Rumeur du loup mars 2016

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Culture w Societe w Environnement w Opinion w Quoi faire No  81 mars 2016

KRTB

ISSN 1920-4183

www.rumeurduloup.com

GRATUIT

Spécial Femmes

sont-elles prisonnières de leur genre?



Sommaire

Dossiers 5

équipe de rédaction

Le maux du rédacteur

Rédacteur en chef

Busque

6-29 Spécial Femmes

Graphiste

Busque

Collaborateurs-Graphistes

Le reste

et photo

30 Chronique Madame B

43 Rencontrer l'autre

32

100 % Lemire

44 La course pour tous: une chaussure

34 Dernière chance pour voir l'expo

36 La musique à la portée de la

46 Santé et longévité à l'Amarante

jeunesse

48 Débarrassez-vous de vos croyances

38 Retour sur le festival Vues dans la

pour tous? 2/2

limitatives

tête de...

50 Le striptease de nos vieux jours

42 Ma Première fois

Illustrateur Cpdp

Quoi-faire ?!@#$% Marie-Amélie Dubé

Vente Busque Marie-Amélie Dubé

Collaborateurs

Marie-Amélie Dubé Michel Lagacé Sylvie Michaud Améli Beaulieu Geneviève MalenfantRobichaud Kim Cornelissen Marcel Méthot Iris Gardner Lilium Léa Didelot Mathilde Harvey-Morin Jeanne Landry Pierre-Alexandre Jean Eric de Montigny Jean-François Vallée Roselyne Leclerc Richard Roy Josée Marquis José Soucy Une louve blanche en cavalle Marilie Bilodeau Victoria Truchi

Couverture Jean-François Lajoie

La Rumeur du Loup c’est...

Quoi faire KSection amouraska 52 Agenda Culturel

Catherine Roy Patrick Nadeau Busque Isabelle Lévesque Sophie Labelle Jean-François Lajoie

Correctrices

Maude Gamache-Bastille Le bruit des plumes

53

Quoi Faire?!@#$%

56 pages dynamiques 2200 exemplaires mensuellement 450 salles d’attente 50 points de distribution La meilleure visibilité du KRTB Encouragez la propagation de la culture et faites monter vos publicités par une équipe de jeunes professionnels.

CONTACTEZ LOUIS-PHILIPPE GÉLINEAU-BUSQUE au 418 894-4625 journal@rumeurduloup.com

LA RUMEUR DU LOUP, C'EST COLLECTIF ! Le journal vous invite à écrire des textes informatifs, des histoires surprenantes, un poème hypoallergénique ou autres, car après tout, c’est votre journal ! Envoyez vos écrits à : journal@rumeurduloup.com. L’ÉDITEUR LAISSE AUX AUTEURS L’ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DE LEURS TEXTES. La reproduction des textes publiés dans ce journal est fortement encouragée sous condition d'avoir la permission du journal La Rumeur du Loup. PRENDRE NOTE QUE LA DATE DE TOMBÉE DES ARTICLES EST LE 25 DE CHAQUE MOIS. Faites parvenir vos documents à journal@rumeurduloup.com


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Les MAUX du rédacteur

Je veux une auto rose! par Busque

Je suis allé à l’IGA et il y avait un garçon d’environ 8 ans avec sa mère et sa grand-mère dans l’entrée. Le petit gars voulait le carrosse auto pour enfant de couleur rose. La mère : On va te donner le rouge à la place. Le petit garçon : Non, non, le rose, le rose ! La grand-mère : Le rose, c’est pour les filles. Prends le rouge, sinon tu n’en auras pas. Le petit garçon : Non, je veux le rose ! Les deux adultes se regardent : Qu’est-ce qu’on fait ? Mon cœur battait. La grand-mère tente une deuxième fois avec une menace : Es-tu sur ? Car tu n’en auras pas sinon !  Le petit garçon : Le rose, le rose ! La mère, finalement : Bon, on va lui donner le rose. J’étais vraiment content et soulagé. Plus tard, j’ai recroisé la famille. Le petit gars était dans la voiture de course rose et il criait « vroum, vroum ! » sur le bolide, un gros sourire sur le visage ! Et tadam ! J’ai mon sujet pour l’édition de mars, qui tombe à point avec la Journée internationale des femmes, le 8 mars. Nous avons, dans cette édition, un peu de tout. Nous commençons par un texte écrit par le Centre-Femmes sur la situation du Québec par rapport à l’égalité entre les sexes. Ensuite, une chronique de lecture non stéréotypée pour enfants. Kim Cornelissen nous parle de guerre et de femmes. Un texte sur la mentalité du « masculinisme » et un texte sur la masculinité (à ne pas mélanger). N’oublions pas les hommes qui sont aussi pris dans cette société patriarcale : entrevue avec le directeur de l’organisme Trajectoires Hommes du KRTB, réalisée par Iris. Une connaissance, Sophie, qui publie une bédé sur l’identité. Mon texte préféré de cette édition vient de la blogueuse Lilium qui écrit sur une situation très personnelle. Tombons dans le côté entrepreneurial avec Amélie Dionne, travailleuse autonome et ancienne politicienne, ainsi que quatre profils sur des femmes qui font des métiers non traditionnels ou bien qui sont à la tête d’une entreprise qui baigne dans un milieu majoritairement masculin. Et plus encore ! Bonne lecture et bon apprentissage. Pour ma part, j’en apprends toujours tous les jours.

LES SENS Voici de nouveaux logos qui permettront aux lecteurs de retrouver d’instinct leurs articles favoris sur notre nouveau site Web. Quel sens cet article affectera-t-il ?

Le gout Articles traitant de l’art culinaire,

des recettes et de l’alimentation.

L’ouïe Articles contenant des critiques musicales, etc.

La vue Articles mettant de l’avant les arts visuels, l’esthétique, etc.

L’émotion Articles qui font vibrer différents sentiments en vous.

La réflexion Articles traitant de problématiques ou d’informations rationnelles.

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le d es fe m m es … a n o ti a n r te in ée n L e 8 m a r s, J o u r s a u jo u rd’h u i ? u o n es m m so en Où par Améli Beaulieu, Centre-Femmes du Grand-Portage

Au début du mois de mars, le 8 plus précisément, nous soulignons la Journée internationale des femmes. Savez-vous d’où vient cette journée et depuis quand elle existe ? Un peu d’histoire… La date du 8 mars a été choisie mondialement à la suite de l’accord du droit de vote aux femmes russes en 1917. Par la suite, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies a adopté, en 1977, une résolution proclamant la Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale. Après des années de lutte, des citoyennes de différents pays ont gagné certaines causes, étape par étape. Cependant, l’égalité entre les deux sexes n’est pas totalement réalisée. Aujourd’hui, les revendications se poursuivent encore partout, dépendamment de cet écart de droits entre femmes et hommes dans une société donnée. La journée du 8 mars est célébrée à travers le monde, non seulement pour parler du chemin qui reste à parcourir pour l’atteinte de l’égalité, mais également pour la reconnaissance des femmes, souligner leurs réalisations et leur travail pour l’élimination de la discrimination au bénéfice de notre génération et de celles à venir.

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Le féminisme, c’est aussi bon pour les hommes ! Les revendications de base du féminisme sont l’égalité entre les sexes, l’abolition de la socialisation distincte, la transformation des valeurs sociales et la présence d’autant de femmes que d’hommes dans toutes les sphères de la société. Au Québec, les grandes luttes ont été marquées par différents gains. Parmi ces réussites, les avantages sont considérables pour l’ensemble de la société. Par exemple, c’est grâce aux luttes féministes que les congés parentaux et de paternité ont vu le jour. D’ailleurs à cet effet, le Conseil du statut de la femme, dans un avis sur le partage équitable du congé parental, propose d’attribuer trois semaines supplémentaires aux pères. Ceci a comme objectif de développer le sentiment de compétence parentale des pères et de favoriser un plus grand partage des soins aux enfants. De plus, la mise en place de notre système de service de garde d’enfants, les CPE, a été également possible grâce aux luttes

acharnées des femmes, et c’est l’ensemble de la société qui en récolte les avantages. Enfin, depuis 1981, une femme peut donner son nom de famille à son enfant, chose qui était exclusivement réservée aux hommes dans le passé. Plusieurs femmes inspirantes ont travaillé d’arrachepied et ont contribué activement à ces gains qui ont permis d’ouvrir la voie pour les générations qui les suivent. Où en est l’égalité dans nos régions ? En 2007, le gouvernement du Québec adoptait une politique pour l’égalité entre les hommes et les femmes : Pour que l’égalité de droit devienne une égalité de fait. Localement, plusieurs actions ont été mises en œuvre dans le cadre de l’Entente spécifique sur l’égalité entre les femmes et les hommes au Bas-Saint-Laurent. Parmi les initiatives locales, le Réseau de solidarité municipale du BasSaint-Laurent avait comme objectif la promotion de la représentation des femmes et des jeunes en politique municipale. Ce réseau tenait chaque année un rassemblement qui permettait aux participantes et participants de réseauter


et de recevoir des ateliers de formation ou d’information adaptés à leurs besoins. De plus, un jumelage de mentorat était aussi offert afin d’accompagner les gens dans leur démarche lors d’une première mise en candidature et de leur apporter des outils adéquats. Une autre initiative locale mise de l’avant dans le cadre de cette entente est la création de capsules pour la valorisation du rôle des pères. Une dizaine de capsules traitant de différents sujets ont été diffusées dans l’ensemble du BasSaint-Laurent et Martin Larocque, comédien et conférencier, s’était associé au projet en prêtant sa voix. Aussi, plusieurs politiques d’égalité ont vu le jour dans les municipalités du Bas-SaintLaurent. Ces politiques sont l’aboutissement d’un travail de longue haleine de la part de comités implantés dans les différentes municipalités. Elles sont adoptées au cours des séances de conseils municipaux et viennent reconnaitre officiellement la préoccupation de la municipalité concernée à viser l’égalité homme-femme dans sa gouvernance et son offre de services. Un plan d’action concerté et reflétant les préoccupations locales accompagne les politiques afin d’en assurer le suivi. Plusieurs autres projets, tous aussi diversifiés les uns que les autres, ont vu le jour dans le cadre de cette entente qui est aujourd’hui en péril. En effet, elle prend maintenant fin, étant donné qu’elle était portée par la Conférence régionale des éluEs (CRÉ), qui fermera ses portes à la fin du mois. Maintenant, qu’adviendra-t-il des initiatives en matière d’égalité dans nos régions ? C’est un questionnement auquel l’avenir répondra. Pour l’instant, des appels de projets ont été lancés à travers le Québec. Les montants accordés à cette

« Par exemple, c’est grâce aux luttes

féministes que les

congés parentaux et de paternité

ont vu le jour. »

enveloppe budgétaire sont de 1,2 million pour tout le Québec et la répartition des montants par région se fera en fonction des demandes, mais surtout au prorata de la population – c’est un recul pour le Bas-Saint-Laurent et les régions moins densément peuplées. De plus, la priorité est accordée aux MRC dans le traitement des demandes, sans tenir compte de l’expertise qui a été développée au cours des années par les groupes qui ont travaillé avec entêtement sur des initiatives rassembleuses et concertées. Les enveloppes du programme À égalité pour décider (grâce auxquelles les politiques d’égalité ont pu être mises en œuvre dans plusieurs municipalités) ont été coupées de moitié l’an dernier – 500 000 $ — et l’on ne connait toujours pas le montant qui lui sera alloué pour cette année. L’avenir est bien incertain en matière d’initiatives pour l’égalité homme-femme dans nos régions… Malgré les gains que nous avons connus dans le passé, l’égalité n’est pas encore totalement atteinte et de grands défis restent à relever. De

plus, ces gains sont toujours fragiles et nous devons demeurer vigilantes afin de les conserver. Outre la politique d’égalité entre les hommes et les femmes dont l’avenir est incertain, certains gains que nous avons connus demeurent au statuquo ou sont en péril. Quelques exemples… Depuis 1996, nous avons une loi sur l’équité salariale, mais elle n’est toujours pas mise en place de façon uniforme, 20 ans plus tard... De plus, les femmes sont toujours plus pauvres que les hommes encore aujourd’hui. « En 2011, le revenu des femmes travaillant à temps plein toute l’année correspond à 75,3 % de celui des hommes1 »... Les coupes qui surviennent dans nos différents services publics, notamment dans les CPE, l’éducation ou le système de santé, sont des secteurs d’emploi occupés majoritairement par des femmes. Ces secteurs coupés, c’est ni plus ni moins l’accès des femmes au marché du travail dont il est question, en plus de miner la qualité de nos services publics. Si les femmes perdent massivement leur emploi, c’est leur autonomie financière qui s’en va. En terminant, il est toujours pertinent de se rappeler une citation de Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Conseil du statut de la femme, Portrait des Québécoises en 8 temps, Édition 2015.

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! is l u t e u q e c n o Ç ’a l ’a i r b ty p e s B r is o n s le s s té r éo

par Geneviève Malenfant-Robichaud

Trop souvent, on nous dit : « un gars, ça pleure pas », « un gars, ça porte pas de robe, de jupe ou de rose », « un gars, ça se bataille pour le fun pis ça sait se battre pour gagner s’il le faut », « un gars, ça aime le sport », « un gars, ça parle pas de ses sentiments ». Comme si une seule façon d’être pouvait plaire à 50 % de la population. Comme si être fort voulait seulement dire agir comme dans un film d’action.

Heureusement, peu à peu, de plus en plus de gens se lèvent pour mettre ces préjugés au rancart : les discours sur la maladie mentale au masculin prennent de plus en plus de place, les ateliers père-enfant commencent à apparaitre dans les Maisons de la famille, les blogues sur la paternité apparaissent aussi, Jaden Smith parade en jupe pour Louis Vuitton, les fans exigent de pouvoir jouer avec toutes les figurines de leurs personnages préférés même si ces personnages sont des filles, etc. Il y a aussi quelques livres de fiction jeunesse sur le sujet qui sont sortis dernièrement. En voici quelques-uns. Tu peux d’Élise Gravel. Que tu sois un garçon ou une fille, tu peux tout faire ! Tu

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peux surtout télécharger gratuitement ce charmant petit livre, en français ou en anglais ! http://elisegravel.com/fr/livres/pdf Boris Brindamour et la robe orange de Christine Baldacchino, illustrations d’Isabelle Malenfant. Boris adore la robe orange du coin costume. Elle lui rappelle les tigres et les cheveux de sa mère. Mais, chaque fois qu’il la porte, les autres enfants rient de lui. Heureusement, l’imagination de Boris est plus forte que les préjugés ! Simon Boulerice : mon nouveau chouchou ! Je vous suggère Edgar Paillettes pour les plus jeunes. Pour se rappeler qu’il y a de la beauté dans la différence. Pour se rappeler que pouvoir être

crédible en fée lorsqu’on est un garçon devrait être un talent à célébrer plutôt qu’un danger à éliminer ! Pour se rappeler que les princesses peuvent cacher des gants de boxe sous leur jupe, mais aimer quand même le peu flamboyant futur dentiste… Je suggère aussi Jeanne Moreau a le sourire à l’envers pour les adolescents. Pour sa réflexion sur la recherche de la beauté (et l’anorexie) au masculin. Mais aussi pour l’hommage à la correspondance et au cinéma français.


L e s s t é r é o t y pe s :

d e te r r o r is m e t e e r r e u g e d l e ti o u ti l e s s e n par Kim Cornelissen

Le problème des stéréotypes hommes-femmes n’est pas de se faire ouvrir la porte ou de vouloir être élégante. C’est plutôt le fait de se laisser mouler par des perceptions provenant des autres — société, famille, religion, conjoint/conjointe — afin de se conformer à ce qui est attendu de nous plutôt que de mettre en valeur qui l’on est véritablement. Si l’on s’interroge sur les stéréotypes dans bien des domaines, il existe un secteur où le fait même de le faire nous oblige à remettre en question l’existence de celui-ci. C’est le cas par exemple de l’armée et de la lutte au terrorisme.

Dans l’armée, les stéréotypes sont essentiels pour que les hommes acceptent d’obéir et de se sacrifier, ensemble, sans questionner les ordres, dans un monde de propagande où l’ennemi est un monstre que seule la violence peut vaincre. L’armée ne remet pas en question le recours à la violence ; c’est le fondement même de son existence. Pourtant, dans un conflit, la violence est généralement la pire des solutions. Et celle-ci n’est pas plus vertueuse parce qu’elle est américaine ou canadienne plutôt qu’iranienne ou japonaise. La violence s’engraisse de violence et perpétue les mythes des héros (hommes ou rares femmes soldates) et des victimes (femmes et enfants). La violence contre les victimes vise justement à justifier la colère et le désir de vengeance chez les soldats, qui se trouvent alors un rôle honorable. Pour sortir de ce mortel cercle vicieux, il faut casser ces stéréotypes, pour diminuer, de chaque côté du conflit, cette éternelle justification de la violence comme outil de vengeance. Il faut travailler sur ses causes pour en réduire l’impact et non l’amplifier par de nouvelles agressions. Or, les stéréotypes sexistes guerriers sont systémiques et risquent peu d’être confrontés si les groupes de réflexion ne sont pas paritaires. Cette systémique implique que les gens ne s’interrogent pas sur certains biais. N’entend-on pas encore couramment aux nouvelles

« Personne ne se demande

pourquoi, en

2016, on précise encore le sexe

des victimes...» internationales : « il y a eu 200 morts, dont plusieurs femmes et des enfants ». Personne ne se demande pourquoi, en 2016, on précise encore le sexe des victimes... Pour sortir de cette lutte de pouvoir entre nous, les bons, et eux, les méchants, il faut renforcer la connaissance mutuelle de l’autre en partageant les points communs et non en renforçant la domination et l’humiliation. Le fait de se découvrir des ressemblances avec chacun des opposants (sans charge d’agression) comme des plats préférés, la musique et les arts visuels, la géographie, des paysages, des photos des enfants, etc., en présence de femmes et d’hommes, ne peut être que positif. À cette étape de démythification, le partage de connaissances ne doit pas s’interroger directement

sur le rôle des hommes et des femmes, mais la parité doit faire partie des groupes d’échanges, de facto. Pourquoi partager ce qui semble être trivial alors que l’horreur est quotidienne ? C’est le principe de la coopération et non de la confrontation : l’ennemi avec qui l’on partage des gouts et des souvenirs communs perd sa carapace de monstre barbare. La guerre se nourrit de propagande, de préjugés et de mythes ; la paix se nourrit d’échanges, de liens et de souvenirs communs. Et de la possibilité d’agir pour aider les sociétés dans lesquelles on vit, de rapprocher les solitudes. Tout en respectant des valeurs telles que l’égalité entre les femmes et les hommes parce que même au Québec, malgré les apparences, tout reste à faire. 1 On dira que je suis bien naïve de penser régler ainsi des problèmes de conflits nationaux. Pourtant, quand on sait les conditions horribles ayant mené au nazisme et à la Deuxième Guerre mondiale, ou à la guerre qui a lieu actuellement en Syrie, il me semble encore plus naïf de nier l’importance des stéréotypes dans l’aggravation des conflits. Même ceux qui, comme Justin Trudeau, veulent simplement prendre du temps pour réfléchir à la question plutôt que de répondre spontanément par des déclarations de guerre (comme l’a fait François Hollande), sont fortement critiqués2... On n’est pas sorti ou sortie du bois.

Par exemple, dans la question des patriotes, seules les actions des hommes sont mises en valeur alors que celles des femmes sont tenues sous silence. Comme si elles n’existaient pas. https://www.erudit.org/revue/haf/1951/v5/n1/801686ar.pdf

1

Lorsque, à la suite des attentats du Bataclan, Justin Trudeau a mentionné vouloir réfléchir plutôt qu’agir immédiatement pour venger les victimes, le journaliste du Devoir, Christian Rioux, l’a blâmé de façon méprisante. http://www.ledevoir.com/politique/canada/456437/trudeau-est-il-vraiment-en-2015 Et de tous les commentaires du lectorat, une seule femme. Qui a pris la défense du premier ministre.

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M a s c u l i n is m e :

eu d é n o n c ée  ! p p o tr e c n le o vi e u n e fo r m e d par Améli Beaulieu, illustration CPDP

Depuis plusieurs années déjà, les besoins des hommes en matière de services, de même que les revendications masculines, ont une belle vitrine médiatique et politique. Malheureusement, certains groupes masculinistes font ombrage aux démarches de bien des groupes d’hommes qui revendiquent, tout comme les féministes, une société évoluant à partir de valeurs et principes égalitaires. Pour les masculinistes, le fait que les hommes vivent une crise identitaire et qu’ils ont moins de ressources et de services que les femmes a une seule et unique cause : les femmes et plus particulièrement les féministes. Le mouvement masculiniste, qui a pris racine dans les années 1980, entretient l’idée que si les hommes souffrent, qu’ils ont perdu leurs repères et qu’ils sont démunis, c’est à cause des femmes qui prennent trop de place dans la société actuelle. Les masculinistes ont été très présents dans les médias avec les débats sur le divorce, les pensions alimentaires et la garde des enfants. L’expression la plus violente d’un acte masculiniste que nous avons vécu au Québec est sans aucun doute la tuerie de l’école Polytechnique le 6 décembre 1989 où Marc Lépine a abattu 14 femmes pour la simple raison qu’elles étaient des femmes. Qu’en est-il aujourd’hui ? Toujours présent, ce mouvement se manifeste de différentes façons. Principalement, ce qui s’observe est le travail acharné des masculinistes à tenter par tous les moyens possibles de déconstruire et discréditer le mouvement féministe et ses luttes. Aussi, depuis quelques années, les femmes militantes féministes sont victimes de la violence exercée par des branches plus radicales du mouvement masculiniste. Cette violence se présente sous la forme d’intimidation physique et verbale et va même, dans certains cas, jusqu’à des menaces de mort. Paradoxalement, ces mêmes individus nient l’existence du problème social qu’est la violence faite aux femmes. La violence exercée par certains masculinistes ne s’arrête pas seulement aux féministes, mais s’extrapole aussi aux hommes qui s’associent aux valeurs féministes, autrement dit, aux valeurs égalitaires. Un exemple bien concret de cette

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violence : Patrick Jean, un réalisateur français, a infiltré les mouvements masculinistes au Québec et en France. De cette expérience il a réalisé le documentaire La Domination masculine, qui dénonce le discours et les actions de ce mouvement. Monsieur Jean devait venir au Québec afin de présenter son documentaire. Il ne s’est toutefois pas présenté, car il a reçu plusieurs menaces (dont des menaces de mort) de la part des hommes du mouvement masculiniste. Pour le mouvement masculiniste, un homme qui croit aux valeurs féministes et qui appuie le mouvement féministe n’est pas un vrai homme… De plus, certains dévoilent même haut et fort que Marc Lépine est un héros…

« Cette violence se présente sous la forme d’intimidation physique et verbale et va même, dans certains cas, jusqu’à des menaces de mort. Paradoxalement, ces mêmes individus nient l’existence du problème social qu’est la violence faite aux femmes. »

La violence exercée par une minorité d’hommes désaxés est intolérable et trop peu dénoncée parce que méconnue. On les entend sur la question de la garde des enfants, mais qu’en est-il des campagnes d’intimidation qu’ils exercent à l’égard des militantes des groupes de femmes ? Heureusement, dans notre région, la situation est différente et beaucoup plus positive que dans les grands centres urbains du Québec. La collaboration et l’entente entre les groupes d’hommes et les groupes de femmes sont enrichissantes de part et d’autre ; le dialogue est présent et l’expertise se partage. Aussi, il faut dire que le rôle des médias dans le traitement des nouvelles qui concernent la condition féminine est respectueux des enjeux plutôt que d’être à la solde du sensationnalisme que fournit le mouvement masculiniste.


« Po u r q uoi di t e s-

L a m a s c u l i n it é

vo u s l a vi r i l i t é? »

fé m in in  ! s’a c c o r d e a ve c le

- Jacqu es

Prévert

par Marcel Méthot, enseignant et slameur

Les 18 et 19 mars se tiendra à l’UQAR le premier colloque régional organisé par la Table de concertation sur les réalités masculines du Bas-Saint-Laurent. Ayant pour titre « Chantier sur les réalités masculines : Quel avenir pour les hommes en région ? », cet évènement réunissant des organismes communautaires, des chercheurs de l’UQAR ainsi que des intervenants du réseau de la santé et des services sociaux, se veut un espace de réflexion, d’échanges et de formations sur les préoccupations des hommes quant à leur vécu et à leurs besoins. La masculinité, selon le dictionnaire Larousse, est l’« ensemble des comportements considérés comme caractéristique du sexe masculin ». Être un homme, c’est donc se comporter comme un homme. C’est simple, non ? Ce le serait si nous n’étions pas des êtres sociaux, culturels, symboliques condamnés à définir notre identité sur des bases beaucoup plus complexes que celles associées à nos seules dimensions « naturelles ». Ce serait simple s’il existait un consensus universel et intemporel sur les bons comportements à adopter pour assumer sa masculinité. Ce serait si simple si… Il n’est pas difficile, par exemple, de déterminer les attributs biologiques associés à l’individu « mâle », et je me garderai ici d’insister sur ces derniers, de peur d’insister avec trop d’insistance sur ce sur quoi il serait inopportun de trop insister. Or, il s’avère beaucoup plus ardu de dessiner les contours de ce que c’est que d’être un « homme » aujourd’hui, en 2016, au Québec. L’homme, en réalité, est une entité imaginaire. La masculinité, en ce sens, ne peut pas se définir en proposant la liste des dix caractéristiques objectives que doit posséder celui qui veut prétendre être un « homme ». Ce serait simple, non ? Voici la liste en question : 1) Un vrai homme ne pleure pas 2) Un vrai homme aime regarder le hockey 3) Un vrai homme est capable des changer des essuie-glaces

« Réfléchir à la masculinité implique donc, et cela s’avère crucial, de réfléchir du même coup à la féminité.  » 4) Un vrai homme est attiré par les femmes 5) Un vrai homme déteste faire le ménage 6) Un vrai homme est ambitieux professionnellement 7) Un vrai homme est plus intéressé au sexe qu’à l’amour 8) Un vrai homme est capable de se stationner de reculons 9) Un vrai homme aime les films d’action 10) Un vrai homme ne subit jamais de violence conjugale Ce serait simple, mais ça ne fonctionne pas de manière aussi triviale que cela. Et c’est là que la question de la masculinité devient très intéressante, voire passionnante. Mais ce n’est pas simple.

L’homme est une entité imaginaire, en ce sens que la masculinité est un construit social. Elle est évolutive, instable, non consensuelle, irréductible, explosive, caléidoscopique, floue, riche. La masculinité est le reflet toujours à recomposer d’un combat éternel entre différents imaginaires sociaux. Jamais nous ne pourrons dire une fois pour toutes que nous pouvons identifier l’ensemble des traits et caractéristiques relatifs à la masculinité. Jamais nous ne pourrons clamer : voilà ce que c’est un vrai homme ! La masculinité se définit en outre dans une triple relation : relation à soi, à l’autre, au monde. Être un homme, c’est accepter qu’il faille apprendre à se connaitre ; c’est accepter que ce soit dans la relation à l’autre qu’on apprend à se connaitre ; c’est reconnaitre que l’on se reconnait dans la relation entretenue avec le monde qui nous entoure et qui nous définit à son tour en même temps qu’on apprend à le connaitre. Réfléchir à la masculinité implique donc, et cela s’avère crucial, de réfléchir du même coup à la féminité. Se demander « qu’est-ce que c’est qu’être un homme ? », c’est se demander « qu’est-ce que c’est qu’être une femme ? ». Plus encore, c’est réfléchir à l’incontournable questionnement sur les interactions entre deux entités imaginaires, l’homme et la femme, tous deux en relation avec un monde imaginaire qui prend réalité dans leurs interactions. Pour dire simplement, la masculinité a besoin de la féminité pour se définir. Cela va de soi !

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S e r g e Bé l a n g e r mes T r a je c to ir e s H o m

par Iris Gardner

Le tout premier colloque sur les réalités masculines au Bas-Saint-Laurent aura lieu ce mois-ci. Depuis plusieurs années, ce projet mijote dans la tête de ses artisans, acteurs de la table de concertation sur les réalités masculines. Ce grand rassemblement permettra une profonde réflexion sur les défis qui attendent les hommes en région. Rencontre avec l’un de ses investigateurs, Serge Bélanger, coordonnateur-intervenant de l’organisme Trajectoires Hommes. Iris Kismire : Comment l’idée d’un colloque sur les réalités masculines a-t-elle vu le jour ? Serge Bélanger : L’idée d’un colloque germait déjà depuis un moment dans les rencontres entre Trajectoires Hommes et C-TA-C, son organisme frère basé à Rimouski. La table de concertation sur les réalités masculines est née de cette volonté de créer un colloque. Elle se veut un espace pour réfléchir aux réalités masculines, parce qu’il y a un réel besoin de le faire. Autour de cette table sont réunis les principaux partenaires travaillant avec des gars. I.K. : Pourquoi un colloque dédié aux hommes vivant en région ? S.B. : Premièrement, parce que ça ne s’était pas encore fait. Deuxièmement, c’est aussi pour alimenter la table. On dit qu’on veut faire quelque chose pour les gars. Comme intervenant, on peut dire que ce serait intéressant de faire ceci ou cela, mais pourquoi ne pas plutôt faire un colloque pour

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faire connaitre la table, dire qu’on existe, qu’on est là, et en même temps en profiter pour aller chercher les besoins. Est-ce qu’il y a des réalités que les gars vivent ici qui ne sont pas vécues ailleurs à cause de la ruralité ? Quels sont les besoins auxquels nous ne répondons pas ? Sur lesquels devrait-on mettre l’accent ? Quels sont les principaux axes d’intervention qui ont été dégagés ? Sur lesquels devrait-on mettre des efforts ? Toxicomanie, santé physique ? Ce sera à découvrir. Le colloque sera un outil pour approfondir la réflexion sur les besoins des hommes et les façons de les aborder. I.K. : Quelles épreuves de la vie affectent particulièrement les hommes ? Voudriez-vous m’en donner des exemples ? S.B. : Trois aspects qui interpellent particulièrement les hommes ont été retenus pour le colloque : la paternité, les relations amoureuses et le travail. L’homme se définit beaucoup par son travail, notamment par les métiers des ressources

naturelles. En ce moment, la forêt, la pêche et l’agriculture sont en crise. C’est une réalité qui frappe d’abord des gars en région, parce que ce sont des domaines historiquement masculins. Le travail est vraiment une identification traditionnelle des hommes, qui participe à la valeur qu’ils s’accordent. La rupture amoureuse est souvent le déclencheur des idées suicidaires chez les hommes parce que la conjointe, dans bien des cas, est aussi une confidente, une amante, une amie et une aide considérable dans l’organisation des tâches de la maison. Une rupture implique également un nouveau rapport avec les enfants. La fin d’un couple représente de nombreux deuils à la fois. Le samedi, lors de l’activité World Café, tous les participants seront invités à participer à une réflexion sur ces sujets. On espère beaucoup que les gars seront là, mais on ne veut pas que ce soit un colloque par des gars et pour des gars, au contraire.


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S.B. : La clientèle a beaucoup augmenté, autant dans le KRTB qu’à Rimouski. Dans le dernier rapport statistique de 2009 à 2014, la demande a augmenté de 310 %, et les effectifs sont restés les mêmes.

Les solutions doivent être discutées en partenariat hommes-femmes. I.K. : À qui s’adressent ces deux jours de formations, ateliers et conférences ?

I.K. : À quoi attribuez-vous cette augmentation ? S.B. : Nous avons tenté de faire en sorte que la population générale puisse trouver le contenu accessible et ait envie de participer. Ce n’est pas un colloque dédié aux experts de l’intervention auprès des hommes. Par contre, la première journée est plus orientée vers les intervenants, c’est de la formation, des ateliers, des conférences et des recherches qui leur permettront de partir avec des outils. Ce ne sera pas que de la théorie. Quelqu’un qui ne s’est jamais posé la question sur ce que c’est que d’être un homme en région va apprendre, mais il peut être dépassé par le jargon d’intervention, ce qui ne l’empêchera pas de trouver le contenu intéressant. Il y aura également la même journée un 5 à 7 avec le lancement du livre Traversé d’Homme produit par C-TA-C et des performances artistiques sur le thème du colloque. Le samedi se veut plus expérientiel et adapté à la population. Seront abordés les projets qui existent pour les hommes en ce moment. Tous sont invités à participer. C’est l’occasion de découvrir ce qui se passe dans les groupes donnés dans les ressources pour hommes comme MÛ, un groupe de croissance personnelle ou comme dans les groupes prénataux offerts aux hommes. Pour connaitre le contenu des ateliers, des conférences et des différentes activités, la documentation est disponible en ligne au www.ctac.riki.ca. I.K. : Avec le titre choisi, « Quel avenir pour les hommes en région ? », j’imagine que vous voulez participer à créer une réflexion de fond sur notre société. Est-ce un des objectifs que vous tentez d’atteindre ?

« Le message reçu, c’est qu’un homme c’est fort et que ça ne parle pas de ses problèmes. Il faut briser l’image que les hommes sont tous des chars d’assaut.  » aux femmes de venir régler les difficultés des gars. Toute l’évolution du féminisme amène les gars à se repositionner. Le mouvement féministe a progressé et a bougé. Soit que les gars ont suivi, soit qu’ils sont restés au même endroit ou ont été en réaction, mais ça amène un changement ni plus ni moins chez les hommes et c’est peut-être le temps qu’on se questionne. Peut-être aussi le temps de redorer l’image des hommes. Peut-on présenter l’homme d’une façon positive ? Il faut se demander où est l’homme dans son cheminement et dans ses valeurs.

S.B. : Le colloque est pour tâter le pouls de la population, susciter des idées, des débats. On va à la pêche pour sonder les cœurs et les reins. Qu’est-ce qui dérange les gars ? Qu’est-ce qui les arrangerait ? C’est une occasion de s’informer, de participer, de dire son mot, de se prendre en main. Ici, en région, comment peut-on s’aider, exercer son pouvoir, relever des défis, mettre en action des forces et arrêter de travailler en vase clos, les hommes et les femmes chacun de leur côté ? C’est peu couteux d’ouvrir ses horizons.

C’est également important de sensibiliser les hommes à la demande d’aide. Huit suicides sur dix sont complétés par des hommes. Quand ils demandent de l’aide, il faut qu’ils la reçoivent tout de suite parce qu’ils ont attendu longtemps avant de la demander. Souvent, ils n’en demandent même pas et ils passent à l’acte. Il faut favoriser la demande d’aide des gars. Il faut dire que non, ce n’est pas un signe de faiblesse, ce qui ne coïncide pas avec ce qu’ils se font dire depuis des années. Le message reçu, c’est qu’un homme c’est fort et que ça ne parle pas de ses problèmes. Il faut briser l’image que les hommes sont tous des chars d’assaut. Non, les hommes font preuve de sensibilité et d’émotions. Un gars, ça pleure aussi.

Ça fait des années qu’ont dit que les femmes se sont prises en main et que les gars ont seulement qu’à faire la même chose. C’est vrai, ce n’est pas

I.K. : Observez-vous une augmentation dans la demande des hommes parallèlement aux services qui leur sont offerts ?

S.B. : Il y a beaucoup de demandes des hommes. Avant, ils étaient référés par le réseau de la santé, le service judiciaire, des organismes communautaires, des conjointes, mais des gars eux-mêmes, on ne voyait jamais ça. Dans les derniers rapports, c’était 10 % des gars qui étaient venus par eux-mêmes, parce qu’ils avaient vu des affiches, qu’ils en avaient entendu parler par un ami qui l’avait fait. C’est un phénomène que j’ai vu apparaitre. Ce qui a changé aussi, c’est qu’avant, c’était l’homme qui était pourvoyeur, l’homme qui était fort, que rien ne dérangeait, qui réglait ses problèmes tout seul, et c’était une faiblesse de demander de l’aide. Avec la nouvelle génération, heureusement, ils s’impliquent plus dans la famille, réfléchissent plus à leur rôle, et la paternité prend beaucoup plus de place qu’avant. Les mentalités changent. I.K. : Est-ce que normaliser la demande d’aide pour les hommes améliorerait la santé et le bienêtre de la collectivité ? Quelles répercussions sociales pourrions-nous observer si c’était fait ? S.B. : Je pense qu’il y aurait moins de suicide déjà, moins de violence aussi... C’est peut-être de la pensée magique, mais j’entends régulièrement : « Avoir su, j’aurais demandé de l’aide avant. » Les hommes viennent me voir, ils sont en rupture avec leur conjointe, en chicane avec leur enfant, souvent, financièrement, c’est rendu le bordel, leur vie est pratiquement détruite et puis là, ils demandent de l’aide. Si dès les premiers signes de problèmes de communication avec la conjointe ils étaient venus chercher des outils pour ne pas se rendre jusque-là... Alors quelles sont les répercussions sociales ? Je serais curieux de les voir. On travaille avec des adultes, mais les jeunes devraient être rencontrés. Même si un programme existe en ce moment pour la sensibilisation dans les écoles (le programme Ayoye !), les ressources financières nécessaires ne sont pas là. Il faudrait une volonté politique pour y arriver. I.K. : Ce sont des extraits d’une conversation fort intéressante. Merci, Serge !

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Coeur

M .M a r t i n e a u ,

m m e s- là Pa r lo n s d e c e s fe par Lilium, www.liliumination.wordpress.com

Monsieur Martineau, Dans une de vos récentes chroniques, vous demandiez aux femmes pourquoi elles étaient aussi nombreuses à se jeter dans les bras des mauvais hommes; comment ça se fait que dans une société féministe comme le Québec, il arrive encore que des femmes qui sont belles, intelligentes et talentueuses n’aient pas confiance en elles, tandis que les hommes, qui n’ont pas toujours ces qualités, y parviennent. Sincèrement, je me suis longtemps posé la même question, avec à peu près le même découragement frustré. Je me suis longtemps détachée de ce lot de femmes qui prenaient le parti d’être faibles et jetaient la honte sur mon sexe. Et cette question, c’est celle qui m’est revenue en tête, durant ma thérapie, quand j’ai voulu comprendre ce qui m’avait amenée à devenir une autre victime de violence conjugale. Comment moi, belle et brillante jeune femme de bonne famille, éduquée, cultivée, sure d’elle, et se disant féministe par-dessus le marché, comment j’avais pu, peu à peu, abdiquer ma souveraineté à un homme violent. Aussi, je me propose de partager avec vous le résultat de ces réflexions. D’abord, si, dans votre tête, les femmes sont totalement aveuglées par les trous de cul et les voient comme des princes charmants, vous vous trompez. En vérité, nous avons appris à voir les trous de cul comme des princes charmants et à ne pas écouter notre jugement, notre inconscient, notre instinct, cette petite voix dans notre

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tête qui, justement, nous hurle de prendre nos jambes à notre cou. Votre chronique est un bon exemple de toutes celles où des hommes, et même des femmes, veulent raisonner et sauver les femmes de leur pire ennemi : elles-mêmes. Nous avons appris, à force d’y être exposées, à ne pas nous faire confiance. À ne pas avoir confiance en notre jugement qui, de toute façon, est influencé par notre émotivité féminine instable (que l’homme a jugé important de qualifier un jour d’hystérie). Les femmes se forcent ainsi à tolérer leur inconfort, leur malaise, leur tristesse, leur déception, leur désespoir, parce que vous avez réussi à nous convaincre que nous en étions les seules responsables. Et quand je dis « vous », oui, historiquement, il s’agit des hommes. Aujourd’hui, il s’agit aussi souvent de femmes. La vôtre, par exemple, aime bien donner des leçons aux autres femmes sur la bonne façon d’être une femme.

Mais, en plus de ces leçons apprises sur la façon d’être une femme exemplaire, on a beaucoup insisté sur la façon d’être une conjointe exemplaire. Et là, je ne veux pas parler des manuels scolaires qui enseignaient à ma mère comment accueillir son mari le soir et qui a provoqué l’ire de Lise Payette, mais de ce que moi, on m’a appris : que le bad boy n’en est pas vraiment un et que c’est l’amour d’une honnête femme, de même que sa compassion et sa patience, qui va lui permettre de s’ouvrir et de devenir l’homme le plus gentil et le plus aimant qui soit. Dans notre culture populaire, à travers les séries télévisuelles et les films, les romans, tout ce qu’on se raconte pour s’expliquer comme humain, un homme méchant n’est jamais vraiment méchant s’il est amoureux. Parce qu’un vrai méchant n’est pas capable d’être amoureux. Le vrai méchant n’a pas de sentiments ni de scrupules, il utilise les autres, est incapable d’une quelconque générosité ou acte


« D’accord, il me le disait en criant, ce que charitable et ne démord jamais de son âpreté. Bref, il est tout noir. Pas de zone grise. Ainsi, celui qui est capable de bien et de mal n’est pas méchant : ce n’est qu’un pauvre homme qui a été durement malmené et qui a besoin d’être apprivoisé, qui se cache derrière une carapace de froideur et de colère, mais qui, parfois, laisse passer des morceaux de douceur, indices de tout le bon qui se cache derrière. Bref, c’est un blanc sali, qui retrouvera son éclat quand il aura été transformé par l’amour d’une femme. Sauf que dans la vraie vie, avoir des qualités ne veut pas dire que tu es foncièrement une bonne personne. Dans la vraie vie, les méchants ne sont pas tout noirs et sont donc d’autant plus difficiles à repérer. Et si une chose est certaine, c’est que plus on est jeune, moins on a vécu d’expériences réelles contredisant la culture populaire et ses histoires fantasques, moins on a la maturité pour comprendre que ces histoires ne sont pas représentatives de la réalité, moins on a la capacité de voir les indices du danger qui nous guette et qui, pourtant, nous sautent au visage. Cela me subjugue, d’ailleurs, que vous pointiez du doigt la naïveté des adolescentes, comme si elle vous étonnait. Je me permets ici de citer Sade, qui, malgré son sadisme, était loin d’être un imbécile : « Les honnêtes gens ne soupçonnent jamais le mal dont ils sont incapables eux-mêmes, et voilà pourquoi ils sont aussi facilement dupes du premier fripon qui s’en empare, et d’où vient qu’il y a tant d’aisance et si peu de gloire à les tromper ; l’insolent coquin qui y tâche n’a travaillé qu’à s’avilir, et sans même avoir prouvé ses talents pour le vice, il n’a prêté que plus d’éclat à la vertu. » Et ça, c’est sans compter que, comme je l’ai dit plus tôt, la femme a appris à ne pas se fier à son instinct. Et, que

je trouvais inacceptable, mais ce qu’il me disait, au final, n’avait rien de bien différent du discours que j’entends chaque jour depuis que je sais parler. » nous soyons jeunes ou vieux, femme ou homme, que l’amour nous rend tous un peu aveugles. Dans mon cas, la question n’est pas de savoir si, oui ou non, je me rendais compte que mon ex me traitait mal. La réponse est oui. Je le savais. Dès le début. Mais, contrairement à ce que vous avez pu avancer, mon désir de rester à ses côtés n’avait rien à voir avec le fait que je n’avais pas d’amour propre. Je ne croyais pas mériter la façon dont il me traitait. Mais je croyais qu’en étant compréhensive, en lui faisant voir que, malgré tout ce mal dont il était capable, je voyais aussi du bon en lui, je finirais par lui donner confiance en moi, en lui et en notre couple. Je nourrissais l’espoir qu’on m’avait appris à entretenir, qu’une fois que j’aurais enfin trouvé la bonne façon de communiquer avec lui, lorsque j’aurais atteint la faille dans son armure, il arriverait à arrêter de s’en prendre à moi et à nous rendre malheureux tous les deux, pour devenir l’amoureux exceptionnel qui m’était destiné. Sauf que, dans la vraie vie, ça ne fonctionne pas comme ça. Parce que les hommes violents cherchent à se rassurer eux-mêmes, non pas à se remettre en question. Ils exigent de leur compagne des changements, des efforts, mais tout ce qu’ils

remarquent, ce sont les faux pas, les défauts, tout ce qui la rend imparfaite à leurs yeux et qui les enrage. Et avec l’accumulation de toutes ces déceptions-là, dont ils la trouvent responsable, leur agressivité ne va pas en s’amoindrissant, mais en s’aggravant. Et lorsque tu es la femme qui reçoit toute cette colère, tu finis par te demander ce que tu n’as pas fait comme il faut. Comment ça se fait que la recette magique (amour-compassion-patience-effort) ne donne pas les résultats supposés ? Et, tandis que tu te poses la question, ton chum, lui, il te donne la réponse. Bien comme il faut. En criant, pour être sûr que ça te rentre dans la tête, comme il dit. Et c’est là que le doute s’installe. C’est là que tu perds tes repères, que ta vision devient floue, que tu cesses d’être en mesure de nommer, de dénoncer, et de fuir la violence. Et c’est aussi à ce moment-là que la violence se fait plus virulente, moins subtile. Si, au départ, tu acceptes docilement la violence ordinaire dans l’espoir qu’elle s’estompe, peu à peu, tu finis par douter qu’elle en soit vraiment, même quand elle s’intensifie, et tu finis par croire que tu es responsable de tout ce malheur qui s’abat sur toi. Mon ex m’a expliqué, un peu comme vous, ce qu’il fallait que je fasse pour arrêter de souffrir. Et si, au début, j’ignorais les immondices qu’il me jetait au visage, me disant que c’était ses vieilles blessures et sa méfiance qui parlaient, hypothèse qui était soutenue par son parcours amoureux qu’il disait parsemé de folles,:au final, j’ai fini par douter de ma capacité à lui faire voir que je n’étais pas l’une d’entre elles, et même à douter que je n’en sois pas véritablement une. Et savez-vous pourquoi j’ai fini par le laisser me convaincre que j’étais folle et que c’était moi qui étais responsable de nos problèmes conjugaux et de ses comportements ignobles ? Parce qu’il n’était pas le seul à me le dire. Il n’était pas le seul à remettre en

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« Quand j’ai fini par raconter à mon père doute ma façon d’être et de me comporter, ma valeur, mes valeurs. D’accord, il me le disait en criant, ce que je trouvais inacceptable, mais ce qu’il me disait, au final, n’avait rien de bien différent du discours que j’entends chaque jour depuis que je sais parler. Vous en doutez ? Eh bien, vous-même, depuis seulement quelques jours, avez écrit deux textes s’adressant aux femmes en les culpabilisant et en les dévalorisant. Le premier disant que les hommes en ont marre des féministes revanchardes (mon ex, lui, quand je lui demandais de faire preuve de respect lorsqu’il s’adressait à moi, me demandait ironiquement s’il fallait bruler une brassière), et l’autre disant que les filles sont nounounes et décourageantes (mon ex disait plutôt que j’étais conne et que ça ne servait à rien d’être patient et compréhensif avec moi, puisque j’étais un cas désespéré). Vous ne trouvez pas ça ironique ? De savoir qu’afin de brouiller mon esprit et de me rendre plus docile, mon ex me tenait le même genre de discours que vous me tenez dans vos chroniques ? Que lui aussi, il me disait à quel point ça l’attristait de me voir me manquer de respect, ne pas avoir confiance en moi, me faire du mal ? Que lui aussi se fâchait de me voir l’accuser, lui, de la souffrance dont il n’était en aucun cas responsable ? Que lui aussi trouvait légitime de me cracher sa colère et son découragement au visage en m’intimant de changer pour mon propre bien ?

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ce que j’avais vécu, il a conclu : “Eh bien, je crois qu’il est temps que tu arrêtes de t’apitoyer sur ton sort et que tu te relèves les manches.“ » femme. Parce que, comme je l’ai mentionné au début de ce texte, j’éprouvais de la honte et du dédain pour l’image de la femme qu’on m’avait présentée jusqu’alors, soit une personne jalouse, manipulatrice, instable, hypocrite, égoïste, bitch, salope, profiteuse, superficielle, idiote, incapable, chialeuse, hystérique, naïve, et j’en passe. Bref, je ne voulais pas appartenir au sexe faible. Et si, en propageant ce genre de discours, vous n’aviez eu d’incidence que sur moi, encore, ça ne serait pas tellement grave. Sauf qu’à travers mon expérience, j’ai pu voir à quel point ce mépris des femmes, tellement fréquent et ordinaire qu’il est considéré comme légitime, influence les perceptions d’à peu près tout le monde.

Et vous voulez que je vous dise ? Il se croyait vraiment, lorsqu’il disait qu’il agissait ainsi pour mon bien. De la même manière que vous croyez qu’en disant aux femmes de se réveiller, vous agissez pour leur bien. Même si elles vous disent que ça ne les aide pas. Même si elles vous disent que ça leur fait du tort. Même si elles se mettent en colère. Même si elles vous somment d’arrêter. Vous savez mieux qu’elles. Comme mon ex savait mieux que moi.

Pendant ma relation avec mon ex, quand je demandais à son entourage de l’aide et des conseils par rapport à son agressivité, on me disait que ça ne regardait que nous et qu’on ne voulait pas s’en mêler. Quand on était témoin de cette agressivité, on fermait bêtement les yeux et on faisait comme si de rien était. Et quand on a vu ma santé se détériorer rapidement, après que nous ayons emménagé ensemble, on m’a conseillé de me faire soigner. Chez un psy. Parce que, sans aucun doute, j’avais une maladie mentale. Enfin, c’était l’hypothèse que soutenait mon ex.

Cette critique omniprésente de la femme m’a tellement affectée que, lorsque j’étais adolescente, je disais que j’étais un homme dans le corps d’une

Quand j’ai quitté notre appartement et que je me suis réfugiée chez ma mère, lui racontant la violence que mon ex me faisait subir, celle-ci m’a dit qu’il y avait

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toujours deux côtés à chaque médaille, que nous passions à travers une période stressante et difficile et que, franchement, je n’étais pas facile à vivre ces derniers temps. Quand j’ai officiellement porté plainte contre mon ex, la quasi-totalité de notre entourage commun ne s’est pas contenté de fermer les yeux, mais a carrément choisi de cautionner et de répéter la version de mon ex, voulant que j’aie tout inventé et que je sois folle, sans même chercher à savoir ce que j’avais inventé, exactement, sans chercher à entendre ma version des faits. On a arrêté de me parler, on m’a méprisée du regard, on m’a foutue à la porte des activités communes à mon ex et à moi, on m’a espionnée pour lui, et c’est lui qu’on est venu consoler et soutenir au procès. Quand j’ai fini par raconter à mon père ce que j’avais vécu, après m’avoir demandé, comme vous l’avez fait, comment ça se faisait que j’aie autorisé qu’on me violente, il a conclu : « Eh bien, je crois qu’il est temps que tu arrêtes de t’apitoyer sur ton sort et que tu te relèves les manches. » Parce que d’avoir réussi à quitter mon ex, de l’avoir fait arrêter, d’avoir accepté de témoigner dans un procès criminel, d’avoir récupéré mes biens en catastrophe, d’avoir déniché un nouveau logement, d’avoir organisé un ultime déménagement, d’avoir mis mon nouveau chez moi à mon gout, de m’être cherché un nouvel emploi dans ma nouvelle ville, tout ça alors que je vivais une peine d’amour empreinte de la détresse résultant du traumatisme que j’avais subi, ça, c’était m’apitoyer sur mon sort. Peut-on blâmer une femme amoureuse d’avoir naïvement fait confiance et d’avoir donné du pouvoir à un homme violent, quand autant de gens autour d’elle tolèrent et relativisent la violence dont elle est victime, lui font comprendre qu’elle en est la responsable, et encouragent aveuglément l’homme qui l’a violentée à se conforter dans sa certitude d’avoir bien agi ? Peut-on blâmer la victime quand on ne blâme ni son bourreau ni ses complices ?


Vous avancez que, si les femmes avaient plus confiance en elles, elles ne seraient pas aussi souvent victimes de violence, et, honnêtement, là-dessus, je vous donne raison. Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est la logique qui vous amène à croire que c’est en culpabilisant les femmes de ne pas avoir confiance en elles qu’elles vont finir par s’affirmer davantage. Et je ne comprends pas non plus comment vous pouvez, en l’espace de quelques jours, exhorter les femmes à se tenir debout tout en demandant à celles qui s’affirment d’une manière qui ne vous convient pas de se taire. C’est facile de condamner les batteurs de femmes, les violeurs, les meurtriers. C’est facile de les pointer du doigt, de regarder leur crime ignoble en se disant qu’il faut être cinglé pour le commettre. N’importe qui est capable de condamner les méchants tout noirs comme ça. Même un batteur de femme, même un violeur, même un meurtrier. Mais d’être capable de se regarder soi-même ? D’être capable de se remettre en question, de se demander jusqu’où va notre tolérance au mal? De se demander si ce n’est pas cette tolérance, cette zone grise qui, justement, encourage la violence et la laisse s’épanouir pour finalement éclater un soir assez violemment de sorte qu’elle devienne intolérable? De remettre en question, au final, notre propre responsabilité dans tout ça ? Ça, ça demande du courage. Et c’est ce courage-là qui m’amène à vous écrire aujourd’hui, pour vous rappeler que la réponse à votre fameuse question, Monsieur Martineau, elle vous a été donnée des centaines de fois, déjà. Par des femmes et des hommes qui, eux, se sont remis en question et ont admis qu’à cause de leur trop grande tolérance, ils et elles étaient en partie responsables de la violence présente dans notre société. Et ces gens courageux, ce sont les féministes qui vous fâchent tellement, parce qu’ils et elles dénoncent la violence ordinaire que vous refusez de voir comme telle et dont vous défendez le droit de tout un chacun d’en user au nom de la liberté d’expression.

C’est le propre de l’Homme, lorsqu’il n’a pas été éprouvé par le système qu’il a mis en place, de nier que, parce qu’il en éprouve d’autres, ce système est problématique. C’est le propre de l’Homme de se déresponsabiliser des torts commis et répétés à travers le système qu’il endosse en pointant du doigt ceux qui commettent ces torts, et ceux qui les subissent. Mais si je peux me permettre, Monsieur Martineau, avec l’âge que vous avez, le recul dont vous êtes capable, avec les centaines d’histoires de femmes qu’on vous a racontées, tout ce qu’elles répètent depuis des décennies, si vous n’arrivez toujours pas à comprendre pourquoi les femmes ont si peu confiance en elles et sont aussi souvent victimes de violence, si c’est encore un mystère à vos yeux, je suis navrée de vous le dire, mais c’est parce que vous êtes un imbécile. Ou pire encore, c’est parce que, comme mon ex, vous cherchez à vous rassurer vous-même, et pas à vous remettre en question. Le vrai mystère, Monsieur Martineau, n’est pas de savoir pourquoi les femmes sont aussi souvent victimes de violence dans notre société, mais plutôt de savoir pourquoi cette société, qui se veut féministe, continue de donner des tribunes, de la visibilité et du crédit aux gens tels que vous, qui ne sont toujours pas en mesure d’écouter une femme quand elle parle. De l’écouter et de l’entendre. Pas de la réprimander. Pas de la dévaloriser. Pas de l’infantiliser. Pas de la culpabiliser. Pas de lui faire la leçon. Pas de la faire taire. Pas de parler à sa place. Pas de choisir à sa place. Parce que ça, Monsieur Martineau, c’est de la violence. Et à force de côtoyer cette violence dans leur quotidien, les femmes ne se surprennent plus de la côtoyer chez elles.

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A mé lie D io n ne

r ie r e u g a e r u e n u e r p E ntre par Busque

Amélie, femme politique, femme d’affaires et mère ; j’ai toujours éprouvé un grand respect envers elle qui travaille toujours dans le but de bonifier notre société. Chaque souvenir que j’ai avec cette femme me ramène au plan humain. Une femme de cœur, de persévérance, d’idées. C’est pourquoi, en vue du thème de ce mois-ci, je ne pouvais manquer l’occasion de lui donner la parole.

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La Rumeur du Loup, mars 2016 photo de Busque


«   C’est une mentalité, Busque : Bonjour, Amélie ! J’aimerais que tu me parles du cheminement de vie que tu as fait pour en venir à avoir aujourd’hui ton entreprise qui s’appelle Événements VIP. Amélie Dionne : J’ai bifurqué beaucoup dans ma vie. J’ai fait des essais et erreurs, comme tout le monde, pour finalement réaliser, il y a cinq ans, que j’étais réellement une entrepreneure. J’avais 26 ans quand j’ai eu ma première entreprise. J’étais agente distributrice pour le journal Le Soleil. En tant qu’agents, nous devions gérer une compagnie incorporée. Donc, j’ai commencé de cette façon et, de fil en aiguille, j’ai eu une compagnie de gestion d’évènements qui s’appelait aussi Événements VIP, il y a de cela plus de 10 ans. Finalement, à une étape de ma vie, je me suis questionnée à savoir si j’avais les reins assez solides. On s’entend que, pour être entrepreneur, il faut apprendre à gérer le risque. Il faut apprendre à vivre avec l’insécurité parce que ce n’est que cela, surtout en évènementiel. D’une année à l’autre, c’est différent. J’ai beaucoup de contrats qui ne reviennent pas, donc c’est de la recherche constante de contrats. J’ai bifurqué comme employée et je suis allée travailler chez Premier Tech pendant cinq ans, pendant que j’avais mon enfant, et j’ai aussi vécu une séparation en même temps. C’est certain que l’insécurité était un peu plus grande. Finalement, après cinq ans — et Dieu sait que j’adore cette entreprise et que j’y étais très bien —, c’était plus fort que moi, le matin, j’avais la boule. Dans la vie, il faut que je fasse des essais et erreurs, mais il faut que je sois maitre de mon destin. Quand je fais un bon coup, je me tape sur l’épaule, quand je fais un moins bon coup, je m’encourage et je me dis que ça va aller. Il n’y a pas un entrepreneur dans la vie qui a réussi à faire une ligne droite remplie de succès et qui ne s’est pas trompé à un moment donné. Juste de me dire que je reçois ma paye toutes les semaines et que, peu importe les efforts que je mets, je n’ai pas le boni qui va au bout… Je ne dis pas que je le fais pour l’argent, mais pour la satisfaction de me

être entrepreneur. On est " tête forte "»et on a ce besoin viscéral de vouloir tout contrôler et de créer sans cesse de nouvelles idées qui émanent de nous et non des autres. » dire : « Regarde, je mets les efforts nécessaires et je récolte ce que je suis supposée récolter. » C’est une mentalité, être entrepreneur. Ce sont mes idées que j’exécute et que je réalise. On est “tête forte” et on a ce besoin viscéral de vouloir tout contrôler et de créer sans cesse de nouvelles idées qui émanent de nous et non des autres. B. : Tu as fait de la politique au travers de tout cela. Est-ce exact ? A.D. : Oui. Je suis d’une famille de politiciens de troisième génération. Mon grand-père a été maire, mon père a été conseiller municipal et maire de Saint-Patrice avant que Saint-Patrice et Rivière-duLoup fusionnent. J’ai deux frères et une sœur et on est soit entrepreneur ou bien on a fait une carrière en politique. Mon père ne nous a jamais poussés, mais je l’ai tellement vu s’épanouir là-dedans, mettre en place des projets. Mine de rien, mon père a été visionnaire, parce que c’est lui qui a instauré la première règlementation pour la vidange des fosses septiques. Il était tellement fier de changer les choses, et je le comprends aussi. Je sais que les politiciens, surtout au Québec, sont presque moins populaires que les vendeurs de voitures ! Tout cela dépend de notre perception. Il ne faut pas généraliser et mettre tout le monde dans le même

bateau! On est victimes de certaines personnes. Comme je le dis toujours, un bon politicien, c’est quelqu’un qui est à la bonne place pour les bonnes raisons. S’il veut y aller pour servir le concitoyen, pour développer sa région, pour mettre en place des projets, pour changer le monde, il est à la bonne place. S’il y va pour des intérêts personnels, c’est très dangereux. Quand on y va pour les bonnes raisons, il n’y a pas de raison qu’on soit un mauvais politicien. B. : Comment as-tu vécu ton expérience en tant que femme en politique ? A.D. : Je vais comparer l’entrepreneuriat avec la politique parce que j’ai senti une différence. Ce sont deux milieux d’hommes. Comme entrepreneure, je travaille tous les jours avec des hommes d’affaires. Je suis propriétaire du Salon de l’habitation où il y a 150 exposants et où il passe 10 000 personnes par année. Je gère quand même de gros projets avec de grosses entreprises et je n’ai jamais senti à date que j’étais inférieure parce que je suis une femme. Je n’ai jamais senti qu’on ne me faisait pas confiance parce que j’étais une femme. En politique, c’est le contraire, je l’ai senti. Je pense que la société le fait de façon inconsciente. Quand on passait des commentaires sur le fait que je suis trop jeune ou que je n’ai pas d’expérience. Malheureusement parfois en politique, on vote pour une image. Inconsciemment dans la tête des électeurs, un homme d’affaires dans la cinquantaine et travaillant dans le domaine financier était plus « rassurant » qu’une jeune femme dans la trentaine... Pourtant, si on en vient au fait, j'ai été seule candidate pendant quatre mois avec un programme électoral réfléchi et qui tenait la route. Côté expérience, j’étais la seule avec une expérience municipale de quatre ans comme conseillère municipale et j’ai grandi dans la politique municipale! Ma question est: qu’est ce que c’est d’avoir de l’expérience lorsqu’on se présente à la mairie? Et quel est l’âge raisonnable pour ne pas se faire dire qu’on est trop jeune? Je me pose encore cette question quand je constate

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Crédit photo : Éric St-Pierre

que Claude Béchard et Mario Dumont étaient dans la vingtaine lorsqu’ils ont été élus. Et moi, j’ai fêté mes 40 ans en 2015! (rires). Alors, je dirais que j’ai vécu des stéréotypes plus en politique, ce qui est très dommage, parce qu’on a encore reculé ici à Rivière-du-Loup en ce qui concerne la parité hommes-femmes. Moi, j’appuie et je salue les gouvernements qui tentent la parité. C’est sûr qu’il ne faut pas non plus entrer dans l’exagération de dire qu’on va forcer les femmes à se présenter et on va les favoriser à l’élection plutôt que d’autres candidats parce que ce sont des femmes. Il ne faut pas non plus tomber justement dans l’extrême, et dire qu’on va aller chercher le plus de femmes possible, peu importe leurs intérêts, peu importe leurs compétences ; il y a quand même une marge à respecter. B. : Je sais que tu as de nouveaux projets. Veux-tu nous en parler ?

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A.D. : Oui, je m’ennuie de la politique ! (rires) Alors, je me suis dit que j’allais m’occuper à d'autres choses et m’impliquer pour des causes qui me tiennent à cœur. Je m’épanouis comme entrepreneure et je suis contente d’avoir fait ce choix. Bien souvent, nous, les femmes, avons cette insécurité. À cause des enfants, oui, mais à cause du sentiment de confiance. On a le syndrome de l’imposteur. Je m’explique. On prend un homme et une femme du même âge et avec les mêmes compétences qui se font offrir un poste de direction. L’homme va l’accepter sur-le-champ et la femme va prendre trois jours pour y réfléchir. Pourquoi ? Parce qu’elle va se poser des questions comme : « Est-ce que je suis compétente ? », « Est-ce que je suis capable ? », « Est-ce que je vais négliger mes enfants ? » Toutes les raisons vont lui passer par la tête. Même moi, des fois, j’ai des périodes d’insécurité où je me remets en question complètement. « Est-ce que j’ai fait la bonne affaire ? », « Ça n’a pas de bon

sens, mon entreprise grandit, est-ce que je vais être capable de continuer à la gérer ? » Il me passe toutes sortes d’idées par la tête. Alors, je me suis dit qu’il fallait que je trouve une cause où je pourrais en parler aux femmes, leur dire qu’elles sont belles, qu’elles sont bonnes et qu’elles sont capables. Parce que c’est vrai. J’ai créé le Salon pour Elles il y a deux ans. L’année passée, j’ai invité des femmes entrepreneures, des femmes politiciennes à venir parler de leur cheminement, de la raison pour laquelle elles s’impliquent, de ce que ça leur rapporte, pour essayer justement de convaincre les femmes de s’impliquer un peu plus. L’automne dernier, le CECI m’a approchée pour un projet d’appui aux étuveuses de riz du Burkina Faso. En 2004, le Burkina Faso a importé plus de 216 000 tonnes de riz, ce qui a provoqué l’effondrement du prix sur les marchés. Les producteurs locaux se sont retrouvés avec leur paddy (grain complet sans


aucun traitement) invendu. Refusant d’assister passivement à cette crise que vivaient leurs maris, des milliers de femmes sont entrées « informellement » dans la filière, à travers l’achat du paddy, l’étuvage et la vente du produit fini. Ainsi durant deux années consécutives (2004 et 2005), ce sont les étuveuses qui ont acheté toute la production des plaines, contribuant à sauver une filière en pleine décadence. L’étuvage de riz qui était jusqu’alors une activité traditionnelle, dont la technique se transmettait de mère en fille, devient une activité rémunératrice pour des milliers de femmes. Moi, l’entrepreneuriat au féminin me tient beaucoup à cœur. Donc, j’ai décidé de m’impliquer avec le Club des ambassadrices.

« Bien souvent, nous, les femmes, avons cette insécurité. À cause

des enfants, oui, mais à cause

B. : Quel est le rôle de l’organisation ? A.D. : Le Club des ambassadrices vise à appuyer financièrement, développer et encourager l’entrepreneuriat féminin dans les pays d’intervention du CECI, tout en partageant des savoirs, des connaissances et des habiletés, et en faisant rayonner le CECI à travers ses projets d’appui à l’entrepreneuriat féminin. Ainsi, le Club des ambassadrices vise plus précisément à : Appuyer, développer et encourager l’entrepreneuriat féminin - Contribuer ou bonifier le financement de projets visant le développement de l’entrepreneuriat féminin par la mobilisation de ressources dans les réseaux respectifs de chacune des ambassadrices; - Établir des liens de communication et d’échange entre les bénéficiaires du ou des projets ; Partager des savoirs, des connaissances et des habiletés - Offrir des savoirs pratiques, notamment lors d’expériences–terrain ou lors d’échanges virtuels, permettant de renforcer les capacités entrepreneuriales des femmes visées par le ou les projets ;

du sentiment de confiance. » - Faire bénéficier le CECI et ses partenaires de nouveaux outils, approches, savoirs et savoir-faire, par la mise en réseau d’autres personnes, groupes, organismes ou entreprises B. : Vas-tu aller les rencontrer ? A.D. : Ce n’est pas prévu à court terme, mais c’est sûr qu’éventuellement j’aimerais bien cela. B. : De quelle façon leur envoies-tu les témoignages ? Par des vidéos ? A.D. : Oui, c’est ça. Nous en parlons beaucoup au Québec. Le CECI a créé le Club des ambassadrices qui compte, entre autres, Pauline Marois, AnneMarie Cadieux, Madeleine Poulin, une ancienne journaliste, etc. Le CECI travaille déjà à l’international en coopération pour soutenir des projets comme celui-ci. L’argent, c’est le nerf de la guerre, mais nous devons également soutenir ces femmes et, avec le Club des ambassadrices, nous leur apportons notre soutien en tant que femmes entrepreneures. C’est bien important. Ce genre d’initiative se passe toujours dans les grands centres, mais j’ai été approchée pour représenter les régions. Le Club des ambassadrices trouvait que les régions n’étaient pas assez représentées, même s’il y a des entrepreneures qui réussissent aussi très bien en région. Justement, il y en a beaucoup à Rivière-duLoup. Il y a beaucoup d’artistes aussi, dans tous les milieux.

B. : Peut-être que les pionnières qui ont du succès ouvrent la voie à d’autres. Qu’en penses-tu ? A.D. : Effectivement. Ce qui joue aussi est le fait d’être en région et de souvent vouloir créer son emploi parce qu’on n’en trouve pas. Des fois, c’est ce qui nous pousse à vouloir lancer notre entreprise. Le fait d’être en région et d’avoir peut-être un petit peu moins de services joue aussi. Si on trouve un service qui n’existe pas chez nous, c’est plus facile en région de se dire qu’on va l’offrir. Le pouvoir d’achat de la région est surprenant. Il ne faut pas considérer qu’on est 20 000 personnes et qu’il y a 20 000 acheteurs à Rivière-du-Loup. Les gens du Nouveau-Brunswick viennent magasiner ici aussi. On a quand même un pouvoir d’achat qui est très grand. C’est peutêtre facilitant de vivre de sa passion justement parce que le bassin de gens qui vont acheter les produits est peut-être plus grand qu’on le pense. B. : As-tu un conseil à donner à une fille, une femme, qui voudrait partir son entreprise ? A.D. : Je lui dirais : « Lance-toi dans le vide et fabrique-toi un cerf-volant en descendant ! » (rires) Non, ce n’est pas vrai ! Je lui dirais : « Jette-toi dans le vide et fais-toi totalement confiance. » Mon père m’a toujours dit : « Fais ce que tu as à faire et le reste va venir tout seul. » C’est ce que j’ai appliqué dans ma vie. Si je me mets à penser, à réfléchir à ma condition, que je suis une mère monoparentale, que je viens de faire un investissement de plusieurs milliers de dollars, que je n’ai rien de réservé dans le mois d’aout même si mon année commence à se remplir… Si je m’arrête à commencer à penser à tout cela, je stagne et je vais commencer à réfléchir et à angoisser. Je ne ferai pas ce que je dois faire pour faire avancer mon entreprise. Quand on est passionné de ce qu’on fait, quand on a confiance en soi et quand on met les efforts, je me demande ce qui pourrait arriver de pire !

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À la r e nco n t r e

io n n e ll e s s s fe o r p s e m m fe de par Marie-Amélie Dubé, collaboration Léa Didelot

Mécanicien, boucher, électricien et bien d’autres métiers sont traditionnellement considérés comme masculins. Cependant, au fur et à mesure des années, on peut voir apparaitre dans ces milieux des jeunes femmes plus motivées les unes que les autres. Si ces emplois semblent fermer leur porte aux femmes, certaines arrivent avec confiance et sont aptes à obtenir des postes placés dans les hauteurs de la hiérarchie entrepreneuriale. Et cela ne date pas d’hier ! Aujourd’hui retraitées, de nombreuses femmes ont su faire leur place et transmettre leur détermination aux générations suivantes. C’est pourquoi aujourd’hui nous avons dans nos sociétés de jeunes femmes passionnées par leur métier, entourées d’hommes ayant des valeurs et des manières de faire qu’il faut savoir accepter. Mais il s’agit également d’hommes qui s’ouvrent à une gestion différente, vue sous un œil féminin, souvent plus proche de l’humain. Alors, parce que je suis une entrepreneure depuis peu, parce que je suis une femme et parce que j’aime m’inspirer des autres, comprendre l’humain et l’observer, j’ai proposé à Louis-Philippe, lors de notre réunion de ce numéro sur la femme en 2016, d’aller à la rencontre de femmes entrepreneures qui sont des modèles et travaillent dans des milieux non traditionnellement féminins. Être entrepreneure comporte en soit tout un défi et d’être dans un milieu moins fréquenté par les femmes l’est encore plus. Voyons comment elles s’en sortent !

Christiane Plamondon

Âge : 33 ans

Profession : Conseillère en santé et sécurité, propriétaire de Conseillère SST depuis bientôt 7 ans.

Elle arrive à mon bureau, toute pimpante, énergique et souriante. Il faut dire que c’est vendredi et qu’il fait un de ces soleils qui nous réchauffe le cœur ! On se met à jaser de la raison pour laquelle on est contentes de se rencontrer. Elle me dit qu’elle me suivait et on discute d’Animation de l’Est, compagnie dont elle est copropriétaire avec son mari, pour laquelle elle investit quelques heures de gestion par semaine.

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Parle, parle, jase, jase; il faudrait bien la commencer, cette entrevue, si je veux faire un papier sur toi. On se ramène à l’ordre !

Finalement, c’est presque une heure et demie plus tard qu’elle quitte mon bureau ; j’exagère à peine. Moi qui pensais que ça allait durer 20 minutes… eh misère ! Je pense avoir rencontré mon alter ego. Ça


existe, quelqu’un qui parle plus que moi ? Christiane Plamondon est une femme bionique ! Elle a trois enfants, travaille sur la route à travers le Québec, elle prend des cours à l’université, aide son conjoint dans son entreprise, collectionne des vêtements vintage à en faire rougir Betty Boum, fait partie de la table d’action en entrepreneuriat et s’implique avec Femmessor. Se reposer ? C’est un verbe qu’elle ne sait pas conjuguer. Elle mord dans la vie et n’a pas l’intention de s’arrêter pour la regarder passer ! Travailler dans une seule entreprise, 40 heures par semaine, 50 semaines par année, ce n’est pas non plus fait pour elle. Elle a besoin de défi, d’action, de diversité ; elle ne connait pas la routine. Depuis 7 ans, elle est propriétaire de l’entreprise Conseillère SST et se qualifie de formatrice agréée et agréable ; c’est ce qui est écrit sur sa carte d’affaires [on adore !]. Sa mission : permettre aux petites et moyennes entreprises d’avoir accès à des services en santé et sécurité au travail et de performer avec les mutuelles de prévention de la CNESST [Commission des normes du travail et de l’équité salariale et de la santé et sécurité au travail]. Elle parcourt des entreprises qui sont presque à 100 % masculines, en passant par la mécanique Diésel, la boucherie, la soudure, des domaines assez variés et différents. Pas évident, quand pour une fille de 33 ans, de dire à un entrepreneur de 30 ans d’expérience qu’il n’est pas dans les normes et qu’il a des pratiques à modifier dans son usine. Mais selon Christiane, c’est une question de crédibilité. « Dès que tu es capable de montrer que tu sais où tu t’en vas, que tu sais de quoi tu parles, que tu leur démontres que tu es là pour travailler avec eux, c’est possible. »

photo de Catherine Roy

«   Dans ces situations, Christiane sort un de ses précieux atouts : l’humour. » De mauvaises blagues, c’est certain qu’elle en a entendu. Disons que depuis qu’elle porte une alliance, c’est mieux, mais elle doit tout de même faire attention à la couleur de son rouge à lèvres, à l’odeur de son parfum et à son décolleté. Elle s’est déjà fait dire, parce qu’elle portait une jolie blouse rouge : « Coudonc ! Te cherches-tu un deuxième mari ? » Dans ces situations, Christiane sort un de ses précieux atouts : l’humour. « Souvent, je me fais taquiner, mais ce n’est jamais méchant. Je désamorce cela en disant qu’on a un job à faire chacun de notre bord et qu’on n’a pas de temps à perdre ! » Bref, c’est une question de caractère. « Si tu as confiance en toi, c’est facile ! » De plus, rester professionnelle en tout temps et être positive est aussi de mise. « Travailler dans la bonne humeur quand on gère des lois et des règles, ça aide à faire passer le méchant. » Finalement, il faut être un spécialiste de l’humain pour travailler dans ce domaine. « Il faut savoir s’adapter à chacune

des personnalités et savoir comment intervenir avec chaque type de caractère. Des fois, il faut être douce, maternelle même, ou être autoritaire, ça dépend de l’humain qui est en face de nous. » Chaque entreprise est aussi différente et il faut s’adapter à leur culture organisationnelle. À la blague, Christiane me dit : « J’ai 900 employés », en fait, ce sont les employés de ses clients ! Ce qui est fou, c’est qu’elle s’oblige à connaitre le nom de chacune des personnes qu’elle côtoie, le nom de leur femme, de leurs enfants, la réalité dans laquelle chacun vie, pour être au diapason de leurs besoins. Il faut le faire ! Assurément ambitieuse, déterminée et électrique, Christiane Plamondon est une femme inspirante et équilibrée. Extravertie au quotidien, colorée et exaltée, alors qu’au travail elle exerce sa touche magique, tout en nuance et en sagesse. Elle sait plus que quiconque comment parler aux hommes !

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Karine Anctil Profession : Copropriétaire de Rona Rivière-du-Loup

J’arrive au Rona de Rivière-du-Loup à 8 h 50, je rencontre presque juste des femmes sur le plancher, elles sont toutes souriantes et me saluent. J’arrive au bureau de Karine et elle me dit : « on va aller dans l’autre bureau, le mien est trop bordélique ». Je jette un coup d’œil et je vois des piles et des piles de papiers sur l’ensemble de son bureau. Elle me regarde et me dit : « Ça, c’est juste deux jours d’absence du bureau ! » Karine fait partie de cette dizaine de femmes propriétaires de Rona parmi les quelque 300 quincailleries du même nom au Québec. Quand elle et son père on fait l’acquisition de ce commerce en 2009, le lieu était principalement opéré et fréquenté par des hommes. Le portrait est tout autre en 2016. « Aujourd’hui, les postes occupés dans mon entreprise sont à parité », me répond Karine. « J’ai autant de femmes que d’hommes sur le plancher et les femmes n’occupent pas juste des postes administratifs ou de design. La meilleure vendeuse de portes et fenêtres de Rivière-du-Loup, c’est ici qu’elle est : c’est une femme », me rapporte fièrement la jeune entrepreneure. En agrandissant le commerce, en changeant le design et en engageant davantage de femmes, Karine a contribué à changer le visage de son commerce et à diversifier sa clientèle. Le contact des femmes, notamment au service à la clientèle, est différent et apporte une touche personnalisée. D’ailleurs, j’ai tout de suite senti cette présence féminine, car Karine a choisi de changer la configuration de son magasin pour y mettre le département de peinture et de décoration dès l’entrée. « Il a fallu que je me batte pour faire accepter cette autre façon d’organiser mes départements, parce que dans les autres Rona, c’est le saisonnier qui est à l’entrée. Je trouve ces départements beaux juste à Noël ou au printemps », me raconte-t-elle en riant. Au final, elle a gagné son pari auprès de la bannière Rona, avec chiffres à l’appui.

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Bien que son côté humain l’aide auprès de ses employés, son côté maternel peut parfois lui jouer des tours. « Je n’ai pas de gestion des ressources humaines, c’est moi qui gère toutes ces questions-là. Être capable d’être proche du monde, mais en même temps de se garder une certaine distance, c’est assez complexe. » Elle doit se faire une carapace et assumer ses décisions d’employeurs, même si parfois elle trouve cela difficile. De plus, bien que nous soyons en 2016, les femmes doivent encore trimer dur, dans son domaine, pour se faire respecter et être prises au sérieux. « Quand je vais

faire les achats, les représentants sont encore dans la tête que je suis la conjointe d’un tel et que ce n’est pas moi qui prends les décisions. Quand tu es une jeune femme, ils pensent que tu ne peux pas être propriétaire d’un Rona, donc il y a encore beaucoup de travail à faire pour faire changer les mentalités. » Finalement, c’est grâce à la structure, à l’organisation qu’elle s’impose, que Karine Anctil peut à la fois gérer son entreprise et réussir à avoir une vie familiale saine : défi de taille pour les femmes entrepreneures de 2016. Chapeau Karine !


Valérie et Mélissa Berger

Profession : Coprésidentes directrices générales des Tourbières Berger

Respectivement arrivées dans la compagnie en 2007 et 2009, Valérie et Mélissa Berger œuvrent au quotidien à titre de coprésidentes directrices générales des Tourbières Berger. Elles représentent une relève féminine fonceuse, passionnée et forte d’une expérience sur le marché international. Chez Berger, les femmes ont toujours eu une place importante au sein de l’entreprise familiale, et ce, dès sa fondation. Leur principale inspiration en entrepreneuriat est sans contredit, leur grand-mère, madame Huguette Théberge, une référence dans le domaine horticole et fondatrice de l’entreprise pour laquelle elle était partie prenante de toutes les décisions. Selon elles, la clé en entrepreneuriat,

«  Le choc des genres se fait toutefois sentir lorsqu’elles doivent négocier dans certains pays où la culture entrepreneuriale prend un visage masculin. » peu importe que l’on soit un homme ou une femme, c’est la confiance. Lorsque je les questionne à savoir s’il y a un avantage à être une femme en affaires, elles suggèrent que « le sixième sens des femmes », leur sensibilité, leur empathie et leur côté plus humain sont des forces indéniables qui bonifient les compétences de gestion en entreprise. Elles soulignent toutefois que certains hommes ont aussi cette capacité faisant ainsi référence à leur père, Claudin Berger, et leur oncle, Régis Berger, avec qui elles partagent les mêmes valeurs. Le choc des genres se fait toutefois sentir lorsqu’elles doivent négocier dans certains pays où la culture

entrepreneuriale prend un visage masculin. Les sœurs Berger sont parfois confrontées à cette réalité culturelle dans leurs différents partenariats affaires. Pour se faire entendre, elles font alors appel à un intermédiaire, souvent l’interprète, et facilitent ainsi leurs échanges. Un autre défi important est la conciliation travail-famille, une réalité qui se vit au quotidien. Pour y arriver, il faut savoir bien

s’entourer et ne pas hésiter à demander de l’aide. Un réseau fort est nécessaire pour nous soutenir. Au final, l’ingrédient secret de Valérie et Mélissa Berger pour réussir en tant qu’entrepreneures, c’est la détermination ! Croire en ses projets, croire aux gens avec qui on travaille au quotidien, les aimer, les écouter, c’est un gage d’équilibre et d’harmonie.

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photo de Catherine Roy

Marianne Lévesque

Âge : 28 ans

Formation : DEP en électromécanique de système automatisé Métier : Mécanicienne d’entretien (Milleright)

Alors qu’elle avait des années de chansonnière derrière la cravate, Marianne Lévesque a décidé qu’elle voulait passer à autre chose, retourner aux études et privilégier une stabilité d’emploi. Elle s’est mise à chercher un métier qui lui demanderait un minimum d’études, lui assurerait un haut taux de placement et lui offrirait un salaire convenable. « Électromécanique, 98 % de placement, 20 $ de l’heure en partant, c’est là-dedans que je m’en vais ! », me raconte la grande femme énergique qu’est Marianne. Ce fut un coup de dé qui a joué en sa faveur. Elle a eu la piqure, elle est littéralement tombée en amour avec la profession. « C’est surtout grâce aux professeurs, j’ai eu des enseignants extraordinaires, que j’aimerais bien remplacer un jour, d’ailleurs ! J’aimerais beaucoup enseigner la mécanique. Ce serait une première, une femme prof de mécanique ! » Et bien, les premières, Marianne Lévesque en est une spécialiste ! Elle a été la première femme, avec son amie Rose Dionne, à être inscrite en électromécanique au CFP de

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photo de Catherine Roy


Rivière-du-Loup et elle a été la première mécanicienne d’entretien à être engagée chez Prelco. Comme vous pouvez le constater, Marianne Lévesque n’a pas peur des défis et ouvre une nouvelle voie à paver par les femmes en 2016. Elle se sent d’ailleurs responsable de sa pratique et cherche à démocratiser l’accès des femmes aux métiers traditionnellement masculins. Entre son boulot de soir chez Prelco comme mécanicienne d’entretien industriel, ses cours de jour au Pavillon-de-l’Avenir pour obtenir une attestation en mécanique industrielle et ses soirées de chansonniers (oui, elle en fait encore !), Marianne Lévesque trouve le temps de donner des conférences dans les écoles primaires, secondaires et au CFP pour parler de son métier et de la réalité de son travail.

«  C’est beaucoup une question d’attitude, parce que la compétence, que tu sois un gars ou une fille, tu peux l’avoir. »

Oui, une femme peut faire de la plomberie, de la soudure, de l’électricité. La jeune femme en connait un lot à ce sujet. « Je n’ai pas le choix, il faut que je puisse être lancée partout dans l’usine, il faut que je puisse tout réparer ! » Dans ce milieu, il faut savoir se débrouiller, être curieux et avoir des connaissances techniques en hydraulique, en pneumatique et en système mécanique. Des gears, des straps, et des poulies, elle en change ! « C’est certain qu’il faut avoir du caractère, avoir confiance en soi et être déterminée. Il faut montrer que tu sais de quoi tu parles. C’est aussi un métier exigeant physiquement, il faut se tenir en forme, je m’entraine 4 fois par semaine. Il faut faire ses preuves, mais doublement ». Et le travail avec les gars ? « Évidemment, il y a des commentaires et des remarques déplacées, c’est une gang de gars, on ne va pas dénaturer une gang de gars en arrivant là ! Tu n’arrives pas là comme une féministe qui veut tout changer, mais tu arrives là avec un message à passer, comme quoi tu es quelqu’un qui a une belle énergie, une belle écoute, qui a envie de travailler. Ça rend le milieu de travail tellement plus sympathique. C’est beaucoup une question d’attitude, parce que la compétence, que tu sois un gars ou une fille, tu peux l’avoir. Les gars sur le plancher sont super gentils avec moi, ils sont protecteurs. Comme ils doutent naturellement des compétences de la femme en mécanique, c’est dans leur nature de vouloir t’aider, de te rendre service. » Mais la jeune mécanicienne prend sa place et montre aux hommes qu’elle est capable et qu’elle sait relever les défis par elle-même. Il faut dire aussi que Marianne n’a pas la langue dans sa poche et qu’avec son humour et son assurance, elle sait prendre sa place et se faire entendre. Sa force de caractère lui a donc permis de se faire respecter de ses collègues. Aujourd’hui, elle a fait des hommes ses alliés et avoue être pourrie gâtée dans son milieu de travail. Avec l’ouverture d’esprit, la communication, l’écoute et la bonne humeur, on arrive à tout, « c’est mon multipass ! ». Vraiment, Marianne Lévesque, tu m’impressionnes ! Tu me donnes le gout d’être mécanicienne !

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Biblio Madame B : chronique de bibliothèque

L’écrivain qui aimait les femmes par Sylvie Michaud

Dernièrement, j’ai donné une conférence sur Romain Gary (1914-1980), auteur que je lisais dans ma jeunesse (Chien blanc, Les mangeurs d’étoiles et Gros-Câlin) et que j’ai toujours aimé, mais que j’avais perdu de vue. Les recherches que j’ai entreprises pour préparer cet évènement m’ont fait découvrir un homme au parcours exceptionnel, dont les écrits sont toujours jubilatoires. Je veux partager avec vous aujourd’hui un long passage que l’on trouve à la fin du livre Le sens de ma vie qui est la transcription d’un entretien réalisé dans le cadre de l’émission Propos et confidences quelques mois avant sa mort par suicide. « La seule chose qui m’intéresse, c’est la femme, je ne dis pas les femmes, attention, je dis la femme, la féminité. Le grand motif, la grande joie de ma vie a été l’amour rendu pour les femmes et pour la femme. Je fus le contraire du séducteur malgré tout ce que l’on a bien voulu raconter sur ce sujet. C’est une image totalement bidon et je dirais même que je suis organiquement et psychologiquement incapable de séduire une femme. Cela ne se passe pas comme ça, c’est un échange, ce n’est pas une prise de possession par je ne sais quel numéro artistique de je ne sais quel ordre, et ce qui m’a inspiré donc dans tous les livres, dans tout ce que j’ai écrit à partir de l’image de ma mère, c’est la féminité, la passion que j’ai pour la féminité. Ce qui me met parfois en conflit avec les féministes puisque je prétends que la première voix féminine du monde, le premier homme à avoir parlé d’une voix féminine, c’était JésusChrist. La tendresse, les valeurs de tendresse, de compassion, d’amour, sont des valeurs féminines et, la première fois, elles ont été prononcées par un homme qui était Jésus. Or il y a beaucoup de féministes qui rejettent ces caractéristiques que je considère comme féminines. En réalité, on s’est toujours étonné du fait qu’un agnostique comme moi soit tellement attaché au personnage de Jésus. Ce que je vois dans Jésus, dans le Christ et dans le christianisme, en dépit du fait qu’il est tombé entre les mains masculines, devenues sanglantes et toujours sanglantes par définition, ce que j’entends dans la voix de Jésus, c’est la voix de la féminité en dehors de toute question de religion et en dehors de toute question d’appartenance catholique que je puis avoir techniquement. Je puis donc simplement dire que mon rapport avec les femmes a été d’abord un respect et une adoration pour ma mère, qui s’est sacrifiée pour moi, et un amour des femmes dans toutes les dimensions de la féminité, y compris bien sûr celle de la sexualité. On ne comprendra absolument jamais rien à mon œuvre si l’on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d’abord des livres d’amour et presque toujours l’amour de la féminité. Même si j’écris un livre dans lequel la féminité n’apparait pas, elle y figure comme un manque, comme un trou. Je ne connais pas d’autres valeurs personnelles, en tant que philosophie d’existence, que le couple. Je reconnais que j’ai raté ma vie sur ce point, mais si un homme rate sa vie, cela ne veut rien dire contre la valeur pour laquelle il a essayé de vivre. Je trouve que cce que j’ai fait de plus valable dans ma vie, c’est d’introduire dans tous mes livres, dans tout ce que j’ai écrit, cette passion de la féminité soit dans son incarnation charnelle et affective de la femme, soit dans son incarnation philosophique de l’éloge et de la défense de la faiblesse, car les droits de l’homme ce n’est pas autre chose que la défense du droit à la faiblesse. Et si on me demande de dire quel a été le sens de ma vie, je répondrais toujours — et c’est encore vraiment bizarre pour un homme qui n’a jamais mis les pieds

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Illustration de Joann Sfar (La promesse de l’aube)

« Même si j’écris un livre dans lequel la féminité n’apparait pas, elle y figure comme un manque, comme un trou. » dans une église autrement que dans un but artistique — que cela a été la parole du Christ dans ce qu’elle a de féminin, dans ce qu’elle constitue pour moi l’incarnation même de la féminité. Je pense que si le christianisme n’était pas tombé entre les mains des hommes, mais entre les mains des femmes, on aurait eu aujourd’hui une tout autre vie, une tout autre société, une tout autre civilisation. Pour le reste, que voulez-vous que je vous dise ? Je voudrais simplement avoir encore le temps de continuer dans la même direction, aussi longtemps que possible, et je le dis tout de suite, pas tellement pour écrire d’autres romans et en tirer je ne sais quelle gloire, mais simplement par amour de la féminité, par amour de la femme, et je crois que l’on trouvera cet amour, on trouvera cette fidélité dans mon nouveau roman qui s’appelle Les Cerfs-volants. Et je ne voudrais simplement pas qu’il y ait plus tard, quand on parlera de Romain Gary, une autre valeur que celle de la féminité. »


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Spe c t ac le

« Comme je le disais tantôt, j’ai un numéro sur l’islam, mais quand il arrive une tuerie comme à Paris, c’est plus délicat. C’est ça aussi de travailler avec l’actualité.  »

100 % Lemire par Busque

La société est dans la mire de Lemire dans son dernier spectacle qui roule depuis l’année passée. Entrevue avec un homme d’idées et d’humour sur sa vision du monde dans lequel on vit. Busque : Tu es humoriste depuis environ 35 ans. Ressens-tu toujours de la nervosité avant de monter sur scène ?

B. : À quoi servent les personnages que tu incarnes au travers des numéros conventionnels ?

Daniel Lemire : Oui, c’est sûr ! Des fois, j’ai l’impression que c’est pire qu’avant ! Il le faut. La journée où l’on est trop confortable, ce n’est pas positif.

D.L. : Les personnages, évidemment, amènent un autre point de vue, un autre propos qui, des fois, peut être plus caricatural. Ce qui est bien dans les personnages qui sont connus, c’est que les gens savent à quoi s’attendre, pour qu’il n’y ait pas de quiproquos. Par exemple, j’ai un numéro sur l’islam et ce sujet est toujours délicat. Il faut bien peser nos mots pour ne pas exciter la haine — c’est peutêtre un peu fort — ou l’étroitesse d’esprit. Alors, il faut que le propos soit très clair et il faut aussi être à l’affut de la perception des gens. Alors, c’est là qu’est le travail. Par contre, il y a des sujets qui sont un peu plus légers. Par exemple, oncle Georges, dans le prochain spectacle, est coach de vie. C’est un peu différent ! Vu qu’il y en a de plus en plus — c’est rendu tellement populaire —, je trouvais que c’était intéressant qu’il s’en aille là-dedans. Il a vu un créneau qui pouvait être profitable de tous les côtés. Par contre, pour son côté zen, le vernis tombe assez vite !

B. : Et pourquoi plus qu’avant ? D.L. : Je ne sais pas. Je suis peut-être plus conscient des enjeux. Peut-être aussi qu’en vieillissant, c’est un peu plus difficile d’absorber le stress ou de l’évacuer. Juste d’être devant les gens, c’est quand même une dose de stress assez importante. On dirait que le stress est beaucoup plus important quand on commence le spectacle. Tant qu’il n’est pas très rodé, c’est quand même beaucoup plus stressant. À un moment donné, je ne dis pas qu’on tombe dans nos pantoufles, mais quand même. La petite demi-heure avant le spectacle est toujours assez stressante. Pendant le spectacle, c’est assez rare que ce soit extrêmement stressant. Oui, il y a des métiers beaucoup plus stressants que le mien, ou au moins autant, mais le stress fait partie du travail et on ne peut pas l’oublier ou le négliger.

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B. : Comment trouves-tu la scène humoristique au Québec (et je ne parle pas de l’Assemblée nationale ici !) ?

D.L. : (rires) Dommage ! Je ne sais pas trop quoi en penser. Il est évident que c’est différent de ce que j’ai vécu à mes débuts. C’est sûr qu’il y a beaucoup d’humoristes. Est-ce que c’est une bonne ou une mauvaise chose ? Je n’en ai aucune idée, mais c’est évident qu’il y en a énormément. Ce n’est pas démocratique, le showbizness. Les meilleurs s’en sortent mieux. C’est difficile à juger, honnêtement. Je sais qu’en ce moment, il y a une vague de jeunes très intéressants. B. : Je pense qu’il y a beaucoup d’absurde en ce moment. Il y a eu une vague où c’était plus vulgaire, et on est plus dans les choses bizarres et différentes maintenant. D.L. : Oui et beaucoup de standups de choses très personnelles aussi. Les gens parlaient de leur vie et là, on retourne beaucoup aux personnages, aux situations un peu cocasses. Tu as des Phil Roy, Catherine Levac, qui étaient dans le groupe de SNL à Télé-Québec. Il y avait beaucoup de jeunes très intéressants là-dedans. L’important, je trouve, c’est de développer sa personnalité, de développer son point de vue. C’est un peu ça, l’humour. Quand ça se ressemble trop, personnellement, je trouve que c’est moins intéressant. En ce moment, on sent qu’il y a beaucoup de gens qui se démarquent, qui


Pour voir son spectacle: le 11 mars, 20 H, Centre culturel Berger, Rivière-du-Loup

arrivent avec un point de vue différent et j’aime bien ça. B. : Justement, toi, tu te démarques parce que tu parles de politique ou d’actualité. Ton spectacle roule depuis deux ans. As-tu changé certains gags pour mieux suivre l’actualité ? D.L. : Il faut l’adapter, je n’ai pas le choix. En même temps, pour moi, c’est un plaisir, ce n’est pas une contrainte. C’est ce qui me permet d’avoir du plaisir chaque soir. Répéter le même spectacle soir après soir, j’ai un peu de misère avec ça. Alors, je trouve ça le fun que de nouveaux évènements arrivent. Puis, j’essaie de m’adapter à ce qui se passe. Comme je le disais tantôt, j’ai un numéro sur l’islam, mais quand il arrive une tuerie comme à Paris, c’est plus délicat. C’est ça aussi de travailler avec l’actualité. Il peut arriver des évènements et il faut patiner vite parce que les gens ne le percevront pas tous de la même manière, c’est bien évident. Moi, j’aime ça. C’est un défi aussi d’essayer de rendre le tout comique dans la mesure du possible, trouver des angles, c’est là qu’est le travail. Par contre, il y a aussi des numéros dans le spectacle — je parlais d’oncle George tantôt — qui ont quand même moins de conséquences que de faire des gags sur l’islam. B. : As-tu un gag sur l’Oléoduc Énergie Est dans ton spectacle ? D.L. : Oui ! C’est quelque chose qui me touche beaucoup. La revue The Economist, qui est loin d’être très à gauche, écrivait l’année dernière, ou même quand le pétrole a commencé à chuter, que ça serait peut-être le temps de commencer à penser à autre chose. Je suis totalement de cet avis. Je trouve indécent qu’on pense encore à miser sur le pétrole. TransCanada, évidemment, dit que c’est totalement sécuritaire, mais ce n’est pas le cas du tout. Il y a plein de problèmes partout. Honnêtement, ça ne va pas bien parce que le prix du pétrole a chuté énormément. Alors qu’on peut miser sur tellement d’autres choses, il faudrait oser un peu et donner le ton aussi. Dans les années 1970 — 1980, on copiait un peu le modèle québécois sur la Suède ou des modèles plus sociaux-démocrates et on dirait qu’on a perdu ça de vue. C’est bien beau de faire de l’argent, mais ça dépend aussi comment on le fait et les conséquences que ça apporte. Par exemple, on parle des sables bitumineux. C’est un désastre épouvantable, c’est une des pires catastrophes environnementales sur la planète. Honnêtement, c’est un peu indécent.

Dans mes spectacles, j’y vais par le contraire : je fais un personnage qui est très à droite, qui fait même trop Trump, et il est propétrole, mais ses arguments n’ont aucun sens. Autrement, le spectacle devient trop éditorial et le monde ne rit plus. En l’abordant sous cet angle, les gens se rendent compte du ridicule aussi. C’est ainsi à plein d’égards. On parle d’environnement, on parle du pétrole, mais tout est relié. Le plastique dans les océans, ça n’a même pas de bon sang ! C’est rendu qu’on a plusieurs océans : l’Atlantique, le Pacifique, l’Arctique et on peut rajouter le Plastique ! On est dans un tournant et il y a des forces d’inertie qui nous tirent vers le bas comme les gens qui sont encore propétrole.

« Honnêtement, ça ne va pas bien parce que le prix du pétrole a chuté énormément. Alors qu’on peut miser sur tellement d’autres choses, il faudrait oser un peu et donner le ton aussi.  »

B. : Tu as participé à amasser des sous en soutien au mouvement étudiant qui s’opposait à l’augmentation des frais de scolarité en 2012. Que penses-tu de l’idéologie des coupes massives telles qu’appliquées par le gouvernement Couillard ? D.L. : Je trouve ça indécent. D’autant plus que c’est eux qui ont participé énormément à la corruption pour des centaines de millions de dollars. Puis maintenant, ils demandent au monde de se serrer la ceinture. Il faut avoir du front ! En plus, ils sont allés se voter une augmentation de salaire. Il me semble que le moment n’était pas très bien choisi. Je ne sais pas, je me serais gardé une petite gêne ! Mais ils ont été élus majoritairement pour quatre ans, alors ils font ce qu’ils veulent. Il y a ça aussi. Et c’est nous qui les avons élus, alors, endurons ! C’est certain que, des fois, il faut se restreindre, il faut couper un peu, mais il faut choisir où, et ce n’est pas le bon endroit du tout, c’est évident. Des fois, on se demande s’il y a un pilote dans l’avion. Je ne sais pas si le but en arrière de cela est de rendre

l’accès à l’éducation supérieure plus difficile. Elle s’est démocratisée beaucoup depuis 30-40-50 ans. Maintenant, on sent que c’est un retour à l’élitisme. C’est ainsi que je le vois, peut-être que je me trompe. B. : Tu as participé aux Bye Bye de 1991 et de 1998. Comment as-tu trouvé le dernier Bye Bye ? D.L. : Je ne l’ai pas écouté, je n’étais pas ici. Honnêtement, depuis quelques années, mon problème est qu’on y parle beaucoup d’émissions de télé que je n’écoute pas, alors je ne comprends pas trop de quoi il est question. J’aime beaucoup ce qui se passe ici et je m’en soucie, mais j’aime beaucoup aussi quand on parle d’actualité internationale et on n’y en parle pas beaucoup. Donc, je m’y intéresse un peu moins, mais je n’ai pas de jugement de valeur là-dessus, je ne l’ai pas vu. J’en ai vu quelques-uns précédemment. Je me souviens l’année dernière ou l’autre avant, il y avait un numéro de Michel Courtemanche qui imitait Rob Ford et c’était vraiment très, très, très drôle ! B. : Pour 2016, qu’est-ce que Lemire se souhaite à lui-même et qu’est-ce qu’il souhaite à la nation québécoise ? D.L. : À moi-même, je souhaite surtout la santé. En vieillissant, on se rend compte à quel point c’est précieux. Je me souhaite aussi de continuer mes projets, j’en ai quelques-uns qui s’en viennent. Pour la nation québécoise, on parlait tantôt du printemps érable. Je parle peut-être avec une certaine ignorance parce que je ne suis pas au courant de tout, mais je suis un peu déçu qu’il n’y ait pas eu de suite. Il y a eu un mouvement de contestation quand même assez fort, il s’est arrêté, et on a élu les libéraux. J’aimerais qu’il y ait des gens qui se pointent à l’horizon. J’aime beaucoup Gabriel Nadeau-Dubois, je le trouve vraiment bien intéressant. Il y a des gens qui s’en viennent et qui vont amener autre chose. On mérite d’avoir des politiciens qui ne sont pas là que pour s’enrichir et enrichir leurs copains. Je nous souhaite un plus grand réchauffement climatique ! (rires) Je fais des blagues, mais ici, on a l’effet pervers des changements climatiques, on a le froid du pôle Nord qui descend ! On est quand même bien au Québec, il y a des choses quand même très positives, c’est juste que ça pourrait être mieux, alors pourquoi pas ! B. : Merci beaucoup, Daniel, pour l’entrevue ! D.L. : Ça me fait plaisir !

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Dernière chance pour voir l’expo par Busque

Le regroupement Voir à l’Est a exposé des œuvres d’art contemporain au Musée du Bas-Saint-Laurent du 17 janvier au 6 mars 2016 à Rivière-du-Loup. J’ai rencontré Michel Lagacé, artiste en arts visuels et coordonnateur de l’exposition, qui fait un retour sur cet évènement qui valait le détour.

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Busque : Le regroupement d’artistes Voir à l’Est a dernièrement organisé une exposition appréciée et très fréquentée par le public au Musée du Bas-Saint-Laurent. Tu es l’un des artistes participants et tu en étais aussi le coordonnateur. Comment est né cet évènement ?

Rivière-du-Loup ; en plus d’une fréquentation plutôt soutenue jusqu’à la fin de l’expo.

Michel Lagacé : Comme Voir à l’Est a pour objectif de produire des évènements en arts visuels, l’organisme a donc proposé les œuvres et les installations de 16 de ses membres au musée lors de la sélection de leurs futures expositions, il y a plus d’un an. Cette exposition avait pour thème une phrase de l’artiste Robert Filliou (1926-1987) : “L’Art c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art”. Les artistes ont interprété, chacun à leur manière et selon leur production, cette phrase qui fait évidemment un lien entre l’art et la vie, pointant ainsi la vie dans le processus de création.

M.L. : Je peux en faire un petit résumé pour chaque artiste, mais les photos de l’exposition seront plus explicites…

Au vernissage plus de 150 personnes se sont déplacées, un record pour le musée : des gens de Québec, de Rimouski et des régions limitrophes à

Denis Beauséjour nous déstabilisait avec une installation massive en bois (métaphore de la forêt) et un titre provocateur : Pour en finir avec la culture. De petits moteurs faisaient tourner une abeille et

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B. : C’est un beau succès ! Maintenant, parlenous des œuvres exposées. Comment les décrirais-tu ?

Michel Asselin nous présentait un triptyque, dont le titre Retour en enfance orientait notre compréhension de l’œuvre. Par des tableaux — de l’acrylique en noir et blanc et du numérique en couleur — il portait un regard sur son enfance : une performance dans le temps le mettant lui-même en scène jouant avec des blocs Lego dans ces images. Le temps retrouvé en quelque sorte.

un papillon fragile intégrés à ces pièces de bois à la verticale. Un simulacre de tableau enchâssé à ces poteaux de bois avec le dessin à la craie d’une chandelle et une citation derrière complétaient cette installation questionnant notre relation à la nature et aussi à la culture. Sylvie Pomerleau présentait trois grands tableaux dans des tons de terre. Des œuvres où l’abstraction atmosphérique — par la matière transparente de l’acrylique et le collage — rivalisait avec cette impression d’une suite de paysages, parfois troués telles des blessures produites par la superposition de toile découpée en ovale. Ce qui renvoyait avec justesse à son titre : De tous les temps no 1 – 2 – 3. Rino Côté présentait sur un socle une petite sculpture en bronze portant le titre : 16-07-2012. Un objet dont la forme étrange ressemblait à un coquillage imaginaire réalisé avec un logiciel 3D. Il en fera peut-être plusieurs… de là le concept de le nommer avec un numéro. Il aura une exposition


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individuelle dans une demi-salle du musée au printemps. On en saura donc plus à ce moment sur ses conceptions 3D. Dory’s Tremblay nous amenait à circuler — et même à manipuler un livre d’artiste – dans une installation faite de tableaux, d’une sculpture et d’un livre. L’œuvre ayant pour titre Sens et contre sens, à laquelle se joignaient des sous-titres identifiant les éléments de ce corpus, nous guidait dans ce parcours où l’abstraction, le paysage linéaire lié aux grands espaces, le bois noir et la pierre de la sculpture verticale et le livre aux pages brodées de fils colorés nous entrainaient dans un processus introduisant plusieurs sentiments ou impressions existentiels. Mona Massé sur l’autre mur avait aligné une suite de petites surfaces carrées ne formant qu’un seul grand tableau rectangulaire. Ces papiers aux couleurs ocre, et bleutés par endroit, sont marouflés à des surfaces de bois. Ils portent le titre : Carnet de voyage/Une ile en soi, no 1 à 70. C’est une suite de variations sur le thème de l’ile, du nid. Un espace ovale qui existe par les tracés successifs, la transparence, et les textures atmosphériques propres à cette lumière des iles. Métaphore du voyage, œuvre justement exécutée lors d’un voyage. François Gamache nous proposait une grande photo (impression numérique) en noir et blanc portant le titre : Lost in Transition. Un portrait de son jeune fils de plain-pied, comme un petit soldat de plomb, dans une pièce vide offrant la perspective d’une maison au revêtement de petites planches verticales et vidée de tous les objets personnels des occupants. Une impression d’abandon où l’enfant et même le photographe quittent ce lieu de leur complicité avec regret. « Retrouver l’enfant en moi », comme le dit l’auteur de cette photo tout en valeurs de gris : les gris du brouillard qui s’éclaircit… telle une plage émotive entre la perte et de nouveaux départs…

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Musique

La Musique à la portée de la jeunesse par Mathilde Harvey-Morin, stage d’un jour avec La Rumeur du Loup, photos de Busque

La Musique à la portée de la jeunesse, créé en octobre 2014, est un organisme à but non lucratif qui remettra des bourses à des jeunes de la région pour l’apprentissage d’un instrument de musique. La mission principale de l’organisme est de ramasser des fonds pour pouvoir remettre des bourses à des jeunes afin qu’ils puissent suivre des cours de musique, car plusieurs d’entre eux ne pourraient pas en prendre autrement. « Je suis déjà professeure de chant et j’ai déjà ma petite école de musique, explique Alexandre Lévesque-Soucy, présidente du conseil d’administration de l’organisme. J’ai remarqué qu’il y a souvent des parents qui ne peuvent pas payer les cours, ou qui peuvent seulement payer des cours toutes les deux semaines. Généralement, ça raccroche les jeunes à l’école, ça les motive, ça leur donne le gout de continuer leur semaine… Ça leur donne une motivation finalement. Je savais qu’il y avait ce besoin-là et je pense que c’est tellement important ! Quand j’étais jeune, j’aurais aimé avoir des cours de chant, sauf que mes parents n’avaient pas les moyens. Donc, maintenant, j’aimerais en faire bénéficier les autres. Je le faisais déjà en donnant des tâches à quelques élèves pour payer leurs cours, mais ce n’était pas encore assez, et je ne peux pas faire ça avec tous les jeunes, car on sait bien qu’on ne vit pas riche avec la musique… » Alexane Aubut, une des récipiendaires des bourses, voit la musique comme un moyen de libération, qui lui permet de se sentir mieux. « C’est une motivation dans leur journée, et ça les occupe, ajoute Alexandre. Un cours pour un jeune, c’est

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« La musique, c’est mathématique ! Ça sert dans la vie de tous les jours, ça aide à mieux structurer sa vie, ses idées… Ça aide sur plusieurs facettes ! »

aussi un endroit pour parler avec son professeur, pour être écouté et aidé. » Grâce à ces cours, ils vont devenir autonomes pour lire la musique et pour pouvoir jouer de leur instrument. La musique, c’est mathématique ! Ça sert dans la vie de tous les jours, ça aide à mieux structurer sa vie, ses idées… Ça aide sur plusieurs facettes ! Je trouve dommage que, dans certaines écoles, on remplace la musique par autre chose. Oui, le sport, c’est bien, mais il ne faut pas négliger la musique non plus. Ça structure

plusieurs choses chez les jeunes pour plus tard. Il n’y a pas grand-chose qui peut remplacer ça. » Comment les jeunes peuvent-ils participer ? D’autres organismes tels que Les Grands Amis du KRTB, la Maison des jeunes de Cacouna et les travailleurs de rue en parlent à leurs jeunes. Ceux-ci font une demande de candidature, qui sera étudiée par les organismes. Par la suite, le conseil d’administration prend seulement l’âge du jeune, son instrument, et la lettre que le jeune aura écrite pour expliquer pourquoi il voudrait faire les cours. Ensuite, on donne un nombre de bourses à ceux ayant le plus de votes. Actuellement, le programme a donné des bourses à deux jeunes, en guitare et en chant. Pour l’année prochaine, l’organisme aimerait donner les bourses en septembre pour offrir des années complètes. Il vise à remettre quatre bourses et ouvrir un cours de groupe, comme de la chorale, de l’orchestre ou de la comédie musicale. Pour plus d’information à propos de l’organisme, vous pouvez contacter les organisateurs via la page Facebook : La Musique à la portée de la jeunesse.


PLUSIEURS NOUVEAUTÉS POUR LES ÉTUDIANTS DU CÉGEP DE RIVIÈRE-DU-LOUP Le programme Électronique industrielle offert en formule alternance travail-études Les étudiants inscrits au programme de Technologie de l’électronique industrielle du Cégep de Rivière-du-Loup pourront, dès cette année, bénéficier de stages rémunérés en entreprise, en formule alternance travail-études (ATÉ). Ce mode d’organisation de la formation signifie que l’étudiant effectue des passages alternés entre le milieu scolaire et celui du milieu du travail tout en favorisant la complémentarité des deux milieux.

Une passerelle vers le baccalauréat en design graphique de l'Université Laval pour les diplômés en Graphisme Les diplômés du programme Graphisme du Cégep de Rivière-du-Loup auront accès à une passerelle vers le baccalauréat en design graphique de l’Université Laval. Cette entente est la première de ce genre signée par l’Université Laval avec un établissement collégial.

Un DEC accéléré en deux ans en Techniques d’intervention en loisir Les étudiants détenteurs d'un DEC ont accès à une formation de Techniques d'intervention en loisir en deux ans au Cégep de Rivière-du-Loup, le seul collège public à offrir le programme à l’est de Montréal. Depuis 46 ans, on compte près de 1 800 diplômés qui œuvrent dans les milieux municipal, communautaire, institutionnel, récréotouristique et scolaire.

SOIS TOI-MÊME DEVIENS QUELQU’UN.

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Retour sur le festival Vues dans la tête de... Autrui et Sur le ciment : courts et touchants par Jeanne Landry

Le 6 février dernier, le festival Vues dans la tête de Micheline Lanctôt présentait le court métrage Sur le ciment de Robin Aubert suivi du film Autrui, réalisé par la porte-parole Micheline Lanctot. Après les projections, le public a pu poser ses questions sur le travail des deux réalisateurs.

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Le film présente peu de rôles et peu d’actions. L’histoire met en scène une intrigue simple, mais aux sentiments complexes. S’il y a si peu de personnages, c’est parce que le temps a été utilisé pour les exposer en profondeur et au grand jour à l’œil averti du spectateur.

ans Sur le ciment, un jeune homme a tagué son numéro de téléphone à différents endroits de la ville. Une vieille femme en mal d’amour finit par en trouver un et le compose. Leur rencontre fera naitre une amitié peu orthodoxe qui dissimulera d’autres émotions plus troubles. Dans Autrui, Lucie travaille dans une firme de sondage dont les questions tournent autour de l’utilisation des réseaux sociaux, lorsqu’elle tombe sur « la bête », soit un itinérant qui dort sur son balcon. Un soir où elle le retrouvera blessé devant sa porte, elle prendra la décision de le soigner et de l’accueillir chez elle, pour la nuit. Mais elle se rendra vite compte que son acte de pure générosité aura

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peut-être plus de conséquences que chacun ne le souhaiterait quand une relation aussi explosive qu’étrange naitra entre eux.

Ces deux films sont durs pour qui ne serait pas préparé, mais ils sont des plus gratifiants. Le voyage émotionnel au plus profond de soi et de la misère n’est pas toujours de tout repos. Mais si vous avez envie de coller votre solitude à ces compagnons d’infortune, notez bien que le message final de ces œuvres reste l’espoir.


Vues dans la tête de nos anges gardiens

par Pierre-Alexandre Jean

L’après-midi du 7 février a débuté avec le court-métrage Maurice, de François Jaros. Avis aux émotifs : l’histoire raconte la vie de Maurice, âgé d’une cinquantaine d’années et atteint de la maladie de Lou Gehrig. Il met tout en ordre dans sa vie, vide son garage et avertit ses enfants non seulement de sa maladie, mais également du fait qu’il veut mettre fin à ses jours avant de dépérir. Après quelques péripéties, Maurice décide de remettre sa fin à plus tard. Le tout se termine sur un message d’espoir et d’acceptation de sa mort naturelle.

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rapprochent au point où le spectateur se demande quel genre de relation ils entretiennent vraiment, ce que le spectateur découvrira avec surprise. On se demande qui, de Normand ou Nathalie, est vraiment l’ange gardien de l’autre. Les acteurs et

rrêt sur le long-métrage L’Ange-Gardien, de Jean-Sébastien Lord. Il raconte la vie nocturne de Normand (Guy Nadon), gardien de sécurité. Un soir, un couple s’introduit sur son lieu de travail et commet un vol. Normand réussit à arrêter la jeune

les rebondissements sont à couper le souffle et le dénouement surprend à coup sûr.

femme, mais les deux se blessent en déboulant violemment l’escalier. Déjà, un lien se crée quand elle décide de lui donner ses médicaments pour le cœur et de lui sauver ainsi la vie au lieu de s’enfuir. Dans les jours qui suivent, la jeune femme, Nathalie (Marilyn Castonguay),

retourne le voir pour lui demander de l’aide. Malgré le fait que Normand est réticent à l’aider, même s’il ne l’a pas dénoncée à la police, ils se

Les festivals Vues dans la tête de… fait vivre une expérience épatante. Souhaitons longue vie à ce festival hors du commun.

Prendre le bon (Gui)bord

par Eric de Montigny

Un an après son entrée à Hollywood avec The Good Lie, Philippe Falardeau revient à la charge avec Guibord s’en va en guerre. Ce film réunit Suzanne Clément et Patrick Huard pour la première fois depuis Mommy, de Xavier Dolan. Est-ce que le réalisateur parviendra à rester sur sa lancée ?

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teve Guibord est le député fédéral indépendant de Prescott-Makadew à Rapidesaux-Outardes, village du fin fond de l’Abitibi. Il fait face à un dilemme de taille alors qu’une députée ne peut voter pour l’envoi des troupes canadiennes à la guerre. Le député Guibord se trouve à détenir le vote décisif. Le premier ministre le convoque à Ottawa pour le persuader de voter en faveur de la guerre en échange d’un poste de ministre. Ne sachant pas pour quel côté prendre, il suit les conseils de son stagiaire venu tout droit d’Haïti, Souverain Pascal, et parcourt son comté pour recueillir l’opinion de ses électeurs.

du stagiaire qui propose sans cesse des solutions miracles, ou le côté égoïste des résidents du comté rural qui ne pensent qu’à leurs jobs. Le jeu de Patrick Huard ainsi que ceux de Suzanne Clément et de Clémence Dufresne-Deslières (connue pour son rôle dans Avant que mon cœur bascule) sont excellents et nous font réaliser l’ampleur et l’impact de la décision que Guibord doit prendre en arrivant à distinguer le bien du mal.

Mêlant très bien l’humour et le drame, Guibord s’en va en guerre parodie de façon cocasse le travail de député. Plusieurs éléments le confirment, comme le personnage du premier ministre (Paul Doucet) qui ressemble étrangement à Stephen Harper, celui

Guibord s’en va en guerre est l’une des meilleures comédies québécoises de 2015. Elle exhibe l’envers du décor du travail de député sous un angle original. Elle fait taire certains détracteurs du cinéma d’ici en montrant qu’il en a encore dans le ventre. Philippe Falardeau peut dire « mission accomplie ».

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Une traversée esthétique Critique de Transatlantique par Jean-François Vallée

Traverser l’Atlantique à bord d’un cargo et suivre le quotidien des marins affectés au fret, c’est déjà une idée originale. Mais le filmer en plans souvent indirects en laissant chaque prise recomposer peu à peu le portrait d’ensemble d’instants fugaces du quotidien crée une atmosphère toute en étrangeté. Le résultat donne un film onirique et contemplatif qui parvient à recréer l’expérience presque mystique de l’homme confronté à l’immensité et à la puissance de l’océan.

et si bien que la revue 24 images a qualifié le film de « film-transe qui se situe à la lisière du documentaire et du cinéma expérimental ». Pour mieux souligner l’aspect poétique de la traversée, le réalisateur a filmé le tout avec une caméra argentique, ce qui lui a permis de jouer sur les tons de gris et la lumière, certains plans rendant la mer semblable à du tulle brillant agité et ridé par les frissons de la mer.

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n aout 2013, le réalisateur Félix DufourLaperrière et ses frères Nicolas (à la direction photo) et Gabriel (prise de son) embarquent à bord du navire Federal Rideau à Anvers, en Belgique, pour une traversée de 30 jours qui prendra fin à Montréal. Dans ce premier long-métrage documentaire, le réalisateur tente de faire ressentir la solitude du temps qui s’étire langoureusement durant la longue traversée. Il a choisi de recomposer chaque activité des travailleurs de la mer en grossissant à la loupe chaque détail de leur quotidien, de leurs passetemps à leur rituel matinal. Il accumule les longs gros plans sur les mains des joueurs de pichenottes, ou il les filme en train de repeindre la cale pour mieux jouer ensuite au cricket… oui, au cricket. Dans un navire en fer !

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Jamais n’aura-t-on vu le quotidien de 21 marins aussi scruté à la loupe, et les instants ainsi croqués si minutieusement décomposés, puis recomposés avec art par le jeune réalisateur.

L’emploi du noir et blanc, le mélange de sons et d’images, l’absence de traduction des propos en hindi, tout cela ballote les sens du spectateur, tant

Dans cette traversée par procuration, le spectateur est traversé par une gamme d’émotions, dont il ne ressort que quand il se met à apercevoir les côtes si familières du fleuve Saint-Laurent.


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Diver tiss ement

Ma première fois par Busque

Pour certains, ce fut un moment magique, pour d’autres un moment dont on ne se souvient plus. Dans mon cas, je me rapellerai toujours de ma première fois, avec Maude, 15 ans, dans ma chambre, quand j’avais 17 ans. (bruit de flashback, flashback, flashblack, shhhhhh) Nous étions tous les deux plutôt stressés. Nous avions préparé des petites chandelles du Dollorama, un CD gravé avec des slows lents et langoureux, et j’avais lavé le lit pour une de mes rares fois. Nous étions prêts. Enfin, moi plus qu’elle. Ce fut, disons, très douloureux malgré l’extrême lenteur avec laquelle je m’efforçais. Quelques milimètre plus tard, il y eut un peu de sang, et de larmes. La fragilité du moment était au rendez-vous. Ma première fois ressemblait beaucoup plus à un avant-gout de relation sexuelle qu’à de quoi de complet. Je vous

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raconte cela parce que, si vous allez voir la pièce de théâtre Ma première fois, vous pourrez remplir un petit questionnaire sur le sujet avant de vous assoir dans la salle. La pièce est écrite par Jasmin Roy et, en gros, on y voit quatre acteurs qui jouent beaucoup de personnages tirés de récits pris sur le site myfirsttime.com, donc des histoires de première relation sexuelle.

C’est drôle par moment, mais c’est un humour qui semblait moins me toucher que le reste des spectateurs du centre culturel. Vous pourrez y entrendre des gags à divers degrés d’humour. Que ce soit des imitations, des gestes sexuels et grossiers, des situations embarrassantes et même des frenchs beaucoup trop longs entre deux acteurs; il y en a pour tous les gouts. J’ai passé une belle soirée avec mon amoureuse. Je donne à cette pièce de théâtre un 3 sur 5 (et à mon amoureuse, je lui donne 5 sur 5).


Rencontrer l’autre

par Roselyne Leclerc

L’année 2015 nous a livré un flot d’informations désastreuses : le petit Aylan Kurdi retrouvé mort sur la plage a indigné la planète, les révélations concernant l’attitude de certains policiers à l’égard des femmes autochtones à Val-d’Or et j’en passe. L’ensemble de ces évènements a confronté notre humanité, nous a poussés hors de nos sentiers battus et a suscité un questionnement profond concernant notre acceptation de l’autre. Nous observons, impuissants, l’arrivée de nombreux réfugiés syriens, leurs regards reflètent à la fois leur joie d’avoir trouvé une terre d’accueil et les souvenirs des drames vécus tant dans leur pays que dans le périple qui leur a permis d’en sortir. Ils devront passer par un long processus d’adaptation, de guérison, sans oublier l’acquisition de nouvelles compétences : les us et coutumes, le français et parfois même un métier. Par nos comportements, nos attitudes, nous pouvons faciliter leur intégration à la société québécoise. Certaines communautés du Québec ont ressenti le besoin d’aller vers l’autre. Elles se sont mobilisées, elles ont amassé des vêtements, tricoté des tuques, repeint des logements. Le Québec, le Canada vit ses propres drames. Cette fois, cela se passe dans notre cour, chez nous ! Que dire des derniers évènements survenus à Val-d’Or, qui nous ont appris que des femmes autochtones subissaient des violences, des sévices des policiers, qui devaient normalement les protéger ? Bientôt débutera une enquête nationale pour faire la lumière sur la disparition de 4 000 femmes autochtones, nombre avancé par l’honorable Carolyn Bennett, ministre des Affaires autochtones. Là aussi, investissons-nous, allons à leur rencontre, sans préjugés. Le continent africain est toujours aux prises avec des conflits politiques, territoriaux et ethniques dont les effets pervers s’abattent sur la population ; parlons de malnutrition, de manque d’accès aux services de santé, chômage endémique pour les jeunes. Plusieurs parmi nous s’engagent dans différents projets. Connaissons-nous notre

partenaire, sa vision, ses valeurs ? Avons-nous analysé correctement les risques ? Ont-ils été exprimés adéquatement ? Nos intentions sont bonnes, louables. Avons-nous suffisamment sondé nos motivations ? Aller à la rencontre de l’autre peut être demandant.

La longue expérience du CFCI a démontré qu’une préparation adéquate en coopération interculturelle assure à l’apprenant une intervention efficace dans un secteur d’intervention professionnelle qu’il maitrise déjà et une intégration respectueuse auprès des communautés avec lesquelles il interagit.

Ces drames humanitaires amènent une réflexion et le besoin, l’intention de rencontrer l’autre, de bâtir des liens significatifs avec lui, de jeter des ponts et de dépasser la simple tolérance. Bombardés d’images, de nouvelles et de brèves, nous pouvons ressentir un malaise concernant notre approche, nos actions, de nos gestes à l’égard de l’autre, fût-il Syrien, Malien ou Cri. On souhaite partir pour apporter notre pierre à l’édifice en construction, mais possédons-nous les outils adéquats pour intervenir ? Posons-nous la question : « Que vais-je faire là-bas ? » En écho à la série d’articles de La Presse sur le « volontourisme », faisons en sorte de ne pas faire plus de mal que de bien. Nos actions auront-elles des retombées réelles ? Assurons-nous de mettre nos compétences, notre bagage professionnel au service de l’autre en utilisant les méthodes, techniques appropriées.

Mu par un souci d’actualisation aux nouvelles réalités, le CFCI a effectué des travaux auprès d’intervenants tant de la coopération internationale que de l’accueil des réfugiés ou de la solidarité autochtone afin de revoir les compétences du programme.

À la rencontre de l’autre : plus qu’un voyage, plus qu’une bonne idée. Depuis plus de vingt-cinq ans, le Centre de formation à la coopération interculturelle (CFCI) du Cégep de Rivière-du-Loup s’investit dans cette préparation préalable, dans le développement des compétences favorisant des interventions efficaces et ciblées auprès de l’autre tant dans un contexte local que national ou international.

Cette initiative a entrainé le programme de formation « Coopérant-Volontaire » à se présenter dorénavant sous un nouveau vocable, « Coopérant interculturel », reflétant mieux ses objectifs revisités et les modifications de ses compétences. Cette attestation d’études collégiales actualisée répond davantage aux besoins en matière de coopération interculturelle que ce soit au Québec ou dans un pays en développement. De plus, ce nouveau programme permettra d’obtenir un stage au Québec avec les Premières Nations ou de travailler avec les réfugiés et immigrants. Mais ce qui réjouit encore plus le CFCI du Cégep de Rivière-du-Loup dans l’offre de ce nouveau programme qui débutera le 2 mai prochain, c’est qu’il nous permettra, ici, au Québec, et ailleurs dans le monde, de tisser des ponts afin d’aller à la rencontre de l’autre.

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La course pour tous : Une chaussure pour tous ?

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par Richard Roy, pht spécialiste en course à pied, photos de Patric Nadeau

Le mois dernier, nous avons vu comment le coussin de la chaussure pouvait influencer l’efficacité du comportement de modération d’impact (CMI). Plus une semelle est épaisse et absorbante, plus le CMI est limité et augmente le stress articulaire aux articulations des jambes, à la hanche et au bas du dos. À l’inverse, plus la chaussure est mince, plus elle accentue le CMI et accroit ainsi le travail musculaire au quadrant inférieur. Mais comment reconnaitre l’influence de son CMI sur son patron de course ? Les effets de la chaussure sur le patron de course En résumant l’éventail des études publiées sur le sujet à ce jour, nous pouvons conclure, pour la grande majorité des gens, qu’une chaussure maximaliste très coussinée aura tendance à amener

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une attaque au talon et une cadence plus lente, donc une augmentation du stress mécanique articulaire au genou, à la hanche et à la région lombaire. En créant une interférence entre le pied et le sol, la semelle agit comme un filtre qui diminue le travail des propriocepteurs du pied, masque l’effet

de douleur que ressentirait le talon non protégé au sol et altère les stimulus régissant le CMI. À l’autre bout du spectre, la course pieds nus ou en chaussures minimalistes mène dans la plupart des cas à une attaque mi-pied ou avant-pied associée


Spor ti f

« La chaussure parfaite à une flexion plus importante du genou et une cadence plus élevée, qui favorisent l’absorption par les muscles de l’impact au sol. En augmentant le travail des propriocepteurs du pied, la chaussure minimaliste permet ainsi de développer un meilleur CMI, ce qui mène davantage le corps à s’autoprotéger des impacts au sol. Quelles chaussures protègent le plus contre les blessures ? Qu’on porte une chaussure minimaliste ou maximaliste, les risques de blessure sont relativement les mêmes pour le coureur. Les sites de douleur sont toutefois dif férents : la chaussure minimaliste met plus à risque les os du pied, le fascia plantaire, le tendon d’Achille et le mollet, tandis que la chaussure maximaliste rime davantage avec douleur au tibia, au genou, à la hanche et au bas du dos. Les études tendent toutefois à montrer qu’un coureur habitué à ses chaussures minimalistes sera moins à risque de se blesser qu’un coureur habitué à ses maximalistes. La chaussure parfaite assurant une protection totale n’existe donc pas, mais l’association de la chaussure minimaliste et de son port progressif constituerait le meilleur combo.

assurant une protection totale n’existe donc pas, mais l’association de la chaussure minimaliste et de son port progressif constituerait le meilleur combo. »

Si vous décidez de passer à une autre catégorie de chaussures, prévoyez une transition graduelle afin de permettre une bonne adaptation de votre corps aux stress mécaniques induits par le nouveau CMI. Chez le coureur débutant, tout indique qu’une chaussure légère, près du sol et offrant un « fit » anatomique du pied permettra de développer le meilleur CMI possible. La même formule s’applique à la très grande majorité des enfants. En plein développement moteur, ceux-ci devraient principalement marcher pieds nus ou avec des chaussures dont la semelle est la plus mince et malléable possible.

Garder ou changer sa chaussure

Et si ce n’était pas la chaussure le problème ?

Si vous courez depuis des années avec le même type de chaussures et que vous n’êtes ni blessé, ni désireux d’accroitre vos performances, il n’y a aucune raison de changer votre formule gagnante. Si toutefois vous êtes blessé, ou encore si la même douleur revient inlassablement vous hanter, il peut être intéressant de mettre dans l’équation votre chaussure de course. Comment affecte-t-elle votre patron de course ? Vos douleurs sont-elles typiques de la gamme de chaussures à laquelle elle appartient ?

N’oubliez pas que la chaussure ne représente qu’une variable dans l’équation d’une blessure. Qu’en est-il de votre programme d’entrainement ? Des autres activités sportives que vous pratiquez en parallèle ? D’une ancienne blessure ? De votre alimentation ? De votre niveau de fatigue ? De la surface sur laquelle vous vous entrainez ? Que de belles pistes pour de prochains articles…

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SANTÉ ET LONGÉVITÉ À L’AMARANTE ! par Josée Marquis, joliejojo.wordpress.com

Nouvellement installée au centre-ville du quartier Cabano à Témiscouata-sur-le-Lac, l’épicerie écologique L’Amarante est un endroit à découvrir ! Dès que l’on en franchit le seuil, l’ambiance chaleureuse de l’endroit, imputable à ses deux sympathiques propriétaires, nous séduit. Après une brève présentation de la façon dont le commerce fonctionne, les clients sont libres de visiter les lieux et de choisir parmi la grande variété de produits offerts. Des produits en vrac, des marques locales, des trésors issus du terroir témiscouatain et d’artisans locaux garnissent les tablettes de ce marché. Mais avant de vous décrire ce que vous pouvez y trouver, laissez-moi vous présenter Valérie Bilodeau et Martine Poirier ! Ces deux jeunes femmes sont arrivées au Témiscouata en 2006-2007, Valérie étant originaire de St-JeanChysostome et Martine, de Matapédia. Elles ont été charmées par la région et ont décidé, il y a 2 ans, d’y établir leur entreprise. Elles désiraient transmettre leur passion pour une alimentation à la fois santé, gourmande, accessible et à faible empreinte sur l’environnement. Un rêve qui s’est concrétisé il y a deux mois et demi lorsqu’elles ont reçu les clés du local situé au 763-A, rue Commerciale Nord dans le bâtiment dont le père de Valérie s’est d’abord porté acquéreur. Et le 14 janvier dernier, elles ouvraient boutique officiellement en offrant à leur future clientèle un 4 à 7 avec dégustation de produits, une activité qui fût couronnée de succès !

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Les lieux se divisent en deux zones distinctes. D’abord, une zone café où les clients sont invités à siroter un café latte, un thé au jasmin, une tisane à la lavande ou un chocolat chaud, en jetant un regard sur les passants. Un endroit parfait pour se réchauffer lors d’une promenade hivernale au centreville de Cabano ! Question d’ajouter à l’aspect chaleureux de l’endroit, un comptoir constitué de bois de grange vole la vedette dans ce décor aux accents boisés, une réalisation de Guillaume Turcotte qui ferait l’envie de nombreux designeurs ! L’espace café abrite également quelques tables de bois où sont disposés quelques journaux. Une invitation à prendre la pause… De l’autre côté, vous trouverez la zone épicerie qui prend des allures de marché général tellement la variété de produits proposés est


« Les deux propriétaires désirent

diversifiée ! Difficile de résister à l’envie de faire quelques emplettes, surtout que les prix sont très abordables ! Et les produits locaux et régionaux sont, bien entendu, mis de l’avant. Vous y trouverez les produits du Domaine Vert Forêt d’Auclair (pâtés de foie, saucisses de porc, bacon, produits de l’érable et miel artisanal), de la Ferme Nature Sauvage de Squatec (viande de sanglier), de Douceur d’ici de Sainte-Rita (vinaigrette à l’érable, sauce BBQ et aigre-douce à la camerise, tartinades), des Jardins de la Mer de Saint-André de Kamouraska (algues et herbes séchées, poivre de mer, tisanes), de ViV-Herbes de Lejeune (tisanes et thés) et de La Jardinière d’Auclair (pousses).

Une section est également réservée aux produits non alimentaires. Vous y trouverez les savons artisanaux et les sacoches faites à la main Del Sol (dont je vous ai déjà parlé), des boucles d’oreille en bois Tertoc (St-Elzéar), les couches lavables et autres produits de marque Funambule Tangerine créés par l’artiste témiscouataine Émie-Gail Gagné ainsi que les produits d’entretien ménager et corporel Pure fabriqués à St-Alexandre de Kamouraska. Ceux-ci vous sont offerts en vrac avec une réduction de 25 % lorsque vous réutilisez l’emballage. J’ai répondu à ma curiosité en me procurant le savon à vaisselle à la mangue et il s’avère très performant (il mousse beaucoup plus – et plus longtemps — que les savons de marques populaires).

offrir à la population témiscouataine un endroit où l’alimentation santé,

les produits régionaux et les petites douceurs du terroir sont faciles à trouver et bon marché. »

Toujours du côté des produits alimentaires, vous y trouverez des champignons (en emballage sous vide) cueillis sur le territoire du Témiscouata : pleurotes, armillaires ventrus et bolets, chanterelles, selon les disponibilités. Également des produits de consommation courante tels que farine, poudre à pâte, germe de blé, pâtes alimentaires, riz, épices… en vrac ou emballés. Des huiles, des vinaigres, des céréales biologiques, des légumes frais, des épices… Bref, vous y trouverez une grande variété de produits, biologiques ou non, qui valorisent une alimentation saine. Ici, le mot d’ordre, c’est : l’accessibilité. Les deux propriétaires désirent offrir à la population témiscouataine un endroit où l’alimentation santé, les produits régionaux et les petites douceurs du terroir sont faciles à trouver et bon marché.

Des économies sur votre épicerie, des achats écologiquement responsables et une expérience de magasinage épicurienne… que demander de plus ? Alors, maintenant, je vous laisse la découvrir par vous-mêmes ! Destination Témiscouata-sur-le-Lac : L’Amarante donnera une couleur locale et gourmande à votre assiette ! Visitez la page Facebook : L’Amarante épicerie écologique. Le site Web est présentement en construction, mais sera bientôt disponible à l’adresse amarante.ca.

Valérie Bilodeau et Martine Poirier

La plus grande sélection de bières de microbrasseries québécoises à Rivière-du-Loup! 418 867-4966 256, rue Fraser Rivière-du-Loup (Québec) G5R 5T2

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47 La Rumeur du Loup,mars 2016 500 sortes de bières disponibles!


Spir itualité

Débarrassez-vous de vos croyances limitatives par José Soucy

Que vous le vouliez ou non, la vie que vous avez vécue jusqu’à maintenant a été le résultat de toutes vos croyances, conscientes ou inconscientes, qui subsistent à l’intérieur de vous.

En d’autres termes, la vie vous a toujours fait miroiter ce que vous concevez être vrai dans votre for intérieur. Si vous êtes convaincu que vous vivez dans un monde hostile et que vous êtes une victime, il est certain que vous avez attiré l’hostilité et les bourreaux dans votre vie et que vous continuerez de le faire. Pourquoi ? me direz-vous. Simple : vos pensées créent votre réalité ! Votre extérieur est le reflet de votre intérieur. Voyez-vous, quand vous vous regardez dans le miroir et que vous voulez vous coiffer, passez-vous le peigne sur le miroir afin de changer votre reflet ? Bien sûr que non ! N’est-ce pas ? Vous vous peignez afin de changer ce que vous voyez dans le miroir. Il en est de même pour la vie, puisque nous sommes tous les créateurs de notre propre expérience. Je sais bien, plusieurs d’entre vous diront qu’ils n’ont pas attiré tel évènement et qu’ils n’y sont pour rien. De ce fait, ils rejetteront la responsabilisation de l’évènement négatif en question. Pourtant, si ces mêmes personnes poussaient le raisonnement plus loin, elles comprendraient qu’elles ont créé et attiré négativement, mais qu’elles peuvent dorénavant créer et attirer positivement ce que bon leur semble. Toutefois,

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« À la seconde où vous vous sentez mal, pensez à autre chose qui vous rend heureux. L’énergie va où l’attention va. »

pour ce faire, elles devront regarder en dedans d’elles-mêmes et comprendre pourquoi elles ont vécu de telles choses. Puisque notre extérieur est le reflet de notre intérieur et que nos croyances façonnent notre réalité, pourquoi continuer à garder des croyances qui nous rendent malheureux ? Suis-je obligé de vivre une vie qui ne me convient pas, ou puis-je changer mes croyances pour d’autres qui me font vibrer et me rendent heureux ? Bien sûr que vous le pouvez ! De toute manière, si vous ne le faites pas, personne ne le fera à votre place… Vous devez impérativement comprendre que vous êtes tous des créateurs et que vos pensées créeront

votre réalité. Si vous acquiescez à ce principe, vous reconnaitrez votre propre puissance puisqu’elle ne demande qu’à être reconnue. À ce moment, il vous suffira de changer vos propres croyances et vos propres limites pour d’autres qui vous feront davantage vibrer. Se débarrasser de nos croyances limitatives Le paradoxe des croyances est le suivant : plus la vie me montre ce en quoi je crois, plus je crois en ce que la vie me montre. La question qu’on doit se poser en ce moment est la suivante : ce que je vois, donc ce que je crois, est-il bénéfique pour moi ? Cette situation me rend-elle heureux ou bien malheureux ? Si la croyance n’est pas en harmonie avec vous, allez chercher où vous avez acquis cette croyance. Il se peut que cette croyance vous vienne de votre entourage quand vous étiez jeune, ou bien de l’école, de la télévision ou d’ailleurs, et que vous aviez acheté ladite croyance. Pourtant, quand vous y pensez, ce paradigme, installé dans votre subconscient, comme un programme informatique, ne vous convient absolument pas. Si cette croyance ne vous fait pas vibrer, il ne vous reste qu’une chose ; la changer pour une autre qui, elle, vous fait vibrer.


« Cessez de ressasser le passé, cessez de ruminer vos échecs, vous n’êtes pas vos échecs, vous n’êtes pas votre passé, vous êtes vous-même, soit un être éternel dans une expérience humaine afin de vous redécouvrir. » Pensez-y, changer cette croyance limitative vous allègera et vous fera sentir davantage votre vrai vous. Vous avez tout à gagner et rien à perdre ! Je sais que certains me diront : « Oui je sais, tu as raison, mais je suis incapable de m’en débarrasser, quand j’y pense, je deviens malheureux, mais je n’ai rien connu d’autre dans ma vie, c’est comme si cette croyance possédait mon cerveau sans que je puisse m’en départir. » Oui, j’en suis convaincu ! L’astuce que je peux vous donner à ce moment-là est celle-ci : quand vous pensez à cette croyance, comment vous sentez-vous ? Mal, n’est-ce pas ? À la seconde où vous vous sentez mal, pensez à autre chose qui vous rend heureux. L’énergie va où l’attention va. Changez votre pensée du moment, peut-être même par son opposé et ressentez comment vous vous sentez, vous verrez que c’est comme si vous aviez lâché une valise remplie de choses encombrantes, mais ô combien pesantes. Vous serez ainsi allégé. Cessez de ressasser le passé, cessez de ruminer vos échecs, vous n’êtes pas vos échecs, vous n’êtes pas votre passé, vous êtes vous-même, soit un être éternel dans une expérience humaine afin de vous redécouvrir. Vous êtes puissant, beaucoup plus que vous ne le croyez. Cessez vos combats extérieurs, car ils ne sont que le reflet de vos propres combats internes. Vous ne pouvez changer les autres, vous ne pouvez changer que vous-même. La bonne nouvelle dans cette grande idée est que, si vous vous changez intérieurement, vous changerez votre extérieur. En d’autres termes, si les gens qui vous entourent ne se transforment pas comme vous le faites, ils s’éloigneront tout simplement pour faire la place à d’autres personnes qui reflèteront votre nouveau vous. Vous n’attirez jamais personne qui n’est pas en harmonie avec vous-même. Vous êtes le créateur de votre vie. Souriez à la vie, elle vous renverra votre sourire. Bien sûr, la vie est un miroir !

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LE STRIPTEASE

DE NOS VIEUX JOURS par Nikole Dubois, la louve blanche en cavale…

Les jongleries dans mes 70 ans mettent en lumière la vulnérabilité du corps. Des transitions s’enclenchent en cascades… Avec la cinquantaine, les cheveux blanchissent, les cataractes, les rides, ridules et bourrelets s’annoncent, la taille et le menton doublent, à la queue leu leu, les pattes d’oie, les plis, la calvitie, les bosses, les poches, les taches brunes… L’écorce est atteinte ! Puis, des maux de toutes sortes sortent. Les articulations, les os crient « présents » avec leur vocabulaire, arthrite, rhumatisme, arthrose, ostéoporose, rien de rose ! Les jongleries de nuit réveillent les angoisses qui veillent pour compter les jours qui restent. Elles prennent de l’amplitude, se teintent d’inquiétude. Des trous de mémoire font broyer du noir. Ces brisures changent l’allure, un coup dur pour l’image… l’autonomie. Le beau coté de la chose ? Quand un corps se déboulonne, ça questionne ! Le corps peut-il s’en aller sans que rien ne vienne à la rescousse ? Sa vulnérabilité ouvrirait-elle la porte à autre chose ? Des forces, encore inconnues, attendraient-elles au portillon ? Ne sommes-nous qu’un corps ? Ne sommes-nous pas des êtres capables d’intériorisation ? Dans la nature et après les coups durs, l’équilibre ne se refait-il pas ? Les émotions, la conscience, les valeurs, le cœur ne vieillissent pas ! L’arrivée massive des personnes ainées pourrait changer les choses. L’espérance de vie a augmenté de 25 ans depuis l950 et doublé depuis le 18 e siècle. Un phénomène nouveau ! Une première dans l’histoire de l’humanité ! Toute l’organisation sociale est questionnée ! Une révolution de la longévité ! Nous sommes plus nombreux à vivre plus vieux, plus heureux et plus en santé. Subir ou créer ? Que faire ? Mieux vaut faire le bon choix. Pour certains, la retraite va durer plus longtemps que la carrière. Mieux vaut accepter ce qui arrive… tenter de comprendre... L’attitude mentale jouerait un rôle majeur dans la façon de vieillir. Phénomène naturel après tout ! Une métamorphose, occultée, partie intégrante du processus cyclique de vie : naitre-vieillir-mourir. L’ordre des choses ! Les

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Éléonor ! Bascule consciemment dans le processus émergent. Amorce un dépouillement progressif vers ce qui demeure quand tout le reste s’en va… Passe à de nouvelles cibles : troquer la durée pour l’intensité, célébrer l’instant, apprendre à perdre, à se détacher, à vivre avec l’inachèvement, vivre autrement ce qu’on ne peut plus faire comme avant. Grandir par en dedans ! Même dans des conditions difficiles, la vie a un sens avec le droit de ressentir du plaisir et du bienêtre. Paul Claudel, à 80 ans, disait : « Je n’ai plus d’yeux, plus d’oreilles, plus de dents, plus de souffle, plus de jambes… Et c’est étonnant, somme toute, comme on peut s’en passer. »

« Il ne faut pas vieillir et repousser la mort. Faire semblant d’être jeune jusqu’au bout ! Se faire voler notre droit de vieillir ! »

mots vieux, vieille, vieillesse, vieillir, vieillissement ne commencent-ils pas par VIE ? Puisse le vieillissement devenir expérience personnelle et collective d’un développement autre ? Expérience de finitude entre la vie et la mort. À ne pas rater ! Faut-il lorgner le vieillissement d’un regard neuf ? Ne plus regarder en arrière… avancer en dévalant la montagne. Changement total ! Virage radical ! Affront à l’inconnu ! S’orienter autrement : vire de bord,

Ce virage radical à 180 degrés tourne le dos à une représentation sociale négative et limitative du vieillissement. Une société obsédée par la jeunesse, la vitesse où la rationalisation ménage les services. Les personnes ainées deviennent des objets de soins et de consommation devant céder la place à plus performant. On les place ! On les prend en charge ! On les amuse ! On les crème ! La production, l’efficacité, la forme et l’autonomie sont prônées à tout prix. À rendre malade ! Tout le monde ! Le vieillissement devient tabou incluant fragilité, vulnérabilité et mort. Destination ainée ? Incompétence permanente ! Jamais à la hauteur ! Il ne faut pas vieillir et repousser la mort. Faire semblant d’être jeune jusqu’au bout ! Se faire voler notre droit de vieillir ! Le vécu de vieillissement incite à un autre rythme, d’autres rôles, d’autres habitudes, une autre image, d’autres valeurs reléguées au 3e rang : lenteur, disponibilité, temps, fragilité, plaisir de la rencontre, frugalité. Des valeurs tierces valorisantes pouvant jouer un rôle structurant et décapant pour rétablir un équilibre social. Des valeurs en décalage avec une société gonflée de Performance, Vitesse et Consommation (PVC), des valeurs de plastique, que je me plais à appeler. Sortons les valeurs tierces du garderobe correspondant au vécu des personnes ainées en dehors des horaires, des rôles productifs, des obligations extérieures. Elles prédisposent à la


S oc ié té

sérénité, à l’humanitude, à la plénitude conduisant au recueillement, au contentement, à la mouvance des choses. Le cœur s’agrandit, l’acuité s’amplifie, les sentiments se raffinent, des sensations subtiles s’éveillent, les perceptions s’aiguisent, la beauté et la fragilité touchent, le paysage vit, le corps exulte encore et s’accorde au rythme de la tendresse, l’inhibition fout le camp… on sait qu’on va partir. Chaque geste compte, le temps prend son temps, le temps libre, le temps intime, le temps de l’être, le hors temps succède au temps social, ne plus attendre le dimanche pour… On parle de petits riens, de petits bonheurs, de parcelles d’éternité, de merveilleux… comme de grandes découvertes. On peut nier le processus de vieillissement, le mépriser, nous le voler… n’empêche que c’est l’entrée dans un espace d’intériorité, de liberté, de créativité, de détachement… pour atteindre le fond de soi. Osons marcher vers un nouvel engrenage à l’encontre de conditionnements sociaux1. Accueillons un vécu prometteur. Décapons un vieillissement croulant. Détabouisons-le. Délestons-nous d’enfarges plutôt que de souscrire à un minable mirage. Redéfinissons-nous avec LE STRIPTEASE DE NOS VIEUX JOURS qui ramène à la source ! Accueillons cet effeuillage étonnant, morceau par morceau, pour nous détacher de toutes ces choses inutiles, futiles, superflues, ces entraves, gestes vides, illusions pour enfin arriver au bout de soi. L’essentiel avant le ciel ! Dépouillons-nous allègrement ! Pour mieux nous déployer, nous retrouver ! Rentrons à la maison ! Sans en nier les inconvénients, le vieillissement n’est ni maladie ni malédiction, calamité, fléau financier ou flop. Quand on vieillit, on est toujours en vie ! À vivre un passage crucial au top de cette quête humaine ! Et si le vieillissement était une opportunité, un défi de citoyenneté, une façon de demeurer vivant jusqu’au bout ? L’âgisme n’a qu’à bien se tenir ! Un jour ce sera votre tour…

Marcher à l’envers des conditionnements sociaux reçus en dot pour accéder à son potentiel, voilà le sens du concept ANTIDOTE. Il s’applique ici aux personnes ainées via le Programme Antidote-VIT (vis intensément tout de suite). Il fallait un antidote, j’en ai créé un !

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Q u o i Fa i r e ? ! @ #$% L I S T E S É L E C T I V E D ' É V È N E M E N T S d a ns le K R T B

Rivière-du-loup

Samedi 19 mars

Musée du Bas-Saint-Laurent Mon portrait en mosaïque

Ingrid St-Pierre

10 h à 12 h

Vendredi 4 mars

Vendredi 11 mars

Collectif9

Daniel Lemire

Centre Culturel Berger

Un concert classique à la façon d’un groupe rock ! Des pièces courtes et énergiques, souvent d’inspiration folklorique, de Gagnon à Golijov, en passant par Brahms et Schnittke.

20 h

Centre Culturel Berger

Spectacle « 100 % Lemire ». Retrouvez Ronnie qui veut se monter une trousse de « premiers joints » et Oncle Georges reconverti en coach de vie... Mise en scène de Denis Bouchard.

20 h

Cout : 34 $/adulte ; 25,50 $/étudiant

Cout : 49 $/adulte ; 41,65 $/étudiant

Pour information : 418 867-6666 poste 1 Pour information : 418 867-6666 poste 1

Centre Culturel Berger

Lundi 7 mars

Ingrid St-Pierre revient enfin avec un tout nouveau spectacle de petits bijoux mélodiques tout en poésie imagée. Venez voir cette artiste originaire de la région !

Du vendredi 16 au samedi 19 mars

Brico -film et popcorn en biblio !

Exposition préenchères 2016

Bibliothèque Françoise-Bédard

Les enfants de 5 à 12 ans sont invités à passer l’avant-midi sans leurs parents à la biblio !

9 h 30 à 12 h Gratuit Inscription OBLIGATOIRE : contactez Isabelle Moffet, coordonnatrice à l’animation, au 418 867-6668

20 h Cout : 35 $/adulte ; 28 $/étudiant

Musée du Bas-Saint-Laurent

Une exposition donnant un accès privilégié aux œuvres qui seront offertes à la 17e vente aux enchères annuelle du Musée du Bas-Saint-Laurent, le dimanche 20 mars.

Pour information : 418 867-6666 poste 1

De 13 h à 17 h Dimanche 20 mars

Mardi 15 mars

17e vente aux enchères

Kino RDL

Musée du Bas-Saint-Laurent

Des œuvres d’une trentaine d’artistes comme Jean Paul Riopelle, Pierre Gauvreau et Jean-Paul Mousseau seront mises en vente au profit du Musée du Bas-Saint-Laurent.

Mardi 8 mars Bonne fête, Monsieur Mô !

Bibliothèque Françoise-Bédard

Pour souligner le premier anniversaire de monsieur Mô, lapin vedette de la biblio, la bibliothèque sera ouverte en avant-midi pour les enfants accompagnés de leurs parents. Gâteau aux carottes, café et jus vous seront offerts !

9 h 30 à 12 h

Dimanche 20 mars Scrabble en biblio

École de musique Alain-Caron 20 h 30

Gratuit

Gratuit

Mercredi 9 mars Journée de création pour les 5 à 12 ans

Jeudi 17 mars Par ici les jeudis ! Conférence musicale «  Paroles de Félix Leclerc  » Afin de souligner la Journée mondiale de la poésie, venez passer une soirée dans l’univers du grand Félix Leclerc avec Yvan Giguère.

19 h à 21 h Gratuit

13 h à 16 h Inscription suggérée : contactez Isabelle Moffet, coordonnatrice à l’animation, au 418 867-6668

La Rumeur du Loup, décembre 2015

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Plusieurs prix sont à gagner et courez la chance que votre texte soit publié ! Les gagnants seront connus lors du 5 à 7 de la JMDLDA, le 21 avril 2016.

Jeudi 24 mars Journal créatif Venez découvrir un outil intéressant qui fait appel à l’écriture, aux formes, aux couleurs et aux jeux de création. Aucun talent en écriture ou en dessin n’est nécessaire, rien que l’envie de laisser libre cours à votre spontanéité et à votre gout de la découverte !

9 h à 11 h 30 Cout : 10 $/personne Inscription obligatoire, places limitées : contactez Isabelle Moffet, coordonnatrice à l’animation, au 418 867-6668

Mercredi 30 mars Cocktail de lancement

Envoyez vos textes à l’adresse : isabelle.moffet@ville.riviere-duloup.qc.ca

Jeudi 31 mars Soirée slam

Salle Desjardins du Centre Bombardier à La Pocatière

surveiller la page Facebook de Slam RDL

La Fondation André-Côté et l’équipe du Défi Vélo 2016 feront un premier cocktail de lancement du Défi Vélo, présenté par Desjardins. Vous assisterez aussi à un défilé de mode cycliste !

Formule 5 à 7

Samedi 9 avril

Vendredi 25 mars

Cout : 20 $/personne (non membre) ; 15 $/personne (membre)

Journée de création pour les 5 à 12 ans

Guillaume Wagner

Lignes et couleurs (à la manière de Keith Haring)

14 h à 15 h

Les billets sont en vente au bureau de la Fondation André-Côté. Information : 418 856-4066

Gratuit

Le Bic

K amouraska

Samedi 5 mars Faire l’amour d’Anne-Marie Olivier

Dimanche 6 mars Harfang

Centre Culturel Berger

Dans ce nouveau spectacle, Guillaume Wagner prend un malin plaisir à explorer la bêtise humaine. La nôtre, la sienne, la vôtre. Un spectacle « humour piquant » !

Tête d’Allumette

Quelque part entre le folk et l’indie-rock, c’est planant, avec une dose d’adrénaline bien placée.

20 h

16 h

Cout : 34 $/adulte ; 28,90 $/étudiant

Cout : 12 $

Pour information : 418 867-6666 poste 1

19 h 30

Billets disponibles en ligne à lepointdevente.com et à la Tête d’Allumette

Mardi 29 mars

Pour information : Tél. : 418 736-4141 ; courriel : info@ theatredubic.com

Dimanche 13 mars

Projections Cinédit

Salle Bon-Pasteur, Maison de la Culture de Rivière-du-Loup

Surveillez la page Facebook des Projections Cinédit, votre cinéma d’auteur louperivois ! Documentaires, courtsmétrages et découvertes locales.

Théâtre du Bic (50, route du Golf-du-Bic, Rimouski)

L’évènement « Tête dans l’sieau »

Samedi 12 mars

Tête d’Allumette

Le long voyage de Pierre-Guy B. de Philippe Soldevilla

Animation musicale par Le Rêve du Diable, dégustation d’une bière à l’érable vieillie en fut de cognac, tire sur la neige, activités extérieures.

19 h 30

13 h à 18 h

Cout : 6 $/adulte ; 5 $/étudiant

Gratuit

Théâtre du Bic (50, route du Golf-du-Bic, Rimouski) Du 1er au 31 mars

Dimanche 20 mars

Concours littéraire « Lire au Loup »

Notre célèbre tournoi de hockey bottine est de retour encore cette année !

Faites-nous parvenir un texte d’un minimum de 300 mots et d’un maximum de 1200 mots, soit dans la catégorie jeunesse (12-17 ans) ou adulte (18 ans et plus). Le thème de cette année est : « 2050 ». Laissez-vous inspirer et surprenez-nous !

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La Rumeur du Loup, décembre 2015

19 h 30 Pour information : Tél. : 418 736-4141 ; courriel : info@ theatredubic.com

Tête d’Allumette

13 h Inscrivez-vous sur Facebook ou directement à la microbrasserie Tête d’Allumette.


Les Basques

Bibliothèque Anne-Marie-D’Amours 18 h 30 Gratuit

Lundi 7 mars Atelier science avec Les Débrouillards

Samedi 12 mars

Bibliothèque Anne-Marie-D’Amours

Journée du Vinyle

14 h

Ouverture des portes : 20 h ; Spectacle : 21 h Cout : 10 $/personne à la porte

Salle Vézina 10 h à 16 h Cout : 1 $/personne

Lundi 7 mars Speed -Booking et chocolat chaud

Samedi 12 mars

Bibliothèque Anne-Marie-D’Amours 15 h 30

16 h à 19 h Pour information : 581 645-8282

Fabrication de bracelets d’amitié

Témiscouata

Projection musicale

Café Grain de Folie Jeudi 10 mars

lors de sa formation en 2008. Originaire de Trois-Pistoles, la formation est maintenant bien établie à Québec et son premier album, Purple Mountains, sorti l’an dernier, a reçu un accueil très positif. Vous aurez droit à un punk rock rapide, mélodique, où chaque instrument se démarque à sa façon. Hate It Too sera accompagné par un trio de la région, The Drunken, qui ouvrira la soirée avec des reprises de Green Day, NOFX, Blink 182 et plus encore. Un spectacle à ne pas manquer ! www.hateittoo.com

Vendredi 4 mars Match de la LIT, Ligue d’improvisation du Témiscouata

BeauLieu Culturel 20 h 30

Bibliothèque Anne-Marie-D’Amours 9 h à 12 h

Cout : 3 $/personne

Samedi 12 mars Spectacle de Donald Charles

Samedi 5 mars

Café Grain de Folie

Jeudi 10 mars

21 h

Projection Jeunesse de l’ONF Pour information : 581 645-8282

Bibliothèque Anne-Marie-D’Amours

Le Bal masqué de la Mi-Carême présenté par la Boutonnière BeauLieu Culturel

18 h 30 à 19 h 30

Vendredi 11 mars Heure du conte pour les 8 à 12 ans avec Marie-Libellule

20 h Cout : 5 $ costumé ; 10 $ non costumé ; gratuit pour les enfants

Vendredi 18 mars Nicolas Moroz

Café Grains de Folie

Vendredi 11 mars

Pour information : 581 645-8282

Jeannine rencontre

Samedi 26 mars Hate It Too, The Drunken

À la Forge À Bérubé (363, rue Vézina)

Le groupe Hate It Too montera sur la scène de la Forge à Bérubé pour une soirée punk rock en intégralité. Il s’agit d’un retour aux sources, puisque c’est à ce même endroit que le quatuor a joué ses premières notes devant public

Espace Café La parole est donnée à une personne de chez nous qui nous amène dans son univers, ses préoccupations, ses combats, ses réussites. Un forum populaire animé par Jeannine Viel qui soulignera la Journée internationale des femmes. Le cout des tapas sera exceptionnellement à 5 $ au lieu de 7 $. Gracieuseté du Comité 8 mars.

17 h Gratuit

La Rumeur du Loup, décembre 2015

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La Rumeur du Loup, mars 2016


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