Brazzamag num 4 décembre février 2017:2018

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N˚4 Décembre 2017 - Février 2018

DOSSIER :

ils se sont investis au congo

www.brazzamag.com

N˚4 Décembre 2017 - Février 2018

lA SÉCURITÉ 3.0 AU COEUR DES DOCKERS

la dot, maître de cérémonie DES IDEES CADEAUX 100% MADE IN CONGO

L'obésité , un fléau pour le congo

GRATUIT


Heures d’ouverture Lundi à Samedi : 8h-13h / 15h-19h30 Dimanche : 9h-13h

Pointe Noire : BP 4845, Avenue Charles de Gaulle (en face de PARK N SHOP) Tél. : +242 22 294 02 70 / 05 573 15 75 Ligne 1 Grand Marche Tél. : +242 05 520 01 94 E-Mail : supersonic_pnr@yahoo.fr Brazzaville : BP 1107, Avenue Orsy (en face de PARK N SHOP) Tél. : +242 22 281 37 80 / 05 318 00 00 Avenue Amilcar Cabral (à côté d’Air France) Tél. : +242 22 281 37 80 / 05 527 17 99 E-Mail : supersonic_bzv@yahoo.fr




OFIS répond aux enjeux réseaux & télécoms des entreprises Audit de performance et d’infrastructure Optimisation WAN & interconnexion

AUDIT

Sécurité des réseaux

CONTRÔLE, SUPERVISION & SÉCURITÉ

(Pare-feu, VPN, prévention des intrusions, antivirus, antispyware, antispam, filtrage web)

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FIABILITÉ, STABILITÉ & PERFORMANCE • Répondre aux exigences de performance des collaborateurs, clients et partenaires. • Tendre vers 100 % de disponibilité. • Protéger contre les menaces et ruptures de service.

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ExecutablE media groupe

Numéro 04

Décembre 2017 - février 2018 GROUPE EXÉCUTIF Directeur marketing Directrice administrative

Fehmi Fennia Veronique Legault

DIRECTION ÉDITORIALE Directrice de l’information Sarra Guerchani Secrétaire de rédaction Gwennoline Le Cornec

DESIGN Directrice artistique Graphiste

Olfa Taboubi Yuma Dakwa Gbotud

MAQUETTE

Sarra Guerchani

Yuma Dakwa Gbotud

COMMERCIAUX Pointe-Noire / Brazzaville 06 474 -7790 05-059-5555

JOURNALISTES Antoine Rolland Julie Crenn Benard Sallé

Sylverène Ébélébé Gauthier Pinel

COLLABORATIONS SPÉCIALES Christophe Pacilly (Skytic) Équipe VivreAuCongo Nadia Benchikh (Un oeil sur le continent) Gestrim (Chronique Immo) Michael Ohayon (Influence media)

PHOTOGRAPHIE Robert Nzaou Rey Mangouta

Julie Crenn Antoine Rolland

PUBLICITÉ & CRÉATION WMP Congo +242 06 53 852 53 info@wmpmarketing.com

IMPRESSION Joly-press Casablanca, Maroc

Crédit photo : Rey Mangouta.


DES DÉFIS À RELEVER ! l

s sont nés ici ou ailleurs, la plupart d’entre eux ont investi leur premier franc au Congo. Ces personnes ont un point commun : celui d’avoir mis leur savoir faire et leur temps au service du développement du pays. A travers ce numéro, vous découvrirez les histoires de ces entrepreneurs qui, pour certains, sont derrière de grandes enseignes. Ils partagent avec nous leurs défis quotidiens, leur vision. « Ils se sont investis au Congo », c’est le dossier que nous vous proposons dans cette cinquième édition de Brazzamag.

Sarra GUERCHANI

Cofondatrice de Brazzamag

édito

Ce numéro marque également le début d’une deuxième année avec vous. L’heure est donc venue de tourner la page 2017 et d’ouvrir celle, encore toute blanche, de 2018. Le temps est au bilan. Pour Brazzamag.com et sa version imprimée, l’année 2017 se termine grâce à vous sur des scores historiques. La courbe de nos audiences affiche désormais 100 000 lecteurs chaque mois. Le site de Brazzamag a tout simplement doublé sa fréquentation depuis 2015. Pour arriver à ce beau résultat, l'équipe du magazine s’est attelée à vous procurer du contenu riche, original et inattendu. Ce record, nous vous le devons, car Vous êtes les ambassadeurs de Brazzamag. En vous remerciant pour cette belle année 2017, toute l'équipe de BRAZZAMAG vous donne rendez-vous très vite pour un nouveau départ et vous souhaite une bonne année 2018 !

Et puisque vous êtes là… J’aimerais vous dire un dernier mot. Vous êtes de plus en plus nombreux à lire Brazzamag, et nous nous en réjouissons. Nous souhaitons que ce magazine soit accessible à tous, et toujours gratuitement, mais ce magazine de qualité a un coût. Notre seul revenu provient des insertions publicitaires.

Je vous donne rendez-vous dans au mois de mars pour la 6e édition de ce beau magazine ! Profitez du temps des fêtes en famille et à l’année prochaine ! ..

7.BRAZZAMAG


Sommaire

N ˚04 Décembre 2017- février 2018

10 À DÉCOUVRIR Couverture Réalisée par : Yuma Dakwa Gbotud

18 CHRONIQUES BRAZZAMAG

18 40 48 50 54 68

IMMOBILIER : TROIS ÉTAPES POUR VENDRE PRIORITÉ SANTÉ : L'OBÉSITÉ AU CONGO INFLUENCE MEDIA : LES BANQUES D'IMAGES INTERNET CE FABULEUX ACTEUR DU DÉVELOPPEMENT INVESTIR : FONDS D'INVESTISSEMENT VIVRE AU CONGO : HEP TAXI!

10 12 14 20 45 62 52 72 74 76

PROTECK LE COÛT DU RISQUE AU COEUR DES DOCKERS BUSINESS CENTERS VISTE DE L'AÉROCLUB DE POINTE NOIRE STIMULER VOS NEURONES NOS QUARTIERS UN BOXEUR VERS LE BOX OFFICE PROPRETÉ DU LITTORAL NOS VOISINS LES GORILLES DES IDÉES CADEAUX

42 ENTREPRENDRE 42 44 45

22 CULTURE & SOCIÉTÉ 22 80 81

LA DOT, MAÎTRE DE CÉRÉMONIE TCHICAYA UTAM'SI UNE VIE À AUTEUR D'HOMME CES TENDANCES QUI REVIENNENT

L'HOMME QUI VOULAIT "BIEN FAIRE" MANGER À LA FAÇON NAZO'S LIVRAISON À DOMICILE

24 26 28 30 32 34 36

MARGUERITE HOMB LUC-EMMANUEL ZANGHIERI MARC-ANTOINE CHELALA MICHEL ET ARNAUD DJOMBO HASSAN ATTIE CÉLINE ARENS

56 8.BRAZZAMAG

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LE DOSSIER

LES ENTRETIENS

LCB, LE TRANSFERT DE CONNAISSANCES UN OEIL SUR LE CONTINENT



À DÉCOUVRIR

Proteck, le coût du risque Proteck bouscule le paysage de la sécurité privée à Pointe-Noire. Fondée il y a cinq ans par une équipe d’expatriés français, l’entreprise donne un coup de jeune au métier de la sûreté au Congo. Fini le gardiennage classique, place à la formation des agents, au travail en équipe et à la technologie. Fait rare, « Brazzamag » a réussi à déjouer l’attention des agents et à s’infiltrer le temps d’une soirée dans les coulisses de Proteck, pour vous en livrer ses secrets.. Par Antoine Rolland un opérateur de contrôle, un contrôleur et, en dernier recours, la patrouille d’intervention, se félicite Françis Hallot, le directeur général de Proteck. La surveillance devient un travail d’équipe. »

I

Crédit photo : Robert Nzaou

l est 22h 14. Le téléphone d’Amour, le chef de la patrouille Proteck, sonne. L’alarme d’un client vient de se déclencher. Amour dit à son chauffeur de faire demi-tour. Quatre minutes plus tard, la villa nichée dans le quartier de Mpita apparaît à quelques centaines de mètres, au bout d’un chemin de sable. Et ce n’est pas le chaos de la route qui va faire ralentir le chauffeur. La voiture n’est pas encore à l’arrêt que cinq hommes en surgissent, habillés de noir, matraque accrochée à la ceinture. Trois d’entre eux se positionnent immédiatement autour de l’enceinte de la villa. Amour et un autre homme pénètrent dans la propriété. Ils vérifient l’alarme, font le tour des fenêtres et des portes. Fausse alerte, rien à signaler. Durée totale de l’intervention : à peine plus de cinq minutes. Les hommes de Proteck peuvent reprendre leur patrouille.

Trouver son propre modèle de sûreté C’est dans sa tête qu’est né ce système, il y a plusieurs années. Ce quadragénaire a travaillé pendant quinze ans dans la sûreté aérienne, avant de diriger pendant cinq ans une entreprise de sûreté à Pointe-Noire. « J’ai touché du doigt les limites du métier, raconte-t-il. On plante la plupart du temps un agent devant la maison, seul, coupé du monde, sans soutien. Et après, si il y a intrusion, c’est à lui de se débrouiller tout seul. » Mais il est impossible pour lui d’investir dans une nouvelle méthode de management : François n’est « que » directeur, pas actionnaire. Il se contente de noter ses idées dans un coin de sa tête. En 2012, il rencontre Jean-Olivier Hédou, un autre expatrié qui venait de finir une mission dans les télécommunications. Lors d’un dîner, ils partagent leur vision de la sécurité : la surveillance humaine doit être assistée par la technologie. « Immédiatement après, j’ai démissionné et on a lancé Proteck », se souvient François Hallot. La technologie, oui. Mais laquelle ? Ils tentent d’abord d’importer les protocoles qui fonctionnent en Europe. Sans succès : « Ça ne collait pas assez à la réalité africaine », analyse Jean Olivier Hédou. Alors l’équipe s’adapte au terrain. C’est notamment le rôle de Virginie Tardy. Ancienne responsable d’un centre de vidéosurveillance en Europe, elle est chargée de mettre en place le centre de contrôle. « En Europe, chaque alarme et chaque client ont leurs propres consignes d’intervention, expliquet-elle. Ici c’était trop compliqué pour le personnel. On a simplifié : en cas de déclenchement, il n’y a qu’une procédure, on appelle le client et on va voir. »

La mise en scène est clairement assumée. Les agents sont des armoires à glace, roulent des mécaniques. « Notre but est d’intimider et de faire fuir les Au fil des mois, Proteck tâtonne mais progresse. L’équipe affine les voleurs pour protéger les biens, se justifie Jean-Olivier Hedou, cofondateur procédures et adapte les technologies. Sous la houlette de Jean-Olivier, elle de Proteck. On ne veut ni interpeller, ni rendre justice, ce n’est pas notre crée son propre système d’information, comme les appels téléphoniques rôle. » automatiques. Le logiciel sur lequel travaillent les opérateurs de contrôle a été entièrement codé par son équipe. La prochaine étape ? « On développe Un contrôle étroit des agents une application sur tablettes et smartphones pour accompagner les agents Cette intervention est la procédure d’urgence d’une mécanique bien plus sur le terrain, prévoit Jean-Olivier. Ça nous permettra de retracer toutes élaborée. Pour la comprendre, il faut visiter le cœur du réacteur, le centre de les interventions pour le client. » Et de faire baisser encore les coûts. C’est contrôle de Proteck. Quatre télévisions sont accrochées au mur. L’une d’entre l’ultime tour de magie de Proteck : « Comme notre modèle est adapté au elles affiche l’ensemble des sites surveillés par Proteck. Une autre répertorie terrain, on a réussi à baisser le prix des prestations », annonce fièrement l’historique de toutes les alarmes. C’est sur cet écran que, quelques minutes François Hallot. Et pour cause, il faut compter seulement 30 000 francs par plus tôt, l’adresse de la villa de Mpita s’était affichée en rouge. mois pour les premières offres, soit 1 000 francs par jour. Deux agents de contrôle en chemise grise jettent régulièrement un œil aux écrans, assis devant leur ordinateur. L’un d’entre eux, Irvin, prend son poste pour toute la nuit. C’est l’un des plus anciens contrôleurs. « On reste concentré, on n’a pas le temps de s’éparpiller. Certaines nuits, les appels s’enchaînent. » Le rôle des agents de contrôle est double : non seulement ils gèrent les alarmes, mais ils s’assurent aussi que les agents présents sur les sites vont bien. C’est l’une des grandes innovations managériales de Proteck : leurs agents de surveillance sur le terrain sont eux mêmes... protégés ! Toutes les quatre-vingt-dix minutes, chaque agent reçoit un appel automatique généré par une machine. S’il ne répond pas, un des deux agents du central est immédiatement prévenu, et le contacte manuellement. « Si l’agent ne répond toujours pas, je demande à un des sept contrôleurs qui patrouillent dans la ville d’aller voir ce qu’il se passe », montre Irvin. De cette manière, l’agent sur le terrain n’est jamais seul. « Il a derrière lui 10.BRAZZAMAG



À DÉCOUVRIR

Photo courtoisie Congo Terminal

Au cœur des dockers Le terminal de Pointe-Noire est devenu, depuis sa reprise par Congo Terminal, filiale du groupe Bolloré, l’un des ports en eau profonde les plus modernes de la région. Jour et nuit, ses 850 salariés chargent et déchargent les produits en provenance, mais aussi à destination du Congo. Brazzamag vous emmène dans les coulisses de cet endroit habituellement fermé au public, à la rencontre des dockers*. Par Antoine Rolland.

O

n croirait qu’il n’y a personne. Pourtant, l’activité est forte ce jour-là au terminal du port de Pointe-Noire. Un navire porte-conteneurs vient de débarquer 1 300 conteneurs le matin même. Trois immenses portiques fonctionnent à plein, les camions font des allées et venues en file indienne, pour la décharge. Le vacarme des conteneurs que l’on dépose au sol se mêle à celui des signaux de translation des portiques de quai et de parc.

assuraient la gestion des navires et des conteneurs pour les armateurs. Une situation peu propice à l’ordre et à l’efficacité.

Faute d’investissements suffisants, les quais, construits dans les années 30, se détériorent. Certaines machines s'embourbent dans le sable. En 2009, Congo Terminal, filiale du groupe Bolloré, après un appel d’offres lancé par l’Etat congolais, remporte le contrat de concession et obtient le monopole de la Le bateau se vide presque tout seul : les dockers semblent avoir disparu. Mais gestion. Le groupe s’engage à moderniser et rendre attractif le port de PointeNoire. « Quand on a commencé, on disait qu’on ils sont bien là. On les aperçoit enfin, au détour d’une rangée à conteneurs. Ils restent dans allait mourir», affirme Guy Wawa, responsable Il faut développer la filière du des opérations terre, chef de la manutention et l’étroite zone qui leur est autorisée, symbolisée par un marquage au sol. recyclage, nous sommes la preuve dans le groupe depuis 2007.

que cela peut conduire à l’emploi ! Il faut tout reprendre, moderniser tout en Tout le terminal est certifié Pedestrian Free continuant le chargement et le déchargement Yard, c’est-à-dire avec un nombre de piétons - Stéphane Ntsikouloulou des navires. « Le plus compliqué a été de autorisés qui est réduit au strict minimum faire cohabiter l’exploitation des navires avec les nécessaire, d’où cette sensation de vide. « Le terminal a déjà connu plusieurs incidents plus ou moins sérieux au démarrage, travaux d’infrastructures et la reconstruction complète des terre-pleins et des regrette Guy-Michel Passy, responsable HSE en charge de la sécurité et de la quais », confirme Laurent Palayer, le directeur général de Congo Terminal. « Nous y sommes arrivés petit à petit, pour parvenir au résultat d’aujourd’hui. sûreté chez Congo Terminal. Le port et le terminal à conteneurs restent des endroits sensibles et dangereux. » Alors les casques et gilets jaunes sont » Les changements sont spectaculaires. Six immenses portiques de quai obligatoires pour tout le monde. La direction vient d’installer des alcootests obstruent l’horizon. Le port s’est avancé de 270 mètres supplémentaires gagnés sur la mer, avec des quais dont la longueur totale atteint aujourd’hui dans chaque véhicule. « La discipline est militaire », plaisante un employé. 1,5 km. Le raccordement au réseau de la SNE est effectif depuis la fin de l’année Des cadences multipliées par quatre Cela n’a pas toujours été le cas. Auparavant, plusieurs sociétés d’acconage dernière tandis qu’une centrale avec cinq groupes électrogènes d’une 12.BRAZZAMAG


À DÉCOUVRIR puissance totale de 12.5 Mw sont prêts à prendre instantanément le relais en cas de délestage intempestif du réseau. Les méthodes se sont modernisées : tous les conteneurs sont désormais géolocalisés par triangulation GPS, leur suivi assuré en temps réel, impossible de perdre un conteneur. Résultat : les cadences s’industrialisent. « En 2009, on déchargeait un cargo à un rythme de 12 mouvements par heure, rappelle Laurent Palayer, à la tête du terminal depuis deux ans. Aujourd’hui, on tourne à plus de 50 mouvements par heure. » Les femmes s’affirment A 50 mètres de hauteur, Stéphanie est penchée sur le bord de son siège, la tête regardant vers le bas. Seule une vitre la sépare du vide. « La première fois que je suis montée là-haut, j’ai crié », raconte-t-elle sans lever les yeux. On la comprend, tant la hauteur donne rapidement la sensation de vertige. Elle est conductrice de portique depuis février dernier, comme huit autres salariés. La jeune femme charge et décharge les conteneurs, un métier essentiel, plutôt prestigieux chez les dockers, et peu souvent accessible aux femmes. Congo Terminal est la filiale du groupe qui emploie le plus d’opératrices de portique en Afrique. « Au début, on voulait surtout me préserver, me mettre sur des navires qui demandaient moins de travail, parce que j’étais une femme. Mais ils ont vite compris que je travaillais plus vite que les hommes. »

Crédit photo : Antoine Rolland

Une de ses collègues est même une ancienne femme de ménage du groupe. « Elle faisait le ménage dans le bureau où se tenaient les séances de sélection et recrutement des opérateurs, raconte Laurent Palayer. Au bout de quelques mois, elle a commencé à répondre aux questions à la place des candidats. Le formateur est venu me voir un peu interloqué en me disant : “j’ai envie de tenter un truc”. Quelques mois plus tard, elle manutentionnait ses premiers conteneurs, d’abord avec un portique de parc puis sur un portique de quai après avoir suivi une formation sur simulateur au port du Havre. » Nouveaux métiers Le métier évolue. L’image d’Epinal de l’ouvrier viril portant son sac de ciment sur les épaules est loin. Les salariés sont de plus en plus qualifiés, formés, sortent d’études supérieures, travaillent sur des procédures en anglais. De nouveaux métiers apparaissent, comme celui de responsable qualité, pour analyser la productivité de chaque service, ou encore les chargés de relations clients. Les dockers travaillent d’ailleurs pour beaucoup d’entre eux derrière un bureau, dans l’immeuble de trois étages situé dans le terminal. Le centre névralgique est la « control room », constituée d’écrans de télé géants et de grandes fenêtres avec vue imparable sur les quais. Ici, les talkies crépitent, les téléphones sonnent en permanence. C’est dans ce relatif chaos qu’est mise en musique l’activité du port. Les agents déterminent et contrôlent chaque mouvement de chaque conteneur, l’affectation de chaque camion. Pas de temps à perdre. « Si je baisse d’attention cinq minutes, je suis complètement perdu, et on prend du retard », lâche, pressé, le manager, sans quitter des yeux ses deux écrans de contrôle. Les bureaux, les réunions, les documents « power point » : est-ce la disparition du métier de docker ? « Pas du tout ! » s’indigne Jean-Louis, sur le port depuis vingtdeux ans. Ses collègues partagent son avis : le métier existe toujours, et la fierté du docker également. « On devait évoluer. Avant, on n’avait pas d’éclairage la nuit. On travaillait à la lampe torche. Ce n’était pas possible de continuer comme ça. » Les conditions de travail se sont améliorées, les grèves appartiennent au passé. Mais les lieux ont perdu de leur mystère. Les anciens racontent volontiers qu’un bananier, planté dans le béton pendant une grève, avait poussé et donné des fruits en vingt minutes. Que les esprits hantaient régulièrement le port. « De nos jours, ils sont partis, surtout parce que les jeunes y croient moins », regrette Jean-Louis en déambulant parmi les conteneurs au volant de sa voiture. La concession actuelle du terminal au groupe Bolloré prendra fin en 2036. D’ici là, six autres portiques de quai se seront élevés dans le ciel, la transformation sera terminée, les investissements auront été amortis, le personnel qui a connu l’ancienne configuration sera parti. Ce port, maintenant quasiment neuf, aura pourtant un peu plus de cent ans.

Crédit photo : Antoine Rolland

UN PORT CLÉ DU COMMERCE La concession prévoit que Congo Terminal puisse devenir un point de passage incontournable du commerce dans la sous- région. La société s’est donc employée à attirer les clients sur deux critères: une baisse des délais de mise à disposition des conteneurs aux clients, en moyenne quatorze jours contre près d’un mois auparavant. Et une baisse des prix. « Contrairement à ce qu’on entend souvent, grâce à l’amélioration des infrastructures portuaire, des gains de productivité et de l’attractivité du port de Pointe-Noire, les taux de frêt maritime à destination de la République du Congo ont été divisés par deux et les tarifs du terminal de -20 à -30 % depuis le début de la concession se défend Laurent Palayer. Tout cela participe très largement aujourd’hui à l’amélioration du passage et des coûts de passage portuaires. Résultat le nombre de clients armateurs a été multiplié par 2 en moins de dix ans.

CONGO TERMINAL EN CHIFFRES Une concession de 27 ans Plus de 200 milliards de francs CFA d’investissement depuis 2009 850 salariés permanents, 200 journaliers 6 portiques de quai à 8 millions d’euros chacun 16 portiques de parcs un parc à conteneurs de 33 hectares 3 certificats : ISO 9001 :2015 / Pedestrian Free Yard / ISPS

* ouvrier portuaire 13.BRAZZAMAG


À DÉCOUVRIR

Business-center :

“Derrière chaque idée, il y a un marché” A l’heure où l’entrepreneuriat est considéré comme l’une des alternatives pour résoudre le problème de l’emploi en Afrique, de nouvelles structures se mettent en place pour favoriser la création de jeunes entreprises au Congo. Par Sylverène Ébélébé.

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Crédit photo : Rey Mangouta

ocation de bureaux et de salles de réunion équipés, connexion Internet haut débit, espaces de coworking…Les différents services mis à disposition des PME, porteurs de projet ou free-lances leur permettent de bénéficier de lieux modernes adaptés aux nouvelles méthodes de travail et de créer une synergie. Après deux ans de construction, l’Elaïs Business Center de Pointe-Noire est enfin disponible. Situé en plein centre-ville, l’établissement a été construit sur trois niveaux. Au premier étage, on trouve des bureaux, des salles de réunion, un open-space clé en main pour une location à court ou moyen terme. Plus haut, vous disposez des mêmes espaces mais cette fois-ci non meublés pour une utilisation à long terme.

"Nos produits s’adressent aux hommes d’affaires et aux jeunes cadres ayant des difficultés à louer des bureaux. Puis, ils permettent de créer des liens interprofessionnels", précise le directeur commercial d’Elaïs. En juin dernier, l’hôtel accueillait la première édition de la convention internationale d’affaires, Lisanga. Organisé par la Chambre de commerce de Pointe-Noire et des organisations patronales, l’événement était destiné aux entreprises du continent africain mais aussi d’ailleurs. "L’objectif de cette convention était de créer un réseautage d’affaires entre les dirigeants de sociétés internes et externes", affirme M. Agbemebia.

Le Congo, pays en voie de développement, a besoin de nouvelles entreprises de toutes catégories pour assurer son activité économique. Cela passe par une population bien formée aux diverses méthodes de création d’entreprise, l’accès "Le concept de notre business-center est la réponse à un besoin d’innovation. aux financements, ainsi que la mise en relation Nombre de nos clients venus pour des séjours avec les administrations publiques et les grandes professionnels nous ont sollicités pour des déjà existantes. salles de réunion, conférences, séminaires" Le concept de notre business- entreprises “Derrière chaque idée, il y a un marché, une affirme Jules Aimé Agbemebia, responsable cible. C’est pourquoi il est essentiel d’apporter center est la réponse à un de cet espace à l’Elaïs, avant d’ajouter : "Avec des solutions aux problématiques des jeunes ce nouveau concept, nous permettons à nos besoin d’innovation entrepreneurs”, affirme le cofondateur de Start usagers d’avoir un hébergement, des zones PME, également dirigeant de la société Elednot, - Jules Aimé Agbemebia, Elais BC de travail et de restauration dans un seul et bureau d’études et de transfert de technologie. même site." En effet, le centre dispose même d’un restaurant au troisième étage. L’année dernière, Start PME a commencé à suivre un groupe de jeunes voulant produire de la craie. Ensemble, l’incubateur et les initiateurs ont affiné le projet "Belles initiatives" et aujourd’hui, la start-up est devenue le premier fournisseur national au Congo. De son côté, Ramel Ntondele, fondateur de l’incubateur Star PME, évoque une “Jusqu’ici, le Congo était obligé d’importer de la craie. Mais avec cette jeune autre réalité : "Plusieurs personnes ont de belles initiatives, mais elles ne savent entreprise, nous pouvons désormais consommer local”, se réjouit Ramel. pas forcément par où commencer. Notre rôle en tant qu’incubateur consiste à les accompagner jusqu’à la concrétisation de leurs idées en les transformant Ce modèle de business-center ou encore d’incubateurs d’entreprises pourrait se en entreprise rentable." Effectivement, au Congo, où plus de 50% des petites développer rapidement au Congo. Ces espaces répondent au besoin des jeunes et moyennes entreprises ne survivent pas après la deuxième année d’activité, professionnels, qui changent avec l’évolution du monde du travail. l’évaluation de son projet par un incubateur semble devenir indispensable. Depuis sa création il y a six mois, Start PME accompagne déjà quatre entreprises en interne et une dizaine en externe. 14.BRAZZAMAG



Coucher de soleil

Plage de pointe-noire


CrĂŠdit photo : Robert Nzaou


CHRONIQUE

DÉCRYPTAGE Le B.A.BA de la location Leader sur le marché immobilier congolais, GESTRIM OCEAN accompagne ses clients dans la transaction et l’administration de biens et se positionne comme référence pour toutes informations sur les nouveautés dans ce secteur. "Brazzamag" partage avec ses lecteurs, l’actualité, les conseils de ce professionnel de l'immobilier afin de vous accompagner dans vos projets.

LA LÉGISLATION

Du nouveau dans la législation

Voici les textes à retenir concernant la loi 372012 du 12 décembre 2012 portant sur la réglementation de la location à usage d’habitation. Art 92 : Le locataire d’un logement doit souscrire une assurance si le propriétaire l'exige. Mais, pour plus de mesures de sécurité, cette assurance multirisques permet d’être protégés en cas d’incendie, dégâts des eaux, dommages électriques, responsabilité civile…

CONSEIL IMMO La sous-location

Toute cession de bail ou sous location totale ou partielle est interdite sauf autorisation formelle du bailleur. Après obtention de l’accord du propriétaire sur le principe de sous-location et sur le prix du loyer, le locataire doit établir un contrat entre lui-même et le sous-locataire sans impliquer le propriétaire. Dans ce contrat, doivent être précisés la durée de location, les modalités de résiliation, le montant du bien loué, les dates et délais de paiement, le montant du dépôt de garantie ainsi qu’un état des lieux. Le locataire doit également déclarer s’il s’agit d’une souslocation partielle ou totale du logement. Enfin, il doit fournir à son sous-locataire l’autorisation écrite du bailleur et une photocopie du contrat de bail en cours.

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Qu’est-ce qu’un contrat de location ? Comment ça fonctionne ? Qui doit le signer ? Quelles informations doivent figurer sur un contrat ? Quelles sont les pièces à fournir ? Voici quelques réponses pour que la location de votre appartement ou maison ne devienne pas un véritable parcours du combattant!

U

n contrat de bail ou un contrat de location est le contrat par lequel l'une des parties (appelée bailleur) s'engage, moyennant un prix (le loyer) que l'autre partie (appelée preneur) s'oblige à payer, à procurer à celle-ci, pendant un certain temps, la jouissance d'une chose immobilière

Quelles sont les pièces qui peuvent vous être demandées pour signer un contrat de location ? Une carte d’identité ou un passeport. Vos trois derniers justificatifs de revenus. Une attestation d’emploi ou un contrat de travail. Une attestation d’assurance "multirisques-habitation effraction”.

Un contrat obligatoire ? Oui, il est obligatoire de signer un contrat de location même si vous ne passez pas par une agence immobilière, afin de définir les engagements respectifs concernant un logement.

Pourquoi passer par une agence immobilière pour louer ? Lorsque la location d’un bien est faite par l’intermédiaire d’une agence immobilière, un troisième acteur – un professionnel immobilier – intervient dans la rédaction du contrat. Contrairement aux démarcheurs qui ne procèdent qu’à la mise en relation entre l’offre et la demande, l’administrateur de biens GESTRIM OCEAN se charge de la rédaction du contrat de location et peut suggérer l’insertion de clauses spécifiques pour éviter tout litige ultérieur. Il veille à la conformité avec la réglementation en vigueur et s’assure qu’aucune clause abusive n’y figure. Une sécurité supplémentaire pour les parties !

Ce contrat que l’on appelle aussi bail locatif doit être signé par les deux parties (le bailleur et le locataire) et fait en deux exemplaires ou dans un cas de colocation en autant d’exemplaires qu’il y a de colocataires. La durée minimale d’un bail à usage d’habitation est de trois ans. Quelles mentions doivent figurer sur le bail ? Le nom et l’adresse du propriétaire ou de son mandataire (agence immobilière). La durée de la location et la date de mise à disposition du logement au locataire. La description du logement et des annexes (cave, garage, jardin, parking). L’énumération des parties communes et des locaux à usage exclusif du locataire. La destination du logement loué (habitation ou usage professionnel). Le montant du loyer, la date de paiement et les conditions de la révision du montant du loyer. Le montant du dépôt de garantie, limité à trois mois de loyer. La clause de résiliation du bail en cas de nonpaiement par le locataire des sommes dues (loyers, charges, dépôt de garantie) ou s’il ne souscrit pas d’assurance locative. Il convient de préciser que la caution est restituée à la fin du bail si aucune détérioration n’a été constatée dans la location. Si le propriétaire refuse, il est possible, après un délai de deux mois suivant la restitution des clés, de le mettre en demeure par une lettre recommandée avec accusé de réception.

Il établit l’état des lieux dans les règles de l’art, qui doit être réalisé en début de location, au moment de la remise des clés au locataire. C’est une étape à laquelle il convient d’apporter la plus grande attention. En effet, c’est lui qui permet de comparer l’état du logement en début et en fin de location, et de déterminer, lorsque des réparations s’imposent, celles qui incombent au propriétaire ou au locataire Il fait respecter les engagements du bail pour le bien-être du bailleur et de l’occupant (réalisation des travaux d’entretien en cas d’urgence, gestion des impayés…). A noter qu’en moyenne, un propriétaire sur trois refuse de prendre en charge les réparations dans le cadre des relations directes entre locataires et bailleurs. Ensuite, afin de protéger le locataire en cas d’incendie, dégâts des eaux, dommages électriques, responsabilité civile, les agences Gestrim Océan imposent à leurs clients de souscrire une assurance habitation.


CHRONIQUE

IMMOBILIER LES TROIS ÉTAPES IMPORTANTES LORS DE LA VENTE D’UN BIEN Acheter ou vendre un bien immobilier est une décision importante. En effet, la vente est définie comme une convention par laquelle l’un s’oblige à livrer une chose, et l’autre à la payer. Elle nécessite obligatoirement l’intervention d’un notaire devant lequel l’acte définitif de vente sera signé. Rencontre avec maître Florence Bessovi et maître Patricia Mbissi, membres de la chambre des notaires de Pointe-Noire. Par Sylverène Ebélébé

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QUESTIONS AUX MAÎTRES BESSOVI & MBISSI C’est seulement après sa signature et l’apposition de son sceau que l’acte devient authentique. Dans cette troisième et dernière phase, le notaire fait enregistrer l’acte de vente à la conservation foncière. Celle-ci doit être réalisée soit à l’immatriculation du bien immobilier, soit à la transcription, avec pour résultante l’obtention du titre foncier.

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Qu’est-ce qu’un titre foncier ?

Crédit photo : Robert Nzaou

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Pourquoi faut-il passer par un notaire ?

Me Florence Bessovi : La mission du notaire consiste avant tout à prendre en charge les différentes formalités et démarches liées à la vente pour prévenir les éventuels litiges. Officier public, le notaire est établi pour recevoir les actes et contrats auxquels les parties (vendeur et acheteur) doivent ou veulent faire donner le caractère d’authenticité. Ainsi, l’acte passé devant un notaire a la même force qu’une loi d'Etat. Il fait foi en justice et est exécutoire de plein droit.

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Quelles sont les différentes étapes d’une vente ?

Me Florence Bessovi : Il existe trois étapes importantes lors de la vente d’un bien. En pratique, dans la première étape appelée "la vérification", le notaire est chargé de sécuriser la transaction en procédant à des enquêtes préalables. Ce dernier se charge de vérifier l’identité des parties contractantes (vendeur/acheteur), d’identifier l’objet de la vente, de recueillir les renseignements auprès des administrations publiques (urbanisme, cadastre, conservation de la propriété foncière) et de collecter les témoignages du voisinage sur le terrain. Ensuite, le notaire procède à la rédaction de l’acte en tenant compte de la dernière volonté des parties, conformément aux règles de droit.

Me Patricia MBISSI : Consacré par la loi de finances N°17/2000 du 30 décembre 2012, le titre foncier ou titre de propriété constitue la preuve d’appropriation d’un bien. Sous la forme d’un livret, il est délivré par le conservateur des hypothèques et de la conservation foncière. A l’intérieur du document, la conservation foncière fait ressortir la superficie, la situation géographique et juridique de la propriété. Le titre foncier ou titre de propriété est définitif et inattaquable parce que la loi lui assure une pérennité. Il confère des droits réels existants sur une propriété et constitue une garantie hypothécaire pour l’obtention d’un crédit. C’est un support juridique incontestable en cas d’expropriation facilitant notamment la transmission du patrimoine (ex : donation, héritage...). Une seule copie est remise au bénéficiaire.

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Combien coûtent les frais de notaire ?

Me Patricia MBISSI : Toute acquisition d’un bien immobilier donne lieu à des frais qui viennent s’ajouter au prix d’achat. Par exemple, pour un bien immobilier acheté au prix de 15 millions de francs CFA, les frais de notaire seront les suivants : 7 % sur 5 millions (tranche de zéro à 5 millions de francs CFA), soit 350 000 francs CFA. 5 % sur 10 millions (tranche de 5 à 20 millions de francs CFA) soit 500 000 francs CFA. Le total des frais de notaire pour un bien immobilier acheté au prix de 15 millions de francs CFA serait donc de 850 000 francs CFA H.T. A ces frais, s’ajoutent d’autres coûts liés à la production de documents techniques cadastraux (plans de bornage et procès-verbaux) et les droits de mutation. Ces prix varient en fonction de la superficie de la parcelle et de la situation géographique. 19.BRAZZAMAG


À DÉCOUVRIR

Crédit photo : Robert Nzaou

A l’aéro-club de Pointe-Noire, la ville prend son envol Situé à côté de l’aéroport international Agostinho-Neto, l’aéro-club de Pointe-Noire a pour mission la pratique et la promotion de l’aviation. Un petit tour dans les airs s’impose avant de partager l’histoire de ce lieu mythique qui rythme le ciel ponténégrin depuis plus de soixante-cinq ans. -Par Gauthier Pinel.

Ready for take-off...OK,...good flight.” Après une courte conversation en anglais avec la tour de contrôle, l’ULM décolle sur la piste de l’aéroport international et monte vite en régime. Une vitesse de croisière de 150 km/h, à 5 000 pieds, la sensation est inégalable et elle vaut le détour. « Tu vois, c’est très simple à piloter, ultra réactif. On va faire une touche sur Malonda Lodge avant de rentrer », glisse au casque Jean-Marie Dufossez, président du club depuis vingt-cinq ans. L’ULM se rapproche alors rapidement de la piste située sur la plage, la vitesse d’approche et le bruit du vent rendent l’exercice très impressionnant. Savanna et Ninja 3 Une quinzaine de minutes plus tard, nous voilà de retour vers l’aéroport, où nous avons l’autorisation d’atterrir. L’appareil retourne au garage où plusieurs machines attendent leurs pilotes : un Savanna filant à 150 km/h stationne à côté du puissant Ninja 3 qui en développe 300 km/h. Tous les ULM sont équipés de parachutes intégrés, offrant ainsi une sécurité supplémentaire aux sorties. Plusieurs pistes d’atterrissage sont disséminées dans le pays : au Kouilou, à Malonda Lodge et à la Pointe Indienne.

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Le club propose également des baptêmes, mais le président nous met en garde : « C’est souvent un piège! Les gens deviennent accros et veulent piloter par eux-mêmes ! » Installé dans le club-house, M. Dufossez ne se lasse pas de la vue sur la piste de l’aéroport international. Ce passionné est l’encyclopédie vivante de l’association : aux commandes depuis 1993, c’est un témoin privilégié des évolutions de cette dernière. Crée en 1950, le club grandit rapidement grâce à la forte fréquentation des passionnés. Une section aéromodélisme est lancée en 1957 et un rallye est même organisé avec les clubs voisins. « Le rallye du Moyombe regroupait les clubs de Dolisie et Brazzaville. C’était un espace de liberté et de rencontres, un espace où se conjuguaient la passion du vol et les nuits sans fin au club house. » Mais dans les années 1980, le club doit faire face aux réalités économiques : entretenir un avion coûte très cher. Pour qu’un avion puisse voler, il faut une autorisation délivrée chaque année par les autorités congolaises après un check-up dans un centre agréé. Le Congo ne disposant pas de centre, l’aéro-club a le choix entre faire venir des réparateurs agréés de France ou bien s’envoler pour faire contrôler ses appareils à Libreville.


À DÉCOUVRIR

Voyage épique Faisant face aux prix élevés de l’entretien des avions, le club était au bord de la fermeture économique. C’était juste avant l’arrivée des l’ULM. « Heureusement que l’on a découvert et introduit l’ULM, sinon c’était la fin du club. C’est grâce à un particulier qui s’est abîmé en mer avec son fils lors d’une sortie en ULM. Ils avaient réussi à rejoindre la côte et nous, on a récupéré l’ULM dans la mer. Et puis une fois de retour à l’aéro-club on l’a remis sur pied. Et l’association par la même occasion. » Et c’est la renaissance pour l’association : un autre ULM est ramené de France. Un voyage épique d’une dizaine de jours : passant par l’Espagne, l’Afrique saharienne... les deux compères volent jusqu’à six heures par jours pour acheminer le coucou. « L’avantage de l’ULM c’est que nous faisons tout nous-mêmes, de l’assemblage à l’entretien. Et il n’y a pas besoin de licence comme pour l’avion. Nous sommes donc gagnants : moins cher, plus simple à entretenir », explique Jean-Marie. Grâce à cette méthode, l’aéro-club de Pointe-Noire se porte bien : vingtcinq ULM de particuliers, quatre ULM écoles et deux avions garnissent le garage de l’aéro-club. Il est d’ailleurs possible de passer son brevet de pilote (français et/ou congolais); le club dispose de plusieurs instructeurs. Ce brevet se scinde en deux parties : un QCM envoyé par la DGAC France et quarante heures de conduite (vingt heures accompagnées et vingt heures en solo). « Vaut mieux commencer jeune, parce que le QCM est rempli de question pièges », s’amuse Jean Marie.

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CULTURE&SOCIÉTÉ

la dot, maître de cérémonie

Crédit photo : WCS.

Féticheurs, ndoki, voyantes, guérisseurs, tradithérapeutes… La magie, omniprésente, revêt diverses formes au Congo. Tradition séculaire, la cérémonie de la dot a toujours cours au Congo, même si elle a beaucoup évolué au fil du temps. A Pointe-Noire, "Brazzamag" a pu assister au grand jour de Patricia et Jean-Marc. par Sylverène Ébélébé - (Crédits photos : Dokekia photography)

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’est à Pointe-Noire que Patricia, entourée de ses tantes, se prépare pour le grand jour : la cérémonie de sa dot ! Pour être la plus belle de la journée, la jeune femme a fait venir une maquilleuse professionnelle depuis Paris et une coiffeuse de renom. Aujourd’hui, tous les regards seront braqués sur elle. Il est 14 heures lorsque les invités commencent à s’installer dans la cour de la résidence des parents de la fiancée. Quelque quatre cents personnes sont attendues pour ce jour spécial dans la vie de Patricia et son bien-aimé. De grands chapiteaux blancs ont été dressés dans le patio familial mais aussi à l’extérieur de la maison. Photographes, cameraman... tous sont prêts à capturer les premières images de l’événement. "Un geste symbolique" Tandis que la famille de la future mariée se met en place, des applaudissements et des cris de joie annoncent l’arrivée de Jean-Marc, le fiancé de Patricia. Accompagné par son père, sa mère et ses proches, le jeune homme distribue des billets de 10 000 francs CFA à ses futures belles-soeurs qui étendent des pièces de super WAX par terre sur son passage. Animée par des plaisanteries et de la gaieté, la scène dure une dizaine de minutes avant de céder la place 22.BRAZZAMAG

au lancement des festivités. Assis sous une tente en face de celle de ses futurs beaux parents, Jean-Marc et sa famille sont reçus par un nzozi (le porte-parole du jour). C’est le début de la cérémonie. Très souvent sollicité pour être un entremetteur dans les célébrations de dot, M. Makosso, un sage de Pointe-Noire, explique les origines de la dot : "A mon époque, la dot était un geste symbolique que la belle-famille demandait à l’homme voulant épouser une fille, parce que ce dernier allait

Savaient-ils même écrire à ce moment-là pour rédiger l’inventaire de ce que le beau-fils devait emmener ? -Clovis Makosso priver le foyer d’une main d’oeuvre." En effet, dans les sociétés primitives, tandis que les hommes étaient à la chasse ou à la pêche, les femmes participaient à l’entretien des champs, aux soins et à la garde des animaux... Inspecteur dans une société d’audit, Franck Oussoungou affirme : "Au temps


CULTURE &SOCIÉTÉ de nos ancêtres, les enfants représentaient une source de richesse, en particulier la femme. Un homme célibataire était alors considéré comme un pauvre ou sans valeur ! On lui interdisait même d’assister à certaines réunions du village." Par conséquent, le garçon souhaitant se marier devait en quelque sorte offrir une compensation à sa future belle-famille en échange de sa dulcinée. Un sac de sel (très précieux à cette période), une dame-jeanne de vin de palme et un coq suffisaient pour faire honneur à l’éducation que les beaux-parents avaient inculquée à leur fille. Les jeunes gens n’ayant pas la possibilité d’apporter les différents présents mettaient leurs capacités physiques au service de la famille de la conjointe. Comme dans l’histoire de Jacob dans la Bible ayant travaillé pendant quatorze ans chez son beau-père Laban pour pouvoir obtenir la main de Rachel, la femme qu’il aimait. "Listes inqualifiables" Comme tous les pays, le Congo est composé de régions et de départements. On y compte trois ethnies principales : les Kongos, les Mbochis et les Tékés. Par conséquent, les procédures pour le mariage diffèrent selon chaque canton. "Chez nous, au nord, l’enfant appartient à la famille du père. C’est pourquoi le candidat d’une jeune fille sollicite d’abord son futur beau-père. Ce dernier informe ensuite le frère de sa femme, considéré comme le chef de famille du côté maternel", expose Franck Oussoungou. Ainsi, après que les deux familles (celle du papa et de la maman de la future fiancée) se sont mises d’accord, le papa convoque le petit-ami de sa fille. Ensemble, ils conviennent d’une date éventuelle pour officialiser les fiançailles puis viendra la dot. Le fiancé recevra une liste de certaines choses en nature et la somme de l’argent qu’il devra apporter le jour “J”. "Lorsque nos pères allaient épouser nos mamans, il n’y avait pas une affaire de liste pour la dot. Savaient-ils même écrire à ce moment-là pour rédiger l’inventaire de ce que le beau-fils devait emmener ?" s’interroge Clovis Makosso en ajoutant : " C’est dans vos générations qu’on entend maintenant parler de liste de dot et d’argent. Certains parents font des listes inqualifiables. Ils veulent tirer profit de cette tradition noble avec des exigences parfois basées sur le statut social de l’admirateur de leur fille…" Première fille d’un haut cadre congolais issu du nord, Patricia s’apprête à bientôt sortir de sa chambre pour rejoindre les festivités. Deux heures déjà se sont écoulées pendant que les deux familles, par l’intermédiaire de leur nzozi réciproque, procédaient à l’échange des biens : un costume pour le père, des pagnes pour la maman (mais aussi pour les tantes de Patricia), des lampes lucioles... Descendant du sud, "Papi Makosso", le savant ponténégrin, évoque la façon dont le mariage est orchestré chez les Laris. "Il y a trois étapes à suivre lorsqu’on veut épouser une femme. D’abord, il y a le premier vin (aussi appelé phase de renseignement) : le jeune homme se rapproche de sa future bellefamille pour savoir si la fille qu’il veut mettre dans sa maison est célibataire. Puis vient le deuxième vin (kaka lumpaku en lingala et en lari ). Ici, le garçon, accompagné

LE SAVIEZ-VOUS ? Tandis qu’en Inde, c’est la femme qui paie la dot pour celui qu’elle aime. A quelques kilomètres du Congo, au Nigeria, la dot permet à la demoiselle de porter le nom de son compagnon. Une fois que les deux familles ont fini de célébrer le mariage traditionnel, le couple doit se rendre au tribunal pour faire valider leur union et échanger les alliances.

PAS UNE VENTE AUX ENCHÈRES Au Congo, où le salaire minimum s’élève à 50 000 francs CFA, plusieurs hommes manquent de ressources financières pour honorer leur femme. Sur cinq couples, trois optent pour le “tokobe” (en kongo) ou le “yaka to vanda” (en lingala), le concubinage en français. “Certaines familles font payer la dot chère sous prétexte qu’elles ont financé des études à leur enfant ou l’ont envoyée à l’étranger… Mais ce qu’elles oublient, c’est que tout parent a l’obligation de donner une éducation, de la nourriture et un toit à celui ou celle qu’il met au monde !” expose M. Oussoungou d’un ton sévère avant de compléter : “ La dot n’est pas une vente aux enchères car la femme n’est pas une marchandise !”

de ses proches (a priori son père et sa mère), se présente chez les parents de sa copine avec quelques cadeaux. La demoiselle est alors fiancée et ne peut plus accepter d’être courtisée par un inconnu. Pour finir arrive la cérémonie de la dot donnant droit au monsieur de repartir avec sa promise.” Lors de cette étape, une deuxième remise de présents est faite. "En guise de mon amour" Dans la cour de la propriété des parents de Patricia — située à quelques pas du centre-ville —, une douce mélodie retentit. Sur un chant de zouk interprété par l’une de ses amies d’enfance, Pat (comme la surnomme son entourage) fait son entrée. Vêtue d’une longue robe rose avec une traîne, la trentenaire est suivie par ses sœurs toutes habillées d’un uniforme en pagne. La jeune femme défile dans l’allée qui sépare sa famille de celle de son futur époux, avant d’aller à l’extérieur de la maison saluer les danseurs traditionnels venus du village pour l’occasion. Pendant ce temps, le maître de cérémonie présente les sœurs de la future mariée à l’assemblée : "Elles sont célibataires, s’il y a une personne qui est intéressée qu’elle se fasse connaître ", lance-t-il avec humour. A Brazzaville comme à Pointe-Noire, le montant de la dot est limité à 50 000 francs CFA, selon le code de la famille congolaise. Lors du mariage civil, le maire ou son représentant demande aux parents de la future mariée s’ils ont bien reçu cette somme avant de les déclarer officiellement monsieur et madame Untel. Car le jour de la dot, le père de la future épouse a le dernier mot. "Papa, je te donne cette boisson en guise de mon amour pour Jean-Marc, accepte-la en la buvant s’il te plaît", affirme Pat d’une voix douce. Agenouillée devant son père, celle-ci lui tend un verre de jus qu’il accepte. Les deux jeunes reçoivent aussitôt la bénédiction paternelle.

LE SAVIEZ-VOUS ? Depuis 1980, la dot est fixée à 50 000 francs CFA dans l’article 140 du code de la famille au Congo. Cependant, cette loi n’est pas respectée de nos jours ! D’après nos enquêtes, un congolais sur trois estime que l’Etat devrait mettre un place un dispositif pour s’assurer que les familles des futures mariées ne demandent pas plus que le montant légal.

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L'ARBRE MIRACLE DE MARGUERITTE HOMB RENCONTRE AVEC LE FONDATEUR D'OFIS SMGC, L'HISTOIRE D'UNE ASCENSION LES FRÈRES DJOMBO DÉCROCHE LA PALME HASSAN ATTIE, DU STYLO AU BTP CÉLINE ARENS PASSE À L'ACTION

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ils s'investissent au congo 24.BRAZZAMAG


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Crédit photo : Ricardo Kta gagnant du concours photo "L'Afrique qui gagne" organisé par AFROPX et Paris Match. 25.BRAZZAMAG


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GIE MORINGA CONGO MARGUERITE HOMB

SON « L’ARBRE MIRACLE » Le moringa, Marguerite Homb en a fait son cheval de bataille depuis plusieurs années. A la télévision ou durant des conférences, cette personnalité connue du grand public parle de développement économique, mais surtout… de cette plante riche en vertus médicinales et alimentaires ! Par Bernard Sallé.

Photo : Bernard Sallé

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arguerite Homb a fait ses études en France, où elle s’est spécialisée en commerce international. Un détour par les Etats-Unis, et la voilà de retour au Congo pour entrer dans l’administration. On se souvient d’elle à la Chambre consulaire, où elle est restée plus de dix ans, toujours active, disponible, souriante. "Mon profil ? Depuis cette époque-là, je crois que c’est l’accompagnement des entreprises. Conseiller, informer, créer des modèles de gestion…" Puis, dans les années 2000, c’est l’apparition du guichet unique. Elle ouvre le centre de formalité des entreprises dans un petit local. ."Aujourd’hui, on peut enregistrer une société en quinze minutes en conformité avec le système Ohada", explique Marguerite Homb. Au même moment, elle ouvre « L’Espace créateur », toujours au service des 26.BRAZZAMAG

entrepreneurs, avec une bibliothèque et de la documentation. Et c’est dans cette documentation qu’elle découvre le Moringa. Compenser la "malbouffe" Dès 2004, Marguerite Homb se passionne pour cette plante équatoriale qui, à l’époque, est surtout connue en Afrique de l’Ouest. Le moringa est une véritable exception de la nature, par sa richesse en protéines, en vitamines, en sels minéraux. "Un arbre miracle, s’enthousiasme-t-elle. Dix fois plus de vitamine A que la carotte, sept fois plus de vitamine C que l’orange et vingt-cinq fois plus de fer que dans l’épinard." Les nutritionnistes le disent : le moringa est un complément alimentaire magique, adapté pour les cas de carences, les malnutritions. Les enfants atteints de drépanocytose ont une meilleure croissance, une accalmie de leur maladie. Les mamans qui allaitent évitent la fatigue. C’est


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aussi une invitation à compenser la "malbouffe", trop courante au Congo, à rééquilibrer l’alimentation. Marguerite fait un voyage au Burkina Faso, ramène des semences. Mode d’emploi Il est si facile ! Les feuilles de moringa peuvent se prendre en infusion (sans les bouillir), tous les bienfaits sont là. Les feuilles se consomment également en salade, en complément de la tomate ou du concombre, par exemple. Elles s’ajoutent fraîches sur de nombreux plats, ajoutant un petit goût poivré. Séchées, réduites en poudre, leur usage est encore plus large sur de nombreux plats. Une habitude vite prise et bénéfique pour toute la famille. Du côté des graines : elles donnent une huile d’une finesse exceptionnelle,

cate enthousiaste : "Mais l’essentiel, c’est l’apport alimentaire, aussi bien dans les filières humaines qu’animales, et je pense surtout aux personnes anémiées, convalescentes. Le moringa est une solution si pratique, si simple, si peu onéreuse. Pour une meilleure qualité de la vie !". En 2018, un projet pilote sera mis en place pour le développement de cette plante au Congo.

Dix fois plus de vitamine A que la carotte, sept fois plus de vitamine C que l’orange et vingt-cinq fois plus de fer que dans l’épinard. - Marguerite Homb. équivalente à celle de l’olive vierge, sans cholestérol, bonne pour la cuisson et l’assaisonnement. Elle est d’ailleurs utilisée en cosmétologie (savons, produits de beauté…). Et tous les résidus, de feuillages, de pressage de l’huile, sont excellents pour l’alimentation du bétail. Le moringa peut se cultiver de manière intensive pour ses feuilles, comme un légumineux – première récolte au bout d’un mois ! – et en culture forestière pour ses graines. Il permet par ailleurs de lutter contre la déforestation. Le moringa donne des gousses une fois par an, jusqu’à deux fois dans de bonnes conditions. "Chaîne de valeurs" Sur le moringa, Marguerite Homb est intarissable. Mais également sur son action : "Nous avons instauré un modèle économique. Notre approche maintenant est de créer une véritable “chaîne de valeurs”, depuis la production jusqu’à la distribution, en passant par la transformation, tout en créant des emplois. Des partenariats sont d’ailleurs possibles et envisagés. Nous sommes

Photo : Bernard Sallé

Nous avons instauré un modèle économique. Notre approche maintenant est de créer une véritable “chaîne de valeurs - Marguerite Homb. en passe de créer un groupement d’intérêt économique (GIE) qui permettra aux petits producteurs de rentrer dans un dispositif global avec de bonnes conditions. Il y a la perspective d’un appui du PADE (Banque mondiale), pour consolider notre “chaîne de valeurs”." Le ministère de la Recherche scientifique a mis en place un dispositif qui fait rentrer le moringa parmi les projets fédérateurs. Il s’intègre de manière idéale dans les objectifs de diversification des filières économiques. Le moringa arrive à point, et Marguerite Homb est son porte-parole, son avo-

Pour plus d'informations :

Adresse : GIE Moringa Congo, centre d’incubation training, 138, rue Berlioz, Bacongo, Brazzaville. L’e-mail provisoire est santenaturemoringa@yahoo.fr.

Photo : Bernard Sallé

Photo : Bernard Sallé

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OFIS

LUC-EMMANUEL ZANGHIERI

UN ENTREPRENEUR AU SERVICE DU CONGO OFIS, Yattoo.Com, TNT Africa... Derrière ces marques, un homme incarne le rêve américain du Congo en mutation. Tête-à-tête avec Luc-Emmanuel Zanghieri, ce chef d’entreprise âgé de 43 ans au parcours atypique. Par Sylverène Ebélébé.

Crédits photos : Robert Nzaou

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l est 10H15, Luc-Emmanuel Zanghieri entre dans son bureau situé dans les locaux d’OFIS, sur le boulevard Charles-de-Gaulle à Pointe-Noire. « On vous a proposé du café ? J’en bois dix par jour, ou plutôt… dans une matinée !! », lance-t-il en riant avant de sortir de son bureau pour aller en chercher. L’enfant du Congo Français d’origine, c’est à l’âge d’un an que Luc-Emmanuel Zanghieri arrive à Pointe-Noire en 1976 avec ses parents. Son père, Walter Zanghieri, d’origine italienne, et sa mère, Maryse, native de l’Algérie, sont tous deux médecins. Après quelques années en Algérie, le couple, en quête d’exotisme, décide de s’installer au Congo. Ils œuvrent tous 28.BRAZZAMAG

deux à l'hôpital A. Sicé, le père, chirurgien-dentiste et la mère ophtalmologue. La famille réside pendant six mois à l’hôtel Atlantic avant de déménager dans une maison près du rond-point des Amoureux, puis de déménager à nouveau vers une maison à la Côte Sauvage, dans laquelle Luc-Emmanuel grandit jusqu’à ses 15 ans. « J’adorais me balader dans Pointe-Noire à vélo, faire tomber des mangues des arbres en lançant des pierres, griller des “badames” dans des feux improvisés au bord de la route et m’asseoir pour les manger sous les manguiers avec mes amis congolais. J’étais passionné de sports aquatiques et par l’océan, je pouvais faire du bodyboard toute une journée sans m’arrêter pour aller manger … », confie le quadragénaire un brin nostalgique.


DOSSIER Un dépaysement total ans, je fabriquais des skimboards [planche que l’on jette sur le sable et vers Aîné d’une famille de deux enfants, Luc-Emmanuel Zanghieri fait une partie laquelle on court afin de sauter puis glisser dessus, ndlr] de différentes tailles de sa scolarité au sein de l’établissement français Lycée Charlemagne avant et formats que je vendais à plus de 100 000 francs CFA... de l’époque ! » de partir la poursuivre au lycée Louis-Le-Grand à Paris. C’est le début d’un dépaysement total ! En 2004, après la vente de la maison familiale des Zanghieri, OFIS investit ses Le lycéen vit dans un internat catholique loin de ses parents : « Je suis passé premiers bureaux sur le boulevard Charles-De-Gaulle, en face du Migitel. « On d’une vie où tout m’était acquis à une vie où la compétitivité était extrêmes’est connu ici quand il a commencé son entreprise. J’étais déjà moi-même ment élevée », raconte le Ponténégrin. entrepreneur, j’avais créé ma première société en Tandis que ses camarades de classe 1997 », raconte le directeur général de CPS, Benoît rêvent tous de faire Polytechnique, Fauchère. Je suis passé d’une vie où tout m’était Luc-Emmanuel, lui, veut faire une acquis à une vie où la compétitivité école de commerce. Deux ans plus A l’image des acteurs des séries hollywoodiennes tard, diplômé d’un bac scientifique, que Luc-Emmanuel adore regarder sur Netflix via était extrêmement élevée il fait une année de prépa aux Hautes les services d’accès Internet qu’il fournit avec Yat- Luc-Emmanuel Zanghieri Etudes de commerce (HEC) à Paris too, l’entrepreneur poursuit sa recherche du succès. avant d’intégrer l’Ecole de manageIl élargit au fur et à mesure les services de sa société ment de Lyon. En 1994, cinq ans après la chute du mur de Berlin, Luc-Emmaaux particuliers et aux entreprises. « Luc-Emmanuel est un homme brillant, il a nuel part en échange universitaire en Allemagne, à Berlin Est, où il va vivre une qualité d’entrepreneur. C’est une personne ultra dynamique et très active, pendant un an, dans ce qui fut le bloc soviétique. « C’était une année folle, notamment en raison de sa très grande consommation de café », déclare en l’année de la liberté, de la découverte, de la bohême… un total dépaysement riant son ami Benoît Fauchère, avant d’ajouter : « Il a fait un super boulot dans après une prépa intense », expose-t-il. le développement des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Com  munication (NTIC) au Congo. » Le rêve américain Aujourd’hui à la tête de 500 employés, le dirigeant d’OFIS est fier lorsqu’il parle En 1997, Luc-Emmanuel Zanghieri, que les plus intimes surnomment « LEZ » de son entreprise : «Quand je repense à ces vingt dernières années, je me dis (ses initiales), fasciné par l’esprit d’entreprise des Américains, s’envole pour le que c’est une histoire assez incroyable, une belle histoire. OFIS est une PME Texas. Un an plus tard, il obtient un MBA en management des petites entrecongolaise qui est parvenue à exister à côté de multinationales. » prises puis décide de revenir dans le pays de son enfance, le Congo. Là, il effectue un volontariat international en entreprise pour le compte de NECOTRANS. Le goût des nouveaux défis Le jeune diplômé effectue alors une série de missions chez SOCOTRANS de Les challenges, c’est bien ce qui anime cet homme. Stimulé par la volonté 1998 à 1999, à des postes de « terrain pur et dur ». Il s’occupe notamment de d’étendre l’utilisation des NTIC à tous les habitants du Congo, le directeur la supervision du chargement et déchargement de navires de vrac et de conte- général d’OFIS a commencé à implanter des « YattooZone », des bornes de neurs, du parc à conteneurs au Port autonome de Pointe-Noire. connexion wifi alimentées par des panneaux solaires. Ce projet permet un Des concepts plein la tête, désireux de vivre son propre rêve à l’américaine, accès à Internet pendant la journée et assure un éclairage la nuit, dans les c’est dans le garage de ses parents que villes comme dans les villages. Cette intégration Luc-Emmanuel Zanghieri crée, le 15 février a été intégralement développée Il a gagné en maturité et certai- technologique 2000, sa première société : OFIS. au Congo, pour les besoins du pays. « Luc-Emnement perdu quelques illusions, manuel a bien entendu et heureusement évolué « J'ai beaucoup d'admiration pour mon fils, car au lieu de choisir la facilité et de marau cours de toutes ces années. Il a gagné en mamais son enthousiasme reste entier. cher sur un chemin déjà tracé, il s'est engaturité et certainement perdu quelques illusions, gé sur une voie nouvelle, où il avait tout à mais son enthousiasme reste entier. Il explore de - Maryse Zanghieri. construire. Il a œuvré de tout son cœur, et nouvelles pistes dans le domaine technologique s'est engagé à fond en gardant toujours à et garde toujours à cœur l'avenir du Congo dans l'esprit l'intérêt du Congo, qu'il considère comme son pays », souligne Maryse un monde en pleine révolution. Je crois qu'il est l'un des rares entrepreneurs Zanghieri, la maman de Luc-Emmanuel. dans son secteur qui cumule à la fois l'amour pour son pays d'adoption et les compétences nécessaires au développement de ses projets », assure Maryse L’art de l’entreprenariat Zanghieri. Luc-Emmanuel Zanghieri assemble des micro-ordinateurs qu’il vend à moins de 500,000 francs CFA, puis devient au fil du temps le premier distributeur des LEZ a encore des projets plein la tête, notamment le projet « Pointe-Noire Ville produits DELL en Afrique francophone. « J’ai toujours eu une certaine fibre Numérique » en partenariat avec la mairie de la capitale économique. commerciale depuis tout petit. Quand je partais en colonie de vacances en « Ce sont de tels développements qui font les villes intelligentes de demain. Photo :une Robert Nzaou France, on descendait au village fois par semaine le week-end. J’achetais Des villes modernes, où les citoyens sont ultra-connectés. alors des crêpes et des boîtes de lait Nestlé que je revendais ensuite pendant Nous sommes heureux d’être une entreprise congolaise qui participe activela semaine à mes petits camarades. Je me souviens que j’avais ainsi récolté ment au développement de la “Smart City” au Congo. Nous apportons clai280 francs à la fin de la semaine, alors que j’avais à peine 10 ans », plaisante rement notre pierre à l’édifice », déclare fièrement Luc-Emmanuel Zanghieri. Luc-Emmanuel en ajoutant : « Ici, à Pointe-Noire, lorsque j’avais entre 13 et 14

Yattoo zone

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SMGC

MARC-ANTOINE CHELALA

HISTOIRE D’UNE ASCENSION Installée au Congo depuis plus de cinquante ans, la famille Chelala est l’une des lignées de la diaspora franco-libanaise la plus reconnue du pays. Après avoir fait affaire dans le commerce de produits surgelés dans les années 80 et 90, Elie Chelala dirige avec son fils Marc-Antoine la SMGC, pour Société des mines et du gravier du Congo. "Brazzamag" les a rencontrés au siège de l’entreprise, qui est aussi leur garage principal, caché derrière de hauts murs à Vindoulou, à trois quarts d’heures du centre de Pointe-Noire. Par Antoine Rolland.

Crédit photo : Robert Nzaou

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es Chelala sont discrets. Leur entreprise familiale, la SMGC, est l’une des principales sociétés de transport, construction et génie civil du pays. Mais aucune trace d’eux sur Internet, aucun site en ligne et peu de publicité. Même leur siège semble avoir été placé à l’abri des regards. Le taxi qui nous y emmène a beau se vanter de connaître toutes les ruelles de la région par cœur, il s’est finalement résigné à demander son chemin par deux fois. On sent même une certaine réserve à l’idée de raconter l’histoire de la famille à un journaliste. « Je m’étais engagé », lâche Marc-Antoine 30.BRAZZAMAG

Chelala, presque avec regret, au moment de s’installer à son bureau pour nous raconter l’histoire de l’entreprise familiale, dont une publication paraîtra pour la première fois. « Une structure à taille humaine » C’est la relève familiale qui s’y colle, donc. Ce trentenaire est directeur général adjoint de la SMGC depuis cinq ans. Pas question pour autant de faire le « président, dans un bureau de luxe ». Il s’est installé au rezde-chaussée, à niveau des employés, juste devant l’entrée. Il peut voir toutes les allées et venues des camions, sentir l’ambiance


DOSSIER

du garage. « C’est un peu ma vigie. » de sécurité, ça nous a pris plus de deux ans. » En juin dernier, la SMGC Marc-Antoine était dans leurs rangs sept ans plus tôt. Au moment obtient la certification pour travailler pour Total E&P Congo. d’intégrer l’entreprise, il commence comme responsable de chantier, « C’était difficile, mais ça ne peut être que bénéfique. Maintenant on après un BTS en management et une licence de comptabilité a la rigueur pour se positionner sur des travaux d’envergure. » décrochée en France. Un débarquement un peu brutal, mais nécessaire. « Je ne « Pour connaître le haut il faut connaître le bas » connaissais même pas la différence Des échos de voix viennent du couloir. entre le ciment et le béton. J’ai Marc-Antoine interrompt son récit pour on doit s’adapter à chaque situation tel tout appris sur le terrain. » Une rigoler. « Ce n’est rien, c’est mon père qui expérience qu’il utilise aujourd’hui un couteau suisse, il faut être tout-terrain. s’amuse avec les salariés. » Ce jour-là, « tous les jours ». Elie Chelala passe justement quelques - Elie Chalala Un an un plus tard, il passe à la minutes dans le bureau de son fils. Au comptabilité, son domaine, puis premier abord, le directeur général de devient directeur général adjoint. Une promotion qu’il relativise. la SMGC apparaît comme un petit homme à l’allure modeste. Mais « Ma préoccupation principale a toujours été la sauvegarde et le il ne faut pas s’y tromper : dans les années 80, venu rejoindre un développement de cette structure à taille humaine. » Structure. Le cousin à lui, Joseph Chelala, il a fait du commerce dans les produits mot revient tout le temps dans la conversation. C’est finalement le surgelés et a rejoint ensuite le groupe El Sahely dirigé par Fouad El rôle que s’est trouvé Marc-Antoine au fil du temps : structurer et Sahely. Ensemble, ils créeront plusieurs sociétés parmi lesquelles des moderniser les activités de son père. noms bien connus tels que SCAC et Cristal avant de créer SMGC dans les années 2000. Bref, il est l’un des hommes d’affaires de la diaspora franco-libanaise les plus reconnus et les plus actifs au Congo. Du transport routier aux travaux d’envergure A sa création, la SMGC était spécialisée dans le transport routier entre Les regards échangés entre le directeur général et son adjoint sont Pointe-Noire et Brazzaville. Il fallait certes des camions, mais pas volontiers complices et bienveillants. « Il se débrouille pas mal », seulement. « Quand on a démarré en 2003, il y avait que de la piste. juge Elie Chelala en esquissant un léger sourire. En 2010, c’est lui qui En saison des pluies, il valait mieux sortir les pelleteuses. appelle Marc-Antoine à venir travailler à SMGC. Pourquoi ? » Les voyages duraient alors plusieurs « Vous utilisez encore ce que vous avez semaines. appris à la fac », répond-il sur le ton de Les études sont faites pour former l’évidence. « Les études sont faites pour le cerveau. Après, il suffit de s’adapter. former le cerveau. Après, il suffit de En 2012, la route N1 sort de terre. Il faut penser à se diversifier : ce sera C’est pour ça que j’ai envoyé mon fils sur s’adapter. C’est pour ça que j’ai envoyé logiquement vers le génie civil. « On mon fils sur le terrain. Pour connaître le a appris à faire du terrassement par le terrain. Pour connaître le haut il faut haut il faut connaître le bas. » exemple. L’idée était de recycler nos connaître le bas. savoirs utilisés en interne et les mettre sur En haut ou en bas ? Derrière le - Elie Chalala le marché. » Voilà pour la théorie, mais bureau, sur le terrain ou dans un Marc-Antoine s’occupe également de la garage ? Où est-il le plus à l’aise ? pratique : il évalue les besoins, rationalise « Je ne me pose pas la question. Au les coûts, fait rénover le siège, investit, lie des partenariats, constitue Congo, on doit s’adapter à chaque situation tel un couteau suisse, de nouvelles équipes et cherche des marchés potentiels. Très vite, il faut être tout-terrain », affirme Marc-Antoine en déambulant au la SMGC attire de grosses entreprises mais aussi des particuliers. Ne milieu des camions. restant pas sur ses acquis, elle décide d’augmenter ses exigences afin de se positionner sur des marchés pétroliers. A présent que la SMGC a changé de dimension, il faut communiquer. « On a l’intention de développer un site internet, une page Facebook, Seulement, on ne travaille pas pour elles du jour au lendemain. et pourquoi pas Instagram aussi, histoire de se faire un peu connaître. « Elles exigent une rigueur qu’on n’avait pas forcément. On a dû tout » Même si cela revient à forcer un brin la nature des Chelala. changer. Des casques aux grilles de salaires en passant par les normes

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DOSSIER

GTC

MICHEL & ARNAUD DJOMBO

LA SAVANE DÉCROCHE LA PALME Général Trading Company (GTC). Comme son nom ne l’indique pas, cette entreprise s’est spécialisée dans la production d’huile de palme brute. La particularité de cette exploitation est qu’elle est implantée en savane. Dès lors, pas de déforestation, bien au contraire : l’empreinte carbone du site est positive. Visite de l’exploitation avec ses deux dirigeants, Michel et Arnaud Djombo, sur la route de Maloukou, au nord de Brazzaville. Par Antoine Rolland

Crédit photo : Antoine Rolland

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avec l’idée d’en faire une exploitation maraîchère pérenne. Ils embauchent, achètent les terrains alentours, et défrichent leur exploitation. Le domaine se métamorphose. « On s’est fait happer par cette activité, on ne pensait pas y mettre tant d’énergie », raconte Michel.

Les deux hommes d’affaires veulent à cette époque quitter leur secteur des services pour se lancer dans l’agriculture. Ils reprennent alors l’activité,

Engrais naturel Ces 1 500 hectares sont désormais en partie limités par des forêts d’eucalyptus. Des pistes mènent aux plantations, encore éparses. Un entrepôt et un hangar d’extraction d’huile sont sortis de terre, non loin de la route goudronnée. Les bâtisses de l’ancienne laiterie, rénovées, servent aujourd’hui d’habitations aux employés et à leur famille. L’exploitation donne à voir une vie de village,

out est parti sur un coup de tête. Il y a quelques années, le ministre de l’Environnement Henri Djombo (aujourd’hui devenu ministre de l’Agriculture) veut prouver qu’il est possible de produire de l’huile de palme en savane, et non en forêt, comme c’est souvent le cas. Il plante alors quelques palmiers sur un domaine familial près de Brazzaville, une ancienne ferme laitière d’Etat un temps tenu par les Cubains (lire page 33). L’expérience est concluante. Mais il ne voulait pas en faire une activité commerciale. « Quand on a vu que ça fonctionnait, on a voulu en exploiter le potentiel », se souviennent ses deux fils, Arnaud et Michel.

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DOSSIER entièrement tournée vers l’huile de palme. Par rapport aux grands domaines en forêt, leurs palmiers produisent 10 tonnes de moins d’huile par hectare. Mais les coûts de plantation et d’entretien sont jusqu’à huit fois inférieurs en environnement de savane : jusqu’à 6 500 euros par hectare en forêt contre 800 euros sur le domaine de la Général Trading Company (GTC). Il n’y a pas d’arbres à couper, et la savane demande moins d’entretien au quotidien. Sans oublier un coût de transport moindre, puisque la plantation est située à quelques kilomètres seulement de Brazzaville. L’utilisation des engrais constitue un autre point de différence. La composition des sols en savane fait que les doses à utiliser sont plus importantes qu’en forêt. Comme les produits sont coûteux à utiliser, il s’agit d’être économe sur leur utilisation. Les équipes plantent à proximité des palmiers le mucuna, une légumineuse qui chasse les mauvaises herbes et produit des engrais naturels. Des techniques que les dirigeants de l’exploitation ont dû apprendre par les lectures, les visites de fermes à l’étranger, les séminaires. « On a appris en faisant des erreurs », raconte Michel Djombo.

Photo courtoisie GTC

L’une d’entre elles a été le maïs. L’exploitation est petite. Les premiers rendements des palmiers demandent du temps, au moins trois ans. Il faut donc une source de revenus sur le court terme, et développer une culture complémentaire. Parfois, elles fonctionnent, comme l’aubergine par le passé, ou l’ananas et le charbon de bois d’eucalyptus. D’autres fois l’expérience est moins concluante, comme avec le maïs, qui n’arrivait pas à concurrencer les produits importés, plus compétitifs. « Le produit était d’une qualité trop pauvre pour être rentable », analyse avec le recul Fabrice Ngoran, le chef d’exploitation. « Il se passe quelque chose dans l’agriculture » Fabrice, Ivoirien d’origine, fait partie des meilleurs investissements de la GTC. A en croire Michel et Arnaud Djombo, son arrivée, il y a deux ans, constitue un jalon dans l’histoire de l’entreprise. L’ingénieur agronome a déjà une expérience dans l’huile de palme. Il la met au service de ses patrons, leur fournit les chiffres dans les moindres détails, ce qui permet aux frères de laisser la gestion quotidienne pour s’occuper de la stratégie à long terme. Il forme aussi le personnel local, enseigne ses techniques et augmente les cadences.

Photo courtoisie GTC

L’objectif de la GTC est à terme d’utiliser 1 200 hectares de plantation, et de se lancer dans la production de savon. « Pour cela, il nous faudrait 2 000 hectares de plantation d’huile de palme. » Soit plus que leur domaine. La solution est d’inciter d’autres producteurs à planter des palmiers sur leur domaine, donc de prouver que leur modèle est le bon. « On sent que quelque chose bouge dans l’agriculture, analyse Michel. De plus en plus de gens sont intéressés. Mais si tout le monde se lance de son côté dans des petites exploitations, ils se casseront les dents. Il faut se coordonner. » L’une des difficultés est de trouver les financements nécessaires. « Même pour nous, c’est difficile, regrette le directeur général. Quand une banque voit un ingénieur en informatique rechercher des fonds pour une exploitation agricole, ça fait peur. » Il faut dire que l’agriculture inquiète plus qu’elle n’attire au Congo. En 2014, la part du secteur dans le PIB était de 4,8%, selon la Banque mondiale. Investir dans l’agriculture, c’est aussi aller contre une culture. « C’est un héritage colonial, expliquent les frères. Brazzaville était la colonie administrative de France. Alors que les Camerounais, par exemple, étaient incités à cultiver. Culturellement, la réussite au Congo consiste donc à travailler dans un bureau et non dans un champ. On se bat contre cette idée. » Jusque dans leur famille. « Il y a peu, ma fille de 8 ans disait à tout le monde que j’étais fleuriste, rigole Michel. Mais elle commence à comprendre que c’est un peu plus compliqué que cela. »

COOPÉRATION CUBANO-CONGOLAISE Dans les années 1970, le Congo et Cuba lancent un programme de coopération, notamment dans le domaine agricole. Cet accord prévoit la création d’une ferme laitière dans le Pool, une expérience unique dans le pays. L’enjeu est de montrer qu’il est possible de développer une production laitière, mais l’expérience est infructueuse. La ferme, comme d’autres propriétés de l’Etat, est vendue à la fin des années 1990, lors de la vague de privatisation.

Photo courtoisie GTC

UNE HUILE BÉNÉFIQUE L’huile de palme a mauvaise presse. Elle est accusée d’être indirectement responsable de la déforestation, ou encore d’être dangereuse pour la santé. C’est oublier qu’elle est consommée depuis des siècle en Afrique, notamment pour ses effets bénéfiques sur le corps humain, quand elle n’est pas transformée. En effet l’huile de palme rouge, non traitée, est l’aliment naturel le plus riche en vitamine A. Ses bienfaits pou la peau en font un ingrédient de base pour la plupart des produits cosmétiques. C’est par exemple un excellent anti-rides. Dans l’assiette, elle est surtout appréciée pour son goût. Exempte de gras transformé ou de cholestérol, elle reste finalement une bien meilleure alternative au beurre ou à d’autre huiles, comme le tournesol ou les arachides.

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DOSSIER

BUROTOP HASSAN ATTIE

DU STYLO AU BTP A l’origine, Burotop était une entreprise de vente de matériel de bureau. Aujourd’hui, le groupe est composé de sociétés d’informatique, d’électricité, de BTP et d’immobilier. De quoi s’y perdre. « Brazzamag » a fait le tour du propriétaire avec son président et fondateur, Hassan Attie. Par Antoine Rolland.

Photo courtoisie BUROTOP

«

Tu jettes un Libanais à l’eau, il ressort avec un poisson entre les dents. Comme un clin d’œil aux origines, la boutique vend encore des ciseaux, stylos » C’est par ce proverbe que Mohamed Attyé décrit le parcours de son et cahiers. Voilà pour la partie émergée de l’iceberg, car la société a acquis également un entrepôt de oncle, Hassan Attie. Un homme d’affaires qui se lance au début des 5 000 m², sans oublier les bureaux de Pointe-Noire années 2000. Ils ne sont pas nomTu jettes un Libanais à l’eau, il ressort et Kinshasa. Surtout, le groupe s’est diversifié dans breux à ouvrir des commerces à quatre autres activités. avec un poisson entre les dents. Brazzaville à cette époque. Mais lui voit le potentiel du pays. Il commence Synergie et diversification - Hassan Attie Que s’est-il passé entre-temps ? Une histoire qui se par la vente de matériel de bureau dans un local étroit. Burotop est né. résume en un mot : la synergie. Derrière ce jargon d’affaires se cache la philosophie qui a permis l’expansion de Burotop. Pour Dix-sept ans plus tard, le local des débuts est devenu un magasin aux larges l’expliquer, Hassan prend la posture d’un professeur. Debout dans son imallées, les présentoirs sont remplis d’imprimantes, d’ordinateurs, de portables. mense bureau, cigare à la main, il enchaîne les grands gestes pendant près Dans une extension sont exposées les différentes gammes de bureaux. d’une demi-heure. « Allons-y par étape », lance-t-il 34.BRAZZAMAG


DOSSIER Un état d’esprit libanais Pourquoi se diversifier autant ? « Pour approfondir le royaume de Dieu », lâche Hassan, sérieux. Un ange passe. L’homme d’affaires croise le regard de son neveu, ne tient plus et explose de rire, fier de son effet. « Tu aurais vu ta tête ! » Plus sérieusement, il explique sa stratégie : « Le pays a 4 millions d’habitants, on arrive vite à une taille critique, analyse-t-il. La diversification permet d’ouvrir de nouveaux marchés. » De plus, la synergie a l’avantage de réduire le nombre d’intermédiaires, donc de baisser les coûts Hassan Attie trouve à ce moment le modèle écoet de maîtriser la qualité des prestations. nomique qu’il va sans cesse reproduire. Il s’agit ...D’autres salariés travaillent Ce pragmatisme est inscrit dans la légende de la de créer une activité pour mieux servir la préfamille, comme le raconte Hassan. « A l’origine, les chez nous depuis plus de dix ans. Libanais devaient se rendre en Amérique du Sud, cédente. L’installation de systèmes Ils se sont fait une place ici, et sont où la diaspora est importante. informatiques exige souvent le développement Mais il y a eu un souci à l’escale de Marseille, et de systèmes et de réseaux électriques. Là en- Congolais, Indiens, Togolais… Ils ne ils se sont retrouvés au Sénégal, sans connaître la core, au lieu de sous-traiter, l’homme d’affaires s’appellent pas Attie, mais eux aussi langue, sans soutien, sans rien… Ils ont rebondi : ils crée une nouvelle société, Celec. Pour installer ont commencé par le commerce d’arachide, puis sont de la famille. les réseaux électriques, quelques travaux en BTP de tissu, et ont gravi les échelons de cette manière. sont nécessaires. » Les Attie se considèrent comme les descendants Hassan Attie. Pas de soucis : en 2011, il acquiert MBTP. de ces Libanais : la mère de Hassan est née au SéLa petite entité d’une quinzaine de salarié négal, tout comme luI. aujourd’hui 700 personnes. C’est la principale Un état d’esprit libanais, mais pas fermé sur luiactivité du groupe : elle réalise des travaux publics comme les villas pour parmême. Certes, les principaux actionnaires ont des liens de parenté avec Hasticuliers. san. Mohammed, son neveu, gère aujourd’hui l’activité initiale, Burotop. Mais il ne veut pas réduire sa société à son nom. « D’autres salariés travaillent chez Enfin, rien de mieux qu’une nous depuis plus de dix ans. Ils se sont fait une place ici, et sont Congolais, société immobilière, pour vendre ou louer les immeubles que MBTP construit. Indiens, Togolais… Ils ne s’appellent pas Attie, mais eux aussi sont de la famille. » Immo Invest est le dernier-né. Et pour la suite, il laisse entendre qu’il pense à un nouveau secteur d’activité. Si vous désirez un appartement, il aura été construit, électrifié, équipé en in« Je ne vous dirai pas lequel, c’est trop tôt. » Il ne reste donc qu’à attendre, formatique, meublé par le groupe Burotop et ses sociétés sœurs. Même le stylo et le papier utilisés pour signer le contrat proviendront probablement mais on ne doute pas qu’il saura encore surprendre. d’un de leur magasin. Burotop prend le virage de l’informatique en 2005. L’idée de départ est de compléter la vente de matériel de bureau par des ordinateurs. Mais la petite équipe entend parler d’un marché plus grand : la Banque mondiale pilote un plan pour équiper les administrations en fibre optique. C’est le premier projet de ce type dans le pays. L’entreprise fait venir des ingénieurs. Il faut alors apprendre à maîtriser l’équipement en système informatique. La nouvelle entité, Burotop Iris, décroche le contrat auprès de Washington.

Photo courtoisie MBTP

Photo courtoisie BUROTOP

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DOSSIER

AFRICA CARE CÉLINE ARENS

LE PARI DE L'IMPLICATION LOCALE

Crédit photo : Robert Nzaou

’est au siège coloré de l’association que Céline nous reçoit. Deux autres personnes s’activent pour terminer la préparation des boîtes vouées à la collecte. Laissant cette tâche à ces derniers, elle prend le temps de nous éclairer sur son parcours atypique.

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Licence en poche, elle s’oriente ensuite vers un master en développement durable à Londres. Eloignée de la misère africaine, ce sont les retours au Congo qui heurtent sa conscience : « Cela m’a donné envie de revenir pour m’investir. »

Née en Belgique, Céline grandit à Kinshasa dans un environnement familial multiculturel, somme de la culture angolaise, belge et portugaise. C’est suite à la guerre en RDC de 1997 qu’elle arrive à Pointe-Noire où elle réalisera toute sa scolarité et ses premiers pas dans l’associatif. Avec l’envie de maîtriser la langue de Shakespeare, elle s’envole pour Cambridge où elle décroche une licence en business international. « Malgré des vacances en Europe, j’ai toujours vécu en Afrique, alors j’ai eu un petit choc culturel lorsque je suis arrivée à Cambridge ! » réagitelle avec nostalgie.

« M’accomplir en tant qu’individu » Après l’obtention de son master, elle prend une année sabbatique pour faire de l’humanitaire. « Ayant ressenti un véritable sentiment d’accomplissement académique, j’ai alors décidé de m’accomplir en tant qu’individu », explique-t-elle. Un an pour voyager, découvrir, apprendre. Retenue pour un stage de quatre mois au siège des Nations unies, de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique à Bangkok, Céline découvre le fonctionnement d’une organisation internationale, avec ses réalités et ses défis. « A l’issue de cette aventure, j’ai ressenti l’intime conviction qu’il était temps pour

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moi de rentrer. Et de ne plus dire : “il faudrait que” sans jamais rien faire », expose avec vigueur la présidente d’AfricaCare. L’indépendance est une valeur ancrée dans la famille ; et c’est ainsi qu’elle tourne le dos à un poste aux Emirats, entraînant par la même occasion une frayeur à sa mère. « Elle me disait de travailler maintenant pour économiser et réaliser mes projets dans le futur. Mais il fallait que je me sente utile maintenant. »

accessibles sur le site Web, cagnottes en accès libre... Pour recevoir les donations, des boîtes de récolte sont disséminées dans la plupart des établissements de la ville et des panneaux publicitaires annoncent les opérations à venir. « Il y a beaucoup de choses à faire par ici. Mais nous devons nous concentrer et terminer les projets en cours », se raisonne Ed.

L’association ne dispose d’aucunes subventions et tous les fonds récoltés proviennent de dons, financiers ou matériels. Des distributions Réinsertion sociale de vêtements et de denrées sont organisées. L’opération « un sandwich « AfricaCare, ça vient de Cambridge ! » s’amuse Céline. Un concours associatif pour tous » se veut communicative : « Partager le repas entre les avait pour but de récompenser acteurs et les enfants pour permettre l’association qui aurait eu le plus aux participants de réaliser l’importance de soutien sur les réseaux sociaux d’une action qui peut leur paraître ...Ne plus dire : “il faudrait que” en un temps imparti. Se prêtant au bénigne », conclut Céline. sans jamais rien faire jeu, elle crée AfriCare. L’association ne remporte pas le concours, mais Elle a néanmoins suivi un conseil - Céline Arens la concrétisation de l’idée s’implante prodigué par sa mère : celui d’avoir un profondément dans l’inconscient de l’étudiante. travail à côté afin de ne pas être exposée en permanence aux difficultés qui caractérisent la vie de rue de ces enfants. Elle a ainsi rejoint les affaires familiales tout en gardant la moitié de son temps pour mener Association congolaise laïque à but non lucratif, AfricaCare naît quatre AfricaCare. années plus tard, en décembre 2016. « J’ai toujours fait de manière personnelle des distributions de jouets, de vêtements... C’est après ma rencontre avec Ed [vice-président], que nous avons décidé de lancer officiellement l’association », sourit Céline. Aujourd’hui, quatre bénévoles travaillent pour l’organisation qui a su se développer depuis sa création. La communication est supervisée par Ed, une assistante de direction s’occupe de l’administratif et épaule la présidente. Depuis peu, une psychologue s’est même joint à eux afin d’accompagner pleinement à la réinsertion sociale. « Garder la tête froide » « Même si les situations auxquelles nous sommes confrontés provoquent beaucoup d’empathie, il faut garder la tête froide pour assurer la pérennité de ce que nous avons construit », explique Ed, le regard tourné vers demain. Les aider maintenant pour anticiper l’avenir : les enfants déscolarisés qui survivent dans la rue sont confrontés à une extrême violence, sans perspective d’avenir. AfricaCare se fixe pour objectif d’aider ces derniers pour redonner un sens à leur vie. Pour cela, un dialogue s’installe avec l’enfant : « Le but est de créer une relation de confiance pour que l’enfant fasse le premier pas et non l’inverse. » Chaque cas est analysé, une solution est trouvée avec les parents et le tribunal pour enfants pour savoir quel foyer l’enfant va réintégrer : le foyer social ou familial. Dans le premier cas, AfricaCare a mis en place un suivi psychologique pour aider les enfants à surmonter les situations inadaptées auxquelles ils ont été confrontés durant leur errance. Dans le second cas, c’est à la famille que revient la responsabilité. « Il y a peu de structures ponténégrines telles que le SAMU Social qui aident les orphelins sans avoir leur propre orphelinat », complète Ed. « Un sandwich pour tous » Réalisant des audits de besoins dans les orphelinats visités, l’association priorise les actions à réaliser avec une réelle transparence : devis

POUR SOUTENIR Africa Care : www.weafricacare.org Facebook : africacareofficiel

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Crédit photo : Rey Mangouta 38.BRAZZAMAG


BASILIQUE SAINT-ANNE

Poto-poto, brazzaville

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CHRONIQUE

ALIMENTATION BIEN CONSERVER SES ALIMENTS POUR ÉVITER LES RISQUES

Être en bonne santé est un besoin universel. À chaque numéro, "Brazzamag" partagera avec vous des conseils sur la santé, la nutrition ou encore la forme. Cette nouvelle rubrique, "Priorité santé" permettra de faire de la prévention et informer sur les traitements, toute sorte de problématique autour de la santé et bien plus encore. Des spécialistes de la santé interviendront dans cette rubrique pour traiter différents sujets.

LE SAVIEZ-VOUS ? CONGELER...DÉCONGELER ...RECONGELER Ne jamais recongeler un produit qui a été décongelé. En cas de rupture de la chaîne du froid (panne d’électricité de longue durée par exemple), les aliments dégelés doivent être jetés. Par ailleurs, dégivrer et nettoyer son réfrigérateur à l’eau savonneuse ou encore le désinfecter à l’eau javellisée une à deux fois par mois permet une meilleure conservation des aliments.

CONSERVEZ VOS ALIMENTS À LA BONNE TEMPÉRATURE

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a conservation des aliments est un ensemble de techniques visant à empêcher la multiplication des bactéries dans les denrées alimentaires naturellement périssables. Elle permet de préserver la comestibilité et les propriétés gustatives ou nutritives des produits pendant une certaine durée appelée communément "date de péremption" aussi mentionnée sous la forme "à consommer de préférence avant…".

La conservation par la chaleur La conservation par la chaleur a pour but de détruire totalement ou partiellement les micro-organismes, dont la présence ou la prolifération pourrait rendre la denrée non consommable.

Afin de maintenir les substances comestibles "hors de danger", plusieurs méthodes courantes de conservation à chaud ou à froid sont envisageables. Cependant, d’autres procédés comme la salaison, la confiture et le fumage aident également à protéger l’aliment en lui ajoutant du goût.

En Afrique, d’autres façons de conserver les aliments par la chaleur sont employées. Elles comprennent le séchage, le fumage et le salage. Au Congo particulièrement, la préservation du poisson se fait par la fumée. Cette vieille pratique est utilisée dans toutes les localités drainées par des cours d’eaux (la région de Likouala et Pointe-Noire). Le fumage est une technique au cours de laquelle le poisson est soumis à de l’air chaud et de la fumée. Pendant l’opération, il s’imprègne des substances de la fumée produites par la combustion de la biomasse (bois, sciure de bois, bourre de noix de coco, mangrove…). Cette méthode diminue l’eau présente dans le poisson et lui donne un goût et une saveur fumés.

La conservation par le froid La conservation par le froid aide à prolonger la durée de vie des aliments pendant quelques jours et sert à ralentir ou stopper la prolifération des micro-organismes. Il existe trois techniques principales de conservation : la réfrigération, la congélation et la surgélation. La réfrigération fait appel à l'abaissement de la température en maintenant les vivres à une température entre 0°C et 4°C. De son côté, la congélation provoque une cristallisation de l’eau contenue dans les aliments dans un climat de -18°C à -25°C. Quant à la surgélation, ou la congélation rapide, elle consiste à exposer des produits à un froid intense de -30°C à -40°C pendant un temps déterminé. Cette pratique permet de garder la structure cellulaire originelle des produits et de bloquer l’activité microbienne. Contrairement à la congélation, la proportion d’eau non congelée contenue dans l’aliment est très faible. Le respect de la chaîne du froid permet de conserver les qualités hygiéniques et nutritionnelles des articles et de les garder sains.

On distingue plusieurs manières de concerver des aliments par traitement thermique comme la stérilisation, la pasteurisation, le traitement à ultra haute température (UHT)....

En général, les fours sont réalisés en matériaux disponibles sur place (planches, argile, fût métallique...) ou encore à l’aide de récupération d’objets comme le grillage et les tiges de bois. Le non-respect d’une bonne conservation, les erreurs de cuisson des aliments, un délai trop important entre la préparation et la consommation entraînent des intoxications alimentaires favorisées par les germes telles que la Salmonelle, le Staphylocoque, le Shigelles… Les premiers signes cliniques apparaissent généralement entre une et soixante douze heures : douleurs abdominales, vomissements, crampes d’estomac, diarrhée, perte de poids et fièvre dans certains cas.

DURÉE DE PRÉSERVATION DE CERTAINS ALIMENTS

SOURCE : HTTP://SVT.AC-DIJON.FR

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Miel : à Vie Sucre et sel : 40 ans Vinaigre et flocon d'avoine : 30 ans Lait en poudre : 25 ans Riz, pates, lantilles, sauce soja : 4 ans Huile d'olive : 2 an Soda, farine, cornichon et thè : 1 ans

Viande crue, jus de fruit, lait (ouverts) : 3 jours Pâtisseries fraîches, légumes préparés, les plats en sauce, les poissons cuits, les entremets : 2 jours


CHRONIQUE

Priorité santé L’OBÉSITÉ, UN FLÉAU POUR LE CONGO Au Congo, où au moins une personne sur trois est en surpoids, il arrive très souvent que les habitants confondent l'obésité avec la grosseur. En effet, selon les croyances socioculturelles, l’obésité serait critère de beauté chez les femmes, de richesse et de santé chez les hommes. Le diabétologue Dr Christian Mboungou évoque les différents types de ce fléau médical ainsi que ses traitements. Propos recueillis par Sylverène Ébélébé.

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Qu'est-ce que l'obésité ? L'obésité se définit comme un poids au-dessus de la normale, quantifié par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur ou égal à 30 pour un adulte. L’IMC s’obtient en divisant le poids par la taille au carré d’une personne majeure. Chez l’enfant ou les jeunes de moins de 18 ans, le calcul de l’obésité se fait à l’aide des courbes de croissances inscrites dans le carnet de santé. Comme toutes les autres maladies, l'obésité se constate chez un patient après un

provoquée par les hormones. Dans d'autres cas, l'obésité peut aussi être héréditaire. En réalité, seule une enquête alimentaire permet de détecter la vraie cause et d'établir le suivi d'une personne en surpoids.

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diagnostic médical.

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Combien de types d'obésité existe t-il ?

On observe deux formes d'obésité qui varient en fonction de la morphologie et du sexe d'un individu. D’une part, il y a ce qu’on appelle l'obésité androïde. Elle se caractérise par le fait que les épaules soient plus larges que le bassin. La masse grasse s’installe plus dans la partie haute du corps. Ce phénomène aussi nommé "obésité abdominale" se remarque plus chez les hommes que les femmes au Congo. D’autre part, lorsque la masse de grasse est plutôt concentrée dans le bas du corps, on parle d'obésité gynoïde. Ce genre d'obésité favorise l'apparition du diabète de type 2. Toutefois, plusieurs stades existent avant d’atteindre un niveau d’obésité modérée, sévère ou morbide.

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Quelles sont les causes de l'obésité ?

Une multitude de causes peuvent entraîner l'obésité. Le manque d'activité sportive est l'une des raisons principales de cette maladie. Cependant, d’autres éléments tels que le contexte psychologique sont aussi à prendre en compte. Certaines personnes prennent 10 ou 15 kilos en plus parce qu'elles sont en dépression. Effectivement, les antidépresseurs ont des effets secondaires tels que la prise de poids. A contrario, une grossesse peut aussi emmener une femme à un état d'obésité

QUESTIONS AU Dr. CHRISTIAN BOUNGOU

respirer pendant un moment du fait que l'air n'arrive pas à bien circuler dans le corps.

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Des traitements existent-ils ?

En général, dans le domaine médical, on préconise à tous les patients (malades ou pas) de pratiquer la marche ou une autre activité physique au moins trente minutes par jour. Ainsi, la prescription d’un traitement varie selon le dossier du malade. Un simple régime alimentaire peut être une alternative chez un patient quelconque tandis que chez un autre l’opération chirurgicale, notamment la pose d’un anneau gastrique, est plus appropriée. Certains médicaments contre l’obésité sont également présents sur le marché pharmaceutique mais les médecins ne les prescrivent pas couramment.

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Avez-vous des conseils pour limiter les risques ?

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Quels sont les risques et les conséquences de cette pathologie ?

Les conséquences de l'obésité sont principalement métaboliques : diabète, pathologies cardio-vasculaires (hypertension, AVC, crises cardiaques...). Il y a aussi les réactions dites orthopédiques (mal de dos et/ou aux genoux), des problèmes d'hygiène (mauvaise odeur, troubles cutanés...) et la sensation d’avoir chaud la plupart du temps. Mais il est essentiel de rappeler aux gens que la graisse ne se dépose pas qu'à l'extérieur du corps. Elle peut également se positionner en interne, c’est-à-dire sur les organes comme le foie par exemple. Et dans cette hypothèse, les personnes atteintes d’obésité souffrent du syndrome d'apnée du sommeil. Dans la nuit, elles arrêtent de

Réduire la consommation d’aliments trop gras, pratiquer régulièrement une activité sportive, éviter les thés ou tisanes dits "minceurs", car seulement 1% des consommateurs arrivent à maintenir leur taille après les avoir utilisés, et de surcroît la reprise de kilos est beaucoup plus rapide.

VIENNOISERIES TABLEAU DES CALORIES Aliment Baguette croissant Crêpes pain au chocolat Chausson au pomme Cake banane Madeleine

Portion 100 g 100 g 100 g 100 g 100 g 100 g 100 g

Calories 274 kcal 406 kcal 224 kcal 256 kcal 348 kcal 326 kcal 371 kcal

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ENTREPRENDRE

Rodrigue Nzomo

Crédit photo : Antoine Rolland

Depuis le mois de mars, Rodrigue Nzomo Nzogang s’est lancé dans un pari fou : prouver que l’on peut manger vite et bien au Congo. Sur l’avenue Sassou-Nguesso, en face de Paris Luxe, il vend des sandwichs prêts en deux minutes et connectés à partir de critères diététiques. “Brazzamag” a testé pour vous les sandwichs Alcalin Plus. Par Antoine Rolland

«

A chaque fois que je commence à parler de diététique à un Congolais, il me dit d’aller me faire voir. » Rodrigue lâche ce constat mi dépité mi amusé, devant l’entrée de son local. « C’est provisoire, en attendant de trouver mieux », s’empresse-t-il de préciser. Il s’est installé dans le hall d’entrée d’un immeuble. A droite des escaliers, Rodrigue a installé son coin cuisine. A gauche, deux bancs pour manger. Modeste local, pour modeste carte. Seulement quatre choix : viande hachée aux épinards, poisson aux choux, œuf bouilli à la sauce oignon ou poulet haché aux haricots verts. Le tout fourré dans une demi-baguette : 42.BRAZZAMAG

comptez 500 francs l’unité. On l’admet volontiers, le sandwich ne paie pas de mine au premier abord. Mais c’est excellent, et surtout sain. Rodrigue se lève tous les jours à 2h30 du matin pour aller au marché Total chercher ses ingrédients. « Que des produits locaux », insiste-t-il. Un cuisinier autodidacte Rodrigue n’est pas un cuisinier, c’est un alchimiste. Il mesure chaque plat avec un PH-mètre, une sorte de thermomètre qui lui permet de savoir si la nourriture n’est pas trop acide, ou au contraire trop basique. Sept, c’est le chiffre parfait à atteindre, pour une alimentation parfaitement


ENTREPRENDRE

L’homme qui voulait faire bien manger le Congo « Il faut être patient, faire preuve de beaucoup, beaucoup, de pédagogie » équilibrée. « La viande, par exemple, est acide, explique-t-il. Il faut donc la rééquilibrer par un légume. » Il n’a pas commencé cuisinier, mais informaticien, il y a seize ans, à Pointe-Noire. « J’étais tout le temps assis sur une chaise, j’étais devenu obèse ! » Il finit par en tomber malade. Il cherche à tout prix à perdre du poids, par le sport tout d’abord. En vain. « Une fois que je sortais de la salle, j’allais manger des frites avec du poulet. Immédiatement, je reprenais tout ce que j’avais perdu. »

et traditionnelle. » Un problème de santé publique Comment vendre des sandwichs alcalins quand la plupart des gens ne connaissent même pas le mot ? « Il faut être patient, faire preuve de beaucoup, beaucoup, de pédagogie », admet Rodrigue. « La culture alimentaire est parfois très faible ; je croise des gens qui n’ont jamais vu de choux, et qui ne savent même pas ce que sont des haricots verts ! »

Découvrir des produits du La culture alimentaire est parfois très faible ; je croise des gens qui n’ont jamais vu de choux, et qui ne savent même pas ce que sont des haricots verts ! - Rodrigue Nzomo Nzogang

Il se met ensuite au régime, et compense par une boulimie de lecture. Rodrigue engloutit tout ce qu’il trouve sur la diététique. « Quand ma femme cuisinait, j’étais sur son dos, à lui dire : n’ajoute pas de sel, mets plus de légumes… se souvient-il. A un moment, on en a eu tous les deux assez, donc j’ai fait moi-même à manger. » Ses enfants sont son premier public. Il leur prépare des sandwichs pour leur repas du midi à l’école. Des sandwichs alcalins, bien sûr. De là lui vient l’idée de les commercialiser : il lance sa marque, Alcalin Plus. Il l’envisage comme une étape seulement. Son but ultime est de quitter son local, et d’ouvrir un restaurant bio et végétarien. « Avec de la nourriture saine,

De la pédagogie, il en a. Rodrigue devient intarissable au sujet de ces recettes, de ses préparations, ou même des propriétés de chaque aliment. Le ton de sa voix baisse, son débit accélère, comme pour révéler les secrets qu’il a lui-même découverts. Au mur, des affiches préviennent des dangers d’une alimentation trop déséquilibrée sur l’organisme.

Il aime rappeler que son obsession est surtout un problème de santé publique. « Si vous mangez mal, au mieux vous serez fatigués en permanence ; au pire vous finirez par contracter des maladies. » Difficile de lui donner tort. Selon une étude de 2016, 10 % de la population congolaise est diabétique...

ON A TESTÉ POUR VOUS

Toute la force d’Alcalin Plus est de proposer des sandwichs chauds composés de produits frais en moins d’une minute. En tête de gondole, vous trouverez les tranches de pain garnies avec de la viande hachée et des épinards, avec poulet aux haricots verts, ou avec du poisson haché aux choux. Tous sont vendus à 500 FCFA pièce. Récemment, la carte d’Alcalin Plus s’est étoffée et propose des mini-plats de légumes de bacille aux crevettes à 350 FCFA, ou encore une très surprenante pâte d’arachides frite aux omelettes garnies, à 450 FCFA. Le mélange est surprenant au premier abord, mais les saveurs se marient parfaitement avec les épices. Seul regret : on en arrive vite à bout. On vous recommande donc d’en prendre deux en cas de grosse faim.

INFORMATIONS PRATIQUES :

L’espace Liboké, en face de Luna Park à côté de l’église Sainte-Anne de Poto-Poto. Ouvert du lundi au samedi, de 10 heures à 20 heures. Il est conseillé de réserver 24 heures à l’avance au 05 521 74 85 / 06 668 14 86 / 04 411 17 11 / 22 611 79 18. Sur Facebook Honor Toudissa ou par mail honortoudissa@yahoo.com.

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ENTREPRENDRE

Sur place, à emporter et même à domicile, le restaurant Nazo’s livre les secrets du poulet mariné à la mozambicaine et à la portugaise. Par Sylverène Ébélébé.

Crédit photo : Robert Nzaou

Le Congo à la sauce Nazo’s

P

lus besoin d’aller en Afrique du Sud pour manger un poulet mariné dans une sauce pili-pili. A Pointe-Noire, le restaurant Nazo’s propose la dégustation de cette recette d’origine mozambicaine et portugaise. Créé en mai 2014 par Nazaire Ibongo, Nazo’s propose un bon repas pendant la pause déjeuner à un prix moins élevé que dans la restauration traditionnelle. Une cuisine accessible à tous C’est après trois voyages à Johannesburg que M. Ibongo décide de lancer le concept de Nazo’s : "Alors que j’étais en vacances en Afrique du Sud, en 2005, des amis m’ont invité à goûter le poulet d’un célèbre restaurant sud-africain", se souvient le chef d’entreprise. La découverte de cet endroit donnera vie à un nouveau projet! De retour dans la métropole sud-africaine en 2006, le Ponténégrin se rend une nouvelle fois dans le restaurant. Il s’intéresse particulièrement au modèle de cuisine permettant aux clients de voir la préparation de leurs mets et aux différents types de sauces. Pendant plusieurs jours, M. Ibongo s’offre un cocktail au bar de l’établissement puis observe la cuisson du poulet jusqu’au service à table. "En 2012, je me suis rapproché des responsables de la structure pour connaître les conditions d’implantation d’une franchise au Congo", expose Nazaire Ibongo avant d’ajouter : "Ils m’ont demandé 200 000 dollars ! Une somme dont je ne disposais pas." Les secrets de la recette Déterminé à concrétiser son idée, le Congolais part à la conquête des secrets de la recette mozambicaine et portugaise. Il découvre que certains ingrédients pour préparer le fameux poulet peri-peri sont inscrits au dos des bouteilles des sauces piquantes vendues dans les supermarchés. Il en achète en grande quantité puis les ramène au Congo. Sur place, le téméraire trouve un local dans lequel il s’exerce à préparer le poulet mariné avec quelques salariés. "J’ai réalisé une analyse du comportement des consommateurs en fonction du pouvoir d’achat du Congo. Puis je me suis résolu à m’adapter à leur mode de vie en proposant des produits et services variés", précise l’entrepreneur avec un sourire aux lèvres. L’homme fait appel à une responsable de la chaîne internationale KFC 44.BRAZZAMAG

pour former son équipe. Pendant deux semaines, les employés apprennent à assimiler les bases de l’accueil du client, la vente additionnelle mais également la préparation du fast-food. "Chez Nazo’s, tous nos cuisiniers utilisent les mêmes méthodes de cuisine, ce qui nous permet de proposer une stabilité des recettes peu importe le cuisinier qui prépare", souligne celui que les travailleurs appellent "monsieur". Ainsi, depuis trois ans, Nazo’s propose chaque jour une variété de plats locaux sous forme de buffet mais également de la restauration rapide (hamburger, pizza, chawarma…). Les clients ont le choix entre manger sur place ou prendre à emporter. Un service de livraison à domicile est également disponible dans toute la ville de Pointe-Noire. "Notre but est d’aller partout dans le pays, c’est pourquoi nous envisageons d’ouvrir prochainement un point de vente à Brazzaville où une forte demande s’est faite ressentir depuis plusieurs mois. Mais également à Dolisie, Oyo…", assure le patron du restaurant qui ne manque pas de projets. A l’écoute des remarques et des suggestions de ses clients, le fondateur de Nazo’s mise sur la satisfaction et l’excellence. Il est sans cesse à la recherche d’idées innovantes et créatives malgré la crise. « Steve Jobs a dit : “Je suis convaincu que la moitié qui sépare les entrepreneurs qui réussissent de ceux qui échouent est purement la persévérance” », cite

ON A TESTÉ POUR VOUS

Poisson frit à la vapeur, pizza reine, bouillon fourre-tout, Nazo’s fait sans aucun doute parti des meilleurs endroits pour manger des plats traditionnels et internationaux. Si vous avez plutôt un faible pour la cuisine congolaise, le poulet braisé accompagné avec d’un riz blanc et des madesu ‘haricot blanc à la sauce tomate” est un incontournable ! Les haricots fondants dans une sauce parfumée d’épices et de carottes découpées en rondelles, les “madesu” de Nazo’s ne manqueront pas d’éveiller vos sens gustatifs. Un jus de bissap servi dans un bocal en verre avec paille apportera de la fraîcheur à votre dégustation. Pour finir en douceur, commandez un yaourt couscous Nazo’s.


ENTRPRENDRE

commandez, c’est livré !

Crédit photo : Robert Nzaou

Il y a des jours où parfois cuisiner semble être une vraie corvée. Lorsque le planning est trop chargé, et que le temps manque pour aller faire des courses, la livraison de plats ou de courses à domicile est LA solution. Commander en quelques minutes nos besoins ou nos envies et se les faire livrer où que l’on se trouve, c’est à ce souhait que répondent de nouvelles start-up spécialisées dans ce service. Par Sylverène Ébélébé

C

’est devenu une pratique courante à tel point que tous les restaurants La qualité mise au service des Congolais s'y mettent. A Pointe-Noire, un livreur s'est fait sa réputation, son nom Qu’il s’agisse d’un saka saka, un poulet braisé, une pizza, des sushis ou un est Prudent. Il suffit d’appeler le restaurant pour faire sa commande et hamburger, toutes les mesures sont prises pour faciliter la vie des clients. En effet, une fois que la commande est passée, la livraison s’effectue dans ce jeune livreur passe la récupérer pour vous. “Lorsque vous êtes devant un match de foot ou un film avec des amis un délai de 15 à 30 minutes selon le lieu de livraison. Prudent Makaya et par exemple, vous n’avez pas forcément envie de sortir", affirme Prudent son équipe avancent les frais de l’achat contre 1 000 francs CFA pour le Makaya, fondateur de Express Livraison, avant de poursuivre : "vous déplacement. Agé d’une trentaine d’années, le chef d’entreprise apparaît optez alors pour une livraison à domicile." Employé dans une entreprise comme le champion de la livraison, non seulement pour le volume (en moyenne 20 appels par jour), mais surtout pour la de livraison il y a quelques années, il se forme aux différentes techniques de livraison. Très rapidement, rapidité et la rigueur avec laquelle le service est Les consommateurs assuré. il se constitue un carnet d’adresses considérable. C’est ainsi que lorsque son employeur met les clés recherchent la facilité. sous la porte, le livreur ne tarde pas à rebondir avec De son côté, une jeune femme tente elle aussi -Prudent Makaya. la création de sa propre structure : "Les personnes de proposer un service de livraison via une que j’avais l’habitude de livrer ont commencé à me plateforme en ligne : Délices Express. Sur le site, l’acheteur a la possibilité de choisir son menu rappeler en me disant : mais Prudent, on ne te voit plus ! J’ai besoin que tu ailles chercher mon plat ou me faire des courses" parmi plusieurs restaurants et de régler le sous-total directement par carte confie l’homme en ajoutant : "Au début, j’étais seul mais par la suite j’ai bleue, Airtel Money ou en espèces au moment de la remise. L’entreprise mise sur la qualité du service. Une visite des lieux est organisée dans chacun monté une équipe d’une dizaine de personnes." des restaurants adhérents afin de réaliser un test des produits ainsi qu’une Selon le constat du jeune entrepreneur, le mode de vie des Congolais vérification de l’hygiène et de la sécurité alimentaire. a changé. Les gens ont de moins en moins le temps de se déplacer et de cuisiner. La demande de vente à emporter et de livraison à domicile est Outre les diverses prestations citées ci-dessus, un troisième Congolais a eu l’idée d’élargir ce nouveau mode de consommation à un autre domaine donc très forte. On compte en moyenne cinq repas sur dix pris hors de chez soi en une qui n’est pas les moindres : la santé ! A l’image de Bamba Lô (un Sénégalais), semaine. "Les consommateurs recherchent la facilité. Ils n’ont parfois pas Rufin Lepembe à lui aussi développé une application pour la géolocalisation envie de sortir de leur domicile ou préfèrent simplement éviter l’attente des pharmacies notamment celles de garde et la livraison de médicaments : dans un restaurant", précise t-il. LISUNGUI PHARMA. 45.BRAZZAMAG


Crédit photo : Baudouin Mouanda gagnant du concours photo "L'Afrique qui gagne" organisé par AFROPX et Paris Match. 46.BRAZZAMAG


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CHRONIQUE

L’AFRIQUE

reprend en main

Michaël OHAYON Spécialiste des médias et des nouvelles technologies, fondateur et dirigeant de la compagnie Azoy Studio, société de prestations et de conseil, dont le siège est en France. Il possède vingt ans d’expérience dans le secteur. Il a développé de nombreux projets de chaînes TV et projets innovants dans plusieurs pays, notamment en Afrique et récemment au Congo Brazzaville avec le lancement d’Africanews. Il nous fait partager à travers une chronique intitulée Influence Média sa vision et son expérience du secteur audiovisuel et des nouvelles technologies. Sa connaissance de l’Afrique et du Congo Brazzaville nous donne une perspective locale dans un secteur en constante mutation, aux enjeux forts pour notre continent et notre pays.

SON IMAGE

Cette activité soulève à nouveau un thème qui nous est cher, la problématique de la création de contenus purement africains.

Brazzamag offre avec cette chronique une fenêtre sur les coulisses des médias.

F

ini le monopole américain ! Depuis peu, des banques d’images africaines ont repris en main le juteux secteur de l’illustration. Désormais, ce sont des vidéastes et des photographes locaux qui représenteront leurs pays.

Nous voici à nouveau réunis pour un numéro des plus intéressants. Quel plaisir de découvrir ces figures qui font les entreprises et le dynamisme du Congo. De mon côté, je vais aussi vous faire découvrir des figures, et plus que cela, des paysages, des lieux, des ambiances. Du côté face mais aussi du côté pile, comme toujours dans cette chronique, je vous invite à découvrir l’envers du décor, le « backstage » des médias. Dans ce numéro, je vais vous présenter une activité qui dépasse la télévision, la radio, et même Internet. Une activité que vous voyez tous les jours, dans les magazines, les publicités, dans les rues et sur les panneaux publicitaires… Vous croisez des publicités illustrées d’images, un enfant regardant le ciel, un homme d’affaires avec son téléphone dans les mains, un paysage de côte ou de forêt… toutes ces images accompagnées de slogans « Votre enfant a besoin de grandir avec le yaourt untel »,

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Crédit photo : Rey Mangouta.

« Connectez-vous plus vite, plus fort », « Partez découvrir l’Afrique de l’Ouest »…. Par exemple, sur le dernier site internet que vous avez consulté, vous avez vu une secrétaire assise à son bureau ou le marché d’une grande ville d’Afrique centrale pour illustrer une société de production de fruits et légumes. Ces images qui envahissent nos écrans, nos magazines et nos rues, d’où viennent-elles ? Comment sont-elles produites ?


CHRONIQUE

iNFLUENCE MEDIA Enfant, policier, sportif… Elles sont pour la plupart achetées à des fournisseurs qui disposent de « banques d’images ». Ce business fleurit en même temps que la croissance de la communication tous supports et surtout depuis l’émergence d’Internet et du haut débit. Car ces images (ou même vidéos d’illustration) s’achètent et se téléchargent sur Internet. Des sites spécialisées (Fotolia, Gettyimages, Stocklib…) les mettent à disposition et les vendent. Elles sont vendues dans le cadre d’un contrat d’utilisation limité à l’usage du client qui ne peut les revendre ensuite (statut de l’image « libre de droit »). Je précise que certains utilisateurs, agences, magazines… n’utilisent pas ce type d’images et font « shooter » ou tourner des images spécifiques pour leur besoin. Cependant le choix est économique car un shooting photo peut coûter quelques centaines de milliers de francs CFA, alors que l’achat d’image à des banques d’images coûtera environ 5 000 franc CFA. En effet, lorsque l’éditeur a les moyens, il fait souvent le choix esthétique et éditorial d’un contenu exclusif à son édition. Les images vendues par les banques d’images sont rangées en fonction du besoin du client : activité économique (agriculture, bâtiment, éducation…), lieu (gare, marché, aéroport…), personnage (enfant, policier, sportif…) pour ne citer que certains thèmes. Cette activité est intéressante car elle facilite le travail des sociétés, des agences de communication et de publicité, mais aussi des particuliers qui veulent illustrer une présentation sur leur site Web, leur plaquette… Formidable dynamique Mais au-delà de cet intérêt pratique, cette activité soulève à nouveau un thème qui nous est cher, la problématique de

la création de contenus purement africains. Et oui ! Posons-nous la question de savoir si l’enfant, le professionnel ou le paysage sont bien d’origine africaine ? Parle-t-on des réalités de l’Afrique avec des images d’Afrique ? Ce n’était pas le cas, mais heureusement, dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, l’Afrique avance. Des entrepreneurs, qu’ils soient africains ou hors du continent, ont depuis quelques années compris l’intérêt et le besoin de fournir des images adaptées au marché africain. Jusqu’à présent, les illustrations de personnes, de situations ou même de lieux provenaient souvent des Etats-Unis. Mais comme chacun sait, ni les Afro-Américains ni les lieux de vie américains ne correspondent à l’environnement africain. Des entrepreneurs (Yellenpix, Afropx…) ont donc constitué des banques d’image purement africaines pour apporter une solution aux besoins du marché. Ce point est particulièrement intéressant car la demande de contenu purement africain, et si possible spécialisé par pays et par zone, créé une formidable dynamique de production et de soutien, voire de création de producteurs d’images. Les photographes, les vidéastes… ont dorénavant un débouché pour leur contenu. Comme vous le constatez, ce secteur contribue à l’alimentation d’un secteur d’activité créatif, d’un secteur média. Ce développement doit être poussé et développé car il apportera des revenus à des acteurs, des prestataires individuels qui en ont besoin et qui pourront vivre ou envisager de vivre avec leur savoir-faire. Il faut noter l’excellente initiative de la société Afropx dans ce sens. En effet, cette société (lire ci-dessous) a décidé de faire confiance à des talents locaux dans plusieurs pays d’Afrique et de leur demander de devenir « contributeurs » de leur plateforme. Cette façon de faire permet de créer des contenus adaptés à chaque pays, secteur d’activité et de développer une base de professionnels africains et leurs revenus.

AFROPX, UNE INITIATIVE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA CRÉATIVITÉ ARTISTIQUE AFRICAINE La société Afropx est une initiative qui part du Sénégal, et qui possède dorénavant une équipe au Congo Brazzaville. Ils s’appuient sur des « contributeurs », photographes, cameraman… dans plusieurs pays d’Afrique pour créer des images locales. Ils coopèrent avec ces producteurs par un échange, un dialogue qui permet de comprendre le besoin du client et offre une plateforme d’accès au marché, et à

la société d’obtenir des contenus de terrain, des contenus réellement localisés. Ainsi Afropx répond à la problématique de « la difficulté d’accès aux contenus locaux ». C’est aussi une œuvre de développement et de coopération indispensable aux développements du savoirfaire africain local contact@afropx.com / www.afropx.com

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CHRONIQUE

Internet, ce fabuleux acteur du développement En à peine vingt ans, soit l’équivalent d’une génération, Internet a changé nos comportements, notre rapport aux autres, notre manière de travailler, de consommer, notre vie sociale… Et ce n’est que le début. Alors qu’aujourd’hui, 50 % de la planète est connectée à ce réseau mondial, essayons de regarder son histoire et ses effets. Par Christophe Pacilly.

O

n estime que le point de départ d’Internet se situe en 1969 avec le réseau ARPANET, mis en place par le département de la défense américaine pour relier quatre universités. La force de ce réseau était son absence de machine centralisée, donc même si plusieurs nœuds étaient détruits, le réseau continuait à fonctionner. Dans le début des années 1970/1980 sont arrivés la messagerie électronique, le protocole http... bref, la base du Web qui, dans les années 90, a commencé à conquérir le monde. Mais on estime que la véritable révolution a eu lieu en 2007, c’est cette année-là qu’Internet a réellement commencé à rentrer dans nos vies. On a vu l’émergence des iPhones et des smartphones, qui ne sont pas des téléphones mais des télécommandes de notre quotidien, vous vous levez en regardant votre smartphone, vous l’interrogez toute la journée, et la dernière chose que vous faites dans la journée, c’est vérifier l’heure à laquelle il vous réveillera. Toujours cette même année, Facebook a commencé à mettre en relation des milliards de personnes, Amazon à vendre des livres électroniques tout en bouleversant le commerce traditionnel, Airbnb à transformer nos résidences en chambres d’hôtel… Résultat des courses, en 2017, sans posséder une seule chambre d’hôtel, la valorisation boursière d’Airbnb est trois fois supérieure à celle du groupe Accord, les salariés des entreprises travaillent à distance grâce au cloud, etc. Ces changements continuent de s’accélérer et tendent vers la fusion de l’homme, des machines, des robots et de l’intelligence artificielle sur un seul et même réseau. Pour bien comprendre cette fusion en cours, prenons l’exemple de l’achat d’une télévision. Au lieu de prendre ma voiture, perdre des heures dans les embouteillages et essayer d’arriver avant la fermeture du magasin, je vais simplement me connecter à Internet et consulter des sites de vente en ligne.

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Chez Amazon et les grandes entreprises de vente en ligne, on estime qu’un client doit avoir une réponse en moins d’une seconde ou il ira faire son achat sur un autre site. Donc, en une seconde, l’intelligence artificielle doit analyser la disponibilité, le prix et le délai de livraison du produit que vous voulez commander. Ensuite, différents robots vont préparer et expédier votre produit puis l’expédier, puis un livreur vous amènera le produit à domicile. Mais dans quelques années, ce sera un véhicule sans pilote qui vous livrera… Vous vous dites que cela n’est pas près d’arriver en Afrique ? Eh bien vous avez tort ! Là aussi, une véritable révolution technologique est en cours et commence à changer beaucoup de choses. Il a fallu une dizaine d’années pour qu’en 2013, le continent ait accès à un débit de 32 000 Gigabit par seconde (Gbps, soit 1 000 Megabit), alors que ces deux dernières années, une nouvelle capacité de 162 000 Gbps a été mise en œuvre, tout s’accélère. L’augmentation des débits favorise le développement des hubs technologiques, de la bancarisation, des cours en ligne et devrait à terme sortir une partie de l’économie du secteur informel. Et le Congo dans tout cela ? Cette révolution technologique touche aussi le Congo, où il y a déjà plus de 700 000 smartphones en circulation, plus de 30 kilomètres de fibres sont déployés chaque mois, mais beaucoup reste à faire, le débit moyen est de 700 Kbps, bien loin des 55 Mbps de Singapour. Depuis 2014, quelques acteurs ont dynamisé le marché, Congo Telecom avec le déploiement du réseau national, MTN avec la 4G et Skytic Telecom avec son offre Internet dédiée aux entreprises. Skytic Telecom annoncera avant la fin de l’année de nouveaux services Internet pour les entreprises, construits avec ses partenaires, acteurs majeurs qui misent fortement sur l’Afrique et sur le Congo en particulier. Skytic Telecom achèvera ainsi la première phase du développement de son approche Internet au Congo et ouvrira en 2018 la phase 2 de son projet en Afrique Centrale.



À DÉCOUVRIR

Les 6 applis à installer

Envie de tester une nouvelle application sur votre téléphone ? Découvrez les appli du moment pour modifier vos photos, réaliser des clips et suivre vos séries favorites partout où vous êtes ! Par Sylverène Ébélébé

2nD ACCOUNT WHATSAPP

FaceApp

Iroko +

Nous avons trouvé la solution pour toutes les personnes ayant deux numéros de téléphone whatsApp : Second account for WhatsApp ! L’application rend possible l’utilisation deux comptes différents sur le même appareil.

FaceApp, l’application avec laquelle vous pouvez ajouter un sourire à un visage, appliquer des effets de vieillissement ou de rajeunissement, et même avoir un aperçu de vous dans le sexe opposé en modifiant vos photos !

Grâce à Iroko +, regardez vos séries, films Nollywoodiens et vos novelas préférés depuis votre smartphone et/ou tablette où et quand vous voulez ! Lancé en juillet 2015, I’application est le fruit de la collaboration de Jason Njoku fondateur de la chaîne Iroko TV et le groupe Canal +.

Après avoir téléchargé gratuitement Second account for WhatsApp sur un téléphone Android ou Apple, vous devez simplement scanner le code barre du deuxième numéro whatsApp et le tour est joué ! L’installation dure moins de 5 minutes.

Après avoir téléchargé FaceApp sur Play ou Apple Store, l’application vous suggère de prendre un selfie. Une fois la photo prise, vous pouvez appliquer une série de filtres pour retoucher l'aspect de votre visage. Un accès à la galerie vous autorise également de vous servir des portraits capturés précédemment.

Disponible gratuitement sur Android et IOS, Iroko + propose près de 1800 heures de vidéos à la demande traduit en français. Pour télécharger l’épisode d’une série ou d’un film, l’utilisateur doit prendre un abonnement d’environ 1500 Francs CFA par mois. Tout le contenu enregistré reste accessible même sans connexion internet !

Meitu

IMO

Apple clips

Vous êtes fan de manga ou de dessins animés ? Meitu, ‘“belle image en chinois” est fait pour vous ! Créée dans la ville chinoise de Xiamen, l’application permet de transformer une photo avec un maquillage virtuel. En effet, Meitu offre la possibilité de lisser la peau en corrigeant les imperfections, de la rendre plus blanche, d’agrandir les yeux et/ou les rendre plus ronds. Pour commencer, il suffit de prendre un selfie, appliquer un filtre au choix et se laisser guider pour la suite des différentes fonctionnalités. Meitu est téléchargeable gratuitement.

Utilisez IMO, l’application disponible sur Android permettant de communiquer gratuitement avec ses contacts. Appels vidéos, appels simples, messages, IMO propose plusieurs mode d'échanges. Les utilisateurs peuvent partager des données multimédia entre eux.

Avec l’application Clips par Apple, plus besoin d’être un expert pour faire des montages vidéo et/ou photo. Uniquement conçu pour iPhone et iPad, Clips sert à réaliser des animations combinant photos, vidéos et musiques à partager avec ses contacts via les réseaux sociaux. Simple à utiliser, la plateforme possède des effets, des filtres, des émoticônes… Plusieurs personnages de Disney tels que Mickey, Minni permettent de personnaliser les créations des usagers en les rendant plus originales. Disponible en 36 langues, l’application dispose de l’ajout du texte et des titres animés au son de la voix d’une personne.

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Pour bénéficier de ces différents services, les appareils des deux correspondants doivent disposer respectivement de l’application et d’une connexion à internet.


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BUSINESS

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CHRONIQUE

Investir

Interview croisée « Nous voulons faire émerger des champions régionaux » Même costume, même cravate. Il n’y a pas une feuille de papier à cigarettes entre Régis Matondo et Loïc Mackosso. Des frères d’armes au bureau, également beaux-frères par alliance. Ils dirigent une société de conseil financier à Brazzaville, Aries investissement. Aries, comme le bélier, « l’animal audacieux qui franchit les lignes et brise les barrières », sourit Loïc Mackosso. Les deux associés s’apprêtent justement à en franchir une : ils vont lancer, courant 2018, un fonds d’investissement de 35 millions d’euros destinés au PME et aux start-up. - Par Antoine Rolland.

LOÏC MAKOSSO

B

razzamag : Vous n’allez plus seulement conseiller les entrepreneurs auprès des banques, vous les financerez directement. C’est une étape pour Aries…

Loïc Mackosso : Nous allons compléter notre offre de service en intégrant la possibilité de financer des projets via le fonds ! On a vu des projets excellents et rentables passer à la trappe. Les fonds d’investissement nous répondaient : "C’est génial, mais on a déjà un autre projet similaire." C’est dommage ! Quand on observe le paysage financier, il est monochrome : a ce jour, il n’est composé que d’institutions de microfinance, des banques commerciales et de développement. Mais pas de fonds d’investissement congolais, qui propose autre chose que de la dette et qui soit réellement impliqué au niveau local. Régis Matondo : Notre inspiration, c’est de faire émerger des champions nationaux qui seront ensuite des champions régionaux, au niveau la CEMAC. Les entrepreneurs pensent trop souvent au Congo, mais le championnat est plus vaste ! La RDC, par exemple, c’est 18 millions d’habitants, à quinze minutes à peine. Que cela prenne plus de vingt ans, mais au moins, on veut initier le mouvement. Brazzamag : Quel secteur a le plus grand potentiel de croissance ? Régis Matondo : Sans hésiter, ce sont les services. Le Congo a beaucoup de matières premières, certes, mais doit développer ses métiers de service. C’est la voie royale, autrement dit ce qui est le moins coûteux en investissements et ce qui peut être rentable très rapidement. Loïc Mackosso : Au contraire, l’agriculture demande de gros investissements, beaucoup d’infrastructures. C’est la même chose pour l’industrie. Et puis comment se démarquer ? Rapidement être compétitifs à côté de la Chine ? C’est difficilement réalisable. On peut réussir en dehors du pétrole au Congo, qui représente quand

54.BRAZZAMAG

&

RÉGIS MATONDO

même 40 % du PIB ? Régis Matondo : Bien sûr ! La diversification est une réalité. Loïc Mackosso : C’est vrai qu’en termes de revenus, l’économie n’est pas encore diversifiée. Mais quand on voit des statistiques, les entrepreneurs congolais occupent tous les secteurs d’activité. Nous rencontrons tous les jours des chefs d’entreprise qui s’investissent et développent des activités dans divers secteurs de l’economie (agrobusiness, collecte et traitement des déchets…). L’étape suivante est d’en faire des champions, des leaders. La crise économique que traverse le pays ne risque-t-elle pas d’empêcher cette émergence ? Loïc Mackosso : Non, au contraire. Les champions de demain sont ceux qui vont émerger pendant cette crise. La crise est une opportunité en ce qu’elle nous oblige à nous réinventer, à moins dépendre des marchés, à créer, explorer de nouveaux métiers. Régis Matondo : La crise est une chance. Elle nous permet de faire le tri, de mettre en avant celui qui a envie d’aller chercher des parts de marché. L’entrepreneur, c’est celui qui « saute de la falaise et qui parvient à trouver le moyen de fabriquer un planeur avant de toucher le sol ». La crise nous contraint à tenir compte de cette réalité entrepreneuriale. Nous sommes très optimistes pour les années à venir. Est-ce qu’il ne manque pas une culture du business au Congo, qui a longtemps été un pays communiste ? Loïc Mackosso : Disons que c’est une culture qui commence à émerger. Mais elle existe ! Régis Matondo : Ce n’est pas dans les us et coutumes d’accueillir un investisseur extérieur qui amène non seulement de l’argent, mais aussi de l’expertise, qui s’implique dans la gestion de l’entreprise. C’est


CHRONIQUE donc à nous, en notre qualité de conseil financier, de faire un effort de pédagogie. C’est la raison pour laquelle nous organisons régulièrement des ateliers sur ces sujets.

d’entreprise qui ont réussi à la force du poignet, et ça m’a donné envie de faire la même chose. Les jeunes Congolais n’ont pas forcément de modèles de ce genre ou très peu. Ces modèles doivent pouvoir être accessible pour susciter des vocations. C’est ce que nous essayons de faire et d’être.

Loïc Mackosso : J’ai été inspiré parce que j’ai lu des portraits de chefs

LEURS PARCOURS LOÏC MACKOSSO :

Adolescent brazzavillois, il dépense son argent de poche pour acheter des magazines de basket et économiques. Il découvre la vie des capitaines d’industries, et trouve sa vocation. En 2003, il entre dans le monde des fonds d’investissement, et commence à réfléchir à ce modèle pour le Congo. Il s’installe à Brazzaville en 2006, travaille un temps dans le pétrole puis à la Banque de développement des Etats d’Afrique centrale. En 2011, il se lance et fonde sa première société, Aries Investissements.

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RÉGIS MATONDO :

Après une jeunesse à Limoges et Tarbes, en France, Régis arrive à Paris au début des années 2000. Un temps salarié dans une banque, il démissionne pour lancer sa propre société de conseil, Kinia Consulting. Il est contraint d’arrêter son activité suite au désistement de son principal client. Il songe alors à rebondir au Congo, et appelle Loïc. Ils se rencontrent à Brazzaville « le 23 avril 2015 précisément », raconte Loïc. Régis entre immédiatement au Congo. Les deux associés deviennent complémentaires : Régis tient avec rigueur les cordons de la bourse, Loïc cherche les futurs investissements.


ENTRETIEN

MOHAMED TAHRI,

DIRECTEUR GÉNÉRAL, LCB BANK

« ON NE VEUT PAS ÊTRE UNE BANQUE CLASSIQUE »

La Congolaise de Banque (LCB), créée en 2004, est l’une des onze banques présentes dans le paysage financier congolais. Depuis deux ans, la banque jusque-là spécialisée dans la gestion des comptes d’entreprise s’est tournée vers le marché des particuliers. Elle est devenue la première banque du pays en termes de réseau d’agences. Et a reçu cet été les prix de « meilleur entreprise régionale » et de « meilleur manager » par l’organisme britannique European Business Assembly (EBA). Rencontre avec son Directeur Général, Mohamed Tahri, au siège de la LCB à Brazzaville. Propos recueillis Par Antoine Rolland. nous étions déjà installés depuis 2004 via la LCB. Mais attention, il ne s’agit pas de bêtement recopier le modèle, il faut l’adapter au contexte local. C’est-à-dire ? On doit faire un travail d’éducation bancaire plus important. Les Congolais n’ont pas une culture bancaire forte, ce n’est pas un réflexe pour eux d’ouvrir un compte. Ils préfèrent garder leur argent. Le taux de bancarisation de la population est de 8%, il y a tout un marché informel qui nous échappe ! Il faut donc faire du porte-à-porte pour chercher chaque client et sensibiliser. Le rôle du personnel est absolument essentiel dans cette stratégie. Je peux ouvrir autant d’agences bancaires, créer autant de produits que je veux, s’il n’y a pas un salarié convaincu pour le vendre, ça ne marche pas. Photo courtoisie

B

razzamag : On dénombre pas moins de onze banques sur le marché congolais. Comment la LCB arrive à se démarquer ? Mohamed Tahri : Par la proximité. Notre stratégie est de planter un drapeau LCB partout où c’est possible. Nous avons développé un réseau resserré de 20 agences. On ne les trouve pas seulement à Pointe-Noire ou Brazzaville, mais aussi dans des régions plus reculées. En parallèle de cette présence physique, on travaille sur le mobile banking, c’est-à-dire l’ouverture de comptes bancaires via les téléphones. C’est un modèle économique encore embryonnaire en Afrique centrale, mais sur lequel on compte beaucoup : la population est suréquipée en téléphones, et de plus en plus d’opérateurs investissent sur la fibre optique. Le mobile banking ne risque pas d’entrer en concurrence avec les agences physiques ? Pas du tout, c’est complémentaire. Le client aura toujours besoin de voir son chargé de clientèle, de lui serrer la main, de faire le point. Ce qui ne peut pas se faire par téléphone. La présence physique est obligatoire. Pourquoi développer cette stratégie d’ouverture d’agences depuis deux ans ? Vous le savez, la LCB appartient au groupe marocain BMCE. Dans les années 2000, cette banque a lancé un programme de « bancarisation », auquel j’ai moi-même participé. Le plan consistait à ouvrir des agences dans tout le pays. Dès 2011, la BMCE a voulu exporter son modèle économique, reproduire la même recette, et notamment au Congo, où

56.BRAZZAMAG

Vous avez donc formé votre personnel dans le but d’aller chercher ces nouveaux clients ? Exactement. Nous avons organisé ni plus ni moins qu’un transfert de connaissances, par le biais de deux programmes. Le premier s’appelle Mbonguana, qui veut dire transformation en lingala. C’est une réorganisation totale des pratiques managériales : il s’agit de dire que l’on ne dirige plus des postes administratifs, mais des personnes. On s’appuie sur leur expérience au contact des clients. On est vraiment dans un esprit participatif, de discussion, de partage. Ce n’est pas parce que tu es caissier que je ne dois pas t’écouter, bien au contraire. Le deuxième programme, lancé dans la foulée, s’appelle Kobongisa, du verbe améliorer. Il est tourné vers les clients. Une phrase pour le résumer : « Il faut gérer les personnes et pas numéros de compte. » Autrement dit prendre le temps de l’écoute. Vous vous apprêtez à lancer la LCB académie. En quoi cela consiste ? La LCB Académie s’inscrit dans la philosophie que je viens de vous décrire. C’est un centre de formation dédié au personnel, et à la montée en compétence et à la réflexion. Des professionnels interviendront pour partager leur expérience du métier, leur savoir-faire, pour débattre. On va également accompagner des jeunes universitaires, des entrepreneurs. On est en train de mener une réflexion sur un centre d’incubateur pour accompagner les jeunes entrepreneurs. Bref, on ne veut pas être une banque classique qui se limite à des opérations de base. Le métier de banquier ne consiste pas à rester toute la journée dans un bureau climatisé. Si l’on croit cela, on n’a rien compris. Il faut sans cesse prendre des risques.


77.BRAZZAMAG


ENTRETIEN

UN

SUR LE CONTINENT Khalid CHEGRAOUI ENSEIGNANT CHERCHEUR

« L’AFRIQUE EST LE CENTRE DU MONDE » La politique africaine du Maroc est au cœur de l’actualité. Preuve qu’elle se porte bien, la multiplication des visites royales à de nombreux pays du continent, la signature de centaines d’accords économiques et de coopération ainsi que la mise en route de projets d’envergure. Et si cette percée servait de modèle au reste du continent ? Khalid Chegraoui enseignant chercheur à l’Institut des Etudes Africaines de Rabat répond au question de "Brazzamag". Propos recueillis par Nadia Benchikh, collaboration spéciale.

Photo courtoisie

N

adia Benchikh : Depuis plusieurs années, le Maroc développe une politique économique africaine ambitieuse qui a fait de lui le deuxième investisseur africain sur le continent après l’Afrique du Sud. Pourquoi cette ruée économique ? Khalid Chegraoui : Je dirais qu’il s’agit d’une nouvelle démarche beaucoup plus pragmatique que ce qui se faisait auparavant. Il faut rappeler que le Maroc a toujours été un pays complètement imprégné de son africanité, lié à son identité africaine. Historiquement et en termes de relations avec l’Afrique subsaharienne, principalement avec le bassin du Niger et celui du Sénégal, le Maroc a eu des relations continues avec les Etats qui étaient en place depuis le Moyen-Age. Mais, la colonisation a tout fait pour empêcher les pays africains de se lier entre eux et de conserver les liens hérités de la période précoloniale, mettant en place un certain nombre de frontières artificielles qui ont empêché ces relations. 58.BRAZZAMAG

Le Maroc s’est ainsi trouvé dans une nouvelle nomenclature, celle appelée le Maghreb ou Afrique du Nord, complètement liée à la Méditerranée. Depuis l’Indépendance, le Maroc a essayé de retourner à ses racines africaines. Ceci n’a pas été facile, en raison des liens avec la métropole, de ce qui a été imposé en termes de relations économiques internationales. Ceci dit, Rabat a toujours géré sa politique africaine de manière multidimensionnelle. e Ça ne s’est développé de manière exponentielle qu’à partir du XXI siècle avec la nouvelle politique mise en place par le roi Mohammed VI. Cependant, il ne faut pas occulter les efforts qui ont précédé. Plus de 54% de l’action diplomatique marocaine officielle de 1956 à 1975 était tournée vers le continent africain. A partir de 1975, il y a eu l’affaire du Sahara et la division que cela a causée à l’intérieur du continent africain. Mais cette question n’a pas empêché le


ENTRETIEN Maroc de développer ses relations bilatérales. Mais ce qu’il s’est passé avec l’arrivée du roi Mohammed VI résulte du fait, non pas d’avoir mis cette question de côté, mais de faire en sorte qu’elle ne soit pas une entrave au développement des relations. Comment expliquez-vous la percée des entreprises marocaines sur les marchés africains ?

Le Maroc a longtemps boudé certains pays africains qui avaient reconnu la pseudo République arabe sahraouie démocratique (RASD). Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui ? Le monde a changé. Le Maroc a toujours essayé de résoudre ce problème artificiel. Là où le monde va vers beaucoup plus d’unification, en Afrique, nous sommes beaucoup plus dans une sorte d’atomisation de l’Etat et des identités en liaison avec des espaces géographiques non viables. Ce qui conduirait à une véritable catastrophe.

Les entreprises marocaines et principalement les majors sont celles qui ont investi ce marché. Elles ont pu développer leur politique économique et de quête de marché bien avant cette nouvelle politique africaine. Nous voyons bien ce qui se fait en Europe. En général, elle s’oppose au Plusieurs de ces entreprises datent de l’époque coloniale et même droit à l’autodétermination dans des pays dits démocratiques et de d’avant pour ne citer que le groupe tradition démocratique, quand elle est en « Omnium Nord Africain » ( ONA), train de financer et même d’encourager qui date de 1906. Ces entreprises pas mal de demandes à la différence Sans ouverture des économies interafriont donc bien prospecté les marchés liées à des espaces territoriaux dans les caines sur elles mêmes, il n’y aura nulle- Etats africains. internationaux. Autre point important lié à l’économie ment de véritable développement et surtout marocaine, c’est que l’entreprise qui de résolution de tous nos conflits qui se Pour en revenir à la question du souhaite investir dans des marchés le Maroc s’est effectivement, ressemblent d’ailleurs : migration, chômage Sahara, extraterritoriaux a besoin d’un principalement dans les années des jeunes diplômés certain nombre de paramètres. Un 70-80, limité aux amis. Les choses soutien bancaire très important et ont énormément changé car les crédible, pouvoir compter sur un gouvernements ont changé en Afrique. espace d’assurance fort et sérieux, et aussi sur une politique officielle On est dans des expériences démocratiques extraordinaires qui d’ailleurs encourageante. sont des leçons pour l’ensemble des autres pays africains qu’ils soient à Enfin, il lui faut trouver un espace juridique approprié qui garantit la l’Est ou à l’Ouest. sécurité de l’investissement. Second point, la question du Sahara, selon l’Etat marocain, ne doit Ces critères existent au Maroc, principalement à travers son secteur plus être un barrage au développement des relations, qu’elles soient bancaire qui est assez fort et important car il respecte un certain nombre politiques, économiques, sociales, ou culturelles, car « ce qui nous unit de modes et de règles reconnues sur le plan international. Ajoutée à cela, est beaucoup plus grand que ce qui nous désunit », disait Cheikh Anta une politique très avantageuse de l’Etat qui encourage l’entrepreneur à Diop (historien et homme politique sénégalais) qu’on a souvent critiqué s’investir en Afrique à travers la régularisation de l’espace juridique, les pour son panafricanisme. conventions, l’aide, les contacts et les chancelleries. Un problème comme la question du Sahara ne doit pas être une entrave. N’oublions pas aussi que le Maroc est une petite Afrique, car le marché Ça a divisé à un moment en Afrique, ça ne doit plus diviser. Nous allons marocain est un marché africain et l’entreprise marocaine est résoudre le problème, l’ONU s’y implique et s’y applique. Maintenant c’est une entreprise africaine. Il y a donc aux Africains d’oublier un peu ce dossier, une sorte de symbiose et d’harmonie car c’est une entrave au développement 60% des terres arables en Afrique sont des relations. D’ailleurs, que nos amis qui fait que l’investisseur marocain encore non exploitées, 80% des réserves se retrouve dans un autre pays de africains s’inspirent de la Ligue arabe, l’Afrique subsaharienne avec les mondiales de phosphates se trouvent sur qui ne s’est jamais impliquée dans mêmes problèmes, parfois avec l’affaire du Sahara. notre continent les mêmes erreurs et les mêmes mentalités. Je pense que le Maroc a été beaucoup plus courageux non pas parce qu’il a Cette évolution de la stratégie économique du Maroc peut-elle faire du mis de côté sa question nationale, car il ne l’a jamais oubliée, il la défend royaume une sorte de hub africain ? de manière continue, corps et âme et il n’y aura jamais de retour en arrière. Mais l’affaire du Sahara ne va pas être une gêne pour les relations Je dirais qu’il ne s’agit pas d’une stratégie, ni d’une tactique. Je dirais plutôt avec nos amis africains. que nous sommes plus dans des perceptions de prospective. Il y aura peut-être beaucoup plus d’espace de compréhension et certains contribueront à résoudre ce problème dans une sérénité et sagesse Dans le continent africain, nous vivons tous des situations économiques africaine. très difficiles et nous sommes appelés à changer nos normes politiques vers plus de bonne gouvernance et d’ouverture, et de ce fait, nous Certains économistes disent qu’investir sur le continent africain n’est sommes obligés d’ouvrir nos marchés, vers l’Occident et l’Asie dans un intéressant qu’à moyen terme, que pensez-vous de cela ? monde où les échanges interafricains sont trop faibles. Je dirais simplement que l’Afrique est un continent très riche, mais les Les études faites font état de 17% alors qu’en réalité ces échanges se sociétés sont très pauvres. S’il faut penser le continent africain seulement situent entre 10 et 12%. Nous sommes donc obligés, de développer sur un plan restreint et à moyen terme, il faut vraiment se poser la nos économies sur le plan national, puis sur le plan régional et enfin question suivante. Pourquoi la Chine et le monde sont en train de rivaliser continental. pour s’investir et investir et même contrôler le marché africain ? Sans ouverture des économies interafricaines sur elles-mêmes, il n’y aura nullement de véritable développement et surtout de résolution de tous Pour moi, cette théorie est fausse et l’avenir est pour l’Afrique car en nos conflits qui se ressemblent d’ailleurs : migration, chômage des jeunes 2050, 25% de la jeunesse mondiale sera africaine. 60% des terres arables diplômés, etc. en Afrique sont encore non exploitées, 80% des réserves mondiales de Il y a donc un devoir d’ouvrir ce marché et toutes les possibilités sont phosphates se trouvent sur notre continent dont plus de 80% au Maroc. envisageables. Si la Chine investit en Afrique, ce n’est pas par hasard et c’est le même cas Les plus grandes réserves d’eau du monde hormis l’Amérique Latine et pour les Indiens, les Japonais, les Coréens, les Brésiliens sans parler bien l’Asie sont chez nous… L’Afrique est le centre du monde et ça l’a toujours sûr des Européens qui sont toujours là, ainsi que les Américains… Donc été et jusqu’à preuve du contraire le centre de l’humanité! pourquoi pas nous, Africains? 59.BRAZZAMAG


ACCROBATIE

VOUNGOU, TIÈ TIÈ 60.BRAZZAMAG


Crédit photo : Robert Nzaou 61.BRAZZAMAG


À DÉCOUVRIR

nos quartiers Crédit photo : Antoine Rolland

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Moukounzi-Ngouaka, UN QUARTIER À VENIR

oukounzi-Ngouaka, tout le monde va en parler ! C’est en effet l’un des deux quartiers de Brazzaville (avec Sukissa) qui va être réhabilité en 2018 par la Banque mondiale, avec la participation du gouvernement, tout un programme d’assainissement et de bitumage des rues. Il en avait bien besoin…Par Bernard Sallé.

Limites géographiques Moukounzi-Ngouaka est un quartier modeste entre l’avenue de l’OUA, la rue Raoul-Follereau, la rue Tchikaya U’Tamsi à l’est et l’avenue Pettersen à l’ouest (la route qui mène à Château d’eau). Disons, pour simplifier, qu’il s’agit du quartier qui se trouve en face du marché Total, de l’autre côté de l’OUA. C’est un quartier aux rues toutes de travers, il y a de quoi s’y perdre. Face au Stade Marchand, Moukounzi-Ngouaka déborde encore un peu, et englobe le ministère de l’Education, la DEC (Direction des examens et concours) et l’hôtel Phoenix.

Un siècle d’histoire Quand, dans les années 1940, les avions se posaient encore sur l’aérodrome de Bacongo, les hangars d’aviation du Centre sportif étaient les derniers bâtiments construits à l’ouest, mais ce qui deviendra l’avenue de l’OUA 62.BRAZZAMAG

reliait déjà le futur rond-point du CCF à Kinsoudi. Et, de l’autre côté de cette voie, d’anciens tirailleurs démobilisés, originaires de Centrafrique, avaient obtenu des concessions. Plutôt que de rentrer au pays, ils étaient restés au Congo. Il y avait encore de l’espace : l’église évangélique du Congo s’installa au bord de l’avenue, ainsi que l’institut géographique, la faculté des sciences et l’Ecole française. L’imprimerie nationale était déjà là depuis 1905. Mais le quartier était surtout devenu le « quartier de la télé », jusqu’à ce que la Télévision déménage à Nkombo en 2008.

PopulatION ET SUPERFICIE Moukounzi-Ngouaka n’est qu’une petite part de l’immense Makélé-Kélé, le premier arrondissement. La population de ce modeste quartier s’élève tout de même à 14 000 personnes.

L’origine de Moukounzi-Ngouaka

« Moukounzi-Ngouaka » était le nom du chef centrafricain (ancien tirailleur) qui s’était installé dans le quartier (Moukounzi signifie « chef » en mbaka). Ce « Ngouaka » avait une forte personnalité, et il semble avoir été un bon souverain pour ce petit royaume. On dit aussi qu’il avait un orchestre traditionnel apprécié.


À DÉCOUVRIR

Pour la petite histoire

Le grand marché Total ferme tous les lundis pour nettoyage. Toutefois, une partie de vendeurs et vendeuses préfèrent ne pas prendre une journée de repos et traversent l’avenue pour vendre, le lundi, de l’autre côté de l’OUA. Moukounzi-Ngouaka, donc, accueille tous les lundis le marché Total, dans un désordre bon enfant, sur ses trottoirs et ses rues proches. Si vous faites votre marché le lundi, traversez seulement !

les bâtiments remarquables

A l’entrée du quartier, l’école Saint-Exupéry est un bel établissement, qui va encore s’agrandir en 2018. L’imprimerie nationale et l’institut géographique ont le charme des constructions coloniales, malheureusement négligées depuis des décennies. La faculté de sciences, détruite en 1994, n’est plus qu’un ensemble de bâtiments en ruines – ils sont néanmoins squattés par des militaires avec leurs familles. L’ancienne télévision est une coquille vide. Mais le quartier de la DEC est très vivant avec de beaux bâtiments, et toute la zone contre l’avenue de l’OUA, très commerçante, est aussi fréquentée que Total et Tahiti, leurs voisines. A l’entrée de l’ancienne faculté de sciences, la Capped a refait son siège. Toutefois le bâtiment le plus original du quartier est sans conteste la Villa Monama, à deux pas de l’école SaintExupéry, avec sa construction autour de son grand patio intérieur, un lieu magique, presque hors du temps.

Crédit photo : Antoine Rolland

les communautés

Depuis longtemps, les Centrafricains se sont fondus dans les populations locales, Kongos et Tékés pour l’essentiel. De nombreux commerçants, par ailleurs, sont d’Afrique de l’Ouest. On y voit des ressortissants de bien des pays, et des originaires de bien des régions du Congo.

où manger ?

Une multitude de ngandas existent près de l’OUA, jusqu’au petit marché de Moukounzi, où on trouve à manger même la nuit. De bons restaurants existent près de la DEC et du ministère de l’Enseignement, et la Villa Monama propose des menus raffinés.

où faire la fête ?

Eh bien, Moukounzi-Ngouaka est avant tout un quartier de parcelles familiales, et l’on verra surtout le soir des personnes assises devant leurs maisons à prendre l’air. Il est toujours possible de boire une bière dans la nuit, d’avoir de bonnes discussions, mais Moukounzi-Ngouaka n’est pas un quartier de discothèques.

Crédit photo : Antoine Rolland

Une personnalité du quartier

Les deux premiers présidents du Congo, l’abbé Youlou et Alphonse Massamba-Débat, ont habité Moukounzi-Ngouaka, ainsi que l’ancien footballeur Tostao, qui a laissé son nom à son quartier proche. De nouvelles personnalités viendront sans doute, mais elles sont encore à découvrir.

Au moins une raison d’y aller

Moukounzi-Ngouaka possède le charme des quartiers populaires anciens, calmes, où tout le monde se connaît. Les enfants jouent ensemble en liberté. Les veillées sont suivies par le quartier proche. C’est un certain art de vivre bien africain qui mérite d’être préservé. Allez flâner dans les rues étroites, boueuses parfois. La Banque mondiale promet 10 kilomètres de rues refaites, alors il y aura de grands changements! Un nouveau quartier bientôt ? Espérons qu’on y trouvera toujours ici et là trois tables et douze chaises, une publicité de boisson, un endroit où on vous accueillera tout simplement, avec une hospitalité souriante, cette hospitalité caractéristique des vieux quartiers de Brazzaville ! Crédit photo : Antoine Rolland 63.BRAZZAMAG


À DÉCOUVRIR

Crédit photo : Robert Nzaou

Q

MPITA cherche ses voies

uartier résidentiel de Pointe Noire; Mpita réalise la jonction entre l’hypercentre et la périphérie sud. L’endroit est parsemé de ruelles; permettant au promeneur de trouver son bonheur et bien plus encore!

Limites géographiques

Le quartier de Mpita ( Mpita Plasco / Mpita maison d’arrêt / Mpita 111) se délimite à l’ouest par l’océan atlantique, à l’est par la route nationale 4, au nord par l’avenue du Général Alfred-Raoul et au sud par la brasserie Brasco qui fait office de frontière avec le quartier de Tchimbamba. Mpita est administré par l’arrondissement de Lumumba.

historique du quartier

Trois grandes familles ont participé à la création du village : Mpita, Mvoumvou & Loandjili. Résultat d’une forte entente et de plusieurs mariages, ces trois familles disposent aujourd’hui d’une reconnaissance très forte de la part de la population. L’histoire du quartier s’est donc bâtie en corrélation accrue avec l’histoire des fratries. 64.BRAZZAMAG

PopulatION ET SUPERFICIE

Très cosmopolite, le quartier logeait 4 000 habitants au dernier recensement de 1998. Mais la construction de grandes résidences a su faire gonfler la population de Mpita tout en augmentant le niveau de vie de ces derniers. La superficie reste difficile à estimer au vu de la multitude de divisions au sein même de Mpita.

L’origine de Ngoyo

l’origine, Mpita était un village Vili, en bordure du centre ponténégrin. A Il s’est développé grâce à sa disposition qui lui permet de réaliser la jonction entre l’hyper-centre et la banlieue. Beaucoup de pêcheurs habitent aujourd’hui ce quartier.

Pour la petite histoire

Crée en 2006, le SAMU Social de Pointe-Noire a ses locaux dans le quartier, près de la gendarmerie. Il offre une solution aux enfants des rues en organisant des patrouilles de nuit et des permanences cinq jours sur sept. L’implantation à Mpita a permis une évolution du niveau de vie des jeunes défavorisés du quartier qui ont su trouver pour la première fois à Pointe-Noire une structure d’écoute.


À DÉCOUVRIR

les bâtiments remarquables

Avec un plan immobilier lancé il y a une dizaine d’années, Mpita refait peau neuve en abordant plusieurs grandes résidences vouées à la location. Cela contraste avec les vieux bâtiments coloniaux peu entretenus où loge encore une bonne partie de la population.

les communautés

La communauté fondatrice du quartier est Vili. Mais aujourd’hui, c’est un univers totalement cosmopolite qui cohabite : des boutiques ouestafricaines aux restaurants libanais en passant par les maraîchères dolisiennes. Le quartier attire aussi les expatriés qui insufflent un renouveau sur le marché immobilier.

Crédit photo : Robert Nzaou

où manger ?

Très reconnu dans le quartier et situé en face de la maison d’arrêt, le restaurant bar Sous les manguiers propose une multitude de bouillons et de mets typiques qui raviront toutes les bourses. Une bonne bière belge fait également concurrence à la Ngok au restaurant le Moyo. Cette dernière peut être agrémentée d’un plat belge, spécialité de la maison. Pour des plats typiquement africains; il faut se rapprocher du restaurant 225. Situé entre le rond point Mpita et le rond point Mayo, il offre une pléiade de mets composés uniquement de produits frais et issus du tissu local. Crédit photo : Robert Nzaou

où faire la fête ?

Sur l’avenue du Général Alfred-Raoul, le Jamrock propose un cadre coloré à l'effigie du rastafarisme. Parfait pour danser sur les rythmes lancinants du reggae! Autre ambiance pour l’Exoming : situé en bord de mer, sa terrasse les pieds dans le sable vous permettra de profiter pleinement de la mer et au tempo des sonorités africaines.

Une personnalité du quartier

Jean-Baptiste Tati Loutard, écrivain et homme politique congolais. Ses parents vécurent à Mpita, et c’est dans ce quartier qu’il acheta plusieurs parcelles afin de s’y établir. Fer de lance de la culture congolaise, il a su donner une aura internationale à la poésie de son pays.

Au moins une raison d’y aller

La nourriture est à tous les coins de rues ! Du poisson fraîchement sorti de l’océan aux tomates empilées sur des tabourets, Mpita permet à celui qui flâne de faire la bonne affaire. Le petit marché situé derrière la brasserie Brasco concentre toutes les bonnes affaires du quartier.

Crédit photo : Robert Nzaou

Crédit photo : Robert Nzaou 65.BRAZZAMAG


À DÉCOUVRIR

Anoel Ngamissengue

veut rentrer au boxe office Au Congo, difficile pour un sport de sortir de l’ombre du football tout-puissant. C’est ce qu’essaie de faire la boxe depuis quelques années. L’un de ses meilleurs ambassadeurs est Anoel Ngamissengue. Il boxe en amateur dans la catégorie des 75 kilos. A 21 ans, il a un parcours déjà bien rempli : une dizaine de matchs internationaux, les Jeux africains, et même les Jeux olympiques de Rio. Antoine Rolland l’a rencontré dans son fief, à la salle des Black Panthers, à Pointe-Noire. Par Antoine Rolland.

Crédit photo : Robert Nzaou

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uand il ne boxe pas, il s’ennuie. Pour Anoel, un jour sans gant est son entrée dans la salle de boxe de son quartier, un soir d'hiver, en 2009. long comme un jour sans pain. Des pains, justement, il en distribue « Je regardais les entrainements par les trous dans le mur. Et puis un jour, volontiers à un pauvre punching ball, dont les mouvements de j'ai franchi le pas, je suis allé m'inscrire. » Quand il enfile les gants, c'est balancier laissent deviner la puissance des chocs. A chaque coup, le le coup de foudre. jeune homme, la tenue de l'équipe nationale sur ses larges épaules, lâche L'adolescent progresse vite. En trois mois, il un râle d'effort. « Et encore, mon rôle monte sur le ring pour son premier combat, J'ai propulsé la boxe congolaise la peur de sa vie. « Aux deux premiers rounds, est de le ralentir aux entraînements, relativise son coach, Zaied Bacar. Sinon j'étais intimidé, je boxais largement au-dessous à un autre niveau il se blesserait. » de mon niveau. - Anoel Ngamissengue A la pause, mes entraîneurs me disent de faire Depuis qu’il a commencé la boxe, comme à l'entraînement. Anoel Ngamissengue est du genre Alors je me suis lâché. » Une minute plus tard, pressé. A 21 ans, il a déjà disputé une dizaine de matchs internationaux, son adversaire est à terre, K.-O. dont un olympique. Pourtant, il est monté tard sur le ring, vers 14 ans. Comme tout jeune Ponténégrin, il est d'abord attiré par le foot, même s'il “Une pépite” ne refuse jamais une petite bagarre de temps à autre, dans la rue. Jusqu'à C'est la marque de fabrique du jeune boxeur. C'est un puncher, capable de

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mettre à terre ses adversaires par un simple mais puissant coup. Un profil devenu rare dans la boxe contemporaine. Récemment à Brazzaville, il a même envoyé quelqu’un dans le coma, direction l’hôpital. Ce souvenir le traumatise encore. « Quand tu vois que ton adversaire ne se relève pas, tu te sens mal, tu te remets en question. La boxe est un sport de gentleman. On met des coups, mais à la fin on se sert la main. » Le K.-O. est une façon de se faire remarquer dans ce petit monde. Et de ne pas prendre le risque d'une défaite par points. Défaite injuste car soumise à l’appréciation, forcément subjective, des juges. Le K.-O. a l'avantage de mettre tout le monde d'accord, et d'impressionner. Jusqu’au propre père d’Anoel. Au début, le patriarche ne voulait pas entendre parler de sport. D'autant plus que son fils n'a aucun travail en dehors de la boxe, « pour mieux se consacrer aux entraînements ». Mais il change d'avis à la vue d'un de ces matchs éclairs, gagné en quelques secondes.

À DÉCOUVRIR

C'est aussi de cette manière que le boxeur séduit son coach Ziad Bacar, ancien champion de France. Lors d'un match en 2012, Anoel met à terre un gaillard de deux têtes de plus que lui. Zied n'en revient pas, le charme opère sur le moment. « Des boxeurs comme ça, on en voit passer un tous les vingt-cinq ans. C'est une pépite. » Les deux hommes ne se quittent plus. « Mon coach me protège des gens malintentionnés, des managers véreux. Je lui dois beaucoup », reconnaît Anoel. “Des cailloux à la figure" Il y a une part de lucidité chez le jeune homme. Son ascension rapide ne lui monte pas à la tête. Il évoque sans cesse le besoin de travailler sa boxe, encore et encore. Sans pour autant entrer dans une bulle, ni se couper de ses autres camarades de club, à qui il lui arrive d'assurer les entraînements. Ceci dit, il ne s'embarrasse pas de fausse modestie. « Une fois, le public de Brazzaville s'est prosterné devant moi, raconte-t-il encore tout étonné de son moment de gloire. Je suis fier de mon parcours, j'ai propulsé la boxe congolaise à un autre niveau. » Jusqu’aux Jeux olympiques, en 2016 à Rio. Les premiers pour un boxeur congolais depuis 1980 ! Au Brésil, son passage est malheureusement éclair. Il arrive sans coach la veille du match. Pour lui, le plus abouti de sa courte carrière. Son adversaire est l'Algérien Ilyas Abbadi, vice-champion d'Afrique. Le Congolais lui ouvre l'arcade, Abbadi vacille. Selon le règlement, le combat aurait dû être arrêté, mais il se poursuit. Finalement, l'Algérien remporte la manche aux points. « Grâce à sa réputation », regrette Zaied. Depuis, la détermination d'Anoel n'a pas flanché, bien au contraire. Il s'est récemment qualifié aux championnats de monde. Son but, désormais : s’orienter au plus vite vers une carrière internationale. Il compte déjà dix matchs au compteur. « Anoel a une grande capacité de travail. Pour préparer les Jeux, je lui lançais des cailloux à la figure. Il encaissait tout sans broncher. » Anoel confirme, il souffre beaucoup, mais sans rien regretter. « Ce sport est beau, dit-il avec des yeux enamourés. C'est comme une danse. Tu dois toucher l'autre sans te faire toucher. Et si jamais il te frappe, tu dois frapper plus fort. Tu dois lui montrer qui tu es.» Si possible en moins d’une minute.

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CHRONIQUE VivreAuCongo est un site communautaire d’entraide proposant une information utile et variée qui facilite le quotidien au Congo et promeut la culture locale. Retrouvez VAC sur www.vivreaucongo.com, www.facebook.com/VivreAuCongo, ainsi que dans les prochains numéros de Brazzamag. Pour les contacter : info@vivreaucongo.com

HEP TAXI ! DES VOITURES À VOUS COUPER LE SIFFLET Plus de Cuisse de poulet, Benoît XVI était occupé, je suis monté dans le Titanic ! Vous ne voyez pas de quoi on parle ? Suivez l'équipe de VivreAuCongo. "Chairman", "Cuisse de poulet", "Benoît XVI", "Titanic", "Sarkozy"… Les taxis au Congo sont affublés de surnoms plus originaux les uns les autres en fonction de leur modèle et de l’actualité.

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CHRONIQUE

A

u Congo, les taxis ont des appellations spéciales. La Toyota au châssis arrière allongé et arrondi, toute dernière série en circulation, a ainsi été baptisée Benoît XVI. Et elle n’est pas la seule ! Bien avant, il y a eu la Sarkozy, la Cuisse de poulet, la Tchilondo, la Solola bien ou encore la Mpesse. Cette mode date de la fin des années 90. A l’époque déjà, une héroïne d’une télénova brésilienne, Dona Beija, donnait son nom à une tout autre série de taxis. Ces surnoms reviennent essentiellement aux véhicules à usage commercial.

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Jean Malonga, taximan depuis vingt ans, revient sur l’origine de cette mode : « Tout part du port de Pointe-Noire, lorsque de nouveaux véhicules débarquent des bateaux, on leur donne un nom et ces noms se rapportent à leur forme ou à l’actualité du moment. » Cafard en kituba La mise en circulation de la Benoît XVI a en effet coïncidé avec l’élection du Pape du même nom. Quant à la Sarkozy, c’est au caractère bien trempé de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, qu’elle doit ce surnom. « Sarkozy, c’est vrai qu’on ne l’aimait pas ici, mais il inspirait le respect, c’est comme cette Toyota, elle n’est pas aussi appréciée que la Benoît XVI, mais on l’admire néanmoins », explique Jovial, taximan à Brazzaville.

LA SOLOLA BIEN

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LA CUISSE DE POULET

La forme de la voiture est un des éléments qui dictent cette désignation. La Cuisse de poulet évoquerait, selon les taximen, la ressemblance d’avec la forme du pilon d’un poulet, quand la Tchilondo (poisson bar en langue locale) rappelle la forme allongée du poisson de mer et la Mpesse (cafard en kituba), celle de la blatte. Chanteur sulfureux Alors qu’en 1998, Titanic, le film de James Cameron, connaissait un triomphe mondial au cinéma, au Congo, une série de véhicules commerciaux était baptisée Titanic. «Vous savez, la Titanic est une voiture impressionnante. Son châssis arrière ressemble beaucoup à la proue de ce bateau. Et il peut prendre un grand chargement à l’arrière, voilà pourquoi il est idéal pour les déménagements », révèle Djanny, taximan.

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LA SARKOZY

La Chairman quant à elle doit son surnom au sulfureux chanteur congolais Chairman. D’après la légende, il serait le premier au Congo à s’offrir cette série de Toyota Corolla. Et lorsque ce véhicule a débarqué dans les parcs auto des années plus tard, les taximen ont repris ce nom. Aujourd’hui, cette mode commence à s’étendre aux voitures personnelles. Ainsi, l’Anaconda n’est autre qu’une Peugeot 607. Crédit photo : Robert Nzaou

La benoît XVI 69.BRAZZAMAG


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À DÉCOUVRIR

PROPRETÉ DU LITTORAL :

LA BOUÉE COURNNE tient la barre Depuis quatre ans, l’association La Bouée couronne mène des actions de sensibilisation auprès des pêcheurs et des opérations de nettoyage du littoral congolais. En quête de reconnaissance et de moyens, elle a reçu "Brazzamag'' à sa base de Songolo, à Pointe-Noire. Par Julie Crenn

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a plage de Songolo est noire de monde ce lundi matin. Des dizaines de pirogues surchargées débarquent leur marchandise, des manœuvres extirpent les caisses remplies de poissons et les mamans installent d’autorité leurs stands de vente à même le sable. Tandis qu’on ouvre et vide les poissons, les hérons tentent de chaparder ce qu’ils peuvent et les pousseurs circulent au milieu des cris. Ici on se bouscule, là-bas on négocie, dans un brouhaha digne des plus grandes criées. Attablés au bistrot chez Ghyslain, directement sur la plage, les membres de l’association La Bouée couronne se réunissent. « Nous sommes dix-sept au total pour le bureau de Pointe-Noire, mais nous avons treize bureaux sur tout le littoral », explique Gasmine Taty, président de l’association. « Chaque village de pêcheurs de la côte est associé et nous avons plus de 900 membres », ajoute-t-il fièrement. Car la structure, née en 2013, travaille auprès des pêcheurs sur des questions de sécurité, de sensibilisation à l’environnement, tout en organisant des opérations de nettoyage des plages. « La Bouée couronne, c’est une bouée de sauvetage car nous, pêcheurs, devons nous sauver nous-même », explique Gasmine Taty. Objectif plages propres Des poubelles bleues siglées du nom de l’association trônent en effet sur la plage de Songolo et une petite équipe ramasse les détritus, surtout les restes de poisson, chaque matin. Ce qui n’empêche pas le quartier d’avoir des montagnes de déchets en bordure de la plage. « Cela fait trop longtemps que les déchets ne sont pas évacués ici ! Il y a un problème au niveau du ramassage, la voirie ne vient pas », se plaint Gasmine Taty, approuvé par ses collègues, arguant que ces quelques poubelles (gracieusement fournies par la compagnie Eni) ne représentent qu’une goutte d’eau par rapport aux déchets charriés par la mer et ceux jetés par les habitants. « Tous les deux mois au moins nous réalisons une opération plage propre à la côte sauvage et une à deux fois par mois, ici à Songolo, le dimanche lorsque les pêcheurs ne travaillent pas », ajoute Gasmine, fier d’annoncer que ces déchets sont triés et le plastique mis de côté. Sauf que l’association n’a pas

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de débouché pour ces déchets plastiques, puisqu’il est difficile de trouver une filière de récupération et de recyclage à Pointe-Noire. Les participants à ces opérations de nettoyage sont bénévoles et Eni fourni des râteaux, gants tandis que le restaurant Le Derrick offre les sacs poubelles. L’importance des outils de sécurité Outre le nettoyage des plages et la question des déchets, l’association a vocation à sensibiliser les pêcheurs sur de nombreuses problématiques. « Nous leur parlons d’environnement mais aussi de sécurité », explique Gasmine. Pourquoi faut-il porter un gilet, avoir un extincteur, une trousse de premier secours ou un GPS sont autant de sujets abordés. « Le GPS leur permet aussi bien de retrouver leur chemin en cas de brouillard que d’identifier les emplacements où se trouvent les poissons », ajoute Eric, membre du bureau. Faute de moyens, La Bouée couronne ne peut pas fournir directement ces outils aux pêcheurs. L’entreprise Total a fait don de gilets, une autre de torches marines… « Au moins, s’ils savent que ça existe, s’ils entendent parler de ces outils, ça peut leur donner la motivation d’économiser et de se l’acheter », argumente Gasmine. Autour de la table, chacun y va de son histoire : Gyslain aurait eu besoin d’un extincteur lorsque son moteur a pris feu, Eric aurait aimé avoir une trousse de premiers soins lorsqu’il s’est blessé la main dans un filet… Les membres de La Bouée couronne connaissent leur domaine et regrettent un certain manque de reconnaissance, notamment financière. « On veut travailler, on est prêts et surtout, on connaît tous les pêcheurs puisque nous sommes pêcheurs nous-même, mais on manque de moyens », insistent-ils chacun leur tour ou presque. « Nous n’avons même pas de site web pour présenter les photos de nos actions », ajoute Gasmine en espérant qu’un lecteur de Brazzamag se porte volontaire et fournisse un coup de pouce. A bon entendeur…

POUR PLUS D'INFORMATION

Contact : 06 905 58 29 / 05 609 93 49 Mail : associationlaboueecouronne@gmail.com



À DÉCOUVRIR

A la rencontre des gorilles du Congo Plus de 60 % des gorilles des plaines de la planète vivent dans les forêts de la République du Congo. Ces fascinants grands singes seraient entre 100 000 et 250 000 dans le pays. Pour partir à leur rencontre, "Brazzamag” 's’est rendu au parc national de Nouabalé-Ndoki, à 150 km au nord de Ouesso, où les scientifiques les étudient depuis plus de vingt ans. Par Julie Crenn

Crédit photos : Julie Crenn

«

On garde son sang-froid peu importe les grimaces que fait le gorille ! assistant de recherche depuis cinq ans à Mondika, tout en montrant les » A l’orée de la forêt, Arnaud Loubounda donne les consignes. « Deux traces du passage du pachyderme. Le magasin où sont stockés les vivres pisteurs ouvrent la marche et nous adopterons des attitudes différentes a d’ailleurs été équipé d’une barrière électrique anti-éléphant, alimentée selon les animaux, explique sereinement le guide. Si ce sont des éléphants, comme tout le camp à l’énergie solaire. on s’écarte de l’endroit, en courant s’il le faut. Si ce sont des gorilles, on Ouvert en 1995, le camp de Mondika permet l’étude et le suivi de deux reste immobile. Si c’est un buffle, on revient sur nos pas. » Une fois le groupes de gorilles portant les noms de leur mâle dominant : Kingo et Buka. briefing terminé, la troupe s’ébranle. Au départ de Djéké, il faut parcourir Ivonne, Aimé et les autres chercheurs les observent chaque jour dans la 7 kilomètres à pied pour atteindre la forêt. « Nous recueillons des données sur base scientifique de Mondika. La marche leur alimentation, leur comportement, les Le processus d’habituation à la relations entre les individus, leur santé et est silencieuse et, tandis que la forêt se densifie, certains passages se font dans les leur positionnement GPS », explique Ivonne. présence humaine est complexe. marécages, l’eau jusqu’aux genoux. Au fil Toutes ces informations sont récoltées - Ivonne Kienast des kilomètres à travers la végétation, les numériquement. « Grâce à nos logiciels, on paysages varient. Lianes géantes, colonies peut suivre leur déplacement sur un mois : où de fourmis, papillons multicolores, arbres est-ce qu’ils vont manger, ce qu’ils mangent, immenses… La balade est l’occasion de découvrir la richesse de la forêt où ont-ils dormi, ont-ils fait leurs nids sur le sol ou dans la canopée ? congolaise, d’observer les traces laissées par les animaux et de goûter à , etc. » précise la comportementaliste qui a étudié deux ans les chimpanzés certains fruits, comme le bambu, à la chair orange vif et amère. au Gabon. Au cœur de la forêt Deux heures plus tard, des voix se font entendre et de la fumée émerge de la forêt. Au milieu du camp où se dressent quelques baraques coule la rivière Mondika. Une vingtaine de personnes vivent ici, au cœur de la forêt : la scientifique argento-allemande Ivonne Kienast, trois assistants-chercheurs congolais, deux cuisiniers et une dizaine de pisteurs centrafricains de l’ethnie Ba’Aka. « Un éléphant était là ce matin », raconte Aimé Galouo Ossété,

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Charges et morsures Après une nuit sous la tente, bercés par les bruits de la forêt, il est temps d’aller à la rencontre des animaux. Les pisteurs, véritables connaisseurs de la forêt, se souviennent de l’endroit où Kingo et les neuf membres de son groupe ont dormi la veille. Après une heure de marche, Makisso, Mamandélé et Goly claquent de la langue pour signaler notre arrivée aux gorilles. A notre approche, ces derniers descendent un à un de la canopée


À DÉCOUVRIR et circulent autour de nous sans se soucier de notre présence. « Le processus d’habituation à la présence humaine est complexe, explique Ivonne. Il y a une phase de fuite où ils vont être stressés, puis une phase agressive, d’attaque, où les pisteurs et scientifiques subissent de nombreuses charges et parfois même des morsures, puis une phase de test et enfin l’habitude… » Un long chemin qui a pris quatre années pour le groupe de Kingo. Comme un gros bébé Et les voilà ! Tandis que la femelle Mékomé passe à côté de nous, Kenga s’amuse à marcher sur ses pattes arrière et Kingo, le massif dos argenté, s’allonge sur le dos, attrapant ses pieds avec les mains et se balançant comme un gros bébé… Un comportement désarmant, devant lequel il est facile d’oublier la dangerosité de cet animal. Car la règle principale est de garder 7 mètres de distance avec les gorilles. « S’il avance vers vous, vous reculez sans lui tourner le dos », précise Arnaud. Dans les faits, lorsque neuf gorilles circulent autour de vous il est parfois difficile de respecter cette distance de sécurité et de se mouvoir correctement dans la forêt. Comme pour le prouver, Kingo se redresse sur ses quatre pattes et attend. Aux aguets, il hume, écoute et soudain, fait brusquement demi-tour et fonce en criant sur Mamendélé, l’un des pisteurs. Une charge aussi rapide qu’impressionnante. Mamendélé fait preuve d’un grand sang-froid et, nullement impressionné, ne réagit pas. Pas fâché, Kingo part rejoindre les siens, l’air de rien. Après les avoir suivis une heure à travers la forêt, observé leur festin de nguluma (fruit aussi appelé duboscia) et leurs jeux le long d’un tronc couché, il est déjà temps de partir. Alors que nous nous éloignons, Aimé, le plus jeune gorille du groupe, âgé de 4 ans, ne nous quitte pas des yeux et tape des deux mains sur un tronc d’arbre, comme pour nous dire au revoir.

Crédit photos : Julie Crenn

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POUR PLUS D'INFORMATION Créé en 1993, le parc de Nouabalé Ndoki a commencé à accueillir des touristes en 2007. Les capacités d’accueil sont modestes, puisqu’elles sont de six personnes. Le parc dispose de trois bases scientifiques : Mbeli Bai, Mondika et Goualougo. Pour aller observer les gorilles à Mondika il est nécessaire d’avoir plus de 15 ans, d’être vacciné contre la polio, la fièvre jaune et la rougeole, et de fournir la preuve d’un test de tuberculose négatif. A noter qu’il ne faut pas être malade et que même un rhume vous empêchera d’aller voir les primates. Pour éviter toute contamination, tous les humains qui approchent des gorilles doivent porter un masque. Afin de s’y rendre, il est nécessaire de passer par Ouesso, avant d’atteindre la base de Bomassa, porte d’entrée du parc de Nouabalé-Ndoki. Les vols pour Ouesso, assurés par Canadian Airways Congo et Air Congo, sont aléatoires, et il est conseillé de se renseigner directement auprès de la compagnie. Pour organiser un séjour à Bomassa, contacter visitndoki@wcs.org

Crédit photos : Julie Crenn

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À DÉCOUVRIR

DES

IDÉES

CADEAUX

Made in congo

SABONI SOAP

« Brazzamag » a testé pour vous quelques restaurants à Pointe-Noire. Voici une sélection de cinq endroits qui valent le détour, pour leur ambiance, leur cuisine et leur convivialité. Saboni* Soap, c’est le nom du savon à l’aloe vera 100 % bio fabriqué à Pointe-Noire par Fred et Maria. Grâce aux multiples vertus de l’aloe vera, la savonnette se révèle comme un soin complet pour le visage et le corps. Ses qualités hydratantes, cicatrisantes et antiseptiques conviennent à tous les types de peau. Composé de trois ingrédients implantés localement, l’huile de palmiste (extraite du noyau du palmier), le gel de l’aloe vera, l’eau et la soude caustique, Saboni Soap est produit de manière artisanale. Il ne contient ni colorant ni parfum. Son utilisation régulière ou ponctuelle apporte une aide efficace pour soulager les égratignures, les piqûres d’insectes, les coups de soleil et tous les désagréments cutanés tels que l’acné. D’un poids d’environ 120 g, le savon réduit la production de sébum et agit contre les rides sur le long terme. Outre ses différents bienfaits corporels, Saboni Soap favorise également la repousse des cheveux. Sa mousse convient particulièrement au rasage manuel ou sans blaireau pour les hommes. INFORMATIONS PRATIQUES : Sur Facebook et Instagram : Saboni Soap Tél : 05 082 61 47 Tarif : à partir de 2 000 francs CFA Saboni : savon en lingala*

Crédit photo : Robert Nzaou

sape pour barbie Robes à encolure princesse, jupes droites, hauts à volants, vestes longues et chics, sacs à main sur mesure, Barbie peut désormais avoir une garde-robe ethnique pleine de charme ! Quelques chutes de pagne, une paire de ciseaux et une machine à coudre suffisent à Jenny pour combiner la culture africaine et la diversité à travers des vêtements pour poupées. La créatrice s’inspire des modèles les plus en vogue dans les boutiques de femmes, pour proposer à ses clients une large sélection de tenues et d’accessoires en pagne. Installée dans son atelier situé au bord de la route Ngueli Ngueli, en face du grand garage du Kouilou, Jenny Stand Living Stand reçoit les commandes des personnes souhaitant habiller leur Barbie en “femme africaine”. Ses pièces simples aux détails structurés qu’elle confectionne en pleine nature peuvent convenir à n’importe quelle Barbie. Bien plus qu’une simple ligne de vêtements, c’est aussi une invitation à la découverte des tissus aux imprimés de couleurs vives. jenny coud d’autres accessoires en pagne (trousse de toilette, étui de lunettes, sac à mains, pochette d’ordinateur et de tablettes…). INFORMATIONS PRATIQUES : Pour vos commandes : 06 674 40 70.

Crédit photo : Robert Nzaou

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NAVIE CRÉATIONS

À DÉCOUVRIR

Crédit photo : Robert Nzaou

GENTE MASCULINE « Quand l’élégance devient une attitude », c’est le slogan de la ligne de vêtements prêt-à- porter de Ghislain Biabatantou, Gente Masculine. La marque offre aux hommes et aux femmes modernes des chemises 100 % coton double retors pour une plus grande qualité. Elles peuvent être portées dans n’importe quelle situation, pour aller au bureau, pour des occasions spéciales mais se prêtent tout aussi bien aux looks du week-end.

Inspirée par ce que portent les jeunes filles, Navie Créations lance une nouvelle ère artisanale : la confection d’accessoires en macramé ! A l’aide d’un crochet et de fil de pêche, Navie, de son vrai nom Nadège Sounda, crée du tissu par une succession de noeuds. La styliste crée des sacs à mains, des bijoux, des porte-clés, des ceintures… pour apporter plus d’originalité au style vestimentaire du quotidien. Les cabas et les sacs à bandoulière sont pratiques pour faire les courses au marché, aller à la plage. Mis à part les accessoires de mode, Navie propose également des objets de décoration pour la maison (cache-pots, corbeille à fruit, des suspensions murales...) pour une ambiance un peu bohème, ainsi que des paniers à linge ou encore les pots à addition pour les restaurants. Parfois ornés de perles en bois ou de cristal, les produits de Nadège Sounda sont un mélange réussi entre ses rêves d’où elle tire son imagination et ses nombreux voyages dans plusieurs pays en Afrique.

Après de nombreuses années à l'étranger, Gente Masculine se positionne au Congo avec une signature qui incarne la tradition de l'élégance raffinée et créative, alliant le savoir-faire du Vieux Continent et la joie de vivre africaine. « Toutes nos collections sont conçues dans le but de sublimer les clients en les aidant à comprendre que l’apparence dans sa généralité n’est que le prolongement de ce qu’ils sont à l’intérieur », précise le créateur congolais. Blanche avec ou sans boutons de manchette, rose avec un double col ou encore bleue avec des accoudoirs, la chemise GM est mise en valeur par une coupe slim cintrée. Les boutons cousus en croix permettent une meilleure tenue et une résistance plus longue. Disponibles dans toutes les tailles (du XS au XXL), elles sont vendues au magasin Latre Shop, situé à l’avenue Charles-de-Gaulles en face de la Citronnelle.

INFORMATIONS PRATIQUES : Sur Facebook et Instagram : Gente Masculine Site Web : www.gentemasculine.com Tarif : 55 000 francs CFA

Crédits photos : Robert Nzaou

INFORMATIONS PRATIQUES : Contactez Navie Création au 05 338 81 86 ou 06 892 06 87.

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Crédit photo : Robert Nzaou

PAT.COLLECTION Créée par Patrick Manda, Pat.Collection est une marque de sandales fabriquées au Congo, plus précisément à Pointe-Noire. Le créateur et designer congolais propose des modèles avec 100 % de cuir importé d’Afrique de l’Ouest, mais également du jean et du tissu africain. Les produits, tous cousus à la main puis passés à la machine à coudre et à mêler (pour une finition plus belle), sont destinés aux hommes, femmes et enfants à partir de 2 ans. Certains exemplaires ont une semelle en élastomère (gomme) tandis que d’autres ont des semelles en crêpe (feuille de caoutchouc permettant de renforcer la semelle). C’est en observant un de ses proches que Patrick a décidé de se lancer dans la création de sandales pour notamment rendre hommage aux “Babisa Lipapa” en lingala, “cordonniers ambulants” en français. « Je tenais à valoriser le travail de ces bricoleurs, les encourager. » En plus de la création de nu-pieds, il met à disposition la réparation et la personnalisation de chaussures. En vente dans toutes les couleurs (à partir de 10 000 francs CFA), les articles de Pat.Collection se portent aussi bien dans des cérémonies traditionnelles pour accompagner les tenues africaines que pour des activités quotidiennes.

INFORMATIONS PRATIQUES : Pour commander il suffit de contacter le numéro suivant : 06 986 17 92 ou e-mail : collectionpat5@

Crédit photo : Robert Nzaou

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Abats-jour en raphia

À DÉCOUVRIR Au fond du marché des artisans, il est l’un des seuls qui sculpte encore lui-même. Pierre Mistino vend de monumentales lampes en bois avec des abat-jour en raphia. Ou plutôt « expose », lui qui rêve d’un musée pour ses œuvres. « Comme je n’ai pas les moyens, je les vends. » Les plus petits modèles font 50 centimètres, les plus grands peuvent atteindre 2 mètres. Le corps de la lampe n’est pas fait d’un seul bloc, mais est composé d’une superposition de plusieurs galets de bois différents, tous du Congo : wengé, ébène gris, rococo, acajou, wengue… Des lampes qui frappent d’abord par leur beauté. Pierre Mistino est congolais, mais c’est à Abidjan qu’il s’est initié à la sculpture, après quelques années dans une troupe de ballet. Il devait rester en Côte d’Ivoire quinze jours, il y est resté huit ans. Il s’installe ensuite à Brazzaville où il développe son style si particulier de sculpture à partir de galets de bois. Le prix pour un tel produit ? Pierre Mistino veut rester discret. « Je ne veux pas parler d’argent. Les gens doivent d’abord prendre le temps de venir voir, de découvrir, d’imaginer la lampe chez eux, de l’adopter ! Seulement après on peut commencer à négocier. » Quand on insiste un peu, « il y en a une qui est à 165 000 francs. Mais je ne vous dirais pas laquelle. Pour la connaître, il faut d’abord venir voir. »

Crédit photo : Antoine Rolland

DES MBINI Principalement utilisés par les habitants du village de Zanag dans l’antiquité, les “mbini” en langue téké (du peuple vivant dans le nord du Congo), “pot” en français, sont fabriqués de manière artisanale. Les fabricants sélectionnent des feuilles de liane ou de raphia, puis les assemblent pour former un tissu. Le raphia est aussi utilisé pour la confection et l’ornement des parures d’objets de luxe, tels que chapeaux d’apparat que portent jusqu’alors les notables et chefs coutumiers, les bracelets et l’habillage des masques de certaines danses rituelles dans plusieurs contrées du Congo. Une croyance créée à l'époque laissait entendre que le fait de garder de l'argent à l’intérieur des mbini avait un effet de multiplication. En effet, ils éloignaient les tentations et les dépenses. Aujourd’hui, les “mbini” apportent une petite touche africaine pour la décoration d’une chambre, un salon, une cuisine… Ils peuvent servir pour ranger des épices, des bijoux, des pinces à cheveux ou bien, comme dans les temps anciens, faire office de tirelire pour “doubler” ses économies.

INFORMATIONS PRATIQUES : Pour commander il suffit de contacter le numéro suivant : 06 986 1792 ou e-mail : collectionpat5@gmail.com.


Crédit photo : Antoine Rolland

OFFRIR ET FAIRE UN DON Si vous voulez faire plaisir à vos proches, tout en aidant une belle cause, alors rendez-vous à l’école spéciale de Brazzaville, au niveau du rond-point de Loutassi. Cette institution s’occupe depuis les années 70 de la scolarisation des enfants handicapés mentaux ou physiques et d’orphelins. Certains d’entre eux suivent notamment des ateliers de soudure, de couture, de menuiserie ou d’électricité. Toutes leurs réalisations sont mises en vente et servent au fonctionnement de l’association. L’école spéciale a des airs de caverne d’Ali Baba. Chaises en osier, tables en bois, meubles en kambala, berceaux, canapés… vous pourrez trouver de quoi meubler votre appartement à faible coût, et surtout avec qualité. On trouve également quelques sacs, des robes en pagne : Il est même possible de commander directement, selon ses goûts. A noter une invention maison, qu’on ne trouve nulle part ailleurs : un foyer entretenu par des piles. Une fois le feu allumé, un moteur électrique l’alimente seul, plus besoin de s’en charger ! INFORMATIONS PRATIQUES : Ouvert de 9 heures à 17 heures Commandes au 05 329 70 46 ou 04 406 54 93

abats-jour en pagne & t-shirts

À DÉCOUVRIR Quel rapport entre des abat-jour en pagne et des teeshirts ? A priori aucun, si ce n’est les passions de Marie et une petite dose d’humour. Ses derniers abat-jour, par exemple, arborent le logo d’une marque de bière locale célèbre. Marie Frossard fait tout elle-même, de l’achat des pagnes qu’elle chine au détour des marchés à la soudure des structures des lampes. Et prend les commandes. Pour la ligne de vêtements, 3mWatta veut jouer sur l’appartenance à sa ville, sur la fierté d’être congolais, et ça fonctionne. « Vas-y molo, je suis 242 », ou encore « 242 Brazzaville », « 242 Pointe-Noire », peut-on lire sur les vêtements. « Ça part comme des petits pains », se réjouit Marie. Et puis il y a les tee-shirts plus classiques, de taille enfant à adulte, qui mettent en scène une Mami Watta sympathique dans plusieurs situations. L’idée est née dans la tête de Marie Christermann il y a quatre ans. « J’ai voyagé un peu partout, et j’ai trouvé qu’il n’y avait pas de marque emblématique pour le pays », raconte-t-elle. Comme le crocodile était déjà pris, elle choisit Mami Wata. Cette sirène légendaire existe dans de nombreux pays africains. A Brazzaville, elle représente « celle qui sauve les enfants de la noyade, » selon Marie Christermann. Ici on la retrouve prenant le taxi, pillant du manioc, ou encore dans une pirogue, toujours avec le sourire que lui ont donné Emile Iragi et Eddy Lama, ses deux dessinateurs.

Crédit photos : Antoine Rolland

INFORMATIONS PRATIQUES : Près du restaurant Mami Watta à Brazzaville En vente à Couleurs Equateur à Pointe-Noire Page Facebook : 3mwatta

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Eliakim Design est une marque qui se veut être reconnue par la simplicité et la beauté caractérielle de ses produits. Née d’une envie de valoriser l’art et le pagne, Eliakim Design . représente le désir de réussir, la détermination, et le caractère bien trempé de ses deux fondatrices : Belvy et Paola. Les deux jeunes femmes d’origine congolaise fabriquent des colliers, bracelets, boucles d’oreilles… avec du tissus africain mais aussi avec des perles. A travers Eliakim d’origine hébreu “celui que Dieu établit” en français, Belvy et Paola veulent transmettre un message d’espoir à toutes les personnes en situation précaire. Crédit photo : Robert Nzaou

INFORMATIONS PRATIQUES : Contactez Navie Création au 05 338 81 86 ou 06 892 06 87.

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CULTURE & SOCIÉTÉ

Tchicaya U Tam’si : une vie à auteur d’hommes Il y a soixante ans paraissait « Feu de brousse », chef-d’œuvre fondateur de la poésie africaine. « Brazzamag » revient sur la vie et l’œuvre de celui qui se fit l’écho du Congo. Par Gauthier Pinel. "Je suis un geste de refus par conformisme et je réprime mes yeux en les ouvrants à sang" - Notes de veille. « Feu de brousse », long poème en dix-sept visions, expérimental à souhait avec des collages, des interviews imaginaires et la féerie des contes et légendes de Loango réécrites par le maître. Car lire Tchicaya, c’est plonger dans l’histoire du Congo. Intrinsèquement lié à Lumumba, il rentre en France désespéré en 1961 après l’assassinat du Premier ministre de la RDC. Cette amitié donnera naissance à deux recueils : « Epitomé » en 1962 suivit par « Le Ventre » en 1966. Ces deux livres représentent le paroxysme de la révolte de Tchicaya. Le premier poème, Le Trésor, commence ainsi : Non. Je dis : non. La lune se veut ronde. Non répond : non. On s’appelle du ventre. Le ventre ne dit : non. La pluie tombe à larges lames. Sur le chant déjà gorgé de sang. Crédit photo : Robert Nzaou

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l’occasion des 60 ans de la parution du chef-d’œuvre « Feu de brousse », « Brazzamag » revient sur la vie et l’œuvre de celui qui se fit l’écho du Congo à travers des œuvres aujourd’hui fondatrices de la poésie africaine.) Gérald Félix Tchicaya voit le jour en 1931 à Mpili. Fils d’un ancien instituteur remarié, Tchicaya va souffrir du manque de sa mère, premier événement fondateur de sa grande sensibilité. Son père, nommé député du Moyen-Congo à l’Assemblée constituante parisienne, quitte l’Afrique pour Orléans, entraînant son fils vers le début des problèmes. Trop grand, pas assez blanc, trop âgé, Tchicaya s’évade dans la lecture. Du haut de ses 24 ans, il publie Le Mauvais Sang, les alexandrins supportent un spleen acéré, nourri par la pluie parisienne et le mal du pays. "De quel mal ai-je tant besoin d’être consolé ?"

-Notes de veille.

La réception est tiède, mais Tchicaya ne se décourage pas et s’imprègne de la poésie qui résiste : Aragon et la résistance française en passant par Kateb Yacine et les massacres algériens. Il construit une poésie engagée, sans concession. Et c’est en 1957 qu’il met en place la rupture totale en publiant « Feu de brousse ». L’auteur utilise un pseudonyme, lassé par la confusion avec son père député. Il opte pour U Tam’si, « celui qui parle pour son pays » en langue bantoue. D’emblée, le poète s’éloigne de l’esthétique de la négritude, portée par Césaire et Senghor, pour se focaliser sur sa blessure et son pays : le Congo Brazzaville. 80.BRAZZAMAG

-Le Trésor , in Epitomé.

Malgré la reconnaissance internationale, la dépression guette l’auteur qui décide de s’éloigner de son support fétiche, le poème, pour s’orienter vers un nouveau genre : le roman. Ces fruits si doux de l’arbre à pain sort en 1987, un an avant la mort de l'auteur, pour retracer l’histoire du Moyen Congo, depuis la colonisation jusqu’aux indépendances. Car lire Tchicaya, c’est tenter de comprendre l’Afrique. Même si certains passages de sa poésie paraissent hermétiques. La poésie, scandait T.S Eliot, peut être transmise avant d’être comprise. Et Tchicaya la définit ainsi : « Un bric à brac si l’on veut, une espèce de ruée, d’écoulement, c’est la lave qui descend d’une colline, qui ne choisit pas un itinéraire et vraiment ramasse tout sur son passage. » Là réside le génie de Tchicaya : partager avec ses compatriotes une poésie réunissant un socle culturel, le partage d’un pays, de ses fleuves et vallées, tout en gardant une capacité d’émerveillement pour les non-co Le “gele”, le foulard nigerian ngolais. Une poésie riche, libertaire, osée, à contre-courant depuis le premier vers mais néanmoins inscrite au patrimoine croissant de la poésie congolaise. Je dialogue avec ce qui est pollué en moi De chrétien et non de sauvage Et pourtant j’étais de toutes les immondicesNègre à me noircir l’âme de tous les deuils. -Chants pour pleurer un combattant POUR ALLER PLUS LOIN : “J’étais nu pour le premier baiser de ma mère”, Œuvres complètes, 1 Continents noirs, NRF, Gallimard .


CULTURE & SOCIÉTÉ

ces tendances qui reviennent...

Sur les podiums, à la télévision, dans la rue... le maquillage sur le visage et le corps ainsi que les tresses se retrouvent partout. D’abord utilisées par nos ancêtres, de la préhistoire à l’antiquité, ces tendances ont évolué au dépend des aspects traditionnels. Les populations cherchent à avoir un style plus urbain grâce aux produits cosmétiques, de nouvelles coiffures et des vêtements modernes. Toutefois, dans certains pays, quelques communautés arrivent à influencer la mode en s’inspirant des coutumes du village. Par Sylverène Ébélébé.

LE FACE PAINTING

Crédit photo : Sylvie Gourlet-Fl-

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nspiré des pratiques primitives qu’utilisaient les habitants de plusieurs tribus pour se camoufler en période de guerre ou pour des rites, le face painting ou body painting séduit les Congolais. La pratique, en français « peinture sur le visage ou sur le corps », est un maquillage artistique permettant de « transformer » une personne en clown, en personnage de dessin animé ou encore en animal (tigre, chat…). La représentation du modèle souhaité sur le visage ou sur le corps se fait avec de la peinture corporelle d’origine végétale et minérale. Hypoallergénique, elle ne présente aucun risque pour la peau. Seule la couleur verte détenant du chrome peut provoquer des allergies sur certaines personnes. L’application de la peinture se réalise avec des pinceaux en soie ou en fibre synthétique ou des éponges conçus spécialement pour le face ou le body painting. Pour se démaquiller, il suffit d’utiliser de l’eau ou des lingettes. Envie de tester le face painting ou le body painting ? Contactez Calvine Dos Santos au 06 905 74 40.

LES TRESSES ''LIFE''

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e Ciara à Alicia Keys – dont le nom a été associé à un modèle de nattes collées – en passant par les sœurs Kardashian, la tendance des tresses fait craquer les femmes, et même les hommes !

D’après certains historiens, les premières formes de tresses sont apparues en Egypte environ 3 000 ans avant J.-C. Cependant, d’autres styles propres à plusieurs ethnies (Wolofs, Peuls, Bamiléké…), mais aussi aux communautés occidentales, avaient été repérés. Ils permettaient d’identifier l’âge ou le statut social d’une personne. La coiffure était réalisée soit avec du fil soit avec les cheveux naturels. Puis l’esthétique a évolué avec le temps. Le phénomène des tresses est devenu populaire avec l’essor de la musique, particulièrement le hip-hop afro-américain. Il existe plus d’une centaine de modèles avec différents noms. Au Congo, les nattes longues faites avec des mèches sont appelées « life », tandis qu’en France, ce sont des « rastas ». Elles sont parfois ornées de perles ou de petits objets métalliques.

LE “GELE”, LE FOULARD NIGERIAN

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ue ce soit à l’occasion d'un mariage ou d’un anniversaire, le « gele » est l’accessoire tendance porté par toutes les dames en Afrique et en Europe ! Le « gele », prononcez « gay lay », est le foulard des femmes du peuple Yoruba de l’Afrique de l’Ouest (Nigéria, Bénin, Togo, Ghana...). En fonction de la manière dont il était noué sur la tête, le « gele » permettait de savoir si une femme était célibataire ou mariée ! Fabriqué avec du tissu uni ou avec des motifs, le cache-tête s’est notamment fait remarquer au Nigéria. En effet, depuis l’époque précoloniale jusqu’à nos jours, les nigérianes s’en servent pour compléter leurs tenues lors de cérémonies traditionnelles. Posé comme la couronne d’une reine, le « gele » apporte une allure et une élégance remarquables. Bien qu’un signe identitaire et culturel, aujourd’hui, le « gele » est associé avec tous les modèles de vêtements (jupe, pantalon, robes de cocktail...). Pour commander un « gele » sur-mesure, contactez Matheo au 06 695 65 95.

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Annonce A4 President Brazza Mag HD.pdf

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Av Jacques Opangault ( Face agence Crédit du Congo ) Centre ville Pointe-Noire, T : + 242 05 720 99 07 / + 242 22 294 45 00 Av Colbert William Guynet, Centre ville - Brazzaville, T : + 242 28 116 46, Email : regalbzv@regal-congo.com Heures d’ouverture : Lundi à Samedi ( 8h30 - 20h ) et Dimanche ( 8h30 -13h )



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