BUDO INTERNATIONAL FRANCE

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JIM WAGNER

TAIJIQUAN Il est très probable qu'il y ait d'autres personnes avec vous lorsque vous aurez à affronter une situation de conflit réel. Il est donc important d'incorporer à votre entraînement des techniques et des situations qui vous considèrent cette éventualité.

Dans cet article, nous voulons essayer d'exposer les caractéristiques fondamentales, les objectifs et la portée du Tai Ji Quan de compétition, dans l'intention d'appuyer sa légitimité au sein de la culture du Tai Ji Quan.

p. 06 p. 20 KAZE NO RYU Au départ, « dialectique » signifie « art du dialogue », du contraste d'idées qui conduit à d'autres idées. Mais différentes doctrines philosophiques se sont appropriées le concept de dialectique qui a pris alors un sens différent dans chacune d'elles.

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BUDO INTERNATIONAL DANS LE MONDE Budo International est un groupe éditorial international spécialisé dans les Arts Martiaux. Unique organe de presse à vendre une revue spécialisée dans les Arts Martiaux en six langues et dans le monde entier, il est en contact avec toutes les grandes compagnies spécialisées dans son domaine. Budo International touche plus de cinquante pays.

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SHIGEUR OYAMA

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Notre collaborateur Salvador Herraiz s'est récemment rendu à New York pour rencontrer le maître Shigeru Oyama, il nous propose ici son histoire, ses pensées et ses mots…

JIGORO KANO Fondateur du Judo (modernisation du Jiu-Jitsu) et grand artisan de son expansion mondiale jusqu'à en faire l'un des arts martiaux les plus connus et l'un des sports les plus pratiqués, Jigoro Kano démontra qu'il possédait l'inestimable capacité d'innover sans perdre les racines.

KRAV MAGA Programme d'examen et préparation nécessaire pour la ceinture noire 1er et 2e dan.

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« Tenez-moi à l'écart de la sagesse qui ne pleure pas, de la philosophie qui ne rit pas et de la grandeur qui ne s'incline pas devant les enfants. » Khalil Gibran

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haque jour, la vie nous offre la possibilité d'être grands ou petits, généreux ou mesquins, d'inclure ou d'exclure et, devant de telles croisées, il est très facile de se perdre. Accrochés à nos routines protectrices, engourdis par nos acharnements les plus insignifiants, nous nous identifions à des choses sans importance, nous oublions la grandeur et le miracle d'être vivants. Perdus dans la petitesse de critères trop souvent égoïstes et radins, associés à des besoins auto-fabriqués, nous sombrons souvent dans les perspectives les plus médiocres de l'existence. La vie devient alors la triste traversée stérile d'une vallée de larmes, elle perd toute sa saveur, tout son sens. Que grand cadeau que cet instant même ! Nous pouvons parfaitement percevoir les choses comme ça ou succomber à nos misères. Nous sommes ce que nous identifions parce que nous sommes les choix que nous faisons. Décider avec grandeur, devenir grand, est un choix de l'esprit plutôt que le résultat de l'accumulation de victoires et d'honneurs mondains. Magnanime vient du latin « magnanimus », composé de « magnus » (grande) et de « animus » (esprit, âme). En grec classique, « magos » signifie « sorcier », un terme qui provient à son tour de la racine indoeuropéenne « magh- » (être capable, avoir le pouvoir). « Animus » évoque l'esprit, l'âme, l'état d'âme. Ce qui fait que « magnanime » est celui dont l'âme est grande. La magnanimité est très certainement un privilège des grands, des sages, et nous ne l'atteignons pas tous. À défaut de magnanimité, il nous restera au moins la consolation et la possibilité de la tolérance, car même si elle implique, d'une certaine manière, que l'on « donne

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la permission », que l'on « supporte sans être d'accord » et donc un jugement de valeur, la tolérance est l'huile qui permet la vie en commun malgré la dissension. La tolérance est donc quelque chose d'externe, un arrangement pour ne pas nous remettre en question. Car la tolérance implique un positionnement plus ou moins tout-puissant ou arrogant. Ceux qui l'exercent ont déjà jugé et d'une certaine manière se sentent en possession de la vérité. Celui qui est magnanime, au contraire, ne juge pas, parce qu'il sait que ce qui est grand est intégrateur et, large d'esprit, il s'entrevoit lui-même et les autres au-delà des limites personnelles. Il donne aux autres, en son for intérieur, la liberté d'être différent, il acquiert pour lui le privilège de devenir effectivement libre, assumant ses propres limites, et devient ainsi une voie fertile pour que puisse se produire le positif. La magnanime inclut, il n'exclut pas. Il accepte la différence et embrasse la diversité, parce qu'il comprend que la grandeur implique la différence et que celle-ci n'est possible que lorsqu'il y a acceptation et inclusion. Par conséquent, le magnanime écoute sans juger et vogue sur la mer des disparités sans effort ni prétention. Il sait dans son silence qu'en incluant, il agrandit alors qu'en excluant, il réduit. Le sage reconnaît les choses car il ne prétend pas posséder toutes les réponses et il comprend que, son esprit a beau connaître, il ne sera rien sans son cœur. Le sot, au contraire, devient esclave de son cœur car il pense qu'il en sait beaucoup et qu'il pourra, par conséquent, subjuguer les demandes de son cœur, alors que la plupart du temps, son cœur répondra avant sa tête, et ce, même s'il a les idées bien claires.

Le magnanime est généreux, sans être dispendieux. Il donne parce que sa nature est de briller naturellement, sans subterfuge. Il ne le fait pas pour manipuler, car il ne possède pas d'agendas occultes, il se donne parce qu'il ne se sent propriétaire de rien, mais fait partie de tout. Le sage voit la vie avec optimisme, non par décision ou par conviction, mais parce que c'est sa posture naturelle. Il assume de la vie sa dimension généreuse, nourrissante et maternelle (elle l'a) sans s'enliser dans ses misères et ses cruautés. Les ignorer serait une stupidité, un sectarisme prétentieux et une imbécillité, mais les retenir en nous centrant sur elles nous diminue, nous écrase et nous enfonce. Le sage s'adapte à l'adversité parce qu'il la considère positivement. Là où d'autres voient un désastre, il voit des opportunités ; là où d'autres voient le mal, il voit « ce que c'est », parce que la magnanimité choisit la grandeur au lieu de la petitesse, elle choisit d'accepter au lieu de renier, de décider au lieu de se résigner et quand on n'a plus le choix… la magnanimité choisit de ne pas choisir, pour dépouiller ainsi le destin de son privilège cinglant et misérable : celui d'essayer de déprécier le miracle de la grandeur de vivre. Le sage est magnanime avec luimême et avec les autres et c'est pour cela qu'il semble souple. La rigidité provoque l'arrogance, car elle présuppose un ordre des choses qui « doit être » et par conséquent, un autre qui ne doit pas être, une position préjudiciable et injuste par définition. La rigidité - et telle est la loi de l'homme - rend injuste la justice, car elle ne laisse pas de place au changement dans un monde où tout est transition. Elle détient, dans sa dureté, le moment en forçant une résolution. Mais qui peut détenir le fleuve de la vie ? Qui peut immobili-


Alfredo Tucci est general manager de BUDO INTERNATIONAL PUBLISHING CO. Email : budo@budointernational.com

ser les vents de la transformation ? Le mal d'aujourd'hui est le bien de demain, mais la rigidité congèle les moments en essayant de structurer, de définir une situation sans regarder au-delà, sans donner des ailes au mouvement, à l'éternelle mutation des choses et des gens. Le sage, bien au contraire, se permet d'être créatif et il ne se soumet pas aux prérogatives de la définition. Pour créer, il faut concevoir au-delà des options évidentes, le regard droit devant comme un phare qui étend sa lumière, illuminant des chemins où d'autres, dans leur étroitesse, ne rencontrent que des voies sans issues. Le sage ne se rend pas, non pas parce qu'il s'efforce courageusement, mais parce qu'il se laisse porter par les turbulences, confiant dans son destin, sans s'afférer aux restes de son naufrage pour s'enfoncer avec eux. La persévérance du sage n'est pas droite, elle serpente comme la superficie de la mer qui, apparemment instable, embrasse la terre de tous côtés, marquant impeccablement la ligne d'horizon. De cette manière, sans le vouloir, il devient ainsi une référence de toute chose et tout lui répond. Le sage enfin aime sans vouloir posséder, il aime parce qu'il a choisi d'aimer, et il choisit de se fondre et de transcender parce qu'il connaît aussi bien sa petitesse que sa grandeur. Il aime parce que seul ainsi il ajoutera sa force à la grande force que nous partageons tous, dissolvant les attributs inutiles de notre être, sans que ne disparaisse tout le pouvoir et l'expérience de son esprit qui, réconforté, rentre chez lui, sachant désormais que jamais il ne l'abandonna

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AutodĂŠfense Professionnel

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Sur les navires de guerre américains, on appelle l'avant du navire la proue, l'arrière la poupe, la gauche bâbord et la droite tribord. Ces mots que j'ai utilisés dans l'entraînement de la défense maritime dans le port de Los Angeles avec la marine des États-Unis et l'équipe d'opérations spéciales des garde-côtes, devenaient au moment du combat, une fois qu'ils passaient dans le langage commun : « devant ! », « derrière ! », « à gauche ! », « à droite ! ». C'est pour cela que lorsque vous poursuivez un hors-bord de narcotrafiquants, vous ne dites pas : « virez à tribord ! », mais « virez à droite ! » De la même manière, quand je dirigeais un groupe de la police militaire chargée de la protection (entre autres) du gouverneur de l'État de Californie et du général de l'armée le plus important dans ce même État, mon équipe utilisait un « langage de combat » simple. Quand vous protégez le « principal » (un terme qui peut se référer à un diplomatique, une vedette de cinéma, un prisonnier important ou n'importe quel VIP ou personnalité importante qui a besoin de protection) et qu'une attaque contre cette personne se produit (que ce soit une attaque avec un pistolet, une grenade à main ou simplement une tarte à la crème), nous utilisons un de ces quatre avertissement : « Menace devant ! », « Menace derrière ! », « Menace à gauche ! », « Menace à droite ! ». Quel que soit le type d'attaque, le processus de contre-attaque et d'évacuation sera lancé sans hésiter, en fonction de la direction marquée par l'agent. Les codes policiers, les acronymes militaires et les phrases compliquées sont donc oubliés en situation de stress afin de communiquer efficacement un message d'urgence, car il se peut qu'il ne soit pas possible de le clarifier ni de le répéter. Qu'est-ce que ces deux exemples ont donc en commun et quel rapport ont-ils avec la self-défense civile ?

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Autodéfense Professionnel Communications dans un conflit Travail en équipe, travail en équipe, travail en équipe Dans les milieux policiers et militaires, le travail en équipe est un élément essentiel pour la réussite des opérations. Pour réaliser un travail d'équipe efficace, il faut des communications claires et concises entres les membres de l'équipe. Qu'il s'agisse de l'équipe que forment deux agents de police arrêtant une voiture sur une route de campagne ou d'un groupe antiterroriste de 140 hommes qui prend d'assaut un immeuble pour délivrer des otages ou éliminer un terroriste dangereux, une bonne communication en période de conflit est aussi importante que l'utilisation des tactiques et des techniques appropriées. Dès le premier moment, que ce soit dans le camp militaire ou à l'académie de police, on enseigne aux soldats à communiquer correctement les uns avec les autres dans les situations courantes et en situation de crise, et ainsi durant toute leur carrière. Malheureusement, la

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plupart des entraînements d'arts martiaux civils mettent peu l'accent sur les communications au sein de l'équipe et sur le travail d'équipe car ils partent de l'hypothèse que le pratiquant d'art martial sera tout seul pour se défendre. Cet état d'esprit est évident quand nous jetons un œil sur la plupart des écoles d'arts martiaux. Que ce soit dans le sparring (à un contre un), les katas (un travail en solitaire) ou un tournoi (basé sur des règles sportives et de nouveau à un contre un), la majorité des pratiquants d'art martiaux s'entraînent à un contre un ou à un contre plusieurs adversaires. Oui, ce type d'entraînement est nécessaire, mais il y a très peu d'écoles civiles qui enseignent à plusieurs défenseurs à travailler ensemble pour tous survivre, que ce soit contre un ou plusieurs attaquants.


Il se peut que vous n'ayez pas le choix Il y a de nombreuses situations où vous pourriez vous retrouver « associé » à un partenaire, que vous le vouliez ou non. Les exemples vont du groupe d'employés qui se retrouvent rassemblés au cours d'une attaque armée de leur bureau et où vous êtes le seul qui sache que faire, ou d'une classe pleine d'élèves prise dans une fusillade ; il se peut aussi que vous soyez attaqué en voiture avec votre famille ou que vous passiez une agréable soirée avec des amis que et que soudain vous soyez attaqués par une bande de jeunes violents, etc. Si vous, le pratiquant d'art martial, vous entraînez seulement pour vous protéger, sans vous entraîner à travailler et à communiquer avec ceux qui sont avec vous impliqués dans un conflit, vos c h a n c e s d'échouer augmentent. Même si l'auto-préservation peut être l'action principale dans certaines situations d e

groupes, abandonner les personnes impliquées avec vous dans la crise n'est probablement pas un choix moral acceptable.

Sens du commandement La plupart des gens ont tendance à se paralyser dans des situations de crise violente. Face au danger, leur voix se brise, la panique se reflète dans leurs yeux, leur respiration devient rapide et superficielle, ils peuvent se mettre à trembler, gémir, pleurer, ou afficher d'autres signes d'effroi. Dans une situation de crise, vous devez être la personne qui peut immédiatement assumer le leadership, la « voix de la raison » pour ainsi dire. En langage policier, ce contrôle interne est appelé « le sens du commandement », cela veut dire conserver une apparence de calme et cela implique avoir une voix forte et autoritaire et des actions bien pensées qui, une fois mises en route, sont menées à bien comme prévu. Une personne qui paraît sûre d'elle et sûre de ce qu'il faut faire est habituellement quelqu'un que les gens ont tendance à suivre. Dans les arts martiaux civils, l'entraînement du sens du commandement doit être pratiqué au moyen de scénarios d'entraînement. On peut avoir, par exemple, un élève qui joue le rôle de l'agresseur, un autre celui du défenseur et un ou deux élèves qui doivent être protégés par le défenseur parce qu'ils ont peur ou parce qu'ils sont incapables d'apporter aucune aide. Juste avant le combat (que l'on pourrait faire avec un contact léger et avec un équipement de protection adéquat), le défenseur doit manifester un sens du commandement puissant en ordonnant à ses protégés de se rendre à un endroit sûr de la pièce ou d'appeler les autorités avec leur mobile. Ça peut paraître élémentaire, mais dans les situations de crises, les gens parfois reste simplement là et ne font rien. Vous devez souvent pousser les gens pour qu'ils entrent en action : « Mets-toi là et appelle la police ! Maintenant ! ». Comme sur un navire de guerre ou comme pour les ordres donné à une équipe de gardes du corps, toutes les

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Autodéfense Professionnel communications doivent être faites dans un langage simple et clair et assez fort pour être entendu par tous.

Contrôle direct Imaginons que vous devez protéger un enfant de six ans, le vôtre ou celui de quelqu'un d'autre. Deux agresseurs essayent vous blesser tous les deux, vous et l'enfant. Si vous tentez d'échapper sans avoir un plan, l'enfant pourrait s'encourir et tomber entre les mains de l'attaquant. Une réponse de « contrôle direct », de communication à travers l'action, pourrait être de saisir l'enfant par les cheveux avec une main et de la placer derrière vous, en utilisant votre propre corps comme un bouclier humain, pour ensuite les retenir. En faisant cela, vous saurez où est l'enfant à tout moment et vous pourrez vous déplacer ensemble comme une unité. Saisir un enfant par les cheveux peut paraître cruel, mais c'est la seule façon de protéger adéquatement l'enfant. Nous avons un autre exemple de contrôle direct quand vous devez pousser par terre quelqu'un que vous devez protéger lors d'une fusillade. Cela peut semble facile, mais comment allez-vous y parvenir ? Allez-vous le plaquer par terre et puis sauter sur lui ? Que faire s'il résiste ? Ce sont des techniques qu'il faut pratiquer avant de les appliquer réellement. Dans les vraies fusillades, durant les quelques premières secondes, la plupart des gens restent immobiles, sans chercher à se protéger ou à se cacher, avant de se rendre compte qu'ils sont vraiment en danger. La plupart des gens interrogés par la police après une vraie fusillade disent des choses du genre : « Je pensais au début que c'était juste des pétards ». Cela peut paraître drôle, mais j'ai effectivement vu une fusillade où tout le monde restait figé comme un cerf attrapé par les phares d'une voiture alors que quelqu'un leur tirait dessus. Quiconque se retrouve dans cette situation restera paralysé pendant une seconde ou deux, mais avec un bon entraînement et une bonne communication, le temps de réponse peut être réduit. Une technique de contrôle direct facile que vous pouvez utiliser pour amener quelqu'un au sol en toute sécurité au cours d'une fusillade, c'est de vous placer derrière la personne que vous avez l'intention de protéger, d'entourer ses hanches avec un bras et de la plier en deux avec votre autre main que vous placez derrière la nuque et que vous poussez vers le bas. Une fois que celleci est pliée, vous la faites tomber par

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terre avec une de vos jambes ; vous pouvez lui ordonner de rester là (en utilisant votre sens du commandement) et repartir au combat ou la protéger avec votre propre corps suivant les circonstances. Tant que vous n'aurez pas pratiqué réellement les mouvements de contrôle direct, ils ne seront pas fluides et ils pourraient ne pas bien fonctionner. C'est pour cela que vous devez pratiquer le contrôle direct au cours de votre entraînement. Il est facile de pratiquer cela au cours d'un entraînement, vous prenez un partenaire près de vous

et, quand l'instructeur crie : « Bang ! » ou tire quelques coups de feu en l'air, vous pratiquez plusieurs fois l'amener au sol avec celui-ci. À chaque fois, la personne que vous amenez au sol devra se trouver dans une position différente et à différentes distances. En pratiquant cela, vous découvrirez très vite les variantes de la technique qui fonctionnent mieux pour vous.


Un deuxième exemple de contrôle direct, c'est d'être côte à côte avec un partenaire, prêt à affronter trois voyous (des élèves qui jouent le rôle d'agresseurs). La technique du contrôle directe consiste ici à pousser immédiatement votre partenaire vers l'un des agresseurs en lui donnant l'ordre suivant : « Toi, tu prends

ce mec-là, moi je prends les deux autres ! » En prenant une telle initiative et en intervenant dans la communication du conflit, vous avez formulé un plan immédiat et vous l'avez communiqué à votre partenaire en utilisant un bon sens du commandement et vous avez commencé à exécuter le plan en utilisant le contrôle direct. C'est ça le bon langage des confits et le travail en équipe.

Aller jusqu'au bout Une fois que la crise est terminée, vous devez avoir la présence d'esprit de faire face aux conséquences ou, comme nous l'appelons dans la protection personnelle Reality-Based

de Jim Wagner, au post conflit : les blessures, la préservation de la scène du crime, l'appel aux autorités, l'évacuation des personnes ou quoi que ce soit d'autres. Souvent, les survivants se trouvent dans une situation d'euphorie, de peur ou d'incrédulité et essayent juste de revenir à leurs modèles normaux de conduite. Mais si vous devez vous occupez des personnes qui vous entourent, vous ne pouvez pas vous permettre le luxe de réfléchir à ce qui vient d'avoir lieu comme le ferait une personne non formée. Il y a plusieurs manières d'inciter les élèves d'arts martiaux à travailler leurs responsabilités post-conflit. Vous pourriez par exemple avoir un attaquant armé d'un couteau en caoutchouc qui attaque deux « victimes » qui ont besoin d'attention. Après quelques avoir donné quelques coups de couteau, l'attaquant abandonne la scène. Immédiatement après son départ, les élèves doivent réfléchir à ce qui vient de se passer. Mais, avant qu'il n'y ait un temps mort (une seconde ou deux après l'attaque), l'instructeur peut crier : « Ton partenaire a une blessure à la poitrine. Donne-lui les premiers secours. » Autre chose que vous pourriez dire, par exemple, ce serait : « Saute sur le téléphone (faire semblant évidemment) et appelle la police, indique l'endroit et donne une description du suspect ainsi que par où et comment il s'est enfuit. » Cet ordre leur rappellera ce qu'il faut immédiatement faire après un conflit. La majorité des pratiquants d'arts martiaux se contentent de se saluer l'un l'autre après un combat et c'est tout. Pour la plupart de ceux dont l'esprit a été conditionné de cette manière, un entraînement basé sur la réalité est une rupture radicale vis-à-vis de la norme et ils ont besoin d'un entraînement de réajustement constant (de nouveaux ordres de départ). Les communications post-conflit sont un outil pédagogique formidable car elles enseignent également à l'élève que la crise ne s'arrête pas juste quand les hostilités cessent. Ce n'est qu'un outil de plus pour enseigner le spectre complet du conflit qui ne se limite pas aux coups de pied et aux coups de poing. Plus vous incorporez le sens du commandement, le contrôle direct et les communications post-conflit dans votre entraînement avec d'autres élèves motivés, mieux vous ferez face aux situations réelles impliquant plusieurs personnes que vous devez prendre en charge. Bien sûr, il est toujours important de pratiquer les situations de défense individuelle, mais il est plus probable qu'il y ait d'autres personnes avec vous dans une situation de self-défense réelle. Alors pourquoi ne pas vous entraîner pour les situations les plus susceptibles de se produire ? En ajoutant cela à votre entraînement, vous le rendez plus réaliste. Un entraînement plus réaliste signifie des réponses plus réalistes, ce qui se traduira finalement par des vies sauvées.

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L'importance de la dialectique Celui qui a étudié (ou qui étudie) avec des Japonais de l'après-guerre a sûrement affronté (ou affronte) un sérieux problème de communication quotidienne. Ça m'est arrivé et à beaucoup d'autres aussi, je crois. En général, les Japonais qui suivent la voie traditionnelle (qu'elle soit culturelle ou martiale), ne sont pas faciles à comprendre et ne font pas d'efforts pour être compris. Le dialogue n'est pas chez eux le moyen le plus utilisé. Aujourd'hui, plusieurs maîtres ont intelligemment introduit la dialectique dans le Bugei afin de favoriser la bonne cohabitation à cette époque de globalisation. Au départ, « dialectique » signifie « art du dialogue », du contraste d'idées qui conduit à d'autres idées. Mais différentes doctrines philosophiques se sont appropriées le concept de dialectique qui a pris alors un sens différent dans chacune d'elles. Dans la Grèce antique, le concept de dialectique, qui était l'équivalent du dialogue, finit par se référer, au sein du dialogue, à une argumentation qui distinguait clairement les concepts traités dans la discussion. Avec Héraclite d'Éphèse (vers 540-480 avant J.-C.), il prend une nouvelle dimension et englobe le concept de « changement » à partir de la constatation qu'avec le conflit tout s'altérait. Dans un des fragments qui nous sont parvenus de son œuvre, il donne un célèbre exemple de cette modification constance des choses : un homme ne se baigne jamais deux fois dans la même rivière, car dans le temps qui passe entre une action et une autre, aussi bien la rivière que l'homme ont changé. Héraclite en vint à nier dans son argumentation l'existence d'une stabilité quelconque chez les êtres. Un autre penseur de la même époque, Parménide, diverge d'Héraclite quand il affirme que l'essence profonde de l'être est immuable et que le changement n'est que superficiel. Dans cette ligne de pensée, Parménide oppose la métaphysique et la dialectique, faisant prévaloir la première.


Plus d'un siècle plus tard, Aristote réintroduit le principe dialectique dans les explications, alors dominées par la métaphysique. Si, d'une part, il s'oppose à la vision de l'être comme équilibre des contraires, affirmant qu'en même temps et dans le même objet ne peuvent exister deux attributs contraires (sauf s'ils se manifestent de manière différente ou s'il s'y trouvent accidentellement), il reconnaît d'autre part que si l'on omet le concept de temps, rien d'empêche que quelque chose qui est se transforme en ce qu'il n'est pas, pour autant que l'être et le non-être ne soient pas présents en même temps. Donc, si nous analysons un être, en nous reportant à ses origines, nous pouvons admettre l'être et le non-être : le mouvement n'est pas une illusion, un aspect superficiel de la réalité, mais un flux éternel et continu, car tout surgit de principes contraires.

Plus encore, sous l'étiquette de « mouvement », il met des choses différentes quand il lui faut prouver l'existence de la nature : toutes choses possèdent des potentialités et c'est le mouvement qui les actualise, autrement dit ce sont des potentialités ou des possibilités qui se transforment en des réalités effectives. Pour Platon (427 a 347 av. J.-C.), la dialectique est synonyme de philosophie, la méthode la plus efficace pour approcher les idées particulières depuis les idées universelles ou pures. Pour lui, à travers le dialogue, le philosophe peut essayer d'atteindre la véritable connaissance, partant du monde sensible pour arriver au monde des idées. C'est la technique consistant à questionner, répondre et réfuter qu'il aurait apprise avec Socrate (469-399 av. J.-C.). Au moyen de la décomposition et de l'étude rationnelle d'un

concept, on arrive à une synthèse qui doit également être examinée, dans un processus infini de recherche de la vérité. Aristote (384-322 av. J.-C.) définit la dialectique comme la logique du probable, du processus rationnel qui ne peut être démontré. « Probable est ce qui est généralement accepté par tous, par la majorité ou par les hommes les plus connus et les plus illustres », dit le philosophe. L'Allemand Emmanuel Kant (17241804) reprend la notion aristotélicienne quand il définit la dialectique comme une « logique de l'apparence ». Pour lui, la dialectique est une illusion, car elle se base sur des principes qui sont, en réalité, subjectifs. Au début du XIXème siècle, Friedrich Hegel (1770-1831) présente la dialectique comme un mouvement historique de l'esprit dirigé vers la conscience de soi. C'est un processus mu par la contradiction : une thèse initiale se contredit et est surmontée par son antithèse. À son tour, cette antithèse qui conserve des éléments de la thèse est surmontée par la synthèse, qui combine des éléments des deux premières, dans un enrichissement progressif. Hegel utilise ce processus pour justifier une unité entre l'esprit et la nature, conciliant les concepts religieux et scientifiques. D'après lui, l'histoire de l'humanité accomplit un parcours dialectique qui est marqué par trois moments : thèse, antithèse et synthèse. Le premier part des civilisations orientales anciennes jusqu'à l'apparition de la philosophie en Grèce. Hegel le qualifie d'objectif, car il considère que l'esprit est immergé dans la nature. Le deuxième reçoit l'influence des Grecs, mais il commence effectivement avec le christianisme et termine avec Descartes. C'est un moment subjectif, où l'esprit prend conscience de son existence et où surgit le désir de liberté. Le troisième, la synthèse absolue, commence avec la Révolution française, quand l'esprit conscient contrôle la nature et le désir de liberté se concrétise dans la conception de l'État moderne.

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Karl Marx (1818-1883) et Friedrich Engels (1820-1895) réforment le concept hégélien de dialectique : ils utilisent la même forme, mais ils introduisent un nouv e a u

contenu. Ils qualifient cette nouvelle dialectique de matérialiste car le mouvement historique, pour eux, n'est pas un produit de l'esprit. Ils considèrent que le spirituel est simplement un produit dérivé des conditions matérielles de la vie. La dialectique matérialiste analyse l'histoire du point de vue des processus économique et sociaux et la divise en quatre moments : Antiquité, féodalisme, capitalisme et socialisme. Chacun des trois premiers est dépassé par une contradiction interne qu'ils appellent « germe de la destruction ». La contradiction de l'Antiquité est l'esclavage ; celle du féodalisme, les serfs ; celle du capitalisme, le prolétariat ; et le socialisme serait la synthèse finale au cours de laquelle l'histoire accomplit son développement dialectique. Les différents auteurs qui interprétèrent la dialectique matérialiste ne se mettent pas d'accord en ce qui concerne le nombre de lois fon-

damentales de la méthode de la dialectique. Certains en reconnaissent trois, d'autres quatre. Quand à leur nom et à leur ordre de présentation, ils varient également. a) Action réciproque, unité polaire, « tout est en rapport avec tout. b) Déplacement dialectique, négation de la négation, « tout se transforme ». c) Passage de la quantité à la qualité, changement qualitatif. d) Interpénétration des contraires, contradiction ou lutte des contraires. Comme j'ai toujours cohabité avec de vieux Japonais, la xénophobie a été une constante dans ma vie. Surmonter la discrimination est le point de départ pour quiconque cohabite avec l'effet xénophobe. Si nous effectuons une analyse plus approfondie cependant, il existe, quand on affronte le thème de la discrimination, une erreur commune relative à la confusion entre les termes racisme, genre, stéréotypes, préjugés et discrimination. Cela n'aurait pas de conséquences majeures s'il ne s'agissait que d'une


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confusion de terminologie, mais il se fait que la définition et la compréhension de chacun de ces termes est essentielle pour savoir identifier et combattre les différents types de manifestation des idéologies qui défendent l'idée de hiérarchie entre les individus, comme dans le cas du racisme ou du genre. Beaucoup de ceux Le nouveau libre de Shidoshi Jordan et Juliana, dont cet article est un extrait, analyse en profondeur les éléments-clés qui nous permettront de mieux comprendre l'essence de la culture japonaise. Des sujets comme l'éthique samouraï, les bonnes manières, la vie en commun, le leadership, l'idée de « Giri » ou encore la culture culinaire et le protocole japonais nous permettent d'avoir une étonnante compréhension d'une culture qui a imprégné tant d'arts martiaux.

qui ont vécu au Japon (ou qui y vivent) en sont venus à affirmer qu'ils avaient dû faire face à un racisme considérable de la part des Japonais. Beaucoup d'entre eux, vraiment dérangés par cette situation sont retournés dans leur pays où ils ont occupé des postes importants d'où ils ont poursuivi n'importe quel Japonais passant à leur portée. Le racisme est une idéologie qui postule l'existence d'une hiérarchie entre les groupes humains. D'après cette idéologie, des différences apparentes (cheveux, couleur de peau) et culturelles entre les peuples détermineraient également des différences de niveaux d'intelligence et de qualités morales. Au milieu du XIXème siècle, surgissent en Europe les théories dites raciales qui préconisent la supériorité du peuple européen face à l'infériorité des peuples non européens. Rappelons que de telles théories naissent au moment où les Européens cherchent à dominer des peuples et des terres « différentes ». Dès leur création, les théories raciales ont servi et serviront à justifier l'exploitation et la domination de certains groupes humains par d'autres, les supérieurs ayant alors le droit d'exploiter et de dominer les inférieurs. Actuellement, en plusieurs endroits du monde, les théories raciales continuent de servir de prétexte pour le traitement discriminatoire et inhumain d'exclusion et de marginalisation réservé aux peuples « différents ». Le genre (masculin ou féminin) est un concept qui se réfère à l'ensemble des attributs négatifs ou positifs qui s ' a p p l i q u e n t différemment aux hommes et aux femmes, dès leur naissance même, et qui déterminent les fonctions, rôles, occupations et relations que ces hommes et ces femmes déploient dans la société et


entre eux. Ces rôles et ces relations ne sont pas déterminés par la biologie, mais par le contexte social, culturel, politique, religieux et économique de chaque organisation humaine et se transmettent d'une génération à l'autre. Le genre, ce sont les évaluations et les définitions construites par la société pour ajuster le profil de ce qu'est être un homme ou une femme dans cette société. L'identité de genre se développe au cours de l'enfance et de la vie adulte. Le point de vue du genre dans le domaine de la santé part de la connaissance des différences auxquels sont exposés les hommes et les femmes aux différents âges en ce qui concerne les risques de tomber malade et de mourir et des rôles qu'ils ont dans la société et qui affectent défavorablement l'un ou l'autre sexe, principalement la petite fille, la femme adulte et la femme âgée. L'adoption de la perspective du genre dans la santé prétend réduire les inégalités sexuelles qui conditionnent la santé des êtres humaines. Le stéréotype, bien que portant un nom difficile, a un fonctionnement comparable à celui d'un simple étiquette. Une fois « étiquetés», les membres d'un certain groupe comme possédant tel ou tel attribut, les personnes cessent d'évaluer les membres de ces groupes pour leurs qualités réelles et se mettent à les juger en fonction de l'étiquette. Par exemple, n'importe quel Juif est radin, n'importe quel Japonais est introverti, n'importe quel Portugais est bête ou n'importe quel Noir est un voleur. Une fois que l'on a réaffirmé que n'importe quel « x » était radin, la tendance c'est que face à un « x », les gens mettent tout de suite l'étiquette de radin. Le préjugé est un jugement préalable, négatif, que l'on porte sur les personnes stigmatisées par des stéréotypes. Sur base des stéréotypes, les gens font des jugements préalables, ils émettent des idées préconçues sur les autres avant même de les connaître. Ces jugements préalables ne sont autres que des préjugés. Mais le préjugé est un phénomène qui ne réside que dans la sphère de la conscience ou de l'affectivité des individus ; en soi, il ne piétine aucun droit. Le fait que quelqu'un n'aime pas « x » simplement parce qu'il est noir suppose en réalité la violation de deux normes : 1) La norme de la rationalité humaine : être noir ne révèle rien de la personnalité ou du caractère de « x », ni ne suppose qu'il sera plus ou moins intelligent, ni plus ou moins honnête que ceux qui ne sont pas noirs.

2) La norme de l'affectivité humaine : en entrant en relation les uns avec les autres, les êtres humains doivent essayer de se traiter humainement et avec respect, évitant des comportements qui blessent la dignité de la personne humaine. Bien que le préjugé viole la norme de la rationalité et celle de l'affectivité, il ne représente pas nécessairement une violation des droits. Cela parce que personne n'est obligé d'aimer les Noirs, par exemple. Mais nous sommes obligés de respecter leurs droits ! C'est ce qui se passe quand on publie une offre d'emploi qui exclut les Noirs ou les femmes ; nous faisons plus que cultiver un préjugé, nous excluons les Noirs ou les femmes de la possibilité d'avoir accès à un travail. Dans ce cas, ce n'est plus une simple indisposition. Le comportement a blessé des droits normalement assurés, constitutionnellement et légalement. La discrimination est le nom que l'on donne à la conduite (action ou omission) qui viole les droits des personnes sur base de critères injustifiés et injustes, tels que la race, le sexe, l'âge, la religion ou autre. La discrimination est un peu comme la traduction pratique, l'extériorisation, la manifestation, la matérialisation du racisme, du préjugé ou du stéréotype. Comme son propre nom l'indique, c'est une action (dans le sens de faire ou ne de pas faire quelque chose) qui engendre une violation des droits. Voyons la définition de discrimination adoptée par les Nations unies : « Discrimination raciale signifie toute distinction, exclusion, restriction ou préférence basée sur la race, la couleur, la descendance ou l'origine national ethnique qui ait pour objet ou pour effet d'annuler ou de restreindre la reconnaissance, la jouissance ou l'exercice, dans des conditions d'égalité, des droits humains et des libertés fondamentales dans le domaine politique, économique, social et culturel et dans n'importe quel autre domaine de la vie publique. » (Convention de l'ONU/1996 sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale). Pour beaucoup de personnes, l'illusion est la cause de la souffrance que provoque n'importe quel type de discrimination. Pour le bouddhisme, les quatre vérités traduisent l'essence de la raison dans le monde dans lequel nous vivons. Les Quatre Nobles Vérités, en accord avec les textes canoniques, sont la Vérité de la Souffrance, la Vérité de la Cause de la Souffrance, la Vérité de la Cessation de la Souffrance et la Vérité

de la V o i e Menant à l a Cessation de la Souffrance. « Noble » est utilisé ici dans le sens contraire au sens commun ordinaire et indique une illumination supra-mondaine, une condition transcendante l'existence humaine. La doctrine bouddhiste élémentaire des Quatre Nobles Vérités est complètement logique : elle exclut toute chose qui soit illogique. L'exclusion de l'illogique est la caractéristique élémentaire et unique du bouddhisme (professeur Mizuno Kogen, « Essentials of Bouddhism »). Le Sutra de la « mise en mouvement de la roue du Dharma », l'un des chapitres du Samyutta-Nikayam (Les Quatre Nobles Vérités), a été enseigné dans le parc des cerfs par Bouddha Sâkyamuni (vers le VIIème siècle avant J.-C.) : « Voici, ô moines, la Noble Vérité de la Souffrance : la naissance est souffrance, vieillir est souffrance, la maladie est souffrance, la mort est souffrance, le chagrin et les lamentations, la douleur, l'affliction et le désespoir sont souffrance, être uni avec ce que l'on n'aime pas est souffrance, être séparé de ce que l'on aime ou de ce qui plaît est souffrance, ne pas obtenir ce que l'on désire est souffrance. En bref, les cinq agrégats de l'attachement sont souffrance. « C'est la Noble Vérité de la Souffrance « Voici, ô moines, la Noble Vérité de la Cause de la Souffrance : c'est cette appétence, qui conduit à la renaissance, accompagnée par un désir passionné, à la recherche d'un bienêtre ici et là, c'est-à-dire la soif des plaisirs sensuels, le désir d'exister et le désir de ne plus exister. « C'est la Noble Vérité de la Cause de la Souffrance. « Voici, ô moines, la Noble Vérité de la Cessation de la Souffrance : c'est la cessation complète de cette appétence, son abandon, sa renonciation, c'est en être délivré, détaché. « C'est la Noble Vérité de la Cessation de la Souffrance. « Voici, ô moines, la Noble Vérité de la Voie Menant à la Cessation de la Souffrance : c'est l'octuple noble Sentier, c'est-à-dire compréhension juste, pensée juste, parole juste, action juste, moyens de subsistance justes, effort juste, attention juste et concentration juste. « C'est la Noble Vérité de la Voie Menant à la Cessation de la Souffrance.

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Le Wing Tsun et la longévité fonctionnelle Cela fait déjà quelques années que je m'intéresse aux arts martiaux « internes ». J'ai commencé par étudier le Tai chi et un étrange style de Kung-Fu chinois appelé Yi Chuan (Boxe de la pensée). Au départ, je cherchais seulement à améliorer le style que je pratique et auquel j'ai consacré une grande partie de ma vie, le Wing Chun. Curieusement, plus j'approfondissais ces styles, plus je m'approchais du Wing Chun. Ce curieux paradoxe me fit profondément réfléchir sur la nécessité que nous avons, à une certaine époque de notre vie, de chercher « ailleurs » ce que nous avons probablement sous le nez. Plus j'approfondissais mes recherches sur d'autres styles internes, plus je m'approchais de mon style d'origine… La quantité de similitudes qui existent entre ces trois styles est surprenante, mais ce qui est plus surprenant encore, c'est la proximité des styles que nous appelons habituellement « arts martiaux internes ». Seules de petites nuances séparent ces disciplines, car le nombre de choses qu'elles ont en commun est bien plus important que ce qui les différencie. Un jour, dans un vieux livre de Kung-Fu (de ceux qui ont 80 % de photos et quelques textes sans trop de sens), j'ai trouvé une citation qui se référait au Wing Chun le qualifiant de style moitié interne, moitié externe. Cela me parut sur le moment d'une totale imbécillité, mais je crois aujourd'hui que ça a beaucoup de sens. D'après moi, le Wing Tsun est un style qui fait le pont entre les deux mondes. La ligne qui sépare l'interne de l'externe est si fine qu'un style aussi souple et polyvalent que le Wing Tsun peut être un jour plus interne et l'autre plus externe. Pour mieux comprendre de ce dont je parle, je crois que nous devons analyser avec une certaine perspective la structure elle-même du système Wing Tsun. Si nous l'observons attentivement, nous verrons que le système Wing Tsun/Wing Chun fonde son étude sur trois structures : formes, Chi Sao et Lat Sao. Cette structure d'entraînement se répète dans presque toutes les branches du Wing Tsun. Il existe cependant, dans la branche du grand maître Leung Ting, une division beaucoup plus subtile qui, en plus de passer presque inaperçue aux yeux de la majorité des pratiquants du système, donne tout son sens à l'affirmation de ce vieux livre de Kung-Fu. Le troisième niveau technique est en effet une fine ligne de démarcation qui divise le style en deux. D'une certaine manière, c'est comme si deux styles différents fusionnaient en un seul ! Dans la première partie, presque tout le travail se base sur l'usage des coups de poings, pieds, genoux, etc., et je crois qu'on pourrait l'étiqueter comme art martial externe. Dans ce premier cycle du style, l'important, c'est frapper, se déplacer, acquérir une structure, une compréhension stratégique des principes, etc. Mais quand on arrive au troisième niveau technique… tout change ! En premier lieu, la distance et les angles sont différents. Dans la première partie, le débutant cherche rapidement et avec une certaine agressivité à dominer le centre, à refermer les ouvertures de l'adversaire. Cette lutte pour la position de la ligne centrale est ce qui conditionne tout l'entraî-

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nement. À partir du troisième niveau technique, cette idée presque « obsessive » passe au second plan : « Si j'ai le centre, j'en profite, sinon, je sors en contournant le dur comme si j'étais de l'eau… ». Dans la première partie, j'essaye d'imposer ma loi. Dans la deuxième, je m'adapte à ce qui se présente. Deux points de vue absolument différents bien que totalement complémentaires. Une partie Yang et une partie Yin. Je crois que ce changement conceptuel mérite une étude sérieuse. Pourquoi ? Parce que je crois qu'il est la base de l'excellent système de formation de ce système. Je crois que la première partie vous prépare aux attributs élémentaires et se fait à base de « béquilles » avec lesquelles on apprend à marcher. Et une fois que vous avez acquis cette capacité de « marcher », vous pouvez jeter les béquilles parce que vous pouvez commencer à vous adapter. Les programmes à partir du troisième grade technique, en plus d'être différents, sont absolument méticuleux et possèdent une grande quantité de détails. L'usage de la capacité d'absorption sur une distance plus courte, l'usage de l'angle correct, des micro-charges de poids, la recherche de l'économie de mouvement jusqu'à une limite extrême, en plus de rendre la pratique très amusante, configurent un système extraordinaire, mais surtout un système très différent de la première partie du style. Un thème passionnant indiscutablement. De plus, lorsqu'on en arrive à ce point, il existe un curiosité (technique) des plus intéressantes : l'usage du poing fermé existe à peine ! Ne me dites pas que ceci n'est pas curieux dans un style dont la marque est un poing !À partir de ce niveau, l'usage de la paume, des tranchants et des « doigts volants » occupe pratiquement 80% des méthodes de frappe. Curieusement, dans les styles chinois internes, il se produit quelque chose de similaire. C'est sans nul doute une voie pour aller du dur vers le souple. Mais pour en venir au titre de la colonne d'aujourd'hui, je comprends le terme de « longévité fonctionnelle » comme la capacité d'arriver à un âge avancé en disposant des pleines facultés martiales. Autrement dit, avec les capacités suffisantes pour pouvoir pratiquer le système d'arts martiaux que nous avons choisi comme voie. Cette plénitude physique offre une perspective plus vaste, un plus grand nombre d'années d'entraînement destinées à l'obtention de ce que l'on appelle dans les arts martiaux « la maîtrise ». Quand j'étais jeune, mes idoles des arts martiaux étaient presque tous des boxeurs, des pratiquants des sports de contact et plus tard des lutteurs de MMA. Actuellement ils ont plus de cinquante ans et ils sont presque tous, presque 100% d'entre eux, absolument détruits, terrassés par les blessures ! Incapables, en définitive, de pratiquer les arts martiaux. Curieusement encore… dans le monde des arts martiaux internes au contraire, il est très habituel de trouver des maîtres qui pratiquent jusqu'à un âge très avancé. Au-delà de quatre-vingt ans ! Et qui plus est, s'entraînant à un très haut niveau : Morihei Ueshiba, Chen Man Ching, K. Sawai, Hu Yuen Chou… et bien sûr, Yip Man. J'aimerais prendre pour exemple le grand maître qui est la référence de notre cher style. Les vidéos en noir et blanc qui

circulent sur Internet du grand maître Yip Man en train de réaliser la forme du mannequin de bois datent de 10 jours à peine avant sa mort. Alité et très malade, il se leva littéralement de son lit pour enregistrer les formes du Wing Tsun qu'il voulait laisser en héritage aux pratiquants du style. Et que me dites-vous de cela ? Pour un homme au bord de la mort, il me semble plutôt agile ! Cette capacité de pratiquer pleinement jusqu'à un âge avancé est très certainement l'une des raisons les plus intéressantes de pratiquer les arts martiaux internes et plus concrètement le Wing Tsun. La voie qui va d'un art martial qui se base principalement sur des méthodes de frappe et qui évolue vers un art souple, doux, adaptable, de plus en plus subtile, offre à ses pratiquants de plus nombreuses années de pratique et, à tous ceux qui aiment les arts martiaux, la possibilité surtout de les pratiquer jusqu'à la veille de leur mort. Je crois que c'est là le secret du choix de cette voie : la souplesse, la fluidité, la relaxation, la force élastique, en définitive : la voie du Wing Tsun (printemps éternel, printemps radieux).


Colonne de Wing Tsun


Arts Martiaux Chinois

Wu Yanan - Le meilleur du Tai Ji Quan mondial Originaire de la province de Shaanxi, Wu Yanan est l'un des principaux compétiteurs de Tai Ji Quan au monde. Né en 1986 et membre de la minorité ethnique Hui, Wu commença à pratiquer le Wushu à l'âge de 5 ans et entra dans l'équipe professionnelle de Shaanxi en 1998. Après des années d'effort intensif, de travail et de constance, sa consécration en tant que première figure du Tai Ji Quan international se produisit en 2005 et il en est toujours ainsi aujourd'hui. Palmarès sportif : • 2011 - Championnats du monde en Ankara, Turquie. Or en Tai Ji Quan. • 2010 - Jeux asiatiques à Guangzhou, Chine. Or en Tai Ji Quan-combiné. • 2007 - Championnats du monde à Beijing, Chine. Or en Tai Ji Quan. • 2006 - Jeux asiatiques à Doha, Qatar. Or en Tai Ji Quan combiné. • 2006 - Championnat national, Chine. Or en Tai Ji Quan. • 2005 - Jeux de l'Est asiatique à Macao, Chine. Or en Tai Ji Quan.

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Reportage

Texte : Emilio Alpanseque Photos : Lesley Chan et Wang Wenyi

Dans le cadre du Wushu contemporain, le Tai Ji Quan de compétition est peut-être l'un de ses développements les plus controversés. De fait, presque dès le moment de leur introduction en tant qu'élément du matériel d'enseignement standard du Wushu, les séries modernes de Tai Ji Quan tombèrent en disgrâce auprès des groupes plus traditionnels et furent souvent ridiculisées pour leur apparent détachement total de ce que ceux-ci considéraient comme le véritable Tai Ji Quan. Pour cette raison et pour d'autres, nous voulons dans cet article essayer d'exposer les caractéristiques fondamentales, les objectifs et la portée du Tai Ji Quan de compétition, dans l'intention d'appuyer (par-delà les clichés et les dogmes) sa légitimité au sein de la culture du Tai Ji Quan.

Wushu : Comprendre le Tai Ji Quan sportif Le Tai Ji Quan ou Tai Chi Chuan est un style traditionnel de Wushu développé et transmis par ses premiers pratiquants comme un système spécifique d'attaque et de défense, autrement dit un système

martial. À la fin de la dynastie Qing (1644-1911) et au début de l'époque républicaine (1911-1949), d'importants maîtres comme Yang Luchan (17991872) ou Chen Fake (1887-1957) introduisirent à Pékin leur art de combat provenant des régions du centre du pays. Là, celui-ci continua de s'étendre et de se diversifier,

devenant une discipline aux contenus d'une grande profondeur, offrant différentes méthodologies en fonction des multiples styles et transmise de manière traditionnelle, de génération en génération. Il est vrai qu'avec les années, le développement de la société permit au Tai Ji Quan de suivre un processus de

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Artes Chinas

« Pour moi, l'essence du Wushu, c'est le dépassement constant. J'attends toujours le jour où quelqu'un me battra car c'est, pour moi, une condition nécessaire pour continuer d'avancer. » Wu Yanan modernisation, non seulement comme un système d'attaque et de défense, mais également comme une manière de se cultiver intérieurement et spirituellement, une manière de préserver la santé, une activité physique récréative pour les masse et finalement un sport. Chacune de ces conceptions, traditionnelles ou modernes, étant différentes l'une de l'autre, mais pas nécessairement contradictoire ni antinomiques. Bien que ce dernier point soit un sujet de disputes et de controverses.

Chronologie du Tai Ji Quan sportif En 1949, fut fondée la République populaire de Chine. Quelques années plus tard, le gouvernement chinois établit la commission d'État de la Culture physique et des Sports qui fut chargée, entre autres, de réhabiliter le Wushu chinois. C'est ainsi qu'en 1956, sous les ordres du Premier ministre Zhou Enlai, apparurent les premiers textes de

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Wushu moderne incluant plusieurs travaux de Tai Ji Quan dictés par un groupe d'experts dirigés par le maître Li Tianji (19141996). Et les séries modernes de Tai Ji Quan, comme celle des 24 mouvements de Tai Ji Quan simplifié, celle des 32 mouvements de Tai Ji Quan avec épée ou Tai Ji Jian, celle des 66 mouvements de Tai Ji Quan combiné et d'autres, furent élaborées. Le Tai Ji Quan possédait pour la première fois des séries standard et une série de règlements orientés expressément vers la compétition. Plus tard, vers la fin de la Révolution culturelle (1966-1976), le gouvernement chinois renouvela ses efforts de promotion du Wushu en décidant d'inclure dans le programme de compétition la modalité « séries » de Tai Ji Quan et de Tai Ji Jian. Faisons remarquer que d'autres développements comme la compétition de « poussée de main » ou Tui Shou ne firent pas partie de cette initiative sportive, mais de compétitions spécifiques développées plus tard et par différents groupes. Au cours de cette période, les compétiteurs de Tai Ji Quan basaient principalement leur travail sur les séries standard développées à la fin des années 50 avec certaines modifications. En 1988, un comité d'experts dirigé par le maître Li Deyin (1938-), neveu de Li Tianji, créa les séries internationales de compétition de 42 mouvements du Tai Ji Quan combiné et de 42 mouvements du Tai Ji Jian. Ces séries seront utilisées dans les compétitions internationales de Wushu pendant de nombreuses années et se répandirent rapidement dans le monde entier. Parallèlement, furent créées les séries modernes de chacun des styles principaux de Tai Ji Quan comme celle des 56 mouvements du style Chen ou celle des 73 mouvements du style Sun, pour ne citer qu'elles, mais elles ne sont utilisées que dans certaines compétitions spécifi-

ques de Tai Ji Quan et pas dans celle de Wushu. En 1991, fut fondée la Fédération internationale de Wushu (IWUF). Cette même année, furent célébrés les premiers championnats du monde à Pékin, ils se réalisent depuis tous les deux ans. Les modalités de Tai Ji Quan et de Tai Ji Jian ont toujours faits partie de


ces championnats. Elles utilisèrent jusqu'en 2003 les séries obligatoires des 42 mouvements mentionnées précédemment et offrirent une structure solide pour l'expansion correcte du Tai Ji Quan sportif sur les cinq continents. À partir de 2005, les championnats du monde commencèrent à être régi par un nouveau règlement de séries libres

et d'exercices très difficiles habituellement appelés « Nandu ». Sous cette normative, les entraîneurs et les compétiteurs ont à leur disposition un plus grand nombre de techniques de n'importe quelle famille de Tai Ji Quan tels que les mouvements de la forme rapide du style Wu ou le poing canon du style Chen, qui peuvent être inclus dans

leurs séries pour pouvoir ainsi mieux mettre en évidence leurs qualités particulières.

Le règlement des séries libres avec « Nandu » D'après le règlement en vigueur pour les séries optionnelles avec mouve-

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Artes Chinas

ments difficiles, la note finale d'un compétiteur repose sur trois critères. Les juges de la qualité des mouvements (groupe A) représentent 50% de la note finale ; les juges de la performance globale (groupe B) représentent 30% des points ; et les juges de la réalisation des exercices difficiles (groupe C) représentent 20% du total d'une base maximum de 10 points. Les juges de la qualité des mouvements sont chargés d'évaluer la précision des positions et des déplacements ainsi que l'expansion, la hauteur, la stabilité, la clarté et l'uniformité des mouvements. Les jugements sont émis en

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partant de la perfection, c'est-à-dire 5 points, et en appliquant des pénalisations de 0,10 sur base d'une liste finie d'erreurs communes. Ainsi, un déséquilibre apparent lors d'un déplacement, l'exécution d'un coup de pied avec le talon en dessous du niveau horizontal, la projection du genou devant la ligne des pieds ou le centre de gravité hors de l'axe central de la posture sont quelques-unes des erreurs possibles. Les juges de la performance globale évaluent l'exécution complète du compétiteur estimant la note à donner en fonction d'un tableau présentant une

échelle de valeurs de neuf niveaux et avec un maximum de trois points. La précision dans l'exécution de chaque technique, la coordination des mains, des pieds et des yeux, l'harmonie du corps et des pas, la fluidité et la puissance sont certains des éléments à évaluer. Le groupe B se charge également d'appliquer des pénalisations quant au contenu et à la variété de la chorégraphie qui doit inclure trois postures : le pas arqué (Gongbu), le pas glissé (Pubu) et le pas vide (Xubu) ; au moins deux techniques de jambes comme le coup de pied de talon (Dengjiao) ou la descente du dragon


Reportage par terre (Quedilong) ; ainsi que l'exécution des huit techniques obligatoires du Tai Ji Quan : Lan Que Wei (saisir la queue du moineau), Ye Ma Fen Zahong (diviser la crinière du cheval), Lou Xi Ao Bu (brosser le genou), Yun Shou (les mains en nuages), Zuo You Chuan Shuo (Lancer la navette à gauche et à droite), Yan Shou Hong Chui (couvrir avec la main et donner un coup de poing), Dao Juan Hou (reculer en faisant tourner les bras) et Ban Lan Chui (parer, bloquer et frapper). Les juges des mouvements difficiles doivent noter avec précision l'exécution correcte de chacun des mouvements qui constituent le Nandu du compétiteur. Chaque mouvement difficile et chaque transition difficile sont prévus à l'avance et indiqués sur un formulaire spécial sur lequel les juges appliquent leur notation. Chacun de ces éléments qui incluent des mouvements d'équilibre compliqués, des coups de pied sauté avec des rotations de 180º, 360º et 540º et des réceptions sur un seul pied, est associé à une valeur en fonction du degré de difficulté qui peut aller jusqu'à un maximum de

deux points. Des mouvements additionnels peuvent être incorporés dans la série, mais ils ne compteront pas dans la notation. Enfin, d'autres dispositions incluent une limite de temps de 3 à 4 minutes pour chaque série et un accompagnement musical obligatoire. L'uniforme des compétiteurs doit être à manches longues, avec un col droit, sept boutons chinois et sans ceinture.

Le « Nandu », partie à part entière du Tai Ji Quan Il est évidemment compliqué de comprendre comment tous ces sauts et toutes ces réceptions peuvent faire partie d'une série de Tai Ji Quan. Le maître Zeng Nailiang (1941-), l'un des entraîneurs de Tai Ji Quan les plus décorés et respectés en Chine, opine cependant la chose suivante : « L'inclusion des mouvement difficiles dans le Tai Ji Quan de compétition est une arme à double tranchant. D'une part, ces mouvements font partie d'un nouveau système de notation qui essaye de moins se baser sur des qualités subjectives ou les p r é f é re n c e s individuelles des juges et d'être objectif dans la quantification de chaque résultat ; de l'autre, ils représentent un défi plus grand encore en terme d'exécution pour les athlètes de niveau avancé car ils doivent les réaliser suivant les principes fondamentaux du Tai Ji Quan. » De fait, maintenir la tête droite, détendre la poitrine et conserver le dos droit, laisser la taille diriger le corps en la maintenant détendue et souple, distinguer clairement entre le solide et le

vide, ne sont que quelques-uns des principes que les compétiteurs doivent affronter quand ils doivent exécuter les Nandu. Ainsi, alors que dans le Chang Quan, les compétiteurs peuvent faire quatre pas avant d'exécuter un saut, engendrant ainsi une grande impulsion qui se transmet au mouvement suivant, en Tai Ji Quan, ils ne peuvent faire qu'un seul pas avant de réaliser les coups de pied sautés, et les coups de pied en éventail doivent être exécutés sans réaliser aucun pas. En outre, dans tous ces sauts, il faut sauter, frapper du pied et atterrir sur le même pied. Ces détails modifient radicalement les deux méthodes en termes de mécanique corporelle et d'exécution de la force, car les compétiteurs de Tai Ji Quan doivent partir de la relaxation, effectuer une décharge explosive d'énergie en sautant et en frappant et revenir immédiatement à une position complètement détendue, ce qui est assez semblable au travail de l'émission de force ou Fajing caractéristique du Tai Ji Quan traditionnel. Il et évident cependant que ces nouveaux paramètres sont mal vus par certains cercles traditionnels. Le maître Zeng pense pourtant autrement : « Bien qu'il y ait de nouveaux mouvements qui ne faisaient anciennement partie d'aucun plan d'étude traditionnel, ce type de pratique ne doit pas être complètement étranger aux compétiteurs et aux entraîneurs expérimentés puisque beaucoup de ces actions, coups de pied sautés, balayages et équilibres sur une jambe, peuvent également se retrouver dans certaines séries traditionnelles ou faire partie des méthodes d'entraînement traditionnelles. »

Le secret : la définition de la culture Tai Ji Quan Il est clair que ces disputes ne cesseront pas tant qu'il n'y aura pas une définition claire de ce que le Tai Ji Quan représente actuellement. Aujourd'hui, à part être une méthode d'attaque et de défense traditionnelle comme il le fut à l'origine, le Tai Ji Quan est devenu une entité polyvalente aux portées multiples et horizons distincts. Les écoles traditionnelles se sont notablement étendues dans le monde entier, les pratiquants qui le pratiquent de manière récréative et/ou thérapeutique se comptent par milliers et les sportifs d'élite font les délices des spectateurs avec leurs sauts et leurs manœuvres spectaculaires. Sous un spectre de telle magnitude, nous devrions être capables de reconnaître chacun de ces éléments et d'accepter qu'ils peuvent coexister et être promus, de manière indépendante peut-être, mais en les considérant comme des parties d'un tout plus grand. C'est ça la culture du Tai Ji Quan.

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Grands Maîtres

Fondateur du Judo (modernisation du Jiu-Jitsu) et grand artisan de son expansion mondiale jusqu'à en faire l'un des arts martiaux les plus connus et l'un des sports les plus pratiqués, Jigoro Kano démontra qu'il possédait l'inestimable capacité d'innover sans perdre les racines. Il est parvenu à harmoniser sa responsabilité en tant que gardien de la tradition et sa mentalité révolutionnaire. La détermination colossale de ce « petit » grand maître lui permit de rompre toutes les barrières, d'être en avance sur son époque et de devenir un véritable citoyen du monde. Texte : Pedro Conde Photos : Pedro Conde & Budo international archives

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igoro Kano est né le 18 octobre 1860 à Mikage, préfecture d'Hyogo. L'endroit où est né Kano était réputé pour son sake. Il est né au sein d'une famille de la haute noblesse féodale japonaise. Troisième de cinq frères, il perdit très jeune sa mère qui décéda quand il avait 10 ans. Son père, Jirosaku Mareshiba Kano, était un samouraï de haut rang, intendant naval du shogun Tokugawa. Il reçut dès lors une sévère éducation traditionnaliste et patriarcale. Malgré cela, la modernisation accélérée du Japon que représenta l'époque Meiji affecta également son éducation. On commença à voir d'un très bon œil le fait que les fils de la noblesse soient instruits aux disciplines occidentales et la famille Kano ne fut pas une exception. Au cours de sa scolarité, il montra une si grande facilité et un si grand intérêt pour les langues que son père l'inscrivit dans une école de langues étrangères. Jigoro Kano fut toujours très appliqué dans ses études. Mais comme beaucoup d'autres maîtres, il fut dès sa naissance un enfant maigre et maladif, doté d'une constitution physique qui n'était absolument pas adéquate à la caste guerrière dont il provenait. À l'âge de 16 ans, il mesurait à peine plus d'un mètre cinquante et ne pesait que 48 kilos. Afin de fortifier son corps faible et de revigorer sa santé précaire, il se mit à pratiquer avec grand enthousiasme la gymnastique, l'aviron et le base-ball. Mais ses progrès étaient lents, car il manquait de la base physique adéquate pour se distinguer dans ces sports. Malgré cela, il conserva une grande passion pour le base-ball et, bien que ce soit un sujet assez méconnu, il fonda en 1878 le premier club officiel japonais de ce sport, le Kaise Base-Ball Club.

Sa petite taille fut assez traumatisante pour lui, car il devint le bouc émissaire des élèves dégingandés qui n'hésitèrent pas à le malmener et à le maltraiter à tout moment. Ce qui était particulièrement humiliant pour le fils d'un éminent samouraï qui lui avait inculqué depuis sa plus tendre enfance que l'honneur, l'orgueil et la dignité étaient la base de toute existence noble. Il devait apprendre à se défendre. Sa formation sportive avait jusqu'alors été exclusivement occidentale, il s'intéressa donc à la Boxe anglaise. Celle-ci fut cependant rapidement écartée, car elle basait une grande partie de son efficacité sur la puissance et le poids du corps, ce dont manquait précisément le jeune Kano. Mais les légendes traditionnelles de sa culture racontaient souvent que d'insignifiants petits hommes battaient de terribles géants en combats singuliers. Piqué par la curiosité et le désespoir, Jigoro Kano décida alors, à l'âge de 17 ans, de tenter sa chance avec le Jiu-Jitsu, l'art de combat sans armes des samouraïs. C'est ainsi qu'en 1877, faisant valoir la noblesse de son nom et la recommandation de son père, il fut admis à l'école du vieux maître Hachinosuke Fukuda, du style Tenjin Shinyo Ryu, « École du Cœur du Saule ». Fukuda, âgé de 80 ans, s'entraînait encore quotidiennement avec ses élèves. Il avait coutume d'attribuer sa longévité, inhabituelle à l'époque, à la pratique du Jiu-Jitsu. Dès le début, la volonté et l'application de Kano furent extraordinaires. Il se consacra corps et âme à l'apprentissage du Jiu-Jitsu, tant et si bien que ses progrès furent fulgurants. Fukuda, surpris par l'enthousiasme, la qualité et le bon sens du jeune homme, commenta à

plusieurs reprises qu'il appréciait beaucoup la mentalité et la manière de se comporter de Kano, que celui-ci possédait un véritable esprit de samouraï. Tant et si bien qu'au bout de deux ans, sentant sa mort proche, la maître décida de céder à Kano tous les documents et les archives qu'il possédait sur son art, le nommant par là même gardien du style. Un bagage aussi extraordinaire lui ouvrit subitement les portes de l'hermétique monde des arts martiaux japonais. Il parvint ainsi à être accepté comme élève par le prestigieux maître Iso, gardien du style Tinchi Singuo. Il commença alors à s'entraîner sous la direction d'Iso tout en développant pour son compte le précieux héritage de Fukuda. Les progrès de Kano allaient en s'accélérant et au bout de quelque temps, il fut nommé directeur de l'école d'Iso. Mais, malheureusement pour notre précoce apprenti, son nouveau maître mourut prématurément et le laissa orphelin de ses enseignements. Cela se produisit après deux ans de pratique avec lui. Cette fois, Jigoro Kano hérita également des documents et des livres du style Tinchi Singuo. Considérant qu'il possédait déjà le niveau suffisant pour assimiler facilement les enseignements de ses deux maîtres décédés, Fukuda et Iso, il se mit à dévorer tous les documents qu'il possédait. Mais Kano était conscient que prétendre être autodidacte était prématuré. Il chercha donc un troisième sensei pour guider ses pas. Il entra en contact avec le maître Likubo Tsunetoshi, maître de l'école Kito Ryu, et il commença à s'entraîner dans son dojo. Cette école avait la particularité d'enseigner la pratique du Jiu-Jitsu en tenue traditionnelle, c'est-à-dire avec

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kimono et armure. Jusqu'alors, Kano s'était entraîné au corps à corps simplement avec des vêtements de ville. La difficulté ajoutée que provoquait le fait de pratiquer avec une armure (qui serait un peu comme pratiquer enveloppé dans de gros vêtements, avec un épais manteau d'hiver et chargé d'un pesant sac à dos) rompit ses schémas de la self-défense et l'obligea à mettre plus l'accent sur la résistance physique et l'économie de mouvements. Alors qu'il assimilait avec passion les enseignements de Likubo, le jeune Kano pressentait déjà la création d'un nouveau style provenant de la synthèse des divers styles étudiés et de ses propres conclusions. À cette époque (1881), Kano montrait déjà un développement physique impressionnant car, bien que ne dépassant pas le mètre cinquante huit, il pesait plus de 70 kilos ! Il était doté d'épaules très larges et d'une cage thoracique massive, sa base physique était extraordinaire et il possédait des jambes fortes et musclées. Cette surprenante métamorphose n'était explicable que par une détermination et une volonté inébranlables. Son développement intellectuel était également remarquable, car cette même année, il se licencia en lettres et l'année suivante, il termina ses études de sciences esthétiques et morales à Gakushuuin, l'école privée de la noblesse. C'est cette même année précisément qu'il fonda le Kodokan et cela, d'une manière plutôt particulière. En février, il se retira dans le petit monastère bouddhiste d'Eisho-ji, il commença à réunir tout ce qu'il avait appris et à rassembler ses pensées, tout en continuant de pratiquer le système Kito (qu'il continua en réalité sous la direction de Likubo jusqu'en 1885) avec un camarade qui pesait plus de 100 kilos. Il approfondit ainsi les concepts de non résistance à l'adversaire (particulièrement utiles quand celui-ci pèse 30 kilos de plus que nous !) et de déséquilibre. Dans son esprit, commença à se former toute une théorie sur l'éducation en général et sur le Jiu-Jitsu en particulier. Il arriva à la conclusion que l'éducation se basait sur trois éléments : l'éducation cognitive, l'éducation morale et l'éducation physique. L'éducation cognitive concer ne l'amélioration des connaissances, l'éducation morale inclut une dimension morale et l'éducation physique se base sur l'entraînement du corps. En ce qui concerne l'éducation physique, Jigoro Kano partit du principe qu'il fallait éliminer tout ce qui n'était pas bénéfique à l'homme et que toute discipline martiale ou sportive devait aller en ce sens. Kano considérait que le Jiu-Jitsu ne devait pas se contenter d'être un art martial sans plus, mais qu'il fallait le doter d'une dimension éducative, formative. En d'autres mots, l'essence de l'art martial devait être applicable à la vie quotidienne, en dehors du tatami. Il souhaitait donc élargir l'art martial, l'universaliser. Sa première mesure consista à changer le nom de ce qu'il pensait enseigner et au lieu de parler de Jiu-Jitsu (techniques de souplesse), il décida de la baptiser Judo (voie de la souplesse) où le concept de « do » (voie) équivalait à celui de « chemin de vie », beaucoup plus transcendantal donc que celui de « Jitsu » (technique). Le judoka devait être celui qui suivait la voie de la souplesse ou de la douceur, aussi bien dans le dojo (abréviation du terme Judo-Jo) qu'à l'extérieur. La dimension formative/éducative du Judo était, aux yeux de Kano, essentielle. Voici ce qu'il en a dit : « Rien sous le ciel n'est plus important que l'éducation. En éduquant correctement une seule personne, nous influençons toute sa génération et nous contribuons à cent générations à venir. » Dans ce refuge de méditation, à l'âge de 22 ans seulement, Jigoro Kano fonda les bases du Judo et concrétisa sur papier une bonne partie de sa philosophie

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pacifique et internationaliste (assez similaire aux préceptes de Morihei Ueshiba, le fondateur de l'Aïkido) qui imprégna son art : « Le Judo est un moyen de développer l'être humain accessible à tous les peuples de la terre. L'entraînement renverse la barrière des langues et la discipline forme des êtres humains responsables et généreux. » Kano est profondément pacifiste et un défenseur convaincu de la non-violence. Il créa pour cela deux maximes qu'il inscrivit à l'entrée de son dojo et qui passeront à la prospérité : « prospérité mutuelle » et « utilisation efficace de l'énergie ». Cette emphase si orientale mise sur l'étique et la philosophie n'empêcha pas Kano, très pragmatique, d'appliquer à l'entraînement de son art martial les principes scientifiques des disciplines sportives occidentales. Cela explique son affirmation : « Le but du Judo est de comprendre et de démontrer rapidement les lois vivantes du mouvements. » L'esprit scientifique et rationnel s'enracinait donc dans la conception technique du Judo. Dans cette dynamique, Kano se consacra à polir le Jiu-Jitsu de toutes ses techniques peu pratiques, trop complexes ou difficiles à utiliser à l'époque actuelle. Suivant sa mentalité pacifiste, il élimina également les techniques trop violentes ou dangereuses. Il perfectionna le principe de la chute sans se faire mal et introduisit quelques projections de son propre cru. Une fois créé à grands traits ce que nous connaissons comme le Judo au cours de cette même année 1882, Kano ouvrit sa première école ou Kodokan (école où l'on étudie la voie) dans le temple bouddhiste d'Eisho-ji. Son premier élève entra le 5 juin de cette année, il s'appelait Tomita. Vinrent ensuite Higushi, Arima, Matsuoka et Shiro Saigo, aujourd'hui légendaire. Aucun n'avait plus de 18 ans, Kano décida alors de les loger et de jouer le rôle de père. Ce furent des temps heureux, mais durs, car ils avaient à peine de quoi vivre. Le tatami sur lequel ils s'entraînaient mesurait à peine vingt mètres carrés. Ses enseignements devinrent rapidement fameux et le Kodokan dut répondre à de nombreux défis lancés par les écoles de Jiu-Jitsu traditionnelles, très jalouses du travail de modernisation de Kano, mais celuici et ses meilleurs élèves, Shiro Saigo et Yoko-Yama, répondirent personnellement aux provocations et obtinrent rapidement le respect de la communauté martiale. Avec le temps, les entraînements continus finirent par détériorer le sol et les images sacrées. Les moines lui demandèrent alors d'abandonner l'endroit. Finalement, il parvint à obtenir qu'on le laissât construire un petit dojo

dans un bâtiment annexe au temple. Le nouveau Kodokan avait un tatami plus grand, des vingt mètres carrés on passa à quatre-vingt. À cette époque, il commença à être invité à de nombreuses conférences et démonstrations, ce qui démultiplia son travail de diffusion. Le prestige de Kano comme maître et personne grandit à tel point qu'en 1884, alors qu'il n'avait que 24 ans, il fut nommé attaché à la Maison impériale et reçut l'année suivante le 7e rang impérial. Cette même année 1885, Kano décida d'abandonner l'étude de Jiu-Jitsu sous la direction de Likubo car il était arrivé à la conclusion que personne ne pouvait plus rien lui apprendre sur le JiuJitsu/Judo. Il considérait qu'il possédait les bases et les connaissances nécessaires pour commencer à évoluer pour son propre compte, sans avoir besoin des enseignements ou de la supervision d'un autre maître. En 1886, son énorme travail de diffusion et d'éducation reçut une nouvelle récompense depuis les plus hautes instances du pays : il obtint le 6e rang impérial et fut nommé directeur de l'École des Professeurs de Tokyo et vice-président du Gakushuin (École de la Haute Noblesse et de la Maison impériale). Cette même année, Kano changea de nouveau son école d'endroit et s'installa dans la résidence de l'un des personnages les plus influents et importants de l'ère Meiji, le baron Yajiro Shianngawa, qui donna au Judo un appui définitif par rapport aux autres arts martiaux pratiqués au Japon. En 1887, Kano intensifia son évolution martiale et codifia deux katas appelés Jo-No-Kata et Itsutsu-No-Kata. En 1888, il fut nommé recteur plénipotentiaire du Gakushuin et se mit alors à le réformer suivant ses points de vue progressistes. Il ouvrit cette institution à toutes les classes sociales et garantit le même traitement à tous ses élèves, indépendamment de leur provenance sociale. Ce changement radical fut possible grâce à la complicité du ministre de l'Éducation, le prince Saionji, qui sympathisait avec la mentalité de Kano. Celui-ci souhaitait en outre inculquer aux élèves la discipline et l'austérité. Tous les internes de cette école, aussi bien les fils de nobles que les paysans, devaient donc se lever à 5h du matin pour nettoyer la maison et le jardin. Dans son dojo également, tous les pratiquants étaient égaux, le kimono représentait l'abolition temporaire de toute distinction sociale. Ainsi, Keichu Tokugawa, le fils du dernier shogun, fut traité sur le même pied que n'importe lequel de ses camarades de pratique. Comme on peut le voir, Jigoro Kano était quelqu'un d'hyperactif par nature et par nécessité. Il pouvait sortir de

chez lui avant l'aube, rentrer bien tard dans la nuit et préparer avant d'aller se coucher les cours pour le jour suivant. Cette activité intense et frénétique dans de nombreux domaines et institutions ne l'empêcha cependant pas de continuer d'évoluer et d'innover par rapport au Judo. Les élèves du Kodokan remportaient toutes les compétitions auxquelles ils assistaient à une exception près : lorsqu'il s'agissait d'affronter le redoutable pratiquant de Jiu-Jitsu, Tanabe, la véritable bête noire du Kodokan, qui mettait en défaite avec un préoccupante régularité ses meilleurs champions. Kano se mit alors à étudier Tanabe en action. La tactique de ce combattant extraordinaire était de renverser le plus rapidement possible son adversaire pour l'étrangler au sol. La leçon fut apprise et Kano se consacra à perfectionner et à approfondir l'étude du combat au sol, une facette du Judo trop oubliée jusqu'alors. D'un autre côté, notre éminent maître proposa une importante modification de la tenue de pratique. Jusqu'alors, on avait utilisé un judogi très court : le pantalon dépassait à peine le genou et les manches couvraient à peine les coudes. Le problème, c'était que, du fait de sa conception et de la toile, il se produisait de nombreuses blessures aux membres des pratiquants. Kano rallongea les pantalons et les manches et il chercha une toile renforcée qui soit à la fois souple et résistante. Le résultat fut plus ou moins le judogi utilisé actuellement, dont la forme et le modèle se sont étendus à de nombreux autres arts martiaux. Les innovations de Jigoro Kano ne se limitèrent pas au domaine technique et pratique. En effet, durant ces années du développement naissant du Judo, il modela une véritable philosophie martiale qui devait forger la personnalité de tout bon judoka. Il existait selon lui trois motifs, idéaux ou règles de comportement : le Jiko No Kansei qui se base sur la perfection en tant qu'être humain, la bonne santé, l'intelligence et le bon caractère ; le Jita Kyoe, basé sur l'appui mutuel, la solidarité et l'aide à apporter aux plus désorientés pour qu'ils puissent rencontrer le chemin de leur propre perfection ; et enfin le Seiryoku Zenyo, qui implique le maximum d'efficacité dans le minimum de temps. Parmi les qualités de Jigoro Kano, sa bonne maîtrise de l'anglais lui permit, en 1889, de voyager en Europe en tant qu'attaché au Ministère de la Maison impériale du Japon. Quand il quitta le Japon, le Kodokan comptait déjà plus de 600 élèves et se trouvait en continuelle expansion. En Europe, il s'arrêta particulièrement en France, où il effectua une série de démonstration de Judo (la plus remarquable et la plus retentissante fut celle de Marseille) et

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forma une série d'élèves. Avant de rentrer au Japon en 1891, furent créés à Paris les premiers dojos européens. Ils étaient dirigés par Jean-Joseph Renaud et Guy de Montgrillard. Ce contact de deux ans avec l'Europe ouvrit plus encore son esprit et modernisa (si c'était possible) sa pensée. Cela réaffirma son objectif d'harmoniser dans le Judo la mentalité orientale et l'occidental, d'approcher les deux cultures. Les grands personnages occidentaux influencèrent sa pensée, mais le poids du Bushido (code du samouraï) dans le Judo ne fut pas moins grand. D'un côté, on peut dire qu'il occidentalisa le Jiu-Jitsu et qu'il ouvrit aux arts martiaux la porte de la modernité, mais d'un autre, il introduisit également une grande quantité de principes du Bushido traditionnel dans le système éducatif général japonais. À son retour, il fut nommé conseiller du ministre de l'Éducation nationale et se maria avec Sumako avec qui lui donna une nombreuse descendance (six filles et trois fils). Kano, qui n'avait alors que 31 ans, possédait à ce moment-là une telle réputation au Japon qu'il dépassait de loin n'importe quel maître d'art martial de son époque. La reconnaissance et la promotion de sa figure et de son art martial, faisant indiscutablement honneur à ses mérites, furent constantes et généreuses jusqu'à la fin de sa vie.

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Complètement submergé dans le cadre éducatif, comme c'était normal pour lui, en septembre 1893, il fut nommé directeur de l'école supérieure et secrétaire du ministre de l'Éducation nationale. Sa contribution au système éducatif japonais est inestimable. Pour comprendre l'extraordinaire parcours vital de Kano, il faut savoir qu'il a toujours associé le monde de l'éducation avec le monde du Judo, autrement dit, le Judo était, dans le fond, éducation, et dès lors, une bonne éducation devait inclure le Judo. Et c'est effectivement ce qu'il parvint à faire, à inclure le Judo comme matière éducative obligatoire dans les écoles publiques japonaises. En 1985, il reçut le 5e rang impérial en reconnaissance pour ses efforts dévoués. Avant de terminer l'année, Kano donna une forme définitive au Gokio, la codification pédagogique du Judo, qui, après une importante modification postérieure en 1920, est toujours en vigueur de nos jours. Deux années plus tard, Kano créa la société Zoshi-Kai et fonda les instituts ZenyoSeiki et Zenicho pour promouvoir la culture parmi les jeunes. Il lança également une revue intitulée « KokuSiaisi » où il exprimait sa philosophie et ses idées sur le Judo. De nos jours, on ne conserve plus que

quelques exemplaires de cette publication qui est devenue un véritable trésor de collectionneur. Cette même année 1897, le gouvernement japonais fonda le Butokuai, l'École nationale des arts martiaux, qui incluait évidemment le Judo comme l'une de ses disciplines de pointe. D'un autre côté, dans le contexte universitaire (plus particulièrement à l'Université impériale de Tokyo), sa discipline fut également bien reçue et on développa une fédération universitaire de Judo appelée Kosen. Kodokan, Butokukai et Kosen constituent donc l'avant-garde d'un Judo japonais puissant. En 1898, comme on pouvait l'espérer, on offrit à Kano le poste de président du Butokukai et celui de directeur de l'éducation primaire du ministère de l'Éducation nationale. Dans l'accomplissement des fonctions de ce der nier poste, il se rendit à deux reprises en Chine, en 1902 et en 1905. Son travail de diffusion et de formation était vraiment incessant et il reçut pour celui-ci, en 1905, le 4e rang impérial. Sans reprendre son souffle, Jigoro K a n o m e n a l e s d e u x f ro n t s simultanément : l'intérieur, l'évolution et le perfectionnement des techniques


de son art martial, et l'extérieur, la diffusion de celuici. C'est ainsi qu'en 1907, il créa au sein du Butokukai trois nouveaux katas, Nage No Kata, Kime No Kata et Katame No Kata, qu'il ajoute aux deux premiers. En 1909, il modifia les statuts du Kodokan pour en faire une espèce de société publique. Cette même année, Kano reçut enfin une récompense réellement pratique pour ses remarquables efforts : il fut nommé membre du Comité olympique international (aucun Japonais ne l'avait été jusqu'alors). Cela représenta pour le travail de Kano bien plus que tous les titres honorifiques reçus jusqu'alors, car l'esprit olympique coïncidait avec ses aspirations internationales et cela allait lui permettre de promouvoir son art martial jusqu'à des limites insoupçonnées. À partir de ce moment-là, l'existence du maître déjà tellement affairée s'accéléra plus encore. En 1911, il fut

nommé président de la Fédération sportive japonaise et au cours des années 1912 et 1913, il se rendit en mission culturelle dans toute l'Europe et aux États-Unis. Son travail consista à donner des conférences pour rapprocher un peu plus les mentalités orientale et occidentale. Évidemment, il profita de n'importe quelle occasion pour faire des

démonstrations de Judo devant les yeux étonnés des spectateurs occidentaux. En 1922, il prit un siège à la Chambre haute et, en 1924, il fut nommé professeur honoraire de l'École normale supérieure de Tokyo et reçut le 3e rang impérial. En 1928, il devint Conseiller du cabinet de l'Éducation physique au Japon. Remplissant ses fonctions de membre du Comité olympique international, il participa aux assemblées générales des Jeux olympiques de 1928, 1932 et 1936. Au sein de ce même organisme, Kano lança en 1932 et en 1934, deux invitations officielles du gouvernement japonais, proposant Tokyo comme siège de futurs Jeux olympiques. Cette proposition englobait l'inclusion du Judo comme sport olympique. Jigoro Kano, qui avait consacré toute sa vie à créer, développer et universaliser le Judo, ne réalisera cependant pas son rêve de le voir consacré comme sport olympique. La Deuxième Guerre mondiale et l'infortuné rôle qu'y joua l'Empire japonais éloignèrent cette nation de l'agrément des puissances occidentales et il faudra attendre 1964 pour que Tokyo ait l'honneur de devenir le siège de l'un des Jeux olympiques. Depuis lors, le Judo est un sport olympique. Le 4 mai 1938, Jigoro Kano mourut, victime d'une pneumonie, à bord d'un paquebot en provenance du Caire (où avait eu lieu la dernière Assemblée générale du Comité olympique international) ; il reçut à titre posthume, le 2e rang impérial (distinction la plus haute à laquelle pouvait aspirer un Japonais qui ne soit pas de sang royal). Au moment de sa mort, il y avait officiellement 120.000 judokas. Actuellement, ce chiffre s'élève à près de 7 millions de pratiquants répartis dans plus de cent pays. Pour comprendre ce phénomène, il nous faut rappeler les paroles prophétiques de Jigoro Kano : « Le Judo ne mourra pas avec moi, car l'étude de ses principes représente l'étude de toutes les choses de la vie. »

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Festival des arts martiaux en Thaïlande, édition 2012 Une fois par an, la patrie du Muay Thaï devient, pour tous les pratiquants de cette discipline, le but d'un pèlerinage à Ayutthaya, l'ancienne capitale du Royaume de Siam. Celle qui fut à une époque une ville magnifique, un centre vital d'échanges commerciaux et culturels, Ayutthaya, est actuellement un musée à l'air libre, plein d'endroits qui sont de véritables sources d'inspiration et d'énergie mystique pour les pratiquants d'arts martiaux qui aiment réellement leur art. Le 17 mars, jour de la fête de la figure du guerrier siamois, Nai Khanom Thom, dont les faits remontent à la fin du XVIIIème siècle, les principales organisations culturelles et sportives thaïlandaises se réunirent pour offrir une série d'événements. Les réunions se centrèrent sur la pratique et l'étude des arts martiaux traditionnels du pays.

ans un contexte aussi vital pour elle, l'Académie international de Muay Boran est régulièrement invitée à participer au festival et, cette année, une délégation de membres de l'IMBA constituée d'athlètes et d'entraîneurs provenant de cinq pays (Italie, Finlande, Hollande, Allemagne, Angleterre) s'associèrent à l'Association des arts martiaux thaïlandais et à l'Association des maîtres de Muay thaïlandais (respectivement l'AITMA et la KMA) pour célébrer cet important anniversaire. En plus des événements prévus pour Ayutthaya, comme chaque année, en marge des engagements institutionnels, les membres de l'Académie ont bénéficié de nombreuses possibilités d'étude technique avec les meilleurs maîtres thaïlandais, spécialisés dans certains aspects spécifiques du Muay Boran. Ces experts sont des collaborateurs habituels du responsable de l'IMBA, Marco De Cesaris, qui a, depuis longtemps, établi avec eux d'étroites relations d'amitié et d'échange technique au plus haut niveau. Grâce à cette amitié, les membres présents peuvent bénéficier des cours de perfectionnement qui seraient, autrement, difficiles à obtenir car l'Ajarn refuse de former des pratiquants non thaïlandais à des techniques considérées comme « sensibles ». Nous allons voir en détail les maîtres avec lesquels il fut possible d'approfondir certaines questions importantes relatives à la pratique du Muay.

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• Le grand maître Yodtong Senanan : Doyen des maîtres de Muay, Khru Dtui est actuellement une espèce de légende vivante et il n'est pratiquement plus possible d'obtenir de lui une quelconque information étant donné son grand âge. Comme il est très proche du maître Sane et des membres de l'Académie, nous avons eu, cette dernière année, le grand honneur de recevoir directement de lui de précieuses leçons sur l'usage des coudes et des genoux dans des situations de corps à corps. Une occasion incroyable pour tous ! (Photos 1 et 2) • L'Arjarn Sane : Comme on le sait, depuis plusieurs années, les liens fraternels qui unissent le maître thaïlandais Sane et l'Italien Marco De Cesaris, ont engendrés une série de progrès dans l'étude du Muay Thaï traditionnel, particulièrement en ce qui concerne les exercices techniques et formelles ou Ram Muay. Cette fois, la présence des deux maîtres a permis d'approfondir

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considérablement un autre sujet de grand intérêt : le combat et l'usage des clés, des étranglements et des projections pour neutraliser des opposants de diverses envergures. Presque dix jours de travail intense sur les stratégies de combat relatives à leurs applications dans le domaine sportif, militaire et la self-défense. Les participants ont terminés épuisés, mais extraordinairement plus riches en termes techniques. (Photos 3 et 4) • Khru Mud : Depuis près de trois ans, ce maître expérimenté du style Muay Chaiya a inauguré une collaboration avec l'Académie qui commence à porter ses fruits. Le point de vue très réaliste sur le combat typique de ce style originaire du sud de la Thaïlande est très apprécié par les instructeurs de l'IMBA qui, à partir du 12e Khan, entreprennent l'étude spécialisée du Chaiya, un complément très utile par rapport aux techniques de base constituant le programme d'étude de ce niveau. Avec une solide base technique, chaque Khru de l'Académie pourra, s'il le désire, se spécialiser plus tard dans ce style spectaculaire et efficace proposé avec une impeccable efficacité par le Khru Mud. (Photo 5) • Khru Chao : Un autre expert du style régional avec qui De Cesaris entretient une collaboration amicale depuis plusieurs années est le maître Chao Wathayotha, l'un des principaux représentants du puissant Muay Korat, un courant stylistique depuis toujours « opposé » au Muay Chaiya. Le Khru Chao enseigne l'usage de puissants coups de poing, des coups de pied circulaires et des coups de genou, qui ont fait la célébrité des combattants de cette spécialité ainsi que la théorie des positionnements et les cinq stratégies d'attaque qui ont apporté une perspective très intéressante pour le combat sans règle, où se sont fait remarquer dans le passé les plus hauts représentants du style transmis par le maître Chao. (Photo 6 et 7) À la fin, fut célébrée la cérémonie du Mongkin, l'occasion pour tous les maîtres de Muay thaïlandais de se retrouver à Ayutthaya, un endroit symbolique dans un cadre mystique qui est une reconstruction de la ville de Siam de 1800. (photo 8) Cette année, l'Italien Marco De Cesaris et le Chinois Alex Tsui (photo 9 et 10) reçurent le titre de grand maître de Muay Boran (Bramarjarn) et le grade de 16e Khan. Ils furent félicités par une commission composée de maîtres thaïlandais d'un âge avancé : Bramarjarn Deng, Ulit, Phaosawat, Sirisompan et Yodtong.


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« Cette année, l'Italien Marco De Cesaris et le Chinois Alex Tsui reçurent le titre de grand maître de Muay Boran (Bramarjarn) et le grade de 16e Khan. »


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Arts Martiaux du Sud-Est Asiatique

Le « Sarong », tradition et self-défense a première sensation en pratiquant avec le Sarong fut d'être en face d'un instrument décisif, que ce soit en ce qui concerne ses mouvements, sa technique, ses concepts, sa tradition et, bien sûr, son efficacité pour la selfdéfense, que ce soit à main nue ou combinée avec et contre des armes. Sa polyvalence lui permet de passer d'Orient à Occident, de la danse à la lutte, de la décoration à la technique, ce qui fait de cet artefact martial une arme silencieuse et mortelle, exceptionnelle. Ses applications sont infinies. Au moyen d'une méthode facile à exécuter, le pratiquant découvrira une liberté de mouvements qui ne limite pas la base martiale de chaque individu. En ce qui concerne les techniques, nous pouvons essentiellement différencier des usages de trois types : 1. Frapper et pousser avec le Sarong. 2. Entourer et tenir les poignets, le cou, les genoux, les chevilles… 3. Désarmer sans avoir besoin de toucher l'arme. En fonction de la saisie et de la longueur du vêtement, nous avons plusieurs distances et systèmes de travail. En Occident, on utilise souvent des vêtements ou des accessoirs semblables : une chemise, un sac en plastique, une écharpe, une corde ou une ceinture. D'après mon expérience, aucun d'entre eux ne remplit aussi fidèlement sa fonction et si je pouvais le faire, je choisirais sans nul doute toujours le Sarong tel qu'on le connaît dans le Sud-Est asiatique. Quoi qu'il en soit, les techniques seront équivalentes, même si nous utilisons un autre vêtement. L'une des variantes les plus fascinantes consiste à conjuguer Sarong et Kerambit, un couteau court à double tranchant basé sur la griffe du tigre avec une poignée pourvue d'un anneau de rétention. C'est indiscutablement l'usage le plus létal et dévastateur du Sarong. La symbiose est parfaite ! Le pratiquant tient dans une main son Sarong et dans l'autre, l'arme blanche la plus dangereuse qui existe, le Kerambit.

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Philosophie La polarité du Yin et du Yang définit dans une grande mesure la philosophie de ce vêtement. Le Yin est présent dans la fragilité du tissu, dans sa souplesse, sa malléabilité, sa légèreté et son adaptabilité. Le Yang est présent dans la dureté de sa saisie, dans la supériorité de force qu'il apporte au pratiquant, semblable à celle du serpent qui entoure le cou ou le torse de sa proie. La force avec laquelle il frappe et bloque un coup est exceptionnelle. Cette polarité se manifeste également dans l'attitude et la stratégie qui appuie les techniques et les mouvements. Elle peut ressembler à un serpent, à un fouet ou à une barre de fer. Le Sarong est tout aussi efficace pour des fonctions défensives qu'offensives. Une particularité du Sarong, c'est que, dans la plupart de ses saisies, les mains restent libres, car les poignets glissent dans les liens ou entre les extrémités du Sarong, ce qui nous permet de réaliser les techniques les plus adéquates à chaque situation. Nous pouvons donc boxer, tenir, luxer et utiliser n'importe quelle arme pour appuyer l'usage du Sarong. Au cours de l'une de ses saisies, le Sarong est même croisé sur l'épaule, p e rm e t t ant d 'ex écut er une technique sans devoir l'enlever des é p a u l e s . Le S arong ut i l i se l es transitions pour frapper avec les c o u d e s , l es p oi ngs, f ai re d es luxations, des mouvements de trapping, des renversements, des saisies et des soumissions au sol. Quant au contrôle qu'il permet d'exercer sur les articulations et les artères, il n'y a pas le moindre doute. La saisie la plus commune consiste à tenir l'articulation du poignet et le cou simultanément, ce qui permet à l'autre main de rester opérationnelle et d'être utilisée pour appuyer le contrôle avec ou sans arme. La puissance de la saisie sur la partie inter ne du poignet affecte les tendons, les nerfs, les muscles et les artères, en plus des méridiens d'acupuncture. Dans mon système MTS (Montana Tony System), je mets particulièrement l'accent sur l'étude

des méridiens du corps. En tant qu'élève et maintenant en tant que maître, j'ai mis à l'épreuve d'innombrables fois la pression et les coups sur les points de pression, aussi bien avec le Kubotan qu'à main nue, qu'avec la baguette de police extensible ou encore les bâtons de Kali. Le Sarong est un autre exemple de l'efficacité que l'on obtient en utilisant les points de pression en différents endroits du corps. Quand nous utilisons le Sarong comme arme, nous ne devons pas essayer de le séparer de nos autres instruments naturels ou de notre formation martiale. Souvent, lorsque nous empoignons une arme externe comme un couteau, un bâton ou un Sarong, toute notre attention se centre sur l'arme, annulant les autres options, aussi bien techniques que stratégiques. Le Sarong est une arme idéale pour nous conduire à la libération personnelle dont parle tant Bruce Lee, à la fluidité de pensée et à l'union entre nos habiletés naturelles et nos habiletés acquises. Il nous faut pour cela développer les attributs physiques et techniques de manière à ce que le Sarong fasse partie intégrale de notre structure. La simplicité et la facilité de cette arme nous offrent une base solide qui nous permet d'incorporer le Sarong à notre style ou système. La méthode d'apprentissage que j'ai développée pour la pratique et la compréhension du Sarong a présenté d'excellents résultats et une évolution ferme et durable des élèves, quel que soit le style dont ils provenaient. Cela se doit dans une grande mesure à la nature unique de cette arme qui recèle en elle-même le mystère de la plus grande souplesse associée à une fermeté absolument convaincante.


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La Colonne de Raúl Gutiérrez

Pourquoi s'entraîner ans les années 60, je vivais dans ma ville natale, à Santiago du Chili. Des temps anciens, où la technologie d'aujourd'hui ne pouvait qu'être imaginée par les grands génies, penseurs, créateurs et puissances mondiales. En ce temps-là, trouver un texte à propos des grands maîtres d'arts martiaux était assez difficile. Et quand nous y parvenions, beaucoup étaient d'occasion. Les moyens de communication dont nous pouvons bénéficier aujourd'hui n'existaient pas. Contrairement à cette époque, le problème d'aujourd'hui, c'est qu'il y en a souvent qui se trompent et qui croient qu'avec autant d'informations sur Inter net ou ailleurs, il n'est plus nécessaire de s'entraîner. Ils croient qu'en regardant les vidéos, en lisant des livres ou en les partageant simplement, ils savent déjà tout ou presque. Il y a quelques mois, un représentant à l'étranger me disait que, dans son pays, certains leaders de styles déclaraient qu'il n'était pas nécessaire d'assister aux cours de formation, aux stages ou aux cours intensifs car les gens pouvaient les voir sur Internet. Comme pour tout, ni trop ni trop peu. On peut être reconnaissant de l'énorme quantité d'information qui existe sur le net et dans tous les domaines, mais celle-ci doit toujours être accompagnée d'une bonne dose d'entraînement, de discipline, d'effort, de sacrifice et de constance. Sinon, on pourrait avoir une grande frayeur à l'heure de la vérité. Le premier texte que je suis parvenu à me procurer alors fut un texte de feu le grand maître Masutatsu Oyama, d'origine coréenne et fondateur du Kyokushinkai, un style efficace et mondialement connu. J'ai lu le livre et j'ai été impressionné par son histoire personnelle, sa grande force de caractère et son potentiel martial. C'est alors que j'ai décidé d'en faire. Il y avait tellement peu d'information et d'écoles dans ma ville qu'il ne nous restait plus que notre propre engagement, notre propre intérêt et une recherche incessante. Depuis tout petit, les conflits de rue avaient toujours été présents dans ma vie quotidienne, comme dans celle de n'importe quel citoyen de mon pays. On dit qu'il n'y a rien de plus osé que l'ignorance et peut-être est-ce pour cela que les gens de cette époque avaient habituellement un caractère agressif, violent et sauvage. Il était pour moi normal de voir n'importe où, que ce soit dans la rue, dans un parc, au cinéma ou dans l'autobus, des gens passer de la blague au rire, du rire à la provocation et

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« En août prochain, j'aurai 62 ans. On me demande souvent comment je fais pour rester en forme malgré le grave accident de plongée que j'ai souffert il y a quelques années. On me demande quel est mon secret… » de la provocation aux mains. Les affrontements étaient si réels qu'ils finissaient parfois par des blessures graves ou la mort de l'un des adversaires. La population de Santiago du Chili était, comme celle de presque toutes les villes du monde, constituée d'une foule de personnes provenant des coins les plus écartés du pays venus chercher leur avenir à la capitale. On déclara là-bas que nous avons du sang indien (araucan, mapuche, etc.) et donc, un sang chaud, viscéral, impulsif et plutôt agressif. Il était habituel, et il l'est encore, bien que dans une moindre mesure, de voir briller un couteau dans les rencontres et ce sang était toujours versé d'une manière ou de l'autre. À cette époque-là, nos entraînements des arts martiaux étaient généralement très durs. Nos combats à l'école ou au gymnase se rapprochaient plus de la réalité car ils étaient de plein contact et sans protection, limite de poids, âge ou grade. Toutes les techniques que nous pratiquions, que ce soit à main ouverte, avec le poing, les avant-bras, les coudes, les genoux ou les pieds, étaient appliquées à 100%. Et cela provoquait des blessures et des hostilités entre camarades d'une même école. Il est vrai qu'au début, moi en tout cas, chaque fois que je devais repousser une agression de rue, je le faisais à ma manière personnelle habituelle. C'était mon instinct, ma réaction et mes poings qui entraient en jeu, mais sans la dimension martiale, c'était plutôt une réaction directe face à

une agression directe. Plus tard, avec les années, j'ai commencé à utiliser les connaissances et les techniques apprises au gymnase. Il faut probablement pour ça sentir profondément l'art martial couler dans vos veines, avoir acquis de la confiance et de l'assurance dans son application. Quiconque ayant dû faire face à des conflits réels sait bien que tout se passe en quelques secondes, en n'importe quel endroit, suivant n'importe quel angle et généralement sans crier gare. Il est donc très important de réfléchir à ce que je viens de dire. L'information d'aujourd'hui est absolument nécessaire. Ça ne fait pas de doute que l'on a progressé dans les recherches et l'expérience. Mais dans le passé - et aujourd'hui encore-, nous avons trop souvent perfectionné nos erreurs. Qu'est-ce que ça veut dire ? Cela veut dire qu'on nous a transmis des informations à propos de certains exercices ou méthodes d'entraînement qui non seulement ne sont ni efficaces ni corrects, mais encore provoquent des lésions et une fausse information. Combien de sportifs et de pratiquants d'arts martiaux d'hier ne sont-ils pas en train de souffrir aujourd'hui le résultat de tout ce qu'ils ont mal fait dans le passé ? Je connais un certain nombre de maîtres et d'experts qui se sont gravement lésés eux-mêmes du fait de la brutalité de leurs entraînements, à la suite d'une information reçue erronée, une information non vérifiée. Il faut, dans les arts martiaux comme dans la vie en général, chercher, lire, étudier, mais il ne faut pas cesser de s'entraîner. En août prochain, je fêterai mes 62 ans et on me demande souvent comment je fais pour rester en forme malgré un grave accident de plongée souffert il y a quelques années. On me demande quel est mon secret. Il est vrai que je dois beaucoup à ma propre génétique, mais je crois qu'en soi ce n'est pas suffisant. Tout influence, une bonne base est importante, mais il faut savoir la conserver. Aujourd'hui, je continue de m'entraîner avec beaucoup d'enthousiasme, je ne le fais plus pour la compétition, pour effectuer des démonstrations ou pour affronter des bagarres de rue, je le fais simplement parce que je souhaite et je désire profondément vivre en bonne santé, jouir au maximum de ce monde merveilleux, de ma famille, de mes amis et de mes élèves. Et bien sûr, il nous faut toujours être prêt pour quoi que ce soit ! Désormais, grâce à l'opportunité que m'a offerte la direction de Budo International, je serai en contact avec vous tous mois. Merci beaucoup.


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Nouveautés DVD´s Arts Martiaux

REF.: • PC3

NOUVEAUTÉS DU MOIS!!!

DVD: €35 C/U

REF.: • SARONG1

Pour le Sifu Cangelosi, il n'y a qu'un Kung-Fu, où les styles ne sont que des branches d'un même tronc et un véritable expert martial doit toutes les étudier. Cette fois, il nous présente un travail sur le Chin Na, l'art de la saisie et du contrôle de l'adversaire. Il ne s'agit pas d'une méthode traditionnelle de combat, mais d'un bagage technique étendu et sophistiqué, présent dans tous les styles d'arts martiaux chinois, en particulier le Tang Lang, le Pa Kua ou le Tai Chi Chuan. Au fil des siècles, il a souffert une évolution technique et incorporé des techniques de clés articulaires, de pression sur les points nerveux, de blocages de tendons et de muscles, d'étranglements respiratoires et sanguins, de projections et certains coups et percussions. Dans ses niveaux les plus avancés, le Chin Na cherche toujours la voie de l'énergie, du Chi, et devient une arme formidable dont la puissance et l'efficacité peuvent se moduler, conservant ainsi le respect le plus absolu de l'adversaire. Une excellente alternative pour résoudre, sans dommages, une situation de confrontation.

REF.: • YARON5 En raison du 100e anniversaire de la naissance d'Imi Lichtenfeld, Yaron Lichtentein, plus haut grade mondial de Krav Maga ayant reçu le 9e Dan d'Imi lui-même, décida de lancer un vaste projet à la mémoire du créateur : décrire, dans une série de 6 DVDs, le programme officiel de la ceinture bleue tel qu'il apparaît dans le manuel publié par Imi en 1971. Toute l'essence du système, aussi bien physique que mentale, apparaît avec la ceinture bleue, le plus haut niveau que peut atteindre l'élève. Dans cette série, avec l'aide de son fils Rottem, le grand maître Yaron nous explique en détail toutes les défenses face aux attaques frontales à mains nues, face aux coups de pied, des exercices spéciaux, plusieurs attaquants, des exercices au sol pour des situations d'étranglement ou de saisie, toutes les défenses face aux attaques de bâton, couteau ou pistolet, de couteau contre couteau, et finalement les exercices les plus avancés du programme, la défense contre rifle avec baïonnette et ses variantes. Une œuvre qui vous permettra de comprendre la magnitude de la création d'Imi et la grandeur du Krav Maga comme art martial de self-défense. Ce quatrième volume est consacré principalement aux défenses face aux attaques de couteau, une chose qui représente pour beaucoup leur peur la plus profonde. Dans ce travail, le grand maître Yaron nous montre comment Imi résolvait avec succès ce genre de situations.

Un simple morceau de tissu, objet quotidien dans le Sud-Est asiatique (chaleur, sueur, mousson), peut devenir un outil de selfdéfense exceptionnel et surprenant. L'usage du sarong est un art peu connu en Occident. Peu nombreux sont les maîtres qui ont osé s'y mettre (peu nombreux, mais éminents comme Inosanto). Tony Montana nous présente un DVD complet sur le sujet. Il met particulièrement l'accent sur la manière de le saisir dont dépend en grande partie l'apprentissage de cet art martial. Une fois cela que nous avons compris cela, nous pouvons développer une méthode pour en apprendre les différentes variantes et possibilités en utilisant des concepts philippins et indonésiens tels que la fluidité, l'harmonie dans le mouvement, les déplacements et la philosophie particulière de la culture où se développa cet art.

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Directement Sur le Point Premiers secours pour les maux de ventre Double ST-25 ou 20 Travailler avec les points des jambes n'est pas seulement très invalidant et très douloureux, cela affecte également le bas du ventre. Il peut s'agit d'une douleur intense, d'une sensation de nœud ou de crampes. Cela se produisait surtout quand nous travaillions les deux jambes au cours d'une seule séance, ce qui provoquait des effets encore plus intenses. Il est une fois de plus devenu évident que nous devions apprendre à soulager ce problème afin de pouvoir nous entraîner pendant plus longtemps et au cours de séance plus longue, mais aussi pour mieux comprendre comment les effets du Kyusho. Une fois de plus, nous avons suivi un processus inversé pour découvrir les applications de premier secours. Nous avons appris à faire mal, nous avons observé les effets et nous avons travaillé pour les soulager. Nous avons commencé lentement, en travaillant un point à la fois. Nous attaquions un point spécifique en augmentant la puissance et la pénétration et nous prenions note de ce qui avait été touché. Chaque fois, nous essayions d'inverser le processus pour que n'importe quel disfonctionnement ou malaise puisse être soulagé. Nous avons fait cela avec tous les points des jambes que nous connaissions, même lorsqu'en en souffrait les effets n'importe où ailleurs. Nous avons ensuite essayé de découvrir la manière de soulager les effets sur un seul point, mais cette fois sur les deux jambes à la fois au lieu d'une seule. Nous avons découverts que les effets étaient plus profonds, qu'ils provoquaient encore plus de douleur, de disfonctionnement et affectaient encore plus le corps tout entier. La première douleur provoquée n'apparaissait pas seulement dans les jambes, mais plus encore dans le ventre du récepteur. Nous avons également noté quels points affectaient quelles parties de l'abdomen ou de l'estomac. Ce processus nous a permis de comprendre que les nerfs des jambes étaient en corrélation avec la région de l'abdomen et/ou de l'estomac. Ce qui nous ouvrit un monde de possibilités telles que l'utilisation des points des jambes pour provoquer des douleurs ou des crampes dans une région en particulier et attaquer également d'autres points dans la zone affectée. Les résultats ne furent pas seulement incroyables, ils étaient aussi inquiétants car

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nous savions que nous touchions quelque chose de très profond. En fin de compte, les vieux mythes et les vieilles légendes ne sont peut être pas si vieux que ça ! Revenons aux jambes. Nous avons travaillé durement et pendant longtemps pour provoquer autant de douleur, de crampes et de disfonctionnement possible pour ensuite complètement les résoudre afin d'améliorer notre art. Logiquement, l'étape suivant de notre processus consistait à sélectionner différents points sur une seule jambe pour observer les effets et perfectionner les attaques pour acquérir un plus grand potentiel. Nous avons découvert que peu importaient les points que nous utilisions sur une seule jambe, les effets n'étaient rien comparés aux

effets que nous obtenions en attaquant différents points sur les deux jambes. Cela nous donna une large gamme d'effets, certains étaient moins efficaces que lorsque nous utilisions le même point sur les deux jambes tandis que d'autres provoquaient de plus grands disfonctionnements. Ces séances ont également commencé à provoquer des nausées et des vomissements. Mais là malheureusement, les restaurations au niveau des jambes n'avaient pas d'effets sur l'élimination du problème. Nous avons plus tard découverts pourquoi et que faire et nous décrirons cela dans les articles suivants. Mais là encore, il n'était pas possible d'avoir une formule spécifique pour chaque point ou pour un ensemble de points que nous attaquions. Il nous fallait une application simple et unique, qui puisse soulager la douleur ou les crampes que nous avions provoquées. C'était beaucoup plus facile à ce moment-là car nous avions déjà fait cela souvent dans le passé et nous avions une idée quant à la manière de procéder. De même, au cours de toutes les applications antérieures, nous avions pris note des principaux points qui soulageaient le malaise. Nous avons donc développé un procédé uniforme de premiers secours et nous l'avons testés sur de nombreux élèves pendant des années, en effectuant un perfectionnement constant en ce qui concerne l'ordre de points utilisé ainsi que la quantité de pression à exercer et la méthode d'application (presser, frotter, tenir, etc.). Nous étions alors capables d'éliminer 95% des effets des attaques intenses aux points des jambes. Il était temps de centrer notre attention sur ce que nous pouvions faire d'autre avec cette information et le procédé que nous avions découvert. Nous avons donc commencé à penser aux autres causes des crampes abdominales et nous nous sommes mis à utiliser avec succès notre formule en guise de premiers secours dans ces cas-là également. Ce que nous avions également découvert n'allait pas seulement aider les pratiquants de Kyusho, mais également leurs amis et leur famille quand ils souffraient de malaises similaires. Cette combinaison de points peut soulager la majorité des crampes, l'écœurement et les douleurs provenant de ce trouble. Cela affectera également favorablement les difficultés associées telles que l'irritabilité, les maux de tête, et les maux de dos qui seront ainsi évités. Sinon, les méthodes de guérison des niveaux précédents permettront de les soulager. Les trois principaux types de crampes pour lesquelles nous pouvions également utiliser ce procédé étaient : • Crampes menstruelles • Crampes abdominales • Côlon irritable Nous ne pouvions cependant pas en rester là ni nous reposer sur ces seuls bénéfices car nous sommes dans un processus

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Kyusho d'apprentissage permanent et absolument fascinés par la méthode et ses possibilités. Le syndrome des jambes sans repos, par exemple, est un trouble neurologique caractérisé par le besoin impérieux de bouger les membres inférieurs, même au repos, pour soulager des sensations désagréables. Ces sensations sont souvent décrites comme des brûlures, des secousses musculaires ou un fourmillement dans les jambes. Quant à leur niveau de sévérité, ces sensations peuvent être seulement inconfortables, irritantes ou encore douloureuses. Les symptômes sont généralement activés quand l'individu se couche ou s'incline pour se reposer. De ce fait, la difficulté à s'endormir ou à rester endormi est un problème constant provoquant la

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fatigue de l'individu et d'autres problèmes. Beaucoup de gens dans cette situation sont souvent incapables de se concentrer, ont des troubles de la mémoire ou ne parviennent pas à accomplir les tâches quotidiennes. L'épuisement que ce syndrome provoque se répercute et affecte leur travail, leurs relations personnelles et les activités de la vie quotidienne. On estime que le syndrome des jambes sans repos affecte près de 12 millions de personnes rien qu'aux États-Unis. Et c'est un résultat par le bas, car on croit que le syndrome est sous-diagnostiqué et, dans certains cas, mal diagnostiqué. Beaucoup de personnes souffrant de ce syndrome ne consultent pas le médecin et certains médecins attribuent tout simplement les symptômes à la nervosité, à l'insomnie, au

stress, à l'arthrite, aux crampes musculaires ou au vieillissement. Bien que l'incidence soit légèrement supérieure chez les femmes, le syndrome se produit chez l'un et l'autre sexe. Il peut même commencer au cours de la petite enfance, bien que la plupart des patients que le syndrome touche sévèrement soient à un âge moyen ou plus âgé. La sévérité de la maladie semble également augmenter chez les patients âgés, qui souffrent des symptômes plus fréquemment et pendant de plus longues périodes. Considérons également que chez les gens stressés, nerveux ou anxieux, les jambes ont tendance à s'agiter comme si elles souffraient du syndrome. Ce procédé permettra également de soulager les tics nerveux dans les mains et dans d'autres parties du corps.


Ceinture noire 1er dan La détermination État d'esprit : Vous êtes en possession de votre ceinture marron et votre objectif est de perfectionner vos acquis, ces derniers temps vous axez vos efforts essentiellement sur le combat ce qui vous permet de travailler vos techniques de self, vos techniques de combat et votre cardio. Vous vous rapprochez du but suivant : la ceinture noire...

But à atteindre : Enfin la ceinture noire 1er dan, elle représente la quintessence du Krav Maga. Quel pratiquant n'y a pas rêvé en recevant sa ceinture jaune ? Elle symbolise l'accomplissement de la maîtrise totale d'une discipline. Bien souvent, les élèves n'ont pas d'ambition au-delà de ce grade, car cela est déjà pour eux une épreuve de taille. 1) Interrogation sur le programme des ceintures précédentes 2) Tai Sabaki - Tai Sabaki avant - Tai Sabaki arrière Se déplacer en Tai Sabaki, cela consiste à avoir les deux pieds alignés dans la largeur des épaules. Pour un Tai Sabaki avant, on se déplacera dans le sens des doigts de pied et pour le Tai Sabaki arrière, on se déplacera dans le sens du talon.

3) Défenses avec Tai Sabaki - Défense avec Tai Sabaki contre un coup de poing gauche - Défense avec Tai Sabaki contre une attaque piquée avec couteau - Défense avec Tai Sabaki vers l'extérieur contre une attaque de haut en bas au bâton - Défense avec Tai Sabaki contre coup de pied direct de face On doit effectuer un déplacement d'au moins 180 degrés pour une réelle efficacité de notre Tai Sabaki. Dans certains cas, on fera juste un Tai Sabaki en déplacement de 90 degrés enchaîné à un autre Tai Sabaki fulgurant de 180 degrés. 4) Défense contre saisie des deux poignets de dos - On se tourne vers la droite ou la gauche de manière à se décaler de côté et ainsi défaire les pressions des bras tendus vers l'arrière, puis on enchaîne avec une clé de bras.

- On se tourne vers la droite ou la gauche de manière à se décaler de côté et ainsi défaire les pressions des bras tendus vers l'arrière, puis on enchaîne en écrasant le pied de l'adversaire de manière à le bloquer, puis on le pousse vers l'arrière avec notre épaule. 5) Défense contre saisie de chemise à une main - Clef de pouce - Clef en Z : pour bien réussir une clé en z il s'agit en priorité de plaquer et enfoncer la main de votre adversaire très fort sur votre torse de manière a ce que sa main et votre corps ne fasse qu'un, de manière à ce que, si votre corps tourne, sa main tourne en même temps et cela malgré une très forte résistance de sa part. 6) Défense contre saisie à deux mains Même principe que pour la clé en Z. Vous devez bloquer une main de l'adversaire sur votre torse en frappant de votre autre main le visage de l'adversaire, puis de la

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main qui a frappé, vous raclez le bras de l'adversaire de manière à casser sa force puis votre main vient rejoindre la première qui saisit et avec vos deux mains vous effectuez une clé de poignet + une clé de coude (ceinture marron) ou une clé en Z (ceinture marron). 7) Bref exposé sur le trajet des 14 méridiens d'acupuncture Le corps humain est comme une machine électrique, le cerveau est le générateur de cette machine. On comprend ainsi que le corps possède un flux d'énergies parcourant le corps. L'énergie est soit négative soit positive. Donc lorsque vos deux pieds touchent le sol, l'énergie qui vous parcourt est positive, si vous levez un de vos pieds du sol l'énergie devient négative. Si une personne vous touche, son positif devient négatif ; si à votre tour aussi vous le touchez, cela redevient positif. Le fait de jouer avec ces flux permettra dans certaines techniques de sentir intensément ou pas du tout de la douleur lors d'une pression, friction ou une simple touche exercée sur un endroit du corps. 8) Menace pistolet à la tempe de dos La première étape consiste à dégager l'arme rapidement de sa tempe. Ce mouvement est compliqué, il faut donc vraiment bien faire attention à rapprocher au maximum ses mains de la menace pour raccourcir le chemin à faire pour dégager l'arme. Puis il s'agit de diriger l'arme vers l'avant tout en poussant l'agresseur vers l'arrière. 9) Menace pistolet à la nuque, départ allongé sur le ventre Même principe que précédemment, sauf qu'ici on viendra plaquer l'arme au sol en gardant le bras de l'adversaire que l'on fera glisser en dessous de soi pour le faire rouler vers l'avant. 10) Clés de Police - En rentrant le bras en piqué avec finition en torsion cervicale - En amenant son poignet en charnière - Défense clé police 11) Défenses de Boxe anglaise Huit défenses de base de Boxe anglaise, avec enchaînement de six coups minimum. Bien faire attention à ne pas rechercher la facilité ou à réagir avec un réflexe de crainte en voulant se défendre seulement en reculant le buste vers l'arrière. Il faut croire en vos capacités de défense offensive et aller de l'avant dans les techniques de défense ne serait-ce que pour gagner du temps vis-à-vis de votre adversaire. 12) Tokef Maguen Tokef Trois exercices différents de six étapes chacun en tout. 13) Combat contre plusieurs adversaires a) Combat 1 contre 2 à mains nues Le but est de vous défendre et de maintenir votre premier agresseur pour qu'il vous serve de bouclier face au second. En effet quand les deux se trouvent face à vous, ils peuvent tous deux

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vous attaquer. En revanche, si vous vous positionnez de telle sorte que les deux se retrouvent sur la même ligne l'un gênera l'autre pour attaquer, et vous n'aurez donc que le souci de vous défendre contre l'un, puis de le contrôler et de vous en servir comme bouclier. Ensuite lorsque vos idées seront claires, à cet instant seulement, vous le pousserez ou le mettrez à terre et entamerez l'attaque du second. Cela s'appelle « créer la ligne ». b) Combat 1 contre 2 (un attaquant avec couteau, l'autre attaquant avec bâton) Les règles du combat à plusieurs : si vous avez un adversaire armé d'un bâton et un autre muni d'un couteau se trouvant tous les deux à égale distance, vous devez commencer par vous soucier du bâton, car même s'il n'est pas l'arme la plus dangereuse des deux, par la distance, il est le danger le plus imminent apte à vous toucher. c) Combat 1 contre 3 Vous ne devez pas attendre les attaques, vous devez constamment vous déplacer en Tai Sabaki (de manière à toujours être en garde face à l'adversaire sous n'importe quel angle) et essayer d'aller vers les attaquants de façon à ce qu'ils vous cherchent et ne puissent pas vous saisir. Il convient d'utiliser des déplacements continuels ainsi que des frappes sèches et courtes. À ce stade, vous devez comprendre que toutes les techniques apprises ne pourront être appliquées que partiellement seulement, car le temps vous fait défaut et vous devez vous adapter à chaque situation. Le but n'est pas d'accomplir les techniques parfaitement et entièrement, mais juste de survivre... Cela peut paraître évident, mais pour certaines personnes qui sont perfectionnistes, il vaut mieux ne pas essayer de finir à tout prix ce qu'elle ont commencé et s'adapter à la réalité du cas par cas afin d'éviter de se mettre en danger. 14) Pistolet - Dégainage instinctif : Adopter une position forte et stable - Course avec pistolet : Bien penser à ramener le pistolet à sa ceinture lors de la course et le couvrir de votre main. - Déplacement avec pistolet : On se déplace toujours dans le sens des orteils, car on va toujours vers l'avant, dans la direction où on voit ce qu'il y a devant nous. 15) Ateliers successifs en courant en cercle avec alternance d'efforts.

Ceinture noire 2e dan Faire ce qui est possible État d'esprit : Vous êtes ceinture noire désormais, et maintenant vous relâchez la pression, c'est une bonne chose car une règle d'or prévaut dans le sport comme dans la vie : il faut toujours laisser reposer pour voir

apparaître des résultats. Comme en cuisine, de la pâte qu'on doit laisser monter ou en haltérophilie laisser reposer le muscle pour une meilleure évolution de ce dernier. En Krav Maga c'est la même chose, il faut laisser un peu mûrir, prendre du recul pour revenir plus fort encore.

But à atteindre : Comme on me l'avait enseigner à mes 20 ans, alors que je venais d'obtenir ma ceinture noire, le travail ne fait que commencer, on pourrait croire que la ceinture noire est une finalité , et bien non, bien au contraire ce n'est que le début... Maintenant vous maîtrisez le Krav Maga, vous allez chercher à vous perfectionner dans vos techniques de projections en approfondissant le judo, vos clés en approfondissant l'aïkido, vos poings avec la Boxe anglaise, vos techniques de coup de pied en Boxe française, votre puissance de coup de pied en Boxe thaï, l'explosivité de vos coup de pied en taekwondo, vos performances de tireurs en stand de tir etc. 1) Interrogation sur le programme des ceintures précédentes 2) Coups de pied Tous les coups de pied vus pendant la ceinture jaune exécutés : - En retourné - En sauté 3) Défense contre étranglement en mouvement - En poussant de face - En tirant de dos - En poussant de dos Pour tous ces étranglements, avant même de penser à faire une défense il faudra surtout bien veiller à se stabiliser pour ne pas tomber suite à une manœuvre de l'adversaire, soit qu'il décide de vous pousser ou de vous tirer. - Étranglement arrière avec corde : bien pivoter immédiatement sur place, en tombant sur l'adversaire. 4) Défense contre double Nelson - Avec projection - Avec clé de doigts - Défense saisie ferme de coté Contracter tout votre buste en ramenant au maximum vos mains vers le bas. 5) Défense contre couteau à distance - Sur attaque de couteau en piqué - Sur attaque de haut en bas - Sur attaque de bas en haut Il y a plusieurs distances à savoir analyser lors d'une agression au couteau et pour chacune d'elles il faut bien respecter la marche à suivre : • Distance très éloignée où vous voyez l'arme : vous pouvez prendre la fuite, ou chercher de l'aide extérieure, ou tenter de trouver un objet de défense autre que vos mains. • Distance éloignée : vous allez casser la distance (dans certains cas avec un pas en plus) par un coup de pied (en effet votre jambe et un membre plus long que le bras de l'adversaire) puis vous enchaî-


nez en contrôlant l'attaque de manière à en éviter d'autres, puis contrôle de l'arme. • Distance courte : comme expliqué en ceinture bleue, départ immédiatement en défense 360 degrés. 6) Combat couteau contre couteau - Les dix points de frappe au couteau - Les différents angles d'attaque Pour le combat au couteau, le but est de ne jamais repasser au même endroit de coupe, mais plutôt d'enchaîner les coupes sur l'adversaire selon la zone de son corps qui est proche de vous et suivant la direction dans laquelle vous vous dirigez. 7) Bâton contre bâton Différentes prises en main du bâton - Défenses en 360 degrés avec bâton

8) Fusil Les neuf attaques au fusil + défenses 360 degrés avec fusil. Le fusil sert d'armes de combat à courte distance lorsque celui-ci est déchargé ou si vous avez été surpris par une attaque au corps qui ne vous laisse pas le temps d'armer et de tirer, dans ces cas-là, vous vous servez de votre fusil pour défendre et contre-attaquer. 9) Combat contre plusieurs assaillants armés 10) Enlever la garde de l'adversaire 11) Défense sur personne qui me saisit par l'arrière avec un pistolet et menace en même temps la foule

10) Ateliers successifs en courant en cercle avec alternance d'efforts.

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Plus qu'un art martial, une passion Ce livre n'est qu'une manière de plus de montrer ma reconnaissance pour les connaissances en matière d'arts martiaux qui m'ont été transmises. Je ne cherche pas la célébrité, mais à faire connaître l'un des grands trésors de mon pays. Quand j'ai commencé à pratiquer avec mon maître Kono Yoshinori Sensei, alors que je venais de fêter mes 20 ans, j'ai vite compris que c'était là ma voie. Les arts martiaux éveillèrent en moi le désir vorace d'explorer de monde infini de connaissances, mais l'apprentissage dans une école de Koryu est très dur et les progrès sont lents. Tous les détails aussi petits soient-ils sont très importants, car l'efficacité des techniques réside essentiellement dans les petits détails qui sont la base de leur application. La naginata est l'une des armes du système Mugen Kai. Étroitement liée au Katana, elle est exigeante en ce qui concerne les mouvements du corps et contribue largement au développement physique du pratiquant. Du fait de sa taille, tous les mouvements ont plus d'ampleur, ce qui facilite l'apprentissage et la compréhension des autres armes. La naginata est une arme peu travaillée en dehors du Japon, une raison de plus qui justifie ce livre qui peut dès lors être utilisé comme une référence par ceux qui veulent approfondir l'étude de tout ce qui se réfère au Koryu. L'information présente dans la littérature et les donnés illustrées relatives à la naginata son rares. J'espère bien que ce livre ne sera pas l'un de ceux qui vont orner les bibliothèques et se couvrent de poussière… Mes livres sont en effet des ouvrages que l'on peut consulter, pas seulement des livres qu'on lit. Il est important pour moi que ceux-ci ne tombent pas dans l'oubli et qu'ils puissent accompagner le pratiquant constamment, que chaque fois qu'il ouvre un livre pour le consulter, il puisse y trouver de nouveaux détails qu'ils n'avaient pas perçu avant et qui lui donnent plus de raisons encore pour ne pas permettre que ce bel art martial se perde. Il serait dommage que tout cet effort soit fait en vain. Ce ne le fut pas jusqu'à présent car il y a, heureusement, toujours eu des pratiquants désireux d'évoluer et d'enrichir leurs connaissances. Tout pratiquant d'arts martiaux doit avoir un esprit ouvert car c'est la seule

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« Tout pratiquant d'arts martiaux doit avoir l'esprit ouvert. Ce n'est qu'ainsi qu'il est possible d'évoluer dans ce monde si vaste. Une mentalité d'élève doit être une constante durant toute la vie du pratiquant. » manière d'évoluer dans ce monde si vaste. Cette mentalité d'élève doit être constante durant toute la vie du pratiquant, c'est elle qui permettra la connaissance. Ce que je veux, non seulement comme pratiquant, mais aussi comme instructeur, m'oblige surtout à continuer mon apprentissage et ma formation, mais je ne cherche pas seulement la technique. Comme on le sait, le Shugendo occupe une grande partie de ma vie, l'entraînement du corps doit être complété par l'entraînement de la pensée et de l'esprit, de manière à créer un équilibre. Il ne faut pas centrer l'entraînement sur un aspect en particulier car ce faisant, nous serions en train de déséquilibrer les autres. De nos jours, ont apparu de grands combattants dans les branches les plus variées des arts martiaux, mais il est notoire que la plupart donnent une grande importance à la dimension physique. Il est vrai que cela permet d'obtenir de beaux résultats, de nombreuses victoires et avec elles, la célébrité, mais d'un côté, ils oublient la pensée et l'esprit et de l'autre, le fait d'affronter un adversaire exige une grande force d'esprit et une pensée forte et déterminée. Avec un entraînement adéquat et un bon équilibre entre ces trois aspects, non seulement on forme un bon pratiquant, mais aussi un bon maître. Je crois qu'un leader est celui qui a la capacité de transmettre principalement ces trois aspects (Shin Ren, Tai Ren, Chi Ren). Dans le monde des arts martiaux, les portes ne s'ouvrent facilement pour personne. Pour pouvoir les ouvrir,

l'élève doit prouver avec les années que son engagement est véritable et ainsi, naturellement, ces portes finiront pas s'ouvrir presque sans qu'il ne s'en rende compte. S'y consacrer réellement n'est pas suffisant, il faut également être humble, honnête et accepter constamment les erreurs et les critiques qui font partie du parcours. Le maître sera toujours celui qui constamment nous signale plus d'erreurs que de vertus, ce qui habituellement ne plaît pas. Aucune être humain n'aime que ses erreurs soient mises en évidence et encore moins qu'elles le soient constamment, mais en réalité c'est ça la mission du maître, exposer toutes les faiblesses, non seulement techniques, mais également émotionnelles et aider à créer un équilibre entre les deux aspects. La pression physique et psychologique est une partie de la mission de celui qui transmet un savoir, elle pousse parfois l'élève à des situations extrêmes, elle met en définitive ses capacités à l'épreuve et c'est exactement à ce moment-là que la plupart des pratiquants abandonnent les arts martiaux. Mais ceux qui restent sont toujours de grandes promesses pour le futur. Ils assurent une bonne qualité technique et contribuent au développement et à la continuité de la transmission de ce savoir aux nouvelles générations. Cette pression, non seulement physique, mais également psychologique est parfois comprise de manière erronée. Car l'élève se sent pressionné de telle manière qu'il en vient à penser que le maître veut tout simplement le punir, mais en réalité l'élève devrait sentir précisément le contraire, car le fait d'être constamment corrigé se doit au fait que le maître perçoit tout le talent de cet élève et admet de lui de moins en moins les erreurs pour que la transmission de l'information soit la plus claire possible. Je suis une personne assez ouverte et accessible, mais en ce qui concerne l'étude des arts martiaux, je suis assez exigeant, même si j'enseigne de manière détendue car je pense que si mes élèves sentent une pression modérée, ils se détendront plus facilement et apprendront plus rapidement. Il me faut mettre en évidence également que les arts martiaux ne sont pas seulement pour ceux qui ont du talent. Les ingrédients principaux sont la passion et l'application. Un élève a beau avoir beaucoup de talent, s'il ne travaille pas, il finira par perdre

Texte : Sueyoshi Akeshi Photos : ©www.budointernational.com


ses qualités. Il serait comme un jardin où disparaissent les fleurs et poussent les mauvaises herbes quand on n'y prend pas soin de manière régulière. L'indolence est le grand ennemi du pratiquant qui doit faire en sorte que la pratique fasse partie de sa routine. Pour pouvoir atteindre un niveau d'excellence, il faut de longues années de travail intense et ensuite, le temps finit par apporter les réponses. J'ai consacré une grande partie de ma vie aux arts martiaux et je sais aujourd'hui que je suis quelqu'un de différent grâce à cela. Ma manière d'être et de penser a été constamment modelée pour faire de moi un meilleur être humain. Ce n'est qu'ainsi qu'il m'est possible de transmettre mes connaissances. Je sais que j'ai encore un long chemin à parcourir, car il me reste encore beaucoup à apprendre. Mais cela me stimule car en plus d'enrichir mes connaissances, je pourrai les partager et je ne pense garder en moi aucun secret. Vu ma manière de penser, cela n'a aucun sens, car beaucoup de connaissances se sont perdues au fil des siècles et je crois qu'il faut apprendre des erreurs du passé. Pour ma part, je continuerai à m'efforcer de faire en sorte que tout le savoir qui m'a été donné soit transmit clairement. Tout savoir qui se perd appauvrit l'école et sa transmission aux générations futures. Je pense en outre que l'enseignement doit se faire de manière progressive. Rien n'est donné, tout est à conquérir. Autrement dit certaines choses ne peuvent être apprises qu'après que l'élève ait fait preuve de loyauté et de dévouement à son maître, après des années de pratiques et tout naturellement. Il y a un moment où le maître sait que l'élève mérite de savoir certaines choses qui ne peuvent être transmises que lorsqu'existe une confiance élevée. Et l'élève y est parvenu en étant patient, car c'est une attente de nombreuses années. Comme nous le savons, le savoir est le plus grand trésor qu'un maître puisse offrir et il ne le fera pas tant qu'il ne confie pas pleinement en celui qui va le recevoir. Ce monde des arts martiaux est un monde complexe et difficile à comprendre pour un être humain quelconque. Seuls ceux qui y vivent peuvent le comprendre. Il existe de grandes valeurs qui vont au-delà de la technique, une découverte constante et personnelle du point de vue technique se complète par un équilibre entre la pensée, le corps et l'esprit. C'est ce trésor qui est à la portée de celui qui veut donner un sens positif à cette courte étape sur la Terre. Quand nous voulons atteindre un objectif, nous ne lésinons pas sur les moyens, le chemin peut être difficile, le résultat est toujours bon, parce que quand quelque chose vous plaît, vous satisfait, vous passionne, il n'y a rien à ajouter.

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Texte et photos : Salvador Herraiz, 7e Dan de KaratĂŠ New York

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Oui ! Vous êtes bien en train de lir e Budo Inter national et pas un magazine de voyages et, oui, c'est une vue de New York que vous avez devant vos yeux, de « La Gr osse Pomme », de la ville où vit le maîtr e Oyama, un personnage-clé de l'histoir e du Karaté de Matsutatsu Oyama. Notr e invité est peut-êtr e le maîtr e le plus pr estigieux du Kyokushinkai mondial. Shigor u Oyama (famille à qui Masutatsu doit son nom car, comme pr esque tout le monde le sait, Oyama était coréen) s'installa aux États-Unis en 1967, ce qui très pr obablement l'écar ta de la possibilité de devenir le successeur of ficiel du créateur légendair e du Kyokushinkai. Notr e collaborateur Salvador Her raiz s'est récemment r endu à New York pour le r encontr er et nous pr opose ici son histoir e, ses pensées et ses mots, avec un autr e de ses récits épiques qui, petit à petit et mois après mois, révèle dans ces pages les secr ets de l'histoir e du Karaté. À ne pas manquer ! 55


Reportage rès centrique à Manhattan, mais presque dissimulé dans un bâtiment apparemment consacré à des bureaux, se trouve le dojo de Shigeru Oyama. Au cours de mon séjour à New York, je rends visite au dojo deux ou trois jours. L'ambiance est amicale et sincère. Je me sens à l'aise là-bas. Shigeru Oyama me reçoit affectueusement, il est sympathique et devient même drôle quand la confiance augmente (et cela se produit très vite). Shigeru Oyama est né à Tokyo le 7 juillet 1936. Shigeru était le deuxième de quatre enfants d'une famille coréenne vivant au Japon et réussissant magnifiquement dans les affaires. Il commença très tôt la pratique du Karaté grâce à un proche parent appelé Nauru, professeur de biologie à l'université de Kyoto qui pratiquait parfois le Karaté dans le jardin de la grande maison, avec le consentement du père de Shigeru, grand amateur de cet art martial. - Mon oncle était un maître de Goju Ryu du même niveau que Gogen. - Vraiment ? - Oui. Mais il ne venait pas de la lignée de Chojun Miyagi. Là-bas, plusieurs Coréens se donnaient rendez-vous et l'un d'entre eux commença à travailler pour la famille et à remplir des fonctions aussi diverses que celles de baby-sitter ou garde du corps. Il s'agissait de Yong I Choi, qui deviendra plus tard Masutasu Oyama en l'honneur de la famille de Shigeru qui l'hébergea et l'appuya. Shigeru se souvient bien de ces moments-là : « Masutatsu Oyama était élève d'un autre Coréen de sa province qui enseignait également le Karaté dans le jardin de ma maison, Nei Chu So, et qui avait également pratiqué avec des gens comme Funakoshi. Mais Masutatsu n'avait pas d'argent pour ouvrir un dojo, il enseignait donc à un important groupe d'élèves dans le jardin de ma maison. » Intéressant jardin que celui de sa maison… « C'est mon oncle, en réalité, qui donna le nom d'Oyama à Masutatsu quand celui-ci arriva de Corée. » En réalité, il semblerait que le nouveau nom de Masutatsu viendra plus tard et grâce à l'intervention de M. Lee, premier ambassadeur de Corée au Japon, après la Deuxième Guerre mondiale. La Deuxième Guerre mondiale flanqua par terre les affaires de la famille. Ils furent en outre pris pour cible terroriste par les guérillas communistes, car le père de Shigeru avait été le fondateur du Parti démocratique sud-coréen qui avait son siège à Tokyo. Masutatsu aida dans la mesure du possible la famille et surtout Shigeru qui entrait alors à l'université du Japon, et lui demanda d'apprendre le Karaté avec lui. « Dès le début, j'ai adoré le Karaté. J'étais tellement concentré sur le Karaté que j'oubliais tout le reste. Après le pratique, je me sentais… merveilleusement bien. Masutatsu Oyama fut comme un deuxième père

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pour moi. Nous avons passé de nombreuses années ensemble. Il avait coutume de faire Sanchin avec une respiration Ibuku, mais… ce qu'il aimait, c'était le combat. Pour lui, l'important, c'était le Kihon et le Kumite. Nos pratiques duraient quatre heures et seule une demi heure était consacrée au Kata. Le reste, c'était du combat et beaucoup de préparation physique. » Au milieu des années 60, Masutatsu Oyama demanda à Shigeru d'aller aux États-Unis et de se consacrer au développement du Karaté là-bas. Richard Bernard avait écrit à Masutatsu lui demandant de lui envoyer un instructeur japonais. Shigeru essaya de s'y soustraire plusieurs fois. Mass alors le provoquait, le laissant apparaître comme une « poule mouillée », et faisait courir la rumeur que « Shigeru ne voulait pas aller aux États-Unis parce que les Américains étaient trop grands et trop forts pour lui. » Shigeru essaya d'expliquer à Masutatsu que ce n'était pas vrai, mais le fondateur du Kyokushinkai lui répondait : « Prouvele ». Masutatsu avait cependant encore une autre surprise pour Shigeru avant son départ pour les États-Unis. Il lui dit : « Avant de partir, tu dois passer l'épreuve des cent combats. » Shigeru se prépara consciencieusement pendant les cours qu'il donnait au Hombu Dojo d'Oyama où il était instructeur chef. « J'ai passé l'épreuve sans difficultés car j'étais tout à fait prêt, je le sentais et je le savais. Quand ce fut terminé, ils me firent des radios et virent que j'avais plusieurs côtes cassées. C'est le plus dur que j'ai fait. Vous ne vous battez pas seulement avec votre corps, mais aussi avec votre esprit. Il y a 50 personnes et vous vous battez deux fois contre chacune. À partir de la moitié des combats, la chose devient difficile parce que vous n'avez plus de force physique, mais d'un autre côté, vous connaissez bien les adversaires et ils savent que vous vous battez pour quelque chose d'important et que vous êtes décidé à l'obtenir. » Finalement, en 1967, marié, Shigeru s'en alla vivre aux ÉtatsUnis, convaincu par Masutatsu sensei, et s'installa dès le début à New York, sans connaître un mot d'anglais et avec seulement une poignée de dollars en poche. Après 7 ans à White Plaines, Oyama s'était

déjà fait un nom, mais il lui fut très difficile de s'adapter. Tout était si différent ! Il eut souvent la tentation de retourner au Japon, mais Masutatsu se chargea de lui ôter une telle idée de la tête… « J'ai reçu une lettre de Masutatsu Oyama qui me disait : “Ne viens pas au Japon. Reste aux États-Unis et meurt aux ÉtatsUnis.” J'étais inquiet, mais finalement tout se passa bien. » Il s'en alla vivre à Fairfield dans le Connecticut et sa réputation continua de croître. Son frère Yasuhiko s'en alla aux États-Unis et ouvrit un dojo en Alabama. Mais avec le temps, le déracinement et les différences peuvent apparaître. En novembre 1975, Shigeru se rendit compte que sa relation avec l'organisation Kyokushinkai était en train de s'ébrécher et en 1981, après en avoir fait partie plus de 30 ans, il créa indépendamment ce qu'il appela le World Oyama Karate. Un peu plus tard, en 1983, Oyama alla s'établir à Manhattan et son dojo devint une véritable référence du Karaté en Amérique. Le 20 janvier 1984, Masutatsu Oyama remit à Shigeru une très belle plaque gravée sur laquelle il exprimait avec les



Reportage mots suivants ses remerciements pour son labeur long et important : « À Shigeru Oyama. Cette récompense est une preuve de notre estime pour son immense dévotion et son grand dévouement à la promotion du Karaté dans son pays et pour ses efforts à surmonter tous les obstacles pour aider à développer l'idéologie du Karaté Kyokushin. International Karate Organization Kyokushin Kaikan. Kancho Mass Oyama. » Masutatsu Oyama a toujours eu la réputation d'être quelqu'un de dur, rude, presque antipathique. Je me souviens encore, je ne crois pas que je l'oublierai, quand en 1988 au cours de l'un de mes voyages au Japon, je lui ai demandé de pouvoir le rencontrer. À ce moment-là, je ne me souvenais pas que son organisation en Espagne en était à couteaux tirés (c'est une façon de parler, mais c'était presque ça) avec la Fédération espagnole de Karaté et je me suis présenté au nom du magazine de la Fédération puisque c'était le cas. Quand Masutatsu Oyama entendit cela, il se mit en colère et me dit que s'il me donnait ses explications sur le Karaté et qu'ensuite je les modifiais ou je les tergiversais, j'aurais des problèmes avec lui. Des problèmes ? Non seulement je ne voulais pas de problèmes, mais à ce moment-là, le mythe Oyama s'écroula pour moi. Ensuite, essayant d'arriver à un accord, il me suggéra d'indiquer les thèmes qui m'intéressait et qu'il me dirait… Mais tout avait changé et tout intérêt pour lui avait disparu en moi. Finalement, les choses en restèrent là. Je me suis souvenu alors que comment peu de temps avant cet « incident », Masutatsu s'était rendu en Espagne pour assister à un tournoi à Barcelone. Moi, par curiosité, j'y avais été et je me souviens que le fondateur me fut présenté comme s'il s'agissait d'une grande vedette de cinéma, entouré de gardes du corps, précédé de projecteurs portables… Bref, tout un attirail qui, à ce moment, m'avait déçu un peu. En revanche, très récemment, j'ai rencontré à Tokyo Kuristina Kikuko Oyama, la fille de Masutatsu, et ses rapports avec moi ont été excellents. Il est vrai que je n'ai pas commenté ce qui s'était passé avec son père plus de 22 ans auparavant. Mais enfin… nous sommes maintenant avec Shigeru, qui excuse la manière d'être de Masutatsu par « le type d'entraînement de toute sa vie, un entraînement physique très intense, fait pour s'endurcir ». Shigeru Oyama est vraiment sympathique et aimable au cours et en dehors. Et je dois réviser mon opinion par rapport à ce que je m'attendais. Je le croyais plus rude dans ses relations. J'ai déjà eu certaines surprises à ce sujet avec d'autres maîtres. Avec Masatoshi Nakayama, ce fut une surprise très positive. Tsutomu Oshima, à Los Angeles (Californie), malgré son amabilité… ne me transmit pas tout ce que j'espérais, tout comme Hidetaka Nishiyama. Quant aux dizaines d'autres maîtres que j'ai connus… tout alla très bien avec tous. Shigeru Oyama dirige cordialement et aimablement un cours qui ne comporte en réalité pas plus d'une poignée de personnes. Lui, ne peut plus faire grande chose, peut-être les excès de l'entraînement et la dureté de toute la vie sont-ils maintenant en train de lui rendre la monnaie de leur pièce. Sur le tatami, il se déplace avec naturel, mais sans pouvoir exercer une grande activité physique. Nous passons un bon moment avec Oyama dans le dojo. Il n'est pas pressé et nous… non plus. - Est-ce là, Maître, votre dojo légendaire, celui qui fut un centre de pèlerinage pour le Kyokushinkai mondial ? - Nous sommes ici depuis 10 ans. Avant, nous avons été pendant très longtemps dans un autre endroit tout près d'ici, à la 6e avenue. Là-bas, j'ai passé une grande partie de ma vie, mais il y a dix ans, ils nous exproprièrent pour construire un nouveau bâtiment et comme ils payèrent bien… nous sommes partis. Oyama Sensei étant à la retraire, le dojo est actuellement dirigé par le maître Daisuke Matsumoto que je remercie ici pour m'avoir procuré le rendez-vous avec Shigeru Oyama qui a, bien sûr, une grande estime pour Matsumoto. « Matsumoto se charge du dojo et moi, maintenant, je ne viens plus que de temps à autre. » Dans un endroit bien visible du hall d'entrée, nous pouvons voir quelques photos du maître Oyama, l'une d'elles en train de casser un tas de tuiles (une photo très connue dans le monde du Karaté) et une autre où il apparaît à côté de Ronald

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Reagan dans le bureau ovale de la Maison Blanche. Il m'explique fièrement : « Ronald Reagan fut un de mes élèves. Il est 5e dan. » - Mais un de vos élèves à Washington, ici, à New York ? - Ici. Quand Shigeru Oyama déménagea à cet autre endroit de la Grosse Pomme, une grande partie de ses souvenirs et de ses trophées furent transporté dans le garage de l'un de ses principaux élèves. Là, en voyant la plaque que Masutatsu lui avait remise en 1948, il ne put réprimer un moment de mélancolie et me dit : « Je n'ai jamais voulu abandonner le Kyokushin. J'étais son élève le plus ancien et… mon sensei me manque. » Au Japon, les divisions qui se sont produites dans le Kyokushinkai, comme dans tous les styles de Karaté, ont été importantes et tous proclament leur origine et fidèle succession. De fait, à la mort du fondateur, il fut honteux de voir les groupes, les frictions, les trahisons„ qui se produisirent. - Quels sont vos relations avec les différents groupes issus du Kyokushinkai ? - C'est bien dommage. Toutes les écoles se divisent une fois que disparaît le fondateur. Il y a toujours des problèmes qui surgissent et il y a, au milieu de tout cela, les épouses, les fils, les anciens élèves… », me dit Shigeru sensei avec maintenant le regard un peu perdu dirigé par terre. Il y a huit groupes de Kyoku au Japon. Je m'entends bien avec tous les huit. Avant, il y a eu des problèmes… mais plus maintenant. Shigeru me parle toujours avec un léger sourire permanent. À certains moments, son visage change et devient plus sérieux. C'est l'un de ces moments. « Matsutatsu laissa Sokei Matsui à la direction. Il y eut ensuite certains problèmes avec la famille. J'entretiens de bonnes relations avec lui. Matsui est venu s'entraîner avec moi avant son championnat du monde en 1987. Je l'ai aidé à améliorer son psychisme. Il a ensuite remporté ce mondial. » Ce n'est pas moi qui vais contredire Shigeru Sensei, mais il me semble que la manière dont Matsui obtint la succession, alors qu'Oyama était très détérioré, dans un hôpital, très malade et fatigué… ne fut pas la plus adéquate. De fait, plus tard, les tribunaux invalidèrent le fameux héritage pour la manière dont il fut obtenu. Mais qui suis-je pour contredire des personnages si illustres ? En outre… c'est une autre histoire, pour un autre jour peut-être… Au cours de mon séjour à New York pour rencontrer le maître Shigeru Oyama, comme je ne peux rester en place, je suis également passé par le dojo de Tadashi Nakamura, une autre des légendes du Kyoku qui dirige aujourd'hui ce qu'on appelle le Seido Karaté. Son dojo du centre de Manhattan : quel dojo ! Deux étages de gymnase, en bas un tatami moder ne, un hall, une réception, des vestiaires, et en haut, mon préféré, un énorme tatami en bois. Impressionnant ! Comme Tadashi s'est retiré de l'enseignement, c'est son fils Nidaime qui donne cours. Je ne perds pas un détail. C'est un jeune aimable et apparemment très respectueux et accueillant. J'interroge Oyama à propos de Nakamura. « Nous nous sommes toujours très bien entendu. Il fut comme un frère pour moi. Il a six ans de moins que moi. Je crois que s'il était resté au sein de l'organisation de Masutatsu, il aurait dû être le successeur. » Shigeru Oyama a actuellement 75 ans. Sa vie a été très active, il a enseigné le Karaté au Japon puis dans de nombreux endroits aux États-Unis, au Canada… « J'ai toujours pratiqué le Karaté. Toute ma vie. Je ne me suis jamais ennuyé avec lui. Le principal, c'est la base et puis adapter la technique à chacun. Ensuite pratiquer et encore pratiquer, comme si vous escaladiez une montagne depuis la cime de laquelle vous pourriez voir un bel et immense horizon. Mon Karaté permet d'améliorer


Karaté l'esprit et de développer la confiance en eux des élèves à base de patience, la tradition et de la discipline. » Mon épouse Olga et mon fils Brandon qui m'accompagnent dans ma visite ne

perdent pas un détail de ma conversation avec Shigeru Oyama et le maître m'explique : « Salvador, j'ai commencé à étudié, enfant, avec Masutastu Oyama quand j'avais l'âge de ton fils. » Je lui

demande alors : « Vous avez deux enfants, n'est-ce pas ? ». « Oui, ils sont acteurs tous les deux. » En réalité, tous deux, son fils Ted et sa fille Nahye, ont pratiqué également le Karaté à un haut niveau, surtout son fils. Et c'est maintenant à Oyama de me demander : « Sais-tu qui est Sono Chiba… Tu le connais ? ». - Oui, bien sûr, c'est un karatéka de Kyokushinkai du Japon qui a fait des films d'actions, n'est-ce pas ? - En effet. Et bien, il a fait un film sur ma vie. - Que connaissez-vous de l'Espagne ? - Je connais les taureaux, comme ceux que Masutatsu affrontait. Permettez-moi de douter que ces taureaux aient le même gabarit et le même brio, mais il n'est pas question de discuter…

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Comment atteindre la puissance d'une tornade a méthode Fa Kuen est apparue dans les salles d'entraînement de Weng Chun du célèbre monastère de Shaolin du sud, il fut transmis par l'abbé Chi Sim à son meilleur élève, Wong, qui était un Gui Yan martial (un vainqueur des tournois d'arts martiaux du gouvernement). Elle arriva à Hong Kong à travers son petit-fils, Wong Jit Shing, qui enseigna la méthode au fameux grand maître Chu Chung Man. Le grand maître Wai Yan du Dai Duk Lan, la Mecque du Weng Chun, incorpora les enseignements du grand maître Chu Chung dans le programme. Le jeune élève occidental, Andreas Hoffmann promit au grand maître Wan Yan de diffuser le Weng Chun. Une partie importante de celui-ci est la méthode Fa Kuen qui est utilisée pour atteindre la puissance d'une tornade.

L

Sao Choy : Coup circulaire donné avec l'intérieur du bras. Kap Choy : Coup de marteau vertical donné de haut en bas. Pao Choy : Crochet vers le bas. Chap Choy : Coup de poing droit vertical ou horizontal, même le coup de poing droit est effectuée de manière circulaire.

Les mouvements droits ne sont pas naturels !

Les cinq ponts peuvent être réalisés avec de petits, moyens et grands mouvements circulaires, tout dépend de la situation du combat. Huen Sao (main circulaire), une technique qui est utilisée par beaucoup de styles de Kung-Fu, est finalement une combinaison de Qua et de Sao. En combinant au moins trois des concepts de Kuen Fa, nous développons un tourbillon de coups de poing qui, si on les pratique suffisamment, peuvent atteindre le pouvoir d'une tornade et détruire la résistance de l'adversaire ou lui faire perdre l'équilibre.

Il nous faut mentionner avant tout que notre corps, avec sa structure d'articulations, etc., ne nous permet de faire que des mouvements circulaires. La méthode Fa Kuen étude le principe du cercle et nous aide à obtenir un pouvoir énorme et à dissiper l'illusion des mouvements droits. Il est très important de reconnaître que le mouvement droit n'est pas le plus court, que c'est le mouvement circulaire qui est le plus court. Vouloir réaliser un mouvement droit va contre nature par rapport à la mobilité humaine. Le pratiquant a pour cela besoin de plus de puissance et de plus de temps. Je sais que c'est parfois très difficile à comprendre, car nous savons tous que si nous devons relier deux points sur une feuille de papier, la ligne droite est la plus courte. Mais ceci ne peut en aucun cas être transféré à la réalité pluridimensionnelle du corps humain. On utilise souvent l'exemple cité, mais il fausse la réalité. Connaître le principe du cercle comporte de nombreux avantages : le pratiquant devient capable de faire ses mouvements avec une grande fermeté, l'énergie qui est projetée à l'extérieur revient sans effort et permet des actions enchaînées. L'énergie de l'adversaire est maintenant intégrée aux propres mouvements et rejetée au moyen de cercles ou de demi-cercles ou bien elle est bloquée irrémédiablement. On peut comparer cela à un pont qui est retenu par un arc de cercle.

Les cinq ponts Fa Kuen L'ABC du pouvoir de la tornade Quand il apprend la méthode du Fa Kuen, l'élève affronte d'abord les cinq ponts du Fa Kuen qui peuvent être considérés comme le cœur de la forme Fa Kuen. Les cinq ponts peuvent être faits au moyen de coups de poing, coups de coude, coups de pied ou autres. Pour simplifier les choses, je ne vais prendre pour l'instant que l'exemple des coups de poing. En tant que principe élémentaire, les cinq ponts nous enseignent les diagonales spatiales ; nous étudions ensuite les dimensions au-dessus et en-dessous ; et enfin, nous apprenons à concentrer notre pouvoir sur un seul point.

Les coups de poing sont : Choy Qua : Coup de poing en diagonale donné avec l'avant-bras.

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Le travail corporel du Fa Kuen tornade « Fa » se traduit par « fleur » et « Kuen » signifie « arts martiaux ou art du poing ». D'un côté, la fleur symbolise la philosophie zen du temple Shaolin ; d'un autre, elle représente le travail corporel particulier du Weng Chun Kung-Fu. Les cinq pétales symbolisent l'utilisation des bras, des épaules, des omoplates (deux pétales), des jambes, des hanches (deux pétales) et l'utilisation de toute la ligne médiane, la colonne vertébrale, le bassin, la tête, etc. (un pétale). Un débutant n'est pas capable d'utiliser chaque pétale du corps. S'il donne un coup de poing, il n'utilisera que le bras ou il perdra l'équilibre s'il utilise plusieurs pétales. Ici, la méthode Fa Kuen est très important, l'élève apprend à

coordonner les deux bras d'abord, puis il apprend à connaître la façon de les connecter à ses deux jambes et, enfin, il apprend à utiliser la ligne médiane (hanches, taille, etc.) et, par conséquent, à atteindre la puissance d'une tornade. Il est alors capable d'utiliser ce pouvoir pour donner des coups de pied, des coups de poing, mais aussi pour réaliser d'intéressantes techniques de levier et de projection et même pour utiliser des méthodes particulières d'enchaînements et de tractions dans des combats extrêmes au corps à corps. En dehors de Hong Kong, les styles de Shaolin du sud comme le Hung Gar, le Choy Lay Fut et le Wing Chun pratiquent tous la méthode Fa Kuen du Weng Chun. Le Weng Chun a donc réussi à transmettre ce précieux trésor dans toute sa profondeur.

Self-défense - La chance Fa Kuen pour les petits et pour les faibles Grâce aux méthodes des secousses et des balancements du Fa Kuen, les individus faibles et de petite taille sont capables de se défendre efficacement. La technique leur enseigne la façon d'obtenir une énorme force de propulsion et donc à activer leur pouvoir, qui secoue l'adversaire. En outre, l'exercice de la méthode Fa Kuen permet d'améliorer les coups de poing, les renversements, les clés, les étranglements et les combats en distance courte et longue. Dans les situations de légitime défense, en particulier, c'est très important. Les combattants de Weng Chun sont également très bons dans le free fight et les compétitions de Sanda et ils sont tristement célèbres pour leurs méthodes peu orthodoxes de coups de poing Fa Kuen. D'autres styles d'arts martiaux utilisent souvent les prévisibles coups de poing droits, mais le combattant de Fa Kuen est capable de frapper dur depuis toutes les directions et dans n'importe quelle situation. L'utilisation de bâtons et de couteaux est également facile avec cette méthode, car avec les armes, la base, c'est le balancement.

L'origine de Shaolin - Fa Kuen feuilles et de fleurs Du point de vue spirituel, la fleur nous rappelle la transmission de la doctrine zen de Shaolin. Bouddha a tenu la fleur en souriant et son étudiant, Mahakashyapa, qui a compris le message : il s'agit d'un savoir qui est transmis par l'expérience d'un maître à un autre maître. Mahakashyapa le transmit à Bodhidharma et Bodhidharma le transmit à un grand nombre de maîtres de Shaolin. Ensuite, il passa à Chi Sim, puis à la Jonque rouge, à Fatshan et enfin au Dai Lan Duk, la Mecque du Weng Chun. Au Dai Lan Duk le dernier grand maître chinois vivant l'a transmis à Andreas Hoffmann et, par conséquent, au monde occidental. Aujourd'hui, la méthode Fa Kuen est internationale. Profitons de cette merveilleuse méthode et pratiquons-la.

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Budo International : Quand et pourquoi avez-vous commencé les arts martiaux ? Ramón Buitrago : J'ai commencé les arts martiaux en 1983 avec le maître de Karaté-do, Juan Antonio López Jiménez à l'école de Karaté-do « Kiai » de Cieza. Ce furent des années d'entraînements intenses, de martialité et de recherche constante du Do à travers un Karaté assaisonné de zen. Je me souviens avec beaucoup de tendresse et de respect de ces premiers moments où j'ai commencé à deviner et à comprendre les arts martiaux d'un autre point de vue, audelà du purement technique. Ce fut un pas important dans ma vie, tellement qu'il l'a marquée et orientée jusqu'à aujourd'hui. Je me souviens parfaitement de cette sensation, de cette nécessité qui surgissait en moi et qui me poussait vers ce dojo, vers ce monde inconnu dont j'avais besoin de faire partie. Ce sont des souvenirs inoubliables de ma vie. Mais je me souviens également avec une clarté lumineuse des sensations physiques de douleur après les pénibles entraînements… cette douleur qui n'est rien d'autre qu'une traduction, une espèce de « visa » pour aller vers un destin qui nous permet de voir et de comprendre notre environnement d'une autre manière, un destin qui nous permette de nous approprier ces paroles qui présidaient l'entrée du dojo : « Droiture, effort et constance. Respect des autres. Répression de la violence… » B.I. : Quelles sont vos relations avec le Kyôshi Raúl Gutiérrez, le Fu-Shih Kenpo et la FEAM ? R.B. : Je crois que la décade des années 80 fut une étape très importante pour le développement et l'expansion des arts martiaux en Espagne. L'activité et le suivi de ceux-ci étaient quantitativement très importants, comme on peut le vérifier à travers les différentes publications martiales de l'époque. La figure du maître Raúl Gutiérrez était à ce moment-là déjà très présente dans le panorama martial, que ce soit en ce

qui concerne la diffusion d'un art martial peu connu appelé Kenpo ou la création et la présidence de l'une des premières organisations qui réunit tous les arts martiaux et sports de combat, la SUSKA, la Spanish United States Karate Association. Mon affiliation à la SUSKA en tant que karatéka me permit précisément d'assister aux « grands nationaux SUSKA », de véritables championnats dont la richesse et la diversité martiale étaient très palpables. Jusqu'à 800 compétiteurs à l'époque. Mon intérêt pour le Kenpo et plus concrètement pour le Fu-Shi Kenpo et à cette époque également pour le Kosho Ryu commença à surgir. Il y avait quelque chose dans ces mouvements intermittents rapides et étranges, un sorte de continuité qui n'annonçait pas leur fin, une esthétique létale et harmonieuse en plus d'une richesse et une diversité technique qui ne fit qu'accroître en moi le besoin de commencer une nouvelle aventure martiale. Et c'est précisément au cours de l'un de ces championnats de la SUSKA que j'ai pris contact avec le maître Raúl Gutiérrez et que je lui ai fait part de mon envie d'apprendre le Kenpo. Je lui ai demandé la permission de pouvoir recevoir ses enseignements, avec mon ami et camarade d'entraînement de l'époque, Javier Ruiz Morcillo. La courtoisie, la simplicité de la relation et la disposition totale de Raúl Gutiérrez à nous aider à évoluer dans le Kenpo furent totales. Et il en fut ainsi jusqu'à aujourd'hui… Sa figure fut et est la pierre angulaire de mon parcours martial, il représente à la fois une symbiose de père, ami, éducateur et modèle martial à suivre. En même temps cependant, dans un espace de liberté totale, il a permis mes recherches personnelles, il m'a permis de trouver ma propre originalité martiale, ma manière d'être et de comprendre les arts martiaux et la vie même. La culmination du projet SUSKA fut la création de la Fédération espagnole d'arts martiaux, la FEAM, dont le principal objectif est le rassemblement harmonieux de tous les arts martiaux et sports de combat, en montrant et partageant nos savoirs et en nous unissant en faveur de la réalisation d'une grande famille martiale. Actuellement, j'ai l'honorable et agréable responsabilité de diriger la FEAM au sein de la Communauté autonome de Murcia.


B.I. : Que vous a apporté la pratique des arts martiaux ? R.B. : Sans nul doute la victoire de l'Être sur l'Avoir, le besoin de convaincre plus que de vaincre, l'intérêt constant pour connaître et apprendre, la recherche incessante de l'harmonie, aussi bien extérieur qu'intérieure. Je crois que les arts martiaux me permettent d'être l'acteur de ma vie et pas seulement un observateur de celle-ci… B.I. : Quel est votre curriculum martial ? R.B. : Comme je l'ai dit précédemment, je crois plus en l'être qu'en l'avoir… Au cours de ces 29 ans de pratique et d'étude des arts martiaux, j'ai accumulé des titres de grade et d'instructeur dans divers arts martiaux en plus du Fu-Shih et du Kosho Ryu Kenpo, car je souhaitais connaître et approfondir ces systèmes qui, d'une manière ou d'une autre (peutêtre car ils travaillaient avec des principes et des concepts similaires), pouvaient m'aider à améliorer mon rendement en Kenpo. En ce sens, je me suis intéressé aux arts martiaux philippins, au Wing Chun et au Jun Fun, ainsi qu'au Tai Chi et au Qigong. J'ai également cherché à connaître et à approfondir divers courants du Kenpo hawaiien, car les connaître c'est comprendre une partie de notre histoire à travers ses origines et son développement postérieur jusqu'à arriver à notre Fu-Shih Kenpo. Sans nul doute, « Être » implique un engagement et une ratification quotidienne de soi-même par rapport au système ou à l'art martial qu'on représente. Je suis actuellement ceinture noire 5e grade ou dan de Fu-Shih Kenpo, un élève constant de ce système et de ses infinies possibilités, parmi lesquelles également se trouve le fait de transférer le savoir-faire et les mouvements techniques du système à divers réalités : tradition, Kenpo en tant que self-défense de rue, Kenpo comme instruction défensive policière, etc. B.I. : Quels sont vos projets à partir d'aujourd'hui ? R.B. : Vivre et être souple, avec ce que cela implique, car vivre implique de continuer d'étudier, de pratiquer et d'enseigner intensivement et de manière constante le Fu-Shih Kenpo. Et être souple implique d'avoir la capacité nécessaire d'adaptation au jour le jour afin d'atteindre les objec-

tifs marqués à court et à moyen termes, car finalement les grands objectifs sont l'obtention de ceux-ci. Je crois que nous avons assez bien de travail devant nous. Le maître Raul Gutiérrez s'est fixé certains objectifs très vastes de diffusion du système Fu-Shih Kenpo à un niveau mondial et nous essayerons chacun, dans la mesure de nos possibilités, de collaborer avec lui. B.I. : Souhaitez-vous dire quelque chose en particulier ? R.B. : Manifester ma gratitude. Je ne trouve pas de mot plus honnête ni plus adéquat pour exprimer ce que je sens, car en définitive, pour moi, les arts martiaux sont une bénédiction, un cadeau… Aussi bien de ceux qui sont nos maîtres que de ceux qui veulent apprendre et bien ceux de ceux qui nous permettent de le faire. Merci à mon maître et à mes camarades FEAM, merci à mes élèves et amis et merci à ma famille. Sans eux tous, rien de ce que j'ai raconté ne serait possible.

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ATTENTION, NOUVEAU LIVRE ! Tucci écrit pour des lecteurs intelligents car il remet en question des valeurs généralement acceptées et il le fait à travers les grandes questions, les éternelles questions. Ses références sont, par conséquence, aussi bien les anthropologues modernes et les penseurs d'aujourd'hui que les classiques, car les grandes questions, celles qui concernent la conscience, s'alimentent des doutes et pas des certitudes. Le lecteur ne trouvera pas ici de recettes faciles, ni de discours répétitifs. L'auteur possède un critère tout à fait personnel, qu'on peut partager ou pas, mais qui est de ce fait même stimulant pour ceux qui aiment considérer les choses depuis un angle particulier et différent, une caractéristique de ceux qui utilisent l'intelligence comme un outil et pas comme un fourre-tout. Miguel Angel Cortés Secrétaire d'État à la Culture (1996-2000) Secrétaire d'État à la Coopération internationale et latino-américaine (2000-2004) Académicien correspondant de la Académie Royale des Beaux-Arts de San Fernando. Membre du patronaje du Musée National Musée Reina Sofía (Madrid) Membre de l'Architecture & Design Committee du MOMA (New York)

Prix: €19,95

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