Rumeur mai 2015

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Culture w Societe w Environnement w Opinion w Quoi faire No  75 mai 2015 KRTB ISSN 1920-4183 GRATUIT www.rumeurduloup.com

L'austérité , ça coupe cher

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La Rumeur du Loup, édition 75 MAI 2015


Sommaire Le maux du rédacteur Dossier Austérité L'imaginaire surprenant de Karine Ouellet au MBSL De l'opéra à l'opérette Nouvelles culturelles Chronique Madame B Molière interprété par les jeunes Nouvelles culturelles et sociales Catherine Roy, photobébégraphe Vox Pop de Fadoq Entrevue avec Thomas Mulcair Pourquoi les étudiants manifestent-ils? Marche mondiale des femmes 2015 Vous avez dit Kempo!? Compteurs intélligents ou bon sens collectif? Peut-on se protéger des ondes? Chronique vétérinaire L'or du golf Gras Trans: une innovation mortelle? La voiture électrique: et si? 2/4 Agenda Culturel Quoi Faire?!@#$%

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LA RUMEUR DU LOUP, C'EST COLLECTIF !

Citation du mois « La mondialisation ne marche ni pour les pays pauvres, ni pour l'environnement. » -  Joseph E. Stiglitz, économiste américain, « Prix Nobel » d'économie 2001

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Le journal vous invite à écrire des textes informatifs, des histoires surprenantes, un poème hypoallergénique ou autres, car après tout, c’est votre journal ! Envoyez vos écrits à : journal@rumeurduloup.com. L’ÉDITEUR LAISSE AUX AUTEURS L’ENTIÈRE RESPONSABILITÉ DE LEURS TEXTES. La reproduction des textes publiés dans ce journal est fortement encouragée sous condition d'avoir la permission du journal La Rumeur du Loup. PRENDRE NOTE QUE LA DATE DE TOMBÉE DES ARTICLES EST LE 25 DE CHAQUE MOIS. Faites parvenir vos documents à journal@rumeurduloup.com

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La Rumeur du Loup c’est... 48 pages dynamiques 2200 exemplaires mensuellement 450 salles d’attente 50 points de distribution La meilleure visibilité du KRTB

Encouragez la propagation de la culture et faites monter vos publicités équipe de rédaction par une équipe Rédacteur en chef Busque Graphiste Busque Collaborateurs-Graphistes Collaborateursde jeunes professionnels. Photo Busque, Alexis Boulianne, Catherine Paquette, Catherine Roy, IllustrateurS Internet Quoi-faire ?!@#$% Marie-Amélie Dubé Vente Louis-Philippe Gélineau-Busque, Marie-Amélie Dubé Correctrice Maude ContacteZ Gamache-Bastille Collaborateurs Frank Malanfant, Sylvie Michaud, Émile-Olivier Desgens, Andréanne Martin, Louis-Philippe Gélineau Busque Marie-Amélie Dubé, Marie-Neige Besner, Michel Lagacé, Jean-Guy Chouinard, Nancy Bérubé, Mathieu Dumulonau 418 894-4625 Lauzière, Amélie Beaulieu, Denis Boucher, Jocelyne Breton, Thierry Chen, Heidie Pomerleau, journal@rumeurduloup.com Couverture photo par Busque 3


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La Rumeur du Loup, édition 75 MAI 2015


L'intellectuel de ruelle Par Busque

J’ai mal à la tête. Trop d’écrans qui crachent leur lumière sur ma rétine gonflée et pas assez d’eau dans mon système pour permettre au cerveau de refroidir et de se dégonfler.

J

e me demande toujours comment je vais vivre ma vie. Putain de question, quand même. La question qui tue, c’est le cas de le dire. Au moins, j’ai le luxe de me la poser contrairement à bien des humains sur cette planète qui s’assèche. Mes choix sont entre mon individualité et le collectif qui me ressemble de moins en moins. Je suis une bibitte assez unique dans ce sens (nous le sommes tous, je crois) ; je ne cadre pas avec l’absolu. Je suis rarement bien à un endroit trop longtemps, mais je me lasse rapidement des turbulents voyages. J’aime finalement m’ancrer dans la folie, jusqu’à temps que j’aille besoin de m’enfuir dans la routine. Je me battrais pour l’injustice, mais cette injustice me voit comme un ennemi. On dirait que plus je rencontre des gens âgés,

« J’aime finalement m’ancrer dans la folie, jusqu’à temps que j’aille besoin de m’enfuir dans la routine. » plus leurs blocages et leurs faiblesses me sautent aux yeux. Je reçois une meilleure relation avec les animaux et les enfants. Si vous m’invitez à un BBQ, vous me retrouverez sûrement en train de faire sentir le plafond au chat ou bien de raconter des

contes et légendes à vos gamins. Avoir une conversation me demande souvent un effort mental pour rester concentré. Je ressens beaucoup les deuxièmes degrés, la communication corporelle, le choix des raisonnements de mon interlocuteur. En gros, pour moi, parler avec un autre humain m’oblige à sortir mon analyseur cérébral tout en gardant le cap sur ce qu’on me dit. Misère. Néanmoins, je ne tends pas à être seul. Je préfère avoir des activités sociales comme les jeux de société ou une partie de billard que de devoir jaser avec un groupe d’humain dans un 5 à 7. Ne vous empêchez pas de me parler, juste pas trop longtemps. Comme je ne sais pas comment finir ce « maux du rédacteur », je vous laisse sur une citation inspirée du peintre James Abbott McNeil Whistler : « Si on se met à parler, la conversation devient impossible ».

Dans l’édition d’avril 2015, à la page 18 pour le texte « Attention au Scaphandrier, il pourrait vous attraper », nous avons oublié de mettre le crédit photo pour les superbes photos du photographe François Gamache /PixMedia ©. Il est important de respecter les créateurs et leur travail. P.S. Beaucoup n’ont pas trouvé Pablo qui s’était caché à la page 20.

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L’austérité en VOX-POP

Par Marie-Amélie Dubé, photos par Busque

Busque et Marie-Amélie Dubé sont allés rencontrer les gens de Rivière-du-Loup pour avoir leur définition du terme « austérité » et pour savoir s’ils sont pour ou contre les mesures d’austérité du gouvernement libéral. Plusieurs témoignages ne sont pas inclus dans ce vox-pop, car plusieurs parmi les gens interviewés n’avaient aucune idée de ce qu’est l’austérité ou ne pouvaient le décrire en leurs mots. Nous voulions aussi avoir la parité femme-homme. Christian Tremblay, enseignant en littérature au Cégep de Rivière-du-Loup

Je suis pour ou contre ? Contre. Ce que l’on voit présentement, c’est une attaque un peu directe contre les régions, CLD, Conférence régionale des élus. Présentement, la Commission jeunesse du Bas-Saint-Laurent voit son financement qui n’est pas certain d’être renouvelé. On a une très longue liste : la Route verte, les compressions qu’il y a au cégep, dans les services de réseaux de santé. Disons qu’il y a une très longue liste à faire de ce qui affecte notre région puis les villages dévitalisés. C’est difficile de croire que ce parti politique se soucie réellement de notre région et je pense que, quand on regarde la possibilité d’aller chercher de l’argent ailleurs, on voit que c’est une décision qui est politique et non économique.

risque de voir des entreprises privées qui prennent le dessus vu qu’il n’y a plus de financement dans le public. C’est de voir une privatisation de certains services, et c’est ça qui me fait peur justement. Par exemple, avec le magasin des arts du cégep, on est en train de le privatiser, même si c’est la coop étudiante ! Pour moi, c’est une forme de privatisation de services et je risque, dans les prochaines années, de me mettre en situation de « survie économique ». J’ai envie de partir à l’université et je risque de payer très, très cher. Cette année, c’est la première année. Ce qui m’effraie, c’est ce qui va se passer après.

Je suis pour ou contre ? Contre ces mesures ! Je considère que ça touche des fondements même de notre état ici, et aussi des valeurs de redistribution de la richesse. On parle bien entendu des services à la famille, en éducation et en santé, qui sont discrètement touchés, ce qui va se traduire — peut-être davantage en région qu’ailleurs — par une perte de la qualité de vie, de la qualité des services. Quand on parle d’une perte de la qualité des services à l’éducation, ça veut dire moins de jeunes qui vont profiter d’une éducation de qualité, mais davantage aussi en région. Quand on touche à l’éducation et à la qualité de l’éducation, je pense que tout découle, donc on va toucher à la qualité de vie des régions, à leur économie et à leur dynamisme.

Frédéric Aubé Marquis, 19 ans, étudiant en comptabilité et gestion

L’austérité c’est... Ouf, quelque chose de ne pas très amusant, dont on n’a pas envie d’entendre parler !

Dominic April, intervenant social

Julien, 21 ans, étudiant en arts et lettres, Haute-Normadie

L’austérité c’est... Pour reprendre les paroles de notre premier ministre : « une vue de l’esprit », celle d’un gouvernement qui cherche des moyens de vendre une idéologie — de droite, bien entendu — pour faire en sorte que l’état ait moins de responsabilités, intervienne moins, notamment pour la distribution des richesses, pour satisfaire une portion réduite de la population. Donc, l’austérité existe, oui ! C’est un bel outil qui est là pour vendre des idées de la droite libérale.

L’austérité c’est... C’est d’abord diminuer les services à la population, c’est de couper dans les filets sociaux. Plutôt que d’aller là où il y aurait des possibilités et d’avoir des options qui touchent directement la population, ils s’attaquent aux services de base.

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L’austérité c’est...

Je ne sais pas vraiment. Je pense que c’est l’augmentation des prix ; c’est que l’état veut moins payer, donc nous allons devoir payer plus.

Je suis pour ou contre ? Je suis neutre. Pour l’instant, ça ne me dérange pas vraiment. Je le réaliserai peutêtre plus tard lorsque j’aurai vraiment des choses à payer.

L’austérité c’est...

C’est un plan de rigueur, une diminution des services publics. À mon inquiétude — c’est un truc que j’ai un peu vu en France —, c’est un

Véronique Petit, 35 ans, maman à la maison et éducatrice en milieu familial

Je suis pour ou contre ? Je suis contre. Des coupes drastiques, des choses qui pénaliseront beaucoup de gens dans les organismes communautaires, cela a une énorme répercussion, avec les jeunes familles aussi, en gros c’est pas mal ça ! René Gingras, directeur du Cégep de Rivière-du-Loup L’austérité c’est... C’est ni plus ni moins « une rigueur extrême dans la gestion des finances ». Je suis pour ou contre ? Je ne peux pas me prononcer parce que je suis un employé du gouvernement. Nous avons eu l’occasion de faire une sortie des directeurs généraux des cégeps de l’Est sur


les compressions qui touchent nos services au cégep. Nous avons dit que c’était notre devoir de sonner l’alarme sur le fait que nous jugions que les budgets étaient insuffisants pour notre mission et que ça mettait même à mal l’économie régionale. C’est là-dessus que nous avons tablé ! Gaby Moreau, 72 ans, résident de S a i n t - Fa b i e n - d e Rimouski

« Quand on touche à l’éducation et à la qualité de l’éducation, je pense que tout découle, donc on va toucher à la qualité de vie des régions, à leur économie et à leur dynamisme. »

L’austérité c’est... À mon idée, c’est de couper sur bien des services. Autrement dit, on ne regagne rien ! Je suis pour ou contre ? Je suis contre. Ce qui arrive, c’est que ça coûte trop cher, on paye trop. Ça coûte trop cher et, en plus, eux, ils nous calent !

L’austérité : un piège économique Par Marie-Neige Besner

Le premier ministre Philippe Couillard s’entête à affirmer qu’« il n’y a pas d’austérité » et que « c’est une vue de l’esprit ». Les membres du gouvernement préconisent le mot « rigueur » pour décrire leurs politiques économiques. Voyons, tout d’abord, en quoi l’histoire nous permet d’utiliser le terme austérité et en quoi, peu importe la terminologie, les politiques récessives des libéraux, en raison de leur manque de cohérence, vont à l’encontre de toute rigueur morale.

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u’est-ce que l’austérité ?

La première politique d’austérité à avoir vu le jour est celle du premier ministre français Raymond Barre, en 1976. Elle visait à lutter contre l’inflation et le chômage en freinant la hausse des salaires, en gelant pour trois mois les prix à la consommation, en réduisant la taxe à la consommation et en augmentant l’impôt sur le revenu ainsi que les prix de l’alcool et de l’essence. Raymond Barre misait sur l’appui du patronat pour le maintien du pouvoir d’achat moyen, la création d’emplois et une meilleure compétitivité sur le plan international. La réussite de son plan a été hypothéquée par le second choc pétrolier de 1979 qui a accentué la crise économique. Dans La Presse du 25 septembre 1976, on écrivait à ce sujet « [...] pour fonctionner, toutes les mesures anti-inflation ont besoin de l’appui de la population. Et cet appui ne peut être acquis que dans la mesure où les citoyens ont la conviction que l’effort d’austérité qui leur est demandé est équitable ; c’est-à-dire que les sacrifices sont répartis avec équité. Or, c’est là où la France est défavorisée [...]. De tous les pays occidentaux, la France est, en effet, celui où les écarts entre les revenus

« Parallèlement, la population subit l’augmentation indécente des salaires et des indemnités de départ des députés et des cadres, les coûts élevés d’aménagements de bureaux,... »

Au Québec, Philippe Couillard mise sur une politique très similaire et même plus agressive : gel des salaires et de l’embauche, suppressions de postes dans la fonction publique, modification de l’âge minimum pour la retraite, coupes dans les pensions, abolition d’une multitude de structures et de programmes, notamment dans les milieux de la gouvernance, du développement économique et régional et du logement, réductions des financements pour l’environnement, l’éducation, la santé, l’aide sociale, les centres de la petite enfance, report ou annulation de projets d’infrastructures, réductions de budgets et tarifications multiples, augmentation des prix de l’alcool et plusieurs autres.

sont les plus grands et les plus flagrants. […] Rien n’est prévu par M. Barre pour contrôler les revenus des non-salariés et, surtout, pour réduire la fraude fiscale qu’on évalue à plusieurs dizaines de milliards de francs. [...] Aucune théorie économique ne saurait donc prévaloir sur une certaine équité sociale. »

Parallèlement, la population subit l’augmentation indécente des salaires et des indemnités de départ des députés et des cadres, les coûts élevés d’aménagements de bureaux, les profits records des banques et institutions financières, les salaires tout aussi records des PDG québécois et canadiens, les scandales de paradis fiscaux, de détournements de fonds, de corruption et bien plus.

L’austérité au Québec : quand le piège se referme

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Pendant ce temps, la population, tout particulièrement les femmes et les jeunes, subit les pertes d’emploi, l’augmentation du travail à temps partiel ainsi que du travail instable et précaire. Dans son rapport « De meilleurs emplois pour une meilleure économie », l’Organisation internationale du travail (OIT) déplore le recul du travail dans les économies avancées comme la nôtre et y qualifie l’austérité de « piège » pour l’emploi et l’économie. Les solutions à l’austérité et à la sortie de crise Ainsi, plutôt que de lutter efficacement contre la spéculation (y compris sur la dette publique), de contrôler la finance, de supprimer les paradis fiscaux, de lutter contre la fraude et l’évasion fiscale, contre la compétition fiscale, d’harmoniser l’impôt

sur les sociétés, de taxer les opérations financières, de soutenir les investissements en environnement, clés de la sortie de crise selon l’économiste Gilles Raveaud de l’Institut d’études européennes, le gouvernement de Philippe Couillard mise sur les politiques d’austérité et l’appui du patronat. Comment assurer une sortie de crise en affaiblissant les mécanismes qui permettraient de lutter efficacement contre les inégalités et qui assureraient la cohésion et la prospérité de toutes les régions du Québec  ? Comment assurer le développement économique, social et culturel du Québec dans ce contexte d’affaiblissement de la cohésion sociale et de montée des inégalités en termes d’éducation, d’accès au marché du travail et de couverture sociale ? Comment susciter l’appui de la

population aux mesures d’austérité du gouvernement libéral du Québec dans un contexte d’absence de rigueur morale ? « De l’austérité, il en faut : mais pour les profiteurs, pas pour les travailleurs », énonçait Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français, en 1980. Et si nous rappelions au gouvernement de faire sa part ? Sources : http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/ BMEve?codeEve=527 http://w w w.salairemaximum.net/Marchais-Lausterite-pour-les-riches_a217.html De meilleurs emplois pour une meilleure économie, Rapport sur le travail dans le monde, 2012, OIT

austérité, une occasion pour la démocratie Par Frank Malenfant

« Le rôle légitime du gouvernement est de faire pour une communauté de gens tout ce qui doit être fait, mais qu’ils ne peuvent faire du tout, ou ne peuvent faire aussi bien, pour eux-mêmes — par leurs capacités individuelles et séparées. » — Abraham Lincoln

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éfléchissons à la crise actuelle qui oppose l’état et son peuple : comment cela pourrait-il nous permettre d’enclencher un changement de paradigme qui dirige la société dans la bonne direction  ? Selon moi, les sociétés humaines les plus évoluées seront celles qui sauront devenir souveraines et partager le contrôle de leur destinée collective. Les sociétés sont à mon point de vue d’une complexité importante et ne sauront se réaliser pleinement que lorsqu’elles seront maîtresses d’elles-mêmes et non plus hétéronomes. Le désengagement actuel de l’état dans certaines cellules de la société est une occasion à saisir. Or, nous abordons

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« Aujourd’hui, nous travaillons au moins la moitié d’une année pour couvrir les frais de l’état »

actuellement la situation sous le mauvais angle. Plusieurs individus devenus effrayés par l’omnipotence des gouvernements ont commencé à évoluer vers l’autarcie ou vers divers degrés d’autonomie individuelle afin de ne plus dépendre de cet état qui s’infiltre dans toutes les fibres de la société. Cette tendance s’accélère aussi vite que l’intrusion de l’état dans nos vies privées et ne peut représenter une avenue idéale pour l’ensemble de la population, car elle est régressive et antisociale. La privatisation des services publics prônée par la droite libérale sert l’objectif de désengager l’état sans faire disparaître les services et vise un allègement fiscal


engendré par les économies de l’état. L’accès à ces services serait alors laissé à la discrétion de l’individu en présumant que l’allègement fiscal dont il bénéficie arrive à compenser les frais. Cette mesure s’avère aussi régressive qu’antisociale, car l’allègement fiscal n’affecte pas les citoyens les plus pauvres et le fait de contracter des assurances auprès d’institutions financières axées sur le profit ne garantit aucune économie. N’oublions pas non plus que les partis au pouvoir obtiennent des votes en offrant des services et que les entreprises privatisées entretiendront possiblement des relations malsaines avec les partis qui les feront profiter. Tout comme nous avons au cours des derniers siècles appris à séculariser l’état, nous devrions aujourd’hui travailler à rétablir des frontières au rôle de l’état central dans nos sociétés. Il serait paradoxal d’attendre de l’état qu’il intervienne contre son propre interventionnisme, et ce, pour plusieurs raisons dues à notre système électoral qui favorise le clientélisme ainsi que la connivence des politiciens et des partis avec les lobbys les plus aptes à faciliter leur réélection. Même nos gouvernements les plus conservateurs, malgré les apparences, échouent ou peinent à réduire la taille de l’état de manière effective. Dans les faits, dès qu’ils le tentent, tous les groupes de pression montent aux barricades pour défendre les structures dont ils dépendent et il devient quasi impossible d’en arriver à une entente. Cela n’a rien de surprenant et s’explique facilement par notre culture de dépendance à l’état qui fait que toute mesure doit s’appliquer du haut vers le bas. Comme nous n’avons en tant que peuple qu’une confiance très frileuse envers la capacité de nos gouvernements à œuvrer de manière désintéressée pour l’intérêt de tous, il y en aura toujours parmi nous dont l’esprit critique ne saura supporter les implications des décisions prises par

« Cela n’a rien de surprenant et s’explique facilement par notre culture de dépendance à l’état qui fait que toute mesure doit s’appliquer du haut vers le bas.» l’état. C’est qu’en fait toute politique de désengagement qui viendra d’en haut aura pour effet d’abandonner le peuple soit à lui-même, soit à des entreprises privées qui n’inspirent guère plus confiance que nos gouvernements. Nous avons besoin de structures que nous pourrions contrôler, qui seraient transparentes et donc en lesquelles nous pourrions avoir confiance. Bref, nous devons substituer à l’état des constructions sociales citoyennes sous contrôle démocratique, c’est-à-dire d’entamer par nous-mêmes le désengagement de l’état dans notre tissu social par la prise en charge citoyenne des cellules qui ne sont pas de son ressort. Le désengagement de l’état central est un objectif partagé par une large proportion de la population pour une raison ou une autre. Or, cela doit devenir une occasion pour le peuple et la démocratie plutôt qu’une occasion pour l’entreprise privée et une poignée d’actionnaires si nous souhaitons que la prochaine révolution soit celle où les peuples se prennent en main plutôt que de remplacer un modèle oligarchique par un autre. L’intérêt de tout ça est de rétablir notre contrôle sur les politiques qui nous affectent et de remettre le citoyen au centre

de l’état. Certains pourront ne pas partager cet avis, mais je crois que l’idéal social tend davantage vers un peuple éduqué, politisé et égalitaire que vers une masse ignorante subordonnée à une élite et qui ne sert qu’à travailler et à consommer. Aujourd’hui, nous travaillons au moins la moitié d’une année pour couvrir les frais de l’état ; ne serait-il pas temps de se demander quelles responsabilités nous pourrions reprendre en main afin d’économiser le temps que nous travaillons pour payer d’autres personnes qui les prennent à notre place ? S’organiser à l’échelle citoyenne pour reprendre le contrôle des fonctions de la société est le meilleur moyen de contribuer démocratiquement au désengagement de l’état central et de reprendre par le fait même le contrôle démocratique des fonctions de l’état. C’est aussi la stratégie par laquelle nous aurons la chance de développer une culture d’engagement citoyen qui sera nécessaire pour atteindre l’objectif d’un gouvernement par le peuple et pour le peuple. Cet exercice de démocratie participative éliminera par le fait même le besoin d’atteindre un consensus sur le rôle de l’état en permettant une adhésion libre aux différents systèmes de la société. Ainsi débute la transition sociale et culturelle vers une révolution démocratique paisible et durable. L’objectif avoué de cette stratégie est de permettre à la population de passer de ses réflexes défensifs de résistance à ceux d’autogestion et de responsabilisation civique. Il est de mon avis que nous manquons désespérément de démocratie et que le peuple doit reprendre la place qui lui est due si nous souhaitons réellement vivre en démocratie. Cette stratégie se veut une manière constructive pour y arriver et pour atteindre, au fil de quelques générations, l’écriture par le peuple de la constitution du nouvel état démocratique dont nous aurons bâti les fondations ensemble.

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61, rue Lafontaine Rivière-du-Loup (Québec) G5R 2Z8 Tél. : 418 867-8685 Téléc. : 418 867-5632

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w w w. cl u b k r t b . o r g


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$ $$ QUAND L’AUSTÉRITÉ BRISE L’ÉQUILIBRE D’UNE SOCIÉTÉ… Par Michel Lagacé

Ils apportent l’austérité pour ne pas dire la misère pour les plus démunis et, si l'on se laisse manger la laine sur le dos, les libéraux auront vite fait de détruire les fils du réseau social du Québec. Le parti libéral a lui-même créé cette crise inutile, puisque « la dette nette du Québec est sous la moyenne des pays membres de l’OCDE », et cet argent, on se la doit à nous-mêmes. Gérer convenablement un budget, ce n’est pas détruire les services à la population et l’environnement où ils habitent. On est à la fois devant des gens rongés par la folie financière et devant l’irresponsabilité collective.

L

e gouvernement actuel s’alimente de cette crise — qu’il a amorcé lui-même — en tirant sur tous les côtés pour mieux régner et distribuer notre argent selon les occasions qu’ils se créent « entre eux » : une petite gang d’élus, de représentants de grandes compagnies et d’actionnaires : les « défenseurs des intérêts corporatistes sans vision » que l’on retrouve ensemble (la racaille économique) lors des soupers et cocktails qu’ils s’organisent. Dans ces soupers, aucun penseur sérieux pour contredire ces clowns qui s’échangent les titres de présidents et de vice-présidents. Au pouvoir, cette minorité abusive n’a aucune réelle préoccupation sociale et environnementale. Elle ne pense qu’à la circulation de l’argent dans des directions qui favorisent ses intérêts personnels et non ceux de la collectivité. À très court terme : avec la cimenterie, le port pétrolier à venir (ailleurs qu’à Cacouna), le Plan Nord (2e version d’une suite absurde…), le pipeline et les wagons-citernes remplis de pétrole des sables bitumineux ou de l’hypothétique

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pétrole du Québec par la pensée magique de ces dirigeants qui ont investi notre argent sans discernement, qui lui, profite aux compagnies qui font du forage dans nos régions, sans beaucoup de frais, ils ne feront que d’autres fiascos ou catastrophes (garder en mémoire Mégantic et bien des sites de mines abandonnées). Mais hélas ! le malheur est déjà là, et c’est celui que provoque le gouvernement libéral à Québec et aussi le gouvernement conservateur à Ottawa en laissant notre territoire aux mains des compagnies pétrolières et en favorisant les projets les plus dommageables pour notre environnement. Ces compagnies infantilisent les citoyens en leur faisant miroiter « l’illusion d’un Klondike pétrolier ». Et le gouvernement conservateur continue de ne favoriser que les riches avec sa fiscalité, telle l’augmentation probable du CELI, entraînant ainsi des pertes de revenu fiscal pour l’État, et donc, la réduction des services publics. Le seul discours économique ne tient

plus la route, il est devenu dangereux. Ces gouvernements ne sont que des caisses enregistreuses qui empochent les titres, les salaires et les occasions qui vont avec. Pour eux, le bien commun et la collectivité, ce ne sont que des mots sans signe de piastre. Ils ont pourtant été élus pour nous représenter et protéger notre territoire. Vont-ils continuer à mettre notre environnement en danger  ? Pour la sécurité dont se revendiquent ces compagnies pétrolières, « on repassera… », car les désastres qu’ils ont déjà causés sont là pour les contredire. La lutte contre l’austérité et la protection de l’environnement, c’est un même combat. Les étudiants et les autres citoyens qui marchent dans la rue en ce printemps 2015, et qui marcheront encore à l’automne contre les coupes drastiques, contre le pipeline et la pollution des sables bitumineux, ont bien raison de contester la légitimité des politiques de ces gouvernements. Au Québec, les libéraux ont-ils fourni leur


« Ces compagnies infantilisent les citoyens en leur faisant miroiter “l’illusion d’un Klondike pétrolier.”» itinéraire avant l’élection ? Non. Actuellement, dans notre société, qui sont ceux qui dérangent le plus ? Les étudiants avec les autres citoyens qui descendent dans la rue pour s’opposer à ces politiques qui touchent tous les services à la population et notre environnement, ou ces libéraux qui font ces coupes injustifiées et soutiennent la violence policière quand ils matraquent, sans impunité, les manifestants comme si on était dans « l’ancienne URSS » (ici, je ne cautionne pas les individus masqués qui saccagent l’UQAM et nuisent ainsi à l’action de l’ensemble des étudiants). Les libéraux sont de plus en plus déconnectés de la réalité des Québécois qui forment une communauté tolérante… ou au contraire sont-ils proches de la réalité d’un peuple devenu intolérant  ? Enfin, leurs comportements nous portent à croire qu’ils veulent détruire socialement, économiquement, régionalement, et autant pour l’environnement, tout ce qui caractérise l’équilibre de la société québécoise. Il n’y a probablement que nous pour assister confortablement assis devant notre téléviseur à l’anéantissement de notre environnement et des valeurs de notre société. Si vous ne le savez pas encore, la prochaine révolution ne sera pas économique, mais humaine, et je suis fier d’être avec ceux qui s’opposent à l’austérité et au développement irresponsable de ce territoire que nous partageons avec les autochtones.

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L’IMAGINAIRE SURPRENANT DE KARINE OUELLET AU MBSL Par Michel Lagacé, photos de Busque

Dans sa première exposition particulière au Musée du Bas-Saint-Laurent à Rivière-du-Loup ayant pour titre « Les sacrifiés » et qui se tiendra du 29 mars au 31 mai 2015, l’artiste Karine Ouellet nous présente des sculptures en tissu qui évoquent des personnages « mi-humains, mi-animaux » dont la charge émotive est tout en sensualité et en parure de mascarade. Cette exposition est assurément une des prestations à voir ce printemps dans le Bas-Saint-Laurent.

À

l’aide de formes recouvertes d’un assemblage de tissus extensibles ou synthétiques qui galbent en couleur et en arabesque les protubérances d’étranges personnages, ou « monstres » ironiques, l’artiste réussit à nous surprendre et même à déranger nos sens. Distribuées dans l’espace, ces œuvres d’une grande sensualité, dont les allusions par les formes et la couleur (le beige de la peau et le rouge sang) sont résolument sexuelles, car certaines formes sont très proches des parties intimes du corps féminin ou masculin. Toutefois, plus proche de la féminité et d’enjeux équivoques par les matériaux : le bas de nylon, le tutu

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en bulle, et les souliers à talons hauts entre autres, ces sculptures ne laissent personne indifférent. Par sa manière de coudre ces tissus aux différentes connotations ou par sa façon de faire, la jeune artiste Karine Ouellet, qui vit à Saint-Valérien et qui enseigne aussi les arts visuels au Cégep de Rimouski depuis quelques années, réussit à amalgamer toute une suite de sensations dans la construction aux allures ludiques de ces étonnants personnages felliniens, comme apparus dans l’espace d’une fête foraine.

Tel que le souligne la conservatrice du musée, Rébecca Hamilton, dans la filiation avec les sculpteurs qui ont recours à des « matériaux usinés aux formes souples […], Karine Ouellet utilise une variété de matériaux communs, dont différentes matières textiles, qu’elle assemble par la couture ou l’application de latex caoutchouc et qu’elle met en forme à l’aide de bourrure, de mousse ou de papier bulle. […] L’ajout de tissus aux motifs et aux textures diverses est aussi privilégié pour la création de contrastes symboliques et de jeux de transparence et d’opacité. »


Ces « sculptures aux formes biomorphiques » ont des allures surprenantes, autant que des relations avec l’approche des surréalistes par leurs secrets et leurs détournements symboliques. Mais, elles sont aussi collées, ou plutôt cousues, aux tonitruants contrastes ou aux provocations typiques du Pop Art par leurs matériaux récupérés et détournés de leur fonction première. Cet effet audacieux nous parle aussi du monde d’aujourd’hui, de la mascarade des modes et des tabous ou préjugés entourant notre relation au corps, tel ce personnage au titre connoté : « Femme à plume ne fait plus le ménage ». C’est « l’ultime fantaisie d’une ballerine déconstruite » revêtue de papier bulle et de paillettes. Cette œuvre inconfortable (l’attraction et la répulsion qu’elle provoque chez le regardeur), comme la plupart des œuvres de cette artiste, brouille « la frontière entre l’être humain et l’animal. »

« C’est “l’ultime fantaisie d’une ballerine déconstruite” revêtue de papier bulle et de paillettes. » L’œuvre-installation « L’événement » termine ce parcours… Sans tête, des souliers à talons hauts, des jambes et des hauts de corps de femmes faits de bas de nylon avec dossards numérotés, ces figures longilignes pavanent comme pour le concours de Miss Univers… Seraient-elles « Les sacrifiés » des contraintes de la beauté ? En art visuel, on est moins habitué à ce genre de production… les œuvres de Karine Ouellet surprennent, dépaysent, c’est probablement parce que ces œuvres souples participent de la culture du recyclage. Mais aussi parce que l’artiste reprend, comme manière de faire, le métier traditionnellement féminin de la couture pour s’exprimer dans des œuvres qui provoquent des sensations refoulées tout en bousculant les repères de l’art. Même ceux qui ont déjà apprécié une ou deux pièces de cette artiste dans des expositions collectives seront encore plus enthousiasmés par la qualité et les débordements fantaisistes de cette production présentée jusqu’au 31 mai au Musée du BasSaint-Laurent à Rivière-du-Loup.

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De l’opéra à l’opérette Par Jean-Guy Chouinard

Que fais-tu cette après-midi ? Rien ? Encore à poiroter devant ton nouvel écran ou, encore pire, à jouer à un de ces jeux difformes qui consiste à tuer ton voisin pour enfin pouvoir te taper la voisine qui n’est nulle autre que la reine Zaza mieux connue sous le nom de Lucie ? Pourquoi ne pas te rendre avec moi à Paris ?

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our être franc avec toi, ce n’est pas à Paris ni à Genève que nous irons, mais plutôt au Cinéma Princesse sur la rue Lafontaine. En effet, depuis le 9 novembre 2014, on y diffuse sur grand écran les opéras et les ballets de l’Opéra national de Paris, en direct. À vrai dire, le Princesse s’est associé à un réseau de production bien structuré pour diffuser ces grandes œuvres, comme plusieurs autres cinémas québécois. À titre d’exemple, ma belle-mère a pu voir comme moi L’Enlèvement au Sérail de Mozart en février dernier bien qu’elle réside à Magog. Autrement dit, malgré la distance, il y a moyen de se faire plaisir.

« Eh bien ! malgré tout ce que je viens de dire, c’était un navet avec ses bondieuseries à n’en plus finir. »

Plus qu’une simple diffusion, c’est le cœur de 270 salles du monde entier qui bat à l’unisson. Faire battre les cœurs, pas tant que ça, mais j’aime bien les métaphores. C’est après tout de l’opéra et, plus encore, « il joue français », comme le chante Reggiani. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’œuvres qui méritent l’attention de tous ceux qui, comme moi, sont avides de culture. D’autant plus que la mise en scène donne à ces opéras une saveur contemporaine.

Non, tu ne peux pas venir ? Un rendez-vous avec ta nouvelle flamme secrète, je suppose ? Tant mieux pour toi, moi j’y vais. En mars, j’ai pu assister à l’opéra Faust de Gounod. Eh bien ! malgré tout ce que je viens de dire, c’était un navet avec ses bondieuseries à n’en plus finir. Trois heures de messe, c’est long, même pour moi. Dans le fond, Rémi a bien fait de ne pas venir. Il m’en aurait probablement voulu sans le dire. Le seul élément que je trouve intéressant de cet opéra, ce sont les

La Rumeur du Loup, édition 75 MAI 2015

nanas. Rien à voir avec Bianca Castafiore. Plutôt dans le genre 26 ans, qui va au gym deux fois par semaine et qui regorge de ressources exotiques. J’ai encore de la peine cependant pour le premier rôle féminin qui, selon l’histoire, était encore vierge, et ce, malgré son approche de la cinquantaine. Non, tous les opéras ne sont pas des chefs d’œuvre. Je m’en doutais un peu pour avoir déjà lu une transcription anglaise de la pièce Faust de Goethe, mais à ce point-là, cela me dépasse. Mais oublions cet opéra parisien et parlons maintenant de Don Giovanni. Cet opéra de Mozart diffusé le 12 avril se distingue par sa fraîcheur et sa beauté. Mozart, c’est un enfant qui aime la vie et qui rit d’elle. Pas un tragique implorant le diable d’être magnanime. J’espère de tout cœur que la direction du Princesse diffusera encore l’année prochaine ces prestigieux opéras. À titre d’information, les opéras italiens sont à priser et je crois que personne ne se plaindra de laisser Faust de côté. Et peut-être que Judith viendra enfin avec moi...


Festival JOURNÉES D’AFRIQUE 7 e ÉDITION

À Trois-Pistoles du 19 au 23 mai 2015

Pour une 7e fois, Trois-Pistoles vibrera au rythme de la culture africaine. Organisé par le Groupe Yolémâ, le Festival journées d’Afrique se veut festif, éducatif et rassembleur. Les activités proposées amènent les gens à poser un regard sur les différences et à échanger sur les réalités vécues de part et d’autre du continent. Par ce festival, nous voulons intégrer et démocratiser la culture africaine sous tous ses angles… ou presque. Pendant la semaine, Oumar N’Diaye Martinos, parrain de ce festival, animera des ateliers pour les jeunes dans les écoles pistoloises. Le jeudi 21 mai à 19 h, il donnera une conférence sur les masques africains à

la bibliothèque Anne-Marie-D’Amours. Le vendredi 22 mai, les groupes locaux vous invitent à un 5 à 7 à la Forge à Bérubé. Amenez votre djembé, un jam est organisé. Venez festoyer avec nous. Le samedi 23 mai, dans le cadre des Samedis de Conter, Franck Sylvestre fera un conte jeune public à la Forge à Bérubé dès 10 h. Ensuite, les activités familiales et les ateliers se dérouleront au Centre culturel de TroisPistoles. De 11 h à 17 h, nous offrons les ateliers suivants : tambour-danse, danse du masque, danse africaine, percussion, chants et initiation au Dununba et un grand Dundunba « Fête au Village » pour terminer

Groupe Yolémâ

les ateliers avec tous les participants. Un service d’halte-garderie est offert pour les parents qui veulent participer aux ateliers à partir de 11 h. À 21 h, nous vous invitons à une soirée dansante et traditionnelle mandingue à La Forge à Bérubé, avec le groupe BENKADI. Nous sommes très fiers de cette programmation, elle sera complète grâce à votre participation. Bonheur, joie de vivre et découvertes sont au rendez-vous. Wontanara (nous sommes ensemble).

www.groupeyolema.blogspot.com

Du 19 au 23 mai 2015

Cours de percussions africaines < tous niveaux Ateliers de danse africaine Festival journées d’Afrique Et BEAUCOUP PLUS yolemaapercu@gmail.com Coût de l’atelier: adulte - 10 $ / 12 à 7 ans - 5 $ / 7 ans et moins - gratuit Mission du groupe Yolémâ : promouvoir, diffuser et rendre accessible la culture africaine et ses cultures dérivées en région

Tour du chapeau pour l’ÉMCV Trois Premières pour trois programmes

Depuis sa création, l’ÉMCV ne chôme pas : création de quatre programmes de formation exclusifs, tous accrédités par le ministère de l’Éducation ; participation à de nombreux évènements cinématographiques et festivals, dont certains d’envergure internationale  ; collaborations multiples avec des organismes du milieu, qui se sont traduites par la réalisation d’une centaine de vidéos promotionnelles visant leur rayonnement. Tous les films réalisés par les élèves sont présentés chaque année lors d’évènements spéciaux, appelés Premières, auxquels est invitée toute la population. Ces Premières sont des manifestations importantes pour l’élève et pour le milieu. Cela devient l’occasion pour l’élève d’y présenter son talent et sa créativité, et très souvent son engagement social ; cela devient, pour le milieu, l’occasion de constater le potentiel artistique de nos régions.

17 mai Présentation au Cinéma Princesse de Rivièredu-Loup, à 19 h 30, de 12 documentaires réalisés par les finissants du programme Techniques de réalisation de films documentaires. Des films de facture visuelle variée, qui témoignent des préoccupations et de l’engagement de nos élèves. 26 juin Présentation à l’École de musique de Rivièredu-Loup, à 16 h, des portfolios multimédias des finissants du programme Conception et réalisation de films web : 25 courtes vidéos, corporatives, publicitaires ou pédagogiques, réalisées pour des organismes de la région. 31 juillet Présentation au Centre de développement et de la main d’œuvre Huron-Wendat (CDFM), à Wendake, des portfolios multimédias des finissants du programme Conception et production de vidéos en lien avec son milieu : plus de 30 courtes vidéos, corporatives, publicitaires ou pédagogiques, réalisées en partenariat avec des organismes des communautés autochtones du Québec. Ce programme relève d’une collaboration étroite entre l’ÉMCV, le Wapikoni mobile et le CDFM.

Trois Premières, trois occasions de mesurer le dynamisme et l’apport culturel et social des étudiants de l’École des métiers du cinéma à leur communauté. Chapeau à l’ÉMCV, à ses étudiants, à ses profs et aux organismes partenaires !

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Mais à quoi sert de savoir que l’univers a 13,8 milliards d’années ? Chronique Madame B Par Sylvie Michaud

Cette question, Sophie Malavoy, communicatrice scientifique, se l’est un jour fait poser par un animateur de radio. À l’époque où j’étais naturaliste au Parc national de la Mauricie, je me faisais également souvent demander : « À quoi sert telle plante, tel animal ? » écemment, certains se Rsont   sûrement demandé à quoi

pouvaient bien servir ces bélugas et pourquoi ceux-ci n’allaient tout simplement pas mettre bas « ailleurs » que là où on projetait d’agrandir le port. Ces exemples nous démontrent que, dans notre société hyper informée et notre monde où les bouleversements technologiques et scientifiques font partie de notre quotidien, la présence d’une culture scientifique est plus que jamais nécessaire.

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La culture scientifique permet de mieux comprendre, non seulement les grands enjeux planétaires (réchauffement climatique, épidémies), mais également les éléments en lien direct avec notre quotidien (santé, sexualité). De plus, en nous donnant le réflexe d’un sain scepticisme, elle permet de ne pas se faire berner par les grands parleurs qui ont une opinion sur tout, mais qui ne vérifie pas leurs sources (ou qui ne retiennent que l’information qui confirme leurs opinions ou leurs croyances).

Françoise-Bédard se fait un devoir et un plaisir de participer aux 24 heures de science, en offrant des activités qui s’adressent autant aux petits qu’aux grands. Les 8 et 9 mai prochains, elle ne faillira pas à sa tâche. D’abord, durant toute la durée de l’événement, vous pourrez découvrir l’exposition de photos : « Phytoplancton : œuvres d’art microscopiques ». Ces photos ont été réalisées à l’aide d’un microscope électronique à balayage et sont l’œuvre du professeur André Rochon, de l’UQAR. Puis, le vendredi 8 mai, de 18 h à 19 h 30, une heure du conte « Spécial sciences » attend les 6 à 10 ans. Quant au lendemain samedi 9 mai, dès 13 h, un atelier d’impression 3D passionnera les jeunes et les moins jeunes (à partir de 10 ans). Pour ces deux activités, l’inscription est obligatoire.

C’est pourquoi, depuis 2011, la Bibliothèque

L’idée derrière les 24 heures de science

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est de « favoriser les rencontres entre les chercheurs et le grand public, de stimuler l’intérêt général pour les sciences et les technologies et de promouvoir les carrières scientifiques auprès des jeunes. » Pour en savoir plus, consultez le site et en particulier cette page qui donne le lien vers notre programmation : http:// science24heures.com/programme/details_ resultats.php?varID=642 Pour plus d’informations ou inscription, contactez iSabelle Moffet au 418 867-6668 ou le comptoir du prêt au 418 862-4252.

Extrait de « Phytoplancton : œuvres d’art microscopiques » par André Rochon

Une création en 3D du Centre de création pédagogique Turbine


Molière interprété par les jeunes! Texte et photos par Busque

Molière refait surface avec la troupe de théâtre amateur du collège Notre-Dame de Rivière-du-Loup. Après une brève rencontre, on se rend compte que ce sont des jeunes qui ont hâte de vous présenter la pièce. Pendant deux heures, vous entendrez l’histoire d’un jeune homme un peu idiot et pauvre qui, après avoir hérité de la fortune de son oncle, apprend à devenir un bourgeois de la cour. Malheureusement, tout le monde rira de lui dans son dos. Malgré les avertissements de sa femme, il ira jusqu’au bout de son humiliation. La pièce se voulant comme une comédie, costume de l’époque inclus (et conçus par les élèves et la metteure en scène), vous en aurez pour votre argent (à 10 $ pour un adulte, 5 $ pour un élève)

Témoignage de quelques élèves qui participent à la pièce: - Élise, 16 ans : Cela m'apporte de la confiance en moi. C'est un gros projet où on s'occupe des décors, des costumes, de la mise en scène, du placement et de la prestation finale! -

Camille, 16 ans: Cela me permet de m'extérioriser, de montrer des facettes que dans d'autres pièces, on n'a pas pu démontrer. Là, c'est une ancienne pièce, c'est un beau défi! - Catherine 17 ans: la journée où on présente la pièce, c'est une journée magique, toute la fébrilité. Cela nous permet de sortir de notre vie. Il y a quelque chose dans l'air, le temps s'arrête! - Roxanne, 13 ans: Moi mon stress, je m'en sers sur la scène, cela me permet d'être concentrée. 19


Candy et autres tentations -Communiqué-

Candy et autres tentations est une comédie sentimentale écrite par Caroline Dionne et publiée aux Éditions De la paix. Le roman est paru en début d’année 2015. Candy De Noël est une femme célibataire. Parfaite carriériste, elle a consacré son temps à vivre à cent à l’heure pour gravir les échelons. Sortant de sa coquille à trente et un ans, elle se prend à rêver d’avoir une famille, un mari, des enfants. C’est l’œuvre de l’horloge biologique qui tourne et elle n’accepte plus sa condition de célibat. N’ayant pas eu de vie sociale durant ces années, elle ne sait pas comment aborder les hommes, bien qu’elle soit un joli brin de fille. Elle craint de ne pas trouver l’amour de sa vie. « J’ai l’impression que, plus on avance en

âge, moins on a confiance en soi. Et, j’ai de plus en plus honte, aussi, d’être encore vierge. Car si ça venait à se savoir, on se moquerait de moi où l’on me prendrait en pitié », avoue Candy De Noël. Même si Candy a toujours cru qu’il y avait un temps pour chaque chose, en amour, c’est plus difficile qu’elle ne croit de trouver la bonne pointure. Cela l’amènera à se questionner s’il existe des conditions parfaites pour trouver l’amour. Et s’il fallait simplement se débarrasser de ses angoisses, chère Candy… Amour… un petit mot, mais qui évoque tant de choses ! Un mot si simple…, mais une grande émotion qui étreint le cœur, lorsqu’on est en quête de l’âme sœur. Le thème de cette romance n’est pas basé uniquement sur la recherche du grand amour, il aborde aussi le thème de la solitude : « À force de pâtir en raison de ce mal d’amour qui me ronge jour et nuit, j’ai fini par comprendre que la solitude est un mauvais remède et que j’ai absolument

besoin de m’en sortir », dira Candy. On y retrouve aussi le côté plus sexy de la romance : « Est-ce qu’un caniche suffirait pour combler le vide amoureux de mon existence ?, cogite Candy. Ou bien doisje acheter un gode avec odeur masculine en prime pour me donner l’illusion d’une présence masculine afin de combler mon vide affectif ? » Une comédie sentimentale qui brasse, avec originalité et humour, un savoureux cocktail de sensualité et de dérision. Teinté d’érotisme et de légèreté, ce roman est un élixir pour les jours difficiles et un baume pour les cœurs solitaires. À consommer, pour le plaisir de se laisser charmer par un bon moment de lecture ! Candy et autres tentations est en vente dans les librairies. S’il ne s’y trouve pas, commandez-le !

Aurores boréales et le fleuve -CommuniquéFondatrice, ancienne présidente et chef de la direction de l’institut de Recherche des Arts plastiques, kinésiologue, navigatrice au long cours, consultante en informatique et artiste-peintre résidente du Bas-Saint-Laurent, Pascale-Jeanne expose à Paris, Cannes, Nassau, Miami et Rivière-du-Loup. Elle peint au bord du fleuve des aurores boréales en filigrane qui semblent bouger et se déplacer : ces toiles sont une première chez nous. De texture douce, onctueuse et sensuelle, la peinture à l’huile d’œillette est sa matière préférée. Venez admirer plusieurs techniques d’épaisseur, de glacis de couleurs transparentes et inspirantes donnant l’impression que les aurores ondulent au gré du vent, du temps et du fleuve. Soyez les bienvenus parmi les visiteurs qui les voient « danser » et laissez-vous séduire. Ça vaut le déplacement ! Jusqu’au 15 mai 2015 au café Source Ôthentik, 314, rue Lafontaine, Rivière-du-Loup, 418 605-3111

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Le camp de jour de l’ÉMAC Depuis l’été 2013, l’École de musique Alain-Caron (ÉMAC) offre à une quarantaine de jeunes de la ville de Rivière-du-Loup un camp de jour musical en lien avec le camp de jour de la ville de Rivière-duLoup. Le camp de jour de l’ÉMAC s’avère une excellente occasion pour les jeunes de 7 à 12 ans de s’initier à l’apprentissage d’un instrument de musique ou encore de poursuivre un cheminement musical déjà amorcé. Cet été, quatre instruments seront offerts : flûte traversière, guitare, piano et violon. Le temps passé à l’ÉMAC est réparti en plusieurs activités : chorale, ateliers musicaux, comités de préparation au concert final, pratique supervisée et cours d’instrument en petits groupes. Les jeunes viennent à l’ÉMAC le lundi et mardi

matin ainsi que le jeudi en après-midi. Le concert de clôture du camp aura lieu le jeudi 13 août 2015 à 15 h. Les inscriptions auront lieu du 4 mai au 19 juin 2015 sur le site Web de la ville : www.ville.riviere-duloup.qc.ca Pour plus d’informations, vous pouvez me joindre à l’adresse suivante : valeriegagne73@gmail.com ou par téléphone au numéro 418 862-9532.

Le Grand mcDon L'objectif de la journée : 50 000$

À l’instar des 1450 autres restaurants McDonald’s du Canada, ceux de Rivière-duLoup, La Pocatière et Témiscouata-sur-le-Lac invitent la population à célébrer le 22e Grand McDon, le mercredi 6 mai. Cette année, notre porte-parole sera madame Caroline Gilbert, une ex-employée, qui a accouché prématurément de la petite Léanne en octobre dernier et qui a séjourné au Manoir Ronald McDonald de Québec pendant trois mois. Sept organismes locaux recevront 50 % des fonds recueillis grâce à la générosité des commerçants et celle de notre clientèle. Nous permettrons à des enfants handicapés de la région de suivre des cours de natation en ayant l’équipement répondant à leurs besoins par l’entremise du club de natation des Loups-Marins. Les CSSS de Rivièredu-Loup, Kamouraska et Témiscouata

seront aussi bénéficiaires et achèteront des équipements pour les services de périnatalité ou de pédiatrie. Les autres organismes qui recevront de l’argent sont La Fondation pour la persévérance du Fleuve-et-desLacs, l'APHK (Association des Personnes handicapées du Kamouraska Est) et le Camp Richelieu Vive la Joie. L’autre 50 % sera versé au Manoir Ronald McDonald de Québec qui permettra à des parents d’enfant malade comme Caroline et Maxime d’être hébergés à cet endroit à peu de frais ou gratuitement. Depuis 26 ans, cet établissement a accueilli plus de 24 000 familles dans un environnement familial bénéfique et aide ainsi à donner aux enfants malades ce dont ils ont le plus besoin : leur famille. Toute la journée, les restaurants McDonald’s

de Rivière-du-Loup, La Pocatière et Témiscouata-sur-le-Lac verseront un don de 1 $ pour la vente de tout café et boisson chaude McCafe, Big Mac et Joyeux festin. Les recettes provenant de la vente de la Chaussure rouge de Ronald McDonald viendront grossir la cagnotte. Les entreprises et les organismes de la région seront invités à souscrire au Club Élite du Grand McDon, une promotion qui leur donnera une visibilité directe à l’intérieur des restaurants McDonald’s jusqu’au 14 juin, en plus de quelques repas gratuits. On peut visiter le site www.clubelitegrandmcdon. com sous l’onglet Club Élite pour connaître la liste des organisations qui contribuent financièrement au Grand McDon 2015, une gracieuseté de Global Technologie. L’objectif des restaurants de Rivière-du-Loup, La Pocatière et Témiscouata-sur-le-Lac a été fixe à 50 000 $ pour la journée.

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Catherine Roy, Photobébégraphe

Entrevue

Par Busque, photos de Catherine Roy

Pour l'avoir connue dans le cadre de mon travail, comme bénévole pour la Rumeur du Loup, j'ai réalisé cette petite entrevue pour vous présenter une photographe de qualité, spécialiste des nouveau-nés et de la douceur. Vous pourrez admirer son travail, toujours de qualité. Pour plus de photos, virés sur sa page Facebook!

B

usque : Catherine, depuis combien d’années déjà œuvres -tu en photographie à Rivière-du-Loup ? Catherine Roy : J’ai commencé à offrir mes services à l’été 2012, donc cela va faire quatre ans dans quelques semaines. B. : Récemment, tu as décidé de t’installer dans un studio. Parle-nous-en. C. R. : Comme les séances de nouveau-né sont très populaires, je devais chaque fois transformer ma maison en studio, ce qui représentait énormément de montage/ démontage et d’installation sans parler de tous les accessoires

qui encombraient ma maison ! C’était devenu une nécessité ! Je peux maintenant recevoir mes clients dans un beau grand studio en lumière naturelle. Je peux aussi me permettre de faire d’autres types de séances en studio sur demande. B. : Comment décris-tu ta signature photographique ? Qu’est-ce que tu exprimes à travers ton style ? C. R. : Avec les années, j’ai peaufiné mes techniques et mes retouches de façon à aller chercher le plus de naturel dans tous les types de séances. Je m’applique à donner de la douceur et des émotions d’une façon qui reflétera le client du mieux que je peux. Mes séances sont toujours dans un maximum de simplicité, mais avec le petit « WOW » qu’il se

« Les futures mamans ont cet éclat de bonheur si tangible. »

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doit pour avoir des souvenirs mémorables. B. : Quelles sont les difficultés de travailler avec des bébés et avec de nouvelles mères ? C. R. : Hum ! Aucune ? Les futures mamans ont cet éclat de bonheur si tangible. Les yeux sont brillants et je deviens tout aussi fébrile en leur compagnie ! Et que dire des petits bébés ! C’est ce que je préfère ! Je suis à l’aise à 100 % avec eux et je sais comment faire pour ne devenir qu’un avec chacun d’eux le temps qu’ils me laissent en toute confiance les manipuler.

B. : Si on désire une séance photo avec toi, comment cela fonctionne-t-il et à qui cela s’adresse-t-il ? C. R. : Normalement, les gens qui veulent une séance ont vu mon travail et savent qu’ils veulent eux aussi se créer des souvenirs. Un photographe se choisit avec le cœur et les yeux. Si vous désirez prendre contact avec moi, c’est simple, visitez le www.catherineroyphotographie.com et envoyez-moi un message via Facebook ou mon site Web

Catherine Roy, ph otographe

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Entrevue avec Thomas Mulcair

Député d’Outremont, chef de l’opposition officielle de Sa Majesté et chef du Nouveau Parti démocratique du Canada Par Mathieu Dumulon-Lauzière, photos de Busque

Il y a quelques semaines, la Rumeur du Loup a eu l’opportunité de discuter avec le chef du NPD. Thomas Mulcair était de passage à Rivière-du-Loup et nous en avons profité afin de lui poser quelques questions à propos des élections qui arrivent à grands pas et de ce que sa formation politique peut offrir à la région.

M

athieu Dumulon-Lauzière : En 2012, vous avez commencé un changement au niveau des racines du NPD, vous avez tranquillement commencé à le diriger vers le centre. Trois ans plus tard, est-ce que la manœuvre a porté ses fruits ?

T. M. : Je ne pense pas que qui que ce soit qui regarde ce qu’on fait objectivement depuis trois ans dirait cela. Moi, ce que je voulais qu’on devienne, c’est un parti qui peut aspirer à former un gouvernement. Ma plus récente proposition, par exemple, de nous attaquer aux privilèges des gens qui détiennent des options pour acheter des actions dans les sociétés, ce qui est une astuce qui permet aux PDG des grandes compagnies de toucher des millions de dollars sans payer leur juste part d’impôt, en est une qui nous amène vers le centre. Je suis le seul chef de parti à Ottawa qui parle d’augmenter aussi l’impôt des compagnies. Les compagnies majeures au Canada ont bénéficié de 50 milliards de dollars de réduction d’impôt, et messieurs Harper et Trudeau garderaient cela exactement comme c’est. Je suis en train de proposer un salaire minimum à 15 $ l’heure, ce qui est tout sauf une mesure qui nous amène vers le centre. Nous sommes en train d’expliquer aux gens que nous pouvons être résolument sociaux-démocrates, que nous pouvons avoir des idées très progressistes, mais que nous pouvons espérer former un gouvernement parce que les Canadiens sont progressistes. M. D-L. : En 2011, le NPD a été propulsé à l’opposition officielle pour la première fois de son histoire avec une équipe majoritairement néophyte. On a eu tendance à croire à l’effet Jack Layton.

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« La réalité, c’est que c’est devenu '' Notre région oubliée ''. » Est-ce que le NPD a réellement réussi à connecter au cours des quatre dernières années avec la réalité progressiste du peuple québécois ? T. M. : C’est très bien posé comme question et je crois sincèrement que oui. Je voyage souvent à travers la province. Hier, j’étais à Rimouski avec Guy Caron, qui est très solidement enraciné dans sa circonscription. Rappelons les trois exemples locaux que nous avons ici : Philip Toone en Gaspésie, Guy Caron à Rimouski et François Lapointe ici, à Montmagny-L’Islet-KamouraskaRivière-du-Loup, sont trois personnes qui s’étaient déjà présentées avec nous avant l’élection de 2011. Nous avons appris, nous avons sollicité, nous avons recruté. Philip Toone était dans le parti depuis une vingtaine d’années et il s’agissait des cinquièmes élections pour Guy Caron en 2011. Il était connu. Hier soir, j’étais

avec lui à Rimouski. Il y avait des gens qui l’aidaient dans une soirée similaire à celleci, des gens de mouvements syndicaux, de groupes communautaires, du milieu de l’éducation. Il a un fort appui du milieu. Ce sont trois exemples locaux qui ne sont pas des exemples de gens qui ont été portés par une vague. Par contre oui, il y a beaucoup de gens qui ont été portés par la vague orange en 2011. Si on regarde les cas classiques comme Ruth Ellen Brosseau qui était souvent pointée du doigt pour un dorénavant célèbre voyage qu’elle avait fait. C’est une mère monoparentale qui avait payé un voyage qui tombe à cette date, que personne ne pouvait connaître à l’avance. Aujourd’hui, vous allez dans son comté de Berthier — Maskinongé et vous demandez aux groupes communautaires, vous demandez aux élus municipaux, vous demandez aux gens de l’éducation ce qu’ils


pensent de Ruth Ellen. Elle va être réélue haut la main. C’est l’exemple d’une personne qui a travaillé fort depuis quatre ans pour bien s’enraciner, faire tout ce qu’il faut pour être très présente dans son milieu, faire le financement qu’il faut pour faire une vraie campagne électorale, faire le travail, de bâtir une équipe locale avec des membres. Tout cela est en train d’être réalisé à travers le Québec. Regardez les autres vagues qui ont eu lieu, la vague de Mulroney qui a commencé en 1984 et dont le gouvernement a été réélu en 1988, la vague de Chrétien, élu et réélu, et la vague du Bloc, qui a fait ses deux mandats avec une très forte proportion de sièges au Québec. Dans tous ces cas, le modèle avait tendance à se répéter parce que les gens avaient eu le temps de connecter avec leur député et c’est précisément ce que nous ressentons sur le terrain ici au Québec et dans le reste du Canada. Nous sommes en train de faire ce qu’il faut. M. D-L. : Les mesures que vous avez mentionnées plus tôt font peut-être écho un peu plus au Québec où les mesures d’austérité du gouvernement Couillard sont présentement contestées, mais est-ce que cette approche est aussi valide pour le reste du Canada ? T. M. : Je vais retourner en ColombieBritannique pour la troisième fois en quatre semaines ce week-end. Nos chiffres sont extrêmement solides et nous recrutons des candidats solides en Colombie-Britannique. En Alberta, il y a une élection provinciale en cours, attendez de voir. Sondage après sondage, on disait que nous étions en première place dans toute la région d’Edmonton, la ville la plus importante. En Saskatchewan, avec la nouvelle découpure de la carte, c’est de bon augure pour nous et nous avons encore recruté des candidats de très haut niveau, de très bons profils. Au Manitoba, ça va être un défi, mais nous avons deux très bons députés et nous espérons ajouter d’autres candidats de qualité. Le Nouveau Parti démocratique du Manitoba est au pouvoir au provincial depuis quatre mandats majoritaires de suite, ça rend peut-être les choses un peu plus complexes, mais je compte quand même beaucoup sur les bons députés que nous avons : Niki Ashton, qui est responsable des affaires autochtones, et Pat Martin, qui est un extraordinaire ancien président du syndicat des menuisiers dans cette province, un gars super solide. On va essayer d’en ajouter à cette équipe. Pour ce qui est de l’Ontario,

une vraie grosse bataille en Ontario, 120 sièges  ! Pensez à cela une seconde, 120 sièges  ! Le Québec en a 78. 120 sièges, c’est énorme. La grande région de Toronto a presque 55 sièges. Alors, vous pouvez vous imaginer le poids. J’y vais très régulièrement. Depuis le début de l’année, j’y suis déjà allé une dizaine de fois. On travaille fort. On a déjà une vingtaine de députés très compétents. La région de l’Atlantique est compliquée, mais on a des députés dans chaque province : un au Nouveau-Brunswick, trois en Nouvelle-Écosse et deux à TerreNeuve-et-Labrador. C’est une bonne base sur laquelle on va travailler très fort. Tout ça pour dire qu’avec trois fois plus de sièges que les libéraux, nous sommes les seuls qui peuvent battre Stephen Harper. On va porter ce message aussi parce que les gens veulent qu’on se débarrasse de Stephen Harper et c’est ma toute première préoccupation, c’est de le sortir de là. M. D-L. : Vous venez de mentionner le poids politique de l’Ontario, celui du Québec, même celui de l’Ouest canadien. Comment un électeur de Rivière-du-Loup peut-il faire pour ne pas avoir l’impression d’être oublié lorsqu’il ira dans l’isoloir en octobre prochain ? T. M. : Il faut que cette personne qui ne veut pas être oubliée ne s’oublie pas elle-même. Ce que je veux dire par là, c’est qu’en 2011, la campagne électorale des conservateurs au Québec se résumait à une phrase : « Notre région au pouvoir ». La réalité, c’est que c’est devenu « Notre région oubliée ». Le Bas-duFleuve n’est qu’un exemple de plus de cette lassitude, de cette négligence complètement téméraire pour l’avenir de toute une région. Nous avons des gens solides comme François Lapointe qui vont se retrousser les manches et, le 20 octobre, après avoir formé un gouvernement, vont se mettre au travail sans relâche pour leur région et pour les gens de leur région. Il y a des richesses insoupçonnées ici. Quand j’étais le ministre du Développement durable et de l’Environnement, beaucoup des idées maîtresses venaient de cette région. Cet après-midi, j’ai visité une usine absolument extraordinaire de biométhanisation qui est la plus avant-gardiste en Amérique

du Nord. Ça, c’est votre région, c’est ici à Rivière-du-Loup. Ça prend des gens avec du courage et de la détermination pour monter une usine de la sorte, et vous pouvez en être très fiers. Je peux vous garantir, avec ce que je connais en environnement et en gestion des matières résiduelles, que ce service, qui est à la fois public et privé, va être vendu partout en Amérique du Nord. Ce sont des précurseurs. C’est incroyable ce qu’ils sont en train de réussir. Moi, je pense qu’il y a tout ce qu’il faut dans cette région pour bien réussir. Tout ce que ça prend, c’est un partenaire fiable au gouvernement fédéral, et le NPD souhaite être ce partenaire fiable. M. D-L. : Donc, Rivière-du-Loup a peutêtre besoin du NPD, mais est-ce que le NPD a besoin de Rivière-du-Loup ? T. M. : Le NPD a besoin d’appuis de partout au Québec et de l’ensemble du Canada. C’est pour cela que nous travaillons à ce que les gens réalisent qu’ils peuvent réellement regarder le NPD comme un partenaire et savoir que nous allons être là. J’ai la réputation de me tenir debout et de ne jamais dire une chose avant les élections puis de faire autre chose après. L’historique des libéraux, c’est de « flasher » à gauche et de tourner à droite une fois élu. Les conservateurs, ils ne s’en cachent même pas, le Canada est le seul pays au monde à s’être retiré du protocole de Kyoto. Je n’aimerais rien de mieux, au mois de décembre, comme premier ministre du Canada, que mon premier geste à l’international soit d’assister à la Conférence des parties pour le protocole de Kyoto et de remettre le Canada en place pour travailler avec le monde et qu’on arrête de travailler contre la planète. Grâce à Rivière-du-Loup, grâce à l’ensemble du Québec et grâce à nos appuis dans le centre du Canada, je suis persuadé que nous y arriverons.

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Entrevue

Alexis Boulianne, crédit photo Catherine Paquette

Pourquoi les étudiants manifestent-ils ? Par Busque, photo d'Alexis Boulianne

Chaque fois que je lis le Journal de Québec, je vois un acharnement à diviser le contribuable de l’État et de ses sociétés ou des autres tranches, que ce soit les professeurs, les scientifiques, les syndiqués, les environnementalistes, les féministes, les fonctionnaires ou les étudiants. L’acharnement vient du choix des gros titres vendeurs, des photos-chocs, et de la palette uniforme des opiniâtres qui ont une réelle portée pour favoriser l’opinion publique à se détester tout un chacun. Au Québec, c’est presque mal vu d’être un étudiant ! J’ai voulu laisser un futur « contribuable » qui est pour la grève s’exprimer afin de démystifier certains préjugés. Rencontre avec Alexis Boulianne, étudiant de 20 ans en journalisme à l’UQAM.

B

usque : Les étudiants ont décidé de retourner dans la rue il y a quelques mois. Pour quelle raison ?

Alexis Boulianne : Ce qu’on appelle le « Printemps 2015 » est un mouvement qui se veut étendu à l’ensemble de la société. Pour l’instant, seuls les étudiants (ou presque) y ont pris part de manière active. Il s’agit de manifester un désaccord avec les politiques d’austérité du gouvernement

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libéral. Sans les énumérer toutes, ces politiques impliquent des coupes budgétaires dans un grand nombre de programmes sociaux et de services publics, dans des domaines comme la santé, l’éducation et les subventions aux organismes communautaires. Un autre aspect de la lutte du Printemps 2015 inclut aussi l’opposition à l’exploitation des hydrocarbures, plus précisément ceux qui viennent des sables bitumineux de l’Alberta, ainsi que leur transport à travers le Québec.

Ceux et celles qui manifestent le font pour créer un rapport de force entre la population et le gouvernement. Ils et elles disent : « nous allons arrêter les manifestations quand vous arrêterez les politiques qui affectent les plus vulnérables de notre société. » C’est le principe de base de toute contestation. B : On dit que les revendications des étudiants ne sont pas concrètes, qu’en penses-tu ?


A. B. : On a l’impression que les revendications du mouvement de 2015 ne sont pas concrètes parce qu’elles visent un éventail très large de mesures gouvernementales. Les grands médias, dans leur hâte de traiter les sujets, ne parlent pas en détail de ces revendications, mais elles peuvent être résumées à quelques mots fort simples : de l’argent, il y en a ailleurs que dans les poches de la classe moyenne. Pour connaître les solutions mises de l’avant par le Printemps 2015, on peut visiter le site www.nonauxhausses.org. On y trouvera 18 solutions fiscales très concrètes pour permettre d’alléger les finances de l’État sans couper dans les services sociaux qui font du Québec… le Québec ! B : Comment perçois-tu les médias par rapport à votre combat, soit dans leur ensemble, soit individuellement ? A. B. : Les médias, ah, les médias ! Source de tous nos problèmes et solution à ceux-ci. Les médias de masse au Québec, il n’y en a pas beaucoup. Le citoyen normal a donc peu accès à des sources fiables pour s’informer. Et lorsque ces sources font un travail de journaliste bâclé, il est facile de comprendre la grogne de la population face à « ces étudiants grévistes » qui apparaissent cagoulés à la télévision. Le problème, c’est que les journalistes oublient souvent de faire une mise en contexte avant leurs reportages. Si tout le monde comprenait mieux la situation à l’UQAM et lors des manifestations, je suis certain que les protestataires auraient plus de soutien de la population. Si vous voulez avoir une vision alternative et une couverture plus objective des « manifs », vous pouvez vous rendre au www.99media. org. C’est un média web qui offre une diffusion en direct de presque toutes les manifestations. C’est comme si on y était.

B : Est-ce que les assemblées étudiantes et les votes sont démocratiques ? A. B. : On tombe dans un sujet très complexe. Mais pour résumer, il est de mon avis, et de l’avis de la grande majorité des étudiants et étudiantes, que les assemblées générales sont non seulement démocratiques, mais aussi la forme la plus démocratique de prise de décision. Comparons le mode de scrutin que nous utilisons pour élire le gouvernement, une fois tous les quatre ans, et le mode de prise de décision des assemblées étudiantes.

« Le citoyen normal a donc peu accès à des sources fiables pour s’informer. » Dans la démocratie représentative, les partis politiques organiseront une campagne électorale, où ils feront des promesses et mettrons de l’avant les candidats les plus charismatiques. Tout cela dans l’optique de se faire donner les pleins pouvoirs sur le Québec ou le Canada pendant quatre longues années, période où ils n’ont pas à répondre de leurs actes, surtout dans le cas d’un gouvernement majoritaire. Ils prendront alors toutes les décisions qu’ils veulent. Plus d’une fois, ces décisions se sont avérées être en faveur des « amis du pouvoir », un groupe souvent restreint d’individus qui se partagent une grande partie de la richesse collective. Sans généraliser à toute la classe politique, le pouvoir entre les mains de quelques personnes est souvent utilisé abusivement.

Les assemblées générales maintenant. Ce qu’on appelle la démocratie directe est finalement le moyen le plus court entre les citoyens et le pouvoir. Pas d’intermédiaire, seulement un comité exécutif élu, qui doit se conformer aux décisions de chaque assemblée générale. Comment s’assure-t-on que le processus soit démocratique ? Tout d’abord, l’assemblée est convoquée assez tôt pour permettre à tout le monde d’organiser son horaire en fonction de la date de l’assemblée, souvent plus de deux semaines avant. Lorsqu’ils sont rassemblés, les membres des associations étudiantes suivent un ordre du jour préétabli, ainsi qu’un code de procédure précis, qui évite les débordements et permet à tous ceux qui le désirent de s’exprimer de manière équitable. Ces ordres du jour et codes de procédure peuvent d’ailleurs être modifiés si l’assemblée le juge pertinent. Ensuite, les gens votent sur des propositions. La procédure de vote se fera selon le bon vouloir de l’assemblée, les membres n’ont qu’à proposer une alternative au vote à main levée. Beaucoup de précisions pour en arriver à un fait assez simple : les assemblées réunissent les gens pour qu’ils prennent des décisions ensemble, en débattant, puis en votant à propos de chaque décision. On ne délègue pas le pouvoir, on le pratique. Toutes les décisions prises en assemblée générale étudiante sont donc vraiment démocratiques. Rappelons en terminant que les décisions prises dans les congrès du PLQ se prennent à main levée. ;) B : Pour qui manifestez-vous ? A. B. : Pour la société ! C’est pour nousmêmes, mais aussi pour tout le monde. Les manifestants ont une vision collective de la société et sortent dans la rue pour le démontrer.

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Marche mondiale des femmes 2015 Chronique féministe # 41

Par Amélie Beaulieu, Centre-Femmes du Grand-Portage

Le 9 mars 2015 avait lieu le lancement de la 4 e action internationale de la Marche mondiale des femmes qui se déroule du 8 mars au 17 octobre 2015 dans plus de 50 pays et territoires. Les actions de la MMF visent à transformer le monde pour que l’égalité entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples devienn une réalité.

L

a MMF est un mouvement qui part de nous, Québécoises ! À la suite du succès de la Marche du pain et des roses initiée par la FFQ en 1995, le mouvement international a pris le pas en 2000 et a rassemblé des groupes et des organisations de la base œuvrant pour éliminer les causes à l’origine de la pauvreté et de la violence envers les femmes. Au fil des années, la MMF est devenue un mouvement permanent et incontournable, ancré dans des mobilisations locales. Les femmes de la MMF ont su inspirer une vaste mobilisation internationale, qui s’organise tous les 5 ans. La MMF rallie des milliers de groupes et plus de 70 coordinations nationales. La MMF prend place au Québec alors que les femmes sont touchées de plein fouet par les mesures d’austérité qui mettent en danger les droits des femmes à l’égalité et à la justice. Ce contexte accentue la volonté de s’unir pour mettre de l’avant une vision féministe globale qui se fonde sur l’égalité, la liberté, la solidarité, la justice et la paix ! Les actions réalisées dans le passé ont permis de faire plusieurs gains pour la condition féminine. Concrètement pour le Québec, c’est entre autres une loi sur l’équité salariale, l’adoption d’une loi sur la perception automatique des pensions alimentaires et l’augmentation du salaire minimum. Une telle mobilisation permet de faire des avancées en matière d’égalité entre les hommes et les femmes, et c’est pour cette raison que le mouvement perdure au fil du temps. Même si des avancées importantes ont été réalisées, il n’en demeure pas moins important de se mobiliser encore afin de conserver ces acquis et d’améliorer la condition de vie de toutes les femmes.

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les inégalités. Les espaces démocratiques ne sont pas ouverts également à toutes et à tous. Des obstacles importants limitent encore aujourd’hui l’accès des femmes aux espaces de pouvoir décisionnels. Il y a un accroissement dans les espaces dits « publics » de la répression des mouvements sociaux à travers des règlements antimanifestation, la surutilisation des forces policières et l’utilisation d’un appareil sécuritaire qui surveille de plus en plus les activités des citoyennes et citoyens. Notre terre est menacée. En marchandant la terre et ses ressources, le capitalisme engendre des guerres et des déplacements. Notre climat se réchauffe dangereusement et la biodiversité en souffre. Nous devons changer nos modes de production et de consommation. Pour toutes ces raisons, nous marcherons !

Cette année, le thème est : Libérons notre corps, notre terre et nos territoires. Nos corps sont des territoires occupés. Notre corps est notre premier territoire et celui par lequel nous découvrons le monde, mais il est confronté aux inégalités et aux injustices. Pensons simplement au projet de loi 20 du ministre Barrette qui veut modifier l’accessibilité au droit à l’avortement… Voilà un excellent exemple que le droit à l’avortement est toujours d’actualité et n’est pas chose parfaitement acquise. Il ne faut pas oublier qu’en restreignant ce droit, on ne fait pas en sorte qu’il y aura moins d’avortements, on fait seulement en sorte que les avortements pratiqués seront plus dangereux pour la santé des femmes. Nos territoires sont marqués par

Des activités seront organisées jusqu’au 17 octobre prochain, rassemblement à TroisRivières. Au Bas-Saint-Laurent, les actions se déploient dans chacune des 8 MRC par des ateliers d’éducation populaire et politique sur la thématique du contrôle du corps et des territoires. Les comités locaux font également preuve de beaucoup de créativité pour aller chercher des fonds qui serviront à donner l’occasion au plus grand nombre possible de personnes de participer à l’action nationale le 17 octobre à TroisRivières. Un transport gratuit offert à la population est organisé par le comité de mobilisation local de la MRC de Rivière-du-Loup. Pour plus d’informations, contactez le CentreFemmes du Grand-Portage au 418 867-2254 ou le CALACS du KRTB au 418 816-1232.


Vous avez dit Kempo!?

Par Denis Boucher

Le Kempo est un karaté non conventionnel et dogmatique, qui tire son origine de Chine en passant par le Japon ou Hawaï. Ses techniques varient donc en fonction des préférences des écoles. Cependant, certaines caractéristiques sont communes à presque toutes les formes de Kempo. — Le Kempo est un système d’autodéfense. Ses techniques sont presque entièrement défensives; les écoles typiques de Kempo n’enseignent pas à leurs élèves comment attaquer, mais comment se défendre contre les agressions. — Le Kempo n’encourage pas les combats. Un praticien de Kempo ne provoquera pas son adversaire. Mais une fois que le pratiquant de Kempo a été attaqué, son but est de mettre fin au combat aussi rapidement et efficacement que possible. — Le Kempo se distingue de beaucoup des autres arts martiaux par l’ampleur et la profondeur de son programme d’études. Cela varie, bien sûr, d’une école à l’autre, mais plusieurs formes et techniques de défense contre les attaques, les armes et saisies sont nécessaires pour progresser et graduer. — Le Kempo utilise un système de ceintures semblable à celui du Karaté, du Jujitsu et du Judo. — Le Kempo est un art qui se pratique presque exclusivement debout, en utilisant diverses frappes des mains, des pieds, des coudes, des genoux en plus de projections et, dans certains cas, de clés des articulations.

kenpo » ou « Hakutsuru kenpo karaté » est un style connexe, mais également enseigné par l’association.

La transcription « Kempo » renvoie à la branche japonaise et la transcription « Kenpo », à la branche hawaïenne.

Kenpo a également été affecté comme un terme moderne. Un nom pour plusieurs arts martiaux qui se sont développés à Hawaï en raison de l’échange interculturel entre les pratiquants d’arts martiaux d’Okinawa, d’arts martiaux chinois, d’arts martiaux japonais et de multiples influences supplémentaires. Aux États-Unis, « Kenpo » est souvent désigné comme Kenpo Karaté. Les styles les plus répandus ont leur origine dans les enseignements de James Mitose et William Kwai Sun Chow. Le système de Kenpo enseigné par Mitose emploie de longues frappes droites, des points de pression, des formes circulaires et des ruptures des articulations.

Okinawa Kenpo Certains groupes d’arts martiaux Kenpo d’Okinawa utilisent le terme comme nom alternatif pour leurs systèmes de karaté ou un art distinct, mais connexe au sein de leur association. Ceci peut être illustré par le nom officiel complet du style Motoburyu nommé « Nihon Denryu Heiho Motobu Kenpo » (tactiques traditionnelles du Japon Motobu Kenpo) et par le Shorin — Ryu Karaté Fédération internationale Kobudo, où Shōrin-Ryu est le style de karaté réellement pratiqué, alors que « Hakutsuru

Hawaiian Kenpo

nom le plus important dans la lignée Mitose. En 1957, il a commencé à enseigner le Kenpo qu’il avait appris de Chow et, tout au long de sa vie, il a modifié et affiné l’art jusqu’à ce qu’il devienne « Ed Parker's American Kenpo ». Il emploie un mélange de mouvements circulaires et de mouvements linéaires. Ici, dans la région de Rivière-du-Loup et du Kamouraska, nous avons la chance de pratiquer le Karaté Kempo Sherbrooke sous la supervision de Renshie Valérie Beaulieu originaire de Saint-Louis-du-Ha ! Ha ! et maintenant établie à Sherbrooke.

Parker, un étudiant de Chow à Hawaï, est le

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Compteurs intelligents ou bon sens collectif ? Par Jocelyne Breton

L’heure n’est plus au questionnement sur la pertinence ou la légitimité de l’implantation des compteurs de nouvelle génération d’Hydro-Québec. Le moment est venu de réagir face à une société d’État qui se croit tout permis alors que sa mission et ses pouvoirs devraient être ceux d’un simple fournisseur de services publics.

E

n mars 2015, M. Thierry Chen a publié un article intitulé « Compteur nouvelle génération » dans lequel il partageait le fruit de ses recherches sur cette problématique. Permettez-moi de revenir sur le sujet, car, à mon sens, certains points méritent d’être creusés. LES ENJEUX ET LES RISQUES Le déploiement d’un réseau maillé de compteurs intelligents aura des répercussions majeures dont il ne faudrait surtout pas sousestimer le potentiel et la gravité. Les nombreux témoignages venus d’autres régions du globe et les mesures prises par certains pays étrangers sont tout à fait éloquents. Depuis que nous nous intéressons à ce dossier, nous avons pu dégager une dizaine d’enjeux directement menacés par ce projet. Les voici : Tableau 1 : résultats exprimés en MOYENNES offerts par l’Hydro-Québec. 1. Impacts sur la santé Les dangers de la MOYENNE : on demande à un homme ayant la tête dans un congélateur 2. Développement durable et pertes et les pieds dans un four, « Comment vous sentez-vous ? » et il répond : « En MOYENNE, je d’emplois me sens bien ! » 3. Droit de retrait inéquitable 4. Certifications, exactitudes des mesures et surfacturation l’absence de dangerosité n’a jamais été démontrée hors de tout 5. Carence des mesures préventives avant l’installation et assurances doute. Contrairement à ce que prétendent Hydro-Québec et 6. Droits de refus d’une technologie indésirable dans son domicile l’Institut national de la santé publique (INSPQ), plusieurs études 7. Risques d’incendie sérieuses démontrent clairement les risques des expositions aux 8. Surveillance différenciée de la consommation possible radiofréquences. Le Pr Paul Héroux, Ph. D., chercheur sur les 9. Respect de la vie privée émissions électromagnétiques à l’Université McGill, est absolument 10. Sécurité informatique et certifications internationales catégorique et en a d’ailleurs fait état récemment lors d’une émission à MaTV, (voir la vidéo : http://bit.ly/1Cy4MKw). Plusieurs pays Il importe de les considérer sérieusement et, si l’on ne peut éliminer d’Europe ainsi que l’Ontario et le Nouveau-Brunswick reconnaissent les risques, ne serait-ce que sur un seul d’entre eux, le principe de l’électrosensibilité et les risques sanitaires liés aux radiofréquences, précaution doit prévaloir dans notre prise de décision. Les enjeux alors que le code 6 de sécurité de Santé Canada est en totale ne seront pas tous détaillés dans cet article, mais nous traiterons de contradiction, recommandant les limites d’exposition les pires au quelques-uns. monde. Pour information, le Code 6 fait actuellement l’objet d’une investigation du Comité permanent de la santé de la Chambre des LES NIVEAUX D’EXPOSITION AUX RADIOFRÉQUENCES communes… Ça ne sent pas bon du tout ! La technologie de lecture à distance (LAD) fonctionne sur la base d’émissions d’énergie électromagnétique pulsée dont

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Hydro-Québec, dans sa présentation1, offre un portrait rassurant en se servant d’un graphique qui présente des mesures exprimées


vérification de chacun de ces compteurs qu’Hydro-Québec peut vous fournir. » Il en est de même pour les compteurs intelligents. Toutefois, nous avons des réserves concernant cet organisme de réglementation, car il a accrédité Hydro-Québec pour qu’elle puisse réaliser ses tests et certifier elle-même ses propres compteurs. De ce fait, Hydro-Québec devient juge et partie ! Logiquement, même en pratiquant une éthique modérée, ces certifications devraient toujours être traitées par un organisme totalement indépendant… C’est un minimum ! MÉTHODES DE CALCUL COMPTEURS UTILISÉS

Tableau 2 : Résultats des mesures PONCTUELLES maximum atteintes lors de tests conduits dans le cadre d’études effectuées par le CRIQ, EPRI2 et Stéphane Bélainsky3. en moyennes basées sur des lectures effectuées sur une période de 6 minutes, la moyenne étant calculée au millième de seconde (Tableau 1). Cela permet de masquer une réalité gênante sur l’ampleur des émissions ponctuelles. Les résultats des mesures ponctuelles présentés au tableau 2 montrent une réalité tout autre… L’IMPOSITION D’UNE TECHNOLOGIE À CHAQUE CITOYEN DU QUÉBEC À ce jour, les citoyens canadiens et québécois ont toujours eu le droit de refuser d’introduire dans leur domicile des technologies qu’elles jugent risquées ou qui ne leur conviennent tout simplement pas, peu importe les raisons. Aujourd’hui, on tente de nous en enfoncer une dans la gorge, sans jamais avoir obtenu notre consentement individuel explicite… C’est une première historique et dangereuse ! Ne serait-ce que par principe, on ne peut pas laisser passer ça. LES COMPTEURS INTELLIGENTS AVANTAGEUX  ? POUR QUI ? Hydro-Québec prétend que son projet comporte des avantages substantiels. Ah oui ? Pour qui ? Et à quelles fins ? Est-ce que ça justifie un investissement de plus d’un milliard de dollars ? Exactitude des compteurs et méthodes d’accréditation de Mesures Canada En décembre dernier, nous avons demandé un avis sur la fiabilité des compteurs électromécaniques au gestionnaire régional intérimaire Électricité & Gaz d’Industrie Canada4. Voici sa réponse : « Tous les compteurs électromécaniques (compteurs à roulette) utilisés par Hydro-Québec ont obtenu l’approbation de Mesures Canada. Ils sont donc toujours approuvés. Mesures Canada admet la légitimité, la validité du mécanisme et l’exactitude des mesures prises par les compteurs électromécaniques, et cela est basé sur le certificat de

DIFFÉRENTES

SELON

LES

Les compteurs électromécaniques calculent seulement la consommation en kW/h, alors que les nouveaux compteurs intelligents comptabilisent la consommation d’électricité de manière totalement différente. Par exemple, si la consommation dépasse 50 kW/h/jour, s’ajoutera le calcul de la puissance (Kva)5, alors qu’il n’en coûte absolument rien à produire pour le fournisseur et qu’elle n’est pas réellement consommée par le client... Une belle arnaque ! De plus, avec un tel système, la vérification de l’exactitude du calcul de la facture par le client s’apparente aux douze travaux d’Astérix… C’est inadmissible ! RESPECT DE LA VIE PRIVÉE ET SÉCURITÉ INFORMATIQUE Les compteurs intelligents utilisent des applications informatiques qui peuvent surveiller non seulement votre consommation, mais aussi vos habitudes de vie. En relevant individuellement l’utilisation des appareils munis d’une puce ZigBee6 et dont la signature électronique est unique pour chacune d’elles, Hydro-Québec se donne un moyen de contrôler votre consommation. C’est, ni plus ni moins, une forme d’espionnage domestique. De plus, avec cette technologie s’ajoute une nouvelle brèche ouvrant l’accès au piratage informatique. Le hic, c’est que le citoyen n’a et n’aura plus jamais aucun contrôle sur cette brèche puisqu’elle est totalement gérée par le réseau d’Hydro-Québec qui s’approprie carrément le contrôle de vos données sensibles. LES PRÉTENDUS AVANTAGES L’identification des pannes immédiates, alors qu’auparavant il suffisait d’appeler ? C’est tellement vrai qu’à L’Ancienne-Lorette la propriétaire d’une maison incendiée depuis septembre 2014 reçoit encore des factures d’électricité… Youhou ?! Le compteur a passé au feu… Il ne communique plus… plus en panne que ça, tu meurs ! Réduction des émissions à effets de serre ? Ben voyons, tant qu’il y aura des compteurs non communicants, cet argument est nul ! Par contre, la mise en fonction des compteurs intelligents ajoutera une immense couche d’électrosmog aux polluants déjà présents dans l’atmosphère. Fonctionnalités futures intéressantes ? Ah oui ? Lesquelles ? Intéressantes pour qui ? Les avantages pour les consommateurs sont où ? Aucune trace à ce jour… QUELLES SONT NOS OPTIONS ? Il y a toujours l’option de retrait permettant au consommateur d’obtenir un nouveau compteur non communicant, mais il y a des frais additionnels. Hydro-Québec considère irrecevable le fait que l’on puisse conserver notre compteur électromécanique et, sur le terrain, elle utilise toutes les stratégies pour arriver à ses fins. Des

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clients témoignent avoir été carrément menacés. Quelles sont les limites de ses droits ? A-t-elle le droit de nous forcer à accepter sa nouvelle technologie ? Qu’en estil des risques incendie ? De nos droits à la vie privée ? De nos libertés individuelles ? De l’équité sociale ? De nos droits à la propriété privée et à la sécurité ?

QUE PEUT-ONFAIRE ? Pour obtenir des réponses à vos questions, vous êtes invités à une soirée d’information offerte par KRTB Refuse les compteurs électro-polluants. QUAND ? Lundi 11 mai 2015, à 19 h

OÙ ? Salle Gilles-Moreau du chalet des sports de Notre-Dame-du-Portage (200, côte de la Mer, Notre-Dame-duPortage, Québec, G0L 1Y0) CONFÉRENCIERS : Luc Forbeaux, Stoneham Refuse Jocelyne Breton, Lévis Refuse les compteurs intelligents

Présentation générale sur l’infrastructure de mesurage avancée d’Hydro-Québec Electric Power Research Institute (EPRI) – Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) 3 Stéphane Bélainsky, expert-conseil indépendant en CEM et santé, rapport commandé par l’AQLPA et remis à la Régie de l’énergie du Québec, mars 2012 4 Réponse obtenue par courriel en décembre 2014 d’Industrie Canada, suite à une demande de précision sur l’accréditation des compteurs électromécaniques d’Hydro-Québec par Mesures Canada 5 Voir le détail du calcul de la tarification D (domestique), tarifs en vigueur le 1er avril 2015, sur le site d’Hydro-Québec. http://bit.ly/1qJfNAF 6 Mesure Canada, organisme d’Industrie Canada, Avis d’approbation des compteurs d’électricité : énergie et puissance, 24 août 2010. http://bit.ly/1yJfgpt 1 2

Peut-on se protéger des ondes issues des champs électromagnétiques ? Par Thierry Chen

Les ondes issues des champs électromagnétiques sont générées par les champs électriques et magnétiques de basse fréquence qui proviennent des lignes électriques, du câblage et des appareils domestiques.

C

es ondes proviennent aussi du rayonnement de radiofréquences de très haute fréquence émises par les satellites, les antennes de télévision et de radio, les cellulaires, les téléphones sans-fil, les connexions internet sans-fil, les compteurs de nouvelle génération et autres technologies sans-fil. Il m’est impossible de trancher clairement après les lectures des documents de Santé Canada que les ondes, c’est-à-dire les champs électromagnétiques issus de basse fréquence et de haute fréquence, induisent un effet sur la santé. Les scientifiques continuent d’en débattre bien que des mesures commencent à être mises en place dans certains pays afin de minimiser ces ondes ou de s’en protéger. Il semble que cette exposition quasi permanente aux ondes entraîne des symptômes qui vont d’inconfortable à insupportable chez certaines personnes d’après différents témoignages. Personnellement, je suis interpellé par cette exposition étant moi-même entouré de

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multiples sources émettrices d’ondes, comme en ce moment même devant mon ordinateur avec son grand écran. Cependant, je ne singularise pas les compteurs de nouvelle génération, car si nous condamnons les compteurs, il faut aussi logiquement condamner toutes les autres sources d’ondes de très haute fréquence communément appelées radiofréquences. Je propose de passer en revue les conseils et les moyens de limiter notre exposition aux ondes. Afin de limiter la présence des ondes issues de basse fréquence ou de haute fréquence dans notre environnement immédiat, l’organisme « Refusons les compteurs » suggère de faire un grand ménage des sources qui nous entourent en évitant l’usage des technologies sans-fil dans les pièces où l’on passe le plus de temps, comme la chambre à coucher. Voici ce que préconise Le Journal de l’Habitation dans son article « Prévenir la surexposition aux ondes électromagnétiques »1 : — Faire inspecter l’entrée électrique pour corriger toute erreur de câblage pouvant occasionner l’émission de champs

électromagnétiques. — Dormir dans un lieu obscur et libre d’appareils électriques branchés en permanence, par exemple un radio-réveil à fil. — Éviter de porter sur soi un téléphone cellulaire. Le tenir loin des enfants. — Opter pour un réseau filaire (câble) pour brancher le matériel informatique. — Éteindre le routeur sans-fil (Wi-Fi) lorsque non utilisé. — Limiter l’exposition prolongée à moins d’un mètre (3 pieds) de toutes les sources d’émission de champs électromagnétiques : routeur, cellulaire, ordinateur, accessoires sans-fil, four micro-ondes, télécommandes, électroménagers, etc. — Éviter les séchoirs et fers à cheveux, rasoirs, brosses à dents électriques ainsi que tout appareil de soins électrique branché. — Préférer les anciennes ampoules incandescentes aux fluocompactes et DEL. — Utiliser les outils de protection reconnus : tapis de mise à la terre, peinture anti-ondes, stores réfléchissant les hautes fréquences, etc.


— Ne pas téléphoner dans un autobus, train ou métro, ainsi qu’en voiture ou au restaurant, de même que dans un endroit restreint comme un ascenseur.

« Santé Canada suggère de réduire l’exposition aux radiofréquences en limitant la durée des appels sur le cellulaire, en optant pour un appareil ''mains libres'' et en remplaçant les appels sur le cellulaire par des textos.  »

Puisque le cellulaire fait partie de notre quotidien, Santé Canada suggère de réduire l’exposition aux radiofréquences en limitant la durée des appels sur le cellulaire, en optant pour un appareil « mains libres » et en remplaçant les appels sur le cellulaire par des textos. Dans la même veine, l’article paru dans Sciences et Avenir « Ondes : Ce qu’il faut vraiment savoir »2 suggère ces précautions pour limiter l’exposition : — Utiliser systématiquement son cellulaire avec une oreillette ou un kit mains libres. — Exclure les oreillettes sans-fil. — Émettre des communications courtes. — Ne pas poser son cellulaire sur la table de nuit. — Ne pas utiliser son cellulaire dans les transports publics. — Choisir un modèle dont le débit d’absorption spécifique est le moins élevé possible.

d’émission d’ondes.

En ce qui a trait aux compteurs de nouvelle génération, l’article paru dans La Maison du 21e siècle « Champs électromagnétiques : douze façons de se protéger »3 recommande d’installer un panneau de ciment ou de béton sur l’attache du boîtier du compteur. Cela réduirait considérablement le signal de radiofréquences. Si le compteur ne peut être enlevé, le panneau de ciment peut être installé de l’autre côté du mur. L’utilisation de papier aluminium pour recouvrir le compteur peut être risquée, car l’aluminium peut agir comme une antenne secondaire

Pour les hypersensibles, l’article de Research and Treatment European Group, « Comment se protéger quand on est devenu électrohypersensible (EHS) »4, préconise de transformer son lieu de vie en cage de Faraday pour se protéger contre les champs électromagnétiques venant de l’extérieur après avoir éliminé toutes les sources électromagnétiques intérieures. La cage de Faraday est en quelque sorte un blindage afin d’éviter le passage des champs électromagnétiques en provenance d’une source extérieure. Pour le réaliser,

Journal de l’Habitation, « Prévenir la surexposition aux ondes électromagnétiques », http://www.journalhabitation.com/Environnement/Sante-a-domicile/2015-02-08/ article-4036346/Prevenir-la-surexposition-aux-ondes-electromagnetiques/1, 9 février 2015. 2 Sciences et Avenir, « Ondes : Ce qu’il faut vraiment savoir », http://www.robindestoits. org/ONDES-Ce-qu-il-faut-vraiment-savoir-Sciences-et-Avenir-Mai-2009_a936.html, 9 février 2015. 3 La Maison du 21e siècle, « Champs électromagnétiques : douze façons de se protéger », 1

il s’agit d’appliquer une peinture spéciale sur les murs, les plafonds et le sol. Les fenêtres peuvent être en vitres avec isolation thermique ou des rideaux avec des tissus tressés de fils de cuivre recouverts d’argent. Une autre façon de concevoir la cage de Faraday afin de se protéger durant la nuit est d’installer un voile de lit baldaquin5 fabriqué à la main avec un tissu à maillage d’argent en couvrant le dessus, le dessous et tous les côtés du lit. Pour ma part, je remplace les radios-réveils de la chambre avec filage électrique par des radios-réveils à batterie. Pour les lampes de proximité telles que les lampes de lecture, je reviens aux bonnes vieilles ampoules filaires. J’utilise mon rasoir électrique qu’une fois toutes les trois semaines. Je résiste à l’idée d’utiliser une brosse à dents électrique et je n’utilise jamais un sèche-cheveux. J’ai un cellulaire que j’utilise uniquement lorsque je suis en déplacement. Je mets le téléphone sans-fil de la maison en mode haut-parleur ce qui ajoute au côté pratique de libérer mes mains afin de prendre des notes. J’installe une minuterie qui éteint mon routeur sansfil la nuit et le rallume au réveil. J’utilise le micro-onde le moins possible et, lorsqu’il est en utilisation, je m’en éloigne. Je ne peux malheureusement pas réduire mon temps d’exposition à mon écran d’ordinateur. Finalement, je vais mettre un panneau de ciment devant le panneau électrique où se trouve aussi le compteur d’Hydro-Québec qui est à l’extérieur. Je ne peux décrire tout ce qui existe. Cependant, c’est à la portée de chacun de s’en protéger.

https://maisonsaine.ca/sante-et-securite/electrosmog/champs-electromagnetiquesdouze-facons-se-proteger.html, 9 février 2015. 4 Research and Treatment European Group, « Comment se protéger quand on est devenu électrohypersensible », http://www.ehs-mcs.org/fr/protection-electrohypersensible_14. html, 10 février 2015. 5 La Maison du 21e siècle, « Champs électromagnétiques : douze façons de se protéger  , https://maisonsaine.ca/sante-et-securite/electrosmog/champs-electromagnetiquesdouze-facons-se-proteger.html, 9 février 2015.

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L’importance de vermifuger des animaux de compagnie : quand NOTRE santé passe par la leur Par Heidie Pomerleau, médecin vétérinaire

Le printemps se pointe le bout du nez enfin ! Devant la pluie tristounette d’avril, on se prend à rêver de passer des heures dehors au soleil. Des envies de « vert » nous prennent : on planifie notre potager, nos boîtes à fleurs. Les enfants vont bientôt passer des heures à s’inventer un monde dans le sous-bois, sous l’œil bienveillant de Nestor le chien de la famille et sous la surveillance méfiante de Praline, la minette du voisin, cachée sous un buisson.

N

estor est un chien de 4 ans. Il a derrière lui une histoire de petit bouffon mâchouilleur mais s’est depuis assagi. Toutou très chanceux, il a libre accès à la grande cour arrière tous les jours et, deux à trois fois par semaine, sa maîtresse l’amène marcher dans les bois. Quel bonheur de courir dans les sentiers, de rencontrer des copains poilus… et si aucun ami n’est présent, il reste toujours les quelques petits débris de « cadeaux » qu’ils ont laissés derrière pour prendre les dernières « nouvelles ». Nestor a aussi des amis : Scoubidou, le nouveau chiot des voisins, un gentil petit Jack Russel très énergique, et Praline la minette, qui considère la cour arrière de Nestor comme son territoire de chasse attitré et le carré de sable des enfants comme une litière estivale grand confort. Tout de même, Praline paye un léger tribut pour cette utilisation du territoire et fournit quelques fois par mois à Nestor un encas de choix sous forme d’un petit mulot mort dont elle n’appréciait pas le goût. Cette joyeuse bande de compagnons passera la saison chaude à musarder avec les enfants devant les regards attendris des parents. Quel beau tableau sur la joie de l’enfance ! Mais une réalité un peu moins reluisante se cache derrière tout ça… Les habitudes de vie de Nestor, Scoubidou et Praline les mettent en contact avec une

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« Quel beau tableau sur la joie de l’enfance ! Mais une réalité un peu moins reluisante se cache derrière tout ça… » grande quantité de parasites. Les œufs ou les larves des parasites internes (les fameux « vers »), microscopiques au départ, sont toujours à la recherche d’un nouvel hôte pour reproduire leur cycle de vie. Ces œufs et larves sont expulsés par des animaux

infestés. Le seul fait pour un chien ou un chat de sentir quelques particules de selles infectées lors d’une randonnée en forêt ou de lécher de la boue infectée laissée sur son poil suffit pour le contaminer. L’ingestion de petites proies comme les mulots, qui sont infestés eux-mêmes, est une autre façon d’être contaminé. Les chiots comme Scoubidou et les chatons sont des réservoirs importants de parasites, qu’ils ont pu contracter dans l’utérus de leur mère, par l’ingestion de son lait contaminé, ou alors dans l’environnement. Comme leur système immunitaire est encore naïf et en formation, ils sont souvent fortement infestés, ont des symptômes visibles et excrètent une plus grande quantité d’œufs et de larves dans leurs déjections. La vie à l’extérieur expose aussi nos animaux aux parasites externes, comme les puces (elles-mêmes des hôtes et passeurs de parasites internes), les mites et les tiques. Bon, alors Nestor, Scoubidou et Praline sont sûrement parasités… et alors ? Le côté obscur partie 1 : conséquences pour l’animal

les

Les parasites internes sont des ennemis plutôt silencieux. Pour réussir à survivre et répéter leur cycle de vie, ils se doivent de garder leur hôte en vie. Aussi, sur un animal adulte autrement en bonne santé, peu de


signes visibles à l’œil nu peuvent indiquer leur existence. Par contre, leur présence continue dans les intestins amène des inflammations chroniques qui peuvent conduire à des problèmes de carences alimentaires, des problèmes de digestion graves et même, à longue échéance, contribuer à l’apparition de cancer des organes digestifs. Les parasites externes comme les puces peuvent causer des allergies  ; les mites, des otites graves, et les tiques peuvent transmettre des maladies bactériennes parfois fatales à l’animal. Déjà, on regarde Nestor et Praline d’un autre œil : pauvres petits chéris ! Mais il reste un enjeu de taille : la transmission aux humains. Le côté obscur partie 2 : les conséquences pour l’humain Les parasites qui normalement colonisent les chats et les chiens sont souvent des habitants accidentels de notre corps. Comme leurs repères sont absents, ils auront tendance à migrer dans d’autres tissus, car ils ne se reconnaissent pas dans nos intestins. Ils partiront donc parfois à la recherche de leur habitat naturel (bien évidemment absent de notre abdomen) et migreront dans des organes aussi distants que l’œil, le foie et même le cerveau. On appelle ce genre d’« errance » les larva migrans. Une larve dans un œil peut y mourir et créer une réaction inflammatoire assez sévère pour faire perdre la vue. De plus, certains types de parasites internes peuvent causer des avortements ou des malformations au fœtus d’une femme enceinte. Les parasites peuvent aussi rester dans le système digestif et créer toutes sortes de malaises comme des gaz et des ballonnements, de la diarrhée et même des ulcères d’estomac. Comment s’infeste-t-on ? Bien sûr, notre hygiène corporelle en tant qu’humain diffère quelque peu de celle de Praline et Nestor, dont la débarbouillette personnelle atteint des endroits particuliers. Par contre, nous sommes en contact nous aussi avec ces parasites, dont notre animal de compagnie est un vecteur important. Une hygiène déficiente est donc un facteur important : caresser un chiot pour ensuite se ronger les ongles peut être suffisant pour se contaminer. Manger des légumes du jardin sans les laver (oui, parce que ce qui fait

office de jardin pour vous fait aussi office de toilette pour bien des petits hôtes de votre cour arrière) ou ingérer de la viande mal cuite (contenant des kystes de parasites) sont aussi des causes fréquentes de contamination. Les jeunes enfants peuvent aussi se contaminer dans le bac à sable ou ingérer des puces qui sont dans l’environnement et ces puces peuvent contenir elle-même des parasites. Cela dit, en général, les adultes avec un système immunitaire fonctionnel ne devraient pas être trop affectés par ces ingestions accidentelles. Ce sont plus les personnes avec un système immunitaire diminué qui seront à risque de vivre des complications de cette ingestion. Ainsi, les personnes souffrant de maladies, les personnes âgées, les femmes enceintes et les jeunes enfants sont-ils plus sensibles à développer des symptômes d’infestation. De plus, les enfants ont un risque augmenté par leurs habitudes d’hygiène défaillantes (qui à part eux peut embrasser indistinctement le museau et les fesses du chien ou partager leurs jouets ou leurs croquettes ?). Comment éviter les problèmes ? Première règle simple : vermifugez adéquatement votre animal pour diminuer la charge de parasites susceptibles de vous contaminer. Votre vétérinaire est la meilleure personne pour évaluer les besoins de votre animal… et de votre famille par conséquent. Il existe des vermifuges efficaces et sécuritaires et votre vétérinaire choisira un produit adapté à vos besoins. Ainsi, un chien qui sort à peine de la maison et qui vit dans un foyer sans enfant ne recevra pas le même produit et là même fréquence d’administration que

le chat chasseur dont famille comporte de très jeunes. Veillez à diminuer la pression d’infection environnementale, c’est-à-dire chercher à diminuer le nombre de particules fécales dans votre environnement. Plusieurs petits trucs peuvent aider : un couvercle sur le bac à sable entre les jeux, des moustiquaires sur la terre du jardin ou un jardin surélevé, retrait rapide et régulier des selles sur le terrain, lavage des légumes de jardins et bonne cuisson de la viande. En conclusion, rien ne sert de paniquer à l’approche de la saison chaude, mais comme dans bien d’autres domaines, le gros bon sens, une bonne hygiène et le support de professionnels de la santé feront toute la différence. Quelques mesures simples de prévention vous assureront un été en santé, pour vous et nos petits poilus préférés. Et surtout, vous contribuerez à donner une relation humain-animal saine et enrichissante à vos tout-petits...non poilus! Humainement votre, Heidie Pomerleau, médecin vétérinaire

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L'or du golf,

Entrevue

entrevue avec Ian Jaquier Par Busque

Réalisateur, documentariste, producteur, Ian Jacquier a fait ses débuts en cinéma après avoir étudié la finance. Pour notre rencontre, j'ai découvert en lui un Suisse fort intelligent, amical et dévoué à livrer un documentaire sérieux qui donne les avantages et les inconvénients de l'industrie pétrolière pour les Québécois. J'ai bien hâte de voir le film le 20 mai à Rivière-du-Loup.

B

usque : Peux-tu nous parler de ton parcours et de ta formation ? Ian Jaquier : Oui ! Je suis arrivé il y a 20 ans au Québec pour faire les HEC Montréal et je me suis lancé dans une première carrière en finance où je pensais pouvoir révolutionner le système depuis l’intérieur. Après deux ans, je me suis rendu compte que je ne servais pas à grand-chose devant un ordinateur à regarder des marchés financiers évoluer sur des écrans. Donc, j’ai pris mon vélo, et, avec deux amis, nous sommes partis de la France pour aller jusqu’en Chine avec des caméras et des appareils photo sur la route des conteurs, c’est-à-dire ceux qui racontent des histoires. Nous étions soutenus par l’UNESCO, par son programme de fonds international pour la préservation du patrimoine intangible. Nous sommes allés de village en village rencontrer des gens en leur disant, comme le personnage de SaintExupéry, « raconte-moi une histoire ». C’était dans l’idée de montrer que, malgré les différences culturelles ou autre, il y avait des thèmes abordés dans les contes qui rejoignaient toute l’humanité. Ce fut donc le début de ma carrière documentaire. Ensuite, j’ai fait l’INIS, l’Institut national de l’image et du son de Montréal. En apprenant sur le terrain et en faisant cette école, je suis devenu petit à petit documentariste.

B. : Tu as décidé de faire un film qui s’appelle L’Or du golfe. Quelle est la raison de ce film ? I. J. : En fait, Kevin Parent, le chanteur, était en train de tourner le film Café de Flore et mon très bon ami et partenaire de compagnie de production, Michel Lame, faisait le making-of. Quand Kevin a appris qu’il était documentariste en plus de faire de l’institutionnel, il lui a dit : « Il m’arrive un truc incroyable. L’année passée, on a foré en face de chez moi, à 100 mètres de chez moi,

B. : Quel est le nom du film que tu as fait alors que tu étais en vélo ? I. J. : C’était Mémoire de voyageur, mémoire de conteur. C’était des kinos en fait, une série d’émissions à la télévision suisse. C’était très amateur à l’époque !

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Ian Jaquier, photo par Busque

avec une foreuse 24 h sur 24, impossible de dormir. Maintenant, en plus, on veut aller forer au milieu du Saint-Laurent, à Old Harry. » Il a beaucoup de gens qui se soulèvent à travers la province, surtout aux îles de la Madeleine. Je pense que Kevin a eu cette intuition que, par la vidéo, il pouvait convaincre et alerter les gens que quelque chose se tramait. C’était en 2011, lorsque je l’ai rencontré. Ça faisait une année qu’il y avait eu Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique, l’accident qui avait provoqué 11 morts et un désastre environnemental


incroyable. Le sujet était très vif parce que la compagnie Corridor Resources, qui devait forer au milieu du golfe du SaintLaurent, prévoyait le faire en 2012 ou en 2013. Il y avait donc cette urgence, mais, grâce à des citoyens qui se sont coalisés autour de la coalition Saint-Laurent, avec Daniel Giroux et Sylvain Archambault qui en sont les porte-parole, ils ont réussi à avoir un soutien aussi bien à Terre-Neuve qu’en Nouvelle-Écosse et, en interpellant le gouvernement fédéral, qui gère le pétrole en mer, ils ont réussi à repousser cette date butoir d’un forage en mer. L’actualité nous a donné raison. C’est devenu un enjeu au Québec qu’on découvre en 2015. C’est un peu partout : à Anticosti, en Gaspésie, au milieu du Golfe que les pétrolières veulent absolument forer. C’est un film en trois temps, il y a trois chapitres : Old Harry, Gaspésie et Anticosti. Dans le chapitre « Anticosti », nous sommes partis au Dakota où il y a du pétrole de schiste — la même chose qu’il y aurait peut-être à Anticosti — et nous sommes allés voir comment ça se passe sur le terrain quand on exploite du pétrole de schiste, car, contrairement au pétrole conventionnel où on met une paille dans le réservoir, ça sort et puis on bouche le trou, le pétrole de schiste se fait à très large échelle : un puis sous terre tous les 2 km, à l’horizontale, par fracturation. On parle donc de 100 % du territoire qui est fracturé, ce qui peut poser des problèmes environnementaux, évidemment. Comme l’industrie doit aller très vite pour rentabiliser ses investissements, on parle de l’arrivée massive de dizaines de milliers de travailleurs pour un boom qui devrait durer de 10 à 15 ans maximum, ce qui change vraiment toute la société. L’arrivée massive de 40 000 ou 50 000 personnes, ça veut dire construire des écoles, construire des bâtiments, construire des infrastructures, même des routes. Les routes là-bas ne sont pas appropriées pour accueillir autant de camions. Si on fait la même transposition sur Anticosti, on se demande qui va payer pour ces infrastructures, donc quelle part est dévolue au gouvernement. Ne serionsnous pas en train de construire des routes pour une pétrolière, pour la rentabilité d’une pétrolière qui reste une compagnie privée ? C’est un peu la question que se pose le film. B. : As-tu eu des difficultés à faire le film ? Y a-t-il eu des blocages ? I. J. : Non. Les pétrolières elles-mêmes se sont prêtées au jeu, Pétrolia en l’occurrence, avec Isabelle et André Proulx, l’ancien PDG

et fondateur, qui nous ont fait confiance. Je leur ai expliqué mon parcours, que j’étais en finance. Donc, ce qui m’intéressait, c’était d’aller voir les deux voix, de peser le pour et le contre, d’évaluer le risque et les bénéfices, et ils ont accepté de nous parler. Je dirais que la contrainte la plus difficile était plutôt l’actualité. On prévoyait tourner tout le film en un mois et demi à deux mois et l’actualité a énormément évolué. Les gouvernements ont changé, les lois s’ajustaient. On nous promettait des réponses dans 6 mois, dans 8 mois, etc. À un moment donné, nous avons arrêté le tournage du film et le montage puisque nous voulions attendre de voir ce qui allait se passer.

de s’adapter à notre système de vie, je pense qu’on va vers un grand conflit, autant environnemental que social. Nous sommes très privilégiés au Québec puisque nous avons accès à des sources d’énergie potentiellement renouvelables. Nous avons aussi beaucoup d’eau et un climat qui est relativement serein et qui n’évolue pas trop dans le temps. Si nous regardons ce qui se passe dans les pays du sud, je veux dire les conflits de civilisations dans 20, 30, 50 ans ou peut-être bien avant, ça va nous sauter au visage. Nous ne pouvons pas concentrer sans arrêt toutes les richesses sur le nord et dire au sud d’accepter notre mode de vie si nous détruisons leur environnement aussi.

B. : Quel est pour toi le lien entre l’économie et l’environnement ? Ce que je veux dire, c’est que l’exploitation ou le transport des ressources fossiles sur notre territoire est le résultat du fait qu’on veuille une croissance économique, au détriment de l’environnement. Il est normal qu’on veuille exploiter les ressources le plus possible parce que, sinon, notre système ne fonctionne pas. Je me demande alors si le problème n’est pas le système économique actuel plus que les compagnies pétrolières. Qu’en penses-tu ?

C’est pour ça que je pense que l’exploration et l’exploitation du pétrole au Québec ne sont pas seulement économiques, mais ils sont aussi symboliques. Le jour où nous serons capables de dire « non, nous décidons collectivement de ne pas aller chercher ce pétrole », ce n’est pas parce que nous ne voulons pas nous enrichir, c’est parce que nous voulons être le maître d’œuvre en Amérique du Nord en nous disant qu’il faut que ça change et qu’il faut qu’il y ait un tournant. Alors, le combat que mènent les environnementalistes ou les écologistes (je fais quand même une différence entre les deux ; il y a les environnementalistes du point de vue scientifique, mais on galvaude un peu le nom écoterroriste, etc.) est un combat juste.

I. J. : C’est certain que nous sommes des alcooliques du pétrole, des « pétroliques ». Je pense que chaque être humain va dire qu’il veut un environnement sain pour ses enfants, mais tout le monde veut deux télés, trois voitures, quatre maisons. Je veux dire qu’il y a cette espèce de fuite en avant. Pour moi, tout est économie, dans le sens scientifique du terme. Pour moi, le marxisme, c’est de l’économie tout comme l’interaction entre les gens à travers la planète, même si c’est aussi de la psychologie. Maintenant, la question est si les modèles économiques qu’on nous met en avant intègrent le fait que notre planète est un système fini, c’est-à-dire qui a une fin. Jusqu’à quel moment allons-nous nous dire : « Sortons le plus vite possible toutes les ressources qui ne vont servir qu’à deux générations et oublions au plus vite toute l’histoire de l’humanité qui, quelque part, repose plus sur des idées et sur le bonheur que sur la consommation débile de toutes les ressources. » Alors, pour moi, économie et environnement vont forcément de pair parce qu’ils parlent de l’humain et de la façon dont il doit vivre et s’adapter à son environnement. Au bout d’un moment, à force de demander à l’environnement

Il faut montrer un signe au gouvernement qu’on est derrière eux pour prendre des décisions qui sont très dures économiquement, mais qui, à long terme, vont payer. Dans le film, je crois que nous avons réussi sans baser tout le film que sur l’environnement, à montrer que c’est une aberration économiquement et socialement. Qu’on retire tous les risques et les coûts, et que les bénéfices financiers se trouvent dans le canal complètement obscur des compagnies privées qui ont du mal à gérer leurs communications et leurs façons de faire, de facto, je trouve cela aberrant. B. : Quel effet veux-tu obtenir par ce film ? I. J. : On parlait ce matin du couteau suisse de l’exploration pétrolière. J’aimerais que les gens et les spectateurs (le film va aussi être diffusé à Radio-Canada, à plus grande échelle que dans les salles de cinéma) se disent en sortant du film qu’ils ont tous les outils dans la main dans la tête pour prendre une décision éclairée. Même celui qui est

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pro-économie et qui voit mon film, qu’il se dise qu’il n’y a pas une « cenne » à faire et que les risques n’en valent pas la peine. B. : Tu y es allé avec un côté nuancé, c’està-dire que tu as montré les deux côtés, tant les pour que les contres, ce qui est souvent difficile à cause de notre système de valeurs. As-tu trouvé cela difficile ?

propriétaire terrien, qui est dédommagé pour les désagréments. Au Canada, en Alberta notamment, 35 % de redevance sont payées à l’état, ce qui représente le taux le plus bas au monde. Au Québec, on veut nous enrichir. Madame Marois a dit que ça va enrichir tous les Québécois collectivement et individuellement, et le taux de redevance de retour sur la richesse que le gouvernement prévoit est 18 %. Donc, on demande la moitié moins que le pire au monde, c’est-à-dire l’Alberta. J’appelle ça une aberration. B. : Merci beaucoup Ian. I. J. : De rien, c’était un plaisir.

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I Le film sera présenté à la Maison de la culture le 20 mai à 19 h avec, comme invité,le réalisateur Ian Jacquier.

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I. J. : C’est certain que ma valeur personnelle serait : faisons tout pour que notre environnement nous permette de continuer à vivre dans les milliers de prochaines années, dans un environnement sain, sans nous battre entre civilisations. C’est ce qui est beau dans le parcours que nous avons fait avec ce film. Même en n’ayant pas du tout cette valeur comme maître moteur du film, le projet est une aberration. Nous avons connu les mines au Québec. Elles ont peutêtre permis aux régions d’être un petit peu plus prospères et elles ont créé plus d’emplois que ce que le pétrole ne le ferait, parce que le pétrole n’emploie que très peu de gens par million ou par milliard de dollars investis, contrairement aux mines où il y a quand même un peu plus de travailleurs même si on sacrifie certaines parts du territoire. Si on regarde du côté des ressources naturelles

non renouvelables, en 2014, on a sorti pour 9 milliards de dollars de minerais de la terre et la seule redevance que nous avons reçue en compensation de cette ressource est 65 millions dans le budget qui vient de sortir. Nous parlons donc d’une redevance pour une ressource non renouvelable de 0,7 %. Répéterons-nous exactement le même modèle avec le pétrole ? Dans le film, les chiffres parlent pour nous. Dans presque tous les pays du monde, ce sont les gouvernements qui exploitent le pétrole, soit par des partenariats public-privé soit par une compagnie d’état. L’Iran, l’Irak, le Mexique, le Venezuela retirent 100 % de la valeur qu’ils extraient sur leur propre territoire. Pour la Norvège, on parle de 77 %. Même la Russie, qui est un pays ultra-capitaliste aujourd’hui, retire quand même 50 % de la valeur de ce qu’il extrait qui revient dans les coffres de l’état. Il n’y a que deux pays, voire trois avec le Japon, mais le Japon n’a pas vraiment de pétrole, mais il a le même système, où ce sont des compagnies privées qui exploitent le pétrole et paient des redevances en échange. Ce sont le Canada et les États-Unis. Aux ÉtatsUnis, on parle de 25 à 35 % qui reviennent aux propriétaires de la ressource qui est en général presque partout, à part en mer, le

« En 2014, on a sorti pour 9 milliards de dollars de minerais de la terre et la seule redevance que nous avons reçue en compensation de cette ressource est 65 millions dans le budget qui vient de sortir. Nous parlons donc d’une redevance pour une ressource non renouvelable de 0,7 %. » 40

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Kevin Parent, dans l'Or du golf

-Ian Jaquier


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Gras trans : une innovation mortelle ? Par Andréanne Martin, étudiante en technique de diététique

Napoléon Bonaparte avait beau être un tout petit homme, il voyait très grand. Voulant mettre toutes les chances de son côté pour régner sur le continent européen, il organisa un concours entre les chimistes de l’époque pour trouver le type de beurre qui se conserverait longtemps et qui permettrait à ses troupes de bien se nourrir malgré leur long périple à la conquête de nouveaux territoires. C’est ainsi qu’est née la margarine, mais aussi les mal-aimés gras trans qui sont énormément utilisés dans l’industrie alimentaire.

I

l ne faut pas se leurrer, les gras trans existaient déjà en petite quantité dans la nature. On les retrouve entre autres dans les viandes rouges riches en gras et certains produits laitiers comme la crème ou le beurre. Mais ce que Napoléon a réellement découvert par ces chimistes à cette époque est une fabuleuse méthode de conservation des aliments. En transformant les gras en acide gras trans dans un aliment, on lui donne une consistance plus solide et on réduit les effets de l’oxydation sur lui. Résultat : il se détériore moins vite, autant en ce qui concerne son goût que sa texture. Et hop ! Les compagnies alimentaires se sont empressées d’en mettre partout dans leurs produits pour les conserver plus longtemps. Car qui dit conservation plus longue, dit moins de pertes et plus de profits. Si l’industrie alimentaire se réjouit de cette innovation, la population, elle, en souffre grandement. Car il est prouvé scientifiquement que les acides gras trans ont un effet défavorable sur le taux de cholestérol sanguin, ce qui provoque des maladies cardiovasculaires, comme les infarctus, les AVC (accidents vasculaires cérébraux) ou l’embolie. De plus, ces gras augmentent le taux d’obésité dans la population et pourraient même avoir un apport néfaste sur le nombre de cancers, en particulier ceux du sein, du côlon et de la prostate. En 2007, voyant les dégâts que peuvent causer les gras trans, Santé Canada a suggéré aux industries d’en diminuer leur utilisation et leur a demandé d’inscrire

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« En transformant les gras en acide gras trans dans un aliment, on lui donne une consistance plus solide et on réduit les effets de l’oxydation sur lui. Résultat : il se détériore moins vite, autant en ce qui concerne son goût que sa texture. » sur leurs produits les proportions de gras trans qu’ils contiennent. On peut retrouver cette information sur tous les tableaux de valeurs nutritives. Mais en tant que consommateur, il faut être vigilant sur les chiffres qu’on y trouve, car l’industrie a plus d’un tour dans son sac. Ce n’est pas parce qu’un aliment porte la mention « zéro gras trans » qu’il en est exempt ! Les compagnies ne sont pas dupes ; elles diminuent la grosseur d’une portion de leur produit sur l’étiquette des valeurs nutritionnelles pour

que le total de gras trans qu’elle contient se retrouve à zéro. Le consommateur est donc faussement rassuré. Voici un truc pour s’assurer véritablement qu’un produit ne contient pas de gras trans : regardez la liste des ingrédients. Si vous pouvez y lire les mentions « shortening », « hydrogéné » ou « partiellement hydrogéné », méfiez-vous ! Évitez ce qui contient des huiles de palme ou de palmiste. Malheureusement, il n’existe encore à ce jour aucune loi sur l’apport des gras trans dans les produits alimentaires au Canada. Une bonne information est la clé pour éviter d’en consommer. Les produits pouvant en contenir sont les produits de boulangerie comme les beignets, les tartes et les muffins. Les biscuits, les barres tendres, le beurre d’arachide et les croustilles peuvent aussi en renfermer. On peut aussi en trouver dans les plats surgelés. Bref, surveillez attentivement tous les produits transformés par l’industrie. Le mieux est de cuisinier le plus souvent possible, afin de contrôler ce qu’il y a dans nos plats. Utilisez des huiles, comme celles d’olive ou de canola, riches en gras mono et polyinsaturé qui sont de bons gras. Faites également attention à la quantité de beurre et de viande rouge que vous incorporez dans votre menu et préférez la margarine non hydrogénée, faite à partir d’huile végétale et ne contenant pas la mention « partiellement hydrogénée ». Finalement, si vous faites des tartes ou des pâtés à la maison, il vaut mieux utiliser du saindoux que de la graisse végétale. La graisse végétale comporte beaucoup plus de gras trans.


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La voiture électrique : et si ? Par Émile-Olivier Desgens

Le mois dernier, nous avions survolé les idées reçues sur les voitures électriques (VÉ) et nous en avions démoli quelques-unes. Nous avons montré que les VÉ comportent de nombreux avantages à l’utilisation et à l’entretien. Pourtant, le véhicule électrique pour particulier est une chose, l’utilisation de masse dans l’industrie en est une autre.

E

n effet, on voit le VÉ comme un objet de luxe. Lorsqu’on regarde la Tesla P85D qui se détaille à plus de 100 000 $, ou même les voitures dites abordables à 45 000 $, il n’est pas évident de se dire « Demain, j’achète une voiture électrique ». Vente Pourtant, les ventes de véhicules électriques ne stagnent ou ne déclinent pas, tendant à prouver que l’intérêt du public n’est pas que passager, qu’il ne s’agit pas que d’une mode. En 2014, le marché des États-Unis a connu une hausse de 20 %, tandis qu’au Canada il s’est vendu 60 % plus de VÉ qu’en 2013. Cela se traduit par 5000 véhicules de plus sur les routes canadiennes. Il est à espérer que cela se maintienne. Les chances sont bonnes, car, avec la chute des prix des batteries, on peut espérer une hausse marquée de la vente de VÉ dans la prochaine décennie, selon le

magazine Respond to Climate Change. En 2010, une batterie valait entre 700 à 800 $/ kWh, tandis qu’aujourd’hui on parle de 400 $/kWh. Dans 10 ans, on espère atteindre 150 $/kWh. Il faut aussi préciser que ces coûts sont spéculés, tant les fabricants de VÉ sont discrets sur leurs coûts de production, compétitivité oblige. Mais, afin que le VÉ puisse être développé à son plein potentiel, il devra s’implanter dans la vie de tous les jours et devra s’utiliser dans d’autres sphères. Voici des avenues concrètes. AUTOBUS ÉLECTRIQUES On a vu dernièrement le ministre du Développement durable David Heurtel appuyer la deuxième phase de la production d’autobus scolaires électriques par l’attribution d’une subvention de 2 millions

à la compagnie Autobus Lion (lionbuses. com). Vous avez bien lu : des autobus scolaires électriques. Quand on y pense, le parcours qu’effectue un autobus scolaire cadre parfaitement avec les possibilités du véhicule électrique et avec ses contraintes. L’autobus scolaire effectue, jour après jour, un trajet connu relativement court. Ce même trajet est effectué matin et soir, ce qui laisse la journée pour recharger le véhicule. L’autobus proposé par Autobus Lion, le e-Lion, propose une autonomie de 100 km. En rechargeant le véhicule dans la journée, on obtient une autonomie virtuelle de 200 km, ce qui est amplement nécessaire pour effectuer presque tous les trajets scolaires. Un seul autobus permettra d’économiser en moyenne 8 250 litres de diesel par année (13 000 $) et n’utiliserait que 2 500 $ d’électricité. Je vous laisse faire le calcul, en vous disant qu’environ 8000

« Proterra, en particulier, offre l’option d’un chargeur permettant de charger complètement l’autobus en 10 minutes. » 44

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Dossier Spécia l autobus scolaires parcourent les routes de la province… Mais le chauffage, me direz-vous, cela ne risque pas de vider la batterie  ? En attendant l’arrivée de batteries plus performantes, ce qui ne saurait tarder, on utilisera une chaufferette au diesel qui consommerait environ 20 $ de combustible pour un hiver complet. De l’autobus scolaire aux autobus municipaux ou interurbains, il n’y a qu’un pas. Déjà, dans plusieurs grandes villes

d’Europe, on utilise des autobus urbains électriques. Genève, par exemple, teste un autobus révolutionnaire pleine longueur de la compagnie ABB, dont la recharge s’effectue en moins de 15 secondes ! À Montréal, la STM teste présentement un autobus de la compagnie chinoise BYD, qui se recharge en 4 heures. On parle ici d’un autobus de 40 pieds et non pas des tout petits qu’on peut apercevoir dans le Vieux-Québec. Le même autobus avait été testé auparavant par la Société des

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«L’autobus scolaire effectue, jour après jour, un trajet connu relativement court.  » transports de l’Outaouais qui avait trouvé l’expérience concluante. La STM prévoit, si la technologie le permet, qu’en 2025, l’ensemble des autobus achetés soit électrique. Au rythme où vont les choses, on ne sera sûrement pas loin du compte. En attendant la concrétisation d’un projet de transport interurbain comme le monorail de TrensQuébec (www.trensquebec.qc.ca), un monorail reliant toutes les régions du Québec grâce à des nacelles propulsées à 250 km/h, on peut voir apparaître sur le marché des autobus pleine longueur de longue portée. La Chinoise BYD et l’États-Unienne Proterra proposent des autobus permettant une autonomie de près de 300 km. Proterra, en particulier, offre l’option d’un chargeur permettant de charger complètement l’autobus en 10 minutes. Quasiment le temps d’un plein… Bien entendu, il y a toujours le coût pour les exploitants, mais le calcul est toujours le même : il faut considérer l’économie d’essence. Bien entendu, il existe des situations pour lesquelles l’autobus électrique ne pourrait être utilisé, mais rien n’oblige les gestionnaires à faire le remplacement intégral de leurs flottes de véhicules. TAXIS ÉLECTRIQUES Et les taxis ? Plusieurs compagnies de taxi ont fait le saut à l’électrique : en Écosse, en Belgique, aux États-Unis. Le plus près de nous se situe à Québec. Christian Roy possède une Tesla avec laquelle il offre un service de taxi. Il confiait à l’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ), via leur site Web, qu’il ne regrettait en rien l’achat de sa Tesla qui offre

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300 km d’autonomie en été, 200 km en hiver, même en utilisant le chauffage à fond. Bien qu’il n’indique pas les économies réalisées, on peut supposer qu’elles sont significatives, et il souligne qu’il lui en coûtait 800 $ d’essence par mois. Il indique également qu’un aller-retour Québec-Rimouski ne lui coûte que 10 $ en énergie. Pour ce qui est des économies potentielles réalisées par les compagnies de taxi voulant se mettre au VÉ, pointons simplement vers la compagnie écossaise Taxi C & C, qui a acquis sept Nissan Leaf l’an dernier. Après un an d’utilisation, elle indique qu’elle a fait des économies de 80 000 euros, soit environ 110 000 $ canadiens. Dans un monde où tout se décide sur l’unique argument de l’économie, je me demande bien ce que ça prend de plus pour faire le virage vers l’électrique dans le domaine des transports en commun. En parallèle, le principe de véhicule libreservice (un peu comme les Bixi, mais avec des VÉ) commence à faire sa place. En avril dernier, la Ville de Montréal a annoncé un plan pour le déploiement à Montréal d’un réseau de véhicules en libre-service électriques à partir du printemps 2016, cristallisant ainsi la volonté de la Ville de

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« devenir un leader mondial en matière d’électrification », selon les dires du maire Coderre. POIDS LOURDS ÉLECTRIQUE

ET

LIVRAISON

Un dernier aspect, et non le moindre, du transport électrique potentiel est celui de la livraison commerciale, du transport poids lourd. Navigant Research estime, dans un récent rapport, que les ventes de camions et d’autobus électriques décupleront d’ici 2023. Ce même rapport stipule que les ventes atteindront les 160 000 unités en 2023, comparativement aux 16 000 en 2014. La hausse la plus marquée se fera dans le domaine des applications commerciales en milieu urbain, bien que les modèles hybrides demeureront probablement les plus populaires. Fort de ces prévisions, le groupe BMW a annoncé en avril dernier le lancement d’un projet de poids lourds électriques de 40 tonnes dédié aux livraisons courtes distances. Imaginez l’économie de diesel… En résumé, tous les services de transports

énumérés ci-dessus (autobus scolaires et longues distances, taxi, poids lourds, livraison) représenteront 60 % du marché du VÉ, lorsque les prototypes auront fait leurs preuves, ce qui ne saurait tarder. À cela, on ajoute les bateaux commerciaux, les véhicules hors routes, les véhicules de ferme et puis, un jour, l’aviation électrique. Il n’y a pas à douter que l’éventail possible des applications du véhicule électrique pourra générer énormément d’économie par son coût faible en énergie et son entretien quasi inexistant. J’ai bien hâte de voir une charrue électrique dans mon village… Le mois prochain, on parlera des compagnies de véhicules ayant fait le saut vers le VÉ ainsi que des incitatifs et différentes intentions politiques qui permettront une installation homogène du véhicule électrique dans le paysage automobile mondial.

Pour plus d’information sur les VÉ, je vous suggère les sites suivants : www.aveq.ca/roulezelectrique.com/ www.insideevs.com (anglais)


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Mai 2015

AGENDA CULTUREL Festival-concours de musique de Rivière-du-Loup et de la région du Bas-Saint-Laurent Jeudi 30 avril au samedi 2 mai École de théâtre Françoise-Bédard Évasion garantie Vendredi 8 et samedi 9 mai, 20 h 24 heures de science en biblio Vendredi 8 mai, 19 h 30 Bibliothèque Françoise-Bédard

Atelier de création (5 à 12 ans) Création d’une boîte à crayons Samedi 2 mai, 14 h Exposition Karine Ouellet Les sacrifiés Jusqu’au 31 mai Exposition Frontières contestées, familles retrouvées Jusqu’au 31 mai

Atelier IMPRESSION 3D par le Centre Turbine Samedi 9 mai, 13 h Bibliothèque Françoise-Bédard

Erreur 404 (danse) Vendredi 1er mai, 20 h Mike Ward Samedi 2 mai, 20 h Ensemble vocal Rythmick Happy Vendredi 8 mai, 20 h Canadian sexy males Vendredi 15 mai, 21 h Cow-boys, de Willie à Dolly Samedi 16 mai, 20 h Cathy Gauthier Samedi 23 mai, 20 h

Conférence de la société d’horticulture Les pollinisateurs par Joseph Moisan-De Serres Mercredi 13 mai, 19 h

Exposition Cégep de Rivière-du-Loup Sortie 2015 Jusqu’au 22 mai

Projection du documentaire L’Or du golfe Mercredi 20 mai, 19 h 30

Exposition Écarlate 2e édition Au-delà des miroirs Jusqu’au 5 mai

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Inscrivez votre événement Benoit Ouellet Coordonnateur à la culture 418 862-6590

Portail culturel : www.culturerdl.ca

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Cabaret Kerouac jeunesse Samedi 16 mai École de musique Alain-Caron Soirées « Micro ouvert » Samedis 16 et 30 mai, 21 h 30 Microbrasserie Aux Fous Brassant Kino RDL Projection de courts-métrages régionaux Mardi 19 mai, 20 h 30 École de musique Alain-Caron

Alex Nevsky Vendredi 29 mai, 21 h Chez Kojak

Cabaret décompression Jeudi 21 mai, 20 h

Cinédit Des adieux Mardi 26 mai, 19 h 30

Finale de la Ligue d’improvisation Sparages Lundi 11 mai, 20 h École de musique Alain-Caron

Rendez-vous panquébécois de Secondaire en spectacle Vendredi 29 et samedi 30 mai Centre Premier Tech, Centre culturel de Rivière-du-Loup et Gymnase du Cégep de Rivière-du-Loup

Par ici les jeudis! Conférence-dégustation végétalienne Jeudi 14 mai, 19 h Bibliothèque Françoise-Bédard

Cabaret des mauvaises habitudes Hommage à Brassens Vendredi 22 mai, 20 h

Les chiens de ruelles Vendredi 1er mai, 20 h Microbrasserie Aux Fous Brassant

Exposition collective et alimentaire Jusqu’au 14 mai Café l’Innocent


Quoi Faire ?!@#$%

L I S T E S É L E C T I V E D ' É V È N E M E N T S d a ns le K R T B

Témiscouata

Rivière-du-Loup

Les Basques

Kamouraska

Classés par ordre de la DATE............?!@#$% Mercredi - 6 mai

Témiscouata-sur-le-Lac

Jeudi - 14 mai

AGA des Compagnons de la mise en valeur du patrimoine vivant Forge à Bérubé de Trois-Pistoles 17 h Ouvert à tous et gratuit

18 h 30 — Animation avec Marc-André Dionne d’ASTER

5 à 7 — Musique, alcool, air-hockey et repas du soir à prix modique Parc de l’Aventure basque en Amérique, TroisPistoles

Jeudi - 7 mai 5à7 — Musique, alcool, air-hockey et repas du soir à prix modique Parc de l ’A v e n t u r e basque en Amérique, Trois-Pistoles CINÉ-CLUB ONF Projection de Nous les femmes que l'on ne sait pas voir 20 h Forge à Bérubé de TroisPistoles Projection suivie d’une discussion Une présentation de la Commission jeunesse des Basques Vendredi - 8 mai Happy — Spectacle de l’Ensemble vocal Rythmick Centre culturel de Rivière-du-Loup Billets en vente à la billetterie du Centre culturel de RDL Animés par une passion débordante, les 40 choristes de l’Ensemble vocal Rythmick vous plongeront dans une expérience musicale unique. Accompagnés de leurs musiciens, ils vous interprèteront les succès de l’heure et vous en mettront plein la vue par leurs chorégraphies. Au programme, des chansons d’Alex Nevsky, Marc Dupré, Marie-Mai, Pharrell Williams, Cœur de Pirate… 17 h — Culture en bouchées 10 $/adulte, 6 $/enfants de 5 à12 ans BeauLieu culturel

20 h — Présentation du film Nuits de Diane Poitras Discussion avec la réalisatrice après le film 8 $ Des images nocturnes en noir et blanc. Une caméra qui parcourt les rues de Montréal à la recherche de sons, d’odeurs et de sensations. Dès ses premiers instants, Nuits s’affirme comme une expérience poétique et vagabonde, un essai libre à l’affût des multiples mondes intérieurs qui peuplent les nuits de la grande ville. Peu à peu, des témoignages émergent, voire des confessions : d’un photographe à un camionneur, en passant par des boulangers ou une aveugle qui a dû apprendre à voir le monde autrement. Les expériences se superposent, mais ne se ressemblent pas. Si ce n’est cette sensation de vivre autrement, à contre-courant du quotidien ordinaire, et de ne pas être seul dans ce cas. En fin de compte, c’est une communauté parallèle que reconstitue Diane Poitras. 5 à 7 — Ouverture du Salon des Gitans et vernissage du collectif contre l’austérité 33, rue Notre-Dame Ouest, Trois-Pistoles Contribution volontaire Bob Bissonnette

20 h 30 20 $ à la porte + prévente Chez Kojak Place limité

Vendredi - 15 mai Le groupe de musique BLEUE avec DJSam et Seb Rioux au Café Grains de folie 21 h 5 $ Divanlit aux Fous Brassant

21 h 10$ à la porte En avant première: Éric Gagné Samedi - 16 mai JOURNÉE DE LA FAMILLE Organisée par Ressources familles des Basques (info : 418 851-2662) Jeux gonflables et activités pour les tout petits À l’Aréna Bertrand-Lepage de Trois-Pistoles Micro ouvert

Lundi - 11 mai Ligue d’impro de Sparages (LIS) 20 h, Salle Prelco de l’Émac 3 $

Aux Fous Brassant 21 h 30 – fermeture Animé par Yoshi-MarieFrance Simard

Dimache - 17 mai Présentation au Cinéma Princesse de Rivière-du-

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Loup, à 19 h 30, de 12 documentaires réalisés par les finissants du programme Techniques de réalisation de films documentaires.

Mardi - 19 mai

Billets en vente à la billetterie du Centre culturel de RDL 20 h En hommage au grand Georges Brassens, voici un spectacle qui fait honneur à ses chansons et à son amour du jazz. Les quatre musiciens (contrebasse, trompette, guitare, piano et voix) vous livreront une performance digne du célèbre poète de la chanson française, rien de moins ! Pour les fins connaisseurs du répertoire comme pour les néophytes, du Brassens à son meilleur.

Kino RDL, présenté par Sparages Émac 20 h 30 Contribution volontaire

Soirée d’improvisation de la LIT 3 $ BeauLieu culturel, Témiscouata-sur-le-Lac 20 h 30

Des films de facture visuelle variée, qui témoignent des préoccupations et de l’engagement de nos élèves.

Mercredi - 20 mai Projection de l’Or du golfe En compagnie de Kevin Parent Salle Bon Pasteur — Maison de la culture Rivière-du-Loup 19 h 30 5 $ Jeudi - 21 mai Cabaret Décompression 20 h Maison de la Culture Contribution volontaire Montant suggéré 5 $ Rivière-du-Loup Service de bar sur place L’événement mettra en scène plus d’une quinzaine d’artistes et intervenants dénonçant les impacts et compressions du gouvernement libéral et sera mis en scène par Marie-Amélie Dubé et Anacha Rousseau. Les citoyens et citoyennes, artistes et artisans intéressés à chanter, slamer, dénoncer, échanger et se solidariser sous des thèmes dénonçant l’austérité ou désirant s’impliquer dans l’organisation de cet événement doivent manifester leur intérêt d’ici le 4 mai, en écrivant au courriel : touchepasbsl@gmail.com. Vendredi - 22 mai Hommage à Brassens Cabaret des mauvaises habitudes Salle Bon-Pasteur de la Maison de la culture

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Du 22 mai au 24 mai JOURNÉES D’AFRIQUE Information : yolemapercu@gmail.com 22 mai : 5 à 7 — Groupes locaux et prestations des animateurs d’ateliers à la Forge à Bérubé 23 mai : 10 h — Samedi de Conter Frank Sylvestre (spectacle jeunesse) à la Forge à Bérubé 23 mai : 11 h à 17 h — Ateliers de danse, percussion, chant, etc. au Centre culturel 23 mai : 21 h — Groupe de musique Benkadi originaire de la Guinée Conakry à la Forge à Bérubé Mardi - 26 mai Des adieux — Projections Cinédit 3e étage — Maison de la culture 19 h 30 5 $/adulte 4 $/étudiants Réalisation : Carole Laganière Durée : 63 minutes Des adieux est une immersion dans un centre de soins palliatifs, la Maison MichelSarrazin, à Québec. Un film qui témoigne des derniers instants, beaux et douloureux, de ceux qui s’apprêtent à mourir. Un film qui rend compte des gestes, des mots, des petits riens de ceux qui partent et de ceux qui les saluent. Mercredi - 27 mai Soirée SLAM de la ligue estivale de SLAM pistoloise (LESP) Maison de l’Écrivain — 23, rue Pelletier, Trois-Pistoles 20 h Contribution volontaire

Du 28 au 31 mai 15e Rendez-vous panquébécois Secondaire en spectacle

de

Billet en vente à : secondaireenspectacle.com Les gagnants de presque tous les événements Secondaire en spectacle de tout le Québec, environ 900 jeunes, envahiront Rivière-duLoup pour venir présenter leur talent ! Des spectacles auront lieu au Centre Premier Tech, au Centre culturel ainsi qu’au gymnase du Cégep de Rivière-du-Loup. Jeudi - 28 mai 5 à 7 — Musique, alcool, air-hockey et repas du soir à prix modique Parc de l’Aventure basque en Amérique, Trois-Pistoles Ligue d’improvisation des Basques (LIB) Forge à Bérubé 2 $, gratuit pour les moins de 18 ans 19 h 30 Spectacle au Café Grains de folie — Marilie Bilodeau en solo 21 h 30 5 $ Vendredi - 29 mai Soirée d’improvisation de la LIT 3 $ BeauLieu culturel, Témiscouata-sur-le-Lac 20 h 30 Dimanche - 31 mai Vernissage Les amis de l’Art et exposition du 31 mai au 19 juin 14 h À la Maison du Notaire Alex Nevsky 25 $ à la porte ou 20 $ en prévente Ouverture 20 h Spectacle 21 h Chez Kojak Places limitées


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