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TAEKWONDO I.T.F.

CINÉMA MARTIAL

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Bola Yeung fut probablement le dernier élève de Bruce Lee à Hong Kong. Il ressort en effet de ses récits que Bolo Yeung fut la personne avec qui il s'entraîna et passa le plus de temps à Hong Kong, devenant ainsi le témoin direct de nombreuses facettes du Petit Dragon à ce jour totalement méconnues. Mais Bolo Yeung n'eut pas seulement l'occasion de pratiquer avec Bruce Lee, il fut également l'entraîneur physique et entraîneur d'arts martiaux de son fils, quand ce dernier s'en fut à Hong Kong pour tourner « Legacy of Rage ».

Carlos réalisa certaines de nos premières vidéos, telles que « Taekwondo, les techniques de jambes », où ses connaissances techniques et ses habiletés en tant que professeur transparaissaient clairement. Mais en dehors des nombreuses occasions de collaborations que nous avons eues, j'ai toujours observé chez lui une même disposition et un même dévouement sans jamais perdre une once d'enthousiasme, à la fois rêveur indestructible et hombre réaliste et pragmatique, fidèle à ses racines, à son professeur et à son art.

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850e ANNIVERSAIRE DE LA CRÉATION DE L'ORDRE MILITAIRE D'AVIZ En raison du 850e anniversaire de la création de l'ordre militaire d'Aviz et de la présentation des cadets de la Défense du Portugal, le général de brigade Santiago Sanchis et le lieutenant colonel George Berghorn (USACC - United Stades Army Cadet Command) se rendirent au Portugal pendant une semaine en avril-mai dernier. Des journées d'actes civils et militaires, des repas de galas, des défilés, des interviews, une visite aux musées naval et militaire, une réunion avec les hauts commandements militaires à la frégate Fernando II e Gloria de 1843, en parfait état de conservation et où l'école nautique supérieure de la marine portugaise réalise ses cours et ses pratiques.

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BUDO INTERNATIONAL DANS LE MONDE Budo International est un groupe éditorial international spécialisé dans les Arts Martiaux. Unique organe de presse à vendre une revue spécialisée dans les Arts Martiaux en six langues et dans le monde entier, il est en contact avec toutes les grandes compagnies spécialisées dans son domaine. Budo International touche plus de cinquante pays.

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LUTTE OLYMPIQUE

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Il est curieux de voir comment, dans certains pays d'Occident où ce sport existe depuis des siècles, les masses se sentent plus attirées par les styles de combat orientaux tels que le Judo et les arts martiaux chinois et japonais, sans se rendre compte de l'efficacité de leurs propres styles de combat occidentaux tels que la Lutte libre olympique. Faisons remarquer qu'actuellement, la majorités des lutteurs professionnels de Vale Tudo ou de Mix Martial Arts n'ont pas seulement incorporé les techniques de 26 Lutte libre dans leur arsenal de combat, mais encore qu'une grande partie de leur entraînement physique est directement influencée par les méthodes d'entraînement de la Lutte libre olympique.

KARATÉ-DO À la mort de Masatoshi Nakayama en 1987, le Shotokan de la Japan Karate Association se d é s a g r é g e a irrémédiablement. En réalité, plusieurs années auparavant, Hirokaza Kanazawa en avait déjà été expulsé. Il avait formé une nouvelle organisation qui avait réussi et survit actuellement. Mais avec la p. 50 disparition de Nakayana, véritable âme de la JKA originale, celle-ci se disloqua petit à petit et chaque maître important créa sa propre ligne. L'un des principaux maîtres qui continua ainsi son propre chemin fut indiscutablement le maître Taiji Kase.

SHAOLIN

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Nous vous parlons aujourd'hui dans ces pages de l'un des spectaculaires héritiers de Shaolin, Shi Miaozhi, qui enseigne à Madrid. Lui et Zhu Qihui, un autre élève de Shi de Yang à Valence, se sont proposés de terminer un travail commencé par mon respectable ami Shi de Yang depuis de nombreuses années et avec beaucoup d'efforts (et il ne serait pas juste de laisser de côté dans ce rapide résumé le moine espagnol Huang Aguilar) : celui de transmettre en Occident les enseignements du véritable Shaolin.

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« Le monde est incompréhensible. Nous ne le comprendrons jamais. Nous ne dévoilerons jamais ses secrets. Nous devons le traiter tel qu'il est, un mystère absolu. » Carlos Castaneda ous aurons beau étudier, nous aurons beau accumuler des savoirs, l'amplitude de notre connaissance ne sera jamais qu'une partie infinitésimale de la totalité de tout ce qui est. Cela ne doit pas décourager (et ne découragera pas !) la race humaine dans sa poursuite de la connaissance, dans sa tentative de compréhension et de maîtrise, parce que nous sommes de drôles de bêtes et parce que l'envie rapace de tout dévorer est plus fort que nous, le commandement suprême et silencieux du désir d'immortalité « il ne peut en rester qu'un », celui de convertir les protéines de toutes les espèces en nos propres protéines. Tout connaître est impossible. C'est un axiome incontestable, parce que le tout ne rentre pas dans la partie. Vouloir mettre la mer dans une piscine n'est pas viable et pourtant, c'est ce que nous essayons de faire courageusement, encore et encore. Pourquoi ? La science cherche la formule ultime jusqu'à finalement en atteindre la limite ; les religions soutiennent une vision « véritable » qui contraste avec les « véritables » visions des autres religions ; la philosophe s'efforce d'élucider la vérité pure, quand rien ne l'est. Pourtant, dans ce monde d'incertitudes, nous devons agir, partir d'un point, pour aller vers un autre, car nous ne pouvons assumer l'incertitude du « tout est transitoire » où, comme disait le poète, le chemin se fait en marchant. On peut tout assumer… sauf le désespoir que produit la peur. Nous créons, enthousiastes, des tas de formules pour affronter cet abîme permanent, pour trouver un point d'appui qui anime notre monde et nous avançons tant bien que mal, avec des zigzags sinueux et en spirale, plus caractéristiques d'un ivrogne que d'un sage. Ce n'est pas parce que les choses ne sont pas comme nous aimerions qu'elles soient qu'elles sont nécessairement mauvaises en soi ; nous devrions simplement considérer sincèrement le fait que la non coïncidence de nos désirs avec la réalité provient peut-être d'une erreur

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de jugement de notre part. Un de mes maîtres m'enseigna que la nature ne faisait pas d'erreur ; nous battre contre son jugement implacable et impitoyable ne changera pas les choses. La vérité est têtue et il est toujours plus sage d'essayer de comprendre ses mécanismes que de les juger émotionnellement. Le problème récurrent, c'est que nous nous situons en un point et nous voulons tout considérer à partir de là, extraire une vérité universelle et l'appliquer dix minutes plus tard, quand il se fait que nous ne sommes déjà plus au même endroit. La planète Terre voyage à des milliers de kilomètres à l'heure dans un Univers changeant où rien n'est immobile. Il y a des constantes, bien sûr, et nous nous y accrochons comme des naufragés au milieu de l'océan, mais et il ne pourrait en être autrement- nous regardons tout avec nos propres yeux et depuis notre expérience personnelle qui est, comme nous l'avons dit, partielle, intéressée (selon un commandement supérieur, tout comme l'est l'égoïsme) et limitée à notre savoir et à notre compréhension plus ou moins honnêtes. Est-ce bon ? Est-ce mauvais ? Le monde est, mais nous le percevons de la couleur des lunettes que nous portons et depuis le point de vue d'où nous regardons, et l'interprétation que nous en faisons est par dessus tout le fruit des millions d'expériences entrelacées dans les réseaux neuronaux, des expériences qui déclenchent des réactions et font jaillir des pensées face à des situations détonantes qui nous conduisent très souvent à la catastrophe, au génie ou à l'absurde. Nous devons apprendre à ne pas être durs envers nous-mêmes parce que la chose est difficile. S'efforcer toujours est une bonne chose, parce que nous évitons ce mal sans remède qu'est l'immobilisme, mais nous devons apprendre à pratiquer cette fluidité qui permet la souplesse et la tolérance envers nos erreurs et celles des autres parce que demain nous apprendrons peut-être ce que nous n'avons pas été capable d'apprendre aujourd'hui. Un de mes amis, anéanti par la faillite de son négoce, me commenta qu'il

était incapable d'assumer la honte de sa situation et qu'il allait se flinguer. Évidemment, il ne l'a pas fait, même pour faire ce genre d'imbécillité il faut avoir des couilles, mais ça me rappela l'histoire du type qui, dégoûté de la vie, s'en alla voir le sage de la forêt pour lui demander de lui donner une seule raison de rester en vie. Le vieillard souriant lui répondit : « Quand je suis arrivé dans cette forêt, j'ai planté des semences de fougère et de bambou. La fougère a grandi très vite cette même année, mais le bambou ne donna pas signe de vie pendant les cinq années suivantes. J'ai pourtant continué d'en prendre soin de la même manière au cours de ces cinq ans. La fougère grandissait et grandissait sans arrêt, mais rien ne sortait de l'endroit où j'avais planté le bambou. Pourtant, un beau jour, à cet endroit, apparut une petite pousse qui se mit à germer. En quelques mois seulement, elle atteint plusieurs mètres de haut et forma cette magnifique forêt que tu vois là devant. Il y a un temps pour chaque chose, il faut savoir le donner. » Nous sommes piégés par ce que nous sommes devenus, nous sommes esclaves de nos expériences, car le passé est irrémédiable, mais notre interprétation de celles-ci ne l'est pas nécessairement. On est ce qu'on est… D'accord… L'essence et la structure de notre être sont peut-être inaltérables, mais notre lecture de celles-ci ne l'est pas et ne doit pas l'être. C'est là la pire des inerties. Changez de point de vue et tout change ; regarder le passé avec d'autres yeux, c'est libérer de possibles futurs. Il suffit juste d'un peu de temps, de volonté et de souplesse, parce que si nous restons ancrés dans nos vérités, notre morale et nos certitudes, immobilisés par le même effroi que celui du naufragé qui s'accroche aux vestiges du désastre, nous serons incapables de lâcher les restes et de nager vers la plage. Nous sommes ce que nous sommes, des peureux encroûtés qui s'accrochent à ce qu'ils connaissent, incapables de lâcher prise ; nous sommes en permanence en train d'essayer de tenir le monde en équilibre à notre goût, à notre mesure et à nos conditions, ce qui fait de nous des tyrans envers les autres et envers nous-mêmes. Nous préférons


avoir raison qu'être heureux, réussir à partir d'une erreur que rater en appliquant une vérité ; nous préférons être condescendants avec les autres que reconnaître que nous nous sommes trompés quelque part. Et si nous faisons une bourde impardonnable, nous choisissons généralement de nous démolir par un jugement implacable et très sommaire plutôt que d'accepter notre limitation, notre humanité. Et ainsi, nous terminons tout seuls, aigris et nous finissons par juger silencieusement mal tout le monde. Nous jouissons même de nos fautes ! Tout plutôt que de changer notre point de vue. Nous sommes humains. Je ne sais pas si nous avons demandé à naître comme ça, personne n'en a le souvenir, mais il est un fait que nous naissons comme ça. Personne ne nous a dicté ou enseigné les lois implacables de la totalité auxquelles nous voulons ou pas être soumis, mais l'occasion nous a été donnée de changer, non pas le passé, mais notre manière de le considérer, non pas notre nature et notre structure, mais la manière de l'utiliser. Nos inclinaisons sont permanentes, parce qu'un pommier ne donne que des pommes, mais il est entre nos mains d'apprendre à jouir de chaque bouchée que nous y donnons. Tout est vanité et importance personnelle, mais là, juste en dessous de tout cela, palpite une flamme éternelle et universelle, à laquelle nous devons tous révérence et respect. Elle est chaleureuse, douce, tendre et émouvante. Elle tintinnabule en silence, mais sa voix se fait entendre puissamment dans notre vie quand nous faisons taire les autres. Si tout est un et chaque partie contient et répond de la même essence, du même code élémentaire de la nature de l'Un, il n'y aura qu'une manière de mettre effectivement la mer dans la piscine. Peut-être n'y aura-t-il rien à faire parce que chaque goutte est en elle-même l'océan. Peut-être simplement devons-nous devenir conscients de cette réalité pour qu'un miracle se produise petit à petit et en son temps, le miracle pour une partie de ce tout de devenir effectivement le tout.

Alfredo Tucci est general manager de BUDO INTERNATIONAL PUBLISHING CO. Email : budo@budointernational.com

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Ce sont les personnes qui définissent les arts martiaux et pas l'inverse. Je connais depuis longtemps le maître Carlos Martin qui fait ce mois-ci la couverture de ce magazine. Son parcours fut intense et toujours associé au Taekwondo qu'il aime tant. Nous allons aujourd'hui rappeler ce parcours de combattant infatigable et voué à son objectif. Carlos réalisa certaines de nos premières vidéos, telles que « Taekwondo, les techniques de jambes », où ses connaissances techniques et ses habiletés en tant que professeur transparaissaient clairement. Mais en dehors des nombreuses occasions de collaborations que nous avons eues, j'ai toujours observé chez lui une même disposition et un même dévouement sans jamais perdre une once d'enthousiasme, à la fois rêveur indestructible et hombre réaliste et pragmatique, fidèle à ses racines, à son professeur et à son art. On pourrait dire que nous sommes ici devant quelqu'un de grand et je lui tire mon chapeau. Alfredo Tucci

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histoire de cet instructeur international argentin de Taekwondo commence en 1984, dans sa ville natale de Buenos Aires. Une passion qui fut, comme tant d'autres, conséquence des films d'arts martiaux de l'époque, ceux de Bruce Lee et de Chuck Norris, les plus excitants, suivis de ceux de Steven Seagal ou de Jackie Chan, ouvrant un panorama varié à la recherche d'un art comblant ses aspirations. Il débute la pratique à l'âge de 15 ans en voyant son frère débuter comme amateur. Désireux d'expérimenter les mêmes sensations, il s'inscrit au club River Plate Bonaerense, plus connu dans le monde pour son football, et commence un long chemin qui lui fera parcourir le monde poussé par une seule passion : le perfectionnement et l'interprétation constante du Taekwondo I.T.F. créé par le général Choi Hong Hi, père et fondateur de l'art martial coréen. Dès le départ, son seul instructeur, Raul Sosa, actuellement 8e dan et avec qui il a maintenu des liens constants malgré la distance, lui enseigne pas à pas les concepts de base pour pouvoir améliorer la pratique, soulignant l'importance des principes du Taekwondo : la courtoisie, l'intégrité, la persévérance, le contrôle de soi et un esprit indomptable, sans lesquels l'évolution du pratiquant eut été impossible. Il commence à participer en tant que compétiteur aux événements d'envergure nationale où il obtient dès le début de beaux résultats, se battant plus contre lui-même que contre l'adversaire. Son seul objectif est, en effet, de mettre à l'épreuve la capacité de réponse de l'individu face à des situations où le corps et l'esprit doivent se fondre pour vaincre la peur produite par un adversaire ou pour offrir au public un progrès technique constant. En 1987, il obtient la ceinture noire pour laquelle il s'entraînait quotidiennement, l'un des objectifs les plus convoités par ceux qui s'intéressent à ce mode de vie qui, d'après lui, rend les gens meilleurs. Un nouvel échelon de gravi, un nouveau défi de réussi qui le conduit à un autre niveau d'enseignement et d'apprentissage. En tant que ceinture noire, il entame alors une nouvelle carrière sportive. Là, les exigences sont beaucoup plus importantes car il faut affronter sportivement et martialement des défis de difficulté supérieure. Il participe à des événements nationaux de sa spécialité et partage ses expériences dans des tournois open avec des pratiquants d'autres styles tels que le Karaté, le Tang Soo Do ou le Kung-Fu, toujours dans un esprit de comparaison du point de vue de l'efficacité du Taekwondo I.T.F. En 1988, pour des questions de formation, il s'en va vivre à Madrid où s'ouvre à lui un horizon insoupçonné. Malheureusement, il ne trouve pas dans la capitale espagnole un endroit de pratique où continuer son apprentissage. N'oubliant pas les conseils de son maître, il ne perd pas sa ténacité et contacte la Fédération espagnole de Taekwondo traditionnel située dans la région côtière d'Alicante. Il reprend ainsi sa formation et assiste à de nombreux stages de perfectionnement où, petit à petit, il actualise et recycle ses connaissances. Du point de vue de la compétition, il se distingue dans toutes les modalités : les formes (Tul), le combat et les techniques de casse, pour lesquelles il obtint le titre de champion d'Espagne à plusieurs

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Taekwondo reprises. Il fit, grâce à cela, partie de la sélection nationale durant huit années consécutives, modelant et perfectionnant de plus en plus son style, aidé en cela par son caractère persévérant, constamment à la recherche du dépassement de soi. Cette étape est remplie de succès nationaux et inter nationaux, le plus remarquable étant l'obtention du titre de « Overall Champion » européen, autrement dit de meilleur compétiteur européen de l'an 1991. Dans le coffre des bons souvenirs, il accumule plus de 15 médailles européennes, aussi bien en compétition individuelle que par équipe et un nombre incalculable de prix nationaux. Une fois terminée son étape sportive en 1996, il est nommé sélectionneur national, ce qui lui permet de faire valoir sa vaste expérience. Faisons remarquer que sous sa direction technique, l'Espagne se situe pour la première fois parmi les lauréats aux championnats du monde par équipe à Saint-Pétersbourg en Russie en 1997. Sur cette voie enrichissante, il cherche constamment à recevoir les enseignements des différents maîtres qu'il connaît au cours de ses voyages dans le monde et consacre une grande partie de son temps aux stages de formation où il noue des liens étroits avec les instructeurs internationaux les plus prestigieux. Il atterrit donc à Madrid en 1988 et vu le manque de club de Teakwondo I.T.F., il s'entraîne dans l'un des centres les plus prestigieux de Taekwondo W.T.F. où il intègre différents mouvements à son style de combat. En 1991, il débute son étape comme instructeur et ouvre le premier club de Taekwondo I.T.F. dans la capitale madrilène, une étape riche de grandes expériences et qui lui offrira constamment une vision différente de celle d'un simple compétiteur.

Le général Choi Hong Hi Il est clair que le moment martial le plus marquant pour lui fut sa rencontre personnelle avec le général Choi Hong Hi. Cela se produisit en 1993, à l'occasion de l'organisation de son premier grand stage inter national en Espagne. Il participa alors activement aux enseignements de celui qui créa l'art martial coréen de l'ère moderne. On sait aujourd'hui que celui qui a eu la chance de pouvoir échanger avec lui n'oubliera jamais ce qu'il a appris. Carlos Martin se souvient de cet enseignement dans tous ses détails, il met particulièrement l'accent sur l'importance de l'interprétation des mouvements et de leur application, allant bien au-delà des habiletés de chacun. « Je me souviens d'un petit homme et bien grand maître, possédant une capacité d'observation privilégiée, nuançant toujours chaque détail jusqu'à l'exténuation et citant des phrases à garder en mémoire. » Partageant sa table, il en conserva diverses anecdotes et, bien que la personnalité du général en imposât beaucoup, il put lui poser des questions qui intriguaient tout le monde. Carlos se décida en effet à lui demander respectueusement la raison de la grande différence de dureté entre ses deux mains. La main droite du général était en effet dure comme le roc, avec des callosités frontales et latérales sur les jointures et le tranchant de la main tandis que la main gauche était comme celle du commun des mortels. Le général le regarda et lui répondit : « Bonne observation. La main droite est la main du Taekwondo et la main gauche, celle que fit ma mère pour pouvoir porter la montre et la bague… »

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Grands MaĂŽtres

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L'évolution se poursuit Après le stage avec le général Choi, Carlos Martin débute une voie d'étude et d'analyse beaucoup plus intense, où l'encyclopédie du Taekwondo qui porte la signature originale du fondateur est l'outil le plus important sur lequel il s'appuie pour chercher le perfectionnement constant. Il sent alors qu'il possède une connaissance plus vaste et qu'il est prêt à la partager avec le reste des pratiquants. Il commence par donner des stages à niveau national, allant en divers endroits de la géographie espagnole pour transmettre sa passion dans chaque mouvement et explorer le comportement variable des participants aux stages. Il

adapte ses méthodes d'enseignement afin que les stages soient plus participatifs et plus vibrants, afin que tous se sentent importants et aient la sensation d'avoir reçu un enseignement différent. Il continue toujours aujourd'hui d'intégrer différents systèmes de travail pour améliorer la capacité physique et l'interprétation des mouvements du Taekwondo.

Changement d'horizon Après 12 ans de travail en Espagne, il décide, conjointement à deux de ses anciens camarades de

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sélection, que les gens ont besoin d'un changement en ce qui concerne de nombreux aspects organisationnels et il fonde avec eux la Fédération internationale de Taekwondo Espagne qui est composée des délégations de Madrid, Canaries et Galice. Il est choisi comme président de celle-ci pour diriger un projet avec des idées de croissance constante et où prime l'aspect démocratique. La F.I.T.E. dont il se sent très fier est légalisée en 2002, elle possède alors une centaine de membres. Les débuts n'ont pas été faciles, mais en 10 ans d'existence, elle a expérimenté une croissance de plus de 700% et intègre plus de six communautés autonomiques. Année après année, en tant que président de la Fédération, il se charge de potentialiser les différentes activités qui sont réalisées dans toutes les régions d'Espagne. Il a à son actif l'organisation de six tournois internationaux et d'une multitude de tournois régionaux et nationaux. Son expérience l'a amené à être choisi directeur de deux championnats d'Europe, ce qui indique un futur prometteur. Les voyages sont de plus en plus fréquents mais il ne cesse de dire que la seule manière d'évoluer, c'est de travailler et de soutenir les instructeurs qui ont du répondant. Il est donc aussi exigeant avec lui-même qu'avec ses instructeurs. Avec l'idée d'une stricte discipline de la communication, il a fait de sa manière de raisonner l'interprétation correcte de tous ceux qui le connaissent profondément.

Les retrouvailles avec son maître Après plus de 20 ans en Espagne, la F.I.T.E., la fédération qu'il préside, organise un stage international et il invite deux maîtres de prestige reconnu, le grand maître Adolfo Villanueva, 9e dan, et le maître senior Raul Sosa, 8e dan, qui fut son maître à ses débuts en 1984. Des retrouvailles pleines d'émotions et de souvenirs impérissables pour tous les deux. Ils partagent un stage plein d'enseignements et d'expériences qui démontre

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une fois de plus que le respect n'est pas incompatible avec la courtoisie, que l'intégrité se trouve même dans les petits détails et que le serment de l'élève qui veut que : « Tu respecteras tes instructeurs et tes supérieurs », ne se perd jamais s'il est bien transmis.

Retour aux racines du Taekwondo et nouvel exploit sportif En 2004, sa nouvelle étape en tant que sélectionneur restera marquée par le retour du Taekwondo I.T.F. en Corée

du Sud. Rappelons qu'après des années d'exil, le général Choi mourut avec la peine de n'avoir pas pu retourner à la ville natale de l'I.T.F. et que la Corée du Nord restera le berceau du Taekwondo dans son long exil. En 2004, après d'ardues négociations, l'I.T.F. organise le premier


Taekwondo championnat du monde de Taekwondo I.T.F. en Corée du Sud, un rendez-vous avec de grands contrastes politiques et sportifs. L'Espagne se présente avec une bonne équipe et fait du beau travail. Elle obtient de nouveau deux médailles : une médaille de bronze par équipes et une autre en combat individuel. Mais l'apothéose pour elle, c'est que l'organisation demande à l'entraîneur que son équipe fasse une démonstration pour tous les moyens de

que le Taekwondo I.T.F. espagnol soit reconnu en Corée du Nord. Il organise donc pour cela, conjointement au sélectionneur national, la participation de la sélection au Mondial de Pyongyang. En septembre 2011, la sélection nationale imprime son sceau, obtenant le titre de championne du monde de casse en puissance par équipes. Avec un tel prix, pour la première fois de l'histoire, l'Espagne monte sur la plus haute marche du podium.

Un seul objectif et le projet sportif le plus ambitieux

communication, une reconnaissance très claire du travail bien fait.

Un coup, une victoire Carlos Martin se propose donc un n o u v e l objectif,

En 2007, Carlos Martin transpose sa résidence permanente à la ville de Santa Cruz à Tenerife. Il est actuellement plongé dans d'innombrables projets d'expansion poursuivant un unique objectif : que le Ta e k w o n d o I . T. F. s o i t reconnu en Espagne comme il le mérite et occupe la place q u i l u i re v i e n t a u p r è s d e s autres arts martiaux reconnus. Pour cela, il ne cesse de travailler et de voyager dans tout le pays, appuyant les clubs et les instructeurs qui appartiennent à la F.I.T.E. et se réunit avec toutes entités officielles pour recevoir leur appui. C'est une voie difficile et la persévérance est v i t a le pour atteindre cet unique objectif. Du point de vue sportif, le maître Carlos Martin est plongé dans l'organisation de la candidature pour mener à bien plusieurs championnats d ' E u ro p e aux C a n a r i e s , u n e p re m i è re p o u r l'Espagne. Il considère que s'il le réussit, il aura fait un pas de plus vers son objectif, un pas de plus à la poursuite de son rêve. D'après le maître Carlos Martin : « La F.I.T.E. est comme une grande famille où chacun occupe un endroit particulier et sans qui il eut été impossible de parcourir un chemin aussi long. »

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Texte: Pedro Conde Photos : Pedro Conde & archives de Budo International

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ola Yeung fut probablement le dernier élève de Bruce Lee à Hong Kong. Il ressort en effet de ses récits que Bolo Yeung fut la personne avec qui il s'entraîna et passa le plus de temps à Hong Kong, devenant ainsi le témoin direct de nombreuses facettes du Petit Dragon à ce jour totalement méconnues. Mais Bolo Yeung n'eut pas seulement l'occasion de pratiquer avec Bruce Lee, il fut également l'entraîneur physique et entraîneur d'arts martiaux de son fils, quand ce dernier s'en fut à Hong Kong pour tourner « Legacy of Rage ». Malgré une vie dure et pénible au temps de sa jeunesse, Bolo Yeung est un homme qui sait apprécier les qualités des personnes. Il a travaillé avec les grands acteurs du cinéma d'arts martiaux de Hong Kong (Jackie Chan, Ti Lung, David Chiang…) et occidentaux (Jim Kelly, Cynthia Rothrock, Jean Claude Van Damme…), mais il sait qui est le « King » et pourquoi. Bolo Yeung, dont le véritable nom est Yeung Hon Ning, est né dans les faubourgs de Guangzhou, un quartier du canton de Mainland en Chine, le 3 juillet 1938, au sein d'une famille de commerçants très modestes (des vendeurs ambulants). Comme de nombreux autres enfants chinois, depuis son plus jeune âge, il a commencé à pratiquer le Kung-Fu/Wu Shu chinois sous la direction de plusieurs maîtres locaux. Il semblerait qu'il eut une désagréable expérience dans la rue et que malgré sa connaissance des arts martiaux, il fut le plus touché. Quelqu'un lui démontra que la force l'emportait sur la technique, surtout quand il y avait quelques années de différences. Cela le marqua et, à la différence de ses camarades, à partir de là, en plus de mettre l'accent sur les techniques martiales, Yeung Hon Ning s'intéressa et commença à faire particulièrement attention au développement de la force physique. Il réalisait pour cela des exercices physiques qu'ils complétaient avec les poids. Grâce à cet entraînement, il atteint un certain développement musculaire du corps. À l'âge de 16 ans, il put entrer dans le monde de la

musculation à un niveau semiprofessionnel (il commença par du soulevé d'haltères). À cette époque, il découvrit le powerlifting (la force athlétique), une nouvelle mode occidentale en matière d'entraînement qui allait changer sa vie, il s'y intéressa et surmonta toutes les difficultés plantées par le gouver nement de la République populaire de Chine. On commença à pratiquer à la fin des années cinquante dans les mythiques gymnases du culturisme des États-Unis, il se répandit plus tard dans le monde entier. Au début, pour Yeung Hon Ning, c'était une manière de démontrer l'évolution de la force sans devoir réaliser les mouvements compliqués de l'haltérophilie, car il lui était beaucoup plus facile de réaliser des mouvements tels que les flexions sur les jambes, le développé couché et le soulevé de terre en arraché et en épaulé-jeté. Pour lui, on pouvait, avec cette pratique, travailler tous les groupes musculaires, ce qui permettait à ses pratiquants de devenir de plus en plus forts et d'avoir un aspect plus musclés, mais comme on ne travaillait aucun muscle spécifique, on développait le corps dans sa globalité, ce que prouve son aspect physique qui n'est pas l'aspect typique du culturiste. Le powerlifting séduisit Yeung Hon Ning dès le premier moment parce qu'il consistait à lever le poids le plus élevé possible au moyen de trois exercices différents. Le premier d'entre eux était celui des flexions sur les jambes. C'est un mouvement qui implique exclusivement le train inférieur (il mesure la force des jambes). Le deuxième exercice était celui du développé couché. C'est un mouvement du train supérieur du corps (il mesure la force de la poitrine et des bras). Le dernier mouvement était celui du soulevé de terre. C'est le plus complet des trois car interviennent aussi bien le train inférieur que le train supérieur. Sa passion pour le powerlifting fut telle qu'en 1958, il fut champion d'haltérophilie de la République populaire de Chine. Mais, comme il le déclara lui-même, ne s'agissant pas d'un sport traditionnel chinois, il avait des difficultés à s'entraîner. Yeung Hon

Cinéma Martial Ning savait qu'il était un weightlifter-né (un leveur de poids) et qu'il pouvait arriver à se distinguer dans ce sport, mais concilier la tradition (Kung-Fu) et les sports moder nes (powerlifting/weightlifter) n'était pas bien considéré par certains de ses maîtres d'arts martiaux, ni par le gouvernement de l'époque. Devant tant de limitations et d'interdictions sportives, en plus de n'être pas à l'aise avec le mode de vie imposé par le gouvernement chinois aux sportifs professionnels (sans cesse soumis à des abus de la part des institutions communistes), il prit la décision d'améliorer ses conditions de vie et s'enfuit du « rideau de bambou », une décision très dure car il dut laisser derrière lui famille et amis. Une fois la décision prise, il fuit la Chine en nageant avec les quelques biens qu'il possédait sur son dos et atteignit ainsi la colonie britannique en 1960. À Hong Kong, ses occasions de progresser, non seulement économiquement, mais également physiquement, se multiplièrent par quatre. Il eut là l'occasion de gagner sa vie en donnant des cours de bodybuilding (culturisme) dans plusieurs gymnases, ce qui lui permit, tout en travaillant, d'avoir l'occasion de s'entraîner et de continuer d'améliorer son corps musclée. À cette époque, il complétait le travail musculaire avec les arts martiaux et pratiquait le Kung-Fu traditionnel avec certains des meilleurs sifus de la colonie. Du fait de son physique impressionnant, il trouva du travail dans certains des gymnases les plus prestigieux de Hong Kong. Dans l'un d'eux, il eut l'occasion de devenir l'entraîneur personnel des grands acteurs de la Shaw Brothers, autrement dit, il fut le responsable de l'entraînement de certaines des vedettes les plus fameuses de tout le Sud-Est asiatique. Parmi ses élèves, faisons remarquer : Chen Sing, Ti Lung, Lo Lieh ou encore Chen Kuan Tai. Le célèbre producteur Run Run Shaw, président de la Shaw Brothers, en visite au gymnase où s'entraînaient certains des acteurs de sa compagnie, ne manqua pas de remarquer son physique imposant et lui donna

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l'occasion d'interpréter un rôle secondaire dans « The Heroic Ones » réalisé par Chang Cheh (1970). Pour ce film, Yeung Hon Ning choisit le nom artistique de Yeung Tze, alias Yang Sze ou Yang Tse, suivant le dialecte, cantonais ou mandarin. Son rôle dans « The Heroic Ones » fut assez secondaire, mais du fait de son physique spectaculaire, il ne passa pas inaperçu ni aux yeux de la critique ni à ceux du public. Ce film représenta donc le point de départ de la carrière cinématographique de Yeung Tze. À partir de là, il obtint différents rôles dans des films, jouant toujours le rôle d'un bandit, d'un affreux ou d'un acolyte (en général étranger) sous les ordres du méchant de service. Et il partageait l'objectif des caméras avec des acteurs de la taille de David Chiang, Chen Kuan Tai, Ti Lung ou Lo Lieh, autrement dit, il travaillait avec toutes les grandes vedettes du Sud-Est asiatique.

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Sa carrière cinématographique ne gêna pas sa carrière sportive : il fut également champion de bodybuilding en 1970 à Hong Kong et conserva ce titre pendant dix ans. Cette année fut féconde para Yeung Tze car en plus de débuter sa carrière d'acteur, il fut proclamé champion de powerlifting à Mainland en Chine. Après son intervention dans plusieurs films de Wu (martial) Xia (chevaliers) Pian (films), on lui offrit en 1972 un petit rôle dans « King Boxer » alias « Five Fingers of Death ». Ce film obtint un grand succès en Orient, mais surtout en Occident. C'est en effet le premier film d'arts martiaux d'Orient à sortir aux États-Unis. Peu après, il travailla avec la Shaw Brothers. Après une brève apparition dans « The Angry Guest », il abandonna la Shaw (d'après les déclarations de l'acteur, semble-t-il, il n'avait pas fuit la dictature rouge pour retomber sous la dictature Shaw…).

Bien que les productions auxquelles il participa ne disposaient que de faibles moyens économiques, il se trouvait plus à l'aise à travailler avec de petites compagnies cinématographiques que pour les grands studios. Il n'a donc été la vedette d'aucun film et pourtant son visage est très populaire à Hong Kong, Yeung Tze est un acteur qui a réussi a créé des rôles charismatiques pour des personnages secondaires. Il était souvent capable par sa simple présence, de faire sortir d'une léthargie profonde le spectateur fatigué par des combats interminables. Au moins, avec lui, on avait quelque chose de différent : on voyait l'acteur principal affronter quelqu'un qui pouvait réellement le mettre dans l'embarras. Les producteurs qui connaissaient cette qualité l'appelaient pour qu'il participe à toutes sortes de films indépendants. À cette époque, un Chinois au nom occidental, Bruce Lee,


Cinéma Martial faisait fureur au cinéma. Par le plus grand des hasards, ils coïncidèrent dans les studios de la télévision. Ils sympathisèrent immédiatement. Voici ce que nous dit Yeung Tze : Un jour, j'ai reçu un coup de fil de Lee Siu Loong (le nom chinois de Bruce Lee). Il me demanda si nous pouvions nous réunir dans les studios de la Golden Harvest pour faire une publicité. C'est la première fois que je l'ai vu, mais ce ne fut pas la dernière. D'un coup de pied, Lee me mettait hors de combat et apparaissait le slogan qui disait : « Si vous êtes un combattant, ça doit être Bruce Lee ; si vous êtes une cigarette, ça doit être une Winston. » Ce travail permit aux deux experts martiaux de se rencontrer. Bolo était un grand expert de tout ce qui avait trait à la musculation tandis que Bruce Lee l'était des arts martiaux ; un échange d'idées (et même de techniques) ne pouvait être que bénéfique à tous les deux. De temps à autre, ils se rencontraient donc pour converser sur l'entraînement des différents arts martiaux… J'avais coutume de pratiquer avec Bruce, j'allais chez lui et nous parlions d'arts martiaux. Il avait une salle d'entraînement avec toutes sortes d'équipements et des punching-balls pour les boxeurs. Il y en avait un qui était aussi petit qu'une balle de ping-pong. Un jour, je suis allé chez lui et sa femme me dit de monter à l'étage. Ce que je vis me surpris complètement. Je ne pouvais pas en croire mes yeux et j'ai décidé de ne pas entrer sans y être invité. Bruce était assis derrière son bureau avec une cassette sur la tête. J'ai d'abord pensé

« Au cours de la dernière étape de la vie du Petit Dragon à Hong Kong, Bolo Yeung fut l'un de ses plus proches collaborateurs. » qu'il était « Chi Jo » (mentalement malade), mais il me dit : « Je suis en train d'entraîner mon système nerveux pour qu'il transmette plus rapidement les réactions. Je fais cela pour San Sau Mang Chit (l'agilité du corps et des mains). Les yeux semblent regarder un point particulier et envoient un message au cerveau qui va aux nerfs de la main, du bras, etc. Cela prend du temps, beaucoup de temps. J'ai décidé de pratiquer cela sérieusement et rapidement. Comment faire ? J'ai expérimenté différentes choses. C'est très abstrait… Finalement, j'ai pensé que les réflexes sont plus rapides quand on est endormi, quand on se trouve plus détendu. Quand les systèmes internes et externes de l'individu sont détendus, les transmissions nerveuses sont plus rapides. J'ai inventé une machine qui m'apprend à faire cela. Je mets ceci sur ma tête et j'ai alors deux enregistrements. Je peux baisser ou monter le son de chacun d'eux. D'une

part, j'ai enregistré des sons très forts (circulation, avions, gongs) et de l'autre, le son doux de l'eau qui tombe, un son très rythmique, hypnotique. Je réunis les deux sons, mais en mettant le son de l'eau plus fort que l'autre. Ensuite, je baisse le volume de l'eau et je monte celui des sons bruyants, mais je continue d'entendre le bruit hypnotique quelle que soit la puissance du volume des bruits d'avion. J'obtiens une concentration complète avec l'écoulement de l'eau. Je peux l'entendre à l'intérieur de moi quand je suis en face de mon adversaire, j'entends le tap, tap, tap de l'eau… Dans mes films, c'est ce que je fais avec mes combats. » Il semblerait que Bruce Lee et Yeung Tse s'entraînaient ensemble régulièrement. Cette symbiose était très instructive pour les deux, surtout pour Yeung qui améliora considérablement le niveau de son art martial. L'acteur était étonné du niveau et des qualités physiques de Lee : Son énergie était inépuisable. Lee Siu Loong faisait partie de ces rares personnes qui sont capables d'utiliser leur énergie et de l'appliquer dans leurs techniques. Il était très rapide et très fort. Un peu plus tard, ils auront l'occasion de travailler ensemble dans un film, « Enter the Dragon » (Opération Dragon 1973). On ne sait pas s'il fut recommandé par Bruce Lee ou si on le choisit pour son physique impressionnant, mais le fait est que Bolo Yeung passa le casting de sélection des acteurs martiaux convoqués par la Golden Harvest. On a publié que pour le passer, il s'était contenté d'ôter son teeshirt devant Fred Weintraub et Paul Heller et de réaliser quelques poses pour mettre en évidence ses énormes pectoraux. Rien que de le voir et de savoir qu'il s'entraînait régulièrement avec Bruce Lee suffit pour qu'on lui donne le rôle de Bolo. Liu Siu Loong m'appela. J'étais en train de tourner un film et il me dit d'aller au studio de la Golden Harvest. Lee Siu Loong voulait que je fasse partie du film parce que nous nous connaissions déjà. Il était très bon avec les acteurs et l'équipe aimait beaucoup travailler avec lui. Mais les chefs et les producteurs, c'était autre chose. Il leur parla donc et fut très convainquant puisqu'ils m'engagèrent. Dans les annonces promotionnelles, on le présenta comme le champion de Karaté Shotokan du Sud-Est

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asiatique, ce qui était totalement faux. De fait, Bolo a clairement fait savoir son mécontentement devant une telle manipulation commerciale. Compte tenu du fait que ses connaissances en matière d'arts martiaux comprennent le Choy Li Fut, le Hung Gar Kuen, le Tai Chi Chuan, le Chang Chuang et le Wing Chun, il n'est pas saugrenu de penser que les producteur voulaient mettre en évidence ses habiletés en lui concédant un titre, le plus grand à cette époque, quand le Karaté était alors en Occident le « roi » des styles de frappe. Toute son expérience martiale fut très utile à Bruce Lee : Au cours du tournage d' « Opération Dragon », Lee Siu Loong et moi travaillions conjointement les techniques de combat. Ensemble, nous les expérimentions, nous les entraînions et nous décidions ce que nous allions tourner ou pas. Lee Siu Loong était toujours en train d'apprendre, d'expérimenter, toujours en train d'évoluer… Tant d'heures ensemble permirent à Yeung Tze de connaître de près le Petit Dragon et de faire partie de certains de ses rêves : Lee Siu Loong m'avoua qu'après « Opération Dragon », il avait l'intention de retourner aux États-Unis pour continuer sa carrière cinématographique. Je ne voulais pas continuer de vivre à Hong

Kong. Si Bruce Lee était mort six mois plus tard, je serais en ce moment en train de travailler aux États-Unis parce que je voulais travailler dans ses productions. Lee Siu Loong me commenta quel type de films il voulait faire. Ce qui est sûr, c'est que ce serait des films d'action, pas des films classiques de KungFu. Lee Siu Loong avait une liste de personnes qu'il souhaitait voir faire partie de ses films aux États-Unis et j'en faisais partie. Il ne voulait pas retourner à Hollywood, il voulait créer une équipe avec les cascadeurs et les acteurs de Hong Kong et l'emmener avec lui. Pour le film, on réunit un groupe de professionnels du septième art d'Orient et d'Occident. Il n'est pas rare que de cette symbiose surgisse un film qui triomphe, bien que Yeung Tze ait sa propre opinion sur le sujet : Une grande partie de la réussite du film se doit au réalisateur (Robert Clouse), au producteur (Fred Weintraub) et à l'équipe. Souvent, dans un film à succès, on oublie les gens qui sont derrière les caméras. Mais la force réelle qui motiva ce succès, ce fut Lee Siu Loong. C'était un acteur, il avait un charisme spécial et avait un style de Kung-Fu réel. C'est la raison pour laquelle le film eut tant de succès. Quand Bruce appliquait une technique, on était convaincu que c'était exactement ce qu'il ferait dans une situation similaire, dans la vie réelle. »

Bruce Lee essaya d'unifier l'Orient et l'Occident avec le film et créa un grand nombre de précédents… C'est ce que je crois, tant du point de vue technique qu'au niveau du style. « Opération Dragon » fut le premier film qui eut mondialement du succès et lui, il fut le premier expert d'arts martiaux acclamé aussi bien par la critique que par les spectateurs. Du point de vue du style, Bruce eut l'audace de chercher des formes et de faire des mouvements qui passent très bien à l'écran. Ses techniques aplanirent le chemin vers le succès et au XXIème siècle, nous continuerons d'entendre parler de lui. « Opération Dragon » fut un film très spécial pour beaucoup de pratiquants d'arts martiaux, tant et si bien que ce fut le film le plus rentable de la Warner Bros. Mais qu'avait-il donc de si particulier ? Je ne pense pas que le film ait quoi que ce soit de spécial. Je crois que Bruce Lee était spécial… Et je dirais même plus, il y a avait un certain nombre d'acteurs avec de l'expérience et ducharisme comme Shik Kien ou les deux Américains, John Saxon et Jim Kelly, mais seul Bruce Lee est devenu une légende. Ces acteurs ne devinrent pas des légendes, mais ils atteignirent tous une réputation de niveau mondial, y compris Yeung Tze…


Cinéma Martial En Occident, les gens s'approchent souvent de moi et me demandent un autographe pour mon travail dans « Opération Dragon », mais ils ne me connaissent que par ce film, ils ne savent pas réellement qui je suis et ne m'ont pas vu dans d'autres films. Évidemment, Yeung Tze éprouvait une grande sympathie pour Bruce Lee. Il n'oubliait sans doute pas qu'il lui devait sa popularité et peut-être valorisait-il des qualités qu'aucun autre acteur n'avait : Bruce était populaire, c'était un homme de première catégorie. Ce n'était pas un Chai Hoi (un lèche-bottes de ceux qui adulent les chefs). Il parlait avec les peintres et les charpentiers qui, le voyant arriver en voiture, s'arrêtaient et criaient : « Le chef est là ! » Bruce sortait de la voiture et marchait entre eux. Tout le monde croyait qu'il voulait un service, il disait alors : « Que tout le monde s'assied ! Je voudrais vous dire quelque chose. » Et tout le monde s'asseyait et écoutait. Un jour, quelque chose d'étrange et de difficilement imaginable se produisit : Raymond Chow assis par terre ! Bruce l'avait appelé : « Raymond, viens ! » M. Chow lui avait obéi et était resté là tandis que Bruce Lee lui criait dessus et ne le regardait même pas. Bruce était très bon avec les travailleurs, mais avec les chefs, il était un peu dur. La modestie est l'une des choses les plus difficiles à trouver chez une vedette. On percevait clairement combien les spécialistes et les travailleurs du studio vénéraient Bruce Lee. Si quelqu'un avait quelque chose de négatif à dire de lui, il valait mieux qu'il ne le dise pas et qu'il s'en aille. Souvent, quand Bruce voyait que certaines personnes, les spécialistes surtout, faisaient des choses qui allaient bien au-delà de ce que réellement demandait le scénario, Bruce s'approchait du caissier et lui ordonnait de donner à cet homme une double paie ce jour-là. Aujourd'hui, quand ces gens voient une nouvelle vedette d'arts martiaux, ils la respectent, mais ils disent : « Ce n'est pas Bruce Lee, il ne sera jamais comme lui. » En 1973, grâce à la réputation qu'il obtint avec l'œuvre posthume de Bruce Lee, Yeung Tze fut le coprotagoniste de son premier long-métrage « Chinese Hercules ». Le film passa sur la pointe des pieds dans les cinémas de la colonie et Yeung Tze en revint à de brèves apparitions avec des titres comme « Call To Arms » (1973), « Black Guide » (1973), « Thunder Kick » (1974) ou encore « Super Kung Fu Kid » (1974). En 1977, il tourna « Clones of Bruce Lee », un film qui indiqua la route à suivre pour Yeung Tze, destiné à incar ner les méchants dans les centaines de titres des clones du roi du Kung-Fu.

« Si Bruce Lee était mort six mois plus tard, je serais en ce moment en train de travailler aux États-Unis parce que je voulais travailler dans ses productions. » Lee Tso Nan, metteur en scène et producteur avisé qui, avec les années deviendra le roi des séries B de Hong Kong, l'engagea l'année suivante pour jouer dans « Black Belt Jones II » alias « The Tattoo Connection », un film ambitieux qui prétendait faire de Jim Kelly et Dorian Tan Tao Liang des vedettes mondiales, tels de nouveaux Bruce Lee. Le film obtint un discret succès dans le Sud-Est asiatique et fut bien reçu en Occident. Dans de nombreux pays, apparaissaient sur les posters et les photos publicitaires deux des vedettes les plus charismatiques d' « Opération Dragon » : Jim Kelly et Yeung Tze. À cette époque, le cinéma d'arts martiaux passait par une petite crise. Le marché était saturé de films où se s u c c é d a i e n t d'interminables combats. On se rendait compte que les idées manquaient et que le public voulait le « King ». « The Clones of Bruce Lee » et « The Tattoo Connection » (« Hong Kong Connection », titre français) furent le début de l'éclosion de la « Brucexploitation » qui se produisit à la fin des années quatrevingt dix. Yueng Tze décida de profiter de l'occasion qui lui était offerte et participa à d'innombrables films avec, dans le rôle principal, des clones de Bruce Lee, parmi eux, citons : Huang King Lung (Bruce Le), Ho Chung Tao (Bruce Li), Leung Siu Lung (Bruce

Leung), Vschaslav Yaksysnyi (Dragón Lee), Bruce Lea (Lea Jun Chong), Bruce Cheung (Chang Mang)… Ils eurent tous comme adversaire Yeung Tze, dans des centaines de films comme : « Enter the Game of Death » 1978, « Bruce Li in New Guinea » 1978, « Bruce Le's Greatest Revenge » 1978, « Bruce Lee, the Invincible » 1978, « Bruce and Shaolin » 1978, « The Dragon, the Hero » 1979, « Challenger of the Tiger » 1980, etc. Tous ces clones partageaient un même rêve : devenir le nouveau « roi du Kung-Fu ». Ils imitaient tous sa manière de se coiffer, ses cris, ses poses et essayaient même de réaliser les mêmes techniques de combat, mais aucun ne parvint à percer. Pourquoi ? À ce sujet, Yeung Tze a sa propre opinion. Lee Siu Loong n'est pas facile à imiter, vous pouvez copier ses gestes, ses cris, etc. Tout le monde fait ça, mais quand Lee Siu Loong allait se battre, quand il réalisait une technique, il transmettait un réalisme, une maîtrise que d'autres sont incapables de transmettre. J'ai probablement rencontré quelque 50.000 personnes qui ont essayer de l'imiter en copiant ses cris ou sa manière de lancer les coups de pied et les coups de poing, mais aucun ne peut être comparé à lui, en tout cas à ce jour.


D'après Yeung Tze, tous les clones commettaient la même erreur : Copier Bruce Lee n'était pas la bonne manière. Essayer d'imiter sa capacité de travail, son ardeur au travail, leur eut permis d'avancer dans la direction correcte. Bruce Lee était plus qu'un expert des arts martiaux, il avait une personnalité qui transcendait la technique et qui explosait à l'écran. Lee Siu Loong était le meilleur, personne n'a eu son talent, personne même ne s'en approcha. Il avait un charme et un charisme particulier qui l'aida beaucoup à devenir une vedette mondiale. En 1979, lassé de tant de clones, il tenta sa chance et débuta dans la mise en scène avec « Bolo the Brute », un excellent film de Kung-Fu classique qui essayait d'offrir quelque chose de différent de ce qui était projeté à l'époque. Pour mener à bien un tel projet, il réunit de jeunes promesses du panorama cinématographique de Hong Konh, mais les résultats furent très pauvres et le film passa relativement inaperçu compte tenu de la participation de certains acteurs vétérans du cinéma de Hong Kong. C'était avant la disparition de la Brucexploitation, un phénomène qui finit par lasser le public de Hong Kong et du monde entier et saturer le marché de centaines de films imbuvables. Cela obligea Yeung Tze à réorienter sa carrière d'acteur s'il ne voulait pas aller grossir la liste des acteurs sans

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travail du cinéma d'arts martiaux. Par nécessité, il se vit obligé d'accepter des petits rôles dans des productions d'action modernes, des comédies et des drames. Dans certains magazines, on a publié qu'il refusa de continuer de participer à la Brucexploitation, ce qui n'est pas vrai. Yeung Tze ne fut jamais très scrupuleux dans l'acceptation d'un rôle au cinéma, il n'a jamais dit non à un personnage : J'ai participé à plus ou moins 200 films, dans la plupart d'entre eux mon personnage ne dépassa pas les 5 minutes. Après une carrière dilatée dans le septième art, quand on lui demande quel est son film favori, il répond : Mon film favori, c'est « Opération Dragon », car j'y ai travaillé avec le meilleur et aussi « Bloodsport ». Ils m'ouvrirent tous les deux les portes du marché international. Pour que le public occidental puisse mieux l'identifier, il changea son nom artistique de Yang ou Yeung Sze pour celui de Bolo Yeung, composé de son patronyme et du nom sous lequel il devint célèbre mondialement dans « Opération Dragon ». On l'a toujours catalogué parmi les méchants. Je dois reconnaître que je ne suis pas un héros, je n'ai pas envie de changer, j'ai toujours été heureux d'être le « méchant » de l'histoire. Pour moi, ce travail était facile à faire et j'aime bien, ça ne m'a jamais déranger d'interpréter le rôle du méchant de

l'histoire. Je l'ai accepté comme un aspect de plus de mon travail. Ça ne m'a jamais gêné de mourir à la fin. Ce que je fais, c'est jouer et être un méchant est ce qui m'a donné le plus de stabilité dans ce business. J'aimerais faire de nouvelles choses, mais cela me semble désormais quelque chose d'impossible dans ma carrière. Depuis plus de 20 ans je suis rangé dans ce genre de personnage. Effectivement, Bolo Yeung rentra en force sur les marchés occidentaux avec « Bloodsport » et « Double Impact ». À cette époque, certains critiques cinématographiques prédirent que Jean Claude Van Damme allait devenir le successeur de Bruce Lee. Bolo Yeung, cependant, se sembla pas partager cette opinion, même s'il ne l'affirma que subtilement : Je me suis rendu compte que j'étais encore populaire dans le public et cela me réjouit. Je pense que tout commença avec Lee Siu Loong dans « Opération Dragon », tous les fans et le public d'il y a 20 ans s'en souviennent comme de la plus grande vedette d'arts martiaux. Je n'ai encore rencontré personne qui puisse le remplacer. Tout cela aide Jean Claude Van Damme à avoir du succès avec ses films. Tout comme Bruce Lee, il offre quelque chose de nouveau qui accroche les gens. Personne ne sait en toute certitude pourquoi certains acteurs triomphent et d'autres échouent. Quand on lui


Cinéma Martial demande les raisons du succès de Bruce Lee et de l'échec de Jackie Chan en Occident, il répond, fort de la typique sagesse et diplomatie chinoise : Je ne sais pas si dans le futur ce sera différent, les affaires du cinéma son difficiles à prédire. Il y a un long chemin à parcourir, seul le public peut déterminer le succès ou l'échec d'un film. Avec les changements de goûts, il est trop tôt pour faire des prédictions. Le marché est difficile à comprendre, il faut deviner les désirs des spectateurs. C'est comme un chef cuisinier, si les clients n'aiment pas ce qu'il prépare, il doit leur offrir quelque chose de différent, vous devez savoir si c'est de nourriture chinoise ou de hamburgers dont ils ont envie. Si vous répétez souvent la même nourriture, ils peuvent se lasser. Il se peut que ce soit le moment d'un changement… Que ce soit la critique ou le public, dès qu'apparaît une promesse dans le cinéma d'arts martiaux, les gens se mettent à comparer et répètent toujours la même phrase publicitaire : le nouveau Bruce Lee. À ce sujet, Bolo Yeung a toujours eu les idées très claires. La même rengaine se répète encore et encore. Mais je doute que cela se produise. Comment va-t-on trouver un autre Bruce Lee ? Ils l'ont cherché pendant plus de 20 ans sans succès. [Et il ajoute] Tous les imitateurs avec lesquels j'ai travaillé étaient terribles, aucun ne possédait sa magie, même pas Brandon. Alors, quelle possibilité pourrait avoir les autres ? En 1986, Dickson Poon, directeur de D & B films engage le fils aîné de Bruce Lee pour tenir le rôle principal dans « Legacy of Rage », un film réalisé par Ronny Yu. Pour le tournage, Brandon Lee devait gagner un certain volume musculaire afin de donner plus de crédibilité à son

personnage qui devait se démener dans les bas-fonds et en prison. L'entraîneur du fils de Bruce Lee ne fut autre que Bolo Yeung. Dans le film, il a un petit combat avec Brandon Lee dans une ruelle. D'après ce qu'il confia aux magazines spécialisés, Bolo en avait marre d'attendre Brandon tous les jours. Brandon Lee arrivait tard au gymnase et ce n'était que sur l'insistance de la productrice Linds Kik Mei Lai et du chorégraphe Meng Hoi que Brandon se décidait à prendre les haltères. À ce sujet, Bolo Yeung commenta : Brandon ne voulait pas s'entraîner ni se consacrer aux arts martiaux comme le fit son père, il n'aimait pas se battre. Ce qui réellement le passionnait, c'était danser. La compagnie D & B Films, connaissant ma relation avec Bruce Lee, m'engagea pour lui donner des cours de Kung-Fu et le préparer. J'ai loué un gymnase et nous avons accordé de nous voir à 9h du matin pour nous entraîner, mais Brandon n'arrivait jamais avec midi. Je lui ai demandé pourquoi il arrivait si tard et il m'a répondu : « Je vais être franc avec toi, je n'aime pas m'entraîner au KungFu, mais maintenant je n'ai pas d'autre remède que de le faire. Si je le fais, c'est pour toi et pour le film » Au cours de cette conversation, il fut sincère avec moi et me raconta que ce qu'il aimait vraiment, c'était danser et faire la fête dans les boîtes de nuit jusqu'aux petites heures. Évidemment, avec ce type de vie, il était normal qu'il ne puisse arriver tôt le matin au gymnase. Il était comme ça quand je l'ai connu, mais ensuite il a mûri et a commencé à s'entraîner de manière plus sérieuse et continue quand il est rentré aux États-Unis. « Legacy of Rage » n'eut qu'un discret succès, mais aussi bien le public que la critique spécialisée furent

unanimes : ce n'était pas Bruce Lee, mais il avait un certain charisme. Voici ce que nous en dit Bolo Yeung : Je crois qu'une partie du charme de Brandon était quelque chose de psychologique. Bruce Lee est mort très jeune et il manquait beaucoup au public. Quand Brandon est apparu au cinéma, les gens ont pensé qu'ils pourraient capter un peu de la magie de Bruce Lee à travers lui. Évidemment, père et fils étaient totalement différents, Brandon n'avait pas le talent ni les connaissances martiales de Bruce Lee, mais il avait du charisme et un futur prometteur à Hollywood. La mort de Brandon Lee fut une tragédie, j'en fus très affecté quand j'appris la nouvelle. Pendant tout le temps où je l'ai entraîné, il m'a démontré que les arts martiaux ne l'intéressaient absolument pas, mais il possédait de grandes qualités physiques et un talent spécial pour l'interprétation. Il semblerait qu'au cours de la dernière étape de la vie du Petit Dragon à Hong Kong, Bolo Yeung fut l'un de ses plus proches collaborateurs. Ils passèrent en effet de nombreuses heures ensemble, l'acteur a donc accumulé de nombreuses informations sur Bruce Lee : Je suis en train d'écrire un livre avec tous les souvenirs que je conserve de Lee Siu Loong. J'ai été tellement occupé que je n'ai pas pu m'y consacrer réellement. Dernièrement, j'ai reçu de nombreux scénarios de travail, je ne sais donc pas quand je pourrai le terminer. Ce sera un livre définitif sur ses techniques. Ce ne sera pas un autre livre ennuyeux de plus parmi tant d'autres, il sera beaucoup plus amusant. Je raconterai beaucoup de choses qu'on ne sait pas sur Lee Siu Loong, par exemple, quel était son numéro de la chance ? Je parlerai également de sa philosophie. Un livre

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Cinéma Martial de ce genre demande du temps. Quand il sera publié, je suis sûr qu'on s'en souviendra pendant longtemps. Ce ne sera pas un livre à lire et à oublier, mais un livre à conserver. Il est évident que Bolo Yeung est sûr du succès de son libre. Offrira-t-il réellement une information inédite et technique sur Bruce Lee ? Apportera-til quelque chose de nouveau sur le sujet ? Sincèrement, je n'ai pas lu tous les livres édités. Ce que je peux dire, c'est que j'ai été un de ses collaborateurs et un de ses élèves les plus sérieux pendant ses derniers jours. Travaillant avec lui, j'ai pu être témoin des objectifs qu'il essayait d'atteindre. Dans mon livre, je raconterai comment Lee Siu Loong canalisait son énergie et comment il utilisait sa pensée pour contrôler son corps. Bolo Yeung fut l'un des rares témoins qui vit comment Bruce Lee étudiait et canalisait l'énergie. Il est clair qu'il est allé au-delà de la technique. Mais à d'autres niveaux, le développement du Qi ou Ki existe-t-il dans le Jeet Kune Do ? Seul Bolo Yeung et quelques élus de plus

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pourraient nous éclairer. Le point négatif de ceci, c'est que ces déclarations eurent lieu il y a des années et que le livre n'est toujours pas édité. Il semblerait qu'il ne le termina jamais. Dommage, parce que vu les références et les données que l'auteur nous en a donné, le livre promettait. En attendant que se matérialise ou pas le manuscrit, nous avons au moins connu un peu mieux Bolo Yeung, l'un des rares élèves du Petit Dragon à Hong Kong. En ce qui concerne Bobo Yeung, dans les années 90, il tourna plus de films en Occident qu'en Orient, quelque chose d'impensable pour un acteur du Sud-Est asiatique. Il fit de ce fait la couverture de nombreux magazines américains. C'est ironique, mais ce qu'il n'obtint pas chez lui avec sa participation à plus de 200 longs-métrages de Kung-Fu, il le réussit en se mettant devant la caméra de l'autre côté de l'océan. Et bien qu'il ait travaillé avec Jean Claude Van Damme, Jim Kelly ou C y n t h i a R o t h ro c k , p o u r l e p u b l i c occidental, il sera toujours « Bolo » de « Opération Dragon ». Ceux qui le

connaissent et l'ont interviewé soulignent le fait que, malgré son a s p e c t e t s e s c o n n a i s sa n c e s martiales, c'est un homme aimable, tranquille et réservé. Actuellement, sa carrière se déroule à cheval entre les États-Unis et Hong Kong, même s'il ne travaille plus autant au cinéma qu'avant. Ce n'est pas une retraite volontaire. Tout simplement le cinéma d'arts martiaux traverse depuis des années une crise grave et on ne lui offre plus de rôles. Sa résidence est fixée actuellement à Monterrey Park, un quartier résidentiel de Los Angeles (Californie) où il vit avec sa femme et ses deux enfants, Danny et David Yeung. Ce dernier a suivi les traces de son père et a travaillé dans plusieurs films. Bolo Yeung, pour se maintenir occupé, se consacre à la pratique du Tai Chi Chuan et du bodybuilding. Il est le président de l'association des gymnases de Hong Kong et le responsable de l'équipe de bodybuilders internationaux de Taipei. Du point de vue martial, il penche actuellement pour la pratique du Tai Chi Chuan.


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19h. Conferencia Alianza Internacional "Policias del Mundo" iwpa e icpse 21h. Dîner ICPSE et IWPA Samedi 27 : 10.30 Cours magistral, 4 Grand Masters. 21.30h. Dîner de gala du Hall of Fame 2012 Dimanche 28 : 11h. tournée Albufera et paella Torres-Torres. Prix : Contacter l’organisation. Information pratique : Endroit : Hôtel ABBA ACTEON, Valencia, Espagne. C/ Vicente Beltrán Grimal, 2 – 46023 Valencia – Espagne. Tél +96 331 07 07 • Fax +96 330 22 30 • Émail : acteon@abbahoteles.com Il existe des prix d’hôtel spéciaux pour les participants à l’événement. Les chambres bloquées par l’organisation pour les participants sont en nombre limité, leur réservation par ceux qui le souhaitent doit donc se faire le plus rapidement possible.

Comment être nominé ? Vous pouvez prendre contact avec l'organisation aux adresses mails suivantes : halloffamemartialarts@gmail.com halloffamemartialarts2010@gmail.com Il existe deux manières d'accéder à une nomination. 1) Être présenté par quelqu'un qui déjà a été introduit précédemment au Hall of Fame. 2) Envoyer au maître Santiago Sanchis (Apartado de correos 1767, Valencia 46080 - Espagne) le récit des mérites de la propre carrière martiale, les titres, dan, curriculum, etc. Il doit s'agir de certificats authentiques et vérifiables. N'importe qui peut-il assister au dîner de gala ? Tout pratiquant d'art martial, maître, élève ou proches, peut assister au dîner d'hommage moyennant le paiement préalable de son couvert et son acceptation par le conseil d'administration. C'est une occasion magnifique de connaître de près les grands maîtres qui assistent chaque année. Il est également possible de s'inscrire au stage au cours duquel, chaque année, différents grands maîtres partagent tatamis et enseignements. Nous devons cependant ajouter que le nombre de participants est limité et que l'organisation se réserve le droit d'admission. Le respect d'un certain protocole est exigé, il sera expliqué dans un mail informatif sur demande des intéressés.

Avec l’appui de la ville de Valencia et de sa mairie.


La Colonne de Raul Gutierrez L'expert martial face à la violence réelle Le Fu-Shih Kenpo se compose techniquement de mouvements linéaires et circulaires conjugués dans divers directions et différents sens afin d'obtenir une grande maîtrise et habileté dans tous les angles physiques en lançant une énergie intermittente au moyen de mouvements brillants, fluides et continus. Pour ce faire, le Fu-Shih fait appel à tous les sens et à toutes les ressources physiques et mentales. Dans le Fu-Shih, on avance toujours dans la construction d'une technique défensive pour l'élaboration d'une contre-attaque naturelle, décisive et coordonnée. Une concentration totale est nécessaire, ainsi qu'un regard pénétrant et une respiration profonde. Nous devons nous préparer à être capables de répondre efficacement face à n'importe quelle acte de défense ou d'attaque, mais cela ne signifie pas que nous ayons le droit de provoquer des blessures graves ou de tuer un adversaire. Ces dernières années, je ne cesse d'attirer l'attention dans mes cours publics et privés et mes stages ou séminaires nationaux et internationaux sur les erreurs communes que nous avons coutume de commettre dans la plupart des arts martiaux quand nous devons nous centrer sur la selfdéfense réelle. Je m'explique. Lors de nos entraînements, que ce soit dans un dojo, sur le tatami, ou à l'air libre, nous ne pouvons jamais faire une véritable application 100% réel en comparaison avec la réalité de la rue. Et c'est là un premier désavantage. Il y a ensuite le fait que nous passons des années à répéter des séries de techniques spécifiques préalablement élaborées, codifiées et programmées à la carte. Et finalement, il existe un autre inconvénient permanent et c'est le fait d'utiliser des sparrings, des partenaires ou des adversaires également à la carte. Que signifie tout cela en définitive ? Répéter et répéter des séries techniques, que ce soit en shadow ou contre un objet, Pao, patte d'ours ou sac, ou un adversaire, est un premier pas. Le fait que notre adversaire ne nous rende pas les coups et nous permette de réaliser une rafale de coups et de nous exprimer en toute liberté est également une autre partie de l'apprentissage, mais elle nous conduit à acquérir une fausse confiance en nous. Et finalement le fait de demander à notre sparring le type d'attaque que nous souhaitons pour, avec cette confiance et grâce à sa collaboration, réaliser une impressionnante démonstration de

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« Le plus important, c'est notre condition physique, ensuite nos armes naturelles, c'est-àdire tout notre arsenal (mains, poings, jambes, coudes, genoux) et finalement notre pouvoir de décision. » nos habiletés est un autre point faible de notre dextérité. Tout cela se transforme souvent en un véritable cauchemar dans les situations extrêmes de violence de rue. Depuis tout petit, j'ai vu des affrontements réels avec et sans armes. Mon père était un carabinier au Chili et j'ai également vu avec lui le type d'action policière que l'on réalisait dans mon pays natal. Là, les forces de sécurité agissent avec un niveau de force policière élevé et sont dès lors respectées. Dans les années 80, je me suis très souvent rendu dans différentes villes des États-Unis : Miami (Floride), Cleveland, (Ohio), Los Angeles (Californie), Las Vegas (Nevada), New Orléans (Louisiane), Chicago (Illinois), Houston (Texas), San Antonio (Texas), Atlanta (Géorgie), Pittsburgh (Pennsylvanie), New York, Phoenix (Arizona), etc. J'ai pu observer dans toutes ces villes différents types de violence de rue et d'action policière. En Europe, on voit aussi des bandes des pays de l'Est et d'Amérique centrale ou d'Amérique du Sud exercer une violence dans les villes, les rues ou aux domiciles particuliers. C'est un type de violence qu'on n'avait jamais vue auparavant chez nous. Des gens qui viennent de la misère, de la guerre et pour qui une vie humaine n'a aucune valeur. Et ça, c'est un véritable désavantage parce qu'alors qu'un pratiquant d'art martial a une éthique, un respect de la société, de la justice, et essayera d'éviter de faire trop de mal pour ne pas avoir de problèmes morales et judiciaires trop graves, ses adversaires tout simplement n'en auront pas vis-à-vis de lui. Et ça, messieurs, c'est un problème grave.

Comment construire une contreattaque efficace et énergique sans occasionner de blessures graves à un adversaire ? Il sera donc ici très important d'être physiquement, techniquement et psychologiquement préparé. J'insiste toujours sur le fait que le plus important, c'est notre condition physique, ensuite nos armes naturelles, c'est-à-dire tout notre arsenal (mains, poings, jambes, coudes, genoux) et finalement notre pouvoir de décision autrement dit notre mental pour savoir comment repousser une agression extrêmement violente d'individus très bien préparés et sans scrupules. Il faut savoir qu'ils n'hésiteront pas à être sauvages, sanguinaires et qu'ils n'ont aucun respect pour la vie, les personnes ou la société. Il est bon de connaître et de dominer les techniques et leurs diverses applications sur les points faibles de n'importe quel individu. Peu importe que ces truands soient durs, mauvais, forts, grands ou expérimentés, ces points faibles fonctionnent de la même manière pour tout le monde. Mais ne nous y trompons pas… avec eux, nos armes doivent être bien au point et nous devons les appliquer sur ces points avec toute la décision et toute l'efficacité requise. Paradoxalement, tuer quelqu'un est à la fois réellement très facile tout en étant difficile. En premier lieu, nous devons tenir compte du fait que pour décider de produire un dommage extrême, nous devons avoir des raisons spécifiques suffisantes. Avec ou sans arme, tout est possible quand la raison commande. Prions Dieu de n'avoir pas à utiliser nos connaissances pour faire du mal à notre prochain et qu'aucun de ces énergumènes ne croise notre route ! Revenons ainsi aux origines des arts d'Extrême Orient pour les partager dans le meilleur des sens : qu'ils nous apportent la santé et le bien-être pour mieux profiter de notre précieuse vie et de celle des êtres qui nous sont chers, de notre famille et de nos bons amis ou de nos frères sur le chemin de la vie. Je crois que même le plus mauvais des mauvais a un peu de bonté, de crainte et de repentir au plus profond de son être. J'ai personnellement vu pleurer devant moi un des grands mauvais, des plus mauvais qui j'ai croisé sur mon chemin. Et ce qui est pire (ou meilleur suivant l'angle que prend notre regard), je l'ai entendu prier Dieu de le protéger avant de commettre un nouveau péché. À bientôt, dans le prochain numéro de ce prestigieux magazine international d'arts martiaux.


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La Lutte libre est considérée comme une des formes de combat au corps à corps les plus ancienne du monde. Elle faisait partie de l'entraînement des anciens guerriers grecs et romains jusqu'à devenir avec le temps un sport olympique. Il est curieux de voir comment, dans certains pays d'Occident où ce sport existe depuis des siècles, les masses se sentent plus attirées par les styles de combat orientaux tels que le Judo et les arts martiaux chinois et japonais, sans se rendre compte de l'efficacité de leurs propres styles de combat occidentaux tels que la Lutte libre olympique. Faisons remarquer qu'actuellement, la majorités des lutteurs professionnels de Vale Tudo ou de Mix Martial Arts n'ont pas seulement incorporé les techniques de Lutte libre dans leur arsenal de combat, mais encore qu'une grande partie de leur entraînement physique est directement influencée par les méthodes d'entraînement de la Lutte libre olympique.

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Un grand champion et un excellent maître Nous avons un dicton : « Un lutteur doit avoir l'habileté d'un acrobate, la force d'un haltérophile et l'esprit d'un joueur d'échec. » Quiconque ayant pratiqué la Lutte saura qu'il faut une grande capacité physique. Mais il ne suffit pas d'avoir la force d'un haltérophile en mouvement. La Lutte libre olympique a en effet évolué en ce qui concerne la tactique et la stratégie. C'est un sport qu'il convient, du fait de sa complexité technique, de commencer à pratiquer très jeune, car la manière continue de manœuvrer exige un engagement constant et planifié. Après avoir appris une technique simple, il faut apprendre à se positionner défensivement pour exécuter les contre-attaques, ce que l'on appelle en Lutte libre l'entraînement de « saisie, position défensive et contre-attaque ». Et cela n'en finit pas là parce que le lutteur doit apprendre à se mouvoir librement pour développer sa dextérité, se déplacer agilement et pouvoir répondre face aux lutteurs défensifs. Quand un lutteur se prépare, apprend et pratique des actions offensives, il se prépare mentalement à contre-attaquer les défenses possibles contre celles-ci. Cela exige non seulement un perfectionnement constant de sa capacité et de sa résistance physique et technique, mais encore une capacité, une résistance et une volonté mentale et morale. Le vrai lutteur apprend que quoi qu'il arrive, il doit toujours continuer. Il ne s'arrêtera pas au

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premier contretemps, peu de choses le démoralisent. Meto Kodakov est un mélange de gladiateur, d'ancien entraîneur de Lutte libre olympique de l'ancien Union soviétique et de chercheur infatigable de ce qui fonctionne vraiment sur le tapis. Comme il le dit, il est un scientifique en ce qui concer ne les méthodes d'entraînement, et cela ne fait aucun doute. Il est amplement compétent et possède une grande expérience en tant que lutteur, mais il sait que pour accomplir son rêve d'entraîner des champions, il doit continuer d'étudier les méthodes d'entraînement modernes, quelles que soient leurs provenances. Malgré des origines humbles et difficiles dans son pays natal, la Bulgarie, il n'a jamais cessé de se battre pour atteindre les objectifs qu'il s'était fixé. Pour que vous vous fassiez une idée, la Lutte libre olympique est pour la Bulgarie ce qu'est le football pour l'Espagne ou l'Angleterre. La seule différence, c'est que c'est un sport où presque tous les résultats dépendent de soi-même et il a été plusieurs fois champion de son pays. Il a eu l'occasion de s'entraîner avec de véritables légendes de la Lutte libre et n'a jamais cessé d'avancer jusqu'à accomplir ses rêves. Meto Kodakov est un exemple de dépassement de soi, un exemple pour la jeunesse d'aujourd'hui. Son rêve actuel c'est de pouvoir offrir aux jeunes l'espoir que tout peut être surmonté à travers le sport. Il a pour cela créé le « Club Gladiateur » de Lutte libre. « Les portes sont ouvertes à tous ces jeunes qui, comme moi à mon époque, ont le désir de se dépasser. Ils n'ont pas idée de comment était la vie quand j'étais jeune et enfant en Union soviétique. La Lutte libre olympique nous rend forts d'esprit et ce que l'on apprend constitue une base extrapolable à la vie. La constance est la base du succès et ils l'apprendront avec moi. »

Interview B.I. : Racontez-nous quand et pourquoi avez-vous commencé à pratiquer la Lutte libre.

M.K. : J'ai commencé à pratiquer la Lutte libre olympique à l'âge de sept ans dans mon village natal d'Ezerche en Bulgarie. À cette époque, mon village avait une équipe très forte, l'une des plus forte de la région. Mais à 11 ans, je suis entré à l'école sportive, de celles créées pas l'ancienne URSS pour préparer les sportifs d'élite. Là, nous mangions, nous étudions et nous nous entraînions. Nous ne pouvions voir nos parents qu'un seul jour par semaine. La vie dans ces centres de haut rendement était très dure et plus on était jeune, plus dur c'était. Ces écoles furent créées dans le seul but de démontrer aux pays capitalistes que le système communiste était capable de créer les meilleurs élèves et les meilleurs sportifs, que la compétition était sérieuse et très forte. Nous avions des compétitions tous les jours et les entraînements, vous l'imaginez, étaient extrêmement durs. Les jeunes d'aujourd'hui ne peuvent se faire une idée de la dureté de ces endroits. Tous les jours, nous nous levions à 6h du matin, nous prenions le petit déjeuner et à 8h nous commencions les cours. Il y avait ensuite au moins deux heures d'entraînement et puis de nouveau les cours jusqu'à 1h. Nous déjeunions, nous retour nions en classe quatre heures de plus et ensuite nous nous entraînions de nouveau pendant deux heures. Et ainsi jusqu'à ce que j'entre dans les corps spéciaux de l'armée de mon pays. B.I. : Comment considérait-on la Lutte libre en Bulgarie et dans les Pays de l'Est en général ? M.K. : La Lutte libre olympique et l'haltérophilie sont les sports nationaux de mon pays. La Lutte libre est comme le football de première division en Europe. Être champion de Lutte dans mon pays était le rêve de tout enfant bulgare. Je l'ai été à deux reprises, en 1994 et en 1995. Et sept autres fois, j'ai été sous-champion de Lutte olympique. Comme vous imaginez, dans mon village, j'étais considéré comme un

héros. À mon époque, j'étais très respecté parmi les lutteurs mondiaux. B.I. : Quels furent vos professeurs et comment vous ont-ils motivé à atteindre vos objectifs ? M.K. : J'ai eu la grande chance d'être entraîné par certains de ceux que je considère comme les meilleurs de l'histoire mondiale de la Lutte olympique. Hassan Isaev, qui obtint la médaille d'or aux Jeux olympiques de Montréal en 1976, fut mon entraîneur pendant dix ans. Avec lui, j'ai énormément appris. Non seulement c'était un grand préparateur physique, mais en outre, c'était un véritable « joueur d'échec » de la Lutte. Il m'enseigna à être discipliné, il m'inculqua la discipline dans tous les aspects de la vie. C'était un grand motivateur, un psychologue des sportifs. Il savait tirer le meilleur de chaque lutteur et était capable d'améliorer ses points faibles. Il m'a formé en tant que personne et en tant que lutteur. Il m'enseigna à être un gagnant dans tous les domaines de la vie. Grâce à lui, j'ai réussi n'importe quelle entreprise que je me suis proposé. J'ai également eu l'occasion d'être formé par d'autres grands entraîneurs de mon pays tels qu'Alexandre Nanev, Georgui Yanchev, Ivan Sonov et Ivan Sochev, tous des grands lutteurs et des entraîneurs d'élite. B.I. : En quoi différaient les méthodes d'entraînement de la Lutte libre entre, par exemple, les ÉtatsUnis et l'ancienne URSS ? M.K. : Les méthodes d'entraînement de l'URSS avaient comme base la perfection technique, l'agilité, la rapidité et la résistance. Les Américains se centrent plus sur la force physique, tandis que les lutteurs bulgares et de l'Est se basent plus sur ce que nous venons de dire. Pour nous, il était plus important d'être un bon lutteur qu'un malabar. De fait, on dit qu'un lutteur a l'agilité d'un acrobate, la résistance d'un coureur de marathon, la force d'un

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haltérophile et la stratégie d'un joueur d'échec. Un lutteur doit être complet. L'entraînement d'un lutteur professionnel de Lutte olympique doit impliquer ces quatre aspects. La force physique n'est pas la Même que celle dont a besoin un haltérophile, il faut savoir manier le poids de l'adversaire dans le combat lui-même. B.I. : Avec qui avez-vous eu l'occasion de vous battre quand vous étiez dans le circuit professionnel de la Lutte libre ? M.K. : Parmi les plus célèbres, j'ai eu l'occasion de me battre avec Plamen Paskalev, qui fut sixième aux Jeux olympiques d'Atlanta en 96. J'ai également eu l'occasion de me battre avec Valentin Yelev, troisième du monde en 95 ; avec Plamen Penev, Aldin Kasabov et bien d'autres, tous des lutteurs très durs et très forts. Ce fut une époque en or de la Lutte libre olympique. Les tournois étaient durs parce que c'était des tournois de six plus trois, autrement dit, si vous ne gagniez pas pendant les six premières minutes de combat, il se prolongeait de trois minutes. Un véritable enfer. B.I. : Pourquoi, croyez-vous, que les lutteurs de Vale Tudo s'entraînent ou ont un background en Lutte libre ont tant de succès actuellement ? M.K. : D'un côté pour leur entraînement physique, les lutteurs sont des gens physiquement très bien préparé, mais par dessus tout pour la technique de ce sport. Un lutteur sait par où entrer dans ses adversaires, quel que soit leur style. J'ai eu l'occasion de me battre contre des boxeurs, des judokas, des kickboxeurs… Dès que nous faisons contact - et que nous allons entrer au corps à corps tôt ou tard-, dès que nous saisissons notre adversaire, nous savons comment l'amener au sol et le soumettre. Le style de la Lutte libre est toujours frontal et si vous vous êtes entraîné pendant des milliers d'heures à ce sport comme je l'ai fait, vous vous habituez à être un

rouleau compresseur. Littéralement, quand vous saisissez un bras ou une jambe, vous savez comment déséquilibrer. Ensuite, il s'agit seulement de vous positionner correctement pour frapper, comme ils le font actuellement dans les combats de Vale Tudo. L'aspect sportif de la Lutte libre m'a toujours intéressé. Je sais que c'est un très bon système de self-défense dans la rue, mais pour moi le sport en luimême est plus important, ce que ça implique que d'être un sportif d'élite, le fait de faire de la compétition, d'être en forme, de vivra sainement, d'avoir de la discipline, c'est ça qui m'intéresse plus que seulement le fait de me battre. B.I. : Après avoir fait partie d'un corps d'élite de l'armée de votre pays, vous vous êtes consacré à la sécurité privée et au travail d'escorte. En plus d'être un sport, la Lutte libre est donc utile pour se défendre dans la rue ? M.K. : Comme je l'ai dit avant, la préparation physique d'un lutteur est incroyable. Vous vous battez littéralement pendant des heures contre différents types de combattants et logiquement, comme c'est un grand système de self-défense, pour moi, il a toujours fonctionné pour me défendre. La Lutte est explosive, c'est une force brutale appliquée de manière très intelligente à un moment précis. Les gens, quel que soit leur style, quand ils ont affronté un lutteur, que ce soit au gymnase ou dans la rue, savent qu'un lutteur est très dangereux. Après être sorti de l'école de haut rendement de mon pays, je suis entré à l'armée, dans les corps spéciaux pour être exact. Plus de discipline, plus d'entraînements et des entraînements extrêmement durs, beaucoup de froid… J'ai appris à manipuler toutes sortes d'armes à feu, de tous les poids. J'étais l'un des meilleurs francs-tireurs de l'armée à l'époque. Celui qui naît pour la Lutte naît pour n'importe quel type de lutte. Depuis très jeune, j'ai dû apprendre à me débrouiller tout seul. Après l'armée, j'ai travaillé comme garde du corps privé

pour des chefs d'entreprise très importants de mon pays et j'étais très respecté dans le monde de la sécurité privée des Pays de l'Est. Mais une fois de plus, seul le sport en soi m'intéresse. Le sport de la Lutte libre olympique est ma passion depuis tout petit et maintenant, je voudrais me consacrer à l'enseignement. B.I. : Quels sont vos projets pour le futur ? M.K. : Mon projet est déjà en marche. Je veux utiliser toutes mes connaissances pour former de bons lutteurs olympiques au sein de l'Union européenne. Actuellement, j'ai une petite école à Madrid, en Espagne. J'enseigne aux enfants dans certains collèges et je rêve de pouvoir la proposer au plus grand nombre possible. Je voudrais faire connaître la Lutte, que les gens voient autre chose que le football. La Lutte libre est un sport qui exige de la discipline, être en bonne santé et surtout le respect. Je rêve aussi de pouvoir donner des stages dans toute l'Europe. Actuellement, je donne également cours dans des écoles de MMA à Madrid et je partage mes connaissances avec des combattants de toutes les disciplines. Ils me demandent de leur montrer les entrées, les amenées au sol, les renversements… En cela, nous sommes des spécialistes, nous les lutteurs. C'est pour cela que je crois que les lutteurs possédant un background de Lutte ont tant de succès en Vale Tudo. B.I. : Comment considérez-vous actuellement la Lutte libre olympique en Europe ? M.K. : Dans les pays de l'ex Union soviétique, elle est très connue, mais pas autant dans ceux de l'Ouest. C'est pour cela que je me consacre actuellement à l'enseignement. Comme je l'ai dit, mon plus grand rêve, c'est d'introduire la Lutte libre olympique dans le plus d'écoles possibles et de commencer à créer une pépinière de lutteurs en Europe.

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La Lutte libre est considérée comme l'une des formes de combat au corps à corps les plus anciennes du monde. Elle faisait partie de l'entraînement des anciens guerriers grecs et romains jusqu'à ce que le temps en fit un sport olympique. Il est curieux de voir comment, dans certains pays d'Occident où ce sport existe depuis des siècles, les masses se sentent plus attirées par les styles de combat orientaux tels que le Judo et les arts martiaux chinois et japonais, sans se rendre compte de l'efficacité de leurs propres styles de combat occidentaux tels que la Lutte libre olympique. Faisons remarquer qu'actuellement, la majorités des lutteurs professionnels de Vale Tudo ou de Mix Martial Arts n'ont pas seulement incorporé les techniques de Lutte libre dans leur arsenal de combat, mais encore qu'une grande partie de leur entraînement physique est directement influencée par les méthodes d'entraînement de la Lutte libre olympique.

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Ce qu'on appelle les attaques vicieuses, ce ne sont pas les attaques franches et directes que nous pratiquons habituellement, mais plutôt celles réalisées par les professionnels du combat de rue. Ils savent que les victimes peuvent s'attendre à certains types d'attaque et vont, pour cela, les modifier pour qu'elles deviennent plus courtes, surprenantes et mortelles. Dans ce nouveau DVD du maître Alain Cohen, nous étudierons comment les arrêter avec nos technique de Krav Maga : menaces avec revolver dans le dos, dans la nuque, avec les mains attachées, étranglements, saisie Double Nelson dans le dos, diverses situations d'attaque et de menace avec couteau quand l'individu est tout près et que nous sommes au sol, exécutions avec couteau ou pistolet, attaques de plusieurs agresseurs et exercices de fluidité pour appliquer correctement les clés de bras. Un travail qui ne cherche donc pas la qualité technique, mais l'efficacité car nous nous battons pour notre vie en fin de compte et notre objectif, c'est que, finalement, l'agresseur se retrouve par terre et que nous puissions lui échapper.

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Méthodes de défense des coups Pour « éliminer » rapidement l'adversaire avec des coups, au cours du combat, il est important de savoir trouver dans l'espace le point de contact avec l'agresseur pendant l'action. C'est l'une des choses actuellement les plus intéressantes, importantes et difficiles de l'art du combat, indépendamment des styles. La défense des coups est déterminée par deux concepts : le plan du coup et le plan défensif (la surface de réception du coup). • Le plan du coup est la trajectoire du coup d'attaque de l'adversaire, avec ou sans armes. La trajectoire peut cependant être très complexe. De ce fait, le plan du coup ne suit pas nécessairement une ligne droite ou conventionnelle. • Le plan défensif est l'espace qui peut être représenté par l'extrémité de la personne qui se défend au cours de l'approche de l'objet attaquant et de la réalisation de la défense. L'angle de rencontre ou angle entre le plan du coup et le plan défensif ne doit pas dépasser les 10-15º au moment du contact. Pour la défense, on n'utilise pas plus de 15 à 25% de l'énergie du coup, le reste est transféré au contrecoup et

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est utilisé pour la charge sur l'adversaire et la gestion correspondante. Le contact est réalisé avec la partie interne ou externe des doigts et des articulations de la main. Après le contact, la main ou l'objet qui effectue l'attaque glisse le long de la ligne défensive. Le changement d'angle de la rencontre se réalise à travers la rotation (pronation ou supination) de la main le long de l'axe longitudinal sur le mouvement de rencontre ou d'accompagnement. Cela permet de changer la trajectoire de la main (ou de l'objet) attaquant, en utilisant un minimum d'énergie. Voyons un exemple concret. Les gouttes de pluie dans leur chute rencontrent une superficie dure (le toit incliné d'une maison), elles en sont déviées (rebond ou contrecoup) suivant un angle déterminé et continuent de chuter dans une autre direction. Ainsi, en tombant sur une surface plate, le trajet de la pluie est modifié et la force de son parcours diminue. Le sommet supérieur du triangle offre une représentation très claire de la position du point de contact au moment de l'agression. En percevant le niveau d'agression de l'adversaire, le corps reçoit un signal immédiat concernant les actions suivantes. Après le contact initial, il existe la possibilité de créer une légère pression au début (un « nœud » de forces) pour

ensuite céder et créer un vide. Autrement dit, sans rompre le contact avec l'agresseur, il est possible de situer le vecteur de force dans la direction nécessaire suivant les principes de la perte d'équilibre.

Tout cela peut être pratiqué même sans contact physique (non contact) Il est possible « d'éliminer » le point de contact, mais aussi de continuer l'action pendant que l'adversaire est en déséquilibre (en changeant la structure de la stabilité de son corps). Pour la défense contre les coups de pied, on utilise les mêmes règles que celles de la défense avec les mains. Quand le coup arrive, on crée le contact avec la main ou la jambe de l'adversaire en le rejetant légèrement (en formant avec la main ou la jambe un plan incliné) tout en conservant le contact. Pour quelle raison accordons-nous tant d'attention à la douceur, à la souplesse et à la résistance ? Si nous surmontons les actions de l'adversaire, nous unissons notre force à la sienne et nous ajoutons une accélération à son mouvement. Cela permet de préserver la force et d'être près de l'attaquant. Tant qu'on


conserve le contact, on peut même le contrôler. Le changement de trajectoire des coups de l'adversaire se base sur l'absence de résistance et la souplesse en plus de l'ai d e d e s s u p p o r t s spécifiques des coups et des contres. La sortie depuis l e p l a n d u c o u p comme si on esquivait ou on glissait peut se faire tant que l'on est debout, en déplaçant le centre de la masse sur une des deux jambes, avec une légère torsion du corps (si la jambe gauche se trouve en avant, le corps doit réaliser la torsion dans le sens des aiguilles d'une montre). Si on est devant, debout face à l'adversaire, il faut se déplacer au m oment de l'a t t a q u e a v e c u n glissement rapide et ferme vers l'avant (le principe du pas suivi d'un demi pas) en direction de l'adversaire suivant un angle d'à peu p r è s 4 5 º . Av e c l e s jambes situées d a n s l a l i g n e d e s épaules, le cent re d e l a m a s s e s e trouve sur la ja m b e a v a n t . I l e s t important de ne pas entraîner l'autre jambe. La torsion du corps se produit au moment du c o u p , a i n s i q u ' a u moment de l'action défensive. Par rapport à cela, un des principes les plus importants est celui de céder, ne pas résister à la force qui arrive et remplir l'espace v i d e a u t o u r, ê t re capable de rester près de l'adversaire et de conserver le contact avec lui.

Il faut trouver une voie intermédiaire, s'unir au camarade dans une action unique, dans le même système. Le travail (de contribution de la force) est l'ensemble des actions motrices, telles que les coups et les leviers, qui ont pour but de faire perdre l'équilibre à un corps. Dans ce travail, il y a trois étapes à prendre en considération : • Union (avant le début du contact physique avec l'adversaire) et début du contact avec l'adversaire • Renforcement : la charge avec les coups ou avec le centre de la masse (le levier sur le propre appui ou sur l'appui de l'adversaire) • Guide : ordre, action basée sur la perte d'équilibre. Si l'union et le renforcement sont réalisés correctement, ils sont faciles. Quoi qu'il en soit, il est conseillé lors de l'entraînement d'utiliser des coups de charge ou de créer un « nœud » de forces. De cette façon, le corps de l'adversaire se déplacera naturellement et pour nous, il sera facile de le dominer en utilisant le centre de sa propre masse. Le principe du maintien du contact avec l'adversaire se conserve toujours. Dans de nombreux cas, les coups avec les genoux, les prises et les coups de pied sont possibles. Laisser libre l'endroit pour la chute de l'adversaire en ramenant à temps (après avoir créé

l'appui pour l'adversaire) la jambe avec laquelle nous avons frappé (rejet avec la jambe). Il est possible en outre (surtout en travaillant avec les armes) d'élaborer un plan vertical qui inclut la charge, la torsion le long d'une spirale courte vers le bas suivant un angle de 45º, l'élimination d'un appui avec coups de pied (dirigés aux parties faibles de la structure biologique du corps), l'utilisation du centre de notre propre masse et de la masse de l'adversaire, un mouvement de la ligne verticale de la colonne d'un à deux centimètres vers l'avant ou vers l'arrière (à gauche ou à droite). Toutes les postures antérieurement indiquées, en plus d'un autre ensemble de certains mouvements, constituent un mouvement similaire à celui d'un pendule (oscillations, mouvement ondulatoire), le principal mouvement pour la défense des coups. Il faut rappeler que c'est l'adversaire qui a provoqué la situation où il se trouve. Nous lui avons cédé notre place dans cet espace (sortie à la surface), dans la séquence des actions créées en déplaçant le « nœud » de forces, nous avons apporté les coups et dominé l'adversaire. Nous devons dire qu'il n'est pas toujours nécessaire de mettre en pratique les techniques décrites, parfois l'un ou l'autre coup suffisent. Tout dépend de la situation.

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À

la fin des années 70, le grand maître Kernspecht apporta le WingTsun en Europe. Peut-être un maître de ce système méconnu at-il essayé avant lui de le faire, mais je crois qu'il n'y a pas de doute à ce sujet : K.R. Kernspecht a introduit le WingTsun en Europe avec une force que l'on ne peut comparer à aucune autre. Et je dirais même plus : qu'on ne peut comparer avec aucun autre système. En moins de 30 ans, il a formé plus d'un demi million de

pratiquants… une chose à la portée de très peu de personnes. Un charisme particulier associé à une remarquable capacité intellectuelle en sont indiscutablement le secret. Mais j'aimerais m'efforcer d'essayer d'éclaircir toute cette évolution pour mieux comprendre notre système. L'histoire a tendance à se répéter et presque tout ce qui réussit a tendance à mourir de cela : du succès. Nous qui avons déjà passé un certain nombre d'années à consacrer une partie de notre vie à l'enseignement de ce système, à sa promotion, à en montrer le meilleur visage, à essayer d'en transmettre la philosophie, nous nous refusons de laisser notre système mourir de succès. Je crois fermement qu'il y a de très nombreuses choses à résoudre dans notre monde et très certainement nous le ferons. Je crois que ça en vaut la peine. Faire une référence à l'évolution de notre système en Europe me paraît essentiel. Rendre au roi ce qui appartient au roi est important, mais par dessus tout, je considère qu'il est fondamental de pouvoir expliquer la situation actuelle et que c'est beaucoup plus facile si nous savons d'où nous venons, où nous sommes et dans quelle direction nous cheminons aujourd'hui. Après l'arrivée du WingTsun en Allemagne et une première époque « difficile » pour le système, tout commença à donner ses fruits. La deuxième génération d'instructeurs avec des gens comme Victor Gutiérrez, Emin Boztepe ou Saly Avcy (ainsi que beaucoup d'autres plus ou moins connus, mais d'un très haut niveau) commença à assumer ses responsabilités. Ils furent envoyés par le grand maître pour ouvrir des écoles dans toute l'Europe et le WingTsun commença à croître de manière incomparable sur le Vieux Continent. Cette expansion du système, comme dans n'importe quelle organisation ou entreprise, engendra des choses positives et des

choses négatives. Parler naturellement des deux, et pas seulement des magnifiques réussites du WingTsun du point de vue organisationnel, nous permettra, je crois, d'être meilleurs à l'avenir.

De l'évolution de la Chine à l'Occident Les arts martiaux en Chine furent conçus suivant un objectif très clair : vaincre les boxeurs chinois. Évident ! Mais si nous approfondissons un peu, nous nous rendrons compte que la Chine a vécu totalement isolée du monde extérieur pendant des siècles. C'était une sorte d'écosystème fermé, où les « espèces » luttaient en utilisant leurs systèmes pour survivre au conflit. Cela engendra une sorte d'endogamie martiale et lorsque ces styles chinois sortirent de leur pays et arrivèrent en Europe et aux États-Unis, ils durent développer une espèce de période d'adaptation. Je ne veux pas du tout dire avec cela que les styles chinois n'étaient pas efficaces face aux autres styles de combat, mais il est vrai que quand vous avez vécu pendant autant d'années d'une certaine manière et que vous changez de pays, vous avez besoin d'une période pour adapter votre style de vie au nouvel « écosystème ». Avec l'apparition du gouvernement maoïste en Chine, de nombreux maîtres d'arts martiaux durent choisir en l'exil ou se cacher et ne plus enseigner les arts martiaux. Certains de ceux qui choisirent la première voie se rendirent en Australie, aux États-Unis et en Europe. Une fois dans leurs nouveaux écosystèmes, il se produisit une sorte de polarisation de l'approche qu'ils donnèrent à l'enseignement du Kung-Fu chinois. 1. Les traditionnalistes. Défenseurs « à outrance » de la tradition chinoise, ils essayèrent de tout conserver comme dans leur pays d'origine avec une intention très louable : conserver le Kung-Fu comme un aspect de la culture traditionnelle chinoise. Ils enfermèrent leur art dans un autre micro-système : le Kwoon. Dans le cas de notre système, cette branche essaya de conserver le Wing Chun tel qu'il était enseigné en Chine. On y trouve un grand nombre d'écoles qui font un Wing Chun plus traditionnel, avec des techniques de Wing Chun contre des techniques de Wing Chun. En d'autres mots, ils n'envisagent pas le combat contre des adversaires de styles non chinois. Ils essayent de conserver le style le plus près possible du Wing Chun de Hong Kong. Je dirais même que c'est l'option la plus


implantée en Europe actuellement. Si vous vous rendez aux Royaume-Uni et dans les pays du nord de l'Europe, il ne vous sera pas difficile de trouver des centaines de petites écoles de Wing Chun « classique ». Elles sont presque toutes indépendantes l'une de l'autre et forment de petites organisations qui dépendent d'un Sifu et qui font un travail intéressant pour la conservation du Wing Chun traditionnel chinois. C'est bien évidemment un choix, même s'il est très différent du WingTsun que je pratique, au point de pouvoir presque parler de styles différents. En effet, si nous nous centrons sur les aspects techniques, nous nous rendrons compte que, malgré une origine commune, ces styles sont très différents de ce que nous faisons, nous, dans notre pratique quotidienne. 2. Évolutions. Les pratiquants de WingTsun d'Espagne et d'Europe appartiennent à cette autre option. On pourrait dire que c'est l'œuvre du grand maître Keith Ronald Kernspect. D'après moi, mon sigung fut le responsable de la révolution du Wing Chun en Europe. Il développa des programmes d'enseignement de Lat Sao où le pratiquant de WingTsun était obligé de répondre à des attaques de Boxe, à des low kicks et à toutes sortes de techniques de styles tels que le Kickboxing, le Muay Thaï ou le Grappling. Il sortit ainsi le WingTsun de l'écosystème chinois pour le rendre universel. Il eut ce grand mérite, non seulement parce qu'il fut capable d'engendrer un nombre de pratiquants et d'écoles inégalables en Europe, mais surtout parce qu'il fut capable d'adapter cette Boxe chinoise à l'Europe et d'affronter avec des éléments aussi simple que le triangle classique ou l'usage du Chi Sao (ou de l'habileté acquise au moyen du Chi Sao) divers adversaires, indépendamment du style pratiqué. Plus encore, il fut capable de décortiquer au maximum un système apparemment très simple, mais dont nous savons, nous qui le pratiquons, qu'il ne l'est qu'en apparence. Et surtout, le Dai Sifu Kernspecht fut capable de créer une équipe de professeurs/combattants d'un niveau incomparable. Je crois, de fait, que jamais dans toute l'histoire des arts martiaux, aucun maître n'a réussi une telle chose. Il y eut des maîtres très importants, de grands combattants, de grands formateurs avec de grands élèves… mais un maître capable de former un groupe de maîtres du niveau auquel je me réfère, je crois que c'est quelque chose de tout à fait exceptionnel. Si on ajoute à cela le fait que ce monsieur créa les programme de Lat Sao et 90% des sections du Chi Sao avancé pour son entraînement… les mots me manquent. La révolution du WingTsun a et aura toujours un nom : K.R. Kernspecht. Postérieurement, surgit ce que commercialement on appelle « ré-évolution ». Qu'est-ce que la ré-évolution ? Un jour, au cours d'un repas avec le directeur du magazine Budo International, M. Alfredo Tucci, ce dernier se référa, en utilisant ce terme au travail de mon sifu, Victor Gutiérrez. Cela me semble être un terme très judicieux. Si Kernspect a fait la révolution, le sifu Victor Gutiérrez a fait la ré-évolution…

Le Sifu Victor a fait un pas de plus. Il a développé jusqu'au bout la capacité d'adaptation à un milieu plus hostile : un combat où l'adversaire est capable d'encaisser des coups très puissants et où, par exemple, les poings enchaînés n'atteignent pas leur objectif ; ou bien des situations où l'adversaire est également capable de s'adapter et de céder, mais avec un système différent du WingTsun (Grappling, Jiu-Jitsu) ; ou bien une situation encore plus difficile où l'adversaire a étudié les techniques et les stratégies du WingTsun et préparé une contre-offensive pour les neutraliser (par exemple en jouant avec les feintes, en évitant d'entrer directement, sachant que le pratiquant de WingTsun utilise la « solution universelle »). Le sifu Victor a même considéré la possibilité d'adapter le WingTsun pour l'utiliser dans les compétitions des sports de contact (MMA, K1, etc.). Il utilisa donc les idées du WingTsun, mais en leur donnant une nouvelle forme pour l'ajuster à ces objectifs et il l'a mis en pratique des centaines de fois… C'est là la différence avec le reste. Je crois que le travail du sifu Victor n'a pas été compris ni valorisé comme il le mérite. C'est comme quand vos enfants grandissent, tout le monde vous dit combien ils grandissent, mais vous, qui les voyez tous les jours, ne le percevez pas. Le Sifu Victor a repris le témoin de son sifu et a mené à bien (d'après moi) le travail d'adaptation totale au combat du système WingTsun. Je sais que beaucoup de maîtres ont été capables de battre d'autres combattants en utilisant le WingTsun, mais ce que le sifu Victor a fait… c'est autre chose. J'ai eu l'immense chance de pouvoir passer des milliers d'heures avec le sifu Victor et de voyager avec lui pratiquement dans le monde entier. Ce qu'il a fait a un mérite absolument incroyable. Le sifu Victor s'est présenté en plusieurs endroits d'Europe et d'Amérique sans savoir ce qu'il allait rencontrer là-bas et il n'a jamais éludé un défi. Il n'a jamais refusé de montrer son art martial à tous ceux qui voulaient l'essayer. Peu importe qu'ils pratiquassent les arts martiaux chinois, japonais, européens, les sports de contact… il a toujours utilisé son système et il a toujours vaincu !

Il est vraiment dommage que son travail n'ait jamais été suffisamment apprécié. Je pourrais vous donner des centaines d'exemples, mais je ne finirais pas en un temps raisonnable. Au cours de ma dernière conversation avec lui, je lui ai m a n i f e s t é c o m m e t o u j o u r s mon admiration et ma grande peine qu'il ait abandonné la voie des arts martiaux classiques pour se diriger de plus en p l u s v e r s l e s M M A e t l e s s p orts de contact. C'est sûrement une grande p e r t e . J ' a i m e r a i s q u e l e temps reconnaisse son incroyable travail et je suis sûr qu'il en sera ainsi. Le panorama actuel offre de nouveau une situation semblable à celle du point de départ : u n e s e g m e n t a t i o n e x c e s s i v e de la branche WingTsun, ce qui n'est pas bon pour le style, mais je crois, que c'est, d ' u n e c e r t a i n e m a n i è re , i n é v itable. Comme la vie elle-même, nous sommes immergés dans une stupide compétitivité stérile et cela peut finir par transmette au reste de la communauté martiale l'idée que le WingTsun est un style peu sérieux e t , c ro y e z - m o i , i l n ' e n e s t r i en. Le WingTsun est un système extraordinaire et j'ai la certitude absolue qu'avec un travail sérieux et constant et en évitant les erreurs du passé, il sera reconnu aussi bien par les pratiquants d'arts martiaux chinois que par le reste des pratiquants d'arts martiaux.

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C

ertaines personnes nous demandent : « Qu'est-ce que le Ki ? Je ne peux ni le voir ni le toucher ! ». Elles oublient qu'on ne peut pas non plus voir ou toucher l'air ! En réalité, le Ki est partout, autour de nous et en nous également. Normalement, nous ne pouvons ni le voir ni le sentir car notre vue et les autres sens sont limités. Les yeux, par exemple, ne parviennent à percevoir que les ondes électromagnétiques dont la longitude se trouve entre 0,4 et 0,8 micron, autrement dit entre 0,00004 et 0,00008 millimètre alors que le spectre électromagnétique va de 0,000000047 micron à plus de 30 kilomètres. Et il se fait que le Ki est très loin de la petite portée des ondes électromagnétiques que perçoit l'œil humain. Comme il est invisible pour la majorité des gens - et malgré le fait que certaines personnes privilégiées et certains pratiquants aux pouvoirs paranormaux soient capables de le voir -, beaucoup pensent que le Ki est imaginaire. En 1977, des scientifiques chinois démontrèrent son existence. Ils invitèrent des maîtres du Ki (ou Qi) à canaliser l'énergie de leurs mains vers des instruments scientifiques modernes. Les instruments démontrèrent définitivement que le Ki de ces maîtres se manifestait sous forme d'ondes électromagnétiques, rayons infra-rouges, énergie statique et au moyen de certains flux de particules. De nombreuses expériences et recherches confirmèrent également que les affirmations faites par les maîtres de Ki étaient valides. Ainsi, une personne normale respire plus ou moins 18 fois par minute, mais un pratiquant de Ki ne respire que 5/6 fois. Sa respiration n'est pas seulement plus lente et plus profonde, elle représente également un meilleur échange d'oxygène et de dioxyde de carbone. En d'autres mots, un pratiquant de Ki possède un système plus efficace pour éliminer les toxines du corps. Les recherches montrèrent que le rythme de la respiration d'une personne est étroitement associé à son état émotionnel : plus la respiration est lente et profonde, plus cette personne est tranquille. Une personne normale amène près de 500 centimètres cube d'air aux poumons chaque fois qu'elle inspire. Avec la pratique d'une bonne respiration qui augmente petit à petit la capacité des poumons, un maître du Ki peut inspirer de 5000 à 7000 cm3 d'air à chaque fois. Cette quantité d'oxygène plus élevée dans chaque inspiration signifie qu'un maître du Ki reçoit un supplément d'énergie qui donne à son corps plus de résistance, une plus grande capacité d'auto-régénération et un système immunologique plus efficace. Les chercheurs ont découvert que sur 1 cm2 de surface de peau d'un profane, où il existe près de deux milles capillaires, seuls près de cinq sont remplis de sang ! Sur la même surface de peau d'un pratiquant de Ki, près de 200 capillaires sont remplis de sang ! En termes pratiques, cela signifie qu'un pratiquant de Ki a un flux sanguin plus efficace pour fournir des nutriments à toutes les cellules, ainsi qu'un meilleur système d'élimination des toxines. Cela explique également pourquoi les pratiquants de Ki n'ont pas aussi vite froid et ont les joues roses.

De la particule au cosmos Anciennement, on enseignait le Ki exclusivement aux empereurs, aux généraux et à certains disciples

spécialement choisis. Aujourd'hui, le Ki est à disposition de tous, mais pour arriver à cela il a fallu résoudre certains problèmes. Le Ki est resté secret pendant tant de temps que peu de personnes comprennent réellement son sens et on peut vite l'étudier et le pratiquer superficiellement. Quelqu'un peut avoir pratiqué le Ki pendant de nombreuses années, mais ne l'avoir jamais approfondi par méconnaissance de sa base philosophique et de sa méthodologie, anciennement secrètement gardées. Il est donc normal que beaucoup de personnes n'aient qu'une compréhension partielle et superficielle du Ki, au point de penser parfois qu'il s'agit d'un système

Le Ki, l'étude des énergies, les chakras, la méditation, la respiration, sont certains des thèmes que ce livre explique d'un point de vue vaste, intégrateur, matériel et spirituel. Des thèmes qui sont réunis dans un texte qui donne une nouvelle dimension à des éléments dont nous avons toujours entendu parler et qui, rarement, ont été bien expliqués.


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d'exercices souples pour le bien-être physique général. Un apprentissage peu approfondi peut se produire dans n'importe quelle discipline, mais il est dommage que cela se produise avec le Ki car celui-ci a beaucoup à apporter au monde. Le Haragei est l'art et la science de l'énergie, de la matière qui compose la particule infinitésimale aux galaxies infinies, et le Ki est en contact avec tout ce qui touche l'homme et l'Univers. Ce n'est pas une affirmation exagérée et les grandes maîtres de Ki ont véritablement fait des observations correctes sur la particule et le cosmos bien avant que les scientifiques ne les découvrent. D'un point de vue plus personnel, le Ki intervient dans le développement de la pensée et de l'âme. Les conquêtes mentales des maîtres confusionnistes qui utilisèrent le Ki dans leur entraînement sont impressionnantes et produisirent certaines des meilleures œuvres artistiques, scientifiques et philosophiques du monde. Le Ki taoïste et le Ki bouddhiste contribuèrent grandement au développement spirituel. Ils apportèrent certaines formules pratiques et efficaces qui permirent à beaucoup de personnes de comprendre la plus grande des conquêtes de l'humanité, la satisfaction spirituelle, indépendamment de leur religion. Physiquement, le Ki représente très certainement bien plus que des méthodes de respiration et des exercices physiques. À celui qui est disposé à y consacrer un peu de temps et d'effort, le Ki peut apporter santé et vitalité, et non seulement la capacité de se libérer des maladies, mais encore - et ce qui est plus important - enthousiasme et joie de vivre. Si on ne pratique pas le Ki, on passe à côté de toute une série de bonnes choses.

Les cinq éléments On a cinq mouvements fondamentaux de l'énergie : des forces qui se déplacent vers l'extérieur et vers l'intérieur, des forces qui montent et qui descendent et des forces qui tournent. L'étude de ces mouvements constitue la base de l'un des systèmes les plus célèbres de toute la sagesse chinoise : la théorie des cinq énergies. Le pratiquant de Ki doit savoir comment utiliser les différentes formes des cinq énergies face à n'importe quel problème. Des exemples pratiques de ces méthodes seront donnés ultérieurement.

Métal

Terre

Le métal est la plus dense de toutes les formes de la matière. Sa fonction caractéristique est le mouvement de l'énergie vers l'intérieur. Tout comme les métaux sont utilisés pour conduire l'électricité et pour unir les matières, l'énergie du métal a une qualité magnétique qui attire d'autres énergies vers lui et unit les forces. Dans le calendrier chinois, l'énergie du métal correspond à la phase de la lune décroissante. Du point de vue des saisons, c'est en automne que la nature se referme sur elle-même.

L'énergie de la terre se déplace horizontalement. Ses directions sont latérale et circulaire, comme les orbites des planètes. Dans le calendrier chinois, l'énergie de la terre s'interprète également comme le représentant de la période de changement entre chacune des saisons de l'année. Elle est comme la lune avant de décroître, quand elle est au plus près de la Terre, grande, dorée et pleine. Comme la terre elle-même, elle est patiente, protectrice et nourricière. Elle protège, elle absorbe, elle supporte et ajuste tous les changements.

Eau L'énergie de l'eau est descendante. C'est l'état où les choses atteignent leur point maximum de repos et de concentration. C'est donc l'énergie de la régénération. L'énergie de l'eau détermine notre constitution de base, nous donnant le pouvoir d'exister, de grandir, d'agir et de nous reproduire. C'est la base de notre force de volonté et de notre motivation. Elle est comme la nouvelle lune qui, malgré l'obscurité est sur le point d'émerger de nouveau à la lumière. C'est l'énergie de l'hiver : tranquille, cachée, attendant pour renaître.

Bois Le bois symbolise l'énergie en expansion vers l'extérieur, comme un arbre. Comme un arbre sain, l'énergie du bois nous maintient forts et souples. Elle nous maintient en équilibre avec notre environnement et assure l'harmonie de nos fonctions internes. Dans le calendrier chinois, l'énergie du bois correspond à la lune croissante, quand son énergie grandit et se répand. C'est la phase du cycle où les choses jaillissent et commencent à grandir. C'est l'énergie qui permet que tout dans la nature sorte à la lumière. C'est l'énergie du printemps.

Feu Sans l'énergie du feu dans le corps, nous serions froids et sans vie. Notre feu intérieur alimente la multitude des processus chimiques et biologiques. Le feu est l'énergie radiante qui fomente le pouvoir émotionnel, mental et spirituel de tous les organes. C'est l'esprit de la vie, il nous donne la conscience et la capacité d'apprécier la vie et de pouvoir la diriger. Il nous connecte avec l'Univers et avec les autres êtres. Le feu est le symbole de la chaleur humaine qui nous donne le pouvoir de communiquer, de partager et d'être fervent.


« Le pratiquant de Ki doit savoir comment utiliser les différentes formes des cinq énergies face à n'importe quel problème. »

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Arts Martiaux Chinois Li Yau San Le grand maître de Shaolin de Funkien La réputation de Li Yau San était bien connue dans toute la région du sud. Son mentor à Shaolin du sud ne fut rien moins que l'abbé de Shaolin, le moine Zhi-Shan. Li Yau San fut un véritable maître Shaolin du Temple légendaire et un expert en médecine Dit Ta Yow.

La rencontre entre Li Yau San et Chan Heung (fondateur du Choy Li Fut) Li Yau San avait été invité par une association culturelle de Kung-Fu à San Woi, aujourd'hui Xin-Hui. On disait que sa dextérité à enseigner le Kung-Fu Shaolin était impressionnante. Cela arriva aux oreilles de Chan Heung qui organisa une rencontre surprise avec Li Yau San. Li Yu San avait coutume de prendre le thé dans un petit restaurant-maison de thé de San Woi. Chan Heung décida de lui tendre une embuscade à la sortie de la maison de thé. Chan Heung possédait une volonté puissante et était un passionné des bons combats, il décida donc de tester son habileté. Il

• Biu Jong : coup avec pointe ou dard se clavant au centre de la cible • Cup Chui : coup qui scelle ou écrase. Grâce à ce grand héritage des poings du sud de Shaolin, le Choy Li Fut possède un système pugiliste sans pareil. Proverbe de Confucius : « Qui honore ses maîtres et leurs connaissances, honore sa propre personne. » Cet article a été écrit par Jie-Gao Pedro Rico, de l'école Shaolin Choy Li Fut de Saragosse (Espagne). www.shaolinchoylifut.com

attendit que Li Yau San sorte de la maison de thé, entoura sa taille avec ses bras et essaya de le jeter par terre. Quand Li Yau San devina la stratégie de Chan Heung, il abaissa son Chi à la posture du cheval, Sei Ping Ma, et Chan Heung fut incapable de le soulever ne fut-ce qu'un centimètre du sol. Li Yau San était redouté pour ses poings, mais également pour ses techniques de jambe. Li Yau San contre-attaqua immédiatement avec un coup de coude, Ping Jiang, et un coup de pied (Da Fu Jong Gwenk). Au cours de l'attaque, Li Yau San atteint Chan Heung à deux reprises, jusqu'à ce qu'à un moment donné, Chan Heung fit une rotation à 360º, sautant vers l'arrière pour contenir l'énergie de l'un des coups de pied de Li Yau San en utilisant la technique de la paume de Bouddha, Pak Shao, et évitant ainsi l'impact. Li Yau San fut surpris de l'habileté dont avait fait preuve le jeune Chan Heung. Mais il le sermonna pour son attitude qui aurait pu lui coûter la vie… Il lui demanda qui l'avait envoyé pour le défier de cette manière si sournoise. Chan Leung lui dit qu'il l'avait fait de sa propre initiative et lui demanda pardon. Il avait entendu parler de sa dextérité en Kung-Fu et voulait s'en assurer. Quelques semaines plus tard, il lui demanda de bien vouloir l'accepter comme disciple et Li Yau San accepta. Chan Heung continua de perfectionner son Kung-Fu sous le regard attentif de Li Yau San. Il s'entraînait durement tous les jours. Li Yau San était très fier de lui car il possédait une discipline de fer et ce que Li Yau San avait mis toute la vie à apprendre, le jeune Chang Heung l'apprit en 5 ans. On conserve aujourd'hui encore les formes traditionnelles héritées de Li Yau San comme la forme des doubles coups de pied continus « Yin Yeung Twei Lin » et bien sûr la forme du poing « flèche de fer » (Tit Jin Cheung Kuen). Din Ying (Tit Jin) fut également le surnom que l'on donna au fondateur du Choy Lee Fut, Chang Yeung. Nous avons également maintenus vivants des coups et des poings du style de Li Yau San tels que : • Ching Ji : coup des plus de mille • Dot Chui : coup avec le poing fermé type balayage • Pek Chui : coup type marteau coupant en vertical

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Salvador Herraiz, 7e dan de Karaté

À la mort de Masatoshi Nakayama en 1987, le Shotokan de la Japan Karate Association se désagrégea irrémédiablement. En réalité, plusieurs années auparavant, Hirokaza Kanazawa en avait déjà été expulsé. Il avait formé une nouvelle organisation qui avait réussi et survit actuellement. Mais avec la disparition de Nakayana, véritable âme de la JKA originale, celle-ci se disloqua petit à petit et chaque maître important créa sa propre ligne. L'un des principaux maîtres qui continua ainsi son propre chemin est le maître Taiji Kase. Né en 1929 et décédé en 2004, Kase fut incontestablement une grande référence du Shotokan et sa mort n'a fait qu'alimenter sa légende. C'est pour cela que nous poursuivons ici l'intéressante conversation que le maître eut, il y a plus de 20 ans, avec Salvador Herraiz. Avec le temps, elle prend un sens particulier et permet de repasser certains détails de l'histoire du Karaté d'un intérêt indiscutable.

L

e maître Kase est incontestablement une des légendes du Karaté mondial. Neuvième dan Shotokan et membre important de la Japan Karate Association, il fut pendant des années le chef de fil indiscutable de cette organisation en Europe. Il résida pendant très longtemps à Paris et, du fait de sa grande qualité technique, il voyagea assidûment dans le monde entier pour diriger de nombreux stages de Karaté. Le sensei Kase est né à Tokyo le 9 février 1929. Au moment de l'interview, il a 60 ans et un aspect sain et fort. Son

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Karaté est pur, traditionnel et il en a une idée très claire : l'efficacité comme caractéristique principale. Son Karaté peut devenir la plus terrible des armes et sa vitalité, sa relative jeunesse (vu son grade) ainsi que ses vastes connaissances, son expérience, son entraînement assidu et puissant, font de Taiji Kase un maître qui donne une image particulière, un maître qui est une légende vivante, un maître qui est l'image d'un Karaté fort, pur, dangereux si ce n'était l'esprit qui l'accompagne, un maître qui est… un grand maître comme il en resta peu ! Ses camarades d'entraînement furent, jusqu'à la moitié de ce siècle, Toshio

Kamata, Isao Obata, Masatoshi Nakayama, Takahashi, Hideka Nishiyarna ou encore Tsutomu Oshima, et d'autres furent également ses professeurs comme le père du Karaté, Gichin Funakoshi. Taiji Kase a beaucoup de choses à nous dire, des choses intéressante et que peu de personnes au monde peuvent savoir. J'ai, pour cela, considéré intéressant d'aller le voir à l'un de ses nombreux cours. Alors que nous prenions ensemble le petit déjeuner, répondant à mes questions, le maître Kase repassa l'histoire récente, l'esprit et les maîtres qui, après Funakoshi, développèrent d'en haut le Karaté dans le monde. Que les


Grands du KaratĂŠ

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Interview lecteurs n'oublient pas de situer cette conversation en son temps, c'est-à-dire il y a plus de 20 ans, pour que certains commentaires ne prêtent pas à confusion. B.I. : Maître Kase, comment et quand avez-vous commencé les arts martiaux ? T.K. : À l'âge de 6 ans, j'ai commencé à pratiquer le Judo. B.I. : Le Judo. Pourquoi le Judo ? Y avait-il une raison concrète à cela ou ce fut par hasard ? T.K. : Mon père était judoka, j'ai donc pour cela commencé le Judo. Pendant la guerre, le Judo était beaucoup plus connu. Il faut remonter dans le temps. B.I. : Comment avez-vous alors commencé le Karaté et pourquoi ? T.K. : Je regardais les livres dans les librairies et j'ai vu un livre du maître Funakoshi. Ce fut un choc pour moi. Je connaissais le Judo, le Kendo et l'Aïkido, mais le Karaté était quelque chose de terrible et d'harmonieux. C'est pour cela que je suis allé au dojo et que j'ai commencé le Karaté. C'était en 1944, avec le sensei Gichin Funakoshi. B.I. : Que vous rappelez-vous de Funakoshi sensei, de ses enseignements ? T.K. : Et bien, une chose est l'image que l'on en a et autre chose la réalité.

L'entraînement fait jusqu'alors avec les épées… était parfaitement applicable au Karaté. B.I. : Vous voulez dire que c'était un entraînement très complet et centré sur la réalité ? T.K. : On vivait dans une ambiance de guerre. On avait un esprit guerrier. Le Karaté devait se pratiquer comme l'entraînement du Katana : toucher et tuer. Réalisme ! C'était une époque du Budo, on comprenait alors très bien ce que le « contrôle » voulait dire ! B.I. : Comment était le Shotokan que l'on pratiquait alors du point de vue technique ? T.K. : Funakoshi changeait continuellement. Quand il s'en alla au Japon, il changea. Il innovait continuellement le Karaté. Funakoshi sensei libéra le Karaté des préceptes du Karaté d'Okinawa. B.I. : Techniquement, le Shotokan actuel vient de Gichin Funakoshi sensei ou bien de son fils Yoshitaka Funakoshi sensei ? T.K. : On peut différencier trois étapes dans le Karaté : Okinawa, le Japon et Yoshitaka Funakoshi sensei. Le Karaté continuait d'évoluer et de se libérer en innovant.

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B.I. : Que pensez-vous de la version que le maître Oshima a fait du livre « Karate-do Kyohan ? Kase sensei fait alors un geste qui exprime qu'il n'est pas tout à fait d'accord avec ce livre d'Oshima sensei. T.K. : Quand j'étais capitaine de l'université, j'allais chercher Funakoshi sensei pour aller nous entraîner. Oshima était petit, il avait alors seulement 13 ans, il était très jeune. J'allais chercher Funakoshi sensei et ensuite je le ramenais. Oshima sensei pratiquait alors à peine et j'étais capitaine. Dans le Karaté universitaire japonais, le poste de capitaine est un poste très important. Le maître Kase, avec ce commentaire, semble vouloir dire, sans le dire clairement, que le maître Oshima n'était pas le plus indiqué pour réaliser la traduction, l'adaptation et les photographies du livre de Funakoshi sensei. Il semble dire, sans le dire, par respect, qu'Oshima sensei n'était encore presque personne, même si Kase sensei ne dit à aucun moment quoi que ce soit de méprisant et ne donne pas son opinion. Il continue de parler, déviant légèrement le centre de la question. T.K. : J'étais de l'université de Senshin, Oshima de celle de Komosawa. Il y avait également celle de Keio et de Takushoku. Ensuite, d'autres ajoutèrent la pratique du Karaté, mais au début, il n'y avait que celles-là et aucune autre.

On raconte que dans ce livre de Funakoshi Sensei (je me réfère à l'original), le maître Ohtsuka Hironori collabora beaucoup avec le maître, non seulement en ce qui concerne les photos, mais également pour le texte. Beaucoup des techniques présentées dans le livre sont également certaines de celles que l'on pratique assidûment en Wado Ryu, le système d'Ohtsuka Sensei et que l'on ne pratique plus actuellement ainsi dans le Shotokan. B.I. : Savez-vous s'il est vrai qu'Ohtsuka collabora de manière importante au texte du livre ? T.K. : Oui, effectivement. Ohtsuka Sensei était de la première génération qui s'entraîna avec Funakoshi, tout comme Obata sensei, Shimoda sensei… Au bout de 10 ans de pratique, on a très bien vu les résultats de cette génération. B.I. : Vers 1964, vous vous êtes rendu dans plusieurs pays et sur plusieurs continents pour développer le Karaté Shotokan et vous avez abouti en France. Parlez-nous un peu de cela s'il vous plaît, qu'en était-il alors du Karaté là-bas ? T.K. : Oui, en 1964 et 1965, j'étais en Afrique du Sud. Je connais très bien l'Afrique. Ensuite, je suis allé en Europe. Le Karaté était en train de démarrer en Europe et de manière très joyeuse. Je

suis allé en Belgique et aux Pays-Bas. En France, je suis arrivé en 1967. B.I. : Quelle relation avez-vous avec les autres maîtres de Shotokan au Japon et dans le reste du Monde ? T.K. : Nous avons de bonnes relations. Ça fait de nombreuses années que je vis loin du Japon, tout comme Shirai sensei et Enoeda sensei. Nous nous sommes demandés si c'était bon pour nous ou si ça nous portait préjudice en tant que karatékas. Notre niveau s'est amélioré et avec ça, le niveau général. Entre nous, nous comparons la réalité du Karaté, ce que nous exigeons de nous et ce que nous exigeons des autres, les Européens, etc. Tous les ans, nous allons au Japon et nous étudions la situation réelle, nous évaluons son niveau technique, psychologique et son développement. Nous échangeons des idées. C'est important. Kase sensei met beaucoup l'accent sur le progrès des instructeurs pour le bon développement et progrès des élèves. Il poursuit : T.K. : L'Europe progresse et nous espérons que le niveau moral et technique monte un jour, comme au Japon. Si les instructeurs ne progressent pas, les Occidentaux seront obligés d'aller au Japon pour progresser et en étudier l'essence, mais si les instructeurs [il se réfère clairement aux instructeurs non Japonais,

aux instructeurs d'origine occidentale] progressent, l'Europe progresse. Nous bavardons plus longtemps sur le sujet, car il est essentiel pour Kase sensei. Il mentionne souvent le fait que dès le début, Gichin Funakoshi sensei se renouvelait et progressait. T.K. : O Sensei [c'est comme ça qu'il se réfère généralement à Funakoshi sensei] voyageait à Okinawa. Quand il revenait, il faisait une symbiose entre ce qu'il y avait et ce qu'il apportait. Il revenait à chaque fois renouvelé. B.I. : Que pensez-vos du fait que le Karaté puisse devenir une discipline olympique ? Est-ce indiqué ? Peut-il perdre une partie de sa pureté ou de son esprit ? T.K. : Le Karaté doit entrer au C.O.I. Que le Judo soit olympique nous oblige à faire en sorte que le Karaté le soit aussi. D'un côté, il doit être un sport. D'un autre, il doit être un Budo. Si on parvient à faire en sorte que les deux facettes puissent cohabiter sans interférer l'une sur l'autre, c'est possible. Ça doit être ainsi ! Que le karatéka sportif comprenne que son esprit peut préserver la tradition associée à une autre facette. Il faut essayer de faire en sorte que les sportifs respectent le Budo. [Ici, le maître Kase lève un peu la voix et en souriant, il s'exclame :] Et les arbitres !!!


Si je considère les derniers championnats que j'ai vus, il est clair que le changement doit commencer. Nous sommes obligés de changer de niveau. B.I. : Et que pensez-vous de la compétition de katas et de ses changement réglementaires ?

T.K. : Ce sujet est très délicat. C'est un problème d'arbitrage. Les katas que j'ai vus ne s'ajustent pas à la réalité. On ne prend en compte que le rythme. La position, le kime… ils en sont dépourvus et cela dénature considérablement le kata. La réalité du kata n'est pas claire. En réalité, ce n'est pas un problème

d'arbitres, mais d'essence du Karaté. C'est une question de temps. J'espère que l'on arrivera à comprendre et à changer la manière d'arbitrer et l'intention interne du kata. Dans notre style, dans le monde, il y a des différences. Les instructeurs japonais essayent de parler entre eux des

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Interview

différentes conceptions en différents endroits. Nous devons parler. Cette autocritique du maître Kase est essentielle pour un sujet aussi important sur lequel le Karaté doit travailler. B.I. : Maître Kase, que pensez-vous du maître Nakayama et de son œuvre, à travers ses formations, ses livres, ses élèves, sa direction de la JKA ? T.K. : Nakayama sensei est un grand homme. Le premier dirigeant de l'Association japonaise de Karaté fut Gichiin Funakoshi et le deuxième fut Nakayama sensei. Il a beaucoup contribué au Karaté mondial. Il a énormément aidé à l'organisation de la compétition, en en structurant même les règles. B.I. : Pouvez-vous nous donner un exemple concret d'un pays dont l'évolution vous impressionne ? T.K. : Il y a l'Indonésie par exemple, avec un million de pratiquants de la JKA. L'Algérie en peu de temps a dépassé les 100.000 alors qu'il y a à peine deux ans, elle n'en avait que 20.000. B.I. : À quoi se doit une telle croissance ? T.K. : À l'esprit inquiet des gens et au fait qu'ils assistent assidûment à l'instruction.

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B.I. : Comment se déroule un jour normal de votre vie quand vous n'êtes pas en train de diriger l'un ou l'autre cours ? T.K. : Je m'entraîne presque tous les jours. J'étudie également beaucoup les anciens ouvrages de Budo, la poésie et la philosophie m'intéressent également. J'ai deux filles que j'aime beaucoup et bien sûr il y a mon épouse. Avec tout ça, j'occupe mon temps. B.I. : Vos deux filles pratiquent le Karaté, j'imagine ? T.K. : Un peu seulement. Elle en ont fait un peu et continuent. B.I. : Connaissez-vous d'autres styles de Karaté ? Que pensez-vous d'eux ? T.K. : Je suis ami de professeurs connus d'autres styles. Les styles ont une personnalité et aux niveaux supérieurs, tous les styles convergent et il n'y a plus de style, il y a le Karaté. On progresse ou on ne progresse pas, il y a niveau ou il n'y en a pas. Rien de plus. C'est comme la musique, vous pouvez interpréter Chopin, Beethoven… mais peu importe qui vous interpréter, soit vous êtes un bon pianiste, soit vous ne l'êtes pas. B.I. : Que pensez-vous, Sensei Kase, du travail au makiwara. Est-il souhaitable ?

T.K. : Le makiwara est très important. Le Makiwara ou le sac ou les deux. B.I. : Et de la respiration concentrée que l'on utilise tant dans d'autres styles de Karaté comme le Goju Ryu, le Shito Ryu, etc. ? T.K. : Elle permet d'améliorer le Karaté. Nous la pratiquons aussi. Cela fait 44 ans que je pratique le Shotokan et la respiration. Avec elle, on avance. B.I. : Quelle est l'importance du kata ? T.K. : Le kata est une formalité. Mais quand on passe à certains niveaux, le kata est quelque chose de très différent. B.I. : Qu'est-ce que le kata pour vous, monsieur Kase ? Ici, le visage du maître exprime l'admiration, il réfléchit et légèrement surpris, il exclame un long… T.K. : Ooooooh, le kata est très important pour moi ! J'aimerais que le maître Kase m'en dise plus à sujet, mais il a les idées très claires et il dit toujours ce qu'il veut dire au moment où il veut le dire, ni plus ni moins. Je vois maintenant que Kase sensei attend une autre question sur un autre sujet. B.I. : Maître Kase, dites-nous, s'il vous plaît en quelques mots, ce que


Grands du Karaté représentent pour vous les noms suivants : Nishiyama sensei… T.K. : Nous étions camarades dans le même dojo. B.I. : Okazaki sensei… T.K. : Il se trouve aux États-Unis, il est bon en Karaté. B.I. : Enoeda sensei… T.K. : Oh ! Il est très fort. B.I. : Shirai sensei… T.K. : Un grand technicien. Sa tête fonctionne et travaille constamment. Elle n'arrête pas. B.I. : Kanazawa sensei… T.K. : Il est d'une génération antérieure à la mienne. Nous nous connaissons bien, il est bon. B.I. : Que pensez-vous de sa séparation de la JKA et de sa création du Shotokan Karaté international ? Kase sensei prend maintenant une expression sérieuse de résignation et lance un significatif… T.K. : Vraiment dommage ! B.I. : Maître, maintenant à propos des dirigeants d'autres styles de Karaté, très brièvement s'il vous plaît, parlez-vous de… Yamaguchi Gogen…

T.K. : Nous nous sommes vus deux fois, nous avons mangé, nous avons bu. B.I. : Masatatsu Oyama… T.K. : Je le connais. Dans les années 45-46, nous nous entraînions au Judo et au Karaté ensemble. Un jour, on me laissa un groupe de ceintures blanches de Judo pour que je les forme. Parmi eux se trouvait monsieur Oyama. B.I. : Hironori Ohtsuka ? T.K. : Malheureusement il est décédé. Il a fonde la Wado Ryu. Il était de la première génération de Funakoshi sensei. B.I. : Maître, pour passer à un autre sujet… Quel est votre kata préféré ? T.K. : Et bien, ça a changé suivant les époques. Quand j'étais jeune, c'était Empi et d'autres. Quand on me demande maintenant de faire une démonstration de kata dans les championnats, je fais généralement Chinte ou Meikyo. B.I. : Et quel est le kata le plus difficile ? T.K. : On ne peut pas non plus le dire clairement, comme pour la question précédente. Tout dépend du niveau de la personne. On pose généralement cette question entre le 1e et le 4e dan. C'est le niveau qui apporte la difficulté.

B.I. Que pensez-vous du Shotokai et des maître Shigeru Egami et Genshin Hironoshi ? T.K. : Tous deux, Egami sensei et Hironoshi sensei, furent mes professeurs. Que vais-je donc penser d'eux ? Quand Gichin Funakoshi sensei était fatigué, car il avait une espèce de fatigue vitale, Yoshitaka Funakoshi faisait fonction et était assisté par Egami sensei, Hironoshi sensei et un autre. En 1946. Funakoshi continuait de donner cours à l'université une fois par semaine. Hironoshi également. Et ces derniers temps, je me suis encore entraîné avec Egami sensei. Avant, j'ai dit qu'Ohtsuka Sensei, Obata Sensei, Shimoda Sensei... étaient de la première génération à s'être entraînée avec Funakoshi sensei, non ? Et bien, Hironoshi était de la deuxième génération. Ma relation actuellement avec le Shotokai est très bonne. Le président de la Shotokai était de la même génération et de la même université que moi, il s'appelle Jokaru Takagi et quand nous nous voyons, nous mangeons ensemble, nous pratiquons et nous nous rappelons des souvenirs… nous sommes amis… Takagi San est un des directeurs de Mitsubishi, il ne se consacre donc pas professionnellement au Karaté, mais il continue de le pratiquer et possède un haut niveau. Le Karaté lui apporte de l'équilibre dans son travail. Takagi San, dont je parle ici, n'est pas le secrétaire général de la W.U.K.O.


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Après la révolution culturelle maoïste, les traditions chinoises ont été ravagées. Depuis ce magazine, nous avons assisté à leur renaissance, accompagnée de multiples phénomènes socio-culturels, avec les lumières et les ombres qui ont entourés cette transformation. En ce qui concerne Shaolin, une nouvelle génération de moines guerriers est la responsable de cette renaissance en Occident et derrière eux, un nom apparaît en force, malgré peut-être le propre establishment du Temple, celui d'un homme, du maître qui les forma : Shi de Yang. Nous vous parlons aujourd'hui dans ces pages de l'un de ces spectaculaires héritiers, Shi Miaozhi, qui enseigne à Madrid. Lui et Zhu Qihui, un autre élève de Shi de Yang à Valence, se sont proposés de terminer un travail commencé par mon respectable ami Shi de Yang depuis de nombreuses années et avec beaucoup d'efforts (et il ne serait pas juste de laisser de côté dans ce rapide résumé le moine espagnol Huang Aguilar) : celui de transmettre en Occident les enseignements du véritable Shaolin. Le moine guerrier Shi Miaozhi présente donc pour cela aujourd'hui son premier travail, un livre sur l'une des principales for mes du Temple qui r ecevra dans les mois prochain sa suite sous forme d'un DVD en la matière. Les passionnés de Shaolin en Occident ont de la chance, nous revenons à l'attaque avec plus de matériel et du meilleur ! Alfredo Tucci

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La légende du Shaolin Xiao Hong Quan Il y eut un jour deux hommes qui furent obligé de s'enfuir. L'un était jeune, l'autre était âgé, mais tous deux étaient unis par des liens familiaux puisque le plus âgé était le père du plus jeune. Ils étaient tous les deux poursuivis. Nuit après nuit, ils allaient d'un village à l'autre, cherchant refuge, mais les gens apeurés ne se sentaient pas le courage suffisant pour les accueillir. Un jour, ils entendirent parler d'un endroit où régnait la compassion, un endroit où l'on offrait la bienvenue à tous ceux qui s'y rendaient. « Je connais cet endroit, dit le père. Sa réputation et sa grandeur s'étendent dans les quatre directions. » « Oui, dit le fils, moi aussi j'ai

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entendu parler de lui. Des gens des quatre directions s'y rendent pour y faire des offrandes. » Ils entreprirent donc la route, le cœur confiant. Beaucoup plus tard, après avoir traversé vallées et montagnes, rivières et déserts, ils arrivèrent à l'endroit où ils croyaient pouvoir finalement se reposer. Shaolin les attendait. Le Temple avait déjà accueilli ceux qui venaient à lui cherchant refuge et continuerait de le faire. Les deux fugitifs n'avaient pas encore annoncé leur arrivée que déjà, on était sorti pour leur donner la bienvenue et leur offrir compassion et hospitalité. « Soyez reçus comme on reçoit un membre de la famille après une longue absence », leur dit un vénérable vieillard. « Nous nous sentons reçus comme un homme qui rentre chez lui après une longue

absence », répondirent le père et le fils. Le vénérable vieillard s'adressa une fois de plus aux deux nouveaux arrivés : « Quel est donc le grand secret que vous cachez pour ainsi vous enfuir et venir jusqu'ici de manière précipitée ? » Les deux hommes répondirent : « C'est un puissant savoir, fort comme le roc et rapide et invisible comme le vent. Le profond savoir qui habite en moi reçoit le nom de Da Hong Quan », dit le père. « Le profond savoir qui habite en moi s'appelle Xiao Hong Quan, dit le fils. Et comme démonstration de notre gratitude pour nous avoir recueilli, nous vous transmettrons ces connaissances. »


Quand ce fut fait, le vénérable vieillard s'adressa à eux et leur dit : « Maintenant que vous avez transmis ce puissant savoir, vous pouvez reposer en paix, car nous veillerons à ce que ne le connaissent que des hommes de bien, mais nous veillerons également à ce qu'il soit transmis de génération en génération et ne tombe pas dans l'oubli. » « Il faut être un maître dans tout ce que l'on fait, dans tout ce que l'on dit et tout ce que l'on pense. » Bouddha

Shaolin Xiao Hong Quan 1. Introduction historique Un maître important de Shaolin Si appelé Shi Su Yun aimait raconter une légende comme celle que nous venons de raconter quand on lui demandait comment était apparu Shaolin Xiao Hng Quan. Il expliquait ainsi de manière simple et belle l'importance de ce Tao au sein du Temple pour les études et la pratique du Gong Fu (Kung-Fu). Ces deux hommes qui cherchèrent refuge au Temple et qui étaient père et fils, s'appelaient Hong. C'est un nom de famille très habituel et on pourrait le traduire par « Inondation ». Une erreur de traduction assez habituelle que l'on retrouve, c'est de traduire « Hong » par « rouge » du fait de la transcription phonétique du mot. Cette histoire est cependant considérée comme une légende, car il existe plusieurs hypothèses et parfois très différentes de la manière dont a surgi ce Tao Lu. Les différentes études qui ont été faites sur le sujet n'éclairent pas beaucoup sa provenance et si, à cette absence de données concrètes, nous ajoutons le fait qu'un grand nombre des histoires qui se racontent en Chine mélangent la légende et la réalité, réussir à savoir avec exactitude son origine devient un travail véritablement difficile. Chaque découverte que l'on fait d'une inscription ou d'un document éclaircit un peu l'histoire passionnante de ce Temple unique au monde du fait des événements qui en ont

marqués le parcours. Actuellement, l'histoire à laquelle on donne le plus de validité en ce qui concer ne l'auteur de Xiao Hong Quan est celle qui nous en apporte le plus de données et qui situe sa création à l'époque de la dynastie Yuan (12791368). D'après les registres, le créateur aurait été Lo Sou, auquel sont attribuées des deux séries mentionnées dans la légende : Da Hong Quan et Xiao Hong Quan. 2. Introduction au Tao Lu Nous avons déjà mentionné que la légende que l'on raconte à propos de ce Tao Lu est une manière de donner une grande importance à cette forme. On la considère en effet aujourd'hui comme une forme de base, que tous les moines de Shaolin devraient obligatoirement apprendre. Et quand on dit que c'est une forme de base, ce qu'on veut dire, c'est que c'est une forme qui contient l'essence de beaucoup d'autres Tao Lu et l'essence de la grande méthode de Zhang Fa (techniques de la paume). Il ne faut pas l'interpréter comme une forme facile, car quand ce que l'on cherche, c'est la perfection technique, il n'y a pas de voies simples et rapides, ni de raccourcis, c'est au contraire l'effort constant et le jour après jour qui permettent de progresser et de tirer au maximum parti de cette série de mouvements. Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles quelqu'un qui étudie le Gong Fu devrait connaître et approfondir l'étude de cette technique. La plus importante de ces raisons est peut-être le fait de commencer à pratiquer et à se familiariser avec Zhang Fa (techniques de paume) qui est l'une des caractéristique et un signe distinctif du Gong Fu du Temple Shaolin. Son efficacité réside dans la connaissance profonde des techniques et la dépuration de


celles-ci jusqu'à réunir à faire des mouvements et des coups intuitifs et extrêmement efficaces. Beaucoup d'élèves de Gong Fu sont familiarisés avec Quan Fa (les techniques de poing), mais ne le sont pas autant avec Zhang Fa. Les deux techniques appliquées correctement peuvent cependant devenir réellement très efficaces. C'est ce manque de familiarisation de l'élève qui s'intéresse à ces techniques qui fait qu'il doive s'impliquer clairement, pleinement et de manière constante pour atteindre la maîtrise et la dextérité nécessaires pour utiliser Zhang Fa de manière précise. 3. Approfondir le Shaolin Xiao Hang Quan L'une des caractéristiques qui rendit célèbre cette forme de Xiao Hong Quan, c'est qu'elle est très pratique et idéale pour le combat réel. Cet aspect pratique suscite beaucoup d'intérêt chez les élèves qui se demandent toujours qu'apprendre pour avancer dans leur entraînement et si ce qu'ils étudient a une application réelle. Eh bien, Shaolin Xiao Hong Quan pourrait être défini comme un Tao Lu dont le développement est exact, qui a du rythme, dont la technique est puissante et forte et dont on pourrait dire, s'il est exécuté correctement, qu'il est comme le vent. Ce Tao Lu possède les mouvements et les pas de base d'autres types de Gong Fu. Il a un style exclusivement de Shaolin où l'on identifie facilement les mouvements. Il est constitué de techniques de poings, balayages, coups de pied, coups de paume et mouvements de Ma Bu, Gong Bu, Ding Bu, etc. On peut dire qu'il offre un système complet de combinaisons de mains, de jambes, de regards et de pas ainsi que le système complet de la théorie et de la pratique des projections offensives et défensives. Dans le chapitre précédent, nous avons déjà parlé des techniques de paumes Zhang Fa parmi lesquelles on trouve des techniques de Cha Zhang, Fan Zhang, Qie Zhang, Kan Zhang, etc., mais indiscutablement, la technique centrale et la plus connue du Shaolin Kung-Fu est celle de Liao Ye Zhang, qui est l'une des caractéristiques principales de ce Tao Lu. Pour étudier en profondeur Xiao Hong Quan, tout comme pour beaucoup d'autres formes du Shaolin Gong Fu, il faut beaucoup de temps, beaucoup d'années d'entraînement, acquérir un corps agile, élastique, sain, dur et résistant, léger, prêt pour la défense pratique et sans fioritures. 4. Ce qu'il faut savoir pour commencer L'apprentissage correct de Shaolin Xiao Hong Quan dépendra de la qualité et de la perfection des mouvements que l'on pratique. Il existe un dicton qui dit que ça ne dépend pas de mille mouvements, mais d'un seul mouvement parfait dans son essence. Ça ne sert à rien qu'un élève apprenne de mémoire vingt, trente ou quarante Tao Lu s'il n'apprend l'essence et l'importance d'aucun. On considérerait cela comme une perte de temps. De la même manière, si un l'élève ne connaît que quatre ou cinq Tao Lu, mais en atteint l'essence, la compréhension absolue et la perfection de leur exécution, on dira que cet élève pratique le Gung Fu. Il faut, dans le développement correct de cette forme, faire particulièrement attention à plusieurs facteurs. Toutes les parties du corps doivent être compensées et équilibrées, aussi bien la partie supérieure que la partie inférieure doivent se déplacer souplement et de manière coordonnées. Il faut faire très attention aux mouvements des pieds, du corps et des mains et les yeux doivent suivre ces dernières. Dans l'application de la force, il doit y avoir un continuité sans brèche et elle doit être complète. Lorsque l'on en termine l'exécution, il faut être dans un état que l'on pourrait qualifier d'énergique et de concentré. Il faut travailler les trois aspects : le corps, le cœur et la pensée, de manière simultanée et en concordance.

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« Il vaut mieux faire la conquête de soi que de gagner mille batailles. » Bouddha 5. L'entraînement physique Notre objectif doit être très clair quand nous voulons planifier l'entraînement. Connaître les points forts et les points faibles pour pouvoir adapter les séries aux qualités de l'élève en travaillant les points faibles et en perfectionnant les points forts. Quoi qu'il en soit, il doit être très clair pour le pratiquant de Gong Fu qu'il lui faut accroître son agilité, sa vitesse, sa résistance, etc., pour obtenir de bons résultats dans l'entraînement des mouvements de base du Gong Fu et ainsi petit à petit faciliter la progression de la technique. La finalité à poursuivre à

travers l'entraînement habituel c'est d'améliorer la santé du pratiquant en général et son bien-être physique. Il est pour cela recommandé de combiner différents types d'entraînements comme, par exemple, le spring, courir en changeant soudain de direction, courir en zig zag, faire de longues courses, etc. Il est également recommandé d'inclure des séries d'exercices de fond, d'abdominaux, des

exercices tels que le poirier et certains exercices avec les haltères. À mesure que l'on progresse dans ces exercices, il faut commencer à faire un effort plus important pour gagner le plus de souplesse possible et faire particulièrement attention aux hanches et aux jambes. Et enfin, il faut incorporer à l'entraînement des exercices qui développent la force des jambes, l'agilité des sauts et bien sûr l'équilibre. Des exercices comme les flexions sur les jambes, les sauts, monter les escaliers en courant, sont particulièrement indiqués pour atteindre ces objectifs. Il doit être très clair pour l'élève de Gong Fu qu'il est indispensable d'obtenir une bonne base athlétique pour pouvoir atteindre un haut niveau dans sa pratique. Il faut pour cela faire un effort continue et répété dans la pratique de ces exercices. Avec une bonne base, il lui sera plus facile de réaliser les différentes techniques, parfois complexes, qui composent le Shaolin Gong Fu.

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E

n raison du 850e anniversaire de la création de l'ordre militaire d'Aviz et de la présentation des cadets de la Défense du Portugal, le général de brigade Santiago Sanchis et le lieutenant colonel George Berghorn (USACC United Stades Army Cadet Command) se rendirent au Portugal pendant une semaine en avril-mai dernier. Des journées d'actes civils et militaires, des repas de galas, des défilés, des interviews, une visite aux musées naval et militaire, une réunion avec les hauts commandements militaires à la frégate Fernando II e Gloria de 1843, en parfait état de conservation et où l'école nautique supérieure de la marine portugaise réalise ses cours et ses pratiques. Invités par l'amiral directeur de la mission culturelle de la marine, l'amiral en chef de l'État major et plusieurs commandements navals et militaires, le général de brigade Santiago Sanchis et le lieutenant colonel George Berghorn présentèrent et expliquèrent le style naval et militaire américain.

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Au cours de la visite au musée militaire et à la place centrale, ils purent assister à un défilé avec les hymnes des deux pays et à un lever des drapeaux américain et portugais. Un acte solennel et émouvant auquel assistèrent les milliers de personnes qui participèrent à l'événement international, mais aussi l'attaché naval de l'ambassade des États-Unis et le capitaine de l'US Navy, Joe Beadle, en représentation du colonel de l'US Air Force, William G. Hampton, attaché à la Défense. Le soir même eut lieu un dîner de gala rigoureusement en uniforme, auquel assistèrent les autorités et les hauts commandements militaires et navals portugais et la délégation américaine. Le lendemain, forum pour la formation des cadets militaires portugais et présentation à l'Institut de Défense nationale par le général Sanchis et le lieutenant colonel Berghorn du système américain et de l'académie militaire de Forrest Hill dans le Kentucky. L'acte fut présidé par le général Antonio Ramalho Eanes, général en chef de l'État major de l'armée, le général Artur Pina

Monteiro et le conseil supérieur naval, les amiraux Vieira Matias et Melo Gomes, les vice-amiraux Alexandre de Fonseca, Conde Baguinho et Silva Carreira. Parmi les organisateurs et bons amis se trouvaient : le capitaine de frégate Joao Ribeiro, le colonel Luis Eduardo Marques Saraiva, le contreamiral Antonio J. Ravasco B. Dionisio, directeur du musée de la Marine, le grand Luis Miguel Ferreira de Melo (vétéran des guerres d'Angola et de Mozambique), sans oublier la collaboration d'Helena Maciel, Bellem Riveiro, Ramos, Rui Manuel Ramalho et Alfonso Brandão, entre autres. Ils furent de merveilleux amphitryons et compagnons de ces journées. Il y eut enfin une réception et une interview à l'ambassade américaine où des thèmes importants furent abordés, concernant les deux pays et l'académie militaire que dirige et commande le général de brigade Charles R. Tornow. Voilà pour un petit résumé de cette rencontre intense et intéressante où se consolidèrent les liens entre les armées et les académies militaires et où furent partagés les enseignements


1. Gen Bde Sanchis, Afonso Brandão, Lt Col Berghorn. 2. Luis Miguel De Melo et Gen Bde Sanchis. 3. Lt Col Berghorn, Alfredo Tucci, Francisco Manel Pretom, Jose Talhadas. 4. Gen Bde Sanchis, colonel Pinto Simões. 5. Gen Bde Sanchis, Gen Bde Sanchis et Lt Col Berghorn, à l'ambassade des États-Unis à Lisbonne. 6. Commandant de la Marine Jose Talhadas, commandant de la Marine Antonio Ramos, Afonso Meneses Brandão et Gen Bde Sanchis. 7. Délégués USA dans la cabine royale. 8. Délégués USA et Portugal saluant les drapeaux. 9. Amiral Vilas Boas montrant le navire royal. 10. Présentation au musée de l'armée. 11. Capitaine Francisco Manuel Preto et Gen Bde Sanchis. 12. Général Sanchis pendant son discours devant la présidence, général Antonio Ramalho Eanes, général Artur Pina Monteiro, colonel João Bellem Ribeiro.

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Nouvelles du Military Combat JKKD (TACMAP - U.S. Army Cadet Corps Martial Arts Program) un système pratiqué aux États-Unis et que dirige le soke Santiago Sanchis. Cette nouvelle réjouira les amis, les fans et les sympatisants et dérangera peut-être ceux qui renient de tout, toujours cachés et mangés par l'envie, grâce à Dieu le moins grand nombre. Nos plus sincères félicitations à notre ami et collaborateur le soke Sanchis, à l'académie militaire et à tous ceux qui ont participé à cette aventure.

1. Dr. Ramalho, Gen Bde Sanchis, capitaine Oliveira, Lt Col Berghorn. 2. Général Sanchis et amiral Bossa Dionisio, directeur du musée de la Marine. 3. Gen Bde Sanchis (USACC) et capitaine de vaisseau Joe Beadles (USN).

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