Numéro 41 • Ruminants
La santé des veaux au service des bénéfices de demain Le colostrum pour lutter contre la diarrhée du veau
Photo: fotostorm
Photo: kravcs
Un magazine de
Mon troupeau est malade : de quoi s‘agit-il ? Déplacement de la caillette
Éditorial La présence de menaces sous-jacentes altère les performances de l’élevage La forme clinique d’une maladie est souvent comparée à la partie émergée de l’iceberg puisqu’elle entraîne des manifestations visibles chez les animaux atteints, ce qui permet à l’éleveur de les identifier. À l’instar de l’iceberg dont la plus grosse partie est immergée, tous les animaux atteints n’expriment pas une forme clinique de la maladie, ce qui laisse une population « silencieuse » au sein du troupeau, avec un impact négatif sur la production. Même si les cas cliniques entraînent des pertes économiques bien plus évidentes, les infections subcliniques contribuent également à réduire les performances zootechniques (baisse de croissance du veau, réduction de la production de lait et altération de sa qualité). Le fait de diminuer la prévalence des infections subcliniques permet de limiter la survenue d’événements cliniques et d’améliorer l’efficacité de la production, ce qui est capital notamment lorsque le prix du lait est bas. Dans ce numéro de Science & Solutions, nous abordons plusieurs points sur lesquels certaines affections subcliniques peuvent avoir une influence. La croissance de veaux en bonne santé est un paramètre essentiel à la réussite future d’un troupeau et cela passe d’abord par des vaches en bonne santé et un colostrum de qualité. Les endotoxines jouent un rôle dans toutes les infections par des bactéries à Gram négatif, qu’il s’agisse de diarrhées dues à une Salmoelle ou de mammites à Escherichia coli. De plus, l’acidose subaiguë du rumen (SARA), une maladie métabolique subclinique, a une incidence majeure sur la production d’endotoxines et s’est vue associée à l’apparition ultérieure d’autres problèmes comme les maladies podales et les abcès hépatiques. Les éleveurs qui s’attachent à élever des animaux de rente en bonne santé peuvent malgré tout se heurter à de nombreuses difficultés visibles, mais ne doivent pas négliger pour autant les problèmes sous-jacents susceptibles de toucher leur élevage. Les éleveurs travaillent dur pour surmonter ces obstacles et offrir des produits sains au consommateur. J’espère que vous lirez ce numéro de Science & Solutions en buvant un verre de lait ou un café avec un nuage de crème !
Dr. Paige GOTT Responsable technique Ruminants
Science & Solutions • Numéro 41
Sommaire
Améliorer la santé des veaux au Danemark
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Optimiser les performances intestinales afin de réduire la mortalité en pré-sevrage peut contribuer à améliorer la santé des veaux et augmenter les bénéfices ultérieurs pour l’éleveur.
Photo: BrianAJackson
Par Luis Cardo DVM et Rikke Engelbrecht PhD
Du colostrum plutôt que des antibiotiques pour lutter contre la diarrhée chez le veau
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Les diarrhées constituent le principal problème chez les veaux nouveau-nés. Une bonne gestion du colostrum peut se révéler plus avantageuse qu’une antibiothérapie pour la santé des veaux et les bénéfices de l’éleveur. Par Zanetta Chodorowska, Ingénieur
Cut & Keep
Checklist
Mon troupeau est malade : de quoi s‘agit-il ? Partie 3: Déplacement de la caillette
Fiche pratique détachable d’aide au diagnostic : symptômes, causes et solutions.
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Science & Solutions est un magazine mensuel de BIOMIN Holding GmbH, disponible gratuitement pour nos clients et partenaires. Chaque numéro de Science & Solutions comprend plusieurs rubriques relatives aux dernières nouveautés scientifiques en matière de nutrition et de santé animales, en ciblant spécifiquement une espèce (volaille, porc ou ruminant) chaque trimestre. ISSN: 2309-5954 Pour obtenir une copie numérique ou de plus amples informations, consultez le site http://magazine.biomin.net Pour une reproduction des articles ou pour vous abonner à Science & Solutions, veuillez nous contacter à l’adresse: magazine@biomin.net Rédacteur en chef : Ryan Hines Contributeurs: Luis Cardo, Zanetta Chodorowska, Rikke Engelbrecht, Paige Gott, Bryan Miller Marketing: Herbert Kneissl Graphistes : Reinhold Gallbrunner Recherches : Franz Waxenecker, Ursula Hofstetter Éditeur : BIOMIN Holding GmbH Erber Campus, 3131 Getzersdorf, Austria Tel: +43 2782 8030 www.biomin.net ©Copyright 2017, BIOMIN Holding GmbH Tous droits réservés. Aucune partie de ce magazine ne peut être reproduite, sous quelque forme que ce soit, à des fins commerciales sans l’autorisation écrite du détenteur des droits d’auteur, sauf dans les cas prévus par les dispositions de la loi sur les droits d’auteurs, les dessins industriels et les brevets de 1988 (Copyright, Designs and Patents Act). Printed on eco-friendly paper: Austrian Ecolabel (Österreichisches Umweltzeichen). Toutes les photos présentées sont la propriété de BIOMIN Holding GmbH ou sont exploitées sous licence. BIOMIN is part of ERBER Group
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Name
Photo: Hillview1
position
Améliorer la santé de Par Luis Cardo DVM, Responsable technique Ruminants et Rikke Engelbrecht PhD, conseillère veaux à la Western Union of Agricultural Services du Danemark
Optimiser les performances intestinales afin de réduire la mortalité en pré-sevrage peut contribuer à améliorer la santé des veaux et augmenter les bénéfices ultérieurs pour l’éleveur.
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Name position
es veaux au Danemark
L
ongtemps peu considérés, les veaux sont pourtant les piliers de tout élevage laitier. La mortalité en pré-sevrage est un problème majeur dans les élevages laitiers du monde entier. Les données américaines du système national de surveillance de la santé animale (NAHMS 2007) révèlent un taux de mortalité de 7,8 % chez les génisses, lié à des problèmes digestifs dans 56,5 % des cas et respiratoires dans 22,5 % des cas. Ces chiffres sont étonnamment proches de ceux rapportés en 1992, ce qui indique une absence d’amélioration au cours des 20 dernières années. Il est important de souligner que les problèmes respiratoires
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et digestifs sont liés, car l’apparition des uns augmente le risque de survenue des autres. Avec un taux moyen de renouvellement du troupeau d’environ 30 %, ces chiffres limitent considérablement les options qui s’offrent au producteur laitier.
Cet article a initialement été publié dans Dairy Global.
Coûts économiques
Il existe une étroite corrélation entre le GMQ en pré-sevrage et la production de lait. Une méta-analyse portant sur plus de 10 études a conclu que chaque gain supplémentaire de 0,4 kg de GMQ en pré-sevrage permettait une augmentation de la production de lait de
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Améliorer la santé des veaux au Danemark
Chaque gain supplémentaire de 0,4 kg de GMQ en pr lait de 621 kg lors de la première lactation.
Figure 1. Gain moyen quotidien (g/j)
Figure 2. Score de consistance des bouses 1,2
850 838a
800
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762ab 701b
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n Témoin n Biotronic® PX Top 3, 3.0 g/veau/jour n Biotronic® PX Top 3, 6.0 g/veau/jour
0,8 0,5b 0,5b b
b
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Semaines 1-3 Semaines 4-6 Semaines 7-10 Semaines 1-10 Des exposants différents révèlent des écarts significatifs entre les moyennes ; p < 0,05
n Témoin n Biotronic® PX Top 3, 3.0 g/veau/jour n Biotronic® PX Top 3, 6.0 g/veau/jour
Prévenir les troubles intestinaux
Les troubles digestifs peuvent être d’origine très variée, infectieuse ou non. Il est essentiel d’adopter une bonne conduite d’élevage, à commencer par un apport adéquat en colostrum, qui doit être de qualité et donné en quantité suffisante au moment opportun. Par la suite, l’apport en lait doit toujours être soigneusement contrôlé en termes d’hygiène, de température, de méthode de distribution, de qualité et d’homogénéité dans le temps. L’apport en eau, en concentrés et en fourrages, l’accès à un abri adéquat ou encore un environnement dépourvu de sources de stress sont autant d’éléments à ne pas négliger. Il convient en outre d’être vigilant lors du mélange des veaux et de porter une attention particulière aux veaux en groupes.
Dans la ferme le veau est exposé avant le sevrage à des agents pathogènes qui constituent une menace réelle. Les exploitations présentent souvent des taux d’infection élevés en raison des bâtiments existants, des aliments et de la litière des animaux. Les virus, protozoaires et bactéries
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0,9a a
a, b
621 kg lors de la première lactation. Chaque génisse malade représente en outre un fardeau économique considérable : une étude néerlandaise a rapporté que les coûts liés à la croissance d’une génisse malade au moins une fois étaient en moyenne supérieurs de 95 € (105 USD) à ceux liés à la croissance d’une génisse en bonne santé.
Pression des agents pathogènes avant le sevrage
0,9a
0,6
650 Semaines 1-10 a, b Des exposants différents révèlent des écarts significatifs entre les moyennes ; p < 0,05
1,0a
sont souvent une cause de diarrhées et de mortalité. Les bactéries constituent la principale menace, en tant que cause primaire ou secondaire à d’autres facteurs, parmi lesquels des erreurs de conduite d’élevage ou les effets d’autres agents pathogènes. Les bactéries le plus souvent responsables de diarrhées sont E. coli et Salmonella spp., des bactéries à Gram négatif qui présentent une résistance croissante aux différents antibiotiques. Cela rend les traitements de plus en plus difficiles et suscite certaines inquiétudes quant à d’éventuelles répercussions sur la santé humaine.
Étude commerciale au Danemark
Cette étude a été menée sur un troupeau de vaches de race mixte (Holstein et Jersey), dans un élevage laitier commercial danois de grande taille. Plus de 1 300 vaches laitières sont traites dans l’exploitation et toutes les génisses de remplacement sont élevées sur site. Les veaux sont logés à l’extérieur dans des niches individuelles pendant 2 à 3 semaines et gagnent ensuite de grandes niches collectives, toujours à l’extérieur, par groupes de 5 ou 6. L’élevage est positif à Salmonella Dublin et participe à un programme national d’éradication. Les épisodes de diarrhée y sont fréquents.
Configuration de l‘étude
L’étude a été menée pendant la période estivale et a duré 3 mois et demi. Les veaux étaient répartis de la manière suivante : un groupe témoin de 18 veaux et 2 groupes d’étude de
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Luis Cardo DVM, Responsable technique Ruminants & Rikke Engelbrecht PhD, conseillère veaux à la Western Union of Agricultural Services du Danemark
ré-sevrage permet une augmentation de la production de
Figure 4. Score de toux
Figure 3. Score d’écoulement nasal
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1,0
1,2
0,8 a
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0,8
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0,7a
0,6 0,6
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b
0,3b 0,3
0,6
0,4 b b 0,3
0,3
1,1a
0,9
b
0,3b 0,3
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0,1
b
0,5
0,6a
Semaines 1-3 Semaines 4-6 Semaines 7-10 Semaines 1-10 Des exposants différents révèlent des écarts significatifs entre les moyennes ; p < 0,05
0,1 0,1b 0,0b 0,2b 0,0 0,2 0,0 Semaines 1-3 Semaines 4-6 Semaines 7-10 Semaines 1-10 a, b Des exposants différents révèlent des écarts significatifs entre les moyennes ; p < 0,05
n Témoin n Biotronic® PX Top 3, 3.0 g/veau/jour n Biotronic® PX Top 3, 6.0 g/veau/jour
n Témoin n Biotronic® PX Top 3, 3.0 g/veau/jour n Biotronic® PX Top 3, 6.0 g/veau/jour
0,0 a, b
20 et 18 veaux, respectivement, recevant Biotronic® PX Top3, un produit à base d’acides organiques, à différentes doses. La durée de l’étude était d’environ 70 jours pour chaque veau. Les données relatives au gain de poids ont été recueillies et le gain moyen quotidien (GMQ) a été calculé. Plusieurs paramètres de santé dont la toux, l’écoulement nasal et oculaire, la position des oreilles, le port de tête et la température rectale, ont été évalués selon les recommandations de l’université de Madison. La consistance des selles a été évaluée toutes les semaines conformément au protocole standard. Tous les veaux participant à l’étude ont été placés dans une niche propre dotée d’une litière confortable dans l’heure suivant leur naissance. Le poids de naissance des veaux ne présentait pas de différence statistique d’un groupe à l’autre et était d’environ 40 kg. Tous les veaux ont reçu 4 l de colostrum de bonne qualité (Brix =>22) dans l’heure suivant leur naissance. Le cordon a été désinfecté par trempage avec un composé iodé. Tous les veaux ont reçu 6 l de lait par jour (et par veau) lorsqu’ils se trouvaient dans les niches individuelles, puis 10 l par jour une fois regroupés dans les niches collectives. Le sevrage a commencé vers 6 – 7 semaines, en fonction de la disponibilité des niches pour les nouveaux animaux. L’alimentation solide était composée d’un aliment de démarrage texturé contenant 22,5 % de protéines brutes, distribué ad libitum tous les jours.
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0,0
Une meilleure croissance et plus de lait
Les veaux des deux groupes d’étude présentaient de meilleures performances et un meilleur état de santé que ceux du groupe témoin. Le gain de poids total au cours de l’étude était de 48,7 kg pour les veaux du groupe témoin, contre 53,3 kg et 57,6 kg dans les deux groupes d’étude. Dans ces deux groupes, le gain moyen quotidien (GMQ) était supérieur de 61 g et 137 g à celui observé dans le groupe témoin, ce qui revêt une signification statistique et laisse présager une production de lait supplémentaire de 84 kg et 212 kg, respectivement, lors de la première lactation (figure 1). Il est intéressant de noter que les scores d’état de santé des veaux des deux groupes d’étude étaient également supérieurs à celui du groupe témoin. En effet, les veaux du groupe témoin présentaient systématiquement des selles significativement plus molles ainsi qu’un score d’état de santé inférieur, ce qui souligne le lien entre diarrhée et autres maladies. Les paramètres de croissance, la consistance des selles, l’état de santé général ainsi que les scores d’écoulement nasal et de toux, étaient meilleurs chez les veaux des deux groupes d’étude (figures 2, 3 et 4).
Conclusion
Cette étude montre la capacité d’un additif alimentaire innovant à base d’acides à réduire les effets délétères des bactéries à Gram négatif et à améliorer les paramètres de croissance et l’état de santé général des veaux. L’utilisation de ce type de produit pourrait également contribuer à limiter le recours aux antibiotiques et l’apparition potentielle de résistances bactériennes.
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Photo: kadirkaplan
Du colostrum plutôt que des anti diarrhée chez le veau Par Zanetta Chodorowska, Responsable technique Ruminants
La diarrhée constitue le principal problème chez les veaux nouveau-nés. Une bonne gestion du colostrum peut se révéler plus avantageuse qu’une antibiothérapie pour la santé des veaux et les bénéfices de l’éleveur.
P
lus de la moitié (56 %) des problèmes de santé des veaux nouveau-nés seraient liés à la diarrhée, ce qui en fait le principal problème sanitaire chez ces animaux. Les diarrhées sont responsables de 52,2 % de la mortalité chez les veaux non sevrés et représentent une cause majeure de faible croissance et d’augmentation des coûts et des besoins en main d’œuvre. Aux États-Unis, 23,9 % des génisses laitières présentent des diarrhées et bénéficient d’un traitement adapté, tandis que la mortalité en pré-sevrage est estimée à 7,8 %, d’après l’université de Cornell et le National Animal Health Monitoring System (NAHMS - système national de surveillance de la santé animale, 2007), respectivement.
Origine non bactérienne
D’origine plurifactorielle, les foyers infectieux responsables de diarrhées chez le veau se développent souvent rapidement. Les principaux agents pathogènes intestinaux connus pour provoquer des diarrhées chez le veau sont les virus (rotavirus bovin, Figure 1. Prévalence des agents infectieux 5% 28% 37%
30%
n Rotavirus n Cryptosporidium n Coronavirus n E.coli K99
Source: Intervet/Schering-Plough Animal Health ScourCheck 2009
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ibiotiques pour lutter contre la coronavirus bovin, virus de la diarrhée virale bovine (BVD)) et certains parasites microscopiques (Cryptosporidium parvum), comme le montre la figure 1. Les bactéries comme Salmonella (S.) enterica, Escherichia (E.) coli ou Clostridium (C.) perfringens sont souvent uniquement des agents infectieux secondaires. Les antibiotiques n’agissant pas sur les virus et les parasites, leur utilisation dans le traitement de la diarrhée n’a donc pas d’intérêt et présente même plusieurs inconvénients. Selon Mike van Amburgh de l’université de Cornell (dont les conclusions ont été confirmées par d’autres auteurs), les veaux ayant reçu des antibiotiques produisent 492 kg de lait en moins lors de la première lactation. Deuxième problème, les antibiotiques détruisent les bactéries intestinales bénéfiques normalement présentes, et ont donc un impact négatif sur la santé intestinale. Troisième point, la destruction des bactéries à Gram négatif libère des endotoxines: les lipopolysaccharides présents dans la paroi cellulaire des bactéries. D’après James Cullor de l’université de Californie à Davis, les effets généraux des
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endotoxines sont bien documentés. Les effets rapportés incluent la léthargie, la détresse respiratoire, l’hyperthermie passagère suivie d’une hypothermie, la baisse de la pression artérielle, l’augmentation de la fréquence cardiaque suivie d’une diminution du débit cardiaque, les diarrhées, les modifications de la numération cellulaire et les altérations du système de coagulation. Enfin, l’usage des antibiotiques est associé à l’apparition d’un phénomène d’antibiorésistance.
Le colostrum peut être comparé à un « kit de survie » que la vache transmet au veau nouveau-né afin de le protéger contre les différentes menaces au début de sa vie.
Une meilleure stratégie
Le colostrum peut être comparé à un « kit de survie » que la vache transmet au veau nouveau-né afin de le protéger contre les différentes menaces au début de sa vie. Le colostrum a des effets bénéfiques sur les systèmes immunitaire, hormonal et digestif du veau. Très riche en nutriments, il contient tous les éléments nécessaires à un développement productif et à une bonne santé. Une seule prise de colostrum immédiatement après la naissance apporte au veau les 97 facteurs immunitaires (éléments qui élaborent le système immunitaire), les 87 facteurs de croissance (hormones
7
Du colostrum plutôt que des antibiotiques pour lutter contre la diarrhée chez le veau
Figure 2. Le lait de transition reste plus riche que le lait classique Unité
Colostrum obtenu lors de la traite 1
2
3
4
5
Lait mature
Matière sèche
%
24,5
19,0
16,0
15,5
15,3
12,2
Matières grasses
%
6,4
5,6
4,6
5,0
5,0
3,9
Protéines Acides aminés essentiels
%
13,3
8,5
6,2
5,4
4,8
3,2
mmol/l
390
230
190
140
115
ND
g/l
1,84
0,86
0,46
0,36
ND
ND
Insuline
Lactoferrine
µg/l
65
35
16
8
7
1
Hormone de croissance
µg/l
1,5
0,5
ND
ND
ND
ND
Facteur de croissance apparenté à l’insuline 1 (IGF-1)
µg/l
310
195
105
62
49
ND
Source: Hammon et al 2000. ND = non détecté
bio-identiques et précurseurs hormonaux) et tout un ensemble de probiotiques et prébiotiques qui contribuent au développement et à l’alimentation de la flore intestinale bénéfique. Ce transfert d’immunité passive protège le veau jusqu’à ce qu’il possède son propre système de reconnaissance des agents pathogènes et qu’il soit capable de les éliminer. Seul le colostrum présente cette composition idéale d’hormones et de
Conseils pour une bonne gestion du colostrum 1. Recueillir
le colostrum d’une vache en bonne santé, idéalement dans les deux heures suivant le vêlage.
2. Donner
le colostrum au veau immédiatement après l’avoir recueilli et à température physiologique. En donner au moins 3 litres lors de la première prise puis 2 litres supplémentaires dans les 6 heures suivant la naissance. Si possible, lui donner également 6 litres de lait de transition provenant des traites suivantes au cours des deuxième et troisième jours.
4. C ontrôler
la qualité du colostrum (échelle de Brix) à l’aide d’un réfractomètre ou d’un colostromètre. La concentration en protéines donne une bonne estimation du taux d’IgG au-delà de 50 g/l (3 à 4 l en contiendront 150 à 200 g). L’obtention d’un taux supérieur à 22 % (degrés Brix) avec le réfractomètre indique un colostrum de bonne qualité (taux élevé d’IgG).
5. Utiliser
du colostrum propre présentant une faible concentration bactérienne, moins de 100 000 UFC/ ml et moins de 10 000 coliformes.
8
facteurs de croissance comme la relaxine, la prolactine, l’insuline, l’IGF-1, l’IGF-2 et la leptine. Les éléments bénéfiques du colostrum peuvent persister jusqu’à la cinquième traite, soit trois jours après le vêlage (figure 2).
Une solution sur mesure
La colostrogenèse commence 3 à 4 semaines avant la mise-bas, avec l’accumulation d’hormones, de facteurs de croissance (IGF-1et IGF-2) et de facteurs de croissance transformants (TGF-ß1 et TGF-ß2) qui activent les cellules sécrétrices de l’épithélium mammaire. En raison du rôle du colostrum dans le transfert des anticorps au veau, les éleveurs peuvent vacciner leurs vaches contre les agents pathogènes les plus fréquents dans l’exploitation 30 à 60 jours avant le vêlage, afin d’obtenir un colostrum adapté à la situation sur le terrain. De cette manière, le veau nouveau-né bénéficie d’une protection sélective contre les agents pathogènes présents dans son environnement. Il a été démontré que le colostrum provenant de vaches vaccinées avait la capacité d’éliminer les bactéries et virus pathogènes, de stimuler la réparation tissulaire (notamment la paroi intestinale), de lutter contre différents allergènes et de neutraliser les organismes producteurs des toxines. Il s’est aussi révélé efficace dans le traitement des diarrhées sévères. D’après l’étude 2007 du National Animal Health Monitoring System, environ 19 % des jeunes génisses aux États-Unis n’ont pas bénéficié d’un transfert d’immunité passive.
Une course contre la montre
Il est très important de recueillir rapidement le colostrum et de le donner immédiatement aux veaux nouveau-nés, et ce pour différentes raisons. En effet, la composition du colostrum change après l’expulsion du placenta. Ensuite, les veaux nouveau-nés ne possèdent pas encore les
enzymes qui dégradent les composants actifs du colostrum ; elles ne se développent que plus tard. Et enfin, il est important de profiter des avantages que présente le phénomène de « l’intestin perméable » : la partie supérieure du duodénum reste perméable, ce qui permet l’absorption directe des composants du colostrum dans la circulation sanguine. (À noter que les agents pathogènes peuvent également entrer par l’intestin perméable).
Autres éléments à prendre en compte
Une bonne alimentation de la vache en fin de lactation et pendant la période de tarissement peut avoir un effet positif sur la quantité et la qualité du colostrum produit. Les mycotoxines présentes dans les grains et la paille contaminée peuvent altérer les fonctions immunitaire et hépatique. Il est par conséquent conseillé d’adopter un programme efficace de gestion des risques liés aux mycotoxines. L’environnement du veau contient des agents pathogènes responsables de diarrhées. L’amélioration des mesures sanitaires environnementales et la réduction des facteurs de stress (surpopulation, changements alimentaires fréquents, stress thermique, etc.), associées à une bonne gestion du colostrum, peuvent contribuer à renforcer la santé des veaux.
Conclusion
Dans un élevage bovin, chaque naissance représente une opportunité de maintenir ou d’agrandir le troupeau, d’en améliorer les caractéristiques génétiques et d’augmenter le retour sur investissement. La présence d’agents pathogènes peut engendrer des coûts supplémentaires, des problèmes sanitaires et de mauvaises performances. Le fait de disposer d’un colostrum de bonne qualité peut aider l’éleveur à obtenir de bons résultats.
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Mon troupeau est malade : de quoi s‘agit-il ? Partie 3 : Déplacement de la caillette
Checklist
L
Illustration: Designua
techniques peu invasives mais es caractéristiques Œsophage toute intervention présente génétiques actuelles un risque et la vache connaîtra des vaches laitières leur Feuillet une période de récupération permettent de produire accompagnée d’une faible beaucoup de lait. Pour cela, Intestin grêle production de lait ou, en il est nécessaire qu’elles cas d’antibiothérapie, d’une consomment de grandes période au cours de laquelle quantités d’aliments. L’incidence du déplacement son lait devra être éliminé. de la caillette risque d’augmenter en raison de Prévention Caillette deux éléments : la production La meilleure prévention reste Réticulum de lait et le passage à une une ingestion régulière. alimentation plus riche en Le remplissage du rumen énergie mais présentant une teneur en fibres efficace inférieure. et le passage continu de nourriture contribuent au bon Environ 5 % des vaches laitières hautes productrices pourraient positionnement du rumen et de la caillette. Outre les causes présenter un déplacement de la caillette. liées au vêlage, les vaches peuvent arrêter de s’alimenter La caillette est le véritable estomac des ruminants, comparable lorsqu’elles sont malades, exposées à des mycotoxines ou à celui des animaux monogastriques. Il ne s’agit pas d’un petit soumises à des changements alimentaires. Même les conditions organe puisqu’il peut contenir 27 litres de liquide, mais il reste météorologiques peuvent avoir une influence sur leur tout de même beaucoup moins volumineux que le réticuloconsommation alimentaire. Certaines pratiques d’élevage rumen dont la capacité atteint 180 litres, voire plus. Située à permettent néanmoins de limiter ces interruptions. droite et le long de la base du rumen, la caillette peut se déplacer ou changer de position en fonction du remplissage du rumen ou Résumé de la taille et du positionnement des organes internes. La fréquence du déplacement de la caillette augmente dans les Plus le rumen reste plein longtemps, moins il y a de risque élevages laitiers en raison de l’évolution des caractéristiques que la caillette se déplace. Cependant, au moment du vêlage, génétiques des vaches et des programmes d’alimentation l’expulsion du veau et du placenta, ainsi que la perte liquidienne utilisés. La conduite d’élevage et les programmes d’alimentation associée libèrent énormément d’espace dans l’abdomen de la qui contribuent au remplissage du rumen grâce à une vache. Les organes se déplacent et la caillette peut alors quitter consommation de matière sèche adéquate, tout en diminuant sa position habituelle. les carences énergétiques, devraient permettre de réduire En outre, les vaches réduisent souvent leur consommation l’incidence de cette affection. alimentaire au moment du vêlage, ce qui peut également favoriser le déplacement de la caillette. La cétose observée au cours des premiers mois de lactation peut également contribuer à diminuer la l’ingestion de la vache et à augmenter l’incidence du déplacement de la caillette. Dans environ 80 % des cas, le phénomène a lieu au cours du premier mois de lactation. Le déplacement de caillette à gauche est le plus fréquent (80 % des cas), avec la caillette qui « glisse » à gauche du rumen.
Symptômes Les premiers signes d’un déplacement de la caillette sont une réduction de la consommation alimentaire, une apathie et une chute de la production de lait. La quantité de selles émises peut également être réduite, avec des bouses plus liquides qu’à l’accoutumée. Les fréquences cardiaque et respiratoire peuvent rester relativement normales. Le test le plus souvent utilisé pour diagnostiquer le déplacement de la caillette est appelé « test du ping ». À l’aide d’un stéthoscope, il est possible d’entendre un bruit semblable à celui d’une goutte dans une casserole lors de la percussion de la zone concernée avec le doigt. Lors du déplacement de la caillette, des gaz ont tendance à s’accumuler car le passage des aliments n’est plus régulier en raison d’une torsion du duodénum. Il est parfois possible de remédier au déplacement de la caillette en faisant « rouler » la vache ou en l’obligeant à se déplacer afin d’aider les organes à retrouver leur position normale. En pratique, l’issue la plus probable reste la chirurgie. L’intervention chirurgicale peut être réalisée à l’aide de
Conseils pour maintenir la consommation alimentaire • Adopter un programme de transition qui favorise la consommation alimentaire et le remplissage du rumen. De nombreuses études ont montré que moins la vache réduit sa consommation alimentaire au moment du vêlage, plus elle augmentera son ingestion de matière sèche après celui-ci. • Encourager la consommation alimentaire de la vache en lui proposant des fourrages de meilleure qualité. • Envisager d’ajouter une levure ou des produits à base de levures dans la ration. Ces derniers peuvent améliorer la digestion des fibres et augmenter la consommation alimentaire. Ces produits sont également utilisés pour leur effet positif sur l’appétence des aliments. • Il est essentiel de maintenir la consommation alimentaire afin de réduire l’apparition d’une cétose clinique ou subclinique. La cétose entraîne une baisse de la consommation alimentaire, ce qui explique les déplacements de la caillette associés à cette affection. Il peut également y avoir une relation entre diminution de la motilité ruminale et déplacement de la caillette. • La longueur des fibres et la teneur en fibres de l’alimentation peuvent intervenir dans la survenue d’un déplacement de la caillette. Une teneur insuffisante en fibres peut avoir un impact négatif sur la rumination et le remplissage du rumen, ce qui ne lui permet pas de conserver sa position normale. L’utilisation de sources de fibres hautement digestibles ou l’ajout de produits à base de levures pouvant faciliter la digestion des fibres peuvent permettre de répondre aux besoins accrus de ces vaches en fibres et en énergie.
Pour toute information complémentaire, rendez-vous sur www.mycotoxins.info CLAUSE DE NON-RESPONSABILITÉ : ce document fournit des conseils généraux sur des problèmes qui touchent principalement les ruminants et qui peuvent être liés à la présence de mycotoxines dans l’alimentation. La liste des problèmes et maladies présentés n’est pas exhaustive de tous les problèmes et maladies qui peuvent toucher les ruminants. BIOMIN ne saurait en aucun cas être tenue responsable des dommages directs ou indirects résultant de l’utilisation des informations données. Veuillez consulter votre vétérinaire avant de mettre en pratique les solutions proposées.
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