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FIGURES EXTRAIT ARTS VISUELS
NUMÉRO 2 - PRINTEMPS 2015
Il faut apprendre aux enfants le terme propre, et leur laisser trouver le terme figurĂŠ.
Joseph Joubert PensĂŠes (~1780-1824),
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ÉDITO C'est le printemps : l'heure du grand remue-ménage. Chacun finalise ses tâches annuelles et se prépare à accueillir l'été. On redéfinit son profil, on réajuste sa ligne de conduite, on réaffirme sa présence. Le printemps c'est le réveil du soi. Chez Burdigala, même combat ! Le premier numéro a plu; maintenant il ne faut pas décevoir. Il faut cerner les attentes, renforcer la ligne éditoriale et offrir un graphisme à la hauteur des espérances. La frontière est mince entre adhésion et déception. Un seul mot d'ordre : faire bonne figure. Ce numéro sera donc sous le signe de la figure ! Du portrait à la forme en passant par la ligne et le profil; une figure imposée de style et de sens. Affirmer son identité et questionner la représentation et le représenté. Être ou ne pas être : question rémanente toujours d'actualité. À présent place à la lecture, en vous souhaitant un bon voyage en terre culturelle bordelaise.
JB
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BURDIGALA MAGAZINE NUMÉRO #2 PRINTEMPS Burdigala magazine est un magazine trimestriel ouvrant chaque nouvelle saison par un numéro sur les sorties culturelles, les artistes acteurs de la ville et des dossiers rétrospectifs des derniers événements. Burdigala Magazine est LE rendez-vous bordelais incontournable de la culture et de l’art sous l’oeil de la communication. Réveillons la belle endormie !
ÉDITEUR / PUBLIEUR Box Communication RÉDACTEUR EN CHEF / DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Jonathan Bodéré DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Jonathan Bodéré RÉDACTEUR MAGAZINE Jonathan Bodéré | Raïssa Fournier | Julien Esnard CONCEPTION GRAPHIQUE / MAQUETTE / ILLUSTRATION Lotfi Meherzi | Jonathan Bodéré CONTACT contact@burdigalamagazine.com SITE WEB www.burdigalamagazine.com SUIVEZ NOTRE ACTUALITÉ SUR Facebook : www.facebook.com/burdigalamagazine/ Twitter : twitter.com/burdigalamag UN PROJET SOUTENU ET FINANCÉ PAR Box Communication
Dépôt légal MARS 2015
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FIGURE [NOM FÉMININ] du latin figura, forme [S'agissant d'un élément dont on considère l'apparence] A.− [Détermination externe d'un élément] 1. Vieilli ou littér. [À propos d'un élément matériel inanimé] Étendue déterminée, essentiellement caractérisée par le contour. 2. P. ext. [À propos d'un être ou d'une chose] Aspect extérieur d'ensemble, relativement caractérisé. B.− Élément ayant une forme spécifique souvent simplifiée et structurée selon certaines déterminations sensibles (surtout linéaires).
John Éditeur | Publieur Rédacteur Gérant Box Communication
Raissa Photographe Reportrice Community Manager
Julien Contributeur Correcteur Reporter
Lotfi Contributeur Graphiste Reporter
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ARTS VISUELS
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’il est un domaine dans l’art qu’on ne peut oublier, c’est bien celui des arts visuels. À lui seul il englobe la quasi-totalité des représentations artistiques majeures. Il fait appel au plus aiguisé de nos sens : la vue. Jeu de représentant et de représenté, véritable terrain du Je où le savoirfaire joue des perceptions et invite à un voyage émotionnel. Miroir de notre âme en quête de sensation, les arts visuels qu’ils soient figuratifs ou abstraits transcendent nos sens et notre esprit pour faire vivre à chacun l’expérience de la vie !
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GALERIE D.X
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FRANÇOIS BARD NOUS, HÉROS SI SINGULIERS du 6 mai au 4 juillet
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NOUS, HÉROS SI SINGULIERS FRANÇOIS BARD GALERIE D.X
Depuis sa création en 2009, la Galerie D.X a toujours défendu une ligne artistique exigeante et cohérente : dans une démarche de recherche et de compréhension des évolutions des mouvements artistiques actuels, dans une réflexion attentive aux idées novatrices enfin, grâce à une direction artistique collégiale. La galerie propose des expositions temporaires d’artistes internationaux et de jeunes plasticiens. Elle participe également à diverses foires internationales, Art Paris - Drawing Now- Slick- ...
D.X
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a ville regorge de galeries dont une majorité expose de l’art contemporain. La galerie D.X est de celles-là , mais pas seulement. Idéalement située, elle offre aux artistes une scénographie sobre et efficace qui met réellement en avant les oeuvres par une optimisation de l’espace d’exposition. De plus l’accent est mis sur un choix d’oeuvres audacieux où les qualités plastiques réelles des toiles ou des sculptures laissent place à une réflexion sur le monde qui nous entoure. L’accueil et les conseils des galéristes, servis par des oeuvres puissantes vous offriront une excellente porte d’accès au monde exigeant et trop souvent inaccessible de l’art contemporain. Ici, on ne vous dévisage pas de la tête aux pieds, on ne vous prend pas de haut, on vous propose simplement de découvrir un nouvel univers. Vous l’aurez compris, on aime s’y rendre.
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NOUS, HÉROS SI SINGULIERS FRANÇOIS BARD GALERIE D.X
NOUS, HEROS
SINGULIERS Plongez dans l’univers hyperréaliste de François Bard où les cadrages cinématographiques serrés et les gueules cassées servent une critique toujours lucide et acerbe de notre société de paraître et d’illusion !
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rançois Bard est l’invité d’honneur de la galerie D.X jusqu’au 4 juillet, occasion inédite à Bordeaux de plonger dans l’univers d’un peintre exigeant. Sa technique autant que l’accent mis sur le sens directement perçu de l’oeuvre confère aux tableaux de F. Bard une force et une compréhension immédiates. Ces corps sans visage, ces paysages sans nom, ces figures abîmées... interpellent votre attention dès les premiers instants puis suscitent irrémédiablement l’interrogation : qui sont-ils, où vontils, à quoi pensent-ils ? Tant de questions pour lesquelles il vous faudra chercher en vous pour trouver la réponse. Attention : effet miroir garanti !
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Très petit, […] pour moi c’était magique. Je ne comprenais pas comment avec de la peinture, on pouvait donner une impression aussi vraie
STYLE
FRANÇOIS BARD 150x195 cm Huile sur toile 2014
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NOUS, HÉROS SI SINGULIERS FRANÇOIS BARD GALERIE D.X
L’ABSENCE
FRANÇOIS BARD 130x162 cm Huile sur toile 2014
FRANÇOIS
BARD Portraitiste de la vanité et du vieillissement, l’artiste nous offre une lecture lucide d’un monde en déperdition.
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é à Lille en 1959, François Bard a grandi à Troyes : « ville métaphysique ». Troyes : capitale du textile dans lequel travaillait son père n’offrait aux enfants de ses rues désertes que peu de distractions. François Bard ne gardera de ses années que le
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souvenir d’un vie en suspension dans une ville sans visage ni prétention : la salle d’attente mortifère pour quelque chose à venir. Mais quoi ? Il s’offre quelques moments de stimulation dans une des deux seules salles de cinéma de la ville : l’Alhambra et conserve le souvenir émerveillé de sa première vision du Coucher de Soleil de Renoir. Puis comme dirait le grand Charles : à dix sept ans il quitte sa province. Bien décidé à empoigner la vie. Le coeur léger et le bagage mince. Partant d’un statut de cancre averti, il rejoint les Beaux Arts de Paris ENSBA dont il sort diplômé en 1980 après avoir enfin rencontré sa vocation. Ses débuts sont prometteurs.
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Il est sélectionné pour être pensionnaire à la villa Vasquez avant ses trente ans, puis obtient le premier prix Belmondo en 1990. Enfin il devient professeur de peinture à l’huile aux ateliers des Beaux Arts de Paris en 1999-2000. En 2011, il a sa première exposition permanente à la galerie Olivier Waltman à Saint Germain des prés. À présent il travaille entre Paris et la Bourgogne où il possède un immense atelier. En dehors des expositions, il vit dans une maison isolée avec son petit chien (Paulette), un poêle à bois, , des champs à perte de vue et une décoration minimaliste qui se résume au strict nécessaire. La simplicité guide
POSE HÉROÏQUE FRANÇOIS BARD 130 x 220 cm Huile sur toile 2015
son quotidien, loin de l’univers de ses tableaux où il se met en scène. Dualité : Horizons incertains Originaire de Champagne aux paysages plats, il aime restreindre dans ses tableaux l’horizon à une simple ligne droite séparant deux aplats (1). Une droite pour marquer la dualité dans son expression la plus simple d’un contraste noir et blanc. Opposition du jour et de la nuit, de la vie et de la mort, de la clarté et de l’obscurité… Ses choix de composition sont tranchés, directs et sans concession. Gardes solitaires François Bard peint des gardes comme il aime les nommés. Il voit le peintre comme un vigile guettant l’horizon depuis son atelier mirador. Écho du Désert des Tartares (1940) de Dino Buzzati où le lieutenant Giovanni Drago veille sur le fort Bastionni dans l’attente d’une attaque imminente. Le peintre tel le héraut du roman, véritable Don Quichotte sans moulin, trouve
dans l’intemporalité de la peinture un média qui donne du sens à la vie ou à défaut lutte contre l’arrivée inexorable de la mort. Ses tableaux par la force de leur composition et d’un réalisme acharné sur un fond quasi vide renvoie l’image de l’isolement et de l’instant figé. Vanité-faire Comme il le souligne lui-même, dans ses têtes démesurées, on retrouve une représentation païenne et vaniteuse de l’homme afin de lui donner un aspect quasi divin. Il puise son inspiration dans des scènes du quotidien ou dans des personnes qu’il croise. À défaut de sujet, il peint à partir de son propre portrait pris en photo par sa femme dans des mises en scènes inspirées de l’actualité, de rencontres ou d’images en tête. Un de ses sujets de prédilection : sa chienne, Paulette, à la reconnaissable tâche de clarté dans les ténèbres de son crâne. 1 Aplat : application égale et régulière de la couleur.
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NOUS, HÉROS SI SINGULIERS FRANÇOIS BARD GALERIE D.X
GISANT
FRANÇOIS BARD 130x162 cm Huile sur toile 2014
Retour au figuratif Après le 11 septembre 2001, sa peinture est redevenue figurative. Il avait besoin à nouveau de l’image pour mieux figurer la fragilité d’une société, une envie de quitter l’abstraction réservée aux enfants gâtés. Cette tendance se retrouve de plus en plus dans le milieu de l’art contemporain, comme un besoin de renouer le lien avec le public, de partager avec le plus grand nombre. Clair-obscur On retrouve dans ses séries de portraits tronqués, la même qualité plastique, la même exigence académique du savoir-peindre. Il utilise pour seuls pinceaux, les mêmes que ceux utilisés pour les peintures de maison. Il apporte cependant un choix particulier au choix de ses toiles en lin et au gesso acrylique (1) pour l’enduction et l’encollage (il reste fidèle à la gamme Amsterdam de Royal Talens). Sa chronologie de création suit toujours un même processus :
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L’inspiration (vidéo, photo, entourage…) La prise de photographie La préparation de la toile La structure des éléments de base Le remplissage au pinceau La lumière (du noir au clair) La glaçure colorée Dans la lignée des grands maîtres tels Caravage et Rembrandt, sa maîtrise du clair-obscur offre un jeu d’ombre et de lumière qui fait naître le relief de la toile et des personnages. CinémaScope Le spectateur de ses oeuvres se retrouve comme projeté au premier rang d’une salle de cinéma regardant une image fixe où le synopsis lui est inconnu et la suite suspendue. Seul indice : le nom de l’oeuvre qui aiguille la direction du regard et guide le sens du tableau. C’est un jeu d’image et de langage. L’oeuvre en elle-même a pour but de dérouter et questionner. Elle n’a donc de sens que dans les non-dits : instant précédent et suivant l’image.
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LE TÉMOIN FRANÇOIS BARD 130 x 130 cm Huile sur toile 2015
Son univers se déploie dans des cadrages serrés dans lesquels il développe un réalisme cinématographique empruntant aux personnages de l’univers d’un Scorcese ou d’un David Lynch où se côtoient gueules cassées, voyous et starlettes d’un jour. Sa technique minutieuse s’appuyant sur des photographies pourrait faire des oeuvres de François Bard une transcription hyperréaliste de la réalité mais la force de l’expressivité de sa palette de couleurs vives soulignée par un glacis (2) dégoulinant et les aplats sombres de ses arrières-plans mettent en abîmes les personnages dans un jeu du réel. On est loin de l’objectivité et de la froideur académique de l’Hyperréalisme. Son observation aigüe de notre époque axée sur le langage et la représentation n’est pas sans faire référence aux écrits de Jean Baudrillard sur les enjeux et les ressorts de notre réalité: L’échange symbolique et la mort (Gallimard, 1976) et Simulacres et simulation (Galilée, 1981) et à ceux de Roland Barthes pour ce qui est du mythe : Mythologies (Seuil, 1957).
Vivre de peinture pour ne pas mourir d’attente La vie et la mort transpirent dans tous les tableaux de François Bard. Là où nous ne verrions qu’un sourire, l’artiste y voit des os lumineux rappelant le sourire de la mort. La clarté ne vient ainsi que pour souligner la noirceur des situations et des personnages. Comme le souligne François Bard : peindre, c’est donner une valeur à la vie, c’est peupler les instants d’attente d’un quelque chose qui ne vient pas sans bien savoir quoi par ailleurs. On y retrouve dans son approche un certain vitalisme proche de L’Évolution Créatrice (1907) de Henri Bergson. La vie comme piégée entre deux états : ni figée, ni chaotique. Avec un immense talent mais une incroyable humilité, François Bard nous tend un miroir pour nous inviter à la modestie et ne pas céder aux sirènes de l’urgence et du paraître. 1 Gesso : enduit lisse 2 Glacis : superposition de couches transparentes de peinture pour finaliser l’oeuvre et faire ressortir les couleurs
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NOUS, HÉROS SI SINGULIERS FRANÇOIS BARD GALERIE D.X
LES BOTTES FRANÇOIS BARD 190 x 120 cm Huile sur toile 2015
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LE SILENCE
FRANÇOIS BARD 162 x 130 cm Huile sur toile 2013
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ARTS VISUELS
PORTRAIT
IMAGINAIRE C
omme chantait Lynda Lemay : « Le plus fort, c’est mon père » ! Portrait d’enfant pour visage d’homme, hommage aux héros ordinaires. Le portrait, c’est un peu ça (et peut-être surtout ça) : un homme simple dans une action banale de la vie qu’un regard vient cueillir et sublimer. Ce héros du coin de la rue qui sort ses poubelles tous les jours à 7h27 et qui réapparaît douze minutes plus tard pour enfourcher sa bicyclette munie de ses deux rutilantes sacoches achetées dans une grande surface à la période des soldes en trois fois sans frais mais dont la fierté d’arborer ses deux protubérances colorées est sans égale !
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Celui-là même qui rentre chaque soir sur ses deux roues avec le journal régional qui entoure les deux baguettes encore chaude qui débordent de sa besace. Le front trempé, les yeux brillant du devoir accompli et de la faim bientôt rassasiée ; il ne doute pas... il ne doute pas de ce qui sera dans son assiette, le menu étant déjà prévu depuis l’avant-veille. Il a toute certitude aussi de trouver la table dressée et le repas mijotant à feu doux sur la gazinière pluri-décénale. Il regardera sans surprise les informations du 20h00 en buvant son café mais s’étonnera toujours des guerres, de la famine, des catastrophes climatiques et retrouvera toujours avec candeur et virginité l’arrivée du printemps, Noël le 25 décembre, le lundi de pentecôte, les chocolats de pâques, les bouchons de juillet, les canicules en août... Il prendra toujours autant de plaisir à attendre puis découvrir la météo du lendemain, à pronostiquer les prévisions de la semaine, à attendre les cinq numéros du loto, à voir son film du soir, à
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ne pas prendre de café avant d’aller se coucher, à se féliciter d’avoir arrêté de fumer, à aller se coucher pour enfin... tout recommencer. Dans le silence de la vie où personne ne le remarque, où personne ne prête attention à son infatigable patience, à sa persévérance inusable, à son look si parfaitement dessiné pour se fondre dans la masse, à son effort permanent pour ne pas céder à la gourmandise qui irrémédiablement l’amènerait au sur-poids ; un petit être haut comme trois pommes, âgé de quatre courtes années dessine sur le papier que le professeur lui a donné, en prenant soin de bien s’appliquer et en respectant scrupuleusement les consignes qu’on lui a donné, le portrait de son héros. Et son héros à lui, il n’en n’est pas peu fier ! Il le connaît bien. Il part tous les matins sur son grand vaisseau faire le tour de la galaxie pour trouver un peu de pain chaud et chaque soir c’est la victoire quand il rentre comme toujours les bras chargés. De toute façon, il le sait : le plus fort, c’est son père.
ARTHUR
4ANS
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HORIZONS
PHOTOGRAPHIE ITINÉRAIRES DES PHOTOGRAPHES VOYAGEURS du 1er au 30 avril
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ITINÉRAIRES DES PHOTOGRAPHES VOYAGEURS
VOYAGE & PHOTOGRAPHIE RETOUR À LA LIGNE D’HORIZON
Dans le cadre de la 25ème édition des itinéraires des photographes voyageurs, la ville de Bordeaux, comme chaque année, devient le lieu de rendez-vous de tous les amateurs de photographe en sac à dos. Une bonne occasion de revenir sur cet art apprécié de tous. Plantons un peu le décors : la grande période des vacances approche et avec elle son lot de projets et de voyages. Nous rêvons tous d’être équipés du dernier smartphone à la mode ou de la Rolls des appareils photos amateurs. Que d’heures passées à rechercher le fameux Saint Graal qui a obtenu 5* étoiles dans Les Numériques et pour lequel la toile s’enflamme. Ou alors, la découverte du vieil appareil argentique de tonton Christobal qui nous fournira les plus beaux effets. Ne reste plus que la destination exotique ou photogénique qui garnira notre page facebook et fera monter la jalousie et la frustrations de nos amis ennuyeux restés aux beaux jours le fessier vissé aux chaises de leur bureau. C’est sûr cette année, nous serons les photographes-voyageurs émérites qui exploseront les likes !
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rêt pour le grand voyage ? Décidé d’en finir avec l’été et son lot de photos floues que l’on garde pour les besoins de la mémoire de ces moments inoubliables-tellement-c’était-bienque-t’aurais-dû-y-être et dont on ne sait jamais trop quoi en faire ! Alors c’est parti, petit retour sur la photographie et le voyage... PHOTOGRAPHIE ET VOYAGE Qui ne prends pas de photographie en voyage ? Qui ne reconnais pas avoir tenté de faire des photographies esthétiques qu’il rêverait voir admirées par tout le monde ? Qui n’a pas échoué dans la tentative ou été déçu de la réception des spectateurs ? Nul besoin de vous souffler la réponse vous la connaissez par avance. La photographie durant un voyage est une longue tradition dans le domaine. Depuis
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tile. Depuis quelques années l’insertion dans le marché les smartphones font très bien amateur du Kodak Box en office d’APN compacts et ne 1888 puis du Kodak Brownie nécessitent aucun réglage et ni N°1 en 1900. Mais cette discipline demande un minimum de connaissances. Le lot de filtres et les modes automatiques rigueur et quelques connaisrendant tout de suite la photosances de base pour des graphie reluisante. Bienvenus résultats plaisants. Atteindre dans l’ère du rétro universel à le niveau d’un Henri CartierBresson demande quelques la Instagram ou du HDR surdizaines d’années d’expérience, photoshopé ! Mais la photographie, ce n’est pas exactement de remise en question et un ça ! Si si, je vous regard sensible l’assure, malgré et exigent qu’il vaut mieux ne J’ai retrouvé le Polaroïd de le succès relatif pas espérer mes parents ! Cet été au Pé- mais réel de vos pour le morou, je vais me faire un car- dernières phoment. net de voyage qui va déchirer tos de vacances ! Et p’t’être une expo photo à all-inclusive à Djerba sur fond TOUS PHOla rentrée ! de palmiers et TOGRAPHESde sable blanc VOYAGEURS ? où la moitié de Indépendamment, oui. Nous sommes tous vos jambes bronzées contrastait parfaitement avec le turcapables de voyager et de quoise de la Méditerranée ! prendre des photos. La combinaison des deux est plus sub-
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« La chambre bleue, claire est le récit d’un grand voyage que l’on peut faire près de chez soi » : le duo de photographes définit en ces termes, cette exposition singulière. Et si voyager ce n’était pas partir ? Sortons des clichés pour en découvrir de nouveaux. Cette série de photographies est un voyage immobile au sein même de notre environnement journalier où l’imaginaire redéfinit les espaces. Les deux photographes nous invitent à redécouvrir notre intérieur, celui dans lequel nous bâtissons notre intimité, nous organisons notre quotidien. Au bout de ce voyage nous découvrirons peut-être que ; « Cette chambre est à l’image de ma vie, perdue entre la vaine objectivité de mon regard et le mensonge de mes représentations. »
MARCHÉ DE LERME AUDREY BARTHES & MICHEL AMARAL
LA CHAMBRE BLEUE, CLAIRE VOYAGE AU BOUT DE (MON) MONDE
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ITINÉRAIRES DES PHOTOGRAPHES VOYAGEURS
MC2A ALAIN WILLAUME
ÉCHOS DE LA POUSSIÈRE ET DE LA FRACTURATION
La photographie est d’abord une question de lumière, de moment, d’angle, de composition, de profondeur de champ... UNE SPÉCIALITÉ ? La photographie de voyage recouvre une grande variété de domaines : paysages au grand angle, nature en macro, portrait, scènes de vie... Il n’y donc pas de formation en particulier. Il s’agit plutôt là d’une approche. Lors de voyage, les contraintes sont nombreuses : mouvement permanent, voyager léger, univers inconnu. Pour bien réussir, il faut donc voyager léger et efficacement : préparer ses journées pour être au bon endroit au bon
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moment. Avis aux amateurs : cela demande patience, organisation, persévérance et une bonne dose d’optimisme en toute circonstance. Enfin pour apporter la touche finale, essayez d’apporter du vivant et du mouvement dans vos photos (un enfant souriant ou jouant au cerceau par exemple), jouez des lignes et diagonales, positionnez les éléments importants sur les tiers et aérez la composition. On attend avec impatience vos prochains clichés !
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orizons figurés et figures d’horizons, jeu de lignes en suspension : dans le cadre du projet Transition, Social Landscape Project, Alain Willaume a été invité à réfléchir sur les menaces liées aux projets d’exploitation du gaz de schiste par la société Shell dans la région désertique du Karoo en Afrique du Sud. Ces photographies donnent à voir et à réfléchir. Véritable ode à la beauté des paysages sud-africain, elles nous donnent à voir ces immenses espaces indéfinis aux horizons incertains. Métaphore d’un territoire amené à disparaître sous les yeux impuissants de ses habitants.
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ITINÉRAIRES DES PHOTOGRAPHES VOYAGEURS
Photographier c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’oeil et le coeur Hennri Cartier-Bresson (1908-2004)
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artir pour découvrir et explorer les villes du monde : tel est le but de Raphaël Bourelly. Pour expérimenter d’autres univers citadains, son choix s’est orienté vers une mégalopole asiatique et plus précisément la région de Nahman en Corée du Sud. Le pays du matin calme s’est bien réveillé dans les trois dernières décennies, sortant
du sol à coup de grues et de bétonnières des mégalopoles de plus de dix millions d’habitants. L’exposition Namhan nous offre l’opportunité d’entrer dans ce monde de démesure. Entre Séoul, la capitale, et Busan, la plus grande ville portuaire du pays, Raphaël Bourelly a déambulé sans arrêt pour dressé le portrait d’un entre-deux. Dans ce mélange de fantasmes, de références cinématographiques et artistiques (The Host, Lost in Translation, le travail sur le Yangtze de Nadav Kander ou sur le fleuve Jaune (Huang He) de Zhang Kechun... ) et de craintes ou préjugés, il a su repérer les scènes qui à ellesseules montrent la manière où dans ce flot de béton, l’homme a su trouver sa place et faire naître comme une vague poésie.
ROCHER DE PALMER RAPHAÊL BOURELLY
NAMHAN, LA BRUME COMME UN VOILE...
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ITINÉRAIRES DES PHOTOGRAPHES VOYAGEURS
ACT’IMAGE MARCO ANTÔNIO FILHO VOYAGE PAR DELÀ LA LIGNE INVISIBLE
Act’image accueille l’exposition de Marco Antônio Filho dans sa grande salle blanche. Treize photos sombres habillent ainsi les murs immaculés. Après avoir trouvé le bonne angle pour éviter les reflets et aborder la présentation, on se retrouve face à treize clichés indépendant qui ne laisse transparaître aucune connexion logique. De la mandibule dans l’herbe, à un couple de paysans en passant par un mouton étripé et un arbre penché sur la route : une question demeure : quel est le lien ? Muni d’une fiche récapitulative des intentions, le sens apparaît. L’exposition est la représentation temporelle, historique et sociale de cette zone indéfinie qu’est la frontière.
La frontière est cet espace floue, sans réelle limite ni appartenance, cette zone poreuse où les cultures se croisent, s’affrontent et s’échangent. Territoire de tous les délits et de tous les défis, il cristallise en lui les contrastes civilisationnels. L’idée d’une frontière porte en elle quelque chose de nébuleux. La frontière est l’espace « presque toujours périphérique, peu habité, inhospitalier » qui marque autant les limites que les porosités entre les pays. Elle préserve la mémoire des grandes disputes territoriales, des méfiances et des négociations diplomatiques. De même, la frontière sert de toile de fond aux petits agissements délictueux, aux résistances de ce qui sera gravé dans les textes. Marco Antônio Filho la définit comme telle : «Au sud du Brésil, la notion de frontière suggère encore quelque chose de mythique. Elle ne définit pas seulement un espace mais une situation, une période: le sud onirique, rustique avec ses prétentions d’infini. La frontière est un condensé de mémoires de guerres sanglantes et de traditions qui perdurent, qu’elles soient imaginées ou ré-interprétées » .
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De u un
e manière inconsciente, je crois, je guette un regard, une expression, des traits ou ne nostalgie capable de résumer ou plus exactement de révéler une vie. Steve McCurry (1950 - )
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ARTS VISUELS
EPONYME GALERIE FRANCE DUBOIS NEIGE
EPONYME GALERIE DU MARDI AU SAMEDI 14H > 19H 3 RUE CORNAC, 33000 BORDEAUX Après deux années passées dans le silence de la nature dans une résidence artistique au Japon, France Dubois est revenue avec une vision adoucie et plus spirituelle du quotidien. Elle nous offre ainsi dans cette exposition la magie de ces moments de vie où la grâce de la nature humaine efface la froide et pesante architecture de nos villes.
LA PHOTO GRAPHIE S’EX POSE 32
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etit tour d’horizon des lieux d’expositions. Vous retrouverez ici la liste des galeries citées dans ce numéro. Bien sûr il y en a tant d’autres. N’hésitez pas à nous envoyez vos dernières découvertes. Le Rocher de Palmer 1, rue Aristide Briand 33152 CENON Dans le cadre de la manifestation « Itinéraires des Photographes Voyageurs », le Rocher de Palmer a accueilli cette année le travail d’Aurélien Voldoire « Downtown », et de Raphaël Bourelly « Namhan, la brume comme un voile… ». Le Rocher reste un haut lieu de rencontres musicales tout au long de l’année : véritable vitrine de la musique du moment. MC2A, Porte 44 44, rue du Faubourg des Arts 33300 BORDEAUX Du mardi au samedi, de 14h à 18h et le 1er dimanche du mois. Depuis sa création en 1989, Migrations Culturelles Aquitaine Afriques affirme sa volonté de donner une visibilité aux expressions artistiques de l’Afrique contemporaine. Retrouvez jusqu’au 20 septembre le parcours artistique, culturel et touristique au fil de l’estuaire nommé Les Revenants Constellation du Tout-Monde
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Act’Image Bâtiment S 190, rue Achard 33300 BORDEAUX Du mardi au vendredi, de 14h à 18h (nocturne le jeudi jusqu’à 19h30 et sur rendez-vous le samedi). Accessible par le tra mway C : arrêt New-York. Act’Image est une association qui vise à promouvoir la photographie sur le territoire bordelais. L’exposition « Voyage par Delà la Ligne Invisible » de Marco Antonio Filho est visible jusqu’au 30 juin. Marché de Lerme Place de Lerme 33000 BORDEAUX Du mardi au dimanche, de 13h à 19h. Cette salle polyvalente accueille des expositions temporaires et manifestations culturelles de proximité. Jusqu’au 30 juin découvrez les peintures de Fanny Crochet. Galerie D.X 10, place des Quinconces 33000 BORDEAUX Du Mardi au Vendredi, de 14h à 19h et le samedi de 11h à 12h30 puis de 14h à19h. (sur rendez-vous le lundi en appelant au 06 87 86 60 70) Tél. +33 (0)5 56 23 35 20 contact@galeriedx.com Des choix d’artistes toujours percutants pour des expositions coup de coeur.
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ARTS VISUELS
LA PRÉSENCE DU VIDE
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elle une Nabila écoutant les élucubrations d’un Stéphane de Groodt inspiré à la télévision ou ces longues minutes à faire défiler le fil d actualité de Facebook ou encore ces heures perdues à attendre les informations exclusives au conditionnel sur BFM TV qui ne viendront pas ; il est des moments de la vie où le vide se fait sentir, cette apesanteur qui suspend le temps et donne un autre sens aux mots et aux personnes. Un de ces moments de grâce où on apercevrait en plein désert Einstein discuter avec une palourde sous tranquillisant du sort des lémuriens volants sur Mars. Ce vide est nécessaire, presque
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un remède à la surabondance contemporaine. Dans une actualité toujours plus dense et rapide, le contraste de ces moments apporte le relief utile pour prendre du recul et tendre vers une réflexion plus objective. Pour faire le plein de bonnes informations, il faut auparavant avoir délié notre attache à notre quête toujours plus grande de savoir quel qu’il soit. Pour faire la lumière sur nos états, faisons confiance au vide qui nous prive du son et nous révèle la photographie instantanée de nos actions inutiles. Pourquoi les émissions de télé réalité ont-elles tant de succès ? Pourquoi sommesnous friands de magazines people, de mode, de millionnaires tapant dans un ballon, de musique dance mainte fois entendue... ? Et si le vide nous permettait de respirer un peu...
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