10è Rencontres photographiques de Montpellier les boutographies
La photographie connaît à Montpellier un bel essor. Peu de villes
françaises peuvent en effet s’enorgueillir d’un tissu aussi important d’artistes photographes et d’initiatives publiques et privées dans cette discipline très populaire. Nous sommes fiers de nos photographes montpelliérains et de l’importance que chacun accorde à cet art. Cette diversité est aux yeux de la municipalité une richesse qui doit être développée et mise en valeur. Conscients de cet engouement, du fait que nous vivons dans une société où l’image prédomine, séduits aussi par la conjugaison intime de l’art et de la technique, qui correspond si bien à l’identité de notre ville, nous avons décidé en 2007 de dédier entièrement le Pavillon Populaire, lieu phare de notre mémoire collective, à la photographie. Et pour que le plus large public puisse s’ouvrir à cet art, nous avons décidé de rendre gratuit l’accès aux expositions. Réaménagé, aéré, modernisé, le Pavillon Populaire figure aujourd’hui parmi les lieux d’exposition photographique les plus importants d’Europe et fait preuve dans sa programmation d’une ambition internationale, tout en restant ouvert aux initiatives locales. Les Boutographies – Rencontres photographiques de Montpellier, dont nous fêtons cette année les dix printemps, ont grandi sur ce terreau fertile et s’y sont développées sans rien perdre de leur fraicheur et de leur pertinence. Aussi curieuses qu’exigeantes dans la sélection des talents présentés, elles ont su fédérer les énergies et jouer collectif pour présenter, dans de multiples lieux de la ville, la photographie contemporaine au plus près des publics. Partenaire principal des Boutographies, la Ville de Montpellier est fière de soutenir cette pépinière de talents, ouverte aux jeunes auteurs européens issus de tous les champs de la photographie, qui illustre deux enjeux majeurs de notre politique culturelle : accompagner l’émergence artistique vers l’excellence et mettre l’excellence à la portée de tous, pour que l’art soit présent dans la vie de chacun. En ce dixième anniversaire, tous nos vœux de succès accompagnent cette nouvelle édition des Boutographies, dont les mille et uns regards contribuent à ouvrir le notre ! Michaël Delafosse
Adjoint au Maire, délégué à la culture
Hélène Mandroux
Maire de la Ville de Montpellier
Quelqu’un a dit qu’une œuvre d’art est quelque chose de parfaite-
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Georges Frêche
Président de la Communauté d’agglomération de Montpellier, Président de la Région Languedoc-Roussillon
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ment inutile, mais dont on ne pourrait absolument pas se passer, parce que l’art transmet ce qu’il y a de plus essentiel au cœur de chacun de nous, ce qui nous fait pleurer sans qu’on puisse l’expliquer et ce qui nous élève. Montpellier Agglomération aime la culture vivante, le renouvellement créatif, tout ce qui permet de toucher de façon directe les amateurs d’art sous toutes ses formes. En accordant des subventions aux structures culturelles développant un projet d’intérêt communautaire, tels que les festivals de Radio France Montpellier Languedoc-Roussillon et Montpellier Danse, l’Opéra et l’Orchestre de Montpellier Languedoc-Roussillon, le Centre chorégraphique national et l’Agora, Cité internationale de la danse, le théâtre des 13 vents, la salle Victoire 2 et bien d’autres…, Montpellier Agglomération marque son engagement pour la diffusion et la c réation artistiques de haut niveau. Cette volonté se traduit également par la mise en place d’un réseau performant d’équipements structurants.Ainsi, autour du Conservatoire à Rayonnement Régional, de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts, les lieux culturels de pointe que sont le musée Fabre, le musée archéo logique Lattara et le réseau des médiathèques d’Agglomération permettent d’accéder à un véritable choix en matière d’enseignement artistique ou de programmation culturelle. C’est dans ce contexte de valorisation de la culture en mouvement que Montpellier Agglomération est heureuse de soutenir, cette année encore, du 8 au 23 mai, les Boutographies, lieu d’expression privilégié des jeunes talents de l’art photographique. Cette manifestation d’exception a investi plusieurs espaces culturels du centre de Montpellier, dont le musée Fabre, générant un véritable engouement et la participation de photographes venus de toute l’Europe. La photographie nous rapproche de l’intime le plus troublant, le moins dicible, le plus évanescent. Une bonne image apporte quelque chose à côté de ce qui est visible. Souhaitons que l’édition 2010 de ces Boutographies, tienne ses promesses et nous réserve de belles et bonnes surprises artistiques !
2001 Jacques Armand I Gregory Auzuech I Philippe Barjaud I Cédric Basset I Yves Bommenel I Eric Bron I Sylvana Conté I Didier Cot I Mathilda Couzinié I Fanny Dombre I Delphine Ernesty I Jean Clément Favre I Frauke Furthmann I Kim Jonker I Arnaud Laroche I Gabriel Nogué I Christine Oberlinkels I Nina Ouzel I Jean Serra I Patrick Singh 2002 Fanny Dombre I Jean Clément Favre I Thierry Herrbach I Jacques Armand I Olivier Dartois I Kim Jonker I Marie-Thérèse Lair I Arnaud Laroche I Némorin I Clotilde Noblet I Gabriel Nogué I Christine Oberlinkels I Gilles Pailhé I Jérémy Samoyeau I Peter Vass I Jean-Michel Verdan 2003 Véronique Blanchard I Hélène Bonnet Bertaux I Collectif Transit (Bastien Defives / Nanda Gonzague / David Richard) I Aurélie Godefroy I Delphine Joseph I Sophie Juillard I Susanne Klein I Christian Maccotta I Eric Morère I Guillaume Péronne I Mariusz Sapinski I Peter Vass I Maria Isabel Zarama Meyer 2004 Denis Anceau I Elsa Beaumont I Stéphanie Brébant I François Brumas I Julie Champeau I Alain Doret I Florence Joffret I Christian Maccotta I Ulrike Monso I Andrzej Pilichowski-Ragno I Pascale Polge I Bruno Roux I Tilby Vattard I Christian Verdet I Delphine Vermeil 2005 Camille Bonnefoi I Jean Louis Carrassoumet I Nicolas Espinasse I François Labastie I Christophe Nivaggioli I Collectif Officine fotografiche I Christophe Petraud I Marcin Przybylko 2006 Christine André I Khedidja Boudjema I Jean Louis Carrassoumet I Nicolas Dartiailh I Juan Pedro Garcia I Ben Graville I Sylwia Kowalczyk I Philip Martin I Eva Mayer I Bruno Mercet I Rija Randrianasolo I Reiner Riedler I Eftymia Zymvragakis 2007 Stéphane Bonnaric I Diane Ducruet I Amira Fritz I Raffaella Gentile I Celsor Herrera Nunez I Caroline Juillard I François Laboureix I Andreas Meichsner I Officine fotografiche I Richard Petit 2008 Joana Bénichou I Carolle Bénitah I Caroline Boyer I Christophe Chammartin I Cécile Champy I Marguerita Crocco I Carlo Gianferro I Guillaume Le Baube I Emile Loreaux I Renaud Marion I JungRang Park I Alexandra Pouzet I Maïa Roger I Bertrand Stofleth I Collectif Transit (David Richard / Yohanne Lamoulère / Alexandra Frankewitz / Nanda Gonzague / Alexa Brunet / Bastien Defives) 2009 Carlo Bevilacqua I Giacomo Brunelli I Bernard Demenge I Collectif Argos (Jérômine Derigny / Cédric Faimali / Laurent Weyl / Eléonore Henry De Frahan) I Giuseppe Di Bella I Natan Dvir I Olivier Fermariello I Elis Hoffman I Pierre-Jérôme Jehel I Philippe Leroux I Christian Lutz I Geoffroy Mathieu I Pascale Peyret I François Schaer I Valerio Vincenzo I Matjaz Wenzel 2010 Bruno Arbesú I Yvon Bobinet I Martin Bogren I Vanessa Chambard I Lucile Chombart De Lauwe I Christophe Collas I Alain Cornu I Ilse Frech I Boris Gayrard I Marylise Humbert I Laurent Lafolie I Iorgis Matyassy I Guillaume Millet I Pierre Pédelmas I Anna di Prospero I Marco Rigamonti I Benjamin Schmuck
L’équipe des Boutographies
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Dombre-Coste, Christine Oberlinkels, et Gabriel Nogue, les Boutographies sont devenues, sous l’impulsion d’Arnaud Laroche et de Peter Vass – bientôt rejoints par Elodie Dubouchet et Christian Maccotta – une manifestation vouée à la jeune photographie de création, reconnue comme telle dans le foisonnant paysage photographique européen. Depuis dix années maintenant, l’équipe des Boutographies poursuit le projet de donner un espace aux fonctions diverses et parfois contradictoires de la photographie d’aujourd’hui. Document social, mise en scène ou expérimentation esthétique, la photographie est à sa place lorsqu’elle préserve le rapport particulier au monde qui est le sien : celui d’une présence physique – donc sensible – à une lumière, à un moment, pour produire une image soudain plus forte que le simple visible du lieu et de l’instant réunis. Contre-programmation au flot ininterrompu des images publicitaires, télévisuelles, commerciales, touristiques… les Boutographies se veulent aussi un lieu d’accès à la photographie contemporaine, à ses pratiques en mouvement, en écho et en résonance permanente avec ce qui travaille notre monde et ses représentations. Les Boutographies ont reçu plus de trois cent cinquante dossiers de candidature pour l’édition 2010, en provenance de quinze pays européens. La plus grande partie de ces travaux est l’œuvre de jeunes photographes, qu’ils soient encore étudiants en école d’art ou de photographie, professionnels débutants ou artistes en devenir. Avec le soutien de la Ville de Montpellier, nous pouvons désormais leur proposer certains des plus beaux lieux d’exposition de la région. Dans le même temps, des espaces nouveaux se sont ouverts à la très active scène photographique locale. Vous pourrez les découvrir dans les quatre coins du centre historique et au-delà, sous l’égide du Hors les murs et du tout nouveau Off, à qui nous souhaitons la bienvenue et un bel avenir. Projections, lectures de portfolio, remises de prix en présence de nos amis et partenaires italiens de Fotoleggendo, et autres évènements complètent cette quinzaine propice à l’expression et à la critique photographique, ou bien à la simple flânerie parmi les images. En quelques années, les Boutographies sont devenues le rendez-vous printanier de toutes les photographies à Montpellier. Les portes sont grand-ouvertes, nous vous attendons nombreux.
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Créées en 2001 dans le quartier Boutonnet à l’initiative de Fanny
m es • www.brunoarbesu.co is • brunoarbesu@yahoo. Franco-espagnol, vit à Par
bruno arbesú
> Meetings Bruno Arbesú fait des images de l’image d’une foule regardant une image. Autrement dit, il prend acte de l’amoncellement des couches de représentation qui recouvrent la parole, l’ensevelissent dans un système social et politique formaté par les écrans. Le meeting, lieu supposé d’un discours enfin direct de l’homme politique à son public, à ses partisans, n’échappe plus à une scénographie qui intègre ellemême les images, la sonorisation, la musique. Quand le silence et l’immobilité de la photographie se posent sur ces moments de confusion organisée, l’essentiel des artifices de la mise en scène nous saute aux yeux : agencement des symboles et des couleurs, simplisme des slogans, construction de l’effet de foule et de liesse collective. En se penchant sur l’image du politique, Bruno Arbesú examine le fond du politique post-moderne, qui confronte moins des idées que des « façons de voir », moins des idéologies ou des croyances que des modes de simulation de la croyance, en un théâtre accepté et partagé au nom du renoncement aux certitudes et aux vérités transcendantes. Christian Maccotta
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Toujours le camp des travailleurs (2002)
alerie-531.php hotoalouest.com/tiers/g n@hotmail.com • www.p inetyvo Français, vit à Paris • bob
yvon bobinet
> Les Sept Péchés Vertueux A l’origine, la série Les Sept Péchés Vertueux devait faire l’objet de douze images et s’appuyer sur le rythme saisonnier (...). Je suis revenu à sept images en référence symbolique aux sept péchés capitaux dont parle la Bible. Ce qu’il y a de nouveau dans ce travail (hormis la vue en plongée qui en complique la construction binoculaire), ce sont les textes joints. Il y a toujours eu dans mon travail un rapport à l’écriture, comme langage ou comme élément purement graphique. Mais j’avais envie d’écrire, non pour asséner, pour surligner, mais encore une fois pour suggérer, et si possible avec humour. Yvon Bobinet
Ecrivains associés : Michel Audiard : « Les cons ne doutent de rien, c’est même à ça qu’on les reconnaît » et Pierre Reverdy : « On s’aperçoit qu’on a un estomac bien avant de se douter qu’on a une âme ».
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Le Doute surgit toute l’année. Dans sa phase paralysante, ses symptômes les plus visibles sont une grande activité cérébrale associée paradoxalement à une inertie toute aussi importante. Envie de faire et envie de ne rien faire se disputent alors autour de deux interrogations essentielles : quoi faire ? A quoi bon faire ? Le Doute peut donner du sens au geste à condition qu’il ne l’empêche pas. Associé à la Paresse, il peut conduire à l’ennui.
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LE DOUTE EST LE SECOND DES SEPT PECHES VERTUEUX
m • www.martinbogren.se martin.bogren@telia.co Suédois, vit à Limhamn •
martin bogren
> Storys from home « Storys from home est le portrait du village où j’ai grandi. Je n’avais pas la sensation d’appartenir à cet endroit, et j’ai passé ma jeunesse à rêver d’un ailleurs, différent, plus grand. Ceci est un essai sur mon village natal. Un retour et un lien reconstitué, mais aussi une démarche qui veut comprendre ce que je suis et d’où je viens. » Martin Bogren Martin Bogren est revenu dans son village d’origine pour réaliser ce qui n’est pas un reportage, mais une peinture d’atmosphère. Ce travail se rattache à la tradition nordique expressionniste, quand la beauté des images est inconfortable, habitée d’une poésie étrange, d’une sombre présence des êtres et des lieux. Ici, le quotidien et le familier semblent côtoyer le tragique, et c’est dans les environs immédiats du banal qu’habitent les mystères les plus denses. Christian Maccotta
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Française, vit en Ardèch
e • chamb
vanessa chambard ardvanessa@hotmail.com • www.vanessachambard.com
> Far East Far East est l’histoire d’un voyage, en automne, tout à l’est de l’Europe. Un voyage en Roumanie et en Bulgarie pour aller à la rencontre des deux derniers entrants dans l’Union Européenne. C’est un road-movie à travers les espaces vides de l’Est, à travers deux pays, et, finalement, à travers deux époques. En Roumanie comme en Bulgarie, les stigmates du passé communiste sont encore bien visibles dans l’architecture, le paysage, les modes de vie… Mais dans le même temps, les deux états semblent décidés à en terminer avec ce passé et à s’aligner sur le modèle tracé par l’Europe occidentale, parfois aux dépens des couches sociales les plus vulnérables. Ici, le long des routes défoncées, on voit fleurir des villas monumentales, avec bassins et colonnes de marbres dans le jardin. On se fait dépasser par de gigantesques pick-ups aux jantes chromées. Et un peu plus loin, sur ces mêmes routes, on croise de vieilles dames en robe à fleurs, des chevaux efflanqués, des tziganes avec violons et trompettes. Autour de tout ça, les plaines immenses, et les chardons. Des espaces vides, baignant dans le brouillard, comme suspendus dans l’espace et le temps. Les lieux semblent figés dans un entre-deux fragile et indéfinissable, entre est et ouest, entre hier et demain, entre ici et ailleurs. Vanessa Chambard Exposition réalisée avec le soutien d’Atelier Voies Off.
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hombar Française, vit à Arles • lu.c
lauwe lucile chombart de m • www.bar-floreal.com cile-chombartdelauwe.co t@laposte.net • www.lu
> De nuit Travailleurs de nuit, hors des rythmes et des normes. Moments coupés du fil de la vie des hommes, quand la perte des repères spatiaux et temporels crée cette sorte de flottement propice aux dévoilement des êtres, entre fatigue et lassitude. Interstices de temps qui échappent au grand théâtre diurne et laissent entrevoir l’envers du décor. Traces des corps présents-absents dans les fauteuils vides. Marges du jour, sentinelles avancées dans la nuit qui dure, gardiens de la vie qui continue, tenace, sous perfusion électrique.Travail comme une attente, où l’on apprendrait la longue patience d’être soi et d’être promis au jour. Christian Maccotta Exposition réalisée avec le soutien d’Atelier Voies Off. Contrecollage réalisé avec le soutien d’Atelier Alain Gambier.
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Belge, vit à Liège • lcollas
christo
christophe collas w.christophecollas.be phe@hotmail.com • ww
> Silences Silences est à la recherche d’une conscience du temps. Le temps qui s’écoule lentement, le temps qui fuit ou le temps qui s’arrête. Autant d’images différentes qu’il y a de temps : celui du corps, celui des âges, celui des lieux, celui de la ville ou encore celui du silence. Prise de manière instinctive, sans faire appel à la mise en scène, chaque photographie puise sa matière dans le quotidien ou dans l’intime. Images immobiles et muettes, c’est dans les interstices, dans l’ombre ou dans le hors-champ que leur sens se révèle. Christophe Collas
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alain cornu
Français, vit à Paris • alai
ncornu.photo@orange.f
r • www.alaincornu.com
> Les signes de la forêt Il y a quelques années, un sondage lu dans la presse avait intrigué Alain Cornu. L’une des questions posées était celle-ci : « La nuit venue, dans lequel de ces deux endroits auriez-vous le plus peur : une ville ou une forêt ? » La quasi-totalité des réponses désignait la forêt. Il était ensuite démontré, statistiques à l’appui, que l’on courait infiniment plus de dangers dans une ville. Alors pourquoi cette peur ? Quels liens étranges nous unissent à la forêt ? La forêt est un monde à part qui, selon Robert Harrison, marque « une frontière extérieure entre l’humain et le non humain ». C’est cette frontière qui donne à la civilisation ses repères et « sans ces contrées extérieures, pas d’intérieurs où habiter ». On peut d’ailleurs associer notre émotion, face à la déforestation actuelle ou aux forêts qui brûlent, à une peur enfouie de voir cette frontière disparaître et avec elle la notion d’habitat humain.
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=105149 hotographie.com/?pubid rd@hotmail.com • www.p isgayra Français, vit à Paris • bor
boris gayrard
> 69.13ºN 51.16ºW Les coordonnées géographiques « 69.13°N 51.06°W » désignent la position exacte du fjord de Sermeq Kujalleq à l’ouest du Groenland. Le long de la baie, là où les hommes vivent, les maisons et les églises de bois déclinent leurs façades rouges ou marrons, les barques attendent d’être réparées, les usines se sont installées. Le Groenland de Boris Gayrard est silencieux et impur. On n’y voit pas d’habitants, mais la belle saison, comme en un processus de révélation, laisse venir à la surface du grand blanc les traces de leur activité. Les images rendent une sorte d’hommage au lent acharnement des humains à survivre contre le silence et le froid. Marielle Armand / Christian Maccotta
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arylisehumbert.com arylise@yahoo.fr • www.m bert_m Française, vit à Paris • hum
marylise humbert
> Conjonctions La plage exerce depuis toujours une fascination particulière sur les photographes. La ligne de côte est, à cet endroit, le trait qui sépare et réunit deux univers visuellement antagonistes. Côté mer, l’étendue liquide, miroir du ciel, espace infini. Côté plage, la présence immobile, têtue et massive de la terre, du sable, et puis, installé là pendant deux mois d’été, le grand bazar touristique. Quand les estivants refluent vers l’intérieur des terres, à la fin de la saison, ils abandonnent derrière eux des vestiges étranges. Une fois revenu le temps du labeur et des préoccupations sérieuses, les fonctions de ces toboggans, châteaux de plastique et autres architectures improbables deviennent si incongrues qu’elles semblent d’un autre monde, temples et autels énigmatiques des rites oubliés de l’été. Christian Maccotta Contrecollage réalisé avec le soutien d’Atelier Alain Gambier. Exposition réalisée avec le soutien d’Atelier Voies Off.
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r • ww lafolie.laurent@orange.f rn Français, vit à Salies de Béa
laurent lafolie w.laurent-lafolie.fr
> Alma I et II « Etre amoureux, c’est être amoureux du visage. » J’ai photographié ici principalement des personnes pour lesquelles j’éprouve ce sentiment ; des gens de mon entourage ou bien que je rencontre et qui me touchent par leur singularité, pour la lumière qu’ils déploient, pour l’effort qu’ils mettent à vivre et à se comporter en être humain. Pour d’autres, ce peut être aussi le reflet d’une fragilité, d’un tourment ou d’un désarroi. (…) Le sens du sacré se perd pour d’autres profits ; il est très difficile à l’époque où nous vivons d’échapper aux images séductrices ou intéressées, celles qui nous forcent ou nous attisent le regard afin de nous imposer leur message au lieu de le rendre disponible. L’être humain est divisé par le langage. Je me sers de la peau dénudée, du regard – seul actif de la photographie –, de la bouche tue et j’y trouve une figure autre ; sauvage, féminine, Autre, animal, corps, temps, absence de sens, troué… il y a plein de mots, tous indiquant que ça nous file entre les pattes et que derrière ça crie, ondule, hurle, pleure et rit ; la contrepartie joyeuse c’est que la beauté est là dans ce tragique à prendre au sérieux, juste après la césure. Sur l’autre face ces visages ouverts et attentifs sont calmes et apaisants. En nous regardant silencieusement, ils présentent l’infini et donnent le meilleur d’eux-mêmes. Laurent Lafolie
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www.iorgismatyassy.com ismatyassy@gmail.com • Français, vit à Paris • iorg
iorgis matyassy
> London Couriers À Londres, on trouve environ cinq cents personnes qui exercent le métier de coursier à vélo. Figure éphémère de la jungle urbaine, le coursier est sans arrêt en déplacement, il a une notion quasi-totale de la ville et évolue dans la circulation avec aisance. Un coursier est la plupart du temps payé à la course, il parcourt entre quatre-vingts et cent kilomètres par jour, il n’a pas de journée type, la fréquence de travail varie d’un jour à l’autre. Il s’agit d’un métier précaire qui implique un mode de vie dans lequel la débrouille est essentielle. Ce n’est pas un employé ordinaire mais un individu indépendant qui tel un vagabond, porte toujours avec lui l’essentiel des affaires dont il est susceptible d’avoir besoin. Les seuls éléments qui le rattachent à son entreprise sont son talkie-walkie et son téléphone portable. C’est une communauté qui regroupe des individus aux personnalités différentes, réunis par une même soif de liberté et d’indépendance, que les aléas de la vie ont amené à exercer ce métier. J’ai développé une fascination pour ces personnes sans arrêt en mouvement, que l’on voit surgir l’espace d’un instant dans la circulation puis à nouveau disparaître. Il y avait quelque chose d’impalpable et de presque frustrant à voir évoluer de tels personnages, aux looks et aux visages qui m’interpellaient, sans réellement avoir le temps de les regarder. J’ai donc voulu marquer un arrêt dans leur course et me les approprier. Iorgis Matyassy Contrecollage réalisé avec le soutien d’Atelier Alain Gambier. Exposition réalisée avec le soutien d’Atelier Voies Off.
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Français, vit à Paris • tak
ila0@y
guillaume milletahoo.fr • www.guillaumemillet.com
> Kurai En japonais, quelqu’un de « kurai » (sombre, renfermé) s’oppose à un individu « akarui » (sociable). J’ai découvert un certain Tokyo à travers le regard d’auteurs modernes, plus particulièrement en découvrant la littérature obsessionnelle de Murakami Ryu et le cinéma névrosé de Shinya Tsukamoto. J’ai reçu la fureur de leur écriture, la violence étrangement belle de leur esthétique dans un état quasi hypnotique. J’ai véritablement subi ces assauts esthétiques au point qu’une idée d’un Tokyo fantasmagorique m’est apparue comme une évidence. Il fallait y aller, marcher la nuit, voir le métal, sentir la chair, rencontrer ces héros perdus des romans de Murakami Ryu, affronter ce monstre froid décrit par Shinya Tsukamoto. Croiser ces individus, comme l’a écrit Philippe Picquier, l’éditeur de « La guerre commence au-delà de la mer », un roman de Murakami Ryu : « des êtres habités de cauchemars et de rêves fous, exaltés par les peurs qui hantent leurs nuits, promènent en pleine lumière leur tristesse et leur incompréhension devant le spectacle d’un monde désolé qui se défait devant eux ». Guillaume Millet Contrecollage réalisé avec le soutien d’Atelier Alain Gambier.
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> Instants de vie
Français, vit à Mirepoix •
pierre pédelmas
pierre.pedelmas@orange
.fr
Pierre Pédelmas a le sens de l’image. C’est dire qu’avec lui les formes visibles s’agencent pour donner au monde cette cohérence impossible qui n’existe que pour l’œil du photographe ou du peintre. Aujourd’hui, alors que le spectateur avisé a renoncé depuis longtemps à attribuer la moindre valeur de vérité à la photographie, revient peut-être le désir d’images qui recherchent un sens commun, un monde de représen tations à partager au-delà du simple constat de l’absence des repères. A la photographie objective et transparente de la post-modernité, nous pourrions alors à nouveau opposer la photographie de l’instant sacré, habité des vertus visibles du sens. La photographie de Pierre Pédelmas est humaniste. C’est-à-dire qu’elle ne recule ni devant l’illusion ni devant l’espoir d’un « voir ensemble », serait-ce le temps d’une image photographique. Christian Maccotta
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arcorigamonti.com w.m rco.rgm@virgilio.it • ww Italien, vit à Piacenza • ma
marco rigamonti
> Promenade Unité de lieu, de temps, d’action : une calme tragédie se joue sur ces quelques mètres de la promenade des Anglais, dans une lumière dorée de cinéma. Rien, pourtant, n’a été agencé. Les scènes se font et se défont au gré du hasard, se succèdent dans le grand désordre du quotidien. C’est la tension visuelle créée par cette lumière naturelle mais rigoureusement choisie, et par le choix de l’instant, qui élève ces hasards d’une promenade au bord de l’eau au rang d’une fiction. Une fiction étrange, qui ne raconterait pas, mais laisserait venir les énigmes qui peuplent le visible comme on laisse venir la mer, depuis très loin. Christian Maccotta
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• contac Français, vit à Montreuil
benjamin schmuck t@schmuck.fr • www.schmuck.fr
> Au-delà du cercle J’ai eu 20 ans cette semaine. 20 sans et nous voilà déjà à partir pour se retrouver. Amis depuis toujours et assez naïfs, j’espère, pour que ça dure toute la vie. On court après le temps, c’est pour ça qu’on bouffe du kilomètre jour après jour. Ici les repères s’estompent. Je les photographie avec la peur qu’un matin j’oublie de voir notre amitié grandir. Le jour ne finira-t-il jamais au delà du cercle ? Benjamin Schmuck
Dans cette simple chronique de voyage, Benjamin Schmuck préserve ce qui fonde l’acte photographique dans son essence : un geste sans préméditation, une intuition de l’instant unique et déjà disparu. Indemnes de conventions visuelles et d’intentions visibles, ces images sont celles d’un état de grâce, à l’orée des sensations vitales de l’adolescent et des destinées de l’adulte. Christian Maccotta
Contrecollage réalisé avec le soutien d’Atelier Alain Gambier. Exposition réalisée avec le soutien d’Atelier Voies Off.
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Italienne, vit à Rome • ann
a.dipro
anna di prospero spero@alice.it • www.flickr.com/photos/dipanna/sets/72157623018938949/
0 outographies 201 t o L e g g e n d o / B Prix Exchange Fo
> Autoportraits L’atmosphère visuelle des photos d’Anna Di Prospero évoque celle des magazines, de la publicité ou des séries télévisées : images lisses et léchées, harmonie des formes et des couleurs. Mais quelque chose vient troubler ce qui, à première vue, pouvait évoquer le monde simple et rassurant de la « communication ». Des attitudes et des comportements «non-autorisés» se sont installés dans un décor qui n’est pas le leur. Ces images faussement naïves viennent se placer sur les lisières des images « conformes », soulignent en quelques traits ce qui les habite sans jamais y figurer, ou bien les pervertissent du côté du non-sens. Christian Maccotta
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Amsterdam • mail@ilse aille à Paris et Néérlandaise, vit et trav
ilse frech
Grain d’Image Carte blanche à
ech.com frech.com • www.ilsefr
> I am. Identités plurielles Qui sont-elles, ces jeunes femmes issues de l’immigration, et dont les familles vivent en France depuis une, deux ou trois générations ? Elles-mêmes, bien sûr… Elles sont aussi « les nouveaux visages de l’Europe », nous rappelle Ilse Frech, photographe néerlandaise partie à leur rencontre. Ilse Frech : « Je voulais la voir de mes propres yeux, cette jeune femme d’origine musulmane qui vit en banlieue, libérée du cliché dessiné par les médias. (…) Cherchant mon chemin dans les cités, parmi les immeubles et les tours, et parcourant la périphérie de Paris, du nord au sud, d’est en ouest, je sentais sa présence presque en moi-même, et son univers prenait une couleur de plus en plus singulière ». Pendant trois ans, de 2005 à 2008, elle a établi des contacts parfois difficiles, parfois intenses et proches, avec plusieurs dizaines de jeunes femmes, puis les a photographiées et suivies dans toute l’Ile-de-France. Sortant du cadre traditionnel de la culture et de la religion, elles témoignent d’une lutte qui prend forme lentement et discrètement. Khadidja, 25 ans, résidant à Melun : « Non, pour moi le mot d’intégration n’existe même pas… Je vis dans cette société, en tant que femme musulmane, et je suis ce que je suis ! ». L’exposition et la publication ont été réalisées avec le soutien de l’Institut Néerlandais de Paris, de la Mondriaan Foundation, de la Fondation pour les Arts plastiques, l’Architecture et le Design (Fonds BKVB), de la Fondation Sem Presser Archief et de la Fondation Média et Démocratie.
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Jérémie Aubouin
Chris R ain
France State of transition
Italie Too many words
Françis B russat
Miriam R uisseau
Francesca C ata stini Italie Happiness
Matteo G ozzi
Italie UB borderline
Damien P eyret
France Swim & steam I
ry les projections du ju
France Buenos Aires, la foule dans l’âme
France Dónde estás Federico
Nathalie S avey
France Les montagnes rêvées
Charlotte T anguy France Stoma
Philippe T ruquin
France Paul et les autres paysans d’un bout du monde
« La Barak » est un jeune espace associatif dédié à tous les photo graphes débutants ou avertis, où se mêlent expositions, pratique photographique en libre service, enseignement théorique et ludique. La combinaison atelier/espace d’expo propose de reconsidérer la discipline dans son ensemble : mettre en valeur les savoir-faire, cultiver la diversité des techniques et des travaux photographiques, favoriser les échanges entre les photographes, leurs œuvres et le public permet de prendre en compte la totalité des étapes dans leur processus de réalisation. C’est dans cet esprit éclectique que « La Barak » tente de proposer en moyenne une exposition par mois, toutes productions photographiques confondues. En bref… « A la Barak » est un lieu pensé pour expérimenter, partager ses connaissances, enrichir sa culture de l’image, où la photographie de chacun circule, s’échange et s’expose.…
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Depuis huit ans, la volonté de l’équipe de Transit est de mieux faire connaître la photographie documentaire et la démarche de ses auteurs. Elle invite ainsi chaque année des photographes à présenter leur travail dans son espace d’exposition, organise des rencontres photographiques et des soirées projections. Elle collabore également avec d’autres structures sur des projets culturels et coordonne des interventions en milieu scolaire. En parallèle, les photographes du collectif travaillent régulièrement avec la presse nationale et internationale, répondent à des commandes institutionnelles, diffusent des expositions en France et à l’étranger. L’équipe se compose de six photographes – quatre à Montpellier et deux à Marseille – et d’une chargée de projets culturels. Depuis l’arrivée du festival au cœur de la ville, Transit s’associe à l’équipe des Boutographies en participant à la programmation et en faisant de l’Espace Transit un des lieux de rencontres de la manifestation.
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Galerie « A la Barak » 10 rue de la Petite Loge 34000 Montpellier 04 67 86 98 21 alabarak@gmail.com http:/alabarak.com
Transit / collectif photographique 3, rue Ranchin 34000 Montpellier +33(0) 467.60.85.81 postmaster@transit-photo.com www.transit-photo.com
LES BOUTOGRAPHIES SONT ORGANISÉES EN PARTENARIAT AVEC
LES BOUTOGRAPHIES SONT SOUTENUES PAR
CE CATALOGUE EST PUBLIÉ À L’OCCASION DES 10e RENCONTRES PHOTOGRAPHIQUES DE MONTPELLIER DU 8 AU 23 MAI 2010 17 EXPOSITIONS AU PAVILLON POPULAIRE ET AU CARRÉ SAINTE ANNE photographes exposants
Bruno Arbesù Yvon Bobinet Martin Bogren Vanessa Chambard Lucile Chombart De Lauwe Christophe Collas Alain Cornu Ilse Frech Boris Gayrard Marylise Humbert Laurent Lafolie Iorgis Matyassy Guillaume Millet Pierre Pédelmas Anna di Prospero Marco Rigamonti Benjamin Schmuck Les Boutographies sont organisées par l’association Grain d’Image 06 19 29 17 84 / 09 54 48 07 46 contact@boutographies.com www.boutographies.com L’équipe des Boutographies : Fanny Dombre-Coste Susanne Klein Arnaud Laroche Jérémy Le Kverne Christian Maccotta Amélie Rousic Valentine Roustit Peter Vass TEXTES CATALOGUE (SAUF MENTION CONTRAIRE) CHRISTIAN MACCOTTA MAQUETTE SUSANNE KLEIN COUVERTURE TILBY VATTARD IMPRESSION IMP’ACT IMPRIMERIE PRIX TTC 5 EUROS