Catalogue Boutographies 2009

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9è Rencontres photographiques de Montpellier les boutographies


Les amoureux du 6e art vont être heureux. Du 6 au 21 juin 2009, les Boutographies Rencontres Photographiques de Montpellier, s’exposent. Ces « Boutographies » devenues par la ­volonté de leurs organisateurs, l’originalité de leur démarche au service de la création artistique, un évènement incontournable, font désormais partie des grandes manifestations culturelles de notre ville. Succès oblige, elles ont dû s’étendre au delà des limites du charmant et typique périmètre, où elles sont nées, le faubourg Boutonnet, quartier bien connu des Montpelliérains. Accompagnées et soutenues dans leur essor par la Ville de Montpellier, elles ont ainsi investi d’autres lieux de notre splendide cité, pour mieux servir et faire connaître cet art. De nouveaux horizons, de nouvelles ouvertures, de nouvelles potentialités qui permettent de faire découvrir des talents venus de tout le continent européen, à un public, friand, en attente, de beauté, d’émotions ! Pouvait-on rêver mieux, que ce soit pour l’amateur éclairé ou le néophyte soucieux d’enrichir ses connaissances ? Avec les Boutographies, l’innovation, la qualité, la surprise sont toujours au rendez-vous, c’est pourquoi nous restons persuadés qu’elles méritent l’estime que nous continuons de leur porter, au fil des ans. Cette année encore, le jury aura fort à faire pour départager les candidats de cette nouvelle édition, tant ils sont créatifs, doués, animés par la passion qu’ils vouent à leur art. Je veux remercier ici, l’ensemble des personnes qui par leur travail assurent la réalisation et la réussite de cette fête dédiée à la culture photographique. Hélène Mandroux

Maire de la Ville de Montpellier


Montpellier Agglomération aime la culture vivante, le renouvellement créatif, tout ce qui permet de toucher de façon directe les amateurs d’art sous toutes ses formes. A travers les lieux culturels de pointe que sont le musée Fabre, mais aussi le musée archéologique Lattara, la Communauté d’Agglomération, même si elle y présente un univers muséographique « classique », est attentive, grâce à de nombreuses expositions d’art contemporain telles celles consacrées cette saison à Daniel Dezeuze ou Pierrette Bloch, à y donner à voir sans cesse en écho les grands noms de la création contemporaine. Cette démarche de diffusion d’une culture en mouvement, on la retrouve bien évidemment au sein de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier Agglomération, qui, au delà de sa mission de formation de jeunes talents, ouvre très régulièrement les cimaises de sa salle d’exposition à de jeunes artistes. C’est dans ce contexte de valorisation de la culture en mouvement que Montpellier Agglomération est heureuse de soutenir, cette année encore, les Boutographies, lieu d’expression privilégié des jeunes talents de l’art photographique. Depuis l’an dernier, cette manifestation d’exception a investi plusieurs espaces culturels du centre de Montpellier, dont le musée Fabre, générant ainsi un engouement encore plus grand, une fréquentation croissante, la participation de photographes venus de toute l’Europe. Pour ne parler que de la cour Vien du musée Fabre, elle accueille cette année quatorze jeunes photographes talentueux, français mais aussi italiens, suisses, suédois, slovènes… vision cosmopolite détonante sur un monde créatif en constante régénération. Souhaitons que l’édition 2009 de ces Boutographies, dont l’ampleur et la notoriété ne cessent de croître année après année, tienne ses promesses et nous réserve de belles et bonnes surprises artistiques ! Le Président de la Communauté d’Agglomération de Montpellier

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Le principe qui fonde les Boutographies-Rencontres Photographiques de Montpellier est simple : du côté des photographes, offrir une visibilité à ceux pour qui la photographie est d’abord un espace essentiel de rapport sensible au monde, un évènement du visible qui n’a pas nécessairement besoin du visible de l’évènement ; du côté du public, ouvrir grand l’éventail des possibles et des territoires de l’image, quand elle vient pour nous aider à rencontrer un monde multiple et commun, à le reconnaître dans ses interstices d’étrangeté et d’indicible. Depuis que l’équipe de Grain d’Image a mis en œuvre ce projet, en 2001 dans le quartier Boutonnet, les photographes et le public attirés par les Boutographies n’ont cessé de grandir en nombre. A tel point qu’en 2008 il devenait nécessaire de changer d’échelle et d’investir de nouveaux lieux, en plein cœur historique de la ville cette fois1. Parmi les 300 dossiers reçus cette année, beaucoup provenaient de ce territoire très dynamique qu’est devenue aujourd’hui la jeune photographie européenne, nourrie notamment par les nombreuses écoles d’art et de photographie du continent. Les jeunes gens issus de ces structures, tous aguerris aux techniques photographiques les plus élaborées et dotés d’une solide culture de l’image, recèlent aussi des talents qui méritent d’être largement connus du public. C’est exactement ce à quoi nous nous employons. Autour de cette photographie en éclosion à laquelle nous voulons offrir un débouché, il se trouve qu’un nombre grandissant de photographes déjà reconnus, publiés, exposés en Europe et ailleurs, vient proposer à notre jury2 le meilleur de ses travaux récents. Pourquoi s’en priver ? Seul le manque de place aurait pu nous en dissuader, mais nous avons en partie (et provisoirement) contourné le problème en présentant, en sus des 14 photographes « accrochés au mur », 16 photographes supplémentaires par le biais d’installations vidéo, sur les lieux même des expositions. 1 Les sites 2009 : Le Pavillon Populaire, la cour Vien du musée ­Fabre, la salle Rabelais, la Maison des Relations Internationales, l’Espace ­Transit, la galerie A La Barak. 2 Les membres du jury 2009 : Agnès Voltz (directrice de la Galerie « Chambre avec vues », ­Paris), Adélie de Ipanéma (journaliste et directrice éditorialiste à « Polka Magazine »), Anaïs Jumel (journaliste à « Polka Magazine »), Bertrand Stofleth (photographe sélectionné aux Bouto­graphies 2008), David Richard (photographe, fondateur du collectif Transit), et Christian Maccotta (association Grain d’Image, direction artistique du festival).


C’est donc ce panachage de trente auteurs de toutes provenances, ­issus de la sélection du jury et des deux cartes blanches offertes respectivement à Grain d’Image et au collectif Transit, que nous vous invitons à découvrir cette année. Comme c’était déjà le cas l’année dernière, cet événement photographique initié par Grain d’image est le fruit d’un partenariat étroit et constructif avec les acteurs incontournables de la photographie montpelliéraine que sont le collectif Transit et la jeune galerie A la Barak. La collaboration avec le festival ami Fotoleggendo de Rome est de son côté plus productive que jamais, avec des échanges intensifiés et la remise d’un Prix commun. Par ailleurs, en simultanéité avec les Boutographies-RPM, les associations se saisiront d’une quinzaine propice à toutes les initiatives photographiques pour animer un « Hors les murs » qui verra Les Photographes Anonymes, Objectif Image et l’ECM Kawenga accrocher des expositions dans divers lieux de la ville. Enfin, la manifestation poursuit la diversification de ses propositions photographiques vers tous les publics en ajoutant aux lectures de port-folios (gratuites et ouvertes à tous) et aux soirées-projection, des work-shops animés par des photographes professionnels. Les Boutographies-Rencontres Photographiques de Montpellier croissent et embellissent, s’entêtent dans leur projet de faire fructifier les envies de voir et de faire de la photographie, alors prenez bien garde à ne pas y succomber. CM

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Italien, vit et travaille à Milan • info@carlobevilacqua.com • www.carlobevilacqua.com

carlo bevilacqua

>  Indian stills Ramenées d’un voyage en Inde, ces images ont cette beauté simple que le regard d’un auteur sait faire émerger du chaos du visible. L’exercice du portrait exotique en situation a été si souvent mené que nous restons incrédules devant la force de ces images, installées dans leur évidence mais ouvertes à notre présence. La continuité plastique, qui va des riches matières textiles aux arrières-plans puis à la texture de la photographie elle-même, produit une forte continuité esthétique. Le noir et blanc, la préservation des traces du support polaroïd dans le cadre, contribuent à installer l’image dans un plan graphique cohérent. Mais rien n’est figé. Humbles ou réservés, les personnages érigés en majestés nous adressent leur présence, nous invitent à partager ce qui organise secrètement leur monde, l’inscrit dans un espace et une durée immémoriaux. CM


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Français, vit et travaille à Nancy • Be-de@orange.fr • http://boitegrimace.blogspot.com/

bernard demenge

> Parade Dans la série intitulée Parade, titre qui évoque les fonctions paradoxales du masque et du déguisement, Bernard Demenge se montre, se cache, s’expose et se protège. Ce qui est malmené est le visage de l’auteur, et non pas son image (ici, pas d’effets spéciaux, pas de trucages numériques). Le photographe donne de sa personne. Mais il ne se transforme pas pour autant en femme-girafe ou en femme à plateaux. Ce qui restera inscrit ne le sera pas sur le corps (du moins le lui souhaite-t-on), mais dans le visible de l’image, tel un masque qui viendrait re-dessiner le visage le temps d’une monstruosité réversible. Ces images sinuent entre mise en scène tragi-comique, jeu sur la disgrâce physique, et quelque chose qui serait de l’ordre d’une violence, voire d’une douleur physique ritualisée. Mais les distorsions et les atteintes portées au corps sont rendues supportables au spectateur par la distance spécifique qu’entretient la photographie avec l’évènement réel : elle en est à la fois la mémoire fidèle et l’inépuisable interprète. En cela, le travail de Bernard Demenge interroge le processus photographique, trace d’une surface visible définitivement aléatoire et mouvante, et interroge le portrait lui-même, dans son incapacité irrémédiable à saisir l’être qui nous fait face. Le dispositif de départ est pourtant celui de la photographie d’identité : en buste, frontale, bien éclairée. Mais son dévoiement vient ouvrir d’autres images : celles des fantasmes, des peurs et des fantaisies qui nous font un et multiple devant le miroir, en équilibre sur un fil entre les pleurs et les rires. CM Exposition réalisée avec le soutien d’Atelier Voies Off.


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Italien, vit et travaille à Londres • dibella.giuseppe@gmail.com

giuseppe di bella

> Abu Ghraib Giuseppe di Bella utilise les images réalisées par des tortionnaires américains d’Abu Ghraïb, en Irak, en 2004, et s’interroge sur leur traitement dans l’espace public. Cette série d’images condense en effet ce qui traverse la photographie aujourd’hui, jusqu’aux points extrêmes de ses pouvoirs d’obscurcissement et de mise en lumière du monde. Simultanément instrument de la dérive éthique (photographier l’humiliation participe du processus d’humiliation) et vecteur de sa condamnation (lorsqu’elle témoigne de l’horreur), la photographie avoue ici l’étendue et les paradoxes de ses pouvoirs, ainsi que le vide de sens qui l’habite lorsqu’elle échappe à la fois au champ de l’art et à celui du logos. CM


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Français, vit et travaille à Berlin • olivier.fermariello@gmail.com

olivier fermariello

> Air de famille Olivier Fermariello nous présente une série consacrée à ses grands parents, entre distance formelle et complicité. Ces images semblent avoir traversé toute l’épaisseur d’un temps long avant de venir jusqu’à nous. Elles sont habitées de la présence douce et entêtée de ces deux êtres, héritiers d’une vie dont ils rejouent les scènes pour un photographe nourri au même imaginaire qu’eux, et attentif à s’en faire l’écho.


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Suédois, vit et travaille à Stockholm • elis.hoffman@gmail.com • www.elishoffman.com

elis hoffman

> Tonight Elis Hoffman a silloné les salles de danse typiques des contrées provinciales suédoises, quand les orchestres du samedi soir enchaînent chansons d’amour et airs nostalgiques dans une atmosphère où se côtoient la solitude, le désir de rencontre et l’acharnement à exister. Crues, tel est le mot qui pourrait qualifier la plupart de ces images. Crues comme la lumière violente du flash qui met à jour les peaux flétries et les regards perdus. Rien n’est atténué, ni les formes, ni les couleurs, comme s’il s’agissait de faire surgir les détresses profondes des êtres sous les artifices des tenues de bal et des décors. La démarche photographique est fortement cohérente avec le propos. Au débordement visible de l’émotion répond une mise en lumière qui la prend en compte et l’expose. Les personnages ne sont pas trahis : ils sont accompagnés par le photographe jusqu’au bout de leur don, ou bien observés de loin dans leur mise en retrait volontaire. CM Contrecollage réalisé avec le soutien d’Atelier Alain Gambier.


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Français, vit et travaille à Dinard • jerome.jehel@free.fr • www.a-m-e-r.com

pierre-jérôme jehel

> Paysages mythologiques (Parcours Irlandais) Cet ensemble de photographies constitue la trace d’une expérience sensible qui va du texte au paysage, de l’imaginaire au concret. Il est l’empreinte d’une rencontre entre un passé aux restes à peines perceptibles, une géographie immuable et un promeneur d’aujourd’hui. En somme, une conjugaison à trois temps sur un même espace. P.J.J. Nous ne sommes pas dans les immenses espaces américains d’Ansel Adams, nets du premier au dernier plan, et pas davantage dans les paysages communs, lieux « sans qualité » de l’inventaire DATAR des années 80 en France. Nous sommes dans des fragments de paysage irlandais, parfois intacts et propices à la longue présence des mythes, parfois marqués de la trace récente des hommes. Paysages ou petits fragments de paysages, les changements d’échelle avancent des formes dont l’identification n’est pas immédiate. Un temps d’attention est nécessaire, qui est aussi celui de la perception de l’atmosphère des lieux, quelles que soient leurs dimensions dans l’espace réel. Ces photographies, si réalistes et pourtant si peu soumises à l’espace visible, font advenir la seule présence qui puisse donner existence aux lieux, la présence de qui les habite de son regard. CM Contrecollage réalisé avec le soutien d’Atelier Alain Gambier.


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Français, vit et travaille à Marseille • Lerouxphilippe80@neuf.fr

philippe leroux

> Made in Fuping En octobre 2007, Philippe Leroux se rend à Fuping en Chine et photographie le FLICAM (Fule International Ceramic Art Museum) à l’invitation des Ateliers d’Art de France. Le projet ambitieux du FLICAM, dédié à la céramique contemporaine internationale, est conçu autour d’un site industriel de production de tuiles de verre. Il abrite aujourd’hui des délégations de céramistes venues du monde entier, qui travaillent en résidence avec les moyens et les outils locaux. Les œuvres produites sont ensuite présentées dans les musées des pays invités. Les images de Philipe Leroux semblent porter une simple et calme légitimité, celle que leur donneraient les gestes lents, ancestraux et inchangés, qui fondent la communauté humaine autour de ses préoccupations les plus élémentaires. Bâtir pour se protéger des éléments, modeler et cuire la terre pour contenir l’eau et l’aliment, pour stocker et assurer la survie : ces gestes portent les premières aspirations de tout groupe humain. La photographie, immobile et silencieuse, semble ici rejoindre son objet. CM Contrecollage réalisé avec le soutien d’Atelier Alain Gambier.


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Suisse, vit et travaille à Genève • lutz.ch@gmail.com • www.agencevu.com

christian lutz

> Out West Christian Lutz a séjourné à quatre reprises dans le ranch d’élevage des Davies, dans l’Oregon, entre 2006 et 2008. Entre imagerie du western et modernité consumériste, la vie au ranch des Davies est photographiée comme un quotidien sans cesse bordé par la tragédie. Le décor paraît trop grand et les scènes trop brutales, pour qui n’est pas acteur de l’épopée de la conquête de l’Ouest, mais fermier à l’ouvrage, personnage mimétique de récits révolus. Les photographies de C. Lutz, chargées de signes, dessinent une dramaturgie étrange, comme dépossédée des enjeux de la fiction cinématographique. Récit statique et silencieux, la photographie est venue installer ses géométries, dessiner des scènes qui relient les hommes entre eux, aux espaces qu’ils occupent, et au photographe. L’étrange gravité de ces scènes semble construite sur une sorte d’apesanteur, comme suspendue au-dessus du grand vide que les américains ont créé avant de réinventer l’Amérique. CM


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Français, vit et travaille à Marseille • geoffroymathieu@free.fr • www.geoffroymathieu.com

geoffroy mathieu

> Parcelles « Un mince vernis de réalité immédiate recouvre la matière, naturelle ou fabriquée, et quiconque désire demeurer dans le présent, avec le présent, sur le présent, doit prendre garde de n’en pas briser la tension superficielle. » Vladimir Nabokov, La transparence des choses. « Bon, je vais faire un tour dans le quartier. » Jiro Taniguchi, L’homme qui marche. Les images de Geoffroy Mathieu sont le résultat d’une pratique quotidienne de la recherche non pas de moments, mais de dessins, formes ou situations qui composent le monde. Il ne s’agit plus de narration, ni de reportage, ni de démonstration, ni d’autobiographie mais de parcelles individuelles poétiques de monde rendues disponibles au regardeur, et réveillées par le processus photographique.


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Française, vit et travaille à Paris • pascalepeyret@wanadoo.fr • www.pascale-peyret.com

pascale peyret

> China Pascale Peyret s’est rendue en Chine avec dans ses bagages un sténopé rudimentaire en guise de carnet de voyage. Invitée à la Biennale Internationale de Guangzhou en mai 2007, elle poursuit ensuite son chemin vers Shanhaï, Pékin, Lijang et Shuming. Les temps de pose très longs inscrivent sur la pellicule des petites scènes étranges : les statuettes s’animent, l’espace se dilate, les rapports d’échelle se bousculent, les presse-papiers à l’effigie de Mao deviennent monuments... Cette série qui ne montre aucun des habitants ni des paysages de la Chine, mais seulement quelques-unes des innombrables figurines qui la peuplent silencieusement, évoque pourtant ce pays avec une acuité particulière. Cette série si peu documentaire vient peut-être toucher à ce qu’elle ne documente pas, mais saisit dans la complexité d’un ressenti, d’une sensation diffuse. Est-ce le trouble quant à l’échelle réelle des personnages qui évoque ici la négation de l’individu opérée par un régime ayant érigé le collectif en valeur suprême ? Est-ce la répétition de l’identique et de l’immobile qui évoque à elle seul la longue dérive totalitaire qu’a subi la Chine ? Est-ce encore la sexualité exhibée ou latente de certaines des figurines qui vient, comme en un retour du refoulé collectif, témoigner silencieusement du moralisme autoritaire et hypocrite du régime ? La femme brutalisée par des hommes peints en rouge (des gardes rouges ?), qui n’est pas un bibelot anonyme, mais une création à vocation artistique des Frères Gao, serait alors l’une des clés d’un dispositif minimaliste où reposerait, derrière les masques figés ou souriants, quelque chose des ambigüités et des tensions à l’ œuvre dans la société chinoise post-communiste. CM


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Suisse, vit et travaille à Genève • francoisschaer@yahoo.fr • www.francoisschaer.com

françois schaer

> Toreros maya « Toreros maya » a été réalisé en 2006 dans la province du Yucatan, au Mexique. Cette série donne à voir les coulisses de l’univers chaotique et festif de ces étranges combattants de l’arène. Inscrit dans une forme contemporaine de reportage, dégagé de toute contrainte descriptive ou chronologique, « Toreros maya » a été pensé comme un récit métaphorique invitant le spectateur à une lecture séquentielle des images. Portraits posés laissant éclater la fierté de ces personnages en habits de danseurs fatigués, images dévoilant la vulnérabilité de corps bardés de blessures, jeux de miroirs, reflets, pans de ciel constituent autant de petites touches impressionnistes, proposant une lecture magico-réaliste de l’évènement.


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Italien, vit et travaille à Paris • contact@valeriovincenzo.com • www.valeriovincenzo.com

valerio vincenzo

> Borderline L’Europe unifiée, en supprimant la plupart des contrôles d’identité et des installations douanières, a redessiné la notion de limite d’état. En d’autres temps, les images d’une frontière ne pouvaient être celles que nous montrent Valerio Vincenzo. Espace de tension et d’affrontement, l’endroit ne se serait sans doute pas prêté à cette photographie presque sereine, colorée et stabilisée par le grand format carré. Presque sereine, mais pas tout-à-fait, parce que le talent de l’auteur est de laisser transparaître dans le bucolique des lieux ce qui perdure de l’absurde, du sourdement inquiétant attachés à la notion de frontière. Cicatrices mal refermées d’affrontements immémoriaux, les marques infligées au paysage sont d’autant plus chargées d’étrangeté qu’elles ont perdu leur sens, idéogrammes d’une langue désormais perdue dans le grand mouvement d’unification géopolitique de l’Europe.Vidés de leur raison d’être mais non réaménagés, les no-man’s lands frontaliers voient la nature reprendre peu à peu ses droits, reléguant les lignes tracées par les hommes dans une sorte d’inconscient du paysage. Les photographies de Valerio Vincenzo ont saisi ce qui est inscrit en creux dans ces lieux débarrassés des passions de l’histoire, mais qui en ­gardent comme une vague nostalgie. CM Exposition réalisée avec le soutien d’Atelier Voies Off. Contrecollage réalisé avec le soutien d’Atelier Alain Gambier.


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Slovène, vit et travaille à Maribor • matjazwenzel@gmail.com

matjaz wenzel

> HK Avec le projet HK, Matjaz Wenzel s’est intéressé à la colonie Hutter, un habitat ouvrier semi-collectif, constitué de petites maisons jumelles édifiées par un entrepreneur local dans les années 1936-1937. Apparaissent ici, simultanément et de façon imbriquée, le poids de la forme d’habitation sur la structuration de l’espace et les processus de personnalisation, de résistance à la l’uniformisation. Matjaz Wenzel s’est placé exactement à l’intersection des lignes de tension spatiale, des zones de frottement temporel à l’ œuvre dans ce quadrilatère densément habité et vécu. Le résultat évoque souvent un collage, un montage, mais il n’est pourtant que le constat photographique d’un espace marqué par la longue cohabitation/ confrontation de modes de vie tenus à un voisinage étroit, forcé, aménagé, accepté. CM


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Italien, vit à Perugia • giacomo.brunelli.com@libero.it • www.giacomobrunelli.com

giacomo brunelli

P r i x E x c h a n g e F o t o L e g g e n d o  /  B o u t o g r a p h i e s 2 0 0 9

> Creature Giacomo Brunelli photographie des animaux. C’est-à-dire ce qui vit, ce qui nous regarde, et ce qui n’a pas de conscience. Ce sont des animaux domestiques : chiens, chats, poules, chevaux... élevés soudain au rang d’acteurs de nos inquiétudes. Qu’est-ce qui nous fait homme face à l’animal ? Où commencent la peur ? la souffrance ? l’émotion ? Ses photo­graphies très noires et très blanches – éclats de peau, de plumes et de regards sous des cieux sombres – dessinent un monde dont les interstices ouvrent sur nos sensations premières. Elles nous restituent une part de ce qui nous guette et nous échappe, de ce qui borde immédiatement notre humanité. CM


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Israélien, vit et travaille à New York et Tel Aviv • natan.dvir@gmail.com • www.natandvir.com

Natan dvir

Carte blanche à Grain d’Image

> Seeing is believing Dans sa série Natan Dvir a saisi les scènes de passion, sereines ou violentes, d’un moyen-orient indéfiniment imprégné de ses récits et de ses spiritualités, comme le sont ces photographies elles-mêmes. Reporter totalement investi dans son métier, il délivre des images d’une grande puissance évocatrice. Les tensions à l’œuvre dans les situations qu’il couvre sont immédiatement perceptibles, et nous renvoient à la grande tradition d’un photojournalisme attaché à la construction de son propre univers visuel autant qu’à la restitution de l’événement vécu. CM


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C a r t e b l a n c h e à Tr a n s i t

collectif argos I

Fondé en 2001, le Collectif Argos regroupe des journalistes, rédacteurs et photographes indépendants, engagés dans une démarche documentaire autour des mutations ou des enjeux sociaux et environnementaux. Environnement, immigration, géopolitique, droits de l’enfant, mondes polaires, maritimes ou industriels, chacun poursuit, selon ses affinités, des projets personnels de longue haleine et s’attache dans le même temps à mener des projets collectifs où s’illustre l’envie de travailler ensemble. « Réfugiés Climatiques » est ainsi le premier long travail qu’Argos a réalisé collectivement depuis quatre ans. Parallèlement à la presse écrite, le collectif cherche à promouvoir des formes narratives originales : documentaires multimédias, livres, expositions, conférences-diaporamas.


collectif argos

jérômine derigny I

> Commerce équitable : quelles retombées pour les populations ? La prime versée pour les produits équitables est réinvestie dans le développement social ou écologique des communautés, sur des projets choisis par les populations elles-mêmes. Circuits d’eau potable, éducation, santé, autant de progrès qui améliorent les conditions de vie au quotidien. boutographies2009 page

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collectif argos

cédric faimali I

> Que reste-t -il du cinéma en Palestine ? « Le cinéma, c’est ce pays en plus, cet autre pays sur la carte du ­monde ». Jean-Luc Godard. Que reste-t-il du cinéma en Palestine? Des bobines rouillées jonchant un sol poussiéreux. Des affiches délavées aux bords déchirés. Des portes murées aux serrures enchaînées. Une salle désertée sans éclats de rires, sans murmures et pleurs étouffés. Depuis la première Intifada, déclenchée en 1987, il n’existe plus qu’un cinéma proposant des séances quotidiennes, à Ramallah en Cisjordanie. Dans un pays en guerre, l’absence de rayon de lumière qui, depuis la cabine de projection, illumine l’écran plonge tout un peuple dans la nuit : « J’ai 44 ans et aujourd’hui ma vie se résume à dormir, travailler, manger, raconte Mohamed, employé au département des relations internationales du gouvernement palestinien. Je n’ai plus l’occasion, dans cette prison à ciel ouvert qu’est devenue la Bande de Gaza, de m’évader en allant au cinéma. Ce qui me rend le plus triste, c’est pour les enfants: Sans le cinéma, leur culture, c’est le sang ». AUDE RAUX


collectif argos

eléonore henry de frahan I

> Ces familles qui n’ont plus droit de cité Expulsées de HLM, des familles françaises survivent dans des habitats de fortune à la lisière des villes, sans électricité ni eau courante. Pour assurer une vie décente à leurs enfants, les parents cumulent les petits boulots. Leur priorité: préserver à tout prix la cellule familiale afin d’empêcher les services sociaux de placer leurs enfants. Emplies d’un sentiment de honte ces familles refusent souvent tout contact avec l’extérieur. En France, aucun recensement précis ne permet d’apprécier l’ampleur du phénomène; souvent cachés, regroupés en très petites unités, ces campements se repèrent difficilement. boutographies2009 page

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collectif argos

laurent weyl I

> Mégapolites : vivre et survivre aux marges des villes géantes* En 2007, l’humanité a changé de nature : pour la première fois de son histoire, la moitié de sa population est urbaine. La ville, elle-même, a changé d’échelle. Alors qu’en 1950 New York était la seule agglomération de plus de dix millions d’habitants, le monde en comptera vingt-trois d’ici 2015, dont cinq de plus de vingt millions d’habitants. De fait, la ville est un phénomène dépassé, une histoire ancienne. Le XXIe siècle est celui des mégapoles et de ses habitants, les mégapolites. Fondée sur la croissance perpétuelle, la dynamique des gigavilles est avide d’espace et de ressources naturelles, de capitaux et de main-d’ œuvre à bas coût. Aussi les nouvelles populations sont-elles souvent maintenues dans une précarité extrême. L’aire de la méga-urbanisation est aussi celle des bidonvilles. Qui sont ceux qui occupent les marges et les interstices des cités géantes? D’où arrivent-ils? Pourquoi sontils venus? Comment vivent-ils? Pourquoi restent-ils? Quelle est leur contribution au processus en cours? Que peuvent-ils attendre d’un univers radicalement polarisé entre hypernantis et ultradémunis? DONATIEN GARNIER *Mégapolite : néologisme ; habitant d’une mégapole.


les projections du jury I

> Nadine Béteille  France > Marco Citron  Italie > Jean Yves Corré  France > Jean-Robert Dantou  France > Jean-Claude Delalande  France > Angelos Gavrias  Allemagne > Pascal Grimaud  France > Magda Hueckel  Pologne > Yann Linsart  France > Antonella Monzoni  Italie > Harri Palviranta  Finlande > Thomas Rousset  Suisse > Nathalie Taillandier  France > Patrick Van Roy  Belgique > Charles Weber  Grèce

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Galerie « A la Barak » 10 rue de la Petite Loge 34000 Montpellier 04 67 86 98 21 alabarak@gmail.com http:/alabarak.com

Transit / collectif photographique 3, rue Ranchin 34000 Montpellier +33(0) 467.60.85.81 postmaster@transit-photo.com www.transit-photo.com

LES BOUTOGRAPHIES SONT ORGANISÉES EN COLLABORATION AVEC

Depuis sept ans, la volonté de l’association Transit est de mieux faire connaître la photographie documentaire et la démarche de ses auteurs. Elle invite ainsi chaque année des photographes à présenter leur travail dans son espace d’exposition, organise des rencontres photographiques et des soirées projections. Elle collabore également avec d’autres structures sur des projets culturels et coordonne des interventions en milieu scolaire. En parallèle, les photographes du collectif travaillent régulièrement avec la presse nationale et internationale, répondent à des commandes institutionnelles, diffusent des expositions en France et à l’étranger. L’équipe se compose de six photographes – quatre à Montpellier et deux à Marseille – d’une chargée de projets culturels et depuis peu, de deux iconographes. Depuis l’arrivée du festival au cœur de la ville,Transit s’associe à l’équipe des Boutographies en participant à la programmation et en faisant de l’Espace Transit un des lieux d’exposition des Rencontres photo­ graphiques de Montpellier.

« La Barak » est un jeune espace associatif dédié à tous les photo­ graphes débutants ou avertis, où se mêlent expositions, pratique photographique en libre service, enseignement théorique et ludique. La combinaison atelier/espace d’expo propose de reconsidérer la discipline dans son ensemble : mettre en valeur les savoir-faire, cultiver la diversité des techniques et des travaux photographiques, favoriser les échanges entre les photographes, leurs œuvres et le public permet de prendre en compte la totalité des étapes dans leur processus de réalisation. C’est dans cet esprit éclectique que « La Barak » tente de proposer en moyenne une exposition par mois, toutes productions photographiques confondues. En bref... « A la Barak » est un lieu pensé pour expérimenter, partager ses connaissances, enrichir sa culture de l’image, où la photographie de chacun circule, s’échange et s’expose...


LES BOUTOGRAPHIES SONT SOUTENUES PAR

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CE CATALOGUE EST PUBLIÉ À L’OCCASION DES 9e RENCONTRES PHOTOGRAPHIQUES DE MONTPELLIER DU 6 AU 25 JUIN 2009 19 EXPOSITIONS DANS 6 LIEUX DU CENTRE HISTORIQUE

photographes exposants

Carlo Bevilacqua Giacomo Brunelli Bernard Demenge Jérômine Derigny (Collectif Argos) Giuseppe Di Bella Natan Dvir Cédric Faimali (Collectif Argos) Olivier Fermariello Eléonore Henry De Frahan (Collectif Argos) Elis Hoffman Pierre-Jérôme Jehel Philippe Leroux Christian Lutz Geoffroy Mathieu Pascale Peyret François Schaer Valerio Vincenzo  Matjaz Wenzel Laurent Weyl (Collectif Argos) Les Boutographies sont organisées par l’association Grain d’Image 06 19 29 17 84 contact@boutographies.com www.boutographies.com président Peter Vass secrétaire général Arnaud Laroche direction artistique Christian Maccotta administratice Fanny Dombre-Coste projections du jury Gabriel Nogue

TEXTES CATALOGUE (SAUF MENTION CONTRAIRE ET ARGOS) CHRISTIAN MACCOTTA MAQUETTE SUSANNE KLEIN COUVERTURE TILBY VATTARD IMPRESSION IMP’ACT IMPRIMERIE PRIX TTC 2 EUROS




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