sommaire Juillet - Août 2016 N° 08
04 Editorial 06 Leaders - Constant NEMALE-POUANI, programmé pour être le «Rupert Murdoch » de l’Afrique - Rémy Fabrice NSABIMANA, voix tonitruante sur BBC Afrique à seulement 24 ans - Sandile SHEZI, millionnaire grâce au courtage financier à 23 ans
18 In’entreprise
- Groupe Nana Bouba, d’un petit établissement à un empire en une trentaine d’années - Somdiaa, un mastodonte français à l’œil désormais très camerounais
26 Entretien - Olivier Guillaume MADIBA, « Kiro’o Games nourrit la vision de devenir le leader de l’industrie vidéo-ludique en Afrique. »
30 Management - Présence web, construire un site internet crédible pour votre entreprise
06
- Ressources humaines, l’argent ne suffit plus quand on veut motiver
Constant NEMALE-POUANI, programmé pour être le «Rupert Murdoch » de l’Afrique
- Fleet management, à la découverte d’une solution peu répandue en Afrique - Réussir sa carrière musicale, un bon manager et un arrimage au cyberespace comme piste
43 Destination Business - Investir au Congo
72 Focus auto
43
- Vos voyants, sachez les interpréter quand ils s’allument
75 Tendances Destination Business, Investir au Congo
- Bien-être, de beaux cheveux malgré le froid
Business Management 03 Juillet 2016 AFRICA
Édito Cultivez la résilience
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l y a des trajectoires particulières. Elles enseignent qu’en cas de tempête, il faut non seulement résister, mais surtout garder le cap et continuer d’avancer. Elles montrent qu’on peut partir de l’abîme pour la gloire. Imaginez donc, en guise d’illustration, que des machettes tranchent des têtes devant vous, vous n’avez alors que 02 ans. Pour échapper à cette forme de guillotine, vous devez traverser en marchant dans la forêt, un pays tout entier dont la superficie correspond à 05 fois la France. Finalement, vous découvrez l’école avec du retard. Et, malgré ces handicaps, vous paraphez votre premier contrat de journaliste avec une chaine de télévision panafricaine à 21 ans. Et oui 21 ans seulement. Et comme le destin sait parfois si bien faire des choses, vous présentez les matinales d’informations sur une des antennes radiophoniques les plus écoutées sur le continent africain à 23 ans. Au passage, vous avez réussi à marquer positivement un homme qu’on impressionne que trop rarement : Paul FOKAM KAMMOGNE, PDG du groupe bancaire AFRILAND, dont la notoriété est établie à travers l’espace continental. Qu’un tel patron insiste pour vous garder dans les effectifs de son entreprise, alors que vous n’avez pas 05 ans d’expérience professionnelle, cela mérite qu’on jette un œil à votre parcours. C’est l’histoire de Rémy Fabrice NSABIMANA, un Hutu rwandais, dont vous retrouverez le portrait dans la rubrique « Leaders ». La résilience, cette capacité à poursuivre son objectif, en dépit des mistrals de vent de grande ampleur. Constant NEMALE incarne cette valeur. Formé comme urbaniste, c’est le métier de journaliste qu’il a toujours voulu exercer. Mis à l’écart d’un projet de télévision qu’il a contribué à bâtir, il n’a pas changé de cap. Normal qu’on le retrouve aujourd’hui à la tête d’Africa 24, une marque, un socle sur lequel il souhaite construire un empire médiatique. Ce sera
Management 04 Business Juillet 2016
AFRICA
Finalement, vous découvrez l’école avec du retard. Et, malgré ces handicaps, vous paraphez votre premier contrat de journaliste avec une chaine de télévision panafricaine à 21 ans.
le plus grand jamais érigé à l’intention du continent africain. Les ambitions du patron d’Afrimedia International, vous les saisirez à travers le portrait que nous lui avons consacré. La résilience. Encore et toujours. On la retrouve aussi bien au sein du groupe Nana Bouba, que chez la multinationale française Somdiaa, ou encore chez les porteurs de la startup Kiro’o Games. Le premier commence comme établissement, traverse la grande crise des années 90, avant de devenir une holding dont les produits se retrouvent dans les paniers des ménagères de toute l’Afrique centrale. Face à la crise que connaît le secteur du sucre à partir de 2013 sur son principal marché, Somdiaa est au bord des nerfs. On passe à côté de la fermeture d’une de ses plus importantes usines. En mal avec ses stratégies, le groupe passe à la tactique. Désormais, c’est sur l’alimentation animale qu’il veut miser. Quant à Kiro’o Games, on la perçoit à ses débuts comme une horde de jeunes voyous qui veulent favoriser la délinquance des jeunes à Yaoundé, à travers la création des maisons de jeux de hasard. Que non, ce sont des programmeurs qui veulent créer des jeux vidéo et dominer l’industrie vidéo-ludique en Afrique. A force de résister, ils ont aujourd’hui la reconnaissance qu’ils méritent. Enfin, le Congo, ce pays pétrolier d’Afrique centrale, subit depuis deux ans, les conséquences négatives de la baisse du prix du baril de pétrole sur le marché international. Son économie tourne au ralenti. Cela ne l’empêche pas de maintenir le cap vers l’émergence à l’orée 2025. La tactique de résilience : sortir de la « pétrole-dépendance » et diversifier les sources de richesse. Pour ce faire, il s’ouvre aux investisseurs. Tout cela est à lire dans ce numéro que vous tenez entre les mains ou qui défile devant vous. Bonne lecture.
Martial EBODE, Directeur de Publication
Les buiz de couloirs Toute l’Afrique Jumia, désormais marque unique des produits d’Africa Internet Group Depuis le 23 juin 2016, Africa Internet Group s’appelle Jumia Group. A l’occasion de ce rebranding, toutes les marques de ce consortium du e-commerce ont également changé de nom pour se regrouper sous l’appellation unique de Jumia. Kaymu devient Jumia Market, Hellofood prend le nom de Jumia Food, Vayago se mue en Jumia Travel, Vendito prend l’appellation de Jumia Deals, Lamudi cède sa place à Jumia House. Les neufs sites de la holding sont ainsi concernés par cette mutation. L’ancien « Jumia » est désormais une boutique en ligne multimarque. D’après Jérémy Hodara, co-fondateur d’Africa Internet Group en 2012 – avec Sacha Poignonnec -, ces mutations opérées visent à orienter les clients de Jumia, plus nombreux, vers tous les autres services offerts par le groupe.
Kenya Liberty Kenya Holdings veut acquérir 10 compagnies d’assurances Liberty Kenya Holdings, filiale kenyane de l’assureur sud-africain Liberty Holdings, déclare qu’elle va procéder à l’acquisition de dix autres assureurs opérant sur son marché. Elle occupe, en ce moment, le 4ème rang dans le classement des compagnies d’assurances au Kenya. Notons que la maison mère a procédé en janvier, au rachat d’une compagnie en Ouganda. En 2015, elle a acquis deux autres au Nigéria.
Cameroun EDF crée une la Nachtigal Hydro Power Company
Burkina Faso Le groupe Orange rachète Airte
La multinationale EDF a créé le 07 juillet à Yaoundé, la Nachtigal Hydro Power Company, société anonyme au capital de 100 millions F CFA (152 000 euros). Le groupe français détient 40 % du capital, l’Etat du Cameroun et la Société financière internationale (filiale de la Banque mondiale) ont chacun, 30 %. Cette nouvelle entreprise, dont la direction générale a été confiée au Français Olivier Flambard, construira dès la fin de l’année en cours, le barrage hydro-électrique de Nachtigal, dans le centre du Cameroun. Coût des travaux : 656 milliards F CFA (01 milliard d’euros). Dès 2021, l’ouvrage fournira 420 Méga watts d’électricité, soit le tiers des besoins du pays en énergie électrique.
L’information est officielle depuis le 23 juin 2016. Le groupe français des télécommunications Orange a conclu le rachat d’Airtel Burkina Faso, filiale de la multinationale indienne Bharti Airtel International. Deuxième opérateur du secteur de la téléphonie au Burkina Faso - derrière l’Onatel (filiale de Maroc Télécom) et devant Telecel avec 4,6 millions d’abonnés, Airtel Burkina Faso est présenté par Orange comme étant le leader sur le marché des services financiers. Depuis le début de l’année 2016, le groupe français a acquis Airtel Sierra Leone, Cellcom au Libéria et Tigo en République démocratique Congo. Olivier FLAMBARD, DG de la NHPC
Business Management 05 Juillet 2016 AFRICA
Leaders Constant NEMALE-POUANI, programmé pour être le «Rupert Murdoch » de l’Afrique Urbaniste de formation, c’est dans les médias que ce passionné de basketball trouve son chemin. Après un essai mal achevé avec 3A Telesud, le revoilà depuis 2009 avec Africa 24. Les chaines TV, appelées à se multiplier, vont faire du groupe Afrimedia international, la plus diversifiée des holdings médiatiques à vocation panafricaine. Portrait d’un rêveur. Par Tazessong KUMBO
Africa 24, une chaine, une signature.
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frica 24 Sport. Africa 24 Music. Africa 24 Family. Africa 24 TV en Anglais. Africa 24 TV en Espagnol. Africa 24 en Portugais. Africa 24 en Arabe.
Nemale, qui a le sens des affaires, profite de son statut pour publier deux livres à succès. D’abord « Le livre d’or du Basket », sorti en deux éditions, en 1998 et 1999. Puis, en juin 1998, « Micheal Jordan. Le livre d’or », une sorte de version française de la biographie de la légende américaine de basketball. Là encore, c’est un succès. Management 06 Business Juillet 2016
AFRICA
Africa 24 Radio. Ainsi se décline l’ambition de Constant Nemale-Pouani, fondateur et président d’Afrimedia International, la holding médiatique qui lance en 2009, la chaine d’information en continu Africa 24. « Mon ambition est de faire de cette marque dont je suis le propriétaire, une signature mondiale, et qui peut se décliner sur tous les supports possibles », affirme-t-il en octobre 2011, dans une interview qu’il accorde au quotidien camerounais L’Actu. Peutêtre, verra-t-on, d’ici quelques mois, les premières sœurs cadettes de la première chaine. En mai 2016, en direct sur les écrans, alors que le PDG - dans une posture de journaliste - interviewe Teodoro Obiang Nguema qui s’apprête à prêter serment pour un unième mandat de président de la Guinée Equatoriale, il fait quelques annonces qui
pour beaucoup, passent inaperçues. Bientôt, la chaine anglophone d’Africa 24 émettra depuis le Nigéria, la chaine « Arabic » destiné au Maghreb et au Moyen Orient depuis le Maroc, les chaines hispanophone et lusophone arroseront les écrans depuis Malabo, où le groupe achève la construction d’un hub opérationnel. « La vision continentale est là », tranche le passionné de basketball. Si son rêve prend corps, il s e r a v u
comme « le Ruppert Murdoch » de l’Afrique. Des médias, Constant Nemale en a toujours rêvés. Il voit le jour le 14 juillet 1967 au Cameroun. Ses études secondaires, il les fait au célèbre collège évangélique de Libamba, un village de l’arrondissement de Makak, dans le département du Nyong-Ekelle, en pays Bassa. Dans cet environnement cosmopolite, il tient déjà le journal scolaire. Une fois le baccalauréat en poche, il fait des études de génie civil, avant de prendre la direction de Tours, en France. Là, il étudie l’urbanisme. Mais sa passion, il la voit ailleurs, dans le journalisme. Tout en étant étudiant, il fait des piges pour La Nouvelle République, un journal de Tours. Il finit par
Leaders obtenir son DEUT, équivalent du Bacc + 2. Le grand bain a lieu en mars 1991. Avec quelques copains, le camerounais lance le magazine « Mondial Basket », lequel appartient aujourd’hui au groupe « Les Editions Le Nouveau Sportif », qui édite également le magazine « Bleu Blanc Foot » dans la capitale française. Il prend le poste de rédacteur-en-chef adjoint. Très vite, la publication fait un carton en Europe, au point de devenir plus tard le magazine officiel de la NBA en France. Nemale, qui a le sens des affaires, profite de son statut pour publier deux livres à succès. D’abord « Le livre d’or du Basket », sorti en deux éditions, en 1998 et 1999. Puis, en juin 1998, « Micheal Jordan. Le livre d’or », une sorte de version française de la biographie de la légende américaine de basketball. Là encore, c’est un succès. 1998, c’est aussi le temps d’un autre projet. La montre de Constant Nemale se met à l’heure de 3A Telesud. Une chaine de télévision portée par l’entreprise dé-
nommée « Télévision par Satellite pour l’Afrique ». Au début, on retrouve dans son capital, outre l’ancien de Mondial Basket : la défunte Elise M’Packo, Pierre Bedou, Yves Bollanga, Sylvie De Boisfleury. Doté d’une expérience dans le champ médiatique, Constant Nemale prend la direction de la chaine de télévision. Dès 2006, un conflit éclate entre les associés. La dispute porte sur les options du nouvel actionnaire majoritaire, le franco-gabonais Eric Ben-
quet. En mars 2007, l’entreprise Wireless and Internet Afromedia, dont il est le principal actionnaire, devient l’éditeur de la chaine de télévision. Nemale claque la porte et embarque avec lui Babylas Boton, le « monsieur interview » du nouveau projet. « J’avais déjà à l’esprit d’initier autre chose. Ce différend a été comme un coup d’accélérateur pour prendre ma liberté, et partir de l’expérience de 3A Telesud », indique-t-il plus tard. D’ailleurs, à ce jour, cette
chaine n’a jamais enterré les querelles entre actionnaires, lesquels viennent et partent. Après avoir quitté la direction opérationnelle de 3A Telesud, l’urbaniste de formation gère pendant un certain temps Etnium, l’agence de marketing et de communication qu’il créé en 2001 et qui sert de régie commerciale à la chaine de télévision. Mais en réalité, son esprit est ailleurs, précisément à Africa 24.
Corriger les erreurs du passé Pour Africa 24, Constant Nemale fait le pari de ne pas commettre les mêmes erreurs qu’avec le projet 3A Telesud. D’abord, dans son contenu. Ce sera une chaine d’information en continu. « J’ai beaucoup voyagé et, je ne trouvais pas de chaîne d’information sur l’Afrique », justifie-t-il plus tard. Il lui faut donc proposer « une autre image de l’Afrique : positive, créative et innovante ». Ensuite, dans le montage du capital. Pas question de faire appel à des
actionnaires qui constitueront plus tard un caillou dans la chaussure. Pour matériali-
ser ses idées, il se fait entourer par un groupe restreint, mais compétent : Yacine
Barro (directrice déléguée depuis le départ), Stéphan Noiran (son conseiller spécial), Serge Yanic Nana (banquier). « Nous avons construit l’habillage (simple, moderne et, avec les signalétiques du continent) et les contenus éditoriaux puis, nous avons validé la ligne éditoriale. Puis, il a fallu rendre opérationnelles les équipes de production sur place avec, la dynamique de la formation des jeunes; nos correspondants sont dans 20 pays », indique-t-il. Sauf
Business Management 07 Juillet 2016 AFRICA
Leaders
Premier conseil d’administration d’Africa 24 à Malabo.
qu’avant, il choisit de faire porter l’ensemble du projet par Afrimedia International, une holding immatriculée au Luxembourg, un espace d’optimisation fiscale. Pour mettre Afrimedia International sur les rails, Constant Nemale fait appel aux personnes, mais aussi aux Etats africains. La Guinée équatoriale souscrit 20 %. Le Cameroun, son pays d’origine, traine les pieds et hésite d’ailleurs à le recevoir. Qu’importe, Africa24 lance ses programmes en février 2009 avec un budget annuel de 05 millions d’euros. La Banque marocaine du Commerce extérieur permet à Afrimedia International plus tard d’entamer la deuxième phase de sa croissance. Au lendemain de l’élection présidentielle camerounaise d’octobre 2011 -la stratégie de couverture de proximité de différentes élections présidentielles en Afrique a fait grimper le taux d’audience -, que la chaine couvre en direct de Yaoundé, le pays dirigé par Paul Biya rejoint le capital du groupe. En mai 2016, à l’occasion de la conférence
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Management 08 Business Juillet 2016
AFRICA
internationale baptisée « Investir au Cameroun. Terre d’opportunités », le PDG affirme lui-même que « le Cameroun est aujourd’hui actionnaire de mon groupe à hauteur de 10 % ». La Guinée Equatoriale aurait à ce jour 15 % des parts de la holding. Constant Nemale rêve d’un tour de table qui permettra de faire grandir l’assiette d’Afrimedia International. Lui-même reste l’actionnaire majoritaire de la holding. Selon lui, celle-ci a investi 40 millions d’euros en sept ans. Et le point d’équilibre vient d’être atteint après des années de perte. Le mastodonte logé au Luxembourg possède à son tour 100 % d’Afrimedia France, une société par actions simplifiées basée à Saint-Cloud à Paris et dont les derniers statuts remontent au 02 mars 2016, selon l’administration française. Son capital, 10.694.100 euros. C’est elle qui édite Africa 24 (environ 90 employés de 23 nationalités à ce jour, 08 millions d’euros de budget en 2015, 7 259 883 d’euros de chiffre d’affaires en 2014).
Le pôle français de l’empire de Constant Nemale chapote également « Africa 24 Magazine », un trimestriel en quadrille créé en 2011 et qui tire à 10 000 exemplaires. « On s’est rendu compte que, tout en étant un outil de dialogue et d’échange, la télévision reste un produit de consommation rapide. On ne prend pas le temps de la réflexion en profondeur, on ne laisse pas d’empreinte. Il y avait un vide dans une véritable analyse constructive de l’Afrique. D’où l’idée de créer ce magazine qui devait, naturellement, jouer ce rôle de réceptacle de cette réflexion et de ces analyses des grands défis du continent ». C’est en ces termes que le boss en justifie l’existence. Le 05 octobre 2012, Afrimedia International immatricule à Dakar, au Sénégal, Afrimedia News Agency (ANA 24), une société anonyme à responsabilité limitée au capital de 06, 5 millions F CFA. C’est une agence de production au service de la chaine Africa 24 et qui le sera pour les autres à venir.
Leaders BIO EXPRESS
1967 : Naissance au Cameroun 1991 : Début de l’aventure avec Mondial Basket 1998 : Publication de deux livres (« Le livre d’or du Basket » ; « Micheal Jordan. Le livre d’or ») et Cofondation de 3A Telesud 2006 : Départ de 3A Telesud Des studios aux couleurs africaines de la chaine de télévision Africa 24.
2009 : Lancement de la chaine Africa 24 2011 : Lancement d’Africa 24 Magazine 2012 Création de la « Nemale Holding » ; Création à Dakar d’Afrimedia News Agency (ANA 24) 2015 Conclusion d’un accord avec la Sekunjalo Investments Holdings de Cape Town pour la phase de développement
Plateau d’Africa 24 consacré à Nelson Mandela.
Réception d’Africa 24 « Pas avec autant d’impact ». C’est en ces termes que répond en octobre 2011, Constant Nemale-Pouani, lorsque le directeur de la publication du quotidien camerounais L’Actu lui demande s’il s’attendait à une telle réussite d’Africa 24. La chaine est aujourd’hui diffusée dans 80 pays dans le pays (80 millions de foyers aussi et une première place en Afrique francophone selon le PDG). 07 ans après le lancement, les choses ont évolué. Des concurrents ont fait irruption, à l’instar d’Africanews, filiale d’Euronews. Les publics ont pris goût à la spécialisation des contenus. Des chaines thématiques naissent, à
l’instar de Stad’Afric pour le sport, ou Business Management Africa pour le monde des affaires. La télévision numérique terrestre a changé les habitudes sur le continent. Conscient de tous les bouleversements imposés par le temps, le fondateur et président-directeur du groupe Afrimedia International souhaite accélérer le développement du volet « télévision ». Pour cela, le PDG ne fait pas l’économie des partenariats stratégiques. Comme celui conclu en avril 2015 avec la Sekunjalo Investments Holdings, un fonds d’investissement basé à Cape
Town, en Afrique du Sud. Un vaste recrutement de nouvelles ressources humaines est également en cours depuis un an. L’urbaniste ne souhaite pas laisser la concurrence occuper le terrain. Et malgré ses priorités, il trouve souvent du temps pour élargir ses horizons. Le 15 mars 2012, il met en place à Paris la « Nemale Holding », laquelle est un fonds d’investissement. Alors qu’il n’a pas vraiment pratiqué le métier d’urbaniste pour lequel il a suivi une formation, il est souvent coopté pour siéger dans les jurys des concours d’architectes-urbanistes en herbe. Juste une façon de tendre la main aux jeunes.
Business Management 09 Juillet 2016 AFRICA
Leaders Rémy Fabrice NSABIMANA, voix tonitruante sur BBC Afrique à seulement 24 ans Le 20 juin 2016, comme tous les autres, l’on a célébré à travers le monde, la journée mondiale des réfugiés. Oui, il y a des marronniers qui vous mettent sur les traces des destins particuliers. Comme celui de ce rwandais, obligé de parcourir les brousses de l’Est de la RDC à 02 ans, pour fuir le génocide. 22 ans après, il fait sensation sur les antennes de la BBC Afrique, après avoir impressionné le banquier Paul Fokam Kammogne à VoxAfrica. Sur les traces d’un être à l’enfance tragique, à l’ascension fulgurante et au futur sans doute...patronal. Par Hindrich ASSONGO
Dans les camps de réfugiés, indique Rémy Fabrice Nsabimana, nous ne vivions pas, il s’agissait de survivre. Survivre aux maladies, aux militaires qui tuaient hommes, femmes et enfants, officiellement pour traquer des ‘génocidaires’. Tous les jours, il fallait marcher. Ne surtout pas s’arrêter jusqu’au prochain camp ‘sûr’. Nous marchions jusqu’à ce que nos pieds gonflent. Nous n’avions ni nourriture ni eau potable. Nous mangions tout ce que nous trouvions sur notre chemin. Champs d’autochtones, nous ravagions tout ce qui était comestible sur notre passage, telle une armée de sauterelles affamées. Management 10 Business Juillet 2016
AFRICA
programme à succès sur la chaine de télévision VoxAfrica. Et à 22 ans, grande voix des matinales d’information sur la British Broadcasting Corporation, antenne Afrique. Une fois qu’on a dit tout cela, on peut rentrer en profondeur dans la vie de Rémy Fabrice Nsabimana, un tueur du microphone qui ne fait pas vraiment son âge. Et qui rêve de lancer des startups pour résoudre des problèmes précis. Peut-être au Rwanda.
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l y a des portraits difficiles à rédiger. Oui, vraiment difficiles. Surtout, quand il faut ramener le lectorat sur les sentiers de l’événement qui endeuille le Rwanda en avril 1994, le génocide. Et qui force un enfant de 02 ans à fuir à travers les brousses de la République démocratique du Congo, sans vraiment savoir où il va. Sans savoir ce qu’il mange. Sans s’imaginer vivant le lendemain.
Sans même vraiment demander à son père à quand le répit. Juste une envie de fuir les balles qui sifflotent. Avec ses frères et sœurs. Le bataillon arrive à Yaoundé, via le Congo Brazzaville. Et respire enfin l’air de la paix. Et peut enfin vivre, après avoir survécu. Et pour le petit génie de la famille, l’éducation prend un train à grande vitesse. Au point, qu’à 17 ans, il est bachelier. A 19 ans, présentateur d’un
17 mars 1992. Cyangugu, à l’ouest du Rwanda. Le troisième fils de Vincent Ngiruwonsanga et d’Eleda Mukakabera, tous Hutu, vient au monde. Monsieur est alors, et ce, depuis 1991, bourgmestre - l’équivalent de maire dans l’administration belge - de la commune de Nyabisindu, une ville du sud du pays à l’époque dirigé par Juvénal Habyarimana. En 1993, Vincent Ngiruwonsanga est détaché au bureau du personnel au ministère de la Justice. Quant à son épouse, elle a un poste d’assistante sociale au centre le Bon Pasteur de Kigali, réservé à l’encadrement des filles-mères. Puis, 06 avril 1994. Le chef de l’Etat est assassiné. Le génocide déclenche. Hutu et Tutsi, les deux ethnies majoritaires du pays, règlent leurs animosi-
Leaders tés à machette et au canon, les uns contre les autres. L’ambiance est chaotique. Vers la fin, tous ceux qui ont collaboré avec l’ex-pouvoir, même sans prendre part aux massacres, ont un choix à faire : fuir ou mourir. En fin avril, Le sieur Vincent Ngiruwonsanga prend son épouse et ses enfants et engagent une course contre la montre à travers les brousses. En direction dans un premier temps de l’Est de la République démocratique du Congo. Dans leur fuite à travers la RDC, Vincent Ngiruwonsanga et sa petite famille doivent surtout éviter de croiser ceux qui les cherchent. « Nous avons parcouru une bonne partie du
pays dans les forêts. Je ne me rappelle plus des villes. Nous ne savions pas où nous allions. Et connaître les vil-
les où nous étions, je l’avoue, n’était pas notre priorité », affirme aujourd’hui le fils, Rémy Fabrice Nsabimana, avec une pointe d’humour. Le 18 juillet 1994, la famille arrive à Bukavu. C’est désormais une bande de réfugiés, pas vraiment reconnus. Il faut donc aller plus loin. « Dans les camps de réfugiés, indique Rémy Fabrice Nsabimana, nous ne vivions pas, il s’agissait de survivre. Survivre aux maladies, aux militaires qui tuaient hommes, femmes et enfants, officiellement pour traquer des ‘génocidaires’. Tous les jours, il fallait marcher. Ne surtout pas
s’arrêter jusqu’au prochain camp ‘sûr’. Nous marchions jusqu’à ce que nos pieds gonflent. Nous n’avions ni nourriture ni eau potable. Nous mangions tout ce que nous trouvions sur notre chemin. Champs d’autochtones, nous ravagions tout ce qui était comestible sur notre passage, telle une armée de sauterelles affamées. Souvent en conflit avec des populations locales qui nous prenaient pour des envahisseurs, nous ne dormions presque pas. Nous ne savions pas où nous allions. Ce qui est très désorientant. Démoralisant. Pour mon père, il fallait d’abord mettre la famille en sureté. Fuir les balles et nous mettre à l’abri ».
Du Congo Kinshasa au Congo Brazzaville A force de marcher, le bataillon arrive à Pokola, au nord du Congo Brazzaville. C’est là que Rémy Fabrice Nsabimana débute ses études. Directement au CE1, l’équivalent de la 05ème année d’étude, si on compte la maternelle. Et même le CM1, il le saute. « Mon père trouvait que j’avais largement le niveau. C’était une perte de temps, disait-il. Et le temps, on en avait trop perdu », indique Nsabimana. Ce train à grande vitesse que le petit Rémy emprunte le largue à 11 ans en classe de 06ème. Mais la vie à Pokola n’est pas vraiment facile. Toute la famille traverse la frontière et se retrouve à Yaoundé, au Cameroun. Une fois sur place, les parents bénéficient de la générosité qui caractérisent les camerounais. On leur octroie des espaces pour
il se pose un problème. Les classes scientifiques de 2nde affichent déjà pleines. Il va en 2nde littéraire (A4 Espagnol). Un choix provisoire, puisqu’il espère une permutation avec quelqu’un qui se sentirait perdu en 2nde C. Celle-ci n’aura jamais lieu. En 2009, Rémy Fabrice Nsabimana, sans avoir eu une scolarité normale, en ayant toujours été premier de sa classe, passe le Baccalauréat A4 Espagnol. Il a alors 17 ans.
faire de l’agriculture. Quant à leur troisième enfant, ils l’inscrivent dans un collège privé évangélique. Celuici passe le Brevet d’Etudes
du premier cycle (BEPC) à 14 ans. Son avenir, il le voit dans les classes scientifiques. Sauf, qu’en migrant pour le lycée de Nkolbisson,
Voici venu le temps du choix pour l’enseignement supérieur. Le très intelligent Rémy ne sait pas quoi faire. Lui qui, entre temps, se bat pour obtenir un statut de réfugié. Un de ses ainés de la communauté rwandaise du Cameroun, Eugène Shema, lui parle de l’Ecole supé-
Business Management 11 Juillet 2016 AFRICA
Leaders rieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ESSTIC), un établissement de l’Université de Yaoundé II, dans lequel la filière « journalisme » jouit d’une très grande renommée à travers l’Afrique. Le conseiller est lui-même déjà étudiant dans ce parcours. N’y entrent que ceux qui supplantent les épreuves du concours. « J’ai constitué mon dossier. Et grâce à Dieu, j’ai terminé major du carré des étrangers », indique-t-il. Et très vite, en novembre 2009, le voilà dans la prestigieuse école de journalisme. Ses camarades et lui forment la 40ème promotion. Ils décident d’un nom de baptême : « Stella
Matutina », un nom latin qui signifie « l’Etoile du matin » en langue française. Là, le petit génie, désormais passionné de radio, reçoit un surnom : « capitaine Dadis », pour un brillant exposé fait en classe sur la situation chaotique que vit la Guinée Conakry dès la fin de l’année 2009. Comme dans toute nouvelle aventure, la vie de Rémy Fabrice Nsabimana à l’école de journalisme commence par des rencontres. Avec son meilleur ami, Bienvenue Stéphane Teta Nono – décédé le 14 août 2013 -, ils se fixent un objectif : travailler pour la BBC ou RFI après quinze ans de carrière. Les deux
font preuve de leadership. Ils embarquent dans leurs projets, d’autres camarades, à l’instar de Dulcie Bassoglog (aujourd’hui responsable de la communication au comité national olympique et sportif du Cameroun) et Marilyne Ngambo (Journaliste à la Société de presse et d’éditions du Cameroun). Ils mettent sur pied un programme, diffusé sur Radio Campus, installé au sein de leur établissement. Tout va bien. Jusqu’en 2ème année. « Je suis recalé avec plus de 13 de moyenne générale, parce que je ne suis pas venu composer les matières connexes un samedi. J’ai des convictions religieuses sur lesquelles je suis intransigeant. Je
suis chrétien, Adventiste du 7e jour et la Bible me commande d’observer le sabbat, 4e commandement. Le jour du sabbat (samedi, le 7e de la semaine) est sanctifié et mis à part pour Dieu. Hors de question de l’accorder à quoi que ce soit d’autre. Je l’ai expliqué à la directrice chargée des études, qui n’a voulu rien entendre. Elle a fait ce qu’elle avait à faire et j’ai fait ce que j’avais à faire : rester fidèle à Dieu quoi qu’il arrive. Ma survie, mes succès, je les lui dois. Si je ne le fais pas pour l’honorer, pour moi tout ce que je fais ne sert à rien », précise-t-il.
Entrée à VoxAfrica, une affaire de religion Une année après la signature de ce contrat, le jeune prodige rwandais est détecté par la BBC, pour sa direction Afrique basée à Dakar. Jules Domche, devenu entre temps directeur général de VoxAfrica, n’en revient pas. Pour lui, on lui enlève un bon élément trop tôt. « Nous étions à la fois contents pour lui et tristes pour nous », commente Paul Mahel, directeur Afrique centrale à l’époque des faits. Le Dr Fokam avait insisté pour que je reste quand il a appris que j’allais partir’, précise l’intéressé. Management 12 Business Juillet 2016
AFRICA
Au nom de ses convictions religieuses, Nsabimana redouble la deuxième année. Pour l’année 2011-2012, il n’a qu’une matière à reprendre. Pour ne pas sombrer dans l’oisiveté, il demande à effectuer un stage de 03 mois à la représentation Afrique centrale - située à Yaoundé - de la chaine
panafricaine de télévision, VoxAfrica. « C’est pendant mon stage que je créé voxbooks. Le programme est vendu, puis sponsorisé à coût de millions par une maison d’édition qui veut promouvoir la lecture en Afrique et communiquer. Il est décidé que le créateur doit en être le présentateur. Le directeur
Afrique centrale de l’époque, Jules Domche, m’offre alors la chance de ma vie. Il prend beaucoup de risques, mais dit croire en moi », indique-t-il. « Nous sommes tout de suite subjugués par son talent. Il avait une maîtrise du sujet et une maturité que nous n’avions encore jamais vue chez un stagiaire
Leaders tout devoir au Cameroun. Mais avant toute chose, il faut repartir au Rwanda. Il va y séjourner tout le long du mois de juillet 2016 : « Après 22 ans hors de chez moi, j’en profiterai pour voir ce que je peux y faire ou pas. Les opportunités et les réalités ». Avec une tête qui foisonne de projets, il est possible que dans dix ou quinze ans, qu’on retrouve ce rescapé du génocide, à la tête d’une puissante holding médiatique. et même chez certains professionnels. Il a vite fait de balayer les réserves des derniers sceptiques », affirme Paul Mahel, aujourd’hui directeur Afrique centrale de cette chaine de télévision. Le programme cartonne. Des grandes plumes passent sur le gril. PDG de cette entreprise de télé, le banquier Paul Fokam Kammogne fait ce qu’il peut pour ne louper aucune édition. « Il m’appelait d’ailleurs Voxbooks », déclare Nsabimana. En novembre 2013, Rémy Fabrice Nsabimana achève enfin ses études de journalisme. Sans attendre, VoxAfrica lui offre son premier contrat de travail. Il a alors 21 ans. Pour Paul Mahel, «très vite, Rémy est devenu un élément essentiel dans notre dispositif. Sa passion pour ce métier et sa permanente disponibilité l’ont rendu quasiment indispensable. Il ne rechignait jamais à la besogne et n’hésitait pas à prendre des initiatives. Pour nous, il était une perle rare ». Une année après la signature de ce contrat, le jeune prodige rwandais – il n’a jamais changé de nationalité – est détecté par la BBC, pour sa direction Afrique basée à
Dakar. Jules Domche, devenu entre temps directeur général de VoxAfrica, n’en revient pas. Pour lui, on lui enlève un bon élément trop tôt. « Nous étions à la fois contents pour lui et tristes pour nous », commente Paul Mahel, directeur Afrique centrale à l’époque des faits. Lorsque le grand boss, Paul Fokam Kammogne, est au courant de ce débauchage, il s’y oppose. « Jules Domche m’a bien fait comprendre que le Dr Fokam avait insisté pour que je reste quand il a appris que j’allais partir », précise l’intéressé. En dépit de tout, Nsabimana dépose donc ses valises à BBC Afrique, à Dakar : « Je suis MBJ (Multimedia Broadcast Journalist), presenter et news reader. Je présente les matinales d’informations (03H30 d’antenne), des grandes éditions de journaux : BBC Midi et BBC soir (30 min) et les bulletins d’informations de 02 et parfois 05 minutes. Et je lance bientôt ma propre émission. Je ne puis vous en dire davantage pour le moment ». Toujours est-il que les auditeurs de cette radio tombent sous son charme. Ils n’imaginent pas son âge. Marilyne Ngambo,
journaliste et camarade de classe du nouveau dakarois, n’a que des compliments pour lui : « Je dirais qu’il fait partie des professionnels smart. Il est organisé et minutieux dans son travail. Il se fixe des objectifs qu’il n’éprouve pas de mal à atteindre tout simplement parce qu’il sait ce qu’il a à faire et quand il faut le faire. Au plan humain, je dirais que c’est le genre d’ami, de collègue qu’on rêve d’avoir. Non seulement il sait écouter mais aussi, il est prompt à aider, conseiller. A m’entendre, on croirait que je décris une toile ou un tableau pittoresque, et pourtant, c’est ma manière, la plus proche du réel et de l’objectivité, de décrire mon ami Rémy ». « Je reste convaincu que c’est un futur grand nom du journalisme africain » Quid de l’avenir ? Marcher sur les sentiers de l’entrepreneuriat, l’idée tente celui qui a finalement renoncé à acquérir un statut de réfugié. «Un studio de production, pourquoi pas. Mais je pense surtout à des startups. Identifier des besoins et proposer des solutions simples, pratiques. Dans des domaines divers », lâche celui qui dit
BIO EXPRESS
1992 : Naissance à Cyangugu (Ouest du Rwanda) 1994 : Départ du Rwanda pour cause de génocide 1999 : Inscription dans une école pour la première fois (Pokola, au Congo) 2003 : Arrivée au Cameroun 2009 : Obtention du Baccalauréat A4 Espagnol au lycée de Nkolbisson (Yaoundé) et entrée à l’école de journalisme (ESSTIC, Université de Yaoundé II) 2011 : Reprise de la 2ème année et début à la chaine VoxAfrica 2013 : Obtention de la Licence en journalisme 2014 : Signature d’un CDI avec VoxAfrica 2015 : Début à BBC Afrique 2016 : Vacances au Rwanda, 22 ans après être parti pour fuir la violence
Business Management 13 Juillet 2016 AFRICA
Leaders Sandile SHEZI, millionnaire grâce au courtage financier à 23 ans
Bein Sport et Netflix ne font désormais plus aucun cadeau à Canal Plus sur le marché audiovisuel européen. Une situation qui, 32 ans après le lancement par le groupe médiatique de Vincent Bolloré de la première chaine française à péage, impose l’Afrique au cœur des ses nouvelles lignes managériales. Par Marie Thérèse BITIND
Curieux, le petit Sandile Shezi s’intéresse à l’histoire de son homonyme, Sandile Zungu. Lui aussi a grandi dans le même township de Durban, avant de devenir l’un des hommes les plus célèbres de son pays. C’est que, le désormais patron de la Zungu Investments Company Limited est connu pour avoir conçu un programme de formation en leadersship pour le compte de la l’université de Harvard, le symbole de la puissance de l’enseignement supérieur des Etats unis. Shezi se dit alors : « s’il a pu y arriver, pourquoi pas moi ? Management 14 Business Juillet 2016
AFRICA
Sandile SHEZI, un regard de leader.
«
Réduire la distance entre les gens ordinaires et les millionnaires ». Pour lire cette vision, du moins dans sa version originale qui est en langue anglaise, il faut aller sur le site internet de la Global Forex Institute. Une institution qui fait à la fois de la formation et de la pratique du « forex trading ». Pour dire les choses simplement, c’est du courtage et du placement des capitaux sur des places financières, une activité pas vraiment répandue sur le continent africain. A Durban, Umhlanga et Cape Town (Afrique du Sud), Sandile Shezi met en place cette entreprise en septembre 2013. Il a alors pour associé, un certain George Van Der Riet, un sud-africain qui a une
longue expérience dans ce domaine où on peut tout perdre en quelques heures. Mais tout gagner aussi, si on sait s’y prendre. Et pour le faire, être rusé ne suffit pas. Il faut être formé. Sandile Shezi donne donc gratuitement des cours à ses concitoyens, surtout ceux de la communauté noire, pour qu’ils deviennent millionnaires comme lui. A 23 ans - Il en aura 24 le 17 décembre 2016 -, on le décrit comme étant le plus jeune millionnaire de l’Afrique du Sud. En fin 2015, sa fortune s’évalue à un peu plus de 30 millions de rands, soit 1,8 million d’euros. La somme aurait depuis lors été multiplié plusieurs fois, selon les médias sud-africains. C’est l’histoire d’un enfant qui se dit inspiré par la «
pauvreté ». Et qui n’hésite pas à prendre les risques les plus fous. Lycéen à Durban, ses parents, du haut de leur statut d’enseignants, peinent à joindre les deux bouts. Mais ils rêvent tout de même d’une éducation classique pour leur progéniture. Toute la famille vit alors dans un « township », un de ces bidonvilles réputés pauvres et habités par les noirs dans les périphéries des métropoles sud-africaines. Curieux, le petit Sandile Shezi s’intéresse à l’histoire de son homonyme, Sandile Zungu. Lui aussi a grandi dans le même township de Durban, avant de devenir l’un des hommes les plus célèbres de son pays. C’est que, le désormais patron de la Zungu Investments Company Limited est connu pour avoir conçu un
Leaders programme de formation en leadersship pour le compte de la l’université de Harvard, le symbole de la puissance de l’enseignement supérieur des Etats unis. Shezi se dit alors : « s’il a pu y arriver, pourquoi pas moi ? ». Sa vie de battant commence au secondaire alors qu’il a 12 ans. Ce zulu, quand il n’est pas en classe, vend des « muffins », des beignets, pour faire court. Une activité qui fait de lui un sujet de moquerie de la part de ses camarades de classe. Des économies mises de côté permettent à Sandile Shezi de franchir un cap. Désormais, c’est dans le prêt-à-porter qu’il se lance. Sa stratégie pour écouler sa marchandise, le porte-à-porte. Et c’est en faisant cela qu’il dit avoir appris les règles les plus fondamentales des affaires : acheter, écouler, faire du bé-
néfice, savoir quand et à qui vendre à un faible coût ou à un prix élevé. Bref, la météo du business. Les études secondaires achevées, l’enfant
des bidonvilles est admis au Durban Institute of Technology. Nous sommes en 2011. Là, avec un camarade de classe, il fonde l’association
des étudiants en relations publiques. Le leader est naît. Au bout de deux années, il obtient le « National Diploma » en relations publiques, publicité et communication appliquée. Cependant, les études « longs courriers » - comme on sait le dire en Afrique centrale-, ce n’est vraiment pas son hobby. Pourquoi ? Parce qu’en étant étudiant, le jeune homme qui a, à peine la vingtaine à ce moment là, s’intéresse au « forex trading », le courtage financier. Une sorte de marché où on échange les devises monétaires toujours en paire, dans le but de se faire du bénéfice. Et pour réussir, il faut avoir l’intelligence nécessaire pour anticiper sur les cotations. Ici, les fluctuations sont quotidiennes. Un manque de vigilance, et le trader devra maudire la terre.
Autodidactique Pour devenir un bon « forex trader », le durbanais pratique de l’autodidactique. Il se forme sur internet. Et quand au lieu de repartir à l’école, il prend ses frais de scolarité pour investir dans l’activité qui le passionne, ses parents le désavouent. Ils montrent leur déception. Pour eux, la pilule est dure à avaler. Surtout que dans un coin de leur tête, le courtage financier renvoie à un jeu de hasard. Sandile Shezi lui, poursuit son chemin. Car, à force de lire des portraits de leaders dans les magazines de management, il arrive à une conclusion : « En chaque homme riche, se cache un pauvre qui a su poursuivre ses rêves ».
Avec son partenaire, le jeune trader fonde son entreprise, la Global Forex Institute. En quelques mois, il devient millionnaire. Et son expérience, il souhaite désormais la partager avec les pauvres, les noirs sud-africains surtout, eux qui sont les plus pauvres d’Afrique du Sud. En rapport avec cette vision, on peut lire sur sa page linkedin : « Pourquoi travailler pour gagner de l’argent alors que l’argent peut travailler pour vous ? Venez chez nous, non pas seulement pour devenir un trader, mais pour devenir un forex trader à succès. Surtout, retenez que les gens riches re-
Dans son envie d’aider les autres, Sandile Shezi passe de l’ambition aux actes. A la Global Forex Institute, un module « formation » est incorporé. L’entreprise se présente désormais comme « la seule en Afrique du Sud qui enseigne gratuitement aux masses le courtage financier dans une perspective d’autoemploi ». Elle déclare avoir déjà initié deux mille personnes à ce métier. Business Management 15 Juillet 2016 AFRICA
Leaders cherchent les opportunités quand les pauvres cherchent du bouleau » (Traduction par la rédaction). Ce qu’il propose donc, c’est de permettre aux gens de sa condition d’hier de s’autonomiser et de travailler pour eux-mêmes. Dans son envie d’aider les autres, Sandile Shezi passe de l’ambition aux actes. A la Global Forex Institute, un module « formation » est incorporé. L’entreprise se
présente désormais comme « la seule en Afrique du Sud qui enseigne gratuitement aux masses le courtage financier dans une perspective d’auto-emploi ». Elle déclare avoir déjà initié deux mille personnes à ce métier. « L’objectif est de faire comprendre aux gens quel est le meilleur moment pour acheter, le meilleur moment pour revendre et comment faire pour ne pas perdre son capital. Je veux être sûr que
le plus grand nombre de personnes en savent suffisamment sur le trading », précise le désormais millionnaire. Les témoignages d’anciens étudiants de cette école pratique vont dans un sens plutôt louangeur. « Après avoir suivi les cours proposés le samedi par Sandile Shezi et George Van Der Riet, j’ai été impressionné par leur expérience. Cependant, c’est après avoir vu leurs propres résultats que j’ai été com-
plètement convaincu. Ces gars savent exactement ce qu’ils font », affirme Rowan Marais. Quant à Angela Gina, elle dit avoir doublé ses comptes depuis qu’elle a débuté la formation chez Global Forex Institute. Pour ceux des apprenants qui souhaitent recevoir un cursus plus pointu, il faut payer. Le gros du chiffre d’affaires de la GFI reste cependant dans le secteur du trading, donc dans la pratique.
Demain, leader d’Afrique
Sandile Shezi, la richesse lui fait désormais acquérir ce qu’il veut.
L’ambition de Sandile Shezi – il parle l’Anglais, le Zulu le Xhosa - et de son associé est de faire de la Global Forex Institute, la meilleure entreprise de forex trading d’Afrique. Et les deux se disent prêts à travailler plus pour cela. « La raison pour laquelle je travaille si dur est que je ne veux pas qu’un jour, mon enfant se place devant quelqu’un et se sente frustré », écrit l’ancien des townships le 16 juin 2016, sur son compte facebook, le-
Management 16 Business Juillet 2016
AFRICA
quel compte 51 907 amis au 28 juin 2016. Déjà, le 31 juillet 2014, il écrit une autre phrase pleine de sens sur la même tribune : « Si vous naissez pauvre, ce n’est pas votre faute. Mais si vous mourrez pauvre, c’est votre faute ». Ou encore : « Ceux qui refusent de prendre les risques finissent par devenir de simples employeurs de ceux qui ont pris des risques ». Même s’il garde l’humilité qui a caractérisé son enfan-
ce, Shezi pratique désormais tu tennis et du golf, deux sports réservés à la classe aisée en Afrique du Sud. Il a également développé des compétences en public speaking, motivational speaking, développement personnel, entre autres. Il s’offre désormais ce qu’il veut, va où il veut, avec le moyen qui lui plait. Comme quoi, il a su réduire la distance qui le séparait des riches. Pour aller plus loin, il a annihilé cette distance. Il est désormais des leurs. Normal qu’il fasse accourir les médias du monde entier, soucieux de saisir sa trajectoire. Celle-ci ne semble pourtant qu’à sa première bifurcation.
BIO EXPRESS
17 décembre 1992 : Naissance à Durban Septembre 2011 : Entrée à la Durban Institute of Technology Juillet 2013 : Obtention du National Diploma (Relations publiques, publicité et communication appliquée) Septembre 2013 : Création de la Global Forex Institute Décembre 2015 : Fortune estimée à 30 millions de rands (1,8 millions d’euros)
In’entreprise
Business Management 17 Juillet 2016 AFRICA
In’entreprise Groupe Nana Bouba, d’un petit établissement à un empire en une trentaine d’années
Du quartier Briqueterie à Yaoundé où il démarre avec une boutique en 1984, à la holding de 09 entreprises qui comporte environ 2000 employés aujourd’hui, Alh Nana Bouba Djoda a gravi des échelons. Itinéraire d’une échoppe devenue un mastodonte industriel. Par Hugues EBACKA
nements tout en garantissant la provenance éco-responsable de l’huile de palme », d’après la direction. Pour tester sa capacité à conduire ce type de projet, le groupe cultive, depuis 2009, du maïs sur plusieurs centaines d’hectares à Wassande, dans l’Adamaoua camerounais. C’est donc désormais comme cela au sein de cet empire des affaires. Rien n’arrête plus la holding. Elle ratisse large. D’ailleurs, en 2014, pour rassembler toutes ses possessions, le grand patron, né en 1948, met en place le groupe qui porte son nom. Sa direction générale se trouve à Douala, la capitale économique du Cameroun. Son capital, 10,5 milliards F CFA. Elle compte 09 filiales, pour un chiffre d’affaires en 2013 estimé à 300 millions de dollars Us. Et elle est en passe de faire oublier la première génération des industriels camerounais, dont Victor Fotso a été pendant longtemps présenté comme étant le porte-étendard.
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n ce moment, le groupe Nana Bouba parachève la mise en place de sa société anonyme Greenfil. Une entreprise créée en 2013 avec des investissements projetés à 120 millions de dollars US (environ 70 milliards F
Management 18 Business Juillet 2016
AFRICA
CFA). Elle a acquis des parcelles de terre dans les départements de l’Océan (Sud du Cameroun) et du Nkam (Littoral du Cameroun). Pour cette année 2016, elle souhaite implanter 500 hectares de palmeraies. Elle en aura 1000 en 2030. Objectif, « sécuriser les approvision-
Pour saisir la trajectoire du groupe Nana Bouba, il faut rentrer dans l’histoire. 32 années en arrière. Nous sommes en novembre 1984. C’est la saison sèche à Yaoundé, la capitale du Cameroun. Une très mauvaise saison sèche, puisque sept mois plus tôt, un coup d’Etat militaire a failli mettre fin au pouvoir
de Paul Biya. A la suite de cet événement, il ne fait pas bon d’être originaire de la partie septentrionale du pays et d’en avoir pleines les poches. C’est dans ce contexte tendu qu’un commerçant, qui a ses origines dans le Mbéré (Région administrative de l’Adamaoua), prend son courage à deux mains et ouvre une boutique à la Briqueterie, un quartier communautaire de la ville aux sept collines où ne vivent en général que des populations musulmanes. L’échoppe mise sur pied a pour statut juridique : établissement. Elle commercialise les produits agro-alimentaires et de consommation de masse. Son nom, Ets Nabo. Le promoteur a alors 36 ans. Très vite, le commerce devient rentable. Le jeune entrepreneur met le cap sur le marché central de Yaoundé. Le business progresse. En dépit de la crise économique qui frappe de plein fouet son pays dès la fin de la décennie 80, Nana Bouba voit grand. Le 18 mars 1991, il met sur pied une société à responsabilité limitée : la Société alimentaire du Cameroun (SOACAM). Elle opère dans la distribution. Non, la très grande distribution. Le patron délocalise la direction opérationnelle à Douala. Une option stratégique qui s’explique par le fait que
In’entreprise les industries qui produisent s’y trouvent. Le terminal d’importation aussi. Elle devient le distributeur exclusif des produits de plusieurs entreprises. Après avoir assis son hégémonie au Cameroun, elle pense, dès l’année 2000, à s’étendre audelà des frontières nationales. D’abord, en commandant les marques internationales. Ensuite, en les distribuant dans la sousrégion Afrique centrale. Selon les services de communication du groupe Nana Bouba, SOACAM, devenue entre temps société anonyme juillet 2008 -, est aujourd’hui le premier importateur de riz au Cameroun, avec plus de 200 000 tonnes l’an. Elle distribue aussi de l’huile raffinée, du sucre, de la farine, des pâtes alimentaires, du savon, entre autres. A l’issue de l’année 2013, la société déclare un chiffre d’affaires de 150 millions de dollars.
La savon Azur est la star dans les foyers d’Afrique centrale.
Dès 2000, SOACAM a des difficultés à se faire approvisionner en produits de savonnerie. Son fournisseur traditionnel, le Complexe chimique industriel camerounais, traverse une mauvaise passe. Le boss décide, après quelques études, de se lancer dans le grand bain. La société Azur voit officiellement le jour en 2001 à Douala, pour produire d’abord le savon Azur, et 07 années après, l’huile de table Azur Gold Dès 2000, SOACAM a des difficultés à se faire approvisionner en produits de savonnerie. Son fournisseur traditionnel, le Complexe chimique industriel camerounais, traverse une mauvaise passe. Le boss décide, après quelques études, de se lancer dans le grand bain. La société Azur voit officiellement le jour en 2001 à Douala, pour produire d’abord le savon Azur,
L’huile de table Azur Glod s’est imposée en Afrique centrale.
Cette eau minérale est désormais la boisson officielle de toutes les équipes nationales de football du Cameroun.
Cap sur l’industrie et 07 années après, l’huile de table Azur Gold. En 2006, son capital s’élève à 12 millions de dollars Us. En 2008, une nouvelle huilerie, d’une capacité de 100 tonnes par jour, démarre ses activités. Grâce à une nouvelle usine de savon ouverte en 2009, la capacité de production est portée à 60 000 tonnes par an. Les consommateurs se ruent sur les deux marques. Celles-ci deviennent leaders au Congo, au Gabon et au Cameroun, puisqu’elles bénéficient de la logistique de SOACAM. Au point que, en fin d’année 2013, avec 560 employés, Azur S.A. déclare un chiffre d’affaires de 100 millions de dollars Us. Numéro un des exportations en zone CEMAC, l’entreprise reçoit, en février 2016, le prix de la coopération Sud-Sud, décerné lors du Forum international Afrique développement, organisé à Casablanca par Attijariwafa Bank. Mais Nana Bouba ne veut pas s’arrêter là. Avec Azur S.A., le désormais multimilliardaire sait que l’industrie est porteuse, d’autant plus que le Cameroun est dans une phase de relance, après une
quinzaine d’années de morosité. Mais nous sommes encore dans un environnement où la plupart des entrepreneurs optent pour le secteur des services. 2011. Soacam Agro Industries (SAGRI) démarre. Son activité, la production du concentré de tomate sous la marque Neima. La même année, il lance Nabo Beverage Company (NABO). Avec ses usines localisées dans la région anglophone du sud-ouest, elle se lance dans la production de l’eau minérale (Ôpur) et des boissons gazeuses (Vigo). Avec l’eau « Ôpur », NABCO tente de bousculer les habitudes des consommateurs camerounais. Depuis son arrivée, les marques Tangui (Société anonyme des Brasseries du Cameroun) et Supermont (Source Pays) sont obligées de renforcer leurs stratégies marketing. Offensive, NABCO signe le 17 mars 2016, un contrat de sponsoring avec la Fédération camerounaise de Football (FECAFOOT). Elle occupe un vide laissé par la SABC à travers Tangui. « Il s’agit d’un spon-
Business Management 19 Juillet 2016 AFRICA
In’entreprise soring sportif à long terme qui va consister à fournir de l’eau à toutes les catégories des Lions indomptables », renseigne ce jour là, Abdoul Karim Nana Bouba, directeur adjoint de NABCO. Du marketing sportif en fait. Pour ce qui est de l’enveloppe financière, le montant
n’est pas encore connu. Le président de la FECAFOOT se contente de dire que les ressources financières issues de ce sponsoring permettront de financer les activités du football camerounais. En tout, pour SAGRI et NABCO, le groupe Nana Bouba investit 12 millions de dollars
US au lancement. Pour 2015, il escomptait 21 millions de dollars US de chiffre d’affaires pour les deux sociétés industrielles. Un dernier coup de pied dans l’industrie n’est qu’une bonne chose. Cette fois, c’est encore une affaire d’oléagineux. La société IBI S.A. naît en 2014. Elle fabri-
que du savon sous la marque « Jamal ». Non, ce n’est pas destiné au marché camerounais, mais plutôt aux exportations. En 2016, elle entend produire 80 000 tonnes de savon pour une distribution dans une dizaine de pays.
Agriculture et agro-industrie La création de Greenfil, déjà évoquée plus haut, participe d’une volonté de réduire les importations de la matière première destinée aux savonneries. Dans ce secteur agro-pastoral, très névralgique au Cameroun, le groupe Nana Bouba possède aussi Cambeef. Cette fois, c’est de la production animale. Dans l’Adamaoua, la région d’origine du promoteur,
Véritable touche à tout, le groupe Nana Bouba a également ses tentacules dans l’immobilier et les travaux publics. Ici, les fleurons ont pour noms : SCI Krina et Berni S.A. La première, fondée en 2012, s’est déjà faite une réputation dans les travaux de génie civil, la construction des usines, des salles de classe et des villas. Quant à la seconde, la société immobilière Krina, elle gère le patrimoine immobilier de la holding Management 20 Business Juillet 2016
AFRICA
l’entreprise dispose d’un ranch de plus de 15 000 têtes de bœufs. La construction d’une usine laitière, d’un abattoir, d’une boucherie et d’une tannerie constitue les objectifs poursuivis par cette production animale géante. Véritable touche à tout, le groupe Nana Bouba a également ses tentacules dans l’immobilier et les travaux publics. Ici, les fleurons ont pour noms : SCI Krina et Berni S.A. La première, fondée en 2012, s’est déjà faite une réputation dans les travaux de génie civil, la construction des usines, des salles de classe et des villas. Quant à la seconde, la société immobilière Krina, elle gère le patrimoine immobilier de la holding. Selon la direction du groupe, elle « détient plus de vingt titres fonciers lui appartenant : des terrains nus, des immeubles bâtis situés sur l’ensemble du territoire camerounais. Ces titres fonciers sont libres de tout engagement et constituent ainsi un véritable levier de financement du groupe ». 10 millions de dollars Us, c’est la valeur de ce patrimoine immobilier. Et rien ne dit que l’aventure va s’arrêter là. Tant le Cameroun grouille de niches encore inexplorées.
Avec tout cet empire, l’on comprend que le magazine Forbes Afrique, estime en 2015, la fortune d’Alh Nana Bouba Djoda à 310 millions de dollars, soit 184 milliards F CFA. Reste maintenant l’épineuse question de la pérennité de tout ce qu’il a bâti. Les exemples des groupes qui ont fleuri avant de sombrer dans une agonie ne manquent pas au Cameroun. Quand on a 68 ans, il faut bien se dire qu’on n’a plus forcément beaucoup de temps devant soi. Conscient de cela, l’ancien transporteur s’est beaucoup entouré ces dernières années. D’abord, en ayant recours à plusieurs experts en finances, économie d’entreprise et gestion du patrimoine. D’où la naissance de sa holding en 2014. Ensuite, en procédant en 2015 à un jeu de chaises au sein de l’empire âgé aujourd’hui de 02 ans. Il préfère observer un certain nombre de choses d’un siège de président du conseil d’administration. A Abbo Amadou d’assurer la direction générale du groupe. Mohamadou et Hamidou Nana Bouba, ses fils, occupent chacun, un poste de directeur général adjoint. Le premier est également aux commandes d’Azur S.A et de SAGRI S.A. Le second
dirige au quotidien SOACAM. Le père garde les yeux grandement ouverts. Pour lui, pas question de se mettre complètement à l’écart. Les fistons doivent d’abord donner la preuve de ce qu’ils seront de bons successeurs. Et après, le patriarche verra. BIO EXPRESS
1948 : Naissance 1984 : Ouverture des Ets Nabo au quartier Briqueterie à Yaoundé 1991 : Création de SOACAM 2001 : Création d’Azur S.A. 2011 : Création de SAGRI S.A. et de NABCO S.A. 2012 : Création de SCI Krina et Berni S.A. 2013 : Création de Greenfil S.A. et de Cambeef S.A. 2014 : Création d’IBI S.A. et de la holding « Groupe Nana Bouba » 2015 : Estimation par Forbes Afrique de la fortune à 310 millions de dollars US (180 milliards F CFA)
In’entreprise Somdiaa, un mastodonte français à l’œil désormais très camerounais Le groupe français de l’agro-industrie a lancé en 2013 une sorte de « plan spécial Cameroun ». Ses résultats de l’année 2015 publiés il y a quelques semaines lui donnent raison. Le pays à la forme triangulaire pèse pour 34.1 % dans son chiffre d’affaires et constitue de ce fait son marché le plus dynamique. Par Lydie ABASSOMBE
L
e Cameroun constitue désormais le centre d’intérêt de la Société d’Organisation, de Management et de Développement des Industries alimentaires et agricoles (SOMDIAA). Les résultats de l’année 2015 de cette holding française publiés il y a quelques semaines sur son site internet le démontrent à suffisance. Globalement, le groupe dont le slogan est « L’agro-alimentaire en Afrique pour l’Afrique », a réalisé un chiffre d’affaires de 489.7 millions d’euros sur cette période (422.7 millions d’euros en 2014 ; 388 millions d’euros en 2013). La branche camerounaise constituée de trois entreprises – Société Grand Moulin du Cameroun (SGMC), Société sucrière du Cameroun (SOCUCAM), Société camerounaise pour l’Elevage et la Provende (SCEP) – apporte à elle seule 34.1%, soit près de 110 milliards de F CFA. Elle arrache la première place parmi les 09 pays dans lesquels la multinationale opère. La Côte d’ivoire (19.1 %) et le Gabon (16.5 %) occupent respectivement les deuxième et troisième rangs dans ce tableau des performances. La République centrafricaine qui sort progressivement du chaos, représente 2.6 % de ce bi-
lan. Le groupe SOMDIAA, que dirige depuis 1995 Alexandre Vilgrain, semble disposé à davantage densifier ses activités en terre camerounaise. Le géant de l’agro-alimentaire a l’intention d’y lancer, dès 2017, un pôle de production avicole. Objectif : produire les poussins d’un jour et les commercialiser auprès des éleveurs camerounais. En réalité, il s’agira d’étendre les activités de la Société camerounaise pour l’Elevage et la Provende. Mise sur pied depuis 2014, cette société anonyme au capital de 136 millions de F CFA (206 700 euros) naît d’une entente entre Glon Sanders - leader français de la nutrition animale - et
Le groupe SOMDIAA, que dirige depuis 1995 Alexandre Vilgrain, semble disposé à davantage densifier ses activités en terre camerounaise. Le géant de l’agro-alimentaire a l’intention d’y lancer, dès 2017, un pôle de production avicole. Objectif : produire les poussins d’un jour et les commercialiser auprès des éleveurs camerounais. En réalité, il s’agira d’étendre les activités de la Société camerounaise pour l’Elevage et la Provende.
Somdiaa. Pour l’instar, de son usine située au port autonome de Douala, la SCEP met sur le marché des concentrés pour la volaille et le bétail. A ce jour, si l’on en croit ses responsables, sa capacité de production est de 03 tonnes de premix par heure. Cet attrait pour le soussecteur des productions animales au Cameroun se justifie. Le pays occupe en effet la place de leader dans ce domaine en Afrique centrale. Somdiaa a déjà, quant à elle, une expérience en la matière. Depuis 1980, la Société meunière et avicole du Gabon (SMAG), une de ses filiales, produit des œufs dans son usine de
Business Management 21 Juillet 2016 AFRICA
In’entreprise N’Koltang. Un tournant s’opère en 2009. La grippe aviaire qui secoue le Cameroun, un des principaux exportateurs de volaille vers ce pays, fait prendre une décision au gouvernement : l’interdiction des importations. Le pays est privé de viande de poulet. Le groupe français de l’agro-alimentaire se trouve également coincé par cette mesure. « On ne pouvait plus importer nos propres poussins », indique le PDG, Alexandre Viligrain. La SMAG se met donc à produire des poussins d’un jour, non seulement pour en faire des pondeuses, mais aussi pour les commercialiser auprès d’éleveurs pour qu’ils en fassent des poulets de chair. D’après la direction de la communication de la multinationale, l’entreprise de droit gabonais produit chaque année 40 millions d’œufs et 350 000 poussins d’un jour. Le Cameroun apparait donc comme un site de reproduction d’un modèle qui semble avoir fait ses preuves en terre gabonaise.
Au centre du développement de Sosucam : la modernisation de l’outil de production dans les plantations et les usines de Nkoteng et de Mbandjock. En août 2015, l’entreprise, qui approvisionne le Tchad en sucre extra-raffiné, reçoit un lot d’équipements industriels d’une valeur de d’1 milliard F CFA (1.5 million d’euros) : 12 tracteurs Puma 225 CVT, 01 récolteuse de canne à sucre Austoft
En spécialisant ses différentes gammes de farine, la SGMC a pu maintenir son leadership sur le marché camerounais.
Cette carte traduit la présence de Somdiaa en Afrique et dans l’Océan indien.
Doper la production du sucre
En 2012, Somdiaa décide d’un investissement de 320 millions d’euros sur 05 années. Le plan concerne principalement la filière « sucre ». Il est question de passer de 350 000 tonnes produites par an selon les chiffres de 2010, à 475 000 tonnes d’ici à 2020. En réalité, un pays est principalement visé par cette décision stratégique : le Cameroun, encore et toujours. L’activité sucrière représente 74 % de ses résultats sur ce marché. Certes, la mesure nourrit l’objectif de sauvegarder une position de leader – au Cameroun, au Congo, au Tchad, en Côte d’ivoire,
Management 22 Business Juillet 2016
AFRICA
au Gabon – face à la rude concurrence imposée par le sucre importé du Brésil, entre autres. Mais, de cette enveloppe globale arrêtée environ 210 milliards F CFA -, la Société sucrière du Cameroun (SOSUCAM) avale à elle seule 110 milliards F CFA. Au centre du développement de Sosucam : la modernisation de l’outil de production dans les plantations et les usines de Nkoteng et de Mbandjock. En août 2015, l’entreprise, qui approvisionne le Tchad en sucre extra-raffiné, reçoit un lot d’équipements industriels
d’une valeur de d’1 milliard F CFA (1.5 million d’euros) : 12 tracteurs Puma 225 CVT, 01 récolteuse de canne à sucre Austoft. Le 17 février 2016, le directeur général de cette filiale détenue à 72.72 % par la maison mère - l’Etat du Cameroun et des particuliers ont le reste du capital -, Louis Yinda, annonce que l’entreprise devrait produire 124 000 tonnes de sucre cette année, contre 105 000 tonnes en 2014. Et ce, en dépit d’une sécheresse qui a frappé de plein fouet ses plantations pendant plusieurs mois.
In’entreprise Sortir de la « sucre – dépendance »
Ces 04 dernières années, Somdiaa a beaucoup investi au pays de Paul Biya (6045 employés sur 15 000 au total), un Etat dont la position géographique et la population en font le poumon économique de l’Afrique centrale. Par exemple, en 2012, elle procède à une augmentation des capacités de production de la Société Grand Moulin du Cameroun (SGMC), une société anonyme au capital de 05 milliards F CFA (07 622 450 euros), créée en 1991 et dont la direction générale se trouve
à Douala. Cela lui a permis de porter sa production annuelle à 135 000 tonnes de farine de blé par an, un cap qu’elle compte garder jusqu’en 2017. La SGMC a, entre temps, étendu ses activités. Elle touche désormais au son et au remoulage, deux produits destinés aux éleveurs. L’entreprise à capitaux camerounais, La Pasta, lui impose pendant un certain temps une concurrence, notamment sur le segment de la farine. En guise de réaction, elle met sur le marché des gammes
spécialisées en fonction des besoins des utilisateurs. La marque « ASSO » concerne les beignets ; « La Boulangère », farine haut de gamme, vise les boulangeries et pâtisseries ; le « Duo » est adapté aux mélanges ; le « Tigre » est une farine milieu de gamme. D’après le directeur marketing et commercial de l’entreprise, Léopold Nyeme, les consommateurs ont bien accueilli cette innovation. En décembre 2015, la SGMC lance à Douala, le concept « Grand Moulin Academy », une école de formation et d’expérimentation en boulangerie-pâtisserie. L’établissement peut former jusqu’à 100 pensionnaires par an. Bien sûr, le groupe Somdiaa, créé en 1970 – les activités ont démarré bien avant -, a pour cœur de métier : la production du sucre. Celle-ci représente 67.2 % des activités de la holding, contre 31.7 % pour la farine. Depuis que les marchés sur lesquels il intervient sont saturés par les importations et la contrebande
- la Sosucam affirme depuis le début de l’année qu’elle ne sait plus quoi faire de ses stocks -, il a pris un certain nombre de décisions stratégiques. D’abord, en 2013, il suspend, avant de relancer, le plan d’investissement pour doper la production. Puis, il engage un vaste mouvement de réorientation de ses activités. Par exemple, il rachète en 2014, la Société générale des Moulins du Togo (SGMT). Les ressources injectées dans les filières « farine » et « productions animales » rentrent dans cette stratégie orchestrée depuis Paris, la ville dans laquelle la holding a son siège. D’après le PDG, Alexandre Vilgrain, le groupe souhaite faire du secteur de la nutrition animale, la source de 20 % de son chiffre d’affaires. La Société camerounaise de Provenderie, leader naturel dans ce secteur en Afrique centrale, devra donc se tenir prêt à subir une concurrence certaine. Précisions que le groupe SOMDIAA est, depuis 2011, détenue à 80 % par le groupe Castel.
L’usine fonctionnelle de la Compagnie sucrière du Tchad, à Banda, dans le Sud-Est du pays.
Business Management 23 Juillet 2016 AFRICA
In’entreprise
Le groupe SOMDIAA en Afrique et dans l’Océan indien
-
SUCAF RCA
Une synthèse effectuée à partir des données contenues sur le site internet du groupe SOMDIAA.
Management 24 Business Juillet 2016
AFRICA
Entretien Olivier Guillaume MADIBA, « Kiro’o Games nourrit la vision de devenir le leader de l’industrie vidéo-ludique en Afrique. » Entretien avec Landry Pany NANKAP et Hindrich ASSONGO
A
u départ, c’était une petite équipe de la ville de Yaoundé. Pour ceux qui observaient ces jeunes, ils les croyaient en train de créer des studios de jeux, comme on en retrouve dans n’importe lequel des carrefours de la capitale camerounaise. Que non. Il s’est agi d’une entreprise de création des jeux vidéo, la toute première en Afrique centrale. Le prix remporté en cette année 2016 par Kiro’o Games au challenge « Le startuppeur de l’année par Total » à travers son promoteur, a fini par asseoir la notoriété de la startup. Aujourd’hui, avec des actionnaires disséminés dans le monde, elle rêve grand. Entretien avec un PDG constamment en voyage.
Management 26 Business Juillet 2016
AFRICA
Business Management Africa : Vous voyagez beaucoup en ce moment dans le monde. Que recherchezvous ? Olivier Guillaume MADIBA : J’ai fait deux voyages en cette année 2016 pour une même destination, les Etats-Unis. Le premier c’était en mars, je suis allé avec notre éditeur pour participer à la Pax East 2016, un salon de jeux vidéo. Aurion, notre produit, avait été sélectionné pour y être exposé. Le second c’est celui que j’ai effectué il y a quelques jours pour prendre part au Young African Leaders Initiative (YALI), un programme initié par le gouvernement américain et dont l’un des objectifs est de former et d’améliorer les capacités des leaders africains. Comme vous pouvez le constater, mes déplacements sont jusqu’ici à caractère professionnel. Le but étant non seulement de rencontrer des professionnels ou autres entrepreneurs et d’échanger, mais aussi d’accroître notre notoriété et visibilité. Kiro’o Games a lancé au mois d’avril 2016, le jeu vidéo « Aurion : L’Héritage des Kori-Odan ». Quel est la suite du processus ? OGM : « Aurion : L’Héritage des Kori-Odan » est disponible sur Steam depuis le 14 avril 2016 en effet. Steam est une plateforme de téléchargement de jeux vidéo en ligne. Compte tenu du fait que le e-commerce n’est pas très évolué sur le continent africain, nous envisageons de
commercialiser Aurion en supports physiques en Afrique. A ce sujet, nous avons récemment lancé une offre de partenariat et recherchons des personnes physiques ou morales qui pourraient nous accompagner dans la production et la distribution de ces DVD à travers le continent. Je prie toute personne intéressée à nous contacter. Quelles sont les particularités de ce jeu ? OGM : Aurion est un jeu inspiré de la culture africaine qui pro-
Entretien pose des contenus visuels et sonores très peu rencontrés dans l’univers du jeu vidéo. Comme certains journalistes de la presse spécialisée l’ont dit, «c’est un vent de fraîcheur venu d’Afrique». En termes d’histoire et de scénario, nous abordons des thématiques assez réalistes et actuelles en insérant des maximes, des proverbes africains, un point de vue de camerounais que nous sommes, entre autres. Nous nous situons dans une perspective de valorisation des cultures du continent.
Silence. On travaille à Kiro’o Games.
Quelles sont les réactions de ceux qui l’ont éssayé ? OGM : Elles sont en majeure partie appréciatives. Une œuvre n’étant jamais parfaite, nous recevons également des remarques et suggestions qui nous seront utiles pour les jeux futurs que nous développons. Dans la plupart des pays africains, les jeux vidéo sont plutôt piratés. Dans ce contexte, quel marché visez-vous et pourquoi ? OGM : Nous prendrons, bien évidemment, toutes les dispositions nécessaires afin d’éviter au mieux le piratage. Par exemple, en proposant un prix attractif pour que nos paires fassent le premier pas. Une fois que le jeu sera distribué, quelles seront les conditions pour y accéder ? OGM : Nous espérons d’abord trouver un ou des partenaire(s) pour assurer la production et la distribution de ces DVD. Ensemble, nous établirons les lieux de vente et informerons le public sur toutes les conditions nécessaires pour y accéder. Pour ce qui est du prix par exemple, comme nous l’avons annoncé au sein de l’appel à partenariat récemment lancé, nous comptons vendre le jeu à 10.000 F CFA. Il pourra varier en fonction des monnaies des pays. Il faudra ensuite obligatoirement une connexion Internet pour activer le jeu en ligne, sur Steam, pour des raisons de sécurité. Ensuite, on pourra y jouer hors ligne évidemment.
Cette réalisation infographique symbolise la synergie qui caractérise le travail à Kiro’o Games.
Aurion, un jeu promis à un bel avenir.
Un esprit de famille règne à Kiro’o Games.
Business Management 27 Juillet 2016 AFRICA
Entretien Vous avez financé la construction de ce jeu grâce un crowdfunding qui vous a permis d’obtenir 182 504 euros. Pouvezvous nous conter l’histoire ? OGM : Au départ, nous avions lancé un Crowdfunding sur Indiegogo mais n’avons pas connu de succès. Il fallait donc repartir à zéro et trouver un autre moyen. C’est ainsi qu’en s’inspirant du mécanisme de fonctionnement des tontines, nous avons pu établir un système de levée de fonds en utilisant Internet pour franchir les barrières géographiques. Sa particularité : donner la possibilité à toute personne désirant investir au studio d’acheter des parts. Plus tard, nous avons appris par des experts en «Venture Capital» que cette technique existe dans le monde sous le nom d’ « Equity Crowdfunding ». C’est donc grâce à une opération dans ce registre que nous sommes fonctionnels aujourd’hui. Le parrainage du ministère des Arts et de la Culture du Cameroun a constitué un tournant majeur dans la recherche des financements. En capitalisant dessus, nous avons utilisé Internet comme média principal pour atteindre des investisseurs potentiels à travers le monde. Cela nous a permis de nous faire connaître sur la scène internationale. Qui sont les souscripteurs et quels droits ont-ils sur ce produit ? OGM : Ce sont des personnes qui ont cru au potentiel du projet et ont bien voulu le soutenir. Nous ne cesserons de leur dire merci. Les actionnaires (qui préfèrent préserver leur anonymat) sont répartis à travers le monde. Nous en avons au Cameroun, en France, aux Etats-Unis, etc. En ce qui concerne les droits, ils en ont autant que le pourcentage d’actions qu’ils possèdent, soit 33% du capital. Kiro’o Games est avant tout une entreprise. Quel en est le capital et qui sont les différents actionnaires aujourd’hui ? OGM : Kiro’o Games est une société à responsabilité limitée (SARL) au capital de 10 millions FCFA. Elle compte 98 actionnaires internationaux. Ceux-ci préfèrent garder l’anonymat. Est-ce qu’au Cameroun, on comprend exactement ce que vous faites ? OGM : Au lancement, pas vraiment. Ils sont nombreux qui pensaient que nous étions en train d’ouvrir une salle de jeux (rires). Cette époque est aujourd’hui passée puisque grâce à l’envergure médiatique du projet, les camerounais comprennent davantage ce que nous faisons. Nous remercions nos compatriotes qui nous suivent et continuent de croire en nous.
Management 28 Business Juillet 2016
AFRICA
Les banques camerounaises sont-elles prêtes à vous suivre ? OGM : A l’époque non, mais avec les changements qui s’opèrent dans le secteur, surtout dans l’entrepreneuriat jeune, les banques camerounaises y songent de plus en plus. Certaines mesures sont en train d’être prises pour adapter leur système au capital-risque.
Kiro’o Games en bref
2015 : Création Siège : Yaoundé (Cameroun) Forme juridique : Société à responsabilité limitée (SARL) Actionnaires : 98 PDG : Olivier Guillaume MADIBA 2013) Capital : 10 millions F CFA (15 225 euros) Nombre d’employés : 20 Objet de l’entreprise : Production des jeux vidéo Jeu produit à ce jour : « Aurion : L’Héritage des Kori-Odan » Site web du jeu : www. aurionthegame. com Site web de l’entreprise : www.kiroogames. com Adresse mail : contact@ kiroogames.com
Vous avez une équipe solide où il est loisible de constater que chacun sait ce qu’il a à faire. Comment l’avez-vous constituée ? OGM : Nous avons suivi le processus recommandé pour tout recrutement de personnel : nous avons lancé un appel à candidature au sein des canaux locaux y afférents, enregistré les dossiers, procédé aux entretiens et enfin aux recrutements. Il était surtout question de pouvoir trouver des jeunes ambitieux et travailleurs qui comprendraient rapidement notre vision. Quels profils recherchiez-vous ? OGM : Nous recherchions essentiellement des dessinateurs et des programmeurs qui constituent les ressources de base pour le game design, mais surtout des personnes ayant une culture générale de l’entertainment très forte et une réelle passion. Quand on parcourt votre page linkedin, on se rend compte que votre management est apprécié. Quels en sont les grands principes ? OGM : En créant Kiro’o, nous avons toujours gardé en tête de chercher à s’améliorer et à chercher des personnes comme nous qui ne se reposent pas sur des acquis. Nous voulions une entreprise efficace mais aussi très humaine, avec en son sein, de la confiance et une bonne entente, avec des leaders qui mettent la main à la pâte et montrent l’exemple. Comment voyez-vous Kiro’o Games dans 10 ans ? OGM : A long termes, le Kiro’o studio a pour ambition de développer d’autres jeux. Il nourrit la vision de devenir leader de l’industrie vidéoludique en Afrique, notamment dans les domaines du jeu vidéo mobile, PC et console, tout en évoluant avec les nouvelles technologies. En parallèle, nous envisageons aussi le développement d’autres produits du domaine de l’entertainment, à l’instar des bandes dessinées et des films d’animations, entre autres.
Management Présence web, construire un site internet
crédible pour votre entreprise
De nombreux mastodontes de l’économie en Afrique n’ont pas de site web. Et quand ils viennent à en avoir, la qualité est approximative et ne renvoie pas toujours une bonne image de ces sociétés. Pourtant, les consommateurs migrent progressivement vers le cyberespace. Par Marie Thérèse BITIND
P
lusieurs fois, il arrive qu’on recherche des coordonnées d’une entreprise située dans tel ou autre pays pour des commandes, des précisions sur les prix ou la qualité, ou encore des propositions de services. Souvent, c’est urgent. Aujourd’hui, la solution immédiate consiste à mettre en marche un moteur de recherche web, dans le but d’atteindre le site internet de ladite organisation. Malheureusement, il arrive que le site web qu’on recherche n’existe pas. Mieux, quand il existe, sa dernière mise à jour remonte à des années-lumière et contient par conséquent des informations non actualisées. Alors, si la structure concernée est dans une situation de monopole, il va de soi qu’on va utiliser les moyens téléphoniques pour atteindre son but, avec ce que cela engendre en termes de perte de temps. Si l’entreprise évolue sur un marché concurrentiel, si les concurrents ont des sites web contenant des informations satisfaisantes, on ira voir chez eux. Parfois, c’est simplement la presse qui a besoin d’une donnée précise pour un article. Quand elle ne trouve pas, elle a l’obligation de faire avec les moyens du bord. Dans un contexte où l’on ne peut plus se satisfaire du simple marché national, avoir un site web bien construit et bien adminis-
Management 30 Business Juillet 2016
AFRICA
tré n’est pas une formalité. C’est une nécessité absolue pour toute entreprise.
Si votre entreprise est une filiale d’une multinationale, alors, optez pour un nom de domaine national. Cela vous permet de vous adresser directement à vos consommateurs. Le groupe Orange en est une parfaite illustration. Dans chaque pays où il opère, le site web de sa filiale prend un suffixe national : www.orange. cm au Cameroun, www.orange.ci en Côte d’ivoire
La construction du site web d’une organisation, quelle que soit sa forme, relève des compétences du département en charge de la communication. La précision est importante, car dans de nombreuses entreprises, on a souvent vu confier cette tâche au département en charge des questions informatiques. La première étape consiste en l’élaboration d’un cahier de charges. Dans ledit cahier, on précisera le type de site internet qu’on veut construire (on a le choix entre les dynamiques et les statiques), l’organisation en rubriques, la technologie à utiliser (on peut opter en fonction des cas pour un Content management System), les chartes (couleurs, polices, casses), l’espace nécessaire pour l’hébergement, les délais de livraison, le service post-fabrication. C’est en fonction de ce précieux document que le prestataire auquel
l’entreprise fera appel, fixera le prix de la construction de ce site web. Vous comprendrez donc que les coûts puissent varier. Il faut bien sûr garder à l’esprit que votre plateforme doit être conçue de telle manière qu’elle soit le moins vulnérable au hacking. Et dans ce cas, il faut éviter les Content Management Systems qui proposent des « templates ». Les sites fabriqués avec les « templates » passent trop facilement sous le pavillon des hackers. Dans le cahier de charges, vous mettrez un point d’honneur à indiquer que le site doit avoir des onglets qui puissent diriger l’internaute en un click vers les pages de l’entreprise sur les principaux réseaux sociaux : facebook, linkedin, twitter. Une sorte d’interconnexion.
Management Charte chromatique
Dans les choix des couleurs du site, l’entreprise veillera toujours à ce que celles-ci reflètent la charte chromatique de son logotype. C’est en effet un élément de crédibilité d’un site web. Vous ne pouvez pas être la Côte d’ivoire et votre site web a les couleurs de l’Afrique du Sud. Chaque entreprise devrait donc veiller à cela. Il faut en effet garder en esprit que les internautes ont toujours le choix entre des millions de site internet à visiter. Ils n’ont donc pas le temps. Dès l’ouverture de votre page d’accueil, on doit pouvoir savoir, à partir des couleurs et du logotype,
Le choix du nom de domaine est encore plus capital. En fait, en fonction du suffixe que vous choisissez, on peut se fier ou pas à une information que vous publiez. Dans l’ordre d’importance, on a les noms de domaine restreints, les nationaux et les larges. Votre option dépendra des activités de votre structure et de ses ambitions. Mais il convient de savoir que les noms de domaine restreints - « .edu », le « .mil » le « .academy » et le « .aero » constituent quelques exemples - ne sont pas accessibles à tous. Pour y avoir accès, il faut être parrainé
qu’on se trouve sur la plateforme de votre entreprise. Dans la définition des rubriques, il sera important d’en avoir une qui soit dédiée aux contacts de votre entreprise : numéros de téléphone, adresses e-mails. Car, un texte peut déclencher une commande ou simplement le besoin d’un complément d’informations. Prévoyez aussi une entrée pour présenter la structure. Les internautes aiment souvent saisir l’histoire des entreprises. Il faut donc raconter votre parcours, de la naissance à l’étape où vous vous trouvez au moment de rédiger le
texte de présentation. Autre aspect important, prévoyez un dynamisme en termes d’interaction, c’est à dire la possibilité pour les internautes de s’inscrire à la newsletter ou de réagir à un article, quitte à ce que ces réactions ne puissent être visibles qu’au niveau de l’interface d’administration. Une fois que vous avez défini le cahier de charges du site internet, il faut penser à lui donner une URL. C’est l’identité de votre plateforme. Celle-ci est constituée, outre de l’indice « www », d’un nom que vous allez lui attribuer et du nom de do-
Choisir le nom de domaine
par ceux qui les possèdent, notamment le gouvernement des Etats unis, pour ce qui est des trois premiers cités. Une information publiée sur un site ayant un de ces suffixes peut être considéré comme crédible. L’armée américaine a pour site web : www.army.mil .
Les noms de domaine nationaux sont gérés à l’intérieur de chaque pays. Ainsi le « .uk » correspond à la Grande Bretagne, le « .ci » à la Côte d’ivoire, le « .cm » au Cameroun, le « .gq » à la Guinée Equatoriale, etc. Si votre entreprise est une filiale d’une
multinationale, alors, optez pour un nom de domaine national. Cela vous permet de vous adresser directement à vos consommateurs. Le groupe Orange en est une parfaite illustration. Dans chaque pays où il opère, le site web de sa filiale prend un suffixe national : www. orange.cm au Cameroun, www.orange.ci en Côte d’ivoire. Enfin, il y a des suffixes dits larges. Ici, le choix n’est pas aléatoire. Les connaisseurs du web vous diront que le « .com » correspond aux entreprises, le « .net » à la
maine que vous allez acquérir auprès d’un fournisseur. Cette étape est importante, puisque c’est elle qui permet que votre site soit mis en ligne. Un point d’honneur doit être mis à ce niveau. S’agissant singulièrement du nom, il ne doit comporter au moins 04 lettres et ne pas aller audelà de 12. Car, en dépassant ce chiffre, cela devient difficile à retenir. Il doit être simple et correspondre au nom de votre structure. Par exemple, le site web du groupe Somdiaa est www.somdiaa. com. N’importe lequel des internautes s’ y arrêtera s’il recherche une information sur cette multinationale du secteur agro-alimentaire. Si vous avez un nom trop long, vous pouvez en faire la contraction en proposant un acronyme ou un sigle usuel et en y ajoutant un mot déclinant parfaitement votre activité ou identité. En guise d’illustration, vous avez la plateforme du Tout Puissant Mazembe, club de football de Lubumbashi (RDC) : www.tpmazembe.com.
promotion des technologies de l’information et de la communication, le « .info » aux sites d’informations en ligne, le « .org » à d’autres types d’organisations. Vous savez donc où vous devez vous situer. A défaut donc de prendre un nom de domaine national, l’entreprise doit opter pour le « .com ». Si vous êtes un site d’informations en ligne et qu’on retrouve votre nom dans un autre pays (« Le Jour » par exemple), choisissez un nom de domaine national pour marquer votre différence.
Business Management 31 Juillet 2016 AFRICA
Management Elaborer les contenus Une fois que votre site internet est créé, il faut charger les contenus. C’est un autre pallié de crédibilité. Il ne sert à rien d’avoir un site web avec des contenus non actualisés. On part du principe qu’il n’y a que vous pour parler de vous-même. Vous avez un nouveau produit à mettre sur le marché ou un nouveau haut responsable qui prend fonction. Si la presse, qui doit en parler, a le choix entre ce qui est publié sur votre site et ce qui est diffusé sur une autre plateforme, elle viendra de prime abord chez vous. De nombreuses entreprises en Afrique tombent dans le piège d’une plateforme non actualisée ou avec des contenus approximatifs. En fait, au départ, elles commettent l’erreur de penser que le webmaster est un faiseur de contenus. Que non. C’est au département en charge de la communication que doit revenir la charge de la mise à jour de votre page web. Un site actualisé donnera toujours une bonne image de votre structure. Il faut donc se lancer un défi : un nouveau texte chaque jour. Cela peut parler de vos produits, de votre personnel, de vos procédés – du moins pour ce qui peut être publié -, de vos chiffres. Bref, il y a toujours à dire sur une organisation. Quoiqu’il en soit, chaque texte que vous publiez sur votre site web doit avoir une date. C’est un autre élément de crédibilité. Car, ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera pas demain. On a malheureusement des sites web des compagnies qui ont changé de dirigeant. Et
Management 32 Business Juillet 2016
AFRICA
Si votre entreprise est une filiale d’une multinationale, alors, optez pour un nom de domaine national. Cela vous permet de vous adresser directement à vos consommateurs. Le groupe Orange en est une parfaite illustration. Dans chaque pays où il opère, le site web de sa filiale prend un suffixe national : www.orange. cm au Cameroun, www.orange.ci en Côte d’ivoire.
c’est toujours les messages de l’ancien manager qui y figurent. Au besoin, chaque article doit toujours avoir un nom d’auteur. Cela crédibilise également le document. Ceci est davantage vrai pour les sites d’informations en ligne. Car, si un texte truffé de fautes d’orthographe porte la signature d’une star du journalisme comme Alain Foka de Radio France international, il faut en douter de la crédibilité. Parce qu’un tel personnage n’écrit pas avec les coquilles partout. Il peut donc s’agir d’une usurpation d’identité. Enfin, il est bon d’écrire avec les règles de l’écriture web. Chaque texte doit contenir des mots clés en gras. Il doit comporter des liens hypertexte. En fait, ces liens permettent de décrire certaines réalités justes signalées en détails. Par exemple, si vous
êtes une entreprise basée à Antananarivo et que vous mentionnez cela dans votre description, vous n’avez pas par la suite besoin de consacrer tout un paragraphe pour décrire la ville. Vous trouvez juste sur le web une page qui décrit suffisamment cette cité et vous copiez le lien hypertexte que vous enjoignez au mot. C’est le principe de générosité d’internet. Une fois que vous faîtes tout cela, vous pouvez payer votre référencement pour un meilleur positionnement dans les résultats des recherches effectuées sur Google par les internautes. A partir du web, votre entreprise aura alors bonne mine et dégagera un parfum de professionnalisme.
Management Ressources humaines, l’argent ne suffit plus
quand on veut motiver
Pour maintenir vos équipes en état de produire le maximum, vous devez aller au-delà des primes et des augmentations de salaires. Il y en a d’autres, comme le droit à l’initiative. Par Emmanuelle TSELLY
Un personnel qui prend des initiatives pousse l’entreprise vers l’avant.
La génération africaine dite androïde on la situe entre 16 et 35 ans – se constitue en majorité des gens qui ne cherchent pas l’emploi, au sens où l’entend Jacques Chatue. Ils recherchent un cadre de travail au sein duquel ils auront le droit de prendre des initiatives, de concevoir des projets, de les exécuter, de les évaluer.
L
es entreprises sont à la recherche de solution pour recruter et pour conserver leur personnel. L’aspect financier, bien qu’il soit flatteur et alléchant, n’attire qu’à court terme. Ce n’est donc pas cela qui retiendra les employés à moyen, voire à long terme. L’environnement, les possibilités de développement, les défis à relever, les possibilités de travailler en équipe et la reconnaissance attirent davantage qu’une grosse BMW. Plusieurs entre-
prises aujourd’hui accordent beaucoup d’importance à la rétention du personnel compétent. Il s’agit de la main d’œuvre qualifiée, difficile à trouver et longue à développer. Et on ne veut pas se la faire voler. Dans le but de conserver leurs meilleurs éléments, les entreprises ont souvent tendance à proposer des augmentations de salaires ou des primes. Ce n’est pas à négliger. Cependant, il faut bien garder à l’esprit que les gens veulent demeurer dans une compagnie qui a du
vent dans le voile et a du succès. Ils apprécient qu’elle soit soucieuse de leur sécurité, assume ses responsabilités, laisse de la place à l’initiative et donne l’heure juste. Les gens vont adhérer plus rapidement à la dynamique impulsée par le top management s’ils ont spontanément des commentaires sur leurs performances. Ils se posent en permanence certaines questions : Suis-je correct ? Suis-je entrain de répondre aux attentes placées en moi ?
Business Management 33 Juillet 2016 AFRICA
Management Le droit à l’initiative Abordons plus profondément la question du droit à l’initiative. Pendant toute la période de la crise qui a frappé la plupart des pays africains, notamment à l’ère dite de l’ajustement structurel, les jeunes du continent étaient à la recherche de « l’emploi ». L’épistémologue Jacques Chatue insiste pour qu’on fasse une différence marquée entre ce vocable et le « travail ». Car, si le premier a pour seul objectif l’aboutissement au salaire, le second lui, suppose un ensemble d’efforts à faire pour produire, dans le but de repousser les limites du sous-développement. Les africains des années 90 et du début de la décennie 2000 voulaient donc davantage se sauver du chômage et de la précarité qui va avec. Apporter de façon significative leur pierre à l’édifice n’était pas vraiment leur problème. D’où la sacralisation de la fonction publique, endroit par excellence où on gagne facilement son salaire sans vraiment travailler. Mais disons le sans fioriture. Les temps ont changé. La grande crise est passée. Internet a fait son arrivée, avec une propagation rapide. Le monde a subi une dépolarisation pour devenir un. Du coup, une nouvelle génération d’africains débarque sur le marché du travail. La génération africaine dite androïde - on la situe entre 16 et 35 ans – se constitue en majorité des gens qui ne cherchent pas l’emploi, au sens où l’entend Jacques Chatue. Ils recherchent un cadre de travail au sein duquel ils auront le droit de prendre des initiatives, de
Management 34 Business Juillet 2016
AFRICA
concevoir des projets, de les exécuter, de les évaluer. Pour beaucoup, une telle possibilité leur offre plus de bonheur que des millions de Naira, de Rands, de F CFA ou de Francs congolais dont leur employeur peut les gra-
L’argent ne semble pas vraiment leur but. Ils se comptent désormais par centaines, ces africains qui ont renoncé à des carrières dans des multinationales, juste parce qu’ils n’y avaient pas beaucoup de marges de manœuvre, en termes d’inventivité et d’innovation.
tifier. On comprendra donc la naissance en cascade des startups. Les jeunes veulent faire exploser leur génie. L’argent ne semble pas vraiment leur but. Ils se comptent désormais par centaines, ces africains qui ont renoncé à des carrières dans des multinationales, juste parce qu’ils n’y avaient pas beaucoup de marges de manœuvre, en termes d’inventivité et d’innovation. Alors qu’ils ont aujourd’hui avec eux des collaborateurs qui veulent plus d’autonomie et plus de capacité d’initiative, de nombreux patrons pratiquent du management à l’ancienne sur le continent. Ils dictent tout, contrôlent tout. La moindre des stratégies implémentées doit être le fruit de leur imagination. Ils classent sans suite les propositions de leurs employés. La conséquence suit aussi immédiatement. Le person-
nel rumine constamment, se plaint sans cesse, vit avec le stress permanent. Les plus courageux claquent la porte pour se mettre à leur propre compte, parfois en faisant un sacrifice : la baisse de leurs revenus. Comme quoi, l’argent peut apparaître comme un élément de motivation. Il n’est pas le plus important. Recrutez des gens qui pensent. Acceptez parfois qu’ils vous disent « non », c’est-àdire qu’ils vous signifient à un moment donné que vous avez emprunté la mauvaise piste. N’embauchez plus des automates qui ne sont bons qu’à mettre en application vos ordres et désirs. Si non, ils vous aideront à couler votre entreprise si votre vision est erronée. Les temps ont changé.
Management
Management
Fleet management, à la découverte d’une
solution peu répandue en Afrique
Selon les spécialistes de ce secteur très peu connu sur le continent, les grandes entreprises feraient d’énormes économies en sollicitant les compagnies spécialisées dans la gestion de leurs parcs automobiles. Par Emmanuelle TSELLY
D
es entreprises spécialisées dans le fleet management, il faut chercher et chercher encore pour en retrouver sur le continent africain. C’est que, cette activité y est embryonnaire. La plupart de ceux qui sont supposés se présenter comme clients ne savent pas vraiment ce que c’est. Du coup, il faut aller principalement dans les pays anglophones – Le Nigéria par exemple -, en Afrique du Nord, ou encore au Cameroun pour retrouver quelques entreprises offrant cette prestation. On peut tenter quelques évocations. En Tunisie, à Tunis, Marouen Ben Jemaa met en place en 2007 la Tunisia Fleet Management, la première compagnie opérant dans le secteur dans ce pays. En Afrique du Sud, l’on peut citer Eqstra Fleet Management. A Mau-
rice, capitale de l’Île Maurice, l’entreprise Fleet Leader, filiale du groupe ABC, voit le jour en 2009. Mais elle trouve quelques concurrents sur le terrain. Au Cameroun, à Douala, Emploi Services, société spécialisée dans le recrutement et la mise à disposition des ressources humaines, crée en 2013 une filiale appelée Driving and Logistics (DAL). Celle-ci, à
Le fleet management, un anglicisme, désigne la gestion des flottes automobiles. Il s’agit donc pour des grandes entreprises en général, de confier leurs parcs automobiles à une autre entreprise dont la gestion de cet instrument de production constitue l’activité.
ce jour, se présente comme la seule qui offre des prestations de fleet management sur le marché camerounais. Et c’est avec le directeur de la structure, Louis Charles Minyang, que nous essayons de comprendre à quoi l’activité renvoie. Le fleet management, un anglicisme, désigne la gestion des flottes automobiles. Il s’agit donc pour des grandes entreprises en général, de confier leurs parcs automobiles à une autre entreprise dont la gestion de cet instrument de production constitue l’activité. Parmi les prestations offertes dans ce registre, on peut en citer 03 : le consulting, la gestion partielle du parc automobile, la gestion totale dudit parc. En ce qui concerne le premier, l’entreprise de fleet management « vous accompagne dans la rationalisation et l’optimisation de la gestion
de votre flotte à travers : un audit, la mise en place des procédures (pour encadrer l’utilisation et l’affectation des véhicules), la formation des intervenants », indique le directeur de DAL. Pour ce qui est de la gestion partielle, « le client reste propriétaire des véhicules. Mais il externalise une partie de la gestion de sa flotte. Cette partie externalisée peut concerner les chauffeurs, la gestion administrative, le tracking des véhicules, la maintenance, pour ne citer que ces aspects ». En quand il y a externalisation complète de la gestion de la flotte, « le client n’est plus propriétaire des véhicules, il attend de l’entreprise de fleet management une prestation de transport. Il paie juste le kilométrage réellement consommé », précise Louis Charles Minyang.
Business Management 35 Juillet 2016 AFRICA
Management Ce que gagnent les clients L’on peut à ce stade s’interroger sur la valeur ajoutée que les grandes compagnies gagnent en confiant la gestion de leurs flottes automobiles à une entreprise spécialisée. « Une structure qui travaille avec nous gagne à plusieurs niveaux. Il y a d’abord l’optimisation de la disponibilité de la flotte. Nous nous assurons de ce que les véhicules sont utilisés à des fins exclusivement professionnelles. Il y a donc suppression des abus », affirme le directeur de DAL. Un point de vue qui peut se justifier par le fait que le personnel des entreprises dans certains pays – francophones notamment – a souvent tendance à utiliser les voitures de service à des fins personnelles. « Il y a ensuite la réduction des charges. Nous veillons au suivi des consommations de carburant, à la réduction des charges de maintenance et des heures supplémentaires, ainsi qu’à la suppression des missions fictives », précise le spécialiste. Il tient à ajouter que le savoir-faire des compagnies de fleet management débouche, pour ses clients, sur une prolongation de la longévité des voitures à travers une réduction des kilométrages et une maintenance préventive efficace. Autres avantages,
Management 36 Business Juillet 2016
AFRICA
la rationalisation dans le dimensionnement de la flotte des clients et un transport en toute sécurité. En fin de
Autres avantages, la rationalisation dans le dimensionnement de la flotte des clients et un transport en toute sécurité. En fin de compte, “ toute entreprise qui sollicite nos prestations économise sensiblement entre 15 et 30 % sur ses dépenses liées au transport et limite de 99% les risques d’accident de circulation”, conclut le fleet manager
compte, « toute entreprise qui sollicite nos prestations économise sensiblement entre 15 et 30 % sur ses dépenses liées au transport et limite de 99% les risques d’accident de circulation », conclut le fleet manager. Les entreprises opérant dans le fleet management mettent donc un point d’honneur sur la sécurité routière. Elles sont d’ailleurs souvent sollicitées pour cela. Et notre spécialiste de préciser : « Nous nous assurons d’acquérir des véhicules en bon état. Dans l’exploitation, nous avons une équipe technique dont le travail est de suivre de manière rigoureuse l’état technique de nos véhicules (inspection quotidienne, maintenance préventive et corrective). Nos procédures internes viennent renforcer ces actions et nous rassurent que les voitures que nous mettons en route remplissent toutes les conditions de sécurité et de confort. Pour ce qui concerne nos chauf-
feurs, nous développons une culture safety. De manière plus simple, nous avons mis en place une politique de prévention intégrant le risque routier à l’effet d’éviter les accidents de circulation. Il s’agit de la formation en conduite défensive et au perfectionnement en conduite tous les six mois, les roads surveys et l’actualisation des compétences à travers des tool box meetings. Pendant ces sessions, nous abordons la question de la sécurité, que ce soit par rapport à la route ou aux autres usagers. L’accident de circulation est un défaut de qualité, il est générateur de dysfonctionnements qui peuvent impacter les performances d’une entreprise, car il ne faut pas oublier que conduire est un acte de travail ».
Management Satisfaction des clients
Ça bouge chez les managers Rob Shuter, PDG de MTN Group Rob Shuter est le nouveau président-directeur général du groupe MTN. Nommé le 20 juin 2016, il prendra la suite de Phuthuma Nhleko, nommé PDG intérimaire en novembre 2015. Il travaille actuellement chez le britannique Vodafone.
Gérer les parcs automobiles, c’est la spécialité des entreprises de fleet management.
Lorsque des entreprises font appel à des compagnies de fleet management, les employés habitués à utiliser les véhicules de service ne réservent pas toujours un accueil chaleureux au prestataire sollicité. Le DG de DAL indique qu’« il y a des structures au sein desquelles les employés ont développé des tricheries en la matière. Donc, quand nous venons avec le changement, il ne s’accepte pas facilement. Heureusement, nous avons l’appui du top management de ces entreprises. L’expérience que nous avons, c’est que, après trois ou six mois, l’adhésion est totale face à nos résultats ». L’on comprendra donc que DAL, la société qu’il dirige, ait de gros clients dans son portefeuille : COTCO (exploitation pétrolière), MTN, Orange, Standard Chatered Bank, Banque mondiale, GDFSuez, Maersk. Quant à David Ramsay, Business Development Manager de Fleet Leader, entrepri-
se basée à Maurice, il affirme que « nous disposons d’un portefeuille diversifié comprenant quelque 80 clients ‘corporate’ dont les plus importants sont engagés dans le génie civil, la construction, l’énergie, l’édition et le secteur cannier. Nous travaillons en collaboration avec tous les concessionnaires automobiles et en partenariat avec les ‘key players’ dans les secteurs du crédit-bail (leasing) et des assurances ». En 2015, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 37,5 millions de Roupie mauricienne (951 655 euros), contre 03 millions de roupie mauricienne (76 133 euros) en 2010 au moment où son activité démarre. De 40 au départ, la compagnie mauricienne gère aujourd’hui une flotte assemblée de 800 véhicules. Tout cela pour dire que les entreprises africaines ont désormais à leur disposition une solution pour réduire leurs charges de production.
Célestin Monga, viceprésident de la BAD Le Camerounais Célestin Monga est depuis le 10 juillet 2016, le nouveau vice-président de la Banque africaine de Développement (BAD). Il sera chargé de la gouvernance économique et de la gestion du savoir. Il sort de l’ONUDI où il était vice-président depuis 2014. Dolika Banda, directrice exécutive d’ARC Ltd Dolika Banda a été nommée le 11 juillet 2016, directrice executive de L’African Risk Capacity Insurance Company Limited. C’est une mutuelle d’assurance créée par l’African Risk Capacity, laquelle est une agence spécialisée de l’Union africaine. Ancienne directrice des marchés financiers au sein de la SFI, la nouvelle récipiendaire remplace Simon Young. Charles Pythagore Ndongo, DG de la CRTV Charles Pythagore Ndongo, est directeur général de l’Office de Radiodiffusion Télévision camerounaise (CRTV), l’entreprise publique audiovisuelle du Cameroun, depuis 29 juin 2016. Ce journaliste remplace Amadou Vamoulke.
Business Management 37 Juillet 2016 AFRICA
Management
Réussir sa carrière musicale, un bon manager et un arrimage au cyberespace comme piste
L’on a célébré le 21 juin 2016 une édition supplémentaire de la fête de la musique. Une occasion pour nous de jeter un regard sur ce qu’est devenu le marché mondial de cet art, à l’épreuve des avancées technologiques. La logique en œuvre aujourd’hui donne à voir une industrie musicale qui se professionnalise au niveau africain. Au plan mondial, des plateformes web ont réussi à briser les barrières de la distribution classique. Une mutation qui impose à tous les artistes de chanter comme le monde attend. Pour y arriver, ils ont besoin d’un guide averti. Un manager. Par Landry Pany NANKAP
«
I am a brand ». Ainsi s’exclame un jeune artiste camerounais au cours d’un concert à Bamenda, dans la région administrative du Nord-Ouest du Cameroun, en novembre 2013. Il s’exprime après avoir retiré le branding d’une entreprise brassicole qui longe l’estrade. Ce qui lui vaut l’étiquette d’orgueilleux de la part de certains mélomanes. En fait, il se prend pour une marque. C’est d’ailleurs sous cette casquette que les voix de la musique percent dans le monde aujourd’hui. Il est vrai qu’un artiste est le «produit» d’une maison de production ou d’un label. Son style musical et son dressing doivent être uniques pour qu’il puisse mieux se vendre. Pas seulement sur son territoire national. Mais dans le monde entier. Et surtout sur le cyberespace, espace caractérisé par l’absence de frontières et une certaine exigence d’un style mondialisé. Pour se rentabiliser comme marque dans un tel contexte, un artiste a besoin d’un brand manager. Le rôle de manager a un contenu précis dans le domaine de l’art musical. C’est « une personne qui en principe défend les intérêts d’un artiste. C’est en quelque sorte son conseil. Il s’assure que sur le plan juridique, les
Management 38 Business Juillet 2016
AFRICA
donc contraint de me mettre à l’école. Je me rapproche de certaines personnes pour espérer devenir un manager au sens plein du terme. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de dire merci à une amie qui m’a aidé dans ce sens, à savoir Magali Palmira», indique l’homme qui accompagne Stanley Enow dans tous ses déplacements à l’intérieur comme en dehors de leur base camerounaise. droits de son protégé sont préservés. Dans certains cas, il peut être considéré comme “l’ami” de l’artiste. Bref, c’est quelqu’un à qui l’artiste fait pleinement confiance », affirme Didier Kouamo,
animateur à Radio Nostalgie de Douala et manager du rappeur camerounais Stanley Enow, un artiste devenu une star internationale, au point de se constituer en support de communication pour la marque Guinness. Ce dernier évolue sous label Motherland Empire.
En Afrique, la compétence de manager s’acquiert la plupart du temps sur le tas. Le contact peut s’effectuer à partir d’un proche à qui la « future star » fait pleinement confiance. Souvent, c’est à un animateur de télévision ou de radio dont le programme a une forte audience que les débutants confient leur carrière d’artiste-musicien.
En Afrique, la compétence de manager - qui peut donc se confondre à l’ami de l’artiste - s’acquiert la plupart du temps sur le tas. Le contact peut s’effectuer à partir d’un proche à qui la « future star » fait pleinement confiance. Souvent, c’est à un animateur de télévision ou de radio dont le programme a une forte audience que les débutants confient leur carrière d’artiste-musicien. « Ici chez nous, on n’a pas la chance d’avoir un institut qui forme à ce métier. Il y a trois ans, je deviens manager de Stanley Enow. Je suis
Magali Palmira Wora. Partie du tas, elle est aujourd’hui présidente de la Real Black Music et représentante pour l’Afrique francophone des MTV Base Africa. Cette gabonaise passionnée de hip hop commence sa carrière de manager d’artiste en 2001. Les rappeurs NGT et Naneth, avec qui elle fait la finale du prix Découvertes RFI en 2005, sont ses premiers produits. Elle affirme avoir eu des débuts difficiles. «Très peu d’artistes africains mettent les managers à leur place réelle. Trop peu de managers savent réellement jouer ce rôle auprès des artistes», indique-t-elle. Mettre le manager à sa véritable place consiste à planifier, contrôler et orienter le quotidien de son poulain, pour ne pas dire du produit, afin qu’il puisse se créer une image de marque qui le rendra plus populaire et donc rentable.
Management
Comme pour toute entreprise qui souhaite vendre son produit, le manager d’artiste doit avoir des collaborateurs avec des profils très différents selon ses besoins « La team qui entoure un artiste varie. Chez nous, nous avons le Chief Executive Officer qui est Martin Enow, le manager que je suis, un community manager, un chauffeur si nécessaire et enfin un P-art », précise Didier Kouamo, le manager de Stanley Enow. Quand on parle de p-art en effet, dans le monde artistique, il s’agit de la personne chargée de contrôler la qualité du produit. C’est à lui que revient la charge de mettre en place des stratégies qui permettront de construire une image qui respecte les normes du modèle qu’il se doit d’être auprès de ses fans. Car, ceux-ci sont ses consommateurs et donc, les clients de son label. Et ça marche pour le rappeur camerounais. Auréolé de plusieurs prix sur la scène internationale, il enchaine les interviews auprès
Savoir s’entourer
des grandes chaines de radio et de télévision, à l’instar de Radio France Internationale, TV5 Monde et Africa 24. Mais surtout, il est un king chez Guinness.
Comme pour toute entreprise qui souhaite vendre son produit, le manager d’artiste doit avoir des collaborateurs avec des profils très différents selon ses besoins « La team qui entoure un artiste varie. Chez nous, nous avons le Chief Executive Officer qui est Martin Enow, le manager que je suis, un community manager, un chauffeur si nécessaire et enfin un P-art », précise Didier Kouamo, le manager de Stanley Enow.
Dans le domaine de l’industrie musicale, les stratégies marketing font aussi partie du quotidien du manager. Selon Didier Kouamo, « Il est très compliqué de maîtriser le marché musical en général et africain en particulier. Mais j’ai l’impression aujourd’hui que, pour qu’un titre marche, il faut s’adresser à un certain public qui ne soit pas un public de luxe mais de luxure, tout en étant authentique. Mais malheureusement chez nous, la plupart du temps, les jeunes font de la musique dite clean-esse, une sorte d’emploi jeté, c’est à dire qui a une durée de vie très limitée ». D’ailleurs, sur le continent, la musique dite urbaine - Rap, Hip Hop, Rnb –, du fait de l’image donnée par ses pratiquants, a pendant longtemps trainé le stéréotype d’un refuge de délinquants et d’inexpérimentés. Dans le registre de cette musique dite urbaine, les managers ont su renverser la tendance, au point d’en
faire aujourd’hui un genre musical économiquement prospère. Il se trouve que la nouvelle génération est plus intellectuelle et responsable que la précédente. Mais il faut surtout dire que la population africaine est jeune. Elle veut consommer ce qui lui ressemble. Les médias qui s’adressent à l’Afrique ont aussi intégré cette donnée. Ils savent désormais qu’il faut rajeunir les contenus, y compris quand on parle de musique. Le grand mérite revient aux managers qui ont compris l’importance d’une imbrication entre les sonorités d’ici et celles d’ailleurs. D’où le métissage musical – une sorte d’afropolitanisme de la musique- auquel on assiste depuis quelques années. Une tendance qui se rapproche un peu plus des goûts mondiaux. Les nombreuses collaborations entre artistes africains et leurs homologues d’autres continents montrent qu’il y a un travail de nivellement vers le haut, qu’abattent les hommes et femmes de l’ombre.
Business Management 39 Juillet 2016 AFRICA
Management Professionnaliser au maximum Lorsqu’à force de travailler, la marque naît, les succès s’accumulent. Alors, on songe à davantage professionnaliser tout ce qui tourne autour de l’artiste. C’est le cas avec l’équipe de Stanley Enow. Son manager indique que « que le label Montherland va signer dans quelques temps avec l’agence de conseils en marketing Palmarès. Objectif, mieux construire la carrière de notre artiste. Nous avons aussi l’agence qui gère les prises de parole de Stanley, afin qu’il gagne en notoriété. Tout ceci n’est possible que si l’artiste produit de la musique qui se vend à la cible auprès de laquelle on souhaite écouler les différents produits dérivés ». Les produits dérivés - streetwears en langage hip hop - sont un véritable moyen de produire de la valeur, tout en jugeant de façon plus efficace la popularité de l’artiste et du single mis sur le marché. L’équipe du rappeur camerounais l’a compris à merveille. « Au début, nous avons misé sur l’image, donc sur l’aspect marketing et sur la vente
Management 40 Business Juillet 2016
AFRICA
de celle-ci. Ensuite, nous avons protégé les concepts “on est high père” et “hein père”. Chemin faisant, nous avons produit des gadgets qui on servi de relais pour nous et de gagnepain pour plusieurs jeunes camerounais. Grâce à la contrefaçon, ils ont participé à la vente de l’image du label Motherland. Pour le premier album de l’artiste, nous avons joué la carte des collaborations avec des stars de renommée internationale. Voilà autant de stratégies qui ont été mises sur pied pour rendre la marque Stanley Enow pérenne et rentable sur le long terme », indique Didier Kouamo. Avec l’avènement d’internet, plusieurs autres procédés permettent de juger et de rendre rentable un artiste, bien au-delà de son pays ou de son continent. De nouveaux acteurs ont en effet fait leur apparition dans la filière. Il s’agit en particulier des services de diffusion de la musique en streaming, des plateformes de téléchargement, les sites de e-commerce des phono-
grammes. Cette nouvelle façon d’écouter et d’acheter de la musique permet à tout artiste de se vendre dans le monde, juste en chargeant son titre sur une plateforme d’écoute en ligne. D’après la Fédération internationale de l’industrie phonographique, en 2014, les revenus de la musique proviennent désormais à parts égales des ventes numériques (46 %) et des ventes de disques (46 %). Cette performance du numérique s’explique. Le parc des smartphones dans la monde a fortement augmenté, ce qui oblige l’industrie musicale à se conformer de manière simultanée à plusieurs transitions : du physique au numérique, de l’ordinateur au téléphone mobile, du téléchargement au streaming. Le dernier procédé cité, qui suppose l’écoute de la musique en ligne, représente aujourd’hui 32 % du chiffre d’affaires issu du numérique. C’est donc en ligne et par conséquent sur les réseaux sociaux que tout se joue. Le produit doit
être au bon endroit, au bon moment, sur le bon support de lecture de flux en ligne, à l’instar des plateformes audio : Spotify, Deezer et Qobu. Ces trois ont versé 1,6 milliard de dollars aux maisons de disque en 2014. Des plateformes vidéo, dont principalement YouTube, qui revendiquent plus d’un milliard d’utilisateurs, ne reversent que 641 millions de dollars sur la même période. Sur le web aussi, le marketing doit être le fruit d’une stratégie pensée. Ici, il faut davantage tenir compte du public et des fanatiques. Toutes ces actions ne sont possibles qu’à condition que, l’artiste comprenne que désormais, il ne s’appartient plus. Car, il est dorénavant un produit sur lequel plusieurs accords contractuels ont été paraphés. « Dans le domaine des affaires, on ne gère pas les humeurs, même si il est vrai que le succès peut donner la grosse tête à un artiste. Tout part du contrat qui vous lie à lui. Est-ce lui ou vous qui avez le dernier mot ? Là est toute la question. Donc, en un mot comme en mille, le business ne doit pas s’encombrer des sautes d’humeur », dixit Didier Kouamo, un manager qui a désormais une grosse expérience. Donc, même quand on signe de gros contrats avec d’influentes maisons américaines comme Sony, on a le devoir d’aller à Adzopé (Côte d’ivoire) si le manager a déjà pris un engagement sur une affaire lucrative. A ceux qui se cherchent encore de copier.
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Destination Business Congo, la marche vers l’émergence malgré la crise Opportunités, plusieurs niches attendent les investisseurs au Congo Yekolab, la machine qui fabrique des champions congolais du numérique Jean-François BONBHEL, « notre objectif, qu’il y ait une grande assiette de gens passionnés par le développement web en Afrique. Antoine BECART, « CFAO Equipement fournit la gamme complète des véhicules dont les transporteurs congolais ont besoin. » Mohammed MEJBAR, « Crédit du Congo est là pour répondre aux demandes de financements. » Philippe AUDOUIN, « Allianz Congo va participer à l’élévation des standards en matière d’assurance. » BPH Agricole Congo, au secours du déficit en denrées alimentaires Regal, roi de la distribution en terre congolaise Yvonne Adélaïde MOUGANY, « Notre priorité, former des entrepreneurs » Africanews, à Pointe Noire contre tous les pronostics
Destination Business Congo, la marche vers l’émergence malgré la crise 2011. Le chef de l’Etat congolais, Denis Sassou Nguesso, engage ses concitoyens à travailler pour que le pays puisse atteindre son émergence d’ici à 2025. Certes, la morosité subie à l’échelle mondiale par les prix du pétrole a ralenti ce territoire francophone d’Afrique centrale. Deux tactiques désormais : diversifier l’économie et attirer les investisseurs étrangers. Par Martial EBODE
U
n Denis Sassou Nguesso souriant aux côtés de son homologue Xi Jimping, à Pékin le 05 juillet 2016. C’est le signe que le séjour du président congolais en Chine produira une moisson abondante. Du 04 au 08 juillet, le chef de l’Etat du Congo a effectué une visite en terre chinoise, le plus important partenaire commercial de son pays. Un déplacement qui se situe dans le cadre de la politique d’attraction des investissements étrangers, une option engagée depuis quelques an-
Cependant, pour ne pas arrêter le bel élan de croissance enregistré entre 2012 et 2014, le Congo souhaite sortir de la “pétrole-dépendance”. Il veut attirer massivement les investisseurs et diversifier son économie. D’ailleurs, la politique d’attrait remonte déjà à plus de 04 ans.
nées. En termes de retombées de ce voyage, l’on sait désormais que la Chine souhaite investir dans l’agriculture et l’aviation au Congo. Pour rendre plus concrète ses intentions, le gouvernement de l’Empire du milieu s’engage à faire un don d’un montant évalué à près de 27 millions d’euros à son l’Etat congolais. L’enveloppe servira à construire un centre de maintenance des aéronefs à Brazzaville, la capitale de ce pays. En 2011, le numéro un congolais, en guise d’annonce phare d’un mandat de 05 ans qu’il entame, fixe un cap : un Congo émergent en 2025. En le disant, il compte sur le pétrole pour générer les ressources, lesquelles seront ensuite nécessaires pour construire ou moderniser les infrastructures de son pays. Le secteur pétrolier représente, pour ne citer que les estimations de 2014, 72% des recettes fiscales, 90% des exportations et 80 % des recettes de l’Etat. Il se trouve que les infrastructures, à l’instar de la route nationale
qui relie Pointe Noire à Brazzaville, sont d’une nécessité absolue pour attirer les investisseurs. Le programme du président s’exécute pendant quatre années, même si la vitesse n’est pas celle souhaitée. En 2012, le taux de croissance se situe alors à 3,8 %, il sera de 3,4 % en 2013. En 2014, il bondit à 6.8 %, à la suite d’une embellie de la production pétrolière. Sauf qu’en 2015, la chute des prix du pétrole sur le marché mondial, enregistrée au second semestre de l’année précédente, freine les ardeurs du pays. C’est le 4ème producteur africain. D’après la Banque mondiale, « les recettes de l’État, qui avaient augmenté de 13 % en moyenne entre 2011 et 2013, ont baissé de 26 % en 20142015 ». A l’issue de l’année 2015, le taux de croissance est de 03 %. Une conjoncture qui met le gouvernement dans l’incapacité d’honorer tous ses engagements. Selon la BM, cette récession devrait se poursuivre jusqu’en 2020.
Business Management 43 Juillet 2016 AFRICA
Destination Business Cependant, pour ne pas arrêter le bel élan de croissance enregistré entre 2012 et 2014, le Congo souhaite sortir de la « pétrole-dépendance ». Il veut attirer massivement les investisseurs et diversifier son économie. D’ailleurs, la politique d’attrait remonte déjà à plus de 04 ans. Pour les autorités congolaises, le moment est venu d’insister sur le concret. Le 16 avril 2016, dans son discours prononcé à l’occasion de sa prestation de serment pour un nouveau mandat de 05 années à la tête de l’Etat, Denis Sassou Nguesso annonce « le renforcement de la diplomatie économique ». L’Etat congolais, dans toutes ses composantes, ne fait plus l’économie des voyages quand il est question d’aller séduire les patrons des multinationales. Il s’agit «d’attirer en grand nombre les investissements directs étrangers couvrant diverses branches », indique-t-il. Dans ce cadre, des incitations fiscales sont prévues, notamment à travers les zones économiques spéciales. Tout un ministère, confié à Alain Atipault Akouala, n’a que cette question dans son portefeuille.
Produire pour réduire les importations L’attrait des investisseurs vise à forger sur place un ensemble de biens que le Congo importe traditionnellement, creusant ainsi sa balance commerciale. Dans sa « marche vers le développement » - le slogan qui accompagne le nouveau quinquennat -, le Président veut que les congolais travaillent « à produire pour satisfaire l’essentiel de nos besoins de consommation : nos besoins en aliments, en eau potable, en électricité, en services de santé et d’éducation, en services aux personnes physiques et aux administrations ». La Chambre de Commerce, d’Industrie, d’Agriculture et des Métiers de Brazzaville, que dirige Paul Obambi depuis 1995, entend participer à la réalisation du vœu présidentiel. Sur le site internet de cette institution consulaire, on trouve aisément une liste de tous les secteurs dans lesquels les investisseurs sont attendus. Ils vont du secteur agricole
Management 44 Business Juillet 2016
AFRICA
à l’industrie, en passant par les transports, le tourisme et l’hôtellerie. Bref, c’est une véritable économie diversifiée qu’il s’agit de bâtir. L’économie de production que le Denis Sassou Nguesso appelle de tous ses vœux vise à réduire un taux de chômage des jeunes, lequel se situe à près de 50 %, pour une population globale de 4,7 millions d’habitants. Le chef de l’Etat s’engage à : « favoriser l’éclosion des initiatives privées dans tous les secteurs de l’économie, aider au financement direct ou indirect des entreprises, accompagner les entreprises dans leurs stratégies de développement et de pérennisation de leurs activités, encourager de façon spécifique toutes les entreprises qui donnent la chance aux jeunes». Mieux, il veut « poursuivre l’équipement du pays en infrastructures de base modernes ».
C’est précisément dans le domaine des infrastructures que le Congo a beaucoup progressé ces 05 dernières années. La plus attendue, la route nationale qui relie Brazzaville à Pointe Noire, la capitale économique du pays, longue de 535 kilomètres, a enfin été bouclée. Le chef de l’Etat, en personne, a inauguré le deuxième tronçon au début du mois de mars 2016. On l’a trop espérée. Du coup, le trafic entre les deux villes - elles sont les plus importantes du pays- s’est intensifié, au point que les concessionnaires des marques automobiles ont pris leurs quartiers dans le pays, pour commercialiser les bus de transport en commun. Ces dernières années, aéroports, ports, centrales thermiques, pour ne citer que ceux-là, ont changé de visage. De nombreux chantiers sont en cours. Le Congo veut être émergent en 2025, que le pétrole au niveau mondial redevienne normal ou pas.
Destination Business Opportunités, plusieurs niches attendent les
investisseurs au Congo
Agriculture, services, industrie, mines. Tout, ou presque, attend les entrepreneurs en terre congolaise. Pour leur faciliter la tâche, le gouvernement investit massivement dans les infrastructures. Par Tiburce MBOLI
R
alenti par la crise que subit le secteur pétrolier dans le monde, le Congo ne veut plus dépendre de cette ressource naturelle. La quasi-totalité des secteurs de l’économie, hors pétrole, attend d’être développée. La Chambre de Commerce, d’Industrie, d’Agriculture et des Métiers de Brazzaville a pris le soin de répertorier ces opportunités. Il y a d’abord l’agriculture. Le pays importe encore une bonne partie des denrées agricoles qu’il consomme, notamment du Cameroun voisin. Le Congo souhaite aussi voir les investisseurs miser sur l’élevage et la pêche. Avec ses 342 000 Km2 de superficie, un territoire niché au cœur de l’Afrique centrale, le pays peut engendrer la totalité des produits tropicaux du sol. Il dispose de 10 millions d’hectares de terre arable, dont 2 % seulement sont exploitées. Pourtant, sa production actuelle, essentiellement constituée de produits vivriers, n’arrive pas à satisfaire la demande intérieure. Le territoire est arrosé par plusieurs grands fleuves et rivières navigables : le Congo, le Kouilou, le Niari, la Bouenza, l’Alima, la Sangha, la Liouala Mossaka, la Ngoko. La liste n’est pas exhaustive.
L’énergie. Voilà le deuxième grand secteur que le Congo veut voir fleurir sur son territoire. Il est question de produire « le bitume routier, les matières synthétiques, les gaz industriels et domestiques, les lubrifiants et produits pro-chimiques », précise la CCIAM. Mais il y a surtout le défi de l’énergie électrique, un secteur dans lequel ce pays accuse un grand retard. Les investisseurs ici peuvent donc profiter d’immenses ressources en eau pour construire des dizaines de barrages hydroélectriques. Les autorités congolaises font savoir que c’est une priorité pour elles.
Les autorités de Brazzaville ont pris conscience de ce que l’existence d’un certain nombre d’infrastructures conditionne la venue des investisseurs. Surtout les industriels. Pendant longtemps, l’état désastreux de la route nationale entre Pointe Noire et Brazzaville a constitué un handicap pour l’économie nationale. Depuis mars 2016, le linéaire Dans sa quête d’une diversiest bouclé.
fication pour son économie, l’Etat congolais ne veut pas abandonner le secteur extractif. Mais il faudra aller au-delà du pétrole. Le gouvernement souhaite que les multinationales s’intéressent aux mines, des ressources longtemps négligées. Il s’agira de la « prospection et l’exploitation du fer, de la potasse, des phosphates, du zinc, du plomb, du cuivre, du manganèse, de l’or, de l’argent, du diamant », indique la CCIAM. Mais il ne faudra pas exporter ces matières premières en totalité dans leur état brut. D’où, il est prévu des aménagements juridiques avantageux pour les entreprises industrielles.
Business Management 45 Juillet 2016 AFRICA
Destination Business
La route nationale entre Brazzaville et Pointe Noire est désormais fonctionnelle.
Industrie, le grand espoir En parlant précisément d’industrie, le secteur est embryonnaire au Congo. Les congolais attendent la production sur leur territoire des matériaux de construction, des engrais pour l’agriculture. Le pays mise davantage sur l’industrie agro-alimentaire pour sortir du bourbier. Il faudra donc, pour les investisseurs, engager « la transformation des produits agricoles, de pêche et de l’élevage ainsi que du bois jusqu’au meuble fini ; l’exploitation des complexes agro-industrielles des palmeraies du Congo; la production des boissons alcoolisées et hygiéniques », dixit la CCIAM. Les services constituent un autre pallié où sont attendus les investissements en terre congolaise. La CCIAM parle des nouvelles technologies de l’information et de la communication, des transports – urbain, interurbain, ferroviaire, fluvial, aérien -, de l’hôtellerie et de la restauration. En matière de tourisme, des projets précis existent même déjà. Il s’agit de la « mise en valeur de l’île Mbamou
Management 46 Business Juillet 2016
AFRICA
(22 Km de long et 15 Km de large), par l’implantation d’un complexe touristique et la construction d’une piste d’atterrissage pour petits porteurs ; la mise en valeur de la baie de Loango par l’implantation d’un complexe touristique et de la construction d’une piste d’atterrissage pour petits porteurs ; l’exploitation des parcs nationaux d’Odzala (Cuvette-Ouest) et Mouabale-Ndoki (Likouala-Sangha), ainsi que des réserves de Lefini et ConkouatI (Kouilou) ». Le gouvernement congolais ne se contente pas de faire du lobbying international pour faire venir les capitaux sur son territoire. Il prend aussi en interne des dispositions pour faciliter la tâche à ceux qui viendront. Par exemple, en 2009, le chef de l’Etat, par décret, crée tout un département ministériel en charge de mettre en place des zones économiques spéciales. Un type d’aménagement qui accorde des avantages fiscaux aux investisseurs et qui a fait ses preuves ailleurs. Les villes de Brazzaville, Pointe-Noire, Oyo-Ollombo et
Ouesso en accueilleront. Les études de faisabilité, effectuées par des cabinets internationaux, sont bouclées. Désormais, il est question de passer à la phase de réalisation. Les autorités de Brazzaville ont pris conscience de ce que l’existence d’un certain nombre d’infrastructures conditionne la venue des investisseurs. Surtout les industriels. Pendant longtemps, l’état désastreux de la route nationale entre Pointe Noire et Brazzaville a constitué un handicap pour l’économie nationale. Depuis mars 2016, le linéaire est bouclé. D’autres routes sont en chantier à travers le pays. Les aéroports des deux capitales, ainsi que celui de Ouesso, ont subi ces dernières années une cure de jouvence. Leur gestion revient depuis 2011 à la société française Egis. Les voyageurs n’ont plus de quoi se plaindre quand ils empruntent des avions qui doivent se poser sur ces plateformes.
Destination Business Cure de jouvence pour les ports Les principaux ports du pays bénéficient aussi de la politique offensive de l’Etat en matière infrastructurelle. D’abord, celui de Pointe Noire, le plus important. Un port en eau profonde qui se présente comme la « porte océane de l’Afrique centrale». Inauguré en 1934, en manque de rénovation pendant plusieurs décennies, il a été confié à Congo Terminal en 2009. Cette entreprise est un consortium détenu à 51 % par Bolloré Africa Logistcics. Le danois AP Moller Terminals (filiale de Maesrk) et la Société congolaise de transports (Socotrans) se partagent le reste des parts. Depuis lors, le groupe de Vincent Bolloré a investi pour mettre l’infrastructure portuaire aux normes internationales.
Malgré la crise, le groupe Bolloré, à travers Congo Terminal, va poursuivre ses investissements au port de Pointe Noire “ pour continuer à emmener les navires de grande taille au port de Pointe-Noire”, indique Cyrille Bolloré le 29 juin 2016. Il précise par ailleurs que le port recevra 02 nouveaux portiques en novembre prochain. Ceux-ci viendront s’ajouter aux 04 déjà installés et qui ont permis d’accélérer les opérations sur cette plateforme portuaire.
L’objectif du concessionnaire est « d’en faire la première plateforme de transbordement d’Afrique centrale ». Cyrille Bolloré, le président la branche logistique et transports du groupe Bolloré, le 29 juin à Brazzaville, chiffre ces investissements déjà effectués à 200 milliards F CFA. Malgré la crise, le groupe Bolloré, à travers Congo Terminal, va poursuivre ses investissements au port de Pointe Noire « pour continuer à emmener les navires de grande taille au port de Pointe-Noire », indique Cyrille Bolloré le 29 juin 2016. Il précise par ailleurs que le port recevra 02 nouveaux portiques en novembre prochain. Ceux-ci viendront s’ajouter aux 04 déjà installés et qui ont permis d’accélérer les opérations sur cette plateforme portuaire. D’ailleurs en 2014, le port de Pointe Noire a traité 620 000 conteneurs de 20 pieds. La performance était de 50 000 au début de la décennie 2000. Au bout de 27 ans de gestion, Congo Terminal aura investi 374 milliards F CFA. En 2036, d’après ses prévisions, le port
de Pointe Noire aura 1 500 mètres de quais - dont 800 mètres avec un tirant d’eau de 15 mètres - 38 hectares de terre-pleins et une capacité de traitement de 1 203 000 conteneurs par an. Pendant longtemps en état de décrépitude, le port de Brazzaville est en réhabilitation depuis 2015. Le train de la rénovation a fait un tour au port de Ouesso, dans le nord du Congo. Près de la frontière avec le Gabon, le port de Lékéty a aussi subi une cure de jouvence. A Oyo, le port d’Alima verra le jour. Son objectif, remplacer celui qui fonctionnait avant. Il est devenu trop étroit. Les ports de Mossaka et d’Impfondo vont aussi voir passer l’ange de la beauté. A Liranga, une nouvelle infrastructure portuaire verra également le jour. A Bétou et Dongou, les places portuaires prendront elles aussi un coup de neuf. Ce vaste programme de remise à neuf des infrastructures de transport concerne également le chemin de fer Congo – Océan. Comme quoi, la République se pare pour une émergence à l’échéance souhaitée.
Business Management 47 Juillet 2016 AFRICA
Destination Business
Acteurs, ils travaillent déjà à
l’émergence du Congo
Des congolais ont décidé de prendre en main le développement de leur pays. Le secteur des technologies de l’information et de la communication fait preuve d’un grand dynamisme. Des multinationales, essentiellement disséminées dans les services, ont pris leurs quartiers à Brazzaville, mais davantage à Pointe Noire, pour profiter des opportunités qu’offre cet espace. Bien sûr, il est difficile de faire une revue complète des troupes. On n’insistera pas sur des figures connues, à l’instar de Verone Mankou, le PDG de VMK, l’entreprise qui a mis sur le marché le 30 mai dernier, les tablettes Elikia HD, 05 ans après les Way-C. On ne reviendra pas sur la présence de la multinationale Somdiaa, à travers la Société Agricole de Raffinage Industriel du Sucre industriel du Congo (SARIS), la filiale qu’elle met en place en 1991 sur les décombres de la SIAN. La rédaction a plutôt pensé aux acteurs qui ont élu domicile au Congo ces dernières années et qui ne sont pas encore vraiment connus au-delà de cet Etat.
Management 48 Business Juillet 2016
AFRICA
Destination Business Yekolab, la machine qui fabrique des champions congolais du numérique
A Brazzaville, Max Bonbhel, un consultant pour les géants mondiaux de l’internet, à l’instar de Google, a lancé le 17 février 2015, cet instrument. Et quand on lui demande ce que c’est, il le décrit comme le plus grand incubateur et centre d’excellence dans le domaine des technologies de l’information et de la communication en Afrique. Il rêve de donner naissance aux futurs « Marc Zuckerberg » du continent. Par Tiburce MBOLI
Le laboratoire Yekolab est un espace où tout le monde est occupé.
«
Après de longs mois de formation à Yekolab, il me paraît important de vous remercier de m’avoir accueilli dans votre structure, sans laquelle je ne serai pas devenu ce que je suis aujourd’hui : développeur Androïde ».
La missive, datée du 04 juillet 2016, porte la signature de Mac Bolant Ndzindzele, co-fondateur avec Banviri Dick, de la startup Mokano. Celle-ci fait partie du panel des six meilleures de la dernière vague des incubées à Yekolab. Mokano crée des applications mobi-
L’aventure de Yekolab démarre le 17 février 2015 à Brazzaville. En présence de quelques membres du gouvernement, Jean-François Bonhbel présente un nouveau projet qui fait rêver les jeunes : Yekolab. Selon le promoteur, ce vaste centre “peut se résumer en trois choses : la formation des experts, le développement de l’entrepreneuriat, la recherche des développements ”, explique-t-il lorsque l’équipe de Business Management Africa le rencontre dans ses bureaux au début du mois de mai dernier.
le, web et d’entreprise. Elle « fera la fierté de notre pays et sera créateur d’emplois ici au Congo », souligne le signataire de cette lettre de remerciements. L’aventure de Yekolab démarre le 17 février 2015 à Brazzaville. En présence de quelques membres du gouvernement, Jean-François Bonhbel - il se fait davantage appeler Max – présente un nouveau projet qui fait rêver les jeunes : Yekolab. Selon le promoteur, ce vaste centre « peut se résumer en trois choses : la formation des experts, le développement de l’entrepreneuriat, la recherche des développements », explique-t-il lorsque l’équipe de Business Management Africa le rencontre dans ses bureaux au début du
mois de mai dernier. Il y a donc d’abord la formation. Celle-ci a deux volets. La première est certificative. Elle dure 06 mois et débouche sur des profiles professionnels précis, notamment technologiques. « Les jeunes sont recrutés par concours. La formation est totalement gratuite. Nous faisons venir les experts internationaux. Leur objectif consiste à donner aux apprenants un vrai métier. Nous formons aux applications web, applications mobile, applications en entreprise et applications embarquées (à l’instar des applications pour les drones) », précise-t-il. L’autre aspect de la formation concerne l’entrepreneuriat. « Nous avons ici le plus grand incubateur
Business Management 49 Juillet 2016 AFRICA
Destination Business en Afrique centrale. Nous avons la capacité d’accueillir 15 projets d’entreprises. Non seulement nous les accueillons, mais nous les accompagnons technologiquement. Nous nous assurons de ce que leurs idées soient de vrais projets technologiques. La pédagogie
ici est très importante. Nous apprenons aux porteurs de projets la rédaction d’un business plan, la recherche des financements, le leadership. Ce sont des outils dont un manager a besoin aujourd’hui », indique JeanFrançois Bonbhel. Mokano, Ebale, Eyano, Slick Link,
Une nuit de développement d’applications web à Yekolab.
Les startups lauréates de la dernière vagues des incubées à Yekolab.
Management 50 Business Juillet 2016
AFRICA
Claude Shopping et Ant App forment la dernière vague des startups qui ont sont sorties du lot à l’issue d’une incubation à Yekolab. Elles ont désormais les aptitudes pour voler de leurs propres ailes. « Une fois qu’elles fonctionnent, nous les initions à la recherche des dé-
veloppements», souligne le promoteur. Lui, qui ne passe en général qu’une dizaine de jours à Brazzaville par mois. Et lorsqu’il n’est pas là, ce consultant de Google, ancien de Fujitsu, dispense des cours à ses compatriotes par visioconférence.
Destination Business Bilan Yekolab se veut donc une sorte de « sillicon valley » du Congo. Un centre dédié à l’innovation qui tient à défendre son bilan. « Nous avons formé gratuitement environ 300 jeunes en développement web et sur les outils numériques d’un manager. Nous en avons certifiés 76 en développement des logiciels. Nous avons environ 300 à 400 personnes qui viennent ici tous les jours. Au départ, ils viennent pour naviguer sur facebook. Deux mois après, vous les retrouvez dans notre centre de formation. Ils apprennent à développer. Six mois plus tard, ils montent des projets qui sont déve-
loppés. Cinq mois après, ils créent leurs propres entreprises. Nous avons aujourd’hui 04 entreprises créées et 03 en cours de création par des personnes passées par ici », indique Jean-François Bonbhel. Le globe-trotter
Le globe-trotter prédit d’ailleurs l’avenir : “Parmi ces choses qui sont concoctées dans cet espace collaboratif, vous avez le Facebook de demain, le whatsapp de demain. ”
prédit d’ailleurs l’avenir : « Parmi ces choses qui sont concoctées dans cet espace collaboratif, vous avez le ‘Facebook de demain’, le ‘whatsapp de demain’ ». A Yekolab, à Brazzaville, il est régulier de rencontrer des jeunes qui codent et qui codent encore au beau milieu de la nuit. Le mentor, JFB, leur a appris qu’on ne compte pas les heures quand on a des objectifs à atteindre. Le centre d’incubation collabore avec plusieurs multinationales du secteur des technologies de l’information et de la communication : MTN, Microsoft, Google, Oracle. Des maisons que
Bonbhel connaît bien pour y avoir très souvent fait valoir son expertise. En janvier 2004, il met en place JCertif international, une organisation à but non lucratif qui promeut le développement des applications web à travers l’Afrique. Et c’est elle qui porte le projet Yekolab. Il n’est donc pas exclu que l’expérience soit reproduite dans d’autres pays. En attendant, les congolais en profitent bien. Si la cadence est maintenue, il faudra compter avec eux dans le leadership technologique et numérique du continent. A moins que ce ne soit déjà le cas.
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Destination Business Jean-François BONBHEL, « notre objectif,
qu’il y ait une grande assiette de gens passionnés par le développement web en Afrique. » Entretien avec Martial EBODE
I
l voulait rentrer dans le monde des technologies de l’information et de la communication. Les études l’ont plutôt conduit sur les sentiers de l’économie. L’autodidactique l’a ramené à sa passion, au point d’en faire en une quinzaine d’années, un collaborateur des multinationales dont la seule évocation du nom suffit à convaincre : Google, Oracle, Fujitsu, Alcatel. Développeur d’applications web, le congolais a décidé de doter les jeunes africains de compétences en la matière. D’où la création de JCertif international en 2004. Yekolab constitue un projet de cette organisation. D’ailleurs, la même année, il met en place l’Africa Java User Groups. Ses concitoyens congolais sont les plus grands bénéficiaires des œuvres de ce globe-trotter. Entretien avec une étoile qui rêve d’un Congo émergent à partir du web BUSINESS MANAGEMENT AFRICA : Comment souhaiteriez-vous qu’on vous présente ? Je pense que tous les pans de ma personnalité sont liés. Être un développeur, un manager, un collaborateur des grandes entreprises, partager toute l’expérience avec différentes associations, tout cela se résume en la même personne. On fait appel aux mêmes principes et aux mêmes valeurs. Je suis un consultant international dans le domaine des nouvelles technologies. J’ai collaboré avec des grandes entreprises comme Google, Fujitsu, Acaltel, ou encore, Oracle. Je le fais encore avec certaines d’entre elles. C’est donc toute cette expérience qui me permet de partager. Parlez-nous de votre parcours Je suis né à Inpfondo, un village de la Lipuala, une région du nord du Congo. Je suis le troisième enfant dans une famille qui en compte neuf : huit garçons et une seule fille. Ma mère était enseignante et mon père militaire. J’ai quitté mon lieu de naissance quand j’avais trois mois. J’ai passé la majeure partie de mon adolescence à Brazzaville. J’ai fréquenté le lycée Savorgnan De Brazza, situé au sud de la capitale congolaise. J’y suis arrivé à 13 ans. A l’époque, c’était très jeune de se retrouver là
Management 52 Business Juillet 2016
AFRICA
Quand je rêvais du métier de développeur, on ne parlait même pas encore de cette compétence. Et je pense que ma famille n’a pas été surprise lorsque j’ai décidé, après mon diplôme en économie, de me tourner vers les technologies de l’information et de la communication.
à cet âge. Du coup, j’ai profité de ma naïveté d’adolescent. Les vieux avec qui j’étais ne prenaient pas toujours positivement mon côté amuseur. Mes études, je les ai prises au sérieux, tout en m’amusant. J’obtiens un baccalauréat D (sciences) en 1997, avant de m’envoler pour la France. Là bas, j’atterris à l’Université de Lille. J’y passe une année. Puis, c’est l’Université d’Evry Val d’Essome qui m’accueille. C’est là que je passe en trois années un diplôme en économie qui ne me sert pas beaucoup aujourd’hui. Mais ce que nous apprenons à l’école nous apprend à apprendre. C’est en ce sens que mon cursus universitaire m’est utile en ce moment. Je suis devenu développeur par le biais de l’autodidactique. Tout jeune, à la maison, c’est moi qui réparais le fer à repasser lorsqu’il avait une panne, je démontais le poste radio pour le remonter. Quand je rêvais du métier de développeur, on ne parlait même pas encore de cette compétence. A l’époque, on ne connaissait que « l’informaticien ». Et je pense que ma famille n’a pas été surprise lorsque j’ai décidé, après mon diplôme en économie, de me tourner vers les technologies de l’information et de la communication. Elle savait que j’allais prendre le virage. Globalement, c’est quoi JCertif International ? C’est un rassemblement de gens qui sont passionnés par les nouvelles technologies. Leur
Max Bonbhel dans une posture d’enseignant à Yekolab.
Destination Business crédo : développer, se développer et aider les autres à se développer. Nous avons choisi de faire grandir les autres. Notre objectif est de faire en sorte que, dans chaque pays en Afrique, qu’il y ait une grande assiette de gens passionnés par le développement web. Nous voulons former des professionnels qui vont développer les outils de demain. Dans plusieurs pays du continent, on parle depuis quelques années d’émergence. Mais il faut savoir que cela ne se décrète pas. L’émergence ne s’importe pas. Pour y arriver, il faut permettre aux jeunes de créer les outils pour demain. C’est pour cela que nous formons les jeunes gratuitement. Nous organisons les conférences et les rencontres d’échanges. Un tel projet nécessite beaucoup de ressources. En avez-vous suffisamment ? La première ressource se résume à l’engagement total. Je passe difficilement une semaine dans un même pays. Le Congo est le seul pays où je passe le plus de temps, une dizaine de jours environ. Chez moi au Canada, c’est difficile. Ceci est donc la preuve que je suis engagé. Et une fois qu’on se rend compte de ce que vous avez effectivement l’engagement dans votre projet, les financements arrivent. Les gens vous font confiance. Et c’est aussi cela le management de demain. Ce n’est pas le financement qui compte. Trois choses sont essentielles : la vision, l’équipe, les principes de partage. Quels sont les faits d’armes de JCertif ? Je parlerais par exemple du projet YekoLab. Il est unique au Congo et en Afrique. JCertif se veut très internationale. En même temps, nous créons des projets fixes dans chaque pays, lesquels deviennent des références. C’est le cas de YekoLab au Congo. Il donne un aspect un peu plus physique à JCertif. Nous avons conçu dans nos laboratoires une application pour drones destinée aux agriculteurs : Kita Mata. Elle fait en sorte que le drone obéit aux voix. Cela peut permettre aux travailleurs de la terre de surveiller leurs plantations. C’est ce type de projet que nous développons à YekoLab. Avant,
JCertif était portée sur les formations à court terme, les conférences sur les innovations technologiques. Dès qu’une technologie sort, quelle que soit son origine, il faudrait que nous l’ayons à JCertif. Nous voulons réduire la distance entre les pays européens et africains de ce point de vue. Dès
qu’on a une technologie nouvelle, je prends un avion et je fais le tour des pays africains pour la présenter. J’essaye d’aller très vite. Parce que les choses vont également vite. Les projets que vous développez ont-ils déjà réussi à accrocher une reconnaissance internationale ? Le 28 septembre 2014, une équipe de 05 personnes de JCertif a été invitée à San Francisco aux Etats Unis d’Amérique pour recevoir la Orace Duke’s Choice Award. C’était à l’occasion de la conférence Java One, organisée par Oracle Corp. Cette team recevait ce prix pour avoir développé en 48 heures Kita Mata, cette application qui sert à piloter verbalement les drones. Donc, nous avons d’ores et déjà une reconnaissance internationale. C’est une fierté. Notre projet est très ambitieux. Il nécessite des centaines de millions F CFA. Il faut pouvoir former notre jeunesse pour l’émergence dont on parle. Vous êtes un manager qui est tout le temps parti. Comment réussissez-vous à gérer votre empire en étant absent très souvent ? J’ai un outil essentiel : mon téléphone. C’est fou ce qu’on peut faire avec cet outil. Avec lui, je suis sûr de pouvoir communiquer de façon instantanée avec mes équipes et donner des orientations quand cela est nécessaire. En même temps, j’ai la chance d’avoir des équipes qui sont très solides et autonomes. Les lignes de management pour lesquelles j’ai optées consistent à donner beaucoup d’autonomie aux personnes qui travaillent avec moi. Dans la plupart des projets que je mène, on s’amuse d’abord, on travaille beaucoup ensuite. En procédant ainsi, on travaille mieux et on ne compte pas les heures. Il suffit de recruter la bonne personne et de lui donner les moyens. Avec cela, ça marche. Nous avons dans chaque pays, un manager qui connaît le territoire et qui applique la vision globale de JCertif. Lorsque vous avez une vision, une équipe capable de se l’approprier et surtout à même de comprendre les principes de partage, je crois que vous avez la clé pour pouvoir réussir comme manager.
Business Management 53 Juillet 2016 AFRICA
Destination Business Antoine BECART, « CFAO Equipement fournit la
gamme complète des véhicules dont les transporteurs Entretien avec M. E. congolais ont besoin. »
P
Antoine BECART, DG de CFAO Equipement Congo armi les multinationales qui ont de l’influence en terre congolaise, il y a le groupe CFAO -145 filiales opérationnelles dans le monde -, à travers sa filiale CFAO Equipement Congo. Avec sa direction générale installée dans la capitale économique, Pointe Noire, elle constitue l’une des 35 présences de CFAO Equipement en Afrique. Et malgré la crise engendrée par le secteur pétrolier, le directeur général estime que le Congo est un marché d’avenir. La preuve, il s’y trouve et semble vouloir y rester. Pour accompagner le développement de l’agriculture par exemple.
BUSINESS MANAGEMENT AFRICA : Comment présenteriez-vous CFAO Equipement Congo ? Avec 70 collaborateurs, CFAO Equipement Congo s’adresse aux entreprises exerçant dans le secteur du transport, des bâtiments et travaux publics, de l’industrie et de l’immobilier. Pour ce qui concerne particulièrement l’immobilier, nous représentons la marque Otis. A cet effet, nous intervenons surtout dans l’installation des cages d’ascenseurs. Nous faisons de la fourniture et de la maintenance des groupes électrogènes. Pour ce qui est des transports, nous travaillons avec Renault Trucks et King Long. Ce qui nous permet de fournir la gamme complète de véhicules dont les transporteurs congolais ont besoin, que ce soit pour des petites charges ou des grandes. Dans les travaux publics, CFAO Equipement est concessionnaire de la marque JCB. Grâce à cette concession, nous fournissons tous les engins dont les entreprises de BTP ont besoin au Congo. Nous avons également des services associés au transport, à l’instar de la pneumatique. Nous distribuons les marques comme Bridgestone. Nous fournissons donc tout ce qui roule au Congo : petites voitures, camions, tracteurs, engins de manutention portuaire.
Management 54 Business Juillet 2016
AFRICA
Il y a une activité récente que nous avons lancée : c’est la distribution des bus. Depuis l’ouverture de la route entre Brazzaville et les autres villes du Congo, nous avons remarqué que le trafic s’intensifie entre la capitale, Dolisie et Pointe Noire. Pour répondre à ce besoin, nous avons signé avec le groupe King Long, un partenariat qui nous permet de fournir les bus de cette marque au Congo. Parce que nous travaillons avec les marques leaders, nous nous devons d’accompagner ceux qui nous font confiance pendant toute la durée de vie de ce qu’ils acquièrent chez nous. Quel est l’état de santé de cette filiale de CFAO que vous dirigez ? Comme la majeure partie des entreprises congolaises, nous vivons un passage difficile. Cela est dû à la chute du cours du pétrole sur le marché mondial, le Congo étant un important pays producteur en la matière. L’économie nationale se base beaucoup sur cette ressource. CFAO Equipement Congo a pris des mesures pour pouvoir sortir plus fort de cette situation tendue.
Destination Business Cela fait une année que vous êtes à la tête de CFAO Equipement Congo. Avez-vous déjà pris la mesure du marché sur lequel vous intervenez ? Nous avons sept secteurs d’activités. Tous sont en repli. Les pétroliers transportent moins. Il y a une baisse du nombre d’expatriés, et donc, on vend de moins en moins de groupes électrogènes. Il y a moins de déplacements entre Brazzaville et Pointe Noire. Pour s’adapter à ce bouleversement, nous avons adapté nos services à la clientèle, de façon à pouvoir les pousser à créer de nouveaux revenus. On sait que les petites et moyennes entreprises constituent la base de l’économie quand tout va mal. Avez-vous des offres qui s’adressent à cette catégorie d’entreprises ? Nous ne travaillons pas qu’avec les grandes entreprises. Nous travaillons aussi avec les PME. Nous avons de nombreux clients qui ont un ou deux camions. Les PME nous sollicitent aussi dans le secteur de l’immobilier. Nous offrons également nos services aux particuliers, notamment sur la pneumatique ou les groupes électrogènes. On a besoin d’avoir un portefeuille très diversifié de clients. C’est pour cela que nous travaillons beaucoup avec les PME. Le gouvernement congolais s’est lancé dans de vastes projets agricoles. Avez-vous des offres particulières pour accompagner la mise en œuvre de cette politique ? J’ai le sentiment qu’il y a une réelle volonté de développer l’activité agricole au Congo. CFAO Equipement reste vigilent. Nous travaillons avec New Holland pour fournir aux congolais l’ensemble des machines dont ils ont besoin pour cultiver : tracteurs, matériels de protection des cultures, etc.
Un camion Renault Trucks, un produit commercialisé par CFAO Equipement Congo.
De quelle manière pouvez-vous accompagner le jeune congolais qui veut démarrer son activité et qui dispose de petits moyens, tout en ayant des grands besoins en Les gens peuvent se mettre en groupes, afin de pouvoir mobiliser les partenaires bancaires, lesquels vont mettre les moyens à leur disposition pour l’acquisition des équipements. Nous avons rencontré des clients qui estiment que les solutions que vous proposez sont parfois onéreuses. Est-il possible d’échelonner le paiement chez vous en plusieurs traites ? Nous ne distribuons que des matériels neufs. Lorsque vous en utilisez un pendant cinq ans, il est finalement moins coûteux qu’un produit d’occasion que vous avez acquis à un prix plus bas. Pour les entreprises, le coût s’évalue donc sur le temps. Le Congo s’est lancé dans une campagne d’attrait des investisseurs. Qu’avezvous mis en place de façon spéciale pour accueillir ceux qui arrivent ? Nous travaillons dans une logique d’anticipation des mutations du marché. C’est d’ailleurs l’une des aptitudes du groupe CFAO. S’il y a de nouveaux investisseurs qui arrivent, nous nous organiserons pour leur apporter les services dont ils ont besoin dans les secteurs dans lesquels nous intervenons. Si vous aviez une dernière chose à dire, ce serait laquelle ? Il y a énormément de choses à faire au Congo, que ce soit dans le secteur agricole, au niveau du réseau routier, ou encore dans le domaine de l’énergie. CFAO Equipement accompagnera l’ensemble des entreprises qui interviendront dans ces segments. Nous avons des solutions adaptées à leur apporter.
Un engin de génie civil de la marque JCB. Les entreprises du secteur des BTP peuvent en trouver chez CFAO Equipement.
Business Management 55 Juillet 2016 AFRICA
Destination Business Mohammed MEJBAR, « Crédit du Congo est
pour répondre aux demandes de financements. »
là
Entretien avec M. E.
parmi les banques du Congo et les filiales du groupe Attijariwafa.
Mohammed Mejbar, DG du Crédit du Congo, dans son bureau de Pointe Noire.
A
vril 2002. Le Crédit lyonnais Congo naît. En 2007, la banque prend la dénomination de Crédit du Congo, suite à un rachat du Crédit lyonnais par le Crédit agricole. Puis, en septembre 2009, l’établissement financier passe sous le pavillon de la multinationale marocaine Attijariwafa Bank. Depuis lors, le groupe n’a cessé de multiplier les innovations sur un marché qu’il trouve encore embryonnaire. En d’autres termes, il y a de la place pour poursuivre les développements. En attendant, Crédit du Congo, dont le siège se trouve à Pointe-Noire a affiché la meilleure performance bancaire au Congo en 2015. Entretien avec un directeur général confiant.
Comment se porte le Crédit du Congo ? Le Crédit du Congo se porte bien. En 2015, on a fait d’excellents résultats. Ils ont presque coïncidé avec nos objectifs et notre budget. La banque est solide. Le niveau de contentieux, aspect très important dans la marche d’un établissement bancaire, reste très faible chez nous. Les résultats financiers sont les meilleurs
Depuis votre arrivée à la tête du Crédit Congo en 2011, les chiffres ont des tendances positives, avec notamment un taux de croissance de 16 % par an. Comment expliquer ce résultat qui est meilleur que celui du marché sur lequel vous opérez ? Comme vous le dites, la croissance de la banque est supérieure à celle du secteur bancaire congolais et celui de l’Afrique centrale. Il faut expliquer cela par une gestion rigoureuse du portefeuille, une volonté affichée par tout le top management et toutes les ressources humaines d’aller de l’avant et l’ambition d’être le leader du secteur bancaire congolais. C’est une fierté de voir que le Crédit du Congo est l’une des meilleurs banques au Congo, que ce soit en qualité de services rendus, qu’en termes de rentabilité. Quelle est la physionomie du secteur de la banque au Congo ? Le secteur bancaire congolais a encore beaucoup de chemin à faire. Il y a une volonté de le développer, laquelle est affichée par tous les acteurs. Il n’a pas encore atteint la maturité. Le taux de bancarisation reste très faible. Ce qui doit être fait est en train de l’être. Je pense qu’il y a des moyens d’améliorer rapidement ce taux. Dans la plupart des pays d’Afrique centrale, les petites et moyennes entreprises se plaignent du manque du soutien des banques. Est-ce que Crédit Congo finance suffisamment les PME congolaises ? Nous sommes là pour répondre aux demandes de financements. Je pense que le fait de garder de l’argent dans les coffres n’a pas de sens. Notre métier consiste à financer l’économie. Malheureusement, tous les dossiers qui nous parviennent ne sont pas suffisamment étoffés. Les promoteurs qui nous sollicitent manquent d’expérience. Je pense que le secteur de la PME et de la très petite entreprise doit être la locomotive du développement du Congo. Il faut qu’il y ait un mécanisme qui facilite l’octroi de crédit à ces entreprises. Crédit du Congo, par exemple, travaille avec des organismes de garantie. Ceux-ci avalisent des
Business Management 57 Juillet 2016 AFRICA
Destination Business promoteurs et se portent garants de rembourser le prêt octroyé. Nous allons, dans les jours à venir, signer une convention avec une institution internationale. Cela nous permettre de développer notre portefeuille constitué de PME. Quelle est la stratégie mise en place pour permettre à Crédit du Congo d’être le leader sur son territoire ? Notre stratégie est fondée sur deux fondamentaux. La qualité de service en constitue le premier. De ce point de vue, nous essayons d’être irréprochable et de nous améliorer, afin de répondre aux besoins de nos clients le mieux que nous pouvons. Nous avons d’ailleurs mis sur pied, il y a quelques semaines, une direction de la qualité. La diversification de notre offre constitue l’autre pilier de notre stratégie. Nous essayons de lancer de nouveaux produits qui vont permettre de répondre à certains besoins particuliers qui sont exprimés par certains de nos clients. Nous mettons l’accent sur ce qui n’existe pas encore au Congo. On peut citer quelques exemples : confirming, leasing, crédit à la consommation. Les solutions que vous citez sont majoritairement destinées aux entreprises. Qu’avez-vous prévu pour les particuliers ? Je dois avouer que ce segment du marché bancaire n’est pas du tout développé au Congo. Cette réalité est criarde par exemple dans le sous-secteur du crédit immobilier. Pourtant, les congolais, de manière générale, ont besoin d’être mieux logés et surtout de construire leurs propres maisons. Vous avez aussi le crédit d’équipements pour les nouveaux couples. Là encore, l’offre n’existe pas au Congo. Les banques congolaises répondent aux demandes des clients par le crédit ordinaire. Nous allons donc très prochainement lancer nos offres en guise de réponse à l’absence de ces crédits spécialisés destinés aux particuliers sur le marché congolais. Quel rôle entendez-vous jouer dans le processus d’émergence du Congo ? Nous ne pouvons que nous féliciter de cette initiative lancée par le président de la République congolaise. Notre banque sera à ses côtés pour accompagner la réalisation de ce projet. Je pense que l’émergence n’est pas loin de la portée du Congo. Mais il faut surtout travailler et mobiliser tous les acteurs pour qu’ils regardent dans le même sens. Nous attendons les orientations du nouveau gouvernement qui vient d’être formé pour mettre nos moyens à la disposition de l’Etat congolais.
Management 58 Business Juillet 2016
AFRICA
La chute du prix du pétrole a entrainé la baisse des recettes de l’Etat congolais. Craignezvous une incidence sur vos activités ? Je crois que ce prix n’a pas baissé que pour le Congo. C’est le cas dans le monde entier. Donc, c’est à nous de s’adapter à cette situation. N’oublions pas que celui qui réussit, c’est celui qui sait s’adapter et non qui bénéficie d’un maximum d’avantages. En termes d’emplois, à quel niveau d’offres se situe Crédit du Congo ? Le développement de la banque passe obligatoirement par les recrutements. Nous n’avons jamais arrêté de recruter. Depuis 2009, nous avons recruté 60 personnes. Ce n’est pas rien quand on regarde notre taille. Nous recherchons aujourd’hui des profils pointus qui vont pouvoir prendre en charge certains départements. Le groupe Attijariwafa n’a aucun problème avec l’expatriation des ressources humaines. Nous considérons l’Afrique comme étant que notre pays. En d’autres termes, nous pouvons recruter un camerounais pour la filiale du Congo. Evidemment, nous respectons la législation de chaque pays. Comment voyez-vous l’avenir de Crédit du Congo ? Je suis très serein quant à l’avenir. Depuis la création en 2002, nous avons convaincu tous les acteurs de ce que c’est une banque très sérieuse. Chaque fois que nous avons l’occasion de rencontrer les autorités à qui nos chiffres parviennent, ils nous félicitent toujours pour les réalisations. Je suis certain que cette institution bancaire va continuer de se développer pour servir l’économie congolaise et le développement du Congo. Je sais aussi que le chemin reste encore trop long. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Mes collaborateurs, qu’ils soient expatriés ou congolais, savent que tout est au bout de nos mains.
Destination Business Philippe AUDOUIN, « Allianz Congo va participer
à l’élévation des standards en matière d’assurance. » Entretien avec M. E.
Pour accroître notre activité, nous avons internalisé un certain nombre de fonctions, notamment les indemnisations. Tout se gère à quelques pas d’ici. Nous avons mis sur pied les garages agréés, l’expertise rapide avec un jeune ingénieur que nous avons recruté. Enfin, nous avons opté pour des ressources humaines jeunes. Nous avons des collaborateurs dont l’âge varie entre 20 et 26 ans. Ils ont à la base, des Bacc + 2, + 4 ou + 5. Ils ont démarré leurs carrières chez nous. Il y a chez eux une volonté d’apprendre et de s’acclimater aux standards internationaux. Le DG d’Allianz Congo face à l’envoyé spécial de Business Management Africa.
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n 2012, le groupe Allianz, leader mondial du secteur de l’assurance, décide d’installer une filiale en terre congolaise. L’entreprise installe son quartier général à Pointe Noire. Pour son lancement, la multinationale fait confiance à celui qui a dirigé Allianz Burkina Faso de 2004 à 2011. Et avec lui, la rédaction fait le bilan des activités su groupe au Congo et les perspectives qu’offre le marché de l’assurance dans ce pays. Comment se porte Allianz Congo ? Nous avons démarré en 2012, et pour l’instant, c’est un succès. Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de plus de 07 milliards de Francs CFA à l’issue de l’année 2015, avec un peu plus de 40 personnes au sein de l’équipe. Nous avons 15 % des parts sur le marché congolais si nous excluons les risques pétroliers. Comment expliquez-vous cette performance ? Je dirais qu’elle est liée aux choix stratégiques que nous avons opérés dès le début de nos activités. Le premier a consisté à s’installer au plus proche des clients, d’où le siège établi à Pointe Noire. C’est ici que se trouve 70 % de l’activité économique. Deuxièmement, nous avons permis à nos clients d’avoir des réseaux de distribution variés. Nous distribuons de manière égalitaire par des bureaux directs, des agents généraux et des courtiers.
Quelle perception avez-vous du marché de l’assurance-dommage sur lequel Allianz Congo est installé ? Il est relativement un marché restreint, mais sur lequel se situent des oligopoles. Je crois qu’en 2014 et 2015, on s’est situé autour de 70 milliards F CFA. Il y a 05 compagnies qui évoluent sur ce segment. Il y en avait 04 quand Allianz est arrivée. Il y a d’abord eu Axa, première compagnie de la zone couverte par la Fédération des Sociétés d’Assurances de droit national africaines (FANAF) en termes de résultats. Elle détient le monopole sur l’assurance du secteur pétrolier. Vous avez ensuite Assurances Générales du Congo (AGC) qui est un gros et qui se situe d’ailleurs en tête de l’assurance automobile de la zone FANAF. Ensuite, NSIA est arrivée. Allianz est venue en quatrième position. Tout récemment, le marocain Saham a fait son entrée. C’est donc un marché étroit sur lequel on retrouve de grandes sociétés. En ce qui concerne la demande, elle a évolué. Jusqu’à une date récente, elle était la moitié de ce qu’on retrouve dans la zone FANAF de façon générale. Là, elle vient de dépasser ce stade. Il y a deux raisons à cela. Premièrement, on introduit un dispositif de concurrence suffisamment dynamique pour pouvoir booster l’ensemble du secteur. J’évoquerais en second lieu la
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Philippe Audouin, DG d’Allianz Congo, dans son bureau de Pointe Noire.
Destination Business
réinstauration des obligations d’assurance sur les marchandises importées. Ces deux éléments font qu’on a atteint le niveau de ce qu’on retrouve en moyenne dans la zone FANAF. L’indemnisation est au cœur de l’activité d’assureur. C’est pourtant le point faible des assureurs de la zone CIMA. Allianz Congo paie-t-elle les sinistres ? Je sais que c’est difficile de répondre sans être arrogant. Je dirais simplement qu’Allianz Congo paie les sinistres. Certes, nous avons encore des progrès à faire. Mais de façon générale, nous sommes un bon payeur. Il suffit de regarder les chiffres de la direction des assurances du ministère congolais des Finances pour s’en rendre compte. On a tout fait depuis le lancement pour avoir un degré de réactivité qui soit fort. C’est pour cela que nous avons internalisé toute la partie « indemnisation ». Ce qui nous a permis de travailler avec des garages agréés. Nous discutons avec eux pour mettre en place des conventions concernant les délais de règlement. Sur un contrat concernant un matériel, le délai de règlement du sinistre tourne entre 15 et 30 jours. Cela peut souvent être plus rapide ou plus long. Par exemple, on a un camion qui a eu un accident le 25 novembre
Management 60 Business Juillet 2016
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2016. Le 15 novembre, nous avions déjà une offre d’indemnité. Nous avons la chance d’avoir démarré sans arriérés. Donc, nous n’avons pas de problème de trésorerie. La trésorerie est très faiblement rémunérée par les banques. Notre intérêt consiste à payer rapidement les sinistres. Quand les clients sont mécontents, ils peuvent se plaindre à notre service de réclamations. Si la plainte arrive par mail, la réponse est donnée en 05 minutes. Et on fait tout pour régler le problème en 48 heures. Aujourd’hui, Allianz Congo est 4ème sur son marché. Est-ce une position satisfaisante ou envisagez-vous de bousculer la hiérarchie ? Nous ne sommes pas forcément dans une logique de puissance. Quand il faut progresser, on progresse. Notre sujet se résume en ceci : le développement dans la rentabilité. On ne prendra pas tout pour le plaisir de prendre certaines choses. Si certains segments du marché ne nous paraissent pas compatibles avec l’objectif de rentabilité, on ne s’y aventurera pas. La sélection se fait sur la valeur intrinsèque du risque. Nous mettons l’accent sur la protection-prévention. Nous faisons tout
Destination Business pour que le sinistre n’arrive pas. Et quand il arrive, nous travaillons pour en minimiser les effets. Nous allons éditer une newsletter sur le sujet. Il faut que les gens prennent conscience que la prévention est un des facteurs de limitation des sinistres. C’est notre contribution à l’amélioration des conditions de sécurité au Congo. C’est cette touche particulière qu’Allianz veut apporter au Congo. Avez-vous des idées pour augmenter le taux de pénétration de l’assurance au Congo ? C’est vrai que nous sommes là pour accompagner le développement du groupe Allianz. Ce qui constitue notre principal vecteur de développement, c’est le fait que, petit à petit, la croissance économique et le développement humain accouchent de nouveaux consommateurs. On parle d’une classe moyenne qui est en train d’apparaître en Afrique, avec des besoins nouveaux, notamment en matière d’assurance. Tout cela doit être accompagné par des mécanismes et des technologies qui permettent de satisfaire les aspirations des gens. Quel est le niveau de réassurance au Congo par rapport à la zone de FANAF ? La réassurance au Congo est au niveau le plus élevé de la zone FANAF. Cette réassurance est essentiellement pétrolière. Si vous enlevez le pétrole, on retombe dans la moyenne de la zone FANAF, c’est-à-dire autour de 25 à 30 %. La chance ici, c’est qu’on a d’énormes puits de pétrole. Le revers de la médaille, c’est que ce sont les risques les plus élevés de la planète. Sur l’année 2014, sur les 20 plus gros risques de la planète, vous avez la moitié qui se situait dans le secteur pétrolier. Quel rôle entend jouer Allianz Congo dans le processus d’émergence du Cameroun ?
Marché congolais de l’assurance-dommage au Congo en 2015 Chiffre d’affaires : Environ 70 milliards F CFA Nombre de compagnies : 05 Classement : 1er Axa Congo ; 2ème: AGC ; 3ème: NSIA Congo ; 4ème: Allianz Congo ; 5ème: Saham Congo
Nous allons participer à l’élévation des standards en matière d’assurance. Ensuite, nous pouvons jouer un rôle au niveau de l’attractivité du pays. Quand un investisseur voit qu’il peut retrouver au Congo les mêmes partenaires qu’il a en Chine, aux USA, au Canada ou en Malaisie, il sera plus intéressé à venir.
Je répondrais simplement que nous contribuerons en faisant correctement notre travail d’assureur. Mais plus fondamentalement, on peut apporter deux choses. D’abord, nous allons participer à l’élévation des standards en matière d’assurance. Ensuite, nous pouvons jouer un rôle au niveau de l’attractivité du pays. Quand un investisseur voit qu’il peut retrouver au Congo les mêmes partenaires qu’il a en Chine, aux USA, au Canada ou en Malaisie, il sera plus intéressé à venir. D’ailleurs, de manière souvent informelle, je rencontre des gens qui me demandent si on peut vraiment réussir au Congo. Je leur réponds en disant que c’est possible. On sait que les assureurs investissent beaucoup dans le but de sécuriser les fonds des assurés. Quelle est la démarche d’Allianz Congo en la matière ? Nous sommes malheureusement sur un marché où il manque d’instruments financiers, à l’instar des obligations ou des actions de marché. Du coup, ce que nous faisons, ce sont des placements bancaires et immobiliers. Ce sont les deux formes d’actifs sur lesquelles nous travaillons. En matière d’immobilier, c’est un peu récent pour nous. Là, nous sommes en train d’acquérir un immeuble pour installer notre siège. Une partie sera mise en location. Quelles sont les perspectives d’emploi chez Allianz Congo ? C’est la confiance que nous feront les congolais en venant vers nous qui fera la différence. Nous irons le plus loin possible. En interne, je dis souvent à mes collaborateurs que nous sommes un groupe international. Et ceux qui voudront se former pour aller plus loin auront la possibilité de le faire.
Business Management 61 Juillet 2016 AFRICA
Destination Business BPH Agricole Congo, au secours du déficit
en denrées alimentaires
Lancée en 2005 à Hinda, l’entreprise exerce ses activités dans les productions animales, végétales et….la pêche sportive. Balade au cœur d’une exception congolaise. Par Lydie Abassombe
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Hinda, à 30 kilomètres de Pointe Noire, on trouve BPH Agricole Congo, une entreprise qui se définit comme « un modèle d’agriculture intensive et biologique » sur le territoire congolais. Pas d’engrais chimique. Tout ce qui est naturel. Sur 189 hectares, elle exerce un ensemble d’activités agro-sylvo-pastoraux. Philippe Bounzeki, le porteur de cette révolution verte, a exercé dans le secteur du pétrole, avant d’attraper le virus de la terre. Son ambition, être le porte-flambeau de l’agro-industrie congolaise à moyen terme. Son pays, pour l’instant, ne mange à sa faim que grâce à d’énormes importations qui grèvent d’ailleurs sa balance commerciale. Pour mettre en route son idée ingénieuse, le PDG injecte 100 millions F CFA au démarrage. A son lancement en 2005, BPH Agricole Congo se concentre sur le maraichage. Tomates, concombres, poivrons, piments, aubergines, laitue, pour ne citer que ces produits là, sortent de ses jardins. Ce sont un peu plus de 05 tonnes qui
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sont produites chaque mois et écoulées en un tour de main auprès des grossistes qui desservent les marchés de Pointe Noire. En 2008, l’entreprise ajoute la production du maïs à ses activités. Elle cultive cette céréale sur 20 hectares. Le rendement est à la hauteur des attentes : 06 tonnes à l’hectare. « Le maïs grain a un double enjeu pour le Congo. Il est à la fois vital pour la consommation humaine, mais aussi et surtout constitue la base de développement de nos élevages en association avec le soja. Avec l’acquisition progressive
des machines agricoles, le projet présente d’énormes possibilités de développement », précise Philippe Bounzeki, le patron dont les initiaux du nom constituent le nom de l’entreprise. BPH Agricole Congo a aussi pensé à mettre les pieds dans la sylviculture. En 2012, elle engage sur 20 hectares, la production d’eucalyptus citriodora. Objectif : produire les huiles essentielles. Une denrée prisée à travers le monde. D’ailleurs, l’entreprise mise davantage sur les exportations. Grâce au
concours du service national de reboisement, le test d’extraction de ce produit a été effectué en avril 2014. Et d’après le promoteur de la PME, « l’unité d’extraction des huiles essentielles citriodora à l’aide des alambics en inox est prévue pour 2016-2017 ». Ce sera le tout premier producteur en la matière sur le territoire congolais. Le projet, dans une dimension de protection de l’environnement, participe au reboisement, même si le site n’est pas vraiment menacé par les changements climatiques.
Destination Business Pisciculture biologique La grande star dans le domaine de la BPH Agricole Congo, c’est la pisciculture. L’entreprise pratique l’élevage principalement de deux espèces de poisson en eau douce : tilapia, clarias. Les étangs occupent une superficie de plus de 2,5 hectares. Pour le top manager, la société se fixe comme objectif de produire 100 à 200 tonnes de poisson par an. Pointe Noire a un grand besoin en produits halieutiques. Pour le faire, elle développe elle-même les alevins. Son usine d’écloserie est fonctionnelle depuis avril 2004. On y retrouve 70 incubateurs de 50 litres chacun, une
La grande star dans le domaine de la BPH Agricole Congo, c’est la pisciculture. L’entreprise pratique l’élevage principalement de deux espèces de poisson en eau douce : tilapia, clarias. Les étangs occupent une superficie de plus de 2,5 hectares. Pour le top manager, la société se fixe comme objectif de produire 100 à 200 tonnes de poisson par an. Pointe Noire a un grand besoin en produits halieutiques.
unité d’alevinage de 03 bassins, une unité de pré-grossissement pour tilapia et clarias. Celleci occupe d’ailleurs 75 % de la superficie sous eau de toute la ferme. Dans cette savane herbeuse, l’écosystème fait en sorte que l’eau soit disponible toute l’année. Pour former un cycle complet d’agriculture biologique, BPH Agricole Congo a créé une sorte d’interdépendance entre les productions végétales et les productions animales. Dans le cadre de cette synergie, « après la vidange, nos bassins de pisciculture laissent un fond boueux composé des restes d’ali-
ments décomposés que les poissons n’ont pas pu manger. Ce fond boueux riche en azote est récupéré et répandu dans nos zones de production de légumes feuilles et fruits comme engrais naturel ». D’autres fertilisants biologiques sont d’ailleurs cultivés. Ambitieuse, BPH Agricole Congo vient d’intégrer la pêche sportive et le tourisme agricole à ses activités. Désormais, chaque dimanche, dès 09 heures 30, ceux qui ont payé la réservation bien avant, se retrouvent dans cette ferme. Ils pêchent du poisson et le font braiser sur place. Nom de l’activité : « Restaurant
à la ferme ». Et quand des touristes règlent leur ardoise en avance, le domaine organise la pêche sportive. Pour continuer de développer ses idées, Philippe Bounzeki compte sur la dizaine d’employés qui s’échinent quotidiennement à la tâche. Mais il n’hésite pas à prendre l’avion, quand il est question d’aller prendre des leçons chez les spécialistes de l’agriculture biologique. En France, par exemple. C’est avec enthousiasme qu’il accueillera les partenaires financiers au projet. Le Congo vert a donc son porte-flambeau.
Philippe Bounzeki, le DG de BPH Agricole Congo, est un passionné de la terre.
Business Management 63 Juillet 2016 AFRICA
Destination Business Regal, roi de la distribution en terre congolaise En 1998, l’indien Daswani Parmanand inaugure le premier super marché Regal. Dixhuit ans après, l’entreprise a 07 points de distribution à Pointe Noire et 04 autres à Brazzaville. Par Landry Pany NANKAP
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u Congo, lorsqu’on parle de la grande distribution, on parle de Regal. C’est en 1998 que Daswani Paramand crée le premier super marché Regal à Pointe Noire. Dans la même ville, capitale économique du pays, il compte désormais 07 points de distribution. 02 d’entre eux sont des super marchés. A Brazzaville, il y en a 04. Mais l’entreprise distribue également les marques qu’elle représente jusque dans les petites villes du pays, à travers des partenaires et des
courtiers. Elle dispose pour cela d’une flotte de véhicules. 25 indiens - la nationalité du PDG – et 70 congolais travaillent au quotidien chez Regal Congo. En termes de produits, les grandes marques disséminées dans le monde font confiance à Regal Congo. Dans ses rayons, que ce soit à Brazzaville ou à Pointe Noire, les acheteurs y trouvent tout ce qui rentre dans l’électroménager, les alcools, la papeterie, les technologies de l’information et de la communication, l’agro-alimentaire, l’automo-
Un échantillon des produits commercialisés par REGAL.
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bile, pour ne citer que ceux-là. La marque Regal a d’ailleurs traversé le fleuve pour s’établir également en République démocratique du Congo. C’est en 1981 que Daswani Parmanand, le fondateur de Regal, arrive au Congo. Il s’investit dans le commerce pour le compte des produits importés de l’Inde. L’enracinement qu’il a dans ce territoire d’Afrique centrale pousse le gouvernement de son pays à le nommer consul général de l’Inde au Congo. Une façon pour lui de dire : j’y suis, j’y reste.
Destination Business Yvonne Adélaïde MOUGANY, « Notre priorité, former des entrepreneurs »
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Entretien avec Tiburce MBOLI
La ministre des PME, de l’Artisanat et du secteur informel du Congo inistre des petites et moyennes entreprises, de l’artisanat et du secteur informel depuis 2007, cette septuagénaire a été maintenue au même poste, le 23 avril 2016, à l’occasion de la formation du gouvernement du nouveau quinquennat. Avec elle, nous parlons des difficultés des PME au Congo, surtout en matière de financement.
BUSINESS MANAGEMENT AFRICA : Quelle est la mission qui vous a été confiée par le Premier Ministre congolais? Le PM a relayé auprès de toute l’équipe gouvernementale les instructions du président de la République, Denis Sassou Nguesso. Globalement, elles portent sur l’exécution de son projet de société : « la marche vers le développement. Allons plus loin ensemble ». Naturellement, en sa qualité de chef de l’exécutif, le Premier Ministre a tenu à préciser et détailler davantage les modalités de travail du gouvernement de la rupture et d’action qu’il dirige. Nous nous sommes déjà mis au travail pour l’exécuter. C’est ce qui est attendu de nous, en particulier nos compatriotes. Aquel niveau se trouve le développement des infrastructures de production des PME ? Il faut commencer par rappeler que c’est la politique d’aménagement du territoire, notamment, à travers la municipalisation accélérée, qui a posé le fondement de ces
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infrastructures. Ce sont : les routes construites et réhabilitées, les ports et aéroports érigés, les barrages et les lignes énergétiques implantés et tirés, les équipements de fourniture d’eau installés, les zones économiques spéciales aménagées. Ces infrastructures de base conditionnent dès le départ la décision d’implantation ou de développement des unités de production, quelles qu’en soient la taille et les activités. En effet, ces investissements induisent l’amélioration de la rentabilité des opérations des entreprises. Et les PME n’échappent pas à cette logique. Aujourd’hui, bien plus qu’il ya une décennie, l’Etat a rendu moins contraignantes et surtout plus ouvertes les options grâce à des investissements d’une ampleur sans précédent. Il faut par ailleurs ajouter à ce panorama favorable et incitatif, des mécanismes et outils de gestion qui ont substantiellement relevé le niveau qualitatif de l’environnement de travail de l’entreprenant et de l’entreprise. Je voudrais rappeler que c’est le président de la République qui a déclaré la bienvenue au Congo des entreprises de toutes tailles, origines
Destination Business et activités. Le travail ne s’arrête pas, même si les conditions de financement se sont dégradées, notamment avec la baisse des prix du pétrole et autres minerais. Comment comptez-vous organiser ce secteur concrètement ? Le gouvernement met en œuvre depuis quelques années les mesures et actions contenues dans la politique de développement des petites et moyennes entreprises et de l’artisanat, adoptée en mai 2010.Tous les aspects y sont pris en ligne de compte : l’établissement de la nomenclature des métiers et l’identification, l’organisation et la formation des acteurs, la construction des infrastructures (pépinières, incubateurs, chambres de métiers etc.), l’opérationnalisation des outils et mécanismes tels que la Maison de l’Entreprise du Congo, l’Agence congolaise pour la Création des Entreprises, l’Agence de Développement des TPE/PME, la Bourse de sous-traitance et de Partenariat d’Entreprise, les Centres de Gestion Agréés, le Fonds d’Impulsion, de Garantie et d’Accompagnement, le fichier thématique et catégoriel logé à une banque de données des PME, etc. Où en est-on concrètement avec la Maison de l’Entreprise du Congo ? L’immeuble-siège sera construit à Brazzaville. Cet important projet co-financé par la République du Congo et le Groupe de la Banque Africaine de Développement suit normalement sa trajectoire. Le contrat de prêt a été dûment signé et fait actuellement son parcours législatif après l’avis favorable de la Cour Suprême. Le site a été déjà identifié. Il y a quelques jours, l’examen des offres techniques et financières a commencé en vue de l’attribution, selon les procédures en vigueur, des lots composant le marché de construction, d’équipement et de connexion de l’immeuble. Il y a des fortes chances que le chantier soit installé d’ici à la fin de l’année 2016. Je rappelle que l’institution fonctionne déjà depuis novembre 2014, en attendant que le siège soit inauguré. La Maison de l’entreprise du Congo (MEC) vise des objectifs bien précis. Il s’agit entre autres, d’œuvrer à la facilitation, la simplification, l’accompagnement ainsi que l’appui aux entreprises qui veulent s’installer au Congo. Le ministère que je dirige est chargé de la supervision du travail de la MEC.
vous vous y attaquer de manière efficiente ? Pour donner l’essentiel de l’intervention du ministère dans l’objectif de résorber le chômage des jeunes, je vais citer : l’intensification des programmes d’apprentissage dans de nombreux métiers artisanaux ; l’organisation de divers concours et compétitions pour déceler les talents de managers et mettre à jour les opportunités d’entreprendre ; la mobilisation des ressources techniques, humaines et financières de diverses sources en vue de soutenir, selon leurs besoins et leurs attentes, les candidats entrepreneurs, les primo-entreprenants, les opérateurs économiques désireux de croître ou voulant migrer de l’informel vers le secteur structuré, les entrepreneurs décidés à aller à la conquête des marchés extérieurs.
« La Maison de l’entreprise du Congo (MEC) vise des objectifs bien précis. Il s’agit entre autres, d’œuvrer à la facilitation, la simplification, l’accompagnement ainsi que l’appui aux entreprises qui veulent s’installer au Congo.
Le chômage au Congo inquiète le chef de l’Etat. Par quelles stratégies comptez-
Business Management 67 Juillet 2016 AFRICA
Destination Business Pourquoi les PME ont autant de mal à trouver des financements au Congo ? Dans notre pays, ce n’est pas l’argent qui manque mais plutôt de bons projets bancables. La surliquidité des banques est de notoriété publique. Il est établi que la presque totalité de nos TPE/ PME ne remplissent pas encore les critères- ne futce qu’au minimum- de la symétrie financière sur lesquels repose la décision de financement de la part des établissements bancaires et des investisseurs. C’est pourquoi, au ministère, notre priorité est d’aider à former des entrepreneurs capables de concevoir et présenter ces projets. Il s’agit de leur propre formation aux compétences managériales, en même temps que du renforcement des capacités pour l’élaboration des documents, leur exposition et leur défense devant les banquiers ou autres types d’investisseurs.
». Ainsi, au premier niveau, il y a le portage par l’Etat des « moteurs » d’allumage que sont les pépinières, incubateurs, bourse de sous-traitance et centres agréés adossés à des ressources de subvention. Ici, les entreprises sont aidées à la naissance. On les accompagne dans leur volonté à gagner en expérience. A l’étage suivant, nous pouvons financer le capital ou le quasi-capital dans une synergie de partenariat public-privé avec les établissements bancaires et de crédit. Enfin, à l’étage supérieur, l’exclusivité d’intervention revient au secteur bancaire privé, et/ou en cas de nécessité, à une banque étatique travaillant sur les mêmes paradigmes que le privé. Alors, sans conteste, la banque spécialisée des PME serait opportune et vraiment efficace. Ce schéma, comme d’autres propositions similaires, reste en étude. Nous sommes ouverts à la discussion.
Au ministère, nous envisageons donc une « fusée » à trois étages pour essayer de résoudre ce qui peut paraître comme la « quadrature du cercle
Dans les villes de Pointe Noire et de Brazzaville, l’informel semble prendre le dessus. Comment comptez-vous ramener toutes ces activités dans un registre formel ? Nous ne distribuons que des matériels neufs. Lorsque vous Dans notre pays, ce n’est pas l’argent qui manenNous allons nous appuyer sur que, mais plutôt de bons projets bancables. La l’information et la formation. surliquidité des banques est de notoriété publiNous voulons négocier avec les que. Il est établi que la presque totalité de nos tenants de ces actions informelles une fiscalité adaptée. Nous allons TPE/PME ne remplissent pas encore les critères également rendre disponibles sur lesquels repose la décision de financement certaines infrastructures. de la part des établissements bancaires et des
investisseurs. C’est pourquoi, au ministère, notre priorité est d’aider à former des entrepreneurs capables de concevoir et présenter ces projets.
Management 68 Business Juillet 2016
AFRICA
Quel est l’impact de la chute du prix du pétrole sur le programme de votre département ministériel ? Notre département a bénéficié, dans le cadre des arbitrages budgétaires de l’exercice 2016, d’une hausse substantielle de ses allocations en raison des missions accrues devant être exécutées par l’entreprise et l’artisanat. Il y a une nécessité pour le ministère que je dirige de poser les bases de la de l’économie nationale dans le but de la rendre moins dépendante du pétrole. Nous devons la rendre de plus en plus résiliente aux chocs extérieurs.
Suivez leurs pas, Ils ont fait
confiance au au
Congo D’importants groupes des médias, de la technologie ou de l’agro-industrie ont pris leurs quartiers en terre congolaise, parfois au moment où on les attendait le moins. Comme pour dire, que le pays est fréquentable par les investisseurs.
Destination Business Africanews, à Pointe Noire contre tous les pronostics
Filiale d’Euronews, la chaine de télévision panafricaine produit ses programmes depuis la capitale économique congolaise, au moment où de l’extérieur, on décrie souvent la relative liberté de presse dans ce pays. Par LPN
Jour de lancement officiel d’Africanews en présence du président du directoire d’Africanews.
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0 avril 2016. 17 heures. Le président du directoire d’Euronews, Michael Peters, pousse le bouton symbolique qui lance les programmes de la filiale africaine, Africanews. Nous sommes à Pointe Noire, la capitale économique du Congo. Comme sa sœur ainée basée à Lyon, cette chaine de télévision a une charte éditoriale qui ne transige pas avec les balbutiements de la liberté de la presse : « la liberté d’expression et l’indépendance éditoriale ». C’est la toute première chaine d’information en continu qui soit multilingue et qui ait une vocation panafricaine. Son siège définitif sera érigé à Brazzaville. Elle démarre avec une équipe de 50 professionnels de télévision à Pointe Noire et 45 correspondants disséminés sur le continent africain. Elle émet pour l’instant en Français et en Anglais.
Management 70 Business Juillet 2016
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Alors que les classements mondiaux tendent à faire du Congo un espace de matraquage de la liberté de la presse, Euronews décide d’y installer sa voix africaine. Sur les raisons de ce choix, le président du directoire indique que plusieurs critères ont présidé à cette option. « Le premier d’entre eux étant l’indépendance éditoriale et le fait de nous laisser travailler librement, le deuxième étant la position géographique (centrale) du pays, le troisième (...) d’être à côté de la fibre (optique), et le quatrième, la possibilité du pays de nous accueillir », affirme-t-il. Télé Congo, la chaine publique congolaise, est chargée d’accompagner cette mise en place. L’Etat congolais s’est engagé à construire les locaux définitifs de la chaine dans la capitale politique. « Notre projet stratégique est ambitieux. Ce n’est pas simplement une simple fenêtre africaine, produite
par Euronews, mais plutôt un réseau panafricain à part entière, avec des choix éditoriaux faits en Afrique par les Africains pour un public africain », précise Michael Peters. Filiale à 100 % d’Euronews, Africanews est financée par la publicité et la distribution. Elle mise sur les partenariats de coproduction et de développement des bureaux régionaux pour grandir à grande vitesse. Les ressources humaines viennent d’une quinzaine de nationalités africaines. La Camerounaise Nathalie Wakam et la Ghanéenne Veronica Kwabla chapotent la rédaction. Elles travaillent sous la supervision de François Chignac, lequel assume les fonctions de directeur du développement éditorial. Rappelons que le milliardaire égyptien Naguib Sawiris détient la majorité du capital d’Euronews depuis 2015.
Destination Business VMK, l’art de faire confiance à son propre pays
Verone Mankou, congolais devant Dieu et les Hommes, a décidé qu’on parlera de son pays sur le plan technologique. Grâce à ses multiples inventions, c’est le cas.
Somdiaa,
une confiance au Congo qui dure depuis 25 ans
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Verone Mankou, fondateur de VMK, promeut les tablettes Elikia.
a dernière sortie de l’entreprise VMK, c’est la tablette Elikia HD. Son inventeur, Verone Mankou, a procédé à son lancement officiel le 23 mai 2016. Ce terminal mobile coûte 99 900 F CFA. Les étudiants congolais peuvent se le procurer en payant tous les jours la somme de 500 F CFA. Avec cette nouvelle invention, VMK continue d’écrire son histoire. Elle voit le jour en 2009 sous le statut d’établissement. Son nom tire son origine de « Vumbuka », un mot qui signifie « Réveillez-vous ! » en kikongo, une langue parlée majoritairement au sud-ouest du Congo, principalement dans la ville de Pointe Noire. Deux ans plus tard, elle mute en société anonyme au capital de 250 millions F CFA. La même année, la startup portée par Mankou lance Way-C, la première tablette tactile conçue en Afrique. Les congolais ont positivement répondu à l’offre de VMK. Par exemple, Elikia Mokè, lancé le 30 août 2013, devient peu de temps après le téléphone le plus acheté au Congo. En 2015, VMK, qui met un nouveau produit sur le marché chaque année ou presque, ouvre une usine de montage à Brazzaville. Quant au PDG, Verone Mankou, il fait désormais le tour du monde et collectionne les trophées. Son plus grand mérite est d’avoir cru en la possibilité de prospérer et d’acquérir une notoriété mondiale à partir du Congo. Donc, c’est possible.
La multinationale française de l’agroalimentaire est présente au Congo depuis 1991 à travers la Société Agricole de Raffinage industriel du Sucre (SARIS).
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’année 1991 marque l’arrivée du groupe Somdiaa en terre congolaise. Elle rachète la Société Industrielle et Agricole du Niari (SIAN), elle-même créée en 1966. Ainsi naît la Société Agricole de Raffinage industriel du Sucre (SARIS). Société anonyme au capital de 15,2 milliards F CFA (223,2 millions d’euros), elle produit du sucre qu’elle commercialise depuis 2010 sous la marque « Princesse Tatie ». Propriétaire d’une concession de 19 794 hectares sur laquelle sont plantées 12 000 hectares de cannes à sucre, Saris Congo a son quartier général dans le département de la Bouenza, à mi-chemin entre Pointe Noire et Brazzaville. Son usine de Moutéla produit 70 000 tonnes de sucre par an. En 2007, l’entreprise acquiert une usine de broyage à Madingou, à une trentaine de kilomètres de N’Kayi. Celle-ci produit du calcaire que la société utilise dans les champs de canne à sucre et pour les travaux de génie civil. Saris est confortablement assise au Congo.
L’usine de Saris Congo à Mouléka.
Business Management 71 Juillet 2016 AFRICA
Focus auto Cette page vous est offerte par Renault
Vos voyants, sachez les interpréter quand ils s’allument
Les constructeurs automobiles, dans le souci de rendre plus ergonomiques leurs produits, ont mis en place un système de tableau de bord intelligent dont le langage est parfois un grand mystère pour les utilisateurs.
Un visuel du tableau de bord.
C
réé Les témoins de tableau de bord ou voyant sont des signaux qui permettent aux conducteurs de comprendre les disfonctionnements de leurs véhicules. Ces voyants exigent, selon la couleur qu’ils présentent, un comportement bien précis. C’est avec Richard Sibe, patron de Germansi Auto, une entreprise basée à Douala (Cameroun) et spécialisée dans la maintenance des voitures allemandes, que nous tentons de décoder le message que vous transmettent voyants.
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Les voyants de couleur rouge (encore appelés témoins d’alarme) sont les signaux d’un dysfonctionnement important qui exige un arrêt immédiat du véhicule. Vous devez alors faire appel à une unité de dépannage pour diagnostic.
Management 72 Business Juillet 2016
AFRICA
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Les voyants de couleur orange ou témoins d’alerte annoncent une prise en charge. Elle n’est certes pas urgente, mais elle semble très importante. Il est conseillé de s’arrêter dès que possible chez son garagiste.
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Les voyants de couleur verte (des témoins de signalisation) indiquent juste la mise en fonction ou non d’un dispositif nécessaire au bon fonctionnement du véhicule.
Focus auto Le voyant indiquant le dysfonctionnement de la batterie
Cette image, vous la verrez toujours s’allumer à chaque mise en contact et s’éteindre dès le démarrage du moteur. Il n’est pas normal qu’elle s’allume en
cours de route. Si tel est le cas, alors vous êtes face à une situation de surcharge, ou encore, votre batterie aurait tout simplement arrêté de charger. En effet, par le biais de l’alternateur, le moteur assure la charge de la batterie. Le processus est simple. Lorsque le moteur est à plein régime, il impulse le mouvement de l’alternateur grâce à une courroie de transmission.
Si celle-ci n’est pas suffisamment tendue ou si elle se casse, l’alternateur ne remplit plus sa fonction et la batterie se décharge progressivement. Partant du fait que la batterie ne se décharge pas instantanément, il vous est possible de continuer à rouler, à condition que vous diminuiez la consommation électrique à bord (éclairage extérieur, autoradio, ventilation…..
etc.). Mais cette situation peut entrainer une surchauffe du moteur. Vous devez savoir que la courroie qui entraîne l’alternateur sert parfois aussi à la pompe à eau qui permet le refroidissement du moteur. Si elle ne tourne plus, le moteur risque de subir de graves problèmes mécaniques (rupture du joint de culasse etc.).
Le voyant indiquant la faible pression de l’huile Ce signal est le plus dangereux que vous pouvez avoir pendant que vous conduisez. Il vous met en garde contre un manque suffisant de pression d’huile dans le moteur. Une lubrification partielle des organes mobiles du moteur ne peut permettre un fonctionnement total de ces éléments qui ont une très grande vitesse de rotation (les moteurs à essence modernes sont
capables de tourner à 6000 tours par minute, et certains modèles japonais montent même jusqu’à 8000 tours minute). Au démarrage, il est normal que ce voyant s’allume car la pression d’huile n’est pas encore complète dans le moteur. Elle devrait alors s’éteindre lorsque la pompe à huile - appelée aussi pompe à engrenages - amène l’huile partout et fait monter en pression.
La lubrification est donc une fonction essentielle du bon fonctionnement du moteur. Elle ne doit pas chuter pendant que le système est en marche. Si tel est le cas, alors ce voyant va s’allumer. Arrêtez vous immédiatement, faite l’appoint et redémarrez le moteur. Puis, observez ce qui se passe. Si le voyant reste toujours allumé, alors il y’a forcement une fuite
d’huile (trou dans le carter, par exemple). Nous vous conseillons de vous faire remorquer en direction d’un garage, car le véhicule n’est pas en état de rouler.
Le voyant indiquant une température élevée du moteur
Ce témoin signale toute surchauffe du moteur. Vous devez adapter votre vitesse, pour éviter la destruction de certaines parties de ce composant essentiel de votre voiture. Tout part du fait que, le bloc moteur qui
contient les parties en mouvement, doit être refroidi par eau grâce au réseau de canalisations ou circuit de refroidissement. Ce dispositif achemine l’eau du radiateur vers le moteur, lequel produit de l’énergie en faisant exploser un mélange air-essence. Si ce voyant s’allume, il est donc probable que les tuyaux de liaison ont des fuites. Ce d’autant plus que l’eau de refroidissement est sous pression (si ce n’était pas le cas, elle s’évaporerait).
Lorsque vous ralentissez à la suite de l’allumage du voyant indiquant que le moteur a une température élevée, nous vous proposons d’augmenter le chauffage à fond. Il s’agit de voir si la température du moteur redescend. Si cela ne fonctionne ne pas, arrêtez-vous complètement et laissez tourner le moteur au ralenti, avec toujours, un chauffage à fond. Ensuite, vérifier procédez à la vérification du niveau d’eau de refroidissement.
S’il est trop faible, coupez le moteur, attendez une dizaine de minutes (le temps de laisser la température et la pression du circuit chuter), puis ouvrez le vase d’expansion prudemment. Faites l’appoint, redémarrez le moteur et regardez si la température baisse. Si c’est le cas, repartez en roulant doucement et en surveillant ladite température. Si elle remonte, il y a peut-être une fuite.
Business Management 73 Juillet 2016 AFRICA
Tendances Bien-être, de beaux cheveux malgré le froid Certaines femmes ont de la peine à entretenir leurs belles chevelures pendant la saison pluvieuse. D’autres se découragent et les laissent exposés aux intempéries. Ce qui entraine les chutes de cheveux, les cheveux qui se cassent. Nous vous présentons quelques astuces qui nous permettront de bien entretenir votre cuir chevelu pendant cette saison des pluies. Par Marie Thérèse BITIND
L
a saison pluvieuse, le froid : ce n’est pas la meilleure saison pour les cheveux. Lorsque le thermomètre chute, nos cheveux en profitent pour n’en faire qu’à leur tête. Ils sont secs, pénibles à coiffer, et surtout, les brushings ne tiennent pas en raison de l’humidité. En saison pluvieuse, notre fibre capillaire se fragilise, le cuir chevelu tend à se dessécher, favorisant l’apparition de pellicules, sans parler des cheveux secs et cassants. Le froid représente, au même titre que le vent, le soleil ou la pollution, une source potentielle d’agression externe du cheveu. Contrariant, ces phénomènes peuvent heureusement être atténués avec des astuces. Les soins des cheveux commencent toujours par un bon shampooing. Cette première étape permet d’éliminer toute salissure dispersée dans toute la chevelure, tout en stimulant la microcirculation au niveau du cuir chevelu. Même si la température nous refroidit, il n’y a pas de raison de se laver les cheveux moins souvent en saison des pluies. Au contraire, le froid peut
rendre la fibre capillaire plus fragile, plus sèche et cassante. Laver ses cheveux va les débarrasser des résidus de produits coiffants, des poussières ou excès de sueur ou de sébum qui ternissent la fibre capillaire. A l’inverse, se laver trop souvent les cheveux, c’est risquer de les agresser encore plus. Ainsi, si la nature de votre cheveu vous le permet, contentez-vous d’un seul shampooing par semaine. En se graissant naturellement, ils seront plus faciles à coiffer et naturellement mieux protégés.
Pendant la saison pluvieuse, choisir des soins adaptés à la nature des cheveux reste la première condition pour avoir de bons résultats. Il est recommandé d’opter pour un shampooing très doux afin d’éviter d’agresser encore plus les cheveux. Cheveux gras, secs ou normaux, le shampooing choisi devra correspondre aux caractéristiques de la chevelure à soigner. Passer cette saison sans se prendre la tête commence par traiter les problèmes à la racine. Pour trouver le soin idéal pour nos che-
veux, il faut déterminer l’état de son cuir chevelu. Le cuir chevelu est la continuité de la peau du visage. Par exemple, si on a une peau du visage sèche, c’est qu’on a le cuir chevelu sec, on choisira donc un soin adapté pour cheveux secs. Ainsi, il faut privilégier les soins qui nourrissent, hydratent le cheveu sans l’alourdir, pour mieux lutter contre les conséquences du froid.
Business Management 75 Juillet 2016 AFRICA
Tendances Choisir le bon shampoing Tout d’abord, préférez un shampoing à l’eau tiède car l’eau trop chaude agresse le cuir chevelu. Lors du nettoyage, commencez par appliquer le produit sur les cheveux, accompagné de légers massages au niveau du cuir chevelu. Massez le cuir chevelu au moment du shampooing aide le tonifier et à stimuler la circulation sanguine. Frottez tout en douceur et rincez à l’eau tiède. Après le shampoing, utilisez une serviette chaude qui va faciliter la pénétration des actifs du soin. Utilisez ensuite un soin pour faciliter le démêlage et gainez la fibre. Si vous avez les cheveux normaux ou gras, faites un « après-shampooing » après « chaque shampooing » pour apporter la juste
dose de soin sans alourdir. Si vous avez les cheveux colorés, secs ou abîmés, suivez le rituel « shampooing, après-shampooing et masque ». Le masque est un concentré d’agents conditionneurs qui va nourrir le cheveu de façon plus importante que l’après-shampooing. A savoir que les baumes et après-shampooings dont le temps de pose n’excède pas 5 minutes seront mieux adaptés aux cheveux normaux, tandis que les masques (25 minutes de pose en moyenne) conviennent mieux aux cheveux secs et dévitalisés. Une fois vos racines et pointes débarrassées de leurs impuretés, il reste à leur concocter un bou-
clier anti froid, capable de renforcer leurs défenses naturelles et de les protéger des agresseurs extérieurs. Le sébum recouvrant la tige pilaire étant le premier à pâtir des diktats de la saison, vous devez faire appel à des soins nourrissants, destinés à entourer le cheveu. Du côté des actifs, c’est sur des ingrédients naturels comme l’huile d’amande douce, le beurre de karité… qu’il faudra miser pour nourrir et gorger d’eau le cheveu sans le graisser. En hydratant la tige pilaire, ces textures revitalisantes lissent les écailles et permettent aux longueurs de retrouver leur brillance sans les alourdir.
A propos des brushings Même si l’humidité casse les brushings, vous pouvez sans problème continuer à en faire en saison pluvieuse. L’important est de bien protéger ses cheveux avec des soins adaptés pour les nourrir, les entourer et ainsi les protéger de la chaleur du brushing tout en évitant les phénomènes d’électricité constante. Le choix des accessoires pour la tenue du brushing est aussi important. À condition de le manier avec précaution. En utilisant une ventilation à froid, optez pour un séchoir professionnel avec plusieurs vitesses de températures. Laissez une bonne distance entre les cheveux et l’appareil permet de ne pas les casser. Il faut, par ailleurs, éviter une utilisation abusive du sèche-cheveux. Pour les longues chevelures, il faut les sécher la tête en bas. Cela va les ventiler. Et pour celles ou même ceux qui sont partisans des lissages, il est recommandé d’utiliser un «préparateur» à base d’huiles essentielles
Management 76 Business Juillet 2016
AFRICA
qui va protéger le cuir chevelu. Tout comme le sèche-cheveux, la brosse peut aussi agresser la fibre très fine. C’est la raison pour laquelle, il vaut mieux opter pour des peignes à dents larges qui accrochent moins les cheveux. Après le shampooing donc, avec
votre soin démêlant (après-shampooing ou masque), utilisez un peigne pour éviter les nœuds et lissez les écailles. Le peigne réduira également le phénomène d’électricité statique pour un meilleur brossage.
Tendances Massages
Démêlez vos cheveux avec des huiles sèches. Puis, massez votre cuir chevelu du bout des doigts, en effectuant des délicats mouvements circulaires le matin pendant 5 minutes. Ces massages vont détendre le cuir chevelu, booster la circulation du sang et réactiver la membrane (gaine extérieure du cheveu), pour une meilleure croissance du cheveu. Complétez par un brossage à l’aide d’une brosse en fibres naturelles. Le coiffage se fait partant de la racine (sans toucher au cuir chevelu) jusqu’aux pointes. Par ailleurs, en sai-
son des pluies, il n’est pas question (pour les femmes surtout) de sortir le matin avec des cheveux humides car en cette saison, ils vont mettre plus de 2 heures à sécher. Résultat, la chevelure est affaiblie et subit les attaques extérieures. Cela peut provoquer une chute des cheveux, des pellicules et une perte d’éclat. L’idéal est de se sécher les cheveux le plus naturellement possible sans brushing. Pour obtenir un beau volume, vous pouvez toujours mettre des rouleaux pendant une quinzaine de minutes.
L’alimentation En saison pluvieuse, puisque le sébum au niveau du cuir chevelu est pratiquement inexistant, l’hydratation ne se fait pas aussi bien que durant la saison sèche. C’est pourquoi, l’alimentation joue un grand rôle pour la santé de nos cheveux. La fibre capillaire se nourrissant de fer, de vitamine B, de souffre et de protéines, il faut consommer le plus possible d’aliments qui se composent de ces ingrédients. Privilégiez les œufs ainsi que les lentilles. De même, fortifiez vos cheveux en ayant recours à une cure de compléments alimentaires qui leur apportera les vitamines dont ils manquent. Et quand vous aurez fait tout cela, vos cheveux passeront une agréable saison des pluies.
Business Management 77 Juillet 2016 AFRICA