BSC NEWS MAGAZINE MAI 2013

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BSC NEWS

© Couverture Gaetan et Paul Brizzi - Citation Enzo Cormann

N°58 - MAI 2013

On a le théâtre qu'on mérite! 1 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013


L’édito

de NICOLAS VIDAL

ADONNONS-NOUS AUX festivités

culturelles

À quelques encablures de l’été, il n‘est pas forcément nécessaire d’aller aux confins du royaume pour s’adonner à de belles programmations culturelles, ni de traverser le pays de part en part pour profiter de festivals de haute volée. Ici aussi, n’en déplaise à quelques rigoristes parisiens mondains, en Province ( Au sujet de la prononciation, évitez de vous attarder sur la première syllabe en laissant traîner la seconde tout en pinçant la langue juste ce qu’il faut pour finir sur un zezeutement des plus raffinés sur la dernière) nous aurons l’occasion d’assister dès les premières chaleurs de juin à des événements qui ont le mérite de nous concocter des programmations remarquables et sont devenus incontournables. Les choses sérieuses commencent dès le 13 mai avec le Festival Arabesque de Montpellier, qui se définit comme les rencontres des Arts du Monde Arabe et qui se poursuivra jusqu’au 19 mai dans différents lieux de la ville. Puis, ce sera au tour du très riche Printemps des Comédiens* ( du 4 au 30 juin) qui ne cesse de prendre de l’ampleur, orchestré par Jean Varela,

qui, cette année encore, avec sa verve et sa Vista théatrale, fait venir à Montpellier dans le cadre majestueux du Domaine d’Ô, des comédiens, des circassiens, des musiciens et des metteurs en scène de grand talent pour un millésime qui s’annonce déjà comme remarquable. Nous le recevons à cette occasion dans nos pages pour qu’il nous dévoile les secrets de sa programmation. Ensuite, la belle cité de Pézenas dans l’Hérault célébrera le théâtre avec son « Molière dans tous ses éclats »* du 15 au 26 juin qui nous réserve bien des surprises pour sa 5e édition avec notamment la venue de plusieurs personnalités du théâtre ainsi que de nombreuses représentations autour de l’oeuvre de Molière. Un événement à ne pas manquer , situé dans l’une des plus belles villes du département où tout concourt à proposer un théâtre accessible. Une belle initiative culturelle que nous soutenons. Ne laissons pas de côté la 19ème édition d’Uzès Danse qui se déroule dans le Gard du 14 au 19 juin à quelques kilomètres de Nîmes sous le soleil de la garrigue gardoise pour un

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festival imprégné d’une singularité forte et d’une programmation toujours plus audacieuse qui est à faire valoir sur votre agenda. Toujours dans le registre de la Danse, l’incontournable Montpellier Danse se déroulera cette année du 22 juin au 6 juillet pour sa 33e édition avec une programmation aux confluences de la danse et de ses déclinaisons. Cette année, Emmanuel Gat en sera le chorégraphe associé. Que vous soyez profane, amateur de danse, ou puriste, vous trouverez forcément le spectacle idéal au milieu du foisonnement des représentations. Le Festival Radio France* sera également l’un des événements majeurs au coeur de l’été montpelliérain du 11 au 25 juillet avec une programmation extrêmement riche et variée où la musique classique et l’Opéra seront célébrés pendant deux semaines autour de quatre grandes thématiques. Un des incontournables de cette saison estivale où nous vous encourageons à prendre vos précautions pour réserver vos places dès maintenant. Car les invité(e)s seront tout autant prestigieux que peut l’être l’exigence de ce festival. Pour les amateurs de poésie, nous vous recommandons cette année de faire un détour dans la petite ville de Lodève située au nord-ouest de Montpellier où résonneront les Voix de la Méditerranée* du 16 au 21 juillet sous la férule passionnée de Franck Loyat. L’honneur est donné à la poésie et à la diversité de ses voix qui emplissent les rues, les places et les arrières cours de Lodève. Un festival courageux, audacieux et délicieux où il fera bon de venir prendre le frais sous les platanes pour écouter de la poésie, discuter avec des poètes et lire quelques vers, juste pour le plaisir. Si vous redescendez vers la mer, arrêtezvous à Thau au bord de la Méditerranée

pour vous enivrer de musique au Festival de Thau* (du 16 au 23 juillet) qui propose de très nombreux artistes de la scène nationale où vous pourrez notamment le 21 juillet vous régaler du Jazz d’Éric Legnini que nous recevons ce mois-ci dans le Jazz Club. Et nous finirons par le Festival de la Terrasse del Catet* qui se déroulera du 21 au 27 juillet dans des coins fleurant bon l’authenticité au nord de l’Hérault où l’impression d’être hors monde ne vous quitte pas. Aventurez-vous sous les pinèdes et les cours du Château de Mus, gambadez sur les pelouses du Château de Coujan et venez écouter du Jazz, de la musique classique, ou laissez-vous embrigader dans une farandole circassienne au milieu de feu d’artifice de textes et de mots sous toutes leurs formes. Le BSC NEWS vous recommande d’oser toutes ces festivités culturelles et propose de vous y retrouver. D’ici là, ce nouveau numéro est chargé de ces premières senteurs de l’été qui nous incitent à rêver et nous prélasser sur de nouvelles découvertes. Liens des différents événements ( Le BSC NEWS MAGAZINE est partenaire des festivals signalés par un astérisque )

www.festivalarabesques.fr www.ville-pezenas.fr ( Festival Molière ) www.printempsdescomediens.com www.uzesdanse.fr www.montpellierdanse.fr www.festivalradiofrancemontpellier.com www.voixdelamediterranee.com www.festivaldethau.com www.sortieouest.fr

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GEORGES LAVAUDANT p.6

jean VARELA p.18

Paul et GaEtan Brizzi p.37

CYRIL TESTE p.64

MARTINE LEROY.68

Jean Michel CHARON p.56

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PASCALE BORDET p.86

DIANA STETSON p.180

MichEle Anne De Mey p.78

EXPOS P.172

TRIO REITH-MUTH-WILTGEN p.164

ERIC LEGNINI P.159

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THÉATRE

GEORGES

LAVAUDANT Texte Julie Cadilhac / crédit photo Artcomart

& DR

Acteur, dramaturge et metteur en scène, Georges Lavaudant a été également co-directeur du Centre Dramatique National des Alpes en 1976, directeur de la Maison de la Culture de Grenoble en 1981, codirecteur du TNP de Villeurbanne en 1986; il est nommé ensuite directeur de l'Odéon-Théâtre de l'Europe en 1996 et le restera pendant onze ans. Certaines de ses mises en scène ont vu le jour à la Comédie Française, à l'opéra de Paris, ceux de Lyon et de Montpellier et même au delà des frontières. En novembre 2007, il crée sa compagnie LG Théâtre et dernièrement on a pu voir son Misanthrope de Molière, son Ajax ou encore Une tempête d'après La Tempête et Le songe d'une nuit d'été de William Shakespeare. Pour ce printemps 2013, il a choisi de monter Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, un choix aiguillé par l'envie de trouver une pièce fédératrice et chevaleresque qui convienne aux cieux étoilés. "Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul!", s'exclame Cyrano, figure théâtrale française au coeur tendre et à l'épée vaillante, qui nous est infiniment sympathique pour son idéalisme chevillée au corps, son sens du devoir et de l'honneur, son verbe poétique et romantique. Edmond Rostand a conçu une comédie héroïque sertie de scènes mémorables; beaucoup sont inscrites dans l'imaginaire collectif si bien qu'on dit parfois que Cyrano incarne "l'esprit français" . Les fulgurants Patrick Pineau et Frédéric Borie seront Cyrano et Christian dans la mise en scène imaginée par Georges Lavaudant: la promesse d'un feu d'artifice théâtral tant les deux acteurs sont réputés pour la générosité et l'énergie de leur jeu et le metteur en scène pour l'originalité de ses créations et la pertinence de sa direction d'acteurs. Aussi nous sommes enchantés de vous offrir en touffe, sans les mettre en bouquets, tous les mots du chef d'orchestre de ces heures tremblantes d'émotion, frénétiques et fulminantes, que nous attendons avec impatience!

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" Vous souvient- il du soir où Christian vous parla Sous le balcon? Eh bien! Toute ma vie est là : Pendant que je restais en bas, dans l'ombre noire, D'autres montaient cueillir le baiser de la gloire! C'est justice, et j'approuve au seuil de mon tombeau : 7 génie et Christian était beau! " ( Cyrano Molière a du de Bergerac , Acte V, scène 4) - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013


Quelle a été la genèse de ce projet? Monter Cyrano, une des pièces emblématiques du théâtre français, était-ce un rêve de metteur en scène que vous souhaitiez concrétiser depuis longtemps? Pour moi, non, pas du tout. Quand j'ai démarré le théâtre, ce n'est pas du tout le type de pièces vers lequel je souhaitais aller un jour; cette création est vraiment une surprise pour moi et elle a deux origines : on fait la création au Théâtre de Fourvières, en plein air, avec lequel maintenant on a une collaboration régulière et où l'on a joué plusieurs spectacles ; il y a deux ans j'y avais mis en scène La Tempête et le Songe d'une nuit d'été et lorsqu'on réfléchit à chaque fois aux lieux de plein air, pendant une période "de vacances" on va dire, on pense toujours à quelque chose d'un peu festif et qui ait une grande générosité. On avait donc parlé de plusieurs pièces possibles et celle-là est d'un coup, en quelque sorte , sortie du chapeau. Le second point auquel on est obligé forcément de

Patrick Pineau est Cyrano ©DR

penser lorsqu'on veut mettre en scène Cyrano, c'est à l'acteur qui va jouer le rôle, qui est un rôle écrasant, et il faut donc un acteur avec lequel on se sente parfaitement bien et là, j'ai eu la chance d'avoir Patrick Pineau avec lequel j'ai souvent collaboré dans des spectacles tragiques comme La Mort de Danton ou dans des spectacles plus légers - il a joué les rôles principaux dans Le Fil à la patte de Feydeau ou dans Le chapeau de paille d'Italie de Labiche. J'ai pensé que c'était l'acteur qui me fallait pour incarner mon Cyrano. Côté distribution donc, qui avezvous choisi pour incarner Roxane, le pendant féminin de Cyrano? On a fait un grand pari ; on s'est décidé à prendre une très jeune fille, Marie Kauffman, qui sort du Conservatoire de Paris; on a auditionné beaucoup de jeunes filles parce qu'on voulait qu'il y ait ce contraste avec un homme un peu plus mature et une Roxane qui ait une fraîcheur; avec évidemment

Marie Kauffman est Roxane ©DR

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une difficulté qui se pose - et à laquelle il faudra trouver des solutions - puisqu'au cinquième acte elle a 15 ans de plus. Depuis le début des répétitions, je sens que c'est le bon choix que je souhaitais faire. Et pour les autres rôles? Ce sont beaucoup d'amis, un peu la garde rapprochée de gens avec qui j'ai plus ou moins travaillés : il y a par exemple Frédéric Borie que vous connaissez et qui est de Montpellier , qui a été au Conservatoire avec Ariel Garcia Valdès et qui jouait Saint-Just dans la Mort de Danton. C'est une pièce relativement difficile à jouer par son grand nombre de personnages, sa longueur, un rôle titre de plus de 1600 vers, des décors qui changent d'un acte à un autre, une scène de bataille à représenter, des

scènes intimistes qui s'enchaînent avec de grandes réunions collectives… dans une telle comédie héroïque, le metteur en scène lui aussi ne cesse de relever des défis, non? Oui, effectivement, vous avez raison de le dire. Evidemment, comme nous sommes dans une version plein air, il est très difficile de faire cinq décors différents de par la pluie, que sais-je le vent…et puis ce n'est pas l'intérêt; on ne va pas faire du décor naturaliste dans un espace de plein air qui a ses propres caractéristiques . On est donc parti sur quelque chose de très sobre dans lequel ce sont les costumes qui expriment le baroque, la fantaisie et l'historicité ; oui, ce sont les costumes, qui ne deviennent non pas le décor mais qui enchantent la pièce. L'espace lui-même est simple; il n'y a qu'un élément de décor. Il y a le balcon tout de même…? Il y a le balcon, oui, peut-être pas Le mais Un balcon que vous découvrirez. On n'a pas évité l'idée de la hauteur , de la distance entre Roxane et Cyrano.. et Christian qui parlent dessous.

Frédéric Borie est Christian ©DR

Vous avez conçu une mise en scène dans une facture complètement classique ou vous y avez inséré des libertés musicales , des détails anachroniques ? Je n'ai jamais la volonté d'être historique ; il y a toujours des fantaisies. Cette pièce, ce n'est pas Racine ou Victor Hugo…c'est un peu la fin du

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"On sent qu'Edmond Rostand est un jeune homme quand il écrit cette pièce ; donc il faut garder cet enthousiasme un peu foufou et parfois même un peu confus …il faut ainsi que la mise en scène, la musique, les déplacements aient quand même une fantaisie." vers et de l'alexandrin, il y a quelques vers de mirliton dans la pièce ellemême et on sent que Rostand est un jeune homme quand il écrit cette pièce et donc il faut garder cet enthousiasme un peu foufou et parfois même un peu confus... il faut ainsi que la mise en scène, la musique, les déplacements aient

quand même une fantaisie. C'est une très belle pièce avec des moments déchirants, absolument tragiques et profonds mais il faut lui garder aussi sa fantaisie. Cyrano est un personnage terriblement attachant, d'où son succès certainement. Pour

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quelle(s)raison(s) vous séduit-il vous particulièrement? C'est pour ce qu'il dit lui-même à un moment, ce que l'on fait un peu dans l'art: ce côté un peu Don Quichotte qui fait que même si l'on se bat contre des moulins à vent, même si l'on se bat et l'on sait qu'on va perdre, on continue de se battre... Ce n'est pas Sisyphe, non, mais il y a dans l'art toujours un élément qui fait qu'on sait qu'on y arrivera jamais… Ainsi quand un ingénieur construit un pont, il sait que son pont va fonctionner et tenir… En art, ce n'est pas que ça ne va pas forcément fonctionner mais c e s e r a t o u j o u r s i l l u s o i r e ; l a perfection n'existe pas en art et c'est peut-être pour ça que c'est important que ce soit dans nos vies. L'art est peut-être, d'un certain côté, une école de l'échec. Chez Cyrano, je crois que ce qui me séduit, c'est ce personnage qui est conscient qu'il ne réussira pas et qui déploie des trésors d'énergie, de sensibilité, d'invention tout en sachant que peut-être à la fin il ne restera rien. Comme on dit au théâtre, quand c'est fini, il n'y a plus rien... ce n'est pas même comme le cinéma comme la peinture, il ne reste rien.

J'ai pu lire dans une présentation de Daniel Loayza ( qui s'occupe de la dramaturgie dans cette création) que vous étiez " sensible aux identités qui se bâtissent en doutant d'elles-mêmes, poussées avant par leur fêlure"? Dans cette pièce, outre Cyrano, Christian aussi a une fêlure, non? Roxane et De Guiche aussi. Dans cette pièce, il y a trois amoureux d'une jeune femme qui finit par découvrir que sa vie , qu'elle avait cru construite et solide, était bâtie sur des sables mouvants. Il y a donc quatre personnages qui, à la fin, se retrouvent dans une terrible déception et une illusion par rapport à ce qu'ils avaient cru construire. Ce n'est pas une pièce triste ou moralisante mais il y a cette idée ténue que ce que l'on croit parfois n'est pas aussi solide qu'on l'imagine. Cette pièce enchaîne les scènes emblématiques ( la tirade du nez, la joute verbale entre Cyrano et Christian, la scène du balcon, la déclaration ratée de Christian, la mort de Christian au front, la mort de Cyrano…)…un challenge pour un metteur en scène? Avez-vous essayé de rompre avec l' imagerie nationale et collective, véhiculée

"Ce n'est pas une pièce triste ou moralisante mais il y a cette idée ténue que ce que l'on croit parfois n'est pas aussi solide qu'on l'imagine. " 11 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013


notamment par le cinéma ou l'école? Nous sommes tous imprégnés par cette imagerie collective; le premier mois, on a vu des films , on a lu et cette pièce, on l'a parfois étudié en classe ; d'ailleurs, si vous dîtes Cyrano dans la rue, tout le monde vous en dira quelque chose, son nez etc…on est vraiment devant un challenge mais en même temps, il y a deux solutions: soit on reproduit à l'identique ce qui a existé , soit on met beaucoup plus les pieds au mur, on tente de déconstruire, on fait les choses de manière tellement différente qu'on perd peut-être aussi la saveur… donc moi j'ai l'impression de m'être tenu au milieu du gué ; ce n'est pas du tout un non-choix mais plutôt une volonté d'assumer les moments de bravoure dans une for me de modernité, grâce à l'acteur qui interprète le rôle-titre.

Encore une fois, je crois que tout est vraiment lié à l'acteur qui interprète Cyrano; la tirade des nez, en pure mise en scène , elle n'a pas de difficulté particulière, par contre l'acteur qui est en train de la dire, lui, il est devant un Himalaya à chaque fois. Dans cette pièce, il y a des moments réunions collectives avec les précieuses ou les cadets de Gascogne… comment les avezvous montrés? Nous sommes plutôt dans une version "réduite"; il y avait la volonté que l'on ne soit pas cinquante personnes sur scène de façon excessive; on voulait se tenir très proches des protagonistes principaux et ne pas les noyer dans le grand spectacle : il n'y a pas trente cadets, il n'y a aucune précieuse, pas de chevaux ni de

"J'ai l'impression de m'être tenu au milieu du gué ; ce n'est pas du tout un non-choix mais plutôt une volonté d'assumer les moments de bravoure dans une forme de modernité, grâce à l'acteur qui interprète le rôle-titre. Encore une fois, je crois que tout est vraiment lié à l'acteur qui interprète Cyrano; la tirade des nez, en pure mise en scène , elle n'a pas de difficulté particulière , par contre l'acteur qui est en train de la dire , lui, il est devant un Himalaya à chaque fois." 12 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013


pas voulu qu'à un moment ça apparaisse comme une chose identifiable. La fameuse scène célèbre du troisième acte avec De Guiche, où Cyrano affirme tomber de la lune, est effectivement purement une scène de Commedia dell'arte mais on a plutôt essayé de la traiter avec sérieux, même elle demeure une scène qui peut être comique. Le mot d'ordre, c'était de rester poétique avant tout car il y a une saveur du langage, une convention langagière dans cette pièce - et en particulier dans la "scène de l'homme de la lune", qu'il

carrosses . C'est plutôt une version concentrée, haletante, nerveuse et qui est centrée sur les principaux personnages. Ce qui ne veut pas du tout dire que Lignière, Montfleury, Lise et toutes les bonnes soeurs qui sont autour, par exemple, n'ont pas d'importance et d'intérêt mais on a choisi de faire une version resserrée. Cyrano et ses rodomontades a tout d'un personnage-type de la Commedia dell'arte, c'est un Capitan, un Scaramouche… avezvous travaillé aussi en ce sens avec Patrick Pineau? Je ne l'ai fait pas dans les codes mais Patrick Pineau qui sort du Conservatoire de Paris a fait l'Ecole des Masques avec Gonzalez et il connait ça par coeur ; mais je n'ai

"C'est plutôt une version concentrée, haletante, nerveuse et qui est centrée sur les principaux personnages. Ce qui ne veut pas du tout dire que Lignière, Montfleury, Lise et toutes les bonnes soeurs qui sont autour, par exemple, n'ont pas d'importance et d'intérêt mais on a choisi de faire une version resserrée et non pas à grand spectacle avec des chevaux sur scène et des carrosses."

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ne faut pas perdre non plus. Il ne faut pas que le côté Commedia dell'arte, le côté farce un peu lourde, oblitère ou altère l'invention langagière. Se joue actuellement un autre Cyrano incarné par Philippe Torreton, l'avez-vous vu? Je ne l'ai pas vu parce qu'ils n'ont pas encore joué sur Paris. Ils sont actuellement en tournée en France. Ce ne sera joué que la saison prochaine au Théâtre de l'Odéon à Paris. Je pense que c'est une version intéressante parce que, même si elle ne prend pas complètement la pièce à contre-pied, elle essaie de l'amener dans un autre imaginaire

Distribution Patrick Pineau Cyrano Marie Kauffmann Roxane Frédéric Borie Christian Gilles Arbona De Guiche

"Le mot d'ordre, c'était de rester poétique avant tout car il y a une saveur du langage , une convention langagière dans cette pièce - et en particulier dans la "scène de l'homme de la lune", qu'il ne faut pas perdre non plus. Il ne faut pas que le côté Commedia dell'arte, le côté farce un peu lourde, oblitère ou altère l'invention langagière." mousquetaire, Le Capucin Laurent Manzoni Le facheux, Carbon de Castel Jaloux Alexandre Zeff Valvert, un poète, un mousquetaire David Bursztein La voix, le mousquetaire à moustache Loïc-Emmanuel Deneuvy Un marquis, un apprenti, un poète, un mousquetaire Julien Testard Un marquis, un apprenti, un poète, un mousquetaire

François Caron Le Bret Olivier Cruveiller Ragueneau

Maxime Dambrin Lignière

Astrid Bas La duègne, Mère Marguerite

Bernard Vergne Bellerose, un mousquetaire, Bertrandou

Anne See Lise, la comédienne, Sœur Marthe

Marina Boudra Une servante, une apprentie, Sœur Claire

Jean-Michel Cannone Montfleury, un

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" Toi, du charme physique et vainqueur, prête m'en: et faisons à nous deux un héros de roman!" Le noeud de la pièce est là, à l'instant même où Cyrano, par excès ou imagination, noue ce pacte avec Christian et c'est à partir de là que tout va capoter on pourrait dire... " et je trouve que c'est courageux, ça a du panache voilà! Cyrano est la figure du "trop", de l'excès…il semble incarne en quelque sorte le statut du comédien et peut-être est-ce pour cela qu'il résonne de façon aussi juste sur les planches? De toutes les métaphores, on pense d'abord à celle-là. Il y a un petit côté "théâtre dans le théâtre"; Cyrano est la figure de l'acteur: il joue plusieurs fois des rôles, il est un double... mais il y a aussi le côté Faust dans cette pièce: ce pacte fort et très dangereux qu'il a noué avec Christian . Il y a des moments qu'il ne faut pas oublier dans Cyrano où il y a une cruauté et une ambiguité qu'il ne faut pas nier; ce n'est pas que le pur panache et la pure représentation théâtrale ; il y a du danger qui est évident puisque l'un meurt, l'autre se retire au couvent et un deuxième meurt encore. Ce pacte ne produit que

du malheur là où il ne devait produire qu'un bonheur immense. Cyrano et Christian ont mis en place ce pacte: " Toi, du charme physique et vainqueur, prête m'en: et faisons à nous deux un héros de roman!"; ils ont fabriqué ce personnage de théâtre, et Rostand dit " roman" dans le sens où le personnage de roman serait l'expression de la quintessence de l'intelligence et de la beauté et c'est un pacte impossible à réaliser sur la durée. Le noeud de la pièce est d'ailleurs là, à l'instant même où Cyrano, par excès ou imagination, noue ce pacte avec Christian et c'est à partir de là que tout va capoter on pourrait dire... Une réplique de la pièce qui vous parait emblématique de la pièce pour conclure ? Au cinquième acte, Cyrano dit "Que dites-vous?….C'est inutile?…Je le sais! Mais on ne se bat pas dans

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"Au cinquième acte, Cyrano dit " Que ditesvous?…C'est inutile?… Je le sais! Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès! Non!, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile!" . C'est ce que l'on semble faire tous les jours dans le domaine artistique, on a conscience que tout cela est vain et futile , dérisoire mais on prend ça totalement au sérieux. C'est comme des enfants qui jouent et il n'y a rien de plus sérieux que des enfants qui jouent… Cela, c'est en même temps notre destin et notre malheur et aussi notre absolu plaisir ."

l'espoir du succès! Non!, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile!" . C'est ce que l'on semble faire tous les jours dans le domaine artistique , on a conscience que tout cela est vain et futile , dérisoire mais on prend ça totalement au sérieux. C'est comme des enfants qui jouent et il n'y a rien de plus sérieux que des enfants qui jouent…Cela, c'est en même temps notre destin et notre malheur et aussi notre absolu plaisir .

Tournée 2013/2014 Du 4 au 12 juin aux Nuits de Fourvières. Lyon

Du 15 au 17 juin aux Printemps des comédiens. Montpellier Du 4 au 22 octobre à la MC 93. Bobigny Puis une tournée jusqu'en février 2014: Du 26 au 31 Octobre au Piccolo Milan Du 7 au 16 Novembre à Nantes Du 19 au 20 Novembre à Forbach Du 27 au 30 Novembre à Chalon / Saone Du 4 au 15 décembre à SCeaux Du 17 au 20 décembre à Senart Du 9 au 11 janvier à Perpignan Du 15 au 18 janvier à Marseille Du 22 au 24 janvier à Amiens 31 janvier 1er Fevrier à Draguignan Du 6 au 9 février à Sortie Ouest (Béziers) Du 12 au 14 février à Mulhouse

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ToutE l’actualité du Théâtre concentréE sur un seul site www.autheatrecesoir.fr

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THÉATRE

JEAN

VARELA

" Bien des choses en somme!"

Texte Julie Cadilhac / crédit photo DR - Dessin Arnaud Taeron Acteur, directeur de la programmation du théâtre Sortie Ouest à Béziers mais aussi des festivals Les Nuits de la Terrasse et Del Catet ( Nord de Béziers) et Le Printemps des comédiens ( Montpellier), Jean Varela est une figure incontournable du paysage culturel de la Région Languedoc-Roussillon. Son implication tant au coeur des villes que dans les villages les plus reculés et sa volonté ténue de faire découvrir au plus grand nombre des spectacles de qualité que ce soit en théâtre, cirque, musique classique ou encore en jazz, sont méritoires et en disent long sur sa générosité, sa détermination, sa passion et sa simplicité. Coup de projecteur donc sur ce brillant maître d'orchestre de nos soirées inspirées sous les étoiles héraultaises et rencontre avec un amoureux des belles lettres, qui manie le verbe avec finesse : un fédérateur de culture qui se bat, qui se bat, qui se bat… pour notre plus grand plaisir!

Genèse Quel est votre premier souvenir de théâtre en tant que spectateur? Cela dépend où je place le curseur (rires) . Je me souviens

que le 14 juillet, il y avait un spectacle de théâtre sur la place de mon village; on allait en famille voir ce spectacle chaque année;

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300 LE X 50 EL X30 EL

c'était un rendez-vous! Ensuite mes véritables premiers souvenirs de spectateur, ce sont Les Tréteaux du Midi à Béziers avec Jacques Echantillon, avec notamment une très belle mise en scène de Faut pas payer de Dario Fo - je me demande même si ce n'était pas la création en France ! Je pourrais citer aussi les Fourberies de Scapin qui avait été mis en scène à la plage avec des costumes 1900 et puis, ah oui, un autre souvenir, une frustration cette fois: les Tréteaux du midi étaient venus jouer au collège de Murviels où j'étais élève, on

était rentré dans la salle des conférences du village, aménagée pour l'occasion, et avant que ça commence, il y a eu une panne d'électricité et la pièce n'a jamais eu lieu! Après je pourrais citer aussi Le Bourgeois Gentilhomme de Jérôme Savary (toujours à Béziers) et un spectacle superbe sur 1914 qui se nommait Nouvelles au Front et que Jérôme Savary avait créé sous chapiteau. Comment est née votre vocation pour le théâtre? J'étais très timide alors au début on m'a forcé à faire du théâtre;

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mes parents m'ont inscrit à un atelier au collège puis j'ai continué dans une maison des jeunes de la culture, puis au lycée…après le conservatoire et puis voilà! Comment êtes-vous devenu directeur de festival? Quand j'étais au conservatoire, j'ai rencontré des gens comme Gabriel Monnet, Guy Vassal; j'ai fait l'acteur beaucoup chez Guy Vassal lors de festivals à Albi, Carcassonne, Aigues-Mortes et, avant même ma sortie de la section professionnelle du conservatoire, j'ai passé ma dernière année à monter une production et donc à aller de village en village pour la vendre. Le paysage et le maillage du territoire n'étaient pas du tout le même en 1987, l'école professionnelle était à ses débuts et la plupart des gens qui en sortaient partaient à Paris. J'ai eu la chance de rencontrer un réalisateur qui tournait beaucoup à l'époque pour la télé et qui était dans le jury ; il m'a embauché et j'ai tourné pour la télé et j'ai beaucoup travaillé de suite, au brésil notamment avec Irène Papas ; j'ai fait beaucoup de téléfilms mais j'ai décidé de rester ici. J'ai

donc monté cette production, rencontré des élus, parcouru la région pour monter une tournée. Ensuite, je me suis un peu implanté à Pézenas où, un an après, la compagnie a fait faillite. Et là, il y a le maire d'alors de la ville de Sigean, dans l'Aude, qui m'a proposé d'imaginer avec lui une politique culturelle. Je continuais à exercer mon métier de comédien et en parallèle j'ai commencé une réflexion sur ce que pouvait être une politique de création comme directeur de la culture, en compagnie déjà de Christian Pineau qui était éclairagiste, de Jacques Allaire, mais aussi de Jean-Marc Bourg que nous avions invité; puis on a créé une compagnie qui se nommait Abattoir: on faisait un travail sur l'année en recevant des auteurs et nous avions même créé un temps fort qui s'appelait Théâtres, sur les écritures contemporaines où sont passés notamment Denis Lanoy, Julien Bouffier, Mathias BelAir… ça a duré dix ans à peu près ma présence là-bas. Puis il y a eu une séparation avec le maire, c'était en 1998, et dans la foulée, j'ai immédiatement proposé à la ville de Mèze de créer un festival, Paroles et

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"Ce métier-là, c'est aussi, comme le métier d'acteur, l'acceptation de l'erreur et de se tromper ; et c'est aussi faire partager cette notion au spectateur : l'idée qu'il peut y avoir des choses réussies et moins réussies, des choses qui n'arrivent pas à maturité au moment de la création et qu'il y a un cheminement à comprendre." Papilles, sur les problématiques de création contemporaine dans une ville à l'époque de 7 ou 8000 habitants; on y déclinait l'idée du goût et on avait par exemple, à cette occasion, rejoué la cuisine amoureuse. A Mèze, ça a duré 5 ans puis j'ai eu ensuite à charge l'Itinéraire du théâtre et du cirque confié par l'Etat et la Région Languedoc Roussillon; j'ai été candidat à la Cigalière et directeur trois ans de sa programmation puis il y a eu une rupture avec le maire de l'époque. Et après il y a eu Sortie Ouest… Être à la tête d'une programmation culturelle semble nécessiter une forte dose de convictions, lesquelles sont les vôtres? Vous

faîtes-vous l'effet d'un berger qui amène ses brebis vers de verts pâturages? Mes convictions? L'envie, d'abord et simplement, de faire partager le travail d'artistes dans lesquels je me retrouve. Je m'accorde avec les idées, pour une grande partie, de ce qui relève du service public et dans ce que disait Gabriel Monnet ou Michel Touraille aussi, ce dernier étant quelqu'un qui a beaucoup compté pour le théâtre à M o n t p e l l i e r : c ' é t a i t m o n professeur à l'école et il plaçait l'exigence artistique au coeur de l'action ; l'objectif était de faire partager cela par le plus grand nombre, avec l'idée que si l'on donne les clés aux spectateurs , si on lui donne les ouvertures, tout

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"Mes convictions? l'envie, d'abord et simplement, de faire partager le travail d'artistes dans lesquels je me retrouve" est possible ; avec des hauts et des bas, évidemment, ce n'est pas linéaire, on peut se tromper. Ce métier-là, c'est aussi, comme le métier d'acteur, l'acceptation de l'erreur et de se tromper et c'est aussi faire partager cette notion au spectateur : l'idée qu'il peut y avoir des choses réussies et moins réussies, des choses qui n'arrivent pas à maturité au moment de la création, qu'il y a un cheminement. Dans ce rapport avec le public qui est une des facettes de votre métier, avez-vous une anecdote sur un moment de grâce, quelque chose qui serait resté dans votre mémoire? Rien ne me vient précisément mais quand la représentation a été belle et que le public ressort avec une énergie, je la sens cette

grande joie du public; et on est content, surtout quand l'objet est difficile et qu'on a réussi à amener des gens vers un objet ou un artiste qu'ils ne connaissaient pas et qu'ils en sortent remplis… et l'inverse est terrible aussi ; quand vous avez cru à un spectacle et que le public n'y a pas été sensible. Et une victoire en tant que directeur artistique ? Tous les projets à l'affiche sont des victoires. Chaque projet a une difficulté de calendrier, une difficulté technique, économique…chaque fois que l'on peut conclure avec un artiste que l'on a envie de faire venir, c'est une victoire. Par exemple, l'an dernier, la venue de James Thierrée a été une victoire car ça a été très compliqué; c'est un artiste difficile à approcher, techniquement on n'avait pas le lieu, toute la maison a travaillé pour trouver des solutions et construire ce chapiteau rouge… ouje pourrais citer cette année, le fait de faire venir Le Berliner Ensemble, il y a des acteurs du Burgtheater de Vienne et ce n’était pas évident de réussir à ce que les emplois de tous

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Utopia - After the Walls

permettent cette venue au Printemps. Vous êtes à la tête de trois programmations : un parcours du combattant qui semble ne pas vous laisser beaucoup de minutes de liberté ; quand Jean Varela ne travaille pas, quel est son emploi du temps idéal? Je ne fais rien (rires). Non, je plaisante..soit je cuisine, soit je suis dans les vignes avec mes amis Barral au Hameau de

Lenthéric qui sont des vignerons de vin nature. J'ai une vie très simple en fait, monacale ( rires). Avez-vous le temps de lire en dehors des lectures de dossiers de candidature de compagnies que l'on imagine en grand nombre sur votre bureau? Quel est le dernier livre que vous ayez lu? Je lis en ce moment un bouquin très intéressant qu'un ami m'a offert: Pierre Loti, photographe. Je picore dans les livres, moi, je ne lis pas de romans. Par contre , je suis

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bibliophile; j'ai une passion pour les livres anciens. De quelle(s) qualité(s) doit faire preuve selon vous un directeur de théâtre ou de festival? Je ne sais pas, je suis acteur moi, après le reste...Je dirais qu’il faut essayer d'animer les équipes avec lesquelles on travaille, savoir embarquer tout le monde dans l'aventure. Je suis empirique, moi, je n'ai pas appris… j'apprends en marchant.

Le Printemps des Comédiens L'édition 2013 accueille d’abord des "habitués" du domaine : Jean Bellorini et son Liliom, James Thierrée et Tabac Rouge…. Des habitués… on dira plutôt qu’il s’agit de "fidélités". En ce qui concerne Jean Bellorini, par e x e m p l e , i l e s t v e n u j o u e r Tempête sous un crâne il y a deux ans et on a eu envie de continuer ensemble et on s'est trouvé sur le texte Liliom de Molnar… Dag Jeaneret voulait le monter depuis longtemps et c'est un texte qui traîne en nous

depuis longtemps alors quand Jean a dit qu'il voulait le monter, j'ai pensé tout de suite que c'était une très bonne idée, que ça pouvait ressembler à son théâtre et en même temps, ça le faisait revenir à un matériauthéâtre puisque Tempête sous un crâne (Victore Hugo) et Paroles gelées ( d'après Rabelais) étaient des matériaux littéraires. L'énergie nécessaire à monter Liliom semblait lui correspondre. Jean Bellorini investit le bassin qui est pour nous un lieu emblématique du domaine, où l'on va mettre en place une fête foraine (manèges, autotamponneuses, stands) et le spectacle va se nouer là. Le public y sera accueilli une heure avant le lever du rideau pour faire la fête en fait…le spectateur sera installé sur un gradin face à la passerelle du bassin qui sera pensé un peu comme un périphérique sur lequel ces gens un peu en marge de la société se seront installés. Il y aura toujours ce sens de la troupe qui est une des marques du théâtre de Jean Bellorini et puis le verbe et la musique mêlés, puisqu'il y aura pianiste et harpiste au plateau. Et puis ce qui est intéressant également ,dans ce que nous essayons de faire au Printemps,

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c'est que ce spectacle est coproduit par l'Odéon et y sera ensuite repris dans la saison 14/15. Un accent est mis sur la vidéo cette année…. l’insertion de cette technologie, de plus en plus présente dans le théâtre aujourd'hui, comment la percevez-vous? Il peut y avoir du théâtre sans vidéo très beau et je pense que le Bellorini en est un exemple ou Richard II et le Berliner, qui sont des propositions très fortes. Après le théâtre l'a toujours fait, d'utiliser des technologies nouvelles; on dit

que les grecs utilisaient la machinerie, qu'au théâtre on a utilisé le gaz et l'électricité très vite parce que ça donnait une autre perspective à la lanterne magiqu et que ce sont des évolutions qui ne sont pas nouvelles dans le théâtre; on dit aussi que Mazarin a fait venir des constructeurs de bateaux en France au XVIIème siècle pour construire des théâtres à échappement! Cette présence cetet année de la vidéo, ce n'est pas une volonté en amont : Yves Rouquette disait ainsi que sa mère, qui était épicière, quand elle préparait l'épicerie, la veille des

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"Il y a des moments de grâce où vous avez l'impression que les choses ont l'air de se répondre." foires à Camarès, "où tout l'univers descendait", elle préparait sa vitrine, elle disposait les fromages, les boîtes de conserve en pyramides et une fois qu'elle avait fini, elle faisait venir sa cousine et, comme Dieu le soir de la Création, elle regardait son oeuvre. Nous, c'est pareil; on ne pense pas avant "on va faire quelque chose avec de la vidéo"; on pense simplement à inviter des spectacles qu'on découvre, qui existent ou n'existent pas et puis quand on regarde ensuite, comme la mère d'Yves Rouquette, on se dit qu'il y a peut-être un fil et là, il y avait Kiss and Cry, la proposition Nobody de Cyril Teste, Orlando de Guy Cassiers qui nous a montré maintes fois combien il était un maitre quand à l'utilisation de la vidéo - sans que la vidéo soit un pléonasme au plateau mais au contraire une palette ( l'an dernier on l'a vu dans Rouge Décanté ou encore dans la création qu'il a donné dans la Cour d'Honneur sur l'histoire de Jeanne la pucelle et de Gilles de

Ray) , et il y a, après l’arrivée du texte, avec Les Revenants de Thomas Ostermeier, qui pour d o n n e r d e l a p r o f o n d e u r, imagine des images vidéo pour représenter des paysages. AVous savez, lorsque Cyril Teste, qui fait quelque chose d'assez pointu, vous dit qu'il a adoré Kiss & Cry, c’est un de ces moments de grâce où vous avez l'impression que les choses ont l'air de se répondre et... quand dans le même temps, vous allez voir 300 el x 50 el x 30 el du collectif FC Bergman et que ce collectif composé de jeunes gens qui ont autour de 25 ans - et dont on comprend qu'ils sont liés par le texte et l'image beaucoup plus encore que nos générations - et qu'eux ne travaillent pas en studio miniature comme Kiss & Cry mais en studio grandeur nature, vous vous dites que là aussi le spectateur peut faire , s’il le veut, un parcours d'imaginaire entre ces deux spectacles.

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Liliom - Jean Bellorini

Plusieurs pays également à l'honneur dans cette programmation: l'Allemagne, la Norvège, l'Australie… En ce qui concerne l'Allemagne, nous avions invité en 2012 Thomas Ostermeier et la Schönbrunn ; au dernier moment ils n'ont pas pu venir en raison de l'indisponibilité d'un acteur qui, maintenant, est très pris au cinéma mais la relation était tissée. Lorsque j'ai donc su que Thomas Ostermeier montait, non pas avec la Schönbrunn mais avec des partenaires de longue date, le Théâtre Vidy-Lausanne, les Revenants, nous nous sommes portés partenaires du projet. Sur le Berliner Ensemble, j'étais allé voir le Richard II lorsqu'il était passé il y a

quelques mois au TNP et j'avais trouvé le spectacle magnifique. Après moultes, moultes discussions, la venue du Berliner a pu se faire. Du coup s'est tressé un lien avec le théâtre allemand. Nous nous sommes rapprochés du Goethe Institut et il y aura donc une rencontre lors du festival à propos du théâtre allemand en France et le théâtre français en Allemagne ; Marie Lamachère, qui est une artiste qui travaille sur le territoire montpelliérain, avait monté Woyzeck, une des dernières pièces du romantisme allemand, que j'avais vue il y a deux ans et il me semblait intéressant de l'inviter au point où elle en est de son travail.. Là aussi

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les choses se sont tissées comme ça, comme l'épicière…on en revient toujours à cette épicière… ( rires). Quelles spécificités du théâtre allemand par rapport au théâtre français selon vous? Je ne suis pas spécialiste du théâtre allemand ; il faudra demander à Joachim Umlauf, le directeur du Goethe Institut à Paris et à Nicole Colin , lauréate du prix parlementaire franco-allemand 2013 et Didier Plassard, professeur à l'université Paul-Valéry et auteur de Mise(s) en scène d'Allemagne(s) depuis 1968, lors de la rencontre qui aura lieu le 22 juin aux Micocouliers. Ce qu'il me semble, c'est que le théâtre allemand travaille avec les troupes - il y a des troupes dans chaque ville de moyenne et grande importance du territoire, les acteurs travaillent ensemble, ils ont un directeur - metteur en scène qui les dirige en permanence et ils ont ce qui est moins le cas ici vu les méthodes de production - cette notion de répertoire, c'est à dire qu'ils créent chaque année un certain nombre de spectacles mais ils peuvent reprendre - puisqu'ils sont en troupe- des créations des années précédentes et ils ont des oeuvres au répertoire. Il y a très peu de troupes en France qui fonctionnent ainsi: il y a le Français, une troupe au TNP; il y avait aussi

une troupe à Montpellier du temps de Jean-Claude Fall. On connaît votre goût pour les pièces qui mettent en scène des oeuvres qui ne sont pas forcément du répertoire du théâtre et cette année on aura le plaisir de découvrir ainsi Orlando sur un texte de Virginia Woolf et mis en scène par Guy Cassiers… Guy Cassiers sera au Printemps des comédiens l'an prochain encore… parce que nous allons coproduire son prochain Hamlet dont la création se fera en France. L'an der nier, cette découverte de Rouge Décanté a été un coup de coeur du public ; il y eu donc l'envie de tirer ce fil et de créer une fidélité avec cet artiste et sa façon de travailler. Orlando est une oeuvre littéraire extraordinaire; un hommage à la condition des femmes, un voyage dans le temps, un voyage initiatique et je suis allé voir des répétitions et nous nous sommes mis d'accord pour que le spectacle vienne ici. C'est un spectacle qui sera joué juste après nous à Avignon. Et puis cette année il y a Cyrano mis en scène par Georges Lavaudant et incarné par Patrick Pineau… Cyrano est une oeuvre considérable d'abord parce qu'elle travaille dans l'imaginaire collectif

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Tabac Rouge - Crédit-photo: Richard Haughton

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et elle rejoint en cela notre problématique du théâtre et de l'image car elle a intéressé très tôt les cinéastes; elle a été - d'ailleurs comme Liliom ( et sa version de Fritz Lang en 1934) - adaptée très tôt au cinéma, en 1922… Pourquoi? d’abord parce que ces deux oeuvres explosent les unités de temps et d'espace qui régissaient le théâtre; et Cyrano a é t é é c r i t e p r e s q u e e n concomitance avec l'invention du cinéma - 1895 pour l'invention du cinéma et Rostand écrit cette pièce en 1996/97. Ces dramaturges-là sont travaillés par cela; ils ont été les premiers hommes qui ont vu les images défiler, ce sont les hommes qui sont montés les premiers dans le chemin de fer et il me semble qu'il y a quelque chose là-dedans qui travaille, qui fait avancer l'imaginaire. Edmond Rostand crée véritablement une oeuvre cinématographique. La présence de Cyrano s’explique aussi parce qu’il y a également la nécessité pour le Printemps des comédiens, qui est un festival rassembleur, de présenter des oeuvres rassembleuses... parce qu'elle sont à la fois dans notre imaginaire mais également car ces festivals ont une mission d'éducation populaire et qu’un jeune public adolescent peut découvrir ,

grâce à ce festival, des oeuvres marquantes comme Cyrano. Quand Georges Lavaudant a décidé de monter Cyrano et que Patrick Pineau, qui est un acteur que j’admire beaucoup parce qu'il est non seulement un de nos grands acteurs mais aussi un homme de troupe , de théâtre, qu’il dirige une compagnie et connaît les problématiques de la production et du plateau et de surcroît qu’il a la puissance de jouer les 1600 alexandrins de Cyrano, il y a eu beaucoup d'éléments qui poussaient à vouloir que Cyrano vienne ici et c'est une oeuvre , en plus - et on revient à notre épicière ( rires)! -, qui a beaucoup marqué les relations franco-allemandes puisque lorsque Rostand l'écrit, la France n'a pas digéré la perte de l'Alsace et de la Lorraine et qu'il y a dans ce Cyrano une vision de l'esprit français, très chevaleresque; oui, c’est une pièce qui montre cet esprit un peu de coq, cet esprit amoureux, l'amour de la gastronomie, du verbe, des gascons… Si vous deviez citer une réplique de Cyrano, laquelle serait-ce? Bien des choses en somme!

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Les Nuits de la Terrasse et Del Catet et Sortie Ouest Quel est le point fort de ce festival? C'est d'une part qu'il existe… puisqu'il est porté par une communauté de communes de 6000 à 7000 habitants qui a fait un choix politique considérable puisqu'elle investit sur ce festival 160 000 euros. Ces élus-là ont décidé de confier ce festival à une compagnie de théâtre, la Compagnie In Situ, parce que les élus savaient qu'elle allait développer un projet d'éducation populaire , de création et de service public. Ils n'ont pas fait le choix d'une vitrine ou d'un outil de communication ; ils nous ont confié ce projet il y a 12 ans, c'es t une spécificité à souligner parce que ce n'est pas forcément

évident à porter pour les élus. On a fait un choix, ils nous ont suivi et ça dure …pour l'instant, en tous cas jusqu'en 2014. Le territoire visé est un territoire rurbain ou rural, puisqu'on est à la limite de l'agglo de Béziers , qui est en difficultés économiques mais dans lequel on a su créer une fidélité et une circulation du public, d'un lieu à l'autre, d'une commune à une autre, renforcée par la création de Sortie Ouest. La volonté du département de créer Sortie Ouest dans l'ouest du département ,pour créer un pôle de création et de diffusion conséquent, fait que ces territoires alentours se sont trouvés renforcés , d’abord dans leur volonté politique d'action culturelle, et du coup nous avons créé avec Sortie Ouest, par la force du Conseil Général et la volonté de ces élus, une circulation du public qui existe, à l'année avec le Grand tour - la décentralisation de Sortie Ouest et sur des moments plus

Les Programmations > Le Printemps des Comédiens : Du 4 au 30 juin 2013 : le site pour découvrir la programmation complète - www.printempsdescomediens.com > Les Nuits de la Terrasse et Del Catet : du 21 au 27 juillet, 13ème édition de ce festival itinérant et pluridisciplinaire au nord de Béziers! Au programme de cette édition : Musique Quatuor Debussy, Hiromi-The Trio Project, Roberto Fonseca, Théâtre : L’Ecole des Femmes, L’Homme qui rit, La Tentation d’exister, Livret de Famille et côté cirque : BOO/ CirkVOST. > Théâtre Sortie Ouest : Le site! www.sortieouest.fr

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évènementiels que sont les festivals. Tout ça est lié et tout ça se renforce…et si l’un de ces éléments venait à tomber, les autres s'en trouveraient diminuer. On laboure le territoire , jour après jour, et par Sortie Ouest, et par le Grand Tour, et par les actions pédagogiques, et par les festivals…pour que le service public puisse exister et de développer. Quelques surprises dans la programmation des Nuits de la Terrasse et Del Catet cette année? Le dimanche 21 juillet, le jour d'ouverture, on aura "Un dimanche avec le Quatuor Debussy" - qu'on trouvera d'ailleurs au Printemps des comédiens avec les circassiens d'Opus et ils interpréteront les quatuors de Chostakovitch -, que l'on accueillera dans la rue du Del Catet ; puis il y aura un concertpromenade à 19h près de la Chapelle Montalaurou autour de "Mozart et son maître Haydn", puis à 21h45 pour la fameuse transcription, découverte il y a peu, à la Bibliothèque de Milan je crois, du Requiem de Mozart pour quatuors à cordes qui est somptueuse. Ensuite sont programmées deux représentations de l'école des femmes mis en scène par

C h r i s t i a n S c h i a r e t t i , u n e production du Théâtre populaire et des Tréteaux de France avec Robin Renucci qui jouera Arnolphe ; le cirque V.O.S.T avec sa nouvelle création, que l'on avait accueilli l'an dernier avec Epicycles dans le cadre du Grand Tour de Sortie Ouest; ils viennent avec BOO, une installation d'un village de bambous sur lequel se déploient les acrobates; il y aura aussi un spectacle à Saint-Nazaire et une nuit du théâtre, avec L'homme qui rit de Victor Hugo, un Duras mis en lecture, le banquet de la Sainte-Cécile et la Tentation d'exister avec Christian Maz. ▶Aller plus loin sur le BSCNEWS.FR > La cuisine amoureuse de Jean Varela à consommer sans modération

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> Marie Molliens : Morsure , une invitation circassienne à un instant d'irréversible

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> L'art et la science : un mariage rendu possible par la Cie Primesautier Théâtre

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36 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013 L’anneau Nibelung - Richard Wagner Amore e Psiche


ARTS GRAPHIQUES

Paul et Gaëtan

Brizzi Par Julie Cadilhac / Photo Crédit-photo:

La galerie Daniel Maghen a accueilli Paul et Gaëtan Brizzi, du mercredi 24 avril au samedi 11 mai 2013. Ces deux frères jumeaux, détenteurs du prestigieux Prix de Rome, ont notamment dirigé et réalisé pour Disney des séquences du «Bossu de Notre-Dame et de « Tarzan » mais également la séquence « l’Oiseau de Feu » sur la composition de Stravinski dans « Fantasia 2000 ». Dans cette exposition unique nommée Opéra, au travers de passages clés de 12 grands opéras (« Carmen », « Macbeth », « La Traviata », « l’Anneau du Nibelung », etc.) , les deux illustrateurs ont exprimé leur passion pour la musique. Leurs illustrations ont été réalisées au crayon de cire, dans de grands formats et reproduites dans un catalogue édité par les éditions Daniel Maghen. Chacune des oeuvres créées a été conçue à quatre mains, depuis le choix de l’œuvre jusqu’à la réalisation technique. Paul et Gaëtan Brizzi ont répondu à nos questions, chacun de leur côté et sans prendre connaissance des réponses de l'autre ; l'occasion de découvrir deux artistes passionnés et spontanés dont l'univers gainé d'élégance et de lyrisme nous a conquis! 37 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013 Mac Beth - Giuseppe Verdi


38 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013 La Tosca - Giacomo Puccini


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Cette exposition met en lumière votre passion pour la musique et plus particulièrement pour l'opéra…vous souvenez-vous du premier opéra que vous ayez vu? Quels souvenirs en avez-vous gardé?

Si vous deviez définir en deux adjectifs ce genre musical vocal, que diriez-vous?

Gaetan Brizzi: Je crois que c'était la flûte enchantée et je me souviens avoir été envouté par la musique et déçu par la mise en scène.

D'ailleurs, quel est votre opéra "préféré"? Et pour quelles raisons?

Paul Brizzi: Mon premier opéra était une récompense pour mes efforts en anglais offerte par mon professeur. J'avais 13 ans et "La Force du destin" de Verdi a été ma première expérience à l'opéra Garnier de Paris!

Qu'aimez-vous particulièrement dans l'opéra? GB: Le sens de la démesure et le lyrisme des grands arias et ,bien entendu, la fougue propre à Verdi ou Rossini. PB: L'aspect visionnaire et lyrique des thèmes. La puissance vocale liée à la musique symphonique me transporte.

GB: Fantastique, Puissant PB: Visionnaire et lyrique

GB: La Traviata, à cause de ses envolées ébouriffantes et de sa désespérance pathétique. PB: "Mac Beth" pour la raison que j'évoque précédemment. Verdi est sans doute le compositeur qui me touche le plus. Ses montées graduelles dans les crescendi sont particulièrement émouvantes. Les choeurs sont formidables. Vous avez dessiné des passages-clé de douze grands opéras pour cette exposition: ce sont des oeuvres à quatre mains. Pourriez-vous nous expliquer à quelles étapes intervient chacun d'entre vous? GB : Etape 1: choix du moment à illustrer en fonction de sa célébrité d'une part et d'un contexte narratif porteur

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d"éléments spectaculaires d'autre part. Etape 2: Nous préparons tous les deux diverses esquisses autour desquelles nous débattons pour trouver le consensus sur celle qui servira de modèle au dessin final. Etape 3: l'exécution du dessin original; j ' e x é c u t e l e d é c o r, P a u l l e s personnages. PB: Nous avons l'habitude de partager le travail de la façon suivante: après s'être mis d'accord sur la composition graphique, Gaetan

exécute le décor et je me charge des personnages. Si, par exemple, les éléments décors sont majoritaires dans la composition du dessin préparatoire, Gaëtan va élaborer le dessin définitif en prenant soin de préserver les parties occupées par les personnages. Une fois sa partie terminée, je dessine les personnages. Et vice et versa si les "acteurs" prennent la plus grande partie de la composition. …Pourriez-vous prendre peut-être l'exemple d'un travail précis?

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42 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013 La Flûte Enchantée - Mozart Saffo o dell’Amore


Carmen de Georges Bizet

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GB : Par exemple, pour le dessin de l'apparition de La reine de la nuit devant Tamino dans "La flÝte enchantÊe". Paul a placÊ ses personnages dans la feuille en se basant sur la composition choisie dans l'esquisse. De mon côtÊ, en prenant soin de protÊger le travail soignÊ de Paul sur les personnages, je viens installer mon dÊcor tout autour. Eventuellement Paul revient parfois sur la lumière et le contraste de ses personnages pour s'assurer qu'ils s'intègrent encore mieux au dÊcor.

l'artiste puisque je n'ai eu qu'à exÊcuter les deux personnages qui occupent une place rÊduite dans le dÊcor oÚ domine Le Chateau Saint Ange de Rome. Par contre, en ce qui concerne la composition de Wotan et des Walkyries, on peut dire que j'en ai ÊtÊ le principal responsable! Vos illustrations sont rÊalisÊes au crayon de cire : pourquoi le choix de ce mÊdium? GB: La qualitÊ des noirs que ces crayons offrent nous donnent entière satisfaction et de plus, grâce à un lustrage final dÊlicat, ils deviennent encore plus profonds.

PB: Par exemple, sur la scène des "fugitifs" dans La Tosca", Gaetan a ÊtÊ principalement

01­3"4 5;5 Š 5 5

5 5

§5 5 5 5 5 §

5 5

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Madame Butterfly - Giacomo Puccini

PB: C'est un médium auquel nous sommes fidèles depuis de nombreuses années. Nos crayons de prédilection! .…quels en sont les spécificités, les atouts et peut-être les difficultés techniques? GB: La mine grasse permet une grande variété de nuances. Par contre ils s'usent très vite car nous les taillons constamment pour garder une mine très très affutée afin de nous donner le plus de précision possible. Pour un seul dessin, s'il est assez dense, nous en consommons plusieurs dizaines.

PB: Ces crayons nous permettent d'obtenir des noirs profonds et denses et une gamme de gris très large. La cire qui rentre dans la composition de ces crayons leur confère un brillant satiné après un " délicat" lustrage. En outre, contrairement à la mine de plomb, ils ne sont pas volatiles. Vous n'avez réalisé que des illustrations "monochromes", jouant ainsi sur les jeux d'ombre et de lumière….est-ce parce que cela représentait au mieux, selon vous, l'essence sacrée et solennelle de l'opéra?

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- BSC NEWS vous MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013 Don Juan de Mozart "« Pour46 vous plaire,je sacrifierais volontiers mon bonheur, ma santé, ma vie. »


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cinématographiques. Profondeur, lumière, et surtout clarté du message et de l'intention. Vos décors sont spectaculaires… pour le plaisir d'aller plus loin sur le papier que ce que la réalité d'une scène ne pourrait produire? GB: EXACTEMENT! Vous avez tout compris.

Aida - Giuseppe Verdi

GB: C'est une belle explication que je récupère au passage mais c'est aussi pour prolonger la tradition des grands dessinateurs du passé comme Dürer, Doré,Daumier, Rops etc...pour qui la lumière se traduit mieux dans la monochromie que par l'emploi de la couleur, opinion que nous partageons.

PB: Nous sommes aussi réalisateurs de films d'animation et avons l'habitude d'essayer d'aller au delà de la réalité des éléments concrets et limités qu'offre une scène de théâtre ou un plateau de cinéma. C'est la force du peintre, puisqu'il n'y a pas de limite à l'imagination. ▶ Certaines de ces oeuvres sont encore en vente à la Galerie Daniel Maghen (75006 Paris) et sur son site

PB: Oui, le monochromatisme nous oblige à ne considérer que l'éclairage de la scène. Nous composons nos scènes de la même manière que des réalisateurs

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49 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013 La Traviata - Giuseppe Verdi


50 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013 L’anneau du Nibelung - Richard Wagner


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Enfin, avez-vous dessiné ces oeuvres en musique? Vous êtes-vous laissé inspirer par Mozart , Wagner, Bizet ou encore Verdi?La musique a -t-elle, tout autant que l'histoire racontée, influencé votre trait? GB: j'aimerais dire oui car c'est une belle idée mais par honnêteté, je dirais que l'influence d'oeuvres immortelles donc familières était déjà dans notre espace spirituel. PB: Etant donné l'aspect visionnaire d e n o s r e c h e r c h e s , c ' e s o n t principalement les livrets qui ont inspiré nos choix. Ceci dit, notre éducation musicale restait en filigrane: Wagner, Mozart, Verdi étaient incontournables!

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Presse

JEAN-MARIE CHARON Par Nicolas Vidal / Photo Crédit-photo: DR

Sociologue des médias et chercheur au CNRS, JeanMarie fait partie de ces spécialistes des médias que l’on questionne avec toujours plus de frénésie afin qu’ils nous donnent leur avis et nous livre leur analyse sur l’avenir de la presse. Suite à une nouvelle édition de son ouvrage « La presse quotidienne» paru aux Éditions La découverte, nous avons rencontré Jean-Marie Charon pour qu’il nous éclaire de toutes ses lumières sur la situation de la presse quotidienne en ces temps obscurs. Doit-on redouter un déclin voire une disparition de ce média ? Alors que l'avenir de la presse s'assombrit de jour en jour, la presse quotidienne est-elle plus fragilisée plus que la presse en ligne ou la presse magazine ? La presse quotidienne a été le premier média à subir les effets du développement de médias numériques qui ont rapidement capté, l’une de ses principales ressources, les petites annonces (PA), en même temps que se trouvait renforcé le mouvement d’accélération de l’information, ainsi que le phénomène de la gratuité. Par ailleurs le quotidien qui doit être imprimé et distribué en

quelques heures, impose une forte intégration verticale, beaucoup plus lourde et rigide que les autres médias, en tout cas que le magazine ou la presse en ligne. Quels sont les atouts de la presse quotidienne ? Ainsi que ses forces ? Les atouts et les forces des quotidiens résident d’abord dans leurs rédactions nombreuses et riches en spécialistes, familiarisés au travail de terrain. Ce sont ces journalistes qui permettront au quotidien de produire une information à valeur ajoutée sur l’imprimé, en même temps que

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"Aujourd’hui, les formes de quotidiens les plus menacées sont celles qui s’adressent aux publics les plus larges, populaires " d’articuler à celui-ci des contenus pour les différentes plateformes numériques. Quelles sont aujourd'hui à votre avis les formes de presse quotidiennes

les plus menacées par les mutations ? On pense notamment à la presse quotidienne générale (PQR) et le rapport qu’elle entretient avec son lectorat ?

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"Les gratuits barrent aujourd’hui la route à toute idée de lancement de quotidiens populaires " l’incertitude est totale, principalement en matière de ressources. Les bouleversements dans les compétences et les activités des personnels sont énormes, alors même qu’aucun modèle n’existe, aucune certitude ne peut être avancée en matière de modèle économique. Dans ce contexte il y a tentation au raidissement, à la résistance au changement surtout dans le secteur des médias qui n’a pas de tradition de recherche et développement. Aujourd’hui, les formes de quotidiens les plus menacées sont celles qui s’adressent aux publics les plus larges, populaires, tant il leur est difficile de cibler l’information selon les goûts des publics particuliers, tant ces publics ont un pouvoir d’achat plus limité qui les oblige à arbitrer davantage entre payer l’information ou consacrer leurs revenus à d’autres formes de consommation, perçues comme plus utiles. Quelles sont les causes de ces fragilisations ? Une inertie des rédactions à évoluer et à se diversifier ? Un contexte économique difficile ? La mutation des médias est d’une très grande ampleur, en même temps que

Est-ce que l’apparition des journaux gratuits dans plusieurs grandes villes at-elle modifié les habitudes du lectorat qui auraient délaissé leurs quotidiens régionaux et/ou nationaux pour des supports plus accessibles et entièrement gratuits ? L’apparition des gratuits a d’abord attiré un public non lecteur de quotidien, jeunes éduqués, femmes, urbains, sachant que le contenu et la forme de ceux-ci visaient directement ces publics. Les gratuits barrent aujourd’hui la route à toute idée de lancement de quotidiens populaires dont le modèle économique (taille des rédactions) est incompatible avec la gratuité (cf. le renoncement de Springer). Il est aussi possible que les gratuits aient accentué le mouvement

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de repli du lectorat de la PQR dans les plus grandes villes, tout comme il peut rendre plus difficile une stratégie de reconquête de ce lectorat. Vous mettez en exergue les structures lourdes de la presse quotidienne qui a de plus en plus de mal à répondre à la fulgurance du traitement de l’information face à internet. Est-ce que la modernisation des outils est-elle la seule alternative pour faire face aux «mutations» du secteur ? Sur l’imprimé, il n’y a pas beaucoup d’alternatives aux structures industrielles lourdes. L’impression numérique, qui reste à finaliser pour traiter des volumes importants exigerait également la mise en place de tout un réseau de machine, maillant tout le territoire… Donc beaucoup plus lourd et rigide que le numérique et même que la presse magazine. Dans quelle mesure le contenu éditorial doit-il être repensé afin de faire face à ces nouvelles perspectives ? L’un des principaux atouts du quotidien qui était sa capacité à proposer le premier l’information inédite, l’actualité, a disparu. Il faut donc repenser le contenu en fonction des atouts du support au regard de ses concurrents, presse en ligne et audiovisuelle, soit un mode de présentation déployé, confortable, pour une information approfondie. L’information à valeur ajoutée. Il n’est pas possible d’inventer du jour au lendemain

comment se fera ce partage avec le support numérique, qui permet également de fournir une information à valeur ajoutée, mais avec des potentialités différentes. Il n’est donc pas choquant de voir s’accélérer le rythme des « nouvelles formules » qui ne sont qu’autant d’étapes dans cette rechercheexpérimentation. La crise de la presse quotidienne n’est-elle pas également due en partie à une baisse de l’intérêt d’une population donnée pour la presse d’informations générales ? Ainsi la télévision n’a-t-elle pas sa part de responsabilité dans ce déclin ? Il y a un sujet information générale qui touche également la télévision et la radio. Depuis plusieurs

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« toutes les expériences visant à proposer des médias d’actualité très décalés ont échoué » décennies déjà un mouvement se dessine dans les pratiques des publics en faveur d’une information spécialisée et segmentée par type de public. Il s’agit là d’une tendance culturelle et sociale qui a devancé le numérique, mais qui trouve des réponses plus adaptées dans les contenus disponibles sur celui-ci. D’autre part, est-ce que la presse quotidienne n’a-t-elle pas pour principal ennemi ce mimétisme éditorial du «suivisme» dans le traitement de l’information et de ces sujets dont le lectorat se lasserait d’un titre à un autre ? Autrement dit, n’y-aurait-il pas une menace de préférer un contenu «aguicheur» dans le seul but de générer des audiences importantes au lieu de produire un contenu de qualité, mais moins fédérateur pour le lectorat ? Il y a tout un discours sur la responsabilité de ce mimétisme qui atteint encore plus les radios, télévision, voire les sites d’information. Le problème est que cette thèse est invérifiable. Il est en revanche observable que toutes les

expériences visant à proposer des médias d’actualité très décalés ont échoué. Outre les questions de comportement du public, se posent des questions de modèles économiques, l’information inédite, originale, ne dépendant pas des grands flux (agences, agendas, etc.) étant beaucoup plus chère à produire. Quel avenir voyez-vous pour les médias de niche plus familiers d’un lectorat qualifié et mieux fidélisé sur un segment donné ? La référence à la tendance de fond concernant des usages privilégiant une infor mation spécialisée et segmentée socialement rend beaucoup plus aisée les stratégies de niches, qui ont porté la presse magazine depuis les années 80, qui ont également permis à la radio et à la télévision de continuer de progresser en audience, via la FM et la TNT. De ce point de vue aussi intéressant soit-il un succès comme celui de XXI n’est sans doute pas reproductible à une large échelle. Une fois encore le risque est que le public le plus éduqué et disposant d’un pouvoir d’achat important soit celui qui bénéficiera le plus de cette évolution. Quel regard portez-vous sur la nécessité des aides à la presse ? Sont-elles une contrainte à l'indépendance de certains médias ? Les aides à la presse relèvent d’une histoire de la presse en France, renforcée à la Libération qui fait de l’État le garant du pluralisme et de

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« le système des aides à la presse n’a absolument pas permis aux journaux de trouver un modèle économique équilibré » l’indépendance à l’égard des « puissances d’argent ». À l’opposé des conceptions anglo-saxonnes. Par la suite le système n’a cessé d’être affiné et renforcé (aide à la presse d’opinion, portage, ciblage des tarifs postaux, etc.). Le système a été pensé pour ne jamais faire dépendre l’aide de l’orientation éditoriale. Il y aurait de ce point de vue indépendance à l’égard de l’État. Le principal grief, qui est fondamental, est qu’en se portant à un niveau extrêmement élevé (10% du chiffre d’affaire) le système d’aide n’a absolument pas permis aux journaux de trouver un modèle économique équilibré. Pensez-vous qu'elles doivent être modifiées au regard des changements qui s'opèrent ? Sur le fond la légitimité des aides concerne le pluralisme de l’information politique et générale et priorité paraît devoir être renforcée, même si la définition de cette catégorie de presse doit être large. Une seconde priorité viserait à favoriser les tournants et évolutions nécessaires, en faveur d’une recherche et développement, d’une expérimentation qui pourrait se trouver pour partie mutualisée. Les aides sur projet, soutenu dans plusieurs rapports récents, posent en revanche davantage la question de

l’impartialité de l’instance qui décide des projets à soutenir, à quel niveau et sous quelle forme ? Dans ce domaine aucun tournant brutal n’est cependant possible sans prendre le risque d’arrêts de titres et de diminution substantielle des effectifs rédactionnels. Nous avons reçu récemment Jean Stern, auteur de « Les patrons de la presse nationale. Tous mauvais» (Éditions La Fabrique) qui déclarait que « les principaux médias français sont sous contrôle*». Qu’en pensez-vous ? En tant que chercheur je suis plutôt sensible à la complexité des questions posées et des réponses possibles. Je crains beaucoup ces essais apparemment décapants qui simplifient excessivement les données des problèmes. Pour moi aujourd’hui la grosse préoccupation est celle des moyens dont disposent les rédactions, en effectifs, en ressources pour maintenir des bureaux à l’étranger, pour financer enquêtes et reportages. Et comme les explications simples ne sont jamais suffisantes, il faut rappeler que les médias les moins contrôlés par leurs annonceurs, leurs propriétaires, leurs publics sont ceux qui ont les économies les plus saines. Pourquoi n’en avons-nous pas ou très peu en France ? Il faut remonter

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là l’histoire et les conditions sociales, politiques, économiques qui ont présidé à l’apparition puis au développement de la presse française…

> Jean-Marie Charon « La presse quotidienne» Collection Repère ( 3e édition) Éditions La Découverte Jean-Marie Charon - Patrick Le Floch « La presse en ligne» Collection Repères Éditions La Découverte * ( lien de l’interview de Jean Stern sur notre site : http://www.bscnews.fr/ 201303062741/Franc-Tireur/jean-stern-leregard-sans-concession-sur-la-presse-d-unjournaliste-iconoclaste.html )

Festival

14 au 23 juin 2013 S O UT EN

Quel est votre sentiment sur les récentes entrées de plusieurs journalistes au sein même des arcanes du pouvoir ? Le phénomène n’est pas récent et se reproduit à chaque alternance. Passage à la communication, tentation de l’action. Il se peut qu’à une époque où au moins le tiers de la profession ne pense pas finir sa carrière dans le journalisme (sondage CSA pour les Assises du journalisme) la tentation soit plus grande. Ou bien faut-il y voir l’une des résurgences de la confusion des genres entre politique et journalisme, née de la Révolution française et qui fut si présente durant toute la IIIe République. Sauf que face à la montée des références anglo-saxonne, le retour au journalisme est devenu peu praticable.

U

R PA

Théâtre, musique, spectacles de rue... “Sur les pas de Molière” Les empreintes des comédiens Francis Perrin, Jacques Weber, Jean Piat, Jean Claude Dreyfus et bien d’autres… sont dévoilées en présence des acteurs vendredi 14 juin, 18h, Cours Jean Jaurès. Au Théâtre de Pézenas : Francis Perrin joue “Molière malgré moi” vendredi 14 juin, 21h30. Jacques Weber raconte “le roman de Monsieur Molière” samedi 15 juin, 21h30. Jean Louis Trintignant interprète “Trois poètes libertaires du XXème siècle” dimanche 23 juin, 17h30. Au Théâtre de Verdure : “Le bourgeois gentilhomme” par la Cie Scènes d’Oc, dimanche 16 juin, 21h30. Théâtre sur tréteaux, théâtre de rue sur les places du centre historique samedi 15 et dimanche 16 juin. “Une histoire à vivre sous le regard de Molière”, journée historique et costumée samedi 22 juin et Fête de la Saint Jean, dimanche 23 juin. Du 14 au 23 juin : conférences, rencontres, lectures, visites guidées, expositions, spectacles scolaires, musique, cinéma…

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Billetterie : 06 07 31 18 26 / 04 67 32 59 23 Carte pass festival / www.ville-pezenas.fr


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Théâtre

CYRIL TESTE Par Julie Cadilhac/ Photo Crédit-photo: ©Abeele

Cyril Teste est metteur en scène et comédien. Après une formation en arts plastiques et des cours de théâtre à l'Ecole régionale d'acteurs de Cannes puis au conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris, il imagine avec le collectif MxM une forme de théâtre singulière qui mêle le théâtre à la vidéo et aux nouvelles technologues. Il présente en juin 2013 Nobody, adaptée librement de l'oeuvre "Sous la glace" du dramaturge contemporain Falk Richter. Une performance filmique axée sur le monde de l'entreprise dans laquelle les spectateurs assisteront à la fois au tournage et au film qui se déroulera en direct sous leurs yeux. Rencontre avec son réalisateur-metteur en scène. Pourriez-vous d'abord nous présenter votre collectif MxM? Metteur en scène du Collectif MxM fondé en 2000 à Paris, notre démarche interroge un théâtre où l’interdisciplinarité est au centre du processus de création, explorant par là le potentiel des nouvelles technologies. Nous ne négligeons pas pour autant l’importance des textes dans le travail, nous collaborons essentiellement avec des auteurs contemporains dans une volonté de traduire un monde en résonance directe avec son temps. Quelle poésie de l’ici et du maintenant ? Les outils contemporains que nous utilisons tels que la vidéo, les espaces augmentés et bien d’autres dispositifs interactifs, participent de cette tentative d’écrire

une langue nouvelle, plus exactement une langue vivante. On a pu lire que ce qui vous fascine c'est " la place de l'homme dans un monde où la surmodernité est devenue fin ultime"….qu'entendre par surmodernité? La surmodernité comme l'entend Marc Augé -entre autres- à travers les non-lieux: espaces où il est difficile de s'inscrire à l'intérieur car ils ne sont que lieux de transit comme les aéroports, supermarchés, gares; espaces où il est difficile de laisser une trace, en réalité. Mais également une ère où le monde vient à nous mais nous n'avons plus besoin d'aller à lui , via internet, etc. La surmodernité liée à l'architecture et aux technologies d'aujourd'hui par exemple.

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La surmodernité nécessiterait donc des surhommes? Le surhomme est peut être celui qui passe au dessus de tout ça.

Vous pensez donc que la société est dans l'excès, dans sa quête effrénée de nouvelles technologies…. mais cette surmodernité, n'est-ce pas ,tout simplement, la "modernité" de notre époque? Est-elle un mal selon vous? Je pense qu'il ne faut pas forcement la diaboliser. Elle peut en effet nous égarer dans notre relation au monde comme parfois nous éclairer . C'est un outil avant tout, mais l'addiction est présente. Je pense qu'il est important que nous restions conscients que notre propre temps est fondamental pour se construire et que vouloir être de son temps, c'est aussi vouloir le prendre. Pour rendre cette idée sur un plateau, comment éviter de tomber dans du

trop conceptuel? et rester dans du théâtre justement? Je pense que l'écriture de Falk Richter traduit très bien cette incapacité que les hommes ont parfois à se détacher de leur système. En dehors c'est l'errance et donc la peur où la violence s'installe. C'est un sujet très commun aujourd'hui je pense ; en parler, c'est tenter de ne pas l'oublier à défaut de le dénoncer… mais tout être aujourd'hui est lié à ces question dîtes de stress, de performances, d'efficacités , de résultats: c'est une réalité concrète. Comment s'est portée votre choix sur l'oeuvre de Falk Richter? L'écriture de Falk Richter est en résonance avec son temps, elle oscille entre la poésie et le réalisme, entre l'espace mental et le choc physique. Je pense que Falk est un auteur de son temps qui, non sans humour et sans violence, observe une catégorie de

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gens en quête d'identité qui ne deviennent pas esclaves du système ou des machines, mais qui ,tout simplement ,l'ont bel et bien digéré. Ca me parle bcp car il ne suffit pas de dénoncer ces systèmes, parfois simplement l'observer peut être aussi éclairant et ne pas s'en exclure me semble important aussi, car nous en faisons partie et ne sommes pas toujours plus intelligents que les autres. Vous avez choisi de vous axer sur le monde de l'entreprise et montrer le pouvoir qu'elle exerce chaque jour sur les êtres qui la côtoient ; après des heures de travail sur le projet, quels constats en tirez-vous? Y'a -t-il une chance que l'homme en sorte indemne? J'ai le sentiment que le sens des choses s'amenuisent de plus en plus, je ne peux pas vraiment prédire quoi que ce soit, mais je constate une souffrance, un assèchement liés à des systèmes

qui effacent l'humain comme on efface des données informatiques; les hiérarchies pyramidales s'essoufflent, en même temps que les employés qui les subissent, l'auto-évaluation "qu'est ce que ça veut dire?", on a de plus en plus de psys dans les entreprises… peut être qu'il est temps de comprendre que les dommages collatéraux sont considérables, reste à reconsidérer la place et la valeur humaine- et pas seulement dans les entreprises d'ailleurs! Donc oui, il y a des chances que l'homme garde des séquelles... mais en rien je ne vois dans ce constat de la fatalité. On continue à faire du théâtre n'est ce pas? Cette pièce sera jouée In Situ, c'est à dire au coeur même des bureaux du Printemps des Comédiens : pour que le spectateur ressente davantage l'aspect documentaire et concret de votre travail, on suppose ?

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Tout à fait, et pour être en phase avec une écriture cinématographique car il s'agit avant tout de réaliser en direct un film et donc de renforcer son réalisme. Du Cinéma vivant en quelque sorte. Elle sera représentée à des heures fort tardives…pour des contraintes simplement techniques de qualité des projections? Entre autres, mais nous allons aussi explorer dans ce nouveau projet la question pour les spectateurs du cinéma en plein air. Car même si la per formance se tourne dans les bureaux du Printemps des comédiens, la projection se fera dehors, donc en effets les lumières seront déterminantes. Le spectateur verra de l'extérieur le film joué à l'intérieur des bureaux….pour le soumettre une fois de plus face à son état passif de réceptacle de situations sur lesquelles il n'a pas de maîtrise? pour créer une distanciation? La frontière qui sépare les spectateurs des acteurs sera l'écran et les vitres du bâtiment . Seule la fable les rassemblera dans un temps commun à tous. Enfin, comment avez-vous travaillé avec les comédiens de la Promotion 2014 de la Maison Louis Jouvet? à partir d'improvisations, de débats sur les thèmes abordés par le dramaturge? Je voudrais préciser une chose importante : c'est avant tout un laboratoire entre MxM et la Maison Louis Jouvet/ENSAD/Ecole Nationale Supérieure d'Art Dramatique de Montpellier dirigée par Richard Mitou avec les 14 comédiens de la Promotion 2014. S'y sont ajoutés, dans

le cadre d'un stage de mise en situation professionnelle, 2 étudiants en Master de l'Université Paul Valéry III et 2 étudiants de 4e année de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts. Ce projet ,en dehors de son contenu artistique, questionne et développe d’autre part des réseaux d’écoles et d’institutions en regard des évolutions actuelles des arts de la scène. La mise en relation d’univers différents ( apportant chacun leurs qualités propres) contribue à la richesse des échanges qui s’instaurent, avec cette exigence et ce désir permanent d’interroger le croisement entre transmission, recherche et création.Ce qui demande beaucoup de temps de préparation à tous les niveaux et donc, comme vous dites, qui passe par divers chemins pour trouver son écriture propre.

> Nobody Dimanche 9 juin 2013 à 22h30, le 10,11, 12 juin à 0h30, et le 13 juin à 22h30 au Printemps des Comédiens (Domaine d'Ô- Montpellier) Rencontre le jeudi 13 juin à 19h avec Cyril Teste aux Micocouliers ( Printemps des Comédiens, Montpellier). Une conférence en présence de Falk Richter et de Cyril Teste aura lieu le 24 mai 2013 à 11h au Studio Bagouet du CCN ( Les Ursulines, boulevard Louis Blanc, Montpellier).

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Cirque

MARTINE LE ROY Par Julie Cadilhac/ Photo Crédit-photo: ©Abeele Martine Leroy est directrice artistique et des formations professionnelles du Centre des Arts du Cirque de la Région Languedoc-Roussillon. La rencontrer a été l’occasion d’en savoir plus les formations que proposent l’école Balthazar et de vous donner quelques pistes sur ce que les élèves présenteront au Printemps des Comédiens pour la saison 2013, dans le cadre du partenariat avec le Festival qui dure depuis sept ans et offre l’occasion chaque année aux spectateurs de vivre un moment circassien frais et prometteur ! Comment êtes-vous "entrée dans le cirque"? J’ai lu « Martine au Cirque » quand j’étais petite et je rêvais d’être bohémienne. Ensuite j’ai fait beaucoup de danse, gym, dessin, arts plastiques et poésie à l’école Decroly de Bruxelles et un master en psychologie des pratiques corporelles à Montpellier. Entre ces deux périodes j’ai été artiste de cirque et j’ai voyagé sur les routes avant d’être formatrice, conseillère artistique et metteuse en piste. L’été 1978 j’ai rencontré le « Cirque Bidon » en roulottes à cheval et je suis partie avec eux…Avec Pierrot Bidon, mon compagnon, nous avons énormément joué en voyageant en France et en Italie pendant 6 ans, à la suite de quoi nous avons fondé « Archaos, cirque de caractère » arrivé à Alès en 1986, accueilli par Marie

C l a i r e G e l y s u r l a Ve r r e r i e d e Rochebelle. Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots, puisque vous en la directrice des formations professionnelles, quelles sont les spécificités du centre des arts du cirque Balthazar? A Alès, j’ai créé l’école du Salto et la Compagnie Balthazar, qui en migrant à Montpellier est devenu le centre des arts du Cirque Balthazar, il est donc issu de cette épopée. C’est avant tout une école d’art, elle est constituée de trois volets interactifs : la pratique amateur, la formation professionnelle et le centre de ressources artistiques et pédagogiques. Chaque domaine génère une multitude de projets qui sont reliés les uns aux autres.

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Comment peut-on postuler? quels sont les critères et les dates-clé à retenir? Nos formations professionnelles sont différentes selon le public qu’elles forment : soit des pédagogues, soit des artistes, soit des professionnels d’autres domaines. Celle qui forme de jeunes artistes est importante, elle sert un programme régional d’expérimentation, recherche et innovation sur un ou deux ans, selon les candidats, certains peuvent même re s t e r u n e t ro i s i è m e a n n é e . L e s candidats postulent en remplissant un dossier (avril) puis passent des tests de présélections (juin) et au vu des prérequis ils seront sélectionnés pour la formation débutant en octobre.Toutes les informations figurent sur le site . Il faut bien sûr une très bonne condition physique, des bases d’acrobatie, danse ou théâtre et une réelle motivation.

Le partenariat avec le Printemps des Comédiens dure depuis plusieurs années… pouvez-vous nous expliquer l'histoire de ce partenariat, sa durée exacte et ses enjeux? y-a-t-il d'autres festivals où ces jeunes circassiens exposent leur travail? Le partenariat avec le Printemps des comédiens dure depuis très longtemps, il a commencé il y a environ 15 ans et s’est poursuivi avec le spectacle de fin de promotion de la formation professionnelle chaque année. Il est important car il fonde véritablement la carrière de jeunes artistes, c’est une aventure extrêmement riche pour eux comme pour moi qui les met en piste depuis 7 Printemps ! Bien qu’il soit reconduit chaque année cet événement constitue une expérience artistique et pédagogique absolument unique puisque les stagiaires mettent leurs projets personnels au service d’une recherche collective que nous choisissons, que je stimule et dont je suis

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garante. Ils commencent la formation par des expériences en petits groupes au festival de Circa à Auch dans le cadre de la fédération française ou de la fédération européenne, ils poursuivent en préparant un travail collectif pour l’agglomération à Noël, ils préparent ensuite des soli et enfin la création du Printemps. A travers ces recherches-créations qui ne seront jouées que 6 fois, le centre des arts du cirque Balthazar expose une fois par an son travail et ses préoccupations, ainsi on peut suivre également une action pédagogique longitudinale et une démarche artistique en évolution. Pour ma part, c’est un véritable laboratoire créatif qui me permet de poursuivre un cheminement artistique commencé depuis longtemps : poésie corporelle, accumulation et récupération de matières diverses, collage, émergence et condensation des sensations, des images et des propos, explorations, contrastes et hybridations, découvertes de résonnances en amenant toujours d’autres….

Dans Instables Oui Monsieur! , quelles disciplines de cirque seront représentées? Les différentes disciplines de cirque que sont mât chinois, fil de fer, corde lisse, trapèze, cadre aérien, acrobatie, jonglerie, équilibres, roue cyr interagissent avec hip hop, danse, jeu d’acteur et autres arts. Lors de la formation des élèves de l'école ( qui se déroule en deux ans il me semble), les élèves ont-ils des spécialités et font-ils des choix de formation…ou suivent-ils tous le même enseignement généraliste? La for mation est fondée sur la résonnance entre formation et création artistiques, c’est pourquoi les stagiaires ont des cours réguliers -qu’ils soient théoriques ou pratiques- et des ateliers ponctuels en commun mais également des travaux de recherches personnelles dans leur spécialité ainsi que des aménagements permettant un positionnement selon le niveau et le projet de chacun tout comme différents stages en alternance. De

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plus, le programme s’individualise petit à petit sur les deux ou trois ans. Enfin, dans Instables Oui Monsieur! , vous avez travaillé sur le thème de l'instabilité…quelle ont été vos sources d'inspiration et vos pistes de travail ? La première source est un ressenti général de ce groupe de jeunes, exprimé d’abord différemment par chacun lors d’un atelier d’écriture et trouvant son expression commune dans le titre choisi tous ensemble. « Instables ? … Oui Monsieur ! » : Vous nous trouvez instables, nous l’assumons. Pour certains, il s’agissait de leur choix, ou de leur futur métier, pour d’autres de la vision des adultes sur la jeunesse, pour d’autres encore de la prise de risque, ou bien du voyage, ou de la crise, ou du monde, ou de nos rapports à la folie…. Ensuite le travail du thème « instabilité » a permis d’élargir l’horizon en l’interrogeant dans différents domaines : la mécanique, la physique, la chimie, la biologie, la météo, l’économie politique, la psychologie, la

physiologie, la philosophie, la littérature, les arts plastiques… Nous avons réuni énormément de matière en commun, puis chacun a travaillé depuis son point de vue sur la question, physiquement, à partir des sensations et du mouvement, psychologiquement, à partir des émotions et de l’imaginaire, intellectuellement, à partir de pensées et de textes. Un texte de Prigogine nous a semblé particulièrement intéressant car il traitait de l’organisation innovante générée par l’instabilité. Elle était donc positive et même nécessaire…

> Du 6 au 11 juin 2013 à 20h30 et Le 12 juin 2013 à 20h30 et 22h30 au Printemps des Comédiens (Montpellier) > Le site du Centre des Arts du Cirque Région Languedoc-Roussillon http://www.balthazar.asso.fr

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Nanodanse

Michèle Anne de Mey Par Carine Roy/ Photo Crédit-photo: © Michiel Hendryckx ( portraits) © Marteen Vanden

Dans Kiss & Cry, des mains dansent et un monde apparaît en miniature. Il y a un côté jeu secret d’enfants qui s’émerveillent devant leur train électrique dans un grenier familial… Ce sont les mains de la chorégraphe Michèle Anne de Mey et de Grégory Grosjean. Jaco Van Dormael les met en scène en utilisant plusieurs petites caméras embarquées dont les images sont projetées sur grand écran. Une installation technique impressionnante et ultra précise, pleine de tendresse et de fragilité. Ces mains dansantes deviennent un personnage, l’héroïne d’histoires d’amours contrariés, de rendez-vous manqués : Giselle , à laquelle on s’identifie et dont on suit, amusé et attendri, les tourbillons de la vie. Jaco Van Dormael a réalisé trois films salués par le public et la critique : Toto Le héros, Caméra d'Or à Cannes et César du meilleur film étranger ; Le Huitième Jour récompensé par un prix d'interprétation à Cannes pour Daniel Auteuil et l'acteur trisomique Pascal Duquenne et Mr Nobody avec Jared Leto. Michèle Anne De Mey a été l’une des très belles interprètes d'Anne Teresa De Keersmaeker avant de fonder sa compagnie en 1990. Elle est un des grands noms de la nouvelle danse belge,artiste associée à la direction de Charleroi Danses depuis 2005. Rencontre avec une émouvante nanodanseuse…

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Comment est née cette idée de mettre en scène des mains qui dansent ? L’idée du spectacle et celle de danser avec les mains sont venues ensemble. Il y a à peu près sept, huit ans, on avait fait un chantier avec Grégory Grosjean, Jaco Van Dormael et moi-même. On cherchait ce qui pouvait réunir cinéma, théâtre et danse. Il y avait plusieurs, disons “sketches”, des essais qui en étaient ressortis. Jaco était à la caméra et c’était retranscrit sur grand écran. On y voyait une séquence de doigts, de couple et nous avions eu l’idée de nous mettre, nous, danseurs, dans la position de marionnettistes, de mettre en scène des personnages avec uniquement des mains. Et Jaco filmait. Ce tout petit donnait du tout grand et il y avait aussi le ballet du cameraman et l’on trouvait tout ça extrêmement troublant et intéressant. Et puis, il y a deux ans et demi, quand le directeur du théâtre du Manège à Mons, Daniel Cordova, a demandé à Jaco s’il n’avait pas envie

de faire une mise en scène de théâtre, Jaco lui a dit qu’il aimerait bien pousser cette expérience-là et faire un vrai spectacle : caméra, petits mondes, doigts, mains et travailler en collectif. L’idée des mains et des doigts est venue de cette réflexion : Jaco disait : “Oui, mais moi, je ne sais pas filmer la danse car je ne sais pas choisir entre le gros plan, le corps entier… ou sinon le plan est trop large”. C’était donc parti un peu comme une blague, une recherché : on lui a dit “regarde, comme ça, si tu filmes nos doigts avec la caméra, tu as un gros plan et un corps en entier”. Cette image, c’est comme une métaphore et la main en entier devient tout un imaginaire. Pouvez-vous nous raconter l’histoire de ce spectacle intitulé “Kiss & cry” ? Le spectateur s’asseoit dans une salle et participe. Qu’est-ce qu’il voit ? Il voit la fabrication d’un film en direct; ça, c’est un peu l’enjeu du spectacle. C’est un

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plan séquence, rien n’est enregistré à l’avance. C’est un peu un “sans filet” à ce niveau-là. ça c’est l’histoire de la représentation. Il y a neuf personnes sur le plateau qui réalisent cette prouesse et ces neuf artistes-cameramen-danseursacteurs-manipulateurs- metteurs en scène vont nous raconter, avec l’aide d’une camera, une autre histoire qui est l’histoire de Giselle, une vieille dame qui se souvient de ses amours et va dans sa mémoire et ses trous de mémoire. Elle regarde passer les trains et se rappelle son premier amour dans un train. Elle avait 13 ans et a touché la main d’un jeune homme et depuis elle ne se souvient plus que des mains des hommes . Alors, elle se rappelle à partir de là tous les amours de sa vie : des amours finis, des amours passés et elle est à la recherche de sa vie et de ses amours… de ses amours perdus.

de la précision à tous les niveaux. Il y a toute la coordination entre nous aussi, cette musicalité qui va, je crois, au-delà des mains. Vous créez sur scène des intempéries miniatures, de grands ballets aquatiques avec dix doigts, vous jouez avec les illusions d’optique sans rien cacher au spectateur puisqu’il voit l’envers du décor. Ce côté bricolage apparemment fragile provoque beaucoup d’émotion… Comment avez-vous conçu ces décors et accessoires lilliputiens avec votre compagnon Jaco Van Dormael ?

Et vous-même en tant que danseuse et chorégraphe, ce n’est pas un peu frustrant de danser seulement avec vos mains ? Ce n’est pas du tout frustrant, c’est même un beau défi. De toutes façons, pour moi, beaucoup de mes mouvements continuent au-delà de mes mains ou partent même avant mes mains. Je m’investis autant que si j’étais toute entière en scène. Tout mon corps est sollicité, je suis un peu moins essouflée, c’est tout. Il y a toute une vie à travers les mains et c’est très intéressant. Tout vient du coeur, de la précision. C’est comme les poupées russes, il y a tellement d’échelles dans ce spectacle qu’il n’y a pas que les mains en fait. Il y a le ballet et

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On a beaucoup travaillé avec du madehome , on a utilisé les jouets de nos enfants qui avaient grandi, on a travaillé à la maison sur la table de la cuisine. On a manipulé de petits objets comme ça qui pouvaient servir de décors… On a d’abord fait un laboratoire, et donc tout était en perpétuelle transformation et tous ces petits mondes sont venus à nous; ce sont de petits exercices de style. On éclairait avec des lampes de poche, on travaillait sur des nano-mondes, donc il s’agit vraiment du monde de l’enfance: des trains électriques, des papiers collants, de la pluie realisée avec un sacarrosoir et tout ça est montré… Comme tout doit être réglé au millimètre et à très petite échelle, les répétitions ont-elles été difficiles ? Non, pas du tout ! On s’est d’abord donné rendez-vous une semaine par mois pendant 3,4 mois en laboratoire dans un grenier à quatre, cinq. On n’a pas parlé d’histoire, du scénario, du spectacle final, on a cherché car c’est un travail collectif. On a travaillé avec la caméra dans les mains, des petits objets, on s’est amusé, on a trouvé 4 microscènes et on a cherché comment on pouvait retourner les caméras aussi bien au niveau technique qu’au niveau visuel. On a trouvé une chanson, on s’est dit, “tiens on va faire les feuilles mortes! Comment on va mettre en images cette chanson?”. On a trouvé comment on pouvait s’incruster dans une maison Playmobil, faire un film animalier, filmer en-dessous de la table, trouver des mondes dans les tiroirs, enfin on s’est amusé et on a trouvé un langage. Après on s’est demandé quelle histoire pouvait tenir le coup avec les matériaux qu’on avait. Ensemble, on a decidé que c’était l’histoire de Giselle parce que c’était cinq histoires d’amour comme les cinq doigts d’une main. Et là, de nouveau, on est tous repartis dans notre spécificité.

C’est-à-dire, Jaco dans l’écriture du scénario et Thomas et Jaco dans le découpage des scènes. Grégory et moi dans la chorégraphie, Sylvie dans la conception des décors et Nicolas dans la lumière. On a pris tous ensemble des décisions sur les dispositifs scéniques et après on s’est retrouvés tous ensemble pendant deux mois pour la réalisation : comment placer les caméras et tous les problèmes plus techniques. Mais comme on était tous soudés, on est devenus monomaniaques : les piles de la lampe de poche devaient être à moitié pleines ou ceci et cela… c’était un moment fastidieux mais extrêmement heureux parce qu’on était comme les maillons d’une chaine. On travaillait de 10h du matin jusqu’à 11 heures du soir non stop ! Il y a un côté jeu d’enfant qui s’amuse avec son train électrique dans un grenier, comme dans les films de Jaco Van Dormael qui traitent beaucoup de l’enfance, de nos choix de vie… On retrouve aussi ces thèmes dans “Kiss & Cry… Il y a des éléments qui appartiennent à l’univers de Jaco, d’autres qui appartiennent au mien. J’ai créé des ballets extrêmement ludiques comme “Ballatum”, “Katamênia” où la part du jeu, du rêve et de l’imaginaire sont très présents. Dans “Kiss & Cry”, on retrouve des couleurs du collectif, on secoue la cocotte et ça donne ça ! L’enfance, les jouets permettent d’aborder des sujets graves: tout le monde se rappelle de ses mains et des jouets entre ses mains. C’est la première chose qu’on voit. “Kiss & Cry” m’a fait penser aux spectacles du collectif néerlandais Hotel Modern qui renouvelle l’art de la marionnette et combine manipulation d’objets et vidéo, théâtre et arts plastiques. Vous les connaissez ?

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Oui, oui, on les connait bien, On a vu “Histoires de crevettes”, leur spectacle de marionnettes avec des crevettes qui est retransmis lui aussi en direct avec la vidéo. Mais il n’y a pas de partie chorégraphique; il y a des objets bricolés, des similitudes, mais pas de chorégraphies avec les mains. Il existe aussi une publicité pour du vernis à ongles Chanel qui met en scène des mains qui dansent… Quand la publicité est sortie cinq mois après la première, on a posé des questions à Chanel qui ne nous a pas répondu. Et donc, juste avant de jouer au 104 à Paris en 2011, on a fait un communiqué de presse disant qu’on avait bien fait le spectacle avant Chanel et qu’ils ne nous avaient pas répondu. Cela a fait une histoire pas très intéressante et pas très agréable, puis ça s’est tassé. Pour moi, le principal est que le monde de la presse soit au courant que notre spectacle était sorti avant. Cette publicité on peut la voir partout dans le monde, même au Japon… Nous, c’est en 2015 qu’on va au Japon, et là, le public pourrait croire qu’on a copié cette publicité. Ce qui serait un peu dommage pour nous. Donc, en faisant ce communiqué, on a protégé notre spectacle. Vous êtes artiste associée à la direction de Charleroi Danses, en tant que chorégraphe, quels sont vos projets, en plus de la tournée de “Kiss & Cry” ? Du “Lamento d’Adrianna” de Monteverdi, j’ai fait un solo pour une danseuse exceptionnelle Gabriella Lacono, l’une des plus belles danseuses que je connaisse, On vient à Paris le 11 juin à la Cartoucherie de Vincennes pour le Festival June Events.

vôtre côté, être danseuse, c’était un rêve de petite fille ? Mon papa était représentant en disques et ma maman a été assistante sociale. Elle s’occupait de mon frère Thierry et de moi. Quand j’avais quatre ans, je regardais les groupes fokloriques et je trouvais ça très sympa, je faisais la majorette! Je voulais être danseuse, fermière ou femme de cirque !! (rires) J’ai continué dans la danse et cela me convient très bien ! > “Kiss & Cry”, création collective de Michèle Anne De Mey, Gregory Grosjean, Thomas Gunzig, Julien Lambert, Nicolas Olivier, Sylvie Olivé, Jaco Van Dormael. Un livre également de photos et de textes issus de ce spectacle : “Kiss & Cry” de Thomas Gunzig - Les Impressions Nouvelles - Collection : Traverses.

Du 14 au 16 mai 2013 à la Rose des Vents, Villeneuve d’Asq Les 4,5 et 6 juin 2013 au festival du Printemps des Comédiens ( Montpellier) Du 19 juin au 6 juillet 2013 au Théâtre du Rond-Point, Paris

Votre compagnon Jaco Van Dormael a suivi des études de cinéma et mis en scène des spectacles de clown. De

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Métiers du Théâtre

PASCALE BORDET Par Julie Cadilhac / Photo Crédit-photo: DR

Pascale Bordet a commencé sa carrière de costumière de théâtre en 1982 aux ateliers de l'Opéra Garnier et au Théâtre du Trèfle. Elle travaille depuis comme indépendante, principalement pour le théâtre privé. Pour des pièces classiques ou contemporaines, elle a notamment "habillé" Michel Bouquet, Isabelle Carré, Cristiana Reali, Francis Huster, Michel Aumont, Sara Giraudeau ou encore Annie Duperey qui a rédigé la préface de son dernier Beau-Livre. Elle a été nominée depuis plus de dix fois aux Molières et a reçu deux fois le Molière de la meilleure créatrice de costumes en 1999 et en 2002. En 2000, elle a été également récompensée du prix Renaud-Barrault. Après avoir publié chez Actes Sud, La Magie du costume, est paru en janvier 2012 les Cahiers secrets d'une costumière de théâtre, une petite merveille qui enchantera tous les amoureux du théâtre.

Pascale Bordet habille les comédiens tout en les dessinant. Son livre regorge de croquis attrayants et expressifs auxquels s'ajoutent des commentaires manuscrits, témoignages du travail en gestation. Avec la complicité des superbes photographies de Laurencine Lot, elle nous permet de pénétrer dans les coulisses de son

métier aussi passionnant qu'exigeant et protège à sa manière cet artisanat théâtral et ce savoir-faire unique. Chapitre après chapitre, on jouit de son écriture espiègle et imagée et l'on s'émerveille devant ses créations. Pascale Bordet , depuis l'armoire à rêves de ses parents artisans à ses dernières confections de costumes, confie ses secrets de création, citent des maximes de grandes personnalités du théâtre qui l'inspirent et nous détaillent ce qui fait la spécificité d'un costume de théâtre. Ce Beau-Livre est mené avec passion et pertinence : il vit et , page après page, parce que Pascale Bordet est une magicienne tapie dans l'ombre, l'envie urgente de se rendre au théâtre nous saisit… d'ailleurs, il ne serait pas étonnant qu'en le fermant, vous ne soyez persuadé d'avoir entendu résonner des applaudissements….en tous cas, nous, on applaudit! Le costumier fait partie des métiers trop méconnus du théâtre. Officiant dans l’ombre, il participe pourtant, dès

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le début, au processus de création. Souvent, les comédiens attendent impatiemment le moment, dès les répétitions, où ils vont revêtir leur costume de scène pour affiner leur interprétation, pour mieux entrer dans la peau de leur personnage.

collaborations avec Jean-Paul Farré, elle ne cesse plus, habillant Michel Bouquet, Jacques Dufilho, Isabelle Carré ou C r i s t i a n a R e a l i , t r a v a i l l a n t p o u r Georges Wilson, Jean-Claude Brialy, G e o r g e s W e r l e r, A l a i n S a c h s o u Stephan Meldegg, pour des pièces classiques ou contemporaines.

Le témoignage de Pascale Bordet nous éclaire sur son approche. Après avoir commencé au Théâtre du Trèfle et aux ateliers de l’Opéra Garnier à Paris (1982-1986), elle travaille comme indépendante pendant plus de vingt ans, principalement pour le théâtre privé et, de temps à autre, pour la télévision ou la scène musicale. Depuis ses premières

En lisant votre armoire à rêves, premier chapitre de vos carnets, on pense au "buffet" d'Arthur Rimbaud….on vous l'a déjà dit? En plus du goût du tissu, vous avez le goût du mot! Quelle a été la genèse de cet ouvrage? Mon livre m’a été nécessaire, vital ; j’avais besoin d’expliquer mon métier, comment je le faisais et faire découvrir les coulisses où je passe ma vie. Il m’a fallu quatre années pour le construire. Si vous êtes douée avec une aiguille et un fil, vous ne l'êtes pas moins avec un crayon et l'aquarelle….où avez-vous appris à dessiner? Je n’ai jamais pris de cours de dessin, mais j’ai toujours dessiné et peint depuis l’enfance, sur un coin de table.

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"Je ne veux rien posséder car ça brouille la création à venir " que vous le jugez inintéressant au théâtre ou que cela ne vous intéresse pas personnellement? Je ne fais pas un travail de reconstitution ; au théâtre il y est question de création pour moi, et je juge beaucoup moins intéressant le copier/coller ; même un simple dessin s’il est créatif vaut des milliers de mots et de photos. De nombreuses citations s'invitent ça et là dans les pages de votre livre….le signe d'une amoureuse de la formule? de la réplique?

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Vous dites qu' " il faut commencer par apprendre les époques, historiques, toutes, l'histoire du costume et toute l'histoire, car tout est lié et a un sens culturel et politique". Un sacré travail en amont en plus de la lecture de la pièce et l'analyse de ses personnages…. Vous précisez cependant "qu'on n'échappe pas à sa propre époque, on revisite toujours le passé à travers le présent". Vous faites donc tout sauf un travail de reconstitution …parce

Bien sûr que j’aime les formules. Si vous deviez citer un costume qui vous a été particulièrement compliqué à concevoir? Le costume le plus compliqué à concevoir, c’est celui que je fais en ce moment ; c’est-à-dire toujours celui que je cherche au présent. Une fois trouvé, je ne le trouve plus compliqué. Et celui dont vous avez été le plus fière? Le costume du Roi se meurt de Michel Bouquet est le costume dont je suis le plus fière parce qu’il me dit qu’il joue bien avec… et ça fait dix ans qu’il le joue. D’ailleurs tous les costumes du « Roi » je les ai faits à la

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"Je porte du blanc pour m’oublier et pour qu’on ne m’oublie pas ! " main. Ils m’appartiennent mais je vais en faire don au théâtre

Avez-vous des matières de prédilection? et d'autres qui sont vos bêtes noires en confection? Mes matières de prédilections sont avant tout anciennes, je me nourris de leur vie et à moi d’en faire toute une histoire ; je n’aime pas les matériaux chimiques modernes, flasques et sans vie.

En avez-vous gardé certains? Pour les mettre dans une armoire où vos e n f a n t s p u i s p e t i t s - e n f a n t s pourraient fouiller? Je ne veux rien posséder car ça brouille la création à venir : j’aime la page blanche et recommencer à chaque fois.

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Vous expliquez que le costume de théâtre commence par la chaussure, doit être facile à enfiler, doit avoir des colifichets qui font sens …recette après recette, on rencontre une dame qui a l'art de raconter des histoires et aurait pu être tentée , au théâtre, de les raconter autrement qu'au travers des tissus? Je raconte des histoires avec des c o s t u m e s ; j e n e s u i s q u e costumière pas comédienne ; moi j’ai les tissus pour dire les mots, et je me cache derrière ; j’aime bien qu’on ne me voit pas, qu’on découvre les costumes porteurs de sens, et seulement, moi, bien après. Si vous deviez citer une pièce dont les costumes vous ont convaincu que costumière de

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La costumière est un peu « m a m a n » à r a s s u r e r l e s comédiens mais aussi infirmière des âmes, psychanalyste, jardinière des humeurs, protectrice de ces « gentils animaux » que sont les acteurs !

théâtre était votre vocation, laquelle serait-ce? En autres, c’est d’abord Le Roi se meurt dont les costumes m’ont convaincu que costumière de théâtre était bien ma vocation. Y a -t-il un personnage de théâtre dont vous aimeriez créer le costume…et qui ne s'est pour l'instant pas proposé à vous? J’aimerais tout autant recostumer Le Misanthrope mais cela ne s’est pas retrouvé.

Enfin, si vous deviez citer une phrase qui, selon vous, explique à la perfection votre métier, laquelle serait-ce? Personnellement je ne porte que du blanc et je dis : je porte du blanc pour m’oublier et pour qu’on ne m’oublie pas ! » C’est une des phrases qui explique bien mon métier.

> Le site de Pascale Bordet : www.pascalebordet.fr

Vous dîtes que dans chaque costume de théâtre, vous ajoutez un gri-gri pour rassurer le comédien….un secret entre vous et lui. La costumière est un peu la "maman" de la pièce? celle qui chouchoute et fait briller sur scène ses enfants parfois capricieux mais sur lesquels elle garde un oeil toujours prévenant? 94 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013


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Polars

« Attendez-vous à savoir » (*) Le polar aquarellé a vécu. Normal : il trouve ses sources dans cette actualité violente dont les médias se délectent, tant elle fait vendre. Qu’ils vivent à Cheyenne, en Nouvelle-Zélande ou sous nos fenêtres, les auteurs mettent toute la gomme pour ficeler des intrigues terribles voire terrifiantes et, créant des héros de séries, prévenir qu’on n’en restera pas là. LIVRE PAR MARC EMILE BARONHEID / Photo DR

Angoissant. La nouvelle enquête de l’inspecteur John Luther commence mal. Un jeune couple vient d’être trouvé sauvagement assassiné ; le bébé que portait la femme a été arraché de son ventre. A voir le physique impressionnant de Luther et sa manière carrée d’appliquer ses principes, on aurait tendance à le croire trempé dans l’acier inoxydable. En réalité il est profondément ébranlé, habité jour et nuit par l’affreuse immensité de sa

tâche, au point de ne pas vouloir admettre que son couple va en être la première v i c t i m e collatérale. Face à un implacable tueur d’enfants qui prend plaisir à le narguer et à le discréditer

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auprès de sa hiérarchie et dans l’opinion publique, Luther est furieusement tenté de franchir la ligne rouge sang qui sépare les flics réglos de ceux s’avérant incapables de résister à leurs démons. Attention ! Vous allez goûter aux joies troubles de l’insomnie. « Luther : l’alerte », Neil Cross, Belfond noir, 20,50 euros

Il rencontre de très inquiétants jumeaux qui le trucideraient volontiers, se retrouve pris dans un imbroglio où personne n’est bon, personne n’est gentil. Les politiciens et les spéculateurs – pour autant qu’ils ne cumulent pas les vices – n’ont qu’une idée en tête : se débarrasser de cet empêcheur de magouiller en rond. Joe P est vraiment mal embarqué. Va-t-il s’en sortir ou sera-ce sa fin de course ? Un western policier d’une rare intensité. « Fin de course », C.J. Box, CalmannLévy, 20,90 euros

Nature inhumaine. Que l’ énorme faute d’accord verbal à la 4e page de couverture ne vous dissuade pas d’ouvrir cette nouvelle aventure du garde-chasse américain Joe Pickett. Le gaillard vaut le détour. Quelque peu brut de décoffrage, à l’instar de ceux qui veillent à la préservation du grand Ouest si l’on en croit le cliché qui a cours, Pickett enfourche son destrier pour enquêter sur d’étranges événements survenus dans les forêts du Wyoming. La fausse bonne idée !

Chicago sur Rhône. Lyon n’en finit plus de susciter des romans désenchantés. Il est vrai que le terrain s’y prête admirablement. Pour Farel, flic intègre et déterminé, ce n’est plus vivable. Un assassinat de notable met le feu aux poudres et porte l’attention sur Vauclin, mystérieux personnage, col doré parmi les cols blancs, auquel on prête une importante puissance occulte. Son parcours est classique, qui va du communisme révolté à l’affairisme sans scrupules. Farel avance droit et vite, aussi la machine à le broyer se met-elle en branle, actionnée par rien moins que Matignon. Ses adversaires sont tapis dans l’ombre du pouvoir et pressés de l’éliminer par tous les moyens. Ce serait chose faire si Farel ne pouvait compter sur l’appui d’une juge aussi résolue que lui. Un seul ennui : elle

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est absolument légaliste. Lorsque les événements le touchent dans ce qu’il a de plus cher, Farel décide de s’affranchir de l’ortodoxie et d’appliquer, en la dopant, la loi du talion… Encore une franche réussite pour Jigal, alias Jimmy Gallier, dont il faut l o u e r e t s o u t e n i r l e fl a i r, l’engagement, l’enthousiasme. Mais quand diable va-t-il se décider à relire soigneusement les épreuves ? « Tortuga’s bank », André Blanc, Jigal « Polar », 18 euros

Plus vrai que nature. Une geôle italienne où croupit encore Carlo, rescapé des années de plomb et

des Brigades Rouges. Il parvient à s’échapper, entraînant malgré lui Filippo Zuliani, un petit délinquant sans envergure. Lâché dans la nature, le demi-sel se réfugie à Paris, regardée alors comme La Mecque des fuyards politiques transalpins. Par simple envie de séduire une femme, Filippo l’inculte se met à écrire ce qui deviendra un roman. Il y raconte la prison, la cavale, ce Carlo entretemps tué dans des circonstances étonnantes, sinon douteuses, dont il fait son héros. Un éditeur aisément identifiable flaire le bon coup. La presse s ’ e n t i ch e d e Z u l i a n i , « u n représentant des classes dangereuses comme on les aime »

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mais le contenu du récit hérisse les officines italiennes. Vrai ou faux, ce prétendu exercice de fiction ? Il lève des lièvres peu recommandables et rouvre des plaies purulentes. Devenu quelqu’un par la magie noire de l’écriture, Filippo n’en a cure. Résolu à continuer d’écrire, il n’imagine même pas ce qui se trame dans l’ombre du pouvoir. Pardelà la fable sur l’écriture, le nouvel opus d’une auteure au long passé militant dénonce une violence permanente abritée sous le masque de la raison d’état, ce qui reléguerait presque au rang d’ amusements mesquins la

singapourriture, l’abus de faiblesse, le maquignonnage d’œuvres d’art. « L’évasion », Dominique Manotti, Gallimard « Série Noire », 16,90 euros

(*) phrase fétiche de Geneviève Tabouis, célèbre chroniqueuse politique française de la seconde moitié du siècle dernier

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A tout hasard, Charlie Si tous les auteurs de manuscrits refusés utilisaient la corde pour sauter à l’entraînement de boxe et non pour se pendre, la France aurait trouvé depuis belle lurette un successeur à Marcel Cerdan. Sauf si les frustrés se mettaient à suivre l’exemple de Charlie Hasard. LIVRE PAR MARC EMILE BARONHEID / Photo ©DR

Marseillais et solitaire, Charlie est habité par deux passions que l’imaginaire collectif associe peu souvent : l’écriture et la boxe. Il a découvert à dix-neuf ans l’éblouissement des livres. « Il s’est doucement écarté du quartier, des rires, du grouillement, pour entrer de plus en plus profondément dans ce monde inconnu de rêve et de silence ». Puis est venu le besoin irrépressible de passer de l’autre côté du miroir. Ecrire dit-il. Il s’y consacre fiévreusement, tournant des heures comme un fauve autour de son cahier, dans sa cuisine aussi étroite qu’un couloir. C’est l’état de transe et de bonheur, le retrait

farouche du monde. Inutile que l’on frappe à sa porte : Charlie fait le mort. Pourtant il se sent extraordinairement vivant. Le texte terminé, il l’envoie par la poste aux éditeurs. Les quelques réponses sont toutes des lettres de refus. Il se rend alors à l’entraînement de boxe et malmène le sac de sable. Sa vocation n’est pas tardive. A quinze ans, il a mis k-o le directeur de son école. La ronde des petits métiers avec, tout de même, une incursion en librairie et le plaisir d’exposer Modiano ou Charles Juliet. A présent seules comptent l’écriture et la beauté des femmes. C’est qu’il lit et relit Flaubert, « un solitaire enragé de

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mots, ses vrais amis, cruel avec tous ceux qui dérangeaient ce silence, ce bourdonnement », seul admis à ses côtés durant les neuvaines de Charlie. Puis survient l’inespéré, le miraculeux. Un éditeur appelle Charlie Hasard, lui dit combien son manuscrit l’a touché. Euphorique, Charlie monte à Paris séance tenante, pour apprendre qu’un membre du comité de lecture s’oppose fermement à la publication. C’est un des poids lourds de la maison. La démonstration de l’arrogance du parisianisme envers la province. Le

direct au foie, le genou à terre, l’anéantissement brutal de tant de sueur et tant de rêves. La réaction de Charlie sera à la mesure de sa déconvenue. Si elle faisait des émules, le métier de lecteur dans une maison d’édition ne tiendrait plus vraiment de la sinécure. La quatrième page de couverture voit en Charlie « un écrivain cherchant ses mots à coups de pioche ». Vous en goûterez tout le sel au terme d’une lecture impatiente. René Frégni est un « pays » de Giono, ce qui n’interdit pas d’aimer Marseille et d’en décrire les charmes avec gourmandise et

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sensualité . Il a longtemps animé des ateliers d’écriture à la prison des Baumettes et connaît mieux que quiconque le prix du shadow-boxing avec les mots. Pas obnubilée par l’uppercut, son œuvre, riche d’une quinzaine de romans préfère le travail de sape au corps social, le moment où apparaît dans la garde la faille suffisante au passage du crochet fatal, qui fera gicler le protège-dents et les frilosités. Sur un ring la haine dure trois minutes ; chez un fou d’écriture, la passion est « un démon qui saigne de l’encre à perpétuité ». On a les condamnations que l’on attire. Il serait dommage de ne pas s’immerger dans ce roman d’une luminosité rasante, sans la compagnie du superbe album « I remember Chet », d’Eric Le Lann, Nelson Veras et Gildas Boclé, hommage au grand Chet Baker, paru pour le 25e anniversaire de sa disparition (label Bee Jazz – Abeille Musique Distribution).

Charlie Hasard dévorerait le Flaubert de Bertrand Le Gendre, un (auto)portrait de ce «solitaire amoureux des femmes et du beau monde », éminemment moderne, établi en puisant dans ses milliers d’écrits personnels. On aimera ceci : « Quant à oublier mon procès et n’avoir plus de rancune, pas du tout ! Je suis d’argile pour recevoir les impressions et de bronze pour les garder ; chez moi rien ne s’efface ; tout s’accumule » . « Sous la ville rouge », René Frégni, Gallimard, 11,90 euros « Flaubert », présenté par Bernard Le Gendre, Perrin, 19,90 euros

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Histoire

Aux origines du drame syrien CHRONIQUE PAR REGIS SULLY

« La vérité qui saute aux yeux quand on circule dans ce pays c’est qu’il n’y a pas de Syrie . Allons nous donner aux gens de Damas la tentation de s’imposer par la force aux Druzes, aux Alaouites ,aux Turcs d’Alexandrette et même aux Libanais chrétiens?» Jérôme et Jean Tharaud Alerte en Syrie ( 1937 ) cité dans le livre de Xavier Baron A la mort de son fils aîné, en 1994 , Hafez a l - A s s a d d é s i g n e s o n a u t r e fi l s Bachar,l’actuel dirigeant, pour lui s u c c é d e r. C e d e r n i e r ava i t rencontré,quelques temps auparavant à Londres, une jeune femme Asma al-Akrhas sunnite, d’une famille originaire de Homs qu’ il épousera en 2000. En 1998, auprès de son père pour apprendre le métier, Bachar procède à quelques remaniements au sein de l’armée et des services de renseignements. Parmi les nouveaux promus à des postes de responsabilité on note, entre autres, que le nouveau chef d’état major un certain Ali Aslan, un

Alouite, remplace le général sunnite Hikmat Chehabi. Il ne viendrait pas à l’idée à un journaliste français de préciser la confession de l’épouse du président au détour d’une phrase, de même la nomination d’un chef d’état major de l’armée ne s’accompagnerait pas de sa qualité de catholique, de protestant ou de tout autres religions. En Syrie, accoler à chaque nom la confession est indispensable pour comprendre. Nous sommes là au coeur du drame syrien depuis la naissance de cet Etat né du dépeçage de l’empire ottoman. L’ excellent livre de Xavier Baron, ancien directeur de

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l’AFP pour le Proche-Orient, permet d’apprécier les images qui se déversent sur nous à longueur de journée, toutes plus horribles les unes que les autres. Ainsi les massacres de sunnites le 4 et 5 mai dans la région de Baniyas restitués par les chaînes de télévision s’éclairent d’un jour nouveau, au-delà de l’émotion légitime provoquée par ces alignements de corps ensanglantés on peut aller plus loin dans la compréhension de la tragédie syrienne. Déjà, la France qui avait reçu le mandat de la SDN pour conduire la Syrie vers l’indépendance ainsi que le Liban( septembre 1923)avait dû affronter la diversité des populations locales. Dés 1921, en effet le général Gouraud,haut commissaire en Syrie et au Liban avait été aux prises avec les différentes confessions installées sur le territoire. Il avait octroyer auparavant une large autonomie aux Alaouites , il en fit de même aux Druzes dans le sud du pays. Cette fragmentation de la société syrienne aurait pu être surmontée plus tard par l’arrivée au pouvoir du parti Baas ,à la fin des années soixante, dont la première référence est la nation arabe et la seconde le socialisme. Cette connotation fortement laïque n’empêche pas que le Baas

considère l’Islam comme le socle culturel de l’arabisme. Mais cet Islam là n’a rien à voir avec celui fondamentaliste des frères musulmans. Désormais le pouvoir en Syrie repose sur trois éléments L’armée,les Alaouites et le Baas. La minorité alaouite considérée par les sunnites comme des hérétiques investit l’école militaire d’Homs délaissée par les sunnites qui refusent de travailler encadrés par des officiers français. C’est ainsi qu’on y trouve ,en 1952, un jeune alaouite dénommé Hafez alAssad. Les Alaouites verrouillent l’armée et le parti Baas. Une succession de coups d’Etat va porter au pouvoir Hafez al-Assad en 1970. Il sera élu président de la République le 12 mars 1971 avec 92,2% des voix. Le régime policier installé est loin de faire l’unanimité. Ainsi la majorité sunnite n’admet toujours pas d’être dirigée par un pouvoir alaouite bien que ce dernier compte quelques sunnites dans ses rangs. La violence s’installe en Syrie , ainsi en 1982 à Hama un soulèvement armé organisé par des intégristes se solde après la reconquête des troupes d’élite de Hassez al-Assad par 10000 à 20000 morts. La dimension régionale du conflit n’échappe pas à cette aspect religieux

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puisque la Syrie fait partie de l’axe chiite composé du Hezbollah et de l’Iran . En effet, en 1973, Hafez al-Assad avait obtenu d’un iman libanais une fatwa certifiant que les Alaouites sont des chiites donc des musulmans. Il est évident que la lecture du livre permet de nuancer cette vision qui ne réduit pas à ce seul aspect confessionnel. Ainsi lors de l’occupation des troupes syriennes au Liban celles-ci se sont trouvées parfois aux côtés des milices chrétiennes. Le conflit avec Israël échappe en partie à cette logique. Reste que les événements actuels commencés en 2011 par des manifestations pacifiques revendiquant plus de démocratie s ’ a c h e m i n e n t v e r s u n c o n fl i t intercommunautaire. C’est ce qu’a estimé l’ONU en 2012. Elle reconnaît que «des communautés entières croient, non sans raison,qu’elles risquent de devoir fuir le pays ou être tuées dans le pays» On peut difficilement au vu de ce qui s’est passé en Irak à la chute de Saddam Hussein les contredire. C’est pourquoi les chrétiens qu’ils soient grecs orthodoxes ou Arméniens,les Druzes voire les Kurdes observent une prudente neutralité dans le conflit actuel, d’autant plus que certains musulmans se sont radicalisés. Au total un livre passionnant qui de surcroît est très pédagogique de part sa clarté et le choix judicieux d’introduire des cartes à la fin de l’ouvrage.

Aux origines drame syrien ➤

Xavier Baron Editions Tallandier

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du


Des cimaises et des hommes Est-il préférable de parcourir le catalogue d’une exposition, avant de la visiter? Certains avancent que cela limite les risques de déconvenue. D’autres assurent au contraire que l’émotion face aux cimaises et autres vitrines s’en trouverait singulièrement rabotée. Cette rubrique n’a pas la prétention d’arbitrer le débat, Donnant un avant-goût aux uns, elle consolera les autres de n’avoir pu faire le déplacement. LIVRE PAR MARC EMILE BARONHEID / Photo ©DR

Rêveuse bourgeoisie Voici plus d’un siècle qu’ Eugène Boudin (1824-1898) est ignoré par les organisateurs parisiens d’expositions. Plus rien, en effet, depuis une rétrospective montrée en 1899 ! Visitant celle-ci, Pissaro confie « c’est gentil, adroit, d’une jolie tenue dans les anciennes petites toiles, plus de gentillesse que de force ». Qui veut crucifier un artiste avec une politesse accablante lui prêtera de la gentillesse. D’autres appréciations du même tonneau viendront enfoncer le clou, jusqu’à lester durablement la chape de plomb qui s’est abattue sur le peintre. En revanche, Monet écrira qu’il doit tout à Boudin et lui sera reconnaissant

de sa propre réussite. L’album entend rendre justice à l’homme et à l’artiste, trop longtemps trahis par une double méconnaissance de leur profondeur. On imagine mal, aujourd’hui, les ravages de la modestie, tant le premier barbouilleur venu met de zèle à fanfaronner. Le parcours – qui retrace les principales étapes de l’œuvre , l’analyse des reproductions, les éléments puisés dans la correspondance et les journaux de Boudin, sa présence dans les grandes collections privées de la fin du XIXe siècle et du début du XXe mènent tout droit à la rencontre du « petit maître » d’Honfleur.

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Béotiens inspirés Quel rapport entre John Wayne et Amedeo Modigliani ? Spencer et Marlene Hays, un couple d’amateurs d’art américains tombés amoureux de la culture française, ont acquis durant des décennies un ensemble exceptionnel d’œuvres du XIXe et du début du XXe. Que Boudin n’ait pas trouvé grâce à leurs yeux et que Vuillard soit l’artiste phare de la collection est un gage de leur indépendance. « N o u s n ’ y connaissions rien en art, mais nous avons continué, en apprenant au fur et à mesure. Nous sommes toujours d’accord sur ce que nous aimons ». A coup sûr une clé du bonheur dans la possession d’œuvres d’art. Il en existe d’autres, mais celle-ci rassure, dans la mesure où elle tire sa puissance et sa durée de deux passions qui s’entrecroisent. L’ensemble compte des chefs-d’œuvre nabis et symbolistes de la période impressionniste et de la naissance des avant-gardes, dont beaucoup sont détenus hors de France. Quand la petite histoire intime s’ouvre à la grande histoire de l’art. Arracher à la confidence

Une tentative de faire exister l’avantgarde historique belge des environs de 1920, en la situant dans une perspective européenne. Certains dont Van Tongerloo ont adhéré au futurisme italien, d’autres au néo-plasticisme et au cubisme, avant que les Karel Maes, Jozef Peeters et Victor Servranckx intègrent le constructivisme européen. Rien que les patronymes flamands constituent déjà une œuvre d’art aléatoire. L’architecture, les arts appliqués, la littérature, les arts de la scène, la photographie et le cinéma eurent aussi le souci de s’inscrire dans l’air de ce temps. On sera attentif au langage plastique d’un Jules Schmalzigaug et à son implication directe dans le modernisme international d’avantguerre. D’autres personnalités originales sont à découvrir dans un ouvrage remarquablement illustré, très réfléchi et appelé à devenir une référence. Stratège et emm..deur À la fois poète, artiste, marxiste révolutionnaire, directeur de revue, cinéaste, Guy Debord fut avant tout le stratège d’une guerre de mouvement

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contre les faux-semblants de notre société, dont il démontra très tôt et très précisément le mécanisme pervers dans son ouvrage La Société du spectacle (1967). C’est sous cet angle de la stratégie que sera abordé le parcours de Guy Debord et de ses complices dans l’exposition que lui consacre la BNF. Son œuvre, son regard et sa pratique seront constamment au centre d’un dispositif qui présente, époque après époque, les travaux collectifs et individuels de ceux qui unirent leurs efforts pour concevoir une société à leurs yeux moins absurde que le système d’une économie capitaliste marchande, alors en plein essor. Guy Debord n’a jamais travaillé. Il a beaucoup marché dans les rues de Paris, bu certainement plus que d’autres et a surtout développé dans ses œuvres, écrites ou filmées, les armes théoriques d’une critique sans concession de la société moderne. Les mouvements d’avant-garde dont il fut l’initiateur, l’Internationale lettriste (1952-1957) puis l’Internationale situationniste (1957-1972), furent les points d’appui de cette lutte organisée pour combattre tout ce qui fait entrave à la vie véritablement vécue. Chemin

faisant allait se constituer un incomparable portefeuille d’actions urticantes, doublé d’ un herbier du chiendent et du poil à gratter. Repassionner cette vie que d’aucuns s’emploient à désamorcer… « Eugène Boudin », ouvrage collectif, Fonds Mercator, 44,95 euros, publié à l’occasion de l’exposition au Musée Jacquemart-André, Paris, du 22 mars au 22 juillet 2013 « Une passion française – La collection Spencer et Marlene Hays », ouvrage collectif, Skira/ Flammarion, 45 euros, accompagne l’exposition éponyme au Musée d’Orsay, Paris, du 16 avril au 18 août 2013 « M o d e r n i s m e . L’ a r t abstrait belge et l’Europe », s.d. Johan De Smet, Fonds Mercator, 49,95 euros, accompagne l’exposition éponyme au Museum voor Schone Kunsten, Gand, du 2 mars au 30 juin 2013 « Guy Debord, un art de la guerre », Gallimard, 39 euros, catalogue de l’exposition organisée du 27 mars 2013 au 13 juillet 2013 à la BNF François-Mitterrand / Grande Galerie, Paris

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Philosophie

Le Paradigme en question CHRONIQUE PAR SOPHIE SENDRA

On a souvent tendance à opposer la philosophie et la science. l'épistémologie a montré qu'en aucun cas il n'était judicieux de diviser en deux formes de savoir différentes, mais qu'elles étaient contraire deux formes de connaissance indispensables à la notion Savoir. En philosophie, le paradigme est source d'interrogations et connaissances en matière d'épistémologie. Afin de mieux savoir qu'est un paradigme, il faut d'abord en connaître la définition. Nature du paradigme L e m o t p a ra d i g m e v i e n t d u g r e c paradeigma qui veut dire à la fois « modèle » et « exemple ». Dit comme cela, le mot lui-même n'exprime pas ce que veut dire en réalité le mot paradigme. En effet, pour comprendre de quoi il s'agit, il faut expliquer l'ensemble de cette définition, de cette étymologie. En fait, la notion de paradigme exprime l'idée de l'existence d'un modèle exemplaire (presque absolu) d'une chose, d'une idée

Or, les au de de ce

ou d'une réalité. En d'autres termes, nous serions parfois victimes de paradigmes, de modèles que nous prendrions comme des exemples, que nous érigerions comme des vérités données ou apprises par d'autres, et que nous accepterions comme des vérités absolues dont nous serions incapables de faire l'expérience par nous même. Il faut en revanche préciser qu'un paradigme n'est pas forcément faux, s'il est prouvé par l'expérience, il peut être vrai. Mais la difficulté se trouve dans le fait que, de manière générale, le paradigme est une

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idée qui semble incontestable et sur laquelle tout le monde s'accorde. En science, il arrive parfois que les communautés scientifiques se rangent ainsi du côté de certains paradigmes, comme on accepte une théorie sans preuve réelle. Selon ce principe, la théorie, avec le temps, devient empirique sans que jamais personne n'ait pu prouver par l'expérience la véracité de celle-ci. La théorie devient donc modèle, exemple, le modèle exemplaire sur lequel tout le monde s'accorde sans jamais s'interroger, sans jamais remettre en question le paradigme lui-même. Existence du paradigme L'épistémologie voit le jour au XIXe siècle avec le développement scientifique. Elle est une matière à elle seule, elle analyse, elle étudie les processus généraux qui forment les différentes sciences qui composent la connaissance. Elle étudie également comment se forme une théorie de la connaissance. De plus, elle analyse l'esprit scientifique c'est-à-dire les méthodes, les crises et l'histoire des sciences modernes. Elle est à elle seule une Histoire des Idées scientifiques. Il est même possible de considérer plusieurs épistémologies en matière de science : une épistémologie des sciences dites « dures », et une épistémologie des sciences humaines. Le développement scientifique depuis le XIXe siècle ne cesse de mettre en valeur une certaine rationalité scientifique. La science utilise l'expérience pour mettre en valeur cette rationalité et mettre de côté toute idée préconçue, tout jugement « a priori », c'est-à-dire toute théorie qui n'est

pas validée par l'expérience. C'est ce qui explique très souvent le combat malvenu entre la philosophie et la science comme si cette dernière ne pouvait pas être victime d'un paradigme, d'une théorie, voire d'une croyance sans validité expérimentale. La question que se pose la philosophie en matière de science n'est p a s d e s avo i r s i l ' e m p i r i e a u n e importance, David Hume1 la mettait déjà en évidence. Elle se pose la question de savoir comment se forme une connaissance scientifique, si elle se construit contre des évidences antérieures, contre des opinions communes, grâce à un questionnement ou un certain nombre d'obstacles. Ces obstacles sont mis en avant par Gaston Bachelard2, dans ce qu'il appelle la rupture épistémologique c'est-àdire la suite logique de l'obstacle. Il s'agit d'un acte intellectuel qui permet à une science d'aller au-delà des obstacles qu'elle rencontre en présentant de nouveaux principes qui permettent de formuler de nouvelles questions et ainsi, de poser de nouveaux problèmes. Dans la question qui nous préoccupe, celle du paradigme scientifique, il est évident qu'il est parfois difficile d'admettre que la communauté scientifique puisse être victime de modèles, d'exemples qu'elle accepte sans pour autant en vérifier l'authenticité, ou qu'elle présente comme des vérités absolues alors qu'il n'en est rien. Afin d'étayer ce que nous venons de dire, nous allons prendre deux exemples de paradigmes. L'un est banal, commun, l'autre est beaucoup plus répandu et accepté comme étant une réalité existante mais non vérifiée. Nous sommes parfois obligés de nous soumettre à des jugements « a priori », à

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des idées que l'on nous présentent, à des vérités auxquelles nous sommes contraint sde nous soumettre sans pour autant avoir la possibilité de vérifier : la terre est ronde. Cet exemple qui paraît banal est un paradigme auquel nous devons adhérer sans pour autant avoir la possibilité de le vérifier par nous même. Lorsque cette idée a été acceptée, il a fallu attendre quatre siècles pour vérifier que la théorie était valide. Mais il a fallu accepter aussi que cette vérité devait être affinée et que la terre n'était pas aussi ronde qu'on ne le pensait. Ainsi vous et moi sommes obligés, sans e x p é r i e n c e , d'accepter cette idée : il s'agit d'un paradigme. Cela ne veut pas dire que la terre n'est pas ronde, cela veut simplement dire qu'il existe des paradigmes auxquels nous devons nous soumettre. Mais cela engendre l'idée qu'il est possible qu'un certain nombre de paradigmes puissent être faux lorsque que l'expérience sera mise en place. Cela déclenche également l'idée qu'une vérité scientifique n'est jamais absolue, qu'elle est simplement provisoire et que ce que nous imaginons comme étant rationnel, vérifiable, peut s'avérer soit faux, soit approximatif.

Le problème de la majorité des domaines scientifiques est qu'une fois que le paradigme est accepté par tous, il est difficile de le remettre en question, voire de le bousculer. Les idées paradigmatiques ayant été acceptées comme vraies, force est de constater qu'il est très difficile de les contredire sans que cela crée une certaine crispation. Le deuxième exemple est beaucoup plus vaste, il peut même être considéré comme purement conceptuel. Il s'agit de l'existence acceptée de ce que l'on nomme l'infini. Vous et moi sommes dans l'incapacité de prouver par l'expérience de l'existence d'un infini, mais nous savons ce que c'est, ce qu'il engendre en termes conceptuels, et qu'il concerne la constitution de l'espace que nous observons. En effet, nous apprenons à l'école que l'espace est infini, qu'il ne se termine d o n c j a m a i s . O r, personne n'est capable de donner à cette théorie une preuve d'existence réelle de ce que nous nommons sous l'appellation « Infini ». Bien entendu, ici, il s'agit d'un exemple très vaste, mais si nous ramenons le principe du paradigme à ce que vous et moi avons appris, nous devons constater que nous avons accepté des « vérités absolues » sans jamais remettre en question ce savoir parce qu'il nous était

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donné par des personnes que nous jugions apte à nous enseigner ces vérités, dignes de confiance et détentrices du savoir. Pourquoi cela serait différent dans la communauté scientifique ? Ils peuvent, parce qu'ils sont humains, être victimes, comme nous, de paradigmes. Il peut alors arriver que certains scientifiques ne se posent plus de questions dans certains domaines, ou qu'ils ne se posent plus les bonnes questions quant à un problème donné. C'est à ce moment-là que la science s'arrête et qu'elle ne joue plus son rôle. Valeur du paradigme Lorsque certains problèmes surviennent il est souvent utile de se replonger dans certaines lectures. En la matière, il serait bon de relire entre autre La structure des révolutions scientifiques (1962) de Thomas S. Kuhn. Cet américain spécialiste d'histoire et de philosophie des sciences, explique clairement le problème que pose la notion de paradigme. En effet, le paradigme est considéré en matière d'épistémologie comme une vision du monde d'une communauté scientifique. Cette vision sert de modèle de référence qui oriente ou doit orienter provisoirement la recherche dans un domaine défini. Le problème est que, comme nous l'avons dit plus haut, le paradigme empêche parfois de se poser les bonnes questions, ou empêche le questionnement. Selon Thomas S. Kuhn, la science ne se fait pas toujours selon une logique pure et objective. Elle se construit aussi grâce à des paradigmes qui sont admis par consensus par la communauté scientifique que Thomas S. Kuhn considère comme

conservatrice. La communauté scientifique veut parfois conserver les paradigmes de départ parce que cela peut arranger certaines vérités qui vont alors dans le sens de ce qu'elle veut prouver. Il existerait donc une absence d'objectivité. Selon lui, la science est prête à abandonner le paradigme accepté que lorsque celui-ci n'est pas assez explicatif. Se met alors en place ce que l'on appelle « une révolution scientifique ». Lorsque l'expérience n'est pas toujours au rendez-vous, de nouveaux paradigmes peuvent naître c'est alors un nouveau consensus qui voit le jour. La conséquence de ce que le philosophe explique est que, contrairement à ce que l'on imagine, la science ne se trouve pas dans une continuité, mais dans une discontinuité de vérités et de paradigmes. Il est évident qu'il est alors nécessaire de repenser la notion de progrès scientifiques (au sens de la progression) car sinon nous serions obligés de voir que la science n'est en fait qu'une suite de paradigmes consensuels contre lesquels il faudrait se battre sans cesse. Il faudrait accepter également l'idée selon laquelle les vérités absolues qu'on nous présente ne seraient en fait qu'une suite de vérités approximatives qu'il faudrait accepter en attendant de pouvoir poser les bonnes questions et qu'elles soient entendues. Enfin, l'opinion commune pense la Science comme une source de vérités fixes et immuables. En fait, force est de constater qu'au contraire de ce que nous pensons, les vérités scientifiques se succèdent, se remplacent, s'affinent avec le temps et l'acceptation, par les communautés scientifiques, qu'elles peuvent avoir tort et se tromper.

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Il faut rappeler que la rupture du paradigme engendre forcément une nouvelle représentation du réel. La vérité trouvée ainsi que le paradigme se trouvent alors, à leur tour, provisoires. Serait-il possible de penser que la science n'est qu'une forme de croyance comme les autres ? C'est de cela dont il s'agit lorsqu'on parle de paradigmes. Mais alors quelle est la valeur d'un paradigme ? Le paradigme n'est pas un problème en soi, il le devient lorsqu'il prend un aspect consensuel. Le consensus stoppe le questionnement. C'est cet arrêt du questionnement qui est un problème pas la révélation d'une théorie, ni le modèle lui-même car nous devons construire des théories, élaborer des modèles pour faire avancer la Science, mais ne jamais oublier que tout bon scientifique, tout bon philosophe a comme devoir d'accepter toute question même si elle bouscule quelque peu le système de pensée existant.

celle-ci nous concernera, mais malgré l'expérience, nous ne pouvons y adhérer sans nous interroger et la remettre parfois en question. Le paradoxe est là.

1. David Hume, Philosophe Écossais (1711-1776). Auteur de Enquête sur l'entendement humain (1748). 2. Gaston Bachelard, Philosophe Français, Licencié en Mathématiques, Agrégé de Philosophie (1884-1962). Auteur de La Formation de l'esprit scientifique (1938).

S'il fallait conclure Dans l'esprit humain il existe des paradoxes. Concernant notre question de départ, en voici une sur laquelle il faudrait s'interroger : nous sommes capables d'accepter sans problème des paradigmes pour lesquels nous ne pouvons nousmêmes apporter la moindre preuve et, p a ra d o x a l e m e n t n o u s f a i s o n s d e s expériences que nous avons du mal à accepter pour nous-mêmes. Notre propre finitude, notre propre mort est évidente et nous constatons par expériences que ce que nous voyons autour de nous a bel et bien une fin et que

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Histoire

La Vème République et ses monarques

CHRONIQUE PAR REGIS SULLY

Il ne reste plus grand monde pour défendre le statu quo institutionnel. Même Marie Garaud n’est pas satisfaite du fonctionnement de la cinquième République. Dans le quotidien Le Monde du Samedi 4 mai Michel Barnier et NKM sous couvert de retrouver la Cinquième République proposent de substantielles modifications qui changeraient la nature du régime. A ces derniers, il faut y ajouter la cohorte des partisans de la VI è République qui se manifestent bruyamment ces derniers temps. Pourquoi cette agitation autour de nos institutions? Auraient-elles fait leur temps? À ces questions l’excellent documentaire écrit et réalisé par Michèle Dominici qui sera diffusé par Arte fournit des éléments de réponses, mais surtout des éléments de réflexion à tous les citoyens de ce pays, c’est là son principal mérite. Le président, un véritable monarque, qui décide de tout ? Au pouvoir incontrôlé? Guy Carcassonne vient apporter un bémol en comparant la présidence de Georges Pompidou à celle de Nicolas Sarkozy. L’Hyper-président n’est pas celui qu’on pense. La cinquième une anomalie

française en Europe? Dans tous les autres pays celui ou celle qui gouverne n’est pas le chef de l’Etat , certes mais la personnalisation du pouvoir est un phénomène européen: on vote pour Angela Merkel en déposant un bulletin dans l’urne d’un obscur député de la CDU. Alors la cinquième, une tache en Europe démocratique ou une spécificité française? C’est cette dernière qualité que lui reconnaît Henri Guaino qui replace la cinquième dans la longue histoire de notre pays en remontant à la Monarchie qui

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protégeait le peuple des féodaux.On peut rappeler aussi le 10 juillet 1940, 1er juin 1958, ces dates renvoient à un passé douloureux de notre pays où les institutions parlementaires se sont sabordées et ont remis le pouvoir à un homme providentiel même si le choix ne fut pas toujours judicieux. Le peuple n’est pas le seul à emprunter cette voie. Les détracteurs de l’actuelle constitution mettent également en exergue sa structure pyramidale qui aurait pour propriété de déteindre sur toutes les autres organisations de la société auxquelles il faut absolument un chef qui décide seul. Peut-être, mais la décentralisation n’a-telle pas jouer un rôle dans ce phénomène à l’échelle des collectivités locales? De même imputer le désintérêt des citoyens pour la politique aux institutions actuelles mérite quelques nuances. L’impuissance des politiques à résoudre des problèmes comme le chômage

doit probablement y contribuer tout comme l’impression que les décisions se prennent ailleurs et que les marges de manoeuvre dans un monde ouvert, dans un cadre européen, sont réduites à l’échelle d’un pays. Michèle Dominici qui a me semble-t-il à un faible pour de nouvelles institutions a mis l’accent sur la difficulté majeure pour franchir le pas: c’est le peuple. Car le pouvoir du président repose sur son mode de désignation et les électeurs sont très attachés à l’élection au suffrage universel. D’ailleurs, Marcel Gauchet imagine avec jubilation l’homme politique qui aurait l’audace d’annoncer au Français qu’il faut y renoncer. Même le peuple de gauche est partisan de plus d’autorité présidentielle nous rappelle opportunément l’intervenant précédent. La tâche s’annonce rude. La France est-elle à un moment clé de son histoire où il faut donner un nouveau souffle à la démocratie sous peine de voir les Français s’éloigner de la vie politique ? Ou-est elle dans un retour de balancier, après avoir connu un régime à exécutif fort né en 1958 serait elle en passe de revenir à un régime avec un parlement plus puissant tel que celui issue de la crise du 16 mai 1877 c’est à dire une assemblée omnipotente et représentant seule le peuple souverain dans les institutions, épaulée par une démocratie participative dont les modalités restent à définir. C’est toutes ces questions que suscite ce remarquable documentaire et à ce titre il mérite d’être salué et surtout regardé.

> «La Vème République et ses monarques» la diffusion de ce documentaire est programmée sur Arte le 21 mai à 22H20

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Sélection

LES BRETONS

LIVRE PAR EMMANUELLE DE BOYSSON / Photo © DR

Bonne nouvelle : « Fruits & légumes » paraît en J’ai Lu. Anthony Palou, l’ami du petit déjeuner, nous réjouit tous les matins de son billet « Bien vu » en page télé du Figaro Et Vous. Gratinées, bourrées d’humour, ses chroniques sont des petits bonheurs, un espace de liberté, de réflexion, de drôlerie. Ecrivain raffiné, cultivé, Palou a une musique, une « patte » à lui, ce style inimitable, délicieux et mordant, à la manière d’un Bernard Frank. Fin observateur de l’actualité, il parle de tout, aussi bien des petits commerces, de la frite que de Trenet, de Dali, de Depardieu, de « Homo Touristicus », de « Koh-Lanta », de Benoît XVI, de Jeanne Moreau, des politiques tous poils, des camions restaurateurs, du mariage gay, du cochon, d’Edouard Leclerc, des voisins, de la compassion que de l’Alzheimer… Passionné de philosophie, bardé de prix littéraires (Prix Décembre pour « Camille », prix des Deux Magots pour « Fruits & légumes ») et pourtant discret, peu friand des médias, cet écrivain rare nous avait emballés avec cette chronique familiale à la Pagnol sur une dynastie fruitière, parue chez Albin Michel. Immigré espagnol venu ve n d r e s a s o u p e m a j o r q u i n e à

Quimper, le grand-père du narrateur se fait une place dans le crachin breton. Son père n'a pas le virus des primeurs. La déferlante des hypermarchés entraîne la faillite de son petit commerce. Malgré les drames, les amours contrariées, le déclassement, Anthony Palou a l'élégance de la légèreté, de l'autodérision, l'art de ressusciter par les odeurs, les couleurs,

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un monde disparu : le village de Puerto de Soller, dans les Baléares, avant le tsunami du tourisme, avec ses ânes, ses Vespas, ses Seat 500, ses chats squelettiques. Les halles de Quimper, avant la déferlante des hypermarchés, avec ses grandes gueules, ses demigrossistes, ses maraîchers, ses vieilles en quête de quelques fanes « pour le brouet du s o i r » . L’ a u t e u r croque les petites gens avec la bonté d ' u n T c h e k h o v. Construit en une galerie de tableaux, « Fruits & légumes » se déguste au fil d’impressions, d’anecdotes, autant de contes grinçants, comiques ou poignants. Même les huissiers ont « un certain côté poétique ». Ce styliste ultra sensible sait que « les souvenirs ont toujours quelque chose de complaisant et de répugnant : comme si on léchait la poussière ». Il mélange sur sa palette humour tendre et réalisme, à nous faire monter les larmes aux yeux. Le taureau de cinq cent kilos qui rechigne à entrer dans l’arène devient une métaphore annonciatrice de la fin du commerce de proximité sacrifié sur l’hôtel du profit. Un livre inoubliable. Fabuleux, comme le dit Yann Moix.

Nous avons voulu en savoir plus sur Anthony Palou. Il se dit Breton « avec quelques gouttes de sang pimentées espagnoles ». Il se sent Breton « par embruns, varech, crabes, araignées, palourdes roses des Glénans, fou de Bassan, mouettes… » Il aime le côté rogue, graniteux de la Bretagne. Il admire Chateaubriand, « l’écrivain à cheval entre deux siècles qui ouvre la porte du XIXème siècle. Ce fils de Rousseau, le père de Hugo, Lamartine, Vigny, le père du romantisme royaliste et catholique et, osons, le grand-père de Baudelaire, l’ancêtre de Barrès… » Pour lui « les Bretons sont une diaspora. Pas besoin d’y vivre pour l a s e n t i r. C o m m e Pasteur s’est inoculé la rage, celui qui s’est inoculé la Bretagne bave, toute sa vie, d’écume ». Quand on lui demande si « Fruits & légumes » est un roman autobiographique, Anthony Palou sourit : « C’est une ratatouille. Pas d ’ a u t o fi c t i o n c h e z m o i , p a s d’introspection, quelle horreur, ce ragoût de l’égo est si vulgaire. Si on veut parler du moi, c’est le Fellini de « Amarcord » ou de « 8 ½ », si vous voulez. Même s’il parle de lui, l’artiste se doit être un menteur, c’est-à-dire un

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prestidigitateur. Un tricheur. Alors oui : le cadre de « Fruits & légumes » est vrai mais le tableau qu’il renferme est miné. C’est un faux. Je suis le faussaire de ma vie. Il faut toujours travailler dans la fausse monnaie ». En écrivant « Fruits & Légumes », il s’est rendu compte que le petit commerce avait été peu ou prou déserté par la littérature : « Dutourd, ce dernier des Mohicans, fut le dernier à écrire là-dessus, c’était « Au bon beurre ». Alors, bien sûr, le petit commerce, tout de suite, quand on en parle, il y a ce côté étiqueté « poujado ». Palou n’a pas tort : les petits commerces furent en grand danger dès la fin des années 60 avec l ’ a r r i v é e d e s hy p e r s p u i s d e s supermarchés. « Beaucoup d’entre eux ont dû baisser le rideau de fer, mettre la clé sous la porte. Regardez aujourd’hui certains villages, les bourgs saignés de leurs commerces de proximité. Mais, je pense, que tout n’est pas perdu, j’ai l’âme optimiste, convaincu qu’il y a un sens de l’histoire, comme on dit, qu’on reviendra aux fondamentaux ». Le secrétaire de Jean-Edern Hallier a gardé de son mentor, le sens de « la volonté de la volonté ». « Celle d’être celui qu’on doit être. Jean-Edern avait tous les défauts, sans doute était-ce là sa principale qualité ». Proche de Bernard Frank, il aimait cet écrivain « au dos rond, le poil soyeux, la langue râpeuse. L’élégance et le style absolu, le raffinement. Il avait ce côté, comment dirais-je, ce côté imper froissé, ce côté mastic, Humphrey Bogart des lettres, très classe, très « Grand sommeil » qui, mine de rien, faisait la pluie et le beau temps. Il était l’esprit français, l’esprit et

le vin, ce n’est qui n’est pas une petite chose, le saint-Julien et le champagne, quelque chose entre Stendhal et Constant, Chateaubriand et Proust… Sa chronique du jeudi – celle du Monde puis de l’Obs - était notre gigot du d i m a n c h e . » A n t h o n y Pa l o u a beaucoup lu, il s’y connaît autant en musique, en cinéma, en art ou en philo. Ses réalisateurs de cinéma préférés ? Chaplin, Fellini. Ses m u s i c i e n s ? J o s q u i n D e s p r e z , Monteverdi, Vivaldi… et puis Monk, Trenet… Ses peintres ? Velasquez et Bacon, et tout Venise…La philosophie p r i m e : « e l l e s e d o i t ê t r e l’enseignement de « l’apprendre à vivre » ». La philosophie se résume à très peu de chose, en fait : la théorie, la morale, le salut. A partir de là, il faut faire son marché, son panier. Soit on choisit la raison pour se sortir de cette embrouille, c’est-à-dire avec les moyens du bord, soit on s’en sort par la foi que, personnellement, je n’ai pas. L’homme est un macaque qui peut s’en tirer comme ça, en faisant un œuf à la coque, en faisant de l’art qu’il pense être le crime parfait ». > Yann Queffélec : « Dictionnaire amoureux de la Bretagne ». Ed Plon. Yann Queffélec incarne la Bretagne. Fils de l’écrivain, Henri Queffélec, frère de la pianiste Anne Queffélec, il a grandi l’Aber-Ildut. Moniteur à l’école de voile Jeunesse et Marine, il a navigué avec Éric Tabarly avant de publier à trente deux ans une biographie de Béla Bartók. Quatre ans plus tard, il reçoit le prix Goncourt pour « Les Noces barbares. » Depuis, il

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publie des romans aux personnages en mal d’amour. Le « Dictionnaire amoureux de la Bretagne » est un récit personnel, un voyage au pays du vent, des travailleurs de la mer, des Pardon, des peintres de Pont-Aven. La Bretagne de son enfance, de ses peurs, de ses rêves, de ses amours, un pays du bout du monde. Comme un peintre sur une falaise, Queffélec glane des impressions, les souvenirs surgissent : il revient à la maison familiale, revoit les objets fétiche, fait revivre les siens avec tendresse. Conteur, il s’enflamme pour l’Ankou, le moissonneur des corps, dont lui parlait Pierre Jakez Hélias, la pêche à l’araignée, les Celtes. Sa Bretagne est celle des poètes et des écrivains : Hugo, Chateaubriand, Segalen, Max Jacob… Irène Frain, Gilles Martin-Chauffier, Patrick Mahé, A n t h o n y Pa l o u … G é n é r e u x , chaleureux, Queffélec a l’esprit large,

ouvert sur l’océan. Dans ce formidable abécédaire, la Bretagne surgit, avec ses marins, ses pêcheurs, ses goémoniers, ses traditions, sa cuisine, ses écrivains, ses bateaux, ses îles, ses criques, sa lumière, sa force. Un livre fascinant au style puissant. Amoureux, très amoureux de ce pays où « nulle part, je n’ai respiré cet air vif, anisé, salin », où les femmes sont vraies, il va recherchant « dans sa voix d’homme l’enfant qui perdure en lui, le bugaled Breizh intemporel sous l’hermine de ses aïeux ». « Bretagne chérie, mon pays d’Armor, écoute-moi ». Edouard Brasey « Les pardons de Locronan ». Ed. Calmann-Levy Cet été, début juillet ; aura lieu a Locronan la Grande Troménie, ce parcours druidique devenu un pèlerinage chrétien auquel participent les Bretons des alentours et des milliers

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de pèlerins venus d’ailleurs. La légende veut que la druidesse, la Kéban ait enfermé sa fille dans un coffre pour que saint Ronan ne la convertisse pas. On retrouve au bord du chemin de la procession la Jument de pierre sur laquelle les femmes stériles se frottaient. Edouard Brasey a eu l’idée d’évoquer ce pardon sous forme d’un roman à suspense. Juillet 1911, à l’heure de la Troménie, Linette quitte son atelier de tissage (les tisserands de toile à bateaux firent la fortune de Locronan). La jeune fille est courtisée par Yves, artiste peintre. Elle lui préfère Tanguy, même s’il dénigre la religion et ses traditions. Le lendemain de la procession, l’eau du puits de la place a été empoissonnée : on compte les morts. Une série de crimes s’enchaîne.

Qui est coupable ? Qui poursuit la petite cité médiévale de sa haine ? www.emmanuelledeboysson.fr

C R É E Z G R A T U I T E M E N T V O T R E C O M P T E L E C T E U R s u r l e W W W. B S C N E W S . F R

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Livre

LA GRANDE SOPHIE LIVRE PAR LAURENCE BIAVA / Photo D.R

Sophie Adriansen est une surdouée de la littérature, à qui elle voue une passion sans limites. Incapable de vivre sans écrire, lectrice compulsive, jurée de plusieurs prix littéraires, bloggeuse attentive, rigoureuse et régulière, elle enchaîne également, en plus de ses fameuses chroniques plébiscitées un peu partout, et avec fougue et brio, les publications depuis cet automne En novembre 2012, « J’ai passé l’âge de la colo », publié aux Editions Volpillière raconte l’histoire de Sybille 14 ans qui se retrouve contre son gré en colonie de v a c a n c e s d ’ h i v e r. Sophie Adriansen raconte la galère du départ, le trajet, la répartition des chambres, le ski et comment, à contrecoeur, la jeune 122 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013

héroine, pour « digérer » ce séjour qu’elle n’a nulle envie d’effectuer, qe ses parents lui imposent, et auquel elle se résoud pourtant, se poste en observatrice. Elle tient un minutieux journal dans lequel elle raconte tout. L’ambiance, le climat, les rencontres, les premières histoires entre les garçons et


les filles. Ainsi, au cœur de la collectivité, les jeunes tentent de s’apprivoiser, ils se testent, on ressent les premières brouilles, les premiers émois. A cause des relations avec les parents qui sont bien vues, bien analysées, j’ai fait lire ce livre à mes fils adolescents et c’est peu de dire qu’ils ont adoré.. Sous des aspects plutôt légers, le ton est parfois empreint d’une certaine gravité, pour relater ce monde singulier qu’est l’adolescence, où l’on se frotte aux autres, où l’on apprend la frustration, où l’on découvre la richesse et les ambivalences des relations humaines : il est des liens qui se font puis qui doivent se défaire, on se quitte difficilement après avoir eu du mal à s’aborder, c’est ainsi, c’est un tourbillon de vie intéressant, décrit de façon assez resserrée sur plusieurs jours. Microcosme agréable, délicieux et charmant, où l’on suit les aventures de chacun grâce au regard plein d’acuité, de vérité et parfois d’aigreur de la jeune Sybille..Un livre réussi, pétillant, intemporel. Un voyage au cœur de nous mêmes, de notre jeunesse revisitée, avec tous les chiasmes de la jeunesse d’aujourd’hui. Un bel angle. Un régal. En janvier 2013, Sophie Adriansen signe chez Premium une biographie « Regardez moi là, vous ! » consacrée au comédien Louis de Funès, dont l’année 2013 fête le trentième anniversaire de la mort. La quatrième de couverture laisse bien entrevoir que ce fut un exercice à part,

qui a exigé beaucoup de temps, de soin et de documentation : Cette biographie comprend 30 chapitres et il est évident que l’obsession de Sophie Adriansen fut le respect scrupuleux de la vérité et la recherche d’un travail parfait. Ce qui, évidemment, est le cas. L’auteur s’est donc appuyé toutes les personnes qui ont compté dans la vie de Louis de Funès. Chacun confie, raconte le souvenir qu’il possède de cet illustre personnage. De façon à interpeller le lecteur à qui la confidence rappellera une scène particulière de film.. L’ouvrage exeptionnellement maîtrisé à la fois sur le plan littéraire et dans son a rch i t e c t u r e , s ’ a p p u i e s u r u n e abondante production, une telle réussite, une telle élaboration laisse sans voix, au point de vous donner le

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vertige tant les notes sont impressionnantes. L’un des grands intérêts du livre, consiste à présenter l'homme qu'il était dans la vie, loin des considérations fumeuses qui ont émaillé sa réputation injuste autant qu’étrange. Certes, il avait le caractère bien trempé mais Sophie Adriansen nous donne des clés pour mieux le cerner et nous le présente sous un autre jour. Celui d’un être forcément rattaché à l’enfance, un personnage fédérateur, qui a réussi à faire la joie de familles entières des plus petits aux plus grands. Elle raconte un homme généreux, et réservé, travailleur, très sérieux, qui prenait le rire au sérieux, qui ne se fichait pas de son public, et qu’il est donc loin des quolibets dont il était affublé. Enfin, en mars 2013, Sophie Adriansen a publié son premier roman aux

Editions Myriapode « Quand nous serons frère et sœur » et finalement, poursuit avec bonheur son écriture autour du thème de la fratrie, de la famille, des affinités exclusives et sensibles. De cet amour particulier. Je le dis d’emblée : j’ai passionnément aimé ce roman, je l’ai lu d’une traite, je le trouve exceptionnel, d’une intelligence folle, d’une sensibilité, d’une humanité à tomber par terre. A 30 ans, Louisa, métisse citadine, fille d’une Peule ramenée d’Afrique par un séducteur aventureux, qui ignore tout de ses origines, apprend la mort du père qu’elle n’a jamais vu et l’existence d’un frère, un paysan bourru, existence jamais soupçonnée. Il est question d’une histoire d’héritage sous condition. Il faut que Louisa vive un mois avec Matthias, son frère. Le roman nous conduit à Lougeac, dans un trou perdu de Haute-Loire, la région de résidence du héros. La jeune femme quitte alors Paris pour rencontrer ce qu’il est bien convenu d’appeler un parfait inconnu… Qui est Matthias ? Est ce le jeune frère qu’elle s’attendait à rencontrer ? Que va-t-il se passer dans cet environnement inhospitalier au possible auprès d’un presqu’ « étranger » ? Devant la difficulté de créer un lien fraternel, Louisa se demande si la solitude et l’absence de famille n’étaient pas préférables. L’état civil et le sang suffiront t-ils à justifier que Louisa et Matthias sont bel et bien frère et sœur ? Le miracle aura-t-il lieu ? Vont-ils finir par se reconnaître ? S’aimer ? La révolte n’est elle pas silencieuse ? D’où vient –

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elle ? La confrontation ne sera-t-elle pas inattendue ? Et que dire de ce testament paternel adressé ses deux enfants délaissés ? Ce thème est assez casse –gueule. La fratrie est un sujet difficile. Combien de véritables frères et sœurs s’entendent vraiment sans s’être jamais adressé de multiples reproches ? Combien n’ont pas dit et prétendu qu’ils préféraient construire d e s a m i t i é s s i n c è r e s av e c d e s personnes étrangères à l’environnement familial ? Entre Louisa et Matthias, c’est ce désir d’unité qui transcende au travers de situations bien construites et de décors réalistes. L’intrigue qui reproduit le réel, est belle. C’est une histoire saillante, éclairante, sur la beauté des âmes. Sur la fraternité. Ce livre ne m’a pas laissé indemne. En 2013, cela fait du bien de basculer de la sorte.

> « Regardez moi là vous !» de Sophie Adriansen Editions Premium

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Une histoire d'amour à hauteur d'homme ROMANCE PAR JULIE CADILHAC

Jojo Moyes a été inspirée par l'histoire de Daniel James, un jeune joueur de rugby paralysé qui avait demandé à ses parents de le laisser se rendre à Dignitas, un institut en Suisse permettant le Suicide Médicalement Assisté. D'abord horrifiée par cette histoire, elle a ensuite cherché à comprendre ce qui pouvait pousser un être et ses parents à prendre ensemble une telle décision. Ce roman ne manquera pas de rappeler aux lecteurs francophones le film , maintes fois récompensé et acclamé par le public, Intouchables. Le livre va cependant beaucoup loin et n'épargne aucun détail médical et il y ajoute une romance qui fait que l'on vous conseille d'avance de sortir un

grand nombre de mouchoirs! Un livre très émouvant dont on ne s'étonne point qu'il soit adapté au cinéma sous peu! Il y est question de Will, un jeune londonien à l'avenir prometteur, qui est percuté un matin par une moto et se retrouve à son réveil paralysé des pieds à la tête. Ses parents engagent alors pour veiller sur lui Louisa Clark , une jeune femme dont les perspectives d'avenir sont extrêmement limitées…sans doute par manque d'estime de soi. Louisa ne comprend pas bien pourquoi elle a été choisie , n'ayant aucune qualification et disposition pour être aide-soignante, et

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ROMANCE

apprend au fur et à mesure une vérité terrible sur Will. Rencontre entre deux êtres qui n'auraient jamais été amenés à s e c r o i s e r. Jo j o M oye s m a î t r i s e admirablement le registre des sentiments et nous fait osciller du rire aux larmes, de l'espoir au désespoir le plus profond. Elle choisit de narrer ce récit en alternant diverses focalisations internes pour nous permettre d'appréhender les confusions et les désirs de chacun des protagonistes. Vous serez assurément séduit par sa palette de personnages attachants ; la romancière anglaise n'hésite d'ailleurs pas à être parfois un rien cynique vis à vis de certains comportements relationnels et caractères-type. Une histoire que nous recommandons à tous les amateurs de romance….bien qu'il faille préciser que Jojo Moyes ne cède pas à la facilité confortable des contes de fée et se force à faire vivre cet amour dans la réalité….si difficile soit-elle!

Titre: Avant toi Auteure: Jojo Moyes Editions: Milady Collection : Grande Romance Traduit de l'anglais ( Grande -Bretagne) par : Frédéric Le Berre Prix: 16,20€

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VITE DIT Par Pascal Baronheid

Vous avez dit plaisir ? A cent lieues de l’actuelle cohorte des prescripteurs aux prétentions philosophiques, Diderot incarne l’esprit de son siècle, le XVIIIe. Auteur d’une œuvre protéiforme, du théâtre au traité de musicologie en passant par la philosophie et la poésie, il écrivit plus de 5.000 articles pour l’Encyclopédie. Il s’opposa à Voltaire et Rousseau, ce qui est autrement stimulant qu’affronter Ferry et Lévy. Ce qui ne gâte rien, il fut un amoureux de la vie et des femmes. Nos confrères de LIRE le sacrent philosophe du plaisir et lui consacrent leur dossier de mai. Loin d’effleurer le sujet, ils poussent l’œuvre et l’homme dans des retranchements pertinents et exigeants, explorant par ailleurs la vie calme, sédentaire et sentimentalement agitée » de ce casanier qui fit tout de même le voyage de SaintPétersbourg, pour rencontrer la « Sémiramis du Nord ». Lire n° 415, mai 2013, 6,50€

Octave Mirbeau

peut compter sur une

poignée d’inconditionnels lettrés et fureteurs, pour échapper à l’oubli. L’infatigable Pierre Michel cornaque et anime les Cahiers qui sont consacrés à l’auteur du « Journal d’une femme de chambre », par ailleurs anarchiste et prototype de l’intellectuel engagé pour la justice. Dans la dernière livraison récemment parue, on lira notamment, à côté d’analyses plus pointues de certains thèmes mirbelliens, un « Octave Mirbeau et les francs-maçons », par Jean-Marie Bréhiers, des pages sur « Léautaud chez Mirbeau en mai 1914 », un parallèle entre la manière dont Zola et Mirbeau évoquent dans leur œuvre la débâcle de 1870 ou une recherche suscitée par un courrier émanant de l’arrière-petite-nièce de la fameuse Judith qui fut un temps la maîtresse de Mirbeau. Tout le reste de ce Cahier est littérature, précisément. Cahiers Octave Mirbeau, n° 20 – 2013, 23€. Contact : michel.mirbeau@free.fr

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Où te « situ »-tu ? Ranimée à l’occasion de l’exposition que la BNF consacre à Guy Debord, la controverse relative au situationnisme compte désormais un point d’appui supplémentaire et appréciable, avec l’ouvrage de Patrick Marcolini qui entreprend d’en raconter et analyser l’histoire intellectuelle. Une entreprise délicate, un champ de mines que l’auteur s’attache à désamorcer par la rigueur et l’admiration contenue. Il analyse les racines culturelles des théories et pratiques situ. Philosophe et historien des idées, Marcolini livre le fruit de dix années de compagnonnage théorique, de rencontres. La longueur de temps n’est pas un gage automatique de qualité ; elle éloigne toutefois les chausse-trapes de la précipitation et les impasses de l’exaltation. Il fut un temps où, chassée des rues, la subversion faisait mouvement vers les pages des livres. Elle louvoie aujourd’hui en col blanc, dans la presse à sensation et vous toise les yeux dans les yeux, catégorique comme un coffre de banque. Certains assurent qu’ils l’auraient croisée « dans les petites rues de Singapour ». « Le mouvement situationniste, une histoire intellectuelle », Patrick Marcolini, L’Echappée, 22 €

Ange bleu ou démon blond ? Marlène Dietrich aurait été la première femme à se promener en pantalon sur les Champs-Elysées, au grand dam de la presse parisienne. « Comme toujours, elle s’en tamponna et s’en torcha », commente Zoé Valdès, dans un hommage à l’actrice allemande et au film de Sternberg qui fera d’elle l’incarnation de la femme fatale et une icône érotique des années trente autrement convaincante que les créatures vulgaires qui pullulent aujourd’hui, espérant chacune reprendre l’inaccessible sceptre. Valdès (Cuba, 1959), raconte sa lente approche de Marlène, depuis la « mélasse kitsch » véhiculée par sa grand-mère. Le sous-titre de ce livre pourrait-être « Comment Marlène Dietrich a imprégné ma vie, au point de s’y enchâsser ». Histoire d’une fascination sage. « L’Ange bleu », Zoé Valdès, Hermann, 9,90 €

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L'homme est un vampire pour l'homme CHRONIQUE PAR JULIE CADILHAC

Bien fou celui qui nie en bloc l'existence possible des vampires…! Si Ionas avait deviné à quel épouvantable calvaire sont confrontés ad morte eternam les monstres aspireurs d'hémoglobine, il serait resté sagement à pourrir sous le tas de corps déchiquetés de ses camarades de front! Pensez donc à l'enfer que c'est d'osciller entre crime et repentance, jouissance et torture et de n'avoir que la psychanalyse - à laquelle personne ne croit bien sûr- pour remède consolateur ! Retenez d'abord bien ceci : rien n'est impossible dans le monde de Joann Sfar ! Puisant dans son imaginaire délirant, pot pourri de folklore lié à ses origines juives et de fiction populaire, il a su orchestrer, au moyen d'une prose véloce et terrifiante de génie, un roman aussi diabolique que rédempteur, aussi grave que drolatique, aussi tendre que cruel. Dans L'éternel, son premier roman qui sera prochainement adapté en série pour Canal +, les premiers rôles sont donnés à ceux qui s'accrochent à la vie et en arrivent ainsi ,soit à embrasser la condition post-mortem des vampires, à être condamnés à ne plus supporter pas la lumière du jour et à faire

leur sieste diurne dans un cercueil capitonné comme Ionas , à rêver de valses dans les étoiles et à épouser le mauvais côté de la médaille comme Hiéléna, soit à être puni de leurs manquements en s'enfonçant dans la lie du quotidien comme Caïn. Quant aux illustres inconnus du récit , ils ont la vedette le temps d'être déchirés en lamelles…ou parce qu'ils sont des compagnons spectraux d'infortune. Voici donc un ouvrage qui sera sans doute utile à tous ceux qui auront le (dé) plaisir de côtoyer des vampires. Imaginé en deux volets qu'une ellipse temporelle de quelques décennies séparent, il va vous hanter

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positivement longtemps! Si vous ajoutez à l'ingrédient "vampire" une psychanalyste vampirisante, veuve d'un hard rocker suicidé, une mandragore collante, une rouquine sanguinaire à la tête d'une armée de squelettes cosaques , un arbre ceint de colliers de pendus et un loupgarou latino qui sent bon l'aftershave, vous n'aurez qu'une toute petite idée de la délirante aventure dans laquelle vous convie Joann Sfar . Préparez- vous à un chant épique judéo-gothique à mi-chemin entre Odessa et Brooklyn , au verbe usant d'une large palette de couleurs , de l'élégant au décalé, du sentimental au trash ...Portée par un souffle qui ne dépérit pas, cette fiction coagule grave! Alors oui, on pourrait , pour vous donner une idée du style, évoquer les élucubrations verbales d'Albert Cohen et ses personnages croquignolesques et excessifs, parler de néo-romantisme, passer par Homère ou Virgile ( p't'être même Ovide tiens!) et freiner du côté d'un manuel d'histoire....mais on n'exprimera pas de façon satisfaisante la

substantifique moelle de ce bouquin délirant. Il va falloir vous dévorer les 455 pages! Et pourtant c'est un peu ça ; il semble que Joann Sfar ait imaginé une Enéide version Tim Burton de la Shoah en Russie: on y croise des êtres imaginaires, le héros croit être malmené par les dieux et découvre le visage impudique de l'humanité désespérée. Réécrire l'Histoire, lui offrir une alternative sanguinolente plus tolérable, voilà une tentation d'Ionas, le vampire plumitif . L'homme est un vampire pour l'homme: c'est ce que les volumes d'histoire rechignent à nous dire et c'est ce qu'un vampire lui-même refuse de croire... Une façon étrange et romanesque d'exorciser la mort, d'évoquer la cruauté humaine et les monstruosités de l'Histoire avec un regard surhumain édifiant... " Pendant ce temps, sur les berges du fleuve, une neige épaisse commençait de tomber sur le tas de cadavres, ce qui contrariait un peu plus les corbeaux. Pelotonnés sur leurs branches, les sombres volatiles décidèrent d'un commun accord qu'il faudrait attendre que la viande se réchauffe pour la consommer". ➤ L’éternel De Joan Sfar - Albin Michel

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Livre & Danse

Mathilde. Danser après tout LIVRE PAR EMMANUELLE DE BOYSSON / Photo DR

Mathilde Monnier est ma sœur. C’est dit. Chorégraphe, danseuse, elle dirige depuis 1993 le Centre chorégraphique de Montpellier. Elle a crée une cinquantaine de spectacles avec des artistes comme Rodolphe Burger, Philippe Katherine, Jean-Luc Nancy, Christine Angot. C’est en 2008, au festival d’Avignon qu’elle rencontre François Olislaeger. Frappée par la qualité, la vivacité, la créativité de ses dessins, elle lui propose de l’inviter aux répétitions de sa nouvelle pièce, Pavlova 3’23. Un projet éditorial. Cette BD, fruit de leur travail, est une totale réussite. Les dessins de François Olislaeger retracent le parcours de la chorégraphe : enfance, rencontres, collaborations, famille, inspiration. Le dessinateur ne

manque ni d’humour ni de talent. Tant il existe une adéquation entre le jeu de Mathilde Monnier et son coup de crayon. Il capte le mouvement, la fragilité et la force de la danseuse chorégraphe. Il sublime, crée des espaces, des décors, autant d’histoires, d’évocations, de dialogues dans l’esprit de Mathilde, décalés, avec cette pointe de dérision, ce je-ne-saisquoi de distance, de recréation qui rend ce livre magique, vivant, plein de surprises. La chorégraphe parle de ses petits trucs bien à elle : « Je fais du yoga chaque jour… C’est mon petit moment à moi ». Elle danse en kilt, sur la musique de Kurt Weil, avec Jean-François Duroure aux longs pieds. Elle assiste aux cours de Merce Cunningham. On la voit à ses débuts à

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Montpellier. Elle parle de notre petite sœur, Marie. « Leur relation a été la tragédie de sa vie ». « Le travail sur l’autisme a été une façon de régler ça ». Parfois, elle intellectualise, le dessinateur en rit. On n’a pas la même vision de nos parents. Notre père n’avait rien de froid, de conventionnel. Hyper sensible, il doutait de lui, il détestait les idées toutes faites. Notre mère ne m’apparaissait pas « super drôle », plutôt politique, organisatrice que mondaine. Qu’importe. La BD de François Olislaeger est une série d’arrêts sur images, un scénario. Les décors, isolés, montrent des écrans, des fils électriques, des pneus… Mathilde va et vient, en action, en improvisation ; elle crée avec les danseurs des marches groupées, des empoignades, des lâchers, des courses, des abandons. Elle se cache, s’exhibe, disparaît : « A deux ans, dans

ma mémoire, je décide de quitter la maison », confie-t-elle. Je m’en souviens, e l l e p r é f é ra i t l e s vo i s i n s . S c è n e initiatique. Mathilde a toujours voulu s’échapper. Ici, elle se livre avec pudeur et légèreté, telle qu’elle est. « Mathilde. Danser après tout », de Mathilde Monnier et François Olislaeger. Ed Denoël. Mathilde Monnier, La Ribot Gustavia - 16 mai-01 juin 2013 Paris 14e. Théâtre de la Cité internationale Gustavia est une femme à deux têtes et huit membres, vêtue d'un justaucorps noir, qui rit et pleure à la fois. Elle est née de la rencontre en miroir de l'espagnole La Ribot et de la française Mathilde Monnier. Gustavia est une femme au pluriel. Elle est le haut-parleur ludique, politique, frénétique, de beaucoup de femmes à la fois.

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DANS LE HAREM DE KHADAFI CHRONIQUE PAR MÉLINA HOFFMANN / Photo DR

Elles sont des centaines à avoir connu pour une nuit, une semaine, une année, parfois davantage, les coups, viols et autres perversions d’un tyran insatiable et brutal, souvent sous l’emprise de drogues ou d’alcool. Durant ses 42 années passées au pouvoir et jusqu’à sa mort en octobre 2011, Mouammar Kadhafi s’est proclamé le défenseur des femmes dans une Lybie entièrement régie par des hommes. Pourtant, dans sa résidence fortifiée de Bab al-Azizia, le dictateur séquestrait des jeunes femmes, des jeunes filles, préalablement repérées par ses rabatteuses - dans les écoles, universités, prisons, salons de coiffure, de beauté, et même dans les mariages - qu’il contraignait ensuite par le chantage ou la

force à devenir ses esclaves sexuelles. De jeunes hommes aussi, parfois, lorsqu’il ne tentait pas de s’attirer les faveurs d’actrices, femmes ou filles de ministres, ou encore d’épouses de chefs d’Etat africain en leur offrant de somptueux cadeaux. « Le sexe était monnaie d’échange, moyen de promotion, instrument de pouvoir. Les mœurs du Guide se révélaient contagieuses. Sa mafia opérait de la même manière. Le système était corrompu jusqu’à la moelle. » Annick Cojean est journaliste et écrivain. Lors d’un reportage à Tripoli sur la contribution des femmes lors de la Révolution en Lybie, elle a rencontré Soraya, une jeune femme de 22 ans dont le témoignage poignant et terrifiant nous est

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rapporté dans ce livre choc. Soraya avait à peine 15 ans lorsqu’elle a été repérée lors d’une visite de Kadhafi dans son école et enlevée le lendemain. Le début de l’enfer pour cette jeune fille qui, comme beaucoup d’autres choisies pour satisfaire la consommation quotidienne du Guide, se verra voler sa virginité, son enfance, ses rêves, et toute perspective d’avenir dans la société lybienne. Ses confidences, livrées avec une grande sincérité, font froid dans le dos tant elles révèlent la violence, l’humiliation et la cruauté dont ont été victimes dans la plus totale impunité nombre de femmes, certains sévices les obligeant parfois à passer directement de la chambre de Kadhafi à l’hôpital pour soigner des blessures internes. Annick Cojean, qui a reçu le Grand Prix de la Presse internationale par l’APE – Association de la Presse étrangère – pour l’ensemble de son œuvre sur la Lybie, évoque néanmoins la difficulté de mener une telle enquête dans une société où le viol – et plus généralement la sexualité – sont aujourd’hui encore des tabous. Si quelquesunes des victimes du dictateur ont accepté de se confier à la journaliste, la plupart se réfugient dans le silence, et toutes vivent dans la terreur. « Sa révolte est la mienne. Et j’aurais bien voulu aussi la partager avec d’autres Lybiennes : magistrates, avocates, proches du CNT, défenseuses des droits de la personne. Aucune, hélas, n’en fera pour l’heure son combat. Trop sensible. Trop tabou. Rien à y gagner. Tout à y perdre. Dans un pays entièrement entre les mains des hommes, les crimes sexuels ne seront ni débattus ni jugés. Les porteuses de messages seront décrétées inconvenantes ou menteuses. Les victimes, pour survivre, devront rester cachées. »

Annick Cojean lève un peu plus le voile sur les coulisses d’un régime aux nombreuses complicités au-delà même des frontières de la Lybie, qui faisait de la violence et du sexe ses armes de pouvoir et de pression. Ce livre, qui arrivera en Lybie en fin d’année, mériterait une très large lecture. Bien que l’on reste un peu sur notre faim quant aux explications sur les rouages de ce système et au devenir de ces femmes, on dévore avec autant d’intérêt que d’effarement l’enquête de la journaliste ainsi que le récit des témoignages souvent crus de Soraya et quelques autres jeunes victimes de ce prédateur au sadisme sans borne. Car c’est bien là que la confession de Soraya trouve sa motivation principale : donner voix à toutes ces souffrances silencieuses, et aider à ce que ces femmes aux vies saccagées et souvent rejetées par leurs propres familles, soient enfin considérées comme des victimes. Et que le monde ouvre les yeux, enfin. Il semblerait que le chemin soit encore long, mais la démarche est à féliciter et à soutenir. Une lecture qui frôle parfois l’insoutenable mais instructive et terriblement nécessaire. ➤ Les proies - dans le

Haremn de Khadafi Annick Cojean Editions Le Livre de Poche

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LE MAUVAIS TEMPS

CHRONIQUE PAR MÉLINA HOFFMANN / Photo DR

« Sans doute, la vie n’est-elle pas faite pour les adolescents. (…) ils l’inventent pour la rendre semblable à eux mais l’illusion est brève. Lorsqu’ils s’aperçoivent que cette vie rêvée est en rupture de stock pour la plupart des dons qu’ils réclament d’elle, ils chavirent dans la mélancolie. Il n’est ni facile ni plaisant de changer de peau, d’autant moins que la mue des hommes s’accomplit à contresens, du papillon à la chenille, et que la perspective de perdre ses ailes et d’apprendre à ramper n’est pas exaltante. Alors on refuse, on se cogne contre les barreaux de la cage. »

C’est l’histoire de Monsieur Robert, cinquantenaire, veuf, mûr et lucide. C’est aussi l’histoire de Bob, adolescent inexpérimenté, bohème, empli des craintes, rêves et illusions de la jeunesse.

C’est finalement l’histoire d’un homme à l’intérieur duquel Robert et Bob se rencontrent, se découvrent, se heurtent l’un à l’autre, tentent de cohabiter jusqu’au jour où la femme qu’il aime lui propose de la rejoindre à Amsterdam. En proie à ses impulsions d’adolescent, Monsieur Robert prend la fuite et se réfugie dans sa Bretagne natale pour prendre la mer sur son bateau. Surpris par le mauvais temps, il devra alors résister à une tempête qui se révèlera plus intérieure qu’extérieure… Cette histoire est celle d’un homme, mais c’est surtout le récit d’une naissance, celle qui survient au terme d’un long et souvent douloureux cheminement vers soimême, vers sa propre paix intérieure, vers l’âge adulte. Un cheminement nécessaire pour apprendre à vivre avec soi, avec les autres aussi. Parce que « C’est bon, les autres, c’est chaud, c’est nécessaire. »

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A travers les traits du roman, Paul Guimard décrit le parcours initiatique que chacun de nous pourrait – devrait sans doute accomplir pour réconcilier en lui l’adolescent et l’adulte qui s’empêchent d’exister pleinement l’un l’autre. Il s’agit de laisser s’éveiller cet Autre que nous cherchons sans cesse ailleurs alors qu’il sommeille en nous, tout comme le beau temps et le mauvais nous habitent avant d’être des conditions extérieures ; d’oser laisser derrière soi l’enfant rempli d’illusions et d’attentes irréalistes pour accepter enfin la vie telle qu’elle est ; de jouir pleinement des instants de bonheur avec la conscience de leur valeur et de leur impermanence qui les rend tellement précieux.

C’est une lutte intérieure, un combat contre cette partie de soi qui nous limite, nous fait fuir quand nous gagnerions à rester, nous taire quand quelques mots pourraient tout changer, s’abstenir quand cela vaudrait la peine d’oser. Une « bourrasque intime » qui fait chavirer l’être tout entier pour le forcer à nager plutôt que de se laisser dériver par le courant sur les flots d’une vie dont il ne serait sinon que le spectateur. Un roman métaphorique plein de tendresse, de douceur et d’amertume, riche d’enseignements et de sagesse.

➤ Le mauvais temps Guimard - Editions Folio

« Il faudrait parvenir à cette sagesse élémentaire de considérer les ténèbres où nous allons sans plus d'angoisse que les ténèbres d'où nous venons. Ainsi, la vie prend son vrai sens : un moment de lumière. »

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Livre

Envies de lecture Par Emmanuelle De Boysson

Isabelle Alexis, « Ta vie est belle », éd. Flammarion. Qui n’a pas imaginé de vivre la vie d’un autre ? Isabelle Alexis ne manque pas d’imagination. Scénariste, romancière, plusieurs de ses ro m a n s o n t é t é a d a p t é s a u cinéma. Aurélie vient de perdre son job et son fiancé. Elle monte à Paris retrouver son frère, s’inscrit sur Facebook en se faisant passer pour une journaliste. Ravie de sa nouvelle identité, elle réussit à obtenir une interview d’un jeune champion de tennis et tombe amoureuse de lui… forcément. Seul hic, la vraie journaliste rentrera de voyage et s’apercevra du pot aux roses. On pense à Match point, de Woody Allen, cette histoire d’un prof de tennis qui se fait embaucher dans un club huppé, séduit Nola Rice, avant d’épouser par intérêt Chloé… Isabelle a choisit de traiter de la supercherie par la comédie. Ses descriptions du monde de la presse et de celui du tennis sont particulièrement réussies. Dialogues enlevés, personnages attachants, rebondissements : presque un film.

Annie Lemoine, « Des jours parfaits », éd. Flammarion. Anne Lemoine a travaillé entre autres avec Laurent Ruquier, à Europe 1, à France 2 où elle a participé à l’émission « On a tout essayé ». En 2008, elle a présenté un billet d’humeur aux côtés de Marc-Olivier Fogiel sur Europe 1. Comédienne à ses heures, réalisatrice (elle a consacré un film à Hélène Grimaud), elle a choisi d’écrire, publiant six romans, presque un par an, depuis 2005 chez Flammarion. Une jeune fille découvre le cahier rouge secret de sa mère dans lequel celle-ci révèle qu’elle a vécu une passion secrète de quatre ans à l’origine de l’existence de sa fille. Dès lors, la jeune femme partira sur les traces de cet amour fou jusqu’en Sicile. Doux amer, tendre et triste, « Les « Jours parfaits » a sa petite musique, celle de l’intime, des nondits. Et l’on suit cette quête de vérité entre ombre et lumière, comme devant un film de famille, tant il résonne en nous.

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La force de l’amitie et de l’amour ROMAN ADO PAR JULIE CADILHAC

Violette est La jeune lycéenne parfaite, adulte mais s'adapte parfaitement au promise à un avenir brillant. Elle a des langage et à l'état d'esprit des adolescents parents qui lui font d'aujourd'hui; elle use de leurs confiance et la laissent codes et connaît leurs sortir comme bon lui préoccupations. Elle rend donc semble et sa liberté est la lecture fluide et accessible accrue car ils sont souvent même aux lecteurs non absents, investis dans des aguerris. Elle a le mérite missions humanitaires aux d'aborder, de surcroît, un sujet quatre coins du monde. grave et trop souvent caché et Juliette a un ami sincère, son récit fictionnel permettra Arnaud, qu'elle connaît peut-être de délier les langues depuis très longtemps; entre les générations et de mais depuis qu'ils sont en r é fl é c h i r e n s e m b l e a u x terminale, leur relation meilleurs façons d'éviter de tels évolue étrangement et les d ra m e s , e t s ' i l s a r r ive n t , trouble confusément. d'essayer de réapprendre à Juliette est co-animatrice vivre avec. sur le net d'un blog d'écriture ; elle y a rencontré de nombreux «Un jour de novembre quelque chose est amis virtuels qu'elle apprécie. Un jour, arrivé. Le chaos a suivi et, dans ce chaos, alors qu'elle habite dans le sud de la j'ai surnagé comme un sachet plastique sur France, elle part sur Paris pour les le fleuve. Troué, ballotté, puis rien d'autre". rencontrer…elle en reviendra avec un souvenir terrible et indélébile. Arnaud Titre: A l'ombre de l'oubli Auteur: Mireille Disdero réussira-t-il à la sortir de la dépression qui Editions: Seuil l'envahit peu à peu? Découvrira-t-il ce qui A partir de 13 ans lui est arrivé? L'écriture de Mireille Disdero 180 pages ne convaincrait pas forcément un public euros 140 - BSC NEWS MAGAZINE -Prix: N° 5811 - MAI 2013


Et elle le trouva tout à fait juste... LIVRE JEUNESSE PAR JULIE CADILHAC

C'est l'histoire bien connue d'une petite fille nommée Boucle d'or qui, e n désobéissant, va se retrouver confrontée à des ours....Un conte adorable et riche d'au moins deux enseignements essentiels: 1) les conseils des parents sont souvent bons et 2) il ne fait pas juger les gens sur la mine; en effet, ces ours aux pattes effrayantes se montreront bienveillants envers la petite fille et l'aideront à retrouver son chemin. Les illustrations chatoyantes et vives de Charlotte Gastaut accompagnent avec espièglerie le joli texte de Rose Celli. Un classique à redécouvrir absolument avec ses enfants!

Titre: Boucle d'or et les trois ours De Rose Celli et Charlotte Gastaut Editions: Père Castor/ Flammarion Dès 4 ans Parution: 17 avril 2013 Prix de vente: 13,50€

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Pas si sotte la nouille ! JEUNESSE PAR FLORENCE GOPIKIAN-YEREMIAN

Nouna est une petite nouille tout droit sortie de l’imagination de Nicole Lambert. Cette cartooniste hors pair n’est plus à présenter : auteur des célèbres Triplés, elle se lance dans une « Pasta – Saga » pour alimenter les yeux et l’imagination des petits et des grands. Voici donc le premier album des aventures de Nouna Cette petite nouille en socquettes blanches, espiègle et mignonne à croquer est lasse de vivre dans un vieux paquet de nouilles abandonné. Bouillant d’impatience, elle quitte sa vieille demeure et part en quête de nouvelles saveurs sans savoir ce que le monde extérieur lui réserve. Au fil de ses pérégrinations, elle tombe nez à nez avec de détestables Spaghettis italiens, se laisse entrainer dans une

farandole de Macaronis et s’amuse à faire des mots croisés aux côtés de savantes Pates-Alphabet. Cherchant à rencontrer le Roi des Nouilles pour tenter de comprendre le fil de son destin, Nouna se retrouve piégée dans une soupière et échappe de justesse à d’horribles bestioles affamées grâce à l’intervention de charmantes Coquillettes ailées. La petite créature, curieuse et hardie découvrira hélas la véritable destinée des nouilles. Elle sera cependant sauvée par un petit garçon aux yeux immenses qui lui fera enfin parcourir le monde. A travers un dessin à croquer, Nicole Lambert a su mitonner un sujet cher au cœur des petits enfants. N’oublions pas que nos têtes folles passent énormément de

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temps dans la cuisine de leur maman à déguster penne, vermicelle et farfalle autant qu’à faire des colliers de nouilles ! Dans un humour décalé, l’auteur les emmène à s’interroger sur les pâtes autant que sur l’existence. A déguster bien cuit ou al dente, selon les gouts. Un bon point pour la couverture réalisée en velours tout doux! De Nicole Lambert Edition Nicole Lambert 72 pages couleurs - 16.50€ Prix : 13,25 €

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JEU DANGEREUX ... BANDE DESSINÉE PAR JULIE CADILHAC

A qui s'adresse Une petite tentation? Aux jeunes étudiantes désespérées? Aux quarantenaires mariés en mal de sexe? Vo i l à u n e b a n d e dessinée au scénario bien mené et à la qualité graphique indéniable mais dont on ne saurait bien définir la cible. Alors, nous allons nous contenter de laisser résonner le titre et penser qu'il attirera tous ceux qui auront " une petite tentation". Voilà l'histoire de deux pestes et amies , Calista et Anna, qui se piquent de séduire le père de la petite fille dont Calista est la baby-sitter. L'objectif? virer sa femme, récupérer l'appartement de leurs rêves et profiter à tout juste vingt ans ce qu'elles ne pourront peut-être se payer qu'à

quarante. Un jeu qui déclenche une é m u l a t i o n m a l s a i n e q u i c o n d u i ra notamment la plus raisonnable des deux à des agissements forts légers. Calista et Eva sont ainsi prêtes à tout et cela rend parfaitement détestables. Il y a d'ailleurs dans ce récit beaucoup de p e r s o n n a g e s antipathiques et qui forcent à se demander si cette impression naît d'un refus d'accepter l'évolution des moeurs chez les jeunes ou si elle est le constat cynique d'un monde peuplé d'êtres égoïstes. Jim nous met face à des personnages dérangeants par leur absence de remords et d'intégrité; il ne se passe pourtant pas des évènements si sordides

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que cela; pourtant l'on ressort de cet épisode urbain avec un étrange goût d'amertume dans la bouche. Entre sexe et mensonges, voilà le portrait d'une jeunesse en mal-être et d'un couple en perdition qui ne manquera pas de vous faire frémir ou de vous ravir, c'est selon!

Titre: Une petite tentation Scénario: Jim Dessin: Frelin Editions: Vents d'Ouest Prix: 23,45 €

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Un Diptyque sur La REtirada BANDE DESSINÉE PAR JULIE CADILHAC

Angelita est fille de réfugiés espagnols. Elle vit à Montpellier depuis plus d'une trentaine d'années lorsqu'elle apprend par son beau-père que sa mère a eu un infarctus à Barcelone et qu'elle doit la rejoindre d'urgence à l'hôpital. Elle qui avait fui avec ses parents son pays , toute p e t i t e , p o u r é ch a p p e r a u r é g i m e franquiste, elle ne comprend pas ce que sa mère pouvait faire dans ce pays dont elle

ne voulait plus entendre parler. Le trajet dans le train est ainsi l'occasion de faire remonter des souvenirs douloureux et de raconter à son beau-père comment elle a perdu son père à l'âge de huit ans, déporté à Mathausen. A Barcelone, Angelita va découvrir un secret déstabilisant qui l'aidera cependant à réfléchir sur ses problématiques quotidiennes et sentimentales. Le convoi est un diptyque fort intéressant qui évoque la "Retirada" , le drame des républicains espagnols venus se réfugier en France en 1939 et qui furent les premiers déportés dans les camps de déportation nazis. Inspiré par des faits réels qui ont touché certains membres de la famille d'Eduard Torrents, Denis Lapière a imaginé un scénario judicieux dans lequel s'entremêlent destins individuels et Histoire. Une leçon de vie émouvante servie par un graphisme pertinent. A découvrir! Titre du diptyque: Le convoi Dessin: Eduard Torrents Scénario: Denis Lapière Editions: Dupuis Parution: Mars/ Avril 2013 Prix d'un tome: 15,50€

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L'incontournable Spirou BANDE DESSINÉE PAR JULIE CADILHAC

Un hommage à un incontournable de la bd rendu par des incontournables de la bd, ça donne quoi? un ouvrage indispensable pour votre bibliothèque.Que vous soyez passionné de bd ou simple amateur, la Galerie des Illustres est pour vous! Voilà

200 auteurs de la bande-dessinée ( et pas les moindres!) à (re) découvrir! Jean-Pierre Fueri a interviewé chacun d'entre eux et, en complément, il leur a été proposé depuis 2008 d'imaginer une planche inédite, une sorte de "tribune libre" graphique dans laquelle il exprime leur lien à Spirou. Toute la richesse du neuvième art s'épanouit dans cet ouvrage que l'on qualifierait presque de dictionnaire de la bd tant y figure par ordre alphabétique l'essentiel de ses courants : de l'abstraction à l'hyper-réalisme, de la caricature enlevé au dessin soigné, de l'humoristique au réalisme…. Vous y retrouverez André Julliard, Gotlib, Pascal Rabaté, Tardi, Zep, Yslaire,Barbara Canepa et Alessandro Barbucci, Vincent Perriot, Guillaume Bianco,Jul, Emmanuel Guibert, Julien Neel, Arthur de Pins, Binet et tant d'autres! Parmi nos coups de coeur, on citera la technique épatante de l'auteur allemand Andreas, l'humour de Philippe Bercovici, , le graphisme élégant de Dominique Bertail, l'intimité d'Etienne Davodeau, le graphisme

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d'Enrique Fernandez ou de René Follet, le portrait de Frank, le génie de Juanjo Guarnido, le décalage spirituel de Catherine Meurisse, le trait bluffant de JoséLuis Munuera…même si vous les aimerez toutes, ces planches, au final tant chaque patte graphique et / ou scénaristique a son histoire et sa personnalité propres. Le périodique franco-belge créé en 1938 sous le nom de Le Journal de Spirou imaginée par l'éditeur Jean Dupuis et son personnage emblématique , le groom Spirou, sont mis à l'honneur dans une édition spéciale de qualité qui fera de vous un connaisseur averti de quelques grands noms du neuvième-art "franco-belge" contemporain. Et pour vous donner un avant-goût, nous vous laissons à la lecture des planches de Sergio Salma et Riad Sattouf qui, avec humour et nostalgie, expriment comment Spirou a imprégné leur enfance et contribué un peu à ce qu'ils sont aujourd'hui….

Titre: La galerie des illustres Editions: Dupuis Date de parution: Avril 2013 392 pages en couleurs Prix : 45€

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Au coeur de la tempête

BANDE DESSINÉE PAR JULIE CADILHAC

Humphrey Van Weyden , critique littéraire renommé, est sauvé des eaux ,suite à une tempête qui a coulé le ferry dans lequel il voyageait dans la baie de San Francisco, par un étrange équipage. A la tête de la goélette Le fantôme, un être effrayant , Loup Larsen se prépare à aller chasser le phoque non loin des côtes japonaises pour revendre à bon prix leurs peaux. Prisonnier du capitaine, Humphrey va devoir participer à l'aventure périlleuse et va vivre de longues semaines de cauchemar durant lesquelles, paradoxalement, le nanti qu'il était deviendra un homme. Riff Reb's a adapté librement le roman de Jack London avec beaucoup de talent. Le graphisme, d'abord est superbe : choisissant d'user d'une tonalité monochrome pour chaque chapitre, il accentue avec pertinence la noirceur abyssale de cette odyssée

maritime. Son trait saillant et précis cisèle à la perfection chaque personnage et restitue bien l'atmosphère de huit-clos sur le bateau. Son scénario est fl u i d e e t r e s t i t u e ave c pertinence l'univers de Jack London. On a le plaisir d'y côtoyer une langue élégante et un propos passionnant. L'auteur fait de Loup Larsen un être charismatique, i r ra d i a n t d e p u i s s a n c e animale et intellectuelle…et il effraie le lecteur autant qu'il le fascine. Une bandedessinée que l'on vous recommande vivement ! "Mon tort à moi, à moi, est d'avoir mis le nez dans les livres" Titre: Le loup des mers Librement adapté de Jack London Auteur: Riff Reb's Editions: Soleil Collection: noctambule Prix: 17,95€

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JAZZ CLUB

ERIC LEGNINI LE JAZZ DE TOUS LES MÉTISSAGES PAR NICOLAS VIDAL / Photo Jean-Baptiste Millot

Entremêlé de passion, d’influences et de belles rencontres, le Jazz d’Éric Legnini se pare de mille déclinaisons lorsqu’il s’agit de découvrir un nouvel horizon musical. Pour cet album, Sing Twice, il a invité dans sa sphère Hugh Coltman, Mamani Keita et Emi Meyer qui, chacun, à leur manière façonne et malaxe Swing Twice au carrefour des métissages entre jazz, soul, afro-beat et folk. Rencontre avec l’une des personnalités importantes de la scène jazz francophone. Éric Legnini, quelle est la formule magique qui a donné Sing Twice ? C'est du jazz sous forte influence, qui va de l'Afro-Beat à la Pop. Comment est venue l'idée de travailler sur un album avec l’idée d'associer autant de personnalités que de sonorités ? Je cherche d'abord les gens avec qui j'ai envie de travailler, des gens qui ont une personnalité forte. Ensuite, j'essaie d'écrire de la musique pour eux, en ayant en tête un son assez précis. La sophistication du Jazz permet cette association. Je cherche à mélanger des

musiques qui sont parfois assez différentes, ce qui me permet d'aborder l'écriture et la production sous un angle moins formaté. C'est le mélange des musiques qui m'inspire, m a i s c ' e s t a u s s i l a continuité du travail que nous avons fait pour l'album "The Vox". Ma démarche est celle d'un producteur, qui cherche un son, une matière organique dans la musique comme dans le traitement du son. La rencontre avec Hugh Coltman a-t-elle joué un rôle important dans votre parcours musical ?

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La rencontre avec Hugh Coltman a été déterminante dans la couleur que donne sa voix au disque, qui reflète tout l'amour que j'ai pour le folk, la pop et la musique africaine. Il se place parfaitement dans le son du groupe, c'est un fabuleux musicien ! On peut lire dans la présentation de l'album qu'il a des reflets Soul Pop. Pouvez-vous nous en dire plus ? La Pop est très présente sous des aspects mélodiques et harmoniques. La Soul n'est jamais bien loin étant donné que c'est une de mes plus grosses influences. Le titre "Only for a Minute" illustre bien ce mélange Soul - Pop.

Sa voix donne une dimension toute particulière à ma musique, c'est une magnifique rencontre. On est à la fois dans le monde du Jazz mais aussi en Afrique, cette démarche fait partie de ma personnalité, de mon parcours. C'est Yael Naim et David Donatien qui m' ont fait découvrir le premier disque de Emi Meyer. J'ai trouvé son univers très frais et original. Inspiré par sa personnalité, je lui ai composé le morceau "Winter Heron"

Quels ont été les apports de Mamani Keita et Emi Meyer dans la construction de l'album ? C'est aussi l'envie d'incorporer dans ma musique, une voix africaine, qui m' a amené à collaborer avec la merveilleuse voix malienne de Mamani Keita, rencontrée lors du Festival des Libertés.

La genèse de cet album notamment dans son espace-temps est très intéressante. Était-ce une volonté délibérer de l'enregistrer dans un laps de temps si court ? Je fais volontiers confiance à mon instinct musical, ce qui me permet de travailler assez vite.

Qu'est-ce qui vous a incité à les intégrer dans ce projet ? Une forte envie de métissage musical !

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C'est vrai que la période de travail est assez courte par rapport à d'autres artistes, c'est ma manière de fonctionner. Ce qui est important c'est de savoir où vous avez envie d'aller musicalement. Comme je l'ai dit plus haut, une fois que j’ai fait mes choix, trouvé les bonnes personnes avec qui travailler, il est assez facile pour moi de finaliser ce que j'entends. Ce qui compte ce sont les idées, la sensation d'être porté, inspiré par un projet. Quelle place a prise la tournée dans l'univers global de l'album ? La tournée est en général l'élément le plus important, déterminant dans la conception d'un album. Les concerts nous permettent d'évoluer, de chercher, d'essayer de nouvelles combinaisons musicales. C'est une forme de laboratoire organique qui nous permet de continuer notre quête.

C'est un album aux sonorités et aux voix très éclectiques. Mais au fond, la colonne vertébrale de sa qualité ne restet-elle pas le Jazz, Éric Legnini ? Absolument, cela en est même l'élément principal. "C'est comme un disque que je produirais au service de la voix, mais sans restriction de styles ", quelle place accordez-vous à la voix dans la musique ? La voix est un élément du groupe et non une individualité. On est au service de la voix, mais avec une certaine interaction musicale qui nous permet de ne pas être formaté uniquement au code de la Pop ou de l' Afro-Beat. C'est une approche plus ouverte de ces musiques, l'improvisation donne une dimension particulière. Pouvez-vous nous confier les secrets du titre de votre album ? Est-il venu spontanément ?

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Oui, c'est venu assez spontanément, je pensais à un second opus, comme un vol. 2 de l'album "The Vox", m'est venu le jeu de mots "Think Twice" ... qui est devenu Sing Twice! Si vous deviez définir cet album en deux mots, lesquels utiliseriez-vous ? Soul Jazz Où pourra-t-on vous voir en concert dans les prochaines semaines ? On part en tournée pour un mois: du 21 au 25 Avril - Réunion - SAINT GILLES (97) Théâtre de Plein Air / du 27 Avril au 1er Mai -Italie - Torino Jazz Festival / 2 Mai - France - Saintes (17) Le Gallia Théâtre / 4 Mai - Chine - HONG KONG - Théatre City Hall French May / 5 Mai - PEKIN Forbidden City Concert Hall / 7 Mai - SHANGHAI Jz Club / 8 MAi - GUANGZHOU - Xinghai concert hall / 9 Mai - Vietnam - SAIGON - Centre Wallonie Bruxelles / 11 Mai - HANOI Opera / 13 & 14 May - Japon - Tokyo / 16 Mai - LANNION (22) Le Carré Magique / 19 Mai - BOUCHEMAINE (49) Festival Jazz Bouche à Oreille. Eric Legnini & the Jazz beat seront également présents au Jazz à la Villette 2013.

> ERIC LEGNINI «SING TWICE !» (Discograph)

> Retrouvez ERIC LEGNINI sur le WEB

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JAZZ CLUB

REITH-DEMUTH-WILTGEN

Un trio qui fait recette PAR NICOLAS VIDAL / Photo DR

Le jeune trio luxembourgeois porte fièrement les couleurs de son pays et a conscience de son importance dans leurs carrières respectives. Aujourd’hui, les trois jeunes garçons se sont retrouvés et sortent un album imprégné par un jazz arrivé à maturité, porté par des parcours personnels riches et aboutis. Reith-Demuth-Wiltgen ne sont pas que luxembourgeois, ils sont aussi des musiciens de jazz de talent au carrefour de l’Europe. On vous dit attachés au Luxembourg, estce le cas ? MD : Oui, effectivement. C’est un peu décevant de devoir expliquer où se trouve le Luxembourg, si c’est un « vrai pays » et si on a notre propre langue, surtout en Europe, et parfois très près de la frontière même. En même temps, c’est aussi un signe qu’on est bien intégré en Europe et qu’on s’entend bien avec nos voisins. Le fait de que le Luxembourg a un taux d’étrangers de 44 % sans que cela ne provoque de troubles particuliers rend ce pays unique au monde. Grandir parmi tant d’étrangers, être confronté à tant de cultures différentes, apprendre au moins trois langues étrangères à l’école secondaire, être obligé de quitter son pays pour poursuivre des études universitaires, représente parmi de nombreux avantages de notre petit pays, une richesse qu’il est

difficile de mesurer. Je trouve que les Luxembourgeois en général s’identifient beaucoup avec leurs représentants politiques et les respectent beaucoup, un phénomène qui devient de plus en plus rare en Europe malheureusement. Personnellement, je suis très fier de Jean Claude Juncker, notre premier ministre et tout ce qu’il a fait pour le Luxembourg, mais surtout pour l’Europe. Qu'est ce que le Luxembourg a influencé dans votre musique ? PW : Parce qu’il est un pays très petit, entouré par la France, la Belgique et l’Allemagne et qui, surtout à cause de ses avantages financiers, a attiré des e n t r e p r i s e s d u m o n d e e n t i e r. L e Luxembourg est devenu un lieu culturellement très varié. Michel, Marc et moi, nous avons grandi au Luxembourg et

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nous parlons notre langue maternelle, le Luxembourgeois. Mais à Luxembourg-Ville par exemple, cette langue ne s’entend plus beaucoup. On parle beaucoup anglais, français ou allemand. À mon avis, notre pays nous a influencés principalement de cette façon et nous a appris une certaine ouverture sur le monde. Peut-on parler de Jazz luxembourgeois à votre avis ? PW : Non, je ne pense pas qu’il y a un style de jazz qui se distingue particulièrement comme jazz luxembourgeois. En fait, c’est bien dommage que la musique et les chansons luxembourgeoises traditionnelles ne soient pas plus vivantes. Si elles l’étaient, elles s’imposeraient peut-être plus dans la musique des jazzmen luxembourgeois. Que vous a apporté votre carrière académique dans la musique que vous jouez aujourd'hui ?

MD : C’est notre carrière académique qui nous a fait quitter le pays et nous a fait rencontrer des musiciens du monde entier. Les Conservatoires et Universités sont des lieux de rencontres exceptionnelles et uniques qui permettent à l’étudiant de se faire une image globale de la scène de jazz et des différents styles, de plusieurs approches et des tendances actuelles. C’est lors de nos études que nous avons rencontré des musiciens venant des quatre coins du monde et qui nous ont influencés tant sur un plan humain que sur le plan musical. Chacun d'entre vous a évolué pendant un certain temps sur un chemin plus personnel. Qu'est ce qui vous a motivé pour reforme ce trio ? PW : Depuis qu’on jouait ensemble en trio lors de nos études secondaires au Luxembourg en 1998, on se rencontrait souvent sur scène faisant partie de différents projets et accompagnant d’autres musiciens. Nous avons toujours senti une synergie musicale entre nous.

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individuelles qui respectent une suite musicale claire. Que vous paraît-il important que cet album traduise dans votre proposition musicale ? MR : L’idée importante dans cet album est que la musique transmet un son de groupe collectif, portée par une écriture lyrique, essaie de faire découvrir le jazz à un nouveau public.

Nous nous connaissons depuis longtemps, nous nous entendons très bien et nous aimons voyager ensemble. Avec le bureau d’export musicLX maintenant en place au Luxembourg depuis 2009, le bon moment était donc venu pour relancer ce trio, un projet à 100% luxembourgeois. À la différence de certains trios, on a l'impression que vous composez et que vous jouez ensemble. Est-ce le cas ? PW : Oui, il était clair pour nous trois, que ce trio était un projet collectif c’est à dire sous nos trois noms, sans “leader” et en essayant de ne pas mettre en évidence seulement le pianiste, comme c’est le cas pour beaucoup de trio piano-contrebassebatterie en jazz où le pianiste est souvent le leader. Comment s'est déroulée la conception pour la réalisation de cet album ? MR : Chacun de nous trois a écrit un certain nombre de compositions, puis nous les avons essayées pendant les répétitions pour voir si elles fonctionnaient. Puis nous avons travaillé ensemble sur les arrangements afin de réaliser une collection de compositions

Quel est l'équilibre musical que vous trouvez entre vous ? MD : L’équilibre musical est basé sur nos préférences communes en ce qui concerne le son du trio. On est à la recherche de la simplicité et de la complicité musicale, toujours au service de la composition avant tout. Que symbolise ce premier album en commun ? MR : Nous sommes très fiers de ce premier album. C’est vraiment un projet collectif, pour lequel nous travaillons ensemble avec beaucoup d’efforts. Le fait nous avons attendu beaucoup d’années avant de l’enregistrer ensemble, fait que cet album est une étape très importante pour nous trois. Si vous deviez le définir en deux mots, quels seraient-ils ? MD : C’est une question très difficile. Jusqu’à présent, les échos sur notre disque sont pour le moment très positifs. Les gens aiment notre musique pour diverses raisons, mais il me semble y avoir une constante; la plupart ressentent du bien-être en nous écoutant. Raison, parmi d’autres, pour laquelle beaucoup de nos auditeurs nous ont avoué faire tourner le disque tant de fois chez eux. Donc voici vos deux mots: FEELING GOOD. > Reis-Demuth-Wiltgen Label Laborie Jazz

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Musique

LES ALBUMS DONT VOUS NE POURREZ PLUS VOUS PASSER Par Nicolas Vidal

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Par Nicolas Vidal

JAZZ Grazzia Giu, forte d’un parcours peu commun dans la musique, s’est hissée avec brio sur la scène française du Jazz vocal non sans talent. Ce nouvel album vient confirmer la belle trajectoire de cette artiste qui propose un album délicieux. «Pretend» trouve un équilibre parfait entre des mélodies qui n’ont aucun mal à vous envoûter, des arrangements subtils et des collaborations musicales qui portent ce nouvel album vers des notes appétissantes. Grazzia Giu - Pretend ( GDW Music)

JAZZ On présente souvent Champian Fulton comme l’étoile montante de la scène jazz new-yorkaise et ce n’est pas usurpé tant la jeune Américaine, élevée à la musique, sort un quatrième album où elle montre l’étendue son talent au piano et de sa grâce dans le chant à tout juste 27 ans. La quintessence de cet album est dans son titre «Chamian Sings and Swings», car c’est bien de cela qu’il s’agit lorsque la délicatesse rencontre le talent. Champian Fulton - Sings and Swings ( Sharp Nine Record)

CLASSSIQUE Voilà une très réjouissante initiative musicale pour découvrir et se familiariser avec plaisir et envie à la musique classique. Pour cela deux cds où sont soigneusement regroupés quelques-uns des plus grands morceaux des oeuvres de Mozart, d’Haydn, de Bach et d’Haendel accompagnés d’une notice afin d’aller plus loin. À se procurer de toute urgence pour des week-ends musicaux en famille ! « J’écoute Bach et Haendel avec ma maman » / J’écoute Mozart et Hadyn avec mon papa » ( Mirare) 168 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013


WORLD Niuver, la jeune chanteuse cubaine, débarquée en France il y a quelques années réalise un joli grand écart avec la sortie de Trasnochando, un album qui oscille entre une atmosphère latino raffinée et des textes en français. Tout cela s’embrasse et s’enlace avec une harmonie agréable qui s’adapte parfaitement à toutes les sensibilités. Il y a quelque chose de Luz Casal chez Niuver autant dans la sensualité que dans la chaleur d’un univers musical et bariolé. Belle découverte Niuver - Trasnochando - ( Sony Music)

FOLK Sam Amidon est la claque Folk en ce début de printemps. Avec cette voix à la fois douce, subtile et envoûtante, le jeune américain originaire du Vermont, installé aujourd’hui à Londres, nous fait voyager dans une déclinaison d’émotions et de sensations qu’il fait remonter en nous. C’est avec panache qu’il nous propose 11 grands morceaux Folk qu’il a repris à sa manière, c’est à dire avec talent. Jetez-vous sur cet album et attendez déjà le prochain ! Sam Amidon - Bright Sunny South ( Nonesuch Records )

FOLK Vous allez tomber amoureux de June & Lula, ce duo pétillant de deux filles pas tout à fait comme les autres, qui sort dans quelques jours son second album « Yellow Leaves» après avoir fait joli coup folk avec Sixteen Times. Yellow Leaves mêle deux voix aussi fines que puissantes, portés un son folk, pop gonflé par une adrénaline musicale qui ne cesse de construire morceau après morceau un univers musical passionnant. June & Lula seront vos meilleures amies sur la route des vacances. June & Lula - Yellow Leaves ( Columbia ) 169 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013


ToutE l’actualité du Jazz concentréE sur un seul site www-le-jazz-club.com

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ÉTÉ 2013

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EXPOSITION PAR FLORENCE GOPIKIAN YÉRÉMIAN

LE LOUVRE INAUGURE « LE PARCOURS PISTOLETTO » Le palais du Louvre s’est paré aux couleurs de Michelangelo Pistoletto. De la pyramide de Pey à la Cour Marly en passant par les multiples salles antiques et le donjon médiéval, cet artiste italien a obtenu carte blanche pour déployer ses tableaux-miroirs et son symbole mystique aux quatre coins du musée. Il offre ainsi aux visiteurs un parcours inédit librement inspiré de l’attitude avantgardiste de l’Arte Povera : un choc des matières nobles et des pièces recyclées, mais surtout une réflexion esthétique et spirituelle sur l’homme, le consumérisme et le devenir de la planète. Bien qu’il soit de formation ultra-classique, Michelangelo Pistoletto a révolutionné les années soixante en adhérant au mouvement de l’Arte Povera. Du haut de ses quatre-vingts ans, cet italien du Piémont continue aujourd’hui à défier la société de consommation et revendique à chacune de ses apparitions une ère nouvelle pour l’homme et l’industrie culturelle. Costume noir impeccable et barbichette stylisée (L’élégance italienne ne saurait mentir…même pour les adeptes de « l’Art Pauvre »), Pistoletto a accepté l’invitation du plus grand musée de France pour répandre sa nouvelle philosophie du « Troisième Paradis ».

Pour ce faire, dix-sept de ses œuvres ont été éparpillées au sein du Louvre en écho aux milliers de créations qui y trônent. Une façon singulière de confronter les époques, les matières, les regards et d’interroger chacun d’entre nous sur le rôle de l’art et de l’homme. ************* Il est amusant de voir à quel point l’art contemporain attire le public de façon récurrente. Depuis le mois d’avril 2013, parmi les centaines de sculptures antiques qui se déploient au niveau de l’aile Denon, tous les regards viennent se heurter à l’insolite « Vénus aux chiffons » de Pistoletto. Tel un clin d’œil abracadabrant à sa voisine la « Vénus de Milo », elle

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Depuis le 25 avril 2013, le signe du Troisième Paradis orne la façade de la pyramide du Louvre

Autoportrait aux étoiles : Pistoletto pose devant sa propre silhouette constellée de galaxies

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intrigue et déroute l’ensemble des visiteurs : est-ce une erreur de parcours ou une œuvre d’art à part entière ? Et que fait cette composition aux guenilles dans ce temple du classicisme ? Pistoletto a visé juste : sa « Vénus aux chiffons » surplombant cet amas de vêtements usés et bariolés dérange ! Son discours esthétique ne laisse personne indifférent : La mode est fugace et éphémère. En se laissant entrainer dans le sillage de la consommation de masse, l’homme perd toute notion des réalités et fragilise la nature. ************* Dans une optique différente, la Grande Galerie du Louvre accueille quatre tableaux miroirs du maître italien. Ces hommes qui semblent se concerter sont les trois principaux protagonistes de l’Arte Povera : Giovanni Anselmo, Gilberto Zorio et Giuseppe Penone. L’approche artistique

La Vénus aux chiffons - 1967

est de savoir s’ils se trouvent dans l’œuvre ou hors de l’œuvre ? Jeux de reflets, jeux d e r é fl e x i o n : l o r s q u e n o u s n o u s positionnons devant ce grand panneau, ne faisons-nous pas, à notre tour, partie intégrante de l’œuvre à travers la projection de notre image ? Pistoletto adore jouer avec les « objetsmiroir » qui lui permettent non seulement de mêler le spectateur au tableau mais aussi d’intégrer le présent à la représentation picturale. A chaque nouveau passant, à chaque nouveau r e g a r d , l ’ œ u v r e s e t ra n s f o r m e , s e réactualise et continue de vivre et d’évoluer de façon infinie. En plaçant cette toile miroir dans le somptueux salon des primitifs italiens, Pistoletto s’amuse doublement à brouiller les cartes de la représentation et celles de la temporalité. *************

Conversation sacrée - 1974

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vérité ? Et ce reflet qui est le mien et qui apparaît aux côtés de ces figures divines, n’est-il pas le seul et l’unique à détenir la vérité ? ************* Lorsqu’un collectionneur a acheté cette sphère d’un mètre quatre-vingt réalisée en papiers journaux, Pistoletto l’a enfermée dans une cage de fer pour marquer la fin du parcours évolutif de cette œuvre.

Le temps du jugement - 2009

Adepte d’un art nomade, infini et insaisissable, l’artiste avait réalisé cette mappemonde de journaux compressés pour symboliser l’Histoire en mouvement. Il se propose de recréer une nouvelle sculpture en papier mâché lors d’une performance prévue le samedi 18 mai 2013. Dans le cadre de la Nuit des musées, Pistoletto invite donc le public à partager une promenade créative durant laquelle une boule journalistique sera roulée à plusieurs mains depuis le Louvre jusqu’à l’Hotel de la Monnaie.

Dans un genre plus conceptuel, Pistoletto utilise aussi le miroir pour inciter chacun à voir au-delà : au-delà de soi-même, audelà de sa croyance. Dans un lieu aussi éclectique que le Louvre qui brasse chaque jour des milliers de visiteurs venus des quatre coins du monde, il est judicieux de poser une œuvre transcendante comme « Le temps du jugement ». Mettant en scène - et en cercle – plusieurs religions, cette composition enveloppée de soie pure et blanche, nous confronte à notre propre responsabilité dans l’évolution du monde et de ses conflits religieux. En la parcourant, le visiteur peut prendre le temps de se questionner et s’attarder à une réflexion métaphysique : Est-ce que Dieu existe ? Mais quel Dieu ? Qui détient la

Mappemonde 1966-1968

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Une façon originale de sortir l’art de l’atelier et de l’emmener sillonner les rues afin, peut-être, de le désacraliser….

de l’artiste à propos des conflits et des désaccords pouvant naître de la rencontre des identités multiples du globe.

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Le brassage culturel a également une place prédominante au sein de l’univers artistique de Pistoletto. Véritable « enfant du monde » et de la mondialisation, il nous offre une exploration de la fusion des peuples et des civilisations à travers une œuvre lumineuse qui se déploie sur tous les murs du donjon du Louvre.

La salle de la Maquette située dans l’entresol du Louvre s’est transformée en galerie des miroirs sous la baguette de Pistoletto : miroirs brisés, dytique miroitant, mètre cube infini… Toutes ces formes organiques et ces reflets ne cessent de se défier et de se répondre en intégrant les visiteurs dans leur sombre dialogue.

« Aimez les différences », telle est la devise qu’il clame par le biais de phrases lumineuses conjuguées dans vingt-six langues européennes. Derrière le ludisme apparent de ces étincelantes lettres de néon transparait la préoccupation évidente

La pièce fait songer à un coffre fort secret tant par la solennité des lieux que par le froid qui y règne. De quoi souligner le goût du mystère et de la réflexion si chers à Pistoletto. *************

Aimez les différences – 2010

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Suspendu aux corniches de la Cour Marly, le symbole du Troisième Paradis clôt l’exposition. Constitué d’étoffes recyclables dont les couleurs resplendissent sous le soleil zénithal, ce signe énigmatique est censé marquer l’entrée de notre civilisation dans une nouvelle ère. Traversé par un immense obélisque en miroir, il reprend le signe mathématique de l’infini en y intégrant un cercle central supplémentaire. Selon Pistoletto, cet anneau médian interrompt l’infini et matérialise un lieu à mi-chemin entre le passé et l’avenir où l’homme doit se réconcilier avec la nature. Ce Paradis Terrestre traversé par l’obélisque en miroir est à l’image d’un accouplement entre le masculin et le féminin d’où émergerait une renaissance : en voulant dominer la nature par des moyens artificiels, l’être humain a contribué à sa

destruction. Il est temps à présent de réconcilier la science, la technique et la nature. En plaçant l’art au centre d’une transformation responsable de la société, Pistoletto nous invite tous à un nouveau mode de pensée. Qu’il s’agisse d’une simple forme visuelle ou d’une performance vouée à disparaître, ce symbole du Troisième Paradis véhicule néanmoins un très beau message. Ce signe dépourvu de copyright commence d’ailleurs à faire l’objet de multiples happenings à travers le monde. Il se propage dès aujourd’hui à l’auditorium du Louvre par le biais d’une foule de spectacles et de rencontres culturelles. A vous l’honneur de vous l’approprier…

Programmation autour de Pistoletto et du Troisième Paradis

Faces à Faces : Vendredi 17 mai à 18h30 : Pistoletto rencontre Nicola Setari, critique d’art Mercredi 22 mai à 18h30 : Pistoletto rencontre l’écrivain Michel Butor Jeudi 30 mai à 14h30 : Conversation entre Pistoletto et l’astrophysicien A. Barrau Performances théâtrales : Samedi 1er juin à 20h : Anno Uno (Première française) Spectacle : Jeudi 13 juin à 19h : Viens lire au Louvre. Un monde meilleur Performances Samedi 18 mai à 20h : Sculpture de promenade (Départ du Louvre – Nuit des musées) Samedi 8 et dimanche 9 juin à 14h30 : Opération Troisième Paradis (Au jardin des Tuileries) www.louvre.fr

Vortex – 2010 - 2013

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Obélisque et Troisième Paradis – 2013

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Obélisque et Troisième Paradis – 2013

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PEINTURE

PAR CANDICE NICOLAS

DIANA STETSON, l’engagement et la passion d’un peintre Le festival de Sundance est mondialement réputé pour son cinéma, mais on y croise des artistes en tous genres. Le BSC News a eu la chance de rencontrer la peintre américaine Diana Stetson lors du vernissage de sa récente exposition dans l’Utah. Diana, d’où êtes-vous originaire ? Diana Stetson : Je suis née à New York, et j’ai grandi dans la Vallée de l’Hudson où les bois, les champs et le fleuve m’ont tout appris. Passer des heures chaque jour au beau milieu de la nature a été extrêmement formateur. Je voyage beaucoup, mais je suis installée dans le désert du Nouveau Mexique. La spiritualité mystérieuse du paysage et du ciel m’ont convaincue de vivre là, et m’ont inspirée depuis des décennies. Venez-vous d’une famille de peintres ? D’artistes ? Plusieurs artistes de ma famille m’ont inspirée quand j’étais très jeune. Mon oncle, Roger Prince, était sculpteur, sa femme, la sœur de mon père était une formidable artiste peintre de l’école Waldorf. Leurs œuvres étaient éparpillées

partout dans la maison, et une des peintures murales de ma tante a été particulièrement révélatrice pour moi. Elle était au milieu de notre salle à manger, je l’ai étudiée minutieusement chaque jour, son imagerie, ses figures expressionnistes. Je me souviens d’avoir été particulièrement intriguée par sa manière de traiter les ombres et lumières. Mon père était médecin et chercheur, mais ses grandes passions étaient le piano, le violon, la sculpture sur bois. Son génie créatif passait simplement de la science à l’art, et j’ai beaucoup appris de la relation entre les deux grâce à lui. Mais la plus grande relation à l’art que ma famille a c’est certainement nos liens avec la France. J’ai une cousine écrivaine qui est mariée au photographe François Le Diascorn. J’ai voyagé avec eux en France et en Grèce pendant des années. Ensemble, nous avons travaillé sur des projets du Ministère de la Culture, « Les Animaux Magiques » et

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« Les Bêtes de la Mer ». François m’a enseigné beaucoup de choses quant au sérieux de la vie d’artiste. J’ai appris tellement en le regardant en action à la recherche de l’image magique, ses appareils photos autour du cou. Son engagement féroce et intransigeant dans son art a été pour moi une inspiration continue et m’a suivie tout au long du développement de mon art. Quand avez-vous compris que peindre était ce que vous vouliez vraiment faire ? Je me suis mise sérieusement à travailler en tant qu’artiste après avoir obtenu mon diplôme en 1985. De 1985 à 1990, j’ai surtout travaillé sur la graphie des lettres et le collage – sur papier. Quels types de matériaux utilisez-vous principalement ? Est-ce que votre travail a directement évolué du papier à l’huile sur acrylique ? Quels supports favorisezvous ? En 1990, je suis tombé amoureuse de la gravure à l’eau forte pour faire des

estampes. Pendant vingt ans, j’ai fait de la gravure, et je me suis spécialisée dans les dessins, peintures, collages transférés sur papier. En 2010, j’ai fait un changement colossal et ai commencé à peindre à l’acrylique et à l’huile sur des panneaux de bouleau. Changer de support est un tout nouvel engagement pour le peintre. Ces dernières années, j’ai pris conscience de la concentration et de la discipline dont j’aurai besoin pour atteindre mes objectifs. Je passe mes journées dans mon studio. À ce moment de ma carrière, j’ai atteint un âge et un seuil en tant qu’artiste, où j’ai beaucoup à dire. Pour l’instant, je suis extrêmement engagée dans mon travail, d’une nouvelle manière qui me ravie. Où peignez-vous habituellement ? Dans votre studio ? Où vous pouvez ? Mon studio est situé derrière ma propriété, au nord d’Albuquerque au Nouveau Mexique, près du Rio Grande et en face de la chaîne de Sangre de Cristo, la pointe sud des Rocheuses. C’est un endroit sacré

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où je peins en silence, ou dans un chaos de rock n’ roll (rires).

années 80 ? Pourquoi êtes-vous partie làbas ?

Pourriez-vous nous donner les grandes raisons qui font que vous peignez ?

Après avoir obtenu mon diplôme à Reed College, j’ai obtenu une bourse pour réaliser un projet créatif, sans contraintes. Je suis partie pour étudier la calligraphie, au Japon et en Chine ; j’étais intriguée par l’aspect spirituel de la tradition artistique de ces cultures. Le célèbre calligraphe Wuciu Wong m’a recommandée à Jat See Yiu, qu’il considérait comme le plus talentueux calligraphe chinois de Hong Kong. J’ai ainsi pu rejoindre l’ile de Cheung Chau et devenir l’étudiante privilégiée de Mr. Jat. Nous ne pouvions pas communiquer par les mots mais notre relation professeur-élève était très forte et j’ai travaillé avec une très grande détermination pendant des mois sous son œil expert. Mr. Jat m’a donné mon nom d’artiste, « Red Elegance » et offert le couteau que j’utilise pour signer mon travail. Par la suite, j’ai rencontré un professeur au Japon, avec lequel j’ai aussi énormément travaillé au fil des ans. De ces

Je peins pour me souvenir, pour partager de l’amour, du réconfort, mais aussi pour honorer la puissance de l’art et sa beauté. Je suis fortement engagée dans l’exploration de la beauté ; c’est une des leçons les plus puissantes que m’ait enseignée l’étude de la Nature. Il n’y a aucune fin à sa profondeur ni à sa force. La poétesse américaine Mary Oliver a écrit : « Dis-moi, qu’entends-tu faire de ton unique, sauvage et précieuse vie ? » Moi, je sais ce que je vais faire. J’ai commencé un voyage d’un sérieux extrême, et pour autant, joyeux à la fois, c’est un voyage formidable, le voyage sans fin du peintre. On remarque une grande influence asiatique dans vos peintures, des restes de vos études au Japon et en Chine dans les

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Butterfly Calligraphy III deux maîtres, j’ai appris le travail de composition, la coordination œil/main, le respect des matières et l’engagement dans le travail. Parlez-nous de cette source d’inspiration et de votre travail de composition. J’ai fait plusieurs voyages en Asie et à chaque fois, je suis étonnée de voir comment les gens ressentent la relation

des formes et de l’espace. Comment une pierre est disposée dans un jardin, où un vase est posé à côté d’une peinture, comment la brosse du pinceau s’appuie sur le papier. La sensibilité asiatique à l’espace négatif trouve un écho chez moi. En tant que peintre américaine, j’ai presque toujours inconsciemment incorporé cet espace négatif dans les images que je peins, gardant toujours un

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œil sur ce qui n’est pas, plutôt que sur ce qui est. Comment choisissez-vous de faire une grande ou une petite peinture ? Je suis de plus en plus intéressée par les grosses toiles à présent. Le format 1m20x1m20 me convient parce qu’il est pratique à manipuler dans le studio – tout ce qui est plus grand devient vite encombrant. La manière dont je peins requiert beaucoup de ponçage et de nettoyage, et les panneaux doivent être déplacés d’un bout à l’autre du studio assez fréquemment. Mais travailler sur des surfaces plus petites me semble pratiquement dévalorisant de nos jours ! J’ai passé vingt-cinq ans à faire des images plus petites, je veux passer les vingt-cinq prochaines à travailler « grand ». Une fois mes questions de logistique réglées, je travaillerais même sur encore plus grand ! Je suis grande, j’ai de la puissance, et cela me paraît normal d’utiliser tout mon corps quand je peins. J’aime cette sensation de pouvoir presque rentrer dans ma peinture. Vous avez tout d’abord l’idée de la taille de votre peinture ou son sujet ? La plupart de ce que j’ai envie de peindre fonctionne sur grand format. Si je travaille sur un format plus petit – pour des raisons multiples et variées – je considère généralement ce travail comme étant l’étude de quelque chose à venir, de plus grand. Quelles ont été vos impressions après l’exposition à Park City ? Avoir mon vernissage à la CODA Gallery pendant le festival de films de Sundance a été plus qu’un honneur pour moi, j’en ai profité du début à la fin ! La directrice de la galerie, Jen Schumacher, a fait un travail considérable, mon travail a été exposé

merveilleusement. Nous avons vendu plusieurs peintures et avons reçu de très bons commentaires. J’espère que c’est le début d’une longue collaboration, qui b é n é fi c i e r a à l a C O D A e t a u x collectionneurs de mes tableaux ! J’ai d’ailleurs fait un petit livre d’images que vous pouvez retrouver ici : http:// w w w. b l u r b . c o m / b o o k s t o r e / d e t a i l / 3935837. Quels sont vos prochains projets artistiques ? En ce moment, j’explore les possibilités qui m’amèneraient à avoir un impact sur l’environnement en tant que peintre. Je pense que les artistes ont une position unique de conteurs visuels, pour créer des ponts de compréhension, et pour faciliter les changements de manière positive et éclairée. Les images sur lesquelles je travaille pour l’instant, sont celles d’animaux, et surtout d’oiseaux. Avec mon équipe, on se remue les méninges pour parvenir à la meilleure façon d’utiliser mes talents et de faire une vraie différence. C’est passionnant pour moi, et j’espère vraiment avoir quelque chose de concret à exposer l’année prochaine. En attendant, je peins ! Est-ce que l’on vous voit bientôt à Paris ? Oui, je compte rendre visite à ma famille à Montmartre très prochainement, et à Jonchères aussi, dans la Drôme. On se retrouve à Sausalito en automne en tous cas ? J’espère vous y voir Candice ! J’adore ce festival, j’y ai déjà exposé et c’est vraiment un des festivals les plus accueillants que je connaisse. On pourrait faire du tourisme et

© Michel Bonvin

184 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013 Sans titre de la série Rouge Blanc, Valais, 04.2011


Butterfly Diptych visiter les musées près de San Francisco, et assister aux banquets et concerts de la cérémonie d’ouverture. J’ai hâte ! [Le ‘Sausalito Art Festival’ se tiendra du 31 août au 2 septembre, dans la région de San Francisco] Diana a accepté de partager avec nous trois de ses tableaux préférés. Le premier s’intitule Au début, il y avait l’œuf III (In the Beginning Was the Egg III) – 60cmx60cm, huile, acrylique, et transfert acrylique sur bois de bouleau. La juxtaposition des œufs à un très large, exquis, papillon de nuit de cette peinture a été un vrai départ pour moi, et c’est le précurseur de toute une série. Les papillons de nuit sont très ancien, leurs œufs encore davantage, et ensemble ils chantent silencieusement la résistance et la persistance du monde de la Nature. Ici, les œufs sont comme flottants, et non dans leur nid protecteur. Le papillon, qui devrait être dans le ciel, est au contraire forcé au sol. C’est une espèce en danger au Brésil.

Un papillon sur le bord et non en plein vol. Ni les œufs ni le papillon ne sont dans leur milieu. Et c’est tout. Sans autre intention de ma part, de cette peinture émerge une histoire de nouveaux départs. La Genèse, une fois encore, mais cette fois-ci avec un sens profond d’incertitude et d’urgence, un désir de redécouvrir l’équilibre du monde naturel.

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Sept fleurs de Lotus (Seven Lotus Blossoms) – 122cm x 122 cm huile et acrylique sur bois de bouleau. J’écris souvent de la poésie en parallèle à mes peintures. Les mots ne peuvent pas toujours exprimer ce que dit une image. Mais en poésie, il y a de la magie et du cœur. Ainsi, la peinture et la poésie peuvent bénéficier d’une évolution, main dans la main. Avec mon expérience de ma série des Lotus, c’est ce poème qui en rend le mieux l’âme. “Lotus is Not a Flower” Lotus

a secret hope a dreaming an abiding peace a distant hum a cloud at ease a breath taken. Lotus is not a flower it is a question and an answer, a possibility and an impossibility. « Le Lotus n’est pas une fleur » Le Lotus N’est pas une fleur C’est Une lumière pastel Une pierre précieuse ancienne Le murmure de l’eau Un monde intérieur

is not a flower

La translucidité

it is

Un espoir secret

a pastel light

Un rêve

an ancient gem

Une paix durable

a water murmur

Un fredonnement lointain

an inner world

Un nuage au repos

a translucence

Une inspiration.

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Le Lotus N’est pas une fleur C’est une question Et une réponse Une possibilité et Une impossibilité. Bien que cela soit une plus petite peinture, elle illustre parfaitement mes méthodes du moment : une peinture abstraite avec l’acrylique pour marquer les détails de la peinture à l’huile. Le contraste entre les marques spontanées, parfois surprenantes, dans l’acrylique m’intriguent énormément. Il faut vraiment les chercher pour voir les marques du pinceau dans le dessin du Jaseur. Il y a une certaine puissance dans ces coups de pinceau ! Et par opposition, la puissante de l’arrière-plan est justement dans l’apparition des coups de pinceau. J’ai aussi remarqué que je peignais toujours les oiseaux, les animaux et les personnages regardant vers le haut – plein d’espoir – dans l’attente de quelque chose qui promet d’être magnifique.

Le Jaseur dans la neige (Waxwing in the Snow) 30cmx30cm, huile et acrylique sur bois de bouleau.

Vous pouvez suivre les actualités de l ’ a r t i s t e s u r s o n s i t e w e b : www.dianastetson.com

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Directeur de Publication Rédacteur en chef Nicolas Vidal

Directrice artistique et responsable des Grandes Interviews Julie Cadilhac

Littérature & culture

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ARTS GRAPHIQUES

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Contributions du mois et couverture Paul et Gaëtan Brizzi

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NUMÉRO ISSN 2263-715X

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188 - BSC NEWS MAGAZINE - N° 58 - MAI 2013


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