Science & Solutions #31 Volaille (Français)

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Numéro 31 • Volailles

Photos: Ievgeniia Mukhamet, silverjohn

Un magazine de

Des épices pour des volailles en pleine forme Photo: fotostorm

Photo: Tanteckken

L’impact négatif des endotoxines

Mes volailles sont malades : de quoi s‘agit-il ? Partie 7 : Goutte aviaire


Éditorial Vivement l’été ! Avec les beaux jours qui arrivent dans l’hémisphère nord, nous allons commencer à songer aux vacances d’été, mais également aux mesures à mettre en œuvre pour lutter contre la chaleur excessive dans les élevages. Il est assez facile de lutter contre une chaleur sèche, mais cela devient plus difficile lorsque le taux d’humidité augmente. Même dans les pays qui connaissent une chaleur sèche, le taux d’humidité peut être supérieur à la normale, ce qui complique la situation. Les conséquences du stress thermique peuvent aller d’une baisse de la consommation alimentaire et des performances des animaux reproducteurs, des poulets de chair et des poules pondeuses, à une immunosuppression et potentiellement à la mort de l’animal. Dans ce numéro, le Dr Tan s’intéresse au problème du stress thermique et aux différents moyens d’y remédier grâce à l’adoption de diverses mesures concernant l’alimentation et la conduite de l’exploitation. L’industrie avicole est de plus en plus consciente de la présence naturelle des endotoxines et de leurs effets sur les performances des oiseaux. Ces endotoxines sont le fruit de la dégradation de la paroi cellulaire des bactéries gram-négatif présentes dans l’intestin. L’un des aspects du stress thermique est l’augmentation de la température corporelle interne : en effet, chez certaines espèces, une augmentation de seulement 1 à 2 °C accroît la perméabilité de la membrane intestinale, probablement via l’affaiblissement des jonctions serrées. Ce phénomène contribue à augmenter la quantité d’endotoxines qui entrent dans la circulation sanguine. Le deuxième article de ce numéro, écrit par le Dr Schaumberger, est consacré aux endotoxines. La section intitulée « Mes volailles sont malades : de quoi s’agit-il ? » est consacrée aux facteurs nutritionnels susceptibles d’augmenter la fréquence de la goutte aviaire, une affection pouvant être d’une importance particulière chez les poules pondeuses, notamment au début de la période de ponte.

Andrew ROBERTSON Responsable technique Volailles

Science & Solutions • Numéro 31


Photo: AndreyGorulko

Sommaire Des épices pour des volailles en pleine forme : des additifs phytogéniques pour lutter contre le stress thermique

Que ce soit sous des climats chauds ou froids, les additifs alimentaires phytogéniques permettent de réduire l’impact négatif du stress thermique chez les volailles.

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Par Justin TAN, DVM

Les endotoxines et leurs effets négatifs sur les volailles

6

Les lipopolysaccharides peuvent altérer le système immunitaire et les performances des volailles. L’adsorption peut être une solution durable. Par Simone Schaumberger, PhD

Cut & Keep

Checklist

Mes volailles sont malades : de quoi s‘agit-il ?

Partie 7 : Goutte aviaire

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Fiche pratique détachable d’aide au diagnostic : symptômes, causes et solutions Science & Solutions est un magazine mensuel de BIOMIN Holding GmbH, disponible gratuitement pour nos clients et partenaires. Chaque numéro de Science & Solutions comprend plusieurs rubriques relatives aux dernières nouveautés scientifiques en matière de nutrition et de santé animales, en ciblant spécifiquement une espèce (volaille, porc ou ruminant) chaque trimestre. ISSN: 2309-5954 Pour obtenir une copie numérique ou de plus amples informations, consultez le site http://magazine.biomin.net Pour une reproduction des articles ou pour vous abonner à Science & Solutions, veuillez nous contacter à l’adresse: magazine@biomin.net Rédactrice en chef : Ryan Hines Contributeurs : Andrew Robertson, Simone Schaumberger, Justin Tan, Luca Vandi Marketing : Herbert Kneissl, Cristian Ilea Graphistes : Reinhold Gallbrunner Recherches : Franz Waxenecker, Ursula Hofstetter, Paolo Doncecchi Éditeur : BIOMIN Holding GmbH Erber Campus 1, 3131 Getzersdorf, Austria Tel: +43 2782 8030 www.biomin.net Imprimé en Autriche sur papier respectueux de l’environnement. ©Copyright 2016, BIOMIN Holding GmbH Tous droits réservés. Aucune partie de ce magazine ne peut être reproduite, sous quelque forme que ce soit, à des fins commerciales sans l’autorisation écrite du détenteur des droits d’auteur, sauf dans les cas prévus par les dispositions de la loi sur les droits d’auteurs, les dessins industriels et les brevets de 1988 (Copyright, Designs and Patents Act). Toutes les photos présentées sont la propriété de BIOMIN Holding GmbH ou sont exploitées sous licence.

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Des épices pour des volailles en pleine forme Des additifs phytogéniques pour lutter contre le stress thermique Par Justin TAN, Directeur régional des ventes et du marketing, Asie Pacifique

L’exposition des oiseaux à des températures ambiantes élevées réduit leurs performances, ainsi que les bénéfices de l’éleveur. Les températures extrêmes altèrent l’état de santé des volailles et peuvent causer leur mort, toutes espèces confondues. Grâce à leur effet anti-inflammatoire et anti-oxydant, les additifs alimentaires phytogéniques permettent de réduire l’impact négatif du stress thermique chez les volailles.

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Science & Solutions • Numéro 31


es éleveurs de volailles sont souvent confrontés au problème du stress thermique, que ce soit de manière saisonnière ou tout au long de l’année. D’un point de vue génétique, les volailles élevées dans les pays chauds et humides proviennent de souches initialement produites et sélectionnées pour les climats plus frais d’Europe et d’Amérique du Nord. Elever des volailles en dehors de leur zone de confort thermique peut avoir un impact sur leur potentiel génétique qui ne s’exprimera pas de manière optimale. Dans les zones plus chaudes ou plus froides, certains éleveurs règlent la température des bâtiments en fonction de leur propre niveau de confort, et non celui des oiseaux, sans tenir compte de l’impact du stress thermique sur leurs élevages. Franchir le seuil critique Quels que soient le stade de développement et l’espèce concernés, le phénomène de stress thermique survient lorsque les oiseaux ont du mal à équilibrer leur production et leur perte de chaleur corporelle. Lorsque l’animal se trouve en zone de neutralité thermique (figure 1), il est capable de perdre de la chaleur à une vitesse contrôlée, en modifiant son comportement. Aucun stress thermique n’apparaît à ce stade et la température corporelle reste constante. Lorsque la température maximale critique est atteinte ou dépassée, les oiseaux commencent à haleter afin de baisser leur température corporelle de manière active. Le

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Photo: MaXPdia

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Des additifs phytogéniques pour lutter contre le stress thermique

Figure 1. Zone de neutralité thermique et conséquences du stress thermique Température minimale critique

Température maximale critique

• Un comportement normal permet de réguler la perte de chaleur

Halètement lent

bar29 Perte de chaleur Halètement rapide Fatigue physique › › ›

Augmentation de la température ambiante

Figure 2. Performances journalières des volailles et températures dans les bâtiments.

Performances journalières en %

90

45

80 70

40

60

35

50 40

30

30

25

20

20

10 0

Température du bâtiment

50

100

15 23 25 27 29 31 33 35 37 39 41 43 45 47 49 51 53 55 57 59 61 63 Âge en semaines n Témoin

n Digestarom®

Source : BIOMIN

halètement est considéré comme une réponse normale à la chaleur, mais lorsque la température continue d’augmenter, il devient de plus en plus rapide. Si la production de chaleur est supérieure à la perte maximale de chaleur, que ce soit en termes d’intensité (stress thermique aigu) ou de durée (stress thermique chronique), la mort survient très rapidement. La température corporelle du poulet de chair doit rester très proche de 41°C. Au-delà de 45°C, l’animal meurt rapidement. Tableau 1. Mesures de lutte contre le stress thermique. Assurer une ventilation adéquate en tenant compte du nombre d’animaux dans les bâtiments Réduire la densité des animaux Isoler suffisamment les bâtiments afin d’éviter toute absorption de chaleur liée au rayonnement solaire Placer les ventilateurs de manière à optimiser la vitesse et la circulation de l’air Utiliser des panneaux de refroidissement par évaporation ou une buse de pulvérisation Maintenir l’équilibre hydro-électrolytique Complémenter l’alimentation en vitamines Source: BIOMIN

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› › ›

› › ›

Stratégies de lutte contre le stress thermique Il existe plusieurs mesures pour éviter le stress thermique (tableau 1). Diverses stratégies nutritionnelles et méthodes d’alimentation peuvent être mises en place. En effet, le stress thermique entraîne des modifications défavorables du microbiote intestinal. L’ajout de probiotiques multisouches dans l’alimentation des volailles permet d’enrichir, de stabiliser et de rétablir l’équilibre du microbiote du jéjunum et du cæcum de l’animal. Une restriction alimentaire passagère avant une exposition à la chaleur permet de renforcer la résistance thermique des poulets de chair. Cela permet de réduire la production de chaleur et la mortalité, et de limiter l’augmentation de la température corporelle chez les poulets de chair. Cependant, cette stratégie peut également être à l’origine d’une diminution du taux de croissance, d’un allongement de la période de croissance et d’une augmentation de l’âge d’abattage. L’adoption d’un mode d’alimentation double, basé sur l’apport de protéines pendant les heures les plus fraîches de la journée puis sur un apport énergétique élevé pendant les heures les plus chaudes, constitue également une stratégie envisageable pour les poulets de chair. En répartissant correctement les deux types d’apports, cette stratégie permet de maintenir l’équilibre nutritionnel. En cas de stress thermique, l’alimentation double permet de réduire la température corporelle et la mortalité des volailles. Chez les poules pondeuses, une restriction alimentaire partielle ou un régime alimentaire contrôlé permet d’atténuer les effets délétères du stress thermique sur les performances de ponte. Le fait de modifier le rythme de la distribution alimentaire (en passant de deux rations journalières à une seule) contribue également à améliorer les performances des poules pondeuses. L’après-midi, à l’approche du coucher du soleil, serait le meilleur moment pour nourrir les volailles. L’aliment des poules pondeuses se présente généralement sous forme de farine mais l’utilisation de granulés peut être envisagée pendant l’été. Il est possible que le passage aux granulés n’ait aucun impact sur la consommation alimentaire. En revanche, une augmentation significative de la production d’œufs et de la consommation d’eau, ainsi qu’une amélioration notable de l’indice de consommation peuvent être observées chez les poules pondeuses. L’augmentation de la consommation

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Justin TAN Directeur régional des ventes et du marketing, Asie Pacifique

Perte de chaleur maximale Les oiseaux ne parviennent pas à contrôler leur température corporelle

Mort due à la chaleur

› › › Figure 3. Paramètres et résultats de l’étude terrain portant sur le stress thermique menée dans des élevages de poules pondeuses.

Durée de l’étude (semaines)

n

Témoin

Digestarom®

41

41

Différence absolue

Taux de ponte moyen

%

86,9

89,2

+ 2,3

Œufs produits

n

249,5

256,0

+ 6,5

% moyen d’œufs sales

%

9,88

9,80

- 0,08

% moyen d’œufs fêlés

%

0,64

0,65

+ 0,01

Consommation alimentaire moyenne

g/oiseau/jour

114

107

-7

Poids moyen des œufs

g

62,71

63,01

+ 0,3

Masse d’œufs produite

kg/poule/287 j

15,65

16,13

+ 0,48

2,10

1,91

- 0,19

Indice de consommation (IC) Source: BIOMIN

d’eau et l’amélioration de la digestibilité des aliments expliquent probablement l’effet bénéfique de l’alimentation sous forme de granulés. Cependant, lorsqu’il fait chaud, les poulets de chair préfèrent consommer plus de nourriture sous forme de particules plus grandes. Lorsque le maïs est utilisé sous forme de grains entiers, les animaux consomment davantage de protéines et présentent un meilleur indice de consommation. Des additifs phytogéniques pour lutter contre le stress thermique L’utilisation d’additifs alimentaires phytogéniques (à base de plantes) permet d’atténuer les effets du stress thermique. Une étude a été récemment menée en Allemagne dans un élevage de poules pondeuses Lohmann Brown Classic ayant pondu au début de l’été, au moment où des températures élevées étaient enregistrées dans les bâtiments. Les poules ont été divisées en deux groupes, le groupe témoin bénéficiant d’une alimentation classique et le groupe de traitement bénéficiant de la même alimentation supplémentée en Digestarom® Volaille (un additif alimentaire phytogénique), à la dose de 150 g par tonne d’aliment. Les poules étaient âgées de 23 à 63 semaines. La figure 2 (page 4) illustre les effets de cet additif alimentaire phytogénique au cours de la période de stress thermique. Le groupe de poules bénéficiant de Digestarom® présentait systématiquement de meilleures performances que le groupe témoin en termes de production journalière tout au long des 41 semaines de l’étude, maintenant un pic constant lors de la période

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de stress thermique et ce, malgré l’augmentation de la température dans les bâtiments en raison d’une isolation et d’une ventilation moins efficaces dans les bâtiments anciens que dans ceux du groupe témoin. La production journalière moyenne dans le groupe Digestarom® était de 89,2 %, contre 86,9 % dans le groupe témoin, ce qui représente une augmentation du taux de ponte de 2,3 %. Une amélioration de l’indice de consommation de 19 points et une augmentation de la masse d’œufs produite et du poids moyen des œufs ont été observées chez les volailles bénéficiant de l’additif alimentaire phytogénique (figure 3). Le retour sur investissement pour le producteur était de 1:7. Conclusion L’ajout de Digestarom® dans l’alimentation des poules pondeuses leur a permis de maintenir une production optimale tout au long de la période de stress thermique. Avec l’utilisation de Digestarom®, les performances de ponte, l’indice de consommation, la rentabilité, l’état de santé et le retour sur investissement ont été améliorés tandis qu’aucune maladie pathologique n’a été enregistrée. Grâce à son mode d’action scientifiquement prouvé et ses bénéfices uniques pour les animaux, Digestarom® a permis de lutter efficacement contre le stress thermique, montrant une fois de plus son potentiel en tant qu’additif alimentaire de nouvelle génération s’inscrivant dans le cadre d’une approche nutritionnelle innovante. De plus, Digestarom® contribue à augmenter les bénéfices de l’éleveur.

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Photo: JeffHower

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Les endotoxines et leurs effets négatifs sur les volailles Par Simone Schaumberger, Chef de produit, Gestion des risques liés aux mycotoxines

Les endotoxines, omniprésentes dans l’environnement des poulets de chair, constituent une véritable menace susceptible d’altérer le système immunitaire et les performances de l’animal. L’adoption d’un programme de gestion des risques liés aux (myco)toxines basé sur plusieurs stratégies permet de lutter contre les endotoxines et les mycotoxines.

Contamination par des endotoxines : pourquoi s’en soucier ? Les volailles sont exposées aux lipopolysaccharides tout au long de leur vie. Chez les oiseaux en bonne santé, l’épithélium intestinal et d’autres épithéliums comme la peau ou les poumons, constituent une barrière efficace contre le passage des lipopolysaccharides dans la circulation sanguine. Lorsque les endotoxines parviennent tout de même à atteindre la circulation, elles peuvent déclencher de fortes réponses qui fragilisent le système immunitaire des volailles et altèrent leurs performances. Une forte réponse immunitaire peut être à l’origine d’un choc septique. De récentes recherches montrent que l’exposition aux lipopolysaccharides présents dans la poussière altère la réponse immunitaire des animaux étudiés et peut diminuer leur résistance aux agents pathogènes. C’est pourquoi, il est essentiel d’accorder une attention toute particulière à l’exposition des animaux aux endotoxines afin de préserver au mieux leur santé et leurs performances. Exposition des élevages Au cours des dernières années, les facteurs nutritionnels, environnementaux

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Figure 1. Endotoxine de bactéries gram-négatif (lipopolysaccharide, LPS).

Chaîne O-polysaccharidique spécifique

Glycolipide principal

n Sous-unité (externe) (interne) O-oligosaccharidique spécifique Oligosaccharide principal

et sociaux susceptibles de perturber la fonction de barrière du tube digestif et/ ou d’augmenter l’exposition des animaux aux lipopolysaccharides ont fait naître de nouvelles inquiétudes. Ce type d’exposition peut entraîner des signes cliniques ou subcliniques qui, à terme, ont un impact négatif sur la production avicole. Les chocs septiques sont très souvent liés à une infection par des bactéries gram-négatif qui produisent des lipopolysaccharides. Cependant, la présence de lipopolysaccharides dans le sang peut également être causée par des problèmes métaboliques ou encore par une altération de la barrière ou de la microflore intestinale. Étant donné que la plupart de ces facteurs varient d’un oiseau à l’autre, l’association de plusieurs facteurs aura des impacts différents au sein d’un même élevage. Les modifications alimentaires ont un rôle important. Par exemple, il a été mis en évidence que le fait de remplacer un régime alimentaire à base de maïs par un régime à base de seigle, de blé et d’orge augmentait le taux de lipopolysaccharides et de marqueurs inflammatoires dans le sang. D’autres facteurs peuvent également contribuer de manière significative à l’apparition de problèmes liés aux endotoxines. En été par exemple, des températures élevées dans les bâtiments d’élevage peuvent entraîner un stress thermique.

Photo: Sebastian Kaulitzki

L

es endotoxines font partie de la membrane externe de la paroi cellulaire de toutes les bactéries gram-négatif (E. coli, Salmonella, Shigella, Pseudomonas, par exemple) et sont libérées par excrétion ou lyse bactérienne. Ces toxines, également appelées lipopolysaccharides (LPS) en raison de leur structure, se composent d’un lipide et d’un polysaccharide (figure 1). Alors qu’il existe de nombreuses sources naturelles d’endotoxines comme l’air, la poussière, les aliments, l’eau ou encore les matières fécales, la principale source reste le tube digestif.

L’exposition à des endotoxines peut entraîner des signes cliniques ou subcliniques qui, à terme, ont un impact négatif sur les performances zootechniques.

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Les endotoxines et leurs effets négatifs sur les volailles

Figure 2. Concentration en endotoxines dans le gésier (UE/ml). 400 336a

350 300

[UE/mL]

250 200

143b

150 100 50 0 n Témoin n Mycofix® Select Source : BIOMIN

Chez d’autres espèces d’animaux d’élevage, il a été clairement établi qu’une augmentation de la température corporelle de 1 à 2°C avait un impact négatif sur les protéines des jonctions serrées intestinales, ce qui augmente la perméabilité intestinale et permet alors à une quantité plus importante de lipopolysaccharides de rejoindre la circulation sanguine. Nous étudions actuellement si ce mécanisme est le même chez les volailles. L’utilisation sous-thérapeutique d’antibiotiques dans certains pays soulève des inquiétudes concernant l’antibiorésistance, les modifications de la microflore intestinale et la libération possible de lipopolysaccharides dans la lumière intestinale suite à la destruction de bactéries

gram-négatif. De plus, il est bien connu que certaines mycotoxines comme le déoxynivalénol ont des effets négatifs sur la barrière intestinale. La multitude de facteurs concernant l’exposition aux lipopolysaccharides permet d’expliquer l’impact très divers de ces toxines chez les oiseaux. Réduire les LPS chez les oiseaux Une étude a été menée afin d’examiner l’effet d’un agent de désactivation des mycotoxines à composants multiples (Mycofix® Select) sur les performances et l’état de santé de poulets de chair dont l’alimentation était naturellement contaminée par des mycotoxines, dans un environnement présentant une concentration élevée en agents pathogènes (E. coli). Cette étude de terrain a été menée sur plus de 600 000 poussins de chair d’un jour (Ross ou Hubbard), répartis dans trois élevages différents. Dans chaque élevage, l’étude comparait deux groupes de volailles abritées dans deux bâtiments différents (témoin vs Mycofix®). Les animaux de chaque lot étaient conservés jusqu’à l’âge de 35 jours. Leur alimentation contenait plusieurs mycotoxines dont des trichothécènes B comme le déoxynivalénol (200 ppb), les fumonisines (470 ppb) et la zéaralénone (75 ppb). Outre l’évaluation des paramètres de performance, des échantillons de contenu intestinal ont été prélevés afin d’étudier la charge endotoxique. La figure 2 illustre les résultats de la concentration en endotoxines dans le contenu gastrique des poulets de chair à la fin de l’étude. Conclusion

Tandis que la principale voie d’exposition des volailles aux lipopolysaccharides reste le système digestif, il convient de ne pas sous estimer la concentration en endotoxines dans l’air et la poussière. En effet, ces toxines sont l’un des principaux composants de la poussière. La concentration en endotoxines dans l’air constitue un problème de taille, non seulement pour les volailles mais également pour le personnel travaillant dans les exploitations. En élevage, les plus importantes concentrations en endotoxines présentes dans l’air ont été enregistrées dans les exploitations avicoles, à un niveau compris entre 310 et 1 090 ng/m3 d’air. Ces observations viennent renforcer l’importance d’adopter de bonnes pratiques d’hygiène et de contrôle des niveaux de poussière dans les élevages, et de mettre en œuvre des mesures spécifiques de protection du personnel comme l’utilisation d’un masque contre les poussières fines.

L’utilisation d’un agent de désactivation des mycotoxines à composants multiples a permis de neutraliser efficacement la menace que représente un faible taux de mycotoxines associé à la présence d’E. coli. Le recours à cet agent a permis d’améliorer les performances globales des poulets de chair et de diminuer la charge endotoxique dans l’intestin et les effets négatifs d’E. coli. Ces résultats viennent renforcer l’importance de neutraliser les effets des endotoxines afin de préserver la santé des oiseaux et d’améliorer leurs performances.

Photo: r_drewek

Les endotoxines et leurs effets négatifs sur les volailles

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Science & Solutions • Numéro 31


Mes volailles sont malades : de quoi s‘agit-il ? Partie 7 : Goutte aviaire/insuffisance rénale

Cut & Keep

Checklist

La goutte aviaire est due à une lésion rénale qui peut avoir diverses causes et se solder par l’accumulation d’acide urique/d’urate dans les tubules rénaux et les membranes séreuses du cœur, du foie, du mésentère, des sacs alvéolaires et du péritoine.

E

n raison de son étiologie complexe, cette pathologie est difficile à diagnostiquer. Cependant, les signes les plus fréquents sont la déshydratation, une crête pâle, la dépression, l’œdème et la coloration rouge des pattes qui entravent les mouvements de l’animal. La goutte aviaire touche essentiellement les poules pondeuses, surtout entre 19 et 35 semaines, et peut entraîner une mortalité allant jusqu’à 50 %. Les causes de cette maladie sont variées (voir tableau ci-contre) et peuvent être liées à la conduite de l’élevage et/ou aux mesures nutritionnelles mises en place, à des agents pathogènes et/ou à la présence de mycotoxines dans l’alimentation. Concernant la nutrition, l’équilibre calcium/phosphore et la teneur en sodium et en vitamine D3 de l’alimentation doivent faire l’objet d’une attention particulière. D’un point de vue plus général, toute situation contribuant à l’augmentation de la quantité d’acide urique dans le sang favorise sa précipitation dans les tissus et ainsi, la survenue de la goutte. Une alimentation trop riche en calcium et pauvre en phosphore entraîne la précipitation de pyrophosphate de calcium et de cristaux d’urate de sodium (pseudo-goutte). Chez les oiseaux plus jeunes, il est possible d’observer des cas de goutte liés à une intoxication au sodium lorsque le taux de sodium dépasse 0,4 % dans l’eau et 0,8 % dans les aliments. De la même manière, une teneur élevée en vitamine D3 peut augmenter l’absorption du calcium de l’intestin, favorisant la formation et le dépôt de cristaux d’urate. Un autre facteur nutritionnel important est la teneur en protéines de l’alimentation qui, au-delà de 30 %, entraîne la production d’acide urique se soldant par une surcharge rénale. Simultanément, les sulfates diminuent la résorption du calcium entraînant une excrétion excessive de calcium par les urines. Ce phénomène favorise la goutte, tout comme l’ensemble des facteurs contribuant à rendre l’urine alcaline. Le manque d’eau s’inscrit dans cette catégorie car il augmente la concentration en acide urique et en minéraux dans le sang, puis dans les reins et l’urine. Certains virus comme le virus de la bursite infectieuse et/ou de la bronchite infectieuse peuvent augmenter la mortalité, notamment en cas de lésions rénales pré-existantes. Concernant la contamination des aliments par des mycotoxines, les aflatoxines (Afla), l’ochratoxine A (OTA) et la citrinine néphrotoxiques constituent un problème majeur. L’altération de la fonction rénale due à l’action de ces mycotoxines diminue l’excrétion de l’acide urique et se solde par son accumulation dans l’organisme.

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Points à contrôler

Solutions

Cause possible : MYCOTOXINES : ochratoxine A (OTA), citrinine, aflatoxines (Afla) • Matières premières (ELISA) ou aliments (HPLC) positifs aux Afla, à la citrinine et/ou à l’OTA

• Vérifier les niveaux de contamination moyens

• Matières premières provenant d’un fournisseur/d’une région ayant des antécédents de contamination par les mycotoxines

• Utiliser Mycofix® à la dose appropriée

• Histopathologie : vérifier les autres organes cibles de ces mycotoxines (reins, foie, par exemple)

• Éviter les silos à aliments ou les installations de distribution d’eau/ d’aliments qui ont été contaminés par des aliments moisis, humides ou périmés

• Dégradation des performances globales des volailles Cause possible : ALIMENTATION : calcium, sodium, vitamine D3 • Teneur de l’alimentation en vitamines et minéraux

• Corriger la teneur en minéraux et vitamine D3 • Contrôler l’utilisation de farine de poisson (riche en sel) • Contrôler la teneur totale des aliments en chlorure de sodium (< 0,3 %)

Cause possible : ALIMENTATION : protéines • Teneur en protéines des aliments

• Corriger la teneur en protéines

Cause possible : CONDUITE D’ÉLEVAGE : manque d’eau • Observer le comportement des oiseaux afin de comprendre la cause du manque d’eau

• Améliorer les conditions de transport des oiseaux (accès à l’eau)

• Procédures de transport et de vaccination

• Ajuster le nombre, la position et l’accès aux abreuvoirs

• Abreuvoirs : vérifier leur nombre, leur position et les éventuels obstacles pouvant empêcher les oiseaux d’y accéder • L’ajout de substances chimiques dans l’eau (désinfectants, sulfate de cuivre, etc.) peut se solder par le refus de consommer l’eau, une déshydratation et la survenue de cas de goutte

• Éviter la surpopulation • S’assurer que les abreuvoirs à tétine ne sont pas obstrués

Cause possible : PATHOGÈNES : bursite infectieuse (maladie de Gumboro) • Les concentrations en anticorps maternels sont très faibles chez les poussins d’un jour

• Adapter le programme de vaccination aux exigences de la situation sur le terrain dans chaque zone/situation épidémiologique spécifique • Augmenter la biosécurité de l’élevage

Cause possible : PATHOGÈNES : bronchite infectieuse (BI) • Analyses de laboratoire afin de confirmer la présence du coronavirus dans un échantillon prélevé par écouvillonnage ou un échantillon tissulaire

• Adapter le programme de vaccination aux exigences de la situation sur le terrain dans chaque zone/situation épidémiologique spécifique

Les références bibliographiques sont disponibles sur demande.

Pour toute information complémentaire, rendez-vous sur www.mycotoxins.info CLAUSE DE NON-RESPONSABILITÉ : ce tableau fournit des conseils généraux sur des problèmes qui touchent couramment les volailles et qui peuvent être liés à la présence de mycotoxines dans l’alimentation. La liste des problèmes et maladies présentés dans ce tableau n’est pas exhaustive de tous les problèmes et maladies qui peuvent toucher les volailles. BIOMIN ne saurait en aucun cas être tenu responsable des dommages directs ou indirects résultant de l’utilisation de ce tableau ou des informations qu’il contient. Veuillez consulter votre vétérinaire avant de mettre en pratique les solutions proposées dans ce tableau.

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Votre exemplaire de Science & Solutions

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