Science & Solutions #12 Porc (Français)

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Numéro 12 • Porcs Un magazine de

Marqueurs biologiques et mycotoxines Avantages et inconvénients Des additifs phytogéniques pour une meilleure croissance Outre leur capacité à réhausser le goût des aliments, les phytogéniques stimulent la croissance des porcs en améliorant les caractéristiques des carcasses.

Gros plan sur la production porcine

2014

Santé intestinale, croissance et tendances du marché dans certaines régions-clés : autant de sujets abordés lors du WNF, le forum mondial sur la nutrition


Éditorial Utilisation des marqueurs biologiques Les scientifiques œuvrent depuis plus de 30 ans au développement de substances appelées « marqueurs biologiques » afin de parvenir à établir une corrélation entre l’exposition à une contamination par des mycotoxines et leurs effets observés sur la santé, et ce, grâce au dosage d’un paramètre essentiel dans le sang, la bile ou d’autres échantillons physiologiques. Grâce aux différentes études menées, condition préalableclé pour l’enregistrement d’un produit dans l’UE, BIOMIN possède une solide expérience sur l’utilisation des marqueurs biologiques pour évaluer l’efficacité des produits de désactivation des mycotoxines. Même si les marqueurs biologiques constituent de précieux outils pour les études scientifiques, nos connaissances actuelles sont insuffisantes pour pouvoir les utiliser en pratique dans les élevages. Il est difficile de déterminer le moment opportun pour effectuer un prélèvement dans une exploitation en raison des systèmes d’alimentation ad libitum généralement utilisés. Étant donné que tous les animaux de l’exploitation sont exposés au risque de contamination alimentaire, il est impossible de définir la valeur du marqueur biologique correspondant à une « non exposition ». En raison de la variété de métabolites issus de chaque mycotoxine et des différences de toxicité, l’utilisation des marqueurs biologiques en tant qu’outils diagnostiques est uniquement possible dans les études scientifiques. L’absence de recommandations concernant les niveaux de risque dans les échantillons physiologiques rend les résultats impossibles à interpréter. Alors qu’il existe des méthodes agréées d’analyse des mycotoxines dans les aliments, les laboratoires d’analyses possédant la certification ISO ne disposent quasiment d’aucune méthode d’analyse des marqueurs biologiques. Aucun contrôle qualité concernant l’analyse des mycotoxines dans les échantillons physiologiques n’a à ce jour été mis au point pour les laboratoires d’analyses. L’analyse des mycotoxines dans les aliments reste l’approche la mieux établie et la plus fiable pour évaluer les risques éventuels, et constitue par conséquent la méthode de choix à ce jour. Dans ce numéro, nous vous invitons à venir en apprendre plus sur les avantages et les inconvénients de l’utilisation des marqueurs biologiques liés aux mycotoxines, ainsi que sur le recours aux additifs phytogéniques pour lutter contre la présence de résidus dans la viande de porc, autant de facteurs ayant un impact sur la qualité des produits issus des animaux d’élevage. Christina SCHWAB Chef de produit, Gestion du risque mycotoxines

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Science & Solutions


Sommaire

Name, title position

2 Marqueurs biologiques liés aux mycotoxines

Avantages et inconvénients Les marqueurs biologiques concluants d’un point de vue diagnostique sont des outils précieux pour l’analyse et la détection des mycotoxines, mais plusieurs facteurs-clés viennent limiter leur utilisation à grande échelle. Par Christina Schwab, PhD

6 Additifs phytogéniques

Pour une meilleure croissance, naturellement Les additifs phytogéniques ont montré des effets bénéfiques sur la digestibilité des aliments, notamment celle des protéines alimentaires, et apparaissent comme des substances prometteuses capables de remplacer les agonistes bêta-adrénergiques dans l’alimentation des porcs. Par Christine Hunger, PhD

9 MUNICH 2014 15-18 October

La production porcine à l’honneur lors du WNF

Venez découvrir les tendances des marchés européen, américain, chinois et sud-africain, ainsi que les raisons pour lesquelles la santé intestinale reste le meilleur facteur de croissance des porcs lors de la session de groupe dédiée aux porcs qui aura lieu en octobre à Munich. Science & Solutions est un magazine mensuel de BIOMIN Holding GmbH, disponible gratuitement pour nos clients et partenaires. Chaque numéro de Science & Solutions comprend plusieurs rubriques relatives aux dernières nouveautés scientifiques en matière de nutrition et de santé animales, en ciblant spécifiquement une espèce (volaille, porc ou ruminant) chaque trimestre. ISSN: 2309-5954 Pour obtenir une copie numérique ou de plus amples informations, consultez le site http://magazine.biomin.net Pour une reproduction des articles ou pour vous abonner à Science & Solutions, veuillez nous contacter à l'adresse: magazine@biomin.net Rédactrice en chef : Contributeurs : Marketing : Graphistes : Recherches : Éditeur :

Daphne Tan Christine Hunger, Christina Schwab Herbert Kneissl, Cristian Ilea Reinhold Gallbrunner Franz Waxenecker, Ursula Hofstetter, Mickaël Rouault Biomin Holding GmbH Industriestrasse 21, 3130 Herzogenburg, Austria Tel: +43 2782 8030 www.biomin.net

Imprimé en Autriche sur papier respectueux de l'environnement. ©Copyright 2014, BIOMIN Holding GmbH Tous droits réservés. Aucune partie de ce magazine ne peut être reproduite, sous quelque forme que ce soit, à des fins commerciales sans l'autorisation écrite du détenteur des droits d'auteur, sauf dans les cas prévus par les dispositions de la loi sur les droits d'auteurs, les dessins industriels et les brevets de 1988 (Copyright, Designs and Patents Act). Toutes les photos présentées sont la propriété de BIOMIN Holding GmbH ou sont exploitées sous licence.

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Science & Solutions


Christina Schwab Chef de produit, Gestion du risque mycotoxines

Marqueurs biologiques liés aux mycotoxines

Avantages et inconvénients L’analyse régulière des aliments afin de détecter la présence éventuelle de mycotoxines contribue largement à l’efficacité de la stratégie de gestion des risques liés aux mycotoxines utilisée par l’éleveur. L’ingestion d’aliments contaminés expose les animaux d’élevage aux effets délétères des mycotoxines sur la santé. Les scientifiques œuvrent depuis plus de 30 ans au développement de substances appelées « marqueurs biologiques » afin de parvenir à établir une corrélation entre les effets observés sur la santé et l’exposition à une contamination par les mycotoxines, et ce, grâce au dosage d’un paramètre essentiel dans le sang ou d’autres échantillons physiologiques. Quels sont les avantages et les inconvénients de l’utilisation des marqueurs biologiques liés aux mycotoxines ?

L

es mycotoxines sont des métabolites toxiques sécrétés par des champignons filamenteux et sont retrouvés dans la quasi-totalité des céréales. Environ 95 % de la contamination des céréales par des mycotoxines, quelle que soit la mycotoxine impliquée, a lieu avant la moisson. Malgré la mise en œuvre largement répandue de mesures préventives dans les bonnes pratiques agricoles, 81 % des échantillons d’aliments analysés en 2013 (plus de 4 200 échantillons) contenaient des mycotoxines (rapport BIOMIN sur les mycotoxines, 2013). Étant donné que les conséquences des mycotoxines et leurs effets sur la santé varient considérablement d’un animal à l’autre, les scientifiques, vétérinaires et éleveurs sont constamment à la recherche de marqueurs biologiques concluants d’un point de vue diagnostique.

Table 1. Marqueurs biologiques potentiels d’une exposition aux principales mycotoxines utilisées dans les études scientifiques et marqueurs associés aux effets de ces mycotoxines. Marqueur biologique d’exposition

Marqueur biologique associé aux effets

Aflatoxine B1 (AfB1)

AfM1 dans le lait

• Sous-produits de la réaction AfB1-albumine dans le sang • Sous-produits de la réaction AfB1-ADN dans l’urine et les tissus

Fumonisine B1 (FB1)

FB1 dans le sang, l’urine et les matières fécales

Rapport Sa/So dans le sang et les tissus

Déoxynivalénol (DON)

DON, dé-époxy-DON et autres métabolites dans l’urine, les tissus et les matières fécales

Cytokines proinflammatoires dans le sang et les tissus

Zéaralénone (ZEN)

ZEN, zéaralénol, zéaralanol et autres métabolites dans le sang, l’urine et les matières fécales

• Conjugués d’acide glucuronique dans l’urine et les matières fécales • Perturbation endocrinienne au niveau des tissus

Ochratoxine A (OTA)

OTA et ses métabolites dans le sang, l’urine et les tissus (rein)

Sous-produits de la réaction OTA-ADN dans les tissus

Mycotoxine

Qu’est-ce qu’un marqueur biologique lié aux mycotoxines ? Marqueur biologique d’exposition aux mycotoxines

Il est important de distinguer les marqueurs biologiques liés à l’exposition aux mycotoxines de ceux liés à leurs effets au sein de l’organisme. La présence d’aflatoxine M1 (AfM1) dans le lait de vache constitue un bon exemple de marqueur biologique d’exposition (voir tableau 1). Les marqueurs biologiques d’exposition permettent de mesurer la quantité de mycotoxines ou de métabolites dans le sang, le lait, l’urine, les matières fécales ou d’autres échantillons physiologiques. Il est possible, dans une certaine mesure, que la concentration

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Source: BIOMIN, adapté de Baldwin et al., 2011

en mycotoxines d’un échantillon physiologique soit détectée inchangée alors que le reste est métabolisé.

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Christina Schwab Chef de produit, Gestion du risque mycotoxines

En raison de la variété des métabolites issus de chaque mycotoxine et de tant qu’outils diagnostiques est uniquement

possible dans les é

fait qu’il n’existe aucune recommandation concernant les niveaux de r

Photo: Alex Raths_iStockphoto

En tenant compte de certains facteurs, dont la production de lait, on estime qu’entre 1 et 6 % de l’AfB1 ingérée peut se retrouver sous forme d’AfM1 (métabolite hydroxylé) dans le lait de vache. De manière approximative, une concentration en AfM1 de 0,05 ppb dans le lait (niveau maximum pour le lait au sein de l’UE) correspondrait à une concentration en AfB1 comprise entre 0,8 et 5 ppb dans un aliment composé (5 ppb constituant le niveau maximum pour les aliments composés destinés aux vaches laitières au sein de l’UE). Cet exemple montre qu’il est conseillé de rechercher la présence de mycotoxines dans les aliments afin d’éviter les risques liés à la production de lait contaminé contenant de l’aflatoxine à un niveau proche du niveau maximum autorisé au sein de l’UE.

Marqueurs biologiques des effets des mycotoxines

Les marqueurs biologiques des effets des mycotoxines au sein de l’organisme, également appelés marqueurs biologiques basés sur des mécanismes de base, doivent être directement associés à une étape spécifique de la perturbation

Qu’en est-il de la méthode ELISA ? Malgré sa rapidité d’exécution et son prix peu élevé, la méthode ELISA peut uniquement être utilisée avec des matières premières validées et ne constitue pas une méthode fiable pour l’analyse d’échantillons physiologiques non validés. Des échantillons de sérum et de lait ont été analysés dans deux laboratoires différents afin de rechercher la présence de DON. Alors que les concentrations obtenues avec la méthode ELISA dans le premier laboratoire variaient de 69,5 à 117,5 µg/l, celles mesurées par HPLC dans le deuxième laboratoire étaient inférieures au seuil de détection. Il est évident que les résultats obtenus avec la méthode ELISA étaient de faux positifs car cette méthode ne convient pas à la détection des mycotoxines dans des matrices complexes comme la nourriture, le lait et le sang. Tableau 2. Comparaison des résultats obtenus avec la méthode ELISA à ceux obtenus par HPLC lors de l’analyse d’échantillons physiologiques

Aliments utilisés en période de lactation

1

DON avec ELISA1

DON avec HPLC2

<134 µg/kg

77 µg/kg

Truie : lait

75 µg/L

<0,5 µg/L

Truie : sérum

117.5 µg/L

<2,0 µg/L

Porcelet : sérum

69,5 µg/L

<2,0 µg/L

BioCheck GmbH, Leipzig, Allemagne S. Dänicke (Centre fédéral de recherche en agriculture, Institut de nutrition animale, Brunswick), Allemagne

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des processus métaboliques et cellulaires. Par exemple, l’œdème pulmonaire porcin est précédé d’une perturbation du métabolisme des sphingolipides par la fumonisine B1 (FB1). Cette substance inhibe la céramide synthétase, ce qui entraîne une augmentation du rapport sphinganine-sphingosine (Sa/So). Ce rapport constitue un marqueur biologique scientifiquement reconnu des effets des fumonisines (FUM) chez le porc, mais pas chez l’homme.

Et en pratique ? Dans le cas des FUM, le rapport Sa/So est une donnée utilisée dans les études scientifiques mais difficilement applicable au niveau de l’exploitation. Il est difficile de disposer d’aliments contrôlés et impossible de définir la valeur seuil pour le rapport Sa/So en raison du manque d’animaux non exposés dans les élevages. En outre, pour qu’un marqueur biologique puisse être utilisé de manière pertinente en pratique, une corrélation linéaire entre l’exposition à la mycotoxine et son ingestion doit exister. Certaines études scientifiques publiées ont révélé l’existence de ce type de corrélation pour le DON et ses métabolites quantifiés dans le sang ou l’urine du porc, mais il existe toutefois des limites. Néanmoins, les différences de concentration en mycotoxines d’un échantillon physiologique à l’autre ne permettent pas d’établir des conclusions quant à la quantité de mycotoxines ingérée et aux effets de ces substances sur la santé des animaux. Ce point explique qu’il n’existe aucune valeur recommandée établie concernant les concentrations critiques de DON ou d’autres mycotoxines dans le sang ou d’autres types d’échantillons physiologiques chez les animaux, ce qui

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Marqueurs biologiques liés aux mycotoxines Avantages et inconvénients

es différences de toxicité, l’utilisation des marqueurs biologiques en

études scientifiques. Il convient également de tenir compte du

risque dans les échantillons physiologiques. rend l’interprétation des résultats impossible. Le fait de devoir réaliser les prélèvements destinés à une analyse censée être représentative à un moment bien précis vient encore compliquer la situation. En effet, la concentration sanguine en DON et ses métabolites atteint sa valeur maximale deux heures après l’ingestion et baisse rapidement ensuite. La concentration en ZEN diminue moins vite en raison de la circulation entéro-hépatique (absorption sanguine, excrétion via la bile et réabsorption sanguine). Il est difficile de déterminer le moment opportun pour effectuer un prélèvement dans une exploitation en raison des systèmes d’alimentation ad libitum généralement utilisés ; les résultats obtenus ne sont par conséquent pas représentatifs de la réalité. Il convient également de tenir compte du fait que le DON, à l’instar d’autres mycotoxines, se transforme en métabolites comme le DON-glucuronide et le dé-époxyDON, ainsi qu’en autres métabolites inconnus. La proportion de DON dépend de l’espèce animale, de son cycle de vie, du microbiote intestinal et de l’état de santé de l’animal exposé. En outre, la toxicité des métabolites du DON peut varier de celle du DON comme c’est par exemple le cas avec le dé-époxy-DON qui n’est pas toxique. Le ZEN peut se retrouver sous forme d’alpha et bêta-zéaralénol, d’alpha et bêta-zéaralanol, et de leurs formes glucuronées dans les échantillons physiologiques. La transformation du ZEN en alpha-zéaralénol augmente l’œstrogénicité. Par conséquent, il n’est pas suffisant de rechercher une seule mycotoxine de manière isolée.

Analyse des marqueurs biologiques Au cours des dernières années, des méthodes d’analyse basées sur la chromatographie en phase liquide couplée à la spectrométrie de masse, ou uniquement sur la spectrométrie de masse (LC-MS/MS), ont vu le jour. Il s’agit de méthodes extrêmement sélectives et suffisamment sensibles pour détecter la présence de mycotoxines à des concentrations très faibles. Ces méthodes permettent en outre de quantifier simultanément plusieurs métabolites. La méthode ELISA (enzyme-linked immunosorbent assay) permet uniquement un dépistage approximatif car les effets de matrice liés aux fluides organiques altèrent les résultats. Les anticorps utilisés pour réaliser les tests ELISA de quantification des mycotoxines présentent une large réactivité croisée vis-à-vis des métabolites associés. Par exemple, la plupart des kits de tests ELISA destinés au dépistage du ZEN permettent également de détecter l’alpha-zéaralénol, mais ne permettent pas de distinguer les différents métabolites. Bien souvent, la réactivité croisée vis-à-vis des différents métabolites

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Voie métabolique du DON chez le porc En fonction du microbiote intestinal disponible, le DON ingéré est métabolisé en de-époxy-DON non toxique (DOM-1). Le DON et le DOM1 sont ensuite partiellement absorbés dans la circulation sanguine et transformés en DON-glucuronide (DON-GlcA) et DOM-1-glucoronide (DOM-1-GlcA) dans le foie. Après leur passage dans la circulation générale, les métabolites sont excrétés dans l’urine (30 à 93 % du DON ingéré) ; les matières fécales n’en contiennent qu’une faible quantité (1 à 3 %). Le reste se compose de métabolites non identifiés et de DON qui sera encore dégradé par la suite. La quantification du DON dans les échantillons physiologiques est uniquement possible si tous les métabolites Circulation sont analysés, ce qui reste impossible à réaliser en générale pratique.

DON

DOM-1

Excrétion fécale 1 à 3 %

DON DON-GlcA DOM-1 DOM-1-GlcA

Excrétion urinaire ~50%

n’est ni évaluée ni clairement spécifiée dans le manuel d’utilisation des kits. Alors que nous disposons de méthodes validées pour l’analyse des mycotoxines dans les aliments, il n’en existe presque aucune pour l’analyse des marqueurs biologiques. Il convient désormais d’établir des mesures de contrôle qualité pour les laboratoires commerciaux concernant l’analyse des mycotoxines dans les échantillons physiologiques, mesures déjà existantes lors d’analyse dans les aliments. Même si les marqueurs biologiques constituent de précieux outils pour les études scientifiques, il est nécessaire de mieux connaître les facteurs intervenant sur la biodisponibilité, la cinétique et le profil métabolique des mycotoxines chez l’animal avant de pouvoir utiliser ces marqueurs en pratique, dans les exploitations. Il manque encore une corrélation linéaire pour les marqueurs biologiques. En outre, il est indispensable d’utiliser des groupes témoins et des méthodes de prélèvement complexes, ce qui rend les procédures très onéreuses. L’analyse des mycotoxines dans les aliments est une approche fiable bien établie pour évaluer les risques éventuels et constitue par conséquent la méthode de choix. Les références bibliographiques sont disponibles sur demande.

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Additifs phytogéniques

Pour une meilleure croissance, naturellement Les additifs phytogéniques sont des substances d’origine végétale comme les herbes, les épices, les huiles essentielles et d’autres extraits de plantes. Depuis des milliers d’années, ils sont utilisés dans la vie courante, mais également comme remèdes naturels grâce à certaines propriétés bien spécifiques.

Retour sur les agonistes bêtaadrénergiques Les agonistes bêta-adrénergiques, encore appelés ß-agonistes, agissent comme des agents de répartition, favorisant l’accumulation de tissu maigre chez le porc. En 1999, un ß-agoniste spécifique a été autorisé aux États-Unis avant d’être introduit dans d’autres pays par la suite. Il n’existe actuellement qu’un seul ß-agoniste dont l’utilisation dans l’alimentation des porcs a été autorisée par la FDA américaine (US Food and Drug Administration).

6

L

es additifs phytogéniques présentent de nombreuses propriétés biologiques, parmi lesquelles des propriétés antibactériennes, antiinflammatoires et antifongiques. Suite à l’interdiction des antibiotiques facteurs de croissance dans l’UE et d’autres pays, les recherches se portent désormais sur les alternatives possibles. De nombreuses études ont été menées afin d’examiner les différentes options susceptibles de remplacer les antibiotiques facteurs de croissance. Les propriétés anti-inflammatoires des

additifs phytogéniques ainsi que leurs effets modulateurs sur le microbiote intestinal ont éveillé l’intérêt des scientifiques ; de ce fait, leur utilisation en tant qu’alternative aux antibiotiques facteurs de croissance a considérablement augmenté au cours des dernières années.

Bénéfices des ß-agonistes chez les porcs à l’engraissement L’ajout d’un certain ß-agoniste dans l’alimentation des porcs à l’engraissement a permis d’observer une amélioration des

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Christine Hunger Chef produit Additifs Phytogéniques

Photo: Ugurhan Betin

Pourquoi les ß-agonistes ? Au cours des dernières années, la Chine et la Russie ont interdit l’importation de viande contenant des résidus de certains ß–agonistes jugés impropres à la consommation humaine. En 2013, la Russie a limité ses importations de viande aux viandes certifiées exemptes d’un ß-agoniste bien particulier. Fait intéressant, la Chine a également interdit l’utilisation de certains ß-agonistes spécifiques, la production de ß-agonistes et l’importation de viande contenant des ß-agonistes. Ces interdictions peuvent s’expliquer par le fait que les plats chinois traditionnels contiennent souvent des abats dont la concentration en résidus peut être élevée. Les débats concernant l’utilisation des ß-agonistes en production porcine et leurs résidus dans la viande de porc ont suscité un intérêt grandissant chez le consommateur en raison des inquiétudes et des problèmes de santé animale liés à l’utilisation de ces substances dans l’alimentation des animaux.

Inquiétudes au sein de la population L e d e ve n i r m é t a b o l i q u e d e s ß-agonistes est le même chez les espèces cibles (porcs et bovins), les animaux de laboratoire et l’homme. Outre leurs effets pharmacologiques, les ß-agonistes peuvent entraîner une intoxication. Par conséquent, la consommation de viande ou de sous-produits provenant d’animaux dont l’alimentation contenait des ß–agonistes en vue de stimuler leur croissance, peut entraîner certains effets cliniques de type tachycardie, tremblements,

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maux de tête, spasmes musculaires et hypertension. Les effets des ß-agonistes chez l’homme ne sont pas parfaitement connus mais la consommation de produits contenant des ß-agonistes est déconseillée en cas de maladie cardiovasculaire. Les ß-agonistes utilisés dans l’alimentation des porcs se métabolisent rapidement. Même si l’élimination du ß-agoniste n’est que de 84 % le premier jour, aucune période d’attente n’est indiquée et le ß-agoniste peut donc être ajouté à l’alimentation de l’animal jusqu’à ce que celui-ci soit abattu. Par conséquent, l’organisme des animaux abattus contient encore des résidus.

Effets secondaires potentiels Des études indépendantes ont révélé certains effets négatifs des ß-agonistes sur l’animal. Après avoir consommé un certain type de ß-agoniste pendant six semaines, les porcs restaient plus souvent couchés et se déplaçaient moins. De la même manière, les porcs dont l’alimentation contenait un ß-agoniste étaient plus difficiles à manipuler. Ces phénomènes ont pu être observés peu de temps après l’ajout du ß-agoniste dans l’alimentation et se sont poursuivis pendant quatre semaines. Les ß-agonistes ont un impact sur le comportement des porcs à l’engraissement, augmentent leur fréquence cardiaque et dans certains cas, peuvent les rendre plus sensibles au stress lié à la manipulation et au transport. Lors d’un test résident-intrus, les cochettes dont l’alimentation contenait un ß-agoniste se sont révélées plus agressives au cours des 30 premières secondes. À l’issue du test (300 secondes), les animaux les plus agressifs étaient les cochettes et castrats dominants du groupe témoin ainsi que les cochettes dominantes mais également les cochettes soumises du groupe dont l’alimentation contenait un ß-agoniste (p < 0,05). Ces changements de comportement peuvent générer d’importants problèmes dans les élevages car ils peuvent être à l’origine de blessures associées, d’un stress social et de la perte d’animaux.

Les additifs phytogéniques améliorent la digestibilité

Outre leurs effets bénéfiques sur le tube digestif, certains additifs à base de plantes sont connus pour leur impact positif sur les performances de croissance et la composition de la carcasse.

Photo: serezniy_iStockphoto

performances de croissance dès six jours d’utilisation ; une amélioration de la composition de la carcasse a pu être constatée lors d’une supplémentation prolongée de l’alimentation. Une augmentation du poids de la carcasse et du rendement de carcasse a également été constatée. Pour que la supplémentation de l’alimentation ait un véritable impact, la teneur en nutriments de l’alimentation doit être augmentée et la composition protéique ajustée. Plus particulièrement, la quantité de lysine (premier acide aminé limitant) dont dispose l’animal doit être suffisante pour que le ß-agoniste puisse avoir un effet sur les performances de croissance et la teneur en viande maigre de la carcasse. À terme, toutes ces mesures rendent l’alimentation plus onéreuse.

Plusieurs études ont montré que les additifs phytogéniques ont un effet positif sur la digestibilité des nutriments, comme par exemple la digestibilité des acides aminés au niveau de l’iléon.

7


Christine Hunger Chef produit Additifs phytogéniques

Figure 1. Effet de l’utilisation d’un additif phytogénique sur la production de viande maigre par rapport à une période témoin. 70%

60,0

58,78

58,96

59,5

59,44 

59,0

58,97

58,76

58,5

40%

58,23

58,08

57,5

30% 

57,11

20% 10%

% Viande maigre 

Témoin Digestarom®

56,0 <75 kg

75-85 kg

85-95 kg

95-105 kg

>105 kg

Groupe CW

Les recherches ont mis en évidence que ce type d’additifs stimule la production des sécrétions digestives comme la salive ou les acides biliaires, ainsi que l’activité des enzymes digestives. L’hypothèse selon laquelle ces propriétés stimulantes constitueraient la base du mode d’action nutritionnel des additifs phytogéniques a été émise. Les effets stimulants mentionnés ci-dessus interviennent ensuite sur la digestibilité des nutriments. Plusieurs études menées chez différentes espèces animales ont confirmé que les additifs phytogéniques améliorent la digestibilité iléale des acides aminés ainsi que l’utilisation des nutriments. Une meilleure digestibilité permet une amélioration globale de l’indice de consommation (IC). En effet, le fait d’améliorer la digestion des protéines permet une meilleure croissance des tissus musculaires chez le porc, mais également chez les poulets de chair. Il convient de tenir compte de cette observation au moment d’aborder la question de l’utilisation potentielle des additifs phytogéniques comme produits naturels de substitution des ß-agonistes chez les animaux de rente.

Ne serait-il pas préférable de remplacer les ß-agonistes par des produits naturels ?

Plusieurs études ont montré que les additifs phytogéniques améliorent l’ingestion, l’indice de consommation, le taux de croissance et la composition de la carcasse. L’étude décrite ci-dessous est une étude de terrain menée auprès de porcs à l’engraissement, dont l’objectif consistait à examiner les effets d’un additif phytogénique (Digestarom® Charcutier, BIOMIN Phytogenics GmbH, Allemagne) sur les paramètres de performance et les caractéristiques de la carcasse chez ces animaux. L’étude a été menée auprès de 5732 porcs à l’engraissement dans 10 élevages commerciaux autrichiens. Les données concernant le pourcentage de viande maigre dans les différents groupes répartis en

55,5

% porcs dans le groupe CW Témoin

Source: BIOMIN

8

57,0 56,5

0%

Lors d’un test résident-intrus (dont l’objectif consiste à évaluer l’agressivité des animaux), les cochettes dont l’alimentation contenait un ß-agoniste se sont révélées plus agressives au cours des 30 premières secondes. À l’issue du test (300 secondes), les animaux les plus agressifs étaient les cochettes et castrats dominants du groupe témoin ainsi que les cochettes dominantes mais également les cochettes soumises du groupe dont l’alimentation contenait un ß-agoniste (p < 0,05).

58,0

% de viande maigre

% de porcs dans le groupe CW

50%

59,60

59,48

60%

Digestarom®

fonction du poids (groupes CW) sont présentées en figure 1. Cette étude visait à comparer les effets de l’utilisation de Digestarom® dans l’alimentation par rapport à une période témoin. Le pourcentage moyen de viande maigre était plus élevé dans tous les groupes CW de porcs à l’engraissement ayant bénéficié de Digestarom®. Plus le poids de la carcasse était élevé, plus le pourcentage de viande maigre était élevé lors de l’utilisation de Digestarom®. La teneur en viande maigre était plus élevée de 0,68 point de pourcentage dans le groupe CW de porcs pesant entre 85 et 95 kg. Chez les porcs de plus de 105 kg, le pourcentage de viande maigre était 1,12 point plus élevé. Ces observations traduisent une fois encore une meilleure utilisation des nutriments.

Conclusion

D’un point de vue général, les effets secondaires des ß-agonistes sur les porcs à l’engraissement et les inquiétudes liées à la présence de résidus dans la viande sont des sujets importants qui font désormais l’objet de toutes les attentions. Déjà interdit dans de nombreux pays, le recours aux ß-agonistes en production animale reste discutable. L’utilisation de substances naturelles comme les additifs phytogéniques dotés d’effets bénéfiques sur la digestibilité, notamment celle des protéines, est une alternative prometteuse. Les résultats des différentes études menées ont montré qu’en fonction de l’équilibre des ingrédients naturels contenus dans l’additif alimentaire phytogénique, celui-ci peut avoir un impact positif sur l’indice de consommation ainsi que d’autres effets bénéfiques, comme l’augmentation du poids et de la qualité de la carcasse (pourcentage de viande maigre plus élevé) chez les porcs à l’engraissement.

Les références bibliographiques sont disponibles sur demande.

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MUNICH 2014 15-18 October

1.

Mêmes défis partout dans le monde

Des experts de la filiale porcine venus d’Europe, d’Amérique, d’Afrique du Sud et de Chine ont présenté les tendances du secteur porcin de leur pays, mettant en évidence les problèmes très semblables auxquels sont confrontées la production et la demande locales.

2.

Santé intestinale synonyme de meilleure croissance

Le fait que la santé intestinale soit le meilleur facteur de croissance ne fait plus aucun doute. Cette session s’intéresse à la gestion efficace des ressources, aux tendances concernant les différents types d’alimentation porcine et aux réponses anti-inflammatoires chez le porc. L’utilisation des additifs phytogéniques comme alternative aux antibiotiques facteurs de croissance dans l’alimentation des porcs, le rôle de ces substances dans la régulation des processus inflammatoires et leur effet stimulant sur l’activité anti-oxydante et la réponse immunitaire chez le porc, figurent également au programme de cette session.

Devenues une tradition lors du forum mondial sur la nutrition (WNF) depuis 2010, les sessions de groupe propres à chaque filière permettent de traiter de sujets d’actualité relatifs à l’élevage porcin et à d’autres secteurs de la production animale. Chaque session dure quatre heures et traite de deux sujets. Les sessions par espèce ont lieu en parallèle l’après-midi du premier jour (jeudi 16 octobre 2014). Le WNF, sponsorisé par BIOMIN, est un événement bisannuel incontournable au cours duquel professionnels, scientifiques et décideurs influents se rassemblent afin de réfléchir ensemble à différents sujets et d’échanger des idées et des perspectives stratégiques sur le devenir de la nutrition animale. Cette année, ce forum aura lieu à Munich en Allemagne, et sera dédié à la durabilité. Pour de plus amples informations, rendez-vous sur le site www.worldnutritionforum.info.

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