BUDO INTERNATIONAL FRANCE

Page 1

Nº 181 BIS JUIN BIMESTRIEL 2011 - France METRO : 4.30 € • DOM : 5.00 € • BEL : 4.90 € • CAN : 8 $ cad • MAR : 45 MAD • TOM/S : 700 XPF

LE MAGAZINE MAGAZINE D’ARTS D’ARTS MARTIAUX MARTIAUX LE LE PLUS PLUS INTERNATIONAL INTERNATIONAL • KYUSHO • AIKIDO • NUNCHAKU LE

BIS JUIN BIMESTRIEL Nº 181

MUHAMED ALI : Le plus grand !

JON JONES : Le nouveau génie du MMA

GURO DAVE GOULD : Phases d’intégration du combat TONI MORENO : Nunchaku avancé

EUGÊNIO TADEU : Lutte Libre contre Jiu-Jitsu



Vous êtes à un clic de ce qu’il y de mieux en francais dans les arts martiaux.


RIAL LE GUERRIER IMPORTUNÉ Fort ne veut pas dire violent. Ferme ne veut pas dire rigide. Souple ne veut pas dire désordonné. Détendu ne veut pas dire nonchalant. Alerte ne veut pas dire tendu. Attentif ne veux pas dire crispé. Résolu ne veut pas dire inflexible. Tempéré ne veut pas dire tiède. Courageux ne veut pas dire impulsif. Courtois ne veut pas dire soumis.

L

a voie du guerrier (il ne pouvait en être autrement) est pleine de points obscurs et de contractions fonctionnelles. Si la maestria, la véritable maestria, était facile, elle abonderait comme les coquelicots au printemps, alors qu'elle est exceptionnelle en réalité et que c'est un oiseau rare dans le firmament martial. La scène où se déploie notre société est le bûcher des vanités où sont brûlés les complexés transformés en exhibitionnistes, les craintifs transformés en tortionnaires, les timides devenus tyrans. La réflexion indispensable brille par son absence et l'autocritique est remplacée par la justification… Des enfants jouant à être des hommes et des ignorants se pavanant comme des sages. J'ai vu de tout au cours de ces presque 25 ans à diriger ce qui est, d'une manière ou d'une autre et que cela plaise ou non, le magazine qui a marqué le rythme de la transformation de notre monde martial vers un nouveau paradigme. Nous avons administré un passage difficile, celui de l'ignorance écrasant les arts martiaux sortant de la catégorie « Judo, Karaté ou Taekwondo » des années 70, quand le martial n'était identifié qu'à quelques figures légendaires, alimentées par la machine à rêves du grand écran. Nous avons assisté au premier rang et, pourquoi ne pas le dire, accompagnés par les pionniers et leurs cicérones, à la révolution des

2

gladiateurs, au mythe de l'efficacité, à la remise en question des crédos et des dogmes traditionnels, forçant ainsi une réévaluation qui dénuda les impostures, pour que ce que les anciennes voies internes avait de vrai puisse sortir au grand jour et trouver une nouvelle place. Nous avons assisté à l'émergence du sportif, au défi de l'occidentalisation et de l'olympisme, à l'apparition des arts policiers et militaires modernes, du syncrétisme, du mélange et de l'hétérodoxie et du « Vale Tudo ». Mais le rideau de fond, où tout est mis en scène, n'a pas beaucoup changé car il est éternel, on retrouve l'obstination des egos, la critique du voisin, l'absence de toute lueur d'autocritique sincère, de ce respect authentique qui surgit de la certitude que, tout simplement, on ne sait pas tout. Nous sommes au moins parvenus à faire honte aux plus insolents, établissant comme norme une nouvelle idée de ce qui devrait être, mais ce n'est, comme tout ce qui est extérieur, qu'une rustine, un mauvais remède du véritable remède : un petit peu d'humilité. Bon, me direz-vous (et avec raison)… telle est la condition humaine. C'est vrai, mais je me refuse à ce que l'effet de contagion positive n'aille pas plus loin, pour que la transgression soit de plus en plus de l'intérieur vers l'extérieur. C'est pour cela que, depuis ce forum, je lance tous les mois à l'infini, comme un sourd qui crie dans

le désert, ma petite contribution à la réflexion à travers les univers personnels que je transite, observant avec curiosité comment la persévérance de cette tentative ouvre des brèches dans le mur apparemment indissoluble de la spiritualité rocailleuse des guerriers. Les guerriers comme typologie établissent un moule stéréotypé et caractérologique bien défini. Dans sa plus haute évolution, Miyamoto Musashi personnifie, comme bien peu, le passage du fruste guerrier ignorant et violent vers le sage. Sur cette voie, les arts de la guerre décrivent analogiquement des niveaux d'ascension évolutive similaires, mais il faut avoir des yeux pour le voir. Celui qui reste prisonnier des premières phases, ne comprendra rien ou presque rien à leur vie exemplaire et représenta la fameuse tragédie que résume la maxime : « Celui qui vit par l'épée périra par l'épée ». Transcender le purement martial ouvre cependant d'autres voies vers la conscience d'être que ne permettent que rarement d'autres arts. Mais pour que l'alchimie se produise, il faut qu'il y ait une réflexion, un questionnement et surtout une nécessité. Ceux qui sont sur cette voie, tireront plus de parti au texte qui introduit cet éditorial. Sans vouloir prétendre donner toutes les clés, ni même les plus importantes peut-être (mais qui sait), elles sont là, pour le plus grand profit du sage et déshonneur du rustre. Qu'on puisse


Editorial « Transcender le purement martial ouvre cependant d'autres voies vers la conscience d'être que ne permettent que rarement d'autres arts. Mais pour que l'alchimie se produise, il faut qu'il y ait une réflexion, un questionnement et surtout une nécessité. Ceux qui sont sur cette voie, tireront plus de parti au texte qui introduit cet éditorial ».

voir les différences et si pour une fois, ils sont du côté des bons, il ne leur arrivera rien de mal. La réflexion en question ridiculise les clichés du martial qui justifient fréquemment des erreurs et des inexactitudes très répandues. Les expliquer maintenant de manière détaillée ôterait toute sa force au fait que ce soit le lecteur qui complète, parce qu'il en a besoin, ces espaces que la litanie répétitive du texte pousse à réaliser en chacun de nous dans le silence. Un vide que le propre texte impose, immergé dans cette dialectique si fréquente des écrits taoïstes où l'on interfère plus qu'on explique, donnant ainsi un espace de réflexion que la prose ne favorise pas. Dans ce numéro, mon apport arrive ainsi sous forme de vers. Gêné par le manque de moyens, en voyage tout le mois en terres valenciennes et coïncidant avec la « Mostra de Cinema », j'ai écrit sur mon IPhone, sous forme de rappel succinct, ces pensées nécessairement schématiques. Quand vous retirez toutes les décorations, il ne reste que l'essentiel et au-delà de la métrique, ce qui reste est, d'une certaine manière, poésie. C'est en tout cas comme ça que j'aime à le voir, peut-être plus tourné vers les contenus que vers la musicalité. Je trouve dans ce résumé certains points clés de la grandeur et des misères propres de la figure du guerrier, de ses enfers particuliers ; d'atroces contradictions qui clament pour qu'on s'en occupe, pour que le discours général admis s'interroge une fois de plus et que ce ne soit pas des mots vides. Si un seul cœur vibre avec eux, si un seul guerrier les utilise comme miroir, j'aurai accompli ma mission. Un mois de plus, et il en a déjà quelques-uns, le petit grain de sable de ce sourd qui crie dans le désert… avec le sourire au lèvre. Alfredo Tucci é Director Gerente de BUDO INTERNATIONAL PUBLISHING CO. e-mail: budo@budointernational.com

3


KYUSHO

NUNCHAKU Dans les arts martiaux, comme nous le savons bien, l'objectif est bien sûr toujours une projection de l'éter nel apprentissage, mais un bon système doit être capable de nous conduire rapidement, sans détours, à la maîtrise du style, de l'arme ou de la technique à apprendre.

p. 06

Les six mains Ji du Bubishi appliquées à des techniques spécifiques sur les points vitaux. Cette manière de placer les mains permet des applications extraordinairement efficaces dans les attaques sur les points vitaux.

p. 12

UFC MMA

p. 34

C'est ainsi qu'eut lieu le « Premier défi : Le Lutteur de Vale Tudo » réalisé le 19 décembre 1996 au Canecão, la plus grande salle des fêtes de Rio de Janeiro qui recevait, pour la première fois, un événement de Vale Tudo.

p. 24

Jon Jones est le nouvel « enfant chéri » de l'Amérique, après avoir renversé sans égards et sans pitié le champion Mauricio Shogun, lui arrachant la ceinture des mi-lourds à l'UFC 128.

BUDO INTERNATIONAL DANS LE MONDE Budo International est un groupe éditorial international spécialisé dans les Arts Martiaux. Unique organe de presse à vendre une revue spécialisée dans les Arts Martiaux en six langues et dans le monde entier, il est en contact avec toutes les grandes compagnies spécialisées dans son domaine. Budo International touche plus de cinquante pays.

Une production de: Budo International Publishing Company pour BUDO INTERNATIONAL FRANCE


AIKIDO

p. 50

Dans un combat réel, Uke est l'ennemi, je dois donc dissuader son attitude combattive de toutes les manières possibles. En d'autres mots, il faut choisir entre gagner ou être battu.

BOXE Dans tous les arts et toutes les sciences surgit généralement quelqu'un d'emblématique qui change tout et dont les générations postérieures se souviennent. En Boxe, ce fut indiscutablement Mohamed Ali.

p.56

REDACTION: c/ Andrés Mellado 42, 28015 Madrid, Espagne. Tél: (34) 91 897 83 40, Fax: (34) 91 899 33 19, E-mail: budo@budointernational.com • Directeur de publication: Alfredo Tucci, e-mail: budo@dimasoft.es • Coordination Internationale: Alfredo Tucci • Responsable: Patricia Ferriot • Assistante de rédaction: Brigitte de le Court • Chef de production: Marga López-Beltrán García, e-mail: magazine@budointernational.com • Directeur audio-visuel: Javier Estévez • Traducteurs: Brigitte de le Court, Cristian Nani, Celina Von Stromberg.• Service publicité: (+34) 93 775 50 03. • Service abonnements: Tél:(+34) 93 775 50 03. • Correspondants permanents: Don Wilson, Yoshimitsu Yamada, Cass Magda, Antonio Espinós, Jim Wagner, Coronel Sanchís, Marco de Cesaris, Lilla Distéfano, Maurizio Maltese, Bob Dubljanin, Marc Denny, Salvador Herraiz, Shi de Yang, Sri Dinesh, Carlos Zerpa, Omar Martínez, Manu, Patrick Levet, Mike Anderson, Boulahfa Mimoum, Víctor Gutiérrez, Franco Vacirca, Bill Newman, José Mª Pujadas, Paolo Cangelosi, Emilio Alpanseque, Huang Aguilar, Sueyoshi Akeshi, Marcelo Pires, Angel García, Juan Díaz. • Photographe: Carlos Contreras • Imprimé par: Sergraph, Amado Nervo, 11 Local 4, Madrid, Espagne • Distribution: MLP, Z. A. de Chesnes, 55 bd de la Noirée, 38070 Saint Quentin Fallavier. B.P.: 59 La Verpillière. Tél: 04 74 82 14 14. Fax: 04 74 94 41 91 • Une production graphique de: Budo International Publishing Co. Capital Budo International France SL: 500.000 pts. NIF: B 61376919. Nº Commission Paritaire: 1111 U 88626. Adresse du titre: c/ Escuelas Pías 49, 08017 Barcelona. • Nº de TVA intracommunautaire: FR 654 144 148 9600012 • Tous droits de reproduction réservés pour tous pays. Les documents reçus sont conservés par la rédaction et ne sont pas rendus à leurs expéditeurs. Leur envoi implique l’accord sans réserve d’aucune sorte pour leur publication.


Les six mains Ji

6


Reportage Parmi tous les textes classiques des arts martiaux les plus anciens, le Bubishi se détache clairement. Le maître présente dans cet article son nouveau travail centré, précisément, sur la récupération des savoirs traditionnels en fonction des applications sur les points vitaux : les six mains Ji du Bubishi appliquées à des techniques spécifiques sur les points vitaux. Cette manière de placer les mains permet des applications extraordinairement efficaces dans les attaques sur les points vitaux. Les sages disent qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Le Kyushu Jitsu est l'une de ces pratiques martiales modernes qui, par-delà l'éclectisme, permet de boire aux sources de différents styles pour nous illustrer comment, de manière étonnante, les anciens en savaient bien plus que nous ne l'imaginions dans un premier instant. L'étude du Bubishi et des points vitaux en est un vivant exemple. Un DVD à ne pas manquer !

7


Six mains Ji (du Bubishi) On a beaucoup écrit ces derniers temps, beaucoup parlé et filmé sur le Kyusho, la plupart du temps sur les attaques anatomiques et leurs effets. On n'a cependant pas écrit sur les armes anciennes qui étaient utilisées pour attaquer ces points et la manière de procéder de celles-ci. Avant tout, nous devons rappeler que les arts martiaux modernes ne sont qu'une ombre des arts martiaux anciens du fait de l'affaiblissement des lignées d'enseignements (lignages), de la transmission d'informations « secrètes » et de l'apparition du sport. Les arts martiaux ont inclus des éléments plus complexes, acrobatiques ou athlétiques. En outre, avec l'arrivée des MMA (arts martiaux mixtes), il y a beaucoup plus à étudier et à pratiquer. Il y a très longtemps, les styles se basaient sur quelques techniques, mais obligeaient à un entraînement plus spécialisé pour la réalisation de ces quelques techniques. Il était habituel d'avoir un style composé de 13, 36 ou 54 techniques. De fait, on donnait aux katas anciens un nom en fonction du nombre de techniques les composant. Il y avait des noms tels que Seisan (13), Sanseiryu (36), Gojushiho (54) et bien d'autres, qui servaient de méthodes ou sources de techniques des styles. Mais ce qui leur manquait en quantité était compensé par l'entraînement et la préparation physique. Les anciens styles créèrent des coups particuliers avec les mains (que l'on ne peut voir actuellement que dans les katas) et consacraient beaucoup de temps à préparer, renforcer et endurcir ces coups pour qu'ils fassent du mal. Ils forgeaient les mains avec des méthodes que nous pourrions considérer comme extrêmes voire absurdes jusqu'à ce qu'elles constituent des outils vraiment solides. Nous avons un exemple de cela dans la préparation des doigts au moyen de la saisie de récipients de plus en plus lourds. Le pratiquant les remplissait de plus en plus d'eau et cela lui permettait d'acquérir une force de saisie incroyable, mais le plus important, c'est qu'il commençait par acquérir cette force dans les mains pour ensuite effectuer un entraînement plus avancé. La phase suivante consistait à remplir un récipient de sable pour y plonger de manière répétée les mains et les doigts. Il y a avait ensuite les méthodes de la paume de fer consistant à frapper le sable. Peu après, on remplaçait le sable par des petites pierres et plus tard par des pierres plus grandes. Pendant des années, on frappait incessamment avec les doigts pour développer une arme qui permette de pénétrer dans les tissus corporels, autrement dit de détruire des parties du corps. Aujourd'hui, nous ne travaillons plus comme ça. Nous n'avons pas besoin de le faire car l'époque, les aspects légaux et de santé ne nous permettent pas de le faire. Cependant, lorsque nous appliquons le Kyusho moderne (attaques aux nerfs) sur les veines, les os et les tissus, nous pouvons utiliser ces armes efficacement pour parvenir à neutraliser notre adversaire sans provoquer en lui de dommage physique apparent. De fait, ces anciennes positions des mains et ces méthodes sont aussi viables


Reportage aujourd'hui qu'elles le furent lorsqu'elles furent créées, même si on les utilise d'une manière légèrement différente.

Bubishi L'historien Patrick McCarty écrivit dans le livre impactant « Bubushi, la Bible du Karaté » que les idéogrammes pouvaient être découpés littéralement en Bu (militaire), Bi (préparation) et Shi (document), autrement dit, document concernant la préparation militaire. C'est là une information réelle existant par delà les mythes et exagérations apparentes qui ont été transmis à ce sujet. Aujourd'hui, non seulement nous trouvons


Points Vitaux cette information importante, mais encore nous la considérons comme un élément d'information essentiel sur les anciennes méthodes de combat. Ce texte, qui fut un jour conservé par quelques rares maîtres privilégiés de Karaté, était un secret qui ne se transmettait qu'aux élèves les plus habiles et les plus sages. On présume que ce texte, d'auteur inconnu, qui attint les côtes d'Okinawa en provenance de Fushou en Chine, au milieu du XIXème siècle, est à l'origine des méthodes de combat d'Okinawa. C'est un grand livre d'histoire, de philosophie et de stratégie, comparable au « Livre des cinq

tout comme l'art spécifique du Dim Mak ou Toucher de la Mort, auquel il fait également allusion. Ces coups de mains étaient idéaux pour attaquer le système de la circulation sanguine, provoquant non seulement une neutralisation immédiate de l'adversaire, mais également des hémorragies internes qui, avec les temps, avaient des conséquences fatales sur l'individu. Ce texte se réfère à ces objectifs également comme les « Portes sanguines » ou zones permettant d'accéder aux importants vaisseaux sanguins ou aux organes qui reçoivent le plus de sang. Le texte inclut les heures de la journée où ces vaisseaux sanguins sont les plus vulnérables à l'attaque et peuvent être détruits pour causer la mort de l'adversaire. Cependant, bien que ces positions des mains soient uniques et leurs effets très intrigants, il est impossible ou presque impossible de les pratiquer avec les méthodes actuelles. Les préceptes éthiques et légaux en ce qui concerne le fait de donner la mort, mutiler ou provoquer des dommages permanents à un attaquant, rendent leur usage et leur étude inutiles. On les trouve surtout dans les styles obscures et cachés, dans les katas ou les formes traditionnelles. Elles sont aujourd'hui cependant profondément incomprises et enseignées avec une information ou une application incorrecte car leur véritable intention n'a pas été transmise librement, surtout aux Occidentaux, lors de l'occupation des sociétés indigènes chargées de sauvegarder ces véritables voies. L'espoir existe cependant, car ces mains Ji peuvent être, et de fait sont, la méthode de transmission parfaite de l'adaptation plus moderne des applications Kyusho (points vitaux). La raison qui les rend adaptables à l'art moins dangereux à travers certaines positions et coups de mains plus conventionnels, c'est le Ji ou transfert d'énergie. Ceci ne se réfère pas à ce que l'on appelle Chi ou Ki, ni à une

10

anneaux » de Miamoto Musashi ou à « L'Art de la guerre » de Sun Tsu. C'est une véritable source d'inspiration et de documentation sur le véritable Karaté. Rien que dans ce texte, on trouve les méthodes de combat, ainsi que les localisations anatomiques, le moment de les attaquer, des techniques réelles tirées des deux katas principaux et diverses connaissances de médecine chinoise et de pharmacologie par les plantes. En outre, nous ne trouvons, que dans ce texte, l'ensemble des six positions des mains (les six Ji, mains d'énergie), créées pour infliger le plus grand dommage à l'adversaire,

description métaphysique quelconque de la force, mais au transfert d'énergie cinétique au système nerveux du corps. Les actions précises et les caractéristiques du développement de ces anciens coups sont exactement les mêmes que celles utilisées par le Kyusho pour attaquer le système nerveux et ainsi le faire travailler et transférer le message neurologique de la manière la plus appropriée. De fait, les objectifs décrits dans le Bubishi sont les mêmes objectifs que ceux du Kyusho, sauf que traités de manière plus superficielle dans ce dernier cas. C'est la raison pour laquelle l'entraînement et la préparation des mains dans le style ancien ne sont pas ceux d'aujourd'hui. Nous n'avons plus besoin de pénétrer physiquement le corps, ni de causer de grandes blessures pour obtenir un effet destructeur. Ces objectifs sont également des points d'accès aux systèmes nerveux, car le tissu vasculaire est toujours accompagné ou protégé par des nerfs ou des organes sensorielles. En attaquant ces structures, il est possible de neutraliser plus immédiatement comme c'était le cas dans l'ancienne méthode du Dim Mak, mais sans causer à proprement parler aucune maladie, ni d'autres effets préjudiciables. Après des dizaines d'années de recherche et d'entraînement en utilisant les mains dans les méthodes de Kyusho, ces méthodes secrètes se sont révélées aptes pour neutraliser et représentent le perfectionnement des méthodes d'attaque. Elles nous ont poussé à refermer le cercle pour comprendre les formes anciennes et éviter qu'elles ne se perdent avec le temps ou par ordre des hommes.

Énergie Pour mieux comprendre l'énergie des six mains Ji, nous devons comprendre d'abord

l'énergie cinétique si souvent mentionnée dans l'art du Kyusho (comme on peut le voir dans les cours, les stages, les vidéos et les textes). Nous devons voir la véritable action qui affecte la superficie attaquée, ajoutant, d'une manière particulière, pénétration et torsion, à la manipulation qui est exécutée. Pour éclaircir un peu ceci, nous avons trois actions principales (il y en a d'autres) qui sont utilisées principalement dans le Kyusho : 1. Pression sur le nerf, ce n'est pas une pression lente, ni constante, c'est une pulsation rapide qui transmet une réaction électrochimique rapide et aiguë sur le nerf manipulé. 2. Action de frotter (en réalité il s'agit d'étirer ou d'étendre un récepteur anatomique particulier), c'est une action coupante, rapide et profonde pour activer l'acte réflexe. 3. Frappe, c'est un étirement, une compression ou une force cinétique de vibration pour affecter le nerf. Ces types de transfert d'énergie cinétique sont obtenus avec des mouvements appropriés et une action corporelle coordonnée, en utilisant des positions spécifiques des mains. Comprendre l'action ou l'application correcte de cette torsion ou manipulation des positions des mains (ainsi que certains objectifs spécifiques) peut prendre des années d'étude et de pratique. On peut cependant s'entraîner pendant une brève période de temps et en faire un usage réussi sans avoir besoin d'une préparation qui endommagerait les mains provoquant de l'arthrite ou des blessures aux articulations. Il y a six variantes de torsion dans les mouvements des mains et c'est pour cela que le nom de mains d'énergie est si approprié. En les étudiant de manière plus détaillée, le lecteur pourra comprendre les positions s p é c i f i q u e s a i n s i que leurs différentes possibilités.



Reportage 1. Main aux os de fer - Transfert de rotation (photo A) Cette position de la main utilise la première jointure du pouce pour attaquer. La manière correcte de l'utiliser c'est avec une double rotation où le poignet exécute deux rotations simultanément. En frappant l'objectif, le poignet tourne simultanément vers l'intérieur et vers le bas pour que les doigts s'éloignent (avec aisance) de l'objectif. En faisant cela, l'énergie se concentre plus facilement vers le bas sur l'objectif et envoie une décharge à la structure du nerf. Certains objectifs viables : en dessous du sourcil, ST-5 en haut, ST-5 en bas, TW-17, ST-9, SI-18, M-HN-14, M-HN-18, LV-13, LV-14, H-2, ST-17, GB-26, BL-23, GB-20, SP-11, ST-34 et beaucoup d'autres.

2. Paume de sable de fer - Amplifier le transfert (en explosant) (Photo B) En utilisant la paume de la main (pas les doigts). C'est une arme idéale pour les surfaces dures où le nerf n'est pas superficiel comme c'est le cas du cluster-GB (vésicule biliaire) sur le front. Le cluster-GB est en réalité constitué de deux branches du nerf qui va de l'os qui se trouve derrière l'œil jusqu'à la zone transversale du coin de l'œil, ainsi que la zone médiane de l'arcade sourcilière et passe sur le front vers les cheveux, juste en dessous de la peau et d'un autre tissu. La méthode pour utiliser cette arme consiste à étendre rapidement la paume sur la zone d'impact (tout en séparant les doigts). Cela provoquera une décharge sur la zone frappée qui est expansive par nature… Pensons à la houle qui se produit dans l'eau quand un objet la frappe. Cette technique s'adapte également aux objectifs qui se trouvent en dessous de la peau sur la partie la plus dure du crâne. Ces autres objectifs viables sont : ST-5, BL-10, ST-1, ST-3, M-HN-18, et il y en a beaucoup d'autres.

3. Main en épée (Main de vent) Transfert de coup (photo C) On en voit souvent l'usage dans le livre et dans le DVD Top Ten. Cette arme engendre beaucoup de force de pénétration du fait de sa vitesse.

On utilise la zone qu'on appelle le talon de la main. Quand la main ou le bras se déplace vers l'objectif à une vitesse normale, on accroît celle-ci en agitant le talon de la main sur l'objectif, provoquant une surface plus intégrée et un foyer de transfert d'énergie plus aigu. Certains objectifs spécifiques réagissant bien à cette attaque se trouvent dans des zones plus molles comme le cou : GB-20, LI-18 y ST-9, d'autres derrière des superficies plus dures comme l'arrière de la mâchoire : TW-15.

4. Main en brin d'herbe - Transfert de double direction (Photo E) On peut penser à la double direction, comme dans le classique Yin et Yang, ou à l'usage simultané de la traction et de la poussée. Par exemple, les doigts pliés peuvent réaliser l'action de tirer ou d'étendre tout en frappant avec les doigts tendus sur le nerf étiré. Ainsi en saisissant la clavicule pour activer ST-10 ou 11, on affecterait le nerf qui se trouve entre les ramifications du muscle sterno-cléido-mastoïdien pour faire une pénétration aiguë avec l'index tendu. Cela s'accompagne de la torsion du poignet et permet d'obtenir une force de pénétration avec une petite action efficace.

5. Main de coagulation du sang Transfert de rotation vers l'avant (Photo D) C'est l'attaque la plus puissante et la plus dévastatrice pour de nombreuses cibles. Elle est mieux conçue pour obtenir une plus grande pénétration sur les points du corps que les autres attaques de la


main. On la fait en utilisant le mouvement de rotation des deux premières jointures. Nous ne pouvons cependant pas (tout comme dans les autres positions de la main) nier la possibilité de frapper, tirer ou comprimer avec les doigts ou de frotter avec la main. Certains objectifs comme le point K-27 juste en dessous de la hanche justifient une action plus profonde de rotation (pour étirer et comprimer). Elle porte pour cela le nom de « Main de coagulation du sang ». C'était un outil pour attaquer les organes où le sang se concentre. Elle pourrait affecter sévèrement la rate, le foie, les reins ou même le cœur ou le premier objectif mentionné, K-27, un tissu vasculaire crucial qui va et vient du cœur, ainsi que les artères aorte et jugulaire.

6. Main de la griffe de fer - Transfert de la traction (Photo F) Cette arme n'est pas nouvelle pour la majorité des arts martiaux car c'est l'une des armes les plus communes. On ne l'utilise cependant pas telle qu'elle fut conçue et on ne l'enseigne pas non plus actuellement comme l'un des objectifs typiques du Kyusho ou du Dim Mak. C'est pourtant une arme polyvalente qui attaquait originellement les structures anatomiques faibles, comme le poignet, l'avant-bras, le bras, le cou, le visage, et même, encore que dans une moindre mesure, la jambe. L'application correcte consiste à faire pression sur les structures superficielles pour exposer le véritable objectif et le comprimer et le faire tour ner alors (les griffes) vers la structure. Cette arme est si vaste que nous devrions écrire un autre article ou faire une autre vidéo pour pouvoir montrer en détail toutes ses possibilités.

La mise au point La mise au point succède naturellement avec la pratique et l'entraînement et avec le contact réel du Kyusho pour pouvoir comprendre les effets réels. Par exemple, quand on utilise la griffe de fer en saisissant le poignet ou d'autres zones, en utilisant le contact et la force pour provoquer une réponse neurologique, on pratique simultanément la vitesse, la coordination, la force et les actions appropriées de saisie et de torsion, développant la sensibilité et la focalisation. Il n'est pas nécessaire de se martyriser les mains tout le temps, comme on le faisait anciennement, car nous nous sommes perfectionnés en allant de la force destructrice du Dim Mac vers cet art martial plus subtil et efficace qu'est le Kyusho.


Apprentissage

Photos :

14

Texte : Toni Moreno Š www.budointernational.com


Nunchaku

Rarement un maître d'art martial atteint la dextérité dans plusieurs styles en plus du succès sportif comme ce champion du monde de Taekwondo. Toni Moreno est un expert martial extraor dinair e. Et il n'est pas seulement exceptionnellement doué pour la pratique et la compétition, comme il l'a démontré au cours de 30 ans de carrière réussie, c'est en outre un organisateur de méthodes intelligent, un homme réfléchi qui est parvenu à créer l'une des méthodes les plus efficaces et les plus rapides pour apprendre à dominer une arme aussi complexe et versatile que le nunchaku. Ses vidéos s'éloignent de l'exhibitionnisme habituel d'autres auteurs pour se concentrer sur la méthode, sur l'enseignement à l'élève. Après le succès de son premier DVD, voici le deuxième volume pour les élèves plus avancés.

15


évolution est la conséquence logique du progrès et ici, avec cette deuxième vidéo sur l'apprentissage dans le maniement du nunchaku, nous lançons sur le marché l'étape suivante d'un système qui est conséquent dans ses principes, son apprentissage, sa compréhension et sa création ou son évolution. Au cours de mes trente années de pratique des arts martiaux, j'ai compris que le plus important dans l'apprentissage et l'enseignement du martial, c'était l'utilisation d'un système bien construit, de sorte qu'à travers l'entraînement, on puisse arriver de manière sûre et efficace, le plus rapidement possible, à l'objectif poursuivi : dominer le mieux possible cet art martial. Dans les arts martiaux, comme nous le savons bien, l'objectif est bien sûr toujours une projection de l'éternel apprentissage, mais un bon système doit être capable de nous conduire rapidement, sans détours, à la maîtrise du style, de l'arme ou de la technique à apprendre. Dans cette vidéo, comme dans d'autres vidéos d'apprentissage, j'ai voulu laisser de côté tout type d'exhibitionnisme. Mon objectif est clair : aider à apprendre de nouvelles techniques avec cette arme si polyvalente. Pour que cette vidéo soit encore plus utile, il est important d'avoir étudié et pratiqué les techniques du premier volume « nunchaku : The Method from 0 to 100 » que nous avons réalisé il y a plus ou moins un an. Dans la première vidéo, nous avons commencé de zéro, sans aucune expérience ni contact préalable avec le nunchaku. Je vous y ai présenté les bases pour apprendre et savoir comment manier cette arme. Nous y enseignions en outre des techniques très nombreuses et très variées, depuis une base pratique et échelonnée avec les groupes de mouvements qui composent ce système : directions des mouvements, changements de direction, changements de main, roulements, deux nunchakus, directions des coups, self-défense, etc. Avec ce volume, « Advanced Nunchaku », vous pourrez beaucoup progresser. C'est une méthode plus que vérifiée auprès de très nombreux élèves. Appliquée correctement, elle vous conduira très sûrement à apprendre de nouveaux mouvements complexes, de nouvelles techniques, certaines d'entre elles d'une extrême difficulté. D'autres vous plairont parce qu'elles sont véritablement spectaculaires, d'autres encore, apparemment plus simples et plus pratiques, ouvriront de nouvelles dimensions pour l'exécution de nouveaux mouvements, car s'adaptant à chaque individu, elles permettent d'atteindre cet objectif souhaité par tout pratiquant de cette arme possédant une expérience préalable dans son maniement, une maîtrise et une grande dextérité : atteindre ce qui semble impossible avec naturel et un véritable contrôle des formes et des combinaisons les plus extraordinaires.

L’

« Mon objectif est clair : vous aider à apprendre de nouvelles techniques avec cette arme si polyvalente. »

16


Analyse du contenu du DVD « Advanced Nunchaku » 1. Changements de direction Six nouvelles techniques et une combinaison de toutes celles-ci. Dans ce chapitre, on met en évidence le changement de direction sur le poignet avec roulement qui surprendra par sa simplicité et ses applications possibles. 2. Changements de main Huit nouvelles techniques et deux combinaisons avec certaines d'entre elles. Certaines techniques de ce chapitre sont extrêmement difficiles et d'autres ne le sont pas autant, mais leur côté spectaculaire et leur capacité de combinaisons vous captiveront sans nul doute. 3. Roulements Dans ce chapitre, j'introduis

seulement une nouvelle technique qui est difficile à exécuter et d'une grande beauté plastique et visuelle.

mouvements opposés des bras, l'étape suivante sur l'échelle évolutive du maniement de deux nunchakus.

4. Lâchés Nouveau groupe dont on ne parla pas dans la première vidéo et qui, à beaucoup d'entre vous, semblera très spectaculaire, comme les roulements et les deux nunchakus. Je commence par montrer cinq techniques qui exigent beaucoup de pratique, mais certaines d'entre elles, une fois pratiquées assidûment ne seront absolument pas difficiles à réaliser.

6. Self-défense Je vous présente six combinaisons de coups enchaînés à différentes hauteurs, distances et directions de frappe, étape logique pour améliorer les techniques en cas de self-défense réelle. N'oubliez cependant pas que ce n'est pas une arme que l'on peut trimbaler dans la rue pour sa défense, même les nunchakus est mousse sont interdits. Seules la vente et la possession sont légales en Espagne. En France, la situation est similaire. Tandis qu'en Belgique, il est absolument interdit d'en posséder et d'en vendre.

5. Deux nunchakus L'objectif du maniement du nunchaku centré sur la démonstration, c'est de maîtriser l'arme avec les deux mains à la fois et dès lors de n'avoir pas de difficultés à la manier avec les deux bras dans différentes directions, avec des lâchés, des roulements, etc. Dans cette vidéo, je montre six nouvelles techniques avec deux n u n c h a k u s , introduisant des

7. Self-défense face à des agresseurs Quatre situations imaginaires qui montrent très clairement le caractère implacable et la capacité destructrice du nunchaku. La puissance d'impact du nunchaku est telle que pour la réalisation de cette vidéo, nous avons été obligé d'utiliser des nunchakus en mousse avec des cordes, qui sont les plus légers et dont l'impact est donc moins puissant, mais même comme ça, ceux qui jouaient le rôle des agresseurs devaient porter des casques de protection sur le visage. Convaincu et désireux que cette vidéo vous permette de continuer d'apprendre plus de techniques et de possibilités de maniement du nunchaku, je vous présente ce deuxième volume de mon système. Il convient de pratiquer d'abord avec le premier volume « The Method from 0 to 100 » et de dominer pas à pas chaque technique avant de passer à la suivante, même si, comme c'est logique, les individus prendront plaisir et réaliseront plus facilement certaines techniques plutôt que d'autres. Mais l'important c'est de prendre plaisir à l'entraînement, de bien tirer parti du temps et d'apprendre avec une bonne méthode. J'espère que vous aimerez ce deuxième volume pour pratiquants avancés. Je voudrais remercier monsieur Tucci et toute son équipe de nous avoir si bien traité, que ce soit mes élèves ou moi-même, et de nous offrir la possibilité d'atteindre des pratiquants du monde entier pour que ce soit eux qui jugent de la validité de mon système.

17


« Elles permettent d'atteindre une maîtrise et une grande dextérité, d'atteindre ce qui semble impossible avec naturel et un véritable contrôle des formes et des combinaisons les plus extraordinaires. »

« Un bon système doit être capable de nous conduire rapidement, sans détours, à la maîtrise du style, de l'arme ou de la technique à apprendre. » 18


Arts Martiaux

19


P

endant des siècles, le Ju-Jutsu fut l'un des arts martiaux de l'armée japonaise qui le conserva parmi ses disciplines de référence jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale. Son origine se perd dans la nuit des temps, nous laissant des indices permettant de penser qu'il a surgi en Inde ou encore qu'il vient des Indo-Japonais. D ' u n e m a n i è re o u d ' u n e a u t re , l'art souple et flexible, tel qu'on traduit « Ju-Jutsu », diffère beaucoup de la forme présentée à l'époque contemporaine. Le Ju-Jutsu traditionnel est inclus dans le programme du Koryu qui essaye de conserver les formes classiques initiales.

20

L'ancien art martial cherchait à conserver la pensée vive du Bujutsu en tant que propriété défensive sur les champs de bataille. Il ne peut pour cela être considéré comme un sport ni comme moderne. Par définition, une méthode de combat sans arme représente une manière systématique et ingénieuse d'appliquer le corps humain comme arme. Ce type de combat sans utilisation d'armes fut adopté en premier lieu pour résoudre les problèmes d'affrontements violents. Les combats armés et désarmés semblent avoir coexistés depuis toujours, complétant, intégrant ou substituant l'un à l'autre en fonction de la demande de l'époque, du lieu et des circonstances.

De fait, l'observation démontrait que le corps humain pouvait opérer habilement dans le combat comme une arme primaire et que la maîtrise de ses éléments et fonctions était capable de permettre qu'un homme en domine un autre violemment, en plus de l'appliquer également pour la propre défense. Chaque école suit son lignage technique et les Seiteigata qui furent opportuns dans le passé. Cette conservation a engendré, de nos jours, des doutes et des conflits intenses entre maîtres et élèves. Il est naturel et compréhensible que cela se produise, compte tenu du fait qu'avec l'arrivée de la modernité et des nouvelles méthodes pour emprisonner (menottes, liens), le Torite, qui représente le passé


21


Arts Martiaux Japonais sous forme de techniques, est considéré du point de vue de l'efficacité comme un moyen presque obsolète et par conséquent, remis en question ou abandonné. La non compréhension provoque un conflit. Le conflit engendre l'insatisfaction vis-à-vis de la pratique. Mais personne ne peut nier que nous sommes à une époque de transformations intenses et de nouvelles consciences dans le monde des arts martiaux. L'Orient s'occidentalise et l'Occident s'orientalise. Peut-être que les sociologues et les penseurs l'avaient prévu. Nous n'avons plus l'hégémonie ni la suprématie d'aucune race ou peuple pour aucune de leurs caractéristiques culturelles. De fait, on est arrivé à l'ère de la globalisation. Le temps est révolu où les Japonais étaient les meilleurs dans leurs arts. Divers Occidentaux ont prouvé qu'une chose était la tradition et une autre la réalisation, la compétence. Une grande quantité de Japonais cherchent dans des maîtres occidentaux des réponses à leurs aspirations et à leurs désirs et le rêve de devenir Uchi-Deshi de tel ou tel maître simplement pour faire partie d'un arbre généalogique n'existe plus. Nos esprits et nos âmes sont de plus en plus exigeants et c'est bien ! C'est excellent ! Historiquement, nous pouvons sans doute dire que le Ju-Jutsu est l'un des arts martiaux pionniers au Japon. Malgré tout, pour la réalité actuelle, son efficacité, comme pour tout, devient relative. Tout dépend de tel ou tel facteur. Je dois cependant dire que le plus intéressant et ce qui n'est là pas relatif, c'est son aspect de recherche parmi ses caractéristiques. Sa pratique doit être beaucoup plus une recherche qu'une impulsion. Nous pouvons dire que dans le fond, le Ju-Jutsu a une vertu à laquelle il ne manque rien, il est absolu en lui-même. Pour cela, malgré le fait qu'il soit fermement établi en tant qu'art de la guerre, il est toujours en mouvement. Nous cherchons ce qu'est ce mouvement parce que son mouvement relatif n'est pas le même que celui de l'être humain. Ce mouvement auquel se référait Dokai est l'essence de tout mouvement. Éclairons ce que signifie cette affirmation, « toujours en mouvement ». « Toujours en mouvement » propose avec ça l'éter nité. Dans ce mouvement ici mentionné, « toujours » est beaucoup plus rapide que le vent, mais ceux qui vivent dans le Ju-Justu ne sentent pas qu'il bouge et ne sont en aucune manière conscients de ce mouvement. S'étant conservé à travers l'histoire, ses formes opèrent dans la modernité, désenchaînant une série de formes de Jiu-Jitsu. Nous pouvons voir du point de vue du Haragei que celui qui reste endormi n'est pas conscient d'un tel mouvement. Le mouvement à peine corporel n'est rien comparé au mouvement

22

que la pensée apporte. Mais malgré cela, tout est relatif ! En ce qui concerne les anciennes techniques, nous devons considérer qu'étudier, ce n'est pas simplement réaliser un mouvement, c'est connaître son essence. Il faut cependant rappeler que la valeur historique n'existe que si la pensée également est conservée. Chaque voie (Ryu) de Seitei possède une explication spécifique et une ligne directrice qui favorise la conservation des raisons pour lesquelles telle technique est exécutée de telle manière, suivant tel angle, avec tel bras, etc. Torite se réfère à enfermer, capturer. Réaliser des techniques de Hayanawa, de capture, ou même des séries spécifiques, n'est pas une caractéristique du facteur d'ancienneté ni un amoindrissement de l'effort de ceux qui les développent à cette époque contemporaine. Mais la fonction du Seiteigata, principalement du Torite, c'est de conserver la manière de travailler de la police d'autres époques. Conserver comme fond anthropologique les différentes manières de capturer et de réagir dans une situation similaire. Et comment pouvons-nous savoir que ce que nous faisons est correct, que c'est véritable. Il est très difficile en réalité de vérifier ce qu'on faisait réellement à ces époques, nous pouvons seulement suivre le courant qui arriva jusqu'à nos jours. On ne peut donc ôter tout mérite à ceux qui essayent d'une certaine manière de faire quelque chose de semblable. C'était la procédure d'une époque et il est naturel que chaque professeur la réalise à sa manière. Mais il faut cependant rappeler que quelqu'un s'est efforcé de les maintenir tels quels. Le monde évolue et avec lui certainement de nombreuses nouvelles manières de faire surgiront et il est important qu'elles surgissent pour que la nouveauté puisse renouveler d'anciens concepts. Quand nous parlons de conservation, n o u s n o u s référons à la protection

contre la détérioration. Beaucoup de maîtres croient que la conservation doit surgir, en premier lieu, à l'intérieur de celui qui pratique les formes anciennes. Autrement dit, nous devons nous concentrer pour contrôler la pensée. Dans ce cas spécifique, se concentrer c'est purement résister, c'est construire une muraille autour de soi-même pour protéger un point de vue sur une idée, un principe, une image, ou quoi que ce soit, excluant tous les autres. Il est évident que dès le moment où ces formes sont destinées à une pratique réelle -Kakuto no Bujutsu- tout forme qui perfectionne est bienvenue ainsi que ses modifications. Il faut bien séparer ces deux aspects. Certains affirment que c'est une question morale pour la pratique.


REF.: • LONG6

REF.: • KYUSHO17

Nouveautés DVD´s Arts Martiaux

REF.: • TMNUN2

Parmi les textes classiques d’arts martiaux plus anciens, le Bushibi brille de son propre clat. Le ma tre Pantazi r alise ce nouveau travail pr cis ment centr sur la r cup ration des cl s traditionnelles des six mains Ji du Bubishi appliqu es aux techniques sp cifiques sur les points vitaux. Bien que ces positions des mains soient uniques et leurs effets tr s intrigants, il est presque impossible de les pratiquer avec les m thodes actuelles. Il existe cependant un espoir car ces mains Ji peuvent constituer une m thode parfaite de transmission de l’adaptation plus moderne des applications de Kyusho. En attaquant ces structures, on permet une neutralisation plus imm diate comme cela se produisait avec l’ancienne m thode du Dim Mak, mais sans causer proprement parler aucun maladie ni aucun autre effet destructeur. Apr s des dizaines d’ann es de recherche et d’entra nement, ces m thodes secr tes se sont av r es aptes pour neutraliser et repr sentent le raffinement des m thodes d’attaque. Elles nous ont pouss refermer le cercle pour comprendre les formes anciennes et viter qu’elles ne se perdent avec le temps ou par ordre des hommes.

DVD: €35 C/U NOUVEAUTÉS DU MOIS!!!

Rarement un ma tre d’art martial atteint la dext rit dans plusieurs styles en plus du succ s sportif comme ce champion du monde de Taekwondo. Toni Moreno est un expert martial extraordinaire. Et il n’est pas seulement exceptionnellement dou pour la pratique et la comp tition, c’est en outre un homme r fl chi qui est parvenu cr er l’une des m thodes les plus efficaces et les plus rapides pour apprendre dominer une arme aussi complexe et polyvalente que le nunchaku. Dans ce DVD, volution logique de son premier travail, Toni approfondit le syst me avec des techniques nouvelles et plus complexes de changement de direction, changement de main, roulement, double nunchaku, coups encha n s, selfd fense et il d bute l’enseignement des l ch s, l’une des caract ristiques les plus frappantes du maniement de cette arme. De nouvelles techniques donc, certaines d’un extraordinaire difficult , d’autres v ritablement spectaculaires et d’autres apparemment plus simples et plus pratiques qui vous d voileront de nouvelles dimensions dans la ma trise de votre nunchaku. En d finitive, atteindre ce qui para t impossible avec naturel et un v ritable contr le des formes et des combinaisons les plus extraordinaires.

Dans ce travail, suite de celui qui fut r alis en 1998 et largement critiqu , le ma tre Longueira pr sente une nouvelle mani re d’interpr ter l’A kido, la voie martiale que transmit O Sensei des ma tres comme Mochizuki. Est-elle pour autant moins valable que celle transmise au Doshu ? Ouvrons les yeux ! Dans un combat r el, Uke n’est pas tol rant, il n’accepte pas les techniques, Uke est l’ennemi et nous devons choisir entre gagner ou tre vaincu. Voici le changement d’attitude que propose l’A kido Longueira-Ryu, on ne vainc pas avec le Ki mais avec la pens e et avec le corps, en combattant avec une id e claire : gagner. Longueira a r cup r , pour ce DVD, une partie de l’identit martiale oubli e, incorporant des techniques de sol, avec des immobilisations et des Sutemis, et des techniques de gants o l’on peut appr cier la rapidit de l’ex cution, mais aussi une v ritable intention de Uke de nous faire du mal. Un chantillon de l’A kido Combat qui se termine avec le plein combat, sans protections (car les connaissances techniques et les habilet s les ont rendus inutiles) et o on pratique en respectant la tradition d’un A kido martial, un A kido efficace Un art martial !

COMMANDEZ À: BUDO INTERNATIONAL V.P.C. TÉL: 04 78 58 48 31 FAX: 04 78 72 39 04

Tous les DVDs produits par Budo International sont scell s au moyen d une tiquette holographique distinctive et sont r alis s sur support DVD-5, format MPEG-2 (jamais VCD, DICX ou similaires). De m me, l impression des jaquettes ainsi que les s rigraphies suivent les plus strictes exigences de qualit . Si ce DVD ne remplit pas ces crit res et/ou si la jaquette ou la s rigraphie ne co ncide pas avec celle que nous vous montrons ici, il s agit d une copie pirate.


le nouveau gé nie du MMa Les bourses des paris l'indiquent et personne ne pourrait imaginer comment ! Le jour où il fêta ses 23 ans et 8 mois de vie, Jon Jones mit le public en extase à l'UFC 128, en renversant sans égards et sans pitié le champion Mauricio Shogun, lui arrachant la ceinture des mi-lourds, 41 jours après son précédent combat. Dans ce reportage, Budo observe à la loupe ce nouveau génie du MMA.

Texte : Colin Foster & Marcelo Alonso Photos : UFC

« L'audace, la tranquillité et la confiance dont il a fait preuve m'impressionnèrent. » Minotauro « Il a fait tellement de choses incroyables qu'il ne lui manque plus que de mettre un enfant au monde sur l'octogone. » Dana White

24


Grands Combattants

Le champion renversé Jon Jones satisfit largement les expectatives de la presse américaine et montra des techniques bien au-delà de sa spécialité, le Wrestling. Pour commencer, défiant le champion, il fit cadeau à Chogun d'un coup de genou sauté qui l'étourdit pour le reste du combat. Puis, sans se presser, il lui envoya un mélange de coups de pied hauts, de coups de coude et de coups de poings enchaînés. Possédant la plus grande taille de l'histoire de l'UFC avec ses 2m15 de haut, Jones maintint Shogun en distance comme le fait un adulte avec un enfant, en tendant seulement le bras et en observant les coups de poing inutilement envoyés en l'air jusqu'à ce que ceux-ci s'épuisèrent de fatigue. Jouissant de l'extase du public, il s'exhiba ainsi pendant près de trois rounds, alors qu'il aurait pu terminer bien avant le combat, jusqu'à ce que le Brésilien ne s'écroule sur l'octogone, complètement épuisé et notoirement battu.

Jones attint Shogun 102 fois et ne fut frappé qu'à 11 reprises À la fin du combat, Jones montra ce que ce titre signifiait pour lui en caressant la ceinture des mi-lourds tout en parlant. Une chose était claire, un phénomène de l'UFC et du MMA se consolidait là, un géant capable de conserver le précieux trophée en sa possession pendant de nombreuses années Ensuite, au cours de l'interview, il reconnut : « Ce fut sûrement mon intervention la plus complète ». Le site des statistiques du MMA, FightMetrics, révéla des numéros impressionnants : Jones lança 102 coups en 12 min 37 s de combat, alors que seuls 11 coups l'atteignirent. Le nouveau champion renversa Shogun une fois et le frappa 70 fois à la tête. En plus d'être offensivement brutal, il fit preuve d'une défense parfaite les rares fois où il fut attaqué et ne permit qu'un low-kick au Brésilien.

Cajolé par l'Amérique La semaine suivante, « Bones » était reçu par Jay Leno, présentateur de télévision du programme « Tonight Show », l'un des spectacles de plus grande audience aux États-Unis et il reçut une ovation du public présent. Il parla avec une grande facilité et se souvint d'un épisode antérieur à l'UFC 128, où il poursuivit et arrêta un voleur. Il raconta des choses curieuses de sa vie et flirta avec la présentatrice, Kristie Alley, faisant preuve d'un charisme et d'un potentiel médiatique qui font de lui le phénix de l'UFC.

Qui est Jon Jones ? La foi permettant de surmonter une tragédie familiale Né dans le petit village d'Eddincont, New York, Jon Jones fut éduqué dans une foi profonde. Écoutant les sermons de son père, pasteur d'un église pentecôtiste, il put surmonter la perte de sa sœur aînée, Carmen, qui mourut d'un cancer cérébral alors qu'elle était sur le point de fêter ses 18 ans. Johnny n'avait que 12 ans.

Des frères sportifs Arthur Jones, de 24 ans, joue à la NFL, la ligue de football américain des USA, avec l'équipe des Baltimore Ravens. Chandler, également joueur de football américain, est en première année à l'Université de Syracuse, dans la même faculté qu'Arthur. Contrairement à ses deux frères, Johnny n'attint pas la NNCA (football américain universitaire), mais il

25


eut du succès au Junior College et remporta le championnat collégial pour l'Iowa Central Community College, en 2006. Il se trouve pour cette raison au Hall of Fame du Wrestling.

Hommage à sa sœur Jon Jones a rendu divers hommage à sa sœur décédée. Sa deuxième fille, née en 2009, s'appelle Carmen (la première porte le nom de Leah). Il essaya également de tatouer son nom en japonais sur le torse mais il le couvrit ensuite avec un « guerrier pacifique ». Et sur la poitrine, il s'est fait tatouer le verset 4 :13 de l'épitre aux Philippiens de la Bible, son préféré : « Je puis tout en Celui qui me rend fort ».

Carrière météorique Ses débuts au MMA eurent lieu en avril 2008, quand il remporta deux combats en cinq jours, l'un d'eux contre le Brésilien Carlos Eduardo. Une série de six victoires en suivant le conduisit jusqu'à l'UFC et au cours de son premier combat, il battit un autre Brésilien, André Gusmão. Pour atteindre le titre, il battit entre autres Brandon Vera, Vladimir Matyuschenko et Ryan Bader. Le surnom de « Bones » lui vient de l'époque où il jouait au football américain à l'école. L'armure accentuait tellement l'extrême maigreur de ses jambes qu'on aurait dit rien que des os.

Versatile et pas réglo ? Il est difficile de décrire le jeu de Jon Jones. En plus du Wrestling, il est également champion de Kickboxing. Ses longues jambes, ses coups de poing et ses coups de coude en rotation font échouer n'importe quel plan de jeu. Sa seule défaite, face à Matt Hamill en 2009, lui donna la réputation d'un combattant ne jouant pas franc jeu. Ayant été averti et sanctionné, Jones utilisa des coups de coudes illégaux de haut en bas plusieurs fois, l'adversaire étant au sol avec le nez déjà cassé. Il fut disqualifié. Dans d'autres combat, y compris son combat contre Shogun, il fut critiqué pour sa violence dans les coups et pour l'usage excessif des coudes. Dana White considère que c'est un intimidateur.

Des déclarations qui expliquent pourquoi il est devenu ce qu'il est… Cette manière de faire de Jon Jones fut un sujet fréquent de conversation parmi les combattants. Nous avons été cherché des déclarations des grands noms du MMA mondial qui n'ont pas hésité à affirmer que ce jeune américain était spécial.

26

Dana White, président de l'UFC « Je croyais que son manque d'expérience pourrait être un problème, mais sa maîtrise sur Shogun m'impressionna. Shogun est un lutteur malin, expérimenté, qui a affronté les meilleurs de sa catégorie, au cours des 10 dernières années et c'est un boxeur qui cherche à conclure et qui attaque. Jones s'est tout simplement débarrassé de ça, il a maîtrisé le combat et en a fini avec lui. Il a fait tellement de choses incroyables qu'il ne lui manque plus que de mettre un enfant au monde sur l'octogone. »

Junior Cigano, deuxième place au ranking des poids lourds « J'ai été impressionné par la manière dont il a dominé le combat contre Shogun à tous points de vue. Après ce que j'ai pu voir, je crois qu'il règnera dans cette catégorie pendant longtemps. »

Rodrigo Minotauro « L'audace, la tranquillité et la confiance dont il a fait preuve m'impressionnèrent. Il est calme, bon athlète, il maintient bien la distance en fonction de sa taille et sait jouer en distance courte du fait de sa préparation avec Grego Jackson. Mais ce qui m'impressionna le plus, c'est comment il a progressé à l'échange depuis son dernier combat. Ce gars est complet ! »

José Aldo, champion des poids plume de l'UFC « Jon Jones a prouvé qu'il était très intelligent, il est arrivé à un très bon moment à ce combat contre Shogun et il en a profité. Shogun manquait de rythme, ce que Jones a su utiliser en sa faveur. C'est un grand champion. »

« Le surnom de « Bones » lui vient de l'époque où il jouait au football américain à l'école. L'armure accentuait tellement l'extrême maigreur de ses jambes qu'on aurait dit rien que des os. » Le nouveau champion raconte Jon Jones est très différent de la majorité des jeunes de son âge. Non seulement parce qu'il est champion des MMA dans la catégorie la plus disputée au monde, mais également pour la facilité avec laquelle il s'exprime et pour sa maturité. Tout comme dans le combat, il ne fuit pas les questions. Voici certaines des principales déclarations du nouveau propriétaire de la ceinture des mi-lourds


le nouveau gé nie du MMa de l'UFC, immédiatement après sa victoire sur Shogun.

Variété des coups utilisés dans ses combats

Humilité

« J'ai appris une bonne partie de ces coups sans aucun entraîneur, en cherchant sur YouTube. Alors que les gens commençaient par l'élémentaire, le “1-2-jab, 1-2-jab”, je cherchais des images des coups de poing en rotation. » Conférence de presse

« Il y a trois ans seulement, j'étais à l'université et j'essayais de gagner un peu d'argent. Je me souviens que je n'avais pas de quoi aller à la maison pour Noël, je sais donc ce que c'est que d'être de l'autre côté du grillage. Avoir cette ceinture et être champion du monde ne fait pas de moi quelqu'un de meilleur que d'autres. Je sais comment vivre avec ça. Ça fait partie de mon rêve, ça suppose la sécurité économique pour ma famille et je ne vais permettre à personne de me l'ôter. » - UFC.com

Une possible « ère Jones » en vue « Non, je ne crois pas à une nouvelle ère. Je crois en celui qui travaille dur, en celui qui fait un solide entraînement pour gagner et, pour ça, je me prépare. Dans le combat, je me suis senti bien, je me suis senti en pleine forme. J'ai été béni pour savoir utiliser le don reçu. C e fut mon intervention la plus complète. » ESPN

Grego Jackson « C'est un grand entraîneur, il tire le maximum de nos habiletés, il traite chaque athlète individuellement, en changeant de petites choses en fonction de chacun. Il m'a enseigné à ne pas être prévisible, à alterner les coups de haut en bas, en rotation… »

Exposition excessive aux contre-attaques « Je ne suis pas excessivement préoccupé du danger que représentent ces coups, je les considère comme imprévisibles. Dès que vous commencez un de ces mouvements, les gens veillent à défendre leur tête plus qu'à vous attaquer. »

27


Look Mai Muay Thai Erawan armi les nombreuses stratégies de combat développées par les maîtres du combat siamois pendant plusieurs siècles, de 1600 jusqu'au siècle dernier, les techniques avancées, portant habituellement le nom collectif de Look Mai Muay, Thaï attirent l'attention. Chacune d'elles, tout comme les stratégies plus simples, Mae Mai (ou techniques élémentaires), contient de nombreux principes de combat qui, une fois décodés, dotent le boxeur d'un vaste bagage technique utilisable à chaque occasion. Nous examinerons ici en détail la Look Mai numéro 1 (suivant la codification universellement acceptée par tous les Arjarn thaïlandais). La technique s'appelle Erawan Soei Nga ce qui littéralement veut dire « Erawan (l'éléphant à trois tête) frappe avec sa défense ». D'après une analyse superficielle, cette action présente un ou plusieurs coups de poing qui, portés de bas en haut au visage ou au corps de l'adversaire, évitent une attaque impétueuse. En réalité, chaque Look Mai nous donne l'occasion d'un examen détaillé d'un monde rempli de traditions culturelles ancestrales, de techniques martiales sophistiquées et de connaissances médiales précises.

P

L'origine Le nom hindou de Erawan est Airavata, le mythique éléphant blanc. L'éléphant est la monture des rois, il est symbole de pouvoir royal, de pouvoir de domination. De fait, Indra, Roi du Ciel, chevauche l'éléphant Airavata. D'après la tradition, il a quatre défenses et sept trompes et est complètement albinos. Il est associé à l'eau et à la pluie, car le puissant éléphant submerge sa trompe dans l'eau du monde souterrain et l'expulse vers le ciel, créant les nuages qu'Indra frappe, faisant pleuvoir et mettant en contact ainsi les deux mondes, le monde du ciel et le monde souterrain. Erawan, la version thaïlandaise de Airavata, est représenté comme un énorme éléphant à trois têtes (dans certaines versions, il en a jusqu'à 33), chaque tête avec deux défenses ou plus. Dans cette version, Erawan est également la monture du dieu Indra.

Le véritable protagoniste En plus de jouer un rôle fondamental dans les activités pratiques des Thaïlandais, dans la tradition et depuis toujours, les éléphants ont pris le sens d'une grande spiritualité. Depuis des siècles, mentionnés pour la première fois dans les textes hindouistes et bouddhistes, ils ont joui d'un plus grand prestige que n'importe quel autre animal. La signification spirituelle des éléphants est attribuée à Ganesh, le dieu hindou de la connaissance qui dépasse les obstacles. Sa trompe est recourbée pour symboliser qu'il peut atteinte l'objectif suprême en contour nant les obstacles. La signification des éléphants blancs, les plus sacrés, plonge en revanche ses racines dans le bouddhiste. En Thaïlande, seul 28

le roi peut en posséder. L'importance du souverain, depuis Ramkamhaeng (XIIIème siècle) était évaluée en fonction du nombre d'éléphants blancs que celui-ci possédait.

La technique L'éléphant est un animal énorme, doté d'une puissance exceptionnelle. Il peut même, de fait, déraciner un arbre. Les techniques assimilées à l'éléphant naissent de l'observation de l'usage des défenses pour frapper et de la trompe pour dévier, frapper, saisir et rompre. L'usage de la trompe pour frapper de manière détendue mais puissante a été copiée par les Thaïs et utilisée pour développer le mortel Tae, le coup de pied circulaire typique du Muay Thaï, où la jambe est lancée sans être contractée ou pliée et ensuite tendue, comme dans les techniques de coups de pied d'autres styles orientaux (observer l'exécution de l'attaque du coup de pied dans le Mae Mai Hak Nguang Aiyara). Les défenses de l'éléphant sont des armes mortelles et ressemblent aux coups lancés avec les poings de bas en haut (comme Mahd Suhy dans Erawan Soei Nga) ou avec les coudes vers le haut ou vers le bas (dans l'attaque double Chang Prasan Nga). En plus des coups, la trompe peut également être utilisée pour palper, saisir et arracher les branches ou n'importe quel objet se trouvant devant l'éléphant. De la même manière, on saisit les jambes de l'adversaire et on tire sur elles pour provoquer sa chute (comme dans la technique Kotchasan Kwang Nguang). Finalement, le pied de l'éléphant peut écraser n'importe quoi avec des effets destructifs. De la même manière, le coup de talon contre un adversaire au sol est fréquemment une technique définitive.

Les point vitaux La mâchoire ou os maxillaire inférieur constitue la partie inférieure du visage et maintient les dents à leur place. Le nerf alvéolaire inférieur, branche mandibulaire du nerf trijumeau, entre dans le foramen mandibulaire et se dirige vers l'avant par le canal mandibulaire, munissant les dents de sensibilité. Un puissant coup en cet endroit, surtout s'il est donné suivant un angle de 45º (comme c'est le cas quand on frappe avec la technique Erawan Soei Nga), peut provoquer une fracture de la mâchoire. Celui qui est victime de cette technique souffrira une douleur aiguë, aura du mal à ouvrir la bouche et pourra avoir les lèvres et le menton gonflés. La luxation de la mâchoire pourrait se produire avec fracture (ou en l'absence de celle-ci) si le coup était donné directement vers la partie la plus haute de l'os (vers l'oreille). Recevoir un coup quand nous avons la bouche ouverte (ne fut-ce que légèrement) augmentera les possibilités de luxation mandibulaire. Dans le pire des cas, un coup sec à la mâchoire peut également provoquer des blessures traumatiques au cerveau (lésions intracrâniennes).


29


Phases d'intégration du combat Il existe de nombreuses différentes entre apprendre à se battre, s'entraîner pour se battre, livrer un combat réel et apprendre à quelqu'un à se battre dans un but pratique. En Lameco Eskrima, nous avons quatre phases de développement combatif : phase d'apprentissage, phase d'entraînement, phase de combat et phase d'enseignement. Elles sont toutes vitales pour atteindre un développement combatif complet et chaque phase de développement est différente et unique en elle-même.

A

u cours de la phase d'apprentissage, nous construisons un système éducatif et nous y introduisons une série de mouvements élémentaires de combat. Au cours de la phase d'entraînement, nous renforçons ce qui a été construit au cours de phase d'apprentissage et nous l'actualisons à travers la méthode de l'essai et de l'erreur, toujours de manière réaliste et sous la prémisse de la cause et de l'effet, en changeant constamment la structure. Au cours de la phase du combat, nous mesurons l'effet des techniques dans le combat, nous mettons nos habiletés en jeu pour affronter les incertitudes d'une situation réelle, affrontant les conséquences possibles de nos actions ou de nos possibles actions ratées. Au cours de la phase d'enseignement, il nous faut nous efforcer de polir et de montrer notre véritable capacité de combat, tout en embrassant les dures conditions du combat, et nous responsabiliser de toute conséquence directe de nos actions dans le combat. Je vais parler maintenant de manière plus détaillée de chacune de ces phases.

Phase d'apprentissage C'est la phase au cours de laquelle sont développés les mouvements les plus élémentaires pour le combat, les qualités pour le combat et finalement les techniques de combat. L'apprentissage peut être lent ou rapide, s'ajustant à la capacité de chaque élève d'apprendre et d'assimiler ce qu'on lui enseigne et de situer cela dans le contexte du combat correspondant. Quand quelqu'un s'entraîne pour le combat, au cours de la phase d'apprentissage, les aspects développés les plus importants sont : le développement d'un système efficace de combat, des mouvements efficaces de combat et des mesures des mouvements appropriées pour le combat. Après un travail fonctionnel pour connaître les mouvements et les attributs, l'individu commence alors à développer un curriculum complet de techniques pratiques. Il apprend non seulement les points forts, mais également les points faibles inhérents à chaque techniques, ce qui devient rapidement quelque chose de nécessaire pour développer le potentiel de chacun et nous permet en outre de connaître nos faiblesses, un facteur qui aide à calculer le risque de nos propres actions. Le point le plus important de cette phase, c'est d'atteindre une compréhension claire et concise du matériel étudié et de développer les bases fonctionnelles et fondamentales des mouvements de combat et les attributs à travers lesquels nous pouvons essayer de lancer une attaque mortelle quand l'opportunité se présente. C'est un moment où l'on approfondit la relation entre le mouvement, la distance, la réponse à la contre-attaque, la récupération et la capacité technique pour obtenir l'effet approprié dans le développement combatif.

Phase d'entraînement La phase d'entraînement est destinée à situer la capacité combative de chacun dans une situation de combat réel, tout en affrontant les conséquences et les risques que cela implique. Au cours de cette phase, on introduit les principes d'agression, non coopération, contre-attaque, perception, réaction et récupération, pour obtenir un développement adéquat. Tout est entraîné en temps réel pour améliorer les

30

aspects du combat car les lois de la cause et de l'effet les gouvernent. C'est une phase où nous commençons à affronter les conséquences de nos actions et de nos non-actions - car l'échappatoire ou le doute sont des actions délibérées, pas très sages, mais qui n'en sont pas moins des actions. Nous sommes responsables de toutes les choses que nous choisissons de faire ou de ne pas faire sur le champ de bataille. C'est une responsabilité et un homme ne peut devenir un guerrier s'il ne devient pas responsable de ses actes et des choses qu'il évite de faire. Il ne faut pas confondre la phase d'entraînement avec la phase


d'apprentissage, parce que l'effet que l'on désire obtenir dans chaque phase est très différent. Dans la phase d'entraînement simplement on étudie, on expérimente, on assimile et on utilise toutes les choses qu'on a apprises et développées dans la phase antérieure. Une formule simple pour une prémisse simple : survivre. En Lameco Eskrima, le petit se transforme toujours pour devenir plus grand, de sorte que les guerriers les plus efficaces s'entraîneront dans l'intention de maximiser le dommage causé et de minimiser les risques. Plus ce que l'on fait est simple et naturel, plus les résultats obtenus seront efficaces. Après les attributs, ce que l'on doit assimiler, ce sont les mouvements généraux et la technique que l'on a apprise. Tout cela se transpose à un échange basé sur la réalité, ce qui implique affronter la résistance et l'adversité. En incluant cela de n'importe quelle manière dans le développement du combat, on obtiendra des résultats plus réalistes. La manière de s'entraîner est la meilleure manière de refléter comment nous répondrons quand nous affronterons une situation réelle de crise. Une règle dure et rapide de développement du combat, c'est que si nous n o u s

entraînons comme si notre vie en dépendait, nous combattrons comme si notre vie en dépendait… Parce qu'il en est tout simplement ainsi ! Au cours de la phase d'entraînement, la manière d'effectuer un développement approprié du combat, c'est de s'interroger sur le contexte de celui-ci. De cette manière, nous nous préparons à affronter honnêtement les réponses reçues. Nous commençons à agir en fonction de la nécessité au lieu d'agir en fonction de notre choix. La situation et le contexte de l'entraînement commencent à refléter les réalités du véritable contexte du combat. Celles-ci servent de modèle pour créer toutes sortes d'ambiance, pour que notre contexte d'entraînement se rapproche le plus possible du contexte réel d'un combat. Les choses qui peuvent se produire dans une situation réelle de la rue doivent être traitées de la même manière dans notre contexte d'entraînement du combat. Un environnement où l'on ne répond pas sous la pression et au milieu du chaos ne sera utile que si l'on omet des éléments de convenance et de confort et si l'on réagit sans avoir trop de temps pour le faire. Un sage affirma qu'aussi bien le guerrier qui pense qu'il va survivre au combat que celui qui pense qu'il va mourir a raison. La question pertinente est la suivante : lequel des deux guerriers êtes-vous ? Vivre ou mourir dépend de votre réponse et seule votre manière de vous entraîner vous prépare à être le guerrier que vous voulez devenir. S'entraîner pour avoir un esprit, un corps, une vie centrée sur un objectif : la survie.

Phase du combat Cette phase permet le chaos, la violence et la destruction pour gouverner et dicter de manière réaliste une réponse combative et éviter rien moins que la mort et nous permettre de survivre à une situation de crise dans la vie. La vérité combative nous parle clairement de cette phase de développement quand les véritables habiletés au combat de chacun, qui apparaîtront en toute certitude au cours de cette phase, nous permettent littéralement de mettre de l'ordre dans le chaos et de révéler toute erreur de nos capacités quand elles sont régies par les lois qui sont utilisées dans le combat réel. Pour nous, il est impératif de continuer d'évoluer dans le combat, de telle sorte que nous acceptons les prémisses du Jurement au cours de cette phase où, de pratiquants d'arts martiaux, nous devenons des guerriers. Nous avons tous besoin de devenir conscients que, même si notre ennemi tombe, agonisant à nos pieds, il se sera mort que lorsqu'il aura exhalé son dernier souffle. Tant qu'il ne l'aura pas fait, il sera toujours vivant et continuera d'être un danger pour nous et si nous lui donnons une opportunité, nous nous unirons à lui dans la mort. Au cours de cette phase de l'entraînement avec sparring, la lutte est un indicateur du combat, elle peut être la meilleure manière de savoir quels sont les effets réels de votre dextérité. La réalité de l'événement en lui-même et nos expériences collectives sont les meilleurs conseillers dans cette stimulation de la réalité. Dans la réalité, nous ne pourrons pas être plus efficaces que ce que nous sommes dans la situation de simulation. Seules nos habiletés détermineront si nous survivrons ou si nous périrons dans la rue si nous sommes obligés à défendre notre vie.

Phase d'enseignement Le but ultime de n'importe quel instructeur, c'est d'enseigner tout le nécessaire à ses élèves en leur montrant tous leurs points forts et aucune de leurs faiblesses. Mon objectif en tant qu'instructeur, c'est de préparer mon élève à la réalité du combat et de révéler la vérité du combat ainsi que de lui présenter toutes ses conséquences et de faire en sorte qu'il prenne la responsabilité de toutes les

31


actions qu'il réalise dans le combat. Moi-même, je deviendrai responsable non seulement des capacités combatives de chaque élève, mais encore de l'arrogance ou du manque de confiance en leurs habiletés. Ils doivent être conscients de leur véritable capacité pour le combat et ne pas se leurrer en pensant qu'ils sont des espèces de demi-dieux invincibles face à de simples être humains. Quand nous demandons à Dieu d'avoir la force, Il nous envoie des difficultés et ce n'est qu'en travaillant ces situations difficiles que nous apprenons d'elles et que nous grandissons pour devenir plus forts. Dieu ne nous donne jamais exactement ce que nous voulons, mais en revanche, il nous donne ce dont nous avons besoin. Il nous donne le sens de ce que nous devons transformer en ce que nous voulons à travers le travail, la détermination et la patience. Au moyen des tâches difficiles, de l'essai et de l'erreur, toujours gouvernés par la cause et par l'effet, nous apprenons à devenir des personnes plus fortes. L'entraînement n'est pas différent, nous voulons être efficaces mais pour y parvenir, nous devons nous entraîner avec une intention en temps réel et être capables d'affronter les conséquences de nos actions, les bonnes tout comme les mauvaises. La majorité des pratiquants semblent vouloir devenir de grands guerriers sans devoir combattre ni se mesurer à eux-mêmes au cours du processus. C'est impossible, ce n'est qu'à travers l'adversité et en expérimentant la dure réalité du combat que nous transformons des pratiquants d'arts martiaux en de véritables guerriers. Il y a une grande différence entre savoir comment se battre et être réellement capable de se battre. Beaucoup de gens savent comment se battre, mais très peu de ceux qui disent savoir le faire seraient capables de mettre en pratique avec un certain succès ces choses qu'ils disent savoir. Il n'y a pas de voie facile pour le succès, il n'y a pas de raccourci, vous devez suer et travailler avec diligence face à une grande quantité d'adversités, tout en vous défiant vous-même à développer au maximum votre potentiel au cours de l'entraînement.

32

Souvenez-vous que l'intégrité, c'est faire ce qu'on attend de vous, même si personne ne vous regarde. Nous devons donc nous entraîner pour les raisons correctes, pas pour impressionner les autres, mais pour développer un combat efficace, rien plus et rien moins. C'est à l'instructeur de conduire l'élève loin de l'ignorance sur la voie de la réalisation personnelle, de la confiance en soi, de l'habileté et de l'art martial. Dans l'analyse finale des choses, il s'agit en réalité de perception et de réalité. La simple réalité d'une situation de combat doit être suivie et préparée au-delà de ce que nous percevons comme réalité pour baser sur elle les exercices d'entraînement, des points de vue conceptuels basés sur l'acceptation et l'anticipation. Il est vrai qu'une situation de combat évoluera et présentera ses propres termes de sorte qu'elle vous indiquera la meilleure manière de l'affronter. Nous n'avons pas le choix, nous devons affronter la situation dans ses termes et pas dans les nôtres. Nous nous entraînons donc à affronter quelque chose d'incertain qui englobe une situation de combat et nous nous préparons à contrer n'importe quelle menace et tout ce qu'elle implique, aussi vite que possible.



Reportage Une soirée qui devait être une fête pour trois grandes vedettes du Jiu-Jitsu, Amaury Bitteti, Jorge Pereira et Crézio de Souza, mais dont on se souviendra pour l'affrontement où un élève débutant d'Eugenio Tadeu (Lutte Libre) battit incontestablement l'un des grands noms de l'école de Carlson Gracie. C'est ainsi qu'eut lieu le « Premier défi : Le Lutteur de Vale Tudo » réalisé le 19 décembre 1996 au Canecão, la plus grande salle des fêtes de Rio de Janeiro qui recevait, pour la première fois, un événement de Vale Tudo.

Eugenio Tadeu suit la recette Gracie En cette année où l'UFC se rend finalement au berceau du MMA, il est intéressant de rappeler les batailles passées qui ont contribué au développement du Vale Tudo pour arriver à son niveau sportif actuel. À la fin des années 1996, Yan Bonder, principal fondateur du magazine Tatame, qui venait de rompre avec l'un de ses associés du magazine, décida de sortir de là et de créer une nouvelle publication dams le domaine des combats (O Lutador - Le Lutteur) et s'associa avec Ricieli Santos, fameux promoteur des championnats de Jiu-Jitsu de cette époque pour créer un événement de Vale Tudo. C'est ainsi qu'est né « Premier défi : Le Lutteur du Vale Tudo ».

Le fait qu'Alan soit ceinture orange et pratiquât la Lutte depuis un peu plus d'un an poussa Crézio à accepter une différence de 8 Kg en faveur de l'élève de Tadeu. La rivalité entre les deux styles, plus grande encore après les trois victoires du Jiu-Jitsu sur la Lutte Libre au cours du sanglant Vale Tudo dans le quartier de Grajaú (Rio) en 1991, fit de la salle de Canecão un véritable baril de poudre quand les deux lutteurs montèrent sur le ring. La lutte commença par une domination très claire de Crézio qui passa une bonne partie des 10 minutes du premier round à frapper dans la garde Alan qui était en train de réaliser une tactique pour miner la ceinture noire. Avec la garde serrée et défendant une grande partie des coups de Crézio,

La soirée où la Lutte Libre vola au Jiu-Jitsu tout le spectacle

L'idée initiale de l'événement était de faire un super combat entre Crézio de Souza, considéré comme le poids léger le plus technique de Carlon Gracie et le symbole de la Lutte Libre, Eugenio Tadeu. « Quand ils me parlèrent du défi, j'ai fait comme faisaient les Gracie. J'avais déjà un parcours dans la Lutte, je m'étais battu contre Pitangui, Royler, Walllid et il me semblait que Crézio devait faire ses preuves avant de se battre contre moi. J'ai donc proposé qu'il se batte contre Alan Carvalho. S'il le battait, à l'événement suivant, je me battrais contre lui », se souvient Eugene Tadeu.

34

l'élève de Tadeu se mit à fatiguer son adversaire pour qu'il ne puisse plus le renverser au deuxième round. Et là, le combat commença à prendre une autre tournure. Plus grand et mieux préparé debout, Alan commença à prendre l'avantage à l'échange de coups.


Histoire Au bout de trois minutes du deuxième round, très fatigué et ensanglanté, Crézio s'assit en faisant la garde. À ce moment-là, Eugenio, entouré par Bustamante et Wallid, fut le centre d'une scène historique où il étreignit les deux rivaux. « On ne pouvait faire autrement, les coups de coude pleuvaient de partout, il valait donc mieux nous tenir par les bras, nous protéger ainsi les uns des autres et voir le combat », raconte Tadeu qui, quelques secondes plus tard, vit son élève conclure le combat avec des coups de poing de côté. Crézio était à quatre pattes, salement amoché et sans plus réagir. Pinduka interrompit alors le combat et octroya la victoire à l'élève d'Eugenio, qui vit actuellement aux États-Unis, mais ne vit pas de la lutte. « À partir de là, les gens du Jiu-Jitsu commencèrent à nous respecter un peu plus et j'ai commencé à préparer un athlète pour chaque catégorie du Jiu-Jitsu », se souvient Tadeu.

Le Jiu-Jitsu, une soirée peu inspirée La soirée ne fut pas vraiment des meilleurs pour le Jiu-Jitsu. Avant que Crézio ne perde face à l'élève d'Eugenio, la ceinture noire de l'Académie Barra Gracie, Jorge Pereira, perdit plusieurs positions (montées et de dos) jusqu'à arriver dans le dos d'Egidio « Ombre de la Nuit » pour le finaliser avec un mata-leão. Dans le combat principal de la soirée cependant, entre Amaury Bitetti et le kick-boxeur nord-américain Maurice Travis, Bitetti entra très nettement déconcentré après la défaite de son ami Crézio et, bien qu'étant 10 Kg plus lourd que son adversaire, il ne parvint pas à vaincre le nord-américain avec la facilité que tous espéraient. La ceinture noire de Carlson Gracie en vint à perdre une montée, mais ensuite il renversa de nouveau, revint à la montée et après une série de coups de poing, soumit Travis avec un mata-leão au bout de trois minutes de combat. Dans les deux autres combats de l'événement, Henrique Lango (Freestyle) obligea Claudionor Fontinelli (Muay Thaï) à se retirer avec des coups de poing depuis la montée, à dix minutes du premier round, tandis que le boxeur Sergio Gaucho battit Paulo de Jesús (Kick-Boxing) avec des coups de poing depuis la montée à 5 min 10 s (Paulo s'enfuit du ring).

Un ordinateur pour payer les bourses À la fin de l'événement, comme il était habituel à l'époque, les comptes ne s'ajustaient pas. Y contribuait la mentalité dominante chez les gens du Jiu-Jitsu de l'époque : ils étaient tous amis et ne payaient pas d'entrée. Cela finit par empêcher Yan Bonder et Ricieli Santos de vendre assez d'entrées pour payer les bourses. Alors que la salle Canacão était presque pleine, seuls 130 assistants avaient payé une entrée, ce qui ne permettait de payer d'à grand-peine la bourse du nord-américain Travis. Résultat : pour payer les autres bourses, les promoteurs durent vendre une voiture de toute urgence. À la fin, il restait encore à payer la bourse de la grande vedette de l'événement, Alan Carvalho de la Lutte Libre. « Je sentais que la corde allait se rompre par son côté le plus faible, il payèrent à tous ceux du JiuJitsu, il ne manquait que Dedé et mon gars, qui avait donné le principal spectacle de la soirée et il n'allait pas être payé. J'ai donc adopté une attitude plus catégorique. Je suis allé dans leurs bureaux et j'ai emporté quelques ordinateurs. Grâce à Dieu, tout s'est rapidement résolu et ils s'acquittèrent de leurs obligations envers nous », se souvient Eugenio. Quelques mois plus tard, le magazine « O Lutador » fit faillite et le principal responsable de l'idée du magazine Tatame, le talentueux Yan Bonder, finit par abandonner définitivement le marché éditorial des combats.

35


REF.: DVD/HWA1

REF.: DVD/IAIDO1

REF.: DVD/IAIDO2

REF.: DVD/JH2

REF.: DVD/JH3

REF.: DVD/JH4

REF.: DVD/HATSU2

REF.: DVD/HATSU1

REF.: DVD/IAIDO4

REF.: DVD/JO

REF.: DVD/GUMDO

REF.: DVD/IAIDO3

REF.: DVD/BUGEI2

REF.: DVD/BUGEI3

REF.: DVD/EBUGEI4

REF.: DVD/GOULD1

REF.: DVD/GOULD2

REF.: DVD/GPX

REF.: DVD/FLE

REF.: DVD/BUGEI1

REF.: DVD/BC1

REF.: DVD/GAYLORD

REF.: DVD/FY1

´s ARTS MARTIAUX

DVD: C/ U

€35,00 U


REF.: DVD/KYUSHO12

REF.: DVD/HUB3

REF.: DVD/LILLA

REF.: DVD/CHIAO3

REF.: DVD/CHANG

REF.: DVD/KYUSHO13

REF.: DVD/KYUSHO11

REF.: DVD/HUB2

REF.: DVD/KYUSHO10

REF.: DVD/KYUSHO9

REF.: DVD/CHIAO2

REF.: DVD/KYUSHO14

REF.: DVD/HUB1

REF.: DVD/NT1

REF.: DVD/NT2

PRIX: €27

REF.: DVD/KYUSHO8

REF.: DVD/KYUSHO7

REF.: DVD/KYUSHO6

REF.: DVD/KYUSHO5

REF.: DVD/KYUSHO4

REF.: DVD/KYUSHO3

REF.: DVD/KYUSHO2

TITULO: KYUSHO JITSU

REF.: DVD/KENDO2

REF.: DVD/KENDO

REF.: DVD/KAJ4

REF.: DVD/KAJ6

REF.: DVD/KAJ5

REF.: DVD/KAJ3

REF.: DVD/KAJ2


Weng Chun

38

Le travail corporel secret de Saam Pai Fat – Première partie

Hong Kong 1986 - Le Saam Pai Fat entre dans ma vie

Augmentez votre pouvoir martial en apprenant le travail corporel secret du Weng Chun : Saam Pai Fat, « Trois révérence à Bouddha ». Explorez sa sagesse et sa signification spirituelle avec le pionnier du Weng Chun, le maître Andreas Hoffmann, qui s'en alla à Hong Kong dans les années 80 pour un apprentissage intrépide avec les derniers maîtres du Weng Chun.

Mon maître de Wing Chun voulait me présenter Wai Yan, le grand maître de Weng Chun Kung-Fu. Nous nous trouvions dans la grouillante Waterloo Road, face à un marché. C'est là exactement, au milieu de toutes ces boutiques, que se trouvait La Mecque du Weng Chun, la Dai Duk Lan, où tant de maîtres célèbres s'étaient battus et entraînés. J'avais 19 ans et j'aspirais à apprendre le Kung-Fu original chinois. Dans l'un de ces locaux, deux honorables vieillards faisaient Kiu Sao. Je connaissais un exercice similaire de mon Wing Chun Chi Sao, mais ces maîtres le faisaient d'une autre manière, ils utilisaient tout leur corps dans chaque mouvement, même s'il s'agissait d'un petit mouvement, ce qui rendait leurs mouvements très souples et puissants. Tout semblait très harmonieux et mon cerveau entraîné au Wing Chun se demandait s'ils étaient aussi efficaces. Était-ce suffisamment rapide ? Le poing direct n'était-il pas la connexion la plus courte avec mon adversaire ? En outre, il était impressionnant de voir comment ces maîtres combinaient sans effort les coups de poing, les coups de pied, les renversements et les saisies. Le grand maître Wai Yan nous donna alors la bienvenue, il me présenta à son élève, le grand maître Lau Chi Long, et m'invita à faire un combat d'entraînement contre lui. J'acceptai. Dans mon orgueil juvénile, je pensais : « S'il savais combien je suis bon… Mais je ferai attention à lui car il est très âgé… » Quand j'affrontai le vieux maître, la chose fut complètement différente. Tout ce que je faisais était utilisé par le grand maître Wai Yan qui utilisait ma propre force contre moi et utilisait mon corps comme la force du levier, faisant d'étranges mouvements en arc pour me renverser, pour me saisir ou encore pour me frapper depuis un meilleur angle. Les attaques directes terminaient toujours en l'air et pour le grand maître Wai Yan il semblait que me saisir était un plaisir. C'est la première fois que j'ai pu me rendre compte du pouvoir de l'application de Saam Pai Fat. Après cela, je suis devenu élève du grand maître Wai Yan au fameux Dai Duk Lan et, suivant la tradition (Baisi), j'ai commencé à m'entraîner à Saam Pai Fat face à un vieux mannequin de bois.


Le nom de Saam Pai Fat vient des guerriers bouddhistes de Shaolin Que signifie Saam Pai Fat ? Pour nous, bouddhistes pratiquants de Chan (Zen), Saam Pai Fat était et est un exercice quotidien élémentaire de révérence à Bouddha, Dharma et Sangha. Bouddha comme le symbole de notre potentiel ; Dharma, les enseignements pour l'atteindre ; et Sangha, tous les gens qui sont sur la même voie. Les exercices quotidiens de révérence font de votre corps une machine puissante et cela purifie et concentre votre esprit. Toutes les voies de la sagesse Shaolin se concentre dans une forme et c'est pour cela qu'on lui donne ce nom : Saan Pai Fat. Saam Pai Fat = Saam : trois fois, Pai : révérer et Fat : Bouddha. Saam : Trois positions pour Bouddha possédant une signification spirituelle Dharma et Sangha, posture pour le concept du Ciel, de l'Homme et de la Terre du Wing Chun. Pai : Faire la révérence donne au pratiquant un modèle clair de l'outil d'entraînement dont il a besoin pour le combat, la selfdéfense et le travail corporel d'un point de vue pluridimensionnel. Bouddha est le symbole de l'éveil du propre potentiel pour protéger, soigner, inspirer et appuyer d'autres êtres.

Saam Pai Fat dans le Weng Chun D'après la tradition orale du maître Wai Yan et de la famille Lo, Saam Pai Fat devint la forme la plus importante du Weng Chun parce que les concepts de Saam Pai Fat constituèrent le cœur et le signe des autres formes et mouvements. Historiquement, les guerriers Shaolin enseignèrent Saam Pai Fat dans les jonques rouges et les ancêtres de la Jonque Rouge l'enseignèrent uniquement à des élèves élus. Les autres élèves devaient se contenter des autres formes et concepts. Fung Siu Ching, héros du Weng Chun, n'enseigna Saam Pai Fat qu'à ses élèves particuliers, les frères Lo. Fung Siu Ching souffrit une grave maladie et fut guéri par la famille Lo. Il choisit alors ces frères pour en faire ses successeurs. La famille Lo et le grand maître Wai Yan permirent à d'autres lignages du Weng Chun/Wing Chun d'accéder au merveilleux Saam Pai Fat dans la fameuse Mecque du Weng Chun, le Dai Duk Lan à Hong Kong. Andreas Hoffmann fut le dernier élève du Dai Duk Lan sous la direction du grand maître Wai Yan et continue d'enseigner aujourd'hui Saam Pai Fat.

Saam Pai Fat dans le Wing Chun Il est intéressant que les gens du Wing Chun appellent leur troisième chapitre Siu Lim Tao Saam Pai Fat. En plus de nombreux mouvements du Weng Chun Saam Pai Fat, on peut trouver des mouvements simplifiés dans certaines formes du Wing Chun. On voit là les étroites connexions qu'il y eut entre le Weng Chun et le Wing Chun.

L'étude de Saam Pai Fat Êtes-vous prêt pour la révolution ? Dans Saam Pai Fat, le pratiquant de Weng Chun apprend des mouvements corporels spéciaux qui révolutionnent ses

connaissances préalables de Weng Chun. Grâce à la compréhension des mécanismes du corps et au développement du Qi, il est possible d'acquérir un pouvoir énorme et une grande vitesse presque sans effort. La caractéristique principale de ce niveau est le mouvement du corps rotatoire et ondulatoire (Wan Wun Yiu Tiet Ban Kiu), qui rappelle quelqu'un faisant une révérence. Saam Pai Fat enseigne à s'orienter vers le Ciel, l'Homme et la Terre qui sont l'expression de l'espace, de la gravité et de l'énergie du Shaolin Chan et des arts martiaux. L'espace entre deux combattants se divise en trois distances et trois hauteurs : Ciel (Tien), Terre (Yan) et Homme (Dei). La conscience et la sensibilité sont les habiletés élémentaires pour sentir toutes les directions et toutes les dimensions permettant de contrôler la ligne centrale (équilibre) de l'attaquant et d'appliquer une variété d'outils qui le mettront hors de combat (Fok).

Le Ciel, l'Homme et la Terre de Saam Pai Fat, fondements du combat en trois dimensions Le Ciel, dans la perspective de la distance, est représenté par les coups des mains et des pieds dans une situation de combat sans contact. Depuis la hauteur Ciel, on agit contre la partie haute du corps. Le point de référence du Ciel s'enseigne à travers la technique de Weng Chun Kung Mei attaque aux sourcils- et c'est le Dan Tien (champ d'énergie) le plus haut. L'Homme, dans la perspective de la distance, est représenté par les coups de coude et de genou dans une situation de combat où il y a contact avec l'adversaire. Depuis la hauteur Homme, on agit contre la partie médiane du corps, le point de référence de l'Homme est le triangle formé entre la gorge et les deux mamelons, plus concrètement le point d'acupuncture Ren 17, qui est la porte du Dan Tien médian. La Terre, dans la perspective de la distance, est représentée par les coups de tête, d'épaule et de hanche, dans la situation de combat où on est entré en contact avec le tronc de l'adversaire. Depuis la hauteur Terre, on agit contre la partie basse du corps. Le point de référence de la Terre est le point d'acupuncture Qi Hai (sous le nombril) qui est la porte du Dan Tien bas (du livre « Weng Chun Kung-Fu » d'Andreas Hoffmann).

39




Kung-Fu

Hung Hee Gung- Le poing du sud

L

a ligne de transmission de notre Shaolin (Siulam) Hung Gar Kung-Fu, telle que nous la connaissons actuellement, commence avec Chi Sim Sum Si, l'abbé du monastère de Shaolin du Sud dont nous avons si souvent fait mention. Le meilleur élève de Chi Sim et également le meilleur du monastère de Shaolin fut Hung Hee Gung. D'après ce que raconte la tradition, c'est à lui que l'on doit la création de l'école d'arts martiaux, ce qui indique l'importance de l'art martial en Chine ainsi que la solidarité et la loyauté des 10 meilleurs élèves de Shaolin. L'art martial enseigné par cette école de Kung-Fu devint plus tard célèbre sous le nom de « Hung Gar » ou « Hung Kuen ». Le Hung Gar adopta de nombreuses formes, techniques et principes de l'abbé Chi Sim Hung. Dans la littérature spécialisée, on dit souvent que Hung Hee Gung avait appris le style du Tigre de Chi Sim, auquel se réfère la fameuse forme « Fook Fu Kuen » (« le poing qui vainc le Tigre », première forme principale). Le nom de Tigre ici se réfère à l'animal qui était alors, pour le peuple chinois, le plus fort de la jungle de Ling Nam en Chine du Sud. Par conséquent, le nom de la forme ne se réfère pas aux techniques du Tigre, mais au fait que l'élève, en apprenant correctement la forme deviendra si fort qu'il sera capable de vaincre le tigre luimême. Hung Hee Gung apprit avec Chi Sim le véritable Kung-Fu de Shaolin du Sud. Il abandonna le monastère après avoir passé l'examen et avec la

permission de l'abbé Chi Sim. Plus tard, Hung Hee Gung connut, grâce à Fong Sai Yuk, son frère dans le Kung-Fu, celle qui deviendra son épouse, Fong Wing Chun. Wing Chun apprit le Kung-Fu avec son oncle, Fong Sai Yuk (l'un des 10 meilleurs élèves de Shaolin). Elle préférait surtout les techniques de la Grue. Elle perfectionna son Kung-Fu pendant de nombreuses années et finit par devenir une experte. Hung Hee Gung apprit grâce à son épouse les subtilités du Kung-Fu de la Grue et développa ainsi « Fu Hik Seung Yin Kuen » (la forme double du Tigre et de la Grue)*. Cette forme fut et continue d'être l'emblème du Hung Gar Kung-Fu. L'histoire nous montera ensuite pourquoi cette forme est devenue très importante au siècle dernier pour le Wushu moderne. La forme Fu Hok Seung Yin Kuen fut plus tard assemblée et ordonnée d'une autre manière par le grand maître Wong Fei Hung.

« Guangjao était l'une des plus grandes villes du sud de la Chine, avec plusieurs centaines d'écoles de Kung-Fu. » 42


L'inauguration de l'école Luk Sin San Fong, en 1782, à Guangjao en Chine du Sud est un autre moment important et très fameux en Asie dans l'histoire du Hung Gar Kung-Fu. Luk = heureux Sin = aimable San = décence Fong = école Tout cela veut dire : école où l'on enseigne le bonheur, l'amabilité et la décence. Tout comme aujourd'hui, on n'enseignait pas aux élèves à utiliser l'art martial pour la seule défense personnelle. Il fallait suivre certaines règles pour pouvoir se former dans cette école. Et à cette époque, la santé et le développement mental étaient déjà au premier plan de la formation. Hung Hee Gung avait près de 52 ans quand il ouvrit la Luk Sin San Fong. Plus de 1000 élèves s'y inscrivirent, mais seuls quelque 300 furent acceptés pour leurs capacités physiques et leurs références de type morale et de caractère. Le jour de l'ouverture officielle, le 18 juillet 1785, il y eut une grande fête d'inauguration. Les 10 meilleurs élèves du monastère de Shaolin se trouvaient parmi les invités d'honneur. Bien sûr étaient également invités des maîtres locaux du Kung-Fu (par exemple le maître Tit Kiu Sam) et d'autres personnalités importantes. Hung Hee Gung en tant qu'instructeur principal était à la tête des 10 meilleurs élèves. Tous les élèves se réunirent devant un grand autel des ancêtres et réalisèrent ensemble la cérémonie Bai Si. De cette manière, les nouveaux élèves furent initiés en tant que Yap Moon Dai Gee (élèves internes). Cette cérémonie est actuellement toujours pratiquée dans toutes les écoles traditionnelles de Kung-Fu. Dans mes écoles, on remet la ceinture blanche (première ceinture) à cette occasion. Ensuite, venait le spectacle de la danse du Lion, tout comme on continue de le faire dans les fêtes de Kung-Fu de nos jours, suivie de démonstrations de Kung-Fu par les maîtres et les élèves. Après la grande inauguration restèrent les maîtres Hung (instructeur principal), Luk, Wu, Tit et Wong, en tant que professeurs de l'école. Les autres maîtres rentrèrent chez eux.

Cette école de Kung-Fu est devenue célèbre en très peu de temps et fut un point de référence pour Guangjao et ses habitants. De nombreux très bons maîtres de Kung-Fu s'y formèrent et y obtinrent leur diplôme ; certains d'entre eux furent même très actifs dans le mouvement Hung Moon. Guangjao était à l'époque l'une des plus grandes villes du sud de la Chine, avec plusieurs centaines d'écoles de Kung-Fu. Les maîtres de Kung-Fu entretenaient de bons contacts. On sait qu'un jour, il y eut une sélection : ils voulaient savoir quels était les 10 meilleurs maîtres de Kung-Fu sur base des critères de sélection suivants : • Habileté dans le combat du Kung-Fu • Réputation • Activités dans la société Les 10 meilleurs maîtres de Kung-Fu furent appelés les 10 meilleurs Tigres de Guangjao, un groupe de guerriers d'élite. Comme numéro 1, ils choisirent le maître Tit Kiu Sam, suivi de Wong Kay Ying, So Huk Fu et Lei Yen Hei (tous de l'école Luk Sin San Fong).

Luk Ah Choi - Un Manchoue Luk Ah Choi a vécu approximativement entre 1760 et 1860 et fut l'un des derniers élèves de l'abbé Chi Sim, qui lui demanda d'aller étudier avec Hung Hee Gung. Luk Ah Choi devint l'un des meilleurs élèves de Hung Hee Gung. Il suivit la formation complète et aida Hung Hee Gung dans ses cours à l'école Luk Sin San Fong. À son tour, Luk Ah Choi avait également de nombreux très bons élèves. Il faut faire remarquer principalement Wong Tai, Wong Kai Ying et puis Wong Fei Hung. Il en vint à donner cours à trois générations de la famille Wong. Mais Wong Tai devait être déjà d'un âge très avancé quand il commença à apprendre le Hung Gar avec Luk Ah Choi.

43




Ne te sens pas gê né , Vincent. N'importe quel homme à ta place aurait vé cu comme toi.

Vraiment, je t'envie. Tu as toujours vé cu ta vie complè tement libre, sans attaches.

Pour moi, ce film est mon opportunité pour vivre en liberté . Deux mois entiers pour me libé rer. Crois-moi… j'essaye de faire une pause.

Nha Trang Vietnam. Connu comme l'un des endroits les plus beaux de la terre.

Ça va ê tre un film incroyable. Nous allons travailler dur, oui, mais quand tout sera fini, nous allons jouer dur.

Et… aCTioN !

La vedette du Kung-Fu - Présentation spéciale « Inspiré de la vie du Sifu Vincent Lyn » Histoire et scénario de Matt Stevens Illustré par Chase Conley Dialogue de Jaymes Reed

Je vais profiter de chaque minute.


Et… CouPEz !

Î le privé e sur la cô te de Nha Trang.

C'est tout pour aujourd'hui. Tout le monde à l'inté rieur pour se sé cher. Nous reviendrons demain à la premiè re heure.

allons, retournons à la villa. Maintenant je suis toute mouillé e, Yoko.

Tu es trempé e jusqu'aux os. allons, nous pourrions profiter des charmes de l'î le…si tu veux…

(Suite)


Nouveau Livre !

Juan Hombre, après s’être entraîné depuis l’année 1983 avec les plus grands experts dans les disciplines du Ninjutsu, s’embarqua pour un voyage d’étude fascinant sur les terres ninjas de Koga, Konan et Iga, au cours duquel il découvrit le dernier héritier en vie du Ninjutsu japonais qui l’accepta comme élève, faisant de lui le premier occidental dans son Kenshujo. Nous parlons du 21ème Soke de Koka Ryu, le grand maître et héritier légitime Jinichi Kawakami. Au bout de 9 ans de voyage à travers le Japon et à se former avec ce grand maître, Juan Hombre reçut le premier Densho « Ten No Maki » remis à un étranger, ainsi que les amulettes de la famille Gan et un sceau personnel pour signer du nom que le Soke Jinishi Kawakami lui donna, il y a des années : Onbure (Grand Guerrier de l’Esprit). Il nous présente aujourd’hui dans ce livre une introduction aux enseignements de l’Iga Ryu Ninjutsu. Alfredo Tucci é Director Gerente de BUDO INTERNATIONAL PUBLISHING CO.

Prix: €19

COMMANDEZ À: BUDO INTERNATIONAL V.P.C. TÉL: 04 78 58 48 31 FAX: 04 78 72 39 04


Nouveau Livre ! L’art martial japonais de la lance et de l’épée

Prix: €27,00 Dans ce nouveau travail, le maître Sueyoshi Akeshi nous offre trente-quatre Kumidachi Fukuroshinai, cinq de Bokken et dix de Yari, exécutés au plus haut niveau, avec des mouvements extrêmement rapides et précis. Le Yari a la vertu de compenser le travail d'entraînement du Katana, équilibrant et renforçant le corps de telle sorte qu'il améliore même, indirectement, notre habilité au Katana. Le Yari est pourtant une arme qui possède ses propres techniques et caractéristiques, méritant un chapitre spécifique pour son entraînement. Nous recommandons vivement cette œuvre d'art unique qui nous vient directement des mains du maître Sueyoshi Akeshi qui ne cesse de nous impressionner, non seulement pour sa technique peu commune et extraordinaire, mais aussi pour ses connaissances infinies en matière d'arts martiaux. Mais le meilleur de tout cela, c'est que ce merveilleux être humain ne prétend garder aucun secret… Et je me sens honoré d'être l'un de ses plus anciens élèves. Ceux qui n'ont pas la même chance ont ici une occasion qu'ils ne peuvent manquer. Et vous pouvez être sûrs que le mot « désillusion » n'entrera pas dans le vocabulaire de ceux qui acquerront cette œuvre qui offre un vaste arsenal de connaissances, proposé par un véritable maître doté de la volonté profonde de nous en faire part. Alfredo Tucci

COMMANDEZ À: BUDO INTERNATIONAL V.P.C. TÉL: 04 78 58 48 31 FAX: 04 78 72 39 04


Aïkido Attitudes martiales… Être ou ne pas être de l'Aïkido L'Aïkido est un art martial qui change et s'adapte constamment, il possède une forte variabilité, probablement du fait d'un manque de règles ou de directrices sportives vu l'absence de compétition sportive (la compétition n'est pas la même chose que le combat). Et il se fait que l'Aïkido est un art martial comme le voulait O Sensei, un Aïkido sans règles, libre, dominé uniquement par la pensée du combattant. Il y a quelques années, vers 1998, j'ai publié dans ce magazine, mon premier travail où je démontrais une série de techniques avec les gants. Ce travail fut largement critiqué. Aujourd'hui, près de treize ans plus tard, je crois que les gens sont martialement plus évolués qu'à cette époque. Je présente donc ici, une nouvelle manière d'interpréter l'Aïkido, une suite de ce que j'ai commencé alors. C'est une petite introduction à ce que nous appelons « l'Aïkido Combat » ou plutôt une initiation où on montre un peu plus, une suite de cette voie, qui finit sur le plein combat, sans protection (car les connaissances techniques et les habilités ne les exigent plus) et où on pratique un Aïkido « martial », un Aïkido « efficace »… un art martial ! Bien sûr, notre compréhension de l'Aïkido diffère d e s a u t re s é c o l e s e t p a s s e u l e m e n t par l'incorporation de techniques anciennes que le reste des programmes oublie ou veut oublier, notre d i ff é re n c e l a p l u s n o t a b l e e s t u n e q u e s t i on d ' a t t i t u d e . C o n t r a i re m e n t à c e q u e c ro i e nt beaucoup de gens, notre école se fonde sur les bases de la tradition, pas pour des raisons philosophiques, mais parce que c'est dans la tradition que se trouve la véritable efficacité de l'Aïkido, son véritable être, oublié par la majorité des écoles d'aujourd'hui ou conservé en partie seulement. Et quelle est la tradition de l'Aïkido ? C'est une tradition martiale évidemment, un art pour la survie, pour le combat, p o u r l a p ro t e c t i o n … N e soyons pas présomptueux au point de croire que la pratique de l'Aïkido fait de nous des surhommes, que nous nous unissons à l'Univers comprenant le Ki, etc. Le bien-être pur qu'il transmet n'appartient pas exclusivement à cet art martial. C'est quelque chose qui se cultive ou, en tout cas, qui devrait se cultiver dans tous les arts martiaux connus.

50

Texto: Alfonso Longueira www.aikido-longueira.com


C'est une vieille connaissance de nos lecteurs, un magnifique aïkidoka, avec une remarquable carrière en France comme garde du corps de ses plus hauts dignitaires, Galicien universel, libre penseur incorruptible de l'Aïkido, malin, osé dans ses opinions, Longueira revient à la charge avec un nouveau DVD et ce qu'il fait le mieux : porter l'Aïkido jusqu'aux limites de ses possibilités, sans pudeur, en poussant les techniques jusqu'à l'extrême de la réalité, démontrant que l'efficacité n'est pas seulement le privilège de certains styles. Le DVD qu'il nous présente incorpore des perspectives surprenantes de techniques classiques où il pousse les principes au maximum et ces derniers, loin d'être ainsi trahis, se revendiquent. Celui qui pratique l'Aïkido et manque ce DVD fera bien mal car ce maître vaut la peine et mérite votre attention la plus vigilante. C'est pour moi toujours un plaisir de le présenter. Longueira est déjà un classique de l'Aïkido du XXIème siècle. Attention, si vous croyez tout savoir sur l'Aïkido… vous aurez des surprises ! Alfredo Tucci

51


Aïkido Parfois, quand je parle avec des connaissances qui pratiquent l'Aïkido d'autres écoles, ils me commentent qu'eux pratiquent l'Aïkido tout le temps, quand ils sont dans la rue, quand ils prennent l'autobus, dans la voiture, en travaillant… Ce n'est pas correct. Ce qu'ils expérimentent, c'est une sensation de bien-être provoquée par la pratique de l'Aïkido, une attitude mentale, dans ce cas la tranquillité et la relaxation, qui grandit à mesure que l'on pratique un art martial. Cela n'appartient pas exclusivement à l'Aïkido, c'est une question d'attitude. Dans ce travail, je vais vous présenter une partie de l'attitude qui caractérise mon école, l'Aïkido Longueira-ryu. Nous respectons la tradition, mais toute la tradition : la philosophique parce qu'elle est nécessaire pour la compréhension et surtout la martiale, car c'est là que se trouve sa véritable essence.

52

Parce que qu'est-ce que l'Aïkido sinon un art pour le combat ? Dans mon article précédent, je disais que le Doshu se définissait comme un gardien de la tradition transmise par le Doshu précédent, une tradition qu'O Sensei lui transmit à son tour. Mais est-elle pour autant véritable ou complète ? Ils ont peut-être écarté la partie martiale, ils se sont centrés sur la philosophique, sur la tolérance de Uke au mouvement, sur l'acceptation des techniques… s'éloignant par conséquent de la réalité. Ouvrons les yeux ! Dans un combat, Uke n'est pas tolérant, il n'accepte pas les techniques, Uke nous attaque avec toute la rage dont il est capable et il est même possible qu'il ait des connaissances martiales. C'est un combat réel ! Uke est l'ennemi, je dois donc dissuader son attitude combattive de toutes les manières possibles.

En d'autres mots, il faut choisir entre gagner ou être battu. C'est là le changement d'attitude que doivent réaliser les pratiquants d'Aïkido, ce changement de mentalité qu'on ne gagne pas avec le Ki, mais avec la pensée et avec le corps. On ne combat pas en dansant, mais en luttant et on ne lutte pas sans une idée claire : gagner. Tant que les aïkidokas ne cessent pas de se centrer sur la philosophie qui, bien qu'inhérente à la pratique, requiert la partie martiale pour sa compréhension totale, tant qu'ils n'abandonnent pas les manières, les préjugés et les envies… l'Aïkido ne sera pas respecté par le reste des arts martiaux. Et attention, ce n'est pas que cela m'affecte aussi, car en ce qui me concerne, mon école a toujours eu le respect du reste des arts martiaux, et même un respect infiniment plus grand que celui que pouvait lui accorder d'autres écoles d'Aïkido.


53


Aïkido Je crois cependant qu'O Sensei, pour la personne qu'il fut, mérite que son art martial soit respecté comme tel. Et ce n'est pas parce qu'alors son art martial ne l'était pas, mais bien plutôt pour la considération qu'on a aujourd'hui pour l'Aïkido. C'est une chose que les aïkidokas ont gagné à la force du poignet. En se centrant sur cette partie philosophique avec tout ce qui exigeait un certain danger ou effort physique, ils oublièrent le combat et ils oublièrent même leur identité martiale. Nous avons récupéré une partie de cette identité pour ce travail. Des techniques de sol, avec des immobilisations et des Sutemi, en respectant toute la tradition de l'Aïkido… et je dis bien « toute ». Ce travail est une suite de mon premier travail avec des techniques de gants, où l'on peut apprécier non seulement la rapidité de l'exécution, mais encore une véritable intention de Uke de nous faire du mal. Car, comme je le dis dans certains de mes articles, nos attaquants ne sont pas « des petites sœurs de la charité ». L'usage des protections préserve notre corps face aux coups et aux blessures possibles, de sorte que nous pouvons effectuer des attaques réelles sans crainte. Mais ne nous y trompons pas, notre chemin ne fait ici que commencer. Notre véritable objectif doit être le combat réel, sans aucune protection, en préparant le corps pour la douleur, pour la survie… Et vous, lecteurs, vous verrez ce travail et vous direz que ce n'est pas de l'Aïkido. Et tant qu'aïkidoka, je vais donc anticiper vos pensées et vous raconter une histoire de Minoru Mochizuki, dont les paroles dissolveront tous vos doutes. Et si après avoir écouté le sage Mochizuki, vous restez fermes sur votre décision, je le regrette… On ne peut rien faire pour vous ! Quand Mochizuki revint de la guerre, il rendit visite au Fondateur et celui-ci, si content de le voir revenir sain et sauf, l'invita à

54

rester un certain temps chez lui, dans son dojo. Il fit là la connaissance d'un jeune karatéka qui était élève d'Ueshiba. Quand il alla dormir, cet élève se rendit dans sa chambre et lui raconta qu'il considérait que l'Aïkido n'était pas efficace et qu'avec ses connaissances, il serait capable de battre O Sensei dans un combat et de le faire tomber au premier coup. Mochizuki lui dit qu'il était très sûr de lui et lui demande de l'attaquer pour voir s'il serait capable de vaincre Ueshiba. Quand il l'attaqua, Mochizuki l'esquiva et contre-attaqua avec un coup de pied qui le mit KO. Quand le maître le réanima, il lui demanda s'il existait en Aïkido des techniques de pied, ce à quoi Mochizuki répondit : « Imbécile ! Qu'est-ce que c'est que cette question ? Nous utilisons des techniques de pied ou n'importe quoi d'autre. J'ai même déjà utilisé l'artillerie. Les arts martiaux, les armes à feu, l'artillerie sont tous de l'Aïkido. Qu'est-ce que vous croyez que c'est l'Aïkido ? Vous pensez que ça n'inclut que des torsions de poignet ? C'est un outil de guerre… Une action de guerre ! L'Aïkido est un combat avec de vrais sabres. Nous utilisons le mot « Aïki » parce que, grâce à lui, nous pouvons sentir l'intention de l'ennemi qui vient nous attaquer et nous sommes alors en mesure de réagir immédiatement. (…) Quand une personne se trouve soudain face à l'ennemi dans un état d'esprit vide de toute idée ou pensée et est capable de faire face instantanément, on appelle cela « Aïki ». Anciennement, on disait « Aïki no Jutsu ». Ainsi, l'artillerie ou quoi que ce soit d'autre deviennent Aïki. (Source : Aikidojournal.com) Je donne la même réponse à tous ceux qui croient que l'Aïkido n'est pas combatif, en réalité, ce n'est pas moi qui la donne, c'est Mochizuki Sensei. « Aiki » c'est tout ce qui nous unit à l'adversaire. Une technique, qu'elle soit de sol, de projection, d'immobilisation, une

attaque, une arme… (souvenons-nous que n'importe quelle arme doit être la prolongation du bras et de notre corps, nous sommes donc unis à notre arme et faisons un avec elle). Dans ce travail, je vous présente la voie combattive que transmit O Sensei à des maîtres comme Mochizuki. Est-elle pour cela moins valable que ce qu'il a transmis au Doshu ? Et parlons maintenant des critiques sans vergogne dont fut victime mon école d'Aïkido -et je dis « sans vergogne » parce qu'aucun de ceux qui se sont efforcés et ont occupé leur temps à essayer de discréditer l'Aïkido que je pratique n'ont su me donner une seule explication valable de la raison pour laquelle l'Aïkido ne peut renaître de la voie dont il a surgi, la voie martiale. Et cela, sans tenir compte du fait que la critique non constructive, unie à une méconnaissance complète de notre méthode de travail, ne fait rien d'autre qu'accroître l'immense boule de neige que représente leur ignorance. Et elle grandit, elle grandit ! Plus ils critiquent ma méthode, mon école, ma personne, mon Aïkido… plus je serai sûr que je suis dans la direction correcte, car c'est ce qui arriva aux grands maîtres qui furent critiqués à satiété et sont arrivés aujourd'hui à être ce qu'ils sont. C'est d'ailleurs le cas d'O Sensei lui-même. Je ne m'en plains donc pas. Au contraire, je les encourage même à continuer de me critiquer car ils ne font qu'alimenter ma conviction et ma détermination de continuer de me battre pour un Aïkido plus martial. J'espère que ce jour arrivera. En attendant, les portes de mon dojo seront toujours ouvertes à tous ceux qui, pleins de curiosité, depuis le respect, voudront venir vérifier de première main ce que je pense qu'est l'Aïkido, la voie de l'harmonie et de l'union avec l'Univers… À bientôt


Reportage


56


Dans tous les arts et toutes les sciences surgit généralement quelqu'un d'emblématique qui change tout et dont les générations postérieures se souviennent. En physique, ce fut Albert Einstein, dans les arts martiaux, Bruce Lee et en Boxe, ce fut indiscutablement Mohamed Ali. D'après les spécialistes du sujet, des dix combats de Boxe les plus remarquables du point de vue de leur transcendance et leur qualité, sept furent des combats d'Ali. Aujourd'hui, depuis cette tribune martiale, nous rendons un juste hommage à celui qui fut le meilleur de tous, un reportage d'un grand connaisseur et magnifique journaliste martial, Pedro Conde.

Mohamed Ali, le plus grand tout simplement Mohamed Ali est né à Louisville (Kentucky), le 17 janvier 1942. Il fut baptisé sous le nom de Cassius Marcellus Clay, un nom qu'il changera plus tard, du fait de ses idées religieuses. Son enfance ne fut pas dure, elle eut lieu dans un quartier de gens relativement aisés, il était même habituel de voir le nom de Clay sur certains camions de transport. Peut-être est-elle là la grand différence entre lui et les autres boxeurs, Cassius Clay a débuté ce sport par passion, pas par nécessité, même si l'idée de devenir célèbre et d'en obtenir des revenus ne lui était pas désagréable. Joe Martin, l'un des nombreux policiers qui patrouillaient Louisville, était propriétaire du gymnase Columbia, où les jeunes de la ville s'entraînaient avec les faibles moyens dont ils disposaient, frappant des sacs rafistolés et faisant des combats avec des gants qui, du fait de leur taille (oz), les faisaient paraître encore plus petits. Cet agent de police fut fondamental dans la carrière du boxeur, probablement l'une des rares personnes auxquelles Ali doit son succès. Martin se souvient encore très précisément de ce jour d'été de 1954 où un jeune gringalet de 12 ans entra dans son gymnase. Le jeune Cassius Marcellus Clay était en larme parce que

quelqu'un lui avait volé la bicyclette de 60 dollars que son père lui avait acheté deux jours plus tôt. Martin laissa ce qu'il était en train de faire et s'agenouilla près du garçon pour le consoler. Quand le gamin eut terminé de lui raconter son histoire, il dit quelque chose qui l'impressionna : « Si j'attrape le gars qui m'a volé ma bicyclette, je lui donnerai une bonne tripotée ! » Martin lui répondit qu'avant de frapper quelqu'un, il fallait qu'il apprenne d'abord à se battre… Ce fut le début d'une relation qui dura six ans entre Cassius Clay et Joe Martin. Cassius devint un élève du gymnase Columbia.

Joe Martin était très stricte dans son gymnase, ce qu'il disait était loi. « Si je dis que dehors il pleut, je ne veux voir personne regarder par la fenêtre pour le vérifier ». Cassius mangeait et dormait chez ses parents où il recevait amour et affection, mais il vivait littéralement dans le gymnase où il faisait attention à ce qu'on lui disait et apprenait… « Je lui ai enseigné à lui et à son frère Rudy ce que c'était que la discipline », se souvient Martin. Le jeune boxeur participait à toutes les soirées que son entraîneur organisait chaque semaine dans la catégorie amateur.

Le plus grand

Texte et photos d'archives : Pedro Conde

57


Boxe Il fut très vite considéré dans les rues de Louisville comme « le jeune aux mains rapides ». Ses victoires sur les rings lui valurent une certaine réputation, mais cela ne changea pas sa relation avec son entraîneur. « Ce garçon était tout le temps en train de parler, se souvient Martin. Parfois, je devais crier pour qu'il se taise. S'il ne le faisait pas je lui donnais une baffe. Je devais lui rappeler continuellement ce que c'était que la discipline. » Des années pus tard, alors que Cassius était sur le point d'obtenir le titre de Champion du Monde dans la catégorie des poids lourds, Martin se trouvait à Miami et le regardait s'entraîner. Son entraîneur à ce moment-là, Angelo Dundee, essaya d'habiller Clay et celui-ci le repoussa. « S'il m'avait fait ça, raconte Martin, je lui aurai mis le canon d'un pistolet sur la tempe… » Il y avait plus d'une raison pour que Martin dise cela car il est vrai qu'en plus d'aider Cassius à avoir un peu de discipline, il le prépara consciencieusement pour les Jeux Olympiques célébrés à Rome en 1960 où il obtint la médaille d'or dans la catégorie des mi-lourds. Clay en fut ému. Il avait remporté le plus grand prix, l'hymne américain avait sonné, il avait été applaudi et il avait reçu des félicitations et d'autres marques de sympathie de tous ses compatriotes. Clay se rendit compte que c'était un moment optimal pour réussir ce qu'il voulait, il avait atteint une réputation et un succès qu'il n'attendait pas, il sentait que derrière lui, il y avait un tas de gens qui l'appuierait inconditionnellement. Il avait reçu plein de marques de patriotisme pour sa réussite… À son retour aux États-Unis, l'accueil fut triomphal, grandiose. Mais en arrivant à Louisville les choses changèrent. Un jour, il s'en alla au restaurant avec des amis et on lui en refusa l'entrée car il était noir. Ce fait et quelques autres lui permirent de se rendre compte de la réalité. Il n'avait jamais ressenti auparavant une déception aussi énorme… il avait cru qu'avec la médaille d'or, les problèmes raciaux seraient terminé pour lui. Quel naïf ! Quand il remporta la médaille, il s'était promis à lui-même qu'il la porterait toujours, mais lorsque cette série d'événements se produisit, il se sentit honteux. Il avait représenté un pays qu'il croyait différent, un pays où existait l'égalité entre les races et les croyances, mais ce n'était qu'une illusion. Il jeta alors sa médaille dans le fleuve Ohio… Il n'avait pas représenté les États-Unis pour ça. À part ce précieux trophée, il avait également obtenu le titre des Golden Gloves, le plus haut prix de la catégorie amateur et tout le monde lui avait prédit un futur brillant dans la catégorie professionnelle. Pour Martin, il était clair que quand il passerait à cette catégorie, il continuerait sous sa tutelle. Mais il fut déçu. Ce qu'il fit c'est entrer dans un syndicat constitué de 11 hommes d'affaire pour 10.000 dollars, un salaire garanti de 4000 dollars annuels pendant les deux premières années et de 6000 les 6 années suivantes. William Faversham, directeur d'une importante compagnie d'alcool, était le chef du syndicat. Homme perspicace et compréhensif, Faversham voulait que Cassius ait une certaine sécurité financière. « Nous ne voulons pas qu'il finisse comme Joe Louis, une partie de tous ses gains seront destinés à un fond de pension qu'il ne pourra pas utiliser avant d'avoir fêté ses 35 ans ou quand il cessera de boxer et nous veillerons à ce qu'on le paie comme il le faut. » Pour son ancien préparateur, ce fut un coup bas. Son critère était très loin de celui de Clay. Martin ne voyait que douze hommes d'affaires qui pensaient que c'était une bonne inversion, qu'en investissant quelques dollars, ils pouvaient devenir millionnaires, des intrus qui allaient profiter de la sueur de son travail. Il fallait de toute évidence écarter l'idée que les fins de ces derniers étaient seulement altruistes… Bill Faversham qui connait Clay mieux que personne déclara un jour : « En général, le monde lui fait peur, mais être Cassius Clay en particulier est ce qui lui fait le plus peur. Vous devez savoir qu'il n'a pas une once de méchanceté. Son idée de passer un moment agréable se résume à quatre boules de glace et un jus d'orange. »

58

Une fois consacré comme boxeur, il abandonna ce syndicat et Bill. Il se convertit à l'islam et changea son nom pour celui de Mohamed Ali. Depuis loirs, il ne veut plus entendre le nom de Cassius Clay qu'il considère comme un nom d'esclave. Ses étranges idées, tout comme le nom avec lequel on l'appelle, importent peu, l'important c'est l'incroyable trace qu'il a laissée dans le sport professionnel. Ce jeune fanfaron qui captait l'attention du public en récitant des poèmes et en prédisant le round où il mettrait son rival KO était taxé de clown et on pensait qu'il disparaîtrait aussi rapidement et fugacement qu'il avait fait irruption dans le monde de la Boxe. Mais le fanfaron ne perdit jamais un seul combat et ses rivaux étaient généralement mis KO exactement au moment annoncé. Comme ses pronostics s'accomplissaient presque toujours, il se forma autour de lui une certaine aura d'invincibilité et on commença à commenter que Mohamed Ali était meilleur que n'importe quel champion légendaire : Johnson, Dempsey, Louis, etc. On qualifiait Ali de meilleur boxeur de l'histoire et il ne le démentait pas. Bill Favershan et le syndicat engagèrent un entraîneur expérimenté pour l'entraîner. Ce n'était autre que le légendaire Angelo Dundee. Les directives de celui-ci étaient très concrètes : « Faire de lui un champion et l'éloigner de tout type de problèmes. » Dundee ne se faisait pas cher payer, car il espérait obtenir de grands gains à l'avenir. En attendant, il ne gagnait que 125 dollars par semaine. Quand le combattant ne s'entraînait pas, Angelo ne touchait rien, mais les jours de grandes rémunérations arrivèrent, tel que Dundee l'avait pronostiqué. C'était une bonne affaire pour un petit entraîneur qui avait une certaine réputation de contenter ses combattants, même pendant les durs entraînements. Angelo y Clay s'étaient connu avant de s'unir au groupe Faversham. Dundee se souvient encore de leur première rencontre : « En 1957, j'étais à Louisville avec Willie Pastrano. Willie était le champion du monde des mi-lourds. Nous étions dans la chambre de l'hôtel quand le téléphone sonna. J'ai répondu et j'ai pu distinguer la voix d'un enfant de l'autre côté. Il me dit son nom “Cassius Marcelus Clay”, et qu'il avait remporté la médaille d'or aux Jeux Olympiques. Il n'arrêtait pas de parler, il me disait un tas de choses sur moi et sur


Grands Combattants tous mes combattants, ajoutant qu'il me connaissait grâce à la télévision. Je lui ai demandé de se taire une minute et j'ai dit à Pastrano qu'il y avait un fou en bas qui voulait monter. “Laisse-le monter”, me dit-il. Cassius monta avec son frère Rudy. Ils restèrent trois heures et pendant tout ce temps, il demanda à Pastrano : Combien de miles cours-tu par jour ? Que manges-tu à midi avant un combat ? Combien de jus d'orange bois-tu quand tu t'entraînes ? Etc. Clay et Pastrano commencèrent à vouloir rivaliser dès le début. Ils voulaient vraiment se vexer mutuellement. Cassius me demanda de lui permettre de se battre contre lui. Je lui ai dit de le lui demander. Willie accepta. Ils se battirent donc le jour suivant au gymnase Columbia de Joe Martin. Clay paraissait immense. Ils ne boxèrent que pendant un round, parce que je ne leur ai pas permis de continuer. J'ai dit à Willie qu'il n'était pas en forme, qu'il valait mieux laisser tomber, justifiant ce qui s'était passé. Mais il n'accepta aucune de mes excuses et me dit : “Angie, ce gamin est vraiment bon”. » Sous l'œil vigilant d'Angelo Dundee, Clay apprit tous les détails de la Boxe, depuis l'entraînement jusqu'aux affaires qui tournent autour. Dundee était surpris de l'incroyable rapidité de ce jeune homme, mais il l'était plus encore de sa grande

« Aucun combattant de toute l'histoire ne s'entraîna plus durement que Clay. Il en vint à faire une moyenne de 160 rounds avec sparring quand il préparait un combat de 8 rounds. » ambition pour arriver à devenir riche et célèbre. « Je ne pouvais pas le sortir du gymnase, signala Dundee. Même quand les lumières étaient éteintes, il travaillait en shadow. Il voulait boxer contre tous ceux du gymnase. Peu importe si c'était un poids mouche ou un lourd, il ne cessait de dire qu'il avait besoin de s'entraîner. » Aucun combattant de toute l'histoire ne s'entraîna plus durement que Clay. Il en vint à faire une moyenne de 160 rounds avec sparring quand il préparait un combat de

8 rounds. La plupart des combattants faisaient à peu près 50 rounds pour un combat de 10. Le 29 octobre 1960, Clay effectua ses débuts professionnels en se battant contre le jeune Tommy Hunsacker, qui était dur comme le roc. La rencontre eut lieu à Louisville. Au cours des six mois suivant, il boxa et dansa sur le chemin de ses six victoires consécutives, cinq d'entre elles par KO. En juin 1961, Cassius et Dundee se trouvaient à Las Vegas pour un combat de 10 rounds contre Duke Savedom. Le fait que Cassius gagna aux points ne fut pas une tache dans sa carrière. Ce qui réellement troubla son apparition fut l'interview qu'il donna avant le combat. Avec lui apparut le fameux lutteur de Lutte Libre, Georgeous George. Ce sera la dernière fois que Cassius laissera quelqu'un le relèguer à la deuxième place. Il était fasciné par la manière de parler de George, sa manière de s'habiller, ses cheveux teints en blond et surtout par son comportement en général. Il était captivé et alla le voir combattre l'après-midi suivante. Il en fut fasciné et plus encore par les gens qui allèrent voir l'homme aux cheveux d'or. L'expérience de George changea radicalement la personnalité de Clay et sa vie également. Il commença à l'imiter. Il ne cessait jamais de parler et de louer sa grandeur. Il moula son profil et le nouveau Cassius commença à surgir. Le monde ne serait plus jamais le même. Il continua de gagner les combats avec des marges très confortables. Les organisateurs de tout le pays commencèrent à remarquer le jeune aux mains rapides de Louisville, même s'il était un peu grande gueule. Il existait cependant un certain scepticisme, un facteur inconnu et imprévisible. Pourraitil encaisser un coup à la mâchoire ? Continuerait-il de frapper une fois touché ou chercherait-il le couloir le plus proche pour partir en courant ? Jusqu'alors personne ne l'avait touché… Les réponses arrivèrent au combat suivant contre Alex Miteff, un solide sud-américain et puis avec Sonny Banks, celui du coup de serpent. Miteff, fameux pour son brutal corps à corps, remplit de bleus les côtés de Clay, mais il encaissa et continua, le couchant au sixième round. La spécialité de Sonny, c'était de maintenir à distance son adversaire en le frappant avec le poing droit. Sonny trompa Cassius, car au lieu de le frapper avec la droite, il le frappa avec la gauche et Cassius tomba. Pour Angelo Dundee et d'autres experts de la Boxe, l'heure de vérité était arrivée. Clay se relèverait-il ou attendrait-il la fin du compte à rebours ? Quand Clay toucha le sol, il lui fallut peu de temps pour se remettre debout. Dundee non seulement se tranquillisa, mais encore il en resta abasourdi. « Ce fut fantastique », se souvient Angelo. Le soulagement de Dundee devient un véritable plaisir

59


Boxe quand, au quatrième round, Cassius renversa Banks. 1962 fut une grande année pour Cassius. Il obtint six KO dans six combats. Avant de se battre contre Archie Moore, il sortit l'une de ses fameuses rimes : « I'll say it again, I've said it before : Archie Moore will fall in four » (« Je le dirai de nouveau, je l'ai déjà dit avant : Archie Moore tombera au quatrième »). Le vieil Archie avait une grande réputation malgré son âge avancé. Comme anecdote, nous pouvons raconter que ce boxeur se battait déjà dans la catégorie professionnelle sept ans avant que Clay ne naisse. Pour ses détracteurs, ce combat n'était qu'un montage où un professionnel de grand prestige, mais ayant terminé sa carrière de pugiliste, servait de trampoline pour cette jeune promesse. Les pronostics s'accomplirent sans surprise. Archie Moore tomba au quatrième round. Les entrées de l'Arena de Los Angeles atteignirent un record en Californie, 182.599 dollars, avec un plus de 223.455 dollars pour la retransmission à la télévision par câble. Dans la troisième file, se trouvait le champion de poids lourds Sonny Liston. Quand Cassius, victorieux, se dirigeait vers les vestiaires, il s'arrêta et, signalant du doigt le nez de Sonny, il lui dit : « Attention, petit, j'ai besoin de toi. Je vais te donner une tripotée comme si j'étais ton père ». Liston grogna, leva le poing et cria : « Va dormir gamin, avant que je ne te donne une fessée ». Cassius accaparait toute l'attention chaque fois qu'il allait se battre. Les gens riaient de ses poèmes, mais ils étaient réellement surpris chaque fois que s'accomplissait ce qu'il disait. Clay n'était pourtant pas très sûr de l'instant où Doug Jones allait tomber. À partir du moment où il entra au Madison Square Garden, le soir du 13 mars 1963, il changea d'avis trois fois. Il déclara d'abord que ce serait au troisième round, puis au sixième et plus tard, il affirma que ce serait au huitième round. Cette incertitude ne plut pas à Angelo Dundee. Il fallait en finir. Angelo trouva la solution. « Je lui ai mis un sparadrap sur la bouche, se souvient Dundee, et ils firent de lui de nombreuses photos qui furent publiées dans tous les journaux. Il se fâcha contre moi pour n'avoir pas pu annoncer le round, mais je crois que j'ai fait ce qu'il convenait de faire ». Jones était toujours debout à la fin du dixième round, mais Clay gagna aux points. Cassius battit un autre record d'audience en juin 1963, à Londres. Mais il dut se relever du tapis avant de mettre KO le meilleur boxeur anglais, Henry Cooper, au cinquième round. Le crochet du gauche qui renversa Clay fut l'un des coups les plus durs à encaisser de toute sa carrière. Ce fut le coup dont Dundee l'avait avertit. « Je lui ai dit de rester hors de portée de la main gauche de Cooper, se souvient Angelo, mais il l'apprit de la manière la plus dure. » Une fois de retour, Clay critiqua Sonny Liston de manière beaucoup plus évidente.

60

« Que peux-tu me donner, Amérique ? Tu veux que je fasse ce que les hommes blancs disent, que j'aille me battre contre des gens que je ne connais pas ? Tu veux que j'obtienne un peu de liberté pour d'autres alors que les miens ne sont pas libres dans leur propre maison ? » Il essaya de sauter sur le ring à Las Vegas et d'attaquer le champion, avant que Sonny ne mette KO Floyd Patterson. Sonny voulut répondre à Clay, mais quatre policiers l'en empêchèrent. Cassius prit alors le micro du ring et insulta Liston, le traitant de lâche, de vieil ours et de moche. Tout cela appartenait au boniment avant le combat que tout le monde attendait. Les gens ne pariait alors pas tant su Cassius, il pensait que Liston était l'homme qui allait faire taire ce gamin. Le grand moment arriva enfin. Tout ce pourquoi Cassius Marcellus Clay avait travaillé et rêvé depuis qu'il frappa pour la première fois sur un sac au gymnase de Joe Martin à Louisville allait devenir réalité. Cassius était prêt pour la grande épreuve. Il s'était consciencieusement préparé : 1m95, 100 kg, les muscles longs et bien définies et pas un seul gramme de graisse dans son corps. Il avait été décidé que le grand combat se disputerait le soir du 25 février 1964 au Convention Hall à Miami Beach en Floride. Avant de commencer la soirée, Clay se comporta de manière hystérique, à tel point que le médecin chargé de la révision préalable, Alexander Robins, fut sur le point de disqualifier l'événement tant était accéléré le pouls que présentait Clay à ce moment. Alors que son frère Rudy et son ami Sugar Ray Orbinson, qui étaient venus jusqu'à Miami pour voir s'ils pouvaient aider Clay, essayaient de calmer le boxeur, Liston se trouvait confortablement assis, comme une statue de pierre, assistant à ce qu'il appellera plus tard « le plus grand spectacle de cirque qu'il ait jamais vu ». Toute la pléiade des journalistes du monde entier qui s'étaient donnés rendez-

vous à Miami semblaient attendre anxieux devant la porte du vestiaires de Clay quand dix heures sonna. Le moment était arrivé. Ce qu'ils virent quand la porte s'ouvrit les laissa abasourdis. Clay apparaissait avec une expression de calme absolu et son visage ne montrait pas la moindre trace d'inquiétude. Un des reporters commenta : « Ils ont dû le doper pour le sortir du vestiaire ». Clay esquivait les coups de Liston et arrivait avec la plus grande facilité à la taille quand Liston essayait le corps à corps. Dans le deuxième round, le gauche de Clay commença à frapper le visage de Sonny au nez et aux yeux. Mais au quatrième round, Clay commença à frotter ses propres yeux, on avait l'impression qu'aucun des deux ne pouvaient voir clairement. Quand Cassius revint dans son coin à la fin du round, il dit à Dundee qu'il croyait qu'il devait abandonner : « Je ne vois plus rien ». Dundee lui répondit de se calmer. Il lava les yeux de Clay et quand la cloche sonna le cinquième round, Dundee leva Cassius et le poussa hors de son coin. L'arbitre Barney Felix expliqua qu'il fut sur le point de disqualifier Clay : « Quand la cloche sonna marquant le début du cinquième round, Clay n'avait pas l'air de vouloir sortir. Je lui ai crié : “Sapristi, Clay, sors de là” ». Felix ajouta ensuite : « S'il n'était pas sorti à ce moment-là, j'aurais conclu la rencontre ». Clay n'arrêta pas de bouger jusqu'à ce que le picotement de ses yeux ait disparu. Moins de 10 minutes plus tard, Sonny Liston était fini alors que Clay était pléthorique et avait encore envie de se battre. Le champion, conscient de s'être blessé à l'épaule en lançant un coup de poing, décida de ne pas sortir de son coin et d'abandonner au septième round. Après cela, Clay se dirigea au public et lui dit : « Je suis le plus grand ». Menée par la presse peut-être, apparut une campagne contre Clay, qui était à l'époque très influencé par un prédicateur appelé Malcom X et qui était musulman. Son oratoire tour nait autour de l'oppression dont souffrait la race noire aux États-Unis. Pour beaucoup de groupes, ses discours portaient atteinte au sentiment patriotique des Américains, mais Malcom X trouva en Cassius Clay l'un de ses plus fervents admirateurs. Il était tellement influencé qu'un jour après son combat contre Sonny Liston, il confirma au monde ce qui avait été jusqu'alors une rumeur : il était devenu musulman noir et son véritable nom était Mohamed Ali. « Je veux que plus personne ne m'appelle par mon nom d'esclave, jamais plus ». Malcom X fut assassiné et Clay se sentit un peu déconcerté jusqu'à ce qu'il trouva un autre prédicateur appelé Elijah Muhammad, le dernier messager d'Allah de la « Lost-Found Nation of Islam ». Après son combat contre Liston, il se battit à Las Vegas contre Floyd Patterson pendant 12 rounds, jusqu'à ce que ce dernier tomba par KO. À Toronto, il affronta


61



Grands Combattants le 29 mars 1966 George Chuvalo ; il remporta le combat par décision unanime après 15 rounds. Après ce combat, Ali déclara : « La tête de Chuvalo fut la chose la plus dure que j'ai jamais frappée ». Le 21 mai de cette même année, à Londres, il lutta contre Henry Cooper qu'il battit au sixième round ; il termina le combat avec un œil ensanglanté. Brian London fut un autre boxeur qui tomba sous le poids des poings d'Ali le 6 août 1966, au troisième round. Au cours d'une tournée qu'il fit en Europe en septembre de cette même année, il eut l'occasion de boxer contre Karl Mildenberger qu'il mit KO au douzième round. Le 14 novembre à Houston (Texas), il envoya au tapis Cleveland Williams au troisième round. « Il se peut que maintenant on me considère comme un bon combattant », déclara Clay. Le 6 février 1967, à Huston également, il se battit contre Ernie Terrell, champion de la WBA. Ce boxeur ne reconnaissait pas le changement de nom de Mohamed Ali et en vint à faire plusieurs déclarations ironiques sur ses croyances. Cela irrita profondément Ali qui, durant tout le combat, ne cessa de lui demander : « quel est mon nom ? », tandis qu'il le frappait et l'humiliait sans arrêt sur le ring. On croit que Clay ne voulut pas forcer le KO pour donner à Terrel une raclée monumentale. Peu après, Ali fut appelé pour le service militaire qu'il refusa de faire. Il fut cité devant un tribunal militaire le 15 mai 1967 q u i l'accusa d'être un insoumis. Ali d é c l ara : « Que peux-tu me donner, Amérique ? Tu veux que je fasse ce que les hommes blancs disent, que j'aille me battre contre des gens que je ne connais pas ? Tu veux que j'obtienne un peu de liberté pour d'autres alors que les miens ne sont pas libres dans leur propre maison ? Tu veux que je craigne l'homme blanc, que j'aille empoigner un fusil pour tuer. On me donnera alors dix médailles et des petites tapes dans le dos en me disant : “Gentil garçon, tu t'es battu pour ton pays…” ». À la suite de cette négative, les présidents des différentes associations de Boxe lui retirèrent le titre de Champion du Monde. À cette époque, ce fut la seule manière de le lui ôter car il n'existait personne capable de le battre. La sentence du tribunal militaire fut une condamnation à cinq ans de prison, ce qui l'écarta temporairement de la Boxe. Trois années plus tard, il fut libéré sous caution et considéra à nouveau la carrière

« Sous l'œil vigilant d'Angelo Dundee, Clay apprit tous les détails de la Boxe, depuis l'entraînement jusqu'aux affaires qui tournent autour. » de boxeur, que beaucoup considéraient comme complètement finie. Mais Clay était fermement décidé à récupérer ce qu'on lui avait ôté. Il dut pour cela vaincre Jerry Quarry et Oscar Bonavena pour disputer le championnat du monde contre Joe Frazier, le 8 mars 1971, un combat que perdit Ali suite à un crochet de Frazier aux derniers instants du combat. Il y eut ensuite une série de combat parmi lesquels nous ne pouvons manquer de citer sa rencontre contre Ken Norton, où Ali dut se retirer car il eut la mâchoire brisé suite à un terrible coup de poing de Ken Norton. Ce fut l'une des rares défaites de la carrière d'Ali. Avec le temps, il eut une revanche qu'il ne peut gagner qu'aux points. Foreman enleva le titre mondial à Frazier, la revanche entre ce dernier et Ali dut donc être postposée pendant un temps. L'objectif principal de Clay était d'obtenir le titre. La rencontre entre les deux eut lieu à Kinshasa, capitale du Zaïre, le 30 octobre 1974. C'était le premier Championnat du Monde de Boxe qui était réalisé en Afrique noire. Ce combat avait une nuance politique qui bénéficia beaucoup à Mobutu, président à l'époque de ce pays, dont l'objectif -ainsi que celui d'Ali- était d'attirer l'attention de millions de personnes vers le Tiers-Monde. Après que le combat eut été postposé pendant un mois du fait d'un coupure à l'œil gauche dont Ali fut victime et avec Foreman en pleine forme, les paris étaient à trois contre un en faveur de ce dernier. Ce fut probablement le combat le plus difficile de toute la carrière d'Ali, un combat qu'il gagna grâce à ses considérations tactiques. Conscient du fait qu'il n'avait pas la force physique de Foreman, il l'épuisa avec ce

qu'il décrivit comme « les cordes enveloppantes ». Ali se laissait rebondir sur les cordes, réalisant des esquives et se reposant sur elles, tandis que Foreman lançait continuellement les poings, ce qui petit à petit le fatigua. Ali profita alors de ce moment pour l'envoyer au tapis. Une fois le titre gagné, le public était impatient d'assister à la revanche contre Joe Frazier. Ali se prépara pour se battre contre le seul homme contre qui il s'était battu et qu'il n'avait pas battu. Le combat était attendu dans le monde entier et eut lieu le 1 octobre 1975 à Quezon City aux Philippines. La rencontre fut appelée « Commotion à Manila » (« Thrilla in Manila »). Dans ce combat, Ali prit l'initiative des premiers rounds, freinant Frazier avec des séries rapides de combinaisons à la tête. Mais dans les rounds intermédiaires, Frazier sembla se réveiller et commença à attaquer en utilisant son crochet du gauche dirigé au menton. Ces attaques, conjointement à la chaleur régnante et à la grande humidité ambiante, provoquèrent chez Ali l'envie de se retirer. Mais il réagit et utilisa au maximum toutes son habileté, dominant clairement les derniers rounds, jusqu'à ce qu'Eddie Futch, l'entraîneur de Frazier, arrêta le combat au début du quinzième round. Après le combat, Frazier déclara : « Je lui ai envoyé des coups de poing qui auraient renversé des murs ». Ali à son tour commenta : « Ce fut le plus près que j'ai été de la mort ». À partir de ce jour-là, Ali ne fut plus le même. Sa carrière commença à décliner. Le 2 octobre 1980, il affronta le champion Larry Holmes, mais il dut se retirer au onzième round en disant : « Arrêtez-le tout de suite, arrêtez-le ». Holmes en finissait avec celui qui avait été sa grande idole. Pour tous, il fut le meilleur de tous les temps. Depuis des années, ce champion mène le plus durs des combats, devant un rival sans visage ni corps, mais qui fait beaucoup plus de ravages que les coups de n'importe quel autre : la maladie de Parkinson, le combat le plus difficile de toute son existence. Mohamed Ali, d'après l'opinion d'un grand nombre de personnes dont je fais partie, est le plus grand de toute l'histoire de la Boxe. On peut être d'accord ou pas, mais il est indiscutable que dans la Boxe, il y a un avant et un après Ali. S'il n'avait pas existé, la Boxe ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui car Ali changea un grand nombre de registres du pugilat, créant à l'époque une expectative pour la Boxe jusqu'alors inconnue.

63


www.budointernational.com

NOUVEAU !

Attention, nouveau livre !

COMMANDEZ À: Cinturón Negro, BUDO INTERNATIONAL V.P.C.

TÉL: 04 78 58 48 31 FAX: 04 78 72 39 04

Prix: €24,95 Tout le monde sait qui est Bruce Lee ! Mais derrière la légende, il y avait un homme, un maître d'arts martiaux, un penseur très curieux, incisif et perspicace, qui laissa derrière lui un grand travail réalisé et bien plus encore à faire. Son héritage, presque impressionniste, inachevé, fut peut-être pour cela même doublement suggestif pour beaucoup d'élèves d'arts martiaux depuis sa mort précoce jusqu'à aujourd'hui. S'il y a bien quelqu'un qui connaît le sujet, c'est indiscutablement l'auteur de cet ouvrage. Il dirigea un magazine martial bien connu en Espagne (Dojo), qui perdura pendant près de 35 ans. Et pendant trois ans, il en réalisa un autre portant le nom même de Bruce Lee, un magazine complètement consacré à ce dernier. Mais c'est maintenant, libre de l'esclavage de préparer un numéro après l'autre, que Pedro Conde donne le meilleur de lui, à travers ses collaborations habituelles avec Budo International, un magazine qui, bien que représentant la concurrence, ne l'a jamais considéré comme un adversaire. J'ai aujourd'hui le grand plaisir de présenter cette œuvre magnifique sur le Petit Dragon qui, en plus du texte soigné de Pedro Conde, offre une sélection de photos absolument spectaculaire, y compris certaines photos très rares, même pour nous qui sommes dans ce business depuis plus de trente ans. Un travail fait avec le soin que méritent tous les passionnés du Petit Dragon, fidèles à sa personne, à son héritage et toujours attentifs à tout ce qui est publié sur lui. Alfredo Tucci Directeur de Budo International




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.