convertir », affirme également le leader de Glorious qui reconnaît que son public
est « forcément » majoritairement composé de croyants. Pour lui, les concerts restent surtout un moyen pour les catholiques d’être « revitalisés », comme peuvent le faire les JMJ. Un constat partagé par les Pères Gwenael Airault et Christophe Hadevis du diocèse de Vannes. « Numériquement, c’est sûr qu’il y a moins de jeunes, mais qualitativement c’est mieux. Ils sont motivés et affirment leur foi sans peur. » Tous revendiquent un aspect religieux à bloc et veulent servir l’Église. À l’image d’Antoine : « C’est une question qu’on s’est posée à la fondation du groupe : Jésus veut-il vraiment ça ? » En guise de réponse, il se serait passé un truc bien chelou : « Au moment de choisir un nom, on a prié chacun de notre côté et on est tombé sur ces mêmes mots d’Araméen : Talitha Koum. » Qui veulent dire littéralement : Jeune fille, lève-toi. Et danse avec la vie ? Julien Marchand 29
DOSSIER
Aumônerie de Rennes
JEUNES CATHOS : ÉVANGÉLISATION 2.0
Après son fameux lipdub (lire cicontre), l’aumônerie catholique de Rennes a sorti fin 2011 sa parodie de Bref. Après avoir été revisitée par les écoles de commerce et les BDE, la mini-série de Kyan Khojandi est donc reprise par les jeunes catholiques. Voix off, montage nerveux et “je l’ai regardé/il m’a regardé” : tout y est. Sauf les scènes de branlette. « L’idée nous est venue pour Ecclesia Campus (lire article principal, ndlr). On a voulu lancer un concours entre les différentes aumôneries françaises en faisant des parodies qui incitent les gens à y aller, explique Pauline Bonhonne de l’équipe com’ des jeunes catholiques de Rennes. Même si on n’est pas particulièrement fier du lipdub, on n’a pas fait le Bref pour se rattraper. Quand on le tournait, on se disait juste que cette fois il ne fallait pas se louper. » 30
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Dans la troupe des geek-cathos, le collectif Frassateam fait aujourd’hui figure de référence. Montée par Amaru Cazenave, un gars qui taffe dans l’audiovisuel (il est monteurtruquiste pour l’émission de Canteloup sur TF1), cette bande de vidéastes chrétiens s’est aussi attaquée au format court de Canal. Trois épisodes de Bref, j’suis catho ont été mis en ligne à Noël dernier.
« Ça, on s’en fout » « On s’est rendu compte que c’était une bonne occas’ pour parler de religion tout en cassant des clichés, raconte Amaru. On a le désir de partager notre foi autour de nous. On profite de ces réseaux, c’est un moyen d’évangélisation. » « Vidéos courtes, ton décalé, partage sur un maximum de plates-formes : ces jeunes ont compris les codes de
la communication sur Internet », reconnaît Vincent Ducrey, spécialiste en management de l’information et auteur du Guide de l’influence. Pour notre expert, le pouvoir d’un buzz reste néanmoins limité. Pour être influent, il faut des actions récurrentes et un contenu qualitatif pour « développer une communication efficace et durable ». Du côté de l’aumônerie de Rennes et de la Frassateam, on répond que de nouveaux projets web sont dans les tuyaux, avec toujours une volonté de capter croyants et athées. OK, mais jugent-ils efficaces leurs vidéos faites jusqu’à présent ? Amaru s’y colle : « On a quelques retours mais c’est très difficile à mesurer… Tout ce que nous voulons c’est diffuser le Christ et son message. Après, que les églises soient remplies, ça, on s’en fout. » J.M
Aumônerie de Rennes
LIPDUB, PARODIE, FLASHMOB...
LIPDUB DE L’AUMÔNERIE DE RENNES La vidéo catho (photo) qui a fait le plus de buzz. Malheureusement dans le mauvais sens. Why ? Tout est premier degré : on écoute Hosanna Ho en mangeant du quatre-quarts et des brownies. Ça donne pas des masses envie de venir, ce qui était pourtant le but. Vues : 135 000 sur Dailymotion
BREF DE L’AUMÔNERIE DE BREST Comme pour celle de Rennes, cette parodie avait pour but de promouvoir Ecclesia Campus. Réalisation plus que moyenne mais passages bien trouvés (les extraits de Coupe du monde par exemple). Et toujours ce thème de la drague. Croyants mais au taquet. Vues : 4 500 sur Dailymotion
LIPDUB DE L’AUMÔNERIE DE BREST Toujours du quatre-quarts et toujours des brownies (faudra nous expliquer), une vidéo dans la même veine que celle de Rennes. Les Brestois nous font la visite de leur QG en chantant We are Golden de Mika. Haters gonna hate. Vues : 6 900 sur YouTube
FLASHMOB D’ECCLESIA CAMPUS 2 000 jeunes sur l’esplanade de Gaulle à Rennes. Musique dance et choré aussi incompréhensible qu’un tube de l’été. Aïe. Vues : 20 500 sur Dailymotion 31
PAPIER
GALETTE SAUCISSE CE PLAT CONNAÎT UN SOUDAIN REGAIN D’INTÉRÊT : CLIP POUR LE STADE RENNAIS, SUJETS DANS LES MÉDIAS ET BIENTÔT UN BOUQUIN. INCONTOURNABLE À L’EST DE LA RÉGION, IL RESTE MÉCONNU À L’OUEST. LE CHANGEMENT, C’EST MAINTENANT ? amedi, 5h du mat’, marché de la place des Lices à Rennes. Entre les premiers commerçants qui installent leurs étals et les placiers qui veillent à ce que chaque emplacement soit bien respecté, vit une population qui a décidé d’attendre encore un peu avant d’aller se coucher. Certains sortent de boîte, d’autres d’une soirée dans un appart, mais tous convergent vers un même point. Ici, trois vendeurs connaissent leur premier coup de feu. Pains au chocolat ? Croissants ? Pas vraiment. En cette fin de nuit, ce sont les galettes saucisses qui viennent caler la fringale post-murge. « Ça a toujours été comme ça, raconte Lucienne Gérard qui depuis quatorze ans gare sa camionnette 32
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de gal’ sauc’ sur la place. Il y a des jeunes chaque samedi, du coup on est présent le plus tôt possible. » « Se prendre une galette saucisse après une cuite, ça fait partie de la vie rennaise », explique Xavier Taheulle, président de l’association de Sauvegarde de la galette saucisse bretonne. Depuis 1994, ce club mi-sérieux mi-alcoolo-rigolo s’est pris pour mission de défendre et promouvoir ce plat. « Faut dire qu’il y en a des dégueulasses. Y’a certains vendeurs sur des foires, avec eux c’est la Saint-Barthélemy... un massacre ! » Pour lui, la recette est simple : une saucisse artisanale grillée enroulée dans une galette de blé noir (farine+eau+sel). Une préparation à la portée de tous qui lui a permis de devenir le mets
typique de Haute-Bretagne. Sur les marchés, les kermesses, autour des stades, dur de ne pas en trouver en Ille-et-Vilaine. Une popularité ravivée, fin janvier, par un clip : Galette saucisse je t’aime. Inventée il y a vingt ans par les supporters du Stade Rennais, cette chanson a été revisitée façon poprock par Jacky Sourget, le speaker de la Route de Lorient. Résultat : plus de 200 000 vues cumulées, des reprises sur les chaînes d’info et des séries de papiers dans la presse. Un succès médiatique qui devrait se poursuivre jusqu’à la fin 2012 avec la sortie d’un livre et d’un webdoc. « C’est un phénomène propre à notre territoire, indique Benjamin Keltz, le journaliste rennais à l’initiative de ces deux projets. C’est un fleuron local
Justin Bihan
et, pourtant, je trouve qu’il est négligé : il n’y a jamais eu de recherches historiques ou universitaires par exemple. » Un élément culturo-gastronomique qui reste peu connu à l’Ouest de la région. « La galette saucisse, ce n’est pas une appellation très vendeuse en Basse-Bretagne. Dans le Finistère, quand on dit “galettes”, on pense à celles de Pont-Aven, confirme Loïc Hénaff, directeur général de la société du même nom. Un produit que la marque essaie pourtant d’installer de plus en plus dans les événements dont elle est partenaire. « Quand on en propose, ça marche. Le problème, c’est que personne ne pense en faire… C’est pourtant un plat qui a tout pour cartonner : le côté sympa, consommé par toutes les couches sociales… » « Un produit qui rassemble tous les habitants d’Ille-et-Vilaine, y’en n’a pas 36, poursuit Benjamin Keltz. Ça va du paysan au politique. Comme cette histoire en 1910 où Jean Janvier, alors maire de Rennes, a reçu une délégation russe et l’a invitée à manger. Voir tous ces notables en train de s’enfiler une galette saucisse, ça devait être quelque chose. » Julien Marchand 33
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DES JOBS MORTELS
C’EST UN SECTEUR OÙ IL Y A TOUJOURS DU TAF. ENTRE LE DÉCÈS ET L’ENTERREMENT, LES PROFESSIONS SONT MULTIPLES. ET VRAIMENT LOIN D’ÊTRE GLAUQUES. 34
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ette enquête commence par les confidences d’un copain en soirée. Il avait embrassé une carrière dans les pompes funèbres, mais je n’avais jamais osé en savoir plus. Me venait inconsciemment en tête l’image du croque-mort dans Lucky Luke ou, plus locale, celle de l’Ankou. « C’est au boulot que j’ai mes plus gros fous rires, si tu savais comme on se marre », m’avait-il dit. Une réflexion aussi surprenante que perturbante ; je ne voyais pas bien le fun de la chose. En prenant ce thème pour sujet d’article, je lui ai donc demandé de préciser ses propos. Annaël Colet – c’est de lui qu’il s’agit – s’est exécuté. « On rigole parce qu’il faut évacuer, l’humour est un exutoire. » Propos confirmés par un de ses collègues, Guillaume Martin : « Il faut savoir être sérieux, car on ne vend pas des baguettes, notre boulot a des répercussions sur la vie des gens. Mais en même temps on rit souvent, c’est le meilleur moyen de faire retomber la pression. » Annaël est conseiller funéraire, en charge de l’accueil des familles. Guillaume est crématiste, une activité plus technique (la gestion des cendres, ce genre de joyeusetés). Jeunes trentenaires, tous deux se disent « épanouis » 35
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par leur travail. Ils sont parmi les 42 employés des Pompes Funèbres des Communes Associées, le plus important établissement du genre dans le Finistère. 1 500 décès sont sous leur responsabilité chaque année, sur les trois sites de Brest, Landerneau et Lampaul-Plouarzel. « Rapporté à la journée, ça fait trois offices à gérer », éclaire Annaël. Certains jours, il est aussi de garde pour la levée des corps. Des moments pénibles. « On se doit de ne pas craquer pour ne pas inverser les rôles », explique-til, avant de reconnaître que « le plus dur, ce sont les odeurs, surtout quand tu retrouves un corps trois semaines après le décès ». La période de pointe pour un employé funéraire ? « Les jours autour du réveillon, avec un nombre élevé de suicides. C’est le moment où certains constatent qu’ils n’ont personne autour d’eux. La solitude fait des ravages. » Guillaume se trouve un défaut qui s’avère être une qualité dans la pratique de son métier : « Je suis assez nonchalant, ça aide car les émotions glissent sur moi. » Utile
en effet quand il faut s’occuper d’un noyé déformé par le travail de l’eau salée ou, pire encore, d’un enfant décédé. « On ne s’y fait jamais, et heureusement », avoue Annaël, qui poursuit : « Certaines personnes endeuillées ont besoin de trouver un coupable, parfois ça tombe sur nous, on doit accepter cette colère. »
froide, avec ses bidons de formol, s’attache à « rendre la dignité à la personne. C’est un travail de l’ombre, mais il est important, on doit donner au corps un aspect reposé, comme s’il dormait. » Changement de lieu, mais toujours le même thème : la mort. Benoît Suply et Claire Saccardy sont légistes, respectivement aux hôpitaux de LoLes tombes d’anarchistes rient et de Brest. Après une formation « En retour, on fait aussi un métier en médecine, ils ont suivi deux ans gratifiant, nuance Guillaume, beau- de cours complémentaires spécialisés coup souhaitent nous remercier pour dans l’exercice de ce métier « passionle travail effectué, le soutien qu’on nant, à la frontière de la médecine et apporte. » Annaël confirme, tout de la justice ». Leur travail ? Pratiquer comme Françoise Caradec, tha- des autopsies de morts considérées natopractrice dans le même centre suspectes. Mais pas que. funéraire et qui, depuis sa chambre « Contrairement aux idées reçues, on travaille plus sur des vivants », fait remarquer Claire. À savoir ausculter des femmes victimes d’un viol, des enfants ayant subi des sévices, diagnostiquer un agresseur pour savoir
« Être dérangée à 3h pour un corps recouvert d’asticots » 36
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Bikini
Jannis Kilian Kreft
DIE IT YOURSELF
si son état est compatible avec un interrogatoire... « Heureusement d’ailleurs qu’on ne voit pas que du cadavre », reconnaît la légiste qui, en 17 années d’exercice, avoue n’avoir jamais été incommodée par la vue d’un mort, quel que soit son état. « Être dérangée à 3h du matin pour voir un corps recouvert d’asticots, on fait avec. Le mort, il n’est pas chiant. Ce qui est plus compliqué, ce sont les à-côtés, la charge émotionnelle de la famille par exemple.» Ce qui la ferait arrêter ? « De ne voir que le côté négatif de la vie… » L’une des raisons qui a poussé son confrère à garder à mi-temps une activité de généraliste, « car le contact quasi permanent avec la violence de corps abimés peut user ». Loin des lumières blafardes des morgues, notre tour se termine au cimetière, lieu de calme et de repos éternel. Patrice Quénot et Éliane
Ammi travaillent au service funéraire de la ville de Rennes. Ils sont aux premières loges pour observer ce rapport aussi étrange qu’intime que les gens entretiennent avec la mort. « Certains choisissent leur tombe de leur vivant, d’autres veulent un emplacement à côté de celle du voisin, comme s’ils voulaient poursuivre dans l’au-delà la partie de cartes entamée de leur vivant… » Il faut aussi ménager les religions et les susceptibilités. « La tendance est à l’individualisation des sépultures. On a des tombes avec le A de anarchie, d’autres avec la faucille et le marteau, des kitsch et des plus classiques… Il faut respecter les sensibilités tout en ordonnant le cimetière avec harmonie. On parle quand même de la dernière demeure de chacun. » Pour les siècles des siècles. Régis Delanoë
« Au moyen d’une table spéciale et de caméras, l’installation permet de projeter le processus de décomposition biologique. » L’auteur de cette phrase n’est pas médecin mais artiste. Fasciné par la mort, l’Allemand Jannis Kilian Kreft en fait le thème central d’une œuvre numérique interactive : Post Mortem. Concrètement, vous pouvez assister de vos propres yeux au décharnement progressif – et virtuel, hein ! – de votre main et de votre avant-bras, avec l’apparition de toute la colonie de larves et de mouches festoyant autour du “repas”. Jannis, qui reconnaît avoir un jour échappé de peu à un incendie mortel, a eu envie de traiter de ce sujet pour en avoir « moins peur ». Post Mortem est un outil de réflexion sur notre rapport au corps et au vieillissement. « Nous sommes tous fragiles et éphémères. C’est important parfois de le rappeler. » La vie va vite. Mais la mort aussi : la première escouade de mouches arrive sur le corps seulement quelques heures après le décès. Fast and furious. À découvrir au festival Bouillants sur Rennes Métropole, à Saint-Brieuc et Saint-Malo, de mars à août 37
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UN CHIFFRE ET DES LETTRES
QUATRE FOIS CHAMPIONS DU MONDE DMC, LES DJ DE C2C S’APPRÊTENT À SORTIR LEUR PREMIER ALBUM, QUATORZE ANS APRÈS LEURS DÉBUTS. EN ATTENDANT, ILS FERONT LA TOURNÉE DES FESTIVALS OÙ IL SERA DIFFICILE DE LES LOUPER. es quatre garçons n’ont pour l’instant sorti qu’un EP mais sont déjà programmés dans les principaux festivals : Panoramas, Printemps de Bourges, 3 Éléphants, Art Rock, Papillons de Nuit, Garorock… Sorti au tout début de l’année, Down The Road avait été précédé par un premier clip en décembre 2011 : F·U·Y·A. Une vidéo assez hypnotique mêlant lyrisme et scratchs. Un titre qui marquait le retour officiel des C2C. Car les C2C, anciennement Coups 2 Cross, sont loin d’être des newbies. Née à Nantes en 1998 à l’heure des années lycée, cette bande s’est fait connaître par son titre de champion du monde par équipe au DMC, la compétition de référence pour tout DJ. Un sacre mondial qu’ils garderont quatre années consécutives, de 2003 à 2006, faisant d’eux une des valeurs sûres du turntablism, l’art de faire de la musique avec des platines en les utilisant comme des instruments à part entière. Si l’idée d’un album est apparue en 2005, c’est bizarrement à ce moment que le projet C2C est mis entre parenthèses. La faute à des carrières 38
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respectives chronophages : d’un côté, 20Syl et Greem tous deux membres du groupe de hip-hop jazzy Hocus Pocus ; de l’autre, Atom et Pfel qui forment le duo électro Beat Torrent. « On ne s’est jamais perdu de vue et ça nous arrivait de jouer ensemble sur scène à l’occasion, explique Greem. Mais on n’avait pas envie de faire un album entre deux dates. On voulait prendre le temps. » Pour les quatre DJ, le moment idéal arrive en septembre 2010. « On s’est enfermé un mois en studio pour commencer à bosser sur les premiers morceaux. » Une centaine de maquettes verront le jour, une vingtaine sera conservée pour l’album. « Les automatismes sont vite revenus entre nous. On a tout de suite su dans quelle direction on voulait aller. » L’aboutissement de leur consécration DMC en est une. « Nos performances dans les championnats avaient quelque chose de frustrant. On avait la contrainte d’être efficace et le plus concis possible. Il fallait faire un condensé le plus explosif de ce qu’on savait faire, alors qu’on aurait aimé développer davantage certains passages. »
Élément recherché : la musicalité. Pas forcément une facilité quand la technique est omniprésente. « Il ne faut pas que les scratchs desservent la musique, c’est une chose à laquelle on a toujours fait attention. » À l’image de l’EP, leurs morceaux empruntent différentes esthétiques : hip-hop, électro, blues, funk… « Au final, on essaie de trouver un juste équilibre entre l’analogique vintage et l’électronique moderne. » Forcément, la comparaison avec Birdy Nam Nam apparaît. Ça vous saoule à force, les gars ? « Non, c’est normal. Ça serait même bizarre de ne pas y penser. Quatre DJ, champions du monde, derrière leurs platines… on se ressemble. Après, on a les mêmes instruments mais on ne fait pas la même musique. Pareil dans le rock : tous les groupes en guitare/basse/batterie ne jouent pas les mêmes morceaux. » Julien Marchand Le 7 avril à Panoramas à Morlaix Le 11 mai aux 3 Éléphants à Laval (53) Le 26 mai à Art Rock à Saint-Brieuc Le 27 mai aux Papillons de Nuit à Saint-Laurent de Cuves (50)
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photo : DR
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CHEF DE CABINET
C’EST UN DESSINATEUR QUI AIME L’HUMOUR À LA CON, L’AUTODÉRISION, LES FOOTEUX DU DIMANCHE, TRAVAILLER EN MUSIQUE ET BOIRE DES COUPS AU BISTROT. BOUZARD A TOUT DU TYPE BIEN. ranchement, quel meilleur endroit que les chiottes pour bouquiner ? Combien d’entre vous sont d’ailleurs en ce moment assis sur le trône à lire ces lignes ? Notre gars Bouzard, pareil. C’est ainsi qu’à l’âge de huit ans, Spirou magazine sur les cuisses, le natif de Paris a découvert que quand il serait grand, il ne ferait pas pompier ou astronaute, mais dessinateur de BD. « Je m’étais pris de passion pour Les Tuniques Bleues. » Soit les aventures de deux trublions, le sergent Chesterfield et le caporal Blutch, embarqués dans une drôle de guerre contre les Confédérés dans l’Amérique du XIXe. Le gamin y puise un trait et un humour simples qui vont être à la base de son propre style. Ado, il le travaille en croquant potes et profs, avant d’intégrer les BeauxArts durant deux ans, au milieu des eighties. « C’est à ce moment que j’ai monté mon propre fanzine, que j’avais classieusement appelé Caca Bémol… » Il lui permet d’être repéré par deux maisons d’édition : 40
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Six Pieds sous Terre, avec qui il sort Plageman, et Les Requins Marteaux qui compile des planches autobiographiques publiées dans le magazine Psikopat. « J’avais envie de faire comme des auteurs de BD connus : raconter ma vie, même si vivant désormais dans un bled des Deux-Sèvres et étant assez casanier, elle n’est pas très passionnante ! » Résultat : The autobiography of me too, The autobiography of me too two et The autobiography of me too free like a bird constituent un recueil d’histoires mettant en scène un dessinateur au sourire benêt, qui passe ses journées à écouter ses vinyles de Motörhead à fond les ballons, à rigoler tout seul de ses gags, à descendre des canons au bistrot avec ses potes et à se prendre le chou avec son chien Floppy. C’est frais, pas prise de tête pour un sou, avec des dialogues bien crétins mais jamais méchants. Chez Dargaud, il a poursuivi l’aventure avec The autobiography of a mitroll. Ce titre, une explication ? « Oh bah je voulais parler de trolls et j’avais
envie de rester avec les personnages de la série, alors pour garder le jeu de mots, j’ai raconté l’histoire d’un gars à moitié troll ! » On l’a compris, Bouzard dessine « à l’improvisation », planche par planche, souvenir de ses années fanzine, et choisit ses sujets selon son instinct et ses goûts personnels. « C’est d’ailleurs parce que j’adore moi-même jouer que j’ai sollicité le mag So Foot et commencé à collaborer avec eux. » Là encore, il s’amuse des travers du monde du ballon rond, lui qui se dit « surtout footeux du dimanche ». Enfin chez Fluide Glacial, il sort ces jours-ci un nouvel album, qui lui vaut de faire la tournée des salons et festivals. Son nom : Mégabras. L’histoire ? « Euh bah c’est l’histoire d’un super-héros débile avec des gros bras. » Un chouette moment de chiottes en perspective.
Régis Delanoë Les 14 et 15 avril au festival de BD de Perros-Guirec
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photo : Bikini: Dargaud, Bouzard. Illustrations
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FOLIE DES GRANDEURS GROSSE CLAQUE. C’EST CE QUI VOUS ATTEND DANS LA TRONCHE AVEC LE NOUVEAU PROJET D’AMON TOBIN. UN LIVE ÉLECTRO À L’INSTALLATION VISUELLE HORS-NORME. UN FUTUROSCOPE POUR DJ.
es vidéos sur YouTube sont assez dingo. Pour son dernier album ISAM, le DJ Amon Tobin a conçu un live assez ouf. Des dizaines de cubes imbriqués forment un imposant environnement en trois dimensions sur lequel différentes projections vidéo réagissent en temps réel à la musique. Une technologie de mapping poussée ici à un putain de high-level. Lorsqu’on interroge Amon Tobin sur les raisons qui l’ont amené à vouloir développer cette performance visuelle, il évoque la première matière qu’il aime travailler : les sons. Des sons qu’il voulait « mettre en valeur d’une façon complètement nouvelle et différente ». Comme il a pu le faire lors de la réalisation de son album. Car pour ISAM, ce natif du Brésil, aujourd’hui installé à San Francisco, s’est attaché à rechercher des sonorités provenant d’objets du quotidien (chaise qui grince, ampoules qui s’entrechoquent par exemple) et à les numériser afin de pouvoir les bidouiller à l’infini. « J’étais curieux de voir comment ces sons fonctionnaient. Je voulais connaître leurs possibilités musicales », explique-t-il. Un projet presque chirurgical où des sons naturels et organiques deviennent synthétiques, où 42
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l’acoustique devient électronique. Au risque d’être obnubilé par la démarche expérimentale et de perdre de vue l’aspect musical ? « Tout ce qui est nouveau n’est pas sans risques. Mais je ne pense pas que le mélodique et l’expérimental soient contradictoires. » Cette absence de dualité, Amon Tobin la voit aussi dans son show qu’il considère autant musical que visuel. « Il y a un équilibre qui se
crée entre ces deux aspects. Chacun est dépendant de l’autre, chacun réagit à l’autre. C’est quelque chose dont on se rend vraiment compte lorsqu’on voit le spectacle de ses propres yeux. Sur YouTube, vous n’avez, malheureusement, qu’une partie de l’histoire. » Julien Marchand Le 9 mai au Liberté à Rennes
PARDON MY FRENCH
Frazer Waller
APRÈS DEUX EP REMARQUÉS ET LA TOURNÉE DES FESTOCHES DU COIN EN 2008 ET 2009, LES WANKIN’ NOODLES PASSENT CETTE ANNÉE AU FORMAT ALBUM. ENTRETIEN AVEC RÉGIS, LE CHANTEUR. près des débuts en anglais, vous vous mettez maintenant à chanter en français. Pourquoi ? C’est une démarche collective qui nous a semblé cohérente. Rien ne nous a été imposé, on a juste trouvé que c’était une manière pour nous de gagner en efficacité. Les compositions se sont faites d’instinct, c’était la bonne formule.
moins envie et a donc décidé d’arrêter avec nous pour se consacrer à son groupe, ce que je comprends. Ça s’est fait en toute transparence et sans clash, c’est bien. L’autre truc cool, c’est que la transition s’est vite faite avec le nouveau guitariste, François, un Malouin qui a pris le relais. Du coup, ce petit changement apporte un vent de fraîcheur, c’est d’autant plus excitant.
Du coup, avec le français, vous ne pouvez plus cacher votre misogynie et vos paroles débiles ! La base des Wankin’ Noodles, c’est ce côté fantaisiste. On aime jouer avec les clichés du rock, les relations gars/filles, la luxure, le pouvoir… On revendique ce côté sales gosses et ces thématiques adolescentes, de même que je revendique mon personnage sur scène, volontairement démonstratif. Sur ce point ça ne changera pas ! On a essayé de faire plus dans la nuance, mais ça faisait trop mièvre.
Quel objectif pour les Wankin’ Noodles en 2012 ? Un album sert d’abord à vendre du live. On a d’ailleurs volontairement souhaité l’autoproduire, pour aller au plus direct, et l’enregistrer en grande partie en live, à l’Ubu à Rennes, pour avoir ce son brut. On a maintenant une grosse envie de défendre notre line-up sur scène, avec ce mix de chansons en anglais et en français. Je pense qu’on amène un son assez inédit en France actuellement, à nous de prendre la place.
Côté changement, il y a aussi le départ de Jean-Sylvain qui se consacre à 100 % à Juveniles... Le départ de JS s’est fait naturellement. À un moment, il a juste eu
Recueilli par Régis Delanoë Le 20 avril au Coquelicot à Fougères Le 11 mai au Glenmor à Carhaix Le 19 mai à Arradon 43
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ROCK’N’LOL
ANCIEN JOURNALISTE ROCK, THOMAS VDB VIENT PRÉSENTER À RENNES SON NOUVEAU SPECTACLE. UN DEUXIÈME ONE-MAN OÙ LA MUSIQUE OCCUPE ENCORE UNE PLACE IMPORTANTE. LA CHANSON FRANÇAISE DOESN’T LIKE THIS. n a préféré aborder les sujets qui fâchent dès le début de l’interview : putain, t’es au courant que tu vas jouer en première partie de Cali au festival Mythos ? « Ouais je sais, confesse Thomas VDB qui aime autant écouter le répertoire du Catalan que de recevoir un coup de pied dans les roustons. On m’a appris ça après m’avoir confirmé que j’étais bien programmé. Et là, je me suis dit : je suis dans de beaux draps. Enfin, tant que les fans de Cali ne se mettent pas à sauter comme lui avec les bras en l’air, ça ira. » Si Thomas n’écoute pas C’est quand le bonheur, c’est sans doute parce qu’il a été pendant sept ans journaliste à Rock Sound plutôt qu’à Télérama. « Devenir critique rock, c’était un rêve de gamin. Mais quand je suis devenu rédacteur en chef, c’était moins rigolo. Tu envoies les journalistes faire des interviews aux USA, alors qu’avant c’était toi qui y allais. » Il évoque aussi une certaine routine. « J’ai dû rencontrer entre 400 et 500 groupes. Quand tous te disent “c’est 44
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le meilleur album qu’on n’ait jamais fait”, tu as vite une sensation de déjà-vu. » En 2006, après plusieurs années de skate-punk américain et de nu-métal français (ahah) qui auront raison de lui, Thomas lance son premier one-man : En Rock et en Roll. « On me présente souvent comme un journaliste qui est devenu comédien. Mais en fait, j’étais intermittent avant d’être journaliste », précise le trentenaire. Un premier spectacle où il donne sa version de l’histoire du rock, raconte sa vie de fan et en profite pour balancer quelques tacles à Jean-Louis Aubert, Blankass et autres groupes de « chanson rock ». Des blagues qu’il testera d’ailleurs aux Charrues en 2007. « Les deux premiers soirs, j’étais à l’espace des Arts de la rue, ça s’était bien passé. Mais le troisième jour, on m’a programmé sur l’une des scènes, entre Keny Arkana et Oxmo Puccino : j’ai découvert la solitude. Pendant vingt minutes, le public se demandait si je n’étais pas là pour faire le sound check », se souvient celui qui présente aujourd’hui Presque
Célèbre, un nouveau one-man qui confirme son étiquette rock. « Je parle de musique malgré moi, ça revient naturellement. » Si ce fan de Queen officie également comme chroniqueur sur France Inter, sa présence dans Planète Musique Mag, l’émission de France 2, interpelle davantage. Surtout quand il reçoit Amel Bent, Julien Doré ou Chimène Badi. Thomas, c’est quoi ce bordel ? « Quand on m’a proposé l’émission, on m’a dit que ça serait essentiellement de la chanson française. Au final, c’est que de la variet’… C’est un genre que je n’écoute pas, du coup j’ai une aisance totale pour les interviews. J’ai ainsi pu dire à Patrick Fiori que le titre de son album, L’Instinct Masculin, me faisait penser à un nom de déodorant sans qu’il le prenne mal », raconte ce copain de Boogers qui tient à nous rassurer : « En ce moment, j’aime bien Kim Novak et le dernier Stuck in the Sound. »
Julien Marchand
Le 5 avril au festival Mythos à Rennes
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photo : DR
RDV
COMPLÈTEMENT GLUCOSE
RÉVÉLATION DES DERNIÈRES TRANS, BRETON, UN COLLECTIF LONDONIEN D’INSPIRATION SURRÉALISTE, A L’AMBITION DE METTRE EN MUSIQUE ET EN IMAGES LE CHAOS QUI NOUS ENTOURE. AUTANT DIRE QU’IL Y A DE LA MATIÈRE. éjà, levons tout de suite un doute : non, Breton n’a pas choisi de s’appeler ainsi pour l’amour des crêpes, du cidre et de la danse petit doigt levé. « C’est une référence à André Breton, l’auteur du Manifeste du Surréalisme », éclaire Adam Ainger, cocréateur du collectif. « Ceci dit, notre concert en Bretagne aux Trans 2011 reste un de nos meilleurs souvenirs, s’empresse-t-il de rajouter, comme pour s’excuser. C’est la première fois qu’on jouait devant des centaines de personnes, une drôle d’expérience… » Breton est né et vit toujours dans un squat londonien. Une immense banque désaffectée qui leur tient lieu aussi bien de logis que d’espace de création et de répétition. Son nom : le BretonLABS. « Quand on a découvert le lieu, certaines des pièces et chambres fortes n’avaient pas été ouvertes depuis vingt ans, c’était fascinant, se souvient Adam. On s’en est d’abord servi pour organiser de nombreuses grosses 46
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teufs, puis naturellement on s’est mis à y vivre et à y travailler. » Dans ce symbole des dérives capitaliste qu’ils se sont approprié, les gars de Breton se sentent « unis comme des frères », investis d’une mission : retranscrire artistiquement les sentiments d’une génération dans le flou. « Quand tu vis dans une ville comme Londres, tu es confronté au chaos, que tu le veuilles ou non. C’est un sentiment tellement prégnant dans le monde d’aujourd’hui que c’est à la fois excitant et effrayant. Ce groupe est notre manière d’essayer d’exprimer ceci. » Quand les Mancuniens de Wu Lyf prônent la messe païenne pour faire face au bordel ambiant, Breton décide donc de s’en remettre au surréalisme. Adam dit ainsi aimer « prendre des choses et les mettre hors de leur contexte, afin d’en changer le sens, à la manière d’André Breton ». Musicalement, ce mode de création artistique se traduit par une mosaïque de sons triturés, détournés de leur utilisa-
tion première. Le procédé s’apparente à celui utilisé par Brian Eno et les Talking Heads (des influences revendiquées) ; le résultat fait penser à Foals, en plus complexe. « On supprime les frontières et les styles, de sorte qu’il n’y ait pas ces réflexions du style “n’utilisons pas ça, c’est trop stylé hip-hop east coast” ou “supprimons cette guitare, elle a un son eighties”. Je trouve ce genre de réflexions assez datées en fait, un peu “pré-mp3”. » Adam et sa bande ne se contentent pas de création musicale, ils gèrent également les clips et les visuels. « Le Labs nous permet d’exprimer nos passions qui sont multiples : la musique, le cinéma, la photo, l’illustration, le design, l’écriture… » Une bonne manière de mettre en pratique l’adage d’André Breton : « La beauté sera convulsive ou ne sera pas. » Régis Delanoë Le 23 mai au Manège à Lorient Le 26 mai à Art Rock à Saint-Brieuc
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photo : DR
VIDE TON SAC
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AGENDA
Cabaret Conteporain
DR
Bikini
Vincent Paulic
RECOMMANDE
LE FORUM D’ART ROCK
LES SOIRÉES ÉLECTORALES
SETH GUEKO
DANCEFLOOR F.M
Comme aux Charrues avec la petite scène Xavier Graal, c’est hors du site principal de Poulain-Corbion qu’on trouve les meilleurs plans concerts d’Art Rock. À l’affiche du Forum de la Passerelle, il y a notamment un samedi au top, avec Acapulco 44 (photo) l’aprem ; puis Ghostpoet, Breton et Rover en soirée.
Deux écoles s’affrontent : les curieux qui fouillent sur le Net pour choper les résultats en exclu, et les patients qui attendent 20h pour les premières estimations avec Pujadas et Chabot. Dans tous les cas vous savez ce que vous avez à faire avant : à vos cartes électorales, citoyens.
Le garçon de Saint-Ouenl’Aumône balance toujours un rap aussi cradingue que percutant. Des punchlines à la pelle, une misogynie exquise, des références à la fois chic et cheap : l’auteur des Fils de Jack Mess et de Patate de forain ne fait jamais dans la finesse. Une bonne idée de cadeau pour la fête des mères.
En clôture du festival Sonik, quatre DJ et instrumentistes mixeront de la musique contemporaine sur l’esplanade François Mitterrand, au pied du théâtre de Cornouaille. Dans leur playlist ? Les compositeurs Ligeti, Reich, Stravinski... Une soirée qui se veut dansante ET savante. C’est gratos en plus.
SPRING @ KERIOLET L’équipe d’Astropolis fête l’arrivée du printemps dans un cadre méga classe : le château de Keriolet. Dans la cour de cette bâtisse à l’architecture néo-gothique, se succéderont Rone, Kevin Saunderson et Fritz Kalkbrenner. Détail non négligeable : c’est férié le lendemain. À Concarneau Le 16 mai
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À La Carène à Brest Le 25 mai
ÊTRE DEHORS LE SOIR
Pour leur nouvelle création, le chorégraphe – artiste associé au TNB – et sa compagnie DCA reviennent sur les spectacles qui ont marqué leur parcours. Panorama se présente comme un best of : Vague café, Codex, Shazam!, Sombreros... Une bonne séance de rattrapage quoi.
Il y a des signes qui ne trompent pas : il fait jour de plus en plus tard, les terrasses sont pleines, l’air sent bon le gazon tondu et vous avez remisé le manteau, l’écharpe et les mitaines. Oh bon sang mais c’est bien sûr, le printemps est de retour ! Barbeuc ce soir ? Partout Jusqu’en été
DR
DCA
PHILIPPE DÉCOUFLÉ
À Rennes et Saint-Brieuc (Art Rock) En avril et mai
À Quimper Le 12 mai
Bikini
Dans tous les salons Le 22 avril et le 6 mai
photo album Keriolet
À Saint-Brieuc Du 25 au 27 mai
CRUCIFIED BARBARA Quatre bonnasses qui jouent du hard-rock 80’s. Ces Suédoises font dans le classique du genre (elles ont tourné avec Motörhead et Alice Cooper) mais ce son kitsch-cool nous donne envie de regarder Wayne’s World ou de jouer à Need for Speed. En général, c’est bon signe. À L’Échonova à Saint-Avé Le 5 avril