Science & Solutions #4 Poultry (Français)

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Numéro 4 • Volailles Un magazine de

Photo: Sebastian Kaulitzki

Zéro salmonelle en 2014 ? Ou comment les acides organiques peuvent vous aider à atteindre cet objectif Des voies digestives saines pour de meilleures performances

Mycotoxines et alimentation des volailles

Mieux comprendre les fonctions essentielles de la barrière intestinale chez les volailles

Quelles sont les principales mycotoxines responsables d'une baisse des performances chez les volailles ?


Éditorial Faire de la sécurité alimentaire notre priorité Les salmonelles et les mycotoxines font partie des menaces les plus fréquentes en alimentation animale et les dangers qu'elles représentent doivent faire l'objet d'une lutte permanente. À ce jour, la recherche scientifique a permis d'identifier jusqu'à 400 mycotoxines dans les aliments pour animaux. Même si la concentration de ces agents pathogènes dépasse rarement les limites maximales autorisées, le véritable problème réside dans leur co-occurrence et leurs effets synergiques responsables d'une altération du système immunitaire et de l'intégrité de la barrière intestinale de l'animal, à l'origine d'un retard de croissance et d'une diminution de ses performances. Depuis le lancement du Rapport Mycotoxines (programme d'enquête sur les mycotoxines) de BIOMIN en 2004, 24 000 échantillons ont été analysés afin d'informer nos clients et toutes les parties intéressées sur le risque de mycotoxines dans les différentes régions du monde. Malgré la détection de mycotoxines dans près de 80 % des aliments pour animaux, la transmission de ces agents à l'homme, par l'intermédiaire de denrées animales, est rare, à l'exception de quelques cas de transmission d'aflatoxines par le lait. En revanche, la présence de salmonelles dans les produits alimentaires est beaucoup plus dangereuse pour l'homme que pour l'animal. Même si certaines souches de salmonelles sont une menace directe pour la santé des volailles, leur transmission à l'homme, par l'intermédiaire de la viande ou des œufs, et la menace qu'elles représentent pour la santé humaine, constituent le principal danger. Chaque année, quelque 100 000 cas de cette zoonose sont rapportés dans l'UE et plus de 40 000 aux États-Unis, même si le nombre réel d'infections pourrait être au moins trente fois supérieur. Il existe une interaction entre les salmonelles et les mycotoxines au niveau intestinal : les mycotoxines altèrent l'intégrité de la barrière intestinale et ouvrent la voie à la prolifération d'agents pathogènes comme les salmonelles. Il est par conséquent essentiel, du point de vue de la recherche, d'associer différentes stratégies de gestion de ces risques, comme la conduite de programmes de surveillance des mycotoxines, la mise au point de stratégies visant à neutraliser les mycotoxines et les salmonelles, et l'adoption d'approches permettant de renforcer la fonction barrière de l'intestin et la santé intestinale chez les volailles.

Gerd Schatzmayr PhD Directeur de recherche

Science & Solutions


Sommaire

Name, title position

Zéro salmonelle : est-ce possible ? Minimisez le risque d'infections grâce à l'efficacité antibactérienne démontrée des acides organiques.

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Par Renata Breitsma, PhD

Intégrité intestinale – l'élément fondamental pour des performances optimales

Fonction de la barrière intestinale Outre son rôle dans la digestion et l'absorption des nutriments, l'intestin possède également un rôle important de barrière immunologique, physiologique et physique permettant de protéger l'animal. Par Raj Murugesan, DVM, PhD

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Mise à jour 2013 sur les mycotoxines :

Quelles mycotoxines pouvons-nous nous attendre à trouver dans les aliments pour volailles ? La dernière enquête BIOMIN sur les mycotoxines révèle celles qui sont les plus fréquentes dans chaque région du monde, ainsi que leurs effets potentiels sur la santé des volailles. Par Paula Kovalsky, PhD

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Science & Solutions est un magazine mensuel de BIOMIN Holding GmbH, disponible gratuitement pour nos clients et partenaires. Chaque numéro de Science & Solutions comprend plusieurs rubriques relatives aux dernières nouveautés scientifiques en matière de nutrition et de santé animales, en ciblant spécifiquement une espèce (volaille, porc ou ruminant) chaque trimestre. ISSN: 2309-5954 Pour obtenir une copie numérique ou de plus amples informations, consultez le site http://magazine.biomin.net Pour une reproduction des articles ou pour vous abonner à Science & Solutions, veuillez nous contacter à l'adresse: magazine@biomin.net Rédactrice en chef : Daphne Tan Contributeurs : Renata Breitsma, Paula Kovalsky, Raj Murugesan, Gerd Schatzmayr Marketing : Herbert Kneissl, Cristian Ilea Graphistes : Reinhold Gallbrunner Recherches : Franz Waxenecker, Ursula Hofstetter, Mickaël Rouault Éditeur : BIOMIN Holding GmbH Industriestrasse 21, 3130 Herzogenburg, Austria Tel: +43 2782 8030 www.biomin.net Imprimé en Autriche sur papier respectueux de l'environnement. ©Copyright 2014, BIOMIN Holding GmbH Tous droits réservés. Aucune partie de ce magazine ne peut être reproduite, sous quelque forme que ce soit, à des fins commerciales sans l'autorisation écrite du détenteur des droits d'auteur, sauf dans les cas prévus par les dispositions de la loi sur les droits d'auteurs, les dessins industriels et les brevets de 1988 (Copyright, Designs and Patents Act). Toutes les photos présentées sont la propriété de BIOMIN Holding GmbH ou sont exploitées sous licence.

Un magazine de BIOMIN

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Malgré le renforcement des normes de sécurité sanitaire au niveau de la chaîne alimentaire au niveau mondial, les salmonelloses sont toujours à l'origine de lourdes pertes de productivité dans les élevages, de retraits d'aliments dans les supermarchés et de frais médicaux pour les personnes affectées. Par conséquent, le contrôle des salmonelles devrait être une priorité pour la filière avicole.

L

es salmonelles sont des bactéries anaérobies facultatives, gram-négatives, appartenant à la famille des entérobactéries. Chez les volailles, deux sérotypes, Salmonella Gallinarum et Salmonella Pullorum, sont connus pour provoquer des maladies cliniques comme la typhose et la pullorose. Ces deux souches sont les principales causes d'une mortalité élevée dans les élevages, à l'origine de lourdes pertes pour les exploitations. En effet, l'exportation ou l'expédition de volailles de reproduction contaminées est suspendue jusqu'à ce que l'élevage soit exempt de salmonelles ; or, l'éradication de ces germes est une mesure onéreuse qui peut conduire à la fermeture de certaines unités de production. De nombreux autres sérotypes, comme Salmonella Typhimurium et Salmonella Enteritidis, peuvent infecter les organes internes de l'animal et entraîner une contamination des produits obtenus, comme la viande et les œufs. Les intoxications alimentaires suite à l'ingestion

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d'aliments contaminés par des salmonelles représentent un véritable danger pour la santé humaine. Différents facteurs sont responsables de la contamination des volailles, à savoir l'ingestion d'aliments contaminés, la présence d'une infection dans les élevages de reproducteurs, le manque de mesures de sécurité sanitaire adéquates sur l'exploitation, l'adoption de mesures de contrôle de l'hygiène inadéquates lors des captures et du transport des poulets de chair, et la contamination croisée des carcasses lors des phases d'abattage et de transformation. Différents facteurs de stress peuvent altérer l'efficacité du système immunitaire et créer des conditions favorables permettant à la bactérie de poursuivre son action délétère. Il est très difficile de maîtriser le développement des salmonelles car leur transmission se fait par voie oro-fécale et les volailles peuvent excréter la bactérie dans leurs fientes pendant plusieurs mois, tout en étant totalement asymptomatiques. Les souches de salmonelles peuvent survivre

Science & Solutions

Photo: khemporn tongphay

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Renata Breitsma

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Directrice du Centre de Compétences Acides

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pendant 6 ans, voire plus, dans l'environnement : il est par conséquent fondamental d'adopter des mesures de sécurité sanitaire adéquates pour réduire le risque de salmonelles dans les exploitations.

Efficacité antibactérienne des acides organiques

Il a été démontré que l'ajout d'acides organiques dans les aliments favorisait l'obtention d'un niveau d'hygiène environnemental et alimentaire satisfaisant, et de voies digestives plus saines. Sous leur forme non dissociée, les acides organiques parviennent à pénétrer la paroi de la bactérie et à perturber ses processus métaboliques en modifiant son pH interne. Les bactéries doivent alors mobiliser des ressources considérables pour ramener leur pH à un niveau normal, optimal du point de vue métabolique. L'effort fourni par la bactérie pour rééquilibrer son pH cellulaire interne est tel qu'il peut entraîner une interruption de sa croissance, voire sa destruction. Les anions de l'acide organique sont emprisonnés dans la cellule car ils ne diffusent pas librement à travers la paroi. L'accumulation d'anions devient toxique pour la bactérie, interrompant la synthèse des enzymes et de l'ADN. Au cours des dernières décennies, il est devenu de plus en plus fréquent d'associer différents acides organiques et d'en utiliser un mélange d'acides plutôt que des acides isolés. En effet, l'utilisation de plusieurs acides organiques combinés permet d'élargir leur spectre d'activité. Il a été démontré que l'effet antibactérien d'un mélange d'acide formique et d'acide propionique sur les salmonelles et E. coli (Biotronic® SE/forte) pouvait augmenter de 24 %, par rapport à l'effet de ces mêmes produits acides utilisés de manière individuelle. En outre, il existe un faisceau croissant d'arguments en faveur de l'action synergique de certaines huiles essentielles ou leurs composants phytochimiques, ainsi que de certaines substances perméabilisantes, avec les acides organiques. Ces substances n'ont généralement aucun effet bactéricide mais sont capables de fragiliser la membrane extérieure des bactéries à Gram négatif et de renforcer l'action d'autres agents antibactériens. Cependant, l'action des substances perméabilisantes varie en fonction de l'agent antibactérien utilisé. Lors de leur utilisation conjointe, il est fondamental que les substances perméabilisantes et les agents antibactériens choisis interagissent de manière à augmenter la perméabilité

Un magazine de BIOMIN

de la paroi de l'agent pathogène. Cet effet synergique a été confirmé dans Biotronic® Top3, un produit auquel une substance perméabilisante, Biomin® Permeabilizing Complex, a été ajoutée afin de renforcer les propriétés antibactériennes d'un mélange d'acides organiques et d'une substance phytochimique, le cinnamaldéhyde.

Matières premières et aliments composés

Les aliments contaminés sont une source bien connue de salmonellose et une voie potentielle de transmission de la maladie à l'animal et à l'homme. Il a été démontré que l'utilisation d'un traitement thermique, généralement lors de la phase de conditionnement, de granulation ou d'extrusion, permettait de réduire efficacement la charge microbienne dans les aliments, même s'il reste impossible d'obtenir une « stérilité alimentaire » absolue. En outre, ces méthodes n'empêchent pas la recontamination des aliments qui représente un réel danger au niveau de la chaîne de production alimentaire, notamment dans le secteur des produits finis, la zone de refroidissement des granulés, le transport des aliments en vrac jusqu'à l'exploitation et le stockage des aliments dans les silos. De nombreuses mesures doivent être prises pour assurer un niveau d'hygiène alimentaire satisfaisant, parmi lesquelles le traitement thermique et l'ajout de composés permettant de contrôler les micro-organismes dans les aliments. L'ajout permanent d'acides organiques dans les aliments a un effet protecteur résiduel, qui contribue à réduire le risque de recontamination des aliments et à minimiser la contamination du matériel servant au broyage des aliments et à l'alimentation des animaux. L'efficacité antibactérienne de la gamme de produits Biotronic® dans les aliments contaminés de manière artificielle a été évaluée au cours d'un essai réalisé sur des cultures. Les aliments ont été contaminés par une quantité importante de Salmonella Enteritidis avant d'être dilués avec du sérum physiologique. Le dénombrement des salmonelles a été réalisé après contamination, au bout de 0, 1 et 2,5 heures d'incubation dans des conditions optimales. Les résultats ont montré que la réplication des salmonelles avait lieu de manière régulière en présence de conditions optimales, alors que leur nombre diminuait dans les aliments contenant la substance acidifiante (figure 1). De nombreux fabricants d'aliments se montrent réservés vis-à-vis de l'utilisation d'acides organiques et de leurs combinaisons. En effet, le pouvoir corrosif de ces acides peut endommager le matériel, notamment si une grande partie de la production est traitée. BIOMIN a trouvé la solution : sa gamme de produits Biotronic® comprend des acides organiques

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Zéro salmonelle : est-ce possible ?

Points de contrôle des salmonelles Couvoir et bâtiments d'élevage

Matières premières et aliments composés

Eau

Environnement de l'exploitation

Tableau 1. Dosage quantitatif de S. Enteritidis dans le cæcum 5 et 10 jours post-infection Échantillon de contenu cæcal log UFC de salmonelles/g digestat

Groupes

5 jours post-infection*

10 jours post-infection

Témoin

2,25a

2,63a

Biotronic® Top3 1 kg/t d'aliments

0,87b

1,29b

*Niveau d'infection : 105 unités formant colonie (UFC) de S. Enteritidis; a,b différence significative P<0.05.

au pouvoir tampon, dont le pouvoir corrosif sur les surfaces métalliques a été supprimé afin qu'ils puissent être utilisés dans les usines de fabrication d'aliments.

Contrôle des salmonelles

Certains sérotypes de salmonelles, comme Salmonella Enteritidis par exemple, possèdent des propriétés innées capables d’infecter le système reproducteur des volailles. Le passage d’un œuf dans le cloaque contaminé ou dans un environnement infecté par des salmonelles peut entraîner une contamination de la partie extérieure de la coquille de l’œuf. La contamination interne de l’œuf est liée à l’entrée de la bactérie dans la coquille par l’intermédiaire de fissures, ou à la colonisation du système reproducteur permettant à la bactérie de pénétrer dans l’œuf lors de sa formation. Dans la plupart des pays européens, la mise en œuvre de programmes de surveillance des salmonelles a aujourd’hui permis de réduire le nombre de cas de salmonellose humaine liée

Nombre de salmonelles, UFC/ml

Figure 1. Effet de l'acidification sur la diminution de la quantité de salmonelles dans des aliments contaminés de manière artificielle. 1,00E+05 1,00E+04 1,00E+03 1,00E+02 1,00E+01 1,00E+00 Aliments contaminés par des salmonelles ■ 0 heure Source : études BIOMIN, 2013

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Aliments contaminés par des salmonelles + Biotronic® ■ 1 heure

■ 2,5 heures

Source : études BIOMIN, 2013

à la consommation d’œufs contaminés. Malheureusement, cette infection n’est pas encore complètement éradiquée et les frais d’hospitalisation et de traitement peuvent s’élever à 4 000 € par patient. L’efficacité de Biotronic® sur la réduction de S. Enteritidis dans les voies digestives a été évaluée chez des poulets de chair EOPS contaminés de manière artificielle. L’alimentation des poulets témoins était constituée d’un aliment standard pour poulets de chair, alors que l’alimentation du groupe traité contenait Biotronic® Top3 à raison de 1 kg/t d’aliment. Les résultats ont mis en évidence une diminution de la quantité de S. Enteritidis de 1,4 et 1,3 log UFC/g digestat dans le groupe Biotronic® Top3, à 5 et 10 jours post-infection, respectivement (tableau 1). Cette diminution (en log) a été convertie en pourcentage et a permis de montrer que la quantité de salmonelles présentes dans le contenu cæcal des animaux traités était 90 % inférieure à celle du groupe témoin.

Prévention

Le contrôle des salmonelles est un élément indispensable pour éviter qu'elles ne s'introduisent dans l'élevage. Un nombre significatif d'agents pathogènes sont véhiculés par les aliments et il est quasiment impossible d'obtenir des aliments totalement exempts de salmonelles. Il est par conséquent essentiel d'utiliser les technologies et les savoir-faire actuels pour renforcer l'hygiène alimentaire en réduisant le nombre de bactéries à un niveau compatible avec la sécurité de l'animal, en évitant la recontamination des aliments et en adoptant une stratégie adéquate de conduite de l'élevage. L'ajout d'acidifiants dans l'eau et l'aliment contribue à réduire l'apparition de salmonelloses et à renforcer la santé intestinale, augmentant ainsi les performances des volailles. Cette stratégie peut être considérée comme un outil de gestion permettant de contrôler efficacement les salmonelles, un des principaux problèmes pour la filière avicole actuellement.

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Raj Murugesan

Spécialiste Technique

Illu: anton_novik

Intégrité intestinale — l'élément fondamental pour des performances optimales

Fonction de la barrière intestinale

Le secteur des productions animales doit aujourd'hui surmonter des obstacles majeurs tels que l'augmentation du prix des matières premières et les épizooties pour augmenter son niveau de production de manière efficace et satisfaire les besoins d'une population mondiale toujours croissante. Dans ce contexte, la santé intestinale joue un rôle primordial sur la productivité des animaux ; elle peut être considérée, en effet, comme l'élément fondamental en termes de performances zootechniques.

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Intégrité intestinale – l’élément fondamental pour des performances optimales Fonction de la barrière intestinale

I

l est beaucoup plus difficile de maintenir ou d'améliorer l'état de santé intestinale des animaux élevés en exploitation commerciale. Tout facteur ayant un impact négatif sur la santé intestinale aura sans aucun doute un impact sur l'animal dans son ensemble, et entraînera une modification de sa consommation et de ses besoins nutritionnels, à l'origine d'une diminution de ses performances. La santé de l'intestin repose avant tout sur son intégrité, un processus extrêmement complexe qui englobe l'intégrité de la macro et de la microstructure intestinale, l'équilibre de la microflore, le statut du système immunitaire associé à l'intestin et les dépenses énergétiques liées au métabolisme. Cet article passe en revue la fonction de la barrière intestinale et son impact sur les performances des animaux. Organe du système immunitaire le plus important de l'organisme, le tractus intestinal abrite plus de 650 espèces bactériennes différentes, contient plus de 20 hormones distinctes, digère et absorbe la plupart des nutriments, et mobilise 20 % des dépenses énergétiques totales de l'animal.

Fonction de la barrière intestinale Le tube digestif est un organe vital doté de fonctions antagonistes, qui joue un rôle majeur dans la digestion et l'absorption des nutriments alimentaires. Parallèlement, l'intestin constitue la barrière la plus importante entre l'intérieur de l'organisme et le milieu extérieur. La capacité de l'épithélium à contrôler l'absorption des molécules dans l'organisme est appelée « fonction barrière ». La structure complexe de la barrière intestinale constitue une ligne de défense immunologique, physiologique et physique. L'épithélium intestinal possède une fonction de défense immunitaire importante grâce à la sécrétion de mucus dans la lumière intestinale permettant de lier, diluer puis entraîner les agents pathogènes et les substances nocives. Les jonctions serrées, qui relient les cellules épithéliales entre elles de manière à former une couche continue, limitent la pénétration transcellulaire et paracellulaire des molécules et constituent ainsi le principal composant de la barrière

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physiologique. En outre, l'épithélium lui-même, composé de villosités et de cryptes ainsi que de composants cellulaires épithéliaux et endothéliaux, forme une barrière physique et s'impose comme le dernier rempart contre l'entrée d'éléments extérieurs. Grâce à la coordination des différentes barrières, la structure complexe qu'est la barrière intestinale parvient à lutter contre les facteurs de stress externes. Parmi les facteurs de stress pouvant altérer la santé et la production des animaux de rente, citons les agents pathogènes, les endotoxines, les mycotoxines, ainsi que l'environnement (températures élevées ou basses), le retrait des mangeoires avant abattage, les changements d'alimentation, la vaccination, le jeûne et le transport.

Barrière immunologique

Le premier contact entre l'hôte et la microflore intestinale a lieu au niveau de l'épithélium recouvrant la muqueuse, composé de mucines. Les mucines constituent la première ligne de défense contre les agents pathogènes. Elles interagissent de façon importante avec les bactéries commensales et probiotiques. Ce sont des glycoprotéines réparties en familles distinctes (mucines gélifiantes, solubles et liées à la membrane). De nombreux agents pathogènes intestinaux commencent par se lier aux cellules épithéliales afin de traverser la barrière intestinale pour intégrer la circulation, et d'altérer la sécrétion liquidienne et électrolytique. Par conséquent, le fait d'interrompre l'adhésion des bactéries intestinales pourrait présenter des bienfaits thérapeutiques pour l'hôte. La structure saillante filamenteuse des mucines, dotée d'une charge négative, leur confère un rôle de barrière sélective protégeant les cellules épithéliales. Dans des circonstances normales, les mucines ne laissent qu'une infime quantité d'antigènes intacts traverser la muqueuse : ces antigènes interagissent alors avec le système immunitaire de la muqueuse afin de réguler négativement l'inflammation, phénomène encore connu sous le terme de tolérance orale. Cependant, en présence de facteurs de stress, il existe une altération de la synthèse des mucines à partir des cellules caliciformes, l'organisme ne pouvant alors lutter efficacement contre les agents pathogènes.

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Raj Murugesan

Spécialiste Technique

Jonction serrée

Villosités Cellules épithéliales

Voie paracellulaire

Voie transcellulaire

Figure 1. Voies transcellulaire et paracellulaire dans l'épithélium intestinal.

Barrière physiologique

Les jonctions serrées épithéliales sont le principal composant de la barrière physiologique intestinale car elles relient les cellules épithéliales et endothéliales entre elles et fonctionnent comme un véritable système de « clôture ». La fonction barrière des jonctions serrées se définit par la capacité des surfaces recouvertes d'endothélium et d'épithélium à restreindre, de manière différenciée, le passage de l'eau, des ions et des solutés plus gros, en fonction de leur taille et de leur charge, via l'infiltration paracellulaire. La présence de facteurs de stress ou l'exposition à de tels facteurs menace l'intégrité des jonctions serrées, entraînant une augmentation de la conductance des ions à travers la voie paracellulaire (figure 1). Ce phénomène, souvent connu sous le terme de syndrome de l'intestin perméable, permet surtout aux agents pathogènes, endotoxines et mycotoxines de s'infiltrer dans l'ensemble de l'organisme, y compris dans les organes vitaux, en diminuant l'intégrité des jonctions serrées et en augmentant ainsi leur passage dans la circulation.

Barrière physique

L'épithélium gastro-intestinal connaît des modifications morphologiques et physiologiques immédiatement après la naissance/l'éclosion, avec une augmentation de la surface de digestion et d'absorption, essentielle à l'expression complète du potentiel génétique de croissance de l'animal. Le degré de plasticité élevé de l'épithélium intestinal (modification de la densité et de la hauteur villositaires, de la profondeur des cryptes et de la vitesse de renouvellement épithélial) lui permet de lutter contre les agents pathogènes. Les cryptes sont considérées comme de véritables usines à villosités car elles contiennent des cellules souches ; par conséquent, l'existence de cryptes plus profondes révèle un renouvellement tissulaire plus rapide et une demande en nutriments plus élevée pour les nouveaux tissus. Cependant, une augmentation de la vitesse de renouvellement tissulaire (qui permet le renouvellement

Un magazine de BIOMIN

Microvillosités

Crypte de Lieberkühn Musculaire-muqueuse Figure 2.Villosités et cryptes du système digestif. Source : université de Waikato, 2011

des villosités et des cryptes) est nécessaire en réponse à l'inflammation liée aux agents pathogènes ou à leurs toxines (figure 2). La diminution de la hauteur villositaire et l'augmentation de la profondeur des cryptes (diminution du ratio) sont à l'origine d'une augmentation de la sécrétion endogène et d'une baisse de l'absorption des nutriments, de la résistance aux maladies et des performances de l'animal.

Résumé

Il existe un faisceau croissant d'arguments indiquant que les facteurs de stress pourraient avoir un impact sur plusieurs des composantes de la fonction de la barrière intestinale et avoir des répercussions négatives sur la perméabilité épithéliale. Les différents types de barrière décrits ci-dessus permettent à l'intestin de se protéger, et ainsi de protéger l'animal, contre les différents facteurs de stress physiques et physiologiques. L'intégrité intestinale est menacée lorsqu'il existe des conditions favorisant la présence de ces facteurs de stress ou l'exposition de l'animal à de tels facteurs. De nombreux agents pathogènes peuvent être à l'origine d'affections cliniques manifestes ou d'affections subcliniques plus discrètes. Les affections subcliniques apparaissent assez soudainement et les symptômes sont frustres. Les animaux utilisent les nutriments qu'ils absorbent pour lutter de différentes manières contre les agents pathogènes, en activant leur système immunitaire par exemple. Ces nutriments auraient normalement dû être utilisés pour stimuler la croissance et la productivité de l'animal, et ces pertes représenteraient 10 à 12 % des nutriments absorbés par l'animal à un moment donné. Voilà pourquoi il est important de comprendre que même une faible quantité de facteurs de stress peut avoir un impact négatif sur la productivité de l'animal. Le maintien de l'intégrité et de la santé

Parmi les facteurs de stress pouvant altérer la santé et la production des animaux de rente, citons les agents pathogènes, les endotoxines, les mycotoxines, ainsi que l'environnement (températures élevées ou basses), le retrait des mangeoires avant abattage, les changements d'alimentation, la vaccination, le jeûne et le transport.

intestinales constitue la première étape vers une production plus efficace. Les références bibliographiques sont disponibles sur simple demande.

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Paula Kovalsky

Chef de produit, gestion des risques sur les mycotoxines

Mise à jour 2013 sur les mycotoxines Quelles mycotoxines pouvons-nous nous attendre à trouver dans les aliments pour volailles ? La contamination des céréales par les mycotoxines est un problème à l'échelle mondiale, à l'origine d'une immunosuppression et d'une réduction de la réponse vaccinale chez les volailles. Ce phénomène entraîne une baisse des performances de l'animal et, à terme, une baisse de rentabilité. Les résultats de la dernière enquête BIOMIN sur les mycotoxines menée en 2013 montrent que le déoxynivalénol reste la mycotoxine la plus répandue dans le monde. Presque la moitié des aliments pour animaux fabriqués au niveau mondial est destinée à l'alimentation des volailles

D'après l'IFIF (International Feed Industry Federation – fédération internationale des industries de l'alimentation animale), la production mondiale d'aliments composés avoisine le milliard de tonnes par an. L'industrie des aliments pour volailles représente 45 % de la totalité du marché (figure 1). L'Asie est le plus grand producteur d'aliments et couvre 38 % de la production mondiale (figure 2). Les principales céréales utilisées dans l'industrie avicole sont le maïs et le blé ; le riz (grain entier et/ou fissuré) est également utilisé dans de nombreuses parties de l'Asie. La farine de soja est la principale source de protéine végétale utilisée. En raison de l'augmentation des prix des matières premières traditionnelles, l'industrie avicole s'est tournée vers les drêches de distillerie, une alternative rentable et nourrissante.

Les mycotoxines à surveiller

La dernière étude de BIOMIN sur les mycotoxines menée en 2013 s'est intéressée aux principales matières premières entrant dans la fabrication d'aliments pour volailles (maïs, blé, soja, riz et drèches) analysées entre janvier et septembre. Les données ont montré que plus de 73 % des échantillons testés présentaient un taux de mycotoxines supérieur aux limites de détection. La figure 3 présente le pourcentage d'échantillons testés positifs (% pos.), dont la teneur en mycotoxines dépassait le seuil de détection, ainsi que le niveau moyen Figure 1. Consommation des aliments pour animaux au niveau mondial, par espèce.

de contamination de tous les échantillons de produit testés positifs, en fonction des principales régions productrices. Les concentrations les plus élevées en aflatoxines (Afla) et en fumonisines (FUM) ont été observées dans les échantillons de maïs analysés aux États-Unis. Le taux de déoxynivalénol (DON) le plus élevé pour le blé a été retrouvé dans les échantillons de Chine.

Les mycotoxines diminuent les performances des volailles

L'alimentation est le poste de dépense le plus important en production avicole et représente jusqu'à 50 % du coût total d'élevage. Il est indispensable d'assurer une alimentation de qualité aux volailles, mais la contamination inévitable des céréales par les mycotoxines rend la tâche difficile. Les effets des mycotoxines sur l'animal dépendent de son âge, de son statut physiologique, de son alimentation, et du type et de la quantité de mycotoxines ingérées. L'altération du système immunitaire diminue la réponse immunitaire chez les animaux nourris avec des aliments contaminés par des mycotoxines. Il a été démontré que les mycotoxines diminuaient la résistance de l'animal à de nombreux agents pathogènes, le rendant ainsi plus sensible aux maladies. Même à des concentrations inférieures aux niveaux figurant dans les recommandations européennes (5 ppm pour le DON et 20 ppm pour les FUM), le DON et les FUM prédisposent les volailles à l'entérite nécrotique due à Clostridium perfringens, l'une des principales pathologies des élevages de volailles. Figure 2. Production alimentaire mondiale, par zone.

400 300 200 100 0 Volailles Ruminants Porcs Aquaculture

Source : IFIF, 2013

8

400 Millions de tonnes

Millions de tonnes

500

300 200 100

0 Amérique Amérique latine Europe du Nord Source : IFIF, 2013

Moyen-Orient + Afrique

Asie

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Maïs États-Unis Afla ZEN % pos. 67% 30% Moyenne [ppb] 89 9

DON 40% 212

FUM OTA 100% 13% 6226 1

Europe Afla % pos. 69% Moyenne [ppb] 12

Maïs ZEN 32% 47

DON 61% 525

FUM 90% 1692

OTA 58% 7

% pos. 21% Moyenne [ppb] 1

Blé 11% 17

73% 983

6% 190

17% 2

DON 92% 919

FUM 32% 1257

OTA 7% 6

91% 1877

4% 564

7% 3

Chine Afla % pos. 6% Moyenne [ppb] 36 Brésil Afla % pos. 17% Moyenne [ppb] 4

Maïs ZEN 40% 224

DON 40% 321

FUM 91% 3193

OTA 0% 0

% pos. 0% Moyenne [ppb] 0

Maïs ZEN 65% 353 Blé 39% 44

Les résultats de l'enquête BIOMIN sur les mycotoxines menée en 2013 montrent que le DON reste la mycotoxine la plus répandue dans le monde. Le DON et les fumonisines prédisposent les volailles à l'entérite nécrotique, l'une des principales pathologies des élevages de poulets de chair.

Dans le monde Soja Afla ZEN DON FUM OTA % pos. 29% 33% 23% 20% 29% Moyenne [ppb] 2 24 383 192 2

Afla % pos. 42% Moyenne [ppb] 14

Riz ZEN DON FUM OTA 50% 37% 32% 24% 114 141 218 2

Drèches Afla ZEN DON FUM OTA % pos. 67% 60% 77% 84% 21% Moyenne [ppb] 7 87 1038 2756 12

Figure 3. Prévalence des mycotoxines par région, produit et type de toxine, présentée sous forme de % de valeurs positives supérieures au seuil de détection (% pos.) et au niveau moyen de contamination (ppb) de tous les échantillons testés positifs dans les principales régions productrices (de maïs et de blé) et à travers le monde (pour le soja, le riz et les drèches). L'enquête offre des informations sur le taux de prévalence des mycotoxines les plus importantes en agriculture et en production animale, et englobe les aflatoxines (Afla), le zéaralénone (ZEN), le déoxynivalénol (DON), les fumonisines (FUM) et l'ochratoxine A (OTA).

Figure 4. Pourcentage de poulets de chair présentant des lésions d'entérite nécrotique sur un ensemble de 90 poulets par groupe d'étude % de poulets de chair présentant des lésions d'entérite nécrotique

Une augmentation des lésions d'entérite nécrotique a été observée chez les poulets de chair infectés par C. perfringens et nourris avec des aliments contaminés par le DON et les FUM, par rapport au groupe témoin (figure 4). Le DON altère également la réponse vaccinale de l'animal, ce qui peut par exemple se solder par une diminution des titres en anticorps contre le virus de la bronchite infectieuse et en anticorps humoraux contre la maladie de Newcastle chez les poulets de chair. L'ingestion de mycotoxines est à l'origine d'une baisse de l'ensemble des performances des volailles. La diminution de la production d'œufs, de la qualité des œufs et de l'éclosabilité, ainsi que l'augmentation de la mortalité et une détérioration de l'indice de consommation, font partie des effets des mycotoxines susceptibles entraîner de lourdes pertes économiques.

60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0%

C. perfringens + C. perfringens + C. perfringens + C. perfringens + aliment témoin fumonisines fumonisines et DON DON Source : Antonissen, 2013

Résumé

La demande mondiale de volailles ne cesse d'augmenter malgré des coûts de matières premières et de production élevés. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture estime que la production de volailles atteindra 106 millions de tonnes en 2013. La demande de volailles de qualité est directement liée à la demande d'aliments de qualité. Les effets des mycotoxines chez les volailles revêtent souvent une forme subclinique et sont par conséquent peu ou pas pris en compte par les responsables techniques des exploitations

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