Numéro 07 • Volailles Un magazine de
Probiotiques et symbiotiques Protéger dès le premier jour Lutte contre Campylobacter chez les poulets de chair Les probiotiques démontrent leur efficacité dans la lutte contre les pathogènes entériques
Symbiotiques et microflore Prévention de la dysbiose et amélioration de la santé intestinale chez les jeunes poussins
Éditorial Produits contaminés Les inquiétudes suscitées par les problèmes de santé humaine d'origine alimentaire ne sont pas nouvelles. Au cours des années 1970, le RoyaumeUni a régulièrement connu des alertes d'épidémies de salmonellose liées à la consommation de dinde mal décongelée puis insuffisamment cuite, souvent pendant les fêtes de fin d'année. La situation a évolué vers la fin de l'année 1988, lorsque le ministre britannique de la Santé a informé le Parlement que 90 % des élevages de poules pondeuses du pays étaient infectés par Salmonella enteritidis. Bien que ce problème soit initialement apparu au Royaume-Uni, ses répercussions se sont fait ressentir à l'échelle mondiale, entraînant un manque à gagner considérable pour la filière. Cela a permis de mettre en lumière le problème des infections à Salmonella dans la production des poulets de chair. Des protocoles de test similaires à ceux utilisés chez les poules pondeuses ont alors été mis en place dans ce secteur. Malgré tous les investissements réalisés, les infections à Salmonella demeurent une préoccupation de premier plan dans la plupart des régions du monde, en étant la première cause de gastroentérites d'origine alimentaire. Seule l'Europe occidentale fait exception, les infections à Campylobacter jejuni y ayant aujourd'hui dépassé les infections à Salmonella. Face à ce constat, un groupe de travail a été créé à l'échelle européenne afin de réfléchir aux moyens de réduire l'incidence de ces infections dans les élevages et les ateliers de transformation, l'objectif visé étant l'élimination de Campylobacter de la chaîne alimentaire. Les actions menées depuis le début des années 2000 portent essentiellement sur l'élaboration d'alternatives thérapeutiques aux antibiotiques, dans le but de réduire l'impact des maladies transmises par les aliments ou préjudiciables sur le plan commercial. Les acidifiants se révèlent efficaces pour réduire la contamination microbienne des poulaillers et diminuer ainsi la charge de certains agents pathogènes Gram-négatifs dans le tube digestif. Les probiotiques, introduits pour la première fois chez les poulets de chair pour combattre une infection à Salmonella spécifique en Finlande, se développent non sans succès pour la lutte contre les salmonelles. Des études récentes semblent démontrer qu'ils peuvent également constituer un outil puissant pour réduire l'incidence des contaminations par Campylobacter. Je parie qu'à l'avenir, les probiotiques vont être de plus en plus utilisés pour réduire les niveaux de contamination par Salmonella et Campylobacter chez les volailles.
Andrew ROBERTSON Responsable technique Volailles
Science & Solutions
Sommaire Prévenir la colonisation par Campylobacter chez les poulets de chair
2
Lutter très tôt contre les pathogènes entériques sans augmenter le recours aux antibiotiques. Par Wael Abdelrahman, DVM
Réguler la microflore intestinale au moyen de symbiotiques
6
Donner un bon départ aux jeunes poussins grâce à une flore microbienne intestinale saine et stable. Par Filipe Ribeiro, BV
Cut & Keep
Checklist
Mes volailles sont malades : de quoi s'agit-il ?
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Fiche pratique d'aide au diagnostic détachable : symptômes, causes et solutions.
Science & Solutions est un magazine mensuel de BIOMIN Holding GmbH, disponible gratuitement pour nos clients et partenaires. Chaque numéro de Science & Solutions comprend plusieurs rubriques relatives aux dernières nouveautés scientifiques en matière de nutrition et de santé animales, en ciblant spécifiquement une espèce (volaille, porc ou ruminant) chaque trimestre. ISSN: 2309-5954 Pour obtenir une copie numérique ou de plus amples informations, consultez le site http://magazine.biomin.net Pour une reproduction des articles ou pour vous abonner à Science & Solutions, veuillez nous contacter à l'adresse: magazine@biomin.net Rédactrice en chef : Daphne Tan Contributeurs : Wael Abdelrahman, Filipe Ribeiro, Andrew Robertson, Simone Schaumberger Marketing : Herbert Kneissl, Cristian Ilea Graphistes : Reinhold Gallbrunner Recherches : Franz Waxenecker, Ursula Hofstetter, Mickaël Rouault Biomin Holding GmbH Éditeur : Industriestrasse 21, 3130 Herzogenburg, Austria Tel: +43 2782 8030 www.biomin.net Imprimé en Autriche sur papier respectueux de l'environnement. ©Copyright 2014, BIOMIN Holding GmbH Tous droits réservés. Aucune partie de ce magazine ne peut être reproduite, sous quelque forme que ce soit, à des fins commerciales sans l'autorisation écrite du détenteur des droits d'auteur, sauf dans les cas prévus par les dispositions de la loi sur les droits d'auteurs, les dessins industriels et les brevets de 1988 (Copyright, Designs and Patents Act). Toutes les photos présentées sont la propriété de BIOMIN Holding GmbH ou sont exploitées sous licence.
Une magazine de BIOMIN
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Prévenir la colonisation par
Campylobacter chez les poulets de chair
Figure 1. Campylobacter jejuni est une bactérie microaérophile Gram-négative non sporulée ; c'est l'une des principales causes de gastroentérite humaine au monde.
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Science & Solutions
Wael Abdelrahman Consultant technique, Probiotiques volailles
Au cours des 20 dernières années, Campylobacter s'est imposé comme la première cause de gastroentérite bactérienne chez l'Homme à l'échelle mondiale. Les sujets atteints présentent des signes de diarrhée aiguë ou des complications plus graves telles que le syndrome de Guillain-Barré ou l'arthrite. Selon l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), le coût de la campylobactériose en matière de santé publique et de baisse de productivité s'élèverait à près de 2,4 milliards d'euros par an dans l'Union européenne (UE).
P
Les volailles jouent généralement un rôle clé dans la campylobactériose humaine, infection dont l'origine la plus fréquente est la consommation ou la mauvaise manipulation de viande de volaille crue ou mal cuite, ou la contamination d'aliments prêts à être consommés qui sont entrés en contact avec de la viande de volaille crue. De ce fait, la diminution de la colonisation des poulets par cette bactérie pourrait réduire l'incidence des infections humaines. L'une des problématiques liées à la lutte contre la campylobactériose est que
Campylobacter se comporte comme un micro-organisme commensal chez les volailles en bonne santé, sans provoquer de maladie clinique. Il vit dans la muqueuse cæcale, mais ne pénètre pas dans les cellules intestinales. Plusieurs outils permettent de lutter contre les pathogènes entériques chez les volailles. Les techniques d'exclusion compétitive et l'emploi de probiotiques et de symbiotiques spécifiques permettent de manipuler ou de maîtriser efficacement la composition de la flore microbienne dans le tube digestif des volailles, protégeant ainsi les volailles d'élevage des bactéries pathogènes.
Figure 2. Activité antimicrobienne de souches de bactéries probiotiques prélevées dans le tube digestif de poulets (Enterococcus faecium, Pediococcus acidilactici, Lactobacillus salivarius et Lactobacillus reuteri, ainsi qu'un mélange de ces souches avec Bifidobacterium animalis) contre Campylobacter jejuni dans le milieu de co-culture, exprimée en indice d'inhibition (diamètre de la zone d'inhibition [cm]/diamètre de la souche testée [cm]. 2.00 1.80
Photo: Shutterstock-Sebastian Kaulitzki
Indice d'inhibition
1.60
Une magazine de BIOMIN
1.40 1.20 1.00 0.80 0.60 0.40 0.20 0.00 Enterococcus faecium
Pediococcus Lactobacillus Lactobacillus acidilactici salivarius reuteri
PoultryStar®
Source : Ghareeb et al., 2012
3
Wael Abdelrahman Consultant technique, Probiotiques volailles
L'industrie avicole a recours à plusieurs outils pour lutter contre les pathogènes entériques : antibiotiques, vaccins, acidifiants, additifs phytogéniques, prébiotiques et probiotiques. Cependant, à l'heure où un nombre croissant de pays interdit l'utilisation des antibiotiques facteurs de croissance (AFC) dans l'alimentation animale et où les consommateurs s'inquiètent de plus en plus de l'usage excessif et inconsidéré des antibiotiques, les acteurs de la filière s'intéressent davantage à l'évaluation d'alternatives aux antibiotiques.
Tableau 1. Essai no 1, jours 8 et 15. Taux de Campylobacter dans le cæcum (log UFC/g) après exposition à 105 UFC/ml d'une souche naturelle de Campylobacter jejuni au jour 1. PoultryStar® 2 mg/animal/jour
Témoin positif Animal/Âge 1
PoultryStar® 2 mg/animal/jour
Témoin positif
Jour 8
Jour 15
7,92
<3
>8
3,59
2
7,74
3,00
>8
3,72
3
3,90
<3
>8
4,10 3,30
4
6,45
4,38
>8
5
4,85
<3
>8
<2
6
7,53
<3
>8
2,78
7
6,79
<3
>8
<2
8
7,86
<3
>8
<2
9
7,51
<3
>8
4,18
10
5,18
<3
>8
<2
11
>8
<3
>8
<2
12
<3
<3
>8
<2
Moyenne
6,67a
4,10b
>8a
3,82b
a, b
Des exposants différents sur une même ligne révèlent des écarts significatifs entre les moyennes (P = 0,001) Source : Ghareeb et al., 2012
Des probiotiques pour les volailles
Un projet multinational financé par l'UE
a réuni cinq industriels et trois organismes de recherche dans le but de mettre au point un produit probiotique multi-espèce sûr et précis,
PoultryStar® et inhibition de Campylobacter chez les poulets de chair Des travaux menés par le CESAC (Centre de Sanitat Avícola de Catalunya i Aragó) ont permis de découvrir que l'administration prophylactique du probiotique multi-espèce PoultryStar®, destiné aux volailles, à des poulets de chair entraînait une diminution significative de la colonisation cæcale par Campylobacter jejuni, lors de deux essais indépendants menés sur des poulets de chair infectés expérimentalement. Les chercheurs se sont procuré des poussins de 1 jour (Ross 308, sexe mixte) auprès d'un couvoir industriel, avec leurs certificats d'origine et de bonne santé. Ils ont prélevé le cæcum de 10 oiseaux choisis au hasard et y ont recherché la présence d'espèces de Campylobacter afin de s'assurer que les oiseaux soumis à l'essai étaient négatifs pour Campylobacter. Les autres oiseaux ont été bagués à l'aile et placés dans des cages individuelles garnies de litière de copeaux de bois propre. la nourriture et l'eau étaient fournies à volonté. Les oiseaux ont reçu un aliment de démarrage à base de maïs et de soja non médicamenteux classique. Les conditions de température, de chauffage et de ventilation étaient conformes aux recommandations en vigueur dans le secteur. Méthode Les chercheurs ont réalisé deux essais afin d'évaluer l'efficacité de PoultryStar® sur la colonisation par Campylobacter jejuni des poulets de chair. Essai no 1 : Tous les animaux ont été gavés avec 0,1 ml d'une solution contenant 105 UFC/ml d'une souche naturelle de Campylobacter jejuni au jour 1. Quarante-quatre poussins de chair de 1 jour ont été répartis au hasard dans deux groupes : un groupe témoin positif exposé à Campylobacter et un groupe exposé à Campylobacter qui
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a en outre reçu 2 mg/animal/jour d'une solution PoultryStar® dans l'eau de boisson. Essai no 2 : tous les animaux ont été exposés à Campylobacter jejuni au jour 1 par l'introduction, dans chaque groupe, de quatre animaux inoculateurs gavés avec 0,1 ml d'une solution contenant 105 UFC/ml d'une souche naturelle de Campylobacter jejuni. Soixante-dix-huit poussins de chair de 1 jour ont été répartis au hasard dans trois groupes : un groupe témoin positif exposé à Campylobacter ; un groupe exposé à Campylobacter qui a en outre reçu 2 mg/animal/jour d'une solution PoultryStar® dans l'eau de boisson ; et un groupe exposé à Campylobacter qui a en outre reçu 20 mg/animal/jour d'une solution de PoultryStar® dans l'eau de boisson. Aux jours 8 et 15 des deux essais, 10 animaux de chaque groupe ont été euthanasiés et leur cæcum a été prélevé pour des cultures quantitatives individuelles de Campylobacter. Résultats Essai no 1 : l'administration de 2 mg/animal/jour d'une solution de PoultryStar® dans l'eau de boisson a entraîné une diminution significative (P = 0,001) de la colonisation cæcale par Campylobacter jejuni. Au jour 8 : Dix des douze animaux du groupe PoultryStar® ont présenté un nombre de Campylobacter inférieur à 3 log UFC/g,
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Prévenir la colonisation par Campylobacter chez les poulets de chair
destiné aux volailles. De nombreuses bactéries entériques ont été isolées dans les intestins de plusieurs poulets en bonne santé, puis caractérisées avec précision par l'association de techniques morphologiques, physiologiques et génotypiques. Des critères probiotiques déterminants tels que l'inhibition de bactéries pathogènes ont été évalués sur les souches les plus prometteuses. Un produit composé de souches appartenant aux genres Enterococcus, Pediococcus, Lactobacillus et Bifidobacterium (PoultryStar®, BIOMIN GmbH) a été élaboré à la lumière des résultats obtenus. Étant donné que ces souches probiotiques sont parvenues à inhiber Campylobacter jejuni (principale cause de campylobactériose humaine) in vitro, des essais ont été réalisés sur des animaux infectés expérimentalement afin d'évaluer l'efficacité in vivo de PoultryStar® sur Campylobacter jejuni.
Renforcement de l'immunité
Les résultats de ces recherches démontrent que l'emploi de probiotiques permet de renforcer les défenses naturelles des volailles contre les bactéries entériques et que ces produits constituent une alternative
Tableau 2a. Essai no 2, jour 8. Nombre de Campylobacter dans le cæcum (log UFC/g) après exposition à 105 UFC/ml d'une souche naturelle de Campylobacter jejuni au jour 1.
Comparé aux témoins, le groupe PoultryStar® a présenté une diminution de 6 log de la colonisation cæcale par Campylobacter jejuni. Même à la plus faible dose, PoultryStar® a permis de réduire efficacement le nombre de Campylobacter.
Une magazine de BIOMIN
PoultryStar® 20 mg/animal/ jour
1
8,52
<2
<2
2
7,78
<2
<2
3
8,15
<2
<2
4
6,48
<2
<2
5
6,30
<2
<2
6
9,02
<2
<2
7
7,60
<2
<2
8
9,60
<2
<2
9
8,38
<2
<2
10
6,30
<2
<2
Moyenne
7,81a
<2b
<2b
Bird (day 15)
Témoin positif
PoultryStar® 2 mg/animal/ jour
PoultryStar® 20 mg/animal/ jour
1
8,00
<2
<2
2
7,78
<2
<2
3
7,85
<2
<2
4
7,00
<2
<2
5
7,48
<2
<2
Au jour 15 : Tous les animaux du groupe témoin positif ont présenté un nombre de bactéries supérieur à 8 log UFC/g. Toutefois, dans le groupe PoultryStar®, le nombre maximal de bactéries s'est révélé nettement inférieur (P = 0,001) à 4,10 log UFC/g et la moitié des animaux ont présenté un nombre de bactéries inférieur à 2 log UFC/g (tableau 1).
Aux jours 8 et 15 : Le nombre de Campylobacter observé dans le cæcum des animaux du groupe PoultryStar® s'est révélé inférieur à 2 log UFC/g alors que le logarithme moyen du groupe témoin positif s'élevait respectivement à 7,81 log UFC/g au jour 8 et à 7,85 log UFC/g au jour 15 (P = 0,001) (tableaux 2a et 2b).
PoultryStar® 2 mg/animal/ jour
Tableau 2b. Essai no 2, jour 15. Nombre de Campylobacter dans le cæcum (log UFC/g) après exposition à 105 UFC/ml d'une souche naturelle de Campylobacter jejuni au jour 1.
ce qui est nettement inférieur au logarithme moyen du groupe témoin positif, à savoir 6,67 log UFC/g (P = 0.001).
Essai no 2 : l'administration de 2 mg/animal/ jour et de 20 mg/animal/jour d'une solution de PoultryStar® dans l'eau de boisson a entraîné une diminution significative (P = 0,001) de la colonisation cæcale par Campylobacter jejuni.
Bird (day 8)
Témoin positif
6
8,77
<2
<2
7
7,30
<2
<2
8
8,11
<2
<2
9
8,20
<2
<2
10
8,00
<2
<2
Moyenne
7,85a
<2b
<2b
a, b
Des exposants différents sur une même ligne révèlent des écarts significatifs entre les moyennes (P = 0,001) Source : Ghareeb et al., 2012
efficace aux antibiotiques dans l'industrie de l'élevage, réduisant ainsi la contamination bactérienne de la viande de volaille crue. L'introduction du symbiotique multi-espèce PoultryStar® a entraîné une diminution significative de la colonisation cæcale par Campylobacter jejuni chez les poulets de chair, grâce à son fort pouvoir antimicrobien. PoultryStar® présente ainsi des effets bénéfiques pour la diminution de la prévalence de Campylobacter chez les volailles et, par conséquent, de l'incidence de la campylobactériose chez l'Homme.
Les références bibliographiques sont disponibles sur demande.
5
Réguler la microflore intestinale au moyen de symbiotiques La microflore intestinale joue un rôle clé dans la santé des volailles. Le déséquilibre de cette microflore bénéfique peut parfois affecter la santé des animaux. Il est donc nécessaire de recourir à une supplémentation en probiotiques pour favoriser la dissémination des bactéries favorables.
L Qu'estce qu'un symbiotique ? L'association synergique de compléments alimentaires probiotiques et prébiotiques.
6
a microflore microbienne se forme pendant les premiers jours de la vie. À partir de l'âge de quatre jours, le nombre de bactéries augmente considérablement. La croissance bactérienne se stabilise à partir de la deuxième semaine de vie. La microflore intestinale peut être déstabilisée par des contraintes environnementales importantes. L'utilisation sous-thérapeutique d'antibiotiques comme facteurs de croissance constitue un enjeu de santé publique en raison de la transmission de micro-organismes antibiorésistants, dont la plupart se retrouvent généralement dans les déjections des volailles. Les bactéries dépensent énormément d'énergie pour préserver leur résistance aux antibiotiques. La pratique courante qui, dans l'industrie avicole, consiste à supprimer les antibiotiques ou à les remplacer par d'autres médicaments ne fait qu'aggraver le problème, entraînant l'émergence de bactéries multirésistantes.
Dysbiose intestinale
Certaines espèces d'Escherichia coli, Clostridium, Staphylococcus, Blastomyces, Pseudomonas et Salmonella font partie de la flore indésirable. La dysbiose est déséquilibre de la microflore intestinale caractérisé par une modification de la population en micro-organismes ; elle survient dans de nombreuses situations telles qu'un jeûne hydrique ou alimentaire prolongé, un stress ou certaines infections (provoquées par des virus, des bactéries, des champignons et des protozoaires), entraînant un déséquilibre de la flore et la prolifération de micro-organismes indésirables. En cas de dysbiose, la flore microbienne indésirable présente dans le tractus gastrointestinal réduit l'absorption des nutriments et augmente l'épaisseur de la muqueuse ainsi que la vitesse de passage des aliments. Cela perturbe les besoins nutritionnels de l'hôte et accélère le renouvellement des entérocytes, tout en réduisant la hauteur des villosités et la profondeur des cryptes.
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Filipe Ribeiro
Exclusion compétitive
Dans la lumière intestinale, la flore microbienne entre en concurrence avec l'hôte pour les nutriments (hexoses, acides aminés, acides gras, vitamines et autres nutriments issus du processus de digestion). Le déséquilibre provoqué par la dysbiose produit des amines biogènes (cadavérine, histamine, putrescine), de l'ammoniac et des gaz, qui sont très nocifs pour l'intégrité de la muqueuse et la santé intestinale. La flore bénéfique peut dominer et perdurer lorsque les micro-organismes se fixent dans l'épithélium intestinal et s'y multiplient plus rapidement qu'ils n'en sont éliminés par le péristaltisme intestinal, comme dans le cas de Lactobacillus et d'Enterococcus. Certains de ces microorganismes bénéfiques peuvent également vivre à l'état libre dans la lumière intestinale, sans être fixés sur la muqueuse intestinale.
et les cellules épithéliales de la paroi intestinale. Ce mécanisme est caractéristique des bactéries Gram-négatives (par exemple, Salmonella) qui présentent des structures de surface appelées fimbriae (pili). Ces structures facilitent la liaison entre les lectines présentes à leur surface et les récepteurs de l'épithélium (figure 1). La capacité de nombreux microorganismes à adhérer à l'épithélium intestinal est indispensable à leur subsistance et à leur développement. Elle leur permet de ne pas être éliminés par le péristaltisme. Un moyen de prévenir la colonisation intestinale par des agents pathogènes consiste à saturer les sites des récepteurs épithéliaux, action exercée par la plupart des probiotiques. Le mécanisme d'adhérence varie d'une bactérie à l'autre ; par exemple, l'adhérence de Lactobacillus est régulée par le glycocalyx et par les protéines de sa paroi cellulaire. Les probiotiques sont des micro-organismes capables de se multiplier et de s'adapter rapidement à l'environnement intestinal chez la plupart des animaux et d'empêcher la fixation de bactéries indésirables dans le tractus gastro-intestinal.
Pourquoi protéger le tractus gastro-intestinal ?
Le fragile équilibre qui existe entre les micro-organismes et le système digestif des poussins de 1 jour n'offre pas toujours une protection suffisante contre les agents pathogènes indésirables. Il convient alors d'adopter une stratégie de défense permettant une relation symbiotique entre l'hôte et les micro-organismes, avec des effets bénéfiques pour les deux partenaires.
Près de 90 % de la microflore intestinale est constituée de bactéries anaérobies facultatives qui produisent de l'acide lactique (Bacillus, Bifidobacterium, Lactobacillus) et de bactéries anaérobies strictes (Bacteroides, Fusobacterium, Eubacterium). Les 10 % restants comprennent, entre autres, E. coli, Proteus, Clostridium, Staphylococcus, Blastomyces et Pseudomonas. La moindre altération cette composition bactérienne provoque une dysbiose, une entérite, et donc, une dégradation des performances des animaux.
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Responsable technique Volailles
Figure 1. Les bactéries Gram-négatives (par ex. E. coli) se fixent sur les cellules épithéliales au moyen de fimbriae P ou de pili de type 1. Cela facilite l'invasion, la réplication et l'exfoliation ultérieures des cellules hôtes.
Intégrité du tube digestif
Les principaux mécanismes de défense contre les infections dues à des microorganismes entéropathogènes sont les suivants : une muqueuse intestinale intacte qui forme une véritable barrière ; un système immunitaire efficace ; et une flore probiotique saine qui se fixe sur l'épithélium intestinal, prévenant ainsi la colonisation de l'intestin par des agents pathogènes. L'un des principaux mécanismes d'agression du tube digestif par les microorganismes est la fixation ou l'interaction spécifique qui se produit entre les bactéries
Une magazine de BIOMIN
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Filipe Ribeiro Responsable technique Volailles
Litière humide due à une dysbiose
L'administration de probiotiques reconstitue la flore bactérienne bénéfique dans le tractus gastro-intestinal, limitant ainsi l'action des pathogènes et régulant leur population.
Saviez
-vous ... ... que les boiteries des volailles étaient liées aux pathogènes intestinaux ? Lisez cet article pour en savoir plus sur les problèmes de boiterie et leurs solutions !
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Les diarrhées révèlent une perte de l'intégrité intestinale. Clostridium, Salmonella et E. coli font partie des pathogènes que l'on peut retrouver dans la litière
Les poussins d'élevage d'un jour n'entrent pas en contact avec les poules reproductrices ; ils sont placés dans un environnement propre et désinfecté où ils ont peu de chances de développer rapidement une microflore intestinale protectrice, capable d'entrer efficacement en concurrence avec les agents pathogènes. Les premiers jours de vie constituent ainsi une période critique, avec un fort risque d'infection par des agents pathogènes tels que Clostridium, Salmonella et E. coli, qui peuvent être présents dans la litière. Une supplémentation en probiotiques constitue donc une mesure bénéfique. Dans des conditions favorables et en l'absence de flore eutrophe, ces microorganismes nocifs se multiplient rapidement dans le tractus gastro-intestinal, affectant la santé des volailles. L'administration de probiotiques reconstitue la flore bactérienne bénéfique dans le système digestif, limitant ainsi l'action des pathogènes et régulant leur population. Elle se révèle particulièrement utile après des situations de stress telles qu'un changement brutal d'alimentation, une privation alimentaire, des variations rapides de température, une exposition à des éléments « agresseurs » comme une entérite d'origine virale ou bactérienne dans le microbiote, ou une contamination des aliments par des mycotoxines.
Interactions entre probiotiques et prébiotiques
La symbiose stabilise l'environnement intestinal et augmente le nombre de bactéries bénéfiques productrices d'acide lactique, favorisant l'eubiose. L'administration de bactéries probiotiques et de prébiotiques contribue à l'eubiose et à la santé intestinale, empêchant la prolifération d'agents pathogènes. Les symbiotiques ont le pouvoir de moduler la réponse immunitaire en augmentant le nombre et l'activité des cellules phagocytaires de l'hôte. Cette action se révèle primordiale chez les animaux, où le tube digestif est l'organe le plus impliqué dans la constitution de l'immunité générale
non spécifique. Les oiseaux sont dépourvus de ganglions lymphatiques et leurs organes lymphoïdes sont disséminés le long du tube digestif : il s'agit des plaques de Peyer, des tonsilles cæcales et de la bourse de Fabricius. Ces tissus lymphoïdes sont sensibles aux antigènes présents dans le tractus gastro-intestinal, comme les probiotiques.
Une alternative sûre et innovante
La qualité de la viande de volaille et la production d'aliments d'origine animale sont soumises à des contrôles de plus en plus stricts. Les normes en vigueur en matière de sécurité alimentaire imposent l'intégration croissante des technologies agricoles et alimentaires. L'association des probiotiques et des prébiotiques crée un produit innovant qui est naturel, qui équilibre la flore intestinale et qui améliore la santé animale ainsi que les performances zootechniques. Le nouveau produit PoultryStar® de BIOMIN a été conçu pour renforcer la santé intestinale et augmenter la résistance des volailles aux infections pathogènes. Grâce à la mise au point de cette gamme de produits symbiotiques qui associe les effets bénéfiques des probiotiques et des prébiotiques sur le tractus gastro-intestinal, les éleveurs disposent désormais de nouveaux additifs alimentaires naturels pour améliorer la santé intestinale ainsi que le bien-être et les performances de leurs animaux. Les chercheurs ont étudié le mode d'action de cette gamme de produits en observant ses effets sur la structure histomorphologique du système digestif et sur la microflore des poulets lors de plusieurs essais d'alimentation (voir page 4). Les résultats des essais in vivo démontrent que l'ajout de PoultryStar® dans l'alimentation des poulets de chair a un effet positif sur la morphologie des intestins, la composition de la microflore, la digestibilité des nutriments et le profil en acides gras volatils, ce qui peut indubitablement être associé à une amélioration des performances zootechniques.
Les références bibliographiques sont disponibles sur demande.
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Cut & Keep
MYCOTOXINES NUTRITION CONDUITE
A
X I N RI
X
T
MYCOFI
Cause possible
Description du problème
Points à contrôler
Solutions
Toxine T-2 (T-2), diacétoxyscirpénol (DAS)
La T-2 et le DAS ont un effet dermatotoxique, provoquant des lésions au niveau de l'épithélium et augmentant la vitesse de renouvellement des cellules épithéliales.
Matières premières (ELISA) ou aliments (HPLC) positifs à la T-2 et/ou au DAS Antécédents de contamination à la T-2/au DAS dans l'origine des matières premières du fournisseur/de la région Histopathologie : prolifération de cellules épithéliales et vacuolisation hépatique Dégradation générale des performances des volailles
Vérifier les niveaux de contamination moyens Utiliser Mycofix® à la dose appropriée Éviter les silos à aliments ou les installations de distribution d'eau/ aliments qui ont été contaminés par des aliments moisis, humides ou pourris
Granulométrie de l'aliment
De petites particules alimentaires bouchent les canaux salivaires, pouvant provoquer des lésions buccales.
Aliment en granulés : particules fines > 20 % Aliment en farine : vérifier le diamètre moyen des particules Histopathologie : présence de cellules inflammatoires et de bactéries Absence de dégradation générale des performances des volailles
Ajuster le processus de granulation Augmenter le diamètre du tamis Utiliser des liants de granulation pour améliorer la qualité des granulés
Méthionine liquide
L'instillation de méthionine dans le système d'alimentation crée des points à forte teneur en méthionine dans l'aliment.
Fuite au niveau des injecteurs de méthionine dans le broyeur Histopathologie : infiltration de cellules inflammatoires et lésions nécrotiques Absence de dégradation générale des performances des volailles
Nettoyer/remplacer les injecteurs de méthionine
Acides organiques
De trop fortes teneurs en acides organiques dans l'aliment provoquent des lésions caustiques au niveau de la muqueuse buccale.
Fuite au niveau des injecteurs d'acide dans le broyeur Histopathologie : infiltration de cellules inflammatoires et lésions nécrotiques Absence de dégradation générale des performances des volailles
Nettoyer/remplacer les injecteurs d'acide Ajuster la dose d'acides organiques
Hautes températures
Le fait que les volailles boivent davantage pendant les périodes chaudes augmente les résidus d'aliment dans le bec.
Histopathologie : infiltration de cellules inflammatoires et lésions nécrotiques Dégradation possible des performances des volailles Augmentation de la mortalité
Ajouter des vitamines dans l'eau Ajouter des acides organiques dans l'eau Augmenter la teneur en chlore de l'eau
Sulfate de cuivre
Des concentrations comprises entre 0,05 % et 0,2 % dans l'aliment et l'eau de boisson peuvent favoriser les lésions buccales.
Vérifier la concentration en CuSO4 du prémélange Vérifier la concentration en CuSO4 de l'eau Vérifier le bon fonctionnement du système de dosage de l'eau (le cas échéant)
Ajouter des vitamines du groupe B et de la vitamine K3 dans l'eau Rectifier le réglage du système de dosage de l'eau
Candida albicans (candidose)
La levure C. albicans peut provoquer des lésions du jabot qui peuvent s'étendre jusqu'à d'autres parties du corps, dont la bouche. Elles touchent davantage les animaux qui vivent longtemps, comme les pondeuses et les reproducteurs.
Histopathologie : présence d'hyphes fongiques dans les muqueuses affectées
Traitement : nystatine ou Diflucan ou des imidazoles comme le kétoconazole, le fluconazole, etc.
Variole aviaire
Cette maladie virale provoquée par des Poxviridae (virus de la variole aviaire) provoque souvent des lésions cutanées au niveau de la tête, du cou, des pattes et des pieds. • Forme sèche : saillies verruqueuses dans les zones emplumées (tête, pattes, cloaque, etc.) qui se résorbent en environ 2 semaines. • Forme humide : ulcérations dans la bouche, le pharynx, le larynx et la trachée.
Antécédents au sein de l'élevage et présence de lésions types Diagnostic biologique par observation histologique ou analyse de transmission
Avoir recours à la vaccination préventive, selon la prévalence et la saison (généralement à l'automne) Traiter les volailles touchées aux antibiotiques pour limiter les surinfections, même si la maladie doit suivre son évolution
Protozoaires
La prévalence des protozoaires est plus élevée chez les animaux qui vivent longtemps, comme les pondeuses, les reproducteurs et les dindes, le gibier à plumes et/ou les oiseaux élevés en plein air.
Histopathologie : l'observation au microscope d'un frottis de mucus ou de liquide prélevé dans la gorge révèle la présence de trichomonades
Séparer les oiseaux souffrant d'infections chroniques des oiseaux reproducteurs
Trichomonas gallinae
Les premières lésions sont de petites zones jaunâtres dans la muqueuse buccale.
Chancre ou « boutons jaunes » : plaques jaunes circulaires présentant des foyers nécrotiques caséeux au centre
Utiliser des nitro-imidazoles (non autorisé par la FDA aux États-Unis et interdit dans l'UE)
Histomonas meleagridis
Maladie connue sous le nom d'histomonose ou de maladie de la tête noire. Fréquente chez les dindons et les poulets d'élevage.
Inflammation, ulcération et épaississement de la paroi du cæcum, présence d'un exsudat caséeux jaunâtre dans le cæcum
U tiliser des nitro-imidazoles (non autorisé par la FDA aux États-Unis et interdit dans l'UE)
M
PATHOGÈNES
TO
SK
Le diagnostic juste et précis des maladies aviaires courantes peut être ardu, même pour les vétérinaires, spécialistes en alimentation animale ou responsables d'exploitation expérimentés. Le diagnostic différentiel se révèle particulièrement difficile face à des problèmes liés aux mycotoxines. En effet, les symptômes peuvent varier fortement d'un individu à l'autre et peuvent s'accompagner de complications liées aux effets synergiques de plusieurs types de mycotoxines contaminant simultanément les aliments.
Checklist
EN
Science & Solutions vous propose une fiche pratique pour le diagnostic de la mycotoxicose aviaire. Détachez-la et emmenez-la avec vous !
MYCO
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Mes volailles sont malades : de quoi s'agit-il ?
Partie 1 : lésions buccales lesions
NAG EM
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Pour toute information complémentaire, rendez-vous sur www.mycotoxins.info *CLAUSE DE NON-RESPONSABILITÉ : Ce tableau fournit des conseils généraux sur des problèmes aviaires qui touchent principalement les volailles et qui peuvent être liés à la présence de mycotoxines dans l'alimentation. Ces problèmes et maladies aviaires incluent ceux présentés dans ce tableau, sans pour autant s'y limiter. BIOMIN ne saurait en aucun cas être tenue responsable des dommages directs ou indirects résultant de l'utilisation de ce tableau ou des informations qu'il contient. Veuillez consulter votre vétérinaire avant de mettre en pratique les solutions proposées dans ce tableau.
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