Ressentir l'étang

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explorer l'étang de berre avec le ressentiscaphe

ressentir l' étang

explorer l'étang de berre avec le ressentiscaphe

Récit de voyage et car et de jeux

LE VOYAGE DU RESSENTISCAPHE

...lorsque nous touchons terre, nos accostages par la mer renforçent nos impressions de dépaysement.

Ils nous font remarquer plus précisément la nature des lieux.

Parfois les sols sont composés de sable blanc, jaune ou noir, de coquillages entiers ou en fragments, de moules, de palourdes, de coques en granulométries variées, de matières minuscules et hétéroclites parfois agglomérées par du pétrole...Aucun ne ressemble au suivant et, chacun à sa manière, nous raconte une histoire de l’étang.

Journal de bord du Ressentiscaphe, été 2022.

carnet de bord

Nous sommes partis, il y a plusieurs mois, à la recherche de l’étang de Berre qui avait subitement disparu de la carte. Nous avons construit une plateforme d’observation sensible pour habiter l’étang et, durant des jours et des nuits, nous avons navigué sur ses masses d’eau stratifiées, suivi le chemin des zostères, plongé au pied des usines, partagé le repas d’un ami pêcheur puis dormi avec les moules. Au petit matin, abreuvés de mille histoires attestant de la vitalité de son existence, nous les avons partagées.

HABITER L'ETANG

En 2015, la réédition de l’atlas routier Michelin oublie de faire figurer la nappe bleue de l’étang de Berre. Intrigué par cette disparition, le Bureau des guides du GR2013 imagine une expédition collective pour partir à sa recherche. Elle prend le nom de Pamparigouste, en écho au pays lointain ou imaginaire d’une vieille légende provençale.

Le collectif SAFI imagine alors le Ressentiscaphe, une embarcation pour découvrir l’étang et reprendre la capacité de le ressentir et l’écouter, avec nos corps comme instruments de mesure et de perception.

Le dessus est un espace d’observation sensible et le dessous forme un récif qui invite les espèces sous-marines à s’accrocher à la vie dans l’étang.

Au fil des voyages, une collection d'objets a été imaginée pour entrer en « état de conversation ». Ainsi, des drapeaux font apparaître des personnages et des histoires écologiques de l’étang et une série d’objets à immerger tentent d’inventer de nouvelles formes de communication inter-espèces.

Le carnet que vous tenez entre les mains fait le récit de cette aventure. Il vous invite à plonger dans l’étang avec vos sens, pour aller à la rencontre de ses habitants.

Au-DESSUS :

Une embarcation sensible

Sans quille et sans dérive le Ressentiscaphe est très exposé à la force du vent et des vagues. Il se laisse donc naviguer par l’étang.

Ramer en arrière exige qu’un capitaine dirige la manœuvre à la voix. Si l'un des rameurs rame trop fort, on tourne en rond ! La conversation est donc nécessaire pour avancer.

Une vigie lumineuse nous aide à rester attentifs.

Un perchoir carré où aucun oiseau ne se posera jamais.

Des drapeaux présentent les histoires récoltées en chemin.

Des transats de perception tranquille.

Des trappes nous invitent à passer de l’autre côté et à explorer les inframondes de l’étang.

Au-dessous : Un jardin sous marin

A partir de l'hypothèse d'inviter les espèces et notamment les moules à « s'accrocher à la vie dans l'étang », nous avons imaginé le dessous du Ressentiscaphe comme un récif. Nous avons varié et multiplié

les matières et les points d'ancrage. Petit à petit, un jardin sous-marin a fleuri et nous l’observons à loisir. Pour cela, il suffit d'ouvrir une trappe ou de plonger dessous pour découvrir et rencontrer un petit écosystème passionnant.

Des objets à immerger posent des questions et inventent une forme de communication avec les espèces sous-marines.

Avez-vous peur du noir ? du néant ?

Préférez-vous les maisons, en bois, en plastique, en métal ou en ciment ?

Imaginons que l’étang soit un immeuble, à quel étage habitez-vous ?

Aimez-vous être suspendu ?

Aimez-vous les chansons d’amour ?

Pamparigouste

U e exploration col ective à la ec erc e de l'étang de Ber e.

L'aventure du Ressentiscaphe fait partie d'une vaste exploration qui réunit des artistes, scientifiques et habitants de la lagune pour partir à la recherche de l’étang de Berre.

En 2019, l’expédition Pamparigouste s’embarque. Elle fait suite à la disparition de l’étang de Berre de la carte routière mais également à un épisode de « malaïgue » (mauv de mortalité des espèces durant l’été 2018. Cet événement s’inscrit dans l’histoire longue d’un territoire hautement industrialisé et révèle la fragilité de la lagune. Partant à sa recherche, l'équipage prend ainsi au sérieux la menace de « disparition » pesant sur cet écosystème, mais il se met aussi en quête d’une connaissance perdue et d’ histoires à même de nous relier au vivant de cette mer intérieure. Au fil des voyages et des rencontres, les récits et les manières de les partager se multiplient jusqu’à composer une épopée infinie, une expédition sans conquête, un imaginaire en commun.

Dans la culture populaire occitane, Pamparigouste est un pays imaginaire, lointain ou inconnu que certains situent vers l’étang de Berre. La légende raconte que ce royaume a été créé par des fées exilées qui lui donnèrent d’immenses richesses et une grande fertilité, mais afin que personne ne voit ce royaume, les fées l’entourèrent d’une barrière invisible, qu’aucun ne pouvait traverser. En provençal, c’est aussi une expression pour envoyer promener les importuns : Va te faire voir à Pamparigouste !

L'équipage

L’ expédition Pamparigouste et le voyage du Ressentiscaphe ont réuni au fil de leurs épisodes un équipage nombreux et diversifié. Entre hospitalités partagées, compagnonnages au long cours, retrouvailles annuelles et rencontres voyageuses, il forme un collectif vivant et en mouvement qui donne à voir, à connaître, à sentir et à comprendre l'étang, et tente de se relier à lui.

les diplomates

Ils ont été nomb eux, cel es et ceux, els des diploma es, qui ont fait apparaît e es êt es derriè e es cho es.

Ils ont fait ja llir e erve l eux de ces espaces comp exes et provoqué des a tac e ents qui dessi ent des paysages habités.

Mr. Piragolo et les oiseaux

Pêcheur de l'étang et génial inventeur d’une pirogue, il a largement inspiré la création du Ressentiscaphe.

Il nous enseigne à regarder l'étang sous tous les angles et notamment à observer le vol des oiseaux pour repérer les zones poissonneuses.

Jeff et les coquillages

Écologue, maître de conférences au LPED et habitant des rives, il nous raconte les espèces des rives de l'étang. Il nous incite à voir et comprendre les coquillages sur la plage comme des êtres vivants qui, un jour, ont vécu dans l'étang.

Luc et les moules

Conservateur d’espaces naturels protégés et pêcheur attentionné, il nous raconte la complexité entre les usages et la conservation de la biodiversité. Il nous partage son rêve de cultiver des moules pour filtrer et oxygéner l'étang.

Guillaume, damien et leurs 8 vies

Guillaume a co-construit avec nous le Ressentiscaphe. Avec Damien, inventeur de génie, ils ont fondé l’association « 8 vies pour la planète ». Elle por te, entre autres, l'ambition de faire fleurir des zostères marines dans l'étang grâce au projet, imaginé avec leur acolyte Pascal, ZoRROZostère, le Retour Rapide comme Objectif.

Guilaine et la lagune

Habitante, curieuse et marcheuse, elle a co-découvert un port antique, enfoui dans les roseaux à Rognac. Avec ses amis, elle a fondé Nosta Mar, une association de citoyens co-gestionnaires qui aménagent et prennent soin du marais de la Tête noire.

Pierre henri et la navigation

Directeur de la base de voile de Miramas, il est notre pourvoyeur de précieux conseils de navigation. Il nous a incité à observer la course des nuages et la surface de l'eau pour comprendre les humeurs de l'étang.

Aline et les cténophores

Pêcheuse professionnelle et amoureuse de l’étang, elle nous raconte le rôle décisif des pêcheurs dans la prise de conscience de la dégradation écologique de l'étang mais aussi les espèces rares ou invasives qu'elle relève dans ses filets.

Étang de Ber e

vue d'oiseau

U e cartograph e

Trois voyages et plusieurs jours de navigation nous ont appris à percevoir l'étang avec nos corps-sondes, devenus gouvernails. Tandis que nos yeux et nos voix cherchent le chemin, nos pieds mesurent la hauteur des vagues et nos bras ressentent l’intensité des vents.

Lors de nos baignades, des espèces inconnues apparaissent dans toutes leurs étrangetés. De tous nos accostages, aucun ne ressemble au suivant, chacun nous offre un monde inconnu qui alimente notre curiosité.

Voyage 1 de Saint-Chamas à Martigues

Voyage 2 de Saint-Chamas à Rognac

Voyage 3 de Saint-Chamas à Istres

Port d'attache à Saint-Chamas Bivouac sur la plage

L'étang de berre

entre paradis et enfer

En chemin, nous avons exploré la richesse et la complexité de l’étang ce grand, système lagunaire d’eau saumâtre qui comprend plusieurs étangs (Berre, Bolmon, Vaine, l’Olivier) et offre des paysages variés, des plages de sable fin aux roselières caractéristiques des lagunes. Cette zone de transition entre l’eau douce et l’eau salée est un refuge précieux pour de nombreuses espèces d’oiseaux, de

coquillages, de poissons ou de plantes. Il est alimenté par une entrée d’eau marine via le chenal de Caronte et reçoit également les eaux de quatre rivières de son bassin, situées sur la rive Est. En 1966, une centrale hydroélectrique est installée sur la berge et on comprend que l’eau douce peut « polluer » l'étang.

Cette pollution est provoquée par le rejet des eaux douces et limoneuses prélevées dans la Durance que la centrale EDF turbine pour faire de l'électricité. Elle provoque ainsi des variations de salinité brutales et un comblement de l’étang qui déséquilibrent l’écosystème fragile de la lagune. Mais l’étang de Berre est aussi également un espace géostratégique important qui a accès à la Méditerranée et qui fournit depuis très longtemps des matières premières indispensables à nos sociétés (sel, soude, calcaire, salpêtre...). Pendant de nombreuses années, ce territoire associé au pourtour

du Golfe de Fos-sur-Mer a misé sur son seul développement industriel et sur ses circulations mondialisées (usines pétrochimiques et sidérurgiques, zone industrialo-portuaire, aéroport de Marseille-Provence…). Aux pollutions par les produits phytosanitaires de l’agriculture et par l’activité pétrochimique s’est donc ajoutée la pollution à l’eau douce. Ces imbrications entre ressources naturelles, bassin de vie et exploitation économique, font de l’étang de Berre une terre de contrastes, entre paradis et enfer !

SOUS LA SURFACE

Un ecosystè e varié et de nomb eu es espèces enco e à découvrir.

Retrouve le nom des espèces et Ajoute quelques couleurs à ce fond marin

Sous le Ressentiscaphe, un jardin sous-marin s'est installé. Il dévoile des espèces que, pour certaines, nous voyons pour la première fois tel que 1. l'anémone fantôme, 2. l'ascidie de Manhattan, un animal en forme de sac, 3. le cténophore, un zooplancton invasif, 4. la méduse aurelia qui ne pique pas, 5. la caprelle ou crevette fantôme, transparente et fine comme un cheveu. Mais il y a également des espèces que nous avions déjà aperçues en mer, comme 6. la crevette paon, 7. le gobi, 8. les moules de méditerranée et les moules chinoises, 9. le chevesne, un poisson migrateur qui passe de la mer à l'étang, 10. l'ulve, une algue verte qui aime l'azote, 11. le crabe ou 12. les zostères, que nous vous présenterons un peu plus loin. Toutes révèlent que l’étang est un écosystème lagunaire avec des perturbations importantes qui sélectionnent les espèces très tolérantes aux variations, mais aussi un écosystème complexe dont de nombreuses richesses restent encore à découvrir.

HistoireS collectées

En c emin, nous avons récolté des histoi es écologiq es, historiq es ou farfel es. Chacu e témoig e d'u e elation à l'étang et certai es sont deven es des drapeaux.

Les rejets de la Centrale hydroélectrique

La centrale hydroélectrique reçoit les eaux de la Durance par le canal EDF et elle les turbinent pour fabriquer de l'électricité. Elle rejette ensuite cette eau chargée de limons dans l'étang de Berre provoquant ainsi une diminution de la profondeur de l'étang et des variations brutales de salinité difficiles à supporter pour de nombreuses espèces. Ce rejet provoque également une "stratification" c'est-à-dire des couches d'eau douce et salée qui ne se mélangent pas et agissent comme un couvercle sur l'étang. Cela pourrait à terme étouffer l'étang et le combler, et peut-être le faire disparaître ?

Colorie les drapeaux

On l'a vu, ce n'est pas facile de vivre dans l'étang ! Aussi, les espèces présentes sont soit très tolérantes aux variations de salinités et de températures de l'étang, soit migratrices. C'est le cas de la daurade royale et du muge. Ces poissons entrent dans la lagune au printemps pour s'alimenter et grandir, puis la quittent à l'automne. La daurade part se reproduire et le muge, lui, part pour pondre ses œufs. C'est là, sur le chemin vers la mer, que les attendent les pêcheurs. Les muges femelles sont particulièrement appréciées pour leur poche d'œufs car une fois séchée, elle deviendra la célèbre poutargue.

Pour ne pas oublier de ressentir l'étang, nous avions également les drapeaux de 6 sens. 5, plus connus (la vue, l'ouïe, le toucher, le goût et l'odorat) et la "proprioception", notre capacité à se repérer dans l'espace.

collection DE coquillages

Coq e glauqde Corma dllot perce u r

Pétoncde glabde

Cyclonasde

comme un jeu de piste, pars à la recherche de tous ces coquillages.

COLLECTION DE COQUILLAGES

C'est Jeff l’écologue qui le premier nous invite à considérer les coquillages comme des êtres qui vivent ou ont vécu dans l'étang. Certains ont disparu, d'autres y habitent encore ou sont arrivés récemment. C'est le cas de la petite moule asiatique qui est arrivée avec la culture des coquillages, notamment des palourdes. Celles- ci sont cultivées au Japon, puis transportées dans des sacs d’eau remplis de larves de cette petite moule.

ZOSTèRE MARINE

C’est Pascal, de l’association 8 vies, qui nous parle des zostères naines et marines, des plantes qui font des fleurs sous l'eau. Il nous raconte que la stratification de l’étang (des couches d’eau douce et salée qui ne se mélangent pas) empêche la lumière d’atteindre le fond et, petit à petit, la zostère disparaît. C’est pourtant une plante très importante pour l’écosystème, car elle se nourrit grâce à la photosynthèse (elle fabrique du sucre à partir de la lumière et du gaz carbonique) et rejette l’oxygène qui manque tant à l’étang. Elle sert aussi de nurserie, en offrant abris et nourriture aux jeunes espèces. Grâce à un rhizome qui s'enracine- contrairement aux algues qui flottent - elle stabilise et contribue à éviter l’érosion des fonds sableux. C’est pour cela que l’association 8 vies, au travers du projet ZoRRO, mène des campagnes de récolte des graines et les plante pour repeupler les herbiers de l’étang.

Grâce à la photosynthese

elle produit de L'o_ _ _ _ _e

La Zostère est une plante à F_ _ _ _s

Elle forme des H_ _ __ _ _s

Son r_ _ _ _ _e s'enracine dans le sable

Lis le texte et retrouve les actions bénéfiques de cette plante.

CTéNOPHORE

En plongeant dans l’étang, une matière gélatineuse caresse la pulpe de nos doigts. Effrayés à l'idée d'une invasion de méduses, nous écourtons la baignade. C'est plus tard, qu'Aline la pêcheuse nous raconte que cette espèce est arrivée d'Amérique dans l’étang, dans les eaux de ballast des cargos. Son nom est Mnemiopsis leidyi. C’est un cténophore qui veut dire porteur de peigne, car elle possède des lignes de cils vibratiles qui lui permettent de nager et qui, en se contractant, produisent de la bioluminescence, une lumière biologique. Elle ressemble à une méduse mais ne pique pas. Elle est très vorace et se nourrit de planctons, ou de larves d’animaux marins. Parfois, il y en a tellement dans l'étang que les filets d’Aline en sont remplis et qu'elle n'arrive plus à les soulever. La cause serait la raréfaction de ses prédateurs, notamment les poissons.

Ajoute de la lumière multicolore dans les lignes pour illuminer l’étang.

la moule volante

Observe cette moule en comptant lentement jusqu’à 30, puis observe le ciel en clignant des yeux et fais-la voler.

Luc est écologue, c’est le premier qui nous a raconté que les moules, en filtrant pour se nourrir, nettoient l’eau et la mettent en mouvement. Comme des petits moteurs, elles brassent les eaux. C’est minuscule, à l’échelle d’une moule, mais si toutes les moules de l’étang se mettent à faire des petits tours de moulin, on peut mettre toutes les masses d'eau en mouvement et aider l’étang à s’oxygéner.

Dessine un rocher, colorie-le d’une seule couleur très intense et fais-le voler. de la même manière, Essaie maintenant de poser la moule sur le rocher. Continue à inventer d’autres histoires.

ce que je trouve

Dans u e poignée de sab e, e tri ent e nos doigts fait apparaît e des matiè es minuscu es, des ca lloux, des coqu llages, des plastiq es, des tu les ou des rag ents de pétro e qui, chacu e à sa maniè e, racon ent l' histoi e de l’étang de Ber e.

ramasse une poignée sable raconte ce que tu vois aussi précisément que possible.

Colorie cette poignée de matière pour faire apparaître ce qui la compose (cailloux, verre, plastique…)

Suivre l'ombre

Accablés de ch leur, souvent nous c erchons un peu de raîc eur. Tout à coup, u e omb e dev ent un b en préc eux q e nous chérissons.

Place un objet ici et déplace toi au soleil pour faire apparaître son ombre.

Dessine le contour et l' ombre de ton objet.

Observation

Tout au long du voyage, nos yeux ont appris à ob erver. Les objets qui embla ent au p em er abord identiq es ont petit à petit, révélé eurs paru es variées, eurs di fé ences.

Observe et continue les dessins, Sur la plage, trouve des choses qui leur ressemblent.

remplis ce pot

Chaq e jour, emplir un pot nous invi e à ob erver au microscope tout ce qu' l y a dans un peu d'eau.

Dessine ce qu'on peut voir (ou pas) dans l'eau...

perceptions

Fais la planche, observe les nuages, décris ce que tu vois.

Fais une galipette à l’endroit. À l’envers ?

Ramasse un caillou ou une poignée de sable. Regarde ce que tu as trouvé et décris-le.

chanson pour l'étang

Tu peux chanter un air, seul ou en groupe.

Sous l'eau, chante pour les espèces sous-marines.

Écris une chanson pour l'étang

Psycho-test

Q el pratiquant·e· de l’étang es-tu ?

Quand l’eau de l’étang et la plage sont remplis d’algues

a. Je me baigne quand même, vraiment pas de quoi s’inquiéter, je crois que ma grand-mère en faisait du compost, en plus j’adore les sensations bizarres.

b. Ah, des ulves ! Regardons de plus près à quel stade de décomposition nous en sommes…Il va falloir être vigilants, si elles continuent de pourrir sur la plage on devra fermer…

c. Je commence les plans d’une machine ultra-technologique-super-efficace pour ramasser tout ça vite fait bien fait, peut-être que je peux monter une filière de récupération et de compostage des algues…

d. Cette plage sent mauvais, c’est sale, ils pourraient quand même les ramasser ces algues!

Quand la turbidité de l’étang est importante, c’est-à-dire que l’eau est trouble

a. Je me baigne quand même, je ne vois pas le fond mais j’ai connu bien pire, des fois je ne voyais même pas ma main…

b. C’est dommage, aucun risque pour la baignade en soi, les phytoplanctons et les limons ne sont pas un critère de risque pour la qualité sanitaire des eaux, c’est aux sauveteurs de décider s’ils ferment ou non, pour des questions de sécurité et de surveillance de la baignade.

c. Ah, on n’y voit pas grand-chose, je vais créer un système d’oxygénation et de renouvellement des eaux, pauvres en limons et en nutriments, qui ferait qu’il n’y aurait plus d’anoxie et d’eau chargée et trouble comme ça.

d. J’y vois rien, un monstre radioactif va me sauter dessus c’est sûr, je ne rentre même pas un orteil dans l’eau.

Bain de minuit dans l’étang, après quelques brasses, l’eau s’illumine

a. Wouah !! Un vrai feu d’artifice, c’est incroyable je ne me remets pas du spectacle ! Dommage que ces petites noix de mer soient si invasives et coulent les filets des pêcheurs…

b. Les magnifiques mnemiopsis leydyi, c’est leurs cils vibratiles, qui s'illuminent la nuit ! On dirait que l’étang est chargé, le bloom zooplanctonique de la saison est arrivé, ça sent l’eutrophisation…

c. Comment ces créatures peuvent-elles briller, c’est dingue !! Je vais fabriquer une machine qui détectera leur lumière et permettra de les compter au contact de l’engin afin de comprendre à quel moment elles sont le plus nombreuses dans l’étang. Ça doit sûrement correspondre à une période d’anoxie… d. Je hurle et cours hors de l’eau. Décidément, les Catalans c’est quand même bien mieux.

Ce matin, je consulte le panneau d’affichage du GIPREB pour la qualité des eaux de baignade

a. “Qualité excellente” ? Ça ne m’étonne pas, je me suis toujours baigné, c’est quand même le paradis ici… Peut-être plus pour longtemps, je redoute l’invasion de touristes…

b. “Qualité excellente” ! Au moins depuis 2016 oui. Je me souviens de ce moment où les tests de qualité d’eau de baignade ont été plus nombreux, jusqu’à deux par semaine, avec les résultats de l’ARS et du GIPREB qui ont permis de démontrer que le taux d’escheria coli et d’entérocoques, indicateurs de la contamination bactériologique non pathogène, étaient inférieurs aux seuils demandés et que globalement, la qualité des eaux était bonne !

c. “Qualité excellente” ? C’est sûr ça ? C’est quoi leur protocole exactement ? Ils mesurent quoi ? Et c’était comment avant alors ? Je vais fabriquer une machine ultra-performante-super-connectée qui permet de mesurer directement une fois dans l’eau à l’aide d’une sonde que l’on pourrait plonger dans l’étang et qui serait

reliée à un ordinateur qui nous donnerait immédiatement les résultats, et un bateau qui ramasserait les plastiques aussi, parce que qualité excellente oui, mais déchets nombreux...

d. “Qualité excellente” ? C’est ça oui, et toutes ces usines elles crachent des papillons ? On le connaît l’étang de Berre hein… Bon je vais me baigner aux Catalans.

Le plus de a Tu es un.e habitant.e motivé·e, l’étang de Berre, tu connais !

Le plus de b Tu es un.e biologiste expert·e, membre du GIPREB

Le plus de c Tu es l’ingénieur.e fou/folle de l’étang, tu ne recules devant aucun défi !

Le plus de d Tu es un.e Marseillais.e qui s’est perdu·e

Ce test de personnalité a été réalisé par Johanne Baudy et fait écho à la recherche qu’elle a menée sur la question de la baignade. L’objectif de cette recherche est d’arriver à articuler à la fois les usages, les récits de vie, d’expériences individuelles, familiales et collectives, avec les discours plus scientifiques et institutionnels autour de la question de la baignade dans l’étang de Berre. Habiter un territoire c’est le pratiquer, le vivre, le sentir dans toutes ses formes, ses goûts, ses odeurs, ses plis. En se baignant dans l’étang, on plonge dans un environnement et on découvre ses aspects, ses états changeants, parfois surprenants… On apprend à comprendre l’étang et son écosystème. L’analyse de la qualité des eaux de baignade et leurs bons résultats participent aussi d’un processus de réhabilitation de l’imaginaire et des pratiques autour de l’étang de Berre. Cette attention qu’on peut porter à un territoire, en tant qu’habitant, en tant que scientifique, est productrice de savoir et permet de mieux comprendre les espaces habités comme écosystèmes complexes et ainsi permettre une gestion plus intégrée des usages humains et non-humains.

observe le courant

Il y a p ein de maniè es d'ob erver l'étang et de comp end e qu' l n'est pas u e surface.

Pose une feuille à la surface de l'eau. Observe dans quelle direction elle s'en va pour en déduire le sens du courant.

mesure la clarté

Le disque de Secchi permet de mesurer l’opacité de l’eau (turbidité) et donc la quantité de matière qui absorbe la lumière dans l’eau. Plus l’eau est opaque et moins les plantes reçoivent de lumière. Et moins de lumière, ça signifie aussi moins de photosynthèse et donc moins d’oxygène disponible pour les espèces aquatiques.

Matériel

Ciseau ∙ cutter ∙ règle ∙ crayon ∙ un couvercle de pot à confiture ∙ du scotch noir ∙ un gros clou et un marteau ∙ 10 m de cordelette ∙ 2 feutres indélébiles rouge et noir ∙ un gros plomb avec un trou

1. Tracer une croix sur le couvercle.

2. Remplir de stoch noir les deux quarts de cercle opposés.

Fixé à une longue corde graduée, le disque de Secchi est lentement descendu dans l’eau. Dès qu’il disparaît, on note la mesure. En le remontant, dès qu’il réapparaît, on note de nouveau la mesure.

La profondeur de Secchi est la moyenne de ces deux mesures.

4. Passer la cordelette dans le plomb et faire un noeud pour fixer le plomb.

5. Sur le cordage, faire une marque en rouge tous les 10 cm et en noir tous les

3. Percer un trou bien au centre du couvercle et passer la cordelette à travers.

6. Enrouler la cordelette sur un support (tronçon de canne de Provence, bout de bois...)

Rendez-vous au bord de l’eau pour commencer Les mesures !

LA FORCE DU vent

L'éc el e de Beaufort per et de esu er la vi es e du vent. jeu

Symbole Force Termes

0 Calme

1 Très légère brise

2 Légère brise

3 Petite brise

État de la mer

La mer est comme un miroir, lisse et sans vague.

Quelques rides ressemblant à des écailles de poisson, mais sans aucune écume.

Vaguelettes ne déferlant pas.

Très petites vagues. Les crêtes d'écume blanche commencent à déferler. Écume d'aspect vitreux.

4 Jolie brise

5 Bonne brise

6 Vent frais

7 Grand frais

Petites vagues, de nombreux moutons.

Vagues modérées, moutons, éventuellement embruns.

Crêtes d'écume blanches, lames, embruns.

Trainées d'écume, lames déferlantes.

8 Coup de vent Tourbillons d'écume à la crête des lames, trainées d'écume.

9 Fort coup de vent

10 Tempête

11 Violente tempête

12 Ouragan

Lames déferlantes grosses à énormes, visibilité réduite par les embruns.

Très grosses lames à longue crête en panache. La surface des eaux semble blanche. Visibilité réduite.

La mer est complètement recouverte de bancs d'écume blanche. Visibilité réduite.

L'air est plein d'écume et d'embruns. Visibilité fortement réduite.

ET AUJOURD'HUI ?

Ob erve l'étang et ut li e l'éc el e de Beaufort pour racon er la force du vent, jour après jour.

Symbole

Force

Force terme

terme date date

Symbole

Équipage remerciements

Une proposition du collectif SAFI dans le cadre du projet Pamparigouste

Le Voyage en Ressentiscaphe

Construction et navigation

Collectif SAFI (Stéphane Brisset, Dalila Ladjal), Guillaume Simoni, Lazare Moizo, Loïc et Titouan Magnant.

Renfort équipage

Johanne Baudy, Claudine Fleurance

Agathe Scarpolini-burger, Antoine Devillet, Julie De Muer, Marielle Agboton, Geoffroy Mathieu, et Agnès Jouanaud, Floriane Verrier, Marine Torres.

Remerciements

À la Ville de Saint-Chamas pour le soutien sans faille et la place dans le port, à Jéremy de la capitainerie d’avoir veillé sur notre embarcation, au club d’Aviron de Saint-Chamas qui ont assisté aux premiers essais et à celui du Vallon des Auffes à Marseille pour le prêt de matériel, aux bases de voiles de Saint Chamas, Rognac, Martigues et Miramas pour leur accueil. À tous ceux qui ont accompagné cette aventure, au Bureau des guides du GR2013 qui nous propose des embarcations poétiques et politiques, aux riverains et amis de l'étang qui ont partagé leur passion, à Dominique de nous avoir éveillés au 6ème sens, à Damien de nous avoir éclairé dans la nuit, à Lazare d’avoir su interroger les moules, à Loïc et Titouan d’avoir veillé sur nous et à Guillaume, Émilie et Louis pour tout.

Le Cahier

Conception

Stéphane Brisset, Dalila Ladjal.

Graphisme

Pierre Tandille sur une maquette conçue avec Magali Brueder.

Dessins

Stéphane Brisset et Pierre Tandille. Blason : Adrien Zammit.

Textes

Collectif SAFI et le CDI du Bureau des guides : Antoine Devillet, Agnes Jouanaud, Julie De Muer et Johanne Baudy.

Photos Sous-marines : Teddy Seguin.

Construction et voyage : Grégoire Edouard.

Ce cahier est l’une des formes artistiques créée par au sein du projet Pamparigouste initié par le Bureau des guides du GR2013. Il est issu des résidences de création du collectif SAFI dans les bases de voiles situées sur le pourtour de l'étang de Berre et a reçu le soutient de la ville de Saint-Chamas.

Prolongement de l’Expédition Pamparigouste développée de 2019 à 2022, le Laboratoire Plastique de Pamparigouste est une recherche-action de 3 ans qui s’achèvera en 2025. Elle est portée par le Bureau des guides du GR2013 avec les artistes associés, le GIPREB, l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions, L’INRAE Montpellier et le laboratoire Chrome de l’Université de Nîmes, en partenariat avec les communes, les associations et les bases nautiques riveraines. Elle est soutenue par la Fondation de France (programme Les futurs des mondes du littoral et de la mer), la métropole Aix-Marseille et le Ministère de la culture. Le Bureau des guides est également soutenu pour ses activités sur l’Etang de Berre par la Région Sud et le Département de Bouches du Rhône.

En 2015, la réédition de l’atlas routier Michelin oublie de faire figurer la nappe bleue de l’étang de Berre. Intrigué par cette disparition, le Bureau des guides du GR2013 imagine une expédition collective pour partir à sa recherche. Elle prend le nom de Pamparigouste, en écho au pays lointain ou imaginaire d’une vieille légende provençale.

À partir de l’hypothèse d’inviter les moules à « s’accrocher » à la vie dans l’étang de Berre, le collectif SAFI imagine alors le Ressentiscaphe, une drôle d’embarcation pour découvrir la vie de l’étang, reprendre la capacité de la ressentir et de l’écouter, avec nos corps comme instruments de mesure et de perception.

Après plusieurs navigations, l’équipage ramène des récits et des jeux qu’il partage avec vous dans ce cahier pour, à votre tour, plonger dans l’étang et découvrir celles et ceux qui l'habitent.

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