BIKINI septembre-octobre 2011 n°3

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SEPTEMBRE-OCTOBRE 2011 #3


À découvrir dans ce numéro... À découvrir dan

BARBECUE SUR LE BALCON

2011/ 2012

«SEXY OU DÉBILE»


TEASING

ns ce numéro... À découvrir dans ce numéro...

M O U S TA C H E S « LES DREADS PEUVENT REVENIR »

BIÈRE

COUPÉE « PIRATER LE MINITEL ? IMPOSSIBLE »

«R E T R O U V É C O I N C É DANS LA CHEMINÉE » MUSIQUE DE MARIAGE

« LIO À POIL INTÉGRAL »

BIM-BAM


ÉDITO RENTRÉE

Quand on parle de rentrée, c’est souvent pour des trucs un peu chiants. Mais si, vous savez, ranger sa Quechua, la fin des barbecuites, le retour du réveil, remettre un pantalon après deux mois de bermud’… Pas franchement terrible. Un peu comme pour le nouvel an, c’est aussi le moment des vœux. Alors, cette année 2011/2012 sera-t-elle bonne ? Dans une époque où le mot “mode” ne veut finalement plus dire grand chose – ouf ? – et où la culture mainstream est aussi diverse et variée qu’un buffet de chez Campanile, il est difficile de prévoir ce qui marquera cette saison. Pour ce numéro de rentrée, on a donc demandé à ceux qui font la culture de demain ce qu’ils imaginent pour les mois à venir : les tendances qu’ils sentent, les styles qu’ils voient émerger, les artistes sur lesquels ils misent… On espère que leurs boules de cristal auront le nez creux. De quoi bien voir venir 2011/2012 avant de, vous savez, ressortir sa Quechua, rallumer les barbecuites, éteindre son réveil et ne jurer que par le bermud’ pendant deux mois. La rédaction

SOMMAIRE 6 à 17 18 à 25 26 à 29 30 & 31 32 à 35 38 à 47 48 & 49

WTF : reformations, dreadlocks, barbeuc, moustache, bière coupée, lipdub, maillots de foot, sports chelou, reprises, musique de mariage, théâtre d’improvisation, vol de panneaux de signalisation, t-shirts loup, corbeille... Welcome to 2011-2012 Minitel : the final countdown Anti-musique Musette is not dead RDV : Juveniles, Images d’Alice, Conne Action, Ralph Meyer, Purple Mountain et La Femme Vide ton sac... Mondo Bizarro

50 BIKINI recommande

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septembre-octobre 2011 #3

Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Jasmine Saunier, Benoît Tréhorel, Isabelle Jaffré / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Graphiste : Élise Jeanniot / Photographe : Justin Bihan / Consultant : Amar Nafa / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (Saint-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Glenn Nicolas, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2011.



WTF

QUEL COME-BACK ALLER VOIR ?

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MISTER COCKTAIL

PLUSIEURS GROUPES QUI AVAIENT SPLITTÉ IL Y A PLUSIEURS ANNÉES ONT DÉCIDÉ DE REMONTER SUR SCÈNE. SI VOUS ÊTES NOSTALGIQUES, ON VOUS AIDE À CHOISIR LE RETOUR QUI VOUS CORRESPOND.

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Si vous n’avez pas bu d’alcool, les concerts sont gratos. Sinon, c’est cinq euros. Pour attaquer cette soirée “Clean Attitude”, organisée par la Maison des étudiants et Le Manège à Lorient, il vous faudra donc souffler dans le ballon. Papiers du véhicule, sileuvouplé. Le 13 octobre.

ZEBDA

Frank Eidel

FAUX DÉPART

En juin dernier, la pianiste danoise Agnès Obel nous avait posé un lapin à Art Rock, la faute à une tournée US rallongée. À la place, on s’était tapé Zaza Fournier. Aïe. L’auteur de Riverside se rattrape en venant les 24 et 25 octobre à Brest et Vannes.

AVANT-PREMIÈRE

toast

La 21e édition du festival du film britannique de Dinard ne change pas de recette. Roastbeef à chaque repas : compétition, rencontres, hommages et films en avant-première. Parmi ces derniers : Toast de S.J Clarkson avec Helena Bonham Carter et Freddie Highmore. Du 5 au 9 octobre. 6

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Après une séparation de huit années, les Toulousaings (photo) reprennent la route. Un choix motivé – motivé, il faut se motiver – par la présidentielle de 2012. Leur tournée automnale sera suivie d’un nouvel album. De quoi bien occuper l’année. On espère juste que l’un des petits chauves n’aura plus sa voix de merde. Pour qui ? Les profs de français et les gens qui font leurs courses chez Biocoop. Idéal pour ? Ressortir son keffieh et se dire que « la société, elle a que des problèmes ». Quand ? Le 04/11 à La Carène (Brest) et le 05/11 aux Arcs (Quéven).

MASS MURDERERS

CHOKEBORE

Aidé par Nirvana à ses débuts en assurant quelques premières parties, le groupe hawaïen a ensuite su se débrouiller seul pour trouver sa place sur la scène rock indé ricaine, entre Jesus Lizard et Nada Surf. Jusqu’au split, survenu en 2005. Après une courte carrière solo, le leader Troy von Balthazar retrouve ses zicos. Qui, non, ne s’appellent ni Gaspard ni Melchior. Ah ah. Pour qui ? Les porteurs de chemises à carreaux et les abonnés aux Inrocks. Idéal pour ? Se souvenir où est rangé son Discman Sony. Quand ? Le 29/10 à La Carène (Brest).

Mondialement connu dans le port du Légué à Saint-Brieuc durant les nineties, le Wagon était un squat de joyeux keupons vivant l’idéal no future, à base d’amour à crêtes, de bières éventées et de concerts hardcore, dont ceux des fameux Mass Murderers. Après dix ans sans nouvelles, les Exploited breizhous se reforment cet automne à l’occasion du 2nd Round Fest. Joie. Pour qui ? Les pogoteurs en manque d’exercice, les syndiqués CNT et les fumeurs de roulées Interval. Idéal pour ? Roter sa 8.6 dans une ambiance propice. Quand ? Le 07/10 à L’Antipode (Rennes).


DREAD IS DEAD ? EN PERTE DE VITESSE

BOUDÉES

Premier responsable : la mode. « Elle s’empare de tout ce qui peut avoir un semblant de succès, explique Pascal Monfort. À l’origine, le fait de porter des dreads avait un sens idéologique, mais ça a été récupéré, perdant sa signification première. Même des gars pas du tout dans l’esprit, John Galliano par exemple, se sont à un moment mis aux dreads ! » Le style grunge du début des nineties, à base de cheveux sales, de pulls informes et de jeans troués, a été pareillement récupéré. Putain de système.

Mais elles ne sont pas les seules. Toutes les tendances capillaires ou vestimentaires des d’jeunes sont aujourd’hui moins claires. « Avant, c’était fondamental de choisir son camp via ses cheveux, sa barbe ou ses fringues, mais l’ado d’aujourd’hui mélange les genres. Le côté communauté est passé de mode, la jeune génération province ». C’est vrai que c’est dans un individualise ses goûts. » festival, comme Le Bout du Monde, qu’on peut voir encore pas mal de ELLES RÉSISTENT dreadeux. « Et puis ça peut revenir Du moins en province. Basé à Paris, à la mode. Prends Tokyo, le reggae Pascal Monfort note que le style garde y est hype et tu peux croiser pas mal une image « très marquée babos de de locaux branchés en dreads. » R.D

QUI SONT LES ANTI-BARBEUC ? L’ÉTÉ S’ACHÈVE. FINI LES GRILLADES ? CHOSES À SAVOIR AVANT DE GRILLER UNE CHIPO SUR LE BALCON. PERSONNE. Si vous avez un appareil électrique, qui ne fait ni fumée ni odeur, et des voisins cool, pas de souci. Faites même des sardines si ça vous chante.

LE RÈGLEMENT DE COPROPRIÉTÉ. Si c’est noté noir sur

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blanc sur ce document, rien à faire. Vous risquez l’éviction. « En général, on n’arrive pas jusque là. On met une note et cela suffit », indique une assistante de copropriété de chez Foncia à Brest.

LA LOI. Il y a les arrêtés municipaux bien sûr. Mais ils concernent surtout les forêts et espaces verts. Chez vous, votre voisin énervé peut vous poursuivre au motif de « trouble anormal de voisinage, une réglementation du Code civil », explique Me Floc’h, avocate au barreau de Brest. Les actions en justice restent cependant rares. Seule la cour d’appel de Caen a, en 2002, condamné un cuisinier du dimanche. « Parce qu’il y avait volonté de nuire, précise l’avocate. Une condition indispensable car le barbecue n’est pas un trouble en lui-même. » Isabelle Jaffré

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LES FAITS SONT LÀ : DEPUIS QUELQUES TEMPS, ON CROISE DE MOINS EN MOINS DE GARS À DREADLOCKS. ANALYSE D’UN DÉCLIN AVEC PASCAL MONFORT, PROF DE SOCIOLOGIE ET SPÉCIALISTE DE LA MODE.

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L’ ANNIVERSAIRE

Le Pixie fête ses dix ans les 23 et 24 septembre. Ce café-concert de Lannion s’est imposé comme l’un des lieux culturels du Trégor, avec sa prog chouette et cohérente. Pour son annif, il continue dans cette voie et fera venir Bumpkin Island, Manhattan Night Fever ou encore La Seconde Méthode.

MASTERCHEF

dj qbert C’est une référence mondiale du turntablism qui s’arrête à L’Échonova le 29 octobre. Champion du monde DMC de 1992 à 1994, l’Américain fera voir sa technique, celle qui l’a propulsé comme icône du hip-hop. 7


WTF

LA MOUSTACHE EST-ELLE ENCORE DE RETOUR ? ELLE FAIT DE NOUVEAUX ADEPTES. AU PREMIER OU AU SECOND DEGRÉ, SE LAISSER POUSSER LA ‘STACH REDEVIENT COOL. C’EST BORAT, STALINE ET GUY LACOMBE QUI VONT ÊTRE CONTENTS. Revenue à la mode au milieu des années 2000, cette zone de poil entre le nez et la bouche connaît un nouveau regain d’intérêt. Suffit de voir le nombre de gars qui la osent, sans barbe, à l’instar de personnalités qui la portent ostensiblement : Philippe Katerine, Tahar Rahim, Brad Pitt, Jean Dujardin pour de vrai ; Katy Perry pour de faux. Un créneau sur lequel les marques de rasoirs se lancent, forcément. Comme Wilkinson et son Quattro Titanium qui vous taille la moustache comme un pro, site web spécialement conçu à l’appui.

En t-shirt ou en bijou, le visuel stach-mou trouve sa place dans la mode féminine. La marque d’accessoires Bird on the Wire s’est ainsi fait connaître grâce à un collier en l’honneur de cet attribut masculin. Un motif déclinable en sac, vêtement, mug, bague... à l’infini quoi.

MÉGATEUF

La moustache comme dress-code, de nombreux rendez-vous font des poils leur identité. Cette année, on a ainsi vu, à Brest et Rennes, les soirées Cuir & Moustache réhabiliter avec second degré le look Freddie Mercury et Village People. Pour LES FILLES AUSSI certaines de leurs affiches, elles ont Cette pilosité comme atout charme, même réutilisé un cliché d’un des les meufs peuvent aussi en jouer. interprètres de Macho Man (photo).

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ON YOUR FACE

Idem cet été, avec le BGP Festival, à Rennes, qui annonçait carrément un accès refusé aux « non-porteurs de moustache. Ils seront battus et humiliés devant leurs amis ». Pour les retardataires, bout de moquette et scotch double-face exigés. J.M

« LA BIÈRE COUPÉE EN FESTIVAL , UN MYTHE » CHAQUE ÉTÉ, DANS CHAQUE FESTIVAL, LA RUMEUR DE LA BINOUZE COUPÉE À LA FLOTTE REVIENT À LA SURFACE. EST-CE VRAI OU S’AGIT-IL SEULEMENT D’UNE BONNE EXCUSE POUR BOIRE DEUX FOIS PLUS ? LA MÊME. Festivals et brasseurs l’affirment haut et fort :

CROYANCE COLLECTIVE. « Il y a quelques années, on

la mousse que vous buvez en festoche n’est pas coupée à l’eau. « C’est un mythe, explique Tangui Le Cras, des Vieilles Charrues. On en entend parler depuis des années, et même après un changement de brasseur (Kronenbourg a remplacé Faxe il y a trois ans, ndlr), la rumeur persiste... » La marque alsacienne est elle aussi formelle. « La bière vendue sur les festivals est la bière classique, sans aucune modification. Son degré d’alcool est de 4,2°. La bière et l’eau n’ayant pas la même densité, un tel mélange se verrait », explique-t-on au service communication de Kronenbourg, dont le partenariat avec les Charrues a été reconduit cette année pour trois nouveaux étés.

servait de la bière à 2,6° à partir de 2h du mat’. Ce n’est plus le cas aujourd'hui. Mais à aucun moment il n’y a eu de la bière coupée », affirme lui aussi Jacques Guérin, du Bout du Monde. Mais comment expliquer cette rumeur qui surgit tous les ans ? « C’est une croyance collective qui permet de râler tous ensemble », répond Tangui des Charrues, où Kro a mis en place un nouveau système de stockage depuis 2010. « Sur la majorité des points de vente, la bière est acheminée depuis une citerne. Il y a moins de logistique qu’avec les fûts », explique Jérôme Tréhorel du festival carhaisien. Selon le brasseur, cela garantirait une bière fraîche plus longtemps. J.M

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Télécom Bretagne

LIPDUB : LA STRATÉGIE DE L’ÉCHEC

BAD BUZZ POUR L’ AUMÔNERIE DE RENNES ET L’ ÉCOLE TÉLÉCOM DE BREST. UN RÉALISATEUR LIVRE SA RECETTE ANTI-PLANTAGE. LE PLAN SÉQUENCE « Un lip dub avec des coupes au montage, c’est pas un lip dub. » Réalisateur spécialisé, Jo Pinto Maia est formel : pour respecter les règles de cet art né en 2007 aux States, il faut un seul plan séquence. Un cahier des charges non tenu par nos Bretons, plus à l’aise au micro qu’à la caméra.

BONNE HUMEUR ET IMAGINATION « Il faut que les personnes s’amusent, le but est de casser les hiérarchies et de valoriser tout le monde. » Opter alors pour une chanson sympa et, surtout, originale. « Black Eyed Peas, ça suffit ! » De l’imagination et de l’audace. Sur ce point, nul doute que le lip dub télécom en a, avec ses lyrics mi-comédie musicale mi-conseiller d’orientation.

DES IMPERFECTIONS « J’ai le souvenir d’un tournage où un gars s’était cassé la gueule en arrière plan pendant une prise. On l’a gardée, c’était la meilleure. » Le Spielberg du lip dub aime quand ça part un peu en sucette. « Les trucs trop calibrés ne rendent pas bien. » Les trucs trop foireux non plus, mais au moins ça rencontre le succès sur YouTube. R.D 9


WTF

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DANSE MACHINES

Un écran lumineux multicolore et cinq danseurs hip-hop. Mis en scène par Pierre Rigal, Asphalte est un western urbain où les silhouettes, mi-robotiques mi-humaines, révèlent le rythme effréné des grandes villes et de la culture mainstream. Le 4 octobre à Lannion (Carré Magique) et le 6 à Rennes (Triangle).

LES CURÉS SONT-ILS DE BONS DJ ? LA SAISON DES MARIAGES VIENT DE SE TERMINER. CES CÉRÉMONIES LAISSENT UNE PLACE IMPORTANTE À LA MUSIQUE. MÊME DANS LES ÉGLISES OÙ LES PRÊTRES DOIVENT COMPOSER AVEC LE GOÛT DES MARIÉS. Quand ils s’unissent devant Dieu, les jeunes époux tiennent à ce que tout soit réglé comme du papier à musique. À commencer par la musique, justement. Depuis une dizaine d’années, faute d’organiste disponible, le disque a pris la mesure de la sono de l’église. Belle aubaine pour les tourtereaux pas vraiment fans de musique classique. Premières complications pour le clergé, garant de la décence des lieux.

Qui ? Thomas Howard Memorial Quoi ? C’est le projet parallèle de deux mecs du combo rock guingampais The Craftmen Club Quand ? En octobre, cette aventure accouchera d’un premier (bon) EP Où ? Une petite tournée passera notamment par La Citrouille, à Saint-Brieuc, le 14 octobre

DO YOU REALLY WANT TO HEAR ME

boy george

L’ancien leader de Culture Club donne désormais dans le DJ set et tourne partout dans le monde, preuve que ça ne doit pas être complètement dégueulasse. À condition d’aimer la house. L’androgyne sera aux platines de la boîte L’Espace à Rennes le 30 septembre. 10

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Curé de la paroisse de Lamballe, l’abbé Pierrick Jégonday a souvent célébré des mariages dans des ambiances très variet’ française. Au hit-parade : L’Hymne à l’amour de Piaf, L’Envie d'aimer signé Obispo, ou encore Aimer de la comédie musicale Roméo et Juliette. « Depuis deux ans, le tube c’est Tout le bonheur du monde de Sinsemilia. Bon, au bout d’un moment, on finit par saturer… » Exit donc la traditionnelle Marche nuptiale de Félix Mendelssohn ou l’imparable Toccata en ré mineur de Jean-Sébastien Bach. La mode est passée. Sauf que les goûts musicaux des époux laissent parfois les célébrants perplexes… Le père Jégonday a notamment refusé de diffuser un morceau du groupe Era, selon lui « à tendance sectaire ». Tolérance zéro également pour le hip-hop, le rock bien hard ou le zouk-love. Le diocèse de Vannes préfère, lui, inviter les mariés à passer en dehors de l’église une musique qu’il jugerait inappropriée. « Si vous voulez faire entendre une chanson dite “profane”,

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« On finit par saturer » SIDE PROJECT

vous la placerez à l’entrée ou à la sortie de la célébration. Mais ces chants trouveront mieux leur place lors du mariage à la mairie ou pendant le repas de fête », indique-t-il sur son site.

« Festif à la sortie » « On essaie de faire comprendre aux gens qu’ils vont s'unir dans un lieu sacré. On en discute et on négocie. La plupart du temps, ils nous font confiance », témoigne l’abbé Laurent Le Meilleur, curé de Langueux. Face aux demandes toujours plus inspirées, certains prêtres préfèrent baliser le terrain avant la noce. Par la suggestion d’une liste de titres disons « permis ». Ou par des indications bienvenues. Le père Le Meilleur détaille : « Une musique solennelle et sans paroles en entrée, un morceau plus doux à la signature des registres et quelque chose de festif à la sortie. » Festif comme Les Musclés ? Benoît Tréhorel


THÉÂTRE : JOUE-LA COMME IMPRO TABARNAK ! EN PROVENANCE DE NOS COUSINS QUÉBÉCOIS, LE THÉÂTRE D’IMPROVISATION SE DÉMOCRATISE DANS NOS CONTRÉES, AVEC DE MULTIPLES ET RIGOLOTES FORMULES AU PROGRAMME. LE MATCH D’IMPRO

LE CATCH

La “discipline” originale et la plus répandue est inspirée des règles du hockey – Québec oblige –, avec l’affrontement de deux équipes de six dans un décorum faisant vaguement penser à une patinoire. Pour Fabien de la compagnie LIBIDO à Brest, « c’est le format de base le plus facilement transposable pour une troupe amateur ». « La notion de match est très relative, poursuit Alain de la TIR (Troupe d’Improvisation Rennaise), on n’est pas dans une configuration de compétition. Pour qu’un match réussisse, il faut que les équipes jouent l’une avec l’autre plutôt que contre. » Esprit École des fans, quoi.

Sur un ring, deux catcheurs déguisés se fightent à coups d’improvisations dégainées au rythme d’une mitraillette. Beaucoup de fun dans cette formule dont le mondial se déroule en Bretagne chaque printemps. « C’est un mélange d’impro et de saynètes écrites, explique Patrice de la compagnie professionnelle Impro Infini, l’intérêt réside dans la transgression permanente des règles. » Un maître de cérémonie, des règles plus souples, de l’interactivité avec les spectateurs. Se déroule régulièrement au bar Le Sablier à Rennes et au Tom Caffé à Brest. R.D

Libido

LE CABARET

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WTF

LES FOOTEUX ONT-ILS LE SENS DE LA MODE ? CETTE ANNÉE, LES CLUBS BRETONS DE LIGUE 1 ONT SORTI DE NOUVEAUX MAILLOTS POUR LEUR ÉQUIPE. ON DÉCRYPTE CES VÊTEMENTS DE SPORT AVEC FRÉDÉRIC GODART, SOCIOLOGUE DE LA MODE. FC LORIENT

STADE RENNAIS

STADE BRESTOIS

Le damier est vilain. Le orange fait doryphore écrasé. L’ensemble fout le mal d e m e r. Moche dehors mais brave à l’intérieur. Lorient reprend un message philosophique qui donne la larme à l’œil : c’est la beauté du dedans qui compte.

Cet été, l e rouge était tendance chez les filles, en mode colorblock. Bien pensé : s’il fait beau ce mois-ci, le footeux sera assorti au bikini de sa meuf sur la plage. La rayure noire ? Une référence à la tradition revendicative. Le Rennais, il est pas d’accord. En général.

Avec son petit col blanc immaculé, le club finistérien suit la tendance « golf » du moment. Sous-entendu : « le foot, c’est pas très distingué ». Brest joue les snobs. On aura tout vu de la part de gars incapab’ de prononcer les mots en “able”.

L’avis de l’expert : « Il renvoie à la fondation du club, dans les années 1920. La couleur tango était très à la mode. Il est difficile de juger la valeur esthétique d’un maillot. Tout dépend de l’époque et de l’observateur. Si celui-ci paraît moche, c’est qu’il ne suit pas la mode dominante. »

L’avis de l’expert : « Chaque maillot a une signification qui renvoie à son histoire et à celle de la ville. Celui de Rennes est classique. Le rouge et le noir sont des valeurs sûres. Selon l’historien Claude Loire, elles font référence à une double identité républicaine et catholique. »

L’avis de l’expert :« Ce qui frappe, c’est le message de modernité dans la coupe et les matières. Mais c’est un maillot plutôt chargé avec tous ces logos et sponsors. Il y a l’ancrage local dans la culture et l’économie bretonne. » Jasmine Saunier

CORBEILLE Status Quo On peut très honnêtement considérer leur tube In the Army Now comme un des pires morceaux de l’histoire de la musique rock. La concurrence fait pourtant rage. Et puis il faut savoir que c’est le groupe préféré du Prince Charles. Visez un peu l’état de ses oreilles. À Rennes La Fouine Avec sa tête d’Angry Bird, 12

le rappeur des Yvelines s’apprête à foncer sur la Bretagne. Tous aux abris. À Saint-Brieuc, Rennes et Brest Anthony Kavanagh, Jérôme Commandeur, Mustapha El Atrassi… Le sketch de la belle-mère, du nul en informatique et du week-end entre collègues de bureau, ça fait toujours rire en 2011 ? Nous, on attend plutôt les passages

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NOTRE ANTI-SÉLECTION DES SPECTACLES QUAND FRANCHISE ET MAUVAISE FOI NE FONT QU’UN de Chris Esquerre, Gaspard Proust et Thomas VDB dans le coin. Seuls à trois C’est le nom du nouveau projet monté par Renan Luce, Benoît Dorémus et Alexis HK, trio de tournée pour le coup. Trois pour le prix d’un. Une jolie promo à ranger au rayon raviolis. À Plougastel, Fouesnant, Pacé...

Les Marins d’Iroise 2011, année de la gonz’ Nolwenn Leroy et son album estampillé BZH. Dans la lignée, TF1 a enrôlé une bande de vrais-faux marins, leur a fourni un jeu de marinières et leur a demandé de chanter un classique usé jusqu’à la corde, Santiano. Moche. À Saint-Malo, Rennes, Pontivy, Morlaix… La rédaction


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EX-VELVET, ROUND TWO

C’est le nombre de pages que contient What’s Welsh for Zen, l’autobiographie de John Cale, sortie il y a peu. L’ancien Velvet revient sur sa rencontre avec Reed, les premiers albums, La Factory, le split et, bien sûr, la drogue. Après le passage de son meilleur ennemi cet été à Carhaix, le Gallois s’arrête lui aussi en Bretagne. Il sera le 12 octobre à La Carène, à Brest.

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LE CLIP

En attendant la sortie de son nouvel album ce mois-ci, Miossec a confié la réalisation du clip de son premier single, Chanson pour les amis, à Gustave Kervern. Et c’est à Ouessant que le gars de Groland a posé ses caméras, racontant l’histoire d’un bled où les personnes âgées sont en fait les enfants, et vice et versa. Complètement glucose.

LIVE

imposteurs Du nouveau sur le web avec les Imposteurs.net. Lancé en juin lors d’Art Rock, le site à tête de lapin a passé l’été dans les festivals de la région (Charrues, Nocturnes…). Des vidéos live bien gaulées et des sessions plutôt chouettes pour ces Sourdoreilles basées dans les Côtes d’Armor. 13


WTF

400

Seule représentante bretonne à figurer au palmarès académique mondial, Rennes 1 pointe au 400e rang du fameux classement de Shanghai. Devenu plus ou moins la référence dans le domaine, il est considéré comme élitiste par ses détracteurs. Et c’est vrai que juger les perf’ d’une fac par le nombre de ses prix Nobel, c’est pas très malin.

EN RÉSIDENCE

Pour sa onzième édition, le festival d’arts numériques Electroni[k] invite Mira Calix du label anglais Warp. Autant attachée à l’aspect musical qu’à l’ambiance visuelle, l’artiste était cette année à Coachella qui lui a confié l’habillage de la scène principale. Du 10 au 16 octobre, elle sera en résidence à Rennes.

L’ EXPO

big brother Depuis le 11 juin, l’expo d’art contemporain Big Brother : l’artiste face aux tyrans cartonne au Palais des Arts de Dinard. Grouillez-vous, il vous reste jusqu’au 11 septembre pour admirer les installations, peintures et vidéos des 33 artistes. 14

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LES PANNEAUX DE SIGNALISATION FONT-ILS UNE BONNE DÉCO ? UN STOP OU UN SENS INTERDIT DANS VOTRE INTÉRIEUR ? SOUVENIR DE SOIRÉE ARROSÉE OU BLAGUE POTACHE, LE VOL DE PANNEAUX DE SIGNALISATION, S’IL EST FUN, N’EST PAS SANS RISQUE. GOÛTS Une lampe en plot orange de chantier, une table design sens interdit, une déco murale limitation de vitesse… Les logements d’étudiants – mais pas que – regorgent de signalétiques « recyclées », pour ne pas dire volées lors d’une virée bien arrosée. Yannick, 26 ans, est ainsi l’heureux détenteur d’une table basse “interdiction de stationner”. Il dit l’avoir trouvée dans une poubelle et l’a adoptée pour trois raisons : « robuste, pratique et originale !» Un vrai fan, même si le design ne convainc pas vraiment sa copine. Mais les goûts et les couleurs hein…

Bikini

CLASSEMENT DES UNIVERSITÉS

RISQUES

Cette déco originale n’est cependant pas sans risque. Si vous êtes pris, vous encourez jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende. « C’est une PRIX qualification de vol simple, explique Gratuit pour le fêtard chapardeur Me Floc’h, avocate brestoise. Le fait qui ne se fait pas prendre, le vol de que ce soit un bien d’utilité publique panneaux a pourtant un coût pour n’est pas une circonstance aggravante, les municipalités propriétaires. À contrairement à une dégradation. Rennes, un outil est mis en place Mais ça peut quand même monter pour comptabiliser les disparitions. jusqu’à 5 ans et 75 000 € si c’est un La mairie précise qu’il est cepen- vol en réunion. » Sans oublier les dant trop tôt pour donner des stats. indemnités à la partie civile : la mairie. À Saint-Brieuc, ces vols se chiffrent Reste que les poursuites ne semblent à « une trentaine par an environ », pas souvent se terminer au tribunal. dixit Armand Delhaye, employé au Ce qui n’exclut pas quelques mauvais service voirie. Essentiellement de moments à passer si vous êtres pris la signalisation temporaire comme la main dans le sac. Comme ces trois les panneaux de gravillonnage. « À étudiants brestois transportant, en 70 € hors taxe l’unité, ça fait quand décembre 2009, un sens interdit, une même beaucoup ! Mais de toute limitation de vitesse et une plaque façon, on ne peut pas mettre un bon- de rue, « pour faire une surprise à homme jour et nuit derrière chaque une copine ». La blague leur a coûté panneau », ajoute-t-il, fataliste. douze heures de garde à vue. I.J


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THE COVER, OVER ?

DES ARTISTES MISENT SUR LES REPRISES POUR FAIRE PARLER D’EUX. PAS FORCÉMENT UNE BONNE IDÉE. Révélation du dernier printemps, le duo pop-folk Brigitte (photo) s’est fait connaître du grand public grâce à sa version glamour et lascive du bestial Ma Benz de NTM. Gros buzz et enthousiasme général. On est les seuls à trouver ça chiant ou quoi ? Le 28 octobre à Lorient, le 29 octobre à Brest

Premier EP de Ben l’Oncle Soul, Soulwash ne contenait que des reprises (White Stripes, Aqua, Katy Perry...). Ou comment flinguer la version originale. Benny peut pourtant s’en frotter les mains : s’il a été invité sur les plateaux télé, c’est d’abord pour ses réinterprétations. Et le pire, c’est qu’il tourne désormais comme un malade. Monde de merde. Le 14 décembre à Rennes

Un an après la sortie de son album Mise à Jour, Matt Pokora s’attaque au trio Fredericks/ Goldman/Jones. Pas de surprise, une pièce de plus au musée des horreurs avec cette version R’n’B/zouk d’À nos actes manqués. Si c’est un hommage à la version originale, j’en connais une qui doit se retourner dans sa tombe. Le 7 décembre à Rennes 15


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QUEL SPORT CHELOU PRATIQUER ?

REMIX CONTEST

l’animale

SI TU VEUX SUER TOUT EN SORTANT DU RANG, OPTE POUR UNE DISCIPLINE À LA MARGE. ON DÉCRYPTE CELLES DISPO EN BZH AVEC LUCIEN THOMAS, PRÉSIDENT DU COMITÉ OLYMPIQUE ET SPORTIF RÉGIONAL.

Oyez, oyez fans de Rafale. Le trio électro briochin lance un concours de remix de son titre L’Animale, tiré de son premier album Obsessions. Avec une surprise pour le winner. Envois des mp3 jusqu’au 15 septembre.

LES BOURRINS

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L’ AFFICHE

Pour signer l’affiche de son Pass Découverte, La Carène, à Brest, a fait appel à l’illustrateur Mathieu Stoldick de Freak City Design. Esthétique punk-rock et références aux comics, son travail n’est pas inconnu dans le 29 : au printemps dernier, le Bordelais avait assuré les visuels de la tournée d’adieu des Trashington DC.

FESTIVAL

last one

Comme chaque année, c’est à Saint-Nolff dans le Morbihan que se clôt la saison des festivals de l’été en Bretagne. Un rendez-vous qui, le 17 septembre, réunira notamment Sum 41, Étienne de Crécy, Missill et Beat Torrent. L’occasion surtout de sortir une dernière fois sa 2 Seconds. 16

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L’avis de l’expert : « Les sports de contact et de combat sont très implantés dans les quartiers difficiles. Les entraîneurs jouent aussi parfois un rôle d’éducateur, c’est important, ils font du bon boulot. »

Kinball Rennes

Pour se la péter avec des muscles saillants, tentez l’haltérophilie, vous pouvez viser les JO si vous êtes bon. Les amateurs de show théâtralisé préfèreront enfiler un caleçon à bretelles pour monter sur un ring de catch. Les fans de Poutine, eux, essaieront le systema, art de la fight du KGB. Un peu limite quand même. Idéal pour : revendiquer son amour pour Dolph Lundgren, les pectoraux huilés et les concours de bras de fer.

LES INCLASSABLES

Du bien bien chelou dans cette catégorie, avec des sports collectifs aussi improbables que le hockey subaquatique (où l’on racle un palet au fond d’une piscine), le kinball (où l’on joue LES CELTIQUES avec une balle géante), le horseball Si tu aimes le foot ET le rugby, tu (du hand à cheval) ou encore de devrais t’éclater avec le foot gaélique, l’ultimate (du rugby avec un frisbee). sport national en Irlande. Sinon, le Ça change du foot, quoi. gouren (lutte bretonne) perpétue la Idéal pour : revendiquer son amour tradition, tout comme les autres jeux pour l’excentricité, sa passion du trad’: boules, palets, quilles, lancer curling aux JO d’hiver et de l’hepde gerbe (si, si) ou tir à la corde, qui tathlon aux JO d’été. ont leur propre fédération. Idéal pour : revendiquer son amour L’avis de l’expert : « Le hockey subapour Carlos Núñez, la Guinness bien quatique est affilié à la fédération crémeuse et le maillot extérieur du d’études et de sports sous-marins. Stade Rennais. Les autres sont souvent des départements de clubs multisports : ce L’avis de l’expert : « Les sports et sont des jeux éducatifs qui ne se jeux bretons sont très liés à la culture. pratiquent pas en compétition. Les Pour survivre, ils doivent développer derniers sports affiliés en Bretagne ? des compétitions, comme a su le Un club de chiens de traineaux ! » faire le football gaélique. » R.D


LES T-SHIRTS LOUP SE VENDENT-ILS BIEN ? DEVENU COOL GRÂCE À DES POSTS DÉBILES SUR LE NET, LE T-SHIRT “THREE WOLF MOON” EST DEPUIS DEUX ANS DANS LE TOP 50 DES MEILLEURES VENTES AMAZON. LES GEEKS ONT-ILS BOOSTÉ LA VENTE DES T-SHIRTS MOCHES ? Être démodé pour ne jamais être démodé. Le credo du t-shirt loup peut paraître zarbi mais c’est une valeur sûre. Un peu comme Apple en bourse. Car comme l’iPad, le t-shirt loup est devenu un best-seller. À l’image du modèle Three Wolf Moon (photo) popularisé en 2009 et qui, depuis, n’a jamais quitté les meilleures ventes d’Amazon. Trois loups hurlant devant une pleine lune, sur fond de voie lactée, ahouuuuu. Moche mais fantastique. C’est ce qu’ont prétendu des acheteurs sur le site de vente en ligne. « Pouvoirs », « effets sur la gente féminine », « un sens à ma vie » : des posts à la con, le buzz prend. En bon geek, Norman (de Norman fait des

vidéos) l’a même ressorti au printemps dernier. Dans cette histoire, c’est la marque ricaine Mountain qui est contente. « Au top, on en a vendu 10 000 par mois. Aujourd’hui, toujours des milliers », nous explique Michael McGloin son designer qui joue le jeu : « ce t-shirt est magique et vous aide à choper des meufs ». Un succès qu’il décline à donf : coupe féminine et modèle phosphorescent. Loin du web, le t-shirt loup doit d’abord sa visibilité aux marchés et aux foires, là où on le trouve à côté des drapeaux Johnny et des sweats à capuche 2Pac. Du coup, on est allé traîner sur les

marchés estivaux à Crozon et à Rennes pour voir s’il y avait un business à se faire. « On n’en vend pas beaucoup, rétorque une vendeuse sur la dalle rennaise du Colombier. Moi, c’est surtout les ceintures et les sacs... » J.M

Maxime Brunet

MAUVAISES BULLES

Institubes ayant mis la clé sous la porte, Sound Pellegrino (sous-label du feu label) a pris son indépendance. Aux manettes de cette écurie house, Teki Latex et DJ Orgasmic. Les deux gars, qui seront le 7 octobre à Brest, ont sorti cet été Bassface, 1er single de ce nouveau duo. Mouais...

WE ARE THE WORLD En partenariat avec l’asso What Women Wish dont l’objectif est de rendre les TIC accessibles à un maximum de femmes dans le monde et de les former à ces outils, la Cantine numérique rennaise lance une opé. Objectif : équiper une école au Bénin et une asso au Népal. Pour soutenir ce projet, les nerds solidaires peuvent déposer du matos dont ils ne se servent plus : clés usb, disquettes et CD vierges. 17


DOSSIER

WELCOME TO 2011-2012

QUE NOUS RÉSERVE CETTE NOUVELLE SAISON ? ACTEURS CULTURELS ET MÉDIATIQUES DE LA RÉGION DÉVOILENT LES TENDANCES DE DEMAIN ET NOUS DISENT SUR QUI IL VA FALLOIR COMPTER CETTE ANNÉE.

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DOSSIER

BOSS DU FESTIVAL DES TRANSMUSICALES, RENNES. 57 ANS. Prévisions. Le dubstep persiste en Angleterre. On note aussi un retour du prog rock anglais. Mais les choses vont médiatiquement si vite qu’on ne peut guère évoquer de tendances à proprement parlé. Une étiquette en chasse une autre. Tout est atomisé et hybride. Cela va de la disco danoise à un reggae-pop inédit en passant

par de l’électro barjo en provenance du Mexique... Espérance. Je souhaite être surpris comme toujours, que ce soit par un timbre de voix unique, un son brut, un charisme scénique particulier... Crainte. Je dirige mon énergie vers ce que je souhaite : d’excellents concerts et une bonne affluence dans les salles. Il mise sur... Bumpkin Island, parce qu’ils ont de vraies compositions. Ils jouissent d’un fort potentiel artistique, d’un univers mélodique et romantique.

ANNE LANGLOIS DIRIGE 40MCUBE, LIEU D’ART CONTEMPORAIN À RENNES. 37 ANS.

Galerie ACDC

Prévisions. On peut noter deux tendances dominantes parfaitement opposées : d’un côté un renouveau de l’art conceptuel attaché à l’archive et au document, de l’autre un travail de sculpture formel attaché aux matériaux. Certains des artistes de ces deux tendances se retrouvent dans une thématique commune qui emprunte

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septembre-octobre 2011 #3

Bikini

JEAN-LOUIS BROSSARD

Et surveillera... Carbon Airways, un duo électro d’ados qui vient de Besançon. C’est énergique, mélodique et groovy.

JIPÉ LUCAS aux premières productions artistiques de l’homme et, aussi, à l’archéologie. Espérance. Que l’art contemporain soit plus soutenu pour ce qu’il est : une recherche perpétuelle qui nous permet de comprendre notre temps et les temps précédents. Crainte. Un désengagement progressif des institutions qui financent l’art. Elle mise sur... Antoine Dorotte. Un travail très fin et très marqué à la fois. Ce Rennais utilise le dessin et la gravure de manière non conventionnelle pour réaliser des sculptures sobres et sombres, ainsi que des vidéos. Il présentera son travail à 40mCube. Et surveillera... Benoît-Marie Moriceau. L’artiste qui a réalisé Psycho (la maison noire) en 2007 à Rennes. Il ira très loin : il sait proposer des projets qui prennent en compte l’espace et le contexte de l’exposition, il sait combiner projet éphémère et traces de celui-ci.

MR CULTURE DE LA VILLE DE ST-BRIEUC ET DE RADIO ACTIV. 43 ANS. Prévisions. J’ai bien peur qu’on continue à assister à une nette baisse des subventions au niveau culturel. Des artistes aux programmateurs en passant par les techniciens, les difficultés financières vont en s’accentuant. Espérance. La meilleure manière de s’en sortir est de mutualiser différentes assos autour d’un projet commun. Crainte. De moins en moins d’aides publiques. Mais ça peut être un mal pour un bien : ça va obliger à faire preuve de solidarité et de do it yourself. Il mise sur... Rafale. L’excellent dernier album de ces Briochins peut les emmener loin. Et surveillera... Camadule Gredin, j’aime bien son univers.


CLAUDE MORIZUR JORAN LE CORRE PROGRAMMATEUR DE PANORAMAS ET DU CLUB COATELAN, MORLAIX. 33 ANS.

Prévisions. La danse contemporaine va continuer à s’installer dans les arts de rue. Elle y est arrivée il y a dix ans et garde un fort développement. Espérance. Que le public continue à revendiquer des artistes dans son quotidien ! Crainte. Que les restrictions budgétaires conduisent les compagnies à être prudentes sur leurs productions. Il mise sur… Tango Sumo. Une compagnie basée à Morlaix qui a travaillé sur la danse de contact. Leurs spectacles 1er Round et 2ème Round se passent sur un ring de boxe. Et surveillera… Générik Vapeur qui va produire Waterlitz, un spectacle sur la déshumanisation des ports.

Prévisions. La musique électronique a encore de beaux jours devant elle. L’excitation provoquée par les têtes d’affiche électro me donne à penser que ce style est encore en pleine expansion. Voir une foule déchaînée dès 21h pour applaudir Étienne De Crécy à Panoramas me conforte dans cette idée-là. Et je ne vous parle pas de l’engouement suscité en ce moment par Skrillex, Kalkbrenner, Bloody Beetroots, Deadmau5, Popof... Espérance. En tant que programmateur, j’aimerais vraiment pouvoir programmer des têtes d’affiche rock ou pop à des tarifs raisonnables... C’est impossible pour nous pour le moment. Et c’est un peu frustrant.

Crainte. J’ai parfois un peu peur que les tutelles publiques se désengagent trop des événements culturels qu’elles soutiennent et que ces derniers se retrouvent à courir après l’argent privé. C’est tellement difficile de maintenir quelque chose d’artistiquement cohérent à des tarifs abordables. Si les organisateurs doivent trop négocier avec les privés, je ne sais pas comment sera le paysage culturel d’ici une dizaine d'années. Il mise sur… Madeon. Et surveillera… Mesparrow.

Benjamin Roulet

CO-DIRECTEUR DU FOURNEAU, CENTRE DES ARTS DE RUE, BREST. 55 ANS.

NAUFALLE AL WAHAB L’EXPERT RAP DU SERVICE MUSIQUES ACTUELLES AU CRIJ, RENNES. 34 ANS. Prévisions. Au niveau international comme hexagonal, il y a un retour à ce que certains qualifient comme un âge d’or du hip-hop, situé au milieu des années 1990. Les groupes étendards étaient à l’époque A Tribe Called Quest, De La Soul... Il s’agit d’un rap plus léger sur le fond – souvent teinté d’humour avec des

sujets qui ne sont pas forcément revendicatifs – et plus funky sur la forme avec un côté black music. Ce virage a déjà commencé en 2010 et il devrait se renforcer. Espérance. J’espère que la production hip-hop en Bretagne continuera à afficher sa vitalité. Elle a le mérite d’être souvent de qualité alors que les opportunités de développement sont peu nombreuses. Crainte. Que la diminution des budgets culturels amène les salles et festivals à faire l’impasse sur les groupes dits en développement. Tous

les styles musicaux sont touchés mais le hip-hop sans doute un peu plus. Il mise sur… Da Titcha car il amène un regard frais sur le hip-hop avec de bons textes, des musiques qu’il produit lui-même et un spectacle très complet : breakdance, beatboxing, djing... Et surveillera… Kenyon. Il prépare un album incendiaire. Il devrait tout exploser cette année avec une possibilité de succès commercial jamais atteint par un groupe breton de rap. 21


DOSSIER

DAMIEN KREMPF

Prévisions. Au théâtre, les formes hydrides vont continuer à émerger. On est aujourd’hui à la croisée des styles : danse, musique, vidéo… On ne se cantonne plus à du jeu “pur”. On crée des objets uniques. D’autres formes continueront à se développer, comme le théâtre-conférence : des spectacles qui tournent en dérision le modèle de ces débats. Je pense aussi que le rapport entre la fiction et la réalité va continuer à s’atténuer : le quatrième mur se brise. Il y a une volonté de montrer ce qui n’est pas du théâtre : quand le comédien a fini de jouer son personnage, il reste sur scène pour se changer, se maquiller, regarder le public, lui parler… Les loges et les coulisses sont sur le plateau. Espérance. Qu’on continue à casser les règles classiques du théâtre. Le texte en lui même ne suffit plus aujourd’hui.

Je pense qu’on peut garder une trame d’histoire dans un spectacle tout en décloisonnant les genres. Crainte. À Avignon, Luchini a lancé une polémique en disant qu’on oubliait les grands textes et les grands comédiens. J’ai peur qu’on continue à entendre que c’est en revenant à des archaïsmes que le théâtre va faire bouger les lignes. Il mise sur… Stéphanie Peinado. Une Rennaise qui a travaillé avec Madeleine Louarn à Morlaix. Elle monte son premier spectacle : une pièce musicale. Et surveillera… Jonathan Capdevielle. Toujours un super travail. Issu de la marionnette, il mélange danse, performance, ventriloquie. Un univers particulier, pas toujours hyper joyeux.

PROGRAMMATEUR DE LA CARÈNE, BREST. 37 ANS.

Alain Monot

MEMBRE DU JOLI COLLECTIF ET DU FESTIVAL BONUS, HÉDÉ. 30 ANS.

YANNICK MARTIN

Prévisions. Les artistes sont de moins en moins cloisonnés musicalement. Ils ont la culture du mp3, n’écoutent plus un album mais des morceaux. Ils piochent partout. Dans les styles, je pense que le grunge va revenir : des petits jeunes s’y mettent. Par contre, le folk me semble au point mort. Espérance. J’aimerais que les groupes internationaux viennent plus à la pointe bretonne. Dur de les faire venir, ils trouvent que c’est trop loin... Crainte. Qu’il soit de plus en plus difficile de programmer des découvertes, sans trop se planter. Le risque, c’est qu’on prenne moins de risques. Il mise sur… I Come From Pop. J’ai souvent décrié les trucs brestois mais il y a de bonnes choses en ce moment. Et surveillera… Papier Tigre. Ils sont venus en pré-prod à La Carène pour leur album. Je l’attends !

JULIANA FRECHIN de rencontrer le public in situ, sur le territoire. Avec bien entendu une envie implicite, parfois explicite, d’amener le public vers les lieux de pratiques culturelles. Espérance. J’aimerais que cette tenPrévisions. Les spectacles vivants dance continue de grandir aussi en dans la rue vont continuer à se dehors des rendez-vous festivaliers. Je développer. Même les artistes qui ne pense pas que les artistes doivent n’avaient pas l’habitude de quitter attendre une occasion précise pour les salles sont aujourd’hui en train avoir envie de se produire. JOURNALISTE MATINALE DE LA RADIO CANAL B, RENNES. 38 ANS.

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Crainte. Que les commandes publiques se généralisent dans la culture. Elle mise sur… Laurent Duthion. Un Rennais à l’univers incroyable. Il touche à tout : photos, peinture, arbres sculptés, performances, littérature SF… Et surveillera… Mathias Esnault. Un joueur de guimbarde qui réalise en ce moment un périple à travers les continents. Ce n’est pas l’instrument le plus répandu, certes...


YANN LE BARRAILLEC MÉTALLEUX ET PROGRAMMATEUR DU MOTOCULTOR, VANNES. 31 ANS.

font venir des groupes des années 1980. À quelques exceptions, comme Airbourne, les nouveautés mettent du temps à émerger. Espérance. Y a plein de jeunes groupes Prévisions. Dans le métal, les forma- en Bretagne. Pour notre tremplin, on tions cultes continueront à attirer les a reçu cinquante candidatures. Les fanatiques. Le public a tendance à les salles de musiques actuelles offrent suivre. On l’observe au Hellfest : on de bonnes conditions pour progresser. n’en parle jamais autant que quand ils Par rapport à d’autres régions, nous

avons de bons endroits où le métal peut être présent. Faut que ça continue. Crainte. Pour une asso, organiser des concerts dans l’année qui font suffisamment d’entrées, ça devient de plus en plus compliqué. Il mise sur... Jumping Jack. De bons sons et les moyens de réussir. Et surveillera... Gorod. Des métalleux d’Aquitaine qui explosent.

GRANDMARNIER les choses, ça devrait continuer à l’être, fort. Et surveillera... le producteur Canblaster. Je n’avais pas eu un blast pareil depuis Siriusmo. Une sorte de chirurgien de la musique électronique, qui fait avancer le truc sans oublier la danse, qui t’emmène dans un truc alambiqué mais sans jamais oublier de te tenir la main.

Ro

Crainte. J’ai peur qu’on entre dans une ère musicale ultra-communautariste. À un moment où on a la chance de voir le choix s’élargir, j’ai l’impression que beaucoup de gens s’identifient de manière de plus en Prévisions. Dans la musique électro- plus étroite. nique, la distorsion et la compression Il mise sur... le groupe Juveniles. vont laisser place aux sons clairs et Leur titre We are young est vraiment dynamiques d’un côté, aux sons doux fort et je sais que ces mecs font bien et ronds de l’autre. Les tempos vont soit vraiment ralentir, soit s’accélérer, proposant deux vitesses de danse : sexy ou débile, option en partie amenée par le dubstep. Comme d’habitude, c’est la musique électronique qui va apporter du neuf, c’est la cellule “recherche et développement” ! Le rock va continuer à s’enliser dans les codes vintage, et le rap dans le sirop de codéine. Le rap-pop et le R’n’B vont être beaucoup trop friands d’eurodance ! Je balance des trucs un peu en vrac de cette boule de cristal, hein ! Espérance. Que les gens aiment la musique sans se demander si c’est cool ou pas d’aimer tel ou tel truc. BATTEUR ET CO-COMPOSITEUR DU GROUPE YELLE. ST-BRIEUC. 30 ANS.

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DOSSIER

DIRECTEUR DE KITSUNÉ, LABEL ET LIGNE DE FRINGUES, PARIS,38 ANS. Prévisions. Le streaming va continuer à prendre de l’importance. Deezer et Spotify grossissent. Il y aura toujours des sorties physiques mais je pense que le streaming, en terme de revenus potentiels, est intéressant. Espérance. Pour les producteurs de musique, cela peut être une petite lueur. Crainte. Que le marché musical soit encore plus bas... Il mise sur… Juveniles. Je trouve ça plutôt cool. Pas encore au point à 100 % mais ça peut fonctionner en France et à l’étranger. Il y aussi Im Takt qui est pas mal. Et surveillera… Housse de Racket. Le premier groupe français qu’on a signé chez Kitsuné. Un des meilleurs en live.

LILIWENN PLASTICIENNE, STREET ARTISTE, BREST, 34 ANS.

Elle mise sur… Žilda. Pour sa poésie, son côté engagé et son coup de pinceau extraordinaire. Par ses collages, ce Rennais donne une âme à la ville. De façon furtive et éphémère. Prévisions. Le street art est devenu Et surveillera… Jef Aérosol. La figure le plus grand mouvement artistique emblématique du pochoir français. du 21e siècle. Il continuera à prendre Il est partout et ne s’essouffle jamais. place dans les musées et galeries, Posant depuis trente ans, il s’est à sortir des capitales et à devenir adapté à tous les courants, a fait évoconnu de tous, ayant pourtant luer son process tout en conservant toujours existé. Internet a un rôle son identité. Sa performance Place prépondérant dans cette forme Stravinsky, à Paris, sur cette fresque d’art éphémère, les photographes de 22 mètres de haut m’a bluffée. et vidéastes en étant les historiens. Je vois émerger de plus en plus de livres, documentaires et magazines online traitant du sujet. Espérance. Le développement d’une culture de qualité ouverte à tous. Crainte. Le mercantilisme, la médiocrité de ce que peut apporter l’aspect commercial à la culture.

Jef Aérosol

GILDAS LOAËC

ANCIEN LEADER DE MARQUIS DE SADE, RENNES. 52 ANS. Prévisions. Je pense que les groupes bretons de rock chantant en anglais vont devoir de plus en plus aller se faire les dents en Grande-Bretagne. D’une part car c’est une vraie plateforme pour s’exporter vers le monde. D’autre part car Paris ne compte pas sur eux. Sinon, j’attends avec impatience le retour du groupe Montgomery ! 24

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Espérance. J’aimerais que le système des Assedic du spectacle soit remplacé par quelque chose de plus léger, qui autorise de se faire payer en cash officiellement dans les petits lieux de concerts... Le problème actuel est que cette exception française étouffe les petits lieux de spectacles, pour qui toute cette paperasserie et ces frais salariaux sont insupportables. Crainte. J’ai peur que les élections présidentielles focalisent trop l’attention des médias et empêchent des évènements culturels d’être correctement relayés.

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FRANK DARCEL

Il mise sur… Rafale. J’aime beaucoup et ils ont le même batteur que la nouvelle formule de Republik, Franck Richard, qui est excellent. Et surveillera... General Society.


CHARGÉE DE COM’ DE DANSE À TOUS LES ÉTAGES, BREST ET RENNES. 31 ANS. Prévisions. Depuis quelques années, Brest est en plein boom culturel et la saison 2011/2012 va être une année primordiale pour poursuivre cette dynamique. Pour nous, clairement, au niveau de la danse contemporaine, l’année va se jouer là-bas. Espérance. Aller plus loin dans les actions qui permettent à des publics

fragilisés une meilleure insertion professionnelle et sociale, grâce à la pratique artistique. Crainte. Je ne souhaite pas le développement encore plus massif des contrats précaires, type CUI-CAE, dans le secteur culturel. Ne pas parvenir à pérenniser ces emplois est un problème qui menace toutes les petites structures. Elle mise sur... Thierry Micouin, un chorégraphe/interprète breton d’adoption, qui est en train de monter le projet Men at Work, Go Slow, sur

Caroline Ablain

ÉMILIE TANNEAU

le thème de la prostitution masculine. Et surveillera... The Shoes. Pas un danseur, un groupe de musique plutôt ! L’album est dingue et le live hallucinant.

ALBAN FONTENEY & GILLES OLLIVIER GUILLAUME                JULIEN DISQUAIRES COOL ET INDÉPENDANTS, SAINT-BRIEUC. 34 ET 35 ANS. Prévisions. De plus en plus de groupes s’émancipent des schémas traditionnels. Avec une petite structure et un mode de fonctionnement différent (forte présence sur les réseaux sociaux par exemple), ils sont à même de proposer beaucoup plus rapidement leurs morceaux à une large audience. Si le développement ultérieur passe obligatoirement par l’encadrement d’un label plus important, ce schéma devrait à notre sens perdurer. Espérance. Si Le Disquaire, notre boutique, envisage de fêter ses cinq ans en fin d’année, c’est notamment grâce à une scène culturelle dynamique à Saint-Brieuc. L’émulation

joue à plein entre les groupes, cela apporte de beaux espoirs. Crainte. Composer avec l’inertie d’une industrie souvent archaïque dans son appréhension de la production musicale contemporaine n’est pas toujours chose aisée. Cela laisse planer des incertitudes sur la pérennité de l’activité de disquaire indépendant face à la concurrence des grandes surfaces culturelles. La tâche n’est pas simple mais la motivation est là ! Ils misent sur... Juveniles. La pop aux élégantes réminiscences 80’s qu’ils proposent sur leur premier EP est une des jolies découvertes de ces derniers mois. Et surveilleront... La Femme. Un de nos chouchous dont on attend l’album avec impatience, après avoir usé le single Sur la planche. La pop chantée en français par ce jeune groupe est des plus addictives.

PROGRAMMATEUR DU DIAPASON, RENNES. 38 ANS. Prévisions. Avec le téléchargement, le public peut se créer une mp3thèque sans critère de style ni d’actualité. Malheureusement, la majorité se laissera toujours guider par les grands médias à la programmation restreinte. Espérance. Le retour de lieux intermédiaires type cafés-concerts, indispensables pour la scène locale. Crainte. Que les programmations des salles et festivals deviennent de simples copier/coller. Il mise sur… Pupajim. Du dub ! Et surveillera… Cyrille Aimée. Une chanteuse française de jazz qui tourne beaucoup aux USA. Recueillis par Régis Delanoë et Julien Marchand 25


PAPIER

photo : France Telecom

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MINITEL THE FINAL COUNTDOWN

NÉ IL Y A 30 ANS À RENNES, IL DEVAIT MOURIR CE MOIS-CI. MAIS FRANCE TELECOM VIENT DE PROLONGER DE QUELQUES MOIS LA VIE DE CET APPAREIL QUI FAIT TOUJOURS 46 MILLIONS DE CONNEXIONS ANNUELLES. i Steve Jobs nous sort tous les ans un iPhone plus fin, rapide et performant, il existe un appareil imposant, lent et limité qui refuse de disparaître. Le Minitel : fleuron technologique français au même titre que le Concorde et le TGV. La vitesse en moins. Après trente années de bons et loyaux services, ce terminal télématique devait s’éteindre ce mois-ci. L’arrêt du réseau X25 de Transpac, sur lequel le Minitel s’appuyait, était programmé le 30 septembre 2011. Mais un sursis lui a finalement été accordé. « Nous avons décidé de le prolonger jusqu’à juin 2012. Cela pour laisser plus de temps aux éditeurs pour migrer l’ensemble de leurs services sur Internet, explique-t-on

au service com’ de France TelecomOrange. D’une manière générale, nous pouvons dire que le Minitel se dirige vers sa belle mort. » Une belle mort après une belle vie. À son apogée, le Minitel a compté jusqu’à 6,5 millions de terminaux actifs, 25 000 services en ligne et généré plusieurs milliards de chiffre d’affaires. Mais comment cet écran pixellisé au débit merdique est-il devenu un poids-lourd de la télécommunication française ? Retour en 1972. L’ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) et les PTT (Postes, télégraphes et téléphones) décident de développer un laboratoire commun. Le CCETT : Centre commun d’études de télévision et télécommunications. Un nouveau

lieu de recherche qu’ils implantent à Rennes. Entré à l’ORTF pour travailler sur les prémices de la télévision numérique, Bernard Marti, alors âgé de 29 ans, intègre le CCETT « par hasard, presque un accident de carrière ». Il y dirige le laboratoire des terminaux et systèmes audiovisuels où ingénieurs des PTT et de l’ORTF taffent ensemble. « Deux mondes complètement différents, précise-t-il. Mais c’est à la frontière entre deux cultures que naissent les choses innovantes. » Innover, c’est ce que souhaite Valéry Giscard d’Estaing qui en 1974 vient d’être élu président de la République. Fort de son image d’homme “moderne” – oui, on parle bien de VGE –, il souhaite informatiser la 27


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PAPIER

société et développer la “télématique”, contraction de télécommunication et d’informatique. Au CCETT, la bande à Marti bosse dessus et commence à sortir ses premiers prototypes. Un boulot qui la fait voyager de Grande-Bretagne en Russie. « Les Britanniques avaient un télétexte mais il ne marchait que pour un alphabet latin sans accent. On a donc décidé de développer une technologie qui puisse satisfaire les 49 langues européennes et tous les types d’alphabets. »

sportives… Des informations qui arrivaient par un boîtier que l’on branchait sur la télévision. C’est comme ça qu’on a d’ailleurs inventé la prise Péritel. » Le Minitel est alors en gestation. Mais ce n’est pas sur la télé qu’il naîtra. « À cette époque, l’industrie téléphonique était en crise. Il fallait la relancer pour éviter des licenciements. C’est pour cette raison qu’on a décidé de créer un terminal à part entière. C’était une politique industrielle d’envergure. » L’histoire du Minitel peut alors débuter. Sur la télévision En 1980, à Saint-Malo, une dizaine de En prévision des JO de Moscou en milliers de terminaux sont distribués. 1980, le labo rennais parvient alors à Par le biais d’une simple ligne téléphodévelopper un appareil télématique nique, on accède sur un réseau à des à destination des journalistes. « Pour services basiques, comme l’annuaire. qu’ils aient accès aux résultats, aux Puis l’expérience s’étend à la région biographies des athlètes, aux règles avant de se généraliser dans le pays

« Les messageries roses ont permis son développement » 28

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tout entier. Le nombre d’appareils se multiplie à une vitesse dingue grâce à une idée toute con : la gratuité.

« Des petits malins » « On ne faisait pas payer l’appareil. Du coup, on a pu rentrer plus facilement dans les foyers. C’est sur les communications que l’on se rattrapait. C’est un modèle commercial que la téléphonie mobile a repris par la suite. Mais, à l’époque, c’était original », note Bernard Marti. Une stratégie qui laisse envisager un fort succès économique avec l’arrivée d’éditeurs privés. De nombreux services investissent ce nouvel espace : infos pratiques (météo, horaires de trains et d’avions), journaux, vente par correspondance, banques… Nous sommes alors sur du 1.0 : les connexions se font d’usagers à base de données. Le Minitel 2.0 verra le jour grâce à « des petits malins » qui utiliseront ce service comme messagerie personnelle. Le principe du chat est né, le Minitel rose déboulera rapidement.


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« Les messageries érotiques ont permis le développement du Minitel. Il ne faut pas les déconsidérer, tient à rappeler l’ancien ingénieur du CCETT. C’est comme pour le magnétoscope : s’il s’est développé auprès du grand public, c’est grâce aux cassettes porno. » Les groupes de presse sentent le coup et exploitent le filon. La plupart lancent leurs services érotiques et génèrent des millions d’euros, à l’image de 3615 ULLA lancé par le boss du Nouvel Observateur. Le Minitel est alors au top. Mais au début des années 2000, la démocratisation d’Internet marque le déclin du terminal à clavier. Malgré tout, aujourd’hui, 810 000 terminaux restent actifs dans le pays et leur utilisation est loin d’être anodine. Chaque mois, on comptabilise près de quatre millions de connexions. Parmi les derniers utilisateurs, les agriculteurs. Selon une enquête menée par l’Institut de l’élevage, encore 14 % des exploitants agricoles utilisent leur Minitel bien qu’ayant Internet. C’est

« J’ai essayé de pirater le Minitel, c’est impossible » le cas d’Alain, installé dans les Côtes d’Armor. « C’est par le Minitel que je passe pour les demandes auprès du vétérinaire et de l'équarrisseur. Pourquoi ? Par habitude. C’est un appareil que je maîtrise bien et qui est installé directement dans la ferme. »

« Pousser ses possibilités » « Les usages pratiques et professionnels restent les plus importants, note Héloïse Rothenbühler de chez France Telecom. Et le trafic Minitel génère aujourd’hui 30 millions d’euros bruts de chiffre d’affaires. » Signe de cette rentabilité, certains services télématiques restent même des valeurs sûres pour des éditeurs aujourd’hui sur le Net. C’est le cas d’Iliad, la maisonmère de Free, dont le 3617 ANNU assure encore un million d’euros de chiffre d’affaires.

Et cette fin annoncée ? « C’est le progrès tout simplement », estime Bernard Marti qui nous rappelle que l’architecture du réseau Internet repose sur le même principe que celle de son terminal. Mais dans cette confrontation, c’est le Web qui est sorti gagnant. « En labo, on a quand même continué à bosser sur le développement du Minitel. On pouvait pousser ses possibilités, notamment le débit. Mais c’est un appareil limité car il n’a pas de puissance de calcul en local, à la différence d’un ordinateur. Le seul avantage du Minitel reste la sécurité. J’ai essayé de le pirater, c’est impossible. » Julien Marchand Conférences et tables-rondes sur les 30 ans du Minitel aux Champs Libres, à Rennes, le 14 octobre 29


PAPIER

ANTI-MUSIQUE

DANS UNE SOCIÉTÉ OÙ LA MUSIQUE EST OMNIPRÉSENTE, CERTAINS RÊVENT D’UN MONDE DE SILENCE. INSENSIBILITÉ MÉLODIQUE ET AVERSION POUR LES DÉCIBELS : ENQUÊTE SUR LES GENS QUI N’EN ONT RIEN À CARRER DES ALBUMS ET DES MP3. oujours commencer une enquête sérieuse par une citation. Elle pose le sujet avec classe. Prenons celle d’Oscar Wilde par exemple, grand fan de punchlines, qui un jour a dit : « Les amateurs de musique ont ceci de pénible qu’ils nous demandent toujours d’être totalement muets au moment même où nous souhaiterions être absolument sourds. » Merde alors, y aurait-il donc, comme le suggère l’auteur irlandais, des gens 30

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que la musique indiffère, voire même insupporte ? Certes, il arrive bien en soirée qu’un invité demande de baisser le volume de la chaîne ou décide de quitter son siège situé près des enceintes pour aller s’installer à l’autre bout de la pièce à l’abri des décibels, mais tout de même… Pour qui peut difficilement passer une journée sans musique, le constat étonne. Et pourtant parmi vous, lecteurs, combien se reconnaissent dans le témoignage d’Agnès, 31 ans, traduc-

trice, qui explique : « Lorsque je suis seule, il ne me vient jamais à l’esprit d’écouter de la musique. Simplement parce que, hors cas très rares, elle ne me procure aucune émotion. Mon ami s’en étonne, mais c’est un fait, je suis insensible à la mélodie. Les paroles peuvent me faire quelque chose, le reste, non. » Un autre témoignage recueilli ne dit pas autre chose : « Je peux être ému par un texte, alors que la musique n’est qu’accessoire. Dès lors que


je ne comprends pas les paroles, l’intérêt pour un morceau disparaît. Une musique forte peut même aller jusqu’à m’irriter. » Si de nos jours, la musique est élevée au rang d’art majeur ; s’il est de bon ton de posséder une cdthèque ou un disque dur fourni en mp3 ; si les festivals de musique sont considérés comme des lieux de rencontres parmi les plus funs par beaucoup d’entre nous, il existe bien une partie de la population qui n’en a donc absolument rien à carrer de tout ceci.

Pas d’hymne pour Che Guevara Des experts, psychologues, psychiatres, neurologues, se sont penchés sur la question. Notre enquête nous a amenés à interroger celle considérée comme la spécialiste française du sujet, prof à l’université de Lyon 1, Barbara Tillmann. « Il est très difficile d’estimer le

nombre de personnes ayant un rapport problématique à la musique, car le degré du problème et ses formes diffèrent énormément, explique-telle. Il y a ceux qui souffrent d’insensibilité musicale, ceux pour qui ça crée une nuisance, et ceux qui ont carrément un rapport pathologique à la musique. » On parle généralement dans ce cas d’amusie, définie ainsi par le psychiatre Bernard Auriol : « C’est l’état dans lequel un individu est ou devient incapable de reconnaître et de reproduire des sons musicaux. » En gros, le gars qui en souffre n’est pas spécialement agressé par la musique, mais il est pathologiquement incapable de reconnaître si une note est juste ou si elle déraille. D’après l’Inserm, ce défaut de perception musicale toucherait environ 5 % de la population. Dont des célébrités, comme cet exemple cité par Isabelle Peretz, prof de psycho à Montréal : « Che Guevara ne pouvait ni reconnaître l’hymne de son pays ni distinguer un tango d’une salsa. » Quel est le problème pour le Che et ses potes amusiques ? Ont-ils été privés de musique les rendants incapables de distinguer une mélodie bonne d’une à chier ? Ont-ils été traumatisés par l’écoute d’un 33 tours de Chantal Goya étant petits ? « Non, affirme Barbara Tillmann, nos recherches ont montré que ce trouble touche les classes sociales sans distinction, toutes les tranches d’âge et les hommes autant que les

femmes. » Il s’agirait en vérité d’un problème cérébral, dont on vous passe les détails trop scientifiques. En revanche, aucune étude ne peut encore affirmer s’il s’agit d’un trouble qui s’acquiert au fil des ans ou s’il est congénital. « La recherche dans ce domaine en est encore à ses balbutiements », reconnaît la chercheuse lyonnaise, qui cite sa collègue montréalaise Isabelle Peretz comme une pionnière, avec ses « tests neuropsychologiques, disponibles sur Internet pour les personnes intéressées ».

Concert traumatique Preuve que le sujet est encore à creuser, Barbara Tillmann n’avait « jamais entendu parler » des recherches d’une audiologue américaine, Marsha Johnson, interrogée dans le magazine Vice, et qui étudie de son côté les personnes atteintes de mélophobie. Soit – carrément – « la peur de la musique ». À savoir des personnes ayant subi une expérience traumatique lors d’un concert ou ayant été soumises à une exposition trop prolongée de décibels. Dans les cas extrêmes, cela peut conduire les personnes malades à fuir tout lieu susceptible de diffuser de la musique. Aujourd’hui pris en compte, ce problème d’ordre psychologique se guérit. Heureusement. Sinon, c’est un coup à finir comme Oscar Wilde, mort chez lui, dans la solitude. Régis Delanoë Illustration : Élise Jeanniot 31


PAPIER

MUSETTE IS NOT DEAD

MALGRÉ SON IMAGE RINGARDE ET SON MANQUE DE VISIBILITÉ, LE MUSETTE SURVIT. SES DERNIERS RÉSISTANTS CONTINUENT À FAIRE DANSER LES SALLES DES FÊTES, UNTIL THE END. 32

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t tout de suite, on attaque par le Pasodoooooble ! Le soleil de l’Espaaaaagne ! » Dans la salle des fêtes de Plestan, à quelques minutes de Lamballe, Silvère Burlot marque le début du thé-dansant. Il est 14h30, une centaine de couples, 70 ans de moyenne d’âge, sont déjà sur le parquet. Accordéon chromatique au bout des doigts et micro au bout des lèvres, Silvère, 27 ans, s’apprête à enchaîner cinq heures de standards et de compositions perso : valse, madison, bourrée, variété, java, tango... Le tout, façon musette. Un genre qui l’attire depuis qu’il est gosse. « J’ai toujours baigné dedans. Ma famille faisait des courses cyclistes et, traditionnellement, c’était de l’accordéon qu’on passait dans les sonos... J’ai pris mes premiers cours et j’ai commencé mes premiers bals à 14 ans. » Treize ans plus tard, Silvère est toujours là. Et bien installé dans le milieu des accordéonistes professionnels. Avec onze albums sortis et, surtout, 150 dates calées chaque année, il en vit pleinement. Les bals et thés-dansants occupent deux tiers de son agenda. Les mariages, anniversaires et comités d’entreprise complètent le reste. Un booking qui ferait pâlir n’importe quel groupe de baby rockeurs. 33


PAPIER

« Je n’ai pas eu de difficulté à obtenir mon statut d’intermittent du spectacle. Le musette, quand tu arrives à bien tourner, c’est un style musical qui permet d’en vivre. Et quand tu es dans le circuit, ça va... » Un parcours qui a été loin d’être galère pour l’auteur de Bretagne Jolie. Lui-même avoue avoir « vite percé » grâce aux médias. « Je suis passé dans quelques émissions sur le câble. Du coup, on a parlé de moi dans les journaux et radios du coin. » Tout de suite, il fait référence à Radio Bonheur, une fréquence locale dont il affiche le logo à chacune de ses prestations. « Elle me diffuse beaucoup, deux à trois morceaux certaines heures, et vend mes albums. » Avec sa programmation « 100 % chansons françaises », cette radio associative est l’un des bastions du musette en Bretagne. Avec ses heures d’accordéon à l’antenne, elle réussit à capter 74 000 auditeurs quotidiens selon Médiamétrie. Ce qui fait d’elle l’une des antennes les plus écoutées dans les Côtes d’Armor. Première

radio dans le département en 2008 et 2009, elle était l’année dernière en troisième position. Mais continuait à rivaliser avec le mastodonte France Bleu.

À s’en péter le col du fémur Une reconnaissance pour les artistes musette mais qui ne cache pas une carence de visibilité médiatique. Depuis la fin de Chanter la vie présentée par Pascal Sevran sur France 2, on ne compte plus d’émission nationale d’accordéon. Sébastien Perrin, dirigeant de Boulevard Studio, une boîte de prod’ éditant des CD et DVD musette, regrette le manque de considération des chaînes. « J’ai travaillé sur un projet d’émission sur

« Sevran avait lancé un boys band accordéon, torse poil » 34

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la TNT pour cette rentrée. Mais ça a finalement été annulé. Les chaînes veulent une image jeune. Pourtant, il y a du potentiel en journée. En pleine après-midi, ce ne sont pas les 20-25 ans qui sont devant leur poste, mais les personnes âgées », explique-t-il. « On nous colle une image ringarde et démodée sans comprendre qu’il y a une demande. Les chaînes veulent un habillage moderne... », ajoute Silvère qui se souvient que « Sevran avait lancé un boys band accordéon, torse poil, c’était horrible... » Malgré ce manque de crédit de la part des groupes télé, le musette s’appuie sur des fans fidèles. À l’image des 350 personnes de la salle des fêtes de Plestan qui dansent à s’en péter le col du fémur. « Les personnes âgées ont le temps et les moyens de sortir », complète le musicien dont le meilleur skeud s’est vendu à 20 000 exemplaires, « un bon score dans l’accordéon ».


«L’ACCORDÉON, INSTRUMENT RÉCENT» Yann Peucat

Étienne Grandjean, directeur du Grand Soufflet, festival autour de l’accordéon en Ille-et-Vilaine. C’est compliqué de faire un festival actuel autour d’un instrument ancien ? Premier préjugé ! L’accordéon est récent, beaucoup plus que la guitare par exemple. Son problème est que son image est souvent cantonnée à une époque donnée, celle des bals musette. C’est un instrument qui a été boudé par la génération Beatles. Il a été décrié par une jeunesse qui avait envie d’écouter autre chose : le rock !

« C’est un public qui ne télécharge pas », précise Sébastien Perrin dont l’entreprise a affiché, en 2010, un chiffre d’affaires de 193 000 euros (+ 48 % par rapport à 2009). Et demain ? Sans l’aide de la télé, le musette parvient à attirer de nouveaux musiciens. Comme Camille, 25 ans, qui depuis peu accompagne Silvère à la batterie. « Je joue aussi dans un groupe d’afro-jazz. Mais les bals peuvent me permettre de multiplier les dates pour avoir le statut d’intermittent », explique ce converti. « Des jeunes de 13/14 ans s’y mettent », indique Sébastien Perrin qui espère y voir une « relève ». Seule inquiétude pour les accordéonistes : le renouvellement du public. « Les nouveaux retraités ne viennent pas. Ce qui est normal, ce n’est pas un type de musique qu’ils écoutaient étant jeunes. » Si certains, à l’image de Camille, estiment que le musette

est voué à « disparaître », d’autres misent sur les danses de salon pour capter les danseurs. Directeur du Grand Soufflet (lire ci-contre), Étienne Grandjean juge quant à lui que le “baluche” est mort « depuis les années 1970 où les chanteurs et guitaristes sont devenus les principaux chefs d’orchestre des bals, à la place des accordéonistes ». En attendant, les derniers survivants chouchoutent leurs fans : bises, serrages de paluches et petits mots à chacun. Même proximité avec les associations organisatrices de bals. À l’instar de Silvère qui, à Plestan, assure le service après-vente entre deux chansons : « Et on n’oublie pas de réserver ses tickets pour le café à l’entracte. Café, chocolat, crêpes, gâteaux à 17h15. Vos tickets vous attendent au bar... Et on embrasse sa cavalièèèèère ! » Julien Marchand

Et pour les jeunes d’aujourd’hui ? Les 25/30 ans n’ont pas de problème avec l’accordéon car ils n’ont pas connu l’époque où les bals musette étaient très populaires. Avec des artistes comme Têtes Raides, Pigalle ou les Ogres de Barback, ils ont une image sympathique de cet instrument. En 16 ans de Grand Soufflet, comment avez-vous vu évoluer l’accordéon ? Il réussit à être intégré à des genres artistiques différents, comme la danse contemporaine, le théâtre... Il est également utilisé dans des styles musicaux actuels : hip-hop, musiques électroniques. Les artistes le considèrent aujourd’hui comme un instrument comme un autre. Ce qui n’a pas toujours été le cas. Pour cette édition, il y aura notamment une création exclusive avec Dominic Sonic. Il y a quinze ans, pas dit qu’il aurait été partant. Festival du Grand Soufflet, du 6 au 15 octobre en Ille-et-Vilaine 35


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JEUNES & JOLIS

NÉS DE LA FUSION ENTRE FEU LES RUSSIAN SEXTOYS ET LE GUITARISTE DES WANKIN’ NOODLES, LES TROIS RENNAIS DE JUVENILES MISENT SUR UNE ESTHÉTIQUE MARQUÉE ET CLASSIEUSE POUR SÉDUIRE.

our les Juveniles, l’histoire débute par un single, le bien nommé We are young, sorti en mai dernier. Trois minutes entêtantes de flashback dans l’électro-rock des eighties : solide rythmique basse-batterie pour habiller la pièce, clavier pour l’illuminer de fluo et surprenante voix ronde, gutturale, sophistiquée, qui déboule d’on ne sait où et qui fait immédiatement penser au timbre de Morrissey. Le propriétaire de cet étrange organe, c’est Jean-Sylvain, JS pour les faignants, connu jusqu’alors pour être le guitariste des Wankin’ Noodles. Flatté de la filiation avec l’ancien leader des Smiths, il tient à rajouter un cousinage vocal avec « Orlando Weeks, des Maccabees ». Vérification faite, c’est juste. « J’avais des chansons en tête depuis quelques temps déjà, quand je me suis installé en coloc à Rennes avec Pierre, des Russian Sextoys », explique-t-il. Ces derniers, dont le projet disco-punk commence 36

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à battre de l’aile, se trouvent à la recherche d’un nouveau dynamisme. L’envie d’un autre son naît. Thibaut, le batteur, poursuit : « Quand je venais rendre visite à Pierre et JS dans leur appart, on s’est naturellement mis à jouer avec le matos présent sur place. » Le chanteur parle d’une « alchimie ». « Un combo à trois, c’est minimal, rafraîchissant. En studio comme sur scène, ça permet de trouver plus vite notre direction. » Le GPS du groupe hésite néanmoins entre l’Angleterre et New York. « Joy Division et New Order » sont les premiers noms cités, suivis d’influences plus récentes, « Metronomy, The Horrors, Editors… ». Sans oublier The Walkmen, dont une chanson a inspiré le nom du groupe (prononcer Juvenayl’s). Entre cold-wave mélancolique et pop plus mélodique, le trio n’a pas encore choisi de se situer. Leur seule volonté est de travailler sur « un projet pop à l’esthétique sonore soignée et identifiable ».

L’urgence a d’abord été de composer un EP 5 titres au printemps avec leur ingénieur du son Olivier, puis de profiter de l’été pour travailler, à la fois en studio et sur scène. « C’est une période où il y a peu de monde à Rennes, on peut donc s’exercer tranquille, sans pression. » Les premières prestations ont eu lieu en juin dans des bars-concerts de la ville. Un set carré et concis d’une demi-heure, c’est à la fois peu et beaucoup pour un groupe encore tout récent qui se donne pour projets cet automne de « sortir un nouvel EP et de multiplier les concerts, pour continuer à grandir ». Déjà suivi du coin de l’œil par le très select label Kitsuné qui sortira en cette rentrée le single We are young, le groupe sera à l’affiche des prochaines Trans Musicales de Rennes cet hiver. Une bonne façon de grandir. Régis Delanoë Le 14 septembre à l’Antipode à Rennes


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photo : Bikini


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ALICE REVIENT

HEROÏNE MAJEURE DE LA LITTÉRATURE JEUNESSE, ALICE EST À L’HONNEUR AUX CHAMPS LIBRES. PROF ÉMÉRITE À RENNES 2 ET SPÉCIALISTE DE CARROLL, ISABELLE NIÈRES-CHEVREL NOUS EXPLIQUE LES FORCES DE CE PERSONNAGE. ille et aventurière « Dans la littérature jeunesse, il y a très peu de filles aventurières. Avec Heidi, Alice est une des premières à avoir existé. Pour autant, Lewis Carroll donne très peu de marques de féminité à son personnage. Il l’habille simplement d’une robe et d’un collier de pâquerettes. Il ne lui donne pas de poupée, ce qu’ont pourtant toutes les filles dans la littérature du 19e siècle. En faisant tomber Alice dans le trou de lapin, Carroll la soustrait aux sujets habituels qui touchent les personnages féminins : les histoires domestiques et le regard de la mère. »

l’œuvre ne tombe dans le domaine public, il n’y a eu que cette représentation. Aujourd’hui, c’est celle de Disney qui est restée comme la plus célèbre. Le dessin animé a imposé les couleurs d’Alice : la robe bleue, la blondeur, les yeux bleus... Alice Liddell, la petite fille qui a inspiré Lewis Carroll, était pourtant une petite brune aux cheveux courts et aux yeux noirs. »

critique sur la littérature jeunesse. Les adultes y voient une parodie de leurs propres lectures d’enfance. Cette double-lecture, on la retrouve aujourd’hui notamment dans les films d’animation. »

Universel « Alice n’est pas un texte qui nécessite une recontextualisation historique. Il n’y a pas d’ancrage de lieu et de temps. Ce texte est également devenu Pas de morale célèbre sur tous les continents grâce « Il n’y a pas d’injonction morale à la puissance du modèle anglodans le texte de Carroll. Cette histoire saxon dans la littérature. Carroll n’a aucun but pédagogique. Ce qui a vu l’importance que prenait son est rare dans la littérature jeunesse. personnage mais il ne pouvait pas Carroll se moque des contes pour se douter à quel point cela allait Différentes représentations enfants. La seule chose qu’Alice ap- devenir considérable. Ce livre peut « Lewis Carroll était un grand ama- prend est que le langage est quelque pourtant mourir car le texte original teur d’images. Il voulait que ses textes chose d’important. » est long et complexe. Aujourd’hui, soient illustrés. Dans son premier le cinéma et les adaptations entremanuscrit d’Alice au pays des mer- Double-lecture tiennent l’image. » veilles, il avait volontairement laissé « Cette absence de morale est l’un des espaces libres pour ajouter ses des éléments qui fait de ce texte un Julien Marchand crayonnés. Pour la première publica- livre qui plaît autant aux enfants tion en 1865, c’est l’illustrateur John qu’aux adultes. Les leçons de morale Exposition “Images d’Alice” Tenniel qui a dessiné Alice en noir dégradent l’œuvre aux yeux des plus du 25 octobre 2011 au 11 mars 2012 et blanc. Jusqu’en 1907, avant que grands. Il y a dans Alice un regard aux Champs Libres à Rennes 38

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Illustrations : Macmillan, Gautier-Languereau, The Bodley Head, Mansfield, Harper.


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photo : Bikini

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OVAIRES ET CONTRE TOUS

AVEC LEUR ESPRIT RIOT GRRRL, LES FILLES DE L’ASSO CONNE ACTION À BREST PROPOSENT UN FÉMINISME COOL AU SERVICE DE LA SCÈNE LOCALE PUNK, ÉLECTRO ET HARDCORE. UN PEU DE DOUCEUR DANS CE MONDE DE BURNES.

u côté de Brest, y’a des soirées dont les noms me font à chaque fois penser à des titres de jeux vidéos bien bourrins : Carnage Night Fever, Dark Night, Pussy Touch, Travesti Monsters, Just-O-Core… Vous savez, ce genre de jeux où on doit zigouiller des pelletées de zombies, après s’être rincé la gueule dans un bar pourri. Et là, pour tout vous dire, je suis content car j’ai trouvé ma transition pour vous parler des instigatrices de ces rendez-vous. En effet, « c’est lors d’une beuverie » que les filles de l’association Conne Action se sont rencontrées. C’était il y a trois ans. Eve venait de finir ses études dans le management culturel et Juliette était bassiste dans les groupes HHH (punk) et Hoverboard (hardcore). Les deux filles, rejointes par Soizic et Fabienne, commencent alors à causer scène underground brestoise et féminisme progressif. Puis décident de concilier les deux. « On voulait monter une asso dont l’objectif était d’assurer une présence féminine sur chacun des concerts

programmés. On trouve que les filles de la scène locale ne sont pas assez mises en valeur. On les fait jouer en priorité, même si nos affiches restent principalement masculines, le choix d’artistes féminins étant plus limité. » La mentalité riot grrrl n’est pas loin, l’esprit des Ladyfest non plus : revendication d’une meilleure place faite aux filles dans un milieu rock à l’image burnée. « On n’est pas pour la suprématie d’un sexe sur l’autre. On veut juste que les filles soient autant représentées », poursuit Juliette, 35 ans, également membre de l’équipe brestoise de roller derby, sous le doux pseudo de Barbie Tuerie. Un credo militant qui a notamment conduit les Connes Action à bosser avec l’asso lesbienne des Chattes Hurlantes à Rennes. La griffe Conne Action est aussi faite de do it yourself. Car c’est l’histoire de meufs qui ont préféré monter leur asso, de façon indépendante, plutôt que d’intégrer une team déjà existante. « On voulait faire notre propre truc. On avait toutes les compétences pour monter le projet. Aujourd’hui, je pense

qu’on est plutôt bien vues par les artistes et les structures brestoises. Et puis le milieu est petit, les liens se créent vite avec les copains et les copains de copains », explique Eve qui aime autant monter des concerts hardcore, des soirées électro, des expos que du théâtre trash (Benzo Diazepine par exemple). Cette pluridisciplinarité les conduit depuis trois ans à jouer les DJettes au festival Astropolis où elles ouvrent la scène Mekanik. « La première fois, c’était pour le warm-up de Sexy Sushi. Un honneur », se souviennent les filles dont la filiation avec la touche-à-tout et couillue Julia Lanoë semble finalement évidente. Et là, pour tout vous dire, je suis content car j’ai trouvé ma chute. En effet, pour l’un de leurs premiers concerts de la saison, les Connes Action feront venir à Brest l’autre groupe de la copine Julia : Mansfield TYA. Julien Marchand Conne Action VS Sweat Lodge, le 10 septembre à Botmeur. Mansfield TYA, le 13 octobre à Brest… 41


illustrations : Dargaud et Futuropolis

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40 ANS TOUJOURS PINCEAU

LE DESSINATEUR RALPH MEYER SE VOIT OFFRIR UNE RÉTRO À L’OCCASION DU FESTIVAL QUAI DES BULLES. UNE RÉCOMPENSE POUR CE BELGE D’ADOPTION, QUI ABORDE SEREINEMENT LA QUARANTAINE.

l y a des mamans plus funs que d’autres. Quand la plupart imaginent leurs rejetons avec un métier solide et un max de flouze dans le porteuf une fois devenus adultes, celle de Ralph Meyer a joué la carte bohème. « Elle voulait un artiste dans la famille », se souvient-il. La vie est bien faite. Le gamin, qui grandit à Paris, est fan de pinceaux et grand dévoreur de BD. « La relation textes/images qu’offre une bande dessinée m’a toujours semblé constituer un assemblage parfait. » Après deux ans d’études insatisfaisantes dans la pub, il s’inscrit à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, section illustration. Il n’est plus jamais revenu vivre en France. « Les Belges ont un rapport normal (sic) à la BD, tu peux te présenter à une soirée comme étant dessinateur, ça n’a rien d’honteux, tu n’es pas un clown. » Pour en vivre, il faut néanmoins avoir sacrément de talent. Et de la chance. La vie est décidément bien faite, Ralph Meyer a les deux. « En 1996,

je propose mon travail à Philippe Tome (scénariste du Petit Spirou, ndlr), qui décide de m’engager pour son nouveau projet. » La trilogie Berceuse Assassine, qui raconte l’histoire très noire d’un chauffeur de taxi dans un New York violent, est un gros succès de librairie. « Mon travail a été vite mis en lumière, c’est un souvenir hyper agréable. » Parce que la vie n’est quand même pas toujours géniale, il connaît par la suite sa première gamelle avec la série IAN, fruit de sa collaboration avec l’auteur Fabien Vehlmann. « J’en garde une belle aventure et une belle amitié, même si le public n’a pas suivi. » Le monde de la bande dessinée est particulièrement difficile et concurrentiel, avec une multitude de publications et une visibilité pas toujours évidente. Une crise que constate Ralph : « La situation est nettement plus dure aujourd’hui. Des auteurs sont désormais contraints d’accepter des contrats à des tarifs qui étaient impensables quand j’ai débuté. » Lui a la chance d’avoir une certaine

notoriété dans ce milieu. Il s’est d’ailleurs vu offrir de dessiner Page Noire, un « one shot » d’une centaine de pages narrant deux histoires parallèles : celle d’un écrivain mystérieux façon Salinger, et celle d’une jeune réfugiée de la guerre du Liban. Une des plus belles réussites de l’année 2010. Et un changement radical de style pour Ralph Meyer, qui a simplifié son coup de crayon. Alors qu’il vient tout juste de fêter ses 40 ans, il se dit « super honoré » d’avoir sa rétrospective à Quai des Bulles, « un très grand festival ». Il y présentera en avant-première des planches de son nouveau projet à paraître en mars prochain : « Un diptyque sur Moby Dick version viking. » Pour l’occasion, il retrouve Xavier Dorison au scénario, avec qui il avait déjà collaboré pour La Mangouste, premier tome de la série XIII Mistery en 2008. Régis Delanoë Du 28 au 30 octobre à Quai des Bulles à Saint-Malo 43


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ROCKBACK MOUNTAIN

INSPIRÉ DU BLUES ROCK AMÉRICAIN, LE DUO VANNETAIS PURPLE MOUNTAIN PROPOSE UN SON BRUT DE DÉCOFFRAGE QUI PREND DIRECT AUX TRIPES SANS S’EMMERDER À PASSER PAR LA CASE CERVEAU. BIM, BAM.

n mélange de rock, de pop et de blues, un truc primitif, efficace et péchu. » Voilà. C’est ainsi que se définissent les Purple Mountain et c’est ainsi que pourrait s’achever la présentation du groupe. En vous invitant à arriver tôt sur le site de Saint-Nolff le 17 septembre pour venir les découvrir sur scène. Ni chichi ni blabla, c’est leur faire honneur de ne pas trop en dire. Déjà pour vous laisser la surprise de voir ce que vaut vraiment ce groupe, créé il y a un peu plus d’un an seulement et qui s’est invité à la prog du festival morbihannais en raflant brillamment son tremplin. Ensuite, parce qu’ils n’ont pas plus que ça envie qu’on en sache trop sur eux. Pas envie par exemple qu’on dise qu’ils sont la moitié du groupe Lyse. « Non, évite de trop t’attarder làdessus s’il te plaît, on ne souhaite pas avoir d’étiquette. » Ce n’est donc 44

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pas au chanteur Dorian et au batteur Ronald à qui on a affaire. Mais au duo de pseudos composé de Daniel Purple et de Jacques Mountain qui, pour l’occasion, ont mis de côté les frangins de Dorian, les deux autres membres du premier combo. « C’est un projet parallèle, neuf et sérieux, on y croit à fond », assure le premier nommé, qui a souhaité explorer un autre univers que le rock français classique pratiqué jusqu’alors. C’est là qu’on en revient à ce garagerock teinté de blues qu’ils ont décidé d’emprunter. Un son venu tout droit de l’Amérique profonde, tels les Black Keys ou les Black Mountain. « Le nom du groupe est un hommage, d’ailleurs, on est des vrais fans, précise le chanteur. Tous les groupes de leur label, Jagjaguwar, sont des vraies influences pour nous. » À savoir Bon Iver, The Besnard Lake ou encore les Okkervil River, vus cet été à la Route du Rock.

Comme eux, la paire Jacques/Daniel distille un rock sans fioriture. « Sur scène, on est tourné l’un vers l’autre, c’est physique et vivant. Quand tu fais du rock à deux, t’as pas à t’emmerder à poser une ambiance. Bim, bam, faut que ça parte direct. » Avec cette formation minimaliste, le risque est plus grand, aussi, de se mettre à la faute. « Oui mais ça fait partie du truc, explique Daniel. Prends les Black Keys : sur scène, ils ne sont pas parfaits, mais il y a une alchimie entre eux qui fait que quand l’un joue une fausse note, l’autre l’attend ou le récupère. » La scène de Saint-Nolff, nettement plus grande que celle des bars qu’ils ont l’habitude de pratiquer, est un sérieux test. « Il y a un risque pour qu’on ne soit pas prêt, mais c’est à nous de saisir notre chance. »

Régis Delanoë Le 17 septembre au festival Saint-Nolff


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photo : Clara Mari


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L’ANNÉE DE LA FEMME

TOURNÉE AMÉRICAINE, INDÉPENDANCE, BUZZ SUR L’EP, CLIP X : LA FEMME A EXCITÉ 2011. REVISITANT SYNTHPOP ET SURF-MUSIC, LES AUTEURS DE SUR LA PLANCHE PEUVENT AUSSI MARQUER 2012 AVEC LEUR PREMIER ALBUM.

a Femme, c’est quatre gars et une fille. Beaucoup de possibilités mais surtout un joli coup réalisé au début de l’année 2011. Sur la planche, titre entêtant de surf-music, avait enthousiasmé médias spécialisés, labels et hipsters. « Le groupe français qui affole l’industrie du disque », titrait Les Inrocks face à ces jeunes gens modernes d’à peine 20 ans de moyenne d’âge. Inconnu au pays des droits de l’Homme, La Femme venait alors d’engloutir une tournée US. « Des surfeurs californiens rencontrés à Biarritz nous avaient invités à venir chez eux. Ça tombait bien car on voulait jouer à l’étranger, explique Marlon, le chanteur. On a alors contacté des blogs américains. Une fille nous a répondu et nous a programmés dans plusieurs salles. » Suivront trois mois de road-trip, une quinzaine de dates et le tournage du clip de Sur la planche. 46

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De l’autre côté de l’Atlantique, le buzz a pris. « Notre EP est sorti en France pendant qu’on était là-bas. On était donc le groupe français qui tournait déjà aux États-Unis. Ça a fait parler de nous. Mais, si on a fait quelques bonnes dates, comme à Philadelphie devant 1 500 personnes, on en a eu aussi des pourries : dans un bar devant cinq mecs. » À leur retour, les sollicitations se multiplient. Les maisons de disques sont curieuses. Elles veulent en savoir plus sur ce club des cinq né de connexions Myspace entre le pays basque, Paris et la Bretagne (Clémence, la chanteuse, est originaire de Quimper). « On voulait juste les rencontrer et voir ce qu’elles avaient à nous dire », confie la bande. Pour l’instant, ni label ni tourneur ni manager. Une indépendance qui renforce l’attrait que le groupe peut susciter. « Nous n’avons qu’un an d’existence. Pour le moment, ça nous plaît de la faire un

peu rock’n’roll. Nous avons toutes les libertés dans nos choix, comme sur le clip de cul mode gros boulard qu’on a fait... Les choses se décident souvent au dernier moment. » À l’arrache, même avec les médias où le groupe se fait rare. « On n’a personne pour gérer ça. Donc, c’est pas toujours facile... » Cet été, le groupe a finalisé l’enregistrement de son premier album dont la sortie est prévue pour février 2012. Seize morceaux sont programmés. Seize titres marqués par la synthpop des années 80 (Marie & les Garçons et Jacno sont cités comme principales influences). Le tout, en français. « Les groupes français de rock qui chantent en anglais, c’est souvent naze. C’est la facilité et ça leur permet de cacher des paroles débiles que personne ne comprend. » Julien Marchand Le 8 octobre à l’Antipode à Rennes


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photo : Bikini


VIDE TON SAC

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AGENDA

DR

DR

Bikini

Doubllebob

RECOMMANDE

PNEU

LA RENTRÉE ÉTUDIANTE

COURT MÉTRANGE

PONI HOAX

Attention les oreilles, le noise fait son grand retour cette année. Pour fêter dignement les funérailles de vos tympans, L’Échonova organise une soirée spéciale, avec Marvin, Papier Tigre et, surtout, Pneu, un duo fou batterie - guitare (et quelques hurlements) venu de Tours. C’est du brutal.

Ok, la rentrée de septembre pue la loose. C’est le retour à la fac, les cours un peu relous, les comptes à rebours avant exams, tout ça. Mais c’est aussi les folles soirées d’inté, le rituel du jeudi, les happy-hours, les terrasses de bars à profiter des dernières semaines de beau temps. Youpi, non ?

Huitième édition de Court Métrange, festival de Rennes, qui met à l’honneur le meilleur des courts métrages insolites et fantastiques. Cette année, l’asso Unis Vers Sept Arrivé élargit sa prog à l’international et propose sur l’affiche 2011 un visuel délicieusement glauque et mystérieux.

Le combo électro-rock parisien est un des meilleurs groupes de France. C’est con, les Français ne s’en rendent pas compte. Loosers magnifiques, les cinq garçons continuent depuis une décennie d’écumer les salles de province en quête – un jour, peut-être ? – du succès populaire qu’ils méritent. On l’espère.

THE OCTOPUS Vus cet été à Carhaix sur une grande scène, les lauréats du tremplin Jeunes Charrues 2010 ont su saisir leur chance en fournissant une prestation très encourageante et surtout bien burnée. Amateurs de gros rock qui tache, allez voir les gars de Douarnenez. Au festival Ouf à Saint-Brieuc Le 10 septembre

50

Au TNB à Rennes du 20 au 23 octobre

WE ARE LA FRANCE

Les trois gars originaires du Canada rappent en acadien, une variante du français encore plus chelou que le québécois. On comprend pas grand-chose aux paroles, mais l’essentiel est que leur hip-hop sonne juste et que leur jeu de scène est « b’en b’en fun ».

Le pitch : sur scène, deux comédiens débattent d’économie politique. Là tout de suite, ça ne paraît pas si alléchant, mais cette performance s’avère instructive et caustique. C’est quand même nettement mieux que le café du commerce d’Arlette Chabot sur la 2.

septembre-octobre 2011 #3

Au Quartz à Brest le 14 octobre

DR

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RADIO RADIO

Au Run ar Puñs à Châteaulin le 15 octobre

À la Cité à Rennes le 22 octobre

Clément Batringer

En centre-ville les soirs, surtout le jeudi

Lionel Le Saux

À L’Échonova à Saint-Avé le 22 octobre

CONNAN MOCKASIN Notre graphiste écoute en boucle Forever Dolphin Love, dernier album du Néo-Zélandais, sorti au printemps. Notre collègue est un homme de goût : les bricolages bizarroïdes du blondinet, clone de Brian Jones, ont quelque chose d’obsédant. Et de jouissif. A l’Ubu à Rennes le 5 octobre




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