Brazzamag Num 0 oct dec 2016

Page 1

www.brazzamag.com N˚ 0 Oct-déc 2016 DOSSIER SPECIAL:

le congo au feminin transfert des connaissances

ENTREPRENDRE & investir AU CONGO

7 loisirs A dEcouvrir

VILLES INTELLIGENTES

BRAZZAMAG.COM LE MAGAZINE QUI MET L'HOMME AU COEUR DU DEVELOPPEMENT

1


2

BRAZZAMAG.COM


Sarra GUERCHANI

Directrice & Cofondatrice Brazzamag

BONJOUR ! L'éditorial

Faisons connaissance... On les a aimés tout de suite parce qu’elles partageaient l’amour de l’entreprenariat et la vision de développement qu’elles ont du Congo. Nous avons aimé leur enthousiasme et leurs histoires. Nous les avons aimées parce que ces personnes, qui partagent leurs expériences au fil des pages du numéro 0 de Brazzamag, ont commencé petit et sont aujourd’hui devenues grandes. Nous les avons aimées parce qu’elles revendiquent fermement qu’« ici au Congo tout est possible », avec une fierté et une ambition sans faille, bien conscientes des défis à surmonter au quotidien. Vous avez connu Brazzamag en ligne, comme étant le magazine du Congo en mutation, mais au bout d’un an d’exploration de ce pays et en feuilletant ce numéro, nous avons décidé, que désormais, Brazzamag est bel est bien LE magazine qui met l’Homme au cœur du développement. Oui! Tous ces hommes et ces femmes développent le pays à travers des projets aussi bien économiques, artistiques que sociaux. Brazzamag est né sur le web en novembre 2015 et vous êtes plus de 350 000 à nous suivre chaque mois. Durant l’année écoulée nous avons souhaité vous faire découvrir le Congo avec un regard nouveau. Un Congo avec des défis et de nouveaux enjeux. Un congo entre deux systèmes, l’un ancien et implanté dans les traditions profondes (l’artisana), l’autre nouveau et lié aux découvertes scientifiques contemporaines (l’industriel). Dans ce numéro 0 nous avons choisi de mettre la femme en exergue dans un dossier spécial « le Congo conjugué au féminin », parce qu’un pays n’est rien sans ses femmes, comme un enfant n’est rien sans sa mère. Cette dernière a un rôle de matrice, de source nourricière. Elle représente la protection, l’affection, la compréhension. La mère représente l’amour, toutes ses fonctions garantissent le bon développement de son enfant. Comme plusieurs d’entre vous qui nous suivez, vous avez décidé de rentrer en Afrique, parce que comme nous, vous êtes conscient qu’en Afrique il reste tant à faire. Le quotidien nous amène souvent à nous adapter en trouvant de nouvelles solutions pour ouvrir des brèches qui permettent à chacun d’entre nous, et à son échelle, de contribuer au développement du Congo. Toutes les personnes que vous découvrirez

en feuilletant le magazine, partagent avec vous leur expérience et leur solution. Depuis que nous avons atterri au Congo, nous avons réalisé que le temps passait très vite ici, à force de vouloir atteindre nos objectifs. Le temps passe vite et le paysage change. En deux ans beaucoup de nouvelles infrastructures ont vu le jour, à ce rythme là, Pointe Noire et Brazzaville risquent bien de passer au rang de ville intelligente plus vite que prévu. Nous y avons d’ailleurs consacré un article, car les idées sont là, la volonté est là, la collaboration des citoyens, du gouvernement et des entreprises privées est indispensable pour ce changement. Pour finir, je tiens à souligner que le numéro de ce magazine (zéro) a toute une signification pour notre équipe. Le zéro est le commencement d’une longue et belle aventure, le zéro est le capital que nous avions en commençant ce projet, le zéro est aussi le nombre de fois ou nous sommes venus au Congo avant de lancer Brazzamag sur le web il y a un an. En fin de compte, Zéro + un + un +un est l’ambition de trois cofondateurs passionnés par l’Afrique, et qui ont pour objectif de développer la communication sur ce continent avec une vision différente. Je suis donc très fière aujourd’hui, ainsi que toute l’équipe qui est derrière ce beau magazine, de savoir que vous l’avez actuellement entre vos mains. Je vous souhaite une belle découverte ou redécouverte du Congo avec ses hommes et ses femmes qui développent ce pays ambitieux. Bonne lecture et rendez-vous au prochain numéro ! PS : Brazzamag est un magazine interactif, l’une de nos valeurs fondamentales est la proximité avec nos lecteurs et nos interlocuteurs. Si vous n’êtes pas dans ce numéro, c’est qu’on ne vous à pas encore trouvé.

Sarra Guerchani

BRAZZAMAG.COM

3


www.brazzamag.com

Par AfrikaMediaGroup Numero 0 Octobre-Décembre 2016

GROUPE EXECUTIVE

Directrice Directeur marketing Directrice administrative

Sarra Guerchani Fehmi Fennia Veronique Legault

DIRECTION ÉDITORIALE

Directrice de l'information Sarra Guerchani Directeur Photo Rey Mangouta Secrétaire de rédaction Isabelle Rodionov

DESIGN

Directrice artistique

Olfa Taboubi

COMMERCIAL

Pointe Noire: Jessica Pace-Sole 06-402-2525 / jessica.p@brazzamag.com Brazzaville: Pierre Obou 05-627-0686 / pierre.obou@brazzamag.com

JOURNALISTES Ursula Goma Jessica Mimi Karla Cécile

BLOGUEURS Mama Mundele Yann Mokoko PHOTOGRAPHES

Rey Mangouta Gaston Boussouamina

Azza Saadi Rive Ougoué

Bisso na bissso Blog carrière

Yohan Freddy

PUBLICITÉ White Mama Prod (WMP)

Avenu du warf Pointe Noire, République du Congo +242 05 059 55 55 +242 06 402 25 25 Info@brazzamag.com

AfrikaMediaGroup

Avenue Mc Gill Montréal, Canada +1 514 638 2992 info@africamediagroup.com

''Mwana Mboka'' ( L'enfant du pays) Bruno est un jeune garçon de 10 ans qui passe ses week-ends à travailler avec son père. Ils offrent des traverses en pirogue d'un lac situé à Djeno (République du Congo). Photo: Rey MANGOUTA

4

BRAZZAMAG.COM


Sommaire P.6 LE BLANC DE KIWI P.8 CAPE DIEM, AU SERVICE DES CITOYENS P.10 COACH PROFESSIONNEL, UNE NICHE A DEVELOPPER

N ˚0 Oct-déc 2016

P.12 DOSSIER SPÉCIAL : LE CONGO CONJUGUÉ AU FÉMININ P.14 JADE BOURGOIS, POUR L'AMOUR DE L'ART P.16 LORNA BOBOUA DO SACRAMENTO, LA TOP CHEF P.18 NADINE NGOLO, LA PATRONE P.20 LONA BOUNGOU NGOMA INNOCENT, LA DAME DE FER P.22 TCHIANNA TCHICOU-PEMBEY, LE SWAG À LA CONGOLAISE

P.28 LES VILLES INTELLIGENTES, NOUVEAU THINK TANK P.30 TRANSFERT DES CONNAISSANCES. INTERVIEW MICHAEL OHAYON P.34 NOS ARTISANS P.36 SAPEZ VOS CHAUSSURES USÉES

P.40 INVESTIR ET ENTREPRENDRE AU CONGO / BLOG YANN MOKOKO P.48 7 ACTIVITÉS OÙ INVESTIR AU CONGO P.52 7 LOISIRS À ESSAYER AU CONGO P.54 ''CHEZ GASPARD'', COMME À LA VIELLE ÉPOQUE

PHOTO DE COUVERTURE Atelier de soudure ACM Modèle: Marie-France Makaya Photographe: Rey Mangouta BRAZZAMAG.COM

5


6

BRAZZAMAG.COM


LES CHUTES

''LOUFOULAKARI'' Les chutes de Loufoukari sont situé à 80km de Brazzaville, dans le district du Pool. Les deux gigantestques chutes sont le résultat du cofluent du fleuve Congo et de de la rivère de la loufoulakari.

BRAZZAMAG.COM

7


BLANC DE KIWI

BIENTÔT AU CONGO La couleur, l’odeur et le goût sont ceux d'un vin blanc, en un peu plus fruité. Le blanc de kiwi ou de mangue est fait à partir de fruits invendus. Une boisson qui commence à faire fureur en France et qui ne devrait pas tarder à conquérir le marché congolais. Par Ursula Goma

D

eux jeunes entrepreneurs, un congolais, Marvet Mbani, et un français, Alexandre Vaillant, ont eu l’idée de développer cette boisson. C’est en récupérant plusieurs kilos de kiwis ou de mangues invendus en France que l’idée est venue. L’usine de production permet de récupérer le jus de fruit afin de le transformer en ‘’vin’’ appelé « Blanc de kiwi ». Pour une production de 16 mille bouteilles depuis sa date de mise en bouteille Photo : Paul.M en mars dernier, 8.000.000 de bouteilles ont déjà été Le blanc de kiwi est vendu à moins d’1 euro vendues. Forts de cette notoriété, ces entreen France et jouit d’une bonne notoriété. preneurs projettent d’installer une usine de « Les retours sont positifs. Il s’agit d’une nouproduction au Congo. veauté et d’une belle découverte. Certains clients en ont encore racheté. Nous conseilVISITE DE PROSPECTION AU CONGO lons à nos clients de l’accompagner à l'apéritif Au terme de sa visite de prospection effecd’une salade de fruits, ou bien d’un dessert tuée au Congo, Marvet, affirme que l’usine frais», confie l’un des responsables de « La de production de vin sera implantée dans la Maison Corps ». Bouenza, plus précisément dans la ville de Au Congo, il sera vendu dans les restauMadingou. Un choix très stratégique pour rants, hôtels et les points de vente de vin ces entrepreneurs, car, dans cette région, on comme la société « Lima ». En attendant trouve une grande diversité de fruits. de le savourer, le blanc de kiwi peut être Pour l’heure, quelques paramètres restent accompagné de plats à base de fruits de à étudier, tel que, le prix de vente du blanc mer; Il reste néanmoins à consommer avec de kiwi, du fait que les taxes douanières sont modération et doit être conservé à une élevées, comparées à celles de la France. température de 8°c. Aussi, reste à obtenir un appui financier. En attendant, le blanc de kiwi sera importé. LES DÉFIS POUR LA FUTURE SOCIÉTÉ «Bien sûr que l’usine sera installée au «LONGONYA» Congo. Cependant, le projet se chiffre à des Si le gouvernement congolais soutient ce millions de franc CFA. Nous sommes malheureusement obligés dans un premier temps projet comme promis, la société «Longonya » créera des emplois au Congo. Mais une d’importer le blanc de kiwi. Au fil du temps et avec l’appui du gouvernement congolais, cette fois de plus, ces producteurs devront faire usine verra le jour. Car, dit-il, le gouvernement face à d’autres difficultés. « Nous avons un problème de main d’œuvre congolais est satisfait, et a validé notre projet dans ce domaine. C’est un gros challenge et a promis de nous venir en aide». que nous essaierons de relever. Mais pour

8

BRAZZAMAG.COM

commencer, nous comptons recruter 5 à 10 congolais qui seront formés dans la production de vin», précise Marvet. Pour lui, une formation d’un an suffirait aux futurs vignerons pour maîtriser toutes les techniques de fabrication du blanc de kiwi. Le procédé prend un mois. Le kiwi est broyé avant d’en extraire le jus. Une fois cette première étape accomplie, la phase suivante consiste à filtrer le jus qui sera mis en fermentation avec des levures naturelles pendant 3 semaines. Après cette étape, le vin est presque prêt. Une filtration tangentielle est réalisée avant l'embouteillage. Dans la lutte contre le gaspillage des fruits, ces producteurs sont déjà passés de la production du blanc de kiwi au « Blanc de mangue ». Ils envisagent d’ici mai 2017 de produire le « Blanc d’ananas ».


BRAZZAMAG.COM

9


CARPE DIEM

AU SERVICE DES CITOYENS Vous les avez peut-être croisés avec leurs pousse-pousses dans le quartier OCH de Brazzaville. Ces hommes en combinaison, bottes, masque et gants travaillent pour l’association Carpediem. Une idée d’Ingama Carombo. Par Azza Saadi / Photos : Gaston Boussouamina

A

son retour de France en 2005, ce congolais de la diaspora a eu l’idée de rassembler les pousse-pousseurs au sein d’un collectif structuré. Ayant observé ces hommes qui travaillaient dans des conditions précaires et étant sensible aux problèmes environnementaux, Ingama a eu l’idée de joindre l’utile à l’agréable : accomplir son devoir de citoyen et en faire son gagne pain. Les pousse-pousseurs de Brazzaville travaillent individuellement, sans couverture sociale ni matériel adéquat et souvent, c’est un métier qu’on ne choisit pas mais qu’on subit, faute de mieux… Ajoutons à cela que ceux qui font ce métier passent outre les droits les plus rudimentaires des travailleurs. C’est là où intervient l’association Carpediem. Son premier objectif est bien évidemment de continuer à nettoyer les rues du quartier, mais aussi d’offrir aux travailleurs de meilleures conditions de travail et de créer des offres d’emploi.

explications quant à leurs droits et aux possibilités de débouchés du métier. En rejoignant le collectif Carpediem, désormais, les poussepousseurs ont la possibilité d’être affiliés à la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale) et de cotiser ainsi pour leur retraite. Aussi, on leur fournit un uniforme et un matériel de protection (gants, casques…) pour travailler dans le respect de soi et de l’environnement. Depuis sa création, ce collectif a contribué à la création d’une trentaine d’emplois dans le quartier OCH. Le salaire d’un pousse-pousseur varie entre 70 000 et 120 000 Fcfa, en fonction de l’ancienneté de l’employé au sein de l’association.Pour bénéficier du service du collectif Carpediem, il faut prévoir entre 3000 et 8000 Fcfa par mois. Le prix varie selon la surface, le nombre de personnes vivant dans le ménage en question et le nombre de passages par semaine.

Daniel Obilagounda habite dans le quartier OCH depuis cinq ans : “Nous n'avons plus de problèmes de ramassage d'ordures. Les agents qui traEn approchant les pousse-pousseurs de Brazzaville, Ingama leur a posé vaillent dans cette association font bien leur travail», témoigne-t-il, satquelques questions sur leurs conditions de travail et leur a fourni des isfait. Pour Ingama, si tout se passe comme prévu, le collectif devrait

Le même métier, en version améliorée

10 BRAZZAMAG.COM


s’étendre vers d’autres quartiers de Brazzaville d’ici peu. Car il ne s’agit pas de se restreindre à un seul emplacement, mais de faire bénéficier toute la ville des prestations de l’association.

Les difficultés rencontrées Le ramassage des poubelles ne représente qu’une partie du travail de l’association. En effet, après avoir nettoyé les rues, il faut bien stocker les déchets quelque part. C’est précisément à ce niveau là que l’ambassadeur de l’économie verte rencontre des problèmes. Aujourd’hui, les déchets sont déversés dans des ravins de particuliers dans le but de contrer l’érosion de leurs terres. Même si ce procédé a un point positif, il présente tout de même des dangers et pour les habitants (mauvaises odeurs, maladies, foyer de microbes.... ) et pour l’environnement (pollution, matériaux non biodégradables... ). Ingama a pourtant essayé d’obtenir un emplacement éloigné des ménages pour effectuer le tri et le stockage des déchets. Malheureusement, sa démarche auprès du domaine foncier s’est soldée par un refus. Pas de terres à louer ou à prêter à ce genre d’associations. “Nous souhaitons que les mairies ou autre puissent avoir des sites dédiés aux déchets”, explique-t-il en se tenant auprès d’une benne à ordures de 7m3 pleine à ras bord et qui sera triée le lendemain. Pour récapituler, l’association Carpediem crée des emplois, offre de meilleures conditions de travail aux pousse-pousseurs et se charge de nettoyer les rues dans le respect du citoyen et de l’environnement. Une démarche noble et positive en tous points. A ce stade là, une seule question se pose : quand est-ce que les autorités locales se décideront à apporter leur soutien à ce collectif ? Un terrain vague en dehors de la ville pour stocker les déchets sans danger ne serait pas de refus...

BRAZZAMAG.COM 11


Le marché de l'emploi est de plus en plus compétitif et en mutation. Le coaching professionnel représente une solution intéressante pour valoriser certaines compétences et en faire progresser d'autres. Cependant, à quel moment doit-on faire appel à un coach professionnel et comment choisir son coach?

UNE NICHE à DéVELOPPER

Line samba, est coach au Congo. Mère de trois enfants et femme d'affaire brillante, Line developpe le coaching professionnel, depuis 2015, auprès des particuliers et des entreprises. Son objectif, mettre au profit de ces derniers, les techniques qu’elle a employées et qui lui vallent son succès dans les affaires au Congo. Par Ursula Goma Photo: Yohan Freddy

LE SECRET DE LINE SAMBA COACH PROFESSIONNEL Brazzamag : Comment définissezvous un coach d'affaires/professionnel ? Line Samba: Un coach professionnel ou d’affaires est une personne qui guide, motive, donne des conseils et suit ses clients dans les différentes étapes de leur carrière. Me concernant, mon travail consiste à aider les jeunes entrepreneurs qui aspirent à créer leur société et aussi à accompagner les chefs d’entreprises durant tout leur cursus.

Pourquoi a-t-on besoin d’un coaching d’affaires ? On a besoin d’un coach professionnel, tout d’abord parce qu’il faut savoir se vendre, quel que soit le projet, ce que l’on veut entreprendre. Par exemple, j’aide les chefs d’entreprises à développer toutes les niches dans lesquelles ils peuvent faire du bénéfice. Quant aux chercheurs d’emplois, ils ont besoin d’un coach professionnel ou d’affaires parce qu’il est important pour eux de savoir présenter leur lettre de motiva-

12 BRAZZAMAG.COM

tion et identifier l’entreprise dans laquelle ils souhaitent faire carrière.

Combien de temps avant d’espérer avoir des résultats ? Dans un premier temps, on analyse la situation et on identifie ensemble le besoin. Une fois cette étape franchie, en tenant compte de la catégorie, je présente des fiches techniques, des ateliers. Un coach professionnel ou d’affaires s’adresse aux chercheurs d’emplois, jeunes entrepreneurs et également aux chefs d’entreprises, toutes catégories confondues. Concernant les entreprises, cette formation peut se faire soit via des conférences, ou bien des ateliers. Par exemple, pour la recherche d’emploi, le coaching peut s’étendre sur deux mois. Par contre, pour d’autres entreprises, cela peut prendre jusqu’à un an, en tenant compte des exigences techniques.

Le coaching est-il populaire au Congo? À l’étranger, le coaching est populaire. Malheureusement, ce n’est pas le cas au Congo,

en raison de la culture et des moyens. Notez qu’aucun congolais ne pense à se faire aider dans la recherche d’emploi. C’est la raison pour laquelle ce secteur n’est pas développé. Pourtant, il y a beaucoup de niches à développer. Sauf erreur ou omission de ma part, je ne connais que deux coachs professionnels ici au Congo. De plus, nous n’avons pas de fédération et nous ne sommes pas réglementés. C’est encore un métier parallèle.

Comment une personne peut déterminer si son coach lui convient ? D’abord, ce sont les résultats obtenus qui déterminent si le coach est bien ou pas. J’en suis moi-même un exemple. J’ai identifié mes besoins, j’ai mené toutes les démarches. Après deux mois, mon entreprise avait déjà ouvert ses portes.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs?

Je demanderais à mes confrères et consœurs de se former en tenant compte des besoins du marché. Aussi, ils doivent savoir ce qu’ils veulent. La clé de la réussite c’est la communication. Vous devez savoir vous vendre.


BRAZZAMAG.COM 13


LE CONGO conjugué AU FEMININ ELLES SONT CHEFS D’ENTREPRISES, ARTISTES, CHEF… ELLES SE DÉVOILENT CHAQUE JOUR UN PEU PLUS EN SUIVANT LEURS ENVIES, LEURS INSTINCTS, EN FAISANT DES COMPROMIS...PARFOIS PAS. ELLES MONTENT LES MARCHES DE LA SOCIÉTÉ TOUT EN SE TENANT À LA RAMPE. AUJOURD’HUI ELLES INSPIRENT, ELLES NE S’IMPOSENT PLUS VRAIMENT, ELLES SONT LE SALUT DU MONDE. ELLES CONTINUENT A S’ACCROCHER POUR ALLER TOUJOURS PLUS LOIN, MARCHE APRÈS MARCHE, LA TÊTE RELEVÉE. PHOTO: REY MANGOUTA

14 BRAZZAMAG.COM


BRAZZAMAG.COM 15


Jade Bourgois Centre des Arts Directrice

Le centre des arts, comme son nom l’indique, est un espace culturel dédié aux arts, dans toute leur splendeur et multiplicité. Une initiative de Jade Bourgois, instigatrice du mouvement culturel au Congo. Situé non loin du Boulevard Charles De Gaule, avenue Stéphane Tchitchelle, se trouve un établissement qui se veut être l’épicentre des mouvements artistiques à Pointe Noire. Un lieu multidisciplinaire crée pour l’amour de l’art. Par Azza Saadi / Photo: Rey Mangouta

16 BRAZZAMAG.COM


pour l’amour de l’art Toutes les activités artistiques réunies en un seul lieu.

A

près trois ans d'études en arts dramatiques couronnés par un diplôme, Jade Bourgois s'était retrouvée face à un dilemme cornélien . Vivant alors en France, il lui fallait choisir entre démarrer sa carrière en Europe ou revenir au Congo, son pays d'origine, où ses parents et son compagnon étaient installés. Ce qui a clairement fait pencher la balance et encouragé Jade à s'établir à Pointe Noire avec l'idée de développer un secteur qui lui tenait à cœur. "C'est de là qu'est est né le projet de faire un lieu artistique, un établissement ou toutes les activités artistiques pouvaient être réunies en un seul lieu. Mes parents m'ont beaucoup soutenue dans le projet et c'est de là qu'est partie cette super aventure de la cité des arts", nous confie Jade.

De l'art à l'entreprenariat, il n'y a qu'un pas...

Riche de son savoir, de son enthousiasme et de sa passion, épaulée et encouragée, elle se lance alors dans une aventure qui ne lui était pas vraiment prédestinée. Ayant un cursus artistique, la jeune femme se glisse dans la peau d'une entrepreneure malgré les difficultés que cela implique, car la cité des arts est avant tout une entreprise qui se doit d'être viable et lucrative. La structure emploie des professeurs de renommée spécialisés dans différentes disciplines telles que le théâtre, la musique, la danse, l'art plastique... Des cours, des ateliers, des prestations sont proposés à toute personne désirant s'initier à l'apprentissage de ces activités. "Ça a été un vrai challenge pour moi de me lancer là-dedans étant donné que c'est un centre, comme une école finalement et je suis directrice de cette école. Et c'est vrai qu'avec la création, c'est surtout toute la mise en place qui a été le plus difficile. c'était le départ qui était compliqué", nous confie la directrice du centre. Mais le jeu en valait la chandelle. A son retour au Congo, Jade avait remarqué un vide culturel auquel elle n'a pas manqué de pallier en joignant l'utile à l'agréable. Transmettre son savoir, son amour pour les arts, faire connaitre de nouvelles disciplines et promouvoir les artistes congolais...

Le prix de l'art

Le centre des arts est une première au Congo et une première qui tend à se développer encore plus. Car, si aujourd'hui, la majorité des personnes qui s'orientent vers ce centre sont issues d'un milieu assez aisé, le but ultime pour Jade reste de toucher toutes les strates sociales, de rendre l'art à portée de tous et ce, à travers des partenariats, des échanges culturels et des évènements à but non lucratif, car comme elle le dit si bien, "la culture n'a pas de frontières, les arts non plus".

Mais pour l'instant, les prix proposés au centre des arts restent assez élevés, moyennant 52 000 CFA pour un abonnement de théâtre par exemple. Pour justifier des tarifs aussi conséquents, on peut citer l'infrastructure de l'établissement qui offre des salles adaptées, la présence de professeurs compétents et d'exception, les charges imposées pour une pareille entreprise. Mais l'argument le plus poignant est le coût de l'excellence, car même si d'autres lieux proposent des tarifs moins onéreux, la qualité des services aussi est revue à la baisse. D'autre part, lors d'évènements ponctuels, le centre propose des activités plus abordables tel que des ateliers pendant les vacances où une matinée complète englobant trois disciplines différente est à 18 000 CFA. Il est aussi possible de s'inscrire à un cours hebdomadaire de danse classique, moderne, africaine, hip hop... avec un prix moins élevé.

Oser entreprendre

En attendant une politique du centre qui puisse rendre les prestations à portée de tous, Jade n'est pas peu fière de contribuer à enrichir le mouvement culturel à Pointe Noire qui est stagnant, d'après elle, comparé à ce qui se trouve en RDC. " On est proches de nos voisins de la RDC et c'est vrai que ce qui est artistique est présent dans leur vie de tous les jours, que ce soit la mode, la peinture, l' ambiance, la musique, les concerts. Ils sont dedans tandis qu'ici, c'est un peu compliqué. On sent qu'il n'y a pas cette présence de la culture", confie-t-elle tout en justifiant ce vide culturel par l'absence de formations et de débouchés artistiques au Congo. Mais dans ce cas, le centre des arts sera-t-il un jour un centre de formation ? "Pourquoi pas, répond Jade, rentrer un peu dans le rectorat d'une école , donner des diplômes... ce n'est pas mon premier objectif mais après, ça peut s'étendre, sait-on jamais ?". Pour l'instant, le centre prévaut le partage, le plaisir de jouer, d'être ensemble, de transmettre un savoir. Sans le courage, la persévérance, le soutien obtenu et la foi en l'art, l'entreprise de Jade n'aurait pas vu le jour. Artiste, femme entrepreneur, pionnière, la jeune femme conseille aux congolaises de se lancer dans l'entreprenariat, de tenter leur chance et de réaliser leurs projets car d'après elle, " à la fin, on est content d'être là, on a des objectifs, on sait pourquoi on est là, on sait ce qu'on veut développer. Je suggère vraiment de prendre son courage à deux mains et de foncer." Voilà qui donne bien envie d'essayer...

BRAZZAMAG.COM 17


Lorna Boboua do Sacramento Restaurant Le Zandoli Chef

Certains ont découvert sa fraîcheur et son rire franc lors de la dernière saison de l’émission «star chef» sur la chaîne cablée A+, d’autres ont peut-être goûté à ses plats hauts en couleur dans l’un des nouveaux restaurants gastronomiques de Pointe Noire. Lorna Boboua do Sacramento est l’une, voire la seule chef cuisinier gastronomique femme au Congo. Rencontre avec ce bout de femme passionné et gourmand. Par Sarra Guerchani / Photos: Rey Mangouta

18 BRAZZAMAG.COM


La «Top chef» Pour l’amour de l’Afrique et des saveurs.

C

omme tous les matins, la ‘’cheffe’’ arrive dans la cuisine, lance un ‘’bonjour, vous allez bien ?’’ à sa brigade essentiellement masculine et donne le programme de la journée. Le premier service ne commence que dans quatre heures, mais la cuisine s’active déjà pour les préparatifs des plats et des desserts qui seront servis aux clients. L’ambiance est plutôt bon enfant, Lorna ne fait pas partie de ces chefs qui braillent à longueur de journée sur leur équipe, bien au contraire : « je suis plus à l’écoute. Je veux connaître leurs lacunes afin de mieux les guider, explique-t-elle. Nous n’avons pas la même formation, il est donc important que chacun des membres de l’équipe s’adapte à l’autre afin de se respecter et mieux travailler ensemble », ajoute la jeune chef.

Les saveurs de ses origines

La Chef du restaurant s’inspire de la richesse des ingrédients et des saveurs qu’elle puise dans ses origines diverses. Une mère brésilienne, un père congolais et une grand-mère togolaise, un mélange qui inspire Lorna dans sa cuisine. « Je suis de nature très gourmande. La personne qui m’a le plus touchée c’est ma grand-mère. Elle nous faisait souvent des plats du Togo. Je piquais dans les plats pour avoir toutes les saveurs”, expose Lorna Boboua do Sacramento.

«...j’aime beaucoup ce continent, il m’habite depuis toujours».

Le retour au pays et la soif du défis

C’est à Paris, à l’école Grégoire Ferrandi qu’elle s’est formée à la cuisine, puis s’est perfectionnée à l’école “cordon bleu” pour la pâtisserie. Sa dernière expérience en France n’était pas des moindres, c’était avec l’un des chefs les plus médiatisés et préférés, Cyril Ligniac. Mais il y a plus d’un an, l’amour qu’elle porte au continent a eu raison d’elle : « A l’issue de cette expérience, j’ai souhaité revenir en Afrique, simplement parce que je suis africaine et que j’aime beaucoup ce continent, il m’habite depuis toujours. » confie-t-elle. Elle témoigne cependant de la grande appréhension par laquelle elle est passée jusqu’à se demander dans le vol qui l’emmènera à Pointe Noire si cette décision d’un nouveau départ était la bonne, mais sa soif de défis l’a emporté sur les craintes. « A la trentaine, l’envie de découverte était plus forte que tout », souligne-t-elle.

Elle se rappelle aussi, comme si c’était hier, des plats que son père cuisinait avec passion à la famille tous les dimanches. La cuisine familiale de son enfance est aussi un solide point de repère pour elle dans ses recettes généreuses en saveur. «Ma cuisine est un mariage entre différentes cultures et j’essaie d’avoir le meilleur des résultats» indique Lorna, en dressant cette assiette de crabe farci mélangé avec du lait de coco, assaisonné avec quelques épices congolaises et accompagné de bananes plantains. La chef espère un jour avoir son propre restaurant. Mais avant cela, elle aimerait ouvrir une école culinaire afin de transmettre sa passion pour la bonne cuisine.

Les premiers mois ont été difficiles, « Plusieurs propriétaires de restaurants ne prenaient pas mon CV au sérieux. C’est probablement le fait d’être une femme chef et de venir de France », constate –elle.

«Top chef»

Finalement, Lorna tombe sur l’émission « Star chef » sur A+. Elle y participe avec enthousiasme, Adéfendant les couleurs du Congo. Même si elle n’arrive pas au bout de l’aventure, cette expérience lui donnera du poil de la bête et elle finira par être embauchée comme second au restaurant Zandoli où elle finira par devenir le chef et proposer une carte haute en couleur. BRAZZAMAG.COM 19


Nadine Ngolo Propriétaire - Buddha Bar

Nadine Ngolo a fait le pari il a y sept ans d'ouvrir un bar branché à pointenoire, un bar comme on envoit peu au congo. Pour faire marcher son établissement elle a dû surmonter quelques défis. Par SG / Photo Buddha : Rey Mangouta

N

ative de Brazzaville, Nadine Ngolo vit en Belgique depuis plusieurs années. Rien ne présageait cette décoratrice d’intérieur à se lancer dans la création d’un club. « C’est sur un coup de tête que j’ai créé le Buddha-Bar. Au départ, j’étais revenue au Congo pour investir dans l’immobilier. Je me suis rendue compte qu’il n’y avait pas d’endroit moderne et branché pour sortir prendre un verre. J’ai trouvé ce terrain et j’ai décidé d’y construire un bar». 20 BRAZZAMAG.COM

Le potentiel du Congo pour investir

Sentant le potentiel socio-économique de la capitale économique du Congo, elle décide de réaliser en 2009 le Buddha-bar. « Il y a beaucoup de filles et fils du pays, d’expatriés et de voisins le plus proche qui viennent pour s’amuser en semaine et le weekend. La ville de Pointe-Noire est une plaque tournante pour de nombreuses nationalités ».Nadine apprécie le côté cosmopolite de cette ville mais reste fière de ses origines congolaises.


LA PATRONNe

La femme derrière le buddha bar...

Derrière le Buddha-bar, c’est un message d’encouragement et de patriotisme qu’elle entend faire passer aux jeunes générations: “Je veux prouver qu’il est possible de quitter le Congo et d’y revenir pour développer des affaires. Le Congo est un pays où il y a encore beaucoup de place pour de nouveaux investisseurs", souligne-t-elle.

''85% des produits sont importés"

Cependant, depuis que le restaurant la fourchette, situé au sein même du Buddha bar, a ouvert en mezzanine, Nadine est obligée de tout importer avec elle d'Europe. " Pour offrir de la qualité, je suis obligée de tout importer. 85% de nos produits viennent de Belgique et le reste vient du Congo. Le pays n'a pas encore toutes les capacités pour importer le genre de produit que nous

utilisons", confit la propriétaire des lieux. En effet, le Buddha bar représente un challenge, car il n'est pas toujours évident de trouver de la main d'oeuvre qualifiée. "Il y a un grand manque de formation. C'est ainsi que depuis le début, Nadine ramène des gérants de l'étranger," J'embauche des expatriés afin qu'ils forment aussi le personnel local. Le Buddha c'est comme une école", explique-t-elle. Marlgès, l'ouverture de plusieurs nouveaux restaurants à Pointe Noire, aussi prisés par sa clientèle, Nadine ne s'inquiète pas pour l'avenir du Buddha et de son restaurant, car ces deux lieux trendy de la capitale economique ont leurs habitués!

BRAZZAMAG.COM 21


Lona Boungou Ngoma Innocent Directrice générale IMC LOGISTIC

Probablement la première femme congolaise à gérer une société de transport d’hydrocarbure. C’est avec une main de fer que cette native de Pointe Noire dirige IMC Logistic entre Brazzaville et Pointe Noire. Une femme pleine d’ambition et qui inspire les nouvelles générations. Par SG / Photos : Rey Mangouta

A

près plus d’une vingtaine d’années passées en France, où elle y a fait ses études de droit, de commerce international et enfin de logistique, elle revient au Congo, « j’avais déjà l’ambition au départ de rentrer au pays et de créer une structure». Issue d’une famille d’auto-entrepreneurs, il était tout à fait naturel pour cette femme de tenter l’aventure. Malgré les difficultés au début pour se lancer dans ce secteur connoté masculin, elle a dû faire sa bosse en développant toute sorte de business tel que la vente de vêtements, de la robinetterie industrielle et de la location de voitures. 22 BRAZZAMAG.COM

« Un jour une opportunité s’est présentée à moi dans le transport d’hydrocarbure, et j’en ai fait mon métier », indique-t-elle.

Le choc culturel

Durant les années passées en France Lona Boungou Ngoma Innocent, n’a jamais coupé le contact avec Pointe-Noire, elle revenait souvent voir ses parents « Je suis restée connectée avec la réalité du pays », souligne-t-elle. Mais venir passer ses vacances au pays et revenir s’y installer pour se lancer dans les affaires, sont deux choses bien différentes dont elle avait conscience. « J’ai eu énormément de difficultés parce que la culture et la façon de


LA DAME DE FEr En affaire, légalité ne se limite pas au genre travailler ici était très différente de la France », remarque-t-elle. Le sentiment d’incompréhension et le jugement de quelques proches sur son choix d’activité, l’ont finalement bien aidée. « Je suis, certes, une femme, mais je me suis dit que devais y aller, que je devais foncer parce que la volonté de créer et de réussir m’a toujours habitée», se confit-elle. L’aide de certaines institutions financières, l’avait beaucoup soutenue à l’époque en lui apportant du financement et des opportunités d’affaires.

Le sérieux, le dynamisme, la volonté et aller au-delà des préjugés de la société ont été son moteur de réussite en affaires.

« Au-delà de la femme que je suis… »

Lona Boungou Ngoma Innocent n’est pas au bout de ses projets, elle souhaite aujourd’hui étendre son activité au niveau national et international et s’active depuis quelques mois pour l’obtention de la norme Iso et plus que tout continuer à transmettre l’amour du travail à ses enfants.

Elle souligne également que le statut de femme ne l’avait pas aidée pour trouver sa place dans le monde des hydrocarbures au début de sa carrière au Congo, mais «au-delà de la femme que je suis j’avais envie de montrer à tout le monde que l'égalité ne se limitait pas au genre, que j’étais capable de faire…sans prétention, mieux qu’un homme » affirme Lona.

Mère de trois enfant, Lona leur transmet déjà l’amour pour les affaires « J’initie mes enfants pendant les vacances scolaires. Ils viennent travailler avec moi. Ils font même des formations avec moi. Mes filles aiment beaucoup, mon garçon beaucoup moins » dit-elle avec le sourire.

BRAZZAMAG.COM 23


Tchianna Tchicou-Pembey Liputa Swagga Artiste - styliste

Tchianna Pembey Sheiro, alias Qween Tawa, porte deux casquettes. Bercée par la musique de ses parents, Charles Tchicou et Pembey Sheiro, elle se lance à son tour dans la musique d’un nouveau genre où elle associe hip-hop, ragga et électro. Mais ce n’est pas tout. Dès l’âge de 5 ans, cette enfant de stars congolaises est attirée de manière innée par l’univers de la mode. Découverte de la créatrice de la ligne Liputa Swagga, une femme pleine de fraîcheur, un monde haut en couleurs et plein de surprises. Par Sarra G / Photo : Rey Mangouta

24 BRAZZAMAG.COM


Le swag congolais Les Mapapus, ça pique donc sa pointe!

E

lle n’avait que 5 ans lorsqu’elle avait imaginé sa première tenue. Une manche gauche déchirée, une jambe de jean coupée, Tchiana en faisait voir de toutes les couleurs à ses parents avec son look. Ce n’est qu’à 17 ans, en quittant Brazzaville avec ses parents pour Paris, que cette styliste en herbe affirme son identité africaine à travers son style vestimentaire : «Quand j’ai quitté le Congo en 2000 pour la France, j’ai commencé à m’intéresser aux tissus africains. J’ai commencé par modifier mes vêtements avec un tout petit peu de tissus de chez nous », souligne celle qui se fait aujourd’hui appeler Queen Tawa. En effet, étant loin de son pays d’origine, l’utilisation du wax et du bazin est une manière pour elle de rester proche de sa culture : « Dans ma façon d’approcher la mode, je ne suis pas seulement au Congo. Tout m’inspire, même le basin. Le pays me manquait beaucoup, surtout que je ne suis revenue au Congo que 10 ans après l’avoir quitté. C’était difficile d’être loin », souligne-t-elle.

Le fait de choisir le pagne est aussi une façon pour moi d’affirmer ma fierté quant à mon identité africaine», précise-telle avec conviction. Avec sa collection, plus connue sous le nom de Liputa Swagga, Queen Tawa casse les codes et incarnent le dynamisme du secteur de la mode africaine et du 100% made in Africa.

Dans l’ombre de sa mère

Pour une sapologie plus africaine

Titulaire d’un baccalauréat science médico-sociales, diplôme qu'elle a décroché pour faire plaisir à son père qui souhaitait la voir devenir assistante sociale, c’est finalement dans la musique et la mode qu’elle évoluera. Rien de surprenant vu la famille d’artistes dans laquelle elle a grandi. Cependant, Tchiana avoue que cela n’a pas toujours été facile pour elle de sortir de l’ombre de sa mère qui a connu un grand succès et qui a bercé des générations avec sa rumba ; « J’ai l’impression de vivre ma vie de chanteuse à travers celle de ma mère, expliquet-elle. Je suis la fille de Pembey Sheiro pour le public”, insiste-telle. C’est donc à travers la mode qu’elle se démarque. «Dans le stylisme, j’ai mon univers. Je suis Queen Tawa, je suis moi ».

« Il faut que ça pète ! »

Les créations de Tchiana peuvent paraître pour certains extravagantes, d’une part dans la coupe et de d’autre part dans les choix des motifs et des couleurs. «Il faut que ça pète !», scandet-elle. Cette dernière est consciente que son style ne peut pas plaire à tout le monde. «la congolaise classique ne mettra pas forcément mes créations. Par contre, la diaspora ou les européennes oseront plus», indique la styliste de Liputa Swagga. En effet «Ce sont elles qui m’ont donné le courage de me lancer dans la mode», souligne-t-elle.

En tant que fervente admiratrice de la mode africaine, Queen Tawa défend avec ardeur sa vision de la sapologie congolaise : «Les gens ne connaissaient pas beaucoup le pays, mais maintenant avec les sapeurs on fait la promotion du Congo. Ce serait bien que les sapeurs mettent une touche africaine dans leurs costumes», explique-t-elle. C’est pour cela que depuis quelques mois, Tchiana travaille avec des sapeurs pour faire la promotion de cette tendance. «En tant qu’africains, nous devons être moins dans les tendances italiennes ou françaises. Nous devons être plus dans notre univers et créer un mouvement de sape à l’africaine ».

«...Nous devons être plus dans notre univers et créer un mouvement de sape à l’africaine ».

Les ailes de la liberté

Dans un taxi, sur le bord d’une table d’un café… Tchiana dessine ses modèles dans un petit carnet qui ne la quitte jamais,là où l’inspiration la touche. Cette jeune passionnée de mode a un univers qui lui est unique. Sa marque de fabrique ; les épaules larges et plus particulièrement pointues : «les ailes mapapu», comme elle les appelle. Cette spécificité prend tout son sens dans le monde de Tchiana : «Je fais souvent des rêves où je me vois voler. La liberté ! J’aime me sentir libre. Les mapapu, ça pique donc sa pointe.

Tchiana Pembey Sheiro est attachée à ses origines et le revendique haut et fort. Elle a trouvé sa place dans son pays natal. A travers sa musique et ses créations, elle parcourt son chemin en portant l’espoir que le continent poursuive son évolution et que la mode africaine se fasse une place dans les garde-robes des congolais et des africains en général.

BRAZZAMAG.COM 25


T

ous les jours, sauf le dimanche, Monique Tchizinga va dans les champs. Mais avant de s’y rendre, elle doit s’occuper des tâches ménagères. Cela fait près de 45 ans que Monique porte tous les matins sa cuvette sur la tête et parcourt 10 kilomètres en se faufilant entre les herbes pour arriver à sa plantation. Dans cette cuvette se trouve tout son arsenal : la houe, la machette, un bidon d’eau et son petit déjeuner. Selon les saisons, elle cultive du maïs, du manioc, des patates douces, les arachides…Pendant la saison des pluies, c’est-à-dire entre octobre et mars, elle plante les arachides. Il faut compter trois mois pour la récolte. N’ayant pas assez des moyens, elle n’achète que 20 à 30 quakers d’arachides (soit 20 à 30 kilos). Un quaker lui coûte entre 700Fcfa et 1000Fcfa. Ce qui lui permet de récolter 80 seaux de 15 litres qu’elle vend, soit en gros, aux vendeuses du village à 2500Fcfa par seau, soit au détail. Une récolte lui rapporte à peine 75 000Fcfa. Pour elle, c’est une grosse somme puisqu’elle arrive à nourrir sa famille.

La femme d’aujourd’hui

La quinquagénaire n’a pas eu la chance de faire des longues études mais a réalisé un rêve dont elle n’avait pas rêvé. Elle est aujourd’hui Secrétaire Générale d’une association dans son village. Un poste qu’elle a obtenu grâce à sa persévérance. Une belle leçon de vie! Par Ursula Goma

C

’est à Brazzaville, dans le deuxième arrondissement Bacongo, que cette dame de fer a installé son atelier d’art. Non loin des rapides du Djoué, où les sculptures géantes en cannettes métalliques recyclées accueillent tout visiteur. Dans une parcelle où l’air frais du fleuve Congo souffle, «nous respirons de l’air pur», se réjouit Florence. Désignant une oeuvre de trois mètres de hauteur et cinq mètres de longueur en forme d’éléphant, elle précise que «cette sculpture en canettes récupérées au centre ville a été réalisée en huit mois». Ici, la beauté artistique des œuvres d’arts rend songeurs tous ceux qui les voient. On se croirait dans un parc zoologique. Erreur ! «C’est plutôt un vivier de créativité», estime un jeune stagiaire. Ce vivier de créativité est illustré par les tableaux, masques et statuettes accrochés aux murs et exposés sur les tables.

Cette quadragénaire est passionnée d’arts. Son atelier compte une trentaine de femmes et quatre hommes qui ont pu exposer leurs œuvres d’arts lors d’expositions culturelles Florence Mbilampassi ambitionne à transmettre son art aux générations futures, et pour ce, chez elle, les stagiaires ne chôment pas. Malgré la cherté des matières premières et la difficulté à écouler les oeuvres d’arts, Florence réalise un chiffre d’affaires de quatre cent mille francs CFA par mois. Mais, sa clientèle est

26 BRAZZAMAG.COM

généralement constituéede touristes européens venus visiter le site touristique «les rapides du Djoué». Le club vit également des cotisations des membres. Cette association est née en 2000 à l’initiative de Florence. Cette autodidacte a commencé par travailler dans le commerce entre le nord du pays et Brazzaville, avant de se lancer dans le domaine artistique. Son ingéniosité et sa persévérance

ont fait d’elle, aujourd’hui, la présidente du club des femmes artistes peintres et sculpteurs. Mais elle entend aussi transmettre son génie créateur aux jeunes. Objectif : former 60 jeunes désœuvrés grâce au financement du Gret, une ONG Française,

estimé à 6 millions de francs CFA. Kevin Ougué Photo: Gaston Boussouamina


S

ylvestrine Tsibila fabrique divers objets à base de laine et de fils. Quelques années plus tôt, cette mère de famille considérait cette activité comme un passe-temps. Aujourd’hui, non seulement elle en a fait son gagne pain mais elle transmet aussi son savoir-faire. Elle encadre les enfants âgés de 6 ans et plus à Couleur Equateur, un atelier situé dans les encablures au centre-ville de Pointe-Noire.

«Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour, je serai créatrice d’objets d’art”, dit-elle, assise sur un petit tabouret. Devant elle, on peut voir tout son matériel de travail : une paire de ciseaux, des tiges de bambou, des pots de colle, des bouchons, du tissu en pagne, de la laine et du fil de couture. L’artisane fabrique des chouchous, des bracelets, de«s poupées, des boites, des tongues, des colliers, et autres objets de décoration.

Outre son talent et son expérience, elle se démarque des autres artisanes par son leitmotiv : pour elle, un savoir-faire se doit d’être transmis aux générations futures. Sylvestrine n’oubliera jamais sa première création : une poupée. C’est avec une certaine émotion qu’elle revient sur son passé. Elle lève les yeux vers le ciel, sourit et réfléchit un moment avant de se lancer : «Vous savez, j’ai eu une enfance heureuse J’ai fabriqué ma première poupée à l’âge de 7 ans», confie-t-elle. Ses gestes, sa façon de manier la tige de bambou pour étaler la colle, la manette qu’elle a en main, confirment ses dires. Elle le fait avec tellement de délicatesse, d’attention et d’amour que l’on ne pourrait en douter. «J’ai souvent été seule», poursuit l’enseignante. Le timbre de sa voix change. Elle se perd dans ses pensées. Ses yeux, brillent. Elle dépose la tige de bambou. Va-t-elle se mettre à pleurer ? Non, elle reprend ses esprits et ajoute « Ma seule consolation était ma poupée. A chaque fois que je fabrique une poupée, je me sens en sécurité». Preuve en est, de toutes ses créations, la poupée est celle qui se vend le mieux. Sylvestrine a grandi dans le camp de la milice à Brazzaville. Les événements politiques qui ont secoué le pays en 1997, la contraignent à s’installer à PointeNoire. Une fois dans la capitale économique, elle est confrontée à des difficultés financières. Ses copines lui conseillent de se lancer dans la vente d’objets d’art. Un conseil qu’elle ne tardera pas à appliquer. Sa boutique se trouve également à Couleur Equateur. Ursula Goma / Photo : Yohan Freddy

P

arfois, il suffit simplement de rentrer au pays et d’être confronté à une situation des plus banales pour avoir l’idée de sont projet d’entreprenariat au Congo; c’est un peu ce qui s’est passé pour cinq jeunes femmes cofondatrices de la première société d’assistance routière au Congo. Lynelle Mbobi, directrice de l’agence, a ouvert les portes d’ADRA à BM magazine.

est le pouvoir de demain

En 2011, Lynelle Mbobi cofonde la société Assistance Dépannage et Remorquage Automobile (ADRA). L’entreprise travaille 24h/24 et intervient sur toute l’étendue du territoire congolais, pas uniquement en ville. ADRA c’est deux agences : une à Brazzaville et une autre à Pointe Noire. Lynelle Mbobi est une congolaise revenue s’installer dans son pays natal il y a 6 ans, mais bien avant, en 2009, alors qu’elle y était de passage pour les vacances, elle se rend compte de l’absence de moyens pour remorquer des véhicules en panne. Riche de ses 11 années d’expérience professionnelle acquises dans une grande compagnie d'assurance française, Lynelle lance cette entreprise avec l'aide des ses partenaires. ADRA emploie à ce jour cinq chauffeurs entre Brazzaville et Pointe Noire. Lynelle Mbobi est parmi les premières femmes à exercer ce métier, majoritairement attribué aux hommes. Jessica Mimi Photo: Gaston Boussouamina

BRAZZAMAG.COM 27


28 BRAZZAMAG.COM


LA CAPITALE

''BRAZZA LA VERTE'' Brazzaville est la capitale politique et administative de la République du Congo. Sa situation géographique lui donne aussi le titre de ville transit. Brazzaville est reliée à l'Océan par le chemin de fer, à Bangui (Centre Afrique) et le Cameroune par la route et par le fleuve à Kinshasa (RDC). L'omni présence de la verdure dans la ville lui a donné le surnom de « Brazza-la-verte». Brazzaville est une ville en perpétuelle mutation. Des infrastructures modernes se développent de plus en plus, signe de prospérité et de volonté au changement. Brazzaville offre une vue majestueuse sur le fleuve Congo.

BRAZZAMAG.COM 29


VILLES INTELLIGENTES LE NOUVEAU THINK-TANK* Imaginez une ville où l’urbanisme et les nouvelles technologies de l’information seraient associées pour améliorer la qualité des services de votre quotidien ? Il s’agit du concept très en vogue dans plusieurs villes du monde: La ville intelligente. Le Congo en fait son nouveau think-tank. En effet, d’ici 2020-2025 Brazzaville et Pointe Noire comptent devenir deux villes intelligentes avec des infrastructures urbaines à la pointe de la technologie. Ce projet est un levier de progrès économique, sociale et environnemental pour une vie collective meilleure. Par Sarra Guerchani et Ursula Goma

L

es villes Brazzaville et Pointe Noire, totalisent un peu plus de trois millions d’habitants. Avec près de 62,2 % de la population congolaise concentrée dans un espace de 0,3% de la superficie du pays, les villes ont besoin d’une meilleure organisation. « Le concept de ville intelligente permet de faciliter la mobilité des citoyens sur l'étendu du territoire et aussi de diminuer les coûts des services publiques ». Précise Amadou Balde, directeur de la technologie en sein de la compagnie Executable technologies qui utilise des solutions innovantes pour aider les organisations privées et publiques à mettre en œuvre des technologies de la prochaine génération et d'atteindre une plus grande productivité et une meilleure qualité de service. Des projets déjà en cours Un exemple de projet de ville intelligente a déjà vu le jour avec les bus 100% électriques BlueBus de Bolloré Group. Plusieurs projets sont actuellement en cours de réalisation. Parmi eux : « une application mobile pour gérer les horaires et les réservations de la ligne de chemin de fer Congo Ocean. Un premier immeuble intelligent à Pointe Noire, le projet est appelé « Tour des arcades»; Il s'agit de mettre de l’intelligence sur le réseau électrique et informatique du bâtiment pour faciliter et améliorer la gestion de l’énergie et des appareils électriques sur le réseau. Le bâtiment sera muni d’un système informatique pour superviser l’ensemble des installations (alimentations en énergie, éclairage, environnement, climatisation, ventilation et chauffage, contrôle d’accès, vidéosurveillance, sécurité, alarme, etc.) »,explique A.Balde.

30 BRAZZAMAG.COM

Développement de la fibre optique Il est cependant impossible d’aborder la question du concept des villes intelligentes au Congo sans parler des problèmes de connexion internet que connaît le pays. «D’ici là, ce problème ne sera plus qu’un souvenir», confie Valentin Mbemba, porte parole du ministère de l’aménagement du territoire. «Nous avons créé un réseau de fibre optique qui a presque atteint l’ensemble du pays. Nous sommes déjà en train de nous implanter un peu partout ». Nous nous dirigeons vers les districts.», mentionne-t-il.

Pour parler d’une ville intelligente dans un pays, le conseiller au ministère d’aménagement du territoire, Valentin Mbemba, explique que « toutes les conditions doivent être réunies. Une ville intelligente est une ville qui est capable d’avoir un concentré essentiel de capacité de développement et d’offrir des solutions pour ses problèmes internes ». C’est donc un long processus pour le Congo, où il faudra réunir un certain nombre de pré-conditions pour avoir les attributs d’une ville intelligente.

Le financement de 52,4 millions d’euros, approuvé le 18 mai 2016, par le Conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD) au gouvernement de la République du Congo permettra de remédier à offrir une meilleure connexion terrestre avec ses voisins, pour le moment limité. Ce financement permettra également de permettre une meilleure bande passante et de voir les coûts d’accès au réseau internet baissés afin de développer les e-services et l’économie numérique du Congo.

Le respect des normes environnementales et d’urbanisation Parmi ces conditions il est important selon le représentant de la BNETD, Jean Kouadio, «de respecter, dans un premier temps, les normes techniques au niveau de la construction, le code de l’urbanisme ainsi que la condition énergétique. Il a également fait mention du respect de la logistique urbaine quant aux problèmes climatiques, hydrauliques, écologiques, etc. » De plus, les villes intelligentes présentent des solutions à plusieurs niveaux. « Les villes intelligents sont aujourd’hui importantes pour le continent africain», précise Jean Kouadio. «Elles incitent à l’utilisation du vent et du soleil, de la production de l’énergie avec l’usage des panneaux solaires». Il ajoute que, le choix de matériaux à forte inertie et l’oriental optimal des façades en vue d’une ventilation dans nos bâtiments sont d’une grande importance. «Mais, explique-t-il, le système para-sismique, le recyclage des eaux, vulgariser les techniques innovantes, définir une vision de construction durable, élaborer les textes et les normes en matière de construction durable et revoir la qualité de l’environnement sont des facteurs à ne pas négliger».

Pour atteindre ce projet, tous ces éléments sont indispensables, à commencer par le développement d’un réseau de télécommunication urbaine fiable et accssible à tous les citoyens. Afin de renforcer les capacités à se diriger plus rapidement vers les villes intelligentes. Amadou Balde suggère aussi au gouvernement de mettre en place des prêts et bourses dans le domaine des TIC ainsi qu’encourager les espaces d'innovation et d'apprentissage (Incubateur Technologique) et enfin rendre les données publiques accessible aux entrepreneurs afin de leur permettre la création d’application intelligente pour les citoyens. Le partage de certaines valeurs est à construire autour de cette ambition : Partenariat et collaboration entre citoyens, le gouvernement et les institutions privées. Il est également très important de respecter la culture et l’identité des villes concernées et par-dessus tout, avoir l’engagement des citoyens pour une meilleure ville afin que le concept perdure. Si tous ces éléments sont réunis d’ici 2020 le Congo pourra commencer à voir une évolution concrète des villes intelligentes. *Laboratoire d'idées


BRAZZAMAG.COM 31


32 BRAZZAMAG.COM


LE TRANSFERT DE CONNAISSANCES... TOUT UN PROCESSUS Le Congo est en pleine croissance économique depuis ces 5 dernières années. Le pays se transforme et prend sa place sur le continent. Avec une économie très diversifiée et son ambition d’être un hub commercial, c’est aujourd’hui la porte d’entrée vers l’Afrique Centrale. Reste évidemment des problèmes structurels comme l’éducation et le chômage des jeunes, auxquels les expatriés et les congolais de la diaspora apportent une solution concrète grâce à un transfert de connaissances, des formations et de la création d’emplois. Brazzamag s'est intéressé à cette problématique dans le secteur des médias. Michaël Ohayon est consultant responsable d'exploitation de la nouvelle chaîne d'information panafricaine, Africanews, dont le siège est basé à Pointe Noire. Il partage sa vision et son expérience quant au transfert de connaissances au Congo. - Par Karla Cécile Brazzamag: Quel est l’objectif du transfert de connaissances? Michaël Ohayon: Il y a deux objectifs. Le premier, est pour l’entreprise qui s’installe, qui développe des affaires au Congo et qui souhaite obtenir un résultat et une efficacité sur le marché qu’elle vise. Son but est d’obtenir des standards qui soient proches de ce qu’on retrouve en Occident et qui répondent aux attentes du public cible. Par exemple, l'ambition d'Africanews est d'être une chaîne d'informartion panafricaine. Pour atteindre cette ambition, la chaîne apporte de nouvelles technologies, dont elle transfère l'exploitation et le mode d’usage. Ceci permet d'obtenir plus de résultat et d'efficacité à l'antenne. Le second objectif est lié au personnel. Nous avons pour mission et pour ambition de pérenniser le savoir faire qui est utilisé en télévision. Cela veut dire que nous allons transmettre aux personnes que nous recrutons, par l'intermédiaire de la formation et de l'expérience, un savoir-faire des process, des méthodes de travail, qui seront pour elles une expérience qu'elles garderont tout au long de leur carrière. Ces personnes pourront à leur tour transférer leurs connaissances aux acteurs du secteur. Ne pensez-vous pas que cette transmission de connaissances, pourrait à long terme vous porter préjudice ? Par exemple le lancement d'une chaîne concurrente qui utiliserait le savoir-faire que vous aurez transmis ? Plus on a de la qualité autour de nous, plus le service que l’on rend ou le produit créé prend de la valeur. Ceci nous apporte une valeur et une pertinence sur le marché qui sont déterminants par rapport à une éventuelle concurrence. C’est un atout de former les gens. Depuis la naissance d’Africanews nous avons formé plus de 60 personnes au Congo. Quelles sont les conditions pour avoir un transfert de connaissance parfaitement réussi? Les critères les plus importants sont : recruter des personnes prêtes à se remettre en question, ouvertes d’esprit, ambitieuses et travailleuses.

Les intervenants qui viennent sur le terrain transmettent une autonomie autour de ces connaissances. Organiser un plan de formation est nécessaire. Il faut discerner deux étapes essentielles : la formation et l'exploitation. Durant la formation, on essaie, on teste, on apprend... l'erreur est acceptable. Passé cette étape, c'est l'exploitation des connaissances et du savoirfaire qui scèle la formation. Cette ultime étape par contre, ne donne plus droit à l'erreur. C'est la différenciation entre ces deux moments qui aide à un meilleur transfert de connaissances. Pouvez vous nous donner un exemple concret d’une restructuration qui a concerné le projet d’Africanews? L’intérêt de la mise en place d’un vrai plan de formation est venu de la difficulté que nous avions à recruter. Nous sommes arrivés avec des technologies complètement nouvelles (le numérique, la HauteDéfinition, l'archivage de données, la mise en place de médias, etc). Ces technologies se developpent actuellement en Europe. Ici nous avons eu besoin d’expliquer l’utilité et la pertinence d’utilisation de ces outils. La difficulté que nous avons eue à recruter, nous a amenés à mettre beaucoup plus d’énergie et de moyens dans la formation et le transfert de connaissances. Comment rendre ce type de formation accessible aux personnes qui s’y intéressent? À long terme, l’objectif serait d’installer un centre de formation audiovisuel média au Congo et ainsi perpétuer cette nécessité de former. Ce projet permettra également au pays de devenir un hub pour la sous-région et dans le reste de l’Afrique. Les moyens techniques et humains existent, c’est un potentiel énorme. Michaël Ohayon d'Azoy Studio en France a cumulé plus de 20 années d'expérience dans le développement de télévision à travers plusieurs continents.

BRAZZAMAG.COM 33


34 BRAZZAMAG.COM


STADE OLYMPIQUE KINTÉLÉ Des gymnases, des terrains de tennis, une piscine Olympique, un stade de 60 000 places ou encore la construction de nouvelles infrastructures routières, ce sont quelques-unes des conditions réunies par le gouvernement congolais pour permettre le bon déroulement des 11ème jeux olympiques africains . Cette grande-messe sportive africaine s'est déroulée du 4 au 19 septembre 2015.

BRAZZAMAG.COM 35


NOS ARTISANS Le maîtrise des techniques traditionnelles et leurs profondes connaissances des matériaux font de ces femmes et de ces hommes des personnes uniques. Leur travail est à la croisée de l'utile et de la beauté. Durant toute l'année écoulée nous en avons rencontré beaucoup et aujourd'hui nous sommes fières de vous en présenter quelquesuns. Giscard, Lem, Serge, Martine, Brechie, Saky, Justin, Aubin, Roland, etc. Photos: Rey Mangouta Gaston Boussouamina

Sculpteur ébéniste Du côté du warf, juste en face du grand garage du Kouilou, Plusieurs sculpteurs ont intallé leurs ateliers à ciel ouvert. Giscard Lobo Laicha (photo) est passionné par son métier. Cet artiste a passé le clair de sa vie à façonner le bois avec beaucoup d'amour.

Fabriquant de chaussures Dans le neuvième arrondissement (Djiri) de Brazzaville, l’atelier «LEM Service» se compose d’un maître et de deux apprentis qui se consacrent à la création de sandales et de chaussures artisanales.

36 BRAZZAMAG.COM

Vanniers Ils sont à presque tous les coins de rue à Pointe-Noire et Brazzaville. Chaises, tables, armoires, bibelots, etc., ils créent toutes sorte de meubles en liane.

Recycleurs de sacs de ciment Les sacs de ciment recyclés sont prisés par toute catégorie de personne. Certains achètent pour protéger leur parcelle contre les érosions en les remplissant de sable, afin de barrer la voie. D’autres comme les plus démunis les utilisent pour construire des douches.


Fabriquant de savon Saky Bemba, producteur des savons Trinité à Kinsoundi, dans le 1er arrondissement de Brazzaville Makélékélé a implanté son unité de production à Mindouli, dans le département du pool pour augmenter sa production et gagner du terrain.

Créatrice de bijoux Elle a fait de son art un métier. Brechie Ntadi est créatrice de bijoux et brodeuse de vêtements depuis cinq ans, derrière la mairie de Bacongo, dans le deuxième arrondissement de Brazzaville.

Fabrique de briques Les briqueteries, sont une ancienne méthode pour d’autres pays. Au Congo, ce système était très répandu dans les villages notamment avec les briques cuites, avant de s’accroitre dans les grandes villes comme Pointe-Noire. Depuis peu, leur présence est observable dans plusieurs quartiers.

Fabriquants de marmittes

Vendeuse d'amuse-gueules

Casseurs de pierres plates

Plus de la moitié de la population Congolaise utilisent les marmites en cocotte pour la cuisson de leurs aliments. Cependant, nombreux sont ceux qui ignorent ces génies qui réalisent ces œuvres. Eux, se sont des entrepreneurs dans l’ombre comme ils se désignent entre eux. Chaque année ils fabriquent près de 4000 marmites.

A Pointe-Noire comme ailleurs en Afrique les recettes d’amuse bouche régalent les invités pendant des fêtes. Seulement, la vente de cette denrée est longtemps restée limitée à cause des conditionnements non confortables. Avec les nouveaux emballages l’affaire a pris une échelle incroyable.

Sur l’avenue Bord-Bord, vers le rond point Davoum (Pointe-Noire), on aperçoit les tas de pierres plates alignés sur quelques quinze mètres. La pierre plate a une durée de vie beaucoup plus longue que les carreaux communément utilisés, ce qui justifie la différence de prix entre les deux matériaux. Les pierres plates sont vendues par tas de 5000 pièces à 20 000Fcfa.

BRAZZAMAG.COM 37


SAPEZ

VOS CHAUSSURES USÉES

ET SI VOUS N’AVIEZ PLUS À JETER VOS CHAUSSURES USÉES Bigard Moussa a eu l’idée de faire du «recyclage des chaussures». Ce jeune congolais s’est installé au Congo il y a 20 ans. Son métier? Donner une deuxième vie aux chaussures abîmées. Avec beaucoup de talent, il utilise les tissus africains pour les customiser. Par Ursula Goma

C

haussures en croco, escarpins, pochettes Gucci, Versace, Dior, Valentino… les femmes en raffolent toutes ! Mais que faire lorsque l’on possède des pièces aussi belles mais un peu trop usées pour être portées? Bigard Moussa, lui, a la réponse. «C’est un peu grâce aux Ghanéens que je fais ce métier aujourd’hui», confie-t-il. Dans ses mains, il tient une vieille paire d’escarpins roses de 12 cm de haut qu’il vient de s’acheter à 2000 Fcfa. Moussa a aussi un couteau qui lui sert à décaper le tissu abîmé sur les chaussures. Bigard s’est inspiré. des Ghanéens malgré le fait qu’ils n’étaient pas cordonniers. Après le départ de ces derniers, il décide de s’installer là où ils étaient, persuadé que cet endroit lui porterait bonheur.

38 BRAZZAMAG.COM

Avant, le jeune immigré n’était qu’un simple vendeur de produits divers, aux abords du grand marché. Vêtu d’une veste en jean et d’un pantalon bleu clair, Bigard est assis sur un tabouret, tête penchée, très concentré sur son œuvre qu’il espère revendre à 7000 Fcfa, après l’avoir transformée. «Les femmes dépensent beaucoup d’argent en chaussures», souligne-t-il tout en continuant à travailler. En donnant une nouvelle vie à ces chaussures abîmées, il épargne à ses clientes des dépenses en plus.

Un jour, il tombe sur une émission télé ouest africaine qui mettait en valeur les chaussures customisées. Une vraie révélation pour Bigard. «Je me demandais souvent pourquoi les femmes jetaient leurs chaussures alors que celles-ci valaient une fortune», s'interloque-t-il. Le lendemain, à son travail, il décide d’essayer de refaire ce qu’il vu à la télé. Et il ajoute que ce fut une expérience fructifiante puisqu’il avait réussi à reproduire exactement ce qu’il avait vu. Depuis, je suis devenu spécialiste de la customisation et je suis à cent pour cent autodidacte», expliquet-il avec le sourire.

L’élément déclencheur

En trois étapes

Lorsqu’il commence le métier de cordonnier, il constate que la majorité de ses clients sont des femmes. Il décide alors de se dédier à leurs besoins. L’attention seule ne suffira pas. Il devra aussi se démarquer de ses concurrents.

Bigard s’approvisionne chez les vendeurs de chaussures, qui liquident les paires abîmées à des prix dérisoires, entre 1500 Fcfa et 2000 Fcfa. Trois étapes, une heure de temps, et la magie opère. La première étape consiste à retirer délicate-


ment le tissu abîmé sur toute la surface de la chaussure et à faire quelques ouvertures avec un couteau. Ces ouvertures permetent d’introduire le tissu. Ensuite, il passe une couche de colle qu’il laisse reposer pendant 5 minutes avant de procéder à la dernière étape qui consiste à poser le tissu. Le choix des tissus se fait en tenant compte des exigences des clientes et aussi selon, l’inspiration de l’artiste. Bigard fabrique cinq paires de chaussures par jour. Pour une paire, il utilise 0,5 mètre de tissu. et le prix d’une paire de chaussures customisées est de 5000 Fcfa si la cliente apporte son propre tissu. Si c’est lui qui doit fournir le tissu, le prix varie entre 7000 Fcfa et 8000 Fcfa.

ma part de mettre autant de chaussures à la poubelle», regrette la cliente. Pour mon mariage, je cherchais des chaussures bleues qui iraient avec ma tenue. Voyant que cela allait me prendre beaucoup de temps, j’ai demandé à un artisan d’utiliser un morceau du tissu de ma tenue pour customiser ma pochette et mes chaussures. Ca été une réussite», confie la jeune dame. Une réussite pour elle, et un succès pour Bigard, car la majeure partie de ses clientes font partie de la diaspora. Le jeune artisan raconte que grâce à cette niche il est bien payé. “D’ailleurs, nous savons tous que pour customiser une chaussure en Europe, il faut avoir un budget d’environ 20 euros”, ironise-t-il. Qu’à cela ne tienne, l’artisan

soutient que ses prix sont compétitifs. Les mariages et les grandes fêtes sont une aubaine pour lui. De nos jours, il existe des nombreuses astuces pour transformer ces vieilles chaussures en «chaussures neuves». Il ne fait aucun doute que toute femme a du mal à se débarrasser de ses vieilles chaussures. Grâce au tour de magie de Bigard, vous savez maintenant comment leur redonner vie ! Photos: Rey Mangouta

Aujourd’hui, Bigard a choisi d’utiliser un tissu multicolore sans pour autant s’expliquer la raison de ce choix, il est convaincu que, c’est le meilleur modèle de tissu pour cette paire de chaussures. Avant même d’avoir terminé l’œuvre, une cliente s’arrête déjà et se renseigne. La discussion dure deux minutes. La cliente est pressée, mais satisfaite des informations données par l’artisan. Elle promet de revenir.

De plus en plus d'adeptent du concept

Baumel Camille Nzouabouli, cliente de Bigard, avait aussi l’habitude de jeter ses chaussures abîmées. En 2008, en voyage à Abidjan, elle découvre la customisation des chaussures. Depuis, elle a décide de réduire ses dépenses en optant pour cette option. Pour son mariage par exemple, souhaitant avoir quelque chose d’originial, elle s’était adressée à un artisan. Pour elle, la chaussure, c’est l’élément clé de la garde-robe féminine. «C’était bête de

BRAZZAMAG.COM 39


40 BRAZZAMAG.COM


VISION QUALITE CREATION COMPETENCE STRATEGIE INSPIRATION

NOTRE VISION, VOTRE SUCCÈS www.whitemamaprod.com

BRAZZAMAG.COM 41


Yann Mokoko Responsable du recrutement au sein d’un groupe international leader dans le secteur du e-commerce et ancien chasseur de tête, Yann Mokoko a lancé en janvier 2016 la plateforme RH Talenbiz, destinée à l'échange et au réseautage des jeunes talents congolais nationaux et de la diaspora. Titulaire d’un master 2 de grande école de commerce, en Ressources Humaines, il s’emploie depuis quelques années à aider les talents nationaux et expatriés dans leur carrière en Afrique. Ces derniers sont souvent confrontés au manque de visibilité sur le marché de l'emploi local de certains pays africains, dont le Congo, ainsi qu’au manque d’attractivité de ces marchés pour les nombreux candidats à l’expatriation. Yann Mokoko partagera chaque mois des conseils pour vous aider dans votre recherche de travail ou dans vos projets d'entreprises.

Sommaire La viabilité d'un Projet (P.42) Démarrer sans capitale (P.44) Bien choisir ses partenaires (P.45) Rentrer et investir au Congo (P.46)

LA VIABILITÉ D'UN PROJET VÉRIFIER LA VIABILITÉ DE SON PROJET D’ENTREPRISE AVANT DE SE LANCER ? Une bonne idée ne suffit pas toujours à la réussite d’une entreprise. De nombreux paramètres peuvent décider du succès d’un projet, c’est pourquoi il est vital d’en étudier la viabilité au préalable de son lancement. Quels sont les paramètres et étapes à prendre en compte ? Voici quelques pistes :

42 BRAZZAMAG.COM


bLOG carrière Les lundis sur brazzamag.com L’ÉTUDE DE MARCHÉ C’est une étape fondamentale à la création d’une entreprise, permettant de s’assurer de la faisabilité commerciale de son projet. Elle donne possibilité à l’entrepreneur de mieux connaître les tendances du marché ciblé. L’étude de marché apporte des éléments concrets qui permettent d’établir un budget prévisionnel. Elle peut aussi prendre la forme d’une analyse SWOT. Cette analyse vous permet de définir quatre points importants afin de bien cerner votre projet : 1. Opportunité : quelle est ma concurrence ? Quels sont mes clients potentiels ? En quoi mon offre est-elle originale ?

istratifs, fournitures etc.). Une fois le budget prévisionnel établi, vous aurez une vision précise de la rentabilité de votre projet. Garder le cap et rester positif Un business plan vous permettra de vous lancer sereinement dans votre activité, en ayant un cap à suivre. Il n’est pas obligatoire et de nombreux business à succès démarrent en sautant cette étape. Cependant, votre activité aura d’autant plus de chances de réussir que vous aurez au préalable de son lancement, analysé tous les paramètres liés à son développement. Ce chemin peut s’avérer long et soumis à divers imprévus, aussi, restez positifs et lancez-vous à 100% dans l’étude du projet auquel vous croyez. Bon courage!

2. Faiblesses : Mon marché est-il saturé ? Suisje limité par mon financement initial ? Ma clientèle cible est-elle difficile à joindre ? 3. Forces : Mon projet répondil à un besoin ? La demande est-elle en croissance ? 4. Menaces : Quels éléments extérieurs pourraient s’opposer au développement de mon idée ? Quelles contraintes s’opposent à moi (taxation, normes restrictives etc) En répondant à ces questions, cette première approche permet d’effectuer un rapide état des lieux et du potentiel de votre idée. LE BUDGET PRÉVISIONNEL Une fois votre étude de marché réalisée, il est important de définir votre budget prévisionnel, qui vous permettra de définir vos besoins et d’analyser le financement de votre entreprise. L’établissement de ce budget peut être réalisé en plusieurs étapes : 1.Lister ses besoins de départ 2.Décider de l’apport à mobiliser 3.Détailler précisément l’évaluation du chiffre d’affaires prévisionnel, ainsi que de la marge à réaliser sur les produits ou prestations 4.Estimer toutes les charges de fonctionnement (loyer, carburant, assurance, frais adminBRAZZAMAG.COM 43


DÉMARRER SON AFFAIRE SANS CAPITAL Quelles sont les premières étapes pour lancer son activité ? Comment démarrer son affaire lorsque l’on n’a pas de capital, ou que celui-ci est très limité ? Observez ce qui manque autour de vous et cherchez comment y répondre.

Quel est le besoin auquel je réponds ? Concerne-t-il beaucoup de monde ? Est-ce facilement explicable et exploitable ? Voici les questions à se poser impérativement pour évaluer ce besoin autour de soi. Sans capital de départ, partez d’une frustration du quotidien, d’un besoin senti auquel vous cherchez une réponse, vous tiendrez peutêtre là, les premières clefs de votre business.

Construisez des partenariats

Cherchez dans votre entourage des personnes qui ont accès à des ressources dont vous avez besoin et pensez à ce que vous pouvez leur offrir en retour. Prenons un exemple concret : vous n’avez pas de terrain, mais vous souhaitez démarrer une activité agricole (production alimentaire de base, pour lutter contre la vie chère par exemple). Vous pourriez dans ce cas vous rapprocher d’un propriétaire, à qui vous proposeriez de vous laisser exploiter son terrain pour lancer votre production, si vous lui offrez en retour votre connaissance, votre capacité de travail et un pourcentage sur vos futures ventes.

lancez une plate forme !

Stratégie efficace, qui peut très bien fonctionner selon les secteurs. Continuant à nous baser sur notre exemple business agricole, cela pourrait ainsi ressembler à ceci : vous rentrez en contact avec des fermiers qui produisent déjà au sein d’une coopérative. Tout en leur laissant la possibilité de continuer à produire ensemble, en gros, vous leur proposerez de trouver les acheteurs pour eux. Vous pourrez alors vous rémunérer sur la base d’une commission sur les ventes.

Crowdfunding (Sociaux financement)

Ce concept peut se définir comme le financement d’un projet par une levée de fonds auprès d’un grand nombre de personnes, ce qui de nos jours se fait très souvent via Internet. Lorsqu’elles aboutissent, ces démarchent sont le moyen efficace de pouvoir booster le lancement de votre affaire. Inspirez-vous des entreprises qui prospèrent dans d’autres pays d’Afrique Il faut faire une différence entre copier et s’inspirer. L’inspiration à partir des autres est très fréquente dans les affaires. Congo, RDC, Cameroun, Gabon, nos pays sont confrontés aux mêmes problématiques de vie quotidienne. Il y a de fortes chances que les bons concepts des uns, fonctionnent bien chez les autres. Bon courage !

44 BRAZZAMAG.COM


BIEN CHOISIR SES PARTENAIRES Business en Afrique, comment avoir le bon réflexe pou bien choisir ses partenaires ou les partenaires qu'il(s) vous faut L’un des facteurs de réussite clefs du succès de son entreprise réside dans le choix de ses partenaires. Au Congo, ce choix est d’autant plus important tant il est conditionné par de nombreux facteurs (connaissance du terrain, fiabilité, honnêteté, professionnalisme) et l’application que l’on met à choisir ses futurs associés est cruciale pour la suite de son projet. Comment bien les choisir ? Quels sont les pièges à éviter ? Voici quelques pistes :

Privilégier la compétence au cercle familial Beaucoup d’entrepreneurs ou de créateurs de business lancent leur activité en s’associant avec des membres de leur famille. La vérité peut s’avérer tout autre. Bien sûr, l’Afrique possède un grand nombre de business familiaux florissants, mais la plupart d’entre eux suivent des modèles « traditionnels » et sont transmis à travers les générations d’une même famille, ce qui change complètement la donne. Dans le cas d’une création d’activité, l’association avec un proche n’est tout simplement pas une bonne idée. Est-ce que votre proche a les compétences techniques que vous recherchez ? Disposerat-il des connections, du réseau, de l’éthique professionnelle ou des finances nécessaires ? Au moment des choix importants, difficiles, votre lien de parenté serat-il un avantage, ou un boulet accroché à votre pied, vous empêchant de prendre les décisions qui s’imposent ? Voici autant de questions que vous devrez vous poser avant de choisir la facilité, en vous associant à un parent.

Organisez et structurez votre recherche Vous ne pourrez pas limiter votre recherche à la publication d’une annonce, assumant le fait que la première personne qui vous répondra sera la bonne. Si vous cherchez le partenaire idéal, ne vous limitez pas à si peu. Voici quelques manières de rentrer en contact avec des professionnels de votre domaine d’activité : Rapprochez vous de l’association locale régissant votre industrie, ou des institutions compétentes, pour vous présenter ou rencontrer des professionnels Ex : chambre de commerce, coopérative agricole, association d’artisans, association d’exploitant des mines, école d’informatique etc. Il existe forcément un/ des organismes régissant le secteur d’activité dans lequel vous souhaitez travailler. Ils sont en contact avec les membres et connaissent leurs besoins. Cette méthode est très efficace car quand vous rencontrerez votre potentiel partenaire, vous serez déjà « validé » par l’organisme régisseur et bénéficierez de fait d’une plus grande crédibilité. Cherchez, visitez et rejoignez les espaces de coworking (travail en réseau) et différents business hub, propre à votre région (au Congo, le BantuHub parrainé par Verone Mankou en est le meilleur exemple). Les personnes qui en sont membres sont de manière générale travailleuses, visionnaires et dynamiques. De plus, elles se connaissent souvent très bien, ce qui est idéal pour se faire du réseau rapidement. Cherchez de possibles conférences, colloques, ou assemblées générales ouvertes au public, dans votre domaine. C’est de fait une excellente manière de trouver réunies sur un même espace, des personnes compétentes, partageant la même passion que vous. Les partenariats que vous tisserez vous permettrons de garder un temps d’avance sur vos concurrents, une fois votre business lancé. Bon courage !

Ne cherchez pas juste un partenaire, mais un « expert » de son domaine Si vous disposez d’un partenaire qui connaît déjà son secteur d’activité, en tant que spécialiste, il pourra non seulement contribuer de manière concrète sur un terrain déjà approché, mais il ne sera également pas inquiété par les nombreux challenges potentiels liés à un lancement d’activité. Ne devenez pas un « instructeur », mais créez une dynamique positive avec votre partenaire. Un autre gros problème lorsque l’on développe un partenariat familial, ou dans un cadre non professionnel, est le fait que vous pouvez rapidement endosser le costume de l’instructeur. Si vous arrivez à créer une dynamique positive d’échange avec votre partenaire, vous aurez davantage de chances, non seulement d’atteindre vos objectifs, mais de les dépasser. Durant votre phase de sélection, posezvous la question suivante « est-ce que je me vois travailler avec cette personne quotidiennement, en me laissant guider, lorsque nécessaire ? ».

BRAZZAMAG.COM 45


CINQ CONSEILS POUR TRAVAILLER OU INVESTIR EN AFRIQUE De plus en plus de diplômés de la diaspora rentrent au pays pour y investir ou y trouver du travail. Voici cinq conseils pour prendre votre projet du bon bout.

1- Le diplôme ne fait pas tout

Votre diplôme, qui représente la validation des connaissances acquises durant vos études, ne sera pas forcément votre arme principale pour trouver du travail au Congo et dans le reste de l’Afrique. Sur des marchés de l’emploi, où encore plus qu’ailleurs, la notion de réseau est importante, votre diplôme vous permettra avant tout de faire état de votre capacité d'adaptation. Pour le reste, la pratique s’avérant en Afrique, être souvent très différente de la théorie apprise au cours des études, voire même de la pratique acquise hors d’Afrique (en Europe par exemple), il faut pouvoir être capable de se remettre en question .et de s’adapter.

3- Pensez « réseau »

De même que les étudiants réussissant le mieux sont souvent ceux ayant la meilleure méthode de travail et qui restituent efficacement les connaissances reçues de leurs enseignants – contournant leurs propres faiblesses – les personnes réussissant le mieux leur retour en Afrique, sont souvent celles sachant utiliser leurs expériences passées pour s’approprier leur nouvel environnement. C’est cet esprit ''caméléon" qui fera, entre autres facteurs, le succès d’un retour en Afrique.

4- Ne mettez pas toutes vos cartes dans le même panier

2- Sachez vous adapter

Les marchés de l’emploi en Afrique centrale sont encore, il faut le reconnaître, moins stables qu’ailleurs. Pour réussir son retour dans la durée, il faut donc pouvoir faire preuve d’adaptabilité. L’économie de nombreux pays de la région étant tournée vers l’exploitation des énergies fossiles, l’impact de certaines crises – comme celle du pétrole que nous connaissons actuellement – peut avoir des conséquences très dommageables sur l’emploi. Dans ce cas de figure, il faut pouvoir rapidement changer son fusil d’épaule et se tourner vers d’autres secteurs. Ainsi, si un secteur entier comme le pétrole est touché, n’hésitez pas à vous tourner vers les mines, l’énergie verte, ou les grands travaux par exemple. Si votre compétence métier est peu développée, considérez des métiers transverses. Ainsi, un diplômé en communication, pourrait envisager une carrière dans les sales/vente entre professionnels, de même qu’un diplômé en carrière juridique pourrait envisager de se diriger vers les carrières sociales ou dans l’administration. L’idée est donc ici de comprendre la situation du marché, d’anticiper les changements, afin de subir le moins possible les obstacles éventuels.

46 BRAZZAMAG.COM

La notion de réseau est primordiale en Afrique. Elle doit se travailler au quotidien, comme un sport. Sortez des sentiers battus et de votre zone de confort. Partez de votre entourage immédiat et commencez à rencontrer des personnes dans votre secteur d’activité et ailleurs. Intéressez-vous à leurs parcours et présentez-vous sous votre meilleur jour. Courez les forums d’affaires, les exhibitions et autres événements de société. Les opportunités professionnelles et les partenariats d’affaires démarrent souvent comme ça.

Loin d’être un mythe, le rythme de vie en Afrique laisse plus de temps au développement d’activités secondaires qu’en Europe (ce qui ne veux pas dire que l’on y travaille moins !). Que l’on soit salarié ou entrepreneur, il est important de pouvoir réfléchir à des sources alternatives de revenus. Penser à une deuxième activité détient plusieurs avantages : développer son réseau, occuper son temps efficacement, se protéger en cas de coup dur dans son activité principale et élargir ses sources de revenu. Observez votre environnement, notez ce qui s’y trouve et surtout ce qu’il y manque ! Les entrepreneurs à succès sont ceux qui répondent efficacement aux besoins de leur environnement, alors foncez! Il y a tant de choses à faire en Afrique !

5- Ne vous découragez pas !

Et enfin (et surtout) ne vous découragez pas. En Afrique, les progressions et les parcours sont souvent moins « linéaires » qu’en Europe et ailleurs. Il est parfois moins facile de rebondir rapidement, lorsqu’une mission s’arrête par exemple, ou lors que l’on perd un marché. En revanche, les possibilités de faire croître son affaire, quand on se trouve sur le bon créneau, en tant que patron, ou d’évoluer rapidement si l’on fait ses preuves sur son poste par exemple, y sont beaucoup plus grandes. Gardez donc les conseils précédents à l’esprit pour avoir un temps d’avance sur votre environnement et foncez ! Bon courage !


BRAZZAMAG.COM 47


48 BRAZZAMAG.COM


LE PORT AUTONOME

POITE-NOIRE Alors que plusieurs pays du continent africain n’ont pas d’ouverture sur la mer, le Congo s’est lancé le défi d’approvisionner tout l’hinterland n’ayant pas d’accès maritime. Objectif : devenir un hub en Afrique centrale. Un enjeu fondamental pour l’économie du pays. Le Congo doit son port dans la capitale économique, Pointe Noire principalement grâce à sa géographie idéale dans le golfe de Guinée. Cet emplacement stratégique lui accorde le privilège d’être le carrefour des principales routes maritimes internationales.

Depuis que le programme de modernisation du port a été mise en place en 2009, sa capacité annuelle a plus que doublé, passant ainsi de 250 000 conteneurs à plus de 570 000 en 2014. Ce terminal maritime est désormais le plus grand port de l’Afrique centrale. Sa mission est d’être le moteur d’entraînement de l’économie du Congo, d’être au service de toute la sous-région et surtout garantir des prix compétitifs des produits sortant de l’Afrique centrale.

BRAZZAMAG.COM 49


7 ACTIVITÉS OÙ INVESTIR AU CONGO

Depuis ces dernières années, la République du Congo affiche un taux de croissance économique annuel d’environ 5%. Le paysage du pays est en pleine mutation. Urbanisation accélérée, industrialisation, diversification des ressources et modernisation de son économie font en effet parti du Programme National de Développement pour 2012 – 2016. BrazzaMag a sélectionné dix secteurs d’activités qui offrent de multiples opportunités d’affaires.

LE TOURISME Avec une riche biodiversité façonnée par ses forêts, ses réserves naturelles, sa côte sauvage océanique ou encore son grand fleuve, le Congo est propice au développement d’un tourisme écologique. Un tourisme de découverte pourrait aussi se déployer puisque certaines zones du pays abritent des populations indigènes connues pour leurs traditions ancestrales et leur patrimoine artisanal unique. En 2013, le Congo a été classé 39ème destination touristique mondiale par le New York Times, la République du Congo est une destination de prédilection pour les amateurs d’écotourisme.

L'AGRO-INDUSTRIE

L’autosuffisance et l’exportation sont deux objectifs pour le Congo. Comme seuls 3% de terres arables sont mises en valeur sur les 12 millions d’hectares, l’agriculture représente un secteur à fort potentiel. Annuellement, près de 100 milliards de FCFA sont dépensés dans l’importation de produits alimentaires tels que les légumes, la viande et le poisson. Parmi les opportunités existantes: le développement de la production du café, du cacao et du tabac. En matière de transformation des aliments, il existe de nombreuses opportunités, notamment le développement de la pêche continentale et maritime, le développement de la production agricole et halieutique, la construction de structures de transformation et de distribution commerciale ou encore de stockage.

LES NOUVELLES TECHNOLOGIES Le Congo mise sur la formation des jeunes congolais dans les nouvelles technologies et les métiers émergents, domaines qui représentent un levier économique pour le pays. Exemples d’opportunités : développement du réseau Internet, développement d’applications pour faciliter le transport des citoyens.

50 BRAZZAMAG.COM


LES INFRASTRUCTURES ET L'INDUSTRIE La République du Congo multiplie les stratégies de renforcement de leur coopération bilatérale avec plusieurs pays du sud en vue du développement industriel. La promotion du secteur privé est l’un des chevaux de bataille du gouvernement. L’un des projets prometteurs du pays est la création des zones économiques spéciales (ZES). La première a vu le jour à 80 km de Brazzaville. Cependant, plusieurs autres projets de ce type sont souhaités dans d’autres départements du Congo. La modernisation, la construction des infrastructures de base dans tout le pays (route, pont,etc), construction et gestion des centres commerciaux, cités résidentielles (villes nouvelles), espaces verts constituent d’autres opportunités d’affaires dans le pays.

LES TRANSPORTS

LES SERVICES

L’intention du Congo est de regagner son titre de « pays transit ». Le transfert des marchandises entre Brazzaville, le nord du pays, la République Centrafricaine et la République Démocratique du Congo passe par le fleuve Congo qui reste, à ce jour, la seule alternative sur l’axe Congo Brazzaville/République Centrafricaine. Ainsi, le développement des infrastructures de transport est crucial. Transport routier : construction, équipement, développement des services et entretien des réseaux interurbains. Transport fluvial : création d’une unité de transport fluvial. Transport aérien: En tant que hub aéroportuaire de l’Afrique centrale, le Congo a rénové plusieurs aéroports dans le pays. Il y a donc un grand besoin de formation pour exercer les différents métiers du transport aérien.

Plusieurs services sont en attente de création ou de financement. Exemples d’opportunités : création d’un centre de sondage, création d’un système de transfert de fonds directement sur le téléphone portable, création de parcs d’attraction, création d’un fond de capital d’investissement spécialisé dans la mise en place de coopératives de transformation, de distribution et de production dans le but de permettre à plus de jeunes d’accéder à un emploi.

LE DÉVELOPPEMENT DURABLE Il est possible d’investir dans le traitement et l’exploitation des déchets industriels, hospitaliers et ménagers ou encore dans l’assainissement des agglomérations. Le secteur industriel, dont celui de l’exploitation du bois, aurait avantage à profiter d’un accompagnement écologique pour son déploiement. Le développement des énergies renouvelables tel que l’énergie solaire ou éolienne est aussi fortement encouragé dans ce pays. Le Congo a lancé un appel aux investisseurs privés pour la création d’une centrale solaire d’une capacité de 500 MW. BRAZZAMAG.COM 51


POUR LA PETITE HISTOIRE... Un souvenir, c'est d'abord une histoire qu'on se raconte et qu’on raconte aux autres. C’est dans cet esprit de partage que Christ Henriti à eu l’idée avec quatre autres entrepreneurs de lancer la plate-forme interactive “réservoir à souvenirs”. Chargé de développement et responsable du développement de la zone Afrique au sein de la startup « Etrange Ordinaire », ce congolais basé en France depuis l’âge de 16 ans partage cette aventure. Par SG

Brazzamag : Présentez-nous réservoir à souvenirs. Christ Henriti : Le réservoir à souvenirs est une plate forme de collecte de souvenirs en ligne. Vous pouvez d'ores et déjà écouter par le biais de notre site les souvenirs de quelques habitants de Ouenze et de Bacongo. Quel est l’objectif du réservoir à souvenirs ? Le réservoir à souvenirs a pour objectif de valoriser des territoires à travers des anecdotes ou des souvenirs des ses habitants. Nous mettons en place des objets connectés au territoire qui vous accompagnent lors de la découverte d’un quartier et vous invitent à porter une oreille attentive aux souvenirs que vous croisez. Nous souhaitons créer des liens dans un quartier tout en donnant un rôle à chacun des habitants. Comment vous est venu cette idée ? L’idée de collecter les souvenirs et les partager m’est venue suite aux explosions du 4 Mars 2012 à Brazzaville. Je suis originaire de Ouenzé et j’étais sur place lors de ces évènements. En plus de la douleur de perdre des êtres chers et de voir leurs logements anéantis

52 BRAZZAMAG.COM

s’ajoutait pour les survivants l’épreuve de devoir partir vivre ailleurs ou de continuer à vivre dans un quartier qui n’avait plus rien à voir avec ce qu’ils ont connu toute leur vie. Il me paraissait donc évident qu’il fallait essayer de sauver ce qui pouvait l’être encore. Lorsqu’on a tout perdu sur le plan matériel, seuls les souvenirs restent. J’ai pris l’initiative de récolter les souvenirs des habitants du quartier sur la vie avant les explosions et aussi les souvenirs qu’ils avaient gardé du 4 mars afin de conserver la mémoire collective du quartier. Qu’est-ce que le réservoir à souvenirs vous a apporté sur le plan personnel ? Ce travail m’a permis d’apprendre des choses ou d’entendre des anecdotes que

« En Afrique, chaque fois qu'un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle» - Amadou Hampaté Bâ

j’ignorais sur mon quartier. Cela a été pour moi une manière de redécouvrir ce quartier que je pensais pourtant très bien connaître. Je me suis aussi rendu compte que tous les quartiers de Brazzaville pouvaient gagner à constituer des bibliothèques

vivantes de ce genre qui dévoileraient leurs atouts. Comment fonctionne le réservoir à souvenirs ? Concrètement, la plateforme web s’adresse à toute personne qui a une anecdote à partager ou qui souhaite faire découvrir le lieu où elle habite au monde entier. Pour partager un souvenir, l’utilisateur doit créer un compte sur la plateforme puis y déposer son souvenir, le dater et le rattacher à un lieu sur un map monde. Il peut aussi rajouter une traduction écrite ou une description de son récit. Pour écouter les souvenirs, nul besoin d’avoir un compte. Il suffit juste de se rendre sur la plateforme et choisir un lieu sur la carte puis se laisser transporter par le récit. Ce qui permet à un potentiel visiteur de se faire une idée de l’endroit qu’il compte visiter, un peu comme si vous regardiez des photos d’un endroit que vous prévoyez de visiter. Ici, vous écouterez directement les habitants du lieu.


Quels sont vos projets pour réservoir à souvenirs ? Plusieurs projets sont actuellement en cours afin d’offrir une expérience complète d’immersion dans la mémoire des villes. Nous travaillons sur la conception d’une machine à souvenirs. Cette machine servira à récolter des souvenirs dans des musées, des mairies, des festivals ou même chez des particuliers lors de mariages, de funérailles ou tout événement susceptible de rassembler des gens. C’est une sacrée mission que vous avez là, sachant qu’au Congo, comme ailleurs, certaines traditions se perdent. Chez nous, les traditions se transmettent oralement. Avec l'exode rural qui s’intensifie toujours un peu plus d’année en année et l’évolution des sociétés, si on n’y prend pas garde, plusieurs facettes de la culture du monde rural risquent d’être perdues àjamais. Nous avons un devoir de témoignage à l’égard des générations futures. Nos enfants comme les générations qui les suivront, ont besoin de connaître ce qui constitue leurs racines. Une communauté d’ambassadeurs bénévoles désireux de faire découvrir leurs quartiers sera mise en place après le lancement de l’application mobile afin de récolter des souvenirs partout. Donc tout le monde peut poster un souvenir ? J’invite les pouvoirs publics, les communes, les associations à s’approprier ces outils ainsi que les habitants qui souhaitent nous faire découvrir les endroits où ils vivent, à ne surtout pas hésiter à nous les envoyer. Nous nous ferons un plaisir de les partager avec le monde entier. L’écrivain Malien Amadou Hampaté Bâ disait « En Afrique, chaque fois qu'un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle» . Nous avons donc avec le réservoir à souvenirs le moyen de sauver quelques livres de la bibliothèque avant qu’elle ne se consume entièrement.

BRAZZAMAG.COM 53


''CHEZ GASPARD" COMME À LA VIELLE ÉPOQUE

UNE INSTITUTION AU CONGO Environ 40 ans ce sont déjà écoulés et le nganda Gaspard (bar en français) fait toujours parler de lui. Il est l’un des nganda le plus fréquentés de la ville océane. Prince avait 8 ans quand cet espace à l’époque boutique de ventes de bonbons et autres produits divers, commençait à faire ses premiers pas. Aujourd’hui, Prince a 64 ans marié, retraité et père de 8 enfants. Il ravive ses souvenirs d’antan. Par Ursula Goma / Photos : Rey Mangiouta

S

itué au cœur du grand marché de Pointe Noire du citoyen lambda qui fait son marcher dans ce coin achalandé de la ville, le nganda Gaspard est un lieu mythique et incontournable dans la capitale économique. Il est peint en rouge et blanc, les couleurs d’une des bières commercialisées au Congo.

perpétuer l’activité de celui-ci. Il n’avait que 32 ans. Il s’arme de son

« Chez Gaspard », est à la fois un centre de repos et un restaurant.

assumer sa succession ». Ce qu’il faudra noter, est qu’à l'époque de

Malgré la chaleur et l’humidité, ce centre de repos ne désempli pas.

son défunt père, les nganda ne courraient pas les rues. Le fils ne s’est

Environ une cinquantaine de places pour ne gaspiller aucun centimè-

pas seulement contenté d’assurer la succession, il l’a transformée en

tre carré. Et le restaurant, lui, a pour mission de faire saliver les clients.

nganda.

L’odeur de poisson braisé parfume et ouvre l’appétit à ses clients et

« Il n’y avait pas beaucoup de nganda à ce moments-là. J’ai décidé de

aussi aux passants.

transformer cet espace en nganda. Les gens venaient danser pendant

courage et démissionne de son poste pour réaliser ce rêve. «Après la mort de mon père en 1979 », raconte Gaspard Mbougou, « j’ai décidé de démissionner du chemin de fer où je travaillais pour

les grandes fêtes et les weekends. Au fil de succès, «le bilan que je La pierre à l’édifice

peux dresser pendant ces quatre dernières décennies est concluant.

Pourtant il n’y a pas grand-chose à voir. C’est à la mort de son père

Les gens peuvent désormais danser en semaine ainsi qu’en week-end

dans les années 79, que Gaspard Mbougou, fils du défunt, décide de

c’est-à-dire les mercredis, jeudis, vendredis et samedis». confie-t-il.

54 BRAZZAMAG.COM


Les souvenirs d’un

ment qu’ils réfléchissent à comment faire leur entrée et

enfant de 8 ans

voler la vedette au vieux.

Danser, c’est ce que

Tout compte fait, l’idée que le fils a eu à l’âge de 32ans de

Prince est venu faire

transformer cet espace en nganda n’était pas finalement

ce week-end. Sur la

une mauvaise idée. Il a réussi embellir le visage de cet

piste, l’homme esqui-

endroit à le rendre attrayant et à mettre le sourire sur le

sse les pas de danse

visage de ses clients.

« J’ai presque grandi ici », dit-il. Tout heureux, il fredonne un air musical, comme s’il venait d’atteindre l’âge de la puberté. « Je viens ici quatre fois dans le mois pour me distraire. Ici il y a la tranquillité. On écoute de la bonne musique. La musique de notre époque bien sûr», crie-t-il en essayant de se faire entendre, car, la musique est très forte à tel point qu’on arrive à peine

ON A TESTÉ POUR VOUS ''Chez Gaspard'', le restaurant, est un lieu Incontournable pour les amateurs de cuisine locale. Au menu poissons braisés, soles grillées ou liboké. On y mange aussi un des meilleurs Saka saka de la ville de Pointe Noire. Un conseil : appeler ou ne pas arriver trop tard pour choisir les mets les plus prisés de cette institution gastronomique congolaise. Pour moins de 5000 Fcfa, régal assuré et le personnel est très agréable !

à l’entendre. Mais Prince, n’a pas tort lorsqu’il affirme avoir grandi dans cet endroit. Ce nganda a vu le jour dans les années 60. « Vous voyez ce petit trou là-bas au coin », indique dit-il, « c’est par là que le vieux Gaspard nous servait lorsqu’on venait s’acheter du pain ». Effectivement, à l’entrée de Gaspard, à gauche, il y’a une petite fenêtre et n’allez pas vous imaginer que ce nganda était une boulangerie ? Non s’en n'était pas une. Dès qu’il finit d’exhiber ses pas de danse, un vieux de plus 70 ans habillé en pantalon et chemise blanche, fait son entrée. Tous les regards sont rivés vers lui. Les sapeurs, eux assis dans un coin sont impressionnés. Certaine-

BRAZZAMAG.COM 55


7 LOISIRS À ESSAYER AU CONGO BALAIS DES BALEINES Laurent et Jean-Marc vous embarquent à bord de leur bateau type, Sea Fox, à la découverte des baleines et des orques, au large de l’océan Atlantique. Si vous êtes chanceux vous assisterez peut-être à un balais de ces mammifères marins. L’activité commence à la mi-juillet et se poursuit jusqu’à la fin octobre. Les sorties se font sous réservation du lundi au dimanche de 9H à 15h. Places limitées à 6 personnes par sortie.

PÊCHE AU GROS Entre amis ou en famille, pendant une journée ou bien une demi-journée, découvrez la pêche au gros poisson en embarquant dans le sea fox. Les propriétaires du bateau vous fourniront l’équipement nécessaire au besoin. Les places sont limitées à six par sortie.

56 BRAZZAMAG.COM


SURFER À POINTE NOIRE Certains vont surfer en Australie ou à Hawaï, d’autres choisissent les vagues du Congo. Le surf est un sport encore peu populaire du côté de Pointe-Noire, mais il est aujourd’hui possible d’apprendre à surfer grâce à Patrick Bikoumou, qui y a installé l’école de surf "La Pyramide''. Les meilleurs sites pour surfer sont : Pointe Kunda, Côte Sauvage et M’Vassa (à 45 minutes de PointeNoire). Si vous n’êtes pas amateur de surf, piquer une tête ou bronzer sur les plages de sable fin avec un bon livre est tout aussi agréable !

SORTIE EN ULM Émotion grandeur nature garantie ! La vue des côtes atlantiques à bord d’un ULM est époustouflante. Les réservations et les départs se font à l’aéroclub de Pointe-Noire. Une expérience unique qui vous fera découvrir une partie du Congo et surtout apprécier sa nature féérique.

BRAZZAMAG.COM 57


CHUTE DE LOUFOULAKARI Pas besoin d’aller trop loin de la capitale pour découvrir ce paradis sur terre. Les chutes de la Loufoulakari sont à 80 kms de Brazzaville. Ses cascades sont le résultat de convergence de la rivière de la Loufoulakari et du fleuve Congo. Les visites se font de jour et une voiture est nécessaire pour circuler sur la piste qui vous emmènera jusqu’à ce lieu extraordinaire.

TRAVERSÉE DU FLEUVE CONGO C’est le fleuve le plus puissant du monde après celui de l’Amazonie. Il sépare les deux capitales congolaises (Kinshasa et Brazzaville). Plusieurs types d’activités sont proposées par des agences locales, parmi lesquelles : la traversée entre Brazzaville et Kinshasa, les excursions, le ski nautique, la pêche sportive et la baignade, le tout dans un cadre éblouissant.

58 BRAZZAMAG.COM


LES SARAS Laissez vous envelopper par une végétation luxuriante dans le village très chaleureux de les Saras. Un des lieux les plus emblématiques de ce village est la cabane perchée sur un baobab en plein cœur de la forêt du Mayombe. Vous pouvez y faire du trekking ainsi que la fameuse descente de la rivière en bouée. Une belle expérience !

BRAZZAMAG.COM 59


BISSO NA BISSO ... Par

[LE BLOG]

MAMAMUNDELE

U

n jour, quelqu’un m’a dit: “tu verras, là-bas, tu apprendras, tu souffriras mais tu apprendras, et là, ta vie ne sera plus jamais la même”! Je vous parle de Ça, c’était il y a presque 10 ans, un mois de juillet, j étais dans l’avion en direction de Brazzaville. Ce que cette personne m’a dit est resté là, près de moi, durant toutes ces années, et c’est ce long parcours semé de bonheurs et d embûches que j aimerais partager avec vous. Ces années d’expériences, de rencontres(pour certaines,extraordinaires), de découvertes, certes parfois farfelues mais enrichissantes, toutes ces petites anecdotes que j’aimerais partager avec vous, moi simple française installée depuis presque 10 ans au Congo, à Pointe-Noire, je vais vous faire découvrir MON Congo, celui que je raconte à travers mes yeux, celui qui risque de vous prendre un sourire ….ou une larme! Je suis Mama Mundele, on aime m’appeller mundele ( La blanche)! Je suis d’origines diverses et de culture adaptable. J’ai la bougeotte plus une famille, donc je voyage assez régulièrement ! J’ai exercé beaucoup de métiers, de la décoration à la restauration en passant par la mode! Vous avez une maison à décorer? Je suis la personne qu'il vous faut, un mariage à organiser? Devinez?… un saka à préparer? Je cours au marché!, Bref, plein d’idées en tête, des projets en préparation, j'espère participer activement au développement artistique de ce merveilleux pays qu’est le Congo, ce pays qui m’a littéralement adoptée depuis tant d’années. Ce pays qui m’a appris, qui m’a donné, qui m’a remerciée ! Merci Congo, na koki ko bossa na yo te, et n’oubliez pas… un seul doigt ne peut laver le visage…Bisso na bisso

LES ''WAXIS''

Emblématique de l'Afrique, le WAXI est bien plus qu' un simple petit accessoire de mode, c'est un objet qui a une valeur symbolique, culturelle et surtout sociale. Conçu à la main, à partir de chutes de Wax (Tissu africain) recyclées, ces bracelets aux mille et une couleurs, tous différents, sont uniques et vont vous faire voyager... ...Pour la petite histoire, c'est au fin fond du grand marché, dans un petit atelier qui me confectionne ma garde robe depuis plusieurs années maintenant, que le WAXI est né. Ce jour là, mon couturier avait besoin de la mesure de mon poignet. Ne trouvant pas le mètre, j'ai alors ramassé cette bande de tissu en substitut, je l'ai enroulée autour de mon poignet et coupée. L'idée de faire de ces bouts de textile inutilisables des bracelets m'est venue instantanément. J'ai ensuite pensé à la façon de les transformer pour les rendre raffinés et pratiques. Et Voilà! La fabrication a commencé...Dans ce tout petit atelier, au fin fond du Grand Marché... Son petit plus : À chaque fois qu'il sera adopté, une bouteille d'eau sera partagée dans les hôpitaux et les orphelinats du Congo.

60 BRAZZAMAG.COM


Maître Traore , couturier depuis bientôt 40 ans , originaire de Mauritanie, Ci-contre, dans son petit atelier au Congo ouvert en 1982 . C'est ici que les Waxis ont vu le jour. Il est en train de trier les chutes de tissu qui vont ensuite passer à la confection. Chaque morceau de pagne à son histoire,il a servi à fabriquer un vêtement à quelqu un ici.

Processus de fabrication des WAXIS. Apres avoir été trié et coupé, les bouts de tissus sont surfilés pour ensuite y ajouter les pressions. Chaque bracelet est fait à la main.

Enfin terminés, vous pouvez les assembler comme bon vous semble. Des couleurs infinies, des tailles variées, il est votre lien avec le Congo...et son peuple. A vous de continuer l'histoire de votre WAXI... Il etait une fois... Photos: Rey Mangouta

BRAZZAMAG.COM 61


D'ICI... UN MÉTIER DE LA DÉBROUILLE Les nouvelles technologies ont donné naissance à de nouveaux métiers de la débrouille dans les rues de Brazzaville et de Pointe Noire. Au Congo, des vendeurs ambulant vendent des clés USB avec la musique de votre choix. Par Ursula Goma Photo : Rey Mangouta

I

ls sont plusieurs vendeurs à érer dans les

deur ambulant depuis l’an 2000.

son domicile aux aurores et rentre chez lui peu

rues de la ville, un poste de radio avec

Il a troqué la vente des sandales contre la vente

avant minuit. Dans la journée, il sillonne les

un port USB, et une musique forte pour

de la mu sique.Il se balade avec sa vielle radio-

salons de coif- fure pour dames.

attirer l'attention des passants et souvent un

cassette et passe toutes sortes de chansons

Et la nuit, il cible les vieux restaurants, là où

son saturé qui agace ces derniers. Ils ne sont

pouvant intéresser les clients.

il est sûr de rencontrer des hommes d’un

pas diplômés d’une école de commerce et

«Je pense avoir fait un bon choix. Cette activité

certain âge.

pourtant, ils ne manquent pas de créativité

est très rentable.

Chaque vendeur y va de sa stratégie pour ac-

pour convaincre les clients. Pour eux, «il faut

Je vends plus de 5 clés USB par jour. Pour une

croître ses revenus. Pendant qu’Eslain cible les

suivre la tendance». La vente de clés USB

clé, j’ai un bénéfice d’environ 4000Fcfa», rac-

restaurants les week-ends, Brice Massamba,

contenant de la musique fait fureur dans les

onte ce vendeur.

lui, va du côté de Nzassi, frontière avec le

rues de Brazzaville et de Pointe Noire. Ils en

Cabinda.

Entre les stratégies utilisées et les difficultés rencontrées

«Tous les week-ends, je me rends à Nzassi. Je

Les vendeurs achètent les clés USB au prix

Mais Eslain, n’est pas le seul à avoir décou- vert

end. Une recette que je ne peux pas faire à

de gros, entre700Fcfa et 1000Fcfa, puis ils

ce créneau. La concurrence a engendré une

Pointe-Noire », confie ce vendeur.

s’approvisionnent en musique chez des pro-

perte de gains. Pour pallier à cela, il mul- tiplie

Même si ces vendeurs connaissent de beaux

fessionnels. Une chanson leur coûte 50Fcfa.

les stratagèmes. D’abord, il a commencé par

jours, ce métier de la débrouille reste con-

Ils chargent au moins 40 à 50 chansons dans

baisser ses prix. «J’ai réduit mes prix parce qu’il

treversé par les producteurs de musique, vic-

une clé USB. Le prix final de vente est en

y a une forte concurrence sur le marché. Je

times de la technologie. En effet, ces dernier

moyenne de 5000Fcfa.

vendais une clé USB à 15000Fcfa. Aujourd’hui,

sont touchés par ce phé- nomène. La contrefa-

je la vends à 5000F», ajoute-t-il. Ensuite, Eslain

çon impacte significa- tivement leurs projets.

vendent en moyenne dix par jour.

La clé USB attire et divise

se concentre sur la cible et définit la catégo-

La vente de musique sur clé USB, est une «

rie de musique pour chacune d’entre elles. Et

mine d’or», pour ces vendeurs. Certains, ne

finalement, comme dernière stratégie, il y a le

vivent que de ça. Eslain Hombessa, est ven-

choix des horaires et des lieux de vente. Il quitte

62 BRAZZAMAG.COM

réalise 120.000Fcfa de recette en un week-


BRAZZAMAG.COM 63


64 BRAZZAMAG.COM


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.