BIKINI juin-juillet-août 2011 n°2

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JUIN-JUILLET-AOÛT 2011 #2



TEASING

À découvrir dans ce numéro... « C’EST COMME UN COIN À CHAMPIGNONS »

W O O D S T O C K

UN MÉLANGE D E B A B A S ET DE PUNKS

BATMAN BISEXUEL P

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TA RT I F L E T T E

STATION-SERVICES


ÉDITO

VERY GOOD TRIP Chaque été, les festivals rythment les vacances. Pour beaucoup d’entre nous, elles se planifient en fonction de ces rendez-vous. Dans la région, l’offre est riche. Chaque type de festivaliers s’y retrouve tant il y a à boire et à manger (et à vomir) dans les différentes programmations. Le public est multiple, les line-ups aussi. Mais au-delà de l’aspect musical, ces rassemblements sont surtout attendus pour la parenthèse qu’ils offrent. Du camping à la scène, les festivals deviennent, le temps d’un week-end, des zones d’autonomie temporaire. Des lieux coupés du monde. Une nouvelle dimension sans préoccupation extérieure, uniquement régie par les prochaines 48 heures. La fête qu’on y fait a été imaginée, parfois réfléchie, révélant le caractère particulier de ces moments. Car ces espaces réservent toujours des rencontres improbables et des lendemains à la Very Bad Trip. Mais sans le tigre et le Chinois. La rédaction

SOMMAIRE 6 à 17 18 à 23 26 à 29 30 & 31 32 à 37 38 à 51 52 & 53

WTF : concerts mainstream, musique à la plage, film it yourself, sites libertins, pétanque, Thomas VDB, bouffe en festival, Balkans, fixie bike, Tristan Nihouarn, surf 2.0, foot cool, urinette, poulet au fast-food, anti-agenda... Retour vers le Woodstoock Rendez-vous en aire inconnue Musique de supermarché Le rap, c’était mieux demain ? RDV : Baadman, Bumpkin Island, Marco Mancassola, Krismenn, Electrelane, Monkey & Bear et Julien Tiné Vide ton sac... Stromae

54 BIKINI recommande

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juin-juillet-août 2011 #2

Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Regis Delanoë, Jasmine Saunier, Benoît Tréhorel, Isabelle Jaffré / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Photographes : Justin Bihan, Vincent Paulic / Consultant : Amar Nafa / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (Saint-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Thomas Deregnieaux, Typhaine Tripoz, Étienne Cormier, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2011.


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WTF

ONE SHOT

QUEL CONCERT MAINSTREAM VOIR cet ÉtÉ ?

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Parmi les invités des festivals bretons, des artistes arrivent à concilier succès grand public et musique qui déboite. Les radios FM auraient-elles bon goût ?

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Dominique Gouband

C’est le nombre d’édition annoncé pour le festival Just One qui se tient le 9 juillet au Cap Sizun (29). L’association iMiouzik, composée uniquement de bénévoles, a inscrit dans ses statuts sa disparation sitôt le festival terminé. Parce que « l’énergie la plus puissante est souvent celle de la 1re fois ».

RIRE & CHANSONS NOSTALGIE

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DR

LE CLIP

Pour la sortie de leur nouvel album, les trois Briochins de Rafale nous ont servi un clip bien gaulé pour leur titre Everglades. Un mélange entre Maman j’ai raté l’avion et une journée au FMI. On like.

L’ EXPO

alice

En octobre prochain, les Champs Libres, à Rennes, consacreront une exposition très attendue sur Alice au pays des Merveilles. Des illustrateurs contemporains revisiteront notamment les personnages et l’univers de Lewis Carroll. 6

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Le lol au service de la musique. Parfait contre-pied de la « nouvelle » chanson française, certains amuseurs misent sur les refrains débiles, les onomatopées et les univers tagadapouet-pouet. Philippe Katerine, qui en l’espace de trois albums est passé du cynisme à la pitrerie, apparaît comme l’un des gars les plus intéressants de la variété française. Même s’il est parfois usant. Qui ? Katerine (Pont du Rock), Elmer Food Beat (L’Armor à Sons) Idéal pour : parfaire votre technique de pet avec les dessous de bras. Votre voisin de concert vous dira : « C’est Toto qui va au marché et… »

NRJ

Attendues à chaque annonce de programmation, les icônes et formations cultes ratissent tous les âges. De la ménopausée à l’ado qui vient de se farcir l’intégrale des Kinks, ces spectateurs vont à un festival comme ils iraient à Jurassic Park. Voir les derniers spécimens de la grande époque avant qu’ils ne s’éteignent pour de bon. Car, oui, même les vélociraptors ont disparu et depuis on n’a jamais fait mieux. Qui ? Lou Reed (Vieilles Charrues), Toots and the Maytals (Bout du Monde) Idéal pour : se taper une MILF. Votre voisin de concert vous dira : « Tu peux me prêter ton portable ? J’ai épuisé mon forfait Ola. »

Dans la famille « hits music only », des artistes font figure de machines à tubes et à fric. Les kids en raffolent, leurs aînés ne savent pas trop sur quel pied danser. Meilleur exemple avec Stromae qui a dû attendre d’être adoubé par le boss des Trans pour faire taire les mauvaises langues. Les mecs qui ont posté Alors on danse sur leur mur Facebook au printemps 2010 peuvent se faire toutes les meufs qu’ils veulent : ils étaient dans le vrai. Qui ? Stromae (Charrues, Fête du Bruit), Snoop Dog et Yelle (Charrues) Idéal pour : échanger vos vignettes Panini en double. Votre voisin de concert vous dira : « T’as pas vu mon Eastpak ? J’ai mes pitchs et ma vodka/pomme dedans. » J.M


sa musique est insupportable, que faire ? Entre les reprises de Sinsemilia à la guitare sèche et Skyrock à donf dans le poste, les aprem à LA plage ne sont pas forcément synonymes de vacances auditives. vous avez trois solutions. Justice soi-même L’été, la mer, le soleil… et votre voisin de serviette qui sort sa guitare et se met à jouer Le Dîner de Bénabar. Premier réflexe : aller lui faire comprendre que son sens de la fête n’est pas le vôtre. Si rien n’y fait, retenez qu’il est interdit de : confisquer l’objet du délit, frapper, frapper avec l'objet du délit. En cas d’ITT, vous risquez jusqu’à 45 000 € d’amende. C’est comme ça.

sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité (...) ou à la santé de l'homme ». La limite : cinq décibels au-dessus du « bruit normal ». Mais à moins d'un meeting géant de djembés, peu de chance que la maréchaussée se déplace.

Porter plainte

FILM IT YOURSELF

DR

Les plus procéduriers pourront « directement saisir le tribunal de police, explique une avocate brestoise. Chercher la police Mais ça n’a aucune chance d’aboutir. » Reste que ce musicien peut être hors- Ah. Seule solution : aller piquer une la-loi. Le décret du 31 août 2006 énonce tête. Et attendre. « qu’aucun bruit particulier ne doit, par Isabelle Jaffré

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LE DARON

PAS BESOIN DE MATOS DE PRO POUR FAIRE UN COURT-MÉTRAGE. VOTRE PORTABLE SUFFIT.

Justin Bihan / Bikini

CINé COURT Dans la lignée de Michel Gondry et son Soyez sympas, rembobinez, montrant comment faire de l’art avec du matériel de cochon, les pocket films se développent. Dans la région, le festival du Film Trouc tient sa 4e édition à Collinée et OuestFrance organise à l’automne son 3e concours Film de poche. Règles identiques : quelques minutes max, tout matos accepté sauf caméra.

C’est l’âge de Jimmy Cliff, la tête d’affiche du Summer Reggae Fest qui se tient les 7 et 8 juillet au Fort St-Père, près de Saint-Malo. Figure de la scène jamaïcaine, il assurera ici l’une de ses rares dates françaises de l’année 2011.

CINé COOL

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« L’originalité importe plus que la qualité de l’image. Les meilleurs rendus sont souvent les délires d’une bande de potes », explique Janik Le Caïnec du concours Film de poche. Même sens de la dérision, un chouïa plus trash, du côté du Film Trouc où les thèmes imposés sont le sexe, la violence et le rock’n’roll. « L’esprit potache est essentiel, insiste Slash, l'un des orga’. On s’amuse à dérouler le tapis rouge, à se déguiser et à remettre des prix farfelus. » R.D Festival du Film Trouc le 18 juin à Collinée

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CARTE BLANCHE

sexy sushi On ne connaît pas encore la prog 2011/2012 de l’Antipode à Rennes. Mais on a appris que Rebeka Warrior et Mitch Silver auront carte blanche pour une soirée à la rentrée. Si c’est vrai, c’est plutôt cool. 7


WTF

LES LIBERTINS SONT-ILS DE BONS INTERNAUTES ? Les sites et blogs coquins jouissent-ils d’une bonne vitalité ? État des lieux avec Jean-Pierre, webmaster de Sexe en Bretagne, première plateforme libertine dans la région. « La Bretagne s’est réveillée au début des années 2000. On a vu naître des sites libertins bretons, misant sur la proximité, alors que dans d’autres coins il n’y a que les sites nationaux qui fonctionnent », explique JeanPierre dont le site Sexe en Bretagne recense près de 16 000 annonces libertines. Quid des blogs ? « Il y a eu un phénomène de mode il y a trois ans. Aujourd’hui, une centaine de blogs restent actifs en Bretagne. »

aussi une newsletter qui est envoyée à 30 000 adresses actives. »

LES ENVIES

« Il y a pas mal de coquins ici. Ils peuvent se rencontrer grâce aux annonces », raconte JP qui voit deux types de visiteurs « les amateurs et les pros ». Ces derniers – boutiques, clubs, saunas – « sont contents d’être présents sur le site » et peuvent ainsi toucher de nouveaux clients potentiels. « On a organisé une soirée en partenariat avec un club libertin À PLUSIEURS dernièrement. Le site a ramené 150 Cela fait douze ans que Sexe en couples, c’était rempli. » Bretagne existe. « Actuellement, nous avons chaque jour en moyenne CASH 12 000 visiteurs uniques. C’est le « Entre le serveur, l’hébergement et lundi que nous réalisons nos meil- la maintenance, cela coûte entre 300 leures fréquentations. Nous avons et 400 euros par mois. » Pour « ne

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DÉSIR RÉGIONAL

pas perdre de l’argent », le site fonctionne avec des bannières pub. « Le site est gratuit pour les visiteurs », insiste JP. Ce qui n’est pas le cas de tous les blogs amateurs bretons. « Certains sont dans une politique de faire rentrer de l’argent. Alors, ils font payer l’accès à leur contenu. Heureusement, c’est une minorité. Dans la région, moins d’une dizaine de blogs tournent pour le pognon. » J.M

PALET vs PÉTANQUE : le match de l ’ÉtÉ POUR ACCOMPAGNER LE SOLEIL, LE BERMUD’, LES POTES ET LE PACK DE BIÈRES, TU AS LE CHOIX ENTRE TÂTER DE LA BOULE OU DU PALET. ON T’AIDE À CHOISIR. PALET, LA GROSSE COTE Longtemps catalogué activité pour vieux et représenté essentiellement dans le 35, le jeu de palets se démocratise. « Sa vente est en hausse importante depuis un an, de l’ordre de 100 % », note Gabriel Kerlen du Décathlon de Quimper. Son collègue de Vannes constate que l’activité connaît « plus de succès chez les jeunes que la pétanque ». À Rennes, par exemple, on y joue à proximité de certains bars du centre-ville. Sandrine Boitel de la marque David, leader sur le marché, note l’apparition d’une nouvelle clientèle « adepte du relooking ». La customisation du palet, ça sent effectivement le méchant coup de jeune. 8

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PÉTANQUE, LA VALEUR SÛRE La pétanque est le jeu idéal pour réunir trois générations d’une même famille et digérer les merguez/chipo du dimanche midi. Si la popularité des boules ne se dément pas – les cinq magasins Décathlon contactés notent une stabilisation ou une hausse des ventes ces dernières années – elles restent néanmoins pratiquées par une clientèle plutôt âgée. Romain Le Coursonnois, du point de vente de Chantepie, parle d’une clientèle majoritaire « d’hommes retraités ». Apparaissent néanmoins des manifestations pour jeunes, comme le Pétanque Sound à Langueux ou le Mix’n’boules à Astropolis, combinant compet’, bonne zik et ambiance cool. R.D


DES DIX GROUPES SéLECTIONNÉS POUR LE TREMPLIN CARHAISIEN, notre cONSULTANT DE LUXE A RETENU deux FAVORIS.

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thomas vdb, notre juré des jeunes charrues

Ce n’est pas parce que l’ancien critique rock s’est reconverti dans le one-man show qu’il ne surveille pas la nouvelle scène musicale. Et oui.

JESUS CHRIST FASHION BARBE « Alors eux c’est vraiment, mais vraiment pas nul du tout. Ils ont un nom qui tape. Je viens de voir leurs vidéos, j’adore. Apparemment, ça buzze déjà sur eux. Dommage que je ne les découvre que maintenant, j’aurais espéré que plus tard ils puissent dire dans leurs interviews “on doit énormément à Thomas VDB”, ça m’aurait flatté. J’achèterai leur disque, j’irai à leur concert et je leur fais de gros bisous. »

CROSS DAMAGE « Enroué et ronchon. On peut dire que le chanteur est enroué et ronchon, ou bien il donne l’impression de l’être beaucoup. Il faudra que j’achète leur disque si jamais un jour on me demande de partir à la guerre (on sait jamais). Je le mettrai dans mon lecteur MP3, ça me mettra bien dans l’ambiance. Ils jouent ultra carré, et j’ai l’impression que si ce n’était pas le cas, ça serait pénible à écouter. » Recueilli par R.D 9


WTF

charrues Le festival carhaisien est archi complet. Mais comme on est cool à BIKINI, on a décidé d’offrir à quatre de nos lecteurs deux billets journée chacun. Pour être l’heureux élu, rendez-vous sur notre Facebook et restez à l’affût.

LA COMPIL

C’est quoi ? Concoctée par Radio Campus Rennes, Vibrations électriques #4 regroupe les espoirs 2011 de la scène rennaise. Y’a qui ? Matmon Jazz, Da Titcha, Garbo, Ladylike Lily… Pour vous ? Pour les cinq premiers qui nous envoient un mail à jeu@bikinimag.fr

ARTS NUMÉRIQUES

bouillants

Exposition itinérante d’œuvres technologiques, Bouillants fait étape à Art Rock. Ce rendezvous se penche sur la question du corps comme objet. Huit installations, dont le « face visualizer» de Daito Manabe, sont à découvrir au 7 bis à SaintBrieuc, du 7 au 30 juin. Gratuit. 10

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QUE MANGER EN FESTIVAL ? La nourriture peut faire la différence entre ceux qui tiennent le choc et ceux qui s’endorment dans leur vomi. GUIDE DE SURVIE AVEC le DOC Philippe Chevé, nutritionniste à Rennes. TARTIFLETTE La barquette des vainqueurs : pommes de terre, reblochon et lardons. Une bonne part de 350 g te blinde de 515 kcal, dont 20 % de protéines, 11 % de glucides et 55 % de lipides (oui, quand même). Le pouvoir de la montagne au service de la win. Idéal pour : éponger l’alcool. La bière tombe dans la tartiflette… et disparaît. Pfuit. L’avis de l’expert : « Il y a beaucoup de pommes de terre, donc des féculents qui donnent de l’énergie. Dans une tartiflette, ils sont d’autant plus efficaces qu’ils sont accompagnés de gras. Dans le cadre d’un festival, pour picoler et danser, c’est un bon plat ! »

Justin Bihan / Bikini

QUAND Y’EN N’A PLUS...

KEBAB

La pita (ou baguette) à la dinde et sauce blanche, sans mayo ni frite, rapporte 500 kcal. Elle contient 15 % de glucides, autant de protéines et 8 % de lipides. Un plat relativement équilibré, et qui cale. Idéal pour : lutter contre la fatigue et coucher tous tes potes. L’avis de l’expert : « C'est un bon choix car c’est assez complet. La viande est bien cuite à la verticale (ce MERGUEZ Elle chiffre dans les 220 kcal l’unité. qui limite le gras). C’est moins riche Viande de bœuf, d’agneau et de et moins roboratif que la tartiflette, veau : 16 % de protéines et près et ça donne beaucoup d’énergie. » de 30 % de lipides. Plus elle est cheap, plus elle est grasse. Ami, CRUDITÉS BIO on ne te conseille pas le total mer- C’est la pas-bonne-idée-du-jour. guez, vraiment pas. Ne viens pas Certes, tu ne manges pas gras et ce te plaindre après. sont des petits légumes bons pour Idéal pour : la fille qui suit un la santé. Mais pour 300 à 400 kcal, régime Dukan et qui ignore l’in- tu te retrouves tout nu et démuni croyable potentiel de cellulite d’une dans l’univers éprouvant du festival. merguez. Idéal pour : manger diététique et L’avis de l’expert : « De tous rentrer se coucher à 21 h. ces plats proposés en festival, L’avis de l’expert : « Non, avec ça la merguez est vraiment le plus on ne tient vraiment pas la route. mauvais : ce n’est pratique- C’est possible, à la rigueur, si on a ment que du gras et il n’y a aucun mangé des féculents avant de venir. féculent pour apporter de l’énergie. Et uniquement. » Je déconseille. » Jasmine Saunier


Arne Reinhardt

T ’AS PAS 100 BALKANS ?

cET ÉTÉ, les musiques du sud-est de l’Europe SONT à l’honneur. Choisis ton camp, camarade. Famille hip-hop Passés au Bout du Monde en 2007, les gars de Balkan Beat Box hiphopisent et électronisent le klezmer (musique d’origine juive) et les sonorités venues des Balkans (bordel religieux). Vous l’aurez compris, les auteurs de Nu med auraient très bien pu signer la BO de Rabbi Jacob. Le 17 juillet aux Vieilles Charrues pour la soirée spéciale Balkans

Famille trad’ Découverte il y a 15 ans alors qu’elle écumait les mariages dans le fin fond de la Roumanie, la Fanfare Ciocarlia (photo) a, depuis, plusieurs tours du monde au compteur. Ces joueurs de cuivre jouent vite et bien, piochant autant dans le répertoire traditionnel de leur pays que dans des classiques revisités (Born to be Wild…). Le 5 août au Bout du Monde

Famille punk Avec sa stache canaille, ses futales bariolés et son anglais roulé sous les aisselles, Eugène Hütz, leader de Gogol Bordello, ressemble à un improbable croisement entre Dee Dee Ramone et Borat. Le New-Yorkais, né en Ukraine, est le fier créateur de la fusion gypsy-punk. Carrément. Le 7 août au Bout du Monde 11


WTF

LES CYcLISTES ONT-ILS bon goût ? OUBLIEZ SKATE, ROLLER ET BMX, LA NOUVELLE STAR DES RUES, C’EST LE FIXIE. UN DEUX-ROUES DESIGN QUI PLAÎT AUTANT AUX FANS DE PATRICK MONTEL QUE DE PHILIPPE STARCK. BROOKLYN STYLE

tribal style

« Le fixed gear, ou fixie, c’est un vélo à pignon fixe, qui n’avance que quand vous pédalez », explique Pierre, un habitué de la communauté rennaise de fixie bike (une trentaine de membres), qui se retrouve chaque mardi soir sur l’esplanade Charles de Gaulle. « Historiquement, c’est le vélo des pistards », ces bêtes de somme qui tournent en rond sur un vélodrome et ramènent des médailles à chaque olympiade. « C’est aussi le vélo des coursiers new-yorkais dans les eighties », redevenu hype en Amérique du nord, via San Francisco, et qui a fait son apparition de ce côté-ci de l’Atlantique, d’abord à Londres, Paris et Rotterdam, puis « à Rennes, Brest et Lorient depuis deux, trois années maintenant… »

On distingue trois pratiques avec le fixie : l’usage classique pour se déplacer en ville (freins recommandés pour être en conformité avec la loi), le hardcourt bike polo (une version urbaine du polo à cheval) et le street, qui consiste à réaliser des figures en exploitant le mobilier urbain, comme en BMX, avec des sensations et des figures bien particulières, grâce au rétropédalage et à la taille du vélo. Pierre et ses potes développent les trois indistinctement à Rennes. De petits groupes se forment également épisodiquement dans quelques villes du Finistère et du Morbihan. « L’intérêt, c’est aussi ce côté communautaire, proche de ce qu’ont connu les skateurs il y a une vingtaine d’années. » R.D

Starck style Ce qui frappe au premier coup d’œil, c’est la beauté de la bête. Un cadre fin, deux roues, un guidon, une selle, une chaîne, basta. « On peut s’en bricoler un pour une centaine d’euros, ou en acheter un neuf. » Des marques de BMX se sont lancées dans le créneau. Avec ses lignes épurées à la Philippe Starck et son style rétro-futuriste, le fixie bike a une gueule à plaire aux amateurs de design et d’esthétisme.

CORBEILLE James Blunt, Supertramp, Texas... Quitte à piocher dans les fonds de cageot des playlists RTL2 et RFM, fallait nous ressortir les Connells et les Crash Test Dummies, là au moins on aurait dit respect. À Quimper, Carhaix et Lorient

Bulls sur le dos, au paternel Yannick, qui pond chaque année les mêmes concerts fadasses, moulé dans son serre-paquet Sloggy. À Carhaix

Jean-Louis Aubert Pour le 20e anniversaire des Charrues, il y a eu la rumeur Yannick Noah des Stones. Tellement forte Préférez le fiston Joakim, que les organisateurs ont en pleine bourre en NBA, dû la démentir. Du coup, le mythique maillot des on a eu peur qu’ils nous 12

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Notre anti-sélection des concerts Quand franchise et mauvaise foi ne font qu’un reforment Téléphone. Finalement, ce sera JeanLouis Aubert, le Mick Jagger des Restos. La boucle est bouclée. À Carhaix

l’emmener avec lui au Dakar ? À Bobital et Quimper

Cœur de Pirate Son site web est formel : « aucun spectacle annoncé Nolwenn Leroy pour le moment ». ContraiCet été, l’ancienne élève rement à 2009 et 2010, de la Star Academy nous allons passer les fera (presque) autant beaux jours sans la Québéd’étapes en Bretagne coise. Comme des enfants, que Gérard Holtz avec le cette idée nous met en joie. Tour. Le commentateur de France Télé pourrait-il La rédaction


2,5

LE PRIX

C’est le prix moyen d’un demi. Au tarif d’un godet, vous avez en prime un concert. À Rennes, deux rendezvous vous proposent cette formule. Bars’n Breizh, tout d’abord, avec trois soirées les 16, 17 et 18 juin. Au programme : Our name is a fake et Sudden Death of Star notamment. Enfin, le 16 août, se tient le barathon du festival Kice qu’à le chat. Micronologie et Nikus & Marius joueront le temps d’une soirée dans cinq rades du centre.

Léa Crespi

LES INVITÉS

Présent deux jours au Bout du Monde, le groupe folk Moriarty invitera sur scène la Londonienne Lail Arad (pop-soul), le Malien Moriba Koita (musique mandingue) et les Suisses de Mama Rosin (cajun). Pour une carte blanche aux esthétiques multiples. Les 5 et 6 août à Crozon.

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LE PAYS Pour sa 34e édition, le festival de cinéma de Douarnenez met l’Afrique du Sud à l’honneur. Ce rendez-vous explorera la diversité et les particularités d’une terre à l’histoire singulière. 70 films consacrés à la nation « arc-en-ciel » seront projetés, dont une quarantaine d’inédits en France. Du 19 au 27 août à Douarnenez. 13


WTF

C’est le nombre de murs qui accueilleront une série de photos réalisée pour le festival des Tombées de la Nuit. Elles représenteront des personnes donnant l’impression d’être encastrées dans la pierre. Du 5 au 9 juillet à Rennes.

THE LAST ONE

Tu veux de la légende, mon gars ? Rends-toi chez les métalleux du Motocultor Festival à Theix (56) le 19 août assister à la performance live de Marky Ramone. Le batteur du mythique combo punk new-yorkais est le dernier porteur de flambeau depuis les décès de Joey, DeeDee et Johnny.

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ON AIR

série radio Cet été, France Bleu Breizh Izel consacre dix épisodes sur l’histoire et le succès des festivals de musique en France. Écrite par Yves Colin, ancien chargé de com’ des Charrues, cette série est diffusée du 4 au 15 juillet de 14h à 17h30. Également podcastable sur le site de la radio. 14

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Près de trois ans après la fin du group’ bressoâ, Tristan Nihouarn vient de finir le mixage de son premier album solo qui devrait sortir à l’hiver prochain. IMPÉcab’ ! Le dernier concert de Matmatah a eu lieu en 2008. T’as fait quoi depuis ? À la fin du groupe, je ne savais pas trop ce que j’allais faire. Repartir dans un projet de groupe ou alors seul. J’ai fait une petite pause avant de m’y remettre tranquillement. Cela fait deux ans que je bosse sur cet album solo. Tu y pensais déjà à l’époque de Matmatah ? On y pense toujours mais le groupe me prenait pas mal de temps et je préférais me concentrer dessus. Mais ce n’est pas cette envie d’album qui a accéléré la fin du groupe. Matmatah, premiers temps. Jusqu’au jour où j’ai c’est une histoire qui a duré treize fait le tri et sélectionné les morceaux ans. Elle s’est terminée comme toutes qui me semblaient les plus cohérents. les bonnes choses. Vers quel style ça va tendre ? Ça fait quoi de passer à autre chose ? J’ai du mal à avoir du recul sur ce Ce n’est pas évident mais c’est exci- que j’ai fait : je les ai tellement dans tant. Quand tu es dans un groupe, la tronche les morceaux… C’est sans ça devient un peu une enseigne. doute moins rock. Plus dans une Les gens qui s’intéressent à toi ont influence Gainsbourg-Bashung. des attentes assez précises. Même si Matmatah gardait sa liberté, on Les anciens t’ont aidé ? était un petit peu dans un carcan. Je n’ai pas recherché leur avis. Et je crois qu’eux non plus n’avaient Un carcan ? pas envie de mettre leur grain de Disons qu’on avait une étiquette... sel. Ils savaient que je voulais faire ça pèse toujours. On était entre deux quelque chose par moi-même. J’ai sentiments : on essayait de faire ce voulu travailler de manière indépenqu’on voulait mais on ne souhaitait dante, de façon à avoir une rupture. pas non plus décevoir notre public. Le but n’était pas de refaire ce qui avait déjà été fait. Les morceaux Quand tu as commencé en solo, tu que j’ai écartés sont d’ailleurs ceux savais dans quelle direction tu allais ? qui, peut-être, ressemblaient un peu Pas du tout. J’ai écrit et composé trop à Matmatah. un peu tout et n’importe quoi les Recueilli par J.M

Julien Banès

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Corps in Situ, in City

QUE DEVIENT LE CHANTEUR DE MATMATAH ?


Thomas Deregnieaux

Le surf est-il 2.0 ?

Avec INTERNET, c’est désormais facile de choper la bonne vague. BZH Écume (« le site surf référence en Bretagne », précise Alexandre, modérateur du forum) revendique « un esprit libertaire, en dehors du système et des marques ». Très bien alimenté, le contenu propose des conseils concernant le matos et surtout des infos sur les conditions de surf à l’instant T. Comme le fait aussi Surf Météo Bretagne. Pratiquant assidu depuis 20 ans, Alexandre reconnaît l’utilité de tels outils, « surtout en Bretagne où les vents et les vagues peuvent varier énormément ». Terminé le temps de la météo marine sur France Inter, l’heure est à l’entraide communautaire en temps réel. « Rien ne vaut l’expérience », tempère tout de même Alexandre. La région possède une côte très découpée, avec des zones incontournables – La Torche, Quiberon… – mais chacun a ses spots secrets. « C’est comme un coin à champignons, une fois que tu l’as trouvé, tu le gardes pour toi. » Alexandre en regretterait presque le succès de son sport. « Notre terrain de jeu est naturellement limité, donc plus il y a de joueurs et moins on peut jouer. » L’esprit communautaire, c’est cool jusqu’à un certain point. R.D 15


WTF

le foot PEUT-IL AUSSI ÊTRE cool ? Sur le terrain Chaque été, en marge de la Route du Rock, le tournoi Foot Is Not Dead réunit « bénévoles et festivaliers sur la plage de Saint-Malo », dixit Régis Bozec, organisateur. Nuits courtes et gueules de bois obligent, les règles sont souples et l’arbitrage cool. À l’année, les amateurs se réunissent autour du futsal. Des assos existent à Saint-Brieuc, Lanester et Rennes.

et scoubidous », commente Franck Annese, directeur de la rédaction, pour expliquer la recette : 2/3 de sérieux et 1/3 de lol. Dans la lignée, Les Cahiers du Foot, Hors-Jeu.net ou, plus proche, Breizh Foot ont aussi compris qu’on pouvait avoir du recul et de l’humour sur l’actu footeuse.

guingampais Jocelyn Gourvennec est fan des Smiths et d’Arctic Monkeys… En dehors du triptyque Booba/ Inversement, nombreux sont les artistes Soprano/Rohff souvent servi par les – Miossec, DJ Zebra, Bikini Machine Dans les médias hommes à grandes chaussettes, certains pour les locaux – ouvertement pasTitre phare de l’alterno-football, osent des goûts plus aventureux : l’ex- sionnés de ballon rond. le mag So Foot a réconcilié ballon international Johan Micoud a sorti R.D rond et journalisme. Comment ? une compil’ réunissant la scène indé Tournoi Foot Is Not Dead, Grâce à son esprit « pomme, poire française (Rock’n Foot), l’actuel coach le 12 août à Saint-Malo

Dans ton poste

LES FILLES PISSERONT-ELLES DEBOUT ? Des urinoirs en carton permettent désormais aux filles de ne plus baisser leur pantalon. VA-T-ON VOIR L ’ arrivée des pissotières féminines dans les FESTIVALS ? pas cette année. Ça a la forme d’un aspirateur de table ou d’une pelle à tarte qui aurait des rebords. Il en existe en carton (modèle jetable) et en plastoc (réutilisable). Placée à l’entre-jambes, l’urinette – c’est son nom – permet aux filles de pisser debout et dans des endroits pas toujours propres, sans avoir peur de choper un truc. Chiottes de festivals comprises. « C’est en voyant les files d’attente dans ces rassemblements que j’ai pensé à ces urinoirs. J’en avais déjà vus à l’étranger, j’avais trouvé ça pratique et hygiénique, raconte Lionel Lefort, un jeune entrepreneur breton qui a proposé ce service à quelques festivals. J’ai contacté les Vieilles Charrues, Saint-Nolff, le Bout du Monde, Roc’Han Feu pour savoir si je pouvais avoir un stand. Mais je n’ai pas eu de réponse positive. » 16

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mais... Une proposition étonnante ? Pas tant que ça. En 2004, le festival anglais de Glastonbury avait lancé un espace « She-Pee » où des urinettes étaient distribuées. Pour l’instant, ce dispositif restera donc de l’autre côté de la Manche. « On n’avait pas retenu cette idée pour deux raisons : l’hygiène et le développement durable, se souvient Mily Fellez de l’association Roch’Han Feu. Que faire des urinoirs une fois utilisés ? Cela crée de nouveaux déchets. » Lionel, qui espérait faire connaître son produit au grand public lors des festivals, devra donc se retenir cet été. C’est désormais pour le printemps 2012 qu’il espère lancer son produit. Le temps de le peaufiner. « Ça ne doit pas ressembler à un objet médical. Je vais revoir le design si on veut que les femmes aient cet urinoir dans leur sac. » J.M

Régis Bozec

Le footBALL, ce n’est pas que des beaufs en crampons ET Christian Jean-Pierre sur tf1. C’est aussi un sport fait de bonne musique et de phrases de plus de trois mots. AH BON ? OUI.


L’AILE ET LA CUISSE EN DÉBARQUANT EN FORCE DANS de NOMBREUSES villes de la région, KFC VEUT IMPOSER LE POULET FRIT AU MENU DE LA JUNK FOOD. beep beep ! Le logo KFC, croisement d’Uncle Ben’s et de Papy Brossard, se démultiplie avec 124 restos aujourd’hui en France contre 45 il y a quatre ans. « L’objectif est de dépasser les 130 d’ici la fin de l’année » annonce-t-on. En Bretagne, l’enseigne, présente à Brest, Vannes, Lorient et Rennes depuis peu, a déjà des vues sur des ouvertures prochaines « à Brest et Rennes, avec un potentiel de plusieurs restaurants ».

PAS LE PERDREAU DE L’ANNÉE Créée dans le trou du cul des ÉtatsUnis, l’enseigne Kentucky Fried Chicken est l’incarnation de la réussite façon yankee. Ou comment un cuistot fauché a réussi en une cinquantaine d’années à faire de sa chaîne de restos un des plus sérieux concurrents de McDo (16 000 restos répartis dans 80 pays). Avec un produit déclinable à volonté : le poulet frit.

COMBAT DE COQS Depuis que Burger King a quitté la France en 1997, McDo et Quick pensaient pouvoir se partager peinard le butin de la junk food. Que nenni. « On a rien à déclarer concernant KFC », commente-t-on, un poil chafouin chez Ronald. Silence également du côté de l’enseigne belge. Les deux peaufinent leur contre-attaque. McDo n’a-t-il pas d’ailleurs récemment élargi sa gamme de burgers au poulet, campagne de promo à l’appui ? R.D 17


DOSSIER

RETOUR VERS LE WOODSTOCK NÉ À LA FIN DES SEVENTIES DANS LE NORD-FINISTÈRE, ELIXIR A ÉTÉ LE PREMIER GROS FESTIVAL FRANÇAIS. DES BABOS AUX PUNKS, ON VOUS RACONTE SON HISTOIRE. 18

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Festival Elixir, Saint-Pabu, été 1982 (photo : Philippe Andrieu)

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Philippe Andrieu

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té 1979. Flashback. Les grands de ce monde se nomment Giscard, Carter, Brejnev et Thatcher. Starmania cartonne à Paris, tout comme Apocalypse Now à Cannes et Bernard Hinault sur les routes du Tour. La Simca Horizon est élue voiture de l’année. Michael Jackson est noir et bien portant. Le disco est à son sommet. Le punk se développe. Le mouvement hippie commence à décliner. Le Woodstock originel a dix ans. Et celui que les médias nommeront plus tard le « Woodstock breton » connaît sa première édition à Irvillac, à une vingtaine de bornes de Brest.

Pour sa première année, le festival Elixir réunit une dizaine de milliers de personnes les 14 et 15 juillet en pleine cambrousse, dans la folie douce de ce contexte des seventies déclinantes.

Une pop star alcoolique « La concrétisation d’un rêve de gosse », se souvient un de ses créateurs, Gérard Pont. À l’époque, c’est d’ailleurs encore presque un gamin. À 22 ans, une formation en école de commerce en poche, il effectue déjà quelques extras dans l’organisation de concerts à Brest. « En 1978, les cousins Pierre et Jean-Paul Billant, qui avaient monté leur propre asso

« À côté des stands de frites, hash et libanaise en vente » 20

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culturelle du côté de Landerneau, prénommée Elixir, sont venus me voir pour me soumettre leur projet d’organiser un festival populaire dans la région. » L’attelage à trois têtes tient la route : aux cousins, issus du milieu agricole, de trouver le lieu et de vendre le projet aux autorités locales ; à Gérard, fin gestionnaire et bon communicant, de convaincre les artistes. Il se rend en Angleterre et démarche les agents, au bluff. « J’avais Neil Young et Dylan en tête. Problèmes : la Bretagne était complètement excentrée des tournées, il fallait payer à l’avance alors qu’on n’avait pas d’argent et j’étais encore inexpérimenté. » En effet, pas de grand nom à l’affiche de ce premier millésime, si ce n’est le guitariste britannique John Martyn, « une pop star alcoolique,


Gérard Pont

prétentieuse et autoritaire », d’après le compte-rendu de l’émissaire de Rock & Folk, qui consacre près de deux pages à ce qu’il considère comme « le festival le plus poussiéreux auquel il m’ait été donné d’assister depuis bien longtemps ». Un événement. « Le seul grand festival de rock en France à l’époque », rappelle Gérard Pont. Les artistes jouent sur une scène aux allures de petites cahutes en bois bricolée à la hâte, devant un public sagement assis dans un pré en pente. C’est encore la préhistoire

des manifestations de ce genre. « Des élus avaient même demandé que garçons et filles soient séparés dans le camping, pour vous remettre dans le contexte... »

Le joint du matin Franck Darcel, qui avait créé Marquis de Sade à Rennes deux ans auparavant, se souvient de cette « époque marquante » de l’émergence de la musique rock en Bretagne. « Il y avait déjà eu un précédent à Loudéac au début des années 1970 (festival Pop Loudéac, voir encadré), mais

Elixir a vraiment été le premier gros événement dans la région, l’occasion rare de pouvoir assister à des concerts de groupes anglo-saxons. » L’année d’après, les organisateurs sont contraints de plier bagages, direction Plounéour-Trez, sur les bords de la Manche, dans le nordFinistère. Une édition vécue les pieds dans l’eau, avec Donovan et Murray Head en têtes d’affiche. Troisième édition en juillet 1981 et troisième déménagement pour la bande d’Elixir, qui débarque cette fois à Plomodiern. Une année marquée par la présence du groupe America. Un premier gros coup. « On l’avait fait venir spécialement des ÉtatsUnis, toute une histoire », se rappelle Gérard. Les auteurs du fameux tube A horse with no name jouent d’ailleurs les deux soirs. Présent pour immortaliser les festivités, le 21


photographe rock Pierre Terrasson préfère, lui, s’attarder sur l’ambiance générale des lieux avec, s’amuse-t-il, « un coin boisson particulièrement bien fourni » et la présence « de petits groupes épars et hagards, allumant leur premier joint du matin ». C’est à partir de 1982, sur les dunes de Saint-Pabu, qu’Elixir devient « le must estival des amateurs de rock en France », dixit Rock & Folk, qui ose un « qui a dit que nous étions en Bretagne ? Nous sommes en Californie ».

lieu était magnifique, l’affiche de qualité, l’organisation était rodée et en plus il faisait beau. » Emmanuel Yvon, aujourd’hui directeur de France Bleu Breizh Izel, couvre, lui, l’événement pour France 3 Bretagne. Une première. « La télé régionale et le journalisme local en général ne montraient jusqu’alors que très peu d’intérêt pour les cultures émergentes. Mais dans la foulée de l’apparition des Transmusicales à Rennes, on s’est mis aussi à couvrir Elixir. Il y avait beaucoup de curiosité autour de LSD Football Club ce festival, avec cette ambiance si La programmation a de l’allure : singulière : mi-village breton, miLeonard Cohen, Joan Baez, Joe Jack- Woodstock. » son, Randy California, Jimmy Cliff, Dans son compte-rendu de la Echo & The Bunnymen… « C’était manifestation, le journaliste de un Woodstock breton, estime Jacques Rock & Folk parle quant à lui du Abalain, un proche des organisateurs public – près de 40 000 personnes – et bénévole de la première heure. Le comme d’un « mélange hétéroclite 22

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DR

Pierre Terrasson

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de babas pas si avachis que ça et de punks purs et durs ». Signe des temps, ces derniers prennent petit à petit le dessus, après les débuts folk de la manifestation. En 1983, un Joe Cocker old school croise deux chefs de file de la nouvelle scène anglaise, les Undertones et les Stranglers.

Clash et Ramones Puis l’année suivante, Nina Hagen, Fela Kuti, Orchestral Manœuvre in the Dark, les Stray Cats, Ian Dury et Kim Wilde se retrouvent sur la même affiche. Dans la foule, une jeune fille de 15 ans, Guillemette Ealet, rêve les yeux ouverts. « C’était mon premier festival rock. L’état d’esprit était incroyable, avec une sensation de liberté totale. En trois jours, je n’ai pas vu un seul flic ! À côté des stands de frites,


Gérard Pont

les barrettes de hash et de libanaise étaient en vente libre. On campait dans les dunes, avec les Anglais débarqués des ferrys, c’était la fête tout le temps. » De cette édition, Jacques Abalain se rappelle qu’il était bénévole, « en charge de la sécu backstage, avec le club de foot, qui s’appelait le LSD : Loisirs, sports, détente… » La prestation de Fela Kuti – « de 4h à 10h du matin », d’après les souvenirs de Guillemette – et le show de l’héroïne punk Nina Hagen sont particulièrement inoubliables. L’édition d’après, en 1985, l’adolescente est encore présente pour ce qui s’appelle désormais RockScène (Gérard Pont : « On avait oublié de déposer le nom d’Elixir et on n’avait plus le droit de l’utiliser. »). Deux références du punk sont annoncées : les Clash et les Ramones. Mais ces

derniers déclinent l’invitation au der- bien énervés, qui faisaient tomber nier moment, remplacés au pied levé les barrières ». « Il a fallu les gérer, par des Fuzztones bien moins cotés. c’était pas des tendres », euphémise Gérard Pont. Crête en berne Reste tout de même les Clash, qui La cause ? « Un match de baseball jouent là leur avant-dernier concert qu’ils ne voulaient pas manquer », d’avant split, avec Strummer mais d’après les sources officielles. Patrick sans Mick Jones. Un souvenir ? Joly, un jeune festivalier parti de Guillemette : « L’immense nuage Rennes en R12, n’apprend la nou- de poussière devant, à cause du velle qu’une fois sur place. pogo, alors que le groupe avait à « On parlait de problèmes de santé, peine joué les premières notes. » de douane… Il était même question Patrick Joly abonde : « Je me disais que Joey Ramone doive rester aux qu’ils n’allaient pas tenir en apnée USA parce qu’il allait se présen- très longtemps devant. Au bout d’un ter à des élections. » De son côté, moment, on en voit effectivement Guillemette se rappelle surtout de repasser derrière, le visage cyanosé, la déception des fans, « des keupons les yeux rougis et la crête en berne. »

« Il a fallu gérer les punks, c’était pas des tendres... » 23


DOSSIER

P. Hamon

P. Hamon

En berne aussi, les organisateurs, poursuivis par le Fisc. « Il y avait un problème de statuts et on a ignoré les courriers. Du coup, les impôts se sont pointés à tous les points de vente pour nous confisquer la recette. » Gérard Pont l’admet, « on était doué pour faire venir du monde, mais pas pour l’administratif ». Une dernière édition aura lieu en 1986, mais le flop est total, malgré l’affiche alléchante (The Damned, Killing Joke, Siouxsie & the Banshees…). Gérard assume : « J’avais eu la mauvaise idée de vouloir organiser la chose à Brest, au stade Francis Le Blé, le mal nommé. Je n’avais pas saisi l’importance du cadre naturel pour les festivaliers. » Jacques Abalain, co-organisateur cette année-là,

FEST IN PEACE... Hippy Night, Brest, 1968 Une première dans la région, un groupe star d’outre-Manche se produit, et pas le moindre : Procol Harum et son hymne beatnik A Whiter Pale of Shade. Mai 68 est dans deux mois et ça commence à sentir grave le patchouli. Pop Music, Loudéac, 1970/1971 L’appellation de Woodstock breton a été utilisée plusieurs années avant Elixir pour qualifier ce festival 24

en plein air. Une première en Bretagne à l’époque. Pop Music a réuni durant deux éditions plus de 10 000 grosses beubars et cheveux ultra-mous de Granier. Super Festival Pop, Plonéour-Lanvern, 1972 C’est l’âge d’or des babos en BZH. L’époque où on croit encore sincèrement au Peace & Love. Au programme, trois jours d’amour, d’eau fraîche et de trois feuilles avec la crème du prog rock, dont Demis Roussos. Fume, gros, c’est de la bonne.

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complète : « À l’époque, c’était le retour de la droite au gouvernement, avec Pasqua ministre de l’Intérieur. Le tour de vis sécuritaire était infernal. L’entrée au stade se faisait entre deux rangées de CRS, le public a refusé de se plier à ce petit jeu. » Fin de l’histoire au goût amer. Gérard : « On s’est retrouvé avec chacun 250 000 francs de dettes. Quand on a 30 ans, c’est dur. » La leçon leur aura néanmoins servi, de même que l’aventure, puisqu’aujourd’hui, Jacques Abalain est gérant de sa boîte de prod (Diogène, basée à Brest). Quant à Gérard Pont, il est à la tête d’un des plus importants festivals français : les Francofolies de La Rochelle.

Délirock, Goméné, 1997/2004 L’époque est au ska festif tiguidap tiguidap : sont notamment passés les inévitables Ruda, Jim Murple, Skatalites, Caméléons, Sinsé, Percubaba, Babylon Circus, K2R… Et Ska-P, bordel ? Les Vaches au Gallo, Louvigné-du-Désert, 2000/2007 L’époque est au ska festif tiguidap tiguidap : sont notamment passés les inévitables Marcel, Maximum Couette, Caméléons, Babylon Circus, Spook, Fils

Régis Delanoë

de Teuhpu, Tryo, K2R, Le Peuple… Et Ska-P, bordel ? Les Terres Neuvas, Bobital, 1998/2008 Du festival de Bobital premier du nom, retenons une croissance exponentielle qui a bien failli menacer les Charrues. Ce rendezvous a offert des affiches improbables et foutraques, mélangeant du métal à de la grosse varièt’ en passant par du rap, du ska, du punk et du buzz (Tokio Hotel, Lordi…). Redémarre plus humblement en 2009 sous l’appellation L’Armor à Sons.


Entre la fin d’Elixir et le début des Charrues, les amateurs de musiques actuelles de la région ont heureusement eu leur festival. Il s’appelait Tamaris et était le bébé d’une bande de potes du nord-Finistère exilés à Paris. L’un d’eux, Michel Hamon, dit Gaby, raconte comment l’envie leur est venue de faire venir chez eux, à Carantec, « la scène alternative française » qu’ils côtoyaient alors assidûment. « La Souris Déglinguée, Parabellum, OTH, les Dogs… » Grâce à une petite somme allouée par le Crédit Maritime, le soutien d’un papa conseiller municipal et l’aide logistique de Jacques Abalain, déjà rodé à l’organisation de concerts (lire l’article principal sur Elixir), Gaby et ses amis organisent la première édition du festival en bord de mer, en 1987. Puis la seconde, l’année suivante, où le succès populaire les surprend. « De 2 000 spectateurs, on est passé à 8 000 ! » Jacques Abalain se souvient d’un « joyeux bordel ». Gaby : « En pleine saison touristique, on croisait des keupons mélangés aux locaux et aux touristes, c’était rock’n’roll. » Et pas que dans les rues du bourg de Carantec, mais aussi sur scène, avec notamment la prestation des Pogues et de son charismatique leader Shane MacGowan. « La production lui avait interdit de picoler, mais il a quand même fallu le porter pour monter sur scène. Le batteur était bien cuit aussi », se rappelle l’organisateur, contraint de déménager à Morlaix l’été suivant. « Ça a été un mal pour un bien, on s’est retrouvé avec une scène digne de ce nom, c’était plus pro, avec un gros travail de programmation. » Noir Désir, qui connaît son premier succès commercial avec Aux sombres

Demed L'Her

« KEUPONS ET TOURISTES À TAMARIS »

héros de l’amer, fait un tabac. Tout comme les Blues Brothers l’année suivante. Le seul couac intervient en 1991 : les Wailers, têtes de gondole de cette 5e édition, « oublient » de passer par la Bretagne entre une date en Italie et une en Angleterre…

C’est d’autant plus dommage que quelques années après, les impôts ont dégrevé la quasi-totalité de ce qu’ils nous demandaient. » Trop tard pour Tamaris, qui s’arrête là. Mais pas pour les organisateurs, qui sont presque tous aujourd’hui à des postes importants aux Vieilles De Carantec à Carhaix Charrues : Gaby à l’électro, JeanEn 1992, alors que le festival prend Philippe Quignon à la programmade l’ampleur, tant en popularité tion, Xavier « El Globos » Richard à (12 000 spectateurs) qu’en répu- la déco et aux illustrations, Jacques tation (Cramps, PJ Harvey, MC « Jacquito » Guillerm à la régie, etc. Solaar…), un contrôle fiscal plante « Chaque été, on est une centaine l’équipe organisatrice. « On nous de l’équipe de Tamaris à se rendre réclamait 874 000 francs, qu’on désormais à Carhaix, l’aventure n’avait pas bien sûr. On était réglo, continue. » R.D mais on ne faisait pas de bénéfice. 25


GONZO

RENDEZ-VOUS EN AIRE INCONN À L’APPROCHE DES DÉPARTS EN VACANCES, NOUS AVONS PASSÉ UNE NUIT SUR UNE AIRE DE REPOS. UN UNIVERS FAIT DE GOBELETS DE CAFÉ, D’HYDROCARBURE ET DE REDIF’ SUR LA TNT. 26

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NUE

lors que la moitié de la France se couche en tripotant bobonne, la circulation ne faiblit pas sur la N157. Il est 22 h 30, je suis à 47 bornes de Rennes et à 5 du péage de la Gravelle. Sur l’aire de repos d’Erbée, la première quand on arrive en Bretagne, le gasoil est ce soir à 1,57 € et le SP98 à 1,68. Dans son gobelet argenté, mon premier expresso de la soirée m’a lui coûté 1,20. À l’intérieur de la station Total, ouverte 7 jours sur 7 et 24 h sur 24, tout est à sa place : bouteilles de CocaZéro, sandwichs triangle, lots d’Entrevue sous blister et pissotières parfumées. Perdu dans le désert goudronné, cet oasis routier fournit au voyageur tout ce dont il a besoin pour poursuivre son avancée. Si chaque conducteur ne reste qu’une dizaine de minutes à tout casser, je m’apprête à passer la nuit sur cette aire. À l’écart des villes, du trafic et du temps avec ceux qui y bossent et y dorment. C’est le cas de Frédéric, croisé derrière la stationservice. Alors que le parking poids-lourds affiche complet avec sa dizaine de camions bien alignés, ce routier venu du Loiret a garé son bahut dans un coin isolé. Pour un plumard sans vis-à-vis. 27


GONZO

ception, ce Vitréen de 29 ans me raconte son taf by night. « Ça fait un an et trois mois que je suis là… J’dois m’occuper de l’accueil des clients, du service en salle, de la préparation des sandwichs pour la vente à emporter, du nettoyage… Généralement, j’suis peinard à partir de 2 h du mat’. Avant de reprendre « De la merde sur la TNT » à 5 h pour le ptit dej’. » Il est presque minuit et, alors que Si la nuit le temps est long, Damien deux types se mettent à pisser à aime le rythme que lui impose son un mètre de ma caisse, Damien, planning. « Bosser quand tout le l’employé de l’hôtel installé sur monde pieute, c’est agréable. T’as l’aire, enchaîne sa quatrième nuit personne sur ton dos pour te faire d’affilée. « De 19 h 30 à 7 h 30 », chier… Et quand je m’ennuie, précise-t-il en me servant un café. j’me fais une galette au saumon, En allumant l’écran plat de la ré- ça m’occupe. » « C’est toujours plus calme quand tu peux être à côté des arbres. Y’a pas de portes qui claquent… Le bruit de la route, je n’y fais plus gaffe. Et puis, la nuit, y’a moins de circulation… », m’explique Frédo, qui après un tour aux chiottes, monte se coucher entre la cibie et le calendrier.

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Entre deux clopes dans le patio, notre veilleur de nuit a toujours un œil sur la télé. « Tu vois, là, y’a Jurassic Park. En deux semaines, j’ai dû le voir trois fois. J’aime bien comme film mais bon… Faut le dire, y’a quand même un paquet de merdes sur la TNT. En ce moment, ils n’arrêtent pas de passer des redif’ des Filles d’à côté. » Aïe.

Braquage Cela fait une bonne heure que je cause avec lui, et pas le moindre client ne nous a interrompus. L’hôtel, l’aire de repos et le parking affichent un calme étonnant. « Quand tu bosses ici, il y a deux saisons : l’hiver et l’été.


D’avril à septembre, t’en chies. Surtout le week-end, y’a vachement de passage en soirée. Sinon, ça va... La seule chose chiante la nuit, c’est les braquages. Quand ça commence, t’as des séries. » En speed dans son rayonnage de Petit écolier, le salarié de Total confirme. « La station sur l’aire de Mondevert, juste en face, s’est fait braquer il y a quatre mois environ. Vous devriez y aller, ils devraient avoir des choses à raconter… » Damien poursuit : « Deux mecs cagoulés ont demandé la caisse. Mais c’était pas des malins, ils n’avaient pas caché leur plaque d’immatriculation. Ça n’a pas été long pour les retrouver… » Résultat : trois ans de prison ferme pour l’un des auteurs, récidiviste. Dans un contexte économique mondial où le prix du baril de pétrole est passé de 77 $ en mai

« Quand je m’ennuie, j’me fais une galette au saumon » 2010 à 113 $ en avril 2011, les aires de repos font-elles figure de poules aux œufs d’or pour tous les fermiers-braqueurs ? Vols à main armée dans les stations et siphonages de réservoirs de camions la nuit, un coup d’œil sur Google Actu témoigne de la tension que cristallise le coût du carburant.

« Des mecs bourrés, ça y’en a » ça vous inquiète, les gars ? Notre veilleur de nuit loquace répond : « J’suis seul à l’accueil, je n’ai pas de lacrymo et rien pour me défendre. Au mieux, une queue de billard… Tu peux avoir une marmule en face de toi qui débarque. Tu sais pas la

journée qu’il a vécue, alors il peut toujours se passer des trucs, encore plus la nuit. » En quinze mois sur le bord de la voie-express, Damien a vu défiler du peuple : des touristes casse-couilles, des clients « qui paient leur chambre mais restent en bas toute la nuit », des ouvriers étrangers « qui viennent pour des chantiers dans le coin et qui prennent une chambre pour trois mois. J’ai eu des Allemands et des Portugais y’a pas longtemps ». Sans oublier des conducteurs bien cuits. « Des mecs bourrés, ça y’en a. Tu te demandes comment ils font pour arriver jusque là. Ça reste un mystère. » Julien Marchand 29


Avec l’aimable autorisation du Super U Rennes St-Jacques

PAPIER

MUSIQUE DE SUPERMARCHÉ QUI CHOISIT LA MUSIQUE QUI PASSE QUAND VOUS FAITES VOS COURSES ? À QUOI SERT-ELLE ? UNE ENQUÊTE LA TÊTE DANS LES ENCEINTES ET LE CADDIE ENTRE LES MAINS.

e son passé de caissière dans un supermarché de Lorient entre 2004 et 2009, émilie garde un douloureux souvenir, « le passage pour la énième fois de la journée du tube du moment, type Christophe Maé ». Imaginez la scène : vous venez de faire bipper le code-barres d’un 30

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paquet de steaks hachés et vous apprêtez à enchaîner avec le filet de pommes de terre quand soudain, la sono crache On s’attache, pour la troisième fois de la journée. « Le pire, c’est en période de fêtes, où il n’est pas rare qu’en huit heures de boulot, j’entende dix fois Petit Papa Noël », témoigne de son côté Armel,

vendeur multimédia au Super U de Mordelles, près de Rennes. Chez Système U, on est pourtant formel, l’ambiance sonore des hyper et supermarchés a nettement évolué ces dernières années. « J’ai effectivement le souvenir des bandes magnétiques qui passaient en boucle dans les années 1980, vous rentriez chez vous à


la fin de votre service et la musique vous poursuivait jusque dans votre lit, une vraie torture. Heureusement, ça a changé », plaide Thierry Desouches, le chargé de com de l’enseigne. L’amélioration est d’abord technologique, puisque les fameuses bandes magnétiques ont progressivement fait place à la réception parabolique, puis aujourd’hui à des playlists sur Internet, aux capacités illimitées.

« Ça peut devenir glauque » Aux manettes, des radios d’enseignes spécialisées, sortes de sous-traitants sonores, fournissent le flot de musique à la demande. La société Mood Media en est le leader historique. Elle travaille avec Carrefour, les Magasins U ou encore Monoprix. « On a été les pionniers en 1954, avec un tourne-disque conçu spécialement qui diffusait jusqu’à huit heures de musique en

continu », précise Nathalie Barbier, directrice marketing. En un demisiècle, il n’y a pas que la technologie qui a changé. « Le temps de la musique d’ascenseur est terminée, on parle aujourd’hui de design sonore. » Chaque commerce définit ainsi avec la radio d’enseignes l’ambiance musicale la plus à même de convenir à sa clientèle. « Clairement, pour la grande distribution, il faut des tubes connus », tranche Michel Guével, créateur et responsable de Stream-Team, seule entreprise du genre en Bretagne. « On a un logiciel de radio avec différents canaux disponibles, mais la plupart du temps, nous sommes sur la playlist variétés, car c’est ce qui plaît au plus de monde », reconnaît d’ailleurs Mathieu Feret, responsable du Super U de Saint-Jacques de la Lande, à côté de Rennes. Auteur d’une étude universitaire sur le sujet, Coralie Bernard apporte son éclairage : « La musique donne une indication au client sur la cible du magasin en termes d’âge, de sexe et de catégorie socioprofessionnelle. » Ce qu’il faut donc pour vendre de l’alimentaire, c’est du consensuel, du facile à écouter. « Dans le meilleur des cas, il faut même qu’on ne se rende pas compte de l’ambiance sonore », estime Michel Guével. Pourquoi alors ne pas tout simplement rien mettre ? « Oh non, surtout pas, le silence dans un magasin, c’est épouvantable ! Combiné à une faible affluence, ça peut vite devenir très glauque. » Mauvaise

idée effectivement, tout comme celle de diffuser une radio FM lambda. « Ça a l’inconvénient de diffuser les publicités des concurrents et de rendre confuse la stratégie des enseignes », explique Coralie Bernard. La dernière promo de Carrouf chez Leclerc, ça la foutrait mal.

« Pas un simple robinet » Les groupes de la grande distrib’ ont bien saisi l’enjeu et, aujourd’hui, tous délèguent leur ambiance sonore à ces radios d’enseignes (à l’exception notable d’Intermarché, qui possède sa propre radio interne, Fréquence Mousquetaires). De six en 2006, elles sont aujourd’hui une trentaine. « C’est un marché en devenir », reconnaît Thierry Defay, directeur des projets audio chez Moustic, une agence qui a notamment bossé pour Monop’. « L’idée, c’est de faire une radio qui ne soit pas un simple robinet à musique. On avait par exemple établi une grille horaire précise en fonction de l’âge moyen de la clientèle à l’instant T. » Michel Guével travaille sur une autre variable, à la demande des enseignes, pour inconsciemment faire varier l’humeur de la clientèle et du personnel : « Tempo très rapide pour la mise en rayon et l'ouverture, rapide en début de journée, on ralentit à partir de 10 h, plus calme jusque 15 h pour la digestion, puis ça va crescendo jusqu’au coup de boost à la clôture. » Régis Delanoë Photo : Justin Bihan 31


DOSSIER

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LE RAP

C’ÉTAIT MIEUX DEMAIN ?

ENTRE DÉSIR DE RECONNAISSANCE ET CULTURE DE LA DÉBROUILLE, LE HIP-HOP BRETON ATTEND SON HEURE. UNE SIMPLE QUESTION DE TEMPS ?

Festival Dooinit, Rennes, avril 2011 (photo : Typhaine Tripoz)

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DOSSIER

alle de la Goutte d’Or, à Paris, samedi 12 février 2011. En finale de Buzz Booster, unique tremplin rap national, Kenyon est désigné vainqueur. Originaire de Rennes, ce jeune homme de 22 ans devance à la surprise générale les représentants des régions Île-de-France et PACA, les deux bastions du rap français. Une sacrée perf’ pour un garçon surtout content d’être « sorti du lot » (lire page 37). « Avec cette victoire, Kenyon s’est offert dix dates dans les principaux festivals hip-hop français. Il a aussi tapé dans l’œil de Soprano qui lui a demandé d’assurer quelques premières parties, se félicite Mathieu Lefort du festival briochin Cité Rap, rendez-vous référence dans la région. Avec Kenyon, on va avoir toute l’année un représentant du rap breton qui va tourner. » Un artiste sur lequel les acteurs régionaux de la scène hip-hop misent énormément tant son nom est cité régulièrement par chacun d’entre

eux. Beaucoup espèrent voir en s’était vendu à 70 000 exemplaires lui le premier ambassadeur du rap en 1996. C’était l’époque des casOuest-Coast. quettes Kangol et du Hit Machine de Charlie et Lulu. Depuis, rien, Hit Machine ‘fin presque. Car si Paris a NTM, Marseille IAM, Car si des rappeurs, à l’image de Nantes Hocus Pocus et Strasbourg Micronologie, Appartement Mental, Abd al Malik, la Bretagne n’a jamais Psykick Lyrikah ou Simba se sont flambé nationalement. Le seul gros construits une notoriété régionale succès commercial d’un groupe auprès des initiés, aucun ne s’est breton est l’œuvre des Rennais de encore imposé aux yeux du grand T5A. Leur single Attiré par le vrai public. En Bretagne, une cinquantaine de groupes ont pourtant été recensés par le tremplin Buzz Booster. Mais pas de tête de gondole.« Il manque une locomotive qui ferait

« Les grosses têtes d’affiche, mais pas de découvertes » 34

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« Quand ça sifflotera Ma Benz dans les maisons de retraite »

prendre conscience du vivier rap qui existe dans la région. Comme cela a été le cas avec le rock à une certaine époque. Cela ne pourrait que convaincre les structures de programmer plus de rap », juge Philippe Routeau, le monsieur musique du CRIJ (centre régional d'information jeunesse).

« L’héritage rock des Smac » « Le rap souffre d’un manque de visibilité. Proportionnellement à ce que ça représente, il n’est pas assez programmé dans les lieux de diffusion, comme les Smac (salles de musiques actuelles, ndlr) », ajoute

L’Houcine Atmani, qui a été pendant cinq ans médiateur culturel au Block, un studio hip-hop à destination des jeunes à Rennes. « Ce n’est pas facile de trouver des endroits où jouer car il n’y a pas énormément de cafés-concert. Et puis ce sont des lieux qui ont plus l’habitude de passer du rock ou de la chanson, et beaucoup moins de rap », confirme Adrien du groupe Appartement Mental. Souvent pointées du doigt par les progatonistes hip-hop, les Smac sont jugées frileuses à l’idée de programmer du rap. « On trouve les grosses têtes d’affiche nationales mais c’est tout. En même temps, ce que le public veut voir, c’est la Fouine, Booba… Alors, c’est sûr que ça ne les incite pas à faire jouer des artistes découverte », estiment les quatre gars de Micronologie. « Nous traitons de la même façon l’ensemble des genres musicaux, se défend Gaëtan Naël, programmateur à l’Antipode à Rennes. Nous n’établissons pas de quotas. Une programmation se fait en fonction des opportunités, des coups de cœur, des calendriers. À l’année, le hip-hop représente tout de même 20 % des groupes programmés chez nous. » Yannick Martin, programmateur à la Carène à Brest, précise qu’il « se doit de passer tous les styles. C’est

dans notre cahier des charges ». Il reconnaît cependant qu’il programme moins de découvertes rap car « le public hip-hop se déplace surtout pour les gros artistes français ». Comment expliquer alors que les rappeurs ne se sentent pas les bienvenus dans les Smac ? Pour Philippe Routeau, cela vient de l’histoire de ces salles. « Leur héritage est rock. Ceux qui sont à leur tête viennent pour la plupart du rock, souvent alternatif. Et les goûts personnels jouent forcément à un moment. »

« Des gens carrés » Pour tous, c’est une question de génération. « Quand ça sifflotera Ma Benz dans les maisons de retraite, la situation sera différente », ajoute Naufalle Al Wahab, salarié du CRIJ et manager de Micronologie. L’Houcine du Block poursuit : « Quand la génération qui a grandi avec le rap sera responsable de structures culturelles, cela s’équilibrera. Je ne jette pas la pierre à ceux qui sont actuellement en place. Car programmer des groupes, c’est subjectif, tu le fais en fonction de tes sensibilités. » En attendant, que faire ? Pour Naufalle, les jeunes doivent se tourner vers les structures (MJC, Smac, Point information jeunesse) pour être conseillés. « Ceux qui font du rap ont souvent une méconnaissance 35


Justin Bihan / Bikini

Vincent Paulic pour Bikini

DOSSIER

de ces réseaux. Du coup, le hip-hop reste une culture qui se fait par le système D. Cela ne met pas en cause la vitalité de la scène locale mais il manque un lien institutionnel pour renforcer le tout», juge-t-il. Un élément compris par Aces Prods, association de promotion du hip-hop à Lorient. Pour l’organisation de son festival 56100% hip-hop, c’est par l’asso MAPL (qui gère la Smac de la ville) qu’elle s’est fait épauler. « Le fait de travailler avec MAPL et d’avoir le statut d’association de loi 1901 nous aide à être identifiés par les institutionnels. Nous sommes tout de suite reconnus. On a prouvé que nous étions des gens carrés qui voulaient organiser les choses proprement », précise Clémence Guillemot. Car si la musique rap a toujours mis en avant la culture du home

studio, l’accompagnement reste crucial pour ceux qui veulent progresser. « Quand tu es encadré, tu fais un bond extraordinaire, confirme L’Houcine. Quand j’étais jeune, j’aurais adoré avoir des interlocuteurs qui m’aident à faire des maquettes, qui m’aiguillent sur les différents dispositifs et aides possibles. Faut que la génération actuelle en profite. »

« Vingt ans que c’est comme ça » Mathieu Lefort pointe néanmoins les écueils que peuvent présenter les Smac. Si ces salles sont habituées à accompagner des musiciens amateurs, il estime que « toutes n’ont pas les clés et les outils nécessaires pour les jeunes rappeurs. Cela demande des connaissances et un enseignement particulier. Les Smac ont une nature à rester sur des projets instrumentalistes ».

« Le hip-hop reste cantonné au domaine socioculturel » 36

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Yannick de La Carène tempère : « Nous faisons appel à des personnes extérieures quand il y a des aspects que nous ne maîtrisons pas. Nous pouvons accueillir un amateur, quel que soit son genre musical. » Une présence dans les lieux culturels que les différents protagonistes souhaitent voir grandir. L’un des seuls moyens selon eux pour que le hip-hop acquière une reconnaissance institutionnelle qu’ils estiment méritée. Philippe Routeau développe : « Ce manque de reconnaissance, on l’observe notamment quand il y a des rencontres politiques autour du hip-hop. 9 fois sur 10, ce sont des élus jeunesse qui y vont, et pas des élus culture. Pourquoi ? Car c’est une musique qui est toujours regardée sous le prisme des problèmes et des quartiers. Le hip-hop reste cantonné au domaine socioculturel, et pas au culturel pur. Ça fait vingt ans que c’est comme ça. » Julien Marchand


Bikini

Alors Kenyon, ça fait quoi d’être l’espoir du rap breton ? Être mis en avant et être considéré comme un porte-flambeau, ça fait toujours plaisir. Le plus dur pour un rappeur est de sortir du lot. Car Internet est aujourd’hui embouteillé et trouver des dates reste super compliqué pour beaucoup de mecs. C'est dur de se faire remarquer ? J’ai eu beaucoup de chance car j’ai commencé à travailler tôt avec l’équipe de Legal Shot à Rennes qui m’a programmé pour des premières parties dans ses soirées. Ensuite, j’ai remporté certains concours, comme le Buzz Booster. Grâce à tout ça, j’ai pu me faire remarquer par le manager de Soprano avec qui je travaille maintenant. Quand tu as un contact comme celui-ci,

c’est beaucoup plus facile car il peut placer ton nom sur une playlist. Si j’avais dû démarcher moi-même, on m’aurait peut-être dit « des comme-toi, y’en a mille ». Quand tu as commencé à rapper, tu as été accompagné par des structures culturelles ? Le CRIJ m’a accordé une bourse de 700 € pour m’aider à réaliser mon album. Sinon, je n’ai pas contacté les structures « officielles ». Pourquoi ? D’un côté, j’ai l’impression que les lieux culturels aident surtout les jeunes groupes de rock mais, de l’autre côté, le hip-hop est aussi une culture qui s’est faite en dehors de ces structures. Disons que personne n’a fait le premier pas et j'ai commencé à travailler avec des gens qui se sont débrouillés seuls.

Tu as sorti un album, tu as des concerts prévus... t'arrives à en vivre ? J'habite encore chez ma daronne. Donc pour vivre comme un gars de 22 ans, ça va. Je ne suis pas encore intermittent du spectacle. Si ça continue, c’est faisable de le devenir. Tu penses que t’as moyen de mettre Rennes sur la carte du rap ? J’ai l’opportunité. Si j’arrive à sortir un gros single et que mon blaze explose, c’est possible. Je vais faire le max. Rennes est une ville hiphop, il y a plein de bons rappeurs, danseurs, graffeurs qui ont ouvert la voie aux plus jeunes. Reste à savoir qui est-ce qui va défoncer la dernière porte et placer Rennes sur la carte. Le premier qui réussit, il entre dans la légende. Recueilli par J.M 37


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L’ÉCOLE DES FANS

Il est encore lycéen et s’apprête à jouer à Astropolis aux côtés de ses mentors. Après sa programmation surprise à Panoramas, Baadman souhaite transformer l’essai. Vivement les vacs. on père avait un ami dont le frère était DJ. Un jour, je l’ai rencontré lors d’une soirée entre amis. Et ce mec-là, c’était Don Rimini ! Il m’a fait découvrir des blogs. J’étais lancé… » Ce jour-là, Arthur Dutil n’a encore que douze ans. C’est un gamin fan des Pokémons. « Un an après, j’ai eu mes premières platines et j’ai commencé à bosser dessus. » Depuis, Arthur, aujourd’hui Baadman, n’a pas perdu de temps. À Caen, sa ville, il réussit à choper quelques bonnes dates, notamment au Cargö. Et réussit à s’exporter. Douai, Nantes, Morlaix (« à Panoramas cette année, une surprise, j’ai su que j’étais programmé au dernier moment ») et, surtout, Brest où il fera son retour cet été pour Astropolis. « En novembre, les Sonics (équipe qui organise le festival, ndlr) m’avaient demandé de jouer en première partie de Don Rimini pour une de leurs soirées au Vauban. Mon set a dû leur plaire », raconte ce garçon de 16 ans fier de « jouer à Astro, le même soir que Garnier… un honneur ». Une prestation que Baadman entend ne pas foirer : « Si je réussis mon passage, peut-être que j’aurai des propositions. Être contacté par des labels serait bon signe. » 38

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Si son CV est déjà bien étoffé pour son âge, il ne fait pas pour autant de la musique sa priorité actuelle. « Ce n’est pas à l’ordre du jour. Je ne suis qu’en seconde. D’abord mon bac, après on verra comment ça se passe. » Un statut de lycéen-DJ pas toujours facile à gérer. Un emploi du temps serré (« je travaille mes prods environ deux heures par jour quand j’ai fini mon travail scolaire ») qui lui permet surtout d’être programmé pendant les vacances. « J’ai dû refuser des soirées le jeudi soir car j’avais cours le lendemain. Avec mes parents, on a fait un marché : si je travaille, j’ai le droit d’aller jouer », explique ce fan de Brodinski, « un mec qui a tout compris, chacun de ses EP est énorme ». Et les tiens ? « Je me considère plus comme un DJ que comme un producteur. Mais naturellement, je m’y suis mis. J’ai pour l’instant sorti deux EP, Mort Subite et Dinotopia. » Et les prochains dans quelle direction ? « Techno et dubstep. J’ai des morceaux sous le coude. On verra ce que ça donne après l’été. » Baadman sera alors en première. Julien Marchand Le 30 juillet à Astropolis à Brest


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photo : DR


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LA SYMPHONIE PASTORALE

NÉ ENTRE RENNES ET LE CENTRE-BRETAGNE, LE COLLECTIF BUMPKIN ISLAND PROPOSE UNE POP FOLK RÊVEUSE ET INSPIRÉE, TOURNÉE VERS LES GRANDS ESPACES. À ÉCOUTER UN GUIDE DE VOYAGE À LA MAIN.

our les apprentis géographes qui s’interrogeraient, Bumpkin Island existe bien. C’est un petit bout de terre balayé par les vents d’Atlantique, au large du Maine, à l’extrême nord-est des États-Unis. À peine plus grand qu’un caillou et qui se traduit littéralement par « l’île aux ploucs ». L’idée vient d’Élise, chanteuse compositrice, qui a vécu un temps du côté de Boston. « On a choisi ce nom pour sa sonorité et son côté mystérieux, chacun peut imaginer ce qu’il veut », justifie Glenn, fondateur et homme à tout faire du groupe. Il faut reconnaître que, 1, ça claque plutôt bien en bouche et, 2, ça colle impeccablement à la musique produite par le collectif. Une pop raffinée, champêtre, positive, qui te donne envie de t’évader, en esprit ou pour de vrai. Elle pourrait constituer une BO alternative d’Into the wild, le road-movie hippy de Sean Penn, où le héros finit en Alaska, le sourire béat. 40

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« On a la boussole plus tournée vers le nord que vers le sud », confirme Glenn. Qu’il s’agisse de musique – « Sigur Rós et Arcade Fire » sont les premiers noms cités s’agissant des inspirations – ou de voyage. Élise est donc partie un temps goûter à la fraîcheur de la côte nord-est américaine, tandis que Glenn et le trompettiste de Bumpkin ont récemment réalisé le périple en Islande, la Mecque des amateurs de pop symphonique, quasi baroque. « Ah ça ! Glenn, il aime bien bidouiller son clavier pour multiplier les nappes », rigole Élise. Pour autant, le groupe ne tombe pas dans le piège d’une musique trop pompeuse ou introspective. « La trompette vient donner un peu de couleur à l’ensemble », fait remarquer Glenn. Tout comme le jeu des voix féminines et masculines apporte du dynamisme. Si les neufs habitants de Bumpkin Island font déjà preuve de maturité après à peine plus d’un an d’exis-

tence, c’est qu’ils se connaissent tous depuis longtemps. « Le noyau commun est issu du tissu associatif du Mené, d’où l’on est originaire », explique Élise. Son complice développe : « On s’est retrouvé autour d’une radio alternative à Loudéac il y a quelques années, puis sur un festival à Plouguenast, sans oublier la salle de concert l’Appel d’Air et la collaboration de certains d’entre nous à d’autres groupes, Royal Kitch et The Bird is Yellow. » Symbole de cet attachement à leurs origines, le groupe a fêté la sortie de son premier EP en début d’année « dans la quincaillerie d’un ami ». Changement de cadre en juin, avec cette fois un concert au forum de La Passerelle, dans le cadre du festival Art Rock.

Régis Delanoë

Le 11 juin à Art Rock à Saint-Brieuc le 1er juillet à Eklektison à Plouguenast le 16 juillet aux Charrues à Carhaix...


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photo : Bikini


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photo : Sylvie Le Parc

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KAN HA BEAT

APRÈS AVOIR PAS MAL BOURLINGUÉ ENTRE LE KREIZ-BREIZH ET LE QUÉBEC, KRISMENN A DÉCIDÉ DE REVISITER LA LANGUE DES FRÈRES MORVAN. C’EST EN BRETON QU’IL RAPPE. our apprendre le breton, Christophe Le Menn a d’abord dû apprendre l’auto-stop. On est en 2e mi-temps des années 1990 et le lycéen brestois a des envies. À défaut d’avoir vraiment un but. Après avoir pris une belle claque avec les frères Quéré, rois du kan ha diskan durant l’armada Brest 96, Christophe file chaque week-end dans le Centre-Bretagne. Entre Carhaix et Poullaouen, le berceau du chant traditionnel. Pouce levé et sac à dos de bohème. « Là-bas, se souvient-il, je rencontrais des anciens qui me parlaient en breton et me chantaient des gavottes. » Il retient tout : l’accent, les paroles, le rythme. Délaissant la caisse claire du bagad de Plougastel-Daoulas, Christophe grattouille la contrebasse, la guitare. Le chant surtout. Il reproduit l’héritage des aïeux. Seul ou accompagné, il écume les scènes de fest-noz. Il s’en gave. Il sue. Puis,

il se lasse. Il veut chercher et inventer. « La musique de la langue bretonne et la sonorité des mots » l’inspirent. Il s’intéresse alors aux joutes traditionnelles chantées et les compare aux actuels battles de rap. Se passionnant pour le hip-hop, c’est en breton qu’il écrit ses premières punchlines, une langue dont il aime les intonations. 2008 marque un tournant. Celui qui se fait désormais appeler Krismenn suite à un long séjour au Québec (« Chriss, men » signifie « Putain, mec ! ») intègre la Kreiz Breizh Academy, saison 1. Aux manettes, le musicien, « ami et modèle », Erik Marchand. Durant trois ans, les seize candidats retenus baignent dans la musique trad’. Le garçon bûche solfège, accompagnement et arrangement. Le bagage s’étoffe. Mais Krismenn tarde à se lancer. La Fête de la langue bretonne à Cavan, dans les Côtes-d’Armor, lui passe commande d’un concert en

2010. Durant six mois, Krismenn bosse seul dans son grenier. Son matos : ukulélé, guitare et MacBook. Le travail est artisanal, comme il aime. Jusqu’au jour J, rien ne filtre. « Je ne l’ai fait écouter à personne. » La performance sur scène dure 35 minutes. Les oreilles non averties accrochent. Celles des programmateurs sifflent. On vient le chercher. Jusque dans son hameau de Saint-Servais, près de Callac. L’été qui s’annonce verra Krismenn à l’affiche de nombreux festivals bretons. Au volant de son Combi Volkswagen, jaune moutarde, le jeune trentenaire ira titiller un public qui l’ignore. Car Krismenn n’a encore rien enregistré à ce jour. Pas même une maquette. Putain, mec ! Benoît Tréhorel Le 11 juin à Art Rock à Saint-Brieuc Le 17 juillet aux Charrues à Carhaix Le 19 juillet au Cornouaille à Quimper 43


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SUPER HÉROTIQUE

MARCO MANCASSOLA A IMAGINÉ L’INTIMITÉ DES SUPER-HÉROS DEVENUS AUJOURD’HUI DES VIEILLARDS. LE DESTIN DÉSENCHANTÉ DES STARS DES COMICS QUI, À L’IMAGE DES ÉTATS-UNIS, ONT PERDU LEURS RÊVES IDÉALISTES.

ale temps pour les superhéros. Quarante ans après leurs heures de gloire, il y a des matins qui déchantent. Mister Fantastic, l’homme caoutchouc, a de l’arthrose, l’octogénaire Superman a une canne, Mystique anime une émission pourrave à la télé et Batman peine à trouver des plans cul... On est loin des exploits qui les avaient rendus héroïques aux yeux de l’Amérique de Nixon. Et le tableau se noircit quand un mystérieux groupe se met en tête de les zigouiller. Robin, le compère de l’homme chauve-souris, est le premier à en faire les frais : on le retrouve égorgé à Central Park. La fin du monde de la planète Marvel ? « Les super-héros sont les fantômes du 20e siècle. Ils ont incarné notre imagination occidentale. Jeunes dans les années 1970, ils ont aujourd’hui plus de 60 ans. Ils sont de la génération qui a cru qu’elle pouvait changer le monde. Ce qui n’a pas été le cas... », explique l’Italien Marco Mancassola, l’auteur de La Vie sexuelle des super-héros, un 44

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roman qui ferait débander tout geek dopé aux comics. La comparaison avec les ÉtatsUnis s’impose alors naturellement. Conquérants et intouchables hier, les USA post-11 septembre n’affichent plus leur volonté de sauver le monde. L’Amérique est fatiguée. Un changement de mentalité ressenti par Marco Mancassola. « La pop culture est symptomatique de son époque. Quand on inventait des super-héros hier, on programme de la télé-réalité aujourd’hui. D’ailleurs, les super-héros que l’on voit aujourd’hui sont tous vintage. Ceux qui sont inventés aujourd’hui ne sont pas considérés... » Un basculement accompagné avec complicité par l’auteur lorsqu’il évoque l’intimité de ces personnages. « Dans les comics et dans les films, ils sont habillés d’effets spéciaux. Dans ce livre, je voulais montrer le côté réel de ces personnages irréels. » Y compris la sexualité. « Les super-héros ont basculé de l’héroïque à l’érotique », préciset-il. On découvre ainsi une Mys-

tique adepte de masturbation très imaginative et un Batman bisexuel friand de fist-fucking. Avec ces demi-dieux au placard, le monde est-il voué à un destin crépusculaire ? Si les rêves de gosses et les aspirations d’un monde meilleur étaient l’essence des comics, la culture mainstream a-t-elle oublié toute vision idéaliste au profit d’ambitions purement personnelles ? Marco Mancassola répond : « Dans mon livre, il y a un super-héros dont les pouvoirs changent sans qu’il le veuille. Il ne sait jamais sur lequel il va pouvoir compter, surtout quand il en a besoin d’un en particulier. Je pense que c’est l’histoire d’une certaine génération qui, aujourd’hui, a du mal à se faire entendre au bon moment. Cela ne veut pourtant pas dire qu’elle n’est pas là. » Julien Marchand Du 11 au 13 juin au festival Étonnants Voyageurs à Saint-Malo (35) La Vie sexuelle des super-héros, Éditions Gallimard


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photo : C. HĂŠlie/Gallimard


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photo : Louis Decamps

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QUATUOR BACK

APRÈS TROIS ANS D’ABSENCE, LES JOLIES DEMOISELLES D’ELECTRELANE SE RETROUVENT EXCEPTIONNELLEMENT POUR UN MOIS DE CONCERTS. « JUSTE UN MOIS », ASSURENT-ELLES. ALORS AUTANT EN PROFITER.

onnêtement, quand on les voit sur scène la première fois, on peut croire à l’erreur de casting. Quoi, ces quatre innocentes midinettes, faire du rock, et du très bon en plus ? C’est certainement un vieux réflexe machiste mal contrôlé, mais autant on les imagine bien au casting d’un Sofia Coppola ou invitées à la première d’une expo arty, autant on les voit difficilement mettre en émoi un public aussi pointu que celui de la Route du Rock. C’est pourtant ce qu’elles ont fait en 2007, quelques semaines avant de splitter. « Un de mes meilleurs souvenirs de concert, se souvient la chanteuse, Verity Susman. Je me rappelle avoir eu des frissons lorsque j’ai regardé le public et vu tous ces gens danser sous les derniers rayons du soleil couchant. » La trentenaire, originaire de Brighton, et ses trois copines avaient déjà fait deux apparitions réussies à l’Ubu, à Rennes. Chaque fois, ce même trouble pour qui

assiste à leur performance. Loin des canons habituels des groupes de rock féminins qui se sentent obligés de forcer sur le côté burné pour imiter les copains – L7, Hole, The Donnas… – Electrelane assume sa part féminine, « sans pour autant la revendiquer ». Ce n’est pas le seul paradoxe d’un quatuor pratiquant une musique tout à la fois tendue et planante, sophistiquée et primitive, intello et minimale, noisy et élégante. Presque secrètement, Verity, Emma, Mia et Ros ont, neuf ans durant, réuni un public de fans fidèles qui les considèrent, avec une pointe de chauvinisme, comme l’un des groupes les plus sous-estimés de ces dernières années. Ce qui n’est pas totalement faux à l’écoute des quatre opus parus de 2001 à 2007 et au regard des centaines de concerts effectués partout dans le monde jusqu’à l’arrêt, brutal, il y a trois ans et demi. « Pas si brutal en fait, corrige Verity, nous en avions discuté pas mal de temps avant et il nous était apparu que

c’était le bon moment pour faire ce qu’il nous était impossible en tournant toute l’année. » Ce sera le retour aux études pour trois d’entre elles et une formation de peintre scénique pour Emma, la batteuse. « Avec pour chacune des projets musicaux parallèles. » Jusqu’à cette divine surprise d’un retour sur scène, ensemble. Un simple hasard des dates, explique Verity : « On était dispo toutes les quatre cet été, et comme ça nous manquait de ne plus jouer ensemble, on n’a pas hésité à se caler ce mois de tournée. » Ensuite ? « Pour l’instant, rien n’est au programme, assure le sosie vocal de Nico, même si dans le futur, on pourrait peut-être envisager d’écrire de nouvelles chansons… » En attendant, rendez-vous est pris à la Route du Rock. Quatre ans après, avec le même plaisir. Régis Delanoë Le 12 août au festival La Route du Rock à Saint-Malo 47


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GAME BOYS

MARIANT ÉLECTRO 8-BIT ET ÉNERGIE ROCK, LES RENNAIS DE MONKEY & BEAR CONSTRUISENT LEUR MUSIQUE COMME UNE PARTIE DE TETRIS. LIGNE PAR LIGNE, LEURS MORCEAUX DÉSTRUCTURÉS FINISSENT PAR S’IMBRIQUER. YOU WIN.

é mais c’est le batteur du groupe Mnemotechnic au comptoir ! Oh Mnemotechnic ! Ah le voilà... » Dans un pub du centre-ville rennais, les membres de Monkey & Bear viennent d’apercevoir un visage qui fait tilt. « On avait fait loge commune lors du tremplin breton du Printemps de Bourges. On avait bien fait la fête après... » C’était le 7 janvier 2011. Une date décisive pour les quatre Rennais. Après une prestation remarquée, Monkey & Bear avait obtenu son ticket pour la très convoitée scène Découvertes du Printemps. Une surprise pour ce groupe d’électrorock dont le premier concert ne remonte qu’à juin 2010. « Les choses se sont faites rapidement. Surtout qu’à l’origine, on n’a pas une volonté de faire des grosses scènes mais plutôt une envie de jouer dans les bars », se souvient Bear, le chanteur barbu à la dégaine d’ours. Car c’est sous 48

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des avatars d’animaux qu’officient les quatre garçons sur scène. Bear au clavier/chant, Monkey à la batterie, Bubbling Cat à la basse et Owl aux machines. « Les animaux constituent notre fil conducteur. C’est autour de ces personnages que s’est construit notre univers : la forêt, la nature, les bûcherons... » Une esthétique écolo-folk qui vient épouser un son plus technologique mélangeant puissance rock et électro 8-bit de geek. Un triptyque basse, batterie et Nintendo.« Notre musique peut paraître décousue mais, au final, ça s’imbrique plutôt bien. On nous dit que notre son est foutraque, même si on ne sait pas trop ce que ça veut dire... » Naturellement, l’électronique expérimentale de l’Américain Dan Deacon est citée comme influence principale. « On adore son style. On aime quand ça part dans tous les sens, avec des ruptures, des breaks, des arrêts. On voulait rester dans cet esprit mais en

apportant un côté pop avec plus de voix et de chœurs », explique Bear dont le chant montant et descendant rappelle celui de Clap Your Hands Say Yeah dans ce qu’il a de plus lancinant et obsédant. Également sélectionné pour la finale Jeunes Charrues du pays de Rennes, Monkey & Bear voit son CV s’étoffer. « Flattés », les gars comptent aussi sur la récente sortie de leur EP pour convaincre de nouvelles oreilles. « Ça sera plus facile pour aller à la pêche aux contacts. » Un objectif, les mecs ? « On prend ça comme un jeu car on considère la musique d’abord comme une passion et non comme un métier. Mais si, un jour, on peut jouer à la Route du Rock, ça serait quand même la consécration. » Julien Marchand Le 18 juin au Coquelicot à Fougères le 26 juin à Natura’zik à Rennes


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photo : DR


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BLOND PLATINE

JULIEN TINÉ, A.K.A JULIEN 2000, C’EST LE GARS QUI PASSERA DU SON À CHAQUE CHANGEMENT DE PLATEAU LE JEUDI AUX VIEILLES CHARRUES PENDANT QUE TU FERAS LA QUEUE À LA BUVETTE. ous l’avez remarqué ? Si, forcément, il y en a toujours un en soirée. Le gars qui, l’air de rien, va fuir les conversations pour s’approcher subrepticement de la table sur laquelle est posé l’ordi. Pour lui, impossible de résister à la tentation de composer sa playlist. Ce type-là, c’est un DJ refoulé, aussi sûrement que le gars pratiquant du air guitar s’est un jour rêvé en Keith Richards. Julien Tiné a commencé comme ça, à passer derrière les platines lors de soirées de potes, puis de potes de potes. « C’est vite devenu quelque chose de très excitant de faire passer de la musique qu’on aime. » Et ce qu’il aime avant tout, c’est le funk. Fan de Prince, de fusion et d’acid-jazz, il débute comme membre du collectif Lame2fonk à Saint-Brieuc, sa ville d’adoption, puis s’associe à GrandMarnier (Monsieur Yelle) pour former le duo de platines Club Cabaret. Là déjà, on n’entre plus dans la catégorie des DJ refoulés. Le truc est sérieux, le talent, certain. « À partir de ce moment, c’est devenu une passion qui commençait à occuper pas mal de temps. Depuis deux ans, je m’y consacre à 100 %. » Comme DJ, on pourrait dire de Julien que c’est un caméléon qui s’adapte. « Je dirais plutôt que je cherche à 50

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séduire le public en faisant découvrir des musiques, tout en essayant de coller au lieu, au moment, aux gens », nuance-t-il. Du coup, ça l’éclate tout autant de se retrouver à mixer pour une soirée électro avec des puristes que d’ambiancer un vernissage pour bobos avec de la musique lounge. Dans ce style, le Rennais de naissance collabore avec le théâtre La Passerelle à Saint-Brieuc. Il y trouve « une liberté de mix où se mêlent divers styles musicaux, créant une bande son à la soirée ». Au cours du printemps, il a accompagné Yelle pour sa tournée nordaméricaine. « Une expérience unique. Traverser les USA en bus, c’est comme un rêve, c’est un pays tellement cinématographique… » Le périple devrait lui donner des idées de thèmes pour meubler musicalement les changements de plateau le premier soir des Vieilles Charrues. Un job qui lui a été confié et qu’il refuse de considérer comme ingrat. « Je vais m’amuser », promet-il. Alors, tendez bien l’oreille au moment où vous irez remplir votre verre sur la plaine de Kerampuilh, il se pourrait que la musique soit bonne, comme dirait Goldman.

Régis Delanoë Le 14 juillet aux Charrues à Carhaix


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photo : DR


Vide ton sac

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AGENDA

DR

Festival Bout du Monde

DR

Chloé Le Drezen

recommande

LES NOCTURNES

TRIPTIK

LES CAMPINGS

LA FEMME

Chaque jeudi et vendredi, des concerts et des spectacles de rue dans le centre historique de Saint-Broc’. Avec une prog’ plutôt cool : Rafale, Garbo (photo), Maïon et Wenn, The Octopus, Lafayette, The Rambling Wheels… Et en plus, c’est gratos. On vous l’avait dit : plutôt cool.

Composé de Dabaaz, Black Boul et Drixxxé, le trio parisien se recompose après six ans de projets solo. Pour leur unique date en Bretagne, c’est à Brest que le groupe, l’un des plus intéressants de la scène hip-hop française, s’arrête. De nouveaux morceaux de cette fine équipe seront à découvrir.

Sur la côte ou dans les terres, 931 campings sont recensés en Bretagne par les Pages Jaunes. Si on ajoute ceux des festivals, il y aura de quoi faire cet été. Un lieu idéal pour retrouver Dame Nature, allumer un barbeuc et faire la fête, tout en ayant les guiboles dans l’eau et la tête à l’ombre.

Ces jeunes gens modernes n’ont aucun respect : avec leur patronyme anti-Google, difficile de savoir qui se cache derrière ce groupe ovni, qui revisite le synthpop eighties avec une grosse reverb empruntée au surf rock. Les auteurs de Sur la planche font aussi bien penser à Taxi Girl qu’à Isabelle a les Yeux Bleus.

LES RUES DU FIL Le truc le plus sympa à faire pendant le festival Interceltique de Lorient, c’est bien de passer ses soirées dans les rues. Entre vague humaine et écume des bières, le fief des Gourcuff offre toujours une ambiance à la cool pendant cette semaine. Dans le centre de Lorient (56) du 5 au 14 août

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À Astropolis à Brest (29) le 29 juillet

Movistar

ARCH WOODMAN

TOUR DE FRANCE

Le bricoleur pop vient présenter son 2e album, Mighty Scotland. Ce cousin brestois de Syd Matters pose son joli timbre de voix sur des mélodies tantôt empruntées à l’univers boisé de Tuung, tantôt à des sonorités plus classiques à la Badly Drawn Boy.

La grand-messe du cyclisme est de passage durant quatre étapes en Bretagne. Une bonne excuse pour se faire un duo sifflard/pinard sur le bord d’une départementale et se rappeler le bon vieux temps des Marco Pantani, Jacky Durand et Laurent Jalabert.

Au Vauban à Brest (29) le 16 juin et à Carhaix (29) le 18 juin

juin-juillet-août 2011 #2

Gwallspered

Partout, du 1er juin au 31 août

Jean-Marie Heidinger

Au Vauban à Brest (29) le 10 juin

Bernard Thomas

À Saint-Brieuc (22) du 1er juillet au 26 août

Sur les routes bretonnes du 4 au 7 juillet

JAVA DANS LES BOIS Plus que l’affiche musicale, c’est le cadre et l’ambiance de ce petit festival qui en ont fait sa réputation. Organisés tous les deux ans, ces trois jours dans les bois sont un palliatif idéal pour ceux qui en ont ras le cul des grandes manifestations.

À Bégard (22) du 19 au 21 août




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