C’EST AVEC LE PLUS GRAND PLAISIR, ET LA PLUS VIVE DES CURIOSITÉS, que j’ai accepté l’invitation chaleureuse des Boutographies à participer, en tant que président, au jury de leur appel à candidature photographique annuel. J’y ai trouvé, tout d’abord, une sélection de dossiers venus des quatre coins de l’Europe, dont la qualité d’ensemble égalait celle que j’ai connu, par exemple, lorsque j’avais la direction artistique du jury du prix photographique HCB. Ceci montre l’ampleur prise par la désormais incontournable manifestation de Montpellier. Participer aux Boutographies devient, chez le photographe amateur ou professionnel, un geste naturel, tant il a pu éprouver le sérieux et l’engagement artistique de leur jury au cours des années précédentes. Mais, surtout, cette expérience m’a permis de constater comment les Boutographies jouent un rôle critique exemplaire dans l’évaluation de la contemporanéité photographique. Envisager chaque dossier de façon collégiale, dans le cadre de leur jury annuel, en se nourrissant de l’expérience active des participants, galeristes, institutionnels de la photographie, ou critiques affirmés, débouche, chaque année, sur une ligne d’observation unique dans la pratique contemporaine. Cette pluralité, gage de choix éclectiques, âprement discutés, donne à l’appel à candidature des Boutographies, et à l’exposition annuelle qui en découle, montrée au Pavillon Populaire, un sérieux et une fiabilité qui, désormais, appartiennent de plein droit au paysage photographique français. Entre l’action patrimoniale engagée fortement, depuis plus d’une année, dans la programmation du Pavillon Populaire, et l’active représentation, avec les Boutographies, de l’effervescence des images les plus contemporaines, Montpellier se place au cœur d’une expérience de la mostration photographique ambitieuse et nouvelle. Gilles M o ra Directeur artistique du Pavillon Populaire de la Ville de Montpellier
LES RENCONTRES PHOTOGRAPHIQUES DE MONTPELLIER SONT NÉES EN 2001, dans notre très populaire quartier de la rue du faubourg Boutonnet. C’est l’aventure d’une poignée de passionnés pour ouvrir les habitants de la ville sur l’art de la photographie contemporaine qui a fait naître et grandir les Boutographies, un événement peu à peu devenu l’un des rendez-vous incontournables de découverte de l’image dans le sud de la France. Nous sommes très fiers de cette évolution pour un projet que la Ville a soutenu dès sa première heure, fidèle à son ambition constante au service de la culture pour tous. Portées par la dynamique association Grain d’image, les expositions et actions présentées durant la quinzaine des Boutographies permettent de s’ouvrir aux richesses et aux multiples contours qui dessinent la photographie contemporaine européenne. Avec la particularité de dénicher des talents émergents et de leur offrir un tremplin sur la scène artistique actuelle. Loin des paillettes, proche des jeunes créateurs, l’équipe organisatrice de cet événement montre une grande exigence artistique, un professionnalisme croissant et offre avec beaucoup de générosité un regard fort sur l’état de la photographie actuelle. Que son engagement en soit ici chaleureusement remercié. Loin de se contenter désormais d’un événement annuel centré dans le bel écrin du Pavillon Populaire — avec la complicité de notre directeur artistique, Gilles Mora — l’association Grain d’image active tout au long de l’année le réseau des photographes et amateurs à Montpellier au sein de son propre lieu inauguré en 2011 : « Le mur rouge ». Ouvert toute l’année pour des expositions, rencontres et activités pédagogiques au coeur du quartier berceau de son action culturelle, nul doute que ce lieu n’a pas fini de nous réserver des surprises, pour le plus grand plaisir des Montpelliérains et visiteurs de notre belle ville. Longue vie aux Boutographies et à ses militants de l’image ! Hélène M and ro ux Maire de la Ville de Montpellier L’A d j o i n t a u Maire de Montpellier délégué à la culture Conseiller général de l’Hérault
BOUTOGRAPHIES, LES NOUVEAUX TALENTS DE LA PHOTOGRAPHIE EUROPÉENNE Aux Boutographies, nous accompagnons la photographie émer-
LES MEMBRES
DU JURY 2012
Gilles Mora
commissaire d’exposition Carole Colnat agent de photographes Alexandra Frankewitz, photographe, collectif Transit Vicenc Boned y Lloveras galerie Tagomago, Barcelone Michel Le Belhomme photographe, enseignant à l’École Régionale des Beaux-Arts de Rennes Christian Maccotta directeur artistique des Boutographies
gente depuis les débuts de la manifestation, en 2001. Onze ans plus tard, certains boutographes sont devenus grands, dans tous les sens du terme. Entrés de plain-pied dans la profession, publiés, édités, ils n’ont pas renoncé à leurs rêves et avancent dans la voie qu’ils se sont tracée, entre enthousiasmes et difficultés, déceptions et succès, mais en tâchant de rester fidèles à eux-mêmes. Ce sont eux, et le public qui vient chaque année nombreux parcourir les cimaises du Pavillon Populaire, qui soutiennent la persévérance de l’équipe bénévole des Boutographies. La sélection 2012 est la plus précoce que nous ayons exposée, et elle est riche de potentialités. Les regards sont souvent ceux d’adultes en construction, entre surprotections et vulnérabilités, traditions qui s’effilochent, se délitent, et modèles de comportement tombés du ciel, racines verticales interrompues et réseaux horizontaux sans limites, entre vieilles maisons abandonnées et maisons neuves qui ne seront pas habitées. Les expositions 2012 laissent apparaître la perte des repères et les questionnements sur ceux qui subsistent avec difficulté : religion, traditions familiales et professionnelles, marqueurs culturels proches ou lointains. Avoir entre vingt et trente ans aujourd’hui, c’est devoir avancer sur des sables mouvants, composer avec la liberté et l’incertitude, le danger et l’ouverture aux grands espaces de tous les possibles. Ces jeunes gens n’ont pas d’autre choix que celui d’embrasser un monde toujours moins prévisible. D’autres photographes présents aux Boutographies 2012, plus mûrs et peut-être plus aguerris, scrutent aussi les visages des plus jeunes, s’interrogent et n’apportent pas d’autre réponse que les formes et les exigences qu’ils donnent à un visible incertain. D’autres encore viennent nous rappeler l’existence des rythmes immuables, de la succession des âges, de l’alternance des saisons et des lumières. Cycles, continuités, ruptures : les formes photographiques portent à la fois l’empreinte du monde et celle de leur auteur. C’est à ce point de rencontre que nous vous donnons rendez-vous. Entrez, et prenez votre temps : le temps de la capture photographique est infiniment court, mais celui de sa contemplation est sans limites ! L’ éq uip e d es Boutog rap hies
Ò VALÉRIE
ANEX
Suisse-irlandaise. Vit et travaille à Genève.
GHOST ESTATES
En Irlande, le National Institute for Regional and Spatial Analysis a défini comme quartier fantôme un quartier de plus de dix maisons dont la moitié au moins est inoccupée ou inachevée. En octobre 2010, selon les chiffres officiels, on dénombrait 2846 ghost estates et plus de 350 000 logements inoccupés dans toute la République d’Irlande. La plupart des ghost estates sont situés dans les régions rurales du centre et de l’ouest du pays. Maisons de poupée d’un jeu où tout le monde a perdu, ces architectures ont oublié ce qui faisait leur raison d’être : abriter, constituer des quartiers, faire en sorte que la vie s’installe. Aucun humain n’habite ces constructions pour en donner l’échelle, ni celle des déserts qui les entourent. Leurs alignements se perdent dans la brume, et cela pourrait se prolonger à l’infini, comme une comptine absurde et entêtée, une maison vide, dix maisons vides, cent mille maisons vides… L’Irlande, comme l’Espagne, anciennes terres d’émigration, sont à la veille des reconquêtes, mais intérieures cette fois. CM
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Ò THOMAS
CHENE
Français. Vit et travaille à Paris.
TRUTH AND CONSEQUENCES « La ville était pleine de gens en
quête de l’homme ou de la femme qui pourrait les sauver ». Tout au long de cette traversée des Etats-Unis qui le mène du Montana à la Louisiane, le travail photographique de Thomas Chéné fait écho à cet extrait d’Americana de Don DeLillo. Ces portraits et paysages réalisés à la chambre tentent de restituer le sentiment d’errance et de flottement rencontré au gré de ce parcours dans l’Amérique des petites villes et des gens « ordinaires ».
Exposition réalisée avec le soutien d’Atelier Voies Off et d’Atelier Alain Gambier
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Les instants choisis sont ceux où la solitude, le désarroi et la fragilité des personnages semblent affleurer à la surface sensible du monde. L’indétermination des formes semble répondre à celle des personnages et des situations, nous installe dans un monde comme suspendu, dans cette hésitation très américaine entre le cinématographique et le banal, l’épique et l’absence. La facture très léchée des images, presque clinique, contribue à créer une atmosphère de fiction, mais d’une fiction dont le récit serait celui de l’attente d’une histoire, d’un événement qui ne vient pas. Thomas Chéné parcourt une Amérique en apesanteur, qui ne sait toujours pas quel est son passé, et qui semble guetter un futur indéchiffrable. CM
Ò LUCILE
CUBIN
Françaises. Vivent et travaillent à Paris.
Ò MARIE-AMELIE
TONDU
STE PIE X « St Pie X est une école privée catholique située à St Cloud. Nous
avons grandi dans cette ville des Hauts de Seine et avons toujours été fascinées par cet établissement à part. L’imposant bâtiment de brique, les sœurs en robe, les pères en soutane, les écoliers en uniforme, nous apparaissaient comme autant de motifs, se détachant visuellement de notre quotidien. Ayant reçu une éducation laïque, nous avons développé une curiosité et une fascination pour cette population et son décalage qui contrastait avec nos vies. Chaque année, la kermesse de St Pie X, ouverte au public, était l’occasion de partager leurs jeux et leurs coutumes. »
C’est la fin de la fête à l’école Pie X : les joues sont rosies, les chemises à carreaux se débraillent et les raies sur le côté divaguent. Le papa imberbe qui fait des barbes est aux anges : ses nuages sucrés sont des promesses de ciel auxquelles s’accroche monsieur le curé. Le voile de la religieuse est comme inversé : il cache les yeux et laisse éclater le sourire. Un collier de bonbons ceint le cou d’un guerrier peu convaincu. Un monde presque parfait est soudain en proie à l’humanité... CM
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Ò THIBAUT
DERIEN
Français. Vit et travaille à Caen et Paris.
J’HABITE UNE VILLE FANTÔME
Un beau jour, Thibaut Derien a quitté Paris pour une étrange ville, oubliée du temps et des heures, figée dans ses souvenirs. Les antiques devantures qui s’offrent à la vue du passant ouvrent de grands rectangles cinématographiques vides, palimpsestes sans fond où bougent encore les fantômes de l’histoire et les vies enfouies. L’humour est là aussi, sorte d’attendrissement malicieux devant les grandiloquences désuètes d’un lettrage, d’un jeu de mots, d’une architecture un peu pompeuse, ou face à des enseignes abîmées, synonymes de la banalité devenus textes énigmatiques ou alphabets exotiques sous les assauts du temps. Parfois se confondent une ancienne appellation en voie d’effacement et une famille de tags en voie d’apparition, deux façons d’écrire la ville avec des signes sans usage : une forme de poésie, en somme. CM
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Ò LARA
GASPAROTTO
Belge. Vit et travaille à Bruxelles.
SLEEPWALK
Lara Gasparotto est une toute jeune photographe qui s’est lancée très vite dans un travail personnel caractérisé par sa capacité à faire image avec les instants instables, précaires, de jeunes gens posés sur le bord tranchant de l’âge adulte. Son âge est celui des personnages de ses photos, et son besoin de toucher aux limites du montrable est aussi celui d’êtres eux-mêmes en recherche de repères, de lois, de codes qui viendraient finalement les protéger et les soustraire à une liberté ouverte à tous les désirs, à tous les dangers, et à tous les possibles. Faussement désordonnées, anecdotiques et narcissiques, ces images ne sont pas de prime abord éloignées d’une certaine esthétique adolescente, à l’oeuvre sur les réseaux sociaux et les blogs. Mais ces images-là ne provoquent pas à bon compte la morale ou les bonnes mœurs, elles brouillent le jeu établi des causes et des conséquences, avec ce que cela comporte d’authentique jouissance, et de vrais dangers. CM
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Ò MAMI
KIYOSHI
Japonaise. Vit et travaille à Paris.
NEW READING PORTRAITS Mami Kiyoshi affirme qu’elle
veut témoigner de son époque. Pour ce faire, elle fuit le constat neutre et toute forme de transparence photographique devant des situations spontanées qui parleraient depuis leur supposée authenticité. Le parti-pris est, au contraire, de faire raconter visuellement leur propre histoire aux personnages qu’elle photographie, assumant en cela l’idée que les traces de vérité résident aussi, et peut-être surtout, dans les contes, les mythes et les récits construits par les hommes sur eux-mêmes. Mami Kiyoshi fait clairement le choix d’accorder un statut documentaire à la photographie mise en scène, une fonction de témoignage dont la subjectivité est non seulement acceptée mais revendiquée comme mode d’accès à l’histoire des sociétés. CM
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Ò PIERRE
LIEBAERT
Belge. Vit et travaille à Bruxelles.
MACQUENOISE A Macquenoise, village belge proche de la frontière
française, Pierre Liebaert fait la chronique d’une famille composée d’une mère et de son fils agriculteurs, narration des jours d’une civilisation qui s’éteint doucement au bord de l’Europe, d’un monde aux structures familiales et économiques marginalisées, envers du moderne, du joli, de l’apparaître et de l’aseptisé. Les images contiennent une durée longue et immobile, antérieure aux temps qui refusent l’ennui, l’attente, l’inertie des corps et des paysages. Dans cet univers de lent silence, de rapports oubliés à la nature et à l’animal, se noue le destin d’êtres dont les accablements et les désirs ne semblent pas être de notre monde, comme si les solitudes et les résignations y étaient plus profondes que dans nos villes ou nos banlieues. Rien n’est moins sûr. CM
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Ò YUNA
MATHIEU-CHOVET
Française. Vit et travaille à Paris et Bruxelles.
WATERFALLS II
Exposition réalisée avec le soutien d’Atelier Voies Off et d’Atelier Alain Gambier
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Yuna Mathieu-Chovet met en scène sa fascination pour la beauté des phénomènes physiques, leurs changements, leur évolution perpétuelle. A mi-chemin entre installation et représentation, elle capture les contours presqu’inexistantes avant l’image, transparentes et impalpables, sans poids ni consistance, et qui seront dotées d’une présence de matière intangible par la photographie. Les vases éphémères qu’elle construit dans Waterfalls II contiennent une nature elle-même incertaine et instable, un instant délimitée par les formes que lui donne l’artiste sans jamais l’emprisonner ou la pétrifier. CM
Ò ALEXANDRE
MAYEUR
Français. Vit et travaille à Paris.
EXOTIQUE Alexandre Mayeur scénographie les restaurants « exotiques »
ou « typiques », espaces déjà mis en scène sur un mode de cliché, et dont il renforce encore l’aspect « carton-pâte » en les éclairant à la manière du cinéma, ou plutôt de la publicité. La lumière révèle chaque détail, éclaire chaque recoin, exposant des univers saturés de couleurs et de symboles comme des parcs de loisirs. C’est la dignité des gens qui travaillent là de jouer leur rôle du mieux possible. Pour les besoins de la photo, ils miment leur fonction avec une forme d’affectation qui exagère à peine la théâtralité propre au monde de la restauration. Le jeu de la représentation, avec ce qu’il implique de distanciation, est aussi une façon d’éclairer les codes et les hiérarchies qui encadrent le labeur quotidien. CM
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Ò MARCO
RIGAMONTI
Italien. Vit et travaille à Rome.
LA MER : L’HIVER, L’ÉTÉ Le
dispositif mis en place par Marco Rigamonti est d’une grande simplicité, et renvoie pour ainsi dire aux fonctions premières de la photographie : garder trace, témoigner du passage du temps et du passage du temps sur elles, attester que c’est bien de ce visible commun dont il est question. Mais ici, la photographie joue aussi sa propre partition, son propre chant de formes qui, en vérité, existaient à peine avant elle. Des parasols ont fleuri sur un mur peint, un rocher solitaire et inquiétant posé sur le sable délimite désormais le garage à scooters, et l’on ne sait plus de quoi est nourrie notre nostalgie : de la saison qui s’est arrêtée ou bien de celle qui commence ?... Si l’image de droite montre l’humanité en vacances, dénuée d’enjeux et de nécessités, l’image de gauche est épurée de la présence de l’autre et nous confronte au dénuement des dénuements, au dialogue interminable entre soi et le monde sans signe (avec seulement des cygnes...), et sans parole. CM
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Ò ALEXANDRA
SERRANO
Franco-mexicaine. Vit et travaille à Paris.
BETWEEN FINGER AND THUMB
Dans Between Fingers and Thumb, Alexandra Serrano met en scène des souvenirs de son enfance, dans la maison même où elle a grandi. Chaque image correspond à un événement précis et les scénarios mettent en avant la force d’évocation que peuvent acquérir des choses sans importance. Pelures d’orange, coquilles d’oeuf, ongles et cheveux coupés, morsures, sont ici, exactement comme les photographies, les traces de moments défunts et protégés de l’oubli, absences désormais peuplées d’objets et d’images. Entre le pouce et l’index est saisie la fine texture des jours : le visible, mais aussi l’étendue impalpable des mystères qu’il recouvre. L’univers d’Alexandra Serrano est un véritable monde d’images, dénué de récit, et habité des échos qu’il trouve en chacun de nous. CM
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Ò XAVIER
VOIROL
Franco-suisse. Vit et travaille en Suisse.
LES APPRENTIS DE LA MER
Ni vraiment étudiants, ni tout à fait professionnels, ces jeunes gens en formation dans des lycées maritimes français occupent une place souvent mal identifiée. Destinés à des métiers de savoir-faire techniques ou manuels élaborés, ils sont déjà sortis des insouciances de l’adolescence et voient, plus tôt que les autres, leur avenir d’adulte se dessiner. On est frappé par le sérieux, la gravité parfois, qui émanent de leurs visages et de leurs attitudes photographiés par Xavier Voirol. A la différence de nombre de leurs pairs, le cadre qui leur est posé est lisible : il a l’évidence des pratiques justifiées depuis des générations par les nécessités vitales de sécurité, de solidarité, de survie économique. Les sobres images de Xavier Voirol restituent à la fois les espaces de liberté et le poids des responsabilités qui accompagnent déjà ces jeunes adultes. CM
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Ò LORENZO
MELONI
PR I X EX C HA NG E F O T O L EG G EN D O / B OU TOG R A P H I ES 2012
Italien. Vit et travaille à Rome.
YEMEN Lorenzo Meloni ne cache pas qu’il « fait des images », au sens où il les « fabrique ». Ici, ni transparence photographique ni réalisme. Couleurs vives et pures, détails dans toutes les coins de l’image et absence de perspective contribuent à aplanir l’espace photographique, à l’image de miniatures persanes. Comme celles-ci, les photographies de Lorenzo Meloni dessinent et agencent dans une forme de refus du réel, au profit des archétypes d’une certaine esthétique orientale. Mais, au-delà des clichés d’un archaïsme presque heureux, s’agite la complexité d’un monde assombri par les difficultés quotidiennes, et les jeunes hommes qui occupent quasi exclusivement ces scènes nocturnes ne semblent attendre du jour qu’une fatalité à venir. CM
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Ò SHANNON
GUERRICO
C ARTE BL AN C HE À G R A I N D ’ I MA G E / G A LER I E A N N I E G A B R I ELLI
Argentine-Irlandaise. Vit et travaille à Lausanne.
WHISPERS Le travail de Shannon consiste à créer des histoires. Avec des
Le travail de Shannon Guerrico est présenté en projection au Pavillon Populaire.
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photographies de type documentaire, elle essaye de créer des séries qui lui permettent de plonger le spectateur dans des atmosphères très précises. Il est souvent question d’intérieurs et de la manière dont nous les habitons, des traces et des souvenirs que nous y laissons. Lorsque l’être humain est présent, il semble absent comme s’il habitait son environnement plus que sa personne, il erre tel un fantôme. La série Whispers oscille entre fiction et documentaire sur un mode poétique. Ces instants d’intimité sont comme les bribes de mots d’une histoire décousue. Ce travail s’articule en deux temps: Here et Meanwhile. Les tonalités sourdes expriment un certain calme dans une atmosphère feutrée, un silence enveloppant qui laisse place à toute la richesse de l’imagination et du rêve.
L E S PRO J EC T ION S DU J U RY I Ò ARMEN ASRATYAN Russie
A Treatise on water
Ò CLAIRE LAUDE
France. Représentée par K-echo Photo
France
A propos d’Ana
Chimères
Ò ERIC PILLOT
Ò HELENE SCHMITZ
In situ
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Italie
Intrusions
Ò SORAYA HOCINE
France
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Ò FILIPPO BIANCHI
Suède
Jardins engloutis
Ò NIGEL BENNET
Ò ANNABELLE FOUQUET
Italie
France. Courtesy Galerie Dumonteil
Ò STEPHANOS MANGRIOTIS
Ò MARIA LETIZIA PIANTONI
Grèce
Italie
Silence has an echo
Europa Inch’Allah
Sámi nissonat
L’héritage
Ò DORIAN TETI
Ò JACQUES VILLIERE
France
France
Résistances
Les Héros de la Tintaine
LES PHOTOGRAPHES I
Ò VALÉRIE ANEX valerie.anex@gmail.com Valérie Anex est née en 1983 à Lausanne. Après un cursus dans le domaine des études internationales et du développement, elle intègre la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève où elle obtient un master en arts visuels. Valérie Anex pratique la photographie, le cinéma et la vidéo. En 2008, son court-métrage Au-delà des rêves a obtenu le prix du meilleur film étranger au festival de Dakar. En 2011, sa série Ghost Estates a reçu le prix Neuman décerné par la ville de Genève.
Ò THOMAS CHÉNÉ tom.chene@gmail.com ❙ www.thomaschene.com Thomas Chéné (1985) est un jeune photographe diplômé de l’école des Gobelins (promotion 2009-2011), après avoir suivi des études d’histoire et d’histoire de l’art, puis intégré l’école du Louvre (2007-2009, histoire du cinéma).
Ò LUCILE CUBIN & MARIE-AMÉLIE TONDU marieetlucile@gmail.com ❙ www.marieamelietondu.com et www.lucilecubin.com Lucile Cubin (1982) et Marie-Amélie Tondu (1982) sont sorties de l’ENSP Arles en 2008. Scolarisées ensemble depuis le collège, elles se sont accompagnées jusqu’en Arles, mais réalisent avec St Pie X leur premier projet commun. Leur pratique assidue du portrait sous toutes ses formes leur a valu notamment des publications dans Vice magazine France, Private, Photo Nouvelle, Inframince… En résidence à l’atelier De Visu de Marseille en 2008 avec Antoine d’Agata et Patrick Le Bescont, elles ont ensuite participé à de nombreuses expositions de jeune photographie européenne.
Ò THIBAUT DERIEN tderien@gmail.com ❙ www.yourprofolio.com/derien Chanteur, photographe à ses heures, Thibaut Derien (né en 1974) est l’auteur de quatre albums de chansons (Instants fanés, L’éphéméride, Vasistas, Le comte d’apothicaire), et d’une série photographique toujours en construction. J’habite une ville fantôme a déjà été exposée à la galerie L’issue à Paris, à la galerie Dérapages à Bruxelles, et durant le festival Manifesto à Toulouse. Thibaut Derien est membre de SFR Jeunes talents 2011. Il vit et travaille dans sa ville fantôme.
Ò LARA GASPAROTTO laragasparotto@hotmail.com ❙ laragasparotto.tumblr.com Lara Gasparotto, à peine 22 ans, a reconnu très tôt sa vocation puisqu’elle a opté pour un bac audiovisuel avec option photographie, prolongé par des cours du soir à l’Académie Royale des Beaux-arts de Liège. Exposée à de nombreuses reprises dans son pays, Lara Gasparotto a également accroché au Guangzhou festival (Chine) et à l’AK Gallery de Luxembourg. Elle était membre de la sélection Voies off 2011 en Arles. Son livre Sleepwalk vient tout juste d’être édité chez Yellow Now.
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Ò MAMI KIYOSHI kiyoshimami@mac.com ❙ www.kiyoshimami.com Née en 1974 à Saitama (Japon). Après son diplôme obtenu à la Musashino Art University (Japon) et de nombreuses expositions dans son pays, en Chine et en Europe, Mami Kiyoshi a reçu une bourse du gouvernement japonais destinée à soutenir les études artistiques à l’étranger. Elle est actuellement en résidence à la Cité Internationale des Arts de Paris. En 2011, elle a obtenu le prix Arte/L’art et la ville. Ses images ont été acquises par le Kiyosato Museum of Photographic Arts (Japon) et par le musée de la Ville de St Quentin en Yvelines.
Ò PIERRE LIEBAERT pierre.liebaert@hotmail.com ❙ www.pierreliebaert.com Pierre Liebaert est né en 1990. Il a suivi la formation de l’Ecole supérieure des Arts de l’image « Le 75 » de Bruxelles, dont il est lauréat de promotion en 2010 pour son travail Macquenoise, et diplômé en 2011. Il a effectué un stage de chambre photographique auprès d’Eric Dessert (2009) et travaillé comme photographe de plateau (Leïla Films). Il est membre du collectif de photographes Blind.
Ò YUNA MATHIEU-CHOVET yuna@yunamathieu-chovet.com ❙ www.yunamathieu-chovet.com Yuna Mathieu-Chovet est photographe et vidéaste. Née à Rennes, elle fait ses études à l’ECAL, la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève, où elle travaille avec John Armleder et Sylvie Fleury, et obtient son diplôme en 2005. Elle a participé depuis à de nombreuses expositions d’art contemporain et de photographie en Suisse, en France et en Belgique. Elle travaille actuellement à Bruxelles et Paris, comme professeur de photographie et comme photographe.
Ò ALEXANDRE MAYEUR alexandre.mayeur@gmail.com ❙ www.alexandremayeur.com Né en 1984, Alexandre Mayeur passe par l’informatique avant de se tourner vers l’étude de la photographie à l’université Paris VIII où il se familiarise avec la théorie de l’art et commence une réflexion sur l’image document. Il intègre ensuite l’école des Arts Décoratifs et en sort diplômé en 2011 après avoir passé un an aux Beaux-Arts de Pékin. En parallèle à ses études, il devient assistant d’un photographe de mode. Son travail cherche des voies nouvelles entre esthétiques picturales marchandes et style documentaire.
Ò MARCO RIGAMONTI marcorigamonti58@gmail.com ❙ www.marcorigamonti.it Marco Rigamonti (né en 1958) n’est pas seulement le directeur artistique du festival Fotosintesi de Piacenza, il est aussi photographe, et, cas rare, double sélectionné aux Boutographies ! Avant et après Promenade, que nous avions montré en 2010, Marco a produit plusieurs séries qui ont attiré l’attention des festivals et galeries en Italie (Savignano, Venise, Piacenza, Bibbiena, Milan, Cremone…) et en France. Promenade a fait depuis l’objet
d’un livre (Pazzini Editore, 2010) et Stessa spiaggia, stesso mare sera édité au printemps prochain chez Postcart (Rome). Le travail de Marco Rigamonti est représenté à l’International Polaroid Collection (Boston, USA).
Ò ALEXANDRA SERRANO contact@alexandraserrano.com ❙ www.alexandraserrano.com Alexandra Serrano (née en 1988) est une jeune photographe franco-mexicaine qui a récemment obtenu son Master of Arts in Photographic Studies à l’Université de Westminster. Ses travaux, exposés à Londres et lors des jeux olympiques de la jeunesse d’Innsbruck (projet Intimate Space organisé par l’artiste brésilienne Georgia Creimer), ont été gratifiés par le prix PX3 (Paris). Between Finger and Thumb a fait l’objet d’un livre édité à compte d’auteur.
Ò XAVIER VOIROL xavier@xaviervoirol.ch ❙ www.xaviervoirol.ch Né en 1966, Xavier Voirol a été titulaire de plusieurs bourses artistiques attribuées en Suisse (Cité des arts de Paris en 1987, New York en 1997, Fondation Landis&Gyr à Berlin en 2007). Il est auteur ou co-auteur en tant que photographe de plusieurs ouvrages aux éditions Zoé, Labor&Fides, D’autre part… Il a exposé au Mois de la Photo de Paris, aux Rencontres d’Arles (sélection suisse de l’European Kodak Award), au festival de Bienne, à la galerie Focale de Nyon, à St Petersbourg (avec la Berner Foto Galerie).
Ò LORENZO MELONI lorenzo.meloni@gmail.com ❙ www.lorenzomeloni.com / www.contrasto.it Lorenzo Meloni est né en 1983 à Rome, où il vit après avoir terminé ses études à la Scuola Romana di Fotografia. Il travaille essentiellement sur deux thématiques : le Moyen-Orient (Palestine, Yemen) et le monde de la techno-rave et du hip hop en Italie. Ses travaux ont été exposés au Museo Nazionale Etnografico Luigi Pigorini et au Fotoleggendo Festival. Il a été publié dans L’Espresso, La Repubblica, Micromega et Time.
Ò SHANNON GUERRICO shannonguerrico@gmail.com ❙ www.shannonguerrico.com Shannon Guerrico est née en 1983 à Paris. Elle vit et travaille aujourd’hui à Lausanne. Après avoir étudié à Genève (Bachelor en media et communication), elle est actuellement en cours de formation supérieure de photographie au CEPV de Vevey où elle prépare son diplôme de fin d’études et un livre. Sa série Whispers a été exposée à la galerie Annie Gabrielli de Montpellier en 2012.
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LE NOUVEAU MAGAZINE DE LA PHOTOGRAPHIE CONTEMPORAINE
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LES BOUTOGRAPHIES SONT ORGANISÉES EN PARTENARIAT AVEC TRANSIT / COLLECTIF PHOTOGRAPHIQUE 3, rue Ranchin 34000 Montpellier +33(0) 467.60.85.81 postmaster@transit-photo.com www.transit-photo.com En 2012, le collectif transit fête ses 10 ans ! La sortie d’un livre, une exposition itinérante et des temps forts associés aux évènements photographiques majeurs sont prévus tout au long de l’année. Depuis dix ans, la volonté de l’équipe de Transit est de mieux faire connaître la photographie documentaire et la démarche de ses auteurs. Elle invite ainsi chaque année des photographes à présenter leur travail dans son espace d’exposition, organise des rencontres photographiques et des soirées projections. Elle collabore également avec d’autres structures sur des projets culturels et éducatifs. En parallèle, les photographes du collectif travaillent régulièrement avec la presse nationale et internationale, répondent à des commandes institutionnelles, diffusent des expositions en France et à l’étranger. L’équipe se compose de six photographes – quatre à Montpellier et deux à Marseille – et d’une chargée de projets culturels. Depuis l’arrivée du festival au cœur de la ville, Transit s’associe à l’équipe des Boutographies en participant à la programmation et en faisant de l’Espace Transit un des lieux de rencontres de la manifestation. L’Espace Transit est soutenu tout au long de l’année pour sa programmation artistique, par la Ville de Montpellier et la Région Languedoc-Roussillon.
GALERIE « A LA BARAK » 10, rue de la Petite Loge 34000 Montpellier 04 67 86 98 21 alabarak@gmail.com http:/alabarak.com La Barak est un jeune espace dédié à la photographie où se mêlent expositions, installations photographiques en libre service, cours pratiques et ludiques. La combinaison atelier/espace d’expo propose de considérer la discipline sous de multiples facettes, de cultiver la diversité des techniques et des travaux photographiques, de favoriser les échanges entre les photographes, leurs œuvres et les publics. C’est dans cet esprit éclectique que La Barak tente de proposer en moyenne une exposition par mois, choisie au gré du vent parmi la niche locale, à l’autre bout de la France ou à Brooklyn ; parfois documentaire, contemporaine ou alternative. La Barak est un lieu ouvert pensé pour expérimenter, partager ses connaissances, enrichir sa culture de l’image, où la photographie de chacun circule, s’échange et s’expose…
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boutographies2012
FESTIVAL FOTOLEGGENDO Le partenariat entre FotoLeggendo et les Boutographies est l’histoire d’une amitié née en 2005 et qui ne s’est jamais démentie depuis. Organisé par l’association Officine Fotografiche et présidé par Emilio d’Itri, le festival FotoLeggendo est aujourd’hui l’un des principaux rendez-vous de la photographie à Rome et en Italie. La manifestation expose à la fois des noms reconnus de la photographie internationale et de jeunes auteurs qu’elle choisit de soutenir. Les principaux critiques, éditeurs et directeurs d’agence du pays s’y rencontrent au cours de séminaires, de lectures de port-folios et de workshops qui attirent un public venu de toute la péninsule. Chaque année en octobre, FotoLeggendo expose parmi sa sélection une série issue de la sélection en cours des Boutographies, et nous faisons de même avec un photographe remarqué à Rome. La vocation des deux festivals à faire circuler la jeune photographie européenne sous des cieux divers et dans les meilleures conditions de visibilité est ainsi affirmée.
LES BOUTOGRAPHIES SONT SOUTENUES PAR
NOS PARTENAIRES 2012
CE CATALOGUE EST PUBLIÉ À L’OCCASION DES 12e BOUTOGRAPHIES RENCONTRES PHOTOGRAPHIQUES DE MONTPELLIER DU 9 AU 24 JUIN 2012 13 EXPOSITIONS AU PAVILLON POPULAIRE PHOTOGRAPHES EXPOSANTS Valérie Anex Thomas Chéné Lucile Cubin & Marie-Amélie Tondu Thibaut Derien Lara Gasparotto Mami Kiyoshi Pierre Liebaert Yuna Mathieu-Chovet Alexandre Mayeur Marco Rigamonti Alexandra Serrano Xavier Voirol Lorenzo Meloni Les Boutographies sont organisées par l’association GRAIN D’IMAGE 06 19 29 17 84 l 09 54 48 07 46 contact@boutographies.com www.boutographies.com L’ÉQUIPE DES BOUTOGRAPHIES Peter Vass Arnaud Laroche Christian Maccotta Fanny Dombre-Coste Susanne Klein Sylvie Suire Amélie Rousic Jean-François Roche Catherine Vantecombreux Jérémy Le Kverne Audrey Jadot Lucie Anton Camille Rebière Claire Schneider Christopher Sly Sarah Amine Tina Lehmann
ISBN 978-2-9539017-1-9 EAN 9782953901719 Dépôt légal juin 2012 Tous les droits de traduction, reproduction, adaptation, réservés pour tous pays © Grain d’Image 2012 textes catalogue (sauf mention contraire) Christian Maccotta maquette Susanne Klein couverture visuel Émile Loreaux graphisme Karine Chapelle impression Imp’Act Imprimerie, Saint-Gély-du-Fesc, France prix ttc 5 euros
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Voy age architec tur al , c apit ale du design et nature en cœur de ville, un savant cocktail d’éco-tourisme urbain, à découvrir avant tout le monde !
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Citée par le New York Times comme l’une des 45 destinations mondiales incontournables en 2012, Montpellier est plus que jamais une destination où il fait bon poser ses valises, pour une heure, un week-end, ou plus…
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Office de Tourisme de Montpellier / ANATOME / © Laurent Vilarem / Mai 2012
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Prix : 5 € ISBN 978-2-9539017-1-9
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