Numéro ABF • Porcs
Nutrition : les défis et les solutions
Photo: iStockphoto_SilverV
Production porcine sans antibiotique Photo: iStockphoto_ALotOfPeople
Photo: iStockphoto_THEPALMER
Un magazine de
Les cinq facteurs à prendre en compte
Éditorial Vers une production porcine sans antibiotique Depuis quelques années, les inquiétudes liées à l’antibiorésistance guident les politiques vers la réduction de l’utilisation des antibiotiques dans les systèmes de production animale à travers la planète. L’augmentation de l’antibiorésistance des agents pathogènes bactériens à l’échelle mondiale serait due à l’utilisation excessive ou inadaptée des antibiotiques chez l’homme et les animaux d’élevage. Les défis à relever Le développement de souches antibiorésistantes dans les élevages, constitue l’un des principaux problème de santé publique compte tenu qu’il y a un risque de transmission dans les produits alimentaires. De plus cela remet en cause certaines pratiques thérapeutiques. De plus en plus d’éléments scientifiques remettent en cause certains antibiotiques dans la perturbation du microbiote gastro-intestinal. Cela se répercute de façon négative sur le système immunitaire, la résistance aux maladies et la santé. En parallèle, la supression des antibiotiques en production porcine pose des difficultés pour maintenir les performances de production. Il est donc impératif d’analyser les obstacles posés par la supression des antibiotiques des systèmes de production porcine et d’étudier les stratégies alternatives envisageables. C’est l’objectif de ce numéro de Science & Solutions. La première partie a été rédigée par le Dr Laura Greiner, Directrice du service Nutrition et Conseillère en recherche chez Carthage Veterinary Service (États-Unis), une des plus grandes exploitations porcines des États-Unis. Le Dr Greiner expose un tour d’horizon des processus et programmes nutritionnels visant à optimiser la croissance, les performances de reproduction et la santé des animaux en systèmes sans antibiotique. Dans la seconde partie, le Dr S. Maria Mendoza, Responsable technique Porcs chez BIOMIN, nous présente les cinq principaux facteurs à prendre en compte pour la réussite d’un système d’élevage de porcs sans antibiotique. En espérant que les informations que vous trouverez dans ce numéro de Science & Solutions vous aideront à gérer au mieux votre système de production de porcs sans
antibiotique.
Raj MURUGESAN DVM MBA PhD Directeur technique et marketing, BIOMIN América
Science & Solutions • Issue US ABF
Sommaire
Nutrition des porcs sans antibiotique : les défis et les solutions
2
Tour d’horizon des processus et programmes nutritionnels visant à optimiser la croissance, les performances de reproduction et la santé des animaux.
Photo: iStockphoto_SilverV
Par Laura L. Greiner PhD, Directrice du service Nutrition chez Carthage Veterinary Service
Les cinq facteurs à prendre en compte en élevage de porcs sans antibiotique
6
Réduire l‘utilisation des antibiotiques nécéssite d’adopter une approche globale du système d’élevage. Voici cinq facteurs à prendre en compte pour améliorer vos chances de réussite. Par S. Maria Mendoza PhD
Science & Solutions est un magazine mensuel de BIOMIN Holding GmbH, disponible gratuitement pour nos clients et partenaires. Chaque numéro de Science & Solutions comprend plusieurs rubriques relatives aux dernières nouveautés scientifiques en matière de nutrition et de santé animales, en ciblant spécifiquement une espèce (volaille, porc ou ruminant) chaque trimestre. ISSN : 2309-5954 Pour obtenir une copie numérique ou de plus amples informations, consultez le site http://magazine.biomin.net Pour une reproduction des articles ou pour vous abonner à Science & Solutions, veuillez nous contacter à l'adresse : magazine@biomin.net Rédacteur en chef : Ryan Hines Contributeurs : Laura Greiner, S. Maria Mendoza, Raj Murugesan Marketing : Herbert Kneissl, Karin Nährer Graphistes : Reinhold Gallbrunner, Michaela Hössinger Recherches : Franz Waxenecker, Ursula Hofstetter Éditeur : BIOMIN Holding GmbH Erber Campus, 3131 Getzersdorf, Austria Tel : +43 2782 8030 www.biomin.net ©Copyright 2017, BIOMIN Holding GmbH Tous droits réservés. Aucune partie de ce magazine ne peut être reproduite, sous quelque forme que ce soit, à des fins commerciales sans l'autorisation écrite du détenteur des droits d'auteur, sauf dans les cas prévus par les dispositions de la loi sur les droits d'auteurs, les dessins industriels et les brevets de 1988 (Copyright, Designs and Patents Act). Printed on eco-friendly paper : Austrian Ecolabel (Österreichisches Umweltzeichen). Toutes les photos présentées sont la propriété de BIOMIN Holding GmbH ou sont exploitées sous licence. BIOMIN is part of ERBER Group
A magazine of BIOMIN
1
Nutrition des porcs sans antibio solutions Par Laura L. Greiner, Directrice du service Nutrition chez Carthage Veterinary Service
2
Science & Solutions • NumÊro ABF
Photo: iStockphoto.com/Warchi
iotique : les dĂŠfis et les
Un magazine de BIOMIN
3
Nutrition des porcs sans antibiotique : les défis et les solutions
RÉUS SOLUTION PROBLÈME La prophylaxie, la conduite d’élevage, la génétique et la nutrition sont différents aspects qui contribuent au maintien des animaux en bonne santé.
Résumé Les systèmes d’élevage sans antibiotique ont vu le jour depuis plusieurs années. Certains systèmes sont très bien maîtrisés. La réussite de la mise en place de ce type de système est fonction de la capacité à stimuler l’immunité intestinale et ainsi empêcher l’entrée d’agents pathogènes. La pratique du sans antibiotique est devenue courante dans les rations des truies et des porcs en finition. Cependant, l’usage des antibiotiques est encore fréquent en post-sevrage, en effet, à ce stade de croissance, le système immunitaire est en développement et le tube digestif instable. Cette phase à risque est donc plus délicate à gérer. De nombreuses études ont été menées sur les différentes méthodes de gestion des problèmes intestinaux et l’élimination des agents pathogènes en post-sevrage. Plus récemment, la recherche s’est intéressée aux additifs permettant d’améliorer la santé intestinale et de réduire la transmission des agents pathogènes chez les truies et les porcs en finition. L’article se concentre sur les processus et les programmes nutritionnels permettant d’optimiser la croissance, les performances de reproduction et la santé des animaux en systèmes sans antibiotique.
L’
utilisation d’antibiotiques en élevage est une pratique courante depuis des années. La production sans antibiotique s’est développée sous l’influence des consommateurs et des acteurs de la santé. Ainsi, ces 20 dernières années, les débats sur l’antibioresistance en médecine humaine ont pris de l’ampleur et se sont étandus au secteur de l’élevage. Cela a conduit à une meilleure prise de conscience du risque de résistance bactérienne. Les consommateurs sont de plus en plus exigents en ce qui concerne l’alimentation des animaux destinés à la consommation humaine. Pour diverses raisons telles que la santé, le goût, le besoin de qualité et le respect de l’environnement, des groupes de consommateurs demandent de ne plus utiliser d’antibiotiques sur
Pour répondre à la demande des consommateurs, de nombreux producteurs travaillent aujourd’hui sur la réduction de l’utilisation des antibiotiques et élèvent déjà une grande partie des animaux sans antibiotique. 4
aucune période de la croissance des animaux d’élevage. De nombreux producteurs travaillent déjà sur la réduction de l’utilisation des antibiotiques même s’il est reconnu qu’ils aident à maîtriser les maladies.
Qu’entend-on par « sans antibiotique » ? L’expression « sans antibiotique » peut être définie de différentes façon. Bien que les animaux ne peuvent pas être abattus avant la fin d’un délai d’attente spécifique a chaque traitement administré (délai au-delà duquel la teneur en substances actives provenant du médicament est suffisament basse pour être considérée comme inoffensive), il existe deux catégories d’animaux élevés sans antibiotique. La première exige qu’aucun antibiotique ne soit utilisé après le sevrage du porcelet. La seconde, correspond à ce que les américains appellent la catégorie « never-ever » (« aucun, jamais »). « Never-ever » signifie donc que le porc n’a jamais reçu d’antibiotiques de sa vie. Aux États-Unis, ces deux catégories sont valorisées sur des marchés différents. Au Canada, le site Web de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) indique : « Afin qu’un produit de viande, de volaille ou de poisson puisse afficher
Science & Solutions • Numéro ABF
Laura L. Greiner Directrice du service Nutrition, Carthage Veterinary Service
Photo: iStockphoto.com/triloks
SSITE
l’allégation “élevé sans l’usage d’antibiotiques”, l’animal ne peut avoir reçu d’antibiotiques de sa naissance à l’abattage. De plus, aucun antibiotique ne peut être administré à la mère allaitante de l’animal en question si le mode d’administration peut causer la présence de résidus d’antibiotiques chez celui-ci. Les vitamines et les minéraux administrés aux animaux ne peuvent être utilisés dans des quantités entraînant un effet antimicrobien. »
Définition du coût de l’élevage sans antibiotique Bien qu’il n’y ait que quelques études qui montrent l’incidence du « sans antibiotique » sur les performances de production, les résultats obtenus sont assez variables. Selon Vansickle (2011), le Dr Main a démontré qu’aux États-Unis, la production sans antibiotique pourrait coûter en moyenne 9,35 €/porc et jusqu’à 13,17 € si 70 % de la bande atteint la phase de finition sans antibiotique. Etant donné que le statut sanitaire des troupeaux est un facteur essentiel pour la réussite d’un élevage sans antibiotique, le coût d’élevage risque d’être très variable même au sein d’un même élevage. Si la mise en place d’une réduction de 70 % de l’usage d’antibiotiques peut être facilement atteinte dans certaines exploitation, cela peut s’avérer plus difficile dans d’autres. En 2008, un article présenté lors de la conférence de l’Association américaine des vétérinaires porcins (American Association of Swine Veterinarians) indiquait que, sans utiliser d’antibiotiques ni de protéines animales, une exploitation pouvait atteindre des performances de reproduction équivalentes et ne compter qu’une baisse minimale des performances du sevrage à la finition (Kohler et al., 2008). Grâce au versement d’une prime aux élevages sans antibiotique, les producteurs pouvaient ainsi limiter l’augmentation des coûts de production à 0,27 €/tête alors qu’ils étaient estimés à 4,45 € sur le marché européen. Bien que ces données ne soient pas déterminantes, il convient de retenir que l’efficacité des systèmes dépend essentiellement d’une bonne santé initiale et d’une prophylaxie adaptée.
Un magazine de BIOMIN
Dr Laura Greiner, de chez Carthage Veterinary Service, est intervenue sur le sujet de la production porcine sans antibiotique lors de la pré-conférence du symposium du Colloque de nutrition animale du Canada en 2017.
Définition des problèmes et des solutions liés à l’élevage sans antibiotique Auparavant, les antibiotiques étaient généralement utilisés aux fins suivantes : 1) traiter ou contrôler une maladie, 2) prévenir les maladies, et 3) améliorer l’efficacité alimentaire. Qu’ils choississent d’aller vers un système sans antibiotique ou non, les producteurs de porcs ont deux objectifs communs : limiter l’utilisation des antibiotiques et éviter les maladies. Le maintien de la bonne santé des animaux repose sur quatre éléments principaux : la prophylaxie, la conduite d’élevage, la génétique et la nutrition. Les pratiques d’élevage et la prophylaxie vont de pair. L’éleveur doit mettre en œuvre et suivre efficacement les préconisations du vétérinaire d’élevage. En effet, ce dernier établit des stratégies vaccinales visant à limiter l’apparition des maladies, et met en place des protocoles visant à limiter
5
Nutrition des porcs sans antibiotique : les défis et les solutions
De nombreux produits promettant l’amélioration de la santé intetinale, l’amélior alimentaire existent sur le marché. Les nutritionnistes doivent et d’interpréter
leur propagation (mesures de biosécurité). L’éleveur doit alors suivre scrupuleusement ces préconisations, en parallèle, il doit mettre en œuvre des mesures efficaces de biosécurité et de contrôle des nuisibles. Il en est de même sur l’entretien régulier des installations. La gestion de la ventilation doit être rigoureuse et adaptée a chaque phase pysiologique. L’objectif est de limiter les courants d’air sur les porcelets, mais aussi de limiter les concentrations en ammoniac susceptibles de réduire les performances chez les charcutiers. La sélection de génétiques robustes permet aussi d’optimiser les résultats en élevage sans antibiotique.
Nutrition Les programmes nutritionnels peuvent avoir une incidence significative sur les performances des porcs. De plus, il est possible d’ajouter des ingrédients alternatifs aux antibiotiques pour prévenir ou limiter les risques sanitaires pendant la croissance du porc. Afin de développer efficacement un programme nutritionnel, les nutritionnistes doivent échanger avec l’éleveur et le vétérinaire pour comprendre le statut sanitaire de l’élevage. Il faut aussi identifier quels sont les risques majeurs et sur quelle phase d’élevage ils interviennent. De nombreux produits actuellement sur le marché promettent une amélioration de la santé intestinale, de la digestion ou encore de l’efficacité alimentaire. Le nutritionniste doit être en mesure de comprendre leurs mécanismes d’action et d’interpréter les résultats afin de choisir l’additif le plus adapté aux problématiques rencontrées. Au moment du sevrage, les intestins des porcelets subissent d’importantes modifications dues au passage d’une alimentation liquide à une alimentation solide. Même dans les systèmes qui conservent une alimentation liquide, la physiologie des intestins change en raison du sevrage. Durant les trois semaines suivant le sevrage, l’objectif est d’adapter rapidement les porcelets à leur nouvelle alimentation tout en maintenant un bon système immunitaire et des intestins sains. L’objectif est d’aider l’animal à lutter contre les agents pathogènes potentiellement présents au moment ou la teneur en anticorps maternels diminue. La santé intestinale des porcelets sevrés est étudiée depuis de nombreuses années, cependant, l’immunité intestinale, les enzymes intestinales ainsi que les interactions de la microflore restent peu connues aujourd’hui. La mise en place d’une population suffisante de bactéries intestinales bénéfiques facilite la digestion et réduit la charge de bactéries pathogènes.
6
Au début, la principale enzyme produite est la lactase, la production des autres enzymes de type carbohydrase augmentera vers l’âge de huit semaines. Les aliments riches en éléments non digestibles constituent des nutriments pour la microflore intestinale, cela induit une augmentation des risques de développement des populations d’agents pathogènes susceptibles de provoquer des maladies. Il a été prouvé que la distribution d’amidon hautement digestible dès les premières rations améliore la santé intestinale. En outre, une série d’études menées par Pettigrew et son équipe a mis en avant les effets bénéfiques de divers extraits de plantes sur l’allongement des villosités intestinales et la réduction du nombre de bactéries pathogènes. L’utilisation de probiotiques en vue de maintenir une certaine population de micro-organismes s’avère également efficace. Il a également été démontré que l’utilisation de lactose visant à diminuer le pH et maintenir la population de Lactobacillus, permet d’améliorer les performances des porcs. A l’âge de six semaines, la teneur en anticorps maternels chez le porcelet commence à chuter, cette période constitue un moment propice à l’apparition de problèmes de santé. Song et al. (2012) ont démontrés que l’utilisation d’anticorps d’œufs peut améliorer l’état de santé général des populations de porcs. Alors que certaines études ont permis de constater des performances de croissance équivalentes à celles du plasma, ce dernier présente d’autres bénéfices en termes d’amélioration de la fonction immunitaire (modulation des macrophages) et des jonctions cellulaires (Campbell et al., 2010). De nombreux éleveurs se concentrent sur l’efficacité alimentaire et la réduction de la mortalité en fin d’engraissement. Une récente étude affirme que des enzymes (comme le xylanase) ont la capacité de faire baisser le taux de mortalité des porcs de 3,99 % à 2,39 %, et d’améliorer le ratio gain de poids/aliment consommé de 0,286 à 0,290 en convertissant les arabinoxylanes en xylo-oligomères capables de modifier la microflore afin de favoriser les bons organismes (Zier -Rush, 2016). En outre, Greiner et al. (2016) ont démontré qu’une supplémentation de 150 ppm de cuivre en fin d’engraissement améliore le ratio gain de poids/aliment consommé de 0,31 à 0,34. La modification de la composition de l’aliment peut parfois améliorer la santé des porcs exposés à des facteurs de risques sanitaires. Depuis de nombreuses années, des groupes de travail sur la santé humaine se penchent sur les isoflavones et d’autres composants intéressants du soja. Des données
Science & Solutions • Numéro ABF
Laura L. Greiner Directrice du service Nutrition, Carthage Veterinary Service
oration de la digestion ou encore de l’efficacité être en mesure de comprendre leurs modes d’action leurs résultats afin de pouvoir faire des choix quant à l’utilisation d’un produit.
Tableau 1. Incidence de la taille et de la forme des particules d’aliment sur la croissance des porcs en phase de finition. Meal
Pellet
650μ
50% 650μ + 50% 350μ
350μ
650μ
50% 650μ + 50% 350μ
350μ
GMQ, kg
0.90
0.89
0.89
0.94
0.93
0.92
Consommation, kg/J
2.41
2.34
2.26
2.35
2.37
2.35
Gain/Aliment
0.372
0.375
0.382
0.399
0.392
0.391
Source : Nemecheck et al., 2016
issues des travaux de Greiner et al. (1999) et Rochell et al. (2015) ont démontré que la distribution d’isoflavones ou des quantités plus importantes de farine de soja à des porcs susceptibles d’être infectés par le virus SDRP peut réduire la réplication du virus et améliorer les performances. De nombreuses études ont démontré que les antibiotiques peuvent améliorer l’efficacité alimentaire. Des modifications mécaniques, génétiques, environnementales et nutritionnelles permettent également son optimisation. Dans le Tableau 1, la consommation moyenne journalière en phase de finition diminue, et le ratio gain de poids/aliment consommé augmente lorsque la taille des particules passe de 650 µm à 350 µm. La granulation de l’aliment améliore le gain moyen quotidien.
Toutefois, la granulation de maïs de 350 µm ne présente aucun avantage supplémentaire par rapport à celle de maïs de 650 µm (Nemechek et al., 2016). D’autres études démontrent une amélioration du gain moyen quotidien et de l’efficacité alimentaire de 4 à 8 % en moyenne lorsque les aliments sont distribués sous forme de granulés en phase de finition (Miller, 2012). Il existe d’autres facteurs qui influencent l’efficacité alimentaire. Les animaux logés à des températures inférieures ou supérieures à leur zone de confort thermique peuvent présenter des indices de consommation plus faibles. L’état de santé de l’animal peut également jouer sur l’efficacité alimentaire et la vitesse de croissance, il en est de même pour les caractéristiques génétiques et la pression microbienne de l’environnement.
Références Campbell, J.M., J. Polo, L.E. Russell, and J.D. Crenshaw. 2010. Review of spraydried plasma’s impact on intestinal barrier function. Livestock Science 133:239-241. Greiner, L., A. Graham, B. Knopf, R.J. Harrell, and J. Connor. 2016. Evaluation of copper source addition in the grow-finish phase. Midwest American Society of Animal Science Meetings, Des Moines. Abstract #154. Greiner, L., T. Stahly, and T.J. Stabel. 2001. The effect of dietary soy genistein on pig growth and viral replication during a viral challenge. Journal of Animal Science 79(5):1272-1279. Kohler, D., J. Schneider, and C. Bierman. 2008. Profitable antibiotic-free pork pro-
Un magazine de BIOMIN
duction. North Carolina Swine News. 31:6. Nemecheck, J.E., M.D. Tokach, S.S. Dritz, R.D. Goodband, J.M. DeRouchey, and J.C. Woodworth. 2016. Effects of diet form and corn particle size on growth performance and carcass characteristics of finishing pigs. Animal Feed Science and Technology. 214:136-141. Miller, T. 2012. Swine Feed Efficiency: Influence of Pelleting. IPIC 25e. Rochell, S.J., L.S. Alexander, R.D. Boyd, W.G. Van Alstine, J. Pettigrew, and R. Dilger. 2015. Effects of dietary soybean meal concentration on growth performance and immune response of pigs during a porcine reproductive and respiratory syndrome virus challenge. Journal of Animal Science 93:2987-2997.
Song, M., T.M. Che, Y. Liu, J.A. Soares, B.G. Harmon, and J.E. Pettigrew. 2012. Effects of dietary spray-dried egg on growth performance and health of weaned pigs. Journal of Animal Science 90:3080-3087. Vansickle, J. 2011. Antibiotic-free pork production comes with a pretty high cost. National Hog Farmer. March. Can be found at: http://www.nationalhogfarmer.com/ health-diseases/antibiotic-free-pork-production-cost-0315. Zier-Rush, C.E., C. Groom, M. Tillman, J. Remus, and R.D. Boyd. 2016. The feed enzyme xylanase improves finish pig viability and carcass feed efficiency. Midwest American Society of Animal Science Meetings, Des Moines, IA. Abstract #244.
7
Les cinq facteurs à prendre système d’élevage de porcs Photo: iStockphoto.com/Jirsak
Par S. Maria Mendoza, responsable technique Porcs
Antibiotic reduction requires a holistic approach. Consider these 5 factors to improve your likelihood of success.
8
Science & Solutions • Numéro ABF
en compte dans le cadre d’un sans antibiotique
Un magazine de BIOMIN
9
Les cinq facteurs à prendre en compte dans le cadre d’un système d’élevage de porcs sans antibiotique
F
Chez BIOMIN, depuis des décennies, nous travaillons aux côtés de la filière porcine partout dans le monde, dans le but de mettre au point des solutions alternatives efficaces aux antibiotiques issues de la recherche scientifique. 10
ace à une demande croisante de produits issus d’animaux élevés sans antibiotique, de nombreux producteurs commencent à changer leurs pratiques. Le défi de la transition vers un système d’élevage sans antibiotique est très important, notamment parce que les antibiotiques sont utilisés depuis 70 ans pour améliorer la productivité des élevages de porcs. En Amérique du Nord, la majorité des éleveurs n’ont pas encore changé leurs pratiques d’élevage et continuent donc à utiliser les antibiotiques. Une décision politique pourrait venir boulverser le foctionnement de tous ces élevages. Certains producteurs ont déjà fait le choix de changer leurs pratiques et en sont satisfaits, à l’inverse d’autres ont été découragés par le manque à gagner. Chez BIOMIN, nous travaillons depuis des décennies au côté de la filière porcine partout le monde dans le but de mettre au point des alternatives éfficaces aux antibiotiques issues de la recherche scientifique. En général, les élevages ayant un statut sanitaire satisfaisant ont connu une transition plus fluide que ceux ayant des antécédents de problèmes respiratoires ou intestinaux. La plupart du temps, ces élevages étaient relativement isolés, ce qui confère une protection plus importante contre les agents pathogènes (rappelons que la prévention constitue le fondement même d’un système de production sans antibiotique). Rappelons que l’application de mesures d’hygiène et de biosécurité rigoureuses est indispensable. La révision des bases permet de bien préparer le terrain, il est donc essentiel de mettre en œuvre des stratégies de réduction du stress et d’amélioration de la croissance. Nous nous intéresserons en particulier à cinq facteurs : la qualité de l’eau, les mycotoxines, l’âge au sevrage, la prévention et la performance.
d’eau après le vide sanitaire. En aviculture, l’utilisation d’acides organiques dans l’eau contribue à en améliorer son assainissement. Cependant, la propreté des canalisations est essentielle pour constater pleinement les bénéfices des acides organiques dans l’eau.
Les mycotoxines Les mycotoxines sont des métabolites toxiques produits par des champignons. Elles se trouvent le plus souvent dans le maïs, les drêches ou encore la farine de soja, mais aussi parfois dans des huiles végétales comme celle de maïs et de soja. Un aliment contaminé par des mycotoxines a des effets néfastes sur la santé des porcs, et en particulier chez les jeunes (porcs en croissance). Les mycotoxines contribuent à accentuer les infections intestinales et respiratoires. Par exemple, le déoxynivalénol déteriore l’intégrité des cellules épithéliales, permettant ainsi l’invasion de bactéries pathogènes (Vandenbroucke et al. 2011). De plus, les mycotoxines provoquent une immunosuppression. Elles peuvent en effet réduire l’efficacité des vaccins, or c’est la base du bon fonctionnement d’un élevage sans
La qualité de l’eau La qualité de l’eau n’est généralement pas connue. Or, la consommation d’eau est deux à trois fois plus importante que la consommation alimentaire. Une analyse de l’eau est indispensable pour comprendre les risques potentiels. Les canalisations d’eau favorisent le développement de levures, moisissures et bactéries. Il est fortement recommandé de nettoyer les canalisations
Science & Solutions • Numéro ABF
S. Maria Mendoza Responsable technique Porcs
Photo: iStockphoto.com/kadmy
antibiotique. Elles limitent également la capacité du porc à lutter contre les problèmes respiratoires. Avoir quelques notions concernant les différents types de mycotoxines et les stratégie de lutte envisageables peut vous aider à mieux évaluer le risque. Une bonne gestion des risques liés aux mycotoxines contribue de façon non négligeable à éviter les maladies, c’est pourquoi il est important de veiller aux aspects suivants : • Un stockage adéquat de l’aliment. Réduire l’infiltration d’humidité et les moisissures. Veiller à vider plus fréquemment les silos afin de réduire le risque d’accumulation de moisissures. • Un contrôle régulier de l’aliment. Il est recommandé d’analyser régulièrement les matières premières ainsi que les aliments finis à l’aide de méthodes d’échantillonnage adéquates, afin de détecter les contaminations par des mycotoxines.
16 jours et 18 jours étaient, respectivement, 60 % et 25 % plus molles que celles de ceux sevrés à 20 jours. Le retardement de l’âge au sevrage réduit également la mortalité entre le sevrage et la vente. Main et al. (2004) font état d’une mortalité cumulée en fin de cycle de 6,8 % pour des porcelets sevrés à 18 jours et de 3,7 % pour ceux ayant été sevrés à 21 jours. Le recul de l’âge au sevrage présente des avantages tant pour les systèmes d’élevage sans antibiotique que pour les conventionnels. Toutefois, le nombre de places et le transport des porcelets jusqu’aux salles de post-sevrage peuvent être des facteurs limitants. Lors du choix de conduite des truies, il est recommandé de prévoir un sevrage tardif dans les systèmes sans antibiotique.
• La biotransformation. Il s’agit d’une approche innovante qui transforme les toxines en métabolites non toxiques. La sécurité et l’efficacité de cette méthode sont reconnus notamment par l’Union européenne.
L’âge au sevrage Le tube digestif absorbe les nutriments et limite l’entrée des agents pathogènes. Un tube digestif en bonne santé garantit une bonne période d’engraissement. Le développement du tube digestif est interrompu au cours du sevrage, ce qui peut avoir des conséquences à long terme. Un tube digestif fonctionnel peut activer le système immunitaire sans pour autant le sur-stimuler. Une activation excessive du système immunitaire peut induire des dépenses énergétiques très importantes chez les porcelets. On sait que plus le porc vieillit, plus les cellules qui constituent le système immunitaire muqueux peuvent répondre rapidement à la présence d’agents pathogènes. Le système immunitaire est alors plus efficace pour contrôler la propagation d’une infection. McLamb et al. (2013) ont démontré que des porcs sevrés à 16 et 18 jours inoculé en E. coli à 35 jours, présentaient davantage de signes cliniques d’infection à E. coli que des porcs sevrés à 20 jours ayant également reçu E. coli par inoculation. Les fèces des porcs sevrés à
Un magazine de BIOMIN
E. coli représente la principale cause de diarrhée en post-sevrage.
La prévention des problèmes intestinaux Les antibiotiques ont été utilisés pour prévenir, contrôler et traiter les maladies intestinales provoquées par des bactéries. Associés à des mesures de biosécurité améliorées et à un bon programme de vaccination, les acides organiques et les substances phytogéniques peuvent aider les producteurs à réduire ou arrêter l’utilisation prophylactique des antibiotiques. E. coli est la principale cause de diarrhée en post-sevrage. En engraissement/finition c’est Salmonella spp. et Lawsonia. Le contrôle de la population de ces bactéries réduit le risque d’infection. Un environnement acide favorise le développement des bactéries bénéfiques tout en freinant celui des bactéries pathogènes. Les acides organiques ont la capacité d’entrer dans la bactérie et de modifier son pH interne. La diminution du pH interne bloque les fonctions
11
Les cinq facteurs à prendre en compte dans le cadre d’un système d’élevage de porcs sans antibiotique
Figure 1. Effet d’un mélange d’acides organiques et de cinnamaldéhyde sur l’inhibition de la croissance de quatre souches de bactéries pathogènes. Le mélange d’acides organiques est composé d’acides formique, acétique et propionique. Le cinnamaldéhyde a augmenté l’action antimicrobienne du mélange d’acides organiques. 99
59.3
53.5
23.4
S. Enteriditis
100
99
28.1
100
55.2
33.3
30.7 18.4
S.Typhimurium
E. coli 055:K59
E. coli 0128:H2
n Cinnamaldéhyde (0.04%) n Acides organiques (0.4%) n Acides organiques (0.4%) + cinnamaldéhyde (0.04%) Source : Riemensperger et al. 2012
Les porcelets en maternité dont l’alimentation contenait des additifs phytogéniques et des acides organiques présentaient une efficacité alimentaire équivalente à celle des porcelets recevant des AFC. Il a également été démontré que les composés phytogéniques améliorent la croissance des porcs à l’engraissement et en finition. 12
métaboliques cellulaires, entraînant la mort de la bactérie. Les propriétés antimicrobiennes d’un acide organique repose donc sur sa capacité à pénétrer dans la bactérie. Les acides organiques qui présentent les propriétés antimicrobiennes les plus puissantes ont un pKa proche de quatre et un faible poids moléculaire. En outre, un intérêt croissant est porté sur les composés phytogéniques ces dernières années. Selon l’étude BIOMIN sur les additifs alimentaires phytogéniques réalisée en 2017, les producteurs interrogés ont évoqués en raison numéro deux l’utilisation de ces additifs dans l’alimentation de leurs animaux pour les propriétés antimicrobienne. Les additifs phytogéniques sont des métabolites de plantes capables de réduire le développement bactérien. Leur mécanisme d’action varie en fonction de leurs caractéristiques chimiques. Par exemple, le carvacrol et le thymol, principalement présents dans l’huile essentielle d’origan, modifient la composition en acides gras de la membrane bactérienne et perturbent ainsi son intégrité. Le cinnamaldéhyde, présent dans l’huile essentielle de cannelle, perturbe la réplication des bactéries. La bactérie s’étire mais ne peux pas se diviser (Domadia et al. 2007). Les propriétés antimicrobiennes des acides organiques et des additifs phytogéniques peuvent être synergiques. Une association des deux types de produits sera plus efficace pour réduire le développement d’ E. coli et de Salmonella (Riemensperger et al. 2012) (Figure 1).
Le maintien des performances Les antibiotiques facteurs de croissance (AFC) étaient auparavant utilisés pour augmenter la croissance et l’efficacité alimentaire. Sur des marchés comme l’UE et les États-Unis, les antibiotiques en tant que facteurs de croissance sont désormais interdits. Bien que le mécanisme d’action des AFC ne soit pas totalement compris, les hypothèses les plus répandues suggèrent qu’ils moduleraient le microbiote et auraient des effets anti-inflammatoires. Les effets d’une supplémentation alimentaire en composés phytogéniques associés à des acides organiques sur les performances des porcs ont été évalués et comparés à un programme d’élevage avec AFC (Mendoza et al. 2017). Les porcelets en maternité dont l’alimentation contenait des additifs phytogéniques et des acides organiques présentaient une efficacité alimentaire équivalente à celle de ceux recevant des AFC. Il a également été prouvé que les composés phytogéniques améliorent la croissance des porcs à l’engraissement et en finition. Soto et al. (2016) ont rapporté que des porcs à l’engraissement ayant reçu un mélange d’additifs phytogéniques présentaient des poids de vente équivalents à ceux des animaux ayant reçu de la ractopamine (Figure 3).
Conclusions La demande des consommateurs nous encouragent à adopter des pratiques de prévention en exploitation et à chercher
Science & Solutions • Numéro ABF
S. Maria Mendoza Responsable technique Porcs
Figure 2. Effet d’additifs alimentaires innovants utilisés comme alternative aux AFC sur l’indice de consommation des porcelets en maternité (à J22 post-sevrage). Les antibiotiques facteurs de croissance (AFC) administrés étaient le carbadox (en phase 1), puis la néomycine et l’oxytétracycline (en phase 2). Les additifs alimentaires innovants utilisés dans cette étude étaient le Biotronic® Top3 (mélange d’acides formique, propionique et acétique associé à du cinnamaldéhyde et à un complexe perméabilisant) et le Digestarom® P.E.P. (mélange phytogénique d’huiles essentielles d’origan, d’anis et d’agrumes associé à un fructo-oligosaccharide). 1.45 1.40
IC
1.35 1.30 1.25 1.20 1.15
1.40a
1.25b
1.30b
1.30b
Témoin
Carbadox (P 1) + Neoterra (P 2)
Carbadox (P 1) + Biotronic® Top3 (P 2)
Biotronic® Top3 Digestarom® P.E.P.
1.10
Source : Mendoza et al. 2017
Figure 3. Effet des additifs phytogéniques comme alternative à la ractopamine sur le poids vifs de porcs à l’engraissement et en finition issus d’élevages. L’additif phytogénique alimentaire distribué contient un mélange de carvi et d’huiles essentielles d’ail, de thym et de cannelle (Digestarom® Finish). 140
123.9a
120
106b
124.6a
110.9a
80
Ractopamine
PV, kg
100
60 40 22.1a
22.1a
20 0 0
106
125
JOURS n Témoin n Digestarom® Finish Source : Soto et al. 2016
des alternative durables à l’utilisation des antibiotiques. Dans un système d’élevage sans antibiotique, l’application de mesures d’hygiène et de biosécurité rigoureuses est indispensable. La qualité de l’eau, l’âge au sevrage, la gestion des risques liés au mycotoxines, la prévention et la performance constituent des facteurs importants pour garantir la santé et la productivité des porcs.
Un magazine de BIOMIN
Les facteurs de croissance innovants sont des alternatives durables pour augmenter l’efficacité alimentaire et la croissance. Avec quelques avancées scientifiques, en faisant preuve d’ouverture d’esprit, et en revoyant les bases de la conduite d’élevage la transition vers une production sans antibiotique peut être une réussite.
13
Votre exemplaire de Science & Solutions
Une meilleure digestion pour un meilleur indice de consommation Ajoutez le pouvoir des
additifs phytogéniques à l'alimentation de vos porcs :
•U n mélange unique d'herbes, d'huiles essentielles et d'arômes fonctionnels • Efficacité prouvée scientifiquement et sur le terrain • Adapté aux besoins de l'animal
digestarom.biomin.net
Naturally ahead