Culture w Societe w Environnement w Opinion w Quoi faire No 79 décembre 2015
KRTB
www.rumeurduloup.com
ISSN 1920-4183
GRATUIT
illustration par Émilie Bédard, 23 ans
R E I S DOS
CE QUE
JEUNESSE VEUT...
illustration par Karianne Bastille, 23 ans
Sommaire
Dossiers 5
Le maux du rédacteur
16 Critique de Moby Dick
6
Les jeunes sous le projecteur
18 Tiendra-t-il ses promesses?
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Un spectacle final
19
La jeunesse contre le mépris, la jeunesse contre la folie
14
Un salon de tatouage qui laisse sa marque!
ÉQUIPE DE RÉDACTION Rédacteur en chef
Busque
Graphiste
Busque
Collaborateurs-Graphistes
et photo
Nicolas Gagnon Camille Morin Alice-Anne Simard Maxime Desbiens
Le reste
Correctrice
Maude Gamache-Bastille Le bruit des plumes
Manue Moffet
Illustrateurs Marilie Bilodeau, Busque
Quoi-faire ?!@#$%
Collaborateurs
Marie-Amélie Dubé Alex Ann Villeneuve Simard Fabien Nadeau Ève Simard Michel Lagacé Sylvie Michaud Léo Moffet Manue Moffet Christian Tremblay Lydia Barnabé-Roy Fred Dubé Élisabeth Boucher Karine Raymond Karine Lévesque Améli Beaulieu Carole Desjardins
24 Travaille, consomme, crève!
38 Architecture et territoire 2/3
26 Madame B: Génération Branchées
40 Les soldates de la paix
27 Doula
41 J’ai le droit, mais pas toi!
28 Un petit grand monde!
42 Paris respire-t-elle encore?
LA RUMEUR DU LOUP C’EST...
30 Le Lloup de Cambronne prend son
43 À spin
48 PAGES dynamiques 2200 EXEMPLAIRES mensuellement 450 salles d’attente 50 points de distribution La meilleure VISIBILITÉ du KRTB
envol
32 L’Ultimate Frisbee: un sport à essayer!
Marie-Amélie Dubé
Vente Busque Marie-Amélie Dubé Victoria Truchi
Couverture Karianne Bastille Émilie Bouchard Busque
33
La parité au sein du gouvernement fédéral
34 Chroniques de ceux qui restent 36 Patente-moi un loup
Quoi faire KSection amouraska 44 Agenda Culturel 45 Quoi Faire?!@#$% La couverture est un travail de Karianne Bastille, 22 ans (le garçon et le montage), d’Émilie Bédard, 22 ans (l’oiseau sans ailes) et de Busque (le montage). Où s’en va la jeunesse ? Elle tend à vouloir plus de liberté : liberté d’expression, liberté de choix, liberté d’être. Le futur, lui, semble de plus en plus incertain. Avec plus de pressions économiques, environnementales et sociales. Avec plus de lois, de sécurité, de poids, on est en train de couper les ailes de ceux qui devront faire des choix déchirants dans les prochaines années.
Encouragez la propagation de la culture et faites monter vos publicités par une équipe de jeunes professionnels.
CONTACTEZ LOUIS-PHILIPPE GÉLINEAU-BUSQUE au 418 894-4625 journal@rumeurduloup.com
LA RUMEUR DU LOUP, C'EST COLLECTIF ! Le journal vous invite à écrire des textes informatifs, des histoires surprenantes, un poème hypoallergénique ou autres, car après tout, c’est votre journal ! Envoyez vos écrits à : journal@rumeurduloup.com. L’ÉDITEUR LAISSE AUX AUTEURS L’ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DE LEURS TEXTES. La reproduction des textes publiés dans ce journal est fortement encouragée sous condition d'avoir la permission du journal La Rumeur du Loup. PRENDRE NOTE QUE LA DATE DE TOMBÉE DES ARTICLES EST LE 25 DE CHAQUE MOIS. Faites parvenir vos documents à journal@rumeurduloup.com
Les MAUX du rédacteur
Monsieur Loyal s’exclame : « que le spectacle commence ! » par Busque
L’année se termine et, pour finir en beauté, j’ai décidé de mettre la «jeunesse» en évidence. La jeunesse doit s’exprimer sur le monde qu’elle veut voir émerger. Pour mon Maux du rédacteur, voici la lettre que j’écrisaujourd’hui pour ma fille de 15 que j’aurai peut-être un jour. Jeune enfant, Quand tu liras ceci, surement que tout ira encore plus vite. Surement que je devrais en premier lieu te dire que je t’aime. Il manque nécessairement d’amour avec ces nouvelles technologies. Surement que ton nom est court, pour ne pas faire l’erreur de mes parents de me donner 4 noms (Louis-Philippe Gélineau Busque). Un petit nom comme Léa est magnifique. Parlant d’erreur, voici des conseils surement utiles pour t’aider au travers de ton existence.
LES SENS Voici de nouveaux logos qui permettront aux lecteurs de retrouver d’instinct leurs articles favoris sur notre nouveau site Web. Quel sens cet article affectera-t-il ?
1) Fais des listes pour mieux organiser tes idées. 2) La vie n’est pas facile. Tu devras constamment te dépasser pour vivre de bonheur. 3) Aime-toi, accepte-toi, tu n’es pas parfaite. En fait, tu es parfaite de ne pas être parfaite. 4) Les erreurs n’en sont réellement que si tu n’apprends rien de celles-ci. 5) Ne tolère pas les injustices et combats-les. 6) Vis ta vie comme tu veux, en respectant les autres. 7) Aide les autres avec amour. 8) Passe du temps avec toi-même, sans stimulant extérieur. 9) Les vieux n’ont pas toujours raison. 10) Apprends à ressentir ce qui est bon pour toi. 11) Ne fume pas la cigarette. 12) Remet constamment le « système » en question.
Le gout Articles traitant de l’art culinaire,
des recettes et de l’alimentation.
L’ouïe Articles contenant des critiques musicales, etc.
La vue Articles mettant de l’avant les arts visuels, l’esthétique, etc.
L’émotion Articles qui font vibrer différents
Je t’aime Ton vieux-jeune père.
sentiments en vous.
L’ignoble Bubusque, 31 ans
La réflexion Articles traitant de problématiques
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ou d’informations rationnelles.
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Et, surtout, continuer de nous lire et de nous écouter, parce que La Rumeur du Loup, c’est avant tout des gens comme vous et moi qui s’expriment. « Ce que nous ne pouvons pas exprimer gouverne notre vie. »
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les arts, j’aime beaucoup le théâtre et les arts visuels. Ça va être aux alentours de ça: créer.
Les jeunes sous le projecteur par Marie-Amélie Dubé et Busque
Nous sommes allés à la rencontre de la jeunesse dans trois établissements scolaires : l’École internationale Saint-François-Xavier, le Collège Notre-Dame de Rivière-du-Loup et le Cégep de Rivière-du-Loup. Nous avons posé les mêmes onze questions à chacun des jeunes que nous avons rencontrés.
Quel métier veux-tu faire plus tard ? Pourquoi ? Alex Ann, 25 ans Alex-Antoine, 17 ans Amy, 5e année, 10 ans Amy-Rose, 11 ans Andréanne, 14 ans Sara-Ève, 16 ans Catherine, 17 ans Claudie, 15 ans Étienne, 14 ans Isaac, 12 ans James, 18 ans Mathias, 17 ans Raphaël, 11 ans
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Claudie, 15 ans : Assistante vétérinaire ou vétérinaire parce que j’adore travailler avec les animaux.
Alex Ann, 25 ans : L’amitié, c’est partager des choses avec des gens. C’est être généreux, c’est les aimer. Il y a toutes sortes de formes d’amitié. On peut avoir des amis avec qui on travaille. L’amitié, c’est apprécier les gens qui nous entourent aussi.
Étienne, 14 ans : Plus tard, ça se concentrerait peutêtre plus vers l’architecture et le design d’intérieur. Toutes les histoires d’édifices et de maison, ça m’a toujours intéressé.
Alex-Antoine, 17 ans : Un groupe d’amis qui ne font pas de chichi, qui s’entraident.
Isaac, 12 ans : Joueur de hockey professionnel.
Amy, 10 ans : C’est un lien très fort qui unit deux personnes. L’amitié, c’est qu’on peut se confier à quelqu’un.
James, 18 ans : Présentement, je suis en loisir, mais l’année prochaine, je vais aller en travail social. Alors, je dirais travailleur social. Je ne sais pas si ça risque de changer ou pas. J’aime bien écouter le monde, je me sens capable de leur donner des moyens pour les aider et je ne suis pas quelqu’un qui va se mettre à pleurer avec la personne qui me raconte ses problèmes.
pop Vox
Alex-Antoine, 17 ans : Professeur d’éducation physique, parce que j’aime bien bouger et j’aime voir les jeunes bouger. Amy, 10 ans : J’aurais aimé être vétérinaire, mais l’euthanasie, ce n’est pas pour moi. Amy-Rose, 11 ans : Être enseignante en 2e année parce que j’aime apprendre de nouvelles choses et apprendre aux autres. En 2e année parce que j’ai beaucoup aimé ma professeure en 2e année. Andréanne, 14 ans : C’est sûr que j’aimerais être dans la médecine, mais je ne sais pas encore
exactement. J’ai toujours aimé rendre service et aider les autres. Il y a des gens de ma famille qui travaillent dans ce domaine et ça m’intéresse.
Qu’est-ce que l’amitié pour toi ?
Mathias, 17 ans : J’aimerais être enseignant en langue seconde, je ne sais pas encore si ce serait en français ou en anglais. J’ai toujours eu une fascination pour les langues, les cultures différentes. De pouvoir enseigner soit la mienne ou une qui est proche à des gens qui ne sont pas nécessairement habitués à ça, je trouve ça intéressant. Raphaël, 11 ans : J’aimerais être joueur de soccer, c’est une de mes passions, j’aime vraiment ça. Après l’école, j’aime jouer au soccer, je suis des cours. Mais ce n’est pas sûr, sinon j’aimerais aussi être un designer pour les maisons. J’aime que ce soit beau.
Amy-Rose, 11 ans : On peut se confier aux gens qu’on aime beaucoup et on peut jouer avec eux.
Raphaël, 11 ans
Andréanne, 14 ans
Andréanne, 14 ans : L’amitié, c’est des personnes avec qui on peut s’amuser et à qui on peut toujours faire confiance. Quand on est avec eux, on passe de bons moments. Sara-Ève, 16 ans : L’amitié, pour moi, c’est comme sa deuxième famille, c’est des gens avec qui on va se sentir bien, quasiment comme avec la famille. Si la famille n’est pas disponible, on va pouvoir aller les voir pour savoir si ça va mal ou non.
Amy-Rose. 11 ans
Claudie, 15 ans : Être toujours avec les personnes qu’on aime le plus. L’amitié, c’est qu’on se tient plus avec les personnes qu’on aime et qui nous supportent. L’amour, c’est plus une personne avec qui on serait capable de passer le reste de sa vie avec parce qu’on l’aime vraiment et la personne nous comprend. Étienne, 14 ans : Il y a les amis et les vrais amis. La vraie amitié, c’est quand vraiment deux personnes Sara-Ève, 16 ans
Sara-Ève, 16 ans : J’aimerais être prof de français langue seconde quelque part en Angleterre ou en Irlande parce que j’aimerais ça faire comprendre et enseigner aux jeunes dans le monde que c’est possible d’apprendre un autre langage. J’aime parler aux gens et j’aime apprendre aux gens comment ça fonctionne une langue. Je suis fascinée par les langues aussi. Catherine, 17 ans : Ce n’est pas encore vraiment fixé, parce que je me dis que de me mettre un objectif, ça va plus me barrer et me mettre des bâtons dans les roues. Je sais que ça va être dans
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qui s’aiment, pas pour l’amour, mais parce qu’ils sont la personne qu’ils sont et ils s’entraident et ils sont toujours là pour l’autre. Alex-Ann, 25 ans
Isaac, 12 ans : L’amitié, c’est d’avoir un lien avec une personne qui n’est pas nécessairement dans sa famille et on va pouvoir toujours compter sur elle et faire plein de trucs, comme jouer. James, 18 ans : On peut avoir de la confiance envers d’autres personnes et si on a des problèmes on peut aller leur en parler et ce n’est pas le monde qui va nous juger. Ils vont plus être là pour nous écouter.
Étienne, 14 ans
Amy, 10 ans
Mathias : L’amitié, c’est complexe. Je dirais que ça varie d’une personne à l’autre. Je dirais que l’amitié, c’est de la protection entre des gens qui ont des passions, des valeurs ou des gouts communs.
Raphaël, 11 ans : C’est bien d’avoir de bons amis pour quand on est triste ou quand on a fait quelque chose de bien. C’est le fun, ça peut aider à se réconcilier des fois ou bien on peut leur apprendre de bonnes nouvelles.
Alex Ann, 25 ans : L’amour, c’est plus complexe. Il y a quelque chose de magique qui se passe à l’intérieur. Il y a un côté charnel aussi à l’amour. C’est aussi de l’amitié. Il y a quelque chose de magique qui, je pense, ne s’explique pas. Alex-Antoine, 17 ans : C’est une personne qui aime l’autre personne. Elles restent toujours ensemble et vont se respecter et tout se dire. Isaac, 10 ans Amy, 10 ans : C’est deux personnes qui s’aiment, soit la famille ou les amis. Andréanne, 14 ans : L’amour, c’est plus que l’amitié. C’est avec une personne avec qui on est prêt à faire plein de choses, comme habiter, et souvent ça finit en mariage.
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Claudie, 15 ans : L’amour, c’est plus une personne avec qui on serait capable de passer le reste de sa vie parce qu’on l’aime vraiment et la personne nous comprend. Étienne, 14 ans : L’amour, c’est une coche au-dessus de l’amitié. C’est deux personnes qui s’apprécient et, pour se le montrer, ils se donnent de l’affection physique et mentale aussi.
« J’aimerais changer plusieurs choses comme changer la guerre en paix. »
Qu’est-ce que l’amour pour toi ?
Mathias, 17 ans
Catherine, 17 ans : Pour moi, l’amour, ce n’est pas nécessairement dans une relation amoureuse. C’est deux personnes ou plusieurs personnes qui ont des attraits communs et qui sont capables de vivre ensemble correctement, qui ont du fun juste d’être ensemble, qui sont bien.
Sara-Ève, 16 ans : L’amour, c’est comme un sentiment de famille, mais encore plus intense. C’est là qu’on a besoin d’avoir de l’affection et qu’on va être bien avec la personne.
- Amy, 10 ans
Isaac, 12 ans : L’amour, vu qu’à notre âge on n’a pas vraiment de blonde, moi ça serait plus comme la famille.
James, 18 ans : Un peu dans le même genre que l’amitié, mais plus intime. Plus proche avec la personne. C’est vraiment un plus grand sentiment entre deux personnes. Mathias, 17 ans : L’amour, je dirais que ça revient au même que l’amitié, la protection entre deux personnes, mais plus fort. C’est encore une personne qui a un caractère défini avec une autre personne qui a un autre caractère défini qui sont attirées d’une manière ou d’une autre par le physique, les gouts ou l’admiration. C’est ça ! L’amour, c’est rechercher quelque chose qu’on n’a pas dans quelqu’un d’autre. Raphaël, 11 ans : Il peut y avoir l’amour avec ses amis, on les aime, ou bien avec ses parents, ses frères ou ses sœurs.
Amy, 10 ans : Le Mexique, parce que c’est un beau pays et il fait chaud. Parce que là-bas, les gens sont gentils et accueillant.
Raphaël, 11 ans : Il y aurait Paris, la France, j’aimerais beaucoup aller là-bas. Sinon, dans un pays chaud, Cuba, la Floride, l’Italie, l’Espagne.
Amy-Rose, 11 ans : À New York parce que je suis en train de lire un livre sur New York et ç’a l’air vraiment le fun. C’est Juliette à New York.
Quel est ton plus grand rêve ? Pourquoi ?
Sara-Ève, 16 ans : L’Irlande ou l’Angleterre. J’ai toujours été fascinée par la culture de l’Angleterre et l’Irlande, c’est parce que j’aime le vert de l’Irlande. Je veux juste aller le voir avec les montagnes. Catherine, 17 ans : En Europe pour l’histoire. L’histoire de l’art et l’architecture, c’est quelque chose. Claudie, 15 ans : Dans les Caraïbes parce que j’ai toujours rêvé d’aller là. Je trouve que c’est vraiment un bel endroit, c’est vraiment beau.
Alex Ann, 25 ans : C’est un rêve qui se construit tous les jours et c’est d’être heureuse toute ma vie et de faire ce que je veux toute ma vie. C’est un travail de tous les jours. Alex-Antoine, 17 ans : De voyager partout dans le monde, d’aller un peu partout. Que le monde soit normal, pas en guerre, comme avec l’État islamique présentement.
« C’est ça ! L’amour, c’est rechercher quelque chose qu’on n’a pas dans quelqu’un d’autre. »
Étienne, 14 ans : Je partirais en Nouvelle-Zélande. C’est un beau pays. Il y a de belles villes. Isaac, 12 ans : Les îles Fidji, parce que c’est vraiment beau. Ça a l’air le fun de se baigner dans l’eau, les cabanes de luxe, ça a l’air cool ! James, 18 ans : Cet été, je m’en vais en France et ça m’intéresse beaucoup. Je trouve que, comme premier voyage, il n’y a pas la barrière de la langue, ça me permet de bien apprivoiser la place. Mathias, 17 ans : Je dirais la Suède. C’est un pays qui ressemble au nôtre, mais avec des variations et je trouve ça intéressant.
Catherine, 17 ans
Claudie, 15 ans
Amy, 10 ans : D’avoir une mini-ferme chez moi. J’ai déjà un chat.
- Mathias, 17 ans
Amy-Rose, 11 ans : De faire le tour du monde ! Je commencerais par les pays d’Asie parce que j’aime beaucoup les animaux et j’aimerais ça les voir. Andréanne, 14 ans : Mon plus grand rêve serait de visiter plein d’endroits où les gens ne vivent pas comme nous. La culture, savoir ce qui se passe partout.
Alex-Antoine. 17 ans
Sara-Ève, 16 ans : Mon plus grand rêve serait d’être heureuse et de réussir à faire ce que j’aime et d’avoir assez d’argent à la fin du mois. Juste être heureuse et vivre simplement, c’est ça que j’aimerais. C’est mon rêve. Catherine, 17 ans : Mon plus grand rêve, je pense que ça serait juste de vivre une vie accomplie, d’être contente de ce que j’ai fait, aucun regret.
James, 18 ans
Si tu pouvais partir en voyage demain, sans te soucier du budget, quelle serait ta destination ? Pourquoi ? Alex Ann, 25 ans : Demain ? Oh ! Maroc ! J’ai envie de marcher à Marrakech, c’est juste ça ! J’aime le son là-bas, ça grouille, les marchés, le gravier par terre. Alex-Antoine, 17 ans : Hawaii, pour les couchers de soleil. Il fait chaud là-bas et c’est pas mal beau.
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Étienne, 14 ans : Mon plus grand rêve, je dirais que c’est de faire le tour du monde. Oui, on étudie à l’école, on voit des cartes, on voit le planisphère, on voit des paysages, mais moi, j’aimerais voir de mes propres yeux, comprendre comment ça marche dans les autres mondes. Isaac, 12 ans : Ça serait mon métier, de jouer dans la ligue nationale, parce que j’aime vraiment jouer au hockey et c’est vraiment amusant. James, 18 ans : Ça peut paraitre fou, mais c’est de faire le tour des océans en voilier. Avoir des instruments de musique pour passer le temps sur un gros voilier. Mathias, 17 ans : J’adore écrire, j’adore jouer de la musique, alors quelque chose relié à ça, j’imagine. Pour faire une carrière avec mes textes et ma musique au Québec ou dans le monde, quelque chose qui va mettre les deux en lien. Raphaël, 11 ans : Mon plus grand rêve, ça serait d’aller voir la finale de la coupe du monde au soccer.
Si tu pouvais avoir un pouvoir magique quel serait ce pouvoir ? Alex Ann, 25 ans : Être comme Ma sorcière bienaimée et n’avoir qu’à bouger mon nez pour être partout sur la planète ! Alex-Antoine, 17 ans : Me téléporter et voyager dans le temps aussi. Juste aller à tous les endroits du monde, pouvoir voyager.
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Amy, 10 ans : Transformer les pensées négatives en pensées positives. Pour certaines personnes, c’est très difficile.
« La téléportation, je pense. Premièrement, je n’aurais pas à payer de cours de conduite. » - Claudie, 15 ans
Amy-Rose, 11 ans : De guérir les gens en claquant des doigts. Sara-Ève, 16 ans : Voler parce que j’aimerais faire le tour du monde. Catherine, 17 ans : Je pense que ce serait vraiment de mettre la paix dans le monde. Claudie, 15 ans : La téléportation, je pense. Premièrement, je n’aurais pas à payer de cours de conduite [rires] ! Ce serait aussi mieux pour la terre, parce que c’est vraiment polluant les voitures. Étienne, 14 ans : J’ai toujours rêvé de pouvoir remontrer dans le temps, mettre le temps sur pause.
James, 18 ans : J’aimerais ça voler parce que ça couterait moins cher en pétrole et je pourrais me rendre où je veux aussi [rires] ! Mathias, 17 ans : J’aimerais pouvoir me téléporter où je veux n’importe quand et n’importe comment. Ça faciliterait le voyage, les études et ça sauverait du temps en général.
Si tu étais maitre du monde, que changerais-tu sur la Terre ? Alex Ann, 25 ans : Je pense que je voudrais que tous les humains mangent, dorment et puissent s’épanouir. Alex-Antoine, 17 ans : L’égalité. Que toutes les personnes soient égales, ensemble. Pas de guerre. La paix, si on pouvait tout changer d’un seul claquement de doigt. Amy, 10 ans : J’aimerais changer plusieurs choses comme changer la guerre en paix. Tout le monde serait égal, il n’y aurait pas de pauvres, pas de personnes qui sont en manque de quelque chose. Amy-Rose, 11 ans : Que ça soit égal pour tout le monde et qu’il y ait des gens qui puissent aider les gens pauvres à survivre même s’ils sont pauvres. Andréanne, 14 ans : Ce serait la paix. J’aimerais qu’il y ait plus de paix dans le monde. Je trouve ça triste de voir qu’il y a des pays où c’est neutre, il n’y a aucune guerre et à d’autres places, c’est grave ce qui se passe.
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p Raphaël, 11 ans : Oui, on est un mammifère.
Est-ce que tu peux m’expliquer ce que sont les changements climatiques ?
Sara-Ève, 16 ans : J’aimerais ça avoir la paix dans le monde. Je sais que c’est un peu cliché, mais avec toutes les guerres qui se passent présentement, je crois qu’on aurait vraiment besoin de quelqu’un pour les régler et que ce soit enfin la paix. Catherine, 17 ans : C’est sûr que j’essaierais de mettre la paix et l’égalité entre les riches et les pauvres, mais c’est sûr aussi que même si j’essaie ça, je sais qu’il y a quand même encore des gens qui vont vouloir faire du mal, même si c’est impensable. Étienne, 14 ans : Si je pouvais changer une chose, ça serait toutes les guerres et les conflits, les arrêter parce que c’est niaiseux. Isaac, 12 ans : La pauvreté et la famine, tout ce qui entoure ça. On a le droit d’être de même alors pourquoi les autres personnes ne pourraient pas être bien comme nous aussi ? James, 18 ans : Peut-être que j’essaierais de trouver une façon pour que tout le monde s’entende, mais je ne voudrais pas gouverner le monde. Mathias, 17 ans : J’imagine que les trois quarts du monde répondraient la paix dans le monde, mais en même temps, avec ce qui se passe en ce moment, je pense que c’est ça que ça prendrait. Raphaël, 11 ans : La pollution, que toutes les autos soient électriques.
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Est-ce que l’humain est un animal ? Alex Ann, 25 ans : Non ! Non ! Non ! On n’est pas juste un animal. Non, c’est tellement complexe, un humain. Peut-être juste parce qu’on parle, mais, non, on n’est pas des animaux. Alex-Antoine, 17 ans : Je pense que oui, parce qu’on vient des singes. On a encore une petite queue en arrière. Des fois, on peut agir comme un animal, on a des pieds et des mains, c’est comme des pattes. Amy, 10 ans : Ça dépend des personnes. Je dirais que non. D’après moi, on descend d’un animal, mais on n’est pas pour autant un animal parce qu’on est dotés d’une intelligence et parce qu’on peut parler. Amy-Rose, 11 ans : Oui, parce que les singes ressemblent aux humains. On est descendants des singes. Andréanne, 14 ans : On a évolué. Au début, on était des animaux. Dans le fond, on en est sûrement un, mais on a évolué dans notre mode de vie. Sara-Ève, 16 ans : Oui, mais je pense qu’on s’est tellement « groundé » à ne pas ressentir nos instincts d’animaux, qu’on est comme des machines. On n’est plus vraiment animal, mais oui, on est des animaux.
Catherine, 17 ans : Concrètement, oui, on descend de l’animal. En fait, on a évolué. On dit qu’on est plus évolués que les animaux, mais il y en a qui rabaissent un peu l’être humain avec ce qu’ils font. Des fois, on est pires que les animaux, qui font juste survivre. Claudie, 15 ans : Non. On a des systèmes de vie, on n’agit pas comme des animaux, on est plus élaborés, on a plus de technologies. Étienne, 14 ans : Je dirais qu’il vient du règne animal. On vient du singe. Scientifiquement, on peut dire qu’on est des animaux. Mais en même temps, c’est sûr qu’on est plus évolués et on a un mode de vie différent, on a un mode de vie plus complexe, mais on reste quand même des animaux. Isaac, 12 ans : Moi, je dirais que oui. On descend des bactéries qui sont devenues des singes et on a évolué. James, 18 ans : Oui, au même titre qu’un lion, qu’un chien ou un chat. On a un langage beaucoup plus précis, on est capable de dire des choses précises. Mathias, 17 ans : Biologiquement, oui, si on regarde l’étude des classes. On vit, on mange, on respire, on est vivant autant qu’un chien. C’est sûr que notre conscience est peut-être plus développée que celle d’un animal normal, on a des valeurs, on a des cultures qui ne sont pas propres aux autres animaux.
Alex Ann, 25 ans : Pour moi, c’est des changements de climat qui sont provoqués par la bêtise humaine : pollution, surconsommation, tout ce que les usines peuvent faire comme pollution. Ce sont des changements qui sont provoqués, selon moi, par un comportement humain, donc qui ne sont pas naturels. Alex-Antoine, 17 ans : La Terre se réchauffe à cause de toutes les usines, les voitures, l’effet de serre. Amy, 10 ans : C’est à cause de la pollution et du gaz carbonique. La Terre se réchauffe, la couche d’ozone rétrécit. Là où il fait froid, les glaciers fondent. C’est de plus en plus dur aussi pour les animaux. Les animaux qui vivent sur la banquise, ils ont moins de glace. Andréanne, 14 ans : Les changements climatiques, c’est parce qu’il y a de plus en plus de pollution et ça occasionne que la Terre se réchauffe. Il y a de plus en plus de monde sur la Terre et, chaque jour, il y a des choses qui se créent et il n’y a rien qui se perd, alors ça va dans la nature et ça crée de la pollution. Sara-Ève, 16 ans : Les changements climatiques, c’est sûr que c’est naturel, mais c’est sûr qu’il y a une part de nous là-dedans à cause de l’industrialisation qu’on a faite qui est un peu plus excessive et qui a été faite quand même assez vite. C’est nous qui les avons causés en principale partie à cause de tous les gaz dangereux qu’on va mettre dans l’air et parce qu’on ne fait pas vraiment attention non plus. Catherine, 17 ans : Les changements climatiques, c’est que, depuis quelques années, avec l’évolution de l’humain et les nouvelles technologies, ça fait des émanations de produits qui sont toxiques pour
la planète. Ça fait qu’il y a un trou dans la couche d’ozone et ça fait fondre les glaciers.
« On dit qu’on est plus évolués que les animaux, mais il y en a qui rabaissent un peu l’être humain avec ce qu’ils font. » - Catherine, 17 ans Claudie, 15 ans : À cause du gaz que les voitures produisent, ça fait l’effet de serre. Les rayons du soleil plongent vers la Terre et ça fait que ça réchauffe. Les glaciers fondent. Il y a des inondations et des pluies acides. Étienne, 14 ans : Les changements climatiques, c’est causé par la pollution. Les changements climatiques, c’est la fonte des glaciers et la pollution de l’atmosphère. Isaac, 12 ans : Les changements climatiques, ça peut être le soleil, mais c’est plus la pollution, les autos ou le gaz. Les glaciers fondent et il y a des animaux marins qui perdent leur habitat. Mathias, 17 ans : Ce n’est pas simple. En gros, c’est sûr que la Terre a eu des variations, des périodes glaciales, des périodes chaudes, mais, cette fois-ci, c’est un peu déséquilibré ou bien accéléré par l’humain. On s’en vient dans une période plus chaude à cause de phénomènes accélérés par l’humain, que ce soit l’effet de serre, les trous dans la couche d’ozone. L’humain fait des choses sans se soucier des conséquences environnementales, comme l’utilisation abusive du pétrole, du plastique.
Raphaël, 11 ans : C’est quand il y a trop de pollution, ça monte dans l’atmosphère et ça fait réchauffer la planète parce que la couche d’ozone se défait et le soleil rentre plus facilement et ça fait fondre les glaces en Arctique.
À quoi sert Noël ? Alex Ann, 25 ans : Je pense que les traditions, c’est quand même important. Pour moi, Noël, c’est de se rassembler en famille. C’est un moment où tout le monde est là parce que c’est Noël, parce que c’est dans la tradition. Alex-Antoine, 17 ans : Réunir toute la famille, avoir de bons moments en famille et entre amis. Des vacances aussi. Amy, 10 ans : Principalement pour fêter la fête de Jésus. Mais maintenant, la fête est plus pour se rassembler en famille, pour se revoir. Amy-Rose, 11 ans : À se rassembler, à avoir du fun et à se connaitre encore plus. Surtout quand des membres de la famille sont loin, ça permet de les voir. Andréanne, 14 ans : Noël, c’est une période de rassemblement de personnes qu’on voit souvent ou pas souvent, dans notre famille surtout, et on partage des cadeaux. On en donne et on en reçoit. Sara-Ève, 16 ans : Noël, avant c’était pour fêter Jésus, mais maintenant c’est commercial pas mal. On se rend compte que directement après l’Halloween, c’est Noël dans les magasins. C’est plus pour acheter des bébelles pour faire plaisir aux gens, mais avant c’était pour fêter la fête de notre dieu. Catherine, 17 ans : Je trouve que ça devient très commercial, mais je pense qu’il y a tout le temps encore la petite magie de Noël, l’ambiance. Ce n’est pas nécessairement la journée même de Noël que
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po Vox
p Un spectacle final
j’aime. Personnellement, c’est tout ce qui englobe le mois de décembre. Tout le monde est joyeux. Claudie, 15 ans : Noël, ça sert à passer du temps en famille, à revoir nos proches. Étienne, 14 ans : En 2015, Noël, ça sert à recevoir des cadeaux [rires], mais avant tout, selon moi, Noël, c’est une fête de famille où on revoit notre famille et des gens qu’on aime et on a du fun.
« Parce que la première personne qui a existé est allée sur la Terre et ç’a toujours continué. Si la première personne avait été sur Mars, ça aurait continué sur Mars. » - Amy-Rose, 11 ans
Isaac, 12 ans : Ça sert à rassembler les gens pour fêter et avoir de bons moments ensemble. Donner des cadeaux aux enfants. Mathias, 17 ans : À la consommation ! Je viens de la Gaspésie et, dans mon petit village, l’esprit des Fêtes est encore énormément là. J’ai aussi habité à Montréal et on peut se ramasser à fêter Noël tout seul dans son appart à côté de la Sainte-Catherine. Raphaël, 11 ans : Ça sert à fêter la fête de Jésus. C’est ça le but principal. Sinon, c’est pour se voir en famille et manger.
Pourquoi est-ce qu’on est sur Terre ?
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Alex Ann, 25 ans : Pour vivre. Pour découvrir. Pour aimer. Pouquoi on est sur la Terre ? On est là pour la détruire [rires] ! Je ne sais pas quel est l’objectif ultime de l’humain. Faire évoluer les choses ? Apporter quelque chose à la nature ? Alex-Antoine, 17 ans : Notre but est de vivre le plus longtemps possible et d’avoir de bons amis et de fonder une famille.
mourir en paix et sinon on reste jusqu’à ce qu’on ait atteint cette quête. Catherine, 17 ans : J’ai tout le temps pensé qu’on a une mission. Les grands noms qu’on connait, on sait c’est quoi leur mission, mais ce n’est pas nécessairement ça qu’on a comme mission. Il y a des gens qui peuvent avoir une petite mission, juste de travailler sur euxmêmes ça peut être une mission. Isaac, 12 ans : Honnêtement, je ne sais pas. Il doit surement y avoir un but. Il doit y avoir quelqu’un qui a décidé de nous mettre sur la Terre pour un but. Finalement, on va le savoir c’est quoi, mais je n’ai pas d’idée ! James, 18 ans : J’imagine qu’on a un but. Là, vous dire quel est ce but, je préfère ne pas le savoir peut-être. Sinon, d’avoir du plaisir aussi. On a une vie à vivre, ce n’est pas pour rien.
Amy-Rose, 11 ans : Parce que la première personne qui a existé est allée sur la Terre et ç’a toujours continué. Si la première personne avait été sur Mars, ça aurait continué sur Mars.
Mathias, 17 ans : C’est du hasard, j’imagine, qui a fait que l’évolution s’est rendue à l’homme et que l’homme se pose une question aussi inutile que celle-là. On sert à quoi ? On sert à vivre ! C’est nous qui décidons à quoi on sert.
Sara-Ève, 16 ans : Je pense qu’on est là parce qu’on est supposés être là et c’est comme une quête qu’on a. Si on atteint la quête, on peut
Raphaël, 11 ans : Je pense que c’était tout prévu. Ça a été décidé et on est arrivés sur la Terre. C’est pour voir si on fait bien ça.
Ou mon projet personnel d’inter. Par Léo Moffet, 16 ans
À l’École secondaire de Rivière-du-Loup, il y a le programme international. C’est un programme-cadre stimulant qui encourage les élèves âgés de 11 à 16 ans à établir des liens concrets entre leurs études et le monde réel. Ce programme est aussi basé sur une plus grande ouverture sur le monde, avec du bénévolat et des activités d’ouverture interculturelle obligatoires. De plus, les jeunes de ce programme ont des cours d’espagnol dans leurs horaires entre la deuxième et la quatrième secondaire. En cinquième secondaire, les jeunes ont aussi la chance de pouvoir participer à un voyage humanitaire d’une semaine et demie. De plus, dans le programme de cinquième secondaire, les jeunes ont à faire un projet pour finaliser leur parcours dans le baccalauréat international (IB). On l’appelle le projet personnel. Il peut entrer dans 3 catégories : évènement, Création ou Essai. Pour ma part, j’ai choisi de faire un évènement. J’organise donc un spectacle-bénéfice de variétés. Ce spectacle servira à amasser des fonds pour une future rénovation de la régie de l’École secondaire de Rivièredu-Loup. Cet évènement se tiendra le 11 décembre prochain, dès 19 h 30. L’ouverture des portes se fera à 19 h. Durant cette soirée, vous aurez notamment la chance de voir et d'entendre Marilie Bilodeau, Kourage, Seb Rioux, ainsi que plusieurs étudiants de l'École secondaire. Il vous sera possible de vous procurer les billets auprès de moimême ainsi que le soir même à la porte, au cout de 10 $. Au plaisir de vous y voir!
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Un salon de tatouage qui laissera sa marque !
M.M. : Tatouer quelqu’un, c’est comme lui laisser une marque permanente. Qu’est-ce que ça te fait de savoir que tu laisses une trace sur quelqu’un, une trace qui vient de toi puisque tu l’as dessinée ?
texte et photos par Manue Moffet, 13 ans
Le salon de tatouage Spécial K Tattoo de Karine Levesque, une artiste multidisciplinaire : une nouvelle entreprise louperivoise dont le mélange est parfait pour la réussite !
Manue Moffet : Tout d’abord, bonjour Karine. Comment te définis-tu en tant que tatoueuse ? Qui es-tu ? Karine Levesque : C’est une bonne question ! En fait, je me définirais comme une personne artistique, évidemment. J’ai toujours baigné dans cet univers. Je crois avoir plusieurs styles différents. Je peux autant passer du semi-réaliste à l’abstrait, un genre de dessin que j’apprécie particulièrement. Certaines personnes disent que j’ai un style plutôt défini, mais moi je pense qu’il reste encore à le travailler pour pouvoir créer sans aucune barrière. Je me définirais vraiment comme une artiste multidisciplinaire. M.M. : D’où vient cette passion pour le tatouage ? Existe-t-elle depuis toujours ? K.L. : Honnêtement, non. Je ne pensais jamais gagner ma vie en étant artiste tatoueuse. Par contre, j’ai toujours voulu gagner ma vie en faisant de l’art puisque j’ai toujours eu l’ambition de faire de longues études dans ce domaine. Je n’ai jamais pensé que j’allais me retrouver à faire du tatouage, mais c’est la branche que j’ai choisie. Je l’ai essayé et ça a fonctionné.
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« j’ai toujours voulu gagner ma vie en faisant de l’art puisque j’ai toujours eu l’ambition de faire de longues études dans ce domaine. » M.M. : C’est bien beau d’avoir une passion pour cet art comme tu me le mentionnais plus tôt, mais comment t’es venue l’idée de démarrer ton propre salon de tatouage dans un milieu comme Rivière-du-Loup ? K.L. : En fait, c’est que j’ai commencé ici en faisant quatre ans avec Dale Horton. C’est lui qui m’a formée, il est comme mon mentor. J’ai donc décidé de rester à Rivière-du-Loup parce que je me sens bien dans cette ville et j’ai tout mon monde ici. J’ai ensuite tatoué deux ans chez moi. Je me suis tannée, donc je me suis dit que c’était le temps ou jamais de partir mon propre studio en ville. M.M. : Est-ce que tu penses que le tatouage, autant dans un milieu comme Rivière-du-Loup
que dans le reste du Québec, devrait être plus reconnu ? K.L. : Je trouve que c’est de plus en plus en croissance et que, de ce côté-là, ça va bien. Comme le tatouage existe depuis bien longtemps, cet art est, à ce jour, reconnu à sa juste valeur selon moi. M.M. : Ton propre salon, Spécial K Tattoo, vient tout juste d’ouvrir en octobre dernier. D’où vient ce nom qui se différencie des autres ? K.L. : [Rires] En fait, le nom a un peu été lancé à la blague, je ne me suis pas prise au sérieux. Oui, tout le monde connait la marque de céréales, mais moi, je m’appelle Karine. Donc chacun de mes tatous est un peu comme un « spécial Karine ». En fait, c’est vraiment comme une blague ! M.M. : Le tatouage est quand même quelque chose de très personnel. Pourrais-tu me dire où sont les endroits les plus inusités sur lesquels tu as tatoué une personne ? K.L. : On me demande ça souvent ! Si, pour vous, les fesses, c’est inusité alors, oui, j’ai tatoué des fesses et j’ai tatoué très près des parties intimes. Maintenant, on peut tatouer presque partout !
K.L. : Bien, c’est le fun ! C’est le fun de se dire que quelqu’un porte pour le reste de sa vie quelque chose que l’on a fait de ses propres mains sur lui. Souvent, quand je croise quelqu’un que j’ai tatoué, c’est drôle parce que je me dis : « Ah oui, c’est moi qui ai fait ce tatouage-là ! » C’est une fierté aussi d’avoir plusieurs œuvres à part entière sur plusieurs personnes différentes.
« C’est une fierté aussi d’avoir plusieurs œuvres à part entière sur plusieurs personnes différentes. » M.M. : Ton salon vient d’ouvrir. Est-ce que tu penses que ça pourrait être un projet d’avenir pour toi ? K.L. : En toute franchise, je ne sais pas. Pour l’instant, j’aime vraiment ça, c’est une étape de plus dans ma vie. J’ai de la visibilité et j’ai des clients en masse. Dans la vie, on ne peut pas prévoir l’avenir alors je ne sais pas ce qu’il va arriver, mais pour l’instant, j’aime vraiment ça.
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Critique de Moby Dick par Alex Ann Villeneuve Simard, 25 ans
La présentation de cette pièce à Rivière-du-Loup avait une importance significative considérant le contexte actuel. Dans ses remerciements, la production du Théâtre du Nouveau Monde inclut les signataires de l’Élan global, les bélougas au large de Trois-Pistoles et Mikaël Rioux. L’histoire de Moby Dick, c’est l’histoire d’un homme qui veut se venger de la baleine blanche qui lui a enlevé sa jambe. Mais c’est surtout une histoire de l’homme contre la nature. Il y a des parallèles intéressants à faire avec le combat que mènent les citoyens contre l’implantation d’un oléoduc dans le fleuve Saint-Laurent. La machine capitaliste qui priorise la rentrée d’argent au détriment de nos ressources naturelles. Depuis les dernières années, le Bas-Saint-Laurent lutte contre les mesures gouvernementales à ce sujet, le Manifeste pour un Élan global est particulièrement intéressant à lire et à signer. Considérant tout ce contexte, je m’attendais à ressentir un propos engagé lors de la représentation théâtrale. Cependant, il était parfois difficile de suivre le texte et de faire des liens avec la réalité bas-laurentienne. La conception scénographique étant impressionnante, le regard des spectateurs était souvent obnubilé par l’ampleur du décor et de la mise en scène. Le public a pu assister à une œuvre où les comédiens font des « steppettes » époustouflantes, où la condition physique se doit d’être impeccable. La chorégraphie des comédiens était calculée et totalement spectaculaire. Je vous laisse imaginer, 200 gallons d’eau coulent sur la scène durant la production et la pièce commence par la vue d’un homme qui sort d’un baril rempli d’eau et qui se noie : visuellement, c’est
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« Le public a pu assister à une oeuvre où les comédiens font des « steppettes époustouflantes, où la condition physique se doit d’être impeccable. » de toute beauté, j’avais l’impression de m’étouffer avec lui. Tout au long du spectacle, la pièce met en scène une mécanique qui exige entrainements physiques, précisions et répétitions. Je me suis sentie comme un enfant, surtout au moment où les comédiens ont imagé le ramage d’un bateau : une planche de bois se hisse sur un baril et les comédiens qui s’y installent pour faire balancer cette planche sur le baril… C’était facile d’imaginer le bateau suivre le mouvement des vagues, ça semblait réaliste. Les images créées étaient d’une finesse, d’un réalisme : wow ! J’étais dans le bateau moi aussi. Personnellement, je suis une spectatrice de petites productions théâtrales, celles qui nous amènent à réfléchir sur notre monde, notre façon de vivre, les enjeux de la société, etc. Je n’ai malheureusement
pas quitté la salle en me disant que c’était vraiment important de lutter contre l’exploitation de nos ressources naturelles. Je veux dire, je sais que c’est essentiel, mais je ne lutte pas concrètement pour cette cause, à part signer des pétitions et m’informer… Ça m’a un peu manqué, cette flamme que le théâtre me procure, les réflexions que ça m’engendre. Et puis, ça m’a moi-même remise en question : pourquoi fait-on du théâtre ? À quoi ça sert ? Dois-je en tout temps m’exiger de m’engager à travers un propos au théâtre ? Pourquoi le public se bousculet-il pour assister à une prestation théâtrale de grande envergure alors que d’autres productions plus locales ou moins imposantes peuvent nous faire cheminer intérieurement ?
présenté par
Je me questionne sur ce que le public veut vraiment aussi, mais ce n’est pas à moi de le décider ni de dire aux gens ce qu’on doit voir ou pas. Pour conclure, je pense que nous sommes choyés en région de recevoir des productions de cette ampleur. Sur un de mes chandails, il y a une phrase qui dit : « Si faire du sport rend moins gros, aller au théâtre rend moins bête. » Ça me fait sourire. Et je vous encourage à consommer du théâtre, local ou de l’extérieur. Pour le peu que nous avons à Rivièredu-Loup comparativement aux villes, allons-y. Soyons moins bêtes tous ensemble !
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La jeunesse contre le mépris, la jeunesse contre la folie Par Christian Tremblay, prof.
« Fils de profs » Au cours de mon enfance, j’ai souvent entendu des préjugés à l’égard de la profession de mes parents. Habituellement sous forme de boutades, vous devinez que ces idées reçues dénonçaient la fainéantise des enseignants ou s’en prenaient à leurs conditions de travail rêvées : vacances interminables, salaires mirobolants, retraites dorées… Justin Trudeau, dans son jeune temps
Tiendra-t-il ses promesses ?
Je n’ai jamais accordé beaucoup d’importance à ces critiques absurdes qui trahissaient ou de l’ignorance, ou de la frustration, ou de la jalousie. Je voyais mes profs de parents travailler. Mon père, enseignant de français à la cinquième secondaire, corrigeait souvent des travaux à la maison. Je me souviens aussi de l’avoir vu réviser des textes pour le journal étudiant ou relire des romans à l’étude. Je crois qu’il prenait un malin plaisir à faire lire La Brute de Guy des Cars et Vol de nuit de Saint-Exupéry.
Par Lydia Barnabé-Roy, 15 ans, publié sur journalesrdl.wix.com/innedit
Comme vous le savez tous, le 19 octobre dernier, monsieur Justin Trudeau a été élu premier ministre du Canada. Une question est sur toutes les lèvres : avez-vous gagné vos élections? Et pour une majorité de Canadiens, la réponse est oui. Mais, dans mon cas, j’ai une approche différente. Peut-être avez-vous gagné vos élections, car vous avez voté pour ce parti, mais est-ce vraiment le cas? Ce gouvernement sera-t-il vraiment à la hauteur de vos attentes et de vos besoins?
Personnellement, je crois que tant qu’un gouvernement n’a pas tenu ses promesses faites lors de sa campagne électorale, rien n’est gagné. Alors, pour moi, nous verrons plus tard si vous avez réellement gagné vos élections. Axons maintenant nos propos sur des problèmes importants pour lesquels le gouvernement devrait absolument changer les choses. Y aura-t-il enquête pour arrêter les disparitions et les assassinats des femmes et des filles autochtones? Cessera-t-on cette violence envers ces femmes? Trouvera-t-on une stratégie pour stopper ces tragédies? Essayera-t- on de faire en sor te que la torture cesse dans les centres de détention à l’étranger? Signera-t-on le Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture qui autorise l’inspection des centres de
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« Le blogueur Raïf Badawi, qui a été condamné à dix ans de prison, à 1 000 coups de fouet, à une énorme amende et à l’interdiction de voyager pendant dix ans, pourrat-il être libéré ? » détention? Y aura-t-il une politique concernant la protection des Canadiens à l’étranger? Des défenseurs des droits de l’homme sont criblés d’attaques dans des pays comme la
Chine, la Colombie et le Mexique qui sont des partenaires économiques majeurs du Canada. Pensez-vous que dénoncer ces attaques puisse nuire à l’économie du Canada? Quatre millions de Syriens ont été forcés de quitter leur pays vers les pays adjacents, mais ceux-ci sont confrontés à de la surpopulation. Le Canada a promis d’accueillir 25 000 réfugiés syriens. Le gouvernement s’engagera-t-il à en accueillir 10 000 immédiatement sous parrainage et sans pénaliser les réfugiés d’autres pays? Le blogueur, Raïf Badawi, qui a été condamné à dix ans de prison, à 1 000 coups de fouet, à une énorme amende et à l’interdiction de voyager pendant dix ans pourra-t-il être libéré? Le gouvernement du Canada fera-t-il pression sur l’Arabie Saoudite pour qu’il soit libéré maintenant sans aucune condition pour qu’il rejoigne sa famille au Québec?
Ma mère, d’abord prof d’anglais puis aide pédagogique aux adultes, a presque toujours suivi des cours ou des formations les soirs de semaine. Mais le souvenir le plus vivant qu’il me reste de leur travail est l’attachement qu’ils avaient pour leurs étudiants. Comprenez-moi bien : ils ne disaient pas bêtement « aimer » leurs élèves. Non, la chose était plutôt visible dans les discussions spontanées, presque quotidiennes, qui avaient comme sujet leurs étudiants. Il me semble les entendre encore raconter une anecdote cocasse, partager un témoignage touchant, se transmettre les salutations d’un ancien… D’ailleurs, les anciens étudiants semblaient surgir de partout : on les croisait à l’épicerie ou en ski ; ils nous surprenaient lors d’un séjour à Québec ou apparaissaient l’été « par hasard » devant la maison ; on parlait d’eux dans les journaux locaux, ils réalisaient des exploits sportifs — ma mère conseillait les joueurs des Saguenéens ; ils avaient des enfants à qui on présentait mes parents... Vous dire ! J’avais l’impression que la moitié du Saguenay-LacSaint-Jean les avait eus comme profs. À la polyvalente, puis au cégep, j’étais d’abord connu comme le « fils à Raynald ». Dans les bars, il n’était pas rare qu’un « bum » vienne sympathiser avec moi pour me confier comment ma mère l’avait écouté, encouragé et aidé à trouver sa voie.
« Quelque 20 ans plus tard, c’est comme prof que j’entends toujours les mêmes préjugés à l’égard de la profession. La différence cette fois, c’est qu’ils sont aussi exprimés par l’État, par nos propres dirigeants. » Tout ça… plutôt amusant. Ça me montrait surtout que mes parents étaient à leur place en éducation. Avec le recul, j’ai aussi compris que les jeunes les rendaient moins cons, moins cyniques. Plus de 30 ans à fréquenter la jeunesse, probablement que ça relativise les appréhensions à l’égard de l’avenir de l’humanité. Car entre autres choses que peuvent partager les profs et les jeunes, on peut convenir qu’il y a quelques préjugés… C’est un peu pourquoi je vois la relation profs/étudiants comme un moyen de lutter contre la connerie, contre le mépris. Le prof aide à la transmission des connaissances et à la réflexion, l’étudiant ramène l’enseignant à la réalité et lui permet de renouveler sans cesse son regard sur le monde. Dans les deux cas, je vous assure, ça rend moins con. Ce serait quoi la connerie ici ? Que l’un ou l’autre, prof ou étudiant, se prenne trop au sérieux. « Prof, fils de profs » Quelque 20 ans plus tard, c’est comme prof que j’entends toujours les mêmes préjugés à l’égard de la profession. La différence cette fois, c’est qu’ils sont aussi exprimés par l’État, par nos propres dirigeants. De Monique Jérôme-Forget, au Conseil du trésor en 2005, qui avait osé dire que les profs de cégep
travaillent 15 heures par semaine, à François Blais, ministre de l’Éducation et philosophe de formation qui trouve « maladroit » d’investir en éducation, le mépris est visible. Il faut être mauditement convaincu pour travailler dans une institution scolaire aujourd’hui. Et je vous épargne les propos délirants de Martin Coiteux qui nous trouve irresponsables de demander plus de 3 % d’augmentation en 5 ans. J’ai écrit « convaincu » ? Je devrais plutôt parler de « mission ». --------------J’écris les dernières lignes de ce texte alors qu’autour résonne encore le triste écho des attentats de Paris. Dans les jours qui ont suivi, comme plusieurs d’entre vous, j’ai dévoré les journaux d’ici et d’ailleurs, j’ai navigué en exalté sur les réseaux sociaux à la recherche d’un peu de sens, d’un peu de lumière pour chasser les horreurs de Paris, de Beyrouth, de partout en Syrie… La Syrie, nom de Dieu ! Le berceau de la civilisation devenu l’emblème de l’obscurantisme moderne. Le lundi suivant, j’ai pris quelques minutes au début de mes cours pour entendre les étudiants sur le sujet. Les propos nuancés, les points de vue éclairants, leur désir d’en savoir davantage, leur empathie… tout ça m’a rassuré. Je ne sais pas si je rayonnerai grâce à l’enseignement autant que mes parents. Malgré les failles de notre monde, qu’elles soient violentes comme le 13 novembre dernier ou juste absurdes comme l’ignorance de ceux qui ne saisissent pas l’importance de l’éducation, je sais qu’on peut compter sur la sensibilité et l’intelligence de la jeunesse. Et ça me suffit. Je vous souhaite à vous aussi de profiter de l’humanité des jeunes, de leur tolérance et de leur gout de vivre. Ça permet d’oublier le mépris, ça met un baume sur la folie, ça aide à vivre.
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Travaille, consomme,
crève !
Par Fred Dubé
En lisant un article sur le cruel manque de temps des Québécois, je me suis rappelé un graffiti que j’avais vu lors de mon voyage sac-à-dos en Europe. Écriture orange fluo sur fond de béton gris : « Travaille, consomme, crève! Vie de rêve? » L’auteur pourrait tout aussi bien être un adolescent en crise qu’un grand philosophe.
Cinq grandes enquêtes réalisées de 1986 à 2010 par Statistique Canada sur l’emploi du temps révèlent que les Québécois allouent désormais près de 46 heures par semaine au boulot, incluant les heures non rémunérées et le temps de déplacement vers leur lieu de travail. La semaine de travail des Québécois de 35 à 44 ans, souvent jeunes parents, s’est alourdie de six heures en 30 ans, et celle des « préretraités » (55-64 ans), de cinq heures depuis 20 ans. Lucien Bouchard n’en croit pas sa lucidité. C’est bien beau d’exhorter les gens à lire, à se cultiver, à développer une conscience politique, à s’engager dans les luttes sociales; mais donnonsnous le temps! Quand j’entends dire que le monde est cave, je réponds : « Non, on n’a juste pas le temps d’être intelligents. » Ce manque de temps est commode pour la démagogie crasse des radiospoubelles et pour les « nouvelles » fastfood de TVA. Lucien Bouchard n’en croit pas sa lucidité aussi bancale que sa p’tite patte. Sans temps, on ne manifeste plus, on s’évache devant la télé. On ne se cultive plus, on se divertit. On ne fait plus l’amour, on se masturbe sur le Net
« Le manque de temps crée un consommateur abruti plutôt qu’un citoyen engagé. On travaille plus, et le peu de temps qu’il nous reste est passé à consommer des cossins inutiles qui nous volent encore plus de temps. » avec ce bon vieux Peter North et sa dégaine de lama. Le manque de temps crée un consommateur abruti plutôt qu’un citoyen engagé. On travaille plus, et le peu de temps qu’il nous reste est passé à consommer des cossins inutiles qui nous volent encore plus de temps. Trois TV plasma, des gadgets électroniques, un chalet, des meubles et une garderobe pleine : ce sont tous des petits tueurs de temps. On se tue à obtenir, à utiliser et à entretenir ces avaleurs de vie.
Si on veut avoir plus de temps pour nous et pour la cité, les luttes syndicales devront oser pincer une gosse à Chronos. Il faut travailler moins, et avec le temps libéré, s’engager plus dans la collectivité. Réduire la semaine normale de travail à 32 heures, avec possibilité de prolonger les vacances. Le tout sans perte de rémunération et sans intensification du travail. Aller plus loin que seulement gérer son horaire efficacement; revoir l’organisation même du travail. La Suède a testé la journée de six heures avec succès. Une société capitaliste, c’est toujours plus de profits en le moins de temps possible. On n’est jamais assez performants. Impossible de nourrir un système à l’appétit infini. Entre la course folle contre la montre et la trotteuse qui nous fouette les fesses, on fait du yoga. On pèse sur pause une petite heure durant la semaine, on se dit « je me ferai Bouddha au milieu du chaos » avant de replonger dans le malstrom. À bout de souffle, on passe notre samedi devant la télé avec notre toast au beurre de peanuts et nos yeux de TDAH qui regardent lubriquement des chefs cuisiniers passer le doigt à leur mijoteuse à la télé! On mérite mieux que ça!
« Sans temps, on ne manifeste plus, on s’évache devant la télé. On ne se cultive plus, on se divertit. On ne fait plus l’amour, on se masturbe sur le Net avec ce bon vieux Peter North et sa dégaine de lama. »
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Biblio
So c ié té
Madame B : chronique de bibliothèque
« Générations branchées » : un pont informatique entre jeunes et ainés
Doula
par Sylvie Michaud
Par Elisabeth Boucher (elisabethdoula@gmail.com)
Dès le début de l’année 2016, la Bibliothèque Françoise-Bédard offrira « Générations branchées », un programme de jumelage informatique entre des adultes qui ont besoin d’une aide personnalisée pour accomplir certaines tâches et des jeunes de 13 à 17 ans qui désirent faire du bénévolat. Pour un moment, les jeunes deviendront les enseignants et les adultes, les apprenants. Depuis plusieurs années, la Bibliothèque FrançoiseBédard offre des ateliers informatiques de base à ses usagers. Ces cours, toujours appréciés, continueront d’être offerts, mais nous observons que de plus en plus de gens ont des questions spécifiques au sujet de leurs tablettes ou de leurs ordinateurs portables. Développé par la bibliothèque de Blainville, le programme « Générations branchées » permet de répondre de façon plus pointue aux interrogations des usagers. Il s’est avéré un succès partout où il a été implanté. En plus de favoriser les relations intergénérationnelles et de permettre aux participants de s’enrichir mutuellement, ces rencontres offriront aux jeunes une belle occasion de faire du bénévolat, de développer leur talent de communicateur et de vulgarisateur et d’inscrire cette expérience dans leur CV. Pour les adultes, il s’agira d’une occasion de socialiser avec des jeunes allumés et de recevoir une aide informatique personnalisée, gratuite et dans un environnement agréable et sécuritaire. Les rencontres dureront une heure et auront lieu à la bibliothèque. L’horaire sera établi selon
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J’adore ce mot. Deux petites syllabes qui proviennent du grec et qui sont reconnues dans plusieurs langues. Heureusement, car son travail dépasse les limites du langage, des mots, des ethnies et même des espèces.
La doula est généralement une femme qui en supporte une autre pendant qu’elle donne la vie. Son rôle n’a rien de médical; sa présence réconfortante auprès du couple permet de créer et de conserver une atmosphère intime et propice à la naissance de leur bébé.
les disponibilités des participants. L’activité sera gratuite, mais les adultes devront être abonnés à la bibliothèque. Si ce programme vous intéresse et que vous êtes un jeune âgé de 13 à 17 ans, habile en informatique et bon communicateur ou un adulte ayant besoin
d’une aide personnalisée en informatique, communiquez avec iSabelle Moffet au 418 867-6668. Nous en profitons pour vous souhaiter de très joyeuses fêtes. Si jamais vous recevez une tablette en cadeau et que vous avez besoin d’un petit coup de main pour l’utiliser, n’hésitez pas à vous inscrire à « Générations branchées » !
« Aujourd’hui, dans une société individualiste où la naissance est un acte très médicalisé, elles sont peu connues, mais toujours actives. »
En français, on utilise le terme accompagnante à la naissance, mais le rôle de la doula ne se limite pas à une présence à l’accouchement. En effet, elle prépare le couple dans les semaines précédant la naissance. Elle informe, respecte, guide, rassure… La doula poursuit son rôle même après la naissance du bébé. Son support s’ajuste en fonction des besoins de la mère, du bébé et de la famille : conseils dans les soins au nouveau-né, support émotionnel, aide à l’allaitement, réconfort… Depuis toujours, elles existent, ces femmes, ces voisines, ces mères d’expérience qui accompagnent celles qui accouchent. Aujourd’hui, dans une société individualiste où la naissance est un acte très médicalisé, elles sont peu connues, mais toujours actives. Différentes associations existent et sont reconnues au Québec et ailleurs pour donner la formation et créer un réseau d’entraide et de relève.
Or, l’accouchement se vit dans le ventre, dans le cœur, et nécessite un véritable lâcher-prise de ce qui se trouve dans la tête et une confiance inébranlable en la nature, en quelque chose qui est plus grand et plus fort que chaque individu. Contrôle, force, puissance, espoir, confiance : voilà des mots qui me viennent en tête quand je pense à la naissance et auxquels chaque femme devrait être sensibilisée avant d’accoucher. Cette vision de l’accouchement m’a été révélée par l’équipe de sages-femmes que j’ai côtoyées lors de mes deux grossesses. Accoucher naturellement m’a permis de me rapprocher de ma propre mère, de mes grands-mères et de toutes les mères, humaines ou animales. Cet acte, fort et puissant, nous unit tous et transcende les cultures et les époques.
Depuis toujours, les femmes possèdent en elles la force de mettre au monde leur bébé; leur corps est entièrement conçu pour le faire. Ce qui a changé, c’est l’environnement autour de ces femmes : il a affecté non pas ce qui se passe dans leur corps, mais bien ce qui se passe dans leur tête.
Doula… En français, on pourrait croire qu’il s’agit de deux mots : Doux, là… Il faut les traiter avec douceur et amour, ces femmes qui accouchent, qui donnent la vie… Et ça, c’est le rôle de la doula. C’est mon rôle.
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Mode
rarement le temps de créer un lien. Un lien avec les gens et un lien avec les objets. Un lien avec ce qui est tout simplement beau. Être une entreprise en région, c’est aussi bénéficier d’une vie riche qui vient nourrir la création. C’est la possibilité de prendre le recul nécessaire pour s’apaiser et s’inspirer. Les stimulus sont différents des grandes villes et Mélusine grandit au travers la famille, les amis et le fleuve. Comme les défis les stimulent, elles continuent de faire connaitre leur art à travers nos rues ! Pour cela, elles doivent tout de même multiplier les ouvertures, car la visibilité est plus difficile à obtenir en région. Le défi est de faire connaitre l’entreprise et de convaincre les gens de faire le pas vers les bijoux pensés et créés par Mélusine. Dans un bassin humain plus petit, ça reste un enjeu de taille.
Le site en ligne est donc devenu fondamental pour augmenter leur rayonnement et, ultimement, les ventes ! Partout au monde, n’importe qui, n’importe où ! Jusqu’où cette visée internationale ira-t-elle ? Rachel nomme le fait que c’est sûr que ce serait fantastique qu’elles vivent toutes les deux de Mélusine, mais elles ne sont toutefois pas prêtes à n’importe quoi ! Elles souhaitent garder le côté singulier et exclusif de la démarche. Elles aimeraient manifestement que leurs bijoux soient de plus en plus « populaires », mais elles souhaitent surtout être reconnues pour ce qu’elles font: des bijoux faits à la main, accessibles et d’une grande beauté. Les deux filles sont humbles et authentiques. Elles préfèrent nettement que le projecteur soit orienté vers leurs créations plutôt que sur elles ! Pourtant, elles sont aussi jolies et éclatantes que leurs bijoux !
Il ne tient qu’à vous de prendre contact avec ce petit grand monde. Cet univers si exquis et tout aussi charmant. Un chuchotement annonce bientôt la prochaine collection de Noël. Ce sera assurément une douceur céleste. Un autre grand moment de vie. Les bijoux sont en vente à la boutique Le Roi à Rivière-du-Loup, aux Petits Bonheurs de Marguerite à St-Alexandre de Kamouraska et en ligne à l’adresse suivante : http://melusine.squarespace.com. Vous pouvez suivre Mélusine sur différents réseaux sociaux : Pinterest : https://fr.pinterest.com/mlusine0204 Instagram : melusinebijoux Facebook : https://www.facebook.com/ bijouxmelusine
Un petit grand monde ! par Karine Raymond, photos par Maxime Desbiens
L’univers de Mélusine, c’est à la fois un monde inspiré et inspirant. Depuis peu, c’est la fusion créatrice de deux filles captivantes : Émilie Boucher et Rachel Gagnon. L’entreprise existe depuis 10 ans, tenue par Émilie qui a su relever en solitaire une montagne de défis ! Une charge de travail considérable. L’arrivée de Rachel, cette nouvelle complice, permet maintenant d’accroitre à la fois la production et la motivation. Les filles se partagent toutes les tâches, de la création au markéting, de la vente à la comptabilité. Mélusine, c’est dorénavant 2 regards, 2 nuances et 4 mains ! L’entreprise grandit, évolue. C’est la combinaison parfaite !
Mais qui est donc Mélusine ? Une entreprise d’ici qui confectionne des bijoux entièrement réalisés à la main. Une recherche assidue de qualité dans les matériaux, les coupes, les coutures et le service à la clientèle. Trois remarquables collections par année en plus des nouveautés et des articles spéciaux. C’est aussi un tout nouveau site Web qu’elles ont entièrement conçu et qu’elles gèrent de façon autonome. Il y a certes beaucoup de travail derrière leur entreprise, mais la naissance du duo permet aux rêves de grandir. La visite de leur site en ligne est d’ailleurs une belle expérience en soi ! C’est une invitation à prendre contact avec les bouts de vie qui les inspirent !
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« En réalité, l’essence même de Mélusine est un appel à porter sur soi un morceau de vie, une esthétique touchante et significative. » En réalité, l’essence même de Mélusine est un appel à porter sur soi un morceau de vie, une esthétique touchante et significative. « Les bijoux, ça parle plus que l’on pense », affirme Émilie. C’est une histoire de souvenirs, autant pour les créatrices que pour les porteurs de ces œuvres.
Il demeure néanmoins qu’il reste encore plusieurs projets à mener. Mélusine reste une entreprise établie en région et cela amène une adaptation constante. Plusieurs d’entre nous aiment le travail des artisans, mais nous sommes encore trop peu à les encourager. Les préjugés subsistent quant aux produits locaux que l’on considère à tort comme trop dispendieux. Le duo doit alors jongler avec l’aspect éducatif de la démarche de création. Il est souvent de mise de rappeler aux gens que le produit est québécois, fait entièrement à la main avec des matériaux d’une grande qualité et surtout que le service à la clientèle prend un caractère consciencieusement exclusif. Nous sommes à des kilomètres du travail à la chaine. Ce contact est vital. L’échange entre les créatrices et les clients devient même un privilège dans ce monde où l’on prend
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Culture
LE LOUP DE CAMBRONNE PREND SON ENVOL par Michel Lagacé, photos par Camille Morin
C’est la réflexion que je me suis faite en sortant le soir de la première de leur production Circus Minimus, un texte de Christian Bégin présenté du 5 au 7 novembre 2015 à la Maison de la culture de Rivière-du-Loup. Les deux comédiens, Marc-Olivier Dugas Pelletier et Émile-Olivier Desgens — qui ont fait la couverture du numéro de novembre de La Rumeur du Loup —, venaient de nous livrer une très belle performance en transmettant l’émotion et la densité de ce « drame pathético-comique » entre un clown et un homme-canon dans un dernier tour de piste avant leur séparation et la fermeture du cirque. Le public se retrouvait devant les personnages tristes d’un cirque de stationnement de centre d’achat où l’amour-haine, les malheurs simples, dans l’espace restreint d’une roulotte, se déployaient dans la gestuelle autant que dans les paroles des protagonistes de ce huis clos. Soulignons l’inventivité d’une mise en scène aux rythmes soutenus dans un décor de fête foraine : des ampoules et de petits drapeaux triangulaires suspendus, un amas de télés d’une autre époque aux écrans en action (images et sons) et cette structure mobile suggérant l’intérieur d’une roulotte avec deux lits superposés. Un ensemble d’images et de moments théâtraux bien orchestrés dans une mise en scène de la directrice artistique de la troupe Marie-Amélie Dubé, avec l’aide de Jonathan Imhoff et de leurs autres complices, dont Benoit et David Ouellet pour la technique, la photographie et la vidéo de cette machine théâtrale.
« Le public doit continuer à les suivre afin de leur permettre de monter d’autres productions ou encore de leur donner l’occasion de les reprendre ici, ailleurs dans la région ou encore plus loin. »
Durant les trois soirs de cette représentation, au milieu des bruits du cirque, le cri pathétique du clown : il faut « FAIRE QUELQUE CHOSE » allait traverser la salle (les murs inexistants de la roulotte) avant un dernier coup de canon… Mais difficile de faire bouger ce petit monde dans cette indifférence totale, dans cette « impossibilité systémique » pressentie par l’auteur de ce texte, présent à cette première. Dans le rôle du clown, Émile-Olivier Desgens, dont on connaissait le talent dans ses interventions au Cabaret Kerouac, livrait une très juste et surprenante prestation dans l’interprétation et la transmission de ce dialogue à sens unique. Sa prestation me rappelait la très belle performance de son confrère Marc-Olivier Dugas Pelletier dans la pièce Monsieur Marguerite, pièce à un personnage de l’auteur Tarence Tarpin produite par la troupe en novembre 2014. Ce rôle d’un professeur loufoque
aux costumes et maquillages englobants nous avait montré les qualités de ce comédien aux talents variés. Avec cette autre production, Marc-Olivier Dugas Pelletier (Molo) a donc gagné son pari de créer une troupe de théâtre pouvant offrir dans la région des productions de qualité avec des comédiens ou comédiennes de talent (sans formation professionnelle). Il a été sélectionné dernièrement dans la catégorie Prestige Travailleur autonome au Gala des Prestiges organisé par la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup. Il mérite amplement cette nomination pour avoir introduit cette « plateforme pour produire du théâtre de qualité professionnelle » à Rivière-du-Loup. Monsieur Marguerite, Sauce brune et Circus Minimus, entres autres, sont les premières pièces de cette aventure et leur succès les amène même à rayonner dans des diffusions à l’extérieur de Rivière-du-Loup. Des productions de qualité professionnelle — pas de fausses notes ni trop de cabotinages — le pari est donc réussi, la qualité est au rendez-vous. Mais pour continuer sur sa lancée, le Théâtre du loup de Cambronne a besoin d’être soutenu… Le public doit continuer à les suivre afin de leur permettre de monter d’autres productions ou encore de leur donner l’occasion de les reprendre ici, ailleurs dans la région ou encore plus loin. Il est de plus en plus évident que cette troupe est l’un des vecteurs importants d’une nouvelle énergie culturelle à Rivière-du-Loup.
La jeune troupe de théâtre du Loup de Cambronne a une fois de plus livré un texte dont la mise en scène et les interprétations étaient de haut calibre.
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Spor t
L’ultimate frisbee : un sport à essayer !
Chronique féministe # 44
La parité au sein du gouvernement fé déral
par Karine Lévesque
par Améli Beaulieu, Centre-Femmes du Grand-Portage
Sport d’équipe mixte sans contact et autoarbitré gagnant de plus en plus de popularité au Québec, l’ultimate Frisbee est accessible à n’importe qui voulant bouger, se mettre en forme et se divertir. Le but du jeu est de progresser le long du terrain en lançant un disque (Frisbee) jusqu’à ce qu’il soit attrapé dans la zone de but adverse. Un joueur en possession du disque peut utiliser seulement un pied de pivot et il ne peut se déplacer tant qu’il n’a pas passé le disque à un coéquipier. Il a dix secondes pour le faire, sinon il y a perte de possession et le disque va à l’équipe adverse. L’esprit sportif et le jeu loyal sont des éléments essentiels au cœur de toutes les parties, même les plus compétitives. Les joueurs doivent respecter les règles et les autres en tout temps et ne jamais perdre l’objec tif ultime : le plaisir de jouer. C’est un spor t à découvrir ; de plus en plus de matchs professionnels sont d’ailleurs dif fusés sur les chaines spor tives à la télévision.
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Depuis 2010, ce sport est pratiqué à l’année à Rivière-du-Loup. Des joueurs de tous les niveaux se partagent un terrain extérieur de juin à septembre et intérieur d’octobre à mai. Certains jouent seulement pour le plaisir, d’autres participent à quelques tournois au Québec et au Nouveau-Brunswick durant l’année. Plusieurs débutants intègrent l’équipe en cours d’année et les vétérans se font un plaisir de bien expliquer les règlements, de donner des conseils et d’encourager les nouveaux venus. Si vous souhaitez venir essayer ce sport, vous pouvez en tout temps vous joindre à l’équipe pour un essai gratuit. Vous pouvez visiter notre
So c ié té
page Facebook pour plus d’informations : Ultimate Frisbee RDL. Pour la saison d’hiver, les équipes joueront dès le 5 janvier de 20 h 30 à 22 h au Stade Premier Tech. Pour plus d’informations ou pour vous inscrire, vous pouvez consulter le document suivant : http://bit.ly/1YufOZa Pour plus d’informations sur les règlements du jeu, vous pouvez visiter le site suivant : http://www.montrealultimate.ca/fr/reglements.
Le 4 novembre dernier, notre nouveau gouvernement libéral tenait une de ses promesses électorales en créant un conseil des ministres 50 % hommes, 50 % femmes. Peu importe notre allégeance politique, en tant que féministe, c’est une bonne nouvelle qu’enfin un premier ministre respecte vraiment la parité au moment de la création de son cabinet. Si certaines et certains d’entre nous s’en réjouissent, d’autres considèrent que nous ne devrions pas favoriser une femme simplement parce qu’elle est une femme… qu’à compétence égale, il n’est pas nécessaire de favoriser l’intégration des femmes en politique. Ce genre de commentaire m’amène à me questionner… Pourquoi lorsqu’il y a la volonté de prendre une mesure pour favoriser les femmes dans un secteur, y en a-t-il toujours qui se lèvent pour dire que nous ne devrions pas prendre de telles mesures, qu’il y a là un côté discriminatoire ? Qu’est-ce qui dérange ? Prenons l’inverse, car il existe. Les hommes qui œuvrent dans les domaines de l’éducation, du service social, des sciences infirmières ou du service de garde, par exemple. Lorsqu’ils sont à la recherche d’un emploi, à compétences égales, ils sont souvent favorisés parce que, dans ces secteurs, les hommes sont très peu présents. C’est un fait et personne ne se lève pour dire que c’est injuste ou discriminatoire. Au contraire, on considère même que c’est « normal » de favoriser les hommes dans
« Pourquoi y a-t-il si peu de modèles féminins qui œuvrent dans le monde des affaires ou de la politique ? » ces domaines où ils sont peu présents et qu’il faut leur faire une place. Lorsqu’une femme tente d’intégrer un secteur plus traditionnellement masculin comme le monde des affaires, la construction ou la politique, elle doit doublement faire ses preuves pour démontrer qu’elle est à sa place dans ce domaine, ce qui est beaucoup plus ardu. Prenons simplement l’exemple de Pauline Marois. Elle a dû cumuler beaucoup plus d’expérience au sein de la politique et comme ministre avant de pouvoir accéder à un poste de chef d’un parti, puis de première ministre. Lorsqu’elle a été élue première ministre, elle était
la première personne qui accédait à ce poste avec autant d’années d’expérience en politique au sein d’une grande variété de ministères… Elle a dû doubler d’efforts pour « convaincre » qu’elle était à sa place et qu’elle était capable de réaliser la tâche qui lui était confiée. Si nous n’avons pas besoin de favoriser les femmes dans certains secteurs, pourquoi n’y en a-t-il pas plus ? Pourquoi ne sommes-nous pas plus représentées dans ces domaines ? Pourquoi y a-t-il si peu de modèles féminins qui œuvrent dans le monde des affaires ou de la politique ? Lorsqu’on implante une mesure pour favoriser l’intégration de la gent féminine dans ces secteurs, ça n’a pas sa place, ce n’est pas nécessaire… Je repose ma question : qu’est-ce qui dérange ? Pourquoi sommes-nous tout à fait à l’aise avec le fait de favoriser les hommes dans certains secteurs et si mal à l’aise de le faire pour les femmes ? Je repose ma question : qu’est-ce qui dérange ? Pourquoi ce qui est bon pour l’un ne l’est-il pas pour l’autre ?
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Coeur
CHRONIQUES DE CEUX QUI RESTENT
LA PROPHÈTE
par Ève Simard, photo d’Alice-Anne Simard
Des gens m’écrivent, ma sœur. M’arrêtent dans la rue, à l’épicerie, à la pharmacie. M’appellent au travail. Pour me remercier d’écrire l’ampleur du chagrin qui habite le deuil, qui l’habille de sombres pensées. Pour me témoigner leur reconnaissance de mettre des mots sur la lumière qui jaillit des fissures, quand les larmes ont coulé et que les yeux rougis portent un regard nouveau sur la vie. Surtout, pour te remercier, toi, de leur donner espoir en ce quelque chose de mystérieux qu’il y a assurément après la mort, puisque tu l’as écrit juste avant de t’y rendre. Pour te remercier, toi, de leur permettre de croire à ce quelque chose de grand qui attend l’être aimé qu’ils ont perdu. Qui les attend aussi, assurément. Qui nous attend tous, au fond.
Ma sœur, j’écris ces mots et mon cœur s’emballe. Le vois-tu, le bien que tu fais aux autres humains, même après ta mort ? Je n’ai été que la messagère, celle qui a transcrit et raconté les mots que tu avais rédigés. Ta foi et ton espoir gribouillés sur le papier. Ta foi, oui. Parce que tu y as cru, à cette prophétie, à ce quelque chose de grand qui s’en venait pour toi. Que juste ça, cette toute petite phrase dans la mer de mots lancés dans ton journal intime, ce « quelque chose de très grand s’en vient pour moi » à lui seul m’a redonné la foi. Non pas en un dieu quelconque, mais en la vie, tout simplement. Celle de maintenant et celle d’après la mort.
autres aussi, ces autres qui restent et qui apprivoisent, comme moi, chaque nouveau jour sans toi. Mourir pour nous crier de vivre. D’aimer, aussi. C’était ça, ton sacrifice.
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Ma sœur, j’aimerais leur dire, aux lecteurs. Vous dire. Vous dire que dans sa dernière lutte, dans son combat contre son corps fracturé, ma sœur, petite fleur blessée, nous a livré un fabuleux message à ne jamais oublier : « La vie est précieuse. Dans l’adversité, combattez. Quand vous avez la vie, aimez. » Au printemps dernier, ma jeune sœur est décédée d’un tragique accident. Si la Terre me semble avoir cessé sa course depuis, je sais pourtant que la vie continue. Qu’elle doit continuer. Écrire le deuil, le mien comme celui des autres, m’aide à garder la tête hors de l’eau et éviter la noyade dans mon propre chagrin. Parce qu’écrire permet d’apaiser les hurlements intérieurs.
Témoignage
Ta mort, ma sœur, a été ma renaissance. L’écrire me donne le vertige. Parce que l’écrire me semble te résumer à devenir mon ange gardien ou n’importe quel autre concept flou et prémâché de la vie après la mort. Alors que tu es bien plus que cela. Parce que l’idée que ma renaissance soit possible uniquement grâce à ta mort me donne la nausée, comme si je te réduisais à être essentielle une fois partie. Alors que tu étais bien plus que cela. Toi qui étais de ces êtres exceptionnels que l’on n’oublie jamais, qui marque d’un trait indélébile leur passage dans notre existence. C’est justement parce que je t’aimais tant, que je t’aime encore si fort que j’arrive à renaitre, à revivre.
Ma sœur, ce que je m’apprête à écrire m’est très pénible. Je m’en donne pourtant le devoir. L’écrire pour que tes souffrances n’aient pas été vaines, pour que la foi en ce quelque chose de grand qui nous attend continue de se perpétrer. Ta mort m’apparait comme un sacrifice. Même s’il s’agit d’un accident, même si tu as lutté avec désespoir pour survivre à tes blessures, même si tu t’es accrochée si fort à ma main pour ne pas partir. La révélation dans la forêt, ta mort ensuite, ma longue descente au fond de moi-même après ton départ, puis la lumière soudainement. Dans ma tête, dans mon cœur. Dans celui des
plus. Vivre plus. En ton honneur. Pour ceux qui restent, aussi. Pour moi, surtout. Pour qu’à mon dernier souffle, ce jour où la vie aura décidé que c’en est fini, ce jour où j’irai te retrouver, ce jour où je saurai ce qu’est ce quelque chose de grand dont tu nous as livré des indices, pour qu’à ce moment précis, mes yeux se ferment satisfaits de tout ce qu’ils auront vu. Que le dernier battement de mon cœur essoufflé dessine un sourire sur mon visage. Un sourire d’avoir tant aimé, d’avoir tant vécu.
Pour d’autres textes sur le blogue Ma soeur. | Les jours d’après: https://lesjoursapres.wordpress.com Pour me permettre de partager votre propre expérience du deuil à travers mes mots, contactez-moi : zeve13@hotmail.com.
Non, revivre n’est pas le mot. Vivre mieux. C’est ça. Vivre plus. Aimer plus.
« Ma sœur, ce que je m’apprête à écrire m’est très pénible. Je m’en donne pourtant le devoir. »
Ta mort m’a fouetté le sang pour mieux le faire circuler dans mon corps. Pour désengourdir mon existence qui s’endormait parfois en tenant la vie pour acquise. Désengorger mon être de ce qui est superficiel. Filtrer mon quotidien pour n’en garder que le léger, le doux, le beau. Rire plus. Aimer
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Culture
Et je n’ai pas eu l’aide du gouvernement. Il y avait eu une vingtaine de demandes pour cette subvention de 10 000 $ à mon souvenir. Le milieu culturel meurt de faim… J’étais assez déçu. Je me suis juré de ne plus faire de demandes de financement auprès de mon gouvernement qui ne croit pas du tout dans l’importance de la culture (mon opinion). Tant d’efforts en vain, tant de temps perdu. Plus tard, après avoir rencontré le gosseux de Cacouna, je donnai le mandat à ma collègue de travail, Marie-Amélie Dubé, de bâtir un nouveau projet de présentoirs avec lui. Une idée jaillit: rajoutons aux présentoirs existants cette tête de loup et utilisons des matériaux recyclés.
Patente-moi un loup
Photo par Busque
Photo par Frank Malenfant
On sauve la planète et on baisse les couts du même coup. Du génie. Patrick avait carte blanche. Amuse-toi, l’artiste. Ce qui en ressortit est brut, naïf, punk sur les bords, trash sur les bords, amusant sur les bords. Moi, j’aime bien d’abord !
par Busque
Les articles sont le contenu, le papier et l’encre sont le contenant, et les présentoirs sont l’emballage.
Vous l’avez peut-être remarqué depuis peu, mais de nouveaux présentoirs sont apparus dernièrement dans la ville de Rivière-du-Loup. En fait, ce sont les vieux présentoirs munis d’une tête de loup funky conçus par l’imagination funky du gosseux de Cacouna. Si les artistes sont l’âme d’une région, Patrick Lagacé est une facette plutôt méconnue de cettedite âme. Je vous raconte cette histoire. Il y a longtemps (8 ans environ), Martin Clôture avait dessiné des plans pour faire construire des présentoirs métalliques de style industriel supplémentaires pour le Q-Dpoule. La tôle de métal coupée, Martin assembla les nouveaux présentoirs.
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« Mais on s’en fout. L’art, ce n’est pas là pour être beau. Ce n’est pas là pour être laid. L’art, c’est ce moment de création et ce moment d’observation et de contemplation. »
Plusieurs années passèrent et, un bon matin, Busque (ben moi là !) décida de les changer pour des présentoirs en bois, question de leur donner un style plus authentique. L’idée était d’aller chercher une belle subvention. L’idée était d’avoir 10 présentoirs en bois avec une tête imaginée par 10 sculpteurs/artistes. Comme vous le savez (ou pas), les demandes de subvention sont assez complexes à remplir. J’ai dû m’associer avec le Musée du Bas-Saint-Laurent, faire signer chaque endroit et chaque artiste comme preuve, en plus des lettres d’appui de la Ville, de la MRC et des institutions culturelles, en plus d’une soumission de l’ébéniste, en plus des plans des présentoirs, en plus de plein de réunions et de rendez-vous. Plus, plus, plus.
Mais je sais que vous n’allez pas tous aimer. Mais on s’en fout. L’art, ce n’est pas là pour être beau. Ce n’est pas là pour être laid. L’art, c’est ce moment de création et ce moment d’observation et de contemplation. Ceci est toi. Ceci est une œuvre. Comment te sens-tu à l’intérieur ? Voilà.
Photo par Frank Malenfant
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Le Bas-Saint-Laurent a lancé l’an dernier sa Charte des paysages du Bas-Saint-Laurent (www.crebsl.org/paysages). Un regroupement de professionnels québécois vient de publier sa déclaration Pour une Politique nationale de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme (www.ariane.quebec). C’est dans le but de contribuer à cette réflexion sur la notion de paysage que Fabien Nadeau donne ici son point de vue d’architecte et tente d’illustrer certains mécanismes qui font évoluer l’environnement dans lequel nous vivons. Il veut nous faire prendre conscience de notre responsabilité collective dans la transformation rapide de notre patrimoine naturel et culturel.
So c ié té
techniques d’assemblage et dévoilent leurs contraintes avec le temps. Le critère principal reste le plus bas prix à la caisse. Les outils de marketing appuyant ces produits vendent des paradis sans entretien, du plastique à l’apparence de bois, du bois à l’apparence de plastique, de la tôle à l’apparence de pierre et du béton à l’apparence de bois.
ARCHITECTURE ET TERRITOIRE 2/3
Le territoire construit
aujourd’hui des bâtiments
par Fabien Nadeau, photos de Nicolas Gagnon
Nous réalisons maintenant à quel point notre environnement est une création collective. L’architecte a une responsabilité relativement récente dans cette création. En région, les constructions ont traditionnellement été gérées directement par leurs utilisateurs, en fonction des savoir-faire échangés, selon des méthodes éprouvées et efficaces. L’époque moderne récente a été une période de révolution générale à cet égard, d’abord par l’introduction de méthodes de construction « internationales », comme l’acier en structure, ensuite par d’innombrables améliorations techniques : pensons au verre qui nous a permis de passer du carreau translucide de 12 po x 12 po aux pans de murs entiers qu’on arrive à faire aujourd’hui, aux nouvelles techniques d’assemblage du bois qui nous permettent de décupler les portées, et ce, avec des structures de plus en plus légères.
Ces changements rapides ont été laissés aux mains des constructeurs artisans, puisque ce sont eux qui, essentiellement, construisent encore les villes et villages. Ils ont vite compris les bienfaits de ces améliorations. Les nouveaux matériaux arrivaient des États-Unis et du Canada (ils arrivent maintenant de partout dans le monde) et étaient offerts à prix avantageux chez le fournisseur local. Les nouvelles techniques permettaient de créer de nouvelles formes et les faibles couts de l’énergie minimisaient l’importance d’en considérer l’efficacité énergétique. Des « modèles » de bâtiments importés, provenant d’ailleurs toujours de régions beaucoup plus favorisées par leur climat, ont fait leur apparition. La conséquence de ceci a été la disparition progressive des liens de parenté entre les diverses constructions et autres interventions, qui faisaient de notre paysage construit un tout harmonieux. Cet enthousiasme envers tout ce qui est nouveau a eu comme autre conséquence de faire mettre au rancart tout ce qui était ou aurait pu être encore approprié. L’effet de nouveauté et l’apparence d’économie de moyens ont fait oublier certaines méthodes mieux adaptées. La maison régionale, autrefois compacte, presque cubique pour des raisons d’économie immédiate de bois de chauffage, fort répandue au Bas-Saint-Laurent, a été remplacée par le bungalow, étiré sur un seul étage. La plupart des autres « modèles » de maisons
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pris individuellement, peuvent être fort agréables, mais qui sont souvent mal adaptés et déconnectés de leur contexte.
construites actuellement ont des noms aux références exotiques. On encourage la nouveauté individuelle, l’originalité au détriment d’une vision d’ensemble de nos villes et villages. La maison, aujourd’hui comme autrefois, est une façon d’exprimer sa position sociale. À cette fin, l’effet spectaculaire souvent recherché est directement influencé par ce qui aura été vu en voyage ou dans les médias. Les matériaux d’imitation, particulièrement la fausse pierre, servent à recréer des images qui viennent d’autres lieux ou époques où la pierre était le matériau de construction de base. Sauf la satisfaction de son propriétaire, cette façade de pierre reconstituée à partir de béton coloré n’apporte rien d’heureux à la perception harmonieuse d’une rue, d’un quartier, d’une ville. La tentation est forte actuellement, aussi, de construire des bâtiments d’inspiration moderne à la volumétrie complexe qui semble autoriser toutes les formes qui,
« Est-il possible de construire
Les matériaux régionaux ont été délaissés. Les toitures de tôle ou de bardeaux de bois ont été remplacées il y a 50 ans par les bardeaux en asphalte. L’usage de l’asphalte aurait pu s’étendre des toitures aux murs, mais, curieusement, on a arrêté à temps de poser le « papier brique » (en asphalte) pour des raisons esthétiques, par règlementation. Pourquoi aimet-on à ce point le bardeau d’asphalte, qui n’a pas de caractère propre, est polluant, non durable et donc cher à l’usage ? Il faut en disposer et le remplacer tous les 20 ans.
Et il apparait maintenant des centaines de matériaux nouveaux chaque année, dans une infinité de couleurs, qui demandent d’apprendre de nouvelles
qui s’harmonisent avec le territoire tout en mettant à profit les nouvelles méthodes de construction avantageuses ? » Est-il possible de construire aujourd’hui des bâtiments qui s’harmonisent avec le territoire tout en mettant à profit les nouvelles méthodes de construction avantageuses ? La réponse est obligatoirement oui, puisqu’il n’est plus question de revenir en arrière. Les méthodes de construction contemporaines amènent des avantages d’économie, de confort et de qualité de vie indéniables. Les nouvelles technologies nous permettent de construire des bâtiments qui ne consomment presque plus d’énergie, même sous nos latitudes. Mais il reste beaucoup de chemin à faire puisque l’industrie du bâtiment reste encore extrêmement énergivore, consomme encore 40 % de toute l’énergie utilisée sur la planète : construction, chauffage, climatisation, gaspillage, recyclage, etc., et doit donc continuer à évoluer de toute urgence afin d’améliorer sa piètre performance. Mais notre paysage a ce caractère unique que nous voulons préserver. Il va évoluer et doit le faire. Il change d’ailleurs rapidement. La réponse à cette situation n’est vraiment pas simple. Il faut trouver la meilleure façon de faire, apprendre des erreurs, analyser la situation. Quelle attitude adopter ? Quelle forme est la plus appropriée et à quel endroit ? Quels matériaux devrions-nous utiliser ? Comment canaliser l’énergie investie dans la construction dans une direction commune qui contribue à enrichir notre patrimoine plutôt qu’à le diluer ? Comment évaluer la durabilité, le cycle de vie ? Les critères esthétiques ont-ils une quelconque importance ? Si oui, laquelle ? Préserver le patrimoine, bien sûr, mais puisque la superficie construite de Rivièredu-Loup a quintuplé au cours des 50 dernières années seulement, ne faut-il pas se préoccuper aussi de toutes ces nouvelles constructions, de ces nouveaux quartiers qui apparaissent ? Ma déformation professionnelle me pousse à recommander d’impliquer davantage les architectes… mais les urbanistes, en amont du processus, doivent s’impliquer tout autant, ainsi que tous les professionnels de la construction. Mais est-ce que ces spécialistes se sentent suffisamment concernés par cet état de fait ? Sont-ils formés dans ce sens ?
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Coeur
Les Soldates de la Paix : Marcher vers le centre de soi par Carole Desjardins
C’est certain qu’à l’instant même où je m’apprête à écrire ces mots, je veux faire autre chose… Parce que rester là, assise, et entrer en contact avec mon silence me demande une certaine « discipline ». Mon cheval intérieur aimerait mieux bouger pour ne pas aller vers l’inconnu qui m’habite. Dans le connu, j’aurais vraiment l’impression de faire quelque chose… C’est moins intimidant… Je connais le chemin. Les Soldates de la Paix sont l’exemple de l’invisible qui a surgi de l’obscurité intérieure pour s’installer dans la matière. Leur mission, quand elles s’offrent au regard de l’Autre, est d’amener l’attention vers l’intérieur, vers le centre. Se laisser toucher par la simplicité du geste intime. Elles représentent la force du féminin qui porte la lumière afin de diriger l’action juste. Pour accéder à cette énergie tranquille, ce féminin existant dans tous les êtres humains, les hommes comme les femmes, il faut s’arrêter et entrer dans le silence pour l’entendre. Les mots qui s’y dévoilent, ces rencontres uniques, où l’invisible se fait sentir, sont des moments précieux aussi indispensables que les mouvements de l’action. Nous ne pourrions nous délecter d’une délicieuse pomme à l’automne si les quatre saisons ne formaient pas le cycle de sa naissance. On connait bien les saisons d’énergie masculine : le printemps et l’été. On les aime, car c’est l’énergie en pleine effervescence. C’est le plein rayonnement du soleil. On existe à plein. On est dans l’action. C’est l’énergie du faire, du rationnel, de la production, du paraitre. Elles ont les qualités de la matière, de la structure et de la force physique. Les saisons féminines n’ont pas la brillance du soleil éclatant. Elles sont comme la lune. Plus discrètes. Elles veillent. Elles nous accompagnent vers l’intérieur. C’est un mouvement naturel. Notre corps commence à demander de la chaleur et à s’organiser pour rentrer dans le cocon de l’hiver. On aura besoin d’en prendre soin. On oublie souvent que, sans l’automne et l’hiver qui nous parlent d’intériorité,
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de patience et d’intuition, le jardin que nous avons semé, au printemps, ne prendrait pas la forme luxuriante qu’il va nous offrir à l’été.
masculin ) pour pratiquer ensemble l’écoute, l’intuition, l’accueil ( le féminin ) pour que la matière créée porte la conscience de l’impact de nos gestes.
Si l’automne, moment de récompense et de gratitude, était inexistant, nous n’aurions pas l’énergie nécessaire pour subsister jusqu’au prochain. L’hiver, saison du silence, de l’attente et de l’immobilité, nous donne le repos pour refaire nos forces, pour permettre à la vie de poursuivre sa vie. C’est l’entièreté du cycle sacré de l’existence qui nous donne à vivre.
La Marche mondiale des femmes devient ainsi le masculin, la structure qui permet au féminin qui est éthéré de ne pas se perdre dans l’invisible, mais de prendre forme. Dire, marcher, paraitre et servir la source en nous donne la direction. S’arrêter, retourner au centre de soi et y revenir souvent apporte la sagesse à nos actes. Car les vents sont vigoureux et d’un souffle, ils nous font dévier de notre azimut; nous voilà sur une autre route. On a perdu le cap encore une fois.
Dans nos sociétés, la trop grande valorisation du « principe masculin » (faire) nous fait souffrir d’un déséquilibre qui fait mal à tout le monde ainsi qu’à la planète. Il conduit à un manque de sens profond qui nous mène, souvent, vers des conflits intérieurs et extérieurs. Faire de l’action sur de l’action ne fait qu’appauvrir le potentiel créateur de l’humain, qui lui, ne cherche qu’à s’élever vers une réalisation qui apporte la sérénité. Les quatre saisons sont essentielles au maintien de la vie. L’énergie féminine seule reste un rêve. Elle voyage dans la voute éthérée. Le masculin seul ne fait que de la matière sans le sens. Il est indispensable que le masculin soit au service du féminin. Il met ainsi ses qualités au service de l’accomplissement de ce qu’il y a de meilleur en l’humain. Voilà pourquoi il est important de se solidariser à pratiquer à mettre en soi et dans notre environnement des moyens, des structures ( le
La vigilance est bon maitre dans les tempêtes. Si nous sentons en notre cœur que ce que nous faisons comme action nourrit le meilleur de nous et apporte une paix intérieure, c’est que nous avons retrouvé notre azimut. Notre source intérieure est la boussole de la réalisation de ce que nous sommes. C’est unique à chacun et à chacune, et personne ne peut nous dire ce qui se passe dans le noble silence intérieur, le nôtre. C’est notre responsabilité et notre pouvoir de nous y connecter et de pratiquer ce passage dans l’obscurité vers l’inconnu en nous. Voir clairement les gestes à poser au bénéfice de l’ensemble de la collectivité est un acte de bienveillance. Que la Marche mondiale des femmes puisse avoir servi d’action à reconnaitre ce que chaque être humain porte en son centre, l’énergie féminine, pour que la suite du monde puisse exister. À toutes et à tous, merci d’avoir marché vers le meilleur de nous-mêmes. www.lessoldatesdelapaix.ca
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S o cié té
À spin
PARIS RESPIRE-T-ELLE ENCORE...?
Par Marc Fraser
par Michel Lagacé
« On a su que c’était vraiment La Fin quand les feux ont cessé de se limiter au fond de nos gorges et que les fantômes ont franchi les frontières de la nuit. » Paris-terreur, Paris qui pleure Cette phrase de l’auteure canadienne Liz Worth m’est revenue en tête (Avant que tout s’effondre, Édition XYS, 2015) en me levant le lendemain matin du carnage (environ 129 morts) survenu le vendredi soir, 13 novembre 2015 à Paris. La barbarie du groupe État islamique (EI), qui a revendiqué et planifié ces attentats, a pris une telle ampleur en attaquant tous ces lieux populaires fréquentés par les jeunes au concert rock dans le théâtre du Bataclan, par les familles et même le président au stade de France, les gens sur les terrasses et dans de petits restaurants de quartier de Paris (sept lieux d’attentats en tout). On ne pouvait qu’être horrifié, sous le choc et solidaire des Parisiens. L’apprenant tard le soir du vendredi — « une nuit de cauchemar » pour les Parisiens —, cette horreur m’est rentrée dans le corps comme une balle, tel un boulet dans l’estomac provoquant un troublant vertige… Les fanatiques continuaient de détruire les valeurs humaines de la civilisation, à provoquer la Fin de la liberté pour soi et pour l’autre, l’une n’existant pas sans l’autre. La Fin du « vivre et laisser vivre ». Oui, car ces illuminés aux croyances qui attisent la violence — aucune attache aux véritables religions —, oui, ces terroristes à la fureur rougeoyante provoquent une guerre continue, imprévisible. Ils provoquent la peur partout dans le monde et surtout à Paris, une ville ouverte… devenue le symbole d’une liberté bafouée et continuellement mitraillée.
« Que faire, que penser devant de telles absurdités ? » Le jeudi soir, je venais tout juste de revoir un ami français (« monsieur Blot ») qui revenait d’un voyage d’un mois en France, où il avait exposé quelquesunes de ses œuvres réalisées ici dans notre région. Il me racontait qu’il avait remarqué que les Français commençaient tout juste à cicatriser leurs plaies. L’atmosphère était moins lourde qu’à son
dernier voyage, malgré le chômage galopant et le désabusement de la majorité de ses compatriotes devant la classe politique inopérante et le peu de possibilités… que du pareil au même, où la droite et le racisme creusent ensemble leur chemin. J’imaginais le drame et l’inquiétude dans l’âme de cet ami qui devait penser avec « rage et tristesse » à sa mère à Paris et aussi à quelques-uns de ses amis ou connaissances dans la capitale française…
Paris en guerre, Paris-climat.
Que faire, que penser devant de telles absurdités ? Les larmes coulent à Paris, les mots manquent, ils dérapent devant un tel manque d’humanité (une guerre contre les civils ?). Il nous faut pourtant continuer à lutter avec discernement contre ces terroristes. Il faut aussi dénoncer ces inadaptés de l’humanité, ces fantômes de la mort.
Ou le reste des Chinois ?
Partout à travers le monde, malgré les déséquilibres constants, il faut continuer à vivre des plaisirs du quotidien, de nos rituels, de l’amour, de notre liberté, de la culture, de l’art, des rires des enfants, des rires de nos amis et aussi de leur tristesse… Ne pas se laisser abattre, continuer à respirer et, surtout, ne pas les laisser, ces terroristes de la violence, transformer notre existence — celles des Parisiens en particulier — en une nuit d’horreur continue, cette noirceur qui engendre les pires comportements. Il faut le dire, le faire entendre, il faut les éduquer et les maitriser avec lucidité, car « c’est assez ! ».
Politique, économique, dogmatique
Il pleut des bombes. C’est Justin qui va les arrêter. En qui tu crois ? Poutine, Hollande, Obama, el-Assad ?
Qui tire la gâchette? À qui profite le tabac ? À la machine qui spinne
En grandes vrilles chromées. Babillage de sourd. Tapage de tête abrutissant. Pure fabrication de mensonges et d’infamie. Tu étrangles la Syrie de mon enfance. Je préfère m’en retourner.
En mémoire des victimes.
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Q U O I FA I R E ? ! @ #$% L IST E S É L ECT I V E D ' ÉV È N E M E N TS DA N S L E K RT B
13 décembre
Du 5 décembre au 5 janvier
Les Turlutins
Centre culturel Berger 14 h
La chasse aux biscuits met en scène les péripéties rocambolesques de Griboche, Mutine, Bouftou, Fripon et Lupette, partis en mission pour le père Noël. L’objectif de cette joyeuse bande est de retrouver un précieux paquet à travers une formidable course aux indices parsemée d’embûches. Laissez-vous transporter dans l’univers à la fois théâtral, musical et acrobatique de ces célèbres joueurs de tours!
Rivière-du-loup
Clientèle cible : 2 à 8 ans Arrivez avec vos enfants dès 13 h pour l’activité de dessin gratuite Fais un dessin au père Noël. Pestacle sera sur place!
5 décembre
Pour information : 418 867-6666.
Journée de création pour les 5 à 12 ans : C arte de Noël pop - up
14 h à 15 h
Marché de Noël extérieur
The Barr Brothers, 1ère partie : Laura Sauvage
Centre culturel Berger 20 h C’est en formule des « Shows du Garage » que nous accueillons The Barr Brothers! La formation folk country rock performera donc devant ses fans dans un spectacle où la foule sera debout, sur la scène du Centre culturel. L’ambiance sera à son meilleur! Après avoir joué à deux reprises au Festival International de Jazz de Montréal et fait plusieurs tournées aux États-Unis, The Barr Brothers sera chez nous! Sautez sur l’occasion!
447, avenue de l’Amitié St-Pascal 11 h à 17 h Le marché Made in Kamou est l’endroit idéal pour trouver des cadeaux écolos et originaux pour les Fêtes et pour vous gâter!
Information : Marie-Eve Arbour
10 h à 15 h
9 décembre
Marché de Noël Made in K amou
Vin chaud, café brésilien et chocolat chaud sur place, avec ambiance musicale.
Marché public Lafontaine, Carré Dubé
Pour information : 418 862-7547
13 décembre
Rassemblons-nous pour cette journée festive et chaleureuse, autour des artisans et créateurs bien de chez nous.
19 décembre
Musée du Bas-Saint-Laurent
K amouraska
marie.eve.arbour@hotmail.com / 418 498-5579
Chanteurs, musique d’ambiance, partie de sucre, une dizaine de producteurs présents.
Pour information : 418 867-6666
Les Basques
28 décembre La Grand’Messe de Sparages
École de musique Alain-Caron 20 h Contribution volontaire. Soirée de musique arrosée de gin et de vin chaud! Spectacle et cadeaux hohohoho!
3 décembre Projection de courts métrages, Sortir du rang
La Forge à Bérubé
20 h Gratuit
Gagnant du spectacle anglophone de l’année à l’ADISQ.
Pour information : 418 867-6666 12 décembre
21 novembre Atelier de création pour les 5 à 12 ans
C’est Noël en biblio!
Bibliothèque Françoise-Bédard 10 h à 12 h – Noël d’ici et d’ailleurs! Venez, en famille, en apprendre plus sur les traditions du temps des fêtes! Dégustation de Stollen (gâteau de Noël traditionnel allemand), café et jus! 10 h à 16 h – La tente à lire de Noël en biblio! Animation et surprises pour les enfants. 13 h à 15 h – Un petit Mô de Noël! Viens te faire prendre en photo avec notre « lapin de Noël » et laisse-lui un petit mot!
Pour information : 418 867-6668.
4 décembre
Musée du Bas-Saint-Laurent Mon prénom en graffiti
14 h à 15 h Coût : 7 $
Création personnelle en utilisant des techniques de graffiti
Conte de Noël à la Bibliothèque Anne-Marie D’Amours
Trois-Pistoles
18 h 30 Gratuit
29 novembre Scrabble en biblio
Bibliothèque Françoise-Bédard 13 h à 16 h Gratuit
Inscription obligatoire : 418 862-4252 ou au comptoir du prêt
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18 décembre
7 décembre au 31 janvier
Fabrication d‘un signet en fleurs séchées
Partie de hockey les Hauts contre les Bas
Activité scrabble à la bibliothèque
Bibliothèque Anne-Marie D’Amours, Trois-Pistoles
Aréna Bertrand-Lepage
BeauLieu Culturel
20 h Prévente : 8 $ adulte, 5 $ 12-17 ans et gratuit 11 ans et moins
18 h 30 Gratuit, sur inscription : 418 851-2374
Porte : 10 $ adulte, 5 $ 12-17 ans et gratuit 11 ans et moins.
9 décembre Conférence « Faire du sport dans un monde de fous »
Auditorium de l’École secondaire de Trois-Pistoles 19 h Gratuit
Témiscouata
Bibliothèque Anne-Marie D’Amours 13 h 30 Gratuit, sur inscription : 418 851-2374
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BeauLieu Culturel
Le service de location des salles du BLCT reste toutefois disponible, sauf du 21 décembre 2015 au 1er janvier 2016 où l’organisme sera fermé.
De la fête du Travail jusqu’au 24 juin 2016 Horaire Musée du Témiscouata
10 $ adulte 8 $ étudiant et 55 ans et plus 25 $ famille
Activité scrabble à la bibliothèque
Fabrication d’un sous-verre en faux vitrail
Tous les mercredis. L’équipe du BeauLieu Culturel travaillera à l’élaboration de la nouvelle programmation hiver-printemps 2016!
Pour information : info@blct.ca ou 418 899-2528, poste 1.
4 décembre 14 décembre
13 h 30 Gratuit
20 h 30 3 $ l’entrée
Les visites se font sur demande
Information : info@museedutemiscouata.ca.
Poursuite des inscriptions pour les ateliers de théâtre offert aux adultes avec Benoît Cyr et Catherine Lamarre, les dimanches après-midi, gratuit.
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