1001 Nuits #18
samedi 25 août Far Ouest Calanque de Ponteau 13117 Lavéra
15h Randonnée pédestre avec le club SLC Martigues “A la rencontre des calanques de Ponteau”
19h Apéro-paëlla chez Dora
20h25 Coucher du soleil
20h25
Pléiades
Rassemblement pour le coucher du soleil
21h Projection du film Il se passe quelque chose, en présence de la réalisatrice Anne Alix
1001 nuits Qu’est ce que le projet 1001 nuits ? 1001 NUITS c’est une collecte de récits et une série de rendez-vous artistiques pour passer ensemble du jour à la nuit. Le principe est d’inviter habitants de proximité et voisins métropolitains à découvrir ensemble un endroit du territoire de manière originale, au travers de rencontres et d’histoires qui entrent en résonnance avec les paysages.
Quand ? Du 17 février au 2 septembre 2018.
Où ? Dans des lieux insolites autour du sentier GR2013.
Qui ? 1001 NUITS est un projet proposé par le Bureau des guides du GR2013, coproduit par MP2018 avec le soutien de la Banque Populaire Méditerranée, en partenariat avec Bouches-duRhône Tourisme et le Comité Départemental de Randonnée Pédestre des Bouches-du-Rhône. 1001 NUITS #18 est organisée en partenariat avec la Caravelle, Shellac Sud, et soutenue par la Ville de Martigues.
Illustrations © Benoît Guillaume Graphisme © Lindsay & Bourgeix
P L É i A D E S . Groupe de sept étoiles qui constitue un petit amas très groupé dans la constellation du Taureau et bien visible les nuits d’hiver. Par glissement, groupe de sept poètes français du 16ème siècles. Dérivé : une pléïade, une grande quantité.
En achevant ces mots, Scheherazade interrompit son conte, et dit au sultan des Indes : « Sire, comme ma sœur m’a réveillée aujourd’hui un peu plutôt que de coutume, je commençois à craindre d’ennuyer votre majesté ; mais voilà le jour qui paroît à propos, et m’impose silence. » La curiosité de Schahriar l’emporta encore sur le serment cruel qu’il avoit fait. Cinquante-septième nuit, les Mille et une nuits
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Destinée géographique Rien ne destinait Martigues, née dans les marais et non d’un oppidum rocheux, ne bénéficiant pas d’un véritable bassin naturel, à délimiter ainsi son territoire. Ce petit monde confirme que le territoire est, avant tout construit par l’histoire. La diversité, les paradoxes viennent d’abord du support physique. Martigues associe « une terre », une presqu’île rocheuse, massive, aride sous le climat méditerranéen et un littoral aux abris nombreux, mais étroits. Plus de 40km donnent sur la haute mer, le golfe de Fos, le chenal de Caronte et l’étang de Berre. Ce littoral invite plutôt à la dispersion qu’à la concentration. Ce caractère est inscrit dans la géographie naturelle : l’environnement de Martigues est une zone de transition entre la Provence calcaire aux reliefs accusés presque montagnarde malgré des altitudes modestes, et la région des boues et des lagunes du delta rhodanien. Cette zone se présente ainsi non seulement comme une articulation locale, mais comme un résumé de deux grands paysages méditerranéens : la montagne qui donne sur la mer, les étendues palustres des plaines, maremmes ou plaines deltaïques, souvent délaissées par l’histoire.
Marcel Roncayolo Regards sur Martigues, un territoire méditerranéen, 1999
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« Plan et vue de la Principauté de Martigues avec son estang, ses ports, ses escueils et sa forteresse de Bouc ». 1666, Payen Dhaustescotte.
« Nous étions sur une rive sauvage, inculte, désolée comme la pointe Diemen ou de Horn. » 1861, M. Méry à propos du littoral martégal
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Destinées industrielles L’industrie est encore vivante, n’est-ce pas le bon moment pour la valoriser ? Est-ce l’appréhension de la fin du cycle pétrolier, qui marque la vie de ce territoire depuis près d’un siècle, ou la familiarité avec « l’usine » qui empêche de projeter d’autres usages ? Enfin, la reconnaissance patrimoniale d’un lieu ne peut-elle venir que de l’extérieur, d’un regard scientifique exempt d’empathie ? Le risque n’est-il pas que ce dernier soit reçu localement comme un regard élitiste ?
Sophie Bertran de Balanda « Paysage industriel et imaginaire à Martigues », Rives méditerranéennes, 2014
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« Là, on est au pied l’usine BP de Lavéra. On a cette femme qui lit un magazine en prenant le soleil. Derrière, au loin, l’usine avec des réservoirs de pétrole. On est sur une petite avancée sur la mer avec une matière noire sur les blocs de pierre. Même si c’est une calanque, le paysage est complètement fabriqué. Derrière la personne, il y a un petit cabanon. Encore derrière, hors cadre, il y a tout le site pétrochimique avec BP Lavéra, Naphtachimie, etc. Que des choses assez monstrueuses. Et au milieu de tout ça, un détail important : le chat. Il est sous le transat. Il est venu chercher l’ombre protectrice mais il tourne la tête avec ses oreilles, comme s’il était un peu aux aguets et qu’il voulait nous montrer le côté dangereux des choses. Il semble dire qu’il peut se passer quelque chose, qu’il faut se protéger. » Franck Pourcel commentant ses photographies des pourtours de l’Etang de Berre pour Marsactu, août 2016.
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Le château ruiné A flanc de colline, le château de Ponteau (propriété de la société Arkema et à proximité du site pétrochimique de Lavéra) représente un extraordinaire témoignage de ce qu’a pu être la vie pastorale et agricole dans le Martigues ancien. On y a retrouvé les restes d’un temple romain du 1er siècle, les fondations d’une villa gallo-romaine, une source romaine creusée dans la roche... On compte aussi parmi ses richesses une bastide médiévale et la chapelle St Martin du XIIIe siècle. De cette chapelle comme du château, ne restent que les murs et un semblant de toiture où des pins ont pris racine. Jusqu’à la moitié de XXe siècle le domaine de Ponteau abritait une multitude d’activités : élevage, plantation de vignes, d’oliviers, de céréales, en témoigne l’immense aire à battre qui subsiste sur les hauteurs du domaine. […] Quand et pour qui ce domaine a-t-il été construit ? Peu de textes apportent de réelles réponses. « Pontels » comme on le nommait, apparaît dans une sentence arbitrale de 1218, mais l’absence de détails ne peut définir à qui appartenait cette seigneurie, une famille noble locale, les chevaliers de Fos, l’abbaye de Montmajour ou le Comte de Provence ? On retrouve sa trace au début du XIVe siècle, dans un registre du prieur de Saint-Geniès (noyau initial de Martigues). Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, chapelle et bastide appartiennent à l’abbaye de Montmajour. Les moines, qui ne s’en préoccupaient guère, laissent le domaine en métayage à un fermier. En 1783, un négociant marseillais, André Guieu, propose au couvent la reprise du site. Plus tard, il agrandit son territoire en achetant les terres voisines. Le nouveau propriétaire remodèle son domaine et se fait construire un château avec pour fondations les murs de la bastide médiévale. Il exploite les carrières et crée près de 5400m2 de bassins salants qui serviront à produire du sel mais aussi de la soude, du sulfate et de l’acide sulfurique pour l’industrie chimique. Après la Révolution, Guieu connut des revers de fortune et ne put achever la construction de son château. Ses héritiers n’en firent pas davantage. Le domaine fut occupé par différentes familles jusqu’aux années soixante. Depuis, les bâtiments s’affaissent dangereusement, ne restent que des ruines envahies par les ronces. Des ruines qui, entre chien et loup, donnent des allures de château hanté à ce domaine qui garde encore nombre de ses mystères.
SOAZIC ANDRÉ et FRANÇOIS DÉLÉNA Reflets, Septembre 2010
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Ruines du château de Ponteau
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Dès le début du XXe siècle, faute de place sur les quais de la Joliette, la Chambre de commerce de Marseille cherche à annexer de nouveaux sites portuaires, plus à l’ouest, derrière la Nerthe, du côté de Martigues, Port-de-Bouc et autour de l’étang de Berre. Toujours dans cette perspective, la ligne littorale de chemin de fer Marseille-Miramas s’éloigne du centre de Martigues et ouvre l’accès à de nouveaux territoires de projets, Lavéra et les étangs de Caronte. La réalisation de la ligne, ouverte en 1915, introduit dans la vie locale une première génération d’ouvriers immigrés. Sophie Bertran de Balanda, « Paysage industriel et imaginaire à Martigues », Rives méditerranéennes
Au 19e siècle les salines du lieu-dit Ponteau sont réaménagées pour les besoins de l’industrie chimique. En 1840, une fabrique de soude, dont le sel est une des matières de base, s’y implante. Dès 1861, un projet de port-refuge dans la crique de Ponteau est établi pour l’exportation des produits chimiques. Inventaire général du patrimoine culturel, Région Paca
Atlas des ports de France, extrait de la planche 130, Ponteau (1893). On y observe l’emplacement des anciennes installations (salines et usine de soude) exploitées par les frères Joseph et Bernard Magnan.
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Carte de Jean Marie Ligondes pour la Chambre de commerce de Marseille, 1957
Le berger et l’Entrepreneur C’est Georges Brenier, chef de la Maison de commerce marseillaise Estrine et Cie et futur président de la chambre de commerce, qui fût à l’origine de l’implantation pétrolière de la Société Générale des Huiles de Pétrole à Martigues. Comme il le relate le choix des terrains qui devaient avoir une liaison avec la mer comme avec la voie ferrée, être isolés et alimentés facilement en eau douce, s’est porté sur les vallons de l’Avéra et de Camilleri, une lande aride d’environ 130 hectares. Georges Brenier raconte comment vers 1920, alors que le site n’était qu’une terre inculte, il eut à vaincre de nombreuses réticences pour acquérir les terrains nécessaires à l’implantation de la future raffinerie de Lavéra. « Nous avons réussi, après certaines difficultés, à acquérir la totalité des terrains indiqués, sauf un petit lot qui se trouvait au beau milieu de l’installation et qui appartenait à un vieux berger, le père Jean. Celui-ci refusait absolument de vendre ; son grand-père, son père avaient tous deux passé leur vie dans la masure à faire paître les troupeaux sur les terrains communaux. On l’approcha, on le sonda à plusieurs reprises, on lui offrit le double, le triple, le quintuple du prix initial, rien n’y fit. Un mois passa. Toutes les démarches tentées auprès du père Jean échouèrent. Un jour, je racontais l’histoire à M. Roques, le maire de Martigues, ancien vérificateur des douanes que j’avais connu sous les hangars de la compagnie maritime britannique la Peninsular and Oriental. « Je le verrai » me dit-il. Une semaine après, M. Roques vint au bureau et me tint à peu près ce langage : « Le père Jean est un simple, un illettré, un rêveur. Il a un grand désir : manger à la table d’un bourgeois ! Être reçu à la table d’un bourgeois avant de mourir. Si vous voulez le lopin, exécutez-vous. » Je le chargeai d’inviter le père Jean en le prévenant que je lui demanderai de signer l’acte au café. Et j’invitai le père Jean à un excellent dîner. Au dessert l’acte était signé pour 50 000F. Et le plus joli de l’histoire c’est que deux ans après je rencontrais M. Roques qui me dit que le père Jean avait été tellement enthousiasmé de ma réception qu’il avait décidé, n’ayant aucun parent, de faire de moi son légataire universel. Inutile de dire que je refusais mais le geste était là et aurait donné à Alphonse Daudet matière à un joli conte provençal. »
Histoire et évolution du raffinage de pétrole à Lavera, dans Histoire et récits du pays martégal / Les Mardis du patrimoine du pays martégal, 2012
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Médaille en bronze frappée à l’occasion de l’inauguration du port de Lavéra. Gravure H. Darrigan,1954
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Fiction cabanonesque « À l’origine, c’était un village de pêcheurs créé bien avant l’arrivée de l’industriel », raconte Dora Manticello. Elle tient le restaurant acheté par son père, tombé amoureux de cette bicoque vieille de près de 100 ans. Le midi, les employés du complexe viennent y faire leur pause déjeuner. Les soirs d’été, les initiés dans la confidence y dégustent la marmite du pêcheur. « Quand Naphtachimie s’est réveillée, et a voulu nous chasser, nous étions devenus propriétaires. », poursuit la restauratrice, « En tous cas, pour ceux qui occupaient leur cabanon depuis plus de trente ans. ». Selon le principe de droit dit de prescription acquisitive qui permet à l’occupant d’un terrain, sous certaines conditions, d’en obtenir la propriété au bout de 30 ans, quand le propriétaire légal ne s’est pas manifesté. Première menace écartée, c’est celle de la loi littoral qui prend le relais. Un certain nombre de cabanons, situés sur le domaine public maritime, sont inquiétés par les services de l’État. « Un bras de fer s’est engagé. Dans mon cas, il s’agissait de raboter ma terrasse de 15 cm », précise Dora Manticello. Après travaux, la restauratrice est en règle. D’autres ont été contraints à détruire entièrement leur habitation. Quelques maisonnettes plus loin, un autre riverain. Voilà 45 ans qu’il se bat pour rester dans le cabanon acheté par sa grandmère. Il a dû, lui aussi, se plier à quelques aménagements. « Qu’on ne nous dise pas qu’il n’y a aucune trace de notre existence, mon cabanon est sur le cadastre napoléonien datant de 1815 et je paie mes taxes foncières et taxes d’habitation. » peste-t-il. Tous ne sont pas logés à la même enseigne. Car si la plupart des cabanons restent en famille, d’autres se vendent encore et pas tout le temps devant notaire… Pierre est en train de rénover le sien. « Je l’ai obtenu par une connaissance, la vente s’est faite entre nous ». Lui n’est pas situé sur le domaine public maritime. Des disparités, à quelques mètres près, qui ont mis le feu aux poudres dans le petit village, attisant les jalousies et encourageant les délations. « Alors qu’on devrait se battre tous ensemble, on se tire dans les pattes », résume Dora. Elle est malgré tout optimiste sur l’avenir de la calanque. À la direction de l’urbanisme, on ne partage pas cette prévision. « Quand le Plan de prévention des risques technologiques de Lavéra sera appliqué, la calanque a de fortes chances de se trouver dans la zone rouge », prévoit Didier Pagès. Les irréductibles cabanonniers n’ont pas fini de se battre.
FRANÇOIS DÉLÉNA Reflets, Juillet-Aout 2011
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Journal La Marseillaise, 2 novembre 2003
La loi relative à l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral dite loi littoral est une loi française qui vise à encadrer l’aménagement de la côte pour la protéger des excès de la spéculation immobilière et à permettre le libre accès au public sur les sentiers littoraux. Cette loi a été votée à l’unanimité par le Parlement français en 1986 et est entrée en vigueur le 5 janvier 1986. Wikipédia
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Pollution en sous-sol Les résultats d’une étude des sols ont révélé une pollution sur le quartier. Explication ? Une ancienne fonderie située au début du siècle précédent sur la zone de Ponteau, et qui déversait ses résidus de mâchefer dans le talus. (…) « Cela ne me fait pas peur » confie Dora, propriétaire du restaurant la Caravelle. « C’est vrai qu’au début ils pensaient que la découverte de cette pollution était un énième moyen de nous faire partir. Mais le sous-préfet et le maire ont promis que non. Alors pourquoi s’inquiéter ? » Rappelons que ce quartier vit avec une épée de Damoclès sur la tête. Déjà menacés parce que présents sur le Domaine public maritime, les cabanons risquent bien de se retrouver en zone rouge lorsque le plan de prévention des risques technologiques (PPRT) de Lavéra sera appliqué. La découverte de cette pollution ajoutée au futur PPRT représente donc une double inquiétude pour les habitants.(…) Enfin il est également important de souligner qu’en cas de pollution importante, la responsabilité de l’entreprise ne pourra être en aucun cas engagée puisque cette dernière n’existe plus juridiquement.
Gwladlys Saucerotte Reflets Octobre 2011
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PublicitÊ de l’ancienne usine Naphtachimie.
Arrêté prefectoral de 2016 prolongeant celui de 2013. Entre janvier 2015 et fin 2017, le nombre d’habitations dans le périmètre des aléas a été divisé par deux (2072 contre 1009 aujourd’hui).
Buvette de la raffinerie
« On veut garder une vie sociale, on est attaché à nos nombreuses fêtes de quartier et on souhaite garder l’école (dans la carte des aléas), cette jeunesse, sinon on va en faire une ville-dortoir. » Christian Legrand, Association des riverains de la plateforme industrielle de Lavéra.
Le plan de tous les dangers Se tenait il y a quelques semaines la réunion des personnes et organismes associés (POA) au P.P.R.T de Lavéra. Le fameux plan de prévention des risques technologiques censé définir les risques auxquels sont exposés les riverains. Si l’élaboration de ce plan avait déjà mis en lumière un risque toxique, les riverains ont appris, lors de cette réunion, que venait s’ajouter un risque de surpression. Sont notamment concernés les habitants de Lavéra, Ponteau, Saint-Pierre et Saint-Jean. Une mauvaise nouvelle qui les obligera à réaliser des travaux sur les fenêtres de leurs habitations en plus de la création d’une salle de confinement liée au risque toxique. « Nous contestons ces études de dangers, explique Christian Legrand, le président de l’association des riverains de la plateforme de Lavéra (Arpil). Nous refusons l’application de la première phase de ce P.P.R.T. ». Les membres de l’association demandent des études supplémentaires avec pour objectif la réduction des risques à la source. A cela s’ajoute la question du financement des travaux. « Pour l’heure nous devrons payer 10% du montant et faire l’avance du crédit d’impôt.» Des courriers ont été envoyés au sous-préfet, à la Dréal ainsi qu’aux collectivités locales. Pour l’heure aucune réponse n’a été apportée. Les études de dangers, elles, devraient être terminées d’ici la fin de l’année. Après approbation du P.P.R.T par le préfet, les recours ne seront plus possibles.
Gwladlys Saucerotte Maritima, 29/11/2017
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La pétrochimie avec son territoire industriel dense mais isolé de la ville, a permis à la commune de préserver son littoral. C’est une démarche foncière portée sur plusieurs dizaines d’années par la municipalité. L’espace de protection autour des usines et la richesse qu’elles apportent, réinvestie en foncier communal, ont assuré de fait la protection des paysages méditerranéens. La mise en réserve est devenue projet d’avenir. Sophie Bertran de Balanda, « Paysage industriel et imaginaire à Martigues », Rives méditerranéennes
Raffinerie de Lavéra début des années 60, photo Alain Perceval
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Alice Ruffini, Worskhop FAI-AR Ã Ponteau, 2012
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L’archéologue et l’habitant - Depuis combien de temps le vallon de Saint-Julien est habité par l’homme ? - C’est uniquement Saint-Julien qui vous intéresse ? - En fait je tente de connaitre tout le vallon de Ponteau-Laurons, par Saint-Pierre, SaintJulien, Baumanière au Grand Vallat. - À Saint-Julien nous avons trouvé quelques objets de néolitique d’il y a cinq mille ans. L’homme était donc là à ce moment. […] - Et de quoi vivaient les gens à l’époque ? - Un peu de chasse et beaucoup de la culture de l’orge et autres blés. - Mais les cultures de l’époque ont disparu, comment en être sûr ? - Nous avons retrouvé des graines carbonisées, ainsi qu’un objet en corne de bœuf pour labourer la terre. […] La vallée était très importante dans le néolithique - l’archéologue poursuit - et l’importance du vallon se maintenait à l’Age de bronze et de fer. À Saint-Pierre, il y a deux mille cinq cent ans, plus de mille personnes vivaient dans un village gaulois. - Comment pouvez-vous le savoir ? - je m’exclame incrédule - vous ne les avez pas comptés tout de même ? - Et si - il me passe un clin d’œil amusé - j’ai compté leurs maisons. Nous en avons trouvé quatre cents et encore nous n’avons pas exploré toute la zone. Si vous ne pariez que sur trois personnes par maison vous y êtes déjà largement. - Pourtant les anciens de Saint-Julien me disent que leur village comptait à l’origine cent cinquante à deux cents personnes. Saint-Pierre guère plus. Impossible de nourrir davantage avec la surface agricole disponible. Alors comment aurait pu faire le Grand Saint-Pierre dans le même vallon ? - Nous avons trouvé non seulement des graines mais aussi les coquillages et les ossements de poissons. Ils ont dû pécher pas mal. - Pourtant Saint-Pierre n’est pas au bord de la mer ! - Il est à un kilomètre et demi de la mer. Ce n’est rien pour un marcheur !
Jaroslaw Badacz Saint-Julien insolite
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Anne Fourès, Dans la matière du temps : une archéologie à Ponteau, 2016
Qu’est-ce qu’un habitat à la fin de la Préhistoire en Provence ? Ainsi pourrait-on résumer de façon certainement moins simpliste qu’il n’y parait la problématique sur la base de laquelle a été développé à Martigues entre 1998 et 2014 le programme de fouille archéologique de Ponteau.[…] Ce site a été découvert en 1948 par Max Escalon de Fonton, pionnier de la Préhistoire provençale, qui en fit remonté l’origine au Néolithique, période de mutation économique principalement marquée par le développement de l’agriculture, de la domestication et de la sédentarisation. […] Sur quelques milliers de m2 seulement, le site de Ponteau apparait non pas comme le secteur périphérique ou la dépendance d’une entité domestique plus large ou plus lointaine, mais comme le centre privilégié d’un rassemblement structuré et organisé d’activités particulièrement diversifiées. C’est une image du village néolithique beaucoup plus précise que celle des habitats groupés de cette période étudiés jusqu’ici en Provence qui se dessine au gré de l’avancement de nos analyses scientifiques. Xavier Margarit, conservateur du patrimoine, Dans la matière du temps : une archéologie à Ponteau, 2016
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Ils avaient continué vers Martigues, passé le pont autoroutier au-dessus du canal de Caronte, étaient entrés dans l’immense zone industrielle de Lavéra, en bas du pont. T’es sûr que c’est par là, avait dit Matt. Tu crois pas qu’un fort Vauban ils l’indiqueraient. Ils avaient continué de s’enfoncer parmi les zones grillagées et les énormes tuyaux d’oléoducs, remontant comme vers l’antre d’un monstre. Ils avaient vu les installations pétrolières se densifier, le labyrinthe des supertankers hérissés de vannes apparaître, géants endormis le long des quais. Rencontré des panneaux indiquant des noms de rue pareils à ceux de n’importe quelle ville, encadrés du même vert sur fond bleu, les patronymes de chimistes seulement plus nombreux qu’ailleurs, Pierre-Simon de Laplace, Jean Perrin, Théophile-Jules Pelouze, Henri Becquerel. Matt s’était attendu à ce qu’ils rencontrent des barrières, se heurtent à un accès strictement réglementé. Mais tout était ouvert. Ouvert et désert. Sans nulle part la moindre silhouette humaine ni le moindre mouvement. Comme si de cet endroit on ne revenait pas, avait pensé Matt. Sylvain Prudhomme, Légende, 2016
La ville de Martigues assume sa dualité entre économie pétrochimique et ville touristique. Nous ne sommes qu’au début de la reconnaissance culturelle et de la valeur attractive de ce paysage industriel « impressionnant » (et impressionniste ? ). Sophie Bertran de Balanda, « Paysage industriel et imaginaire à Martigues », Rives méditerranéennes
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Chez Dora, La Caravelle
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LA RÉPARATION Quand j’ai enfin vu la lumière du jour, Des airs de Mariano m’ont bercé tour à tour Pavarotti, Roussos, Aznavour et Dion Ont agrémenté toutes mes passions J’ai su très vite et avec la foi Qu’un jour l’artiste ce serait moi. L’histoire de ma famille au fil des générations A décidé que j’étais la réparation. Chanter, danser ont embelli souvent L’exode, la guerre, le manque d’argent Mais quand on est quelqu’un de différent Comment s’imposer dans un monde méchant ? Les injustices, la bêtise et les railleries, Grâce au chant, j’en sors grandi. L’histoire de ma famille au fil des générations A décidé que j’étais la réparation La scène est devenue mon paradis Et pour cela j’en remercie Les miens et ceux qui m’ont suivi Grâce à eux je chante et j’aime la vie. L’histoire de ma famille au fil des générations A décidé que j’étais la réparation. L’histoire de ma famille au fil des générations A décidé que j’étais la réparation. Texte écrit par Dora Manticello et chanté par Angelo Manticello, fils de Dora et Francis Manticello, dans le film « Il se passe quelque chose » d’Anne Alix.
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Angelo et Dora Manticello
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1001 nuits Qu’est ce que le projet 1001 nuits ? 1001 Nuits c’est une collecte de récits et une série de rendez-vous artistiques pour passer ensemble du jour à la nuit. Le principe est d’inviter habitants de proximité et voisins métropolitains à découvrir ensemble un endroit du territoire de manière originale, au travers de rencontres et d’histoires qui entrent en résonnance avec les paysages.
Quand ? Du 17 février au 2 septembre 2018.
Où ? Dans des lieux insolites autour du sentier GR2013.
Qui ? 1001 Nuits est un projet proposé par le Bureau des Guides du GR2013, coproduit par MP2018 avec le soutien de la Banque Populaire Méditerranée, en partenariat avec Bouches-duRhône Tourisme et le Comité Départemental de Randonnée Pédestre des Bouches-du-Rhône. 1001 NUITS #1 a été réalisée En coproduction avec la Friche la Belle de Mai.
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PLÉiADES.
Groupe de sept étoiles qui constitue un petit amas très groupé dans la constellation du Taureau et bien visible les nuits d’hiver. Par glissement, groupe de sept poètes français du 16ème siècle. Dérivé : une pléiade, une grande quantité.
« Si vous voulez bien vous approcher un peu plus. La voix porte mal avec le vent. Mais cela fait longtemps qu’il parle aux hommes… nous ferons avec lui ce soir. » Chacun y va d’un petit pas. Nous voilà bien serrés les uns contre les autres, pléiade de curieux du ciel que le ciel attire. — Ballades sous les étoiles, François Barruel
Far Ouest Où la réalisatrice Anne Alix glisse le long d’une ligne de côte industrielle jusqu’à trouver le paradis. “Il y a des rencontres avec des gens généreux et fraternels. Il y a aussi des cheminées d’usine au milieu des champs d’oliviers, des ronds–points incongrus fichés au coeur de la campagne, des horizons illimités.” Il est des endroits où l’on ne sait plus trop où l’on habite, où sont les frontières et les zones autorisées, où tout devient passage et entre-deux. Il est des moments où l’on ne sait plus si on est dans un film ou dans sa vie, et on se dit que la vie pourrait se vivre tout en devenant une fiction. Alors on prend la route, on fait des rencontres qui deviennent nos personnages, on arrive à Ponteau, on rencontre Dora, on raconte une autre Provence…
Prochaine et dernière NUIT 1001 NUITS #19 Coucher du soleil à 20h12 LETTRES À MARSEILLE / Clôture Où l’on se retrouve pour rassembler nos histoires, écouter des légendes du hip hop et contempler le plus beau coucher de soleil de l’année 2018… — Le dimanche 2 septembre, Foresta (Marseille)
Réalisatrice de documentaire, Anne Alix expérimente depuis plusieurs films les fictions en lisière et les créations partagées pour écrire avec le réel. Filmer son territoire de vie est ainsi devenu une nécessité. Il se passe quelque chose parie sur les rencontres. Au lieu de situations pré-écrites, les personnages de son film sont allés au devant des humains d’aujourd’hui, dans un tout petit territoire entre Camargue, plaines agricoles et zone industrialo-portuaire. Le film est né de ces rencontres, de ces énergies partagées et des visions qu’elles ont produites chez l’auteur.
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