BWGH - Le Magazine - First Issue

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LE MAGAZINE

FIRST ISSUE


I S

i BWGH a décidé de se doter de son magazine avec une périodicité récurrente, n’y voyez pas un hasard quelconque. Vous tenez dans les mains un artefact qui matérialise un précepte qui nous est cher : une marque, c’est avant tout un esprit, une vision universelle. Ce premier numéro, nous avons souhaité le placer sous le signe du multiculturalisme, l’envie de célébrer les valeurs qui maculent le brassage des influences, portés par ces courants qui traversent le monde et font avancer sa marche. Page après page, ligne après ligne, mot après mot, vous pourrez donc découvrir la nouvelle collection BWGH intitulée « OUROUK ». Là encore, n’y voyez pas un hasard quelconque. Ourouk n’est rien d’autre que le nom de ce village de Mésopotamie où a été inventée la mosaïque. C’était il y a 6 000 ans de cela. Le choix de la mosaïque n’est pas anodin. Cette collection puise son essence dans les effluves et les matières qu’on trouve de la Scandinavie à l’Afrique, de l’Amérique du Sud à Montmartre. Le symbole n’est pas gratuit. En célébrant la mosaïque, c’est aussi le multiculturalisme qui fait le sel et le poivre des quartiers et des cultures qui co-existent à Brooklyn que nous avons voulu canoniser. A chaque moment de sa conception, ce magazine a été confectionné comme un objet on l’ espère - bien loin des brand books. Avec respect et déférence, nous sommes allés puiser dans la presse indépendante pour concevoir ce BWGH Magazine. Sa création a été adossée à l’idée que nous nous devions de construire une vraie ligne éditoriale qui soit à la hauteur de nos ambitions. Celle-ci s’articule avec des articles fouillés, des séries photos minutieuses et des rencontres avec des individus hors normes.

f BWGH has decided to publish its magazine on a regular basis, there is a reason for that. What you are holding in your hands is an artefact that materializes a principle that we highly value: a brand is, above all, a spirit, a universal vision. For this first issue, we wanted to enhance multiculturalism, the envy to celebrate the values spread by the intermingling influences, stimulated by those movements that travel the world and make it go further. Pages after pages, lines after lines, words after words, you will be able to discover BWGH new collection entitled OUROUK. Once again, it’s not a coincidence. OUROUK is the name of the village in Mesopotamia where mosaic was invented. 6 000 years ago. The choice of mosaic is wellthought-out. This collection got its source from the scents and fabrics found from Scandinavia to Africa, from South America to Montmartre. The symbol is not free. By celebrating mosaic, it’s also the multiculturalism which makes the different districts and cultures that co-exist in Brooklyn spicy, that we wanted to canonize. At every stage, this magazine was produced as an object - we hope - far from the usual brand books. With a lot of respect and deference, we got inspired by the independent press to make BWGH Magazine. Its creation was linked to the idea that we had to launch a real editorial line that would reach our expectations. It is constructed with deep articles, precise photo shoots and interviews of incredible people.




EVERYTHING WILL BE FINE A L F R E D

N A D È G E

D E

W I N T E R

M O N T E S Q U I O U

Alfred de Montesquiou est reporter pour Paris Match et vient de choper un prix Albert Londres, le Graal du journalisme. Darfour, Haïti, Afghanistan, Irak, l’animal aime poser sa besace là où ça chauffe. Sous le soleil de ses bourbiers, le trentenaire emporte toujours une paire de Ray-Ban et « une veste pour interviewer les présidents ». Il a aussi son jean fétiche, un futal éraflé par une balle d’AK-47 à Misrata en Libye qui le met en confiance sur les zones houleuses. On lui découvre aussi des talents d’embobineur quand il s’agit de récupérer le bob de Kadhafi trouvé dans son bunker, réussissant ainsi un échange peu équitable entre la relique guerrière et une « casquette achetée au Luxembourg pendant une escale » : « Abdel, tu sais, on a une grande tradition en France, quand on s’aime beaucoup on échange de chapeaux, c’est la baraka». Précision : la VO est en arabe vu que le bonhomme maîtrise aussi bien cette langue que la géopolitique de la région. Il maîtrise pas mal de choses d’ailleurs, dont le sarcasme qu’il pratiquait il y a quelques années : « Quand j’étais jeune, j’étais en mission à Haïti dans une zone qui ne craignait pas trop et le reporter qui m’accompagnait portait deux gilets pare balles et une espèce de gourde reliée à sa bouche par un tuyau. Je l’emmerdais en lui demandant sans cesse s’il avait pris son parachute. Aujourd’hui je ne me moquerais plus. Si le type se sent à l’aise comme ça alors tant mieux, un des principes du métier c’est que tu ne te moques jamais des choix de sécurité des autres ».

FROM TOP TO DOWN, LEFT TO RIGHT, ROW BY ROW

Left shoe on which you write you blood type next to the heel, useful in case you need a transfusion. • Jeans scratched by a bullet in Misrata, Libya. • Satellite phone • Moleskine notebook and Bic pen “the journalist’s absolute arms” • Frontal lamp • First aid kit, with a tourniquet given by an US soldier • Ray Ban sunglasses • Ballistic sunglasses • Sleep mask and quies ear plugs • “khadafi’s sunhat” • Lightest sleeping bag • Kaffiyeh • Helmet exchanged in Afghanistan with a soldier from the Foreign legion • Jacket for official interviews • Canon 5D + 16-35mm F2,8 • Medical case

Alfred de Montesquiou is a reporter at Paris Match and was just awarded the Albert Londres prize, the Holy Grail of journalism. Darfour, Haiti, Afghanistan, Iraq, the beast likes to set his tent in hot places. Under the sun of his muddy paths, the thirty-year-old man always takes a pair of Ray-Ban and a jacket « to interview presidents ». he also has his fetish jeans, a pair of pants scratched by a AK47 bullet in Misrata, Libya, that give him confidence in stormy zones. We also discover that he is talented to fool people like when he managed to get Khadafi’s sunhat left in his bunker, by an inequitable bargain between the war relic and a « hat bought in Luxembourg during a stopover » : « Abdel, you know there is a tradition in France to exchange hats with a person you really like, it brings Baraka ». Just a precision: The original version is in Arabic since the guy masters the language as well as the region’s geopolitics. He masters quite a lot of things actually, one of which is the sarcasm that he used to practice a few years ago: « when I was young, I was on a mission in Haiti in a not so risky zone and the reporter that was with me was wearing two bulletproof jackets and a kind of flask with a pipe to his mouth. I was a real pain in the ass by constantly asking if he had his parachute. Today, I won’t do that. If the guy is feeling at ease like this it’s all good, one of the job’s values is you don’t make fun of others’ security measures.»

De ses expériences à tête de la communication du Palais de Tokyo et de Colette, Nadège Winter garde sûrement un esprit alerte de curator. Ce melting pot de pièces pop culture et une garde-robe qui mêle pièces uniques et des classiques indémodables en dit long sur sa propriétaire. Ici, les influences vont de Michael Jackson aux films des années 80, des obsessions qu’elle fait siennes dans ses DJ sets comme dans son style. Et des souvenirs d’une vie de working girl transatlantique, de ce patchwork de foulards ramené de L.A. à cette pochette, « trouvée dans le désert de Death Valley ». Une double culture que l’on retrouve dans sa collaboration avec BWGH, « Coachella parle français », entre New York, la Californie et « un clin d’oeil à la French Touch », la mode et la musique. Nadège Winter fusionne les genres et se façonne un style tout perso comme ce bijou en forme de croix fait de l’agglomération de logos de créateurs. Un style hippos chicos et un goût pour les objets durables qui ont une histoire, comme un écho au nouveau tour qu’a pris sa carrière. Au sein de son agence NWA, elle produit et soutient des initiatives qui associent la fête, la culture et la mode. Avec un bonus écolo en prime. Façon de montrer qu’on peut avoir du style tout en se préoccupant du monde que l’on laissera à sa fille de deux ans, ici représentée par ce jouet Minnie, « son accessoire de survie ».

FROM TOP TO DOWN, LEFT TO RIGHT, ROW BY ROW Scarf made with bandanas

NBC Rainbow Jacket

Vintage jean, Uniqlo Mexican Dress

« Made in France » vintage jacket

Collector « Michael Jackson » Tee

Minnie Figurine

Designer jewelry

« Peace » bracelet found in New York City

Old case found in «Death Valley» desert

Ipod

Derby shoes, Comme des Garçons

Sneakers, Nike Free Run 5.0

« Coachella Parle Français » Tee, BWGH

Notebook, Hermès

Cheap pen, California

Lipsticks, Yves Saint-Laurent

Vitamin C

Roll up, Aesop

Old-school dvds

Wallet, Laffargue

From her experiences at the head of communication at the Palais de Tokyo and Colette, Nadège Winter keeps a lively curator’s mind. This melting pot of pop culture items and a wardrobe that mixes unique pieces and timeless classics, says a lot on its owner. Here, influences come from Michael Jackson to the 80’s movies, obsessions that she appropriates to herself in both her DJ sets and her style. And memories from a transatlantic working girl’s life, from a patchwork scarf brought back from LA to this case, « found in the Death Valley desert ». A double culture that we discover in her collaboration with BWGH « Coachella parle Français », between New York, California and « an allusion to the French Touch », fashion and music. Nadège winter makes the genres fuse and shapes a very personal style like this jewel, a cross with designers’ logos. A Hippos Chicos style and a taste for remaining objects that have a history, like an echo to the new shift that her career has taken. Within her agency NWA, she produces and sponsors initiatives that bring together party, culture and fashion. With a eco-friendly touch in addition. A way to show that you can be stylish but still care about the world that you will leave to your two year-old daughter, represented by this Minnie toy, « her survival accesory ».


BWGH X LE BON MARCHÉ

Les débuts de Brooklyn We Go Hard ont été couvé par l’enseigne aussi lustrée qu’illustre du Bon Marché. En janvier 2011, ce dernier avait accueilli une exposition des meilleures photos sélectionnées par la marque pour sa première collection de t-shirts sérigraphiés. Cette fois, c’est un retour d’ascenseur dont il s’agit. À l’occasion du 160ème anniversaire du Bon Marché, voilà un tout nouveau t-shirt BWGH froissant fièrement l’image du grand magasin parisien. À retrouver au Bon Marché, évidemment.

Bwgh debuts were sponsored by the illustrious and prestigious Bon Marche store. In January 2011, it hosted an exhibition of the top photographies that the brand selected from its first shirt collection. This time, the wheel has turned. For the Bon Marche 160th anniversary, BWGH produced a whole new shirt that proudly represents the Parisian department store. Get it at the Bon Marche. Where else?


BWGH X COLETTE Après avoir installé sa collection Spring/Summer 2012 sur les portants de Colette, BWGH s’acoquine encore plus avec la célèbre boutique de la rue SaintHonoré avec une collaboration inédite. Pour l’Autumn/Winter 2012, voilà un sweat-shirt réunissant parfaitement la vitrine et la marque parisiennes dans une formule pleine de sens : « Colette parle français ». Pour shoper la pièce, direction Colette.

After placing its Spring/ Summer 2012 collection on Colette’s hangers, BWGH teams up with the famous boutique of Rue Saint Honore in an exclusive collaboration. For the Fall/Winter 2012, here’s a sweat shirt that perfectly brings together the showcase and the Parisian brand in a meaningful expression: “Colette parle francais”. To get the piece, just stop by Colette.


t h r o u g h

Raymond Depardon est un photographe et réalisateur français connu et admiré aux quatre coins du monde pour son travail, œuvre qui lui vaut par ailleurs d’être considéré comme l’un des maîtres du film documentaire. En fait, Raymond Depardon est particulièrement respecté pour avoir pris le parti de revendiquer une subjectivité forte en sa qualité de photographe. Sa volonté de photographier les « temps morts » du quotidien et ses reportages partout sur la planète l’ont d’ailleurs porté à hauteur de réputation d’un Cartier-Bresson ou d’un Doisneau. Depardon est aussi le créateur de l’agence Gamma aux côtés de Gilles Caron, autre monstre de la photographie. Depuis 1978, il est membre de l’agence Magnum Photos. Entre deux films et trois projets photographiques, Raymond Depardon a été choisi par le nouveau président de la république française, François Hollande pour réaliser le portrait officiel qui sera affiché dans toutes les mairies de l’Hexagone.

t h e l E n s o f

Raymon Depardon is a French photographer and director, worldwide famous and respected for his work which makes him one of the masters of documentary film. In fact, Raymond Depardon is especially respected because, as a photographer, he chose to defend a strong subjectivity in his work. His wish to shoot the daily life's « time outs » and his international reportages, have made him the new Cartier-Bresson or Doisneau. Depardon is also the founder of Gamma agency, amongst Gilles Caron, another crackerjack photographer. Since 1978, he is a member of the Magnum Photos agency. Between two movies and three photo projects, Raymond Depardon has been chose by the new French president, François Hollande, to shoot the official portrait that will be hung in all the country's city halls.

R a y m o n d D E P A R D O N

Vous avez commencé votre carrière par le reportage. Cela a nourri votre expérience et vous a probablement amené à ce que vous êtes devenu aujourd’hui. Vous dites d’ailleurs n’avoir jamais renié ce métier de reporter, mais finalement à quel moment s’est située la rupture avec le photojournalisme ? Il y a longtemps. Pour moi, c’est la traversée qui est intéressante je trouve. J’ai commencé comme reporter-photographe d’agence à couvrir des petits évènements parce que j’étais un jeune photographe. J’étais très jeune, j’avais dix huit ans et puis à un moment donné, tu remplaces quelqu’un. Enfin, je ne vais pas faire l’éloge du « c’était mieux avant » mais c’était toujours la même chose : soit on remplace un photographe, soit il y a un évènement de politique étrangère qui vient se greffer làdedans, qui fait que vous êtes un peu catapulté dans quelque chose de différent. Si je n’avais pas évolué, je serais devenu un photographe un peu râleur ou un chef de service photo, voire j’aurais pris ma retraite. C’est le cas de beaucoup et j’en connais. Moi, je voulais faire du cinéma, je voulais voyager, faire une autre photo que la photo du conseil des ministres. J’ai donc avancé tout doucement, toujours comme ça, mais sans non plus avoir de mépris pour ces débuts qui ont été fondateurs pour moi. J’ai avancé en créant aussi et en étant indépendant. Il faut bien savoir qu’en 1966, il n’y avait pas d’agence où les photographes étaient propriétaires de leurs négatifs. Moi, j’ai encore plein de photos dont je ne suis pas propriétaire et j’ai du mal à en récupérer certaines. Je me suis mis à défendre le statut de photographe en tant qu’auteur, mais aussi en tant que producteur. Parce que ça, ça paraît évident maintenant, on prend son appareil et on a plus besoin de soutien. Mais il faut savoir encore qu’il y a un article de loi qui pose la question de savoir qui a payé les films vierges, pour savoir si les négatifs appartiennent au photographe ou à l’agence.

Donc dans les agences – dont j’ai fait partie – on a pensé à un moment donné que l’avenir c’était la télévision, c’était pas la photographie et que la photo allait disparaître au profit de la télévision. Mais on s’est très vite aperçus qu’on n’arrivait pas à vendre les reportages, contrairement aux photos qui se vendaient. Alors comme, par exemple à l’agence Gamma en 1967 (l’agence co-fondée en 1966 par Raymond Depardon – ndlr), on n’arrêtait pas de faire des reportages. Il se trouve qu’il y a eu une époque incroyablement fertile – enfin je ne sais pas si le mot fertile est bien placé – mais incroyablement riche : Biafra, Guerre des Six Jours... Et les photos se vendaient, ça explosait, donc on était débordés. Les films par contre, on ne les vendait pas. Tous ces films, je les ai donc mis de côté, on est passés à autre chose. Et puis tout doucement, d’abord des amis ont disparu, ils ne sont pas revenus du Cambodge, du Vietnam... Donc vous avez découvert au moins ces trois conflits, le Biafra, l’Algérie, le Vietnam. Quand vous parlez de ces amis disparus, on ne s’empêcher de penser à Gilles Caron, présent avec vous au moment de la création de l’agence. La photo de guerre était quelque chose qui vous liait tous les deux ? Oui, moi j’ai fait l’Algérie et ensuite j’en ai fait d’autres, mais ce n’était pas mon truc les conflits, moi j’étais un peu trouillard. Ça m’a sauvé la vie, parce que sinon, j’y serais passé comme les autres. Parce que tu en fais un, tu en fais deux, tu en fais dix ou vingt et les chances se multiplient pour qu’à moment donné, tu prennes une balle. Moi j’ai beaucoup de respect pour Patrick Chauvel, Luc Delahaye, etc. mais j’ai l’impression qu’on ne peut pas éternellement être un photographe de guerre, mais ça c’est mon point de vue. Néanmoins, c’est une photo que je respecte, qui est très noble. C’est un bon apprentissage, il faut aller vite, il faut bien se placer, il y a plein de qualités dans la photo de guerre. Aujourd’hui, c’est encore un débouché possible. C’est vrai qu’aller en Libye ou

You started your career for reportage. It has nourrish your experience and has probably brought you where you are now. You say that you’ve never disowned this job, but when did the braking-off with photojournalism happen ? A long time ago. In my opinion, it’s the journey that I find interesting. I started as a photo-reporter for an agency and I was covering unimportant events because I was a young photographer. I was very young, I was eighteen years old and one day, you replace someone. Yet, I’m not going to sound nostalgic and say that « it was better before » but it was always the same thing : you either replace a photograph, or a foreign policy event just pops out, and you are given a totally different task. If I had not evolved, I would have become a grumpy photograph or department head of photography, or I would have retired. A lot of people I know did this. I wanted to do cinema, I wanted to travel, take another picture than the one of the council of Ministers. I slowly went ahead, always like that, but without despise for those beginnings that have been real foundations. I also went forward by creating and being independent. You have to keep in mind that in 1996, there was no agency where the photographers owned their negatives. Personally, I still have so many pictures that I don’t own and I have so much trouble to have some back. I started defending the photographer’s status as an author, but also as a producer. Now it seems obvious, you take your camera and you don’t need support. But there is a law asking who has paid the blank film to know if the negative are the photographer’s or the agency’s property.

Hence, in agencies — which I was a member of- we thought for a moment that television was the future, it wasn’t photography and that it would disappear and be replaced by television. But we auickly realised that it wasn’t possible to sell filmed reportages, compared to the pictures we sold. Hence, like in 1967 at Gamma agency (the agency he founded in 1966 — Ed.), we didn’t stop making reportages. There was an incredibly fertile era — yet I’m not sure if the word fertile is appropriate — but incredibly rich : Biafra, the Six Days War And pictures were sold, it exploded, we were overbooked. Movies, on the other hand, couldn’t be sold. All thos movies, I put them aside, and we moved on to something else. And then slowly, first friends disappeared, they didn’t come back from Cambodia, Vietnam So you’ve discovered at least those three conflicts, Biafra, Algeria and Vietnam. When you talk about those friends who disappeared, we think of Gilles Caron, who was beside you when you created the agency. War photography was something that linked you together ? Yes, I did Algeria and then some others, but conflicts were not really my type, I was a bit coward. It saved my life, because otherwise, I would be gone like the others. You do it once, you do it twice, you do it ten or twenty times and chances you get shot are getting higher. I have a lot of respect for Patrick Chauvel, Luc Delahaye, etc, but I get the feeling that you cannot be a war photographer forever, in my opinion. Nevertheless, it’s a photography that I respect, which is very noble. It’s a good way of learning, you have to be


je ne sais pas où, ce sont des risques énormes à prendre, mais au fond, toutes les époques ont des grands photographes de guerre. Il y en a qui ont fondé Gamma, qui ont fondé Magnum. Il y a Capa, Caron, et puis il y en a d’autres, beaucoup d’autres. Moi, ma chance, c’est que je n’étais pas prédisposé à faire ça. Même si j’ai fait le Vietnam, Beyrouth, j’ai eu peur, et voilà, j’ai fait quelques photos plus ou moins bonnes. Ce qu’on rappelle dans le film qu’on a fait avec Claudine Nougaret (Journal de France, un film croisant images d’un road trip de quatre ans à travers l’Hexagone et d’archives tournées par Raymond Depardon au cours de toute sa carrière – ndlr) c’est qu’il s’agit de périodes extrêmement, incroyablement photogéniques : le Biafra, avec ses mercenaires, Prague, les chars russes, on n’arrêtait pas ! Le monde était en pleine explosion et en pleine révolution.

Vous avez fait des films, comme Urgences, Reporters, Faits Divers, 10ème chambre : instants d’audience, Profils Paysans qui sont autant de films qui croquent la société française sous des angles d’attaque à chaque fois différents mais qui se ressemblent finalement, dans la réalisation. Il y a cette absence de voix off, toujours ce réalisateur qui est en retrait... Oui, oui ça s’appelle le cinéma direct. C’est une vraie catégorie, qui a été inaugurée plus aux États-Unis qu’en France au départ. Oui, ce n’est pas sans rappeler le réalisateur américain Frederick Wiseman obsédé à l’idée de filmer les institutions américaines sous toutes leurs coutures. Non, non, pas Wiseman. C’est plutôt Richard Leacock dans les années 1960. Wiseman est arrivé beaucoup plus tard. Nous on connaît Wiseman, bien sûr, mais en fait au départ, c’est le groupe Time & Life qui a décidé de lancer, de prolonger le photo-

journalisme avec des caméras. Ils ont lancé des sujets mais pas avec des appareils photos. C’était ce qu’on appelle des close-ups, une dizaine de pages où on reste très longtemps avec un individu qui fait quelque chose. C’est très dense et au lieu de les faire en photo, ils l’ont fait avec une caméra. Ça a donné des films formidables mais les caméras n’étaient pas au point. À cette époque-là, il fallait même un fil entre la caméra et le magnétophone. Et puis, tout doucement, ça a donné une écriture, qui a donné des beaux films dans le monde entier. La télévision s’en sert beaucoup. Malheureusement, elle l’a formaté et met des commentaires dessus et détourne l’attention.

Et est-ce que votre statut de photographe et de documentariste très réputé depuis trente ans, et donc de figure publique, a pu fausser la réaction de gens, au cours de tournages, de portraits ? Non, parce que je ne suis pas connu pour les paysans ou pour les gens quand je vais aux urgences ou au palais de Justice. Les gens ne me connaissent pas vous savez. Il y a une phrase de Buster Keaton qui est très impressionnante : « On ne commence à être connu que quand un paysan tibétain sait épeler votre nom. » Après, effectivement, je me suis servi un peu d’une certaine réputation que j’ai gagnée par moi-même, pour instaurer une certaine relation de confiance, notamment avec des magistrats ou des paysans. C’est la même chose, ce sont des gens qui sont difficiles à filmer parce qu’ils ne veulent pas, ne voient pas l’intérêt. Vous n’arrivez pas comme ça chez un paysan pour le filmer. Et donc, ma réputation a fait qu’ils m’ont ouvert leurs portes. Mais je l’ai aussi gagnée, avec

quick and at the right place, war photography has many qualities. Today, it’s still a possible career. It’s true that going to Libya or elsewhere, it’s very risky, but at the end of the day, every epoch had its great war photographers. Some have founded Gamma, Magnum. There is Capa, Caron, and then there are others, many others. My chance was that I wasn’t inclined to do it. Even though I did Vietnam, Beirut, I got scared and that’s it, I took a few good pictures, more or less. What we recall in the movie we did with Claudine Nougaret (Journal de France, a movie with pictures from a four-year roadtrip in France and archives shot by Raymond Depardon during his whole career — Ed.), it’s that those were extremely photogenic times : Biafra, with its mercenaries, Prague, the Russian tanks, we never stopped ! the world was in total explosion, in total revolution.

You did some movies like Urgences, Reporters, Fait Divers, 10ème Chambre : instants d’audience, Profils Paysans, that enter French society on very different angles, but which appear similar at the end, in the production. There is no voice-over, the director is always discreet… Yes, we call it the direct cinema. It’s a real category, that was inaugurated in the United States first then in France.

tead of doing it in pictures, they do it with a video camera. It produced amazaing movies but the video cameras were not great. At that time, you even needed a string between the video camera and the tape recorder. Then, slowly, it resulted into a writing, that created beautiful movies worldwide. Television uses it very often. Unfortunately, it was edited and some commentaries were added which diverts the attention.

Yes, it makes us think of the American director Frederick Wiseman, obsessed with the idea to film American institutions in every aspect. No, no, not Wiseman. Rather Richard Leacock in the 60’s. Wiseman came much later. We know Wiseman of course, but originally, it’s the Time&Life group that launched, extend photojournalism with video cameras. They’ve treated subjects but without cameras. It’s what we call « close-ups », a dozen pages where you stay with someone doing something for a very long time. It’s very intense and ins-

Did you status as a well-known photographer and documentary maker for thirty years, hence as a public figure, sometimes cause people to react differently, during shooting or portraits ? No because I’m not famous for peasants or for people I meet at the emergency medical service or at the Justic Court. People don’t know me, you know. There one of Buster Keaton’s impressive quote : « You start being famous only when a Tibetan peasant knows how to spell your name ».

Yet, I’ve already took advantage of the reputation I have gained, to establish relationships based on mututal trust, especially with magistrates or peasants. It’s the same thing, it’s difficult to film those people because they don’t want to, they don’t see the point. You don’t just come to a peasant to film him. My reputation helped me to convince them to open their doors. But I’ve gained it too, with Claudine especially, in a very human way. We always come back to this. It’s still the case for a young one today. A young one has an incredible asset, he can reassure, seduce, make people feel at ease, sometimes more than an older or known person like me. You have to keep this in mind. If we asked people : « Would you rather be filmed by a young one for his first movie or someone very famous who’s 70 ? », I’m not sure they would answer « the 70 yearold one ». They would rather reply « the young one ». Hence, at the end of the day, my reputation, the fact that I’m famous, doesn’t really interact, except


Claudine notamment, d’une manière tout à fait humaine. On revient toujours à ça. C’est tout à fait valable pour un jeune aujourd’hui. Un jeune a un atout formidable, c’est qu’il peut rassurer, séduire, mettre en confiance les gens, peut-être même plus qu’une personne âgée ou réputée comme moi. Il ne faut pas oublier ça. Si on demandait à des personnes : « Est-ce que vous accepteriez de vous faire filmer par un jeune qui fait son premier film ou quelqu’un qui est très connu et qui a 70 ans ? », ce n’est pas sûr que les gens vous répondent « celui de 70 ans ». Ils vous répondront peut-être « le jeune ». Donc au fond, ma réputation, le fait que je sois connu, n’agit pas trop, à part que moi, je connais l’être humain et peut-être que je sais qu’il faut faire attention par moments. Mais cela, un jeune aussi va apprendre. Il y

a des jeunes qui sont extrêmement aptes à ça. Ils adorent ça, ils adorent écouter, aller voir les gens, papoter, etc. Mais le cinéma ce n’est pas tout à fait ça non plus. Je vois plein de gens qui ont des relations très amicales avec les autres, mais qui ensuite ne peuvent pas filmer, ne savent plus filmer. Filmer et avoir des relations avec les gens, ce sont deux choses différentes. Moi, avec les paysans, je posais l’appareil photo sur la table. Le jour où je sors l’appareil, ils faut qu’ils aient l’habitude. Si tu le planques ton appareil, le jour où tu le sors, ils vont dire « Attendez, vous me trahissez, là. Vous êtes juste venus faire des photos au fond. » Donc il faut vraiment dire : « Voilà, je suis cinéaste, je suis photographe, et j’aimerais bien faire un film » et ne pas dissimuler la caméra. Sinon après, les gens sont un peu déçus. C’est un petit conseil.

Et du coup, il y a une chose à laquelle on ne pense pas forcément, que ce soit à l’échelle du documentariste, à l’échelle du photographe, c’est l’importance de l’écriture dans les deux démarches. Alors pour le documentaire, évidemment, ça passe par l’écriture d’un dossier pour des subventions, l’écriture au montage pour trouver le meilleur agencement... Mais en photo, dans votre carrière, cette démarche est passée par Notes, ce recueil qui a eu une importance assez considérable dans votre renommée. Ma question serait donc : à quel point l’écriture est-elle importante pour vous, et est-ce que vous considérez que le photographe ou le documentariste peut être objectif ou non dans sa manière de travailler ? C’est justement pour m’éloigner du photojournalisme que j’ai écrit Notes ainsi que la correspondance new yorkaise que j’ai faite pour Libération quelques mois plus tard. J’étais parti en reportage, mandaté par personne, ce qui est souvent le cas dans une agence comme Magnum, où on ne part pas forcément avec une commande d’un

journal. Et c’était la première fois de ma vie où je partais sans commande, sans assignement, c’est assez rare. Même les grands, les Américains comme Nachtwey, ne partent pas sans assignement. C’est un peu ce que je leur reproche, il faut toujours qu’ils aient un cordon avec une rédaction. Il y a quand même une notion d’ethnocentrisme là dedans, c’est le point de vue de l’Occident. À cette époque-là, dans les années 1970-1980, ce sont les ethnologues qui ont commencé à poser des questions, à se demander « À quoi sert-il que nous, Occidentaux venus de pays extrêmement nantis, allions faire des enquêtes sur les pauvres de l’autre bout du monde ? » Et notamment LéviStrauss, dans la première page de Tristes Tropiques, le montre bien. Donc moi, je me suis dit : « Mais à quoi sert-il d’être envoyé par un journal pour faire des photos, tout ça, pour montrer à l’Occident que c’est la guerre ? Enfin, il y a un truc qui ne va pas. » Donc j’ai commencé à me poser des questions qui ne sont pas existentielles. Au fond ça a choqué et certains m’ont dit : « Tu n’as pas le droit de te poser

that I know the human being and I know you have to be careful sometimes. But the young one is going to learn all this. There are some young ones that are very capable of doing such. They love it, they love to hear, meet people, talk etc But cinema is not exactly this. I see a lot of people that are friendly with others but that are unable to shoot, don’t know how to do it anymore. To shoot and be friendly with people, are two different things. With peasants, I used to put down the camera on the table. The day I will take my camera out, they have to be used to it. If you hide your camera, the day you take it out, they’re just going to say « wait a second, you are betraying me. You just came to take pictures. » So you have to be clear and say « I’m a movie maker, I’m a photographer and I would like to make a movie. » and not hiding the video camera. Otherwise people are a bit disappointed. It’s my advice.

There’s something we don’t usually think of, for the documentary maker as well as for the photographer, it’s the importance of writing in both disciplines. For the documentary, you have to fill in the papers for subsidies, the writing at the editing to find the best layout… But concerning photography, during your career, this procedure was seen in Notes, this collection that counted a lot towards your reputation. My question would be : To what extend does writing is important for you and do you consider that the photographer or the documentary maker can be objective or not in the way he works ? I wrote Notes and another correspondence in new York for Libération a few months after, because I wanted away from photojournalism. I left to make a reportage, not appointed by anyone, which is quite often in an agency like Magnum, where you don’t necessarily leave with a newspaper’s order. It was the first time of my life when I left without an order, without

an assignment, it’s quite rare. Even the greatest, Americans like Nachtwey, don’t leave without an assignment. This is what I’m blaming them for, they always need an attach to an editorial staff. There is some ethnocentrism factor here, it’s the Western point of view. At this time, in the 70’s and 80’s, ethnologs started asking questions, asking themselves « What is the point, us Westerners, that come from extremely pledged countries, to go and make investigations on poor people on the other side of the Eath ? » And especially Levi-Strauss, on the Tristes Tropiques first page, makes it clear. So I asked myself « What’s the point of being sent by a newspaper to take photos and show the West that it’s war time ? There’s something going wrong. » So I started asking myself some non-existential questions. Some were shocked by this and

told me : « You can’t ask yourself those questions, you are a photo-reporter. » I answered : « Oh really ? But why ? Yet, this is what I think. » This is what I said and I wrote what I thought, that I was taking pictures, that I thought of a woman that I had left in Paris, that I doubted, that I had remorses, regrets and that I was into a crazy adventure. The point is, when I met Afghan rebels in Pakistani territories, I had an incredible reflex and asked « By the way, is anybody speaking French here ? » They replied : « Sure, we’re going to find someone. » I explained that I prefered to travel inside Afghanistan with someone who spoke french. A man came, very shy, and I left with him. He told me everything, we spoke, walked and then, something went wrong because he got arrested carrying all my movies. So he told me : « Run ! Run ! Run away !» And I ran away in the mountains, like this. I found a road, I continued and I


ces questions, tu es reporter photographe. » Je leur ai répondu : « Ah bon ? Mais pourquoi ? C’est ce que je pense, pourtant. » C’est juste ce que j’ai dit et j’ai écrit ce que je pensais, que j’étais en train de faire des photos, que je pensais à une femme que j’avais laissée à Paris, que je doutais, que j’avais des remords, des regrets et que j’étais entraîné dans une histoire un peu folle. La preuve, c’est que quand j’ai rencontré les rebelles afghans en territoire pakistanais, j’ai eu un réflexe incroyable et j’ai demandé : « À propos, vous n’avez pas quelqu’un qui parle français ? » On m’a dit : « Si, on va vous trouver quelqu’un. » J’ai expliqué que je préférais faire le voyage à l’intérieur de l’Afghanistan avec quelqu’un qui parlait français. Il y a un monsieur qui est arrivé, très timide, avec qui je suis parti. Il m’a tout expliqué, on a parlé, marché et puis à un moment donné, ça s’est mal passé parce qu’il a été arrêté avec tous mes films. Alors il m’a dit : « Cours ! Cours, cours ! Fuis ! » Et j’ai fui dans la montagne, comme ça. J’ai trouvé une route, j’ai continué et je l’ai attendu à Peshawar. Par

la suite, ce monsieur est devenu très célèbre. C’était Massoud, le fameux chef. J’avais donc vécu pendant un mois dans les maquis de la rébellion, tout ça parce que j’avais demandé : « Est-ce qu’il n’y en a pas un qui parle français ? » Il parlait français pas mal, enfin il n’osait pas le faire devant la télévision française, mais avec moi il était très à l’aise. Ce sont des aventures qui vous arrivent tout le temps et j’avais envie d’en garder la trace. Alors, non pas le côté Tintin pour pouvoir dire « J’ai rencontré le commandant Massoud ». Non, au début, je ne savais pas bien qui était Massoud et j’ai dit : « J’ai un guide, il s’appelle Massoud » Donc voilà, ce petit livre était paru dans une collection de poésie. Et c’est vrai que je me suis dit « Je ne peux plus faire le même métier qu’avant », c’est-à-dire être cette espèce de mercenaire avec une agence. Mais je suis retombé dans le piège quelque fois, notamment à Beyrouth plus tard, pour Stern. Mais au fond, je ne veux pas non plus faire de la photo de mode, ni de la photo de portrait, je veux rester un photographe actif.

Effectivement, la photo de mode fait partie des disciplines que vous n’avez pas pratiquées. D’ailleurs, il y a quelque jours, une de vos déclarations m’a interpellé. Vous disiez que vous étiez étonné qu’on vous ait choisi pour tirer le portrait de François Hollande, que normalement « on va chercher un photographe de mode pour faire la photo présidentielle ». Comment se fait-il que la mode soit un milieu que vous n’avez jamais approché ? J’ai fait des photos. Un peu. Comme ça. On en fait toujours. Ce n’est pas inintéressant. Vous avez une femme qui est payée, qui est assez agréable et ne prend pas trop mal la lumière. Vous avez une fenêtre ou une lumière et un appareil photo. C’est une position à trois. Et vous, vous devez faire une espèce de jingle. Ça fait beaucoup penser à la boxe. Vous voyez, avec un ring, vous tournez autour. C’est un très bon exercice. Ça peut servir quand vous devez rapidement faire une photo de quelqu’un que vous aimez bien ou peu importe. C’était la même chose pour Hollande.

Comme j’avais ne serait-ce que les frais de remboursés sur cette histoire – parce que je ne touchais rien pour la faire – j’ai utilisé une technique qui vient plutôt du cinéma et pas de la photo. L’éclairage photo, j’ai bien vu que ça ne suffirait pas. Les petits flashes, les LEDs auraient été valables pour un très gros plan. Mais sur le costume, tout ça, ça ne passait pas. Donc j’ai plutôt opté pour une technique cinéma, c’est-à-dire un seul éclairage, une seule source de lumière, très, très forte. Un 18 kilowatts qui passait dans un adoucisseur, ce qui fait que le président n’était pas gêné. Il pouvait marcher, il avait deux, trois mètres de rayon d’action pour poser. Et le fait que moi j’étais à la main, sans personne autour de moi, me permettait de faire une photo plus libre.

waited for him at Peshawar. Afterwards, this man became very famous. It was Massoud, the famous chief. I realized I had been living in the rebels’ scrubland, only because I asked « Is there anyone speaking French ». He spoke French quite well, he was too shy to speak in front of French television, but with me he felt at ease. This is the kind of adventure that happens all the time and I wanted to keep it in my mind. Not the Tintin way to say « I met Commander Massoud ». No, at the beginning, I didn’t really know who was Massoud and I said « I have a guide, his name is Massoud ». This little book got published in a poetry collection. And it’s true I told myself « I can’t do the same job as before », being a mercenary linked to an agency. But I went back to it sometimes, especially later in Beirut, for Stern. But at the end of day, I don’t want to do fashion photography, nor portraits, I want to remain an active photographer.

Indeed, fashion photography is a discipline that you never practices. A few days ago, one of your statement surprised me. You said you were astonished that you were chosen to take François Hollande’s portrait, since they usually « look for a fashion photographer to shoot the presidential picture. » Why did you never get involved into fashion ? I shot pictures. A few. Like this. You always do some. It’s not uninteresting. You have a woman being paid, quite good looking and that fits well with the light. You have a window or a light and a camera. It’s a threesome position. And you, you’re suppose to do a kind of jingle. It’s very similar to boxing. Like a ring, and you turn around it. It’s a very good practice. It can be useful when you have to shoot quickly someone you like or else. It was the same thing for Hollande. Since I would only get the refund of my expenses – because

I didn’t want to make any benefit out of it- I used a technique that rather comes from cinema then photography. I saw that the photo light wasn’t going to be enough. Little flashs, LEDs, could have worked for a closeup. But with the suit, it didn’t fit. So I decided to use the cinema technique, hence only one light, one source of light, very very bright. A 18 kilowatts that went through a softener, not to disturb the President. He could walk, he had two or three meters radius of action. And the fact that I was shooting holding the camera in my hands, without anyone around me, enabled me to make a free picture.

Paradoxically, for someone usually admired and rarely critized, you’ve been quite critized by colleagues for that one… Not so many photographers. It’s rather the editorialists or I don’t know who that were looking for trouble. On the photographers’ behalf, I received a lot of sympathy. You don’t need to care about this. First, this picture will be here for the next five years. Then, it’s a simple picture. She was taken with a Rolleiflex and the format is a very beautiful format. Above all, it’s a large angle Rolleiflex that is extraordinary, very rare. It costs a fortune and was produced in only 3000 pieces with a 55mm lens. Or a 55mm on a medium-sized camera, it’s the best lens of the world because it’s like a 28mm on a 24 cm X 36 cm box. At the same time, this 55mm, even if you get closer, it won’t distort people.


Mais paradoxalement, vous qui êtes admiré et très rarement critiqué, sur ce coup-là, ça vous a valu quand même quelques critiques des confrères... Pas beaucoup des photographes. C’est plutôt les gens qui sont éditorialistes ou je ne sais pas quoi, qui cherchent des histoires. Mais de la part des photographes, j’ai reçu beaucoup de sympathies. Mais bon, il ne faut pas y faire attention. D’abord, cette photo est là pour cinq ans. Et puis c’est une photo simple. Elle est faite au Rolleiflex et puis le format est un très beau format. Mais surtout c’est un Rolleiflex grand angle qui est extraordinaire, très rare. Il coûte une fortune et n’a été fait qu’en 3000 exemplaires avec un objectif de 55mm. Or un 55mm sur un appareil photo de moyen format, c’est le meilleur objectif du monde parce que c’est comme un 28mm sur un boitier 24cm X 36cm. Et à la fois ce 55mm, même si vous l’approchez, il ne déforme pas les gens. Et vous shootiez avec ça, aussi en reportage... Ah oui, bien sûr, mais pas de guerre par exemple. Pour le reportage de guerre, il faut un Leica, ou un Nikon. Beaucoup de photographes de guerre ont travaillé avec des Nikon plutôt qu’avec des Leica. Caron et McCullin se servaient d’un reflex Nikon alors que d’autres, bizarrement, shootaient au Leica, comme Capa par exemple. Mais il y a beaucoup de photographes de ma génération qui se servaient du Nikon. Le Nikon F1 ? Incroyable. Utilisé par des gens comme McCullin... et même dans les derniers, il y a Luc Delahaye ou même ceux qui ont fait la Bosnie, il n’y en a pas tellement qui font du Leica. C’est plutôt pour du reportage, le Leica. Comme c’est un verre, il est plus « captation », qui fait que on est pas dérangé, on va vite. Parce que le reflex, il ne va pas si vite que ça. Mais bon, les photographes comme Caron, ils s’en servaient. Moi aussi, j’avais des Nikon. Pendant toute l’époque Gamma, on avait que des Nikon et pas des Leica. C’était pour Magnum, c’était un peu l’aristocratie.

RAYMOND DEPARDON EN 10 DATES 1966 Fondation de l’agence de photographie Gamma. 1978 Il quitte Gamma et rejoint l’agence Magnum. 1979 Sortie de Notes aux éditions Arfuyen.

And you used to shot with this during reportage… Oh yes, of course but not war for example. For the war reportage, you need a Leica or a Nikon. A lot of war photographers have worked with Nikons rather than with Leicas. Caron, McCullin, they use a Nikon reflex like others would use a Leica elsewhere, but they see. It’s weird to see some like Capa shooting with a Leica. But there is a lot of photographers from my generation that used Nikons. The Nikon F1 ? Incredible. Used by people like McCullin and even ine of the last, there is Luc Delahaye or even the ones that went to Bosnia, not a lot di dit wih Leica. The Leica is more for reportage. Since its a glass, it’s more captive meaning we’re not disturb by it, we can go fast. Because the reflex is not that quick. But you still have photographers like Caron that use dit. I used to have Nikons too. During the whole Gamma time, we had Nikons and no Leicas. It was Magnum, it was somekind of aristocracy.

1981 César du meilleur documentaire pour Reporters. 1991 Grand Prix National de la photographie

RAYMOND DEPARDON EN 10 DATES 1966 Foundation of the Gamma photography agency 1978 He leaves Gamma to join Magnum 1979 Release of Notes, Arfuyen edition.

2001 Sortie du premier volet de la trilogie documentaire sur le monde paysan intitulé Profils Paysans.

1981 César for the best documentary for Reporters.

2006 Globes de Cristal du meilleur artiste plasticien.

1991 National Photography Award

2010 La France de Raymond Depardon s’expose en grandes pompes à la Bibliothèque Nationale de France.

2001 Release of the first part of the trilogy documentary on the peasant world entitled « Profils Paysans »

Mai 2012 Journal de France, co-réalisé avec Claudine Nougaret, est présenté hors compétition au Festival de Cannes.

2006 Crystal Globe for the best visual artist

Juin 2012 Le Président de la République Française, François Hollande, choisit Raymond Depardon pour faire son portrait officiel.

2010 La France de Raymond Depardon exhibit at the Bibliothèque Nationale de France Mai 2012 Journal de France, co-directed with Claudine Nougaret, and presented out of competition at Cannes Film Fesival. Juin 2012 French President, François Hollande, chooses Raymond Depardon to take his official portrait.


CONCRETE JUNGLE Avant de fixer de manière concrète la planète menswear dans son viseur, Brooklyn We Go Hard a débarqué sur les devant de la scène en s’affichant d’abord comme une plateforme d’exposition. L’idée de départ était simple : faire des tshirt à col rond bien plus que de simples basiques en les habillant de clichés de jeunes photographes pour mettre en avant le travail de ces derniers. Nous avons donc sélectionné plusieurs artistes en se basant sur un critère évident : les photos devaient faire transpirer l’idée d’une ambiance urbaine et sanguine empreinte de réalisme.

ALEXANDRE NACACHE

Before focusing on the world of menswear, Brooklyn We Go Hard started as an art platform for exhibitions. The idea was simple: to produce round neck t-shirts, more sophisticated than the basics, with young photographers’ snapshots printed on it to promote their work. We have selected various artists based one criterion: the photos had to convey the impression of an urban atmosphere and a deep realism. HERE IS A GLIMPSE OF THE FALL/WINTER 2012 IN CAPTURES PHOTOS.


KEVIN COULIau


LUDOVIC ZUILI


YORAM SAVION


Marion dubieR-clark


LEA DOMINGUEZ


Waxa Flocka Flame

Quand il en va du pagne africain, les langues fourchent facilement en claquant du « boubou ». Naïve confusion patronymique entre le nom d’un vêtement traditionnel et l’étoffe dans laquelle il est découpé : le pagne « wax ». Voilà donc une digression de fil en aiguille sur le tissu qui a révolutionné la mode africaine.

BLOOD DIAMOND À l’origine, le pagne arrive en Afrique par l’Indonésie pour prendre racine en Gold Coast (l’ancien Ghana). Les deux pays étaient alors sous domination hollandaise, à l’acmé de l’ère coloniale. Au XIXe siècle, les révoltes incessantes pour l’indépendance en Indonésie obligent les oranje à lever une armée, histoire de calmer un peu les rebelles vahinés. Règle de la chair à canon oblige, ce sont d’abord les bonshommes forts et fiers de la Côte d’Or qui viennent garnir les rangs des bataillons. Aussi, une fois leurs vaillants services accomplis et, surtout, leur sang versé, ces tirailleurs ghanéens retournent au bled, chacun avec le même petit souvenir de leur campagne asiatique : le batik, soit le pagne version Sumatra. Auréolés de l’image du combattant courageux par-delà les océans, les pagnes font ainsi fureur au Ghana. Les Hollandais flairent le business et inondent alors la West Coast de « wax », le nom originel du pagne – à l’époque, sa matière est renforcée à la cire pour que les couleurs gardent à jamais leur vivacité. Fast forward : sitôt la décolonisation passée, les Africains montent leur propre affaire ; des usines dites « semi-artisanales » et spécialisées dans le « wax » s’érigent près des capitales. Bientôt, on y fabrique du pagne d’un coût et d’une qualité tels que la concurrence néerlandaise ne peut plus suivre et est contrainte de diminuer ses exportations vers le continent noir. Autosuffisance, wax is the future.

When you talk about the African loincloth, tongs easily slips to « boubou ». A naïve patriotic confusion between the name of a traditional cloth and the fabric in which it was cut; the loincloth « wax ». Here’s a deflection on the fabric that made a revolution within African fashion.

BLOOD DIAMOND Originally, the loincloth arrives in Africa via Indonesia to settle in Gold Coast (former Ghana). The two countries were under Dutch domination, at the peak of colonial era. During the 19th century, incessant rebellions for Indonesia’s independence force the « oranje » to raise an army, to calm down the vahine rebels. Obeying to the canon fodder rule, the Gold Coast solid and proud men are the first to fill the ranks of the battalions. Once their courageous service is accomplished and, above all, their blood is poured, the Ghanaian infantrymen go back home, each with his own memories of the Asian campaign: the Batik, the Sumatra version of the loincloth. Wreathed in the image of the courageous fighters beyond the ocean boundaries, loincloths are becoming a must in Ghana. The Dutch perceive the business and deliver the West Coast with many « wax », the original name of the loincloth- at the time, its fabric was reinforced by wax so that colors will remain vivid. Fast forward: once decolonization had taken place, Africans open their own businesses; « semi-home made » factories and specialized in the « wax » appear near the capital cities. Soon, the fabrication and cost of the loincloth unable the Dutch production to compete and is forced to diminish its exportations towards the black continent. Self-sufficiency. wax is the future.

Ces dernières décennies, le fameux tissu s’est finalement imposé en véritable symbole des sociétés subsahariennes. Le pagne est très prisé dans les pratiques religieuses, chez les catholiques comme les protestants. Les fêtes et les célébrations rendent légitime la « sortie » de nouveaux modèles revêtis par les fidèles. Dessus, les effigies inspirées du panel iconographie religieux, du Saint Clergé à la Vierge Marie. Le pagne se politise avec l’apparition des déclinaisons à but électoral. Avant les meetings, les partis en campagne passent d’énormes commandes en « wax » - on parle de milliards de francs CFA pour l’Afrique francophone - pour inonder la rue, les institutions publiques et les lycées de leur pagne officiel. Le militant cainf, jeune ou vieux, en fait alors des affiches et des drapeaux qu’il brandira fièrement pour faire œuvre partisane. Dans le même genre, il peut tout aussi bien s’enrouler dedans. Aujourd’hui, on peut se balader à l’aise avec la bobine imprimée dans le dos du président camerounais Paul Biay, de son homologue congolais Denis Sassou N’Guesso ou encore du béninois Thomas Boni Yayi. Quant au plus sage d’entre tous, le vénérable Nelson Mandela, il porte lui-même la sape. Initiateur d’un certain « AfroChic », l’ancien chef de l’Etat sudaf s’affiche régulièrement dans des chemises en « wax » spécialement dessinées par son styliste perso.

W a x

Le « wax » est une vraie fontaine à fric, qui a surtout atterri dans les poches des femmes pendant un temps. À la fin des années 70, la waxmania donne ainsi naissance à une élite commerciale exclusivement féminine : les « Nanas-Benz », qui doivent leur surnom aux Mercedes qu’elles pilotaient. Au Togo, on peut alors croiser les « Nanas » sur le Grand Marché de Lomé, un œil sur leur pagne, un autre sur leur berline, garée juste à coté. Ces cadoresses du tissu vendent et exportent en gros sur des cargos, par conteneurs de vingt pieds. Au plus fort de leur biz, certaines d’entre elles se constituent des cagnottes de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA (comptez en millions d’euros donc). Las, les années 90 marquent le début du déclin pour ces fières bonnes femmes. Peu à peu, ce sont les Chinois qui prennent le marché d’assaut avec leur « wax » contrefait qui vaut cinq à dix fois moins cher que l’original. Les États passent désormais commande en Asie – ou comment se tirer une balle dans le pied. Aussi et comme partout, les jeunes Africains se laissent séduire par le cool occidental et délaissent le pagne – devenu trop cher et démodé - pour le combo coolos jean/tshirt. Fini le zoom zoom zen dans la Benz Benz Benz, aujourd’hui, les « Nanas » s’en sortent difficilement. Africa is the future qu’ils disaient. Prenez de l’avance, et perpétuez la tradition. Qué sera sera...

W a x

T A I L O R S

M A M B A

In those past decades, the famous fabric has finally imposed itself as a real symbol of the sub-Saharan societies. The loincloth is very popular in religious practices, for both Catholics and Protestants. Holidays and celebrations legitimize the « launch » of new models worn by worshipping. On the top of it, figures inspired by the religious iconography panel, from Holy Clergy to Virgin Mary. The loincloth gets into politics with the first version for the elections. Before meetings, the parties of the campaign order huge amounts of « wax » – we’re talking about billions of CFA francs for francophone Africa- to flood streets, public institutions and high schools with their official loincloths. The supporter, young or older, will place it on posters or flags that he will proudly brandish to fulfill their partisan’s duty. In a similar way, he can also wrap himself in it. Today, you can easily walk around with the Cameroonian President Paul Biay’s face in your back, his Congolese colleague Denis Sassou N’guesso or Beninese Thomas Boni Yayi. For the wiser one of all, venerable Nelson Mandela, he wears the cloth himself. Founder of a kind of « Afro-Chic », the former South African head of state regularly appears with shirts made of « wax », designed especially by his personal stylist.

The « wax » is a real money fountain, that went directly into women’s pockets for a time. At the end of the 70’s, the waxmania gives birth to a commercial elite, exclusively feminine : the « nanas-benz » were named after the Mercedes that they drove. In Togo, we can see « Nanas » on the Lomé Grand Market, an eye on their loincloth, the other on their car, parked right next to them. Those fabric boss sell and export on large cargos, by twenty feet containers. At the highest peak of their business, some can make fortunes that can reach dozens of billions of CFA Francs (therefore millions of euros). In the 90’s, their businesses start to decline. Slowly but surely, the Chinese take over the market with their counterfeited « wax » that is five to ten times cheaper than the original. States make their orders in Asia – the perfect way to shoot themselves in the foot. Moreover, and everywhere, young Africans are seduced by the western cool and leave the loincloth – which has become too expensive and old-fashioned- for the cool combination of jean and t-shirt. Today, the « nanas » find it difficult to meet both ends. Africa is the future, they used to say. Be ahead of your time and perpetuate the tradition. Que sera sera...


MOBUTU SESE SEKO (1930-1997) DEMOCRATIC REPUBLIC OF THE CONGO

A F R I C A N D I C T A T O R S

La mauvaise gestion de la décolonisation par les pays du Nord aidant largement, nombre de pays et de peuples d’Afrique ont connu une seconde moitié de XXe siècle terrible, sous le joug de dictateurs sanguinaires n’écoutant que leur étroit et mortifère désir de pouvoir. En plus des massacres et des titres honorifiques ridicules, presque à chaque fois, ces affreux personnages ont tenté de marquer l’histoire visuellement, en général avec quelque accessoire et autres artifices textile. Passage en revue de six grosses crapules.

The poor decolonization process held by Northern countries being a huge factor, a lot of African countries and populations underwent a terrible second-half of the 20th Century, under the yoke of bloody dictators that placed their desire for power above all other things. In addition to the massacres and ridiculous honorific titles, those dreadful characters have tried to visually make their marks in History, generally with accessories and other artificial fabrics. Let’s have a look at six of those crooks.

O L D F A S H I O N E D

Aidé en pleine Guerre Froide par les Américains, Mobutu conquiert l’ensemble de la République Démocratique du Congo en 1965, ce qui lui permet de devenir le deuxième président de ce coin fraîchement indépendant. Fervent anti-colonialiste, il rebaptise le pays en Zaïre en 1971, impose une langue traditionnelle – le lingala – et oblige les Zaïrois à choisir un nom d’origine africaine. Délogé et contraint à l’exil, il meurt d’un cancer de la prostate à Rabat au Maroc en 1997.

Helped by the Americans in the middle of the Cold War, Mobutu conquers the entire Democratic Republic of the Congo in 1965, which makes him the second president of this freshly independent region. Fervent anticolonialist, he renames the country Zaire in 1971, impose a traditional language – the lingala- and forces Zairians to choose African names. Expelled and in exile, he dies from a prostate cancer in Rabat, Morocco in 1997.

The leopard toque

La toque en léopard Dans son délire tradi, Mobutu imposa également un costume traditionnel à son peuple : l’abacost, version zaïroise du costume occidental. Histoire de donner le change en exigeant aux Zaïrois le port d’un vêtement qui symbolise l’authenticité selon lui, il s’affubla pour sa part d’une toque en peau de léopard dont il ne se départira plus. Son choix n’a rien d’anodin: dans la tradition bantou, le léopard est considéré comme un animal rusé à la peau sacrée. Métaphore de la couronne traditionnelle bantou, sa toque était censée incarner l’attribut des rois et des empereurs. Au peuple le costume, au roi la couronne.

In his traditional madness, Mobutu forced his people to wear a traditional costume: the abacost, the Zairian version of the western suit. Just to fool his people even more by making them wear a costume that, in his opinion, represents authenticity, he decked himself out in a toque made of leopard skin, which he would never take off. His choice was well-thought-out: in the bantou tradition, the leopard is considered as a crafty animal with a sacred skin. A metaphor for the traditional bantou crown, his toque was supposed to represent the kings and emperors’ attributes. The costume for the people, the crown for the king.

JEAN-BEDEL BOKASSA KNOWS AS BOKASSA 1ER (1921-1996) CENTRAL AFRIQUE Le 31 décembre 1965, cet ancien officier de l’armée coloniale contre un coup d’État et en profite pour accéder au pouvoir. Soutenu par la France, il sombre dans un délire dictatorial, s’auto-proclame président à vie en 1972, maréchal en 1974 puis se couronne empereur en 1977. En septembre 1979, le contreespionnage français lance une opération militaire qui conduit à son renversement. Exilé en Côte d’Ivoire puis en France pendant sept années, il rentre au pays en 1986. Arrêté et jugé, il est d’abord condamné à mort puis sa peine est commuée en prison à perpétuité. Il est finalement amnistié en 1993 et meurt d’un arrêt cardiaque trois ans plus tard.

Le sceptre, la couronne et la cape en hermine Admirateur inconditionnel de Napoléon, Bokassa s’autocouronna empereur le 4 décembre 1977, 173 ans jour pour jour après son idole. Bokassa, c’est le symbole du démesuré, du mec qui emprunte tous les symboles des regalia royales : couronne, sceptre et cape en hermine. Cette dernière faisait huit mètres de long, comporte 785 000 perles et plus d’un million de petites boules de cristal et d’or. Il poussa le délire jusqu’à porter une couronne impériale sertie des plus belles pierres et créé par le joaillier français Arthus-Bertrand. La plus grosse pierre pesait cinquante-huit carats. Posé sur un trône tapissé de velours rouge et déployant les deux immenses ailes couvertes d’or d’un aigle, le dictateur offrit au XXème siècle sa plus fidèle et ridicule réinterprétation du tableau de David.

The 31st December 1965, this former colonial army officer counters a coup d’État and takes power. Supported by France, he sinks into a dictatorial delirium, self-proclaims himself president for life in 1972, marshal in 1974 and makes him emperor in 1977. In September 1979, the French counterintelligence launches a military operation that leads to his overthrow. Arrested and tried, he is sentenced to death before he is condemned to a life sentence. He is finally granted an amnesty in 1993and dies from a heart attack three years later.

The sceptre, the crown and the ermine cape As an unconditional admirer of Napoleon, Bokassa self-proclaimed emperor on 4th December 1977, precisely 173 years after his idol. Bokassa is the symbol of excess, the guy that takes all the royal regalia symbols: the crown, the sceptre and the ermine cape. The cape was eight meters long, with 785 000 pearl and more than a million tiny crystal and gold balls. He even wore an imperial crown set with the most refined precious stones and created by the |French jeweller Arthus-Bertrand. The heaviest stone was fifty eight carats. Seated on a throne covered by red velvet and displaying two eagle gold wings, the dictator offered the 20th century, the most faithful and ridiculous version of David’s painting.


SANI ABACHA (1943 - 1998) – NIGERIA

HASTINGS KAMUZU BANDA (1906 - 1997) MALAWI `

En 1958, Kamuzu Banda revient dans son Nyassaland natal après quarante années passées à l’étranger et appelle les Britanniques à partir. En 1964, Kamuzu gagne les élections présidentielles du Malawi indépendant. Il dirige alors une monarchie constitutionnelle qu’il transforme assez vite en République autoritaire avec un seul parti autorisé. En 1971, il se proclame président à vie. À bout de souffle à partir des années 90, il se voit obligé d’autoriser le multipartisme en 1994 et se fait dégager par la même occasion. Le vieux dictateur meurt en 1997 à l’âge de 91 ans. Ou 99 ans selon le voisin sud-africain, sa date de naissance n’ayant jamais vraiment été connue.

In 1985, Kamuzu Banda comes back to his native Nyassaland after forty years abroad and asks the British to leave. In 1964, Kamuzu wins the presidential elections in independent Malawi. He is head of a constitutional monarchy that he quickly turns into an authoritarian republic with only one authorized party. In 1971, he is self-proclaimed president for life. Being out of breath from the 90’s, he is forced to authorize multi-party system in 1994 and is being kicked out at the same time. The old dictator dies in 1997 at 91 years old. Or 99 years old according to the South African neighbour since his date of birth has never been known.

Les chapeaux et le chasse-mouches

Hats and fly-whisk

Qu’importent les températures tropicales, l’homme s’est toujours appliqué à se tenir bien à l’écart de son peuple dans ses façons de faire. Banda était en permanence engoncé dans un costume trois pièces austère, arborant toujours un chapeau, qu’il s’agisse d’un haut de forme, d’un melon ou d’un Homburg. Le détail qui tue : Kazumu arborait régulièrement un chasse-mouches, ce drôle de pinceau géant censé éloigner les insectes volants. Aussi, dans le Malawi de Banda, on ne déconnait pas avec les vêtements. Le port du pantalon, de la minijupe ou de tout autre vêtement moulant était interdit aux femmes, pressées de porter le traditionnel boubou. Banda, dictateur et vieux-jeu jusque dans la sape.

No matter the tropical temperatures, the man has always been far from his people’s behaviours. Banda was constantly squeezed into a dark three piece suit, always with a hat on, a beaver, a bowler or a Homburg. The icing on the cake: Kazumu was usually seen with a fly-whisk, this funny giant brush used to get rid of flying insects. Morover, in Banda’s Malawi, we took cloths very seriously. Pants, mini-skirts or other tight clothes was forbidden for women who were asked to wear the traditional boubou. Banda, dictator and old-school even with fashion.

Kilt, épaulette et médailles Idi Amin Dada, c’est le style bling-bling pré-rap-game. Cet énorme gaillard se faisait confectionner des vêtements spéciaux, notamment des vestes larges avec des épaulettes dorées, avec un seul dessein en tête : pouvoir porter de nombreuses décorations de la Seconde Guerre mondiale dont la Military Cross et la Victorious Cross, copie de la Victoria Cross britannique. Et en bon « Écossais », Dada se fit aussi confectionner plusieurs kilts pour parfaire sa tenue, allant même jusqu’à se pointer comme ça lors des obsèques d’un membre de la famille royale saoudienne en 1975.

In November 1993, thanks to a bloody coup d’etat, this general of the Nigerian army establishes a dictatorship. Within five years at the head of the state, the military with a green beret that he never took off, has demonstrated all of his cruelty, the most famous event being when he hangs the writer Ken Saro Wiwa because he was opposed to his oil resources management. For the rest, Abacha is the kind of crook that steals millions to his country to put them on a Swiss account. He dies in 1998 from a heart attack at a time when the country is run by misery and corruption.

Le béret vert

The green beret

Quand on sait que la hiérarchie et les grades dans l’armée nigériane sont calés sur ceux de l’armée britannique, le béret vert de Sani Abacha revêt tout son sens. Il s’agissait en fait du couvre-chef des commandos de la perfide Albion pendant la seconde Guerre Mondiale. Sur le béret vert nigérian, l’insigne rouge prend toutefois une autre dimension puisque l’aigle nigérian au centre du blason remplace l’insigne de la couronne britannique. Perché sur un bouclier qui symbolise le pays, le rapace symbolise la conscience du peuple nigérian, entouré par deux chevaux blancs, piliers de la nation bien calés sur un gazon accueillant sa devise : « Unité et Foi, Paix et Progrès ». Cet insigne sur un chapeau n’est dévolu qu’aux officiers les plus gradés. Abacha était général, le statut le plus élevé jamais atteint dans l’armée nationale même si techniquement, il existe un grade de maréchal.

When we know that both the hierarchy and the ranks of the Nigerian army are established according to the British army, Sani Abacha’s green beret becomes clear. It is the hat worn by the Albion commando during the Second World War. On the Nigerian green beret, the red insignia has another meaning since the Nigerian eagle in the middle of the coat of arms has replaced the British crown. Placed on a shield that represents the country, the animal symbolizes the Nigerian people’s consciousness, surrounded by two white horses, the nation’s pillars on a lawn with the motto : Unity and Faith, Peace and progress’. This insignia on a hat is reserved to the greatest officers. Abacha was general, the highest status achieved in the national army, although the marshal rank technically exists.

ROBERT MUGABE (1921 - ) – ZIMBABWE

IDI AMIN DADA (1928 - 2003) OUGANDA Qualifié de taré, sanguinaire, sans pitié – et cannibale même si ça n’a jamais été prouvé – celui qui se sera un jour affublé du titre de « Dernier Roi d’Écosse » laisse cours à sa folie entre 1971 et 1979. Avant ça, Idi Amin Dada aura combattu et grimpé les échelons au sein de l’armée coloniale britannique puis ougandaise pour y finir chef d’état-major. C’est lorsqu’il eut vent d’un projet visant à l’écarter qu’il prit l’initiative de renverser le pouvoir en place. S’en sont suivi d’horribles vagues d’épuration ethnique et d’expulsions d’étrangers qui finirent par plonger le pays dans la misère. Vraiment timbré, il finit par envahir la Tanzanie en 1978, une campagne militaire insensée qui entraine sa chute l’année suivante. Dada est mort en Arabie Saoudite en 2003 après vingt-cinq ans d’exil.

En novembre 1993, à la faveur d’un coup d’État sanglant, ce général de l’armée nigériane établit une dictature. En cinq années au pouvoir, le militaire, vêtu d’un béret vert qui ne le quittait jamais, a démontré toute l’étendue de sa cruauté, dont le point médiatique culminera lorsqu’il fait pendre l’écrivain Ken Saro Wiwa qui s’opposait à sa gestion des ressources pétrolières. Pour le reste, Abacha fait partie de cette catégorie de crapules qui volent des millions à leur pays pour les placer en Suisse. Alors que le pays est englué dans la misère et la corruption, il décède d’un arrêt cardiaque en 1998.

Described as a crazy, bloody, ruthless – and cannibal even though there was no proof of it- the one that proclaimed himself the ‘last king of scotland’ let his madness run free from 1971 to 1979. Beforehand, Idi Amin Dada had first fight and risen the rungs of the British colonial army and then became Chief of the Defence within Uganda’s army. It’s when he heard that his place was in danger that he decided to overthrow the government. Massive ethnic cleansings and foreigners’ expulsions followed which caused the country to fall into misery. Severely mad, he finally invaded Tanzania in 1978, a military campaign that will orchestrate his downfall the year after. Dada died in Saudi Arabia in 2003, after twenty five years of exile.

Kilt, shoulder-pads and medals Idi Amin Dada, its the pré-rap-game blingbling style. This huge guy had special tailored clothes, especially large jackets with golden shoulder-pads, with only one purpose: to show the numerous medals owned during the Second World War such as the Military Cross and the Victorious Cross, a copy from the British Victoria Cross. As a well-respected ‘Scottish’, Dada had several kilts to complete his outfit. He even wore one for the funeral of a member of the Saudi royal family in 1975.

Considéré comme un des pères de l’indépendance de l’ancienne Rhodésie du Sud, Mugabe vire dictateur après son élection à la Présidence en 1987. Parmi ses premières décisions, Mugabe décide d’envoyer une brigade spéciale formée par des Nord-Coréens dans le pays pour régler les conflits interethniques. Résultat : 10 000 morts. Dans la foulée, il s’assure que les Blancs du pays soient exclus de l’Assemblée. Toujours au pouvoir à 88 ans, Mugabe eu l’outrecuidance en 2005 de dire à propos de la famine qui terrasse son pays : « les Zimbabwéens ne meurent pas de faim, ils refusent de changer leur régime alimentaire pour manger des patates ou du riz. »

Lunettes vintage et moustache en brosse à dent Mugabe est le mec qu’on reconnait notamment à ses lunettes vintage carrés qui lui assureraient sans doute une petite touche de coolness dans n’importe quelle salle de concert de folk. Surtout, il est le dernier dirigeant de ce monde à arborer ouvertement une version très fine de la moustache en brosse à dent popularisée par Hitler et Charlie Chaplin, sans qu’on ne sache vraiment qui de l’un ou l’autre en eut l’idée en premier. Et le choix de Mugabe ne doit rien au hasard. En 2003, il déclarait sans aucune pitié « Hitler avait un seul objectif : la justice pour son peuple, la souveraineté pour son peuple, la reconnaissance de l’indépendance de son peuple et ses droits sur ses ressources. Si cela c’est Hitler, laissez-moi être le décuple de Hitler ». Cela dit, la moustache de Mugabe est si fine qu’il est régulièrement tourné en dérision, les esprits chafouins n’hésitant à le comparer à ces tickets de métro pileux qu’on trouve parfois dans l’entrejambe de ces dames.

Considered as one of the fathers of the old South Rhodesia’ independence, Mugabe turns into a dictator after his election as President in 1987. As one of his first decisions, Mugabe sends, within the country, a special force trained by North Koreans to solve the interethnic conflicts. The results: 10 000 deaths. In the meantime, he makes sure white people are excluded from the Assembly. Still in power at 88 years old, Mugabe had the presumptuousness in 2005 to say concerning the devastating famine in the country: « the Zimbabweans do not starve; they simply refuse to their change their diet to eat potatoes or rice ».

Vintage sunglasses and toothbrush moustache Mugabe is the guy you can’t miss especially with his square vintage sunglasses that would make him very cool at a folk concert. Moreover, he is the last leader to have a thinner version of the toothbrush moustache which was made famous by Hitler and Charlie Chaplin. We still did not figure who had the idea first. Mugabe made a well-thought-out choice. In 2003, he declared ruthlessly: « Hitler had only one goal: justice for his people, sovereignty for his people, the recognition of his people’s independence and his rights on his own resources. If this is Hitler, let me be ten times Hitler ». Yet, his moustache is so thin that he is regularly mocked by crafty minds that compare it to the hairy metro tickets that you can find in some ladies’ crotch.




Guillaume Bresson’s joint bodies Les tableaux de Guillaume Bresson dressent un bras d’honneur à ceux qui proclament que la peinture est morte depuis les chefs d’œuvres des poids lourds des siècles derniers. Avec sa nouvelle exposition présentée chez Nathalie Obadia (Paris), ce néo-trentenaire confirme les raisons pour lesquelles on était nombreux à croire en lui devant ses premières batailles rangées et guet-apens, chorégraphies claires-obscures qui suintaient la cité et la peinture à l’huile.

Guillaume Bresson’s paintings hold up the middle finger to the ones claiming that painting is dead since the classic artists’ masterpieces of the last centuries. With his new exhibition hosted by Nathalie Obadia (Paris), the neo-thirty-year-old confirms why we were so many to praise his talent facing his first ordered battles and ambushes, half light choreographies that oozed the city and the oil painting.

Les tableaux cinématographiques de Bresson, façon captures d’écrans, sont dénués de scénario, de contexte, de repère et de titre pour se libérer de toute lecture figée et ainsi « échapper à la narration ». Classique et contemporain, architectures industrielles et paysages végétaux, lumière artificielle ou naturelle : après deux ans d’isolement dans son atelier toulousain, Guillaume Bresson revient aujourd’hui avec des mises en scène de corps à corps lumineux et fait rimer les opposés. Le regard circule dans la toile comme un travelling étiré, pris au grand angle. Les compositions millimétrées font cohabiter des jeux de signes énigmatiques, des acronymes. Les temps mixés semblent arrêtés, les paysages en camaïeu ou timidement colorés prennent toute leur importance et rythment ces tableaux désormais plus aérés et aériens, toujours sous tension. Tout comme « dans le rap où tu as des images regroupées sans forcément de liens logiques et narratifs », Guillaume Bresson balance des punchlines picturales et sample l’histoire de l’art. Une histoire où l’on retrouve Titien, Poussin, Léonard, Nike air, K-way, les survet’ Lacostes, les crânes rasés et les dégaines made in Berlin. * Un catalogue de 42 pages accompagne l’exposition, publié chez Dilecta. 48 pages, français/anglais, 15 euros. Publication le 22 juin 2012. *

Les peintures de Guillaume Bresson se mettent en porte à faux des images diffusées dans les médias. « Je travaille des mouvements d’illusion et de désillusion », avance-t-il. Des zones des tableaux sont ainsi hyperréalistes et lisses, illusion souillée par des coups de pinceaux soudainement apparents, des traces d’accidents, des contrastes inachevés, des détails volontairement imprécis qui rappellent que nous sommes dans le domaine 2D de la peinture sur toile. Des peintures que Bresson n’achève pas toujours, l’artiste en ayant enfin « terminé avec cette idée de finir les tableaux » qui ne veut plus dire grand-chose dans notre monde en mutation permanente.

Bresson’s cinema paintings, screen capture style, are devoid of scenario, context, references and titles to free themselves from any frozen interpretation and therefore « escape from narration ». Classical and contemporary, industrial architectures and plant landscapes, artificial or natural light: after two years of isolation in his atelier in Toulouse, Guillaume Bresson returns with lighting bodies staging and units opposites. The look moves on the canvas as a stretched tracking shot, from the large angle. The calibred compositions make some games of enigmatic signs coexist, some acronyms live together. The mixed times seem fixed, the shaded or slightly colored landscapes become significant and give rhythm those paintings that are now, more than ever, fresh and exquisite, yet still under pressure. As in « rap music where you can get groups of images that do not necessarily share logical or narrative links », guillaume bresson throws out pictorial punchlines and samples Art History. A History where you can find Titien, Poussin, Leonard, Nike Air, Kway, Lacoste tracksuits, shaved heads and looks * made in Berlin. Guillaume Bresson’s paintings have nothing to do with images broadcasted in the media. « I work on movements of illusion and disillusion » he says. Hence, you have zones of the paintings that are very realistic and smooth, an illusion soiled by sudden visible brushstrokes, accident marks, unfinished contrasts, deliberate imprecise details that makes us remember that we are in the 2D painting. Paintings that bresson does not always finish since the artist is done with « the idea to finish paintings » that does not really mean something at a time when mutation is permanent.

Exposition Guillaume Bresson, galerie Nathalie Obadia, 3 1 m ai - 2 1 jui l l e t , 3 Ru e C lo î tr e S t Me r r i 7 5 0 0 4 P a r i s

A 42 page catalog on the exhibition, published by Dilecta. 48 pages, French/ English, 15 euros. Published on 22nd June 2012 *



PLAY IT LIKE JAMES DEAN JACK BLACK, BEN STILLER & ROBERT DOWNEY JR

in Tropic Thunder

JACK NICHOLSON

Flew over the cuckoo's nest

RICK ROSS


Paris sous toutes ses coutures A

L.E.A.T.H.E.R. IN PARIS

u-delà des bien connues petites mains des maisons de haute couture, la confection de vêtements à Paris recouvre bien d’autres réalités. Enquête sur les traces de ceux qui perpétuent le Made in France à leur échelle. La mode a beau avoir un écho tout en prestige, partir sur les traces de ceux qui la font tous les jours à Paris revient à pousser les portes d’un univers ultra confidentiel. Des ateliers historiques de la rue Cambon au Sentier, en passant par les vastes entrepôts florissant au-delà de la ceinture périphérique, la confection parisienne recouvre des réalités aux antipodes les unes des autres. Qu’ils soient de jeunes créateurs préférant demeurer dans le secret, peu enclins à révéler au grand jour l’existence d’un façonnier bon marché ou des patrons de PME qui parviennent tant bien que mal à joindre les deux bouts à la faveur de libertés octroyées sur le code du travail, peu sont prêts à ouvrir les portes de leur atelier. Mais, qu’il s’agisse de haute couture, de luxe ou de prêt-à-porter, tous, à leur échelle, perpétuent une tradition en voie de disparition. Celle qui consiste à créer, confectionner ou assembler les vêtements auréolés du label Made in France.

À deux pas de la gare de l’Est, l’atelier Jean-Pascal Montaigne fait figure d’indéboulonnable chapelle. Spécialisé dans la confection de vestes en cuir, peaux et fourrures, le producteur indépendant ne connait pas la crise. Mieux, il serait presque débordé : « Chez nous, il n’y a pas de crise, il faut juste s’adapter. Parfois je suis même ennuyé lorsque je ne peux pas répondre à la demande parce que j’ai déjà trop de travail » explique, lucide, Jean-Pascal qui s’est installé ici en 1998. Sous les néons du 22, rue de Paradis sont confectionnées des pièces destinées aux plus grandes maisons de couture. « Nous sommes à la base et à la production. Avec le client, on fait la première pièce jusqu’à ce qu’on obtienne la bonne matière. Comme j’ai accès à toutes les tanneries du monde, je leur propose des nouveautés. Puis ça repart dans le showroom du client qui nous refile ensuite la production » détaille l’homme d’une cinquantaine d’années devant ces photos de Miles Davis et Sidney Bechet qui ornent le hall d’entrée de l’atelier. Dans la pièce du fond s’agitent une douzaine de modélistes, couturières et finisseuses alors que le thermomètre digital indique 28°. La plupart est là depuis dix ou vingt ans. Tous sont détenteurs d’un savoir faire de plus en plus rare : « Quand je dois remplacer un mécanicien, je mets un ou deux ans à trouver. Le mec qui a les mains en or, il est très bien. C’est un marché du travail assez particulier » s’amuse-t-il. L’ambiance studieuse et la chaleur étouffante donnent à la pièce les contours assurés d’un ouvroir. Une harmonie quasi-religieuse troublée de temps en temps par l’arrivée impromptue de joueurs de foot friands de vestes en crocodile et, parfois, de clients plus singuliers. « Au mois de mars, pendant la fashion week, un styliste a toqué à notre porte, raconte David. Il nous a dit qu’il avait un client très important qu’il fallait absolument aider à faire ses pièces. J’ai dit qu’on avait déjà beaucoup de commandes, qu’on travaillait jusqu’à 23 heures. Alors il a fait rentrer son client. C’était Kanye West. On lui a fait vingtcinq pièces de collection pour son défilé femme, en une semaine ». Le genre de péripétie déconnectée de la réalité du secteur. Jean-Pascal en est conscient : « Tout ce que l’on fait, les Chinois ou autres producteurs à bas coût ne savent pas le faire. Les maisons avec qui je travaille préfèrent le Made in France mais je suis aussi obligé de faire fabriquer ailleurs lorsqu’il s’agit de grandes quantités. Il n’y a plus assez d’ateliers en France depuis les années 1990. Alors ça m’arrive de faire produire en Turquie. » La Turquie, c’est l’alma mater de Mustafa Erbas. À 47 ans, l’homme a vingt ans de métier derrière lui. Débarqué à Paris à l’orée de ses douze piges, il a roulé sa bosse entre le Xe arrondissement et le Sentier avant de monter sa propre structure, AML Couture. Voila neuf mois, il a décidé d’enjamber le périphérique pour installer son atelier à Pantin dans l’un de ces immenses complexes entrepreneuriaux dont la proche banlieue parisienne est coutumière.

Comme beaucoup d’entreprises du secteur textile, AML Couture n’a pas eu d’autre alternative que l’exil forcé face au coût des loyers intra-muros. « Avec la mondialisation, les marques essaient de fabriquer en France aux prix des entreprises délocalisées. Mais ce n’est pas viable ou alors il faut que nous enfreignions les règles pour parvenir à joindre les deux bouts. Alors on s’adapte et on sort de Paris pour trouver des locaux un peu plus grands » explique un Mustafa dépité. Mais pas question pour lui de quitter la France : « J’ai grandi ici. J’ai essayé de faire fabriquer en Tunisie mais ça n’a pas marché, surtout au niveau de la qualité. Après c’est vrai que niveau prix, c’est imbattable. Avec une personne ici, j’en fait travailler six là-bas ». Voila donc un secteur qui pâtit de la conjoncture économique, comme la plupart des strates de la société, mais dont beaucoup des acteurs, dans l’incapacité de se renouveler, tentent tant bien que mal de maintenir leur activité à flot, non sans fatalisme. Nichée au cœur de l’axe Barbès-ChâteauRouge, la rue Saint-Luc est ainsi jalonnée par une kyrielle de petits ateliers africains spécialisés dans les vêtements traditionnels. Abdou Diouf, 40 ans, a choisi de monter sa boutique pour subvenir à des besoins que son seul salaire d’employé à la FNAC ne suffisait plus à satisfaire. « Après le boulot, je me repose jusqu’à 14 heures puis je viens coudre. Mais ça ne marche que l’été car l’hiver nos clients ne mettent pas nos vêtements. L’hiver je survis ». Les clients d’Abdou sont des particuliers : « Soit ils ont leur modèle, soit on leur propose. On leur montre les catalogues africain et européen puis ils choisissent » raconte l’homme en tournant les pages dudit catalogue européen qui se trouve être en réalité un numéro de MarieClaire tout droit sorti des années 90 auquel on a retiré la couverture. Logé dans cette rue où tous les artisans semblent se connaître tant ils s’apostrophent volontiers, l’atelier Zenko détonne. Katarina Zenko et son mari, la soixantaine à l’aise, tiennent la dragée haute à une ribambelle d’enseignes ethniques. Du temps du sentier, le couple était spécialisé dans l’assemblage au service des fabricants qui avaient pignon sur rue. « Maintenant on ne travaille plus que pour des jeunes créateurs qui ont leur boutique à Montmartre ou des autoentrepreneurs qui ont leurs propres modèles. », expliquent-t-ils. Venus de Croatie dans les années 70, ils sont des témoins privilégiés de l’évolution du métier. « Le Sentier est mort, constate Katarina de sa voix gouailleuse. Les Chinois ont tout inondé. Il a fallu changer notre façon de travailler. On a pu s’adapter en faisant notre propre fabrication. On a de la chance ». Et surtout la passion : « On donne toujours une mauvaise image des gens qui bossent dans la conception. A la télé, il est toujours question d’exploitation, de Chinois qui ne dorment pas. Mais nous, ce n’est pas ça. On travaille beaucoup mais c’est notre choix. C’est de l’artisanat. J’aurais pu changer mais pour faire quoi ? Je ne vais pas faire électricien pour me faire électrocuter. »


The Seamstresses Paris, examined from every angle

A L.E.A.T.H.E.R IN PARIS

longside the well-known haute couture seamstresses, the clothing industry has far more aspects. Let’s take a look at those who maintain the MADE IN FRANCE. Although fashion sounds prestigious, getting to know the ones that make it every day in Paris, feels like pushing the door of a very confidential universe. From the historical ateliers of Rue Cambon to the popular Sentier district, as well as in the large warehouses in the close suburbs, the Parisian clothing industry realities are opposite to one another. Whether they are young designers that prefer to be discreet and would not reveal the name of a cheap maker, or a boss of a small business that have trouble making ends meet because of all the rights imposed by the French labour law, only a couple of them are willing to open their ateliers for a visit. Haute Couture, luxury or ready-to-wear, they all, each at their level, perpetuate the almost endangered tradition. The tradition that creates, fabricates or sew together the clothes with the MADE IN FRANCE label.

Close to the Gare de l’Est, Jean Pascal Montaigne’s atelier is a real ineradicable chapel. Specialized in the fabrication of leather jackets, furs and other coats, the independent producer is not affected by the crisis. On the contrary, he is overbooked. “There is no crisis for us, we just need to adapt. Sometimes, I feel bad when I can’t do the job because I am already full” explains, realistically, Jean-Pascal that established the atelier in 1998. Under the neon of the 22 rue de Paradis, pieces for couture houses like Givenchy and Balenciaga, are made. “We are both at the design and at the production. With the client, we make the first piece until we have the right fabric. Since I have access to all the tanneries of the world, I can propose new leathers. Then it goes back to their showroom that makes us produce the stock afterwards” says the fiftyyear-old in front of Miles Davis and Sidney Bechet’s photos in the front hall of the atelier. In the back room, a dozen model makers, dressmakers and stitchers get the work done whereas the digital thermometer shows 28 degrees. Most of them have been here for ten or twenty years. They all have a savoir-faire which is becoming very rare : “When I have to replace a technician, it takes me about one or two years to find one. The guy who knows how to work, he’s great. It’s a very special labor market” laughs Jean-Pascal. The studious ambiance and stifling heat give the room the assumed appearance of a workroom. An almost religious harmony, which is sometimes perpetuated by the unexpected visit of football players that are very fond of crocodile jackets, and other special clients. “In March, during the fashion week, a stylist came to us”, tells David. “He told us the has a very important client that needed our help to produce his pieces. I said that we already had a lot of orders, that we were working until 11pm”. Then he let his client enter. It was Kanye West. We made 25 pieces for his womenswear fashion show in one week.” The kind of thing that doesn’t usually happen in the industry. Jean-Pascal knows it. “Everything we do, the Chinese or other cheap producers don’t know how to do it. The houses with which I work prefer the “MADE IN FRANCE” but I have to produce elsewhere when it comes to big orders. There is not enough ateliers in France since the 90’s. So I produce in Turkey sometimes.” Turkey, Mustafa Erbas’ alma mater. At 47 years old, the man has been in the business for 20 years. He came to France when he was just twelve and has made his way from the 10th district to the Sentier, before creating his own company AML Couture. Nine months ago, he decided to move his atelier to Pantin in one of the large warehouses that make up the close suburb. Like many textiles com-

panies, AML Couture did not really have another option than exile, facing the expensive rents within the Capital. “With globalization, brands try to produce in France with the same prices as in relocated factories. But it’s not possible or we have to cheat to meet both ends. Hence, we adapt and move outside of Paris to find bigger premises” explains Mustafa disappointed. But leaving France is out of the question. “I grew up here. I’ve tried to produce in Tunisia but it didn’t work out, especially for the quality. It’s true the price cannot be compared. With one person here, I have six workers there.” This is a sector that is affected by the economic situation, like other parts of society, but which many actors, not being able to switch to a different profession, try to keep their activity alive, with some fatalism. At the crossroad of Barbes – Chateau Rouge, the rue Saint Luc is filled with a bunch of small African ateliers specialized in traditional clothes. Abdou Diouf, 40 years old, chose to open his store to provide for his family since his FNAC salary was not enough. “After work I rest until 2pm and then I come to sew. But it only works during summer because during winter our clients don’t wear our clothes. During winter, I survive.” Abdou’s clients are individuals. “They either have their models or we suggest some. We show them European or African catalogs and they choose,” tells the man flipping the pages of what he calls the European catalog but which happens to be a 90’s Marie Claire without its cover. Right in the middle of this street where everybody seems to know each other, the Zenko atelier seems out of place. Katarina Zenko and her husband, both in their sixties, have imposed themselves next to the bunch of ethnic shops. Back in the Sentier days, the couple was specialized in assembling pieces for well-established makers. “Now we only work for young designers that have their boutique in Montmartre or auto-entrepreneurs that have their own models”, they explain. They came from Croatia in the 70’s and have been the privileged witnesses of the industry evolution. “The Sentier is dead,” says Katarina with a cheeky voice. “The Chinese have taken it all. We had to change the way we used to work. We were able to adapt by doing our own fabrication. We’re lucky.” Passion is essential. “We always give a bad image of people working in the clothing industry. On television, they always mention labor exploitation, the Chinese that don’t sleep. We’re far from this. We work a lot but it’s our choice. It’s craftsmanship. I would’ve change but what would I do? I don’t want to be an electrician to be electrocuted.”


SUREN

RODICA

Foreman a Jean-Pascal Montaigne for 10 years (Paris) 47 years old

Maker for one and a half year at AML Couture (Pantin) 36 years old

C

hez J-PM, Suren fait figure de super intendant. Pas un vêtement ne rentre ou ne sort de l’atelier sans être validé par ses soins. SON PARCOURS : « Ça représente beaucoup pour moi tant que ça reste dans le domaine du haut de gamme. Il y a de la création, de la supervision, il y a tout. Ce n’est pas qu’un vêtement en fait. Un vêtement qui a été fait en usine et un en atelier, ça respire autrement. On le perçoit autrement. Ça se voit. Il y a un certain cachet. J’ai toujours fait ça. J’ai toujours baigné dans le cuir. J’ai appris sur le tas, un peu partout mais toujours en atelier à Paris. C’est la meilleure école. On est confrontés à tous les cas de figure, toutes sortes de retouches ou de modèles. Avant d’être chef d’atelier, j’étais ouvrier. Mais je reste un ouvrier avant tout. » SON MÉTIER : « Monter un vêtement n’a plus de secret pour moi. C’est pour ça que je suis là aujourd’hui, c’est parce que je les connais par cœur. Par contre, j’apprends tous les jours, car chaque vêtement a ses spécificités. On ne se lasse jamais, on est au contact de personnes qui sont dans le domaine de l’imagination permanente, de la créativité constante. Mais eux sont dans le virtuel, nous on donne vie au vêtement. »

A

R

R

HIS CAREER : “I highly consider everything from the upmarket. There is creation, supervision, there is everything. It’s not only a cloth. A cloth made in factory and one made in an atelier does not have the same smell. It’s totally different and you can feel it. I’ve always work with leather. I’ve learner the job by practicing, in several places but always in Parisian ateliers. It’s the best school. You’re facing all the cases possible, all kinds of touching up or models. Before being foreman, I was a worker. I’m still one.”

SON PARCOURS : « Je suis arrivée à Paris il y a trois ans mais je suis couturière depuis douze ans. J’ai commencé en Roumanie. Je suis arrivé à AML Couture il y a un an et demi. Je ne cache pas que c’est avant tout pour l’argent que je le fais. On m’a dit que je pourrais gagner davantage ici que chez moi et c’est vrai, c’est plus confort. »

HER CAREER : « I arrived in Paris three years ago, but I’ve been working as a dressmaker for twelve years. I started in Romania. I entered AML Couture a year and a half ago. I’m not ashamed to say I do it for the money. I’ve been told that I would earn more money here than back home and it’s true, it’s more confortable. »

t J-PM, Suren represents the super intendant. No cloth enters nor leaves the atelier before he has checked it.

HIS JOB : “Making a cloth is no longer a secret for me. This is why I’m here today, because I know them so well. Yet, I still learn everyday because each cloth is special. We’re never bored, we’re in contact with people that have a permanent imagination, a constant creativity. But they keep it virtual, we give life to cloths.”

odica est l’une des ouvrières des innombrables ateliers que comptent Pantin et la banlieue Nord de Paris. Elle a appris à confectionner des robes à Baia Mare, ville du Nord-Ouest de la Roumanie, tristement célèbre pour la catastrophe industrielle de 2000 lors de laquelle des tonnes de cyanure furent déversées jusque dans le Danube.

SON MÉTIER : « J’aime beaucoup ce métier et le travail de couture sur les machines. D’abord parce que ce n’est pas un travail pénible, on est assis toute la journée. C’est mieux pour mes problèmes de dos. Ensuite parce que j’aime beaucoup assembler des vestes et des manteaux, c’est ce que je maîtrise le plus. Pour moi le métier n’est pas si différent en France qu’en Roumanie. Je faisais déjà des manteaux et des vestes là-bas. Ici, c’est juste la même chose en mieux payé. »

odica is one of the workers from the numerous ateliers of Pantin and the northern suburb of Paris. She has learned to makes dresses in Baia Mare, sadly famous for the industrial catastrophy that happened in 2000 and during which tons of cyanide was poured in the Danube.

HER JOB : « I really like this job and the sewing work on the machines. First because it’s not a painful job, we’re seated all day long. It’s better for my back problems. Then, because I like making jackets and coats, those are the ones I master the most. In my opinion, the job is not significantly different in France and Romania. I was already doing jackets and coats before. Here, it’s the same task but better paid. »


MARIE MAD ELEINE

NAD ÈG E WINTER

G REEN PARTY ACTI VI ST

UPRI SI NG FRENCH BAND


PED RO WI NTER

STALLEY

MAYBACH MUSI C MAVERI CK

FRENCH ELECTRO G OD FATHER


Adam Bryce Hype slammer Dénicheur compulsif des choses qui font l’essence de la rue, dans sa forme et dans son fond, du canaille au précieux, l’Anglais Adam Bryce a fondé en 2003 le site SlamxHype, histoire de rassembler toutes ses trouvailles sur une même plateforme. Carrefour des modes, des tendances et des cultures, le site s’est imposé en quelques années comme l’onglet de référence du lifestyle indé. À ce titre, SlamxHype a été l’un des premiers médias à mettre en avant les collections de BWGH. Hyper et pro-actif, Adam Bryce vient de lancer deux autres publications, New Order et Post New, pour creuser toujours plus profond et tracer toujours plus loin le sillon de la culture street.

s l a m x h y p e . c o m

P o s t n e w . c o m

P hotos © N ikola P avlinovic

À quels besoins, à quelles envies vouliez vous répondre lorsque vous avez lancé SlamxHype en 2003 ? À l’époque, la blogosphère émergeait à peine. Il n’y avait alors rien sur la Toile qui sache mixer l’univers du streetwear avec celui de la mode plus traditionnel et tout en donnant de l’écho à l’intérêt croissant porté aux sneakers et à l’art. La street culture telle qu’on la connaît aujourd’hui n’existait pas. Moi, je voulais créer ce mélange des genres, tout simplement parce que j’en avais envie, je voulais pouvoir avoir accès aux choses que j’aimais de cette manière. En 2003, j’étais un ado qui lisait aussi bien Vogue que Trasher et qui collectionnait les sneakers. Pour choper mes inspirations, je devais lire un tas de magazines. Je rêvais d’en avoir un seul à disposition qui me donnerait d’un coup toutes ces inspirations. D’où l’idée de créer SlamxHype et de le penser comme le carrefour de mes centres d’intérêt. Qui sont, d’après vous, les gens qui vont justement puiser leurs inspirations sur SlamxHype ? Le lecteur lambda de SlamxHype est un type qui s’intéresse aux esthétiques nouvelles. Il s’agit de quelqu’un qui a longtemps fait du skate mais qui travaille désormais dans un milieu créatif. Pour être plus concret, disons que nous nous adressons aux gens qui veulent des produits qui ne sont pas rattachés au mainstream, qui ne sont pas adossés au monde de nos parents.

Compulsive snooper of items that make the street’s quintessence, in both its form and content, from the scoundrel to the precious, British Adam Bryce founded in 2003 the Slamxhype website, to gather all his discoveries on a same platform. Crossroad of fashion, trends and cultures, the website has become, in just a couple of years, as the lifestyle INDE reference bookmark. As such, SlamxHype was amongst the first ones to give a chance to BWGH collections. Hyper and pro-active, Adam Bryce has just launched two other publications, New Order and Post New, to dig even deeper and draw the street cuture line further.

Selon vous, quelle est la vraie définition du mot « cool » ? Le « cool » correspond à ce qui fait changer les choses. Les gens « cools » sont ceux qui savent aller à contre-courant pour porter de nouvelles idées. Le souci, c’est qu’aujourd’hui, chacun élabore sa propre définition du « cool ». Quand des entreprises déclarent qu’elles

visent un public de « cools », elles ont dans le viseur des gens qui sont précurseurs dans leur manière de consommer des biens. Ces derniers sont les « influenceurs », les « early adopters », les « game changers » dont on parle tout le temps aujourd’hui. En fait, on s’y perd pas mal et de fait, le « cool » devient vaporeux. On entend de plus en plus que tel ou tel produit est « trop cool ». Au final, on ne sait plus où donner de la tête et le « cool » perd de sa valeur. SlamxHype est-il une plateforme dédiée au « cool » tel que vous le définissez ? Je crois que oui. Nous mettons en avant des idées, des tendances, des produits dont nous croyons au « cool ». Il s’agit surtout de tout un tas de choses qui doivent aider nos lecteurs à se sentir bien, à se sentir « cool » dans leur tête. Pouvez-vous comparer le streetwear des années 90 avec celui d’aujourd’hui ? Internet a joué un rôle majeur dans l’évolution du streetwear depuis dix ans. Ceux qui étaient présents sur ce créneau avant le développement du web sont nombreux à détester ce que sont devenus la street culture et le streetwear aujourd’hui. En fait, il y a une différence de taille : avant, le streetwear correspondait à un vrai style de vie ; en porter, c’était signifier son appartenance à une vraie culture indé. Il y avait quelque chose de l’ordre de l’affirmation. Aujourd’hui, il s’agit seulement d’une mode. Le streetwear a perdu de son essence, la forme a pris le pas sur le fond. Le streetwear est tellement partout que l’on a plus besoin de comprendre son histoire et les valeurs qu’il représente pour en acheter et en porter. Et puis avant, il fallait fouiner pour trouver des sapes du genre, il fallait savoir faire preuve de patience pour en dénicher et seuls ceux pour qui cette démarche avait un réel sens en portaient. Aujourd’hui, il n’y a même plus à chercher, le streewear vient à nous. On porte du streetwear comme ça, sans être street.

What kind of need did SlamxHype fill when you launched it ? When I launched SlamxHype, blogs were still very new and there was no one mixing streetwear with fashion and sneakers and art. There was no street culture as it is today. I wanted to create something for myself in a way. I was the type of kid who would read Vogue, but also Thrasher, and at the same time collect sneakers - I felt as though to get the inspiration and news I needed I needed to read numerous magazines and I would rather have just read one. Who are your readers ? SlamxHype reaches a male who’s very interested in new product and a particular aesthetic. The guy who used to skate, but now works in the creative community. The more analytical answer would be, anyone who’s interested in product and movements that speak to a different world, a world that isn’t run by your parents. What does the word « cool » mean to you ? Cool is things that make change! Cool people are people who stand up and take new ideas to the world in whatever form that be. It becomes more apparent everyday that the word means something very different to everyone. When corporate companies say they want to reach « cool » people that is a group of people who are slightly ahead of the mainstream curve. With phrases like influencers, early adopters, game changers that float around - the world is confused as to who that is and therefore confused as to what cool is... I hear things like « thats too cool » alot. My opinion is that things can’t be too cool.

Is SlamxHype a cool dealer ? Yeah I guess thats exactly what it is - its about what we think is cool and what our audience thinks is cool and more importantly, will help them feel good about themselves and cool in their mind. Can you compare the streetwear of the nineties to the 2012 streetwear ? In my opinion the Internet has played a massive role in its evolution. Some of us who are older and were around before the Internet street culture world often look at what streetwear is today and hate on it.. thats only because its different. Unfortunately the main difference is the problem - the fact that streetwear was about standing up for what you believe in, making statements and living a culture - whereas now its a style of fashion. The frustrating thing to older heads is the lack of understanding or belief in the bigger picture. Streetwear is so accessable now (or even disposable) that you don’t need to know the meaning behind a graphic of a style of pants to get your hands on the item and wear it. The internet’s own validation is enough. It used to require a hunt, you would only hunt if it really meant something to you, whereas now the hunt isn’t required so you can just wear it without being it. All that aside - its a different world now and one that we need to embrace, its a style of fashion now and a strong one, one that impacts fashion on a global scale. It’s important for us to continue to drive this forward and do a better job in communicating this movement.


Ceci dit, il faut savoir comprendre cette évolution. Il faut comprendre que le streetwear est désormais devenu une mode à part entière, qui a un véritable impact sur la société. Il faut embrasser cette évolution et continuer à porter de l’avant le streewear et la street culture. Sur ce créneau, on retrouve généralement toujours les mêmes têtes, d’Ari Marcopoulos à Aaron Bondaroff. Ce sont eux les icônes de cette culture ? Absolument. Ce sont des types qui créent et font évoluer perpétuellement cette culture, c’est normal de leur consacrer régulièrement des focus. Ari réalise un incroyable travail de documentation de cette culture, la vulgarise et la rend accessible au grand public ; Aaron, lui, est une sorte de porte-parole. C’est un type qui donne le La, la température de la street culture, que ce soit avec Supreme, aNYthing et désormais avec Ohwow. Je trouve que le terme « influenceur » est galvaudé depuis quelques années mais, pour le coup, les deux personnages dont on parle sont vraiment des « influenceurs » au sens où il est intéressant de les suivre et de les écouter. Vous avez récemment crée New Order, un magazine qui fait la part belle aux interviews de personnalités qui s’inscrivent dans le sillage d’ Ari Marcopoulos ou Aron Bondaroff. Quelle est l’histoire que vous a le plus marqué jusque ici ? Pour le coup, celle d’Aaron Bondaroff est unique. Mais je pourrais également parler d’Erik Brunetti, de Rick Owens ou encore de Richard Prince. En réalité, ce n’est pas vraiment évident de retenir un papier parmi tous ceux réalisés…il y en a tant.

Vous avez également lancé une autre publication en ligne : Post New. Quel en est le concept ? L’idée, c’est de s’inspirer des philosophies des magazines que l’on aime pour les retranscrire de manière digitale. Je ne parle pas d’un simple mag en ligne mais d’un média digital avec toutes les possibilités que cela comporte. Avec Post New, nous racontons les histoires de personnalités, nous décryptons des mouvements que l’on considère comme influents, au passé, au présent et au futur. Si l’on envisage SlamxHype comme une sorte d’instantané rapide de ce qu’est la street culture d’aujourd’hui, Post New nous donne l’opportunité de dessiner les contours d’un monde nouveau, tel qu’il nous correspond.

On the field of the streeculture, there are personnalities that we can find all the time, in each and every specialized publication, such as Ari Marcopoulos or Aaron Bondaroff. Why so ? Are they some king of streetculture icons ? Absolutely. Ari and Aaron as you mention play a massive role in their own ways. Ari for documenting the culture in its raw sense and bringing through his documentation our world to the masses through fine art. Aaron is a spokesperson of the culture and a creator, someone who has played a massive role in setting the tone - whether that be through Supreme, aNYthing, or now through Ohwow. The word « influencer » is thrown around too easily but there are genuine influencers out there and they are important to look at and speak to. You recently launched a printed publication : New Order. In this magazine, we can fin a lot of interviews of artists like Ari Marcopoulos and Aaron Bondaroff. Can you talk to us about the story that has striked you the most so far ? I think Aaron Bondaroff’s story is unique, as is Erik Brunetti’s, Rick Owens, Richard Prince... it’s hard to pinpoint a particular story which is the one I have been affected by - but these are all ones I still think about a lot.

What is the concept, the idea of Post New, another magazine you’ve just released ? Post New is best described as a way of taking many of the brand philosophies that have made successful print magazines over the years and apply these to a digital media. Not an online magazine, but a digital media channel which is curated to a higher level, looks to tell new stories, and consider its own brand. We tell stories of people and movements which we see as being influential whether that be today, tomorrow or in the past. We try to set a new tone. If SlamxHype is a quick and frequent look at street culture, The New Order is a deeper look into this world, Post New is about creating a new world : ours.


OUROUK BY LU D OV I C Z U I L I







faces

Qui es-tu ? THEESatisfaction Que fais-tu ? Créer. Là tout de suite tu voudrais être où ? Sur Mars en 2057. Un nouveau sport pour les JO ? Le cricket c'est un option ? La dernière fois que tu t’es énervé ? Je m'énerve pas vraiment... Ton drunk text le plus honteux ? C'est qui ?! Le pire endroit où t’as dormi ? Dans le train ? Une sape que tu portes tout le temps ? Des chaussures ! Parce qu'il y a du verre cassé partout. Où est Charlie ? J'sais pas.

Who are you ? THEESatisfaction What do you do in life ? Create. Right now, where would you like to be ? On Mars 2057. What brand new sport you'd pick up for the upcoming Olympics ? Cricket, is that an option? The last time you got mad ? Why ? Don't get mad. Your most shameful drunk text message ? Who is this? The worst place you fall asleep at ? On the train? A cloth you always wear ? Shoes, cuz there's broken glass everywhere. Where's Waldo? I dunno.

Qui es-tu ? Jack Lowe, fondateur et directeur de HUH un magazine doublé d’un shop en ligne. Que fais-tu à ce moment présent ? Je suis dans notre boutique de Londres, pour faire quelques changements sur notre site et pour lire quelques blogs. Le meilleur Tweet que tu aies lu ? Je ne pense pas en avoir un seul ! J’en ai lu quelques uns de vraiment intéressants ou hilarants, mais rien qui me vienne à l’esprit. Fat Jew (@FATJEW) est toujours bon à follower. C’était mieux avant ? Bien sûr que non ! Je n’aime pas penser au passé. Certains le regardent avec des verres tout roses. Je préfère penser au futur. Ta vision de l’art contemporain ? Je suis un grand fan d’art contemporain. Je le trouve simplement beaucoup plus intéressant que des oeuvres ou des mouvements plus vieux. Qu’est-ce que tu portes aujourd’hui ? Nike Free Runs, chino Carhartt et un t-shirt noir. Il fait chaud aujourd’hui. Est-ce que tu vas au ciné tout seul ? Jamais. Je n’aime pas aller où que ce soit tout seul. Qui sont-ils ? Quels sont leurs réseaux ? Les jeunes. Je suis déjà trop vieux, j’ai 25 ans. Leur réseau c’est le BBM. Qui est le vrai roi du monde ? Jack Lowe. Qu’as-tu déjà fait d’héroïque ? J’ai empêché la trotinette d’un enfant de passer sous un bus. Oh, j’ai sauvé mon frère de la noyade, quand j’étais plus petit. Qu’est devenu le beau gosse du collège ? J’ai entendu dire qu’il était maintenant fondateur et directeur de HUH.

Who are you ? Jack Lowe, the founder and director of HUH. - an online magazine and store. What are you doing right now ? I’m in our London store, working on some changes to the website and reading a few blogs. The best Tweet you ever read ? I’m not sure I have one! I’ve definitely read some hilarious and interesting tweets but none really come to mind right now. The Fat Jew (@FATJEW) is always good to follow. Was it better before ? Definitely not ! I don’t like to reminisce. People always look back with rose tinted glasses. I prefer to think about the future. Your vision of contemporary art ? I’m a big fan of contemporary art. I just naturally find it a lot more exciting than older works or movements. What are you wearing today ? Nike Free Runs, Carhartt chinos and a black t-shirt. It’s hot today. Do you go to the movies alone ? Never. I don’t really like to go anywhere alone. Who are they? What are their networks ? Kids. I’m already too old now I’m 25. Their network is BBM. Who is the true king of the world? Jack Lowe. What heroic act have you already performed ? I stopped a boy’s scooter rolling in front of a bus the other day. Oh, I saved my brother from the sea when I was younger too. What did happen to the most handsmone boy of your high school ? I heard he’s now the founder and director of HUH.

Qui es-tu ? Guillaume Salmon Que fais-tu ? RP de la boutique Colette. Le clip qui t’as le plus marqué ? Comme beaucoup, Thriller. Quelle question poser à un journaliste ? Tout va bien ? Que puis-je faire pour vous ? Surtout n’hésitez pas, je suis à votre disposition... Le moyen de transport de tes rêves ? Une rame de TGV seule et unique pour moi, en liaison directe entre Paris et Dinard (Bretagne), avec de grands canapés et tout l’équipement nécessaire. Durée du trajet, 2h max. Une pièce vestimentaire dont tu ne vois pas l’intérêt ? Les mocassins à glands. Le personnage de dessin animé le plus classe ? Albert. Le premier truc que t’as acheté avec tes sous ? 3 CDs, au virgin des Champs: le premier NTM, Fear of a Black Planet de Public Enemy et la BO de Colors. Ce que tu ramènes à boire en soirée ? Champagne rosé et/ou Rhum. Des glands sur les mocassins, pourquoi ? Cf. plus haut. Où est l’avenir ? Chez ceux qui se couchent tard et se lèvent tôt. Une source d’excitation ? Le Parc des Princes. Le truc que t’oublies tout le temps quand tu pars de chez toi ? Fermer mes velux les jours de pluie.

Who are you ? Guillaume Salmon. What do you do ? PR of the Colette shop. The video clip which had the most influence on you ? As a lot of us, Thriller. Question to be asked to a journalist ? Everything is ok ? What can I do for you ? Please do not hesitate, I’m at your disposal. Your dream transportation ? A high speed train for myself only with a direct line between Paris and Dinard (Britanny) with big couches and full equipment. Length of the journey: 2 hours max. A piece of clothing you don’t see the point of ? Tassel loafers. The classiest cartoon character ? Albert. The first thing you bought with your own money ? 3 LPs at the Champs-Elysées Virgin Mega Store: NTM, Fear of a Black Planet from Public Enemy, and the Soundtrack of Colors. What you bring to drink at a party ? Champagne rosé and/or Rhum. Tassels on loafers, why ? See above. Where is the future ? In those who go to sleep late and get up early. A source of excitment ? The Parc des Princes. The thing that you forget every time you leave home ? To close the roof windows the days of rain.

Qui es-tu ? Un gars, pas comme les autres, pas mal nerd. Je suis étudiant, pas que photographe. Et oui les gars, j’ai unev double vie, je fais pas que des photos. Je perds pas mon temps à des soirées foireuses. Que fais-tu ? Ancien pilote d’essai de la NASA, reconverti dans la photographie pour des events, des marques, des websites. L’univers est, comme qui dirait, un peu «hype». Ça change pas mal de la NASA et des centres d’essais, à l’époque on volait sur F-105 Thunderchief, on résolvait des équations comme dans Las Vegas 21, mais en vrai. Discuter après l’amour c’est démodé ? C’est chelou, sans aucun doute. Tu n’as «rien de dangereux ni d’illicite» sur toi ? Malheureusement non, mais j’aimerais bien un flashbang ou un truc dans le genre. L’homme descend du singe mais de qui descend le singe ? Je pense que l’ami Wikipedia pourrait aider. Quel est ton indice de crème solaire ? Le plus bas possible, c’est toujours cool de pouvoir bronzer et de faire l’étalon italien. Pourquoi il y a de plus en plus d’algues en Bretagne ? Aucune idée et concrètement, j’ai pas envie de savoir, L.A. me convient. Quel est l’intérêt de courir un 100 mètres en moins de dix secondes ? Un challenge de la vie, la vie en est un et c’est tous les jours que tu dois courir. Les choses ne sont pas auss simples. Dans quelle situation du quotidien un saut à la perche peut-être vitale ? Dans un incendie, je pense, ou bien si ton tour de fakir a mal tourné.

Who are you ? A guy, like no other guy, quite nerdy. I’m a student, not only a photograph. Yes guys, I have a double life, I don’t just take pictures. I don’t waste my time going to shitty parties. What are you doing? I used to be a test pilot for NASA, I then switched to photography for events, brands,websites. The environment is kind of ‘hype’. It’s a great change compared to NASA and the test centers, back in the days, we flew with F-105 Thunderchief, we solved equations like in Las Vegas 21 but for real. Is talking after love oldfashioned ? It’s weird, no doubt. You don’t have any dangerous or illegal thing with you ? Unfortunately, no, but I would like to get a flashbang or something like that. Man comes from the ape but where does the ape come from ? I guess your friend Wikipedia could answer that one. What is your sun protection factor ? The lowest possible, it’s always cool to tan and play it like an Italian Stallion. Why is seaweed increasing in Brittany ? No idea and I don’t really want to know, I’m pleased with LA. What’s the point of running 100 meters in less than 10 seconds ? A life’s challenge, life is one and you have to run each day. Things are not that simple. When, in your daily life, would a pole vault be vital ? During a fire, I guess or if your Fakir performance didn’t go well.


Qui es-tu ? Alpha Wann ! Que fais-tu ? Des grosses rimes et des bons morceaux. La proposition la plus foireuse qu’on t’ait jamais faite ? Hier dans la rue un fan de 13 ans m’a proposé de venir à sa soirée, qu’il y aurait plein de beuh et plein de personnes... Tu voudrais apprendre à parler quelle langue ? J’ai un bon niveau en espagnol mais j’aimerais le parler couramment ! Le premier animal que tu vas voir au zoo ? Le plus gros gorille. Un disque que t’aurais jamais dû passer en soirée ? Un disque que j’aurais jamais dû passer...J’pourrais donner plein de noms mais je vais encore avoir des blems avec des rappeurs français haha Qui tire les ficelles ? Surement une société secrète ! Les illuminati mais pas la version cheap des gens avec Kanye, Jay-z and co.. Un truc horrible que tes parents t’ont forcé à porter ? Mes parents m’ont jamais mis des sapes que je détestais vraiment vraiment, surement les futs en velours rouges ou verts, mais en vrai j’me sentais sawagged up avec ça ! La première personne qui t’as inspiré ? La première personne qui m’a inspiré c’est mon cousin, d’ailleurs il s’appelle Alpha aussi ! Ce que tu n’oublieras pas de faire ce soir ? Noter qu’il faut que j’aille à la banque. Ce que tu ramènes d’une forêt ? Les enfants disparus ! Si tu devais être arrêté par les flics, ce serait pour quoi ? Personne n’arrête Alpha Wann...

Who are you ? Alpha Wann ! What are you doing ? Swag rhymes and sweet tunes. The most ridiculous offer someone ever made you ? Yesterday, in the street, a 13 yearold fan offered me to come to his party, saying there’d be plenty of weed and plenty of people. What language would you want to learn ? I speak good spanish, but I’d love to be fluent. What’s the first animal you’re going to see at the zoo ? The biggest gorilla ! A record you wish you’d never played during a party ? A record I wish I’d never played... I could give plenty of names, but I’m gonna get myself in trouble with some french rappers. Who’s in charge ? Probably a secret society. Kind of like the Illumati, only not the cheap version with Kanye and Jay-z. The first person who inspired you ? My cousin. By the way, his name’s also Alpha ! What are you not going to forget tonight ? I have to go to the bank. What do you bring back from a forest ? Missing children ! If you got arrested, what would it be for ? Nobody arrests Alpha Wann !

Qui es-tu ? Je m’appelle Winslow Laroche. Je me considère comme un artiste qui ne cesse d’apprendre. Sinon, je viens d’avoir 23 ans. Que fais-tu dans la vie ? Je fais de la photo, j’écris, je dors, je me relaxe et j’essaye de voyager tant que je peux. J’ai aussi un blog, «The Bengal Stripe». C’est un blog d’inspirations. On y retrouve pas mal d’art contemporain et des travaux de mes proches. Qu’est-ce que tu pourrais écrire sur un mur ? J’écrirais «Stop Making Sense», ça vient de ma chanson préférée des Talking Heads, «Girlfriend is Better». Ou je pourrais écrire «It’s a Strange Paradise», c’est tiré de «Irene» des Beach House. D’où vient le mot «cool» ? Allez demander à Miles Davis. Il doit le savoir, lui. Qu’est ce que ça fait de boire de la Jägermeister ? Je crois que c’est comme comme lorsque l’on a lu plus de la moitié d’un bouquin mais que l’on arrive pas à terminer ce dernier. Ou encore comme un mauvais coup d’un soir. Que se passe-t-il en Azerbaïdjan en ce moment ? The TANAP Pourquoi les journalistes de The Economist ne signent pas leurs papiers ? Que que ça peut foutre ? Ces types ont une large audience et un vrai style. Savoir qui a écrit tel ou tel papier est le cadet des soucis du lectorat. Ton prochain post sur Facebook ? Sûrement un son que j’aurais trouvé tard dans la nuit. Une rumeur concernant la pleine Lune ? Je ne comprends pas pourquoi, moi, je ne peux pas être sur la Lune en ce moment. Et maintenant, que fait-on ? C’est l’année de la Honte. Il n’y a qu’a voir ce que dit Louis CK à ce sujet. Et je crois que l’année prochaine sera celle du Regret. Mais à ce moment-là, je regarderais les choses de loin.

Who are you ? My name’s Winslow Laroche. I consider myself an artist who’s still learning. I recently turned 23. What do you do ? Take photographs, max & relax, write, sleep & try to travel. Also, I have a blog called «The Bengal Stripe» which is an inspiration blog. I post contemporary art as well as the work from my talented peers. What would you write on walls ? I would write «Stop Making Sense» from my favorite Talking Heads song, «Girlfriend Is Better» or «It’s a strange paradise» from «Irene» by Beach House. Where does the word «cool» come from ? Ask Miles Davis, he might know. How does it feel to drink Jägermeister ? Drinking Jägermeister feels like a lazy one-night stand or a book you are more than half through and never finish. What’s going on in Azerbaijan right now ? The TANAP Why don’t the journalists writing for The Economist sign their articles ? Why does it matter? They have a certain fan base and aesthetic and knowing the author of a piece is the last of their worries. Your next post on Facebook ? Probably a song I am diggin’ lately A rumor about the full Moon ? I don’t understand why I can’t be on the Moon right now What are we doing next ? We are in the year of Shame. Look at the genius of Louis CK, who is addressing those issues beautifully. For some reason, I think next year will be the year of Regret, but it will be all uphill from there.

Qui es-tu ? Justin R. Saunders. Que fais-tu dans la vie ? De la direction artistique et de la recherche et développement. J’ai aussi un blog : “JJJJound”. C'est un blog que j'ai crée en 2006, avant l'ére Tumblr. Ce sont des références et des humeurs liés à des projets dans lesquels je suis impliqués ou dans lesquels j'aurais aimé l'être. Ton gimmick de rap favori ? Les trap beats. Mais, bon sang, qui est Francky Knuckles ? Tu parles du type qui fais de la house ? Pourquoi le camo est-il autant à la mode ? Je crois que ça donne l’impression à ceux qui en portent qu’ils sont plus forts. Un mot pour ton ancien professeur ? “Si tu joues maintenant, tu prendras cher plus tard.” Qui représentes-tu ? Je ne suis pas connu pour représenter tant que ça. Quel est le problème de Vladimir Poutine ? Thug Life. Où inviterais-tu Sarah Palin à dîner ? Chez elle, sur son canapé en peau d’ours.

Who are you ? Justin R. Saunders. What do you do ? Art direction and Research & Development. I also have a blog called “JJJJound”. JJJJound is awordless blog i started playing around with in 2006 and has been getting me online exposure since. Pre-Tumblr era. Basically References and moods from various projects I’m been involved I or wish I was involved in. Your favourite gimmick in the rap game ? Trap beats. Who the fuck is Francky Knuckles ? You mean the House dude ? Why is camo so trendy ? It makes weak people feel tough I guess. A word for your former teacher ? “If you play now, you’ll suffer later.” Who are you reppin’ ? I’ve been known not to rep much. What’s wrong whith Vladimir Poutine ? Thug Life. Where would you have dinner with Sarah Palin ? At her house on the Bear sofa.

Qui es-tu ? Un gamin juif de Queens. Que fais-tu ? Je finis cette interview tout en bossant sur les cartes d’Automne 2013. Qu’aimerais-tu conduire ? La première Batmobile. Un mot à ajouter au dictionnaire ? Shahaim. Ta meilleure technique de triche au lycée ? M’asseoir à côté des meufs asiat’ et attirer leur attention avec des coups de pied. Le fashion faux-pas qui ruine ton premier rencard ? Si elle a des vêtements trop larges, c’est mort. Bye. Ton plus grand succès ? Avoir été nommé « meilleur oncle » par mes trois neveux. Ton premier patin, c’était où ? Dans un cinéma, en regardant Légendes d’Automne. On s’est emballés pendant trois heures, j’ai vomi après. Ton dédoublement de personnalité ? Je suis Gémeaux, c’est permis. Quand as-tu arrêté de pousser ? Tu veux dire la taille ? C’est le seul truc qui ait arrêté, je dirais vers 15 ans.

Who are you ? A jewish kid from Queens. What are you doing right now? Finishing this interview while working on Fall 2013 cards. What would you like to drive ? The first Batmobile. One word to add to the dictionary ? Shahaim. Your best cheat technique in High School ? Sit next to the asian girls and hook them up with kicks. The fashion «faux-pas» which ruins it at the first date ? If a girl wears oversized clothing on the first date it’s a wrap. Bye. Your biggest achievement ? Being labeled «favorite uncle» by my three nephews. Your first french kiss, where was it ? In a movie theatre while watching Legends Of The Fall. It was a 3-hour make out session, I threw up afterwards. Your multiple personality disorder ? I’m a gemini, we’re allowed. When did you stop growing ? You mean height? That’s the only growth that stopped, I was 15.


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