BUDO INTERNATIONAL FRANCE

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Nº 186 AVRIL 2012 - France METRO : 4.30 € • DOM : 5.00 € • BEL : 4.90 € • CAN : 8 $ cad • MAR : 45 MAD • TOM/S : 700 XPF



RIAL

L

e terme de « force majeure » est souvent utilisé dans les contrats comme une clause d'exonération de responsabilité quand un événement, échappant au contrôle des parties, transforme le contexte de l'accord. Il s'agit d'événemens généralement associés à la médiation de situations extrêmes entre les mains de la nature : innondations, éruptions volcaniques, tremblements de terre, etc., ce que les juristes classiques, les pères maçons de la Constitution des États-Unis appelèrent « Acts of God » (actes de Dieu). Spirituellement parlant, la force majeure se trouve au-dessus du destin personnel, elle nous parle du destin de quelque chose de plus grand que l'individuel et le seul qui puisse être au-dessus de celui-ci, car personne ne vaut ni plus ni moins que personne, c'est le destin d'une collectivité. La fameuse phrase de Spock, quand il sacrifie sa vie pour sauver l'équipage de l'Enterprise dans l'une des scènes les plus émouvantes et les plus significatives de cette série, l'explique parfaitement. C'est pour cela que, quand le capitaine Kirk lui reproche son action suicide, illogique et impropre d'un Vulcain, il répond : « Ce qui est utile à beaucoup l'emporte sur les désirs du petit nombre... » - mais nous ne savons pas si c'est le fait de son côté humain ou s'il justifie son action dans le cadre inébranlable de la logique de sa race. Mais, ne serait-ce pas simplement, que nous n'ayons pas su lire correctement le destin quand nous prétendons qu'il a changé ? Il y a dans tout cela une contradiction intrinsèque, un paradoxe typique des sujets qui touchent l'ineffable, car si le destin compris dans son sens classique en tout cas - était déterminant et inamovible, nous ne parlerions pas de lui, mais d'une lecture erronée de celui-ci quand nous prétendons qu'il a changé. Si, au contraire, nous mettons l'accent sur l'idée du libre arbitre comme facteur déterminant des changements, le concept de force majeure, même si elle semble congruente, ne nous signale pas moins cette première contradiction. Sommes-nous libres ou sommes-nous esclaves d'une destinée irréductible ? Des penseurs beaucoup plus grands que moi ont affronté cette question et je ne prétends pas la résoudre ; elle est en effet peut-être en elle-même irrésoluble, car elle appartient au mystère même qui n'est pas l'inconnu, mais qui relève plutôt de ce que l'on ne peut connaître. Il existe cependant certaines considérations qui peuvent illuminer ce sujet, des perspectives qui peuvent ouvrir de nouveaux points de vue et qui s'avèrent absolument pertinentes pour éclairer cette question. De nombreuses écoles spirituelles affirment que, lorsque nous naissons nous avons déjà choisi, non seulement le cadre, mais également les expériences que celuici comportera. Elles affirment que, bien que la liberté de choix soit déterminante à chaque carrefour, certains événements, fruit du croisement de plusieurs destins, forgeront l'accomplissement de ce qui doit arriver dans notre vie. Que certaines choses s'accomplissent n'est donc qu'une question de temps. Tout ce que nous pouvons faire face à cela, c'est être impeccable. Beaucoup d'événements de

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FORCE MAJEURE

« On rencontre sa destinée souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter. » Jean de La Fontaine nos vies quotidiennes sont indiscutables ; parce que le destin, comme tout ce qui est la vieillesse, la mort arriveront, mais la grand, est impitoyable et se rit de nos attamanière et le moment où cela surviendra chements. Comme l'âne, il nous conduit seront déterminés par nos décisions avec la carotte de nos désirs et quand il le quotidiennes. faut, parce que ceux-ci ne sont jamais sufChaque carrefour avec ses choix infinis fisants, il sort son bâton et nous fustige offre, en fin de compte et en simplifiant pour nous forcer à aller dans la direction beaucoup, deux directions essentielles et opposée à celle des coups de bâtons. fondamentales : l'une positive et l'autre Grandes et mystérieuses sont les forces négative. Le destin n'est exclu ni de l'une ni qui protègent notre destin, sage est de l'autre, mais il s'accomplira de manière l'homme qui s'y ajuste sans tomber dans différente en fonction des choix que nous l'apathie, la paresse, ni aucune des mille et aurons faits. une faiblesses qui nous talonnent, parce Les lignes les plus solides dans un univers que chaque fois que nous nous écartons courbe ne sont pas droites et, bien que la de ce qui doit être, nous recevons le nature des êtres soit toujours une formule fameux coup de bâton. Et le pire de tout, prédéterminante, elle ne peut être complètec'est que soudain, nous sommes aussi bien ment décisive. Le facteur du libre arbitre est l'âne que celui qui le monte ! Quoi qu'il en cette huile qui permet à l'engrenage soit, choisissons bien notre voie, choisisd'acquérir une dimension et de tourner plus sons-y la meilleure compagnie et vite vers un changement insoupçonné. Nous apprenons à profiter de avons nos déterminants, parce que nous chaque méandre, car sommes comme nous sommes et parce que comme le disait Cavafis : le passé est rigide et ses cicatrices marquent « Lorsque tu mettras le et inclinent toujours la balance, mais la transcap sur Ithaque, fais de gression de ces déterminants est une réalité sorte que ton voyage possible et un impondérable, parce que cette soit long, plein d'avenliberté n'est pas seulement nôtre, c'est une tures et d'expériences possibilité partagée avec les autres. La (…) et sans te dire somme des facteurs les plus variés conduit à qu'Ithaque t'amènera des rééquilibres continus, mais les forces des richesses nouvelles. majeures, elles, poussent tout l'ensemble, Ithaque t'a offert le beau conduisant sans conduire, faisant sans faire, voyage. Sans elle, tu pour que s'accomplisse ce qui est supérieur. n'aurais pas pris la route. » La véritable liberté par conséquent est beaucoup plus étroite que ce que nous rêvons, surtout parce que fréquemment nous la confondons en nous identifiant à nos inclinaisons, mais cela fait partie de l'aventure de notre singularité. L'homme est naturellement poussé à se sentir attiré par une femme, mais comme nous le savons, il n'en est pas toujours ainsi. De fait, l'une des propriétés du naturel, c'est que rien n'existe à l'état pur et c'est là, dans cette magnifique défaillance, que la nature qui abhorre le pur crée le grand jeu des gammes infinies et, avec lui, celui de la liberté. Et cela a beau être une récréation plus visible chez les êtres plus complexes, sur le plan subatomique aussi tout devient imprévisible, aussi bien lorsque les circonstances de l'environnement se transforment que lorsque l'interaction avec ce dernier choisit d'autres directions. L'ordre respire derrière le chaos, mais cela se produit devant le regard absorbé de l'homme qui veut que tout ait sa mesure. Devant la grandeur, nous ne pouvons que nous rendre car c'est alors que nous vainquons. Les classiques assurent que l'inférieur doit servir le supérieur et l'antérieur, le postérieur. De quelle autre manière l'évolution serait-elle possible ? Sans elle, l'Univers resterait plat, bloqué, sans direction et sans aucun sens et l'histoire et les faits démontrent qu'il n'en est pas ainsi. Le grand secret de la vie consiste à identifier ce destin et à faire un avec lui. À ce moment-là, nous cessons de ramer, nous hissons les voiles et nous nous laissons pousser par les grands vents. Finalement, notre rôle est de tenir le gouvernail. C'est étonnant, chers lecteurs, mais je n'ai jamais voulu diriger ce magazine (ou peut-être que oui), et je continue de le faire. Chaque fois que j'ai voulu m'écarter de ce chemin, les circonstances me poussèrent à reconsidérer ma décision, de plus en plus durement, Alfredo Tucci est General Manager de BUDO INTERNATIONAL PUBLISHING CO. Émail : budo@budointernational.com


KAZE NO RYU

KENPO FU SHIH Il y a différentes manières de gérer une frustration. Un idéal noble qui a été rejeté peut devenir une vie de bohème ou conduire à une vie religieuse consacrée à la vie intérieure. Un amour frustré peut mener à la solitude ou à une expérience de dévouement aux autres. La raison est donc un grand outil dans la recherche de l'équilibre.

Interviewé par Alfredo Tucci, le grand maître Raul Gutiérrez passe en revue sa vie et son évolution dans les arts martiaux. Cette interview de lui est peut-être la meilleure, car il est, lui aussi… bien meilleur !

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BRUCE LEE Parmi les caractéristiques martiales de Bruce Lee, celle qui attira le plus l'attention peut-être fut sa vitesse. Grâce à elle, il était capable de réaliser de véritables prouesses qui étonnèrent plus d'une fois ses élèves, les amis et les étrangers. Pedro Conde analyse dans ce reportage la fameuse « vitesse » d'exécution de Bruce Lee…

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Peu de combattants ont autant dominé dans le MMA que Paulo Filho. En 2006, après avoir battu Murilo Ninja et Misaki au Pride GP 2006, Paulo en vint même à être considéré par beaucoup comme le numéro deux mondial dans la catégorie des -84 kg. Mais il entra dans un processus d'addiction qui commença par l'usage d'un produit thermogène, le Ripped Fuel, puis il utilisa un anxiolytique, le Rohypnol, et aujourd'hui, il s'agit du Potenay, un stimulant circulatoire d'usage vétérinaire. Avec tout cela, Paulo a mi sa vie en danger de forme presque suicidaire.

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BUDO INTERNATIONAL DANS LE MONDE Budo International est un groupe éditorial international spécialisé dans les Arts Martiaux. Unique organe de presse à vendre une revue spécialisée dans les Arts Martiaux en six langues et dans le monde entier, il est en contact avec toutes les grandes compagnies spécialisées dans son domaine. Budo International touche plus de cinquante pays.

Une production de: Budo International Publishing Company pour BUDO INTERNATIONAL FRANCE


“ESTRELLAS EUROPEAS AL MERITO CIVIL Y MILITAR”

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Le samedi 14 janvier, eut lieu à Valence (Espagne) la remise des médailles européennes du mérite civil ou militaire pour le dévouement exemplaire dont ont fait preuve en Europe les nominés. La médaille d'argent fut remise à notre directeur, Alfredo Tucci, et la médaille d'or fut pour notre ami et collaborateur, Santiago Sanchis. Ces médailles furent remises par la présidente européenne de l'Association Étoile Européenne du Dévouement Civil et Militaire, madame Anh Doa Traxel, fille de l'ex-président français Jacques Chirac.

KARATE À Okinawa, le berceau du Karaté, il existe une multitude d'organisations et de fédérations et que chacune fonctionne à part, même si elles célèbrent parfois des actes conjoints. L'organisation la plus importante actuellement est peut-être l'Okinawa Rengokai, dont Salvador Herraiz nous présente aujourd'hui le président, le maître Isamu Arakaki, 10e Dan et élève de feu Yochoku Higa.

SHAOLIN Le Shaolin de l'ère nouvelle, rétabli aux temps modernes tant bien que mal après la révolution culturelle, a offert rapidement un nouveau visage qui attira les médias. Celui d'un homme bien préparé, qui met en scène le meilleur de la tradition du temple, un moine guerrier qui perpétue cette tradition tant martiale que spirituelle et qui très vite fut identifié personnellement : Shi De Yang.

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REDACTION: c/ Andrés Mellado 42, 28015 Madrid, Espagne. Tél: (34) 91 897 83 40, Fax: (34) 91 899 33 19, E-mail: budo@budointernational.com • Directeur de publication: Alfredo Tucci, e-mail: budo@dimasoft.es • Coordination Internationale: Alfredo Tucci • Assistante de rédaction: Brigitte de le Court • Chef de production: e-mail: magazine@budointernational.com • Traducteurs: Brigitte de le Court, Cristian Nani • Service publicité: (+34) 93 775 50 03. • Service abonnements: Tél:(+34) 93 775 50 03. • Correspondants permanents: Don Wilson, Yoshimitsu Yamada, Cass Magda, Antonio Espinós, Jim Wagner, Coronel Sanchís, Marco de Cesaris, Lilla Distéfano, Maurizio Maltese, Bob Dubljanin, Marc Denny, Salvador Herraiz, Shi de Yang, Sri Dinesh, Carlos Zerpa, Omar Martínez, Manu, Patrick Levet, Mike Anderson, Boulahfa Mimoum, Víctor Gutiérrez, Franco Vacirca, Bill Newman, José Mª Pujadas, Paolo Cangelosi, Emilio Alpanseque, Huang Aguilar, Sueyoshi Akeshi, Marcelo Pires, Angel García, Juan Díaz. • Photographe: Carlos Contreras • Imprimé par: Sergraph, Amado Nervo, 11 Local 4, Madrid, Espagne • Distribution: MLP, Z. A. de Chesnes, 55 bd de la Noirée, 38070 Saint Quentin Fallavier. B.P.: 59 La Verpillière. Tél: 04 74 82 14 14. Fax: 04 74 94 41 91 • Une production graphique de: Budo International Publishing Co. Capital Budo International France SL: 500.000 pts. NIF: B 61376919. Nº Commission Paritaire: 1111 U 88626. Adresse du titre: c/ Escuelas Pías 49, 08017 Barcelona. • Nº de TVA intracommunautaire: FR 654 144 148 9600012 • Tous droits de reproduction réservés pour tous pays. Les documents reçus sont conservés par la rédaction et ne sont pas rendus à leurs expéditeurs. Leur envoi implique l’accord sans réserve d’aucune sorte pour leur publication.


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Interview Certaines personnes viennent à ce monde déjà « prêtes », comme ces enfants prodiges déjà capables à trois ans de jouer d'oreilles du Mozart au piano. Beaucoup souffrent de l'incompréhension qu'ils rencontrent autour d'eux et doivent fort se battre pour être reconnus, mais, tout comme Raul Gutiérrez, ils étaient déjà des grands maîtres et ne devaient que donner le meilleur d'eux-mêmes. Le temps l'a bien fait mûrir. Plus serein, il n'a pas perdu sa fermeté, mais il a arrondis les angles. C'est un homme meilleur, un meilleur maître. Cela nous arrive à tous ? Si seulement c'était vrai. Ça n'arrive que dans le meilleur des cas ! Beaucoup sont dépassés en chemin par leurs défauts et s'enfoncent dans les tracas ou la frustration. Cette interview de lui est peutêtre la meilleure, car il est, lui aussi… bien meilleur ! Et j'aime ça ! Félicitations ! Alfredo Tucci

Texte : Ramón Buitrago Puché


Budo International : Parlons de vous, comment avez-vous commencé vos recherches, qu'estce qui vous a poussé à le faire. Parlez-nous des premiers temps au Chili et de votre arrivée en Europe. Raúl Gutiérrez : Je suppose que tout commença avec la séparation de mes parents alors que j'avais seulement 2 ans et demi. À cet âge, vous n'êtes évidemment pas conscient de ce qui se passe autour de vous. Mais vous l'êtes du fait que soudain, du jour au lendemain, la présence de votre mère disparaît de la maison. Mon père était alors carabinier au Chili et nous vivions dans un endroit appelé Padre Hurtado. Padre Hurtado est une commune située dans le secteur sud-ouest à 23 kilomètres du grand Santiago, de la province de

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Talagante, au sud-est de Maipu, le long de l'axe Camino A Melipilla. Son incorporation urbanistique au grand Santiago est récente. Le nom de la commune fut donné en honneur au Père Alberto Hurtado, un saint catholique chilien. Mon père travaillait dans le centre de Santiago, ce furent donc mes cousines et une tante qui s'occupèrent de moi quand j'étais petit. Ce furent des années de mon enfance, puis de mon adolescence, où, par chance ou par malchance, j'ai toujours été entouré de violence, encouragée peut-être par les films de l'époque comme West Side Story (1961). Et je fais référence à ce film américain, car dans le quartier où j'ai vécu ensuite, quand j'avais 11-12 ans, les affrontements entre les gars de mon urbanisation, Villa Italia, et ceux de Población Rossevelt, de l'autre côté de la

route, étaient constants. Si vous traversiez la route pour aller de l'autre côté, vous cherchiez la guerre. Je suis très vite devenu un leader des miens. Depuis très jeune, j'avais vu des affrontements de toutes sortes entre adultes. Par œuvre du destin, je connaissais la mort de tout près et de diverses formes. Des affrontements au couteau, à coups de revolver ou quoi que ce soit d'autre, avec ce qu'on avait entre les mains.


Un jour malheureux, il y eut un incendie à quatre ou cinq maisons de chez nous. Nous avions alors déménagé à la ville de Santiago et mon père s'était remarié avec celle qui allait devenir ma mère désormais. Le fait est que mon père et moi, avons grimpé sur les toits, passant de maison en maison pour essayer d'atteindre une fenêtre où se trouvait, attrapée par les flammes, une famille au complet. Ils faisaient partie de nos amis et j'étais à l'époque très attiré par l'une des filles qui était très jolie. Elle, ses frères et sa grand-mère criaient au secours désespérément, les flammes derrière eux étaient énormes. Un pompier qui passa en courant à côté de nous, se précipita soudain dans le vide et mourut presque sur le coup, se rompant la colonne vertébrale sur la rampe de l'escalier de l'étage en dessous. Dans l'obscurité, nous n'avions pas vu un énorme trou qu'il y avait entre les toits. Sa mort évita que nous ne tombions également. Mais en même temps, nous fûmes brisés de voir comment, à quelques mètres de nous, toute cette famille disparaissait dans les flammes sans que nous n'ayons rien pu faire. Au cours de ces 26 années passées à Santiago du Chili, beaucoup d'autres incidents violents se succédèrent autour de moi, tellement que je pourrais en faire un livre ou écrire un scénario pour le cinéma. J'ai ainsi vu mourir des tas de gens : dans des accidents de voiture, dans des affrontements avec la police, des gens se suicidant en se jetant sous le train à son passage, un train fauchant des voitures avec des familles entières à l'intérieur, des noyades par imprudence dans des endroits où la baignade était interdite, etc. Je suppose que vivre tout cela dès son plus jeune âge peut avoir des conséquences très différentes : soit on les assumes comme quelque chose de naturel, de la vie et de la mort et on choisit le respect et la

prudence, soit on devient un être pervers, mauvais, violent, un assassin… Personnellement, j'ai toujours choisi d'essayer d'éviter la violence. Mon père avait été un bon boxeur. Il avait dû gagner sa vie dès l'âge de 12 ans du fait de la mort précoce de son père (mon grand-père). Il était le deuxième de quatre frères. Il décida de sacrifier ses études pour celles de ses autres frères et pour aider sa mère. Je l'ai vu, lui aussi, depuis tout petit, affronter des adversaires dans des situations de rue. Jusqu'au jour où, à l'âge de 15 ans, je me suis uni à lui dans un affrontement qu'il dut livrer contre quatre individus. Nous les avons battu, mais j'ai perçu alors que j'étais impulsif, emporté. Comme dit mon ami Alfredo Tucci : « Raul… tu es trop viscéral ! »

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Interview Il me reste encore de ce venin dans le corps. D'autre part, je ne suis jamais senti aussi fier de moi après un combat de rue. Je n'ai pas peur, mais je n'aime faire de mal à personne, que je le connaisse ou pas. Je reste toujours avec la sensation que j'aurais pu résoudre la situation de manière plus douce. Mais nous savons tous qu'on ne contrôle que très superficiellement la réalité et les réactions dans un moment inattendu, dans une situation qui nous prend par surprise. Nos n'avons pas le temps de douter, de planifier ou de ce proposer ceci ou cela. Simplement, nous réagissons et nous agissons en fonction de la pression que nous avons devant nous. D'une certaine manière, j'ai la satisfaction de n'avoir généralement jamais été un provocateur ; au contraire, je supporte habituellement les bêtises de certains débiles qui mériteraient parfois une bonne leçon pour qu'ils cessent de se croire supérieurs aux autres et d'avoir le droit de perturber la vie et l'harmonie de ceux-ci. Généralement, les plus fanfarons reculent au premier coup, ils prouvent alors seulement qu'ils n'ont qu'une langue de vipère et rien de plus. C'est parce que je vivais dans un milieu hostile que j'ai commencé à échanger des coups avec mon père et avec quelques amis qui pratiquaient la Boxe. Je me souviens que la première fois que je mis les gants de Boxe, ils me « martelèrent » le visage, comme disait un de mes voisins, un certain

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Carrera, mais grâce à cela, j'ai vite appris parce que ça ne m'a pas plu du tout et je me suis dit à moi-même : « Ça, plus jamais ! La prochaine fois, celui qui cognera, ce sera moi ! » Et comme j'avais une grande expérience de la rue depuis tout petit, j'ai fini par aboutir à l'école de Karaté-Kenpo de Santiago du Chili, sous la direction de feu Arturo Petit Almonte. J'ai commencé très enthousiaste la pratique du Kenpo-Karaté d'Ed Parker, lui aussi disparu. Encore que Petit, qui provenait du Karaté Shotokan, avait mélangé le programme du Karaté Shotokan avec certaines séries de techniques de self-défense du Kenpo Karaté, peut-on supposer. Au cours de mes années avec Petit, j'ai également pratiqué le Judo avec le champion sudaméricain qui était un de mes bons amis et le Taikwondo avec d'autres gars de cet excellent sport coréen. Mon enthousiasme était tel que j'avais alors construit de mes propres mains, comme une brute, des appareils pour mon propre entraînement. Des poids en ciments, d'autres en fer que je trouvais dans les stations de chemin de fer, une barre magnifique, un makiwara, etc. Petit, soudain, à mi parcours, Petit me nomma instructeur de l'école de Kenpo Karaté. J'ai commencé à donner cours et à avoir beaucoup de succès. Les gens aimaient bien mon enthousiasme, ma passion, mes exercices et mon implication. Tant et si bien que très vite, mes classes se remplirent. Elles étaient pleines à

craquer. D'autres instructeurs de hauts grades, supérieurs au mien, demandaient à pouvoir suivre mes entraînements. Petit commença à me teste dans le combat libre. À cette époque, il n'existait pas de protections comme aujourd'hui. Nous ne nous battions pas non plus suivant des règles sportives, en light ou semi-contact. Il n'y avait pas de limite de poids, de grade, de stature ou d'âge. Tout valait pour battre l'adversaire. Tous les coups de pied que vous étiez capable de dominer et d'envoyer à n'importe quel endroit du corps, les coups de poing, les mains ouvertes, les coups de coude, les lowkicks, les coups de genou… et tout cela sans aucune protection. Que ce soit par crainte de mes adversaires généralement plus grands, plus adultes ou plus haut gradé que moi, ou pour quoi que ce soit d'autre, j'ai commencé à rompre des côtes, des dents, des genoux ou des mâchoires… Je sais que c'était très sauvage, mais notre « soi-disant maître » voulait qu'il en fut ainsi et dès lors le permettait. Évidemment, suite à cela, mes premiers camarades, amis ou instructeurs, commencèrent à me détester et à s'unir pour me battre. J'ai alors perdu tout l'enthousiasme que j'avais eu au début à apprendre un véritable art martial de la main d'un grand maître. Je n'ai plus voulu continuer cette stupide bataille interne, dans une école où j'avais mis toute mon énergie et toutes mes illusions


Grands Maîtres « Les succès, pour atteindre les objectifs et cesser de les désirer. Les échecs, pour méditer et trouver une réponse et la raison de ce qui s'est passé et essayer de ne pas refaire les mêmes erreurs. »

« Je n'ai jamais eu de véritable maître constant et unique, c'est peut-être pour cela que ma propre identité fut déterminée par toutes les influences reçues, forcée par mon propre destin. »

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Interview dans l'espoir de construire quelque chose de beau et de digne d'un pratiquant d'art martial. J'ai eu une conversation très chaude et très sérieuse avec Arturo Petit et j'ai décidé de m'en aller et, non seulement de l'école, mais aussi du pays. Tout, depuis mon enfance, m'avait toujours inscrit dans une ligne la violence et je sentais au plus profond de moi que ce n'était pas ce que je voulais réellement. Il faut dire aussi que j'avais réussi à envoyer à l'hôpital, sérieusement blessés, deux hommes adultes (apparemment) beaucoup plus forts que moi. Il était clair, au vu de tout cela, que je devais essayer de changer de vie. Et c'est ce que j'ai fait… C'est ainsi que le 30 août 1976, j'ai débarqué à Madrid dans l'illusion d'y trouver une nouvelle vie ou de commencer à renaître des expériences vécues. Je ne nie pas qu'ici, en Europe, ce ne fut pas chose facile, mais je ne le regrette pas. Passer les années et vivre toutes sortes d'expérience est, comme on dit, la seule manière de vivre notre vie. Ce que fut ma vie à partir de 1976 est relativement bien connu des passionnés et des professionnels des arts martiaux. B.I. : Vous êtes étonnamment doué pour les arts martiaux. De quelle manière cela a-t-il contribué à caractériser votre propre style ? R.G. : De tout ce que je viens de raconter, il est évident que j'ai toujours été un autodidacte, un chercheur-né, un passionné des arts martiaux et des sports associés. Ces 44 années, j'ai consacré toute mon énergie et tout mon temps à parcourir le monde, à prendre contact avec des grands maîtres orientaux et occidentaux, des spécialistes américains et européens. Je n'ai jamais eu de véritable maître constant et unique, c'est peut-être pour cela que ma propre identité fut déterminée par toutes les influences reçues, forcée par mon propre destin. Dès les premières étapes avec Petit, j'ai testé ce qui me venait de l'intérieur. J'avais des rêves où je pratiquais et je développais des techniques que je n'avais jamais vues (en tout cas pas dans cette vie). Je ne connaissais pas encore Ed Parker quand il m'apparut dans un rêve. Nous étions, tous les deux, dans un grand centre sportif, il faisait des techniques et des mouvements que je n'avais jamais vus avant et que je n'ai jamais vus après non plus. Curieusement, cela se produisit réellement plusieurs années après, à Isla Margarita, au Venezuela où, par œuvre du destin, nous fûmes tous les deux, ainsi qu'Arturo Petit, invités en tant qu'arbitres et représentants mondiaux du KenpoKaraté. Là, Parker fut pris de maux d'estomac et j'ai dû réaliser une démonstration de Kenpo-Karaté en son

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« Après l'amertume et la douleur survint alors la quiétude. J'ai alors compris que j'avais toujours été un autodidacte, que j'avais toujours travaillé en faveur de ces messieurs pour les aider à se faire un nom quand on ne les connaissait pas encore. Je leur avais offert tous mes efforts… » nom. J'ai appris par la suite qu'il avait été fier de ma démonstration et qu'il avait commenté autour de lui (la table centrale du jury) qu'il s'était souvenu de sa propre jeunesse en me voyant. Il a également commenté, d'après le maître John Bannik de Panama, que j'étais son élève direct. J'ai n'ai jamais vérifié ces commentaires, mais j'ai cru Bannik et je m'en suis senti très fier. Mais pour revenir à votre question. Il est vrai que je n'ai jamais eu l'intention (ou peut-être que oui) de créer mon propre style. J'ai toujours cru que cela s'était produit du fait des fortes pressions souffertes en Espagne de la part de la Fédération espagnole de Karaté. En outre, j'avais eu de chaudes discussions avec Petit et celui-ci ne me défendit jamais devant Parker, parce qu'il était jaloux de moi, je crois. Un jour que Petit et Parker se retrouvèrent seuls avec moi, l'un et l'autre, séparément, me promirent de résoudre tout cet imbroglio provoqué à son tour par le premier traitre que j'ai eu à Madrid, mon ex-élève Luis González. Mais en réalité, rien ne fut jamais résolu, au contraire les choses empirèrent plutôt. Et vous connaissez le proverbe : « Un malheur n'arrive jamais seul ». Il y eut alors un moment où je me suis retrouvé complètement seul devant la vague de critiques, d'injures et l'éloignement. Mais cela m'aida à me réveiller. Après l'amertume et la douleur

survint alors la quiétude. J'ai alors compris que j'avais toujours été un autodidacte, que j'avais toujours travaillé en faveur de ces messieurs pour les aider à se faire un nom quand on ne les connaissait pas encore. Je leur avais offert tous mes efforts, mes sacrifices et même mon argent. Et eux, en réalité, n'avaient rien fait pour moi ou très peu. J'étais seul et comme j'ai pu le vérifier, tous ceux qui me suivaient le faisaient pour moi, parce qu'ils aimaient ma manière de faire, de les traiter, mon style. Ceux qui me connaissaient vraiment me suivaient sans conditions, sans un nom pour garantie. Profitant alors de cela, et après au moins deux ans de réflexion (j'ai abandonné pour la première fois l'enseignement en août 1979 pour y revenir en 1981, et je dis bien l'enseignement, pas mes entraînements personnels), j'ai décidé de créer mon propre programme d'enseignements que j'ai appelé « Fu-Shih Kenpo » (Fu=tigre ; Shih=esprit, école, maître, enseignement ; et Kenpo=la première loi du poing). J'ai eu pour cela l'appui et la reconnaissance de deux grands maîtres : Robert A. Trias, président de l'United States Karate Association et Jon Fanning en Irlande, ainsi que la Fédération mondiale d'arts martiaux chinois. B.I. : Quelles sont les personnes, pratiquantes d'arts martiaux ou pas, qui ont le plus influencé votre vie ? R.G. : Le premier, et par dessus tout, pour sa grande spiritualité, son honnêteté, son humilité et sa force, fut mon père. Ensuite Ed Parker, bien sûr. La plus grande influence en ce qui concer ne mon style est le Kenpo Karaté américain et bien que je pourrais éliminer de notre programme toutes les techniques en rapport avec lui, je ne le fais pas ni le ferai car, malgré nos petits désaccords, je le respecte et je m'identifie à son évolution et à ses progrès. J'ai pu constater dans nos rencontres personnelles et privées qu'il était très charismatique et très sympathique. Ensuite, il y a Jon Fanning, Dominique Valera et Bill Wallace. J'ai également une très grande estime pour le grand maître Thomas Barro Mitose, mais son style est complètement différent de ma manière de sentir et d'exprimer le Kenpo ou les arts martiaux. Je le respecterai toujours et je l'appuierai dans tout le nécessaire. C'est une excellente personne, un grand maître au cœur d'or et d'une extraordinaire humilité. Nous nous considérons mutuellement comme des frères. B.I. : Que considérez-vous comme le plus important dans un art martial ? B.I. : En premier lieu un programme technique très bien structuré. Celui-ci doit avoir une grande base de préparation physique de l'individu, un


Grands Maîtres parcours progressif au niveau des techniques, des formes et des armes si cela correspond à son objectif, des bases historiques, philosophies et des objectifs clairs. Ça doit être une école qui proclame le respect des autres et qui soit capable de forger des êtres utiles à la société en général. B.I. : Quelle fut votre plus grand apport aux arts martiaux, d'après vous ? R.G. : La promotion globale de styles, personnes, élèves, professionnels et maîtres du monde entier, quel que soit le style, la race ou la

provenance. La promotion du travail en équipe, en nous aidant mutuellement, le respect, l'humilité et l'harmonie qui doit toujours exister entre personnes civilisées et rationnelles. Personne n'est meilleur qu'un autre, il y a juste des étapes, des bons et des mauvais moments, des circonstances. Vivre dans l'honneur et la dignité est essentiel dans la vie. Si vous obtenez le respect de votre famille, de vos amis et de vos camarades, c'est que vous avez correctement fait vos devoirs. B.I. : Qu'est-ce que les arts martiaux vous ont apporté de meilleur ? R.G. : La santé physique, mentale et spirituelle. Une liberté et une satisfaction. La force et la réaction adéquate face aux défis de l'existence. La clarté pour savoir distinguer entre le bien et le mal. L'humilité pour savoir reconnaître mes propres erreurs et les corriger sans accuser personne de mes échecs. La douleur et la souffrance pour réfléchir et m'éveiller chaque jour avec la saine intention de profiter de cette nouvelle occasion de se perfectionner et

d'atteindre le calme émotionnel et spirituel. Apprendre à partager mes moments de chance avec ceux qui ont moins. La compréhension et de l'admiration devant la création et ses merveilles, de magnifiques cadeaux divins qui nous ont été faits pour notre propre jouissance. B.I. : Qu'est-ce qui vous permis de devenir quelqu'un de meilleur ?

R.G. : Les succès, pour atteindre les objectifs et cesser de les désirer. Les échecs, pour méditer et trouver une réponse et la raison de ce qui s'est passé et essayer de ne pas refaire les mêmes erreurs. La compréhension, pour admirer l'évolution de nos arts martiaux et de leurs pratiquants d'aujourd'hui, savoir en jouir sans craintes ni critiques absurdes. Pour lutter, face aux accidents, avec tous les éléments que nous avons en main et qui sont le résultat de nos entraînements et des connaissances acquises, et constater comment ceux-ci fonctionnent et aident à notre récupération. Et finalement, pour continuer de nous entraîner jour après jour, conscients des bénéfices que ceux-ci nous rapportent, quel que soit notre âge. B.I. : Quels sont vos objectifs aujourd'hui en tant que personne et en tant que professeur ? R.G. : Le principal, c'est de continuer d'enseigner et de m'entraîner jusqu'à mon dernier jour. Conclure une série d'au moins trois livres, j'en suis au deuxième, pour y laisser un reflet de ce

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Interview « Le bonheur consiste à respecter et à aimer sans rien demander en échange. »

qu'est le Fu-Shih Kenpo en général. J'aimerais terminer mon existence en ce monde dans un endroit chaud d'Espagne, avec mon petit ou mon grand dojo d'enseignements martiaux. Continuer notre expansion mondiale. Réussir à ce que notre Fédération espagnole d'arts martiaux, la FEAM, atteigne l'objectif de créer une grande famille d'arts martiaux et de pratiquants qui travaillent conjointement pour le bien de tous, dans l'effort, la constance, le respect et l'harmonie. Créer de grands événements de toutes sortes qui parviennent à faire l'admiration et soient un plaisir pour tous. B.I. : Qu'est-ce qui a changé dans votre vie après votre accident de plongée ? R.G. : Tout, ça fait déjà 7 ans de douleurs et de troubles 24 heures sur 24. J'ai toujours des séquelles qui me limitent à certains points de vue. Mais patience, je ne perds par l'espoir de redevenir sain et de cesser de souffrir. Grâce à Dieu et à mes anges gardiens, je peux au moins continuer d'exercer dans le monde des arts martiaux et dans ma famille. Avant, je possédais humilité et tranquillité, maintenant plus encore. Avant, je jouissais de la nature dans son ensemble, maintenant plus encore. Avant, je me repentais de mes erreurs et de mes fautes, maintenant beaucoup plus encore. Le principal, peut-être, c'est que depuis, j'ai cessé de pécher. D'être aussi pressé. Maintenant, je vis plus simplement, plus humblement et je me consacre plus aux autres. Je continuer de partager, et plus encore, ce que je possède jour après jour. Je vis dans la tranquillité absolue, le dévouement, le respect et la prudence. Je vis en paix. B.I. : Quel héritage espérez-vous

laisser de v o t r e passage sur cette Terre ? R.G. : Avoir créer autour de moi un monde de compréhension, de dévouement, d'efforts, de sacrifice, de compréhension, de respect et d'harmonie, à la recherche de notre formation intégrale en tant qu'êtres utiles et forts pour construire un monde meilleur. Comprendre que nous possédons tous les éléments et le droit de vivre sains et heureux, de profiter de notre existence de la meilleure manière qui soit, sans obliger personne. Que le secret, c'est de trouver notre propre harmonie avec l'Univers et nos semblables. Que le bonheur consiste à respecter et à aimer sans rien demander en échange tout en jouissant et en étant reconnaissant de tout ce qu'on nous donne également avec amour.


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Pour le Sifu Cangelosi, il n'y a qu'un Kung-Fu, où les styles ne sont que des branches d'un même tronc et un véritable expert martial doit toutes les étudier. Cette fois, il nous présente un travail sur le Chin Na, l'art de la saisie et du contrôle de l'adversaire. Il ne s'agit pas d'une méthode traditionnelle de combat, mais d'un bagage technique étendu et sophistiqué, présent dans tous les styles d'arts martiaux chinois, en particulier le Tang Lang, le Pa Kua ou le Tai Chi Chuan. Au fil des siècles, il a souffert une évolution technique et incorporé des techniques de clés articulaires, de pression sur les points nerveux, de blocages de tendons et de muscles, d'étranglements respiratoires et sanguins, de projections et certains coups et percussions. Dans ses niveaux les plus avancés, le Chin Na cherche toujours la voie de l'énergie, du Chi, et devient une arme formidable dont la puissance et l'efficacité peuvent se moduler, conservant ainsi le respect le plus absolu de l'adversaire. Une excellente alternative pour résoudre, sans dommages, une situation de confrontation.

REF.: • YARON5 En raison du 100e anniversaire de la naissance d'Imi Lichtenfeld, Yaron Lichtentein, plus haut grade mondial de Krav Maga ayant reçu le 9e Dan d'Imi lui-même, décida de lancer un vaste projet à la mémoire du créateur : décrire, dans une série de 6 DVDs, le programme officiel de la ceinture bleue tel qu'il apparaît dans le manuel publié par Imi en 1971. Toute l'essence du système, aussi bien physique que mentale, apparaît avec la ceinture bleue, le plus haut niveau que peut atteindre l'élève. Dans cette série, avec l'aide de son fils Rottem, le grand maître Yaron nous explique en détail toutes les défenses face aux attaques frontales à mains nues, face aux coups de pied, des exercices spéciaux, plusieurs attaquants, des exercices au sol pour des situations d'étranglement ou de saisie, toutes les défenses face aux attaques de bâton, couteau ou pistolet, de couteau contre couteau, et finalement les exercices les plus avancés du programme, la défense contre rifle avec baïonnette et ses variantes. Une œuvre qui vous permettra de comprendre la magnitude de la création d'Imi et la grandeur du Krav Maga comme art martial de self-défense. Ce quatrième volume est consacré principalement aux défenses face aux attaques de couteau, une chose qui représente pour beaucoup leur peur la plus profonde. Dans ce travail, le grand maître Yaron nous montre comment Imi résolvait avec succès ce genre de situations.

Un simple morceau de tissu, objet quotidien dans le Sud-Est asiatique (chaleur, sueur, mousson), peut devenir un outil de selfdéfense exceptionnel et surprenant. L'usage du sarong est un art peu connu en Occident. Peu nombreux sont les maîtres qui ont osé s'y mettre (peu nombreux, mais éminents comme Inosanto). Tony Montana nous présente un DVD complet sur le sujet. Il met particulièrement l'accent sur la manière de le saisir dont dépend en grande partie l'apprentissage de cet art martial. Une fois cela que nous avons compris cela, nous pouvons développer une méthode pour en apprendre les différentes variantes et possibilités en utilisant des concepts philippins et indonésiens tels que la fluidité, l'harmonie dans le mouvement, les déplacements et la philosophie particulière de la culture où se développa cet art.

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Martialité - Le pouvoir de la frustration Parmi les nombreux ennemis que nous affrontons aujourd'hui au cours de notre vie quotidienne et privée, il en est un qui attire notre attention. C'est indiscutablement un facteur qui interfère dans notre manière de voir la réalité, qui dénature les aspects positifs qui nous entourent et brouille notre vision, et il qui nous affecte car il est strictement lié à l'auto-estime, au bon fonctionnement et à l'équilibre du système émotionnel. Il s'agit de la frustration. Frustration : du lat. frustratio (action de mettre dans l'erreur, de tromper - déception, désappointement) qui vient de l'adverbe frustra (en vain, vainement, inutilement). État de quelqu'un qui est frustré, empêché d'atteindre un but ou de réaliser un désir. En psychanalyse, désigne la privation, ressentie comme injuste, d'une satisfaction matérielle ou psychique. Bien que le terrain des frustrations puisse être très vaste - incluant toutes les sortes de difficultés auxquels l'être humain est sujet - dans le noyau de chaque frustration, on retrouve une structure fondamentale : le choc entre un désir et une réalité immutable, ou qui semble immutable pour l'être frustré, coupant l'élan qui le pousserait à modifier cette même réalité à laquelle il est théoriquement destiné. Dans les voies martiales traditionnelles et suivant les conceptions religieuses sur lesquelles se basèrent les pratiques guerrières en tant que système éducatif afin de préparer le guerrier à la vie adulte, il y avait probablement peu de place était laissée à l'âme humaine pour s'abandonner à la frustration. Que ce soit parce que l'on croyait au destin, du fait de la perspective d'affronter courageusement ce même destin ou encore à cause des valeurs de détachement qui associait la souffrance à tout ce qui relevait du matérialisme. Si nous éliminons les concepts particuliers concernant ce qui est correct ou incorrect, indiqué ou pas, le fait est que nous pouvons observer une grande différence entre la forme avec laquelle certaines émotions humaines sont administrées de nos jours (et pas à cause d'un manque de maturité à le faire, car la maturité est un processus évolutif à l'intérieur d'une certaine manière de penser ou de se comporter, intimement associé à notre manière de considérer l'interaction avec la réalité qui nous entoure) et la manière justement dont nous considérons le monde actuel et ses types d'interrelations personnelles. Nous devons tenir compte d'un fait important : une tendance frustrée ne perd jamais son dynamisme. Chez l'animal et chez l'homme, quand ce

dernier ne fait pas usage de la raison, ce dynamisme peut se transformer en agressivité. L'instinct animal, chose que nous essayons d'éduquer car nous ne l'avons pas perdu, peut se manifester de diverses manières face à des situations qui n'ont pas encore été digérées ni correctement comprises. Le chien peut mordre celui qui lui enlève son aliment ; l'homme dépourvu de raison peut se fâcher facilement quand il affronte un contrariété quelconque. Il peut même se refermer pour le monde et chercher des situations de consolation qui soulagent son incapacité d'altérer cette voie qu'il se sent poussé à suivre. Dans le domaine martial, nous pourrions citer de nombreux types de comportement, même si la véritable importance réside dans la manière de rompre le cercle vicieux des lamentations (elles peuvent être silencieuses) et de commencer une transformation vers la satisfaction et le bonheur. De fait, il existe des moments dans notre vie où aucun ennemi n'est plus puissant que la fatigue qui semble nous subjuguer et dont la manifestation débute silencieusement et imperceptiblement, comme un sage adversaire qui nous observe, tapi, espérant l'heure adéquate pour nous anéantir avec le moins d'efforts possible, avec la plus grande efficacité et

dépourvu de la moindre pitié. Nous pourrions certainement trouver, dans n'importe quel ouvrage de stratégie, que fatiguer l'ennemi avant la bataille est considéré comme une manœuvre intelligente, sans être cependant un geste de courage. Lorsque nous nous plaçons dans le rôle de la victime, nous passons nos journées à souffrir ces fameuses menaces engendrées par une vie quotidienne absorbante, qui arrachent les racines de nos désirs les plus profonds, altèrent drastiquement la fertilité de nos rêves et ne nous laissent plus qu'aridité et déception. De nombreux pratiquants d'arts martiaux abandonnent cette voie du fait d'un refroidissement dans leurs relations avec l'art martial qu'ils pratiquent ; et ils sont bien conscients que ce n'est pas parce qu'ils ont cessé de l'aimer, ni pour une raison logicorationnelle qui justifierait une insatisfaction ou une déception, mais


ÂŤ De nombreux pratiquants d'arts martiaux abandonnent cette voie du fait d'un refroidissement dans leurs relations avec l'art martial qu'ils pratiquent. Âť

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que cela provient d'un découragement qui semble se manifester de manière généralisées dans différents aspects de la vie. Pour ce motif et pour d'autres, mépriser l'adversaire est une attitude désastreuse, surtout quand nous avons un niveau aggravant de stress. Nous arrivons parfois à la maison après une dure journée d'entraînement, nous nous jetons sur le canapé et nous nous plaignons : « je suis stressé », mais nous avons la tête légère et nous rêvons d'un futur plus tranquille et moins épuisant. Ça, ce n'est pas du stress, c'est une fatigue normale que l'on vainc avec quelques heures de repos et de sommeil. Cependant, si les préoccupations concernant les traites bancaires, notre fils qui n'en finit pas de s'orienter dans la vie, le risque de perdre notre emploi, les conflits amoureux et le manque de perspectives ne nous abandonnent pas, nous serons très vite dominés par une charge nocive de stress. Il serait illusoire de penser que cela ne viendra pas influencer notre entraînement quotidien, notre envie d'apprendre ou la relation avec notre maître ou notre professeur. Du point de vue de l'évolution, l'homme n'a pas été préparé pour supporter le degré de tension continue et constante auquel il est exposé quotidiennement. Anciennement, devant une situation de risque, comme un animal menaçant, l'homme primitif tuait ou s'enfuyait. De retour dans sa caverne, il se détendait et retrouvait l'équilibre organique et émotionnel indispensable pour sa survie. Aujourd'hui, le droit à cette pause revigorante a disparu de la vie de la plupart d'entre nous. Submergés d'engagements et de problèmes, nous ne nous rendons même pas compte que notre corps proteste de cette agression permanente. Et, ce qui est pire, nous exigeons une grande capacité d'exécution sur le tatami et nous nous soumettons à plus de pression physique et émotionnelle, nous manquons de compréhension et de tolérance envers nous-même et nous attribuons injustement à l'art martial d'être le facteur responsable de notre décadence martiale. Jour après jours, nous marchons au bord d'un précipice et par malchance ou par ignorance, nous finissons par considérer comme normaux tous les symptômes qui nous conduisent à l'abîme. Recommander un changement de

« Du point de vue de l'évolution, l'homme n'a pas été préparé pour supporter le degré de tension continue et constante auquel il est exposé quotidiennement. » style de vie peut sembler une utopie. Pourtant, si on n'interrompt pas le processus, les maux affectant notre santé et notre qualité de vie pourraient finir par devenir irréversibles. Quand nous en arrivons à ce point, stressés d'affronter tant et tant de batailles, gagner ou perdre finalement n'importe plus. Une miette de bonheur ne suffira guère pour déplacer des montagnes ou stimuler l'envie d'aller plus loin. Il y a différentes manières de gérer une frustration. Un idéal noble qui a été rejeté peut devenir une vie de bohème ou conduire à une vie religieuse consacrée à la vie intérieure. Un amour frustré peut mener à la solitude ou à une expérience de dévouement aux autres. La raison est donc un grand outil dans la recherche de l'équilibre. La frustration peut être un excellent élément motivateur pour autant que l'individu soit capable de canaliser sa force pour la perfectionner. Il faut également être capable de distinguer l'origine de cette frustration, en identifier les aspects, pour que la transformation puisse avoir lieu de manière efficace et qu'elle ne devienne pas une raison de croire en l'impossibilité de changer quoi que ce soit. Tout comme le sage ne choisit pas la plus grande quantité de nourriture, mais la plus agréable ou la plus nécessaire, nous devons débuter ce processus par la facteur que nous considérons comme le plus important, conscients du fait que si nous essayons de modifier beaucoup de choses d'un seul coup, nous pourrions favoriser le processus même de la frustration. Cependant, si nous découvrons que ce facteur principal n'est pas une cause interne, mais externe, engendrée par une inadéquation entre l'opinion d'autrui et la nôtre,

nous nous rappellerons des mots de Montaigne quand il affirmait qu'une autre cause de l'inadéquation était la rapidité et l'arrogance avec laquelle les individus semblent diviser le monde en deux camps, celui du normal et celui de l'anormal. En voyageant de par le monde, Montaigne a pu observer que les autochtones maintenaient leurs habitudes bien enracinées et critiquaient le mode de vie des étrangers. La conviction inamovible de la supériorité de chaque système sur les autres était épouvantable. Chaque nation possède un grand nombre de coutumes et de pratiques qui méconnaissent les autres et les considèrent comme barbares ou comme un motif d'étonnement (de Botton, 2001, chap. IV, point 3). Cette réalité semble également exister dans le domaine professionnel martial, où malheureusement nous pouvons observer un conflit pour la supériorité et l'efficacité quand en réalité, certains aspects culturels et historiques sont plus dignes d'appréciation que de comparaison. Au minimum, il mérite d'être étudiés en profondeur pour élaborer intelligemment une recherche et un apprentissage. Nous aurons beau étudier et devenir plus sages, les deux voies d'accès de la connaissance et de l'évolution personnelle (externe et inter ne) favorisent toujours la dualité représentée par les opposés Yin et Yang. Inévitablement, nous vivrons des moments où l'une de ces voies se détériorera pour que puisse surgir une nouvelle perspective qui favorisera l'idée de la contemplation. Autrement dit, dans beaucoup de cas, notre intérieur aura tendance à se défaire que ce soit à travers des expériences désastreuses, des souffrances, des peines, des sentiments ou à travers des voies externes, combats, malentendus, pour qu'au moment de la réévaluation et de la réorientation des postures, ils soient de nouveau en équilibre. La détérioration existera toujours pour que puisse avoir lieu un resurgissement. Les plus sages affirment que la vie n'existe pas sans la mort. Beaucoup de ceux qui passent par des expériences d'affliction dans ce processus de détérioration restent coincés dans les problèmes et oublient l'occasion et la sagesse présentes dans un tel moment. Pour que puisse survenir le renouveau, beaucoup de choses doivent être enterrées.


« Il y a différentes manières de gérer une frustration. Un idéal noble qui a été rejeté peut devenir une vie de bohème ou conduire à une vie religieuse consacrée à la vie intérieure. Un amour frustré peut mener à la solitude ou à une expérience de dévouement aux autres. La raison est donc un grand outil dans la recherche de l'équilibre. »

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Reportage

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Bruce Lee Parmi les caractéristiques martiales de Bruce Lee, celle qui attira le plus l'attention peut-être fut sa vitesse. Grâce à elle, il était capable de réaliser de véritables prouesses qui étonnèrent plus d'une fois ses élèves, les amis et les étrangers. Robert Clouse, réalisateur d'Opération Dragon, raconte par exemple que, pendant le tournage du film, les caméramans durent ralentir les images pour que l'on puisse apprécier ses coups, car ils étaient tellement rapides, tellement fulgurants, qu'on ne voyait rien en temps réel. Robert Clouse raconte : « On m'a souvent demandé si Bruce était aussi rapide qu'on le disait. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il avait les réflexes les plus rapides que j'ai jamais vus. Dans une prise, Bruce Lee devait donner un coup sur la main de Bob Wall. Pour pouvoir voir la main de Bruce qui frappait Bob, nous avons dû mettre la caméra à la vitesse de 32 images par seconde. À une vitesse normale, on ne voyait pas la main dans le film. » Bruce faisait également preuve de son habileté avec le truc de « la paume de la main ». Quelqu'un tenait une monnaie dans la paume de sa main et avant de par venir à la r efer mer, Br uce Lee parvenait à la prendre. On raconte que quand il était jeune, il pouvait le faire avec deux monnaies. Texte : Pedro Conde Photos : Archives Pedro Conde & Budo International.

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Bruce Lee et la vitesse Tim Walker, un élève de Bruce Lee, commenta à ce sujet : « Le groupe du mercredi soir possède un forum auquel vous pouvez accéder à travers notre web. On nous y a posé beaucoup de questions à propos de la vitesse de Bruce Lee. En général, les internautes désirent savoir s'il était aussi rapide qu'il le paraissait dans ses films. En réalité, Bruce Lee était même plus rapide et devait ralentir ses mouvements pour que la caméra puisse les capter. J'ai une copie de la vidéo de Bruce Lee au tournoi de Karaté de 1967 organisé par Ed Parker. Je l'ai vu en train de faire du sparring avec Dan Inosanto et Taky Kimura une cinquantaine de fois, mais il a fallu que je la visionne au ralenti pour voir Bruce Lee donner à Dan un coup de pied à la tête. La séquence complète, à partir du moment où il a le pied appuyé par terre, jusqu'au moment où il donne le coup de pied et remet le coup de pied par terre de nouveau n'occupe pas plus de cinq photogrammes du film. Bien qu'il soit aussi rapide, Bruce commenta à Bob Bremer qu'il avait connu des gens plus rapides que lui et qu'il devait pour cela apprendre à feinter. La plupart des gens, quand ils parlent de vitesse, se réfèrent à la rapidité d'un coup de poing ou d'un coup de pied en particulier, mais la vitesse, c'est bien plus que cela. De fait, Bruce Lee divisait la vitesse en six types différents et encourageait ses élèves à toutes les pratiquer jusqu'à les dominer tout à fait. » Jesse Glover fait également référence à la vitesse de Bruce Lee et à une curieuse expérience qu'ils firent. Dommage qu'ils n'approfondirent pas le sujet, car les données qu'ils auraient pu nous apporter auraient été très significatives. Et dire qu'ils furent sur le point de le faire… « Bruce m'expliqua que le succès que possédait le style du Wing Chun provenait du fait qu'il avait une entrée rapide et des coups de poing droits. Bruce modifia l'entrée du Wing Chun à partir de certains concepts empruntés à l'Escrime. Il avait étudié tous les livres d'Escrime qu'il avait pu trouver et développa l'entrée la plus rapide possible. Quand il parvint à la réaliser, il la pratiqua des milliers de fois jusqu'à la faire mieux que personne au monde. Nous avons un exemple très clair de la vitesse de Bruce Lee quand il pratiquait l'escrime avec son frère. Il pratiquait l'estocade droite. Je crois qu'il faut préciser d'abord que Robert Lee était champion d'Escrime du British Commonwealth,

mais il était incapable de parer l'estocade droite de Bruce Lee. Je pense que c'est, en soi, on en peut plus éloquent pour celui qui veut imaginer la vitesse que possédait Bruce Lee et surtout la rapidité avec laquelle il était capable de réaliser l'estocade droite. Une autre chose que faisait Bruce Lee, c'était toucher le visage de quelqu'un se trouvant à deux mètres de distance et avec les mains à 12 centimètres de son visage. Bruce pouvait aller lui toucher la joue et revenir à sa position de départ avant que cette autre personne ne puisse le toucher. Je l'ai vu le faire plusieurs fois et personne ne pouvait réagir avant qu'il n'ait retrouvé sa position de départ. Le mouvement était si rapide qu'on ne pouvait pas l'apprécier avec les yeux. La seule manière de percevoir le mouvement, c'était par le courant d'air qui

venait frapper votre visage à la suite de celui-ci. Un de mes amis, Gary Brarhan, un jour qu'il était chez moi et que nous parlions des instruments qui permettaient de mesurer le temps et la vitesse, me commenta qu'il avait un instrument chez lui et qu'il me l'amènerait pour si je voulais mesurer mon temps de réaction. J'ai immédiatement pensé à Bruce Lee. Je lui ai téléphoné et je lui ai demandé de venir le lendemain pour le tester. Le jour suivant, l'après-midi, Bruce Lee, Jim Demille, Gary Brarhan et moi-même avons testé l'instrument. Il était connecté à un interrupteur. Quand on éteignait la lumière, l'appareil se mettait en marche et faisait fonctionner un chronomètre. Celui qui réalisait le test devait alors frapper un coussinet qui couvrait un autre interrupteur qui arrêtait le chronomètre. Nous pouvions ainsi

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mesurer le temps de réaction de l'individu entre le moment où la lumière s'éteignait et le contact avec le coussinet. Bruce testa ses réactions plusieurs fois et elles étaient toutes autour de cinq centièmes de seconde. Il envoya les premiers coups de poing depuis une distance d'un mètre. Quand il le fit d'un

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mètre et demi, ses réactions tournaient outre de huit centièmes de seconde. Mon temps depuis un mètre était de onze à dix-huit centièmes de seconde et depuis un mètre et demi, il était de près de vingt-deux ou vingt-trois centièmes de seconde. Les temps de Gary étaient plus lents que les miens et ceux

de Jim, un peu plus rapides. Mais aucun, en aucune façon, ne s'approchait des temps de Bruce. Il y a avait un homme à l'Université de Washington qui était un des meilleurs psychologues du monde. Un de mes amis, Ramon Neiser, lui parla de Bruce et cet homme se montra intéressé par l'idée de faire


Bruce Lee

certaines expériences sur ses temps de réaction. Ramon organisa les choses pour que Bruce Lee fasse la connaissance de cet homme, mais la rencontre finit sur un désagréable désaccord concernant le nom de celui qui allait figurer à la fin de l'expérience. Le psychologue déclara alors qu'il n'était pas intéressé par l'expérience avec Bruce Lee. Ce fut bien dommage car elle aurait pu apporter une série de

données vérifiées et dignes de foi concernant la vitesse des mouvements de Bruce Lee. » D'après ce que nous raconte Adrian Marshall, avocat du « Petit Dragon », non seulement il était rapide en ce qui concerne la vitesse d'exécution, mais il l'était également dans ses déplacements. « Bruce Lee plaça une monnaie sur ma main et me dit : “Voyons si tu es rapide. Quand j'essayerai de prendre la pièce de monnaie, serre le poing et essaye de m'en empêcher.” Il s'est déplacé et j'ai retiré ma main. Je l'ai fait trois fois de suite. La troisième fois, j'ai pensé que ma main avait été plus rapide car, quand j'avais serré le poing, je serrais toujours la pièce de monnaie. Mais quand je l'ai ouverte, j'ai vu que Bruce Lee y avait mis à sa place une monnaie plus petite. Je ne sais toujours pas comment il était parvenu à prendre le dollar et à le remplacer par la pièce d'un penny. Un autre des trucs que Bruce Lee avait coutume de pratiquer très souvent, c'était de demander à un ami ou à une amie de lever les mains à hauteur du visage, prêt à bloquer ses mouvements. Bruce devait alors essayer de lui fermer les paupières avec les doigts sans être intercepté ou arrêté. Et non seulement il parvenait à les fermer, mais dans la plupart des cas, ses amis ne le voyaient même pas faire le mouvement… » Comment le Petit Dragon a-t-il réussi à atteindre cette vitesse ? Fut-ce le fruit du hasard ou de l'entraînement ? Ted Wong, son dernier élève et celui qui prit le plus de leçons avec lui, nous expliqua : « Bruce s'entraînait pour la vitesse, physiquement, à base d'un entraînement avec les poids. Il développa la partie mentale en cultivant son esprit. Pour lui, la vitesse était 70% mentale et ne provenait de la force physique que dans un moindre pourcentage. Il affirmait que la vitesse pour l'entraînement de la force était très importante et il essayait de l'améliorer en s'entraînant avec de lourdes haltères. Il descendait la barre lentement et ensuite la relevait de manière explosive, aussi vite que possible. Il faisait très attention à cela à l'époque et avait coutume de faire des entraînements tels que du développé couché et des lancés des coups de poings avec des haltères. Il lançait les poings très très rapidement. De manière explosive. Il avait un ensemble d'haltères qu'il utilisait aussi bien pour la vitesse que pour la force. Il les poussait de manière isométrique dans plusieurs positions, 10 ou 15 secondes peut-être par exercice. Il modifiait toujours les séries. Tout comme il pratiquait de la même manière son coup de pied latéral pendant un temps pour se mettre ensuite à faire des flexions sur les jambes. Il les faisait sur toute la longueur, jusqu'à midistance ou sur un quart du parcours. Pour ses flexions sur les jambes, il utilisait normalement 135 livres. Il faisait également beaucoup de mouvements partiaux, de manière explosive, des mouvements de 3 ou 4 pouces. C'est pour ça qu'il était si rapide, parce qu'il était capable de passer d'une position totalement statique à une explosion. Il le pratiquait beaucoup. Il exerçait également ses mollets, il prenait un poids, se maintenait sur une planche en bois et montait et descendait sur la pointe des pieds. Parfois, il faisait simplement du développé couché sur les 2-3-4 derniers pouces. Il utilisait des poids de 150 livres pour cet exercice. Il sentait qu'une grande partie de son pouvoir venait de ces 4 derniers pouces d'extension, le dernier quart du mouvement. Quand Bruce frappait, seuls les muscles responsables du coup, les agonistes, se contractaient. Les antagonistes n'étaient jamais activés en même temps, ce qui donnait lieu à une vitesse aveuglante. » À ce sujet, Dan Inosanto (instructeur assistant de Bruce à l'école de Los Angeles à Chinatown) précisa : « J'étais rapide à la course. Je courais 100 yards en 9,5

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Reportage secondes, mais Bruce Lee pouvait me rattraper quand il voulait. Il se mettait à 5 pieds de distance et me disait : “Tu es prêt ?” et, quand je disais : “Oui”, “paf !”, il me frappait la tête avec la main, depuis 5 pieds de distance et je ne pouvais pas l'en empêcher !!! Je lui demandais de le refaire et de nouveau, “paf”, il le refaisait sans le moindre effort. Pour l'entraînement de la vitesse, Bruce accordait beaucoup d'importance à l'entraînement aux haltères. Il était très en avance sur son temps. Dans les années 60, les nageurs ne le faisaient pas, les coureurs non plus et d'autres sports étaient réticents à y recourir. Mais Bruce croyait que l'entraînement avec les haltères, en fonction de la manière de les lever, p o u v a i t ê t re b é n é f i q u e p o u r n'importe quel art martial, pour n'importe quel sport pratiqué. Pour améliorer la vitesse et la force, Bruce faisait donc toujours du shadow… »

Les différents types de vitesse Tous les récits coïncident en un point : Bruce Lee était capable de se déplacer à une vitesse extraordinaire. C'était peut-être son attribut physique le plus remarquable, mais à part la vitesse, ses coups étaient extrêmement puissant, quelque chose de presque invraisemblable vu son poids corporel. Pour y parvenir, comme nous l'avons vu, Bruce Lee mit l'accent sur le travail avec des haltères peu pesantes et des poids, en plus d'autres entraînements, ce qui renforça cet attribut vital dans le combat. Mais à quel point la vitesse est-elle importante ? Quelle est son importance dans les arts martiaux en général et dans le Jeet Kune Do en particulier. Paul Vunak nous donne la réponse à cette question à travers un exemple très clair : « Si on prends un petit plomb et qu'on le lance sur quelqu'un, on peut lui faire mal. Si ce même petit plomb, nous le lançons avec un lance-pierre, nous le blesserons. Et le même objet propulsé par quelques grammes de poudre dans une arme à feu pourrait lui causer la mort. Dans les trois cas, l'objet est le même, mais la vitesse a changé… » Indiscutablement, Bruce Lee, conscient de l'importance de la vitesse, approfondit le sujet et en arriva à la conclusion qu'il existait cinq sortes de vitesse différentes qu'il étudia et expérimenta au moyen de divers exercices et créa plus tard différents types d'entraînements pour les développer. Il approfondit ces différents types de vitesse dans « Le Tao du Jeet Kune Do » ; ce sont les suivantes :

« Comment le Petit Dragon a-t-il réussi à atteindre cette vitesse ? Fut-ce le fruit du hasard ou de l'entraînement ? »

- Ajuster la position pour lancer un coup de pied déterminé. - Basculer le corps avant de lancer un coup de pied, un défaut très habituel chez les individus peu souples. - Réaliser un geste ou un mouvement typique avec une technique. - Serrer le poing du bras avec lequel on va réaliser l'attaque. - Réaliser toujours les mêmes combinaisons techniques.

Vitesse de perception

Vitesse de réflexion

Rapidité à voir et à deviner le coup qui va nous être lancé ou que nous devons réaliser. Ce type de rapidité est primordial quand on participe régulièrement à des compétitions. C'est d'elle que dépend ce qui nous appelons l'anticipation. Quand on se bat souvent, il arrive un moment où le compétiteur est capable de prédire le coup qui va lui être lancé et donc d'anticiper. L'anticipation est possible (outre la vitesse de perception) grâce à l'intériorisation à travers la pratique de diverses techniques qui sont utilisées en combat, faisons remarquer parmi elles : a) L'anticipation par provocation ou induction On l'appelle ainsi car elle consiste à provoquer ou à inciter l'adversaire à réaliser une technique déterminée pour ainsi pouvoir répondre avec le contre adéquat, devançant même son action. b) Anticipation par réduction Suivant les règles du combat et en fonction de la distance à laquelle se trouve l'adversaire, le nombre de techniques que celui-ci peut réaliser est limité et n'importe quel combattant expérimenté les connaît. En fonction de la garde et de la position du corps, le nombre de techniques possibles se réduit encore plus. Si, en outre, nous nous déplaçons en tournant autour de lui en direction de sa main ou de sa jambe gauche, nous réduisons plus encore l'arsenal des techniques valables. Il s'agit d'apprendre à réduire les possibilités d'attaque de l'adversaire à deux ou trois techniques qui seront relativement faciles à anticiper. c) Anticipation par déduction La majorité des combattants, quand ils sont fatigués, télégraphient leurs coups avant de les exécuter. Les manières les plus courantes de le faire sont les suivantes : - Regarder où on va frapper. - Reculer le bras pour que celui-ci réalise un plus long parcours. - Déplacer le buste avant de frapper avec le poing ou la jambe. - Inspirer et ensuite contracter les muscles du bras avec lequel on va frapper.

Rapidité mentale à sélectionner la technique et le mouvement correct pour nous défendre ou pour attaquer. Quand un combattant inexpert réalise une attaque enchaînée ou une combinaison, du fait de la rapidité avec laquelle se déroule l'action, il réalise généralement des techniques qui sont peu appropriées ou qu'il envoie simplement instinctivement. La plupart de ces coups atteignent généralement la garde de l'adversaire ou se perdent en l'air. Cela se produit parce qu'il n'a pas la rapidité mentale suffisante pour sélectionner en quelques dixièmes de secondes la technique adéquate pour atteindre l'adversaire ou, ce qui revient au même, pour que l'attaque soit efficace. Inversement la vitesse de réflexion intervient également quand, face à une attaque de l'adversaire, il faut se défendre et exécuter les techniques de contre adéquates pour contrer cette attaque. Il est très difficile de conserver le même niveau de vitesse ou d'agilité mentale durant tout le combat. La fatigue engourdit le cerveau. D'autres types de vitesse comme la vitesse initiale ou la vitesse d'exécution exercent une grande influence sur la vitesse de réflexion.

Vitesse d'exécution ou d'action Rapidité physique du mouvement qui se mesure par le temps qui passe entre le moment où le cerveau ordonne au corps d'effectuer une technique (qu'elle soit offensive ou défensive) et l'exécution complète de celle-ci. Par exécution totale, on veut dire action et rétroaction de la technique (attaque et ramené de poing, de jambe, etc.). Cette vitesse est la plus importante de toutes. Son augmentation exige de nombreuses répétitions techniques quotidiennes. Pour acquérir ce type de vitesse, il faut faire beaucoup de shadow et surtout beaucoup de sac, avec les poignets et les chevilles lestés. Pour accroître la vitesse de réalisation, il

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Reportage faut exécuter l'action et la rétroaction en un seul mouvement, sans perdre l'équilibre. La vitesse est le produit de l'accélération et de la puissance. Quand une extrémité du corps (poing ou pied) est projetée avec une certaine vitesse et qu'elle ne frappe rien ou qu'elle est retenue brusquement, les articulations de celle-ci souffrent.

Vitesse initiale Début économique du mouvement depuis la posture correcte ou adéquate pour repousser l'attaque de l'adversaire ou exécuter la technique d'attaque. Disons que la vitesse initiale est la capacité d'être dans la garde et la position adéquates à l'endroit adéquat pour réaliser la technique exigée par la situation. Comme il s'agit de la position de départ la plus adéquate pour exécuter la technique sélectionnée, il n'y aura pas de perte de temps dans les préliminaires ou dans des corrections et la technique sera directe.

Vitesse d'adaptation Il s'agit de l'habileté à débuter une attaque avec une technique et d'être capable d'en changer dans le cas où une ligne différente d'attaque surgit ou s'impose. Pour parvenir à l'utiliser efficacement, il faut dominer les autres types de vitesse. Par exemple, si on commence une attaque et que l'on voit ou que l'on devine que l'adversaire va avorter l'attaque et ouvrir une autre ligne, il faut être capable d'altérer ou de modifier la technique pour que celle-ci soit efficace. Autrement dit, il s'agit de la vitesse de l'individu à changer la direction ou la dynamique d'un mouvement quand on est en train de l'exécuter. Cela se produit quand on effectue un mouvement d'attaque et que nous voyons que l'adversaire va le bloquer, parer ou esquiver, resserrant la ligne d'attaque et créant une autre ouverture. Si on a alors travaillé les autres types de vitesse, il est possible de changer ou de modifier la trajectoire de la technique pour que celle-ci soit efficace. Parfois, cela se produit également dans le cas de la défense, quand un adversaire lance une feinte et que nous tombons dans le piège. On pourrait également la définir comme la capacité d'adaptation quand l'adversaire avorte notre défense ou notre attaque.

Vitesse de sensibilité Tim Tackett et un autre élève indiquent une sixième vitesse, qui n'apparaît pas dans « Le Tao du Jeet Kune Do », il s'agit de la vitesse de sensibilité,

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l'habileté à être devant votre adversaire, à deviner n'importe quelle ouverture avant qu'elle ne se produise et à savoir réagir. D'après Tim Tackett, pour travailler cette vitesse, on dispose de nombreux exercices énergétiques bien que le plus connu soit le Chi Sao ou mains collantes. Pour que le Jeet Kune Do fonctionne dans un combat, il faut être capable de voir ou de sentir une ouverture et être capable d'en profiter le plus rapidement possible. Il faut pour cela pratiquer les cinq autres types de vitesse autant que possible. Qu'il s'agisse de cinq ou de six types de vitesse, il faut partir de la base qu'elles sont toutes différentes et qu'elles sont bien différenciées les unes des autres, mais qu'elles se complètent cependant toutes dans une plus ou moins grande mesure. On ne peut cesser d'entraîner ni négliger aucune d'entre elles car la « vitesse intégrale » (la conjonction ou la coordination des différents types de vitesse) ne serait pas complète. Bien sûr, le combat se déroule souvent tellement rapidement que, parallèlement aux différents types de vitesse, d'autres facteurs déterminants interviennent parmi lesquels il nous faut souligner les réflexes, la distance, la capacité de réaction et le timing. Indépendamment de tous ces facteurs et types de vitesse, il faut être objectifs et reconnaître le génie de Bruce Lee pour l'appliquer à la structure technique de son style de combat, sans oublier, bien sûr, que, dans son cas concret et étant donné son poids léger, il ne pouvait en être autrement. Logiquement, pesant si peu, il ne pouvait baser son style de combat sur l'échange de coups avec l'adversaire ni sur le combat au sol. Indiscutablement, ses meilleurs cartes résidaient dans la vitesse et avec elle, naturellement, le développement de l'explosivité pour être efficace au combat. Évidemment, son poids léger l'aidait à se déplacer plus vite, mais son talent réside précisément à ne pas en être resté là et à avoir continué de chercher et d'expérimenter pour continuer d'évoluer. À la suite de ses recherches, il en arriva à la conclusion que, s'il partait d'une posture où ses

points forts, la jambe et le pied droits, étaient avancés, il augmenterait sa vitesse, car il partirait d'une posture où existait déjà une rapidité dans la position initiale ou position de garde. Il mit particulièrement l'accent sur les attaques directes pied/poing. Évidemment, la distance la plus courte entre deux points est la ligne droite, ce qui implique que ces techniques ont tendance à être, logiquement, plus rapides que les circulaires, car la distance à parcourir pour atteindre l'objectif est moindre. À vitesse de mouvement égale, un direct atteint avant son objectif qu'un crochet long pour la simple raison physique que plus la distance parcourue par une technique est grande, plus grande est généralement sa vitesse moyenne nécessaire pour atteindre l'objectif. Évidemment, si les meilleures armes se trouvent devant - dans le cas d'un droitier le poing et le pied droit -, on écourte le temps que l'on met à frapper l'adversaire avec les meilleures armes que l'on possède. Si en plus de tout cela, on ajoute le concept d'interception, autrement dit on réduit les temps de défense et d'attaque en les simplifiant en un seul mouvement, on aura augmenté plus encore la vitesse d'attaque, ajoutant à cela l'inertie de l'entrée de l'adversaire. Le résultat, dans le cas de Bruce Lee, fut quelqu'un qu'on ne voyait pas, qu'on ne faisait que sentir… Mais sa capacité à être supérieur à ses adversaires ne dépendait pas seulement de sa vitesse, elle dépendait en outre de la rapidité avec laquelle il lançait ses coups. La raison en est son impeccable « économie de mouvement ». En d'autres mots, la rapidité avec laquelle il atteignait son adversaire. Ici, il nous faut préciser que vitesse et rapidité, bien qu'étant des concepts proches, ne signifient pas la même chose. La vitesse est la


Bruce Lee relation entre la quantité d'espace que parcourt un objet (dans les arts martiaux, un poing, un pied, une arme ou tout le corps) et un temps déterminé. Dans les arts martiaux, on la mesure généralement en centimètres/ seconde ou, plus rarement, en kilomètres/heure. La rapidité est en revanche un concept plus général que la vitesse, c'est simplement le temps que l'on met à atteindre l'objectif. Voici un exemple pour mieux comprendre la différence subtile entre les deux. Si nous nous situons à un mètre d'un sac et que nous lançons un coup de pied qui tarde une seconde à frapper le sac, nous pouvons dire que notre vitesse moyenne est d'un mètre par seconde. Si ensuite, nous nous rapprochons à un demi-mètre du sac et nous lançons le même coup de pied à la même vitesse, nous tarderons la moitié du temps à frapper l'objectif. Notre vitesse sera restée la même, mais nous aurons été deux fois plus rapide. Notre jambe a volé à un mètre par seconde, mais comme nous sommes à un demi-mètre du sac, nous avons tardé une demi-seconde à atteindre notre objectif. C'est essentiellement la différence entre vitesse et rapidité. Il est pour cela fondamental de savoir être à la distance et dans l'angle adéquat pour tirer au maximum parti de ces attributs. Ainsi, la vitesse du coup détermine sa rapidité, mais la vitesse de la technique ne se traduit pas automatiquement par une action rapide. C'est la rapidité qui est importante finalement dans le combat. Le lecteur se rendra donc compte que le sujet de la rapidité et de la vitesse est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît à première vue et qu'il ne peut se réduire à des équations en centimètres/seconde. La distinction entre vitesse et rapidité est très importante car, dans le combat, l'un des principaux facteurs qui déterminent l'efficacité d'un combattant est sa rapidité à atteindre, neutraliser, éviter ou saisir l'adversaire. Et il ne suffit donc pas d'aller très vite pour être rapide, car d'autres attributs entrent en ligne de compte comme les déplacements, le timing ou sens de l'opportunité, l'habileté technique et, de manière générale, la perspective stratégique du combat. La vitesse à elle seule, isolée des autres attributs, n'a donc pas de sens en ellemême, mais dans le cadre d'une perspective martiale stratégique. Il faut la combiner, par exemple, avec l'habileté dans les déplacements. Si on parvient à situer le corps à la distance et dans une position optimales, on peut parvenir à avoir des actions plus rapides même que celles d'un adversaire plus véloce. Dans d'autres cas, l'habileté technique peut plus contribuer à la rapidité des actions que la vitesse pure et dure, etc. Tous ces thèmes, y compris les déplacements et l'angle des attaques, furent pris en considération par Bruce Lee dans son Jeet Kune Do, un style de combat qui frise, techniquement, les limites de la perfection absolue et que, par chance, Bruce Lee laissa en héritage à ses élèves et dans ses écrits permettant que ces connaissances inestimables ne perdent pas. Grâce à cela, nous pouvons aujourd'hui bénéficier du fruit de ces recherches.

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Grands Maîtres Le Shaolin de l'ère nouvelle, rétabli aux temps modernes tant bien que mal après la révolution culturelle, a offert rapidement un nouveau visage qui attira les médias. Celui d'un homme bien préparé, qui met en scène le meilleur de la tradition du temple, un moine guerrier qui perpétue cette tradition tant martiale que spirituelle et qui très vite fut identifié personnellement : Shi De Yang. Une telle responsabilité n'a pas dû être, ni est, facile ! Shi De Yang n'a pas toujours été apprécié par les pouvoirs artificiels d'une nouvelle Chine de plus en plus matérialiste. C'est un « vers libre », un puriste de son héritage culturel et religieux, le bouddhisme Chan (zen), un coriace qui finit par se cogner à l'establishment. Bien sûr, il n'en parlera jamais, car il ne conçoit pas ce conflit, il fait simplement ce qu'il doit faire et, s'il le faut, il en paie le prix. Une posture noble pour un noble fils de Shaolin. Charnière entre deux époques, maître de maîtres, béni et maudit à la fois pour appartenir à un destin supérieur, Shi De Yang sert une force plus élevée, où s'ajuste parfaitement - mais pas sans deuils - son destin. Mes respects, ma reconnaissance sincère, mes félicitations : Shi De Yang incarne l'esprit du temple le plus célèbre des arts martiaux. Alfredo Tucci


Biographie

Photos : Š Alfredo Tucci Texte : Bruno Tombolato www.shaolinwugong.com www.culturahan.com http://www.facebook.com/Shaolin.De.Yang.Spain http://www.facebook.com/Shaolin.Cultural.Center.Spain

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Grands Maîtres « D'une part, parce que je veux qu'un plus grand nombre de personnes puissent bénéficier du Kung-Fu de Shaolin et d'autre part, parce que de nombreux Occidentaux ne savent pas vraiment ce qu'est le Kung-Fu de Shaolin et sa philosophie. »

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Biographie

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arler aujourd'hui du grand maître Shi De Yang, c'est parler de l'un des plus hauts représentants actuels de la culture traditionnelle de Shaolin et de l'un des maîtres les plus respectés mondialement. Disciple du vénérable Shi Su Xi pendant près de 30 ans, Shi De Yang est l'un des maîtres de Shaolin qui a étudié en profondeur les « trois trésors de Shaolin » (Chan, Wugong et médecine traditionnelle). Ses capacités pour l'étude et l'enseignement, ses habiletés martiales exceptionnelles et sa perspective philosophique lui ont permis d'occuper certains des postes les plus importants dans le temple de Shaolin, celui de directeur des moines guerriers du temple, par exemple. Shi De Yang dirige actuellement son école Wuseng Houbeidui située à Deng Feng, dans la province de Henan, territoire du temple Shaolin et berceau des arts martiaux. Il est également vice-président de l'Association pour l'étude du Shaolin Kung-Fu en Chine, conseiller et chef de la Fédération internationale de Shaolin Wushu et de l'Université des arts martiaux de Wuhan. Depuis quelques années, le maître a mené à bien la tâche de transmettre le Kung-Fu traditionnel à tout le monde. Il a ainsi visité l'Italie, l'Angleterre, la Hongrie, l'Argentine, l'Uruguay, le Mexique, le Canada, pour ne citer qu'eux, et est ainsi devenu le plus haut représentant de la culture de Shaolin à niveau mondial.

durs et il en vint à penser plusieurs fois à abandonner Shaolin, ce qu'il aurait fait s'il n'y avait pas eu la manière dont son maître Shi Su Xi le traitait. Le maître Shi De Yang raconte que quand son maître ne pratiquait pas le Kung-Fu ou n'était pas en train d'enseigner, il était très aimable, mais que quand il enseignait, il était très exigeant, au point de frapper ses élèves quand ils se montraient apathique dans les entraînements. Un jour que Shi De Yang était en train de pratiquer Mabu (la position du cavalier) et se sentait très fatigué par les pratiques, il profita de l'absence de son maître pour se relaxer, mais avec tant de malchance que son maître le vit et lui donna du bâton. Furieux contre son maître, De Yang retourna dans sa chambre, emballa ses vêtements et se prépara à s'enfuir du monastère, mais alors qu'il était sur le point de s'en aller, son maître tomba de nouveau sur lui et le frappa à nouveau. Ses frères de Shaolin le conduisirent à la chambre Chan pour méditer et réfléchir sur ses actes. C'est là, que se souvenant des enseignements de son maître, il se rendit compte de ce que signifiait réellement suivre la tradition de Shaolin et développer le Kung-Fu pour qu'un plus grand nombre de personnes puissent le connaître. Après avoir réfléchi pendant un long moment, il se rendit dans la chambre de son maître et lui présenta ses excuses. Shi Su Xi, content, lui dit : « Celui qui prend conscience de ses erreurs réussira ce qu'il désire ». À partir de là, sa vie changea pour toujours.

Son enfance

Shi De Yang se centre sur la pratique

Shi De Yang est né dans un village appelé Taikang, situé dans la province de Henan en Chine. Son enfance ressembla à cette de n'importe quel enfant normal excepté le fait qu'il avait un voisin qui avait été moine au monastère de Shaolin. Ce vieillard lui racontait toujours sa vie au monastère et l'introduisit au Kung-Fu de Shaolin. À partir de ce moment-là, son cœur fut rempli du désir de devenir moine et de pratiquer souvent le Kung-Fu du temple. Malgré la négative de sa famille, De Yang réussit à être admis dans le temple de Shaolin et put ainsi réaliser son rêve.

La conversion Les débuts au monastère furent très durs, de nombreuses heures à méditer et à répéter maintes et maintes fois « amituofo » (transposition du sanscrit qui signifie « vie infinie » ou « sagesse infinie », c'est également un type de salut entre les moines du temple et les pratiquants de Shaolin dans le monde entier). Les entraînements au monastère devenaient de plus en plus

Après ce qui s'était passé, Shi De Yang se promit à lui-même de se centrer sur la pratique pour pouvoir ainsi parvenir à progresser et atteindre un bon niveau de Gong Fu. Tous les matins, quand il allait courir, il portait un gilet de sable et nouait deux sacs de sable à ses pieds. D'autres fois, il liait ses deux pieds et grimpait la montage en sautant jusqu'à arriver à la grotte de Damo ; il redescendait ensuite la montage à quatre pattes. Depuis la grotte de Damo jusqu'au pied de la montagne, il y a près de 300 marches. Parfois encore, il emportait quelques aliments et s'isolait dans la montagne pour s'entraîner dans la solitude. Cela durait parfois une bonne quinzaine de jours au cours desquels il s'alimentait exclusivement de pain et buvait l'eau de la montagne. À mesure que le temps passait, il devenait plus fort et son Kung-Fu progressait. Il se blessa souvent en pratiquant avec le sabre ou l'épée, mais il ne pensa jamais plus à abandonner la pratique ou le monastère de Shaolin.

Un jour qu'il avait pratiqué Mei Hua Zhuang, il tomba de deux mètres de haut et se fit une blessure au menton qui lui valut 4 points de suture. Un autre jour, pratiquant l'épée avec un frère de Shaolin, il fut coupé au bras, mais il n'y accorda pas d'importance, il noua un linge autour de la blessure et continua de pratiquer. On peut aujourd'hui encore voir une grande cicatrice sur son bras droit. Le maître De Yang parvint ainsi à perfectionner ses techniques de Ying Qi Gong (Chi Kung dur), Da Hong Quan, Xiao Hong Quan, Luo Han Quan, Shaolin Gun et Shaolin Jian, entre autres styles de Boxe de Shaolin. En août 1991, il commença à exercer en tant que chef des entraîneurs des moines guerriers de Shaolin. Chaque jour, en plus d'entraîner les disciples, il devait trouver un moment pour enseigner son art aux étrangers qui, connaissant sa réputation, venait lui rendre visite à Shaolin. Ils provenaient de différents continents et de pays comme le Japon, Singapour, le Canada, l'Allemagne, le Danemark, la Suisse ou l'Autriche. Du fait de son succès, de nombreuses compagnies cinématographiques allèrent le chercher pour réaliser des séries et des films. Il participa ainsi à une série sur la vie de Zhang San Feng et à un incalculable nombre de documentaires.

Son maître Shi Su Xi Le vénérable maître Shi Su Xi fut témoin de plus de soixante années de l'histoire turbulente de Shaolin : la grande destruction du monastère de Shaolin, l'arrivée du Parti communiste, la fondation de la République populaire de Chine, la grande révolution culturelle, la persécution du bouddhisme et des temples bouddhistes dans toute la Chine, la souffrance des moines et des nonnes et la renaissance de Shaolin ces 25 dernières années. Shi Su Xu fut l'un des moines de Shaolin les plus respectés et le maître de la plupart des moines de la génération « De » et « Xing » du temple de Shaolin. Il consacra plus de 70 ans à la protection et à la propagation de la tradition de Shaolin. Il dédia ses 30 dernières années à la transmission et à l'enseignement du Shaolin Kung-Fu. Parmi ses disciples les plus remarquables se trouvait Shi De Yang qui l'accompagna et resta à ses côtés jusqu'au bout. Avant de mourir, il reçut la visite de l'actuel abbé du monastère Shaolin, le vénérable Shi Yongxin. Tenant dans sa main celle de YongXin, il répéta ces mots qui sont un ultime avertissement pour nous tous : « Shaolin es Chan,

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non Quan » (Shaolin Shi Chan Bushi Quan -« Le Shaolin, c'est du zen, pas de la boxe »). Il fut le dernier des vieux maîtres du temple de Shaolin.

La transmission du Kung-Fu à l'Occident Ces dernières années, le maître De Yang s'est efforcé de faire connaître le Kung-Fu Shaolin en Occident. Différentes écoles dans le monde entier se sont associées au temple Shaolin et à l'objectif du maître Shi De Yang. Quand on demande à Shi De Yang la raison de son travail de transmission du Kung-Fu de Shaolin et de sa philosophie, le maître répond : « D'une part, parce que je veux qu'un plus grand nombre de personnes puissent bénéficier du Kung-Fu de Shaolin et d'autre part, parce que de nombreux Occidentaux ne savent pas vraiment ce qu'est le Kung-Fu de Shaolin et sa philosophie. » Shi De Yang ajoute également : « Le Kung-Fu de Shaolin est déjà fameux en dehors de la Chine. Les Occidentaux n'apprécient pas seulement sa pratique, mais également sa philosophie, tandis que les jeunes Chinois sont en train de perdre leur culture et leur tradition, car ils veulent ressembler aux Occidentaux. Le véritable Kung-Fu n'est pas joli, mais il est très pratique. Nous avons été un jour en Amérique avec notre groupe et nous nous sommes rendus compte que les Américains n'aimaient pas le Kung-Fu d'exhibition parce que, pour eux, c'était juste une danse et ce qui réellement les intéressait, c'était d'apprendre le Kung-Fu traditionnel. Et c'est ça que je veux transmettre. »

Shi De Yang en Espagne Fin 2010, certains chefs d'entreprise de la communauté chinoise de Madrid commentèrent au maître Bruno Tombolato l'idée d'ouvrir un nouveau centre culturel chinois et de créer une nouvelle école de Kung-Fu traditionnel.

« Le Kung-Fu de Shaolin est déjà fameux en dehors de la Chine. Les Occidentaux n'apprécient pas seulement sa pratique, mais également sa philosophie, tandis que les jeunes Chinois sont en train de perdre leur culture et leur tradition, car ils veulent ressembler aux Occidentaux. » À partir de ce projet de départ, surgit alors l'idée d'unir les deux projets et de développer un centre culturel du temple Shaolin où non seulement seraient transmis les arts martiaux, mais encore toute la culture véhiculée par le monastère et son histoire. Afin de conserver une relation directe avec le temple Shaolin de Henan, le maître Shi De Yang fut contacté et un voyage en Chine fut organisé pour développer les bases du projet. Le maître De Yang décida d'appuyer ce nouveau projet qui devint ainsi non seulement le premier centre culturel chinois d'Espagne, mais encore le premier centre culturel de Shaolin d'Espagne reconnu par le temple Shaolin en Chine. À l'occasion de la visite du maître Shi De Yang au centre culturel, auront lieu, les 14 et 15 avril 2012, deux séminaires de Kung-Fu de Shaolin, Qi Gong et méditation Chan (zen). On y donnera également une conférence sur Shaolin dans le même centre culturel Han. Pour plus d'information : shideyangspain@gmail.com



Muay Lert Ritt

L’

art de combat du « pouvoir suprême » ou Muay Lert Ritt est considéré par de nombreux experts comme le summum de tout le savoir technique des arts martiaux thaïlandais. Depuis plusieurs années, l'IMBA travaille sur un programme technique qui réunit les meilleures stratégies sous des principes communs dictés par des experts militaires traditionnels et modernes avec qui l'Arjarn Marco De Cesaris a collaboré. Toutes ces techniques et méthodes de combat ont donné vie à une version actualisée et scientifique du Lert Ritt traditionnel. Analysant les aspects techniques de cet art, on voit comment, en plus des coups de pied (circulaires avec le tibia o directs), les coups de coudes coupants ou de percussion, suivis des coups de genou réalisés conjointement ou en attaque libre ainsi que les coups de tête et de poing, l'une des stratégies les plus efficaces développée par les maîtres siamois et étudiée en profondeur dans le Lert Ritt est ce que l'on appelle communément le corps à corps ou le travail en clinch. De fait, tous les pratiquants de Boxe thaï savent que, sans une formation adéquate dans les techniques de combat combinant les coups de genou et les coups de coude, on ne peut pas participer aux combats de Muay Thaï (car on court le risque d'un châtiment écrasant) et encore moins à un combat de rue. La stratégie que les professionnels expérimentés de Muay suivent est l'incomparable travail en distance courte dans lequel le Ritt Lert se spécialise techniquement. Échapper ou éviter les saisies et les coups de coude et de genou du Muay Thaï est très difficile. La distance à laquelle ces actions sont menées à bien est inconfortable face à n'importe quel rival, surtout si c'est un grappler ou un striker, et la situation s'aggrave dans ce dernier cas si celui qui frappe agit seulement en distance longue (c'est le cas des frappeurs pures, des experts absolus des techniques de coups de pied). La longue série d'exercices qu'inclut le Muay Thaï pour les saisies de cou, de tronc et d'extrémités permet au pratiquant d'être capable de mettre de nouveau en difficulté l'adversaire au moment où il le saisit. Les principaux experts de Chap Ko (la technique typique de saisie du cou) sont capables d'étrangler par la partie étroite du cou ou d'endommager les vertèbres cervicales d'un coup puissant, sans même à avoir à appliquer un coup de genou ou un coup de coude. Et c'est précisément cela, la logique du travail du Muay Lert Ritt, saisir et en finir avec l'adversaire le plus rapidement possible. L'aspect martial du Muay Thaï ou du Muay Boran est aujourd'hui connu dans le monde entier, mais il s'agit surtout des techniques imprévisibles et spectaculaires en saut et des formes traditionnelles défensives et offensives qui passionnent les pratiquants occidentaux. De fait, seul le Muay Lert Ritt contient le bagage technique relatif aux corps à corps à un niveau supérieur - s'il se peut - à ce qui a été fait normalement jusqu'à présent. En plus d'utiliser les coudes et les genoux pour frapper l'adversaire qu'il tient grâce aux nombreuses prises efficaces dont il dispose, le pratiquant de Lert Ritt s'est entraîné à utiliser un vaste répertoire de clés aux bras, au tronc et au cou pour neutraliser un hypothétique adversaire en un seul mouvement. Combiner les saisies du Chap Ko avec les percussions, les coups de genou et de coude (et de tête, bien que dans une moindre mesure pour ne pas risquer de blesser le propre exécutant) et les menaces de dislocations est en soi une stratégie très efficace, mais si nous combinons tout cela avec un vaste répertoire de techniques de déséquilibrage et de projection, nous obtenons une combinaison explosive. Peu de combattants sont capables de dominer la distance du clinch. Cette étape du combat est considérée par beaucoup comme une étape passive (surtout par ceux qui

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sont habitués aux règlements qui limitent les phases actives aux actions depuis la distance). Dans d'autres cas, le clinch est considéré comme une transition, le prélude à une étape où les techniques spécifiques du style sont mises en pratique (projection et travail au sol). Dans le Muay Lert Ritt, cette étape est conçue pour devenir, si possible, et toujours sur base de la capacité de l'adversaire que nous avons en face de nous, la seule distance où se déroule le combat. Le travail technique sur lequel devra se concentrer le maître du combat sera surtout la formation des élèves à atteindre et conserver une telle distance. Le travail de formation d'un combattant de ce type commencera par la formation physique : travailler longtemps le combat et les coups. L'athlète doit développer une grande résistance cardio-vasculaire, des muscles très puissants pour soutenir, saisir et tordre le corps et les membres de l'adversaire, tout en étant capable corrélativement d'un action explosive qui implique tout le corps, depuis les jambes jusqu'au cou, afin de déboîter, projeter et surtout être efficace en frappant depuis une distance très courte. L'étape suivante consistera à travailler avec la force musculaire seulement quand ce sera nécessaire, en se basant sur les qualités de souplesse et sensibilité pour « lire » les intentions de l'adversaire, le bloquer dès que surgissent ses initiatives et ensuite imposer notre plan stratégique et destructeur. La pratique de l'entraînement de l'impact en utilisant les gants (paos et pattes d'ours) et divers types de protection (ceintures abdominales, plastrons, protège-tibias), alternée avec le travail du combat réel avec divers camarades et en accord avec divers scénarios réalistes, ne donnera ses fruits que si elle est exécutée en mettant au maximum l'accent sur la recherche de la technique parfaite et pas sur une explosion incontrôlée de force brute.





Directement sur le Point Premiers secours pour la sinusite et la congestion nasale En plus du besoin de soulager les maux de tête provoqués par les attaques sur les nerfs de la zone de la tête et du cou, existait le besoin urgent d'ouvrir les fosses nasales qui avaient souvent tendance à se fermer. Cela se produisait généralement en réponse aux attaques, tel que nous l'avons dit, mais nous conduisit vers de nombreux besoins circonstanciels en rapport avec les attaques de Kyusho dans cette zone. Alors que nous étions en train d'expérimenter plusieurs méthodes d'attaque : frappe, pression, friction, et leurs combinaisons, nous avons fait des découvertes importantes. Ainsi, nous avons découvert, par exemple, comment provoquer une cécité passagère à l'un des deux yeux, une perte auditive, une perte de la clarté de pensée, un gonflement de la langue, une perte d'équilibre ou la fermeture totale ou partielle des fosses nasales (ou la sensation de cette fermeture). Bien que nous étions déjà habitués à chercher les manières de rétablir le fonctionnement normal ou la santé normale du récepteur du Kyusho, le besoin d'ouvrir les voies nasales fermées pour récupérer la respiration était critique. Et bien que nous avions remarqué que les différentes méthodes et cibles affectaient les individus différemment, nous avions besoin d'une méthode succincte pour faire recouvrer la respiration, quelle que soit le type d'attaque reçue. Nous avions déjà trouvé une méthode facile et universelle pour répondre à des disfonctionnements plus profonds et plus graves. Dans ce cas-ci, il semblait que travailler avec le ou les points d'attaque et toutes leurs variantes n'était pas une solution et ne semblait pas pouvoir offrir une méthode de réanimation suffisamment efficace et facile à enseigner aux pratiquants de Kyusho. Mais en revenant en arrière et en faisant pression sur les différentes cibles, nous avons trouvé trois points qui répondaient à nos besoins. Ceux-ci étaient bilatéraux, autrement dit chacun de ces trois points se trouvaient de part et d'autre des sinus affectés. L'un se trouvait sur le nerf supra-orbitaire et les deux autres sur le nerf infra-orbitaire. Il s'agit respectivement de Vessie 2 (BL-2), du point hors méridien tête et cou 14 (M-HN-14) et de Gros Intestin 20 (LI- 20) qui se trouvent tous des deux côtés du nez. Ainsi, en appuyant sur le point BL-19 à la base du crâne, vous sentirez une pression sur la partie frontale de la tête au niveau du point BL-2 (près de la partie supérieure de la cavité nasale). En appuyant sur le point TW-17 (Triple Réchauffeur 17) derrière la mâchoire, juste en dessous de l'oreille, à hauteur du nez, vous sentirez une pression sur le

point M-HN-14 sur le côté du nez. De même, en appuyant sur le nerf mentonnier, ST-5, un point qui se situe de part et d'autre du visage sur la mâchoire inférieure, vous sentirez la pression sur le point LI-20 du côté correspondant. La pression résultante est la même pour tous les points de la tête et du cou, avec à chaque fois une pression supplémentaire sentie sur l'un de ces trois points. L'usage des pressions sur les nerfs de la tête et du cou est habituel dans les attaques au visage de notre programme de Kyusho. Cela provoque invariablement une pression sur les sinus ce qui provoque leur contraction ou encore la pression subie fait qu'il devient difficile voire impossible de respirer. Ce n'est pas seulement dû à la pression sur cette zone, mais à la compression de la majorité des points de la tête et du cou. Plus la pression sera longue et forte, plus les sinus auront tendance à se refermer et plus longtemps ils resteront fermés. Si vous avez un jour reçu un massage couché sur une table avec le visage vers le bas appuyé sur un coussin circulaire qui permet de maintenir le cou droit, vous aurez sûrement remarqué qu'invariablement quand vous vous relevez, vos sinus sont contractés. Cela se doit à une longue pression constante sur plusieurs nerfs de la région du visage. Une fois que nous aurons isolé ces trois points d'accumulation, nous pourrons nous centrer sur les mesures réparatrices. Le premier objectif fut de trouver une manière de soulager la pression sur l'un de ces points de manière à libérer et ouvrir les sinus. Cela peut vous sembler amusant et sans

rapport, mais pensez à la manière de déboucher un évier bouché. Une manière de le faire, c'est en utilisant une ventouse (un objet en caoutchouc qu'on appuie sur l'évier pour le libérer en utilisant la force de succion). L'utilisation correcte d'une ventouse ne consiste pas seulement à pousser pour débloquer ce qui provoque le bouchon. La méthode consiste à pousser et à tirer ; l'objet est poussé et tiré par une pression directe suivie d'une aspiration pour tirer dans le vide créé. C'est l'alternance de la pression et de l'aspiration qui provoque l'évacuation du bouchon et la libération de la conduite. C'est la méthode que nous allons utiliser pour soulager la pression sur les sinus provoquée par le blocage et la congestion et qui ralentit ou stoppe le flux respiratoire à travers les fosses nasales. Une fois que nous avions découvert les trois points et la façon de les libérer, l'étape suivante consistait à trouver la meilleure manière de soulager la pression des sinus pour libérer la respiration. Il s'agissait essentiellement d'utiliser la méthode de l'essai et de l'erreur sur des centaines de personnes pour assurer les résultats les plus fiables et les plus cohérents possibles. Ainsi, en induisant la fermeture des sinus pour ensuite les ouvrir à nouveau en utilisant de nombreux procédés et différentes attaques, nous avons finit par définir le procédé le plus efficace et concluant. Le dernier objectif consistait à vérifier si cela pouvait être utilisé pour d'autres problèmes provoquant la fermeture des sinus, des problèmes tels que les rhumes ou les allergies, ou encore le nez bouché suite à une chaleur excessive.


Nous avions également besoin d'expérimenter cela sur des personnes de n'importe quel âge, sexe ou ethnie culturelle afin d'être sûrs de son universalité… et nous sommes fiers d'y être parvenus. À ce jour, nous avons enseigné cette méthode à des centaines d'instructeurs qui ont à leur tour aidés des milliers de personnes souffrant de ce malaise très commun. Voici le témoignage de l'une de ces personnes.

Témoignage réel « Cela faisait 15 ans que je souffrais de problème de sinus. Après avoir assisté au cours de santé et bien-être, j'ai appris comment soulager moi-même ce pénible et désagréable malaise en quelques minutes. Après avoir touché certains points sur mon visage, mes sinus se sont tout à fait ouverts et la pression a disparu. Après avoir appliqué cela pendant quelques mois, j'ai cessé de souffrir de ces problèmes.

Si vous avez un jour des problèmes de sinus, suivez cette méthode, elle vaut son pesant d'or ! Je recommande vivement ce cours à tous ceux qui veulent sérieusement prendre le contrôle de leur santé et améliorer la qualité de leur vie. » Samuel Scott Maryland - USA Bien que nous ayons trouvez ces remèdes pour remédier à certains problèmes ponctuels que nous induisions, ils permettent de soulager des problèmes chroniques similaires, ce qui fait d'eux, non seulement des remèdes de premiers secours, mais également des procédés qui permettent de rester en bonne santé.

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« ÉTOILES EUROPÉENNES AU DÉVOUEMENT CIVIL ET MILITAIRE » Le samedi 14 janvier, eut lieu à Valence (Espagne) la remise des médailles européennes du mérite civil ou militaire pour le dévouement exemplaire dont ont fait preuve en Europe les nominés. L'acte fut célébré à l'hôtel Acteon. La médaille de bronze fut remise à Antonio Barranco, conseiller à la mairie de Valence, Cesar Carbayo, président du Collectif national des Amis de la Garde civile, José Luis Montes, sous-inspecteur de la Police nationale et Manuel Alcodori, directeur de l'hôtel Abba Acteon. La médaille d'argent fut remise à notre directeur, Alfredo Tucci, et la médaille d'or fut pour notre ami et collaborateur, Santiago Sanchis. Ces médailles furent présentées et remises par la présidente européenne de cette grande organisation : « L'Association Étoile Européenne du Dévouement Civil et Militaire », dont le siège se trouve en France. Sa présidente, madame Anh Doa Traxel, fille de l'ex-président français Jacques Chirac, est en effet venue de Paris pour l'occasion, accompagnée de son époux, le capitaine de police, Emmanuel Traxel, chargé de la sécurité de la présidence de la République. Une fois l'acte terminé, ils partagèrent

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une table dans le restaurant de l'hôtel avec les nominés, les journalistes et les médias. Cet acte international fut reflété dans les jour naux locaux « Las Provincias » et « Levante » et commenté par le Canal 9 de télévision de la Communauté valencienne. Le dimanche, tous firent une agréable excursion à la Cité des arts

et de la science, suivie d'un repas au restaurant de Torres-Torres où ils purent voir et déguster la typique paella de Valence, cuite au feu de bois. Ils admirèrent la beauté de Valence et ses alentours et promirent de revenir à l'occasion du premier congrès espagnol de nominés à la médaille européenne qui sera organisé dans la ville de Valence.


ATTENTION, NOUVEAU LIVRE ! Ce livre n'est qu'une manière de plus de montrer ma reconnaissance pour les connaissances en matière d'arts martiaux qui m'ont été transmises. Je ne cherche pas la célébrité mais à faire connaître l'un des plus grands trésors de mon pays. La naginata est l'une des armes qui constituent le groupe Mugen Kai. Étroitement liée au katana, elle est exigeante quant au mouvement corporel et contribue largement au développement physique du pratiquant. Du fait de sa taille, tous les mouvements ont une plus grande amplitude, facilitant ainsi l'apprentissage et la compréhension des autres armes. Quand nous voulons atteindre un objectif, nous ne lésinons pas sur les moyens, le chemin peut être difficile, le résultat est toujours bon, parce que quand quelque chose vous plaît, vous satisfait, vous passionne, il n'y a rien à dire de plus. Nombre de pages : 144

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Il fait partie de la nouvelle génération des héritiers des traditions d'Orient. Mais oui ! Ces héritiers n'ont pas les yeux bridés ? Et bien quoi ? Ils sont cependant reconnus par leurs maîtres qui leur ont confié le destin de leur style. Des personnes comme Paolo Cangelosi (Kung-Fu, Chine), Shidoshi Jordan Augusto (Kaze no Ryu, Japon), Martin Sewer (Hung Gar, Chine) ou encore l'auteur de cet article, pratiquèrent, étudièrent et se donnèrent plus qu'aucun autre dans le but manifeste de perpétuer des arts martiaux qu'il aurait été inimaginable de voir, anciennement, entre les mains des étrangers. Andreas Hoffmann est un homme qui se consacre corps et âme à son art, il sait, il enseigne et il le fait très bien. Je suis donc fier de présenter ici son nouveau livre, un événement marquant de plus au milieu d'une réussite bien méritée, pour que les belles traditions guerrières du passé existent dans la vie des gens d'aujourd'hui. Alfredo Tucci Maintenant publier le premier livre international sur cet art martial. Il doit être le premier et la base d'une série de livres qui traiteront d'un style qui est la seule connexion avec le Shaolin Chan, qui aborderont les arts martiaux efficaces, l'amélioration de la santé et les arts thérapeutiques du Weng Chun. Ce premier livre découvre les bases du Weng Chun Kung-Fu, autrement dit les stratégies particulières de combat, tels que les 6 principes et demi et les 18 ponts de combat. Il traite en outre des méthodes d'entraînement et des formes Saam Pai Fat, Sap Yat Kuen et Luk Dim Boon Kuen, et des applications du mannequin de bois. Il traite également des applications pour la self-défense et des bases des dix sagesses dont on a besoin pour pratiquer le Zen Weng Chun. Andreas Hoffmann

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Hung Gar - Les 5 contenus de l'enseignement

Hung Gar. Avec le temps, ses ses jambes deviennent fortes et sa capacité de résistance augmente.

Nous avons déjà acquis les connaissances relatives aux positions (Mabo) et au travail corrélatif des pas du Hung Gar. Nous avons survolé les bases : trois hauteurs, trois distances et nous y avons associé certaines connaissances de Pak Kua. Le lecteur intéressé se sera sûrement rendu compte que, dans une école de Kung-Fu classique (comme c'est le cas de notre Hung Gar), on trouve, dès le début, divers symboles et signes. Certains d'entre eux ne sont pas disposés au hasard, ils ont été expressément choisis. Si quelque chose n'est pas clair pour vous, demandez au professeur ou à l'instructeur de vous l'expliquer. Tout a sa logique. Il suffit parfois simplement de poser la question. Au cours de l'apprentissage du Shaolin Hung Gar Kung-Fu original, on enseigne 5 aspects externes (Yow Ying) et 5 internes, invisibles (Mu Ying). Ces 10 aspects sont considérés comme la partie la plus importante de l'enseignement. Voyons les 5 aspects externes dans le détail.

Main

Aspects externes • Position (Ma) • Main (Sao) • Corps (San) • Œil (Ngaai) • Hanches, taille (Yiu)

Position Nous avons traité les positions et le travail des pas antérieurement. C'est l'une des premières particularités dont prend conscience l'élève de Hung Gar. Le travail des pas est considéré comme la base de l'aspect physique. Au début, les courbatures et les premières difficultés concernant la propre volonté et le contrôle de la pensée le montrent très clairement. Cet aspect englobe également l'attitude personnelle. Pour tout ce que nous faisons dans le Hung Gar, que nous marchions, glissions, tournions, sautions, etc., nous avons besoin des positions. Que nous attaquions ou défendions, nous utilisons toujours les positions et les pas du Hung Gar. Le débutant apprend les huit grandes positions du

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L'élève apprend à coordonner les bras. Ce n'est pas aussi facile qu'il y paraît à première vue. Les mouvements doivent être exacts et parfaits. Cela inclut l'ensemble des poings, doigts, coudes et techniques de main. Bloquer et parer entre également ici, ainsi que les techniques avec la paume de la main. Pour beaucoup de techniques, on endurcit également les bras, les mains et aussi les tibias. Cela permet d'éviter les blessures. On utilise, dans ce but, les remèdes phytothérapeutiques habituels du Hung Gar, Dit Da Jow et bien sûr, Si Sou Fang.

puissants. Les hanches doivent être fortes pour équilibrer le haut et le bas du corps. Il est recommandé de travailler au renforcement de la mobilité des hanches. Dans le système Hung Gar, l'élève avantagé apprend à développer efficacement le pouvoir des hanches et de la taille et leur utilisation dans un environnement extrêmement réduit.

Aspects internes Nous allons maintenant voir les 5 aspects internes (Mu Ying). Ceci englobe les aspects mentaux et philosophiques du Hung Gar original. • Énergie (Hei/Qi) • Force élaborée (Ging) • Âme (San) • Courage (Daam) • Connaissance (Sik)

Corps

Énergie

Ici, le corps est considéré comme l'axe du mouvement et le membre d'union entre les bras et les jambes. Les extrémités doivent être synchronisées avec le corps. Le flux de force entre la position, les hanches et la partie du corps qui attaque doit être correct. Ce n'est qu'ainsi que l'on peut développer la force du coup. Le corps doit aider à la répartition du poids sur les jambes. Il doit être souple et puissant. Cela se reflète dans la santé des pratiquants de Hung Gar.

Qi, Chi ou Hei. Tout comme l'Univers physique est constitué d'énergie, les pensées sont constituées également d'énergie. Qui ne connaît pas la fantastique histoire de cette mère qui parvint à soulever une voiture pour sauver son enfant qui se trouvait en dessous ? C'est évidemment l'une de ses manifestations les plus extrêmes. Nous connaissons tous, bien sûr, à travers diverses situations, cette force qui existe en nous. Quand nous sommes amoureux toutes nos pensées sont dirigées vers la personne élue. De combien de patience, de force et d'énergie sommes-nous capables quand il s'agit d'amour. Le lecteur aura sûrement vécu l'une ou l'autre histoire de ce genre au cours de sa vie. C'est une force que nous ne pouvons voir, comme l'électricité, mais qui, tout comme elle, est régie par des lois. Dans le Qi Gong, nous travaillons cette énergie. D'une part pour projeter la santé et de l'autre, pour pouvoir, dans une situation extrême (combat, accident, catastrophe) mobiliser la force interne ajoutée. L'élève de Hung Gar apprend à travailler à la manière d'un rayon laser capable de focaliser la lumière.

Yeux Les yeux ont deux fonctions principales. D'une part, les yeux sont un organe très important. Dans le combat réel, le combattant a besoin de rapidité visuelle pour pouvoir évaluer la situation réelle et agir et réagir de la manière qui convient le mieux. Les yeux aident à apprécier les attaques et la situation du contexte. D'autre part, les yeux sont les fenêtres de l'âme. Nous essayons d'évaluer notre adversaire sans nous exposer ouvertement et en nous donnant à connaître le moins possible. Nous essayons également de l'effrayer.

Les hanches Les hanches et la taille forment le centre du corps. Des hanches souples, déliées, mobiles sont très importantes. Elles permettent des rotations rapides et des coups

Force Ging est la force raffinée, élaborée. Au moyen d'un entraînement adéquat, on peut accroître la force du corps.


Kung Fu Au moyen de la répétition et de la direction du Qi, on peut créer du Ging. De nombreux systèmes de Kung-Fu connaissent cette méthode. Si l'élève de Hung Gar peut conduire, diriger le Qi, ses mouvements ont la précision et la rapidité du Ging. Si un combattant frappe rapidement et avec précision, il possède le Ging. Le récepteur du Ging le perçoit comme une douleur interne, précise et coupante.

Âme Esprit clair. Si un combattant de Hung Gar possède le « San », ses yeux l'expriment clairement, ses mouvements sont coupants et précis. Il a de bonnes relations avec son entourage. Il est considéré comme un privilégié des dieux et son caractère est plutôt enthousiaste. Sa voix est claire. Il jouit d'une vie heureuse et qui va bien. La médecine chinoise appelle également cette manifestation : « Éclairer l'esprit ».

Courage J'ai entendu le vieux maître de Kung-Fu à Hong Kong dire et répéter le proverbe suivante : « Yat Daam, I Lik, Saam Gung Fu »« Yat » veut dire 1, « I » signifie 2 et « Saam » veut dire 3. Para analogie, on pourrait dire que le sens est le suivant : quand on a d'abord le courage (Daam) de prendre une décision, puis le pouvoir (Lik) de la réaliser et ensuite la capacité (Gung Fu) de l'appliquer, la réussite est assurée. Avoir du courage signifie également n'avoir peur de rien ni de personne. La peur nous dépouille de nos forces. Dans le combat, c'est tout à fait cela. Si je ne crois pas que je vais gagner, je n'ai presqu'aucune chance d'y arriver.

Connaissance La connaissance est la clé de tout. Plus on sait, mieux c'est. Plus je me connais, mieux ça vaut pour moi et pour ma vie. La véritable connaissance n'est pas la pure information, c'est l'assurance et la capacité d'utiliser ces informations pour atteindre l'objectif. Sinon, la connaissance est sans valeur.

« La véritable connaissance n'est pas la pure information, c'est l'assurance et la capacité d'utiliser ces informations pour atteindre l'objectif ». « Dans le combat réel, le combattant a besoin de rapidité visuelle pour pouvoir évaluer la situation réelle et agir et réagir de la manière qui convient le mieux ».

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Un simple morceau de tissu, objet quotidien dans le Sud-Est asiatique (chaleur, sueur, mousson), peut devenir un outil de self-défense exceptionnel et surprenant. L'usage du sarong est un art peu connu en Occident. Peu nombreux sont les maîtres qui ont osé s'y mettre (peu nombreux, mais éminents comme Inosanto). Tony Montana nous présente un DVD complet sur le sujet. Il met particulièrement l'accent sur la manière de le saisir dont dépend en grande partie l'apprentissage de cet art martial. Une fois cela que nous avons compris cela, nous pouvons développer une méthode pour en apprendre les différentes variantes et possibilités en utilisant des concepts philippins et indonésiens tels que la fluidité, l'harmonie dans le mouvement, les déplacements et la philosophie particulière de la culture où se développa cet art.

REF.: • SARONG1 Tous les DVDs produits par Budo International sont scell s au moyen d une tiquette holographique distinctive et sont r alis s sur support DVD-5, format MPEG-2 (jamais VCD, DICX ou similaires). De m me, l impression des jaquettes ainsi que les s rigraphies suivent les plus strictes exigences de qualit . Si ce DVD ne remplit pas ces crit res et/ou si la jaquette ou la s rigraphie ne co ncide pas avec celle que nous vous montrons ici, il s agit d une copie pirate.

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ATTENTION, NOUVEAU LIVRE ! Tucci écrit pour des lecteurs intelligents car il remet en question des valeurs généralement acceptées et il le fait à travers les grandes questions, les éternelles questions. Ses références sont, par conséquence, aussi bien les anthropologues modernes et les penseurs d'aujourd'hui que les classiques, car les grandes questions, celles qui concernent la conscience, s'alimentent des doutes et pas des certitudes. Le lecteur ne trouvera pas ici de recettes faciles, ni de discours répétitifs. L'auteur possède un critère tout à fait personnel, qu'on peut partager ou pas, mais qui est de ce fait même stimulant pour ceux qui aiment considérer les choses depuis un angle particulier et différent, une caractéristique de ceux qui utilisent l'intelligence comme un outil et pas comme un fourre-tout. Miguel Angel Cortés Secrétaire d'État à la Culture (1996-2000) Secrétaire d'État à la Coopération internationale et latino-américaine (2000-2004) Académicien correspondant de la Académie Royale des Beaux-Arts de San Fernando. Membre du patronaje du Musée National Musée Reina Sofía (Madrid) Membre de l'Architecture & Design Committee du MOMA (New York)

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Ceinture bleue Le chemin le plus court Instructeur level 1 État d'esprit : Vous faite partie maintenant des é l è v e s c o n f i r m és, vous visez la

c e i n t u re b l e ue qui représente la première grande étape dans votre carrière de Krav Maga, à partir de là, vous pouvez accéder au p re m i e r n i v e a u d'instructeur. Si jusqu'à présent, vous vous êtes vraiment investi dans l'apprentissage

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de chaque nouvelle technique en tant que débutant avide de tout assimiler, votre concentration doit redoubler d'intensité pour l'acquisition des techniques de la ceinture bleue qui traitent essentiellement des défenses aux attaques à l'arme blanche et qui représentent une des parties les plus complexes du programme. N'oubliez pas ce principe de base : dans la rue, une mauvaise défense à une attaque coup de poing peut vous valoir un bon hématome, un K.O., ou juste blesser votre ego, tandis qu'une mauvaise défense à une attaque à l'arme blanche peut vous laisser mort sur place...

But à atteindre : Maîtriser parfaitement le « 1 » (défense et contre simultané explosif) de chaque technique de défense, le reste étant important, mais parfois

inutile contre plusieurs assaillants lorsqu'il faudra seulement enchaîner les « 1 ». Niveaux par levels Level 1 : instructeur Level 2 : instructeur police Level 3 : instructeur armée Level 4 : instructeur protection rapprochée Level 5 : instructeur international Level 6 : expert instructeur

Niveaux de ceintures : Jaune - orange - verte - bleu marron - noire 1e dan 2e dan - 3e dan - 4e dan - 5e dan 1) Interrogation sur le programme des ceintures précédentes 2) Défenses 360° avec contreattaque simultanée contre un couteau Exercice à travailler des 2 côtés et à répétition afin de littéralement conditionner les mouvements de défense simple en défenses instinctives et salvatrices. Pour bien ressentir l'exercice l'attaquant est muni d'un couteau. 3) Défense contre une attaque de couteau - De haut en bas - De bas en haut - En piqué - Croisée - En revers Sur toutes les défenses couteaux, il y aura un schéma type à reproduire toujours selon les directives suivantes : A. Faire le « 1 » de manière explosive pour sauver sa vie. B. Ensuite, tout faire afin d'empêcher votre adversaire de continuer à attaquer, qu'il ne puisse à nouveau s'en prendre à vous, car en effet la plupart des agressions au couteau ne se borne pas à une attaque franche, mais plutôt à une rafale de coups meurtriers en plusieurs endroits. Ce qu'il faudra donc faire suite au « 1 », ce sera pousser (et surtout pas chercher à attraper) le bras armé jusqu'à que celui-ci se trouve dans une situation où il n'est plus assez souple pour partir vers l'arrière et amorcer une nouvelle attaque. C. Une fois que vous êtes sûr que le bras ne va plus engager une nouvelle attaque, vous devez le saisir fermement pour vous focaliser sur le désarmement du couteau. 4) Menaces couteau - De face par l'intérieur - De face par l'extérieur Pour ces deux menaces, le point fort (comme sur les menaces revolver)


sera déjà d'adopter une position de capitulation en levant les mains en l'air dans le seul but de rapprocher au maximum les mains de la menace. On ne cherchera pas ensuite à attraper la main armée, car en état de stress, vouloir attraper quoi que ce soit sera audacieux voire risqué et prendra plus de temps que de frapper la main armée, tout simplement. - De côté - De dos - Sur l'extérieur du cou - Derrière l'oreille - Sur l'autre côté du cou - En travers sous la mâchoire Pour ces types de menaces, il faudra toujours respecter la règle suivante : « Je vais dans le sens de la lame », c'est-à-dire repérer, sentir où se trouve le tranchant de la lame et surtout ne pas chercher à se dégager en se retrouvant au contact de la lame qui pourrait vous blesser. 5) Défense contre coup de poing direct au ventre Bien travailler en ligne. 6) Misra Krav : Combat léger - Un contre un debout - Un contre un au sol - Un contre un debout, finissant obligatoirement au sol Le but du Misra Krav, comme son nom l'indique, est de faire un combat en s'amusant, car ce n'est que lorsque l'on se divertit qu'on se débarrasse du stress inhérent au combat et que l'on peut alors se focaliser sur les techniques à utiliser. L'objectif est de travailler dans un climat de respect et de confiance totale avec son partenaire. 7) Low Kick paralysant sur la face antérieure de la cuisse Doigts de pied relevés de manière à rendre l'os du tibia saillant, le coup arrive d'en haut, le tibia arrive à être perpendiculaire à la cuisse de votre adversaire. 8) Menace au revolver sur une tierce personne - Hauteur du buste - Hauteur tête Bien faire attention à ne pas être trahi par la réaction d'étonnement de la victime, donc première consigne : faire signe à la victime de se taire et de ne pas vous regarder. 9) Défense sur menace revolver dans l'avion Attention, dans un avion, avant de tenter quoi que ce soit, il faut avoir (si possible) pris le temps d'analyser tout les paramètres de la situation : Combien sont-ils ? Quel type d'armes est employé ? Où orienter le tir en cas de nécessité ? 10) Désarmement sur grenade Le but sera d'étouffer le souffle provoqué par l'explosion de la

grenade en plaçant le corps du terroriste sur la grenade. 11) Ateliers successifs en courant en cercle avec alternance d'efforts

Ceinture marron Douceur, Souplesse, Flexibilité État d'esprit : Vous en êtes au stade où vous enseignez votre art aux autres tout en cherchant à approfondir vos connaissances dans le but de toujours progresser, car à ce niveau, vous allez remarquer que vous avez peut-être certaines lacunes et cela freine aujourd'hui la réalisation de certaines techniques. Mais pas d'inquiétude avec du travail tout est possible. But à atteindre : La ceinture marron, c'est la ceinture du combattant, celle qui symbolise la force et qui vous permettra de faire des combats dignes d'un professionnel. Ce qu'on attend de vous maintenant, c'est que vous utilisiez toutes les techniques connues en combat en les maîtrisant à un tel point qu'elles sont devenues des réflexes naturels, des automatismes. 1) Interrogation sur le programme des ceintures précédentes 2) Défenses contre des attaques au bâton - Défense vers l'intérieur contre une attaque au bâton de haut en bas de face (ceinture jaune) - Défense vers l'extérieur contre une attaque au bâton de haut en bas de face Pour ces deux défenses, vous devez cherchez à adopter une position de flèche avec votre corps, vous vous laissez complètement tomber vers l'avant, en avançant un pas au dernier moment pour ne pas chuter complètement ; votre corps est complètement incliné vers l'avant dans la continuité de votre bras tendu (légèrement arrondi) qui protège (au niveau du biceps) votre tête. - Défense contre bâton de côté - Défense contre bâton de côté en revers - Défense contre une attaque au bâton de côté dans les jambes Au cours de toutes les attaques bâton, le souci est qu'à cette distance, l'attaquant peut vous toucher et vous non, vous devez alors brusquement réduire la distance en essayant de prendre la place de l'agresseur. 3) Défenses contre des attaques couteau au sol - De haut en bas - De côté - En revers - En piqué

Jouez avec le fait que, dans cette position, votre adversaire voulant attaquer avec force est obligé de porter tout le poids de son corps vers l'avant, donc il vous suffit de parer et ensuite de l'amener où vous voulez en utilisant l'élan de sa propre attaque. 4) Pistolet - Menace pistolet à la gorge : pour cette menace, le point fort sera déjà d'adopter une position de capitulation en levant les mains en l'air dans le seul but de rapprocher au maximum les mains de la menace. Sortez bien le canon de l'axe de votre visage et de votre corps en mettant vos épaules en ligne vers l'adversaire. - Défense contre tentative de désarmement du pistolet dans sa gaine CLÉS : 5) Clés de poignet Clés de poignet en suivant la force de l'adversaire - Il tire vers lui - Il pousse vers moi - En diagonale 6) Clés de coude - Clé de coude avec pression de la main sur le coude - Clé de coude avec pression de l'aisselle sur le coude : pour être sûr d'être bien positionné au départ de l'exercice, pointez le ciel avec votre doigt et montez votre aisselle le plus haut possible sur l'épaule de l'adversaire puis commencez la clé. 7) Clé de poignet + Clé de coude - En finition d'étranglement de face - En amenant dans le dos en clé de police pour passage de menottes. 8) Clé en Z Pour bien réussir une clé en Z, il est primordial que vous plaquiez et enfonciez la main de votre adversaire très fort sur votre torse, de manière à ce que sa main et votre corps ne fasse qu'un, de manière à faire tourner votre corps avec sa main, et cela même s'il résiste très fort. 9) Défense contre coup de poing direct en parade glissée - En glissant au-dessus du bras de l'adversaire - En glissant en dessous du bras de l'adversaire 10) Esquives de base de la Boxe anglaise + enchaînement des 2-3 coups de poings 11) Ateliers successifs en courant en cercle avec alternance d'efforts.

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Texte et photos : Salvador Herráiz, 7e Dan de Karaté. Matsuyama (Okinawa)

Grands Maîtres

On sait qu'à Okinawa, le berceau du Karaté, il existe une multitude d'organisations et de fédérations et que chacune fonctionne à part, même si elles célèbrent parfois des actes conjoints. L'organisation la plus importante actuellement est peut-être l'Okinawa Rengokai, dont Salvador Herraiz nous présente aujourd'hui le président, le maître Isamu Arakaki, 10e Dan et élève de feu Yochoku Higa.

Isamu Arakaki, 10e Dan de Karaté, le pouvoir d'Okinawa

C’

est l'été, il est encore tôt, mais du fait du c l i m a t subtropical d'Okinawa, mon tee-shirt dégouline de sueur et termine dans une poubelle. Heureusement, j'en ai un autre dans mon sac à dos. Je serai plus présentable quand j'arriverai à la maison du maître Isamu Arakaki avec qui j'ai aujourd'hui rendez-vous. La maison, de très belle apparence (très différente de

l'austérité de certaines autres), montre que son propriétaire est une personne fortunée, occupant une bonne position. Arakaki est en effet également vice-président à Okinawa du fameux Rotary Club, créé à Evanston en Illinois (États-Unis) par Paul Harris en 1905. Le Rotary club possède plus d'un million de membres dans de monde entier et il est actuellement présidé par Jhon Kenny. Mais ne nous éloignons pas de notre sujet. Dans sa maison, située dans le quartier de Matsuyama à

Naha, Isamu Arakaki sensei possède un très beau dojo dont les décorations et les souvenirs montrent qu'en plus du Karaté, Arakaki a une autre passion, la fête traditionnelle du tir à la corde dont il est le président de l'une des confréries. J'avais déjà pu, l'année dernière, apprécier la technique d'Arakaki sensei au Budokan de la préfecture, mais je préfère toujours voir un maître dans son ambiance quotidienne, dans son dojo, avec ses affaires, ses souvenirs, sa vie.

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B u d o Inter national : Sensei, parleznous, s'il vous plaît, de votre travail à la tête de la Rengokai à Okinawa ? Isamu Araraki : D'accord, mais permet-moi de t'expliquer avant un peu de l'histoire de la Rengokai. Son premier nom fut Konwakai, qui signifie « groupe d'étude du Karaté réuni ». Le premier président fut M. Taba qui était le président de la Banque des Ryukyu. Le président suivant fut M. Inamine, gouverneur d'Okinawa. Le troisième fut M. Agarie, professeur d'université. Le quatrième fut M. Masanobu Goya, président de la plus grande entreprise de construction d'Okinawa. Ces quatre personnes n'étaient pas des hommes du Karaté d'Okinawa même si elles y consacrèrent leurs efforts pendant plus de 20 ans. Je suis le cinquième président et j'accomplis les désirs de Goya (c'est lui qui me le proposa) d'être un homme du Karaté. Plus de 40 groupes font partie de la Rengokai. Dernièrement, de nombreux karatékas ont été formés par des maîtres de la Rengokai. On y trouve beaucoup de maîtres enseignant les styles Shorin Ryu, Goju Ryu, Uechi Ryu et Kobudo.

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« Isamu Arakaki fut élève du prestigieux maître, aujourd'hui décédé, Yuchoku Higa, élève à son tour de Choshin Chibana. » Nous avons 17 maîtres possédant le rang de 10e Dan. Mon travail consiste à préserver le véritable Karaté qui naquit dans la culture traditionnelle d'Okinawa. Ma mission consiste également à faire en sorte que les karatékas d'Okinawa conservent la forme originale des katas. B.I. : Combien de dojos font partie de la Rengokai à Okinawa ? I.A. : Il y a actuellement 83 dojos. La Rengokai d'Okinawa est peut-être l'organisation de Karaté la plus prestigieuse de l'île et sûrement la plus grande et aujourd'hui, le jour de notre rendez-vous, Isamu Arakaki a justement une réunion avec les responsables de trois autres organisations importantes. B.I. : Maître, qui sont vos camarades de réunion aujourd'hui ?

I.A. : Miyagi Takeshi, de l'Okinawan Ken Karatedo Renmei, qui était présidé auparavant par Yoshio Hichiya, le maître d'Uechi Ryu, Sueyoshi Senaha, du Zen Okinawan Karatedo Renmei et le maître de Matsubayashi Ryu, Isao Shima, de l'Okinawan Karate & Kobudo Renmei Isamu Arakaki fut l'élève du prestigieux maître, aujourd'hui décédé, Yuchoku Higa, élève à son tour de Choshin Chibana. B.I. : Quel souvenir avez-vous du maître Yuchoku Higa ? I.A. : Quand j'avais 12 ans, je souffrais de malnutrition et j'étais très maigre. Mon père m'emmena alors pratiquer le Karaté à l'école de son ami Yuchoku. Plus tard, je suis allé à l'Université du Japon, à Tokyo. Quand j'ai obtenu mon diplôme là-bas, j'ai commencé à travailler comme professeur dans un collège et je me suis mis à pratiquer très sérieusement, jusqu'à obtenir le 5e Dan. Je m'entraînais le lundi, le mercredi et le vendredi. Ensuite, quand j'ai obtenu le 6e Dan, j'ai été invité à l'entraînement spécial du dimanche. Yushoku Higa était alors déjà âgé. Il voulait transmettre son héritage martial et ses connaissances aux cinq personnes de ce groupe : Toma, Goya, Chinen, Oshiro et moi-même. Il nous donnait cours tous les dimanches. Nous avons établi un accord avec lui qui consistait à aller pratiquer tous les dimanches très tôt, à 6h du matin. Même si nous étions grippés, nous devions y aller. Ce cours était très strict. Je l'ai suivi pendant 16 ans et je suis devenu un


professeur de Karaté assez réputé. Comme nous devions beaucoup pratiquer, il est vrai que j'ai causé beaucoup de problèmes à ma famille. Le maître Yuchoku Higa avait coutume de nous dire que nous ne pouvions nous entraîner sans la compréhension de nos épouses. À un moment donné, Yushoku Higa se mit à détester celui qui ne pratiquait pas. C'est lui qui m'ôta beaucoup de la plupart de mes mauvaises habitudes. Nous avions parfois des leçons secrètes très peu habituelles. Sans aucun doute, l'âme du Karaté réside dans le fait que le Karaté commence avec tsuki et termine avec tsuki. Il nous fit beaucoup pratiquer le kata Naifanshi. Il est curieux qu'Isamu Arakaki n'ait pas mentionné parmi ces cinq maîtres appelés à être les héritiers du savoir de Yuchoku, le neveu de celui-ci, Minoru Higa, qui enseigne aujourd'hui dans le dojo Kyudokan original de son célèbre oncle. Il se peut que ce soit parce que Minoru se trouvait hors d'Okinawa, en train d'étudier le Judo à la demande de son oncle, mais pour si jamais et comme je ne veux mettre le doigt dans aucune blessure possible, je préfère rester prudent et lui demander simplement… B.I. : Quelle est votre relation avec Minoru Higa, le neveu et l'héritier de Yuchoku ? I.A. : Nous sommes comme des frères. Nous avons le même âge, nous avons étudié ensemble à l'école et en secondaire aussi. Nous avons en outre pratiqué ensemble le Karaté dans le dojo de Yuchoku Higa. Nos vies ont été parallèles. Il est vrai que la relation actuelle entre Isamu et Minoru n'est pas mauvaise, loin de là. Il y a peu, ils se rendirent ensemble

aux États-Unis pour un festival okinawaiien qui y était célébré. Mais la relation entre Arakaki et Yuchoku Higa, quant à elle, n'alla pas toujours comme sur des roulettes. De fait, pendant un temps, Arakaki et beaucoup d'autres vétérans abandonnèrent le maître en raison de son son excès de secrétisme par rapport à son enseignement, car ils considéraient que le maître possédait beaucoup de connaissances qu'il ne partageait pas. Dans le cas d'Arakaki, c'est son épouse qui lui fit reconsidérer les choses et incita Isamu à retourner chez son maître. Une chose qu'il fit heureusement sans que cela ne dérange Yuchoku outre mesure. Je parle de toutes sortes de choses avec Arakaki et le nom du maître Koshin

Iha, 10e Dan de Goju Ryu, apparaît dans la conversation. Koshin Iha provient du Jundokan d'Eiichi Miyazato, bien qu'il fut écarté de ce dojo un peu après la mort de son maître (et avant le nouveau cap pris par l'actuel leader du dojo, Yoshihiro, le fils d'Eiichi). Certaines informations récentes semblaient indiquer que Koshin était décédé, ce qui me peinait pour le fait en lui-même et parce qu'à peine un an auparavant, je l'avais rencontré dans l'île. Arakaki sensei me regarda d'un air bizarre lorsque je mentionnai un possible décès et promptement, il prit son GSM et fit le numéro tout en me demandant : « Koshin Iha, du Goju Ryu ? ». Après une brève conversation, cocasse, j'imagine, il raccrocha et me dit : « Non, il n'est pas mort. Il est bien vivant ! » Je m'en réjouis.

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Vous voyez, on ne peut pas se fier d'Inter net. Il vaut mieux que nous continuions là où nous en étions. B.I. : Sensei Arakaki, quels d i f f é r e n c e s techniques existe-til entre le To De d'il y a 100 ans et le Karaté actuel ? I.A. : Je n'ai pas connu le To De d'il y a 100 ans, mais quoi qu'il en soit, laisse-moi t'expliquer quelque chose à propos des changements de noms du Karaté. Il fut d'abord appelé Ti (Te). Ensuite, Irikume, faisant référence au Kamae (garde) où les poignets des adversaires se touchent. Après, il fut appelé To Di. Plus tard, Karaté. Et finalement, Karaté-do. Le nom de « To Di » et celui de Karaté peuvent se prononcer tous les deux /karaté/. La Chine exerça une grande influence sur la culture du Karaté d'Okinawa, le Karaté fut donc appelé pendant un certain temps To De. Le 25 octobre 1936, le nom de « To De » devient celui de « Karaté ». Aujourd'hui encore, parfois, à Okinawa, le Karaté est appelé Ti. Il s'agit de la fameuse réunion de 1936, célébrée au Showa Kaika d'Asahi. Une année plus tard, plusieurs de ces maîtres et quelques-uns en plus se réunirent pour formaliser les katas avec la fondation de la Société de promotion du Karaté. Sans nul doute, pour Arakaki sensei, le Karaté d'Okinawa fait partie de sa culture et il

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« Le poids de la tradition et de la culture d'Okinawa, pour ne pas parler du sens commun, nous indique que le Karaté est un art martial et pas un jeu. » n'aime pas que l'on s'y réfère comme un sport et un sport de compétition. « Il est malheureux que le Karaté se voit mêlé, influencé et confondu avec les sports et les tournois. Le Karaté est culture traditionnelle d'Okinawa. » Isamu s'est toujours positionné très clairement à ce sujet et sans laisser le moindre doute, il maintient que « trop dangereux pour être utilisé dans les compétitions sportives, le Karaté d'Okinawa a été affecté par les nombreuses difficultés que représenta l'introduction de la compétition. Le sport, nous dit-il, devrait être quelque chose d'amusant, mais étant donné la réputation sportive, le prestige national et l'orgueil personnel mis en jeu, il soulève les passions, et le sens commun et les bonnes manières disparaissent rapidement. L'absence de compétition dans le Karaté d'Okinawa lui a permis de survivre, sans aucun compromis, comme un art martial pur, alors dans le monde du Karaté sportif, l'hostilité, la méfiance et les soupçons continus des règles de compétition ont créé le chaos.

Pour Isamu Arakaki, sa mission est très claire en ce moment de l'histoire du Karaté et il lutte contre une compétition mal comprise, qui nuit à l'esprit du Karaté. I.A. : Le poids de la tradition et de la culture d'Okinawa, pour ne pas parler du sens commun, nous indique que le Karaté est un art martial et pas un jeu. Nous n'avons pas, dans nos pensées, la préoccupation d'avoir un jour à affronter notre camarade de pratique dans une compétition. Nous ne pensons qu'à progresser comme karatéka, comme être humain et dès lors également comme citoyens du monde. Pour nous, le dojo est un endroit sacré, où ses membres se réjouissent d'y être et améliorent la technique apprise, admettent leurs faiblesses et trouvent la manière de les dépasser. C'est vrai aussi bien pour les plus jeunes enfants que pour les pratiquants les plus âgés. Le dojo n'est pas un endroit de conflit, avec une discipline draconienne et une brutalité insensée, il doit au contraire y avoir une harmonie parfaite créée par l'effort commun de ceux qui ont les mêmes objectifs et les mêmes aspirations. Cette pensée, partagée ou pas par chacun, représente cependant ce que le Karaté ne dut jamais cesser d'être, servant de pratique pour le développement personnel à différents niveaux et dans une ambiance adéquate d'amitié, loin de toute comparaison. I.A. : L'esprit du Karaté Do qui provient d'Okinawa nous pousse à tendre la main


Grands Maîtres de l'amitié et à offrir de partager notre connaissance du Karaté avec celui qui est sincère dans son désir de l'étudier selon son objectif original. Pour y parvenir avec bonheur, nous abandonnons et nous renonçons au concept de promotion à travers la compétition et nous demandons à tout le monde de considérer le Karaté dans son contexte culturel et historique, ce qui est étonnamment positif et salutaire.

On vérifie une fois de plus que le Japonais en général et l'Okinawaiien en particulier, malgré son amabilité et sa courtoisie, ne disent que ce qu'ils veulent et, tranquillement et subtilement, ils ferment les portes des voies qu'ils ne veulent pas parcourir. Et je ne trouve pas ça mal, mais j'insisterai quand même un peu plus sur le thème des relations entre les maîtres pour le cas où j'aurais plus de chance.

Plus tard, sur le tatami de son dojo, Arakaki sensei me parla de l'élément capital du Karaté : « Dans le Karaté, en tant que partie de la culture d'Okinawa, le kata est le plus important. Il y a en lui de nombreuses techniques et il ne faut pas oublier que le découpage du kata est différent suivant la profondeur de notre recherche et notre pratique de celui-ci. » En faisant le kata, il me commente les détails techniques et m'explique que les miroirs qui recouvrent une grande partie des murs du dojo l'aident à parfaire les détails techniques.

B.I. : Sensei, comment sont les relations entre les maîtres d'Okinawa et les maîtres japonais ? I.A. : Le Karaté japonais et okinawaiien sont très différents, leurs maîtres respectifs également. Actuellement, beaucoup de karatékas, avec de nombreuses années de pratique derrière eux, viennent soudain à Okinawa. Je me charge alors de leur offrir des stages avec nos maîtres de la Rengokai, que ce soit de Shorin Ryu, Goju Ryu, Ueshi Ryu ou Kobudo.

B.I. : Maître, quelle est la relation entre les différents maîtres de Karaté à Okinawa ? I.A. : Tu sais qu'il existe trois grandes écoles, Shorin Ryu, Goju Ryu et Ueshi Ryu. Je t'ai déjà expliqué auparavant notre organisation et il n'y a pas grandchose de plus à dire à ce sujet.

Je pense que c'est vrai, que beaucoup de karatékas, avec de nombreuses années de Karaté derrière eux, ont envie de reprendre une voie plus traditionnelle, plus authentique. Je pratique un Karaté typiquement japonais (Wado Ryu) et je continuerai de le faire, mais je le fais de plus en plus avec un

esprit plus okinawaiien, plus éloigné des maux qui bousculent le Karaté occidental… et malheureusement, le japonais également. I.A. : À Okinawa, le Karaté est comme il a toujours été. Peut-être à cause de notre orgueil, peut-être du fait de notre relatif isolement dans la mer de Chine orientale, peut-être aussi du fait de la vie paisible de notre île subtropicale qui est plus tranquille. Ce qui est sûr, c'est que dans le reste du monde, le Karaté a énormément changé. L'ambiance d'Okinawa, avec bien sûr des exceptions comme il y en a partout, est un bouillon de culture idéal pour le bon développement du véritable Karaté. B.I. : Quelque chose de plus, Maître Arakaki ? I.A. : Nous devons perfectionner notre Karaté à travers le kata. Pour cela, le Karaté occidental est en train de beaucoup changer et je recommande aux Occidentaux de visiter Okinawa à la recherche des racines du vieux et du véritable Karaté. Humblement… je le recommande moi aussi avec ferveur.

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Reportage

Une vie qui tient à un fil Peu de combattants ont autant dominé dans le MMA que Paulo Filho. En 2006, après avoir battu Murilo Ninja et Misaki au Pride GP 2006, Paulo en vint même à être considéré par beaucoup comme le numéro deux mondial dans la catégorie des -84 kg. Mais il entra dans un processus d'addiction qui commença par l'usage d'un produit thermogène, le Ripped Fuel, puis il utilisa un anxiolytique, le Rohypnol, et aujourd'hui, il s'agit du Potenay, un stimulant circulatoire d'usage vétérinaire. Avec tout cela, Paulo a mi sa vie en danger de forme presque suicidaire. Texte et photos : Marcelo Alonso & Colin Foster

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Paulo se fait tirer les oreilles par ses parents, Adenilde et Paulo, qui ont aujourd'hui eux aussi de sérieux problèmes de santé.

La révélation

Ripped Fuel, le début de tout

« Ça ne sert à rien de le nier. Paulo a besoin d'être interné d'urgence sinon sa vie risque d'avoir une fin tragique et malheureuse, probablement sur un ring. » C'est là l'émouvant commentaire que Rodrigo Riscado, combattant et manager, fit de lui dans une lettre ouverte publiée par le « PVT Mag », le 18 octobre. Il mit en évidence un problème que tous, dans le monde de la lutte, connaissaient tout en ne sachant pas à quel point il en était. Il y a quatre mois, Rodrigo Riscado emmena Paulo Filho vivre à Campos, dans sa ville. Connaissant le potentiel du combattant, Rodrigo utilisa son influence pour obtenir des sponsors pour lui. Vivant quotidiennement avec Paulo, Riscado se mit à l'admirer encore plus : « En plus d'être une personne merveilleuse, c'est l'un des plus grands connaisseurs de Jiu-Jitsu et de MMA que j'aie jamais vu. Il n'y a pas deux talents comme le sien. S'il voulait bien s'aider luimême et se remettre à l'entraînement, il n'y en aurait pas un qui pourrait le battre. » Mais d'un autre côté, impressionné par la forte dose de médicaments que le combattant prenait chaque jour, il le convainquit d'aller voir un médecin. « Quand Paulo dit au médecin quelle quantité de Rohypnol et de Potenay il prenait par jour, le médecin déclara que c'était un miracle qu'il ne lui soit encore rien arrivé », se souvient Riscado. Mais il fut inquiet quand Paulo refusa de prendre les médicaments alternatifs qu'on lui avait donné en remplacement du Potenay. « J'ai caché ses médicaments pour qu'il ne les prenne pas, et j'ai essayé de réduire la dose, mais ce fut inutile. » Ce processus autodestructeur culmina dans le X-combat réalisé à Campos, un combat contre le Français Norman Paraisy. Paulo arriva à la rencontre avec un important surpoids, comme à l'habitude.

En réalité, le mécanisme qui conduisit l'un des plus grands combattants brésiliens à en arriver au stade actuel n'a rien à voir avec la génétique. Très compulsif, Paulo prit contact avec les suppléments thermogènes (contenant de l'éphédrine) il y a 10 ans et depuis lors, il les prend à très forte dose, pour

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Grands Combattants - comme il dit - « sécher et augmenter la disposition aux entraînements ». Les six comprimés de Ripped Fuel qu'il consommait quotidiennement finirent par engendrer de sérieux problèmes pour dormir. Au cours de son premier voyage au Japon pour affronter Deichiro Yamamya au Deep en janvier 2001, il découvrit « l'antidote » qui allait faire de sa vie un enfer : un anxiolytique, le Rohypnol

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(Flunitrazépam). « En réalité, je suis allé acheté du Dormidina à la pharmacie, mais comme il n'en avait pas, le pharmacien m'a vendu du Rohypnol. » Ce médicament qui ne peut être vendu sans ordonnance modifia tellement la vie de Paulo qu'il finit par faire de son corps un laboratoire, une centrale chimique qui avait besoin d'éphédrine pour se connecter et de Flunitrazépam pour se déconnecter.

Dans ce mécanisme fou de connexion et de déconnexion, il eut besoin de doses de plus en plus élevées et commença à remplacer les comprimés thermogènes par l'anabolisant pour cheval, le Potenay, des ampoules d'usage intramusculaire très peu coûteuses. Et pour contrôler la tachycardie provoquée par ce médicament, Filho se mit à prendre encore plus de pastilles de Rohypnol.


Le problème de Paulo attira l'attention de ses fans en 2008, après sa défaite face à Chael Sonnen au WEC, qui finalisa le Brésilien et lui prit sa ceinture. À partir de là, sa carrière commença à s'effondrer avec la même intensité qu'elle avait prospéré. Il a peut-être touché le fond en octobre, après une période frustrée de quatre

mois à Campos dos Goytacazes (Rio de Janeiro). L'idée d'aller à Campos fut celle de son ami à l'époque, Rodrigo Riscado, après avoir assisté à la préoccupante exhibition de mai, quand il atteint le poids deux heures avant d'affronter Norman Paraisy au XCombat. L'idée, c'était que l'isolement à Campos dos Goytacazes puisse faire l'effet d'une retraite spirituelle, mais ce ne fut pas le cas, comme le déclara Riscado dans la lettre envoyée en exclusivité au « PVT Mag » : « Il n'a pas cessé un seul jour de prendre le Rohypnol et le Potenay. Il suffit de voir les marques des piqûres sur ses deux bras. Paulo a besoin d'être interné d'urgence sinon il va mourir. J'ai fait le possible et l'impossible pour le libérer de ces vices, mais je n'y suis pas parvenu, se lamente Riscado. Paulo

est arrivé à Campos avec quelques vêtements de rechange, et prenant 60 comprimés de Rohypnol par jour et quatre flacons de Potenay à la fois. J'aurais aimé avoir filmé la réaction du premier médecin chez qui je l'ai amené quand il lui commenta les quantités qu'il prenait. C'est un miracle qu'il ne lui soit encore rien arrivé. » Bien que cette période à Campos se soit terminée par un retour intempestif à Niteroi, Riscado reste disposé à l'aider. « Paulo est le plus grand phénomène que j'ai jamais vu, je ne savais pas qu'il possédait autant de connaissances. C'est un mutant. Il fait des choses sans les entraîner que beaucoup seraient incapables de faire après des heures et des heures de travail. Nous allons réessayer et je vais l'aider de nouveau, même du point de vue économique si nécessaire. Je sais qu'il est malade et j'espère, mon Dieu, qu'il reconnaîtra un jour ses erreurs et qu'il pourra vivre en paix. »

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Reportage « Je suis clean », assure Paulo Les déclarations de Riscado ne plurent pas du tout à Paulo qui assure avoir vaincu son vice du Rohypnol et du Potenay. Il accuse Riscado de ne pas lui avoir remis la valeur de la bourse de l'Amazon FC quand il fit match nul contre Satoshi Ishii. « J'ai laissé Riscado faire de manager pour moi, il a été payé et me doit la valeur de la bourse. J'espère qu'il fera acte de conscience, qu'il mettra la main dans sa poche et me paiera ce qu'il me doit. Quand il me paiera, tout sera terminé. J'attends, mais mes revenus ne peuvent attendre, mes revenus sont insuffisants et j'ai même été menacé pour mauvais payeur, accuse le lutteur. J'ai pu cesser de prendre des médicaments, ce fut très difficile, et depuis un mois, je suis clean. J'ai décidé que je ne voulais pas continuer et ce fut fini. Par amour pour le sport, la famille et les amis, j'ai pris la décision de complètement cesser de me droguer. » Quand la polémique avec Riscado eut fait le tour du monde, Paulo déclara au magazine Tatame qu'il se retirait. Quelques jours plus tard, il réapparut dans une vidéo faite par son manager Fred Fontes dans laquelle il affirmait qu'il allait seulement se donner un

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temps et qu'il était même en train de penser à passer ensuite dans les milourds. « J'ai d'abord besoin de me centrer. Ensuite, revenir avec une équipe forte et reprendre sérieusement les entraînements. Je veux vraiment réactiver la passion que je sens pour le sport. Je veux et j'ai besoin d'un temps. Je suis également en train de penser, après le combat en Pologne, à descendre à 77 kg, mais on verra », a-t-il commenté. La vérité, c'est que Paulo Filho, dans sa situation, a besoin de soins. Tout comme beaucoup, nous sommes nous aussi inquiets pour lui. Nous avons donc été voir son médecin psychiatre et nous lui avons posé une série de questions.

Que dit le psychiatre • Quel risque Paulo court-il ? Le Rohypnol appartient à un groupe de médicaments appelés benzodiazépines. Ce médicament est d'usage contrôlé et il est utilisé comme stupéfiant. Sa substance active - le flunitrazépam - est capable de produire un sommeil semblable au sommeil normal. Les hypnotiques se caractérisent par le commencement rapide de l'action et un court temps d'élimination. Ils remplissent ainsi la fonction d'induire au sommeil

sans nuire au rendement du lendemain. Un grand désavantage des tranquillisants est leur temps limité d'action efficace. La plupart du temps, les benzodiazépines aident seulement les deux premiers mois. Passé ce temps, en général, il faut élever la dose et l'on n'obtient plus la même efficacité que la première fois. Il existe une crainte excessive au sein de la population en ce qui concerne les dommages provoqués par les hypnotiques et leur induction potentielle d'une dépendance. La dépendance peut se produire, mais elle est généralement réversible et inoffensive. On confond souvent la permanence du problème avec la dépendance quand on suspend le médicament. Il est vrai qu'il est très difficile de différencier ces deux possibilités. Les patients qui éprouvent des difficultés à interrompre le traitement ont généralement des problèmes, voire des dérangements de la personnalité et pas nécessairement une dépendance chimique irréversible. C'est la même chose avec les autres benzodiazépines, la dose excessive ne représente pas un risque pour la vie, à moins qu'on ne les combine avec d'autres dépresseurs du système nerveux central tels que l'alcool. La dose excessive de benzodiazépines se manifeste généralement par des degrés variés de dépressions du système nerveux, allant de la somnolence au coma. Dans les cas légers, la symptomatologie inclut la somnolence, la confusion mentale et la léthargie ; dans les cas plus graves, la symptomatologie peut inclure l'ataxie, l'hypotonie, l'hypotension, la dépression respiratoire et plus rarement, le coma et la mort. En ce qui concerne le Potenay, celui-ci contient une substance chimique de la famille des amphétamines, le sulfate de méphentermine, présente aujourd'hui dans des médicaments d'usage vétérinaire. Il a déjà été utilisé sur des êtres humaines comme hypertensif post anesthésie, mais en l'absence d'un contrôle de la réponse hypertensive de l'individu, l'usage chez les êtres humains de la méphentermine fut écarté. Certains athlètes font usage de cette substance en tant que thermogène et revigorante, mais cet usage peut provoquer la dépendance et la mort. Cet athlète utilise donc deux substances possédant des effets pharmacologiques différents et, pourquoi ne pas le dire, opposés. L'un est un dépresseur du système nerveux central, le Rohypnol, probablement pour tranquilliser et éviter les convulsions (dans une interview, il parlait de convulsions et de tremblements) et l'autre substance, le sulfate de méphentermime (Potenay),


a un effet stimulant, énergisant et revigorant. L'usage du Potenay par certains athlètes fut une nouvelle quand il provoqua la mort d'un combattant sur le ring. Ce médicament peut provoquer arythmie cardiaque, hémorragie cérébrale et par conséquent la mort subite. • Comment traiter ce type de dépendance ? Les deux médicaments utilisés peuvent provoquer une dépendance chimique. Pour traiter ce type de dépendance, un inter nement psychiatrique est nécessaire, la réduction progressive de la dose, l'appui de la famille, une approche multidisciplinaire et un long suivi psychologique. • L'athlète continue de se battre. Ne vaudrait-il pas mieux qu'il abandonne la carrière de combattant ? S'il suit un traitement, il peut continuer de se battre. Si c'est le moyen qu'il a de gagner sa vie, abandonner la carrière de combattant peut être pire que le problème psychiatrique, qui est le principal problème en question (perturbation de la personnalité, faible auto-estime probable). Si son problème était un problème cardiaque, il se serait compliqué avec l'usage du Potenay à ces doses. Les athlètes de la lutte en général et tous les athlètes sportifs où le poids corporel est un facteur déterminant ont tendance à être un peu obsédé par l'image. Ils finissent alors par développer des troubles psychiatriques et alimentaires. Les athlètes féminines de ballet ou de natation synchronisée, par exemple, on une plus grande propension aux désordres alimentaires comme la boulimie et l'anorexie. En outre, les deux substances sont considérées comme dopantes par la WADA (World Anti Doping Agency). Le sportif qui use ou a en son pouvoir de telles substances est généralement expulsé du sport. • Comment parvient-on à survivre à une charge excessive de médicaments sans se rendre compte du danger ? Comme je l'ai dit antérieurement, l'overdose de Rohypnol ne représente pas un risque pour la vie, à moins d'être combinée à d'autres dépresseurs du système nerveux central tels que l'alcool. La plupart du temps, les benzodiazépines n'aident que les deux premiers mois. Après la dose doit être augmentée et on n'obtient plus la même efficacité que la première fois. À ma connaissance, il a utilisé ce médicament pendant plus d'une dizaine d'années.

En ce qui concerne le Potenay, comme il s'agit d'un stimulant, il fait l'effet de l'adrénaline et d'un activateur et il s'oppose à l'effet du Rohypnol qui est un sédatif. Ce médicament peut, lui, être mortel, surtout s'il est utilisé avant une activité physique quelconque. Comme il n'a pas encore fait de dommage jusqu'à présent, il est probable que l'athlète possède une bonne santé cardiaque. • Dans son cas, a-t-il besoin spécifiquement d'un traitement psychologique ? Non seulement un traitement psychologique, mais également un internement psychiatrique et une approche multidisciplinaire qui inclut médecin psychiatre, psychologue, infirmerie, éducateur physique, thérapeutes occupationnels, assistant social et principalement l'appui de la famille. Il est probable que le problème de l'athlète soit plus de perturbation de la personnalité que d'une dépendance chimique proprement dite.

Trois cas d'addiction dans le monde de la Lutte Du fait de l'article paru dans le « PVT Mag », beaucoup nous accusèrent de faire du sensationnalisme avec le drame particulier de Paulo. L'ex joueur Casagrande, qui vécut un drame similaire à celui de Paulo, donna une bonne réponse à ces critiques dans le récit qu'il fit dans le programme de télévision « Domingão do Faustão » : « Le premier pas pour qu'un toxicomane guérisse de son problème, c'est d'admettre que le problème existe. » Jean Mesquita est mort d'un arrêt cardio-respiratoire alors qu'il était en train de se battre contre Rogerio Minotouro au Mondial de Jiu-Jitsu en 2000. L'autopsie révéla que le Potenay avait provoqué la mort du combattant. Après avoir vaincu le champion du Pride GP et avoir gagné la ceinture du WEC, Paulo en vint à être considéré comme le numéro deux mondial. Comme il ne s'entraînait plus, Paulo commença à se battre pour obtenir de l'argent pour acheter ses médicaments, le Potenay et le Rohypnol. Et alors qu'il ne s'était pas

entraîné et qu'il était sous l'effet des drogues, Paulo Filho put réaliser trois rounds dans les mêmes conditions que l'athlète Satoshi Ishi. Imaginez ce qu'il aurait été capable de faire s'il avait été libre de toute drogue et s'il s'était entraîné ! Mark Ker et Fernando Tereré sont d'autres exemples de l'effet dévastateur des drogues dans le monde des combats.

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Pour le Sifu Cangelosi, il n'y a qu'un Kung-Fu, où les styles ne sont que des branches d'un même tronc et un véritable expert martial doit toutes les étudier. Cette fois, il nous présente un travail sur le Chin Na, l'art de la saisie et du contrôle de l'adversaire. Il ne s'agit pas d'une méthode traditionnelle de combat, mais d'un bagage technique étendu et sophistiqué, présent dans tous les styles d'arts martiaux chinois, en particulier le Tang Lang, le Pa Kua ou le Tai Chi Chuan. Au fil des siècles, il a souffert une évolution technique et incorporé des techniques de clés articulaires, de pression sur les points nerveux, de blocages de tendons et de muscles, d'étranglements respiratoires et sanguins, de projections et certains coups et percussions. Dans ses niveaux les plus avancés, le Chin Na cherche toujours la voie de l'énergie, du Chi, et devient une arme formidable dont la puissance et l'efficacité peuvent se moduler, conservant ainsi le respect le plus absolu de l'adversaire. Une excellente alternative pour résoudre, sans dommages, une situation de confrontation.

REF.: • PC3

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