S P R I N G/S U M M E R 20 1 3
S P R I N G/S U M M E R 20 1 3
LE MAGAZINE
SECOND ISSUE
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insi va la mode, ainsi va la vie. Une collec tion chasse l’autre, une saison succède à la précédente. Que voulez-vous, Brooklyn We Go Hard n’échappe pas aux lois universelles. Mais collection après collection, saison après saison, nous grandissons, nous bourgeonnons, comme on dit au printemps. Aux premières lueurs de notre existence, BWGH était une marque de streetwear comme il en existe bien d’autres. Nous avions célébré notre naissance avec des tee-shirts puis la saison suivante, des chemises étaient venues égailler l’été, y mettre de la diversité. Et l’histoire s’est écrite ainsi, toujours dans une certaine continuité. Aux chemises se sont greffés des mailles et des pantalons ; au-dessus des mailles teaux et des chaussures. Cette nouvelle collection, « Burano », correspond à un moment-clé de notre histoire. Pour la première fois depuis la création de la marque, c’est un vestiaire entier ainsi que les accessoires essentiels d’une garde-robe que nous En même temps que la marque grandit avec ses designers, qu’elle sort du créneau réducteur dans lequel on a pu vouloir l’enfermer, nous avons aussi souhaité donner de la hauteur à ce nouveau numéro de notre magazine. En rencontrant ceux qui font l’époque. En allant là où se vit l’époque. En montrant toujours plus, c’est important, notre attachement viscéral aux créateurs de tout horizon. De la musique au cinéma, sans oublier les arts plastiques. Des rappeurs américains à la crème du cinéma italien. De la virtuosité de l’artiste Philippe Pasqua à la prodigiosité du DJ A-Trak. Et manière de célébrer « Burano », notre nouvelle collection, nous nous sommes justement rendus dans la petite île du même nom, au nord de Venise. Dans ce village de pêcheurs où chaque maison respire la poésie, dans ce coin relativement préservé du tumulte du monde, nous sommes allés puiser l’essence d’une Italie paisible, humer l’air et l’âme de cette miniature de la « Sérénissime ». Nous avons imaginé une collection à l’image de cet endroit où chaque maison arbore une couleur différente de sa voisine. Nous avons tenté d’in-
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ashion goes on, life goes on. One collection tails another; one season follows the previous. Brooklyn We Go Hard does not escape these universal laws. However, collection after collection, season after season, we grow and bud, as we say in the springtime. In the beginning, BWGH was a streetwear company like any other. We celebrated our birth with tee shirts and the next season, we came out with shirts to lighten the summer and provide diversity. And the rest is history, with a clear continuity moving forward. The shirts were paired with sweatshirts and pants, and then coats sweatshirts and at the feet of the pants. This new collection, “Burano,” corresponds to a in the creation of our brand, we are proud to present an entire wardrobe along with all the essential accessories. At the same time as the brand and its designers progressed beyond the reductive scope to which they may have been limited, we desired to bring these high standards to the new issue of our magazine. By meeting those who shape our generation. By going to the places where our generation is living. By increasingly showing our visceral devotion to creators of all types. From music to movies, including plastic art. From American rappers to the pinnacle of Italian cinema. From the virtuosity of the artist Philippe Pasqua to the prodigious DJ A-Trak.
cyan, de mocca, de camel ou encore d’ocre qu’on retrouve sur ces façades. BWGH célèbre ainsi son retour en vous offrant un vestiaire fait de tissus que nous sommes allés chercher aux quatre coins du monde du Japon au Royaume-Uni, de passementeries réalisées à partir de ses cordages et d’accessoires en veaux velours et coton huilé.
And in order to celebrate “Burano,” our new collection, we went to its small namesake ismen, where each house emits poetry, in this haven relatively preserved from the tumultuous world, we intended to bring forth the essence of peaceful Italy, to breath the air and the spirit of this miniature of the “Serenissima.” We imagined a collection that conveyed the image of this location where each house is a different color than its neighbor. We attempted to infuse our clothing with the shades of the bricks, of cyan, of mocha, of camel, or of the ocher found on the facades. BWGH celebrates its return by offering you a wardrobe made of fabric that we searched for in all corners of the world from Japan to the United Kingdom, with trimmings of cord and accessories of calfskin suede and waxed cotton.
Arrivé à ce stade, notre dernier mot sera double : bon voyage !
Having reached this point, we have two last words: bon voyage!
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Styliste de formation, Bérangère Claire a notamment fait ses armes chez MTV du côté de New York. C’est là-bas, au pied du skyline que la nana a décidé de lancer une marque à son nom avec pour l’objectif fou « d’habiller les hommes ». Pas plus, pas moins. Le pitch : travailler un style chic mais simple et accessible pour tous en se basant sur une alliance des allures « preppy » et « redneck », entre mine patricienne de la côte Est et dégaine bourrue du grand air. De fait, la première collection signée et ciglée Bérangère Claire, présentée en 2007, déroulait une série de chemises à carreaux aux matières, coupes et couleurs parfaitement adaptées au moment. À l’époque, le nom de la créatrice circulait sur Myspace et les joyeux drilles des Fluokids la jouaient VRP de luxe pour la créatrice. Une douce époque à laquelle Bérangère Claire a parfaitement survécu ; loin d’être un effet de mode, sa marque est aujourd’hui confortablement installée dans les vestiaires et les pages mode. En 2012, la garde-robe de la créatrice est à l’image de ses collections, « simples et classiques », avec un peu de fonky, où se mêlent chemise ou tee-shirt, jeans et ballerines. Le tout est made in France, pour faire plaisir aux ministres bleu-blancrouge. Et en attendant d’ouvrir sa boutique, Bérangère Claire vend sur le Net – où elle tient aussi son blog – et dans quelques points de vente, de Paris à Tokyo... Après les hommes et les femmes, on attend maintenant les accessoires, histoire de boucler la boucle. La créatrice s’y attellera dès qu’elle aura le temps. Si elle le trouve un jour.
FROM TOP TO DOWN, LEFT TO RIGHT, ROW BY ROW
T-shirt and woman shirt, Fall/Winter 2012 collection ¥ L.K. heels and ¥ Sewing kit and a box of pins ¥ Chanel and Dior lipsticks ¥ Necklaces (Croix de Lorraine necklace B and her husband baptism medal) ¥ Chloé and Chanel bags ¥ Occitane baby hand cream ¥ Keys ¥ Pen and lighter ¥ Ribbon meter ¥ for her daughter ¥ Acné jeans ¥ Blackberry and Olympus digital case.
Trained as a designer, Bérangère Claire cut her teeth at MTV in New York. From the skyline, the girl decided to launch her own brand based on the crazy challenge to « dress up men ». No more, no less. The pitch: working on a chic but casual style available to all, a perfect mix of the « preppy » and « redneck » looks, halfway between a East coast noble style and a kind of Bérangère Claire presented in 2007, was a series of checked shirts with fabrics, cuts and colors the name of the designer was on MySpace and the Fluokids jolly fellows played the luxury VPR for her. Some happy days to which Bérangère Claire perfectly survived; far from being a bandwagon effect, her brand has established itself in both wardrobes and fashion magazines. In 2012, the designer’s cloths look like her own collections, “simple and classic” with a slight touch of “fonky”, with shirts and t-shirts, jeans Made in France, to please the “blue-white-red” ministers. Before opening her boutique, Bérangère Claire sells on the net – on which she has a blog- and in some store from Paris to Tokyo… After the women and menswear, we are now waiting for accessories in order to loop the loop. The designer will start working oTn it when she will have time. One day maybe.
En cinquante années de carrière, Jean Larivière a fait le tour du monde un paquet de fois, souvent pour le compte de Louis Vuitton. « Photographe de l’ancienne école » comme disent les jeunes, voilà un Jean Larivière peut passer trois mois au même endroit pour claquer LE cliché, capable de rester immobile durant cinq ou six heures, planqué « derrière l’optique à attendre le bon moment pour appuyer ». « Tout ça » pour obtenir la bonne lumière. Inlassablement, son travail préparatoire consiste à remplir de grands cahiers avec des polaroids qu’il tire grâce à un dos apposé sur le Hasselblad qu’il a acquis en 1978 et traîné partout pour les campagnes Vuitton vingt-cinq années durant. Jean Larivière concède volontiers avoir crapahuté des heures chaque jour pendant des années, toujours avec une boussole à la main – du Groenland à l’Himalaya, de la Birmanie au désert d’Atacama –, une lampe frontale jamais bien loin, des Patogas aux pieds et ses inénarrables treillis militaires qu’il reprend lui-même
époque et photographié le monde sous toutes ses coutures, Jean Larivière a aussi la particularité de faire des portraits de « choses ». Ainsi, c’est en achetant un anémomètre que lui est venue l’idée de tirer le portrait du vent. Le photographe a travaillé trois années sans relâche sur ce projet. Pour réaliser son œuvre, il a embarqué à bord de la Jeanne d’Arc, croiseur porte-hélicoptères français mythique et a frayé dans les eaux tumultueuses du Cap Horn. Il en a tiré une symphonie musicale, enfermé des échantillons du Dieu Éole dans des éprouvettes scellées une série de photos qui resplendissent d’une lumière dont lui-seul a le secret.
FROM TOP TO DOWN, LEFT TO RIGHT, ROW BY ROW
Hasselblad 500C with Polaroid back and 40mm optical ¥ Anemometer ¥ Bell offered by a lama during a trip in Ladakh ¥ Linhof Technorama ¥ Linhof Technika bought in 1962 ¥ preliminary work ¥ ¥ Headlamp ¥ Plastic toy photographed in 1985 in Patagonia and used for a work for Louis Vuitton ¥ Schneider 500 mm lens for 20-25 optical chamber ¥ Leica M6 with Noctilux optical 1.0 ¥ Military trousers resewed by Jean Larivière himself. ¥ Compass bought for a trip to Groenland ¥ Sunglasses Altimeter bought for a trip to Himalaya ¥ Leica M6 titanium with 90mm telephoto lens macro ¥ Set square ¥ Little planes brought back after a campaign in India ¥ Leather shoes used to go diner at a Maharajah’s palace in India
world many times, often on behalf of Louis Vuitton. “An old-school photographer,” as the younger nite patience. Jean Larivière may spend three months in the same place in order to get THE shot, he is capable of behind the lens to wait for the right moment to snap.” “All of this” in order to obtain the perfect light. Tirenotebooks with polaroids that he shoots thanks to a reverse back on the Hasselblad that he acquired in 1978 and has dragged everywhere for Vuitton camwillingly admits having wasted hours everyday for years, always with a compass in hand – from Greenland to the Himalayas, from Burma to the Atacama desert – a headlamp never far away, with some Patogas on his feet and his indescribable army fatigues that he puts back together by hand when they eventually wear out. If he has shot the portraits of most of the icons of our era and photographed all the world’s fashion, Jean Larivière also has the meticulousness of taking portraits of “things.” Even more so, by purchasing an anemometer the idea came to him to shoot a portrait of the wind. The photographer worked for three years to complete this project. In order to realize his work, he set off on board the Jeanne d’Arc, the legendary French helicopter cruiser, and was battered about the tumultuous waters of Cape Horn. He gleaned a musical symphony from this, enclosed samples of God Aeolus in vials sealed with wax and golden threads and evidently produced a series of photographs that shine with a light of which he alone knows the secret.
RONNIE FIEG X BWGH
RONNIE FIEG X BWGH
On dit que ce qu’il touche se transforme forcément en or. Designer et penseur
They say he turns everything he touches into gold. Both designer
est à l’origine du renouveau d’Asics pour qui il a imaginé le modèle devenu culte de la Gel Lyte III. Dans la lignée de ce succès, Fieg a été successivement appelé par Clarks, Ralph Lauren, Red Wings ou encore New Balance pour des collaborations spéciales. Toute une ribambelle de produits disponibles à un moment ou à un autre chez Kith, le store de Fieg ouvert depuis l’automne 2011 sur Broadway et qui s’impose aujourd’hui comme une des meilleurs vitrines de la street culture de New York. Ah, il est bien loin le temps où le jeune Ronnie de Queens vendait des pompes à la chaîne pour la franchise David Z ! Considéré comme un véritable mentor par les créateurs de BWGH, Ronnie Fieg se joint donc à ces derniers cette saison pour proposer une battle de sweat-shirts : le rouge et bleu parisien contre l’orangé et le royal de New York. Avec en guise de baseline le fameux « Just Us » de Ronnie Fieg.
Ronnie Fieg is responsable for Asics’ revival for which he imagined the now legendary Gel Lytle III. Consequently to this success, Fieg has been called by Clarks, Ralph Lauren, Red Wings and even New Balance for special collaborations. A whole bunch of products are available from time to time at Kith, the store Fieg opened on Broadway in Fall 2011 and which has established itself as the best showcase for New York’s street culture. It’s been a long time since the young Ronnie from the Queens was selling mass produces shoes for a David Z franchise. Considered as a real mentor for the BWGH creators, this season Ronnie Fieg joins the team and organises a sweat-shirt battle : red and Parisian blue vs. New York’s orange and navy. For the baseline, it’s Ronnie Fieg’s famous « Just Us ».
P H O T O B Y C L É M E N T PA S C A L
LAROSE X BWGH En juin dernier, les casquettes Larose faisaient irruption sur l’avant-scène à l’occasion de l’édition parisienne du salon Capsule. Sur une grande des casquettes pensées comme des pièces essentielles d’une garderobe, imaginées dans des matériaux tweed et corduroy anglais, le tout dans des coloris du meilleur casquettes ne sont plus vissées sur le chef pour matcher virilement avec la rue mais calées en haut-de-forme comme une pièce classique de l’élégance d’aujourd’hui. Aussi, les créateurs de Larose s’associent cette saison à BWGH pour une série de trois casquettes élaborées dans un tissu japonais brodé. Photo en guise cette collaboration en juin prochain.
LAROSE X BWGH Last June, the Larose caps appeared on the forestage during the Parisian edition of the Capsule exhibit. On a large table, in the middle met the caps designed as essential pieces of a wardrobe. The pieces are made from precious fabrics, from corduroy and available in selected patterns. Here, the caps are no the street but are now installed as top hats to appear as the classical pieces of modern elegance. Hence, this season, the Larose creators and BWGH get together to produce a series of three caps made from Japanese embroidered fabrics. The launch of the collaboration in June.
COLETTE X BWGH
COLETTE X BWGH
Des pièces de Brooklyn We Go Hard savamment distillées sur les portants de la plus célèbre boutique de la rue Saint-Honoré à Paris ? Voilà une impression de déjà-vu, et même mieux, une affaire en passe de devenir une institution. En 2013, Colette et BWGH remettent donc le couvert avec deux nouvelles pépites exclusivement disponibles dans le temple des curators parisiens : un tee-shirt et un sweat-shirt. Non sans marquer un attachement évident à la villelumière et aux sports collectifs. On vous voit venir, mais après avoir vu The Big Lebowski, ne venez pas nous dire que le bowling n’est pas un sport d’équipe !
Brooklyn We Go Hard has been chosen for the racks of the most famous boutique on the rue Saint-Honoré in Paris? This feels like déjà vu, and even better, this is poised to become a tradition. In 2013, Colette and BWGH do it again with two new pieces exclusively available in the temple of the Parisian curators: a t-shirt and a sweatshirt. Not without showing our obvious fondness for the City of Lights and sports. And after having watched The Big Lebowski, please don’t tell us that bowling is not a team sport!
BURANO ISLAND AN EXPLOSION OF COLORS
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Retirer sa ceinture. Vider ses poches. Se défausser de sa montre. Ôter ses chaussures les mauvais jours. Passer sous un portique. Peut-être certains gardent-il exprès leur montre avec l’espoir de déclencher le détecteur de métal. Compte tenu de toutes les déviances sexuelles recensées sur Wikipedia, il est inenvisageable qu’il n’y ait pas des gens qui conçoivent la fouille au corps dans les aéroports comme un moment doux et chaleureux. Et puis, une fois lâché dans le terminal, d’une manière ou d’une autre, on
signals you to take a plastic bin, you remove your belt, you empty your pockets, you remove your watch, on bad days you remove your shoes, and you are led through a metal detector. Some might keep their watches on to set off the alarm, considering a body search as an erotic and intimate moment. Finally, once you are released from these ceremonial procedures and set free in the terminal, you always end up standing near your gate, waiting to be called. This endless ritual must be agonizing for all those who have a fear of planes. 40% of passengers acknowledge having a phobia of
es histoires de voyage en avion ne sont jamais qu’un récit qu’on pourrait faire mille fois. On part d’un centre-ville où l’on emprunte une navette, sur route ou sur rail. Arrivé dans l’enceinte du hub aéroportuaire, il faut systématiquement se plier au même rite initiatique.
daigne nous appeler. Pour tous les gens qui ont vraiment peur de l’avion, ce long cérémonial doit avoir quelque chose d’assez terrible. 40% des passagers concèdent une forme de peur ou d’anxiété à l’idée de voler. Pourtant, le risque au cours d’un vol sont le décollage et l’atterrissage, sollicité. 80% des crashs ont lieu pendant les trois premières minutes après le décollage et les huit dernières minutes avant l’atterrissage. Aussi incroyable que cela puisse paraître, seul un vol tous les 1,2 million se crashe. Et quand bien même l’avion qui m’emmenait à Venise se serait écrasé sur le toit d’un pavillon à Roissy ou dans la lagune de la Cité des Doges, mes chances d’en réchapper une jambe arrachée ou le dos brisé en mille. Il n’en fut rien.
ales of journeys by plane can be repeated a thousand times. You leave from the center of town and take a shuttle, a bus or a train. Once you arrive at the airport, the same initiation
are takeoff and landing because they require the most human activity. 80% of crashes occur and the last eight minutes before landing. million has an accident. Even if the plane that rooftop of a house in Roissy or in the lagoon of the City of the Doges, my chances of surviving would have been of 95.7%. I would have most surely ended up with a broken leg or a fractured back. Whatever, that has not been the case. Finding a piece of yourself It is unquestionable that any foreigner in a new city will almost systematically have a welcoming him. It is human nature to create a images that inscribe themselves on the retina. Yet, the problem with travelling by plane is that airports are always built in uninteresting and ugly neighborhoods. Every time I come home and ride the bus from Charles de Gaulle to the looks of the Asian tourists as we drive through looks turn into gazes of wonder at any banality as we enter Paris. But we are often victims of our own taunts: the only view I remember from my bus ride from Marco Polo airport to the Piazzale Roma in Venice, is a succession of hotels with decrepit facades, blackened by the fumes of cars and planes, a charmless countryside a caravan camp.
Trouver un morceau de soi C’est invariable, n’importe quel allogène, dans n’importe quelle ville du monde, a presque systématiquement une première vision assez chaotique de l’endroit qui une première opinion à la lumière des premières images qui s’inscrivent dans la rétine ; mais le problème avec les voyages en avion, c’est que les aéroports sont toujours planqués dans des coins miteux. À chaque fois que je rentre de voyage, que je prends le bus public reliant l’aéroport Charles de Gaulle à l’Opéra de Paris, je dois avouer me délecter du regard vide des touristes asiatiques de la moindre connerie, le nez collé à la fenêtre, une fois qu’ils pénètrent dans Paris. Mais on n’échappe rarement
It was 1:00pm. I was in Venice for twenty-four hours, in transit to Burano. Burano is a small island in the lagoon seven or eight kilometers north of Venice. The tourist guides and bloggers describe it as “the island that you will remember the best because it is an exploding they mean for the bouquet to explode, nor the meaning of the metaphor, but they all seem to agree upon the unique beauty of the island. I of myself. At least.
Chasing a Japanese Man à ses propres moqueries ; résultat, les seules images que je garde du trajet en bus reliant l’aéroport Marco Polo à la Piazzale Roma à Venise furent une succession d’hôtels aux façades décrépies et noircies par l’essence et le kérosène émanant des voitures et des avions, une campagne sans charme écrasée par un ciel gris et la vision fugace d’un camp de caravanes plantées sur un terrain vague.
Once I arrived at the Piazzale Roma, I scampered toward the nearest dock and jumped on a vaporetto, a nautical bus that drives back and forth on the large canals of the city. At the northern tip of the city, Fondamente Nove, I took a second dilapidated boat that made an unbearable racket, tearing through the
Il était 13 heures et j’étais à Venise pour exactement vingt-quatre heures, pour une seule et unique raison qui n’était en réalité même pas Venise : j’allais à Burano. Burano est une île plantée dans la lagune à sept ou huit kilomètres au nord de la Sérénissime. Les guides touristiques et les gens qui singent les tics de ces derniers sur leur blog sur Internet, en parlaient comme de « l’île dont on se souviendra le mieux parce qu’elle est un » sans que je ne sache pas tout mesure la métaphore est valable, mais de manière unanime, tout le monde semblait s’accorder sur le fait qu’il s’agit d’un endroit particulièrement beau et hors du commun. Je ne savais pas très bien ce que j’allais chercher à Burano, mais comme toujours lorsque l’on voyage seul, j’espérais bien au moins y trouver un morceau de moi-même. À défaut de mieux. À la poursuite d’un Japonais séparant la place du quai le plus proche et sautai dans un vaporetto, ces bus nautiques qui tracent sans relâche sur les larges canaux qui quadrillent la ville. À Fondamente Nove, au nord de la ville, je pris un second bateau au style vétuste qui faisait un boucan d’enfer en fendant les eaux troubles et le ciel gris, porteur d’une mêmes ados que l’on trouve partout en Occident – ceux qui sont à l’image des footballeurs stars, au milieu du monde mais coupés de celui-ci, la faute à ces casques audio massifs qui recouvrent une large part de leurs crânes –, les mêmes petits vieux qui tuent le temps dans les transports en commun en noircissant des grilles de mots cachés. Un peu plus loin, deux Chinois écarquillaient les yeux, essayant tant bien que mal de distinguer quelque chose à travers l’épaisse brume. Deux rangées derrière, un clone italien de Justin Bieber était bien trop occupé à séduire une autre adolescente de son âge, avec de que cet autre vieux, un type barbu, pendu au téléphone et empestant l’alcool, puisse inquiéter ces Orientaux qui avaient probablement traversé la moitié du globe pour À Burano, le tableau n’était guère différent. L’air était tout aussi embué et grisâtre, et cette fois, ce n’était plus deux mais des dizaines d’Asiatiques qui ouvraient vives qui caractérisent la moindre bâtisse d’un village qui perd chaque année des résidents et en compte moins de trois mille aujourd’hui. Burano vit dans un drôle d’espace-temps, une dimension réduite où le poids du passé et des traditions écrase la modernité. Les habitants ont l’obligation de repeindre au moins une de rouges, de bleus, de verts, de jaunes, d’ocres ou de pourpres, qui dégagent chacune une atmosphère Personne ne sait probablement plus si c’est la vérité,
troubled waters and the gray skies. The boat was populated with typical Western teenagers that venerate the most famous international soccer world because of their massive headphones that hide a large part of their foreheads. There were also bored elderly people who try to pass time by A little further, two Chinese men scrutinized the horizon, attempting to catch a glimpse of anything in the thick fog. Two rows back, an Italian clone of Justin Bieber was trying to seduce a young girl his age, while an old bearded man who was weeping on the phone and smelt of alcohol seemed threatening to the pair of Asian tourists who had probably travelled across the In Burano, the scene was hardly different. The air was equally misty and gray, and this time, there was no longer two but dozens of Asian tourists had their eyes wide open, blown away by the bright variegated colors that characterize the lesser properties of a village that loses residents each year, with less than three thousand there today. Burano exists in a strange space-time, of history and tradition crushes modernity. Residents are required to repaint their beautiful houses at least once a year with ten variations of red, blue, green, yellow, ocher or purple, which the endlessly long canals that line the streets. Probably no one really knows the truth, but they say that the garish colors were, originally, not the result of an aesthetic desire but a way for after returning from a laborious sea trip, but the elements ultimately played a dirty trick on them for they are stuck there with fog so dense that its sticks to your legs.
mais il se raconte que les couleurs criardes n’étaient, à l’origine, pas tant le résultat d’une volonté esthétique qu’un moyen pour les pêcheurs du cru de repérer plus facilement leur demeure quand, au retour d’une sortie laborieuse en mer, les éléments leur jouaient un ultime sale tour en leur collant un brouillard dense et poisseux dans les pattes. Pour prendre la mesure de l’effet qu’une cure de Burano peut Japonais avec discrétion. Dès la sortie du bateau, j’avais repéré un jeune énergumène d’une vingtaine d’années qui répondait à ce signalement. Il était attendrissant de le voir dégainer son iPhone quatre ou cinq fois à la minute. Posté quelques dizaines de mètres derrière lui, j’observai ce type vêtu une doudoune violacée écrasée sous le poids d’un énorme sac à dos bleu. Invariablement, toutes les dix ou peut-être douze poses, il enclenchait le second objectif de l’appareil photo de son téléphone, celui qui permet de se prendre soi-même, et il se mitraillait, un coup avec une baraque en toile de fond, un coup avec un petit bout de plan d’eau. Son sourire ne mentait pas, il disait que ce jeune homme était habité de sentiments mâtinés d’un lyrisme évident. L’endroit et les couleurs qui vous inondent y sont propices. Peut-être était-il un artiste, peut-être que comme le chanteur français Dominique A, il en tirerait une chanson quand il rentrerait dans son pays. « Louis je ne sais plus combien » La vie fait souvent preuve d’ironie avec les hommes. D’après une autre légende, les premiers à venir s’installer à Burano auraient été les habitants de la ville romaine d’Altino. Il se murmure qu’ils auraient trouvé refuge dans la lagune en cherchant à fuir les invasions barbares, mus par un désir de survie, un besoin impétueux d’échapper aux atrocités commises par les Huns d’Attila et les Lombards. Quinze autre barbarie, moins violente physiquement certes, mais
To assess the effect that Burano living can have on a human, simply follow a Japanese man with discretion. Right off the boat, I spotted a frantic young man of about twenty years who met to this criteria. It was moving to see him pull out a few dozen meters behind him, I watched this guy wearing a purple down jacket getting crushed under the weight of an enormous blue backpack. Invariably, every ten or maybe twelve poses, he turned to the second objective of a cameraphone, which allows you to capture with a shed in the background, a shot with a little bit of the water. His smile did not lie; it said that this young man was full of crossbred feelings of an evident lyricism. The location and the colors that inundate you there are favorable for this. Maybe he was an artist, perhaps like the French singer Dominique A, he would manage to come out with a song when he returned to his country. “Louis I don’t know how many” Life often reveals the irony with men. settle in Burano were the inhabitants of the Roman city Altino. It is rumored that they took refuge in the lagoon to try to escape barbarian invasions, driven by a desire for survival, an critical need to escape the atrocities committed by Attila’s Huns and the Lombards. Fifteen to a different barbarism, certainly less violent physically, but perhaps more insidious, that of globalized tourism. The weight of the past crushes modernity – I mentioned earlier? That was probably presumptuous on my part. For many years, Burano built its renown from a meticulous knowledge: making lacework using very unique and envied techniques. This story lasted for centuries. Based on the evidence set on display in the museum of lace located in the center of the city, this peculiar art has given rise to intrigues worthy of today’s most convoluted soap operas, Louis I do not know how many even going to the point of smuggling twenty - or maybe it was thirty - seamstresses in the area to satisfy his love of lace at home. After a thousand has been synonymous with the swan song for this style of fashion that requires iron patience. In the early 1970s, the only local lace school converted years later into the museum. In one of four halls, one comes across the last repositories of a knowledge which death is imminent. Every
peut-être plus insidieuse, celle du tourisme globalisé. Le poids du passé écrase la modernité disais-je plus tôt ? Voilà qui était sans doute bien présomptueux de ma part. Longtemps, Burano a bâti sa renommé sur un savoir faire minutieux : la confection de pièces de dentelles selon des techniques uniques et très jalousées. L’histoire a duré musée de la dentelle posé au centre de la ville, cet art très particulier aura donné lieu à des intrigues dignes des soapopéras contemporains les plus alambiqués, Louis je ne sais – ou peut-être était-ce une trentaine – de couturières de
and repeat the same motions ad nauseum; a way to breathe a last breath of life into a declining art, by making what may be their last tablecloth and which will take them a year, if not two, to complete. Well, if they survive until then. The few genuine lace pieces that are still found in Burano are consequently sold at skyrocketing prices. Globalization has carried it away too. Most of the pieces found in stores on the island are machine-made and have often been sold by the meter beforehand.
An immutable rhythm? la région pour assouvir son amour de la dentelle à domicile. Après mille embûches, la première moitié du vingtième siècle aura été synonyme de chant du cygne pour ce style de couture requérant une patience de fer. Au début des années 1970, la seule école de dentelle et reconvertie quelques années plus tard, donc, en musée. Dans l’une des quatre salles, on peut y croiser les dernières dépositaires d’un savoir-faire dont la mort est imminente. Chaque jour, quatre ou cinq petites vieilles se retrouvent et répètent jusqu’à la nausée les mêmes
At a time when the night begins to fall, you may squeezed into green rubber boots and yellow oilskins, go in search of mollusks. At this time, the last tourists head off and gather on the ferry that brings them back south to their hotels. Philippe Starck, the famous French designer, a great lover of nice things, has bought four buildings there. One for him and his family and
un art en déperdition, en confectionnant ce qui sera peut-être la dernière nappe qu’elles tisseront de leur vie et qui leur prendra un an, si ce n’est deux, à terminer. Si elles survivent jusque-là. Les rares vraies pièces en dentelle qu’on trouve encore à Burano sont vendues à des prix faramineux par conséquent. La globalisation l’a emporté là aussi. La plupart des pièces qui sont exposées dans les magasins de l’île sont fabriquées à la machine et ont préalablement souvent été vendues au mètre. Un rythme immuable ? À l’heure où la nuit commence à tomber, on peut percevoir le vrombissement mécanique des bateaux des pêcheurs qui, engoncés dans des bottes vertes en caoutchouc et des cirés jaunes, partent en quête de quelques mollusques. À cette heure, les derniers touristes s’enfoncent et s’amassent déjà dans le vaporetto qui les ramène quelques kilomètres au sud vers leurs hôtels. Philippe Starck, le célèbre designer français, en bon amoureux des belles choses, y a acheté quatre bâtisses. Une pour lui et sa famille et trois autres pour y accueillir ses invités. Dans un magazine français où il était invité à distiller ses « bonnes adresses » vénitiennes, il racontait « Burano est une société idéale. Sur cet îlot, il n’y a ni pauvres ni riches. Tout le monde a son petit bateau et les maisons multicolores ont toutes la même taille. Pour saisir la magie de Burano, il faut y passer la nuit. Vers 17 heures, quand le dernier vaporetto s’en va, l’île reprend son rythme immuable. On boit un verre avec les pêcheurs sur les berges du canal della Giudecca. Ils racontent des histoires qui remontent à vingt générations. » Alors certes, je n’ai pas passé la nuit à Burano, mais j’y suis resté bien après que le clocher tordu de l’église San Martino ait sonné 17 heures. Starck disait vrai quand il sous-entendait que l’île se vidait de ses touristes après cette heure fatidique. Mais le rythme lui ne change pas. Immuable, il l’était déjà. Quelques locaux, plus vraiment dans la force de l’âge, s’attablent dans les deux bars de la ville et dégustent un prosecco, sans effusion de joie particulière. Beaucoup sont mutiques et partagent des regards entendus. Au détour d’une ruelle, un léger brouhaha émerge d’un petit local aux murs jaunâtres où une porte agrémentée d’un écriteau « club sociale » dissimule des vieillards s’adonnant à quelques jeux de dominos. En parcourant les petites allées désertes, on devine à travers les fenêtres des maisons des familles installées à table, les yeux rivés vers des écrans déversant quelques programmes télévisuels sans grand intérêt. Starck en autochtone étranger a sûrement une vision fantasmée de ce village qui lui aurait ouvert les bras à l’écouter. Mais en lisant entre les lignes, on pressent qu’il voudrait dire que contrairement à Venise qui a vendu son âme aux touristes, Burano a su préserver au moins un petit bout de la sienne. Sur ce point au moins, il ne se trompe peut-être pas.
three others to accommodate his guests. In a French magazine where he was invited to share “Burano is an ideal society. On the island, there are neither rich nor poor. Everyone has his little boat and the multicolored houses are all the same size. To grasp the magic of Burano, you must last ferry goes, the island recovers its immutable the banks of the Canal della Giudecca. They tell stories that go back twenty generations.” Sure, I did not spend the night in Burano, but I stayed long after the warped bell of the church when he implied that the island emptied of tourists after this fateful hour. But the rhythm does not change it. Immutable, was how it was before. Some old locals seat themselves at the two town bars and sip prosecco, without the outpouring of a particular joy. Many are mute and share knowing glances. In the corner of an alley, a slight commotion emerges from a small room with yellow walls where a door adorned with the sign “club sociale” conceals some old men indulging in a game of dominoes. Traversing the deserted alleyways, through the windows of the houses, you make out families settled at the table, staring at television shows of no interest. Starck surely has a fantasized vision of a village that, if we listen to him, has welcomed him with open arms. But reading between the lines, you sense that he would mean that unlike in Venice which sold its soul to tourists, Burano has preserved at least a little piece of its own. On this point at least, he may not be mistaken.
P H O T O S B Y PA U L A R N A U D
COLOR MEDITATION
S T Y L I N G D AV I D O B A D I A
T H E
LE PIONNIER FILOTEO ALBERINI
En 1896, quelques mois après avoir inventé leur fameux cinématographe, Auguste et Louis Lumière débarquent en péninsule italienne avec leur machine. Dès mars, les premiers prototypes arrivent à Rome et Milan ; Naples, Livourne, Bergame, Bologne et Ancône ne tardent pas six micro-documentaires, souvent de quelques secondes, tournés au moyen d’une caméra à manivelle, qui immortalisent surtout les rois, empereurs et autres papes qui dominent l’Italie. Unanimement, Filoteo Alberini est considéré comme le pionnier du genre. Chef-opérateur et réalisateur, Filoteo a trente ans lorsqu’il dépose un brevet pour le Kinographe, un appareil qui permet à la fois ouvre la première salle de projection à Florence en 1899, avant de créer en 1905 la société Alberini & Santoni, première manufacture cinématographique italienne.
Filoteo Alberi1896, un court documentaire traitant la visite Humbert Ier et de la reine Marguerite de Savoie à Florence. Celui-ci s’est malheureusement perdu dans les couloirs de l’Histoire. arrivé jusqu’à nous est une œuvre de deux minutes signé d’un certain Vittorio Calcina. Également tourné en 1896, il met en scène le pape Leon XIII, entouré de sa garde, qu’on surprend à bénir la caméra à plusieurs reprises.
SEVEN WONDERS OF THE ITALY’S À quelques poussières de carbone près, l’histoire du cinéma italien est aussi vieille que l’invention même du cinématographe par les frérots Lumière un 28 décembre 1895, quelque part dans un faubourg de Paris. En un peu plus de cent ans, le cinéma italien s’est imposé comme l’un des cinémas les plus plébiscités et primés à l’échelle du globe. De manière un peu subjective – c’est que le champs réalisateurs, les acteurs, les genres ou encore les compositeurs, qui font les larmes, la sueur et le sang du septième art transalpin.
C I N E M A
Except from some carbon dust, the history of Italian cinema is as old as the cinematograph invented by the Lumière bros on 28th December 1895, in one Parisian faubourg. In more than a hundred years, the Italian cinema has imposed itself as one of the most acclaimed and awarded cinema of the world. seven wonders, amongst movies, directors, actors, genres or even composer, that made the tears, sweat and blood of the transalpine seventh art.
THE PIONEER FILOTEO ALBERINI
In 1896, just a few months after they invented their famous cinematograph, Auguste and Louis Lumière go to the Italian peninsula with their engine. In March, vourno, Bergamo ; Bologna and Ancône follow within with a handle that usually immortalize kings, emperors and other popes that dominate Italy. Unanimously, Filoteo Alberini is considered as a pioneer of the genre. Chief cameraman and director, Filoteo is thirty when he applies for a patent for the Kiongraph, an engine that can capture, print and show movies. As a real dabbler, before creating in 1905 the Alberini&Santoni company,
Filoteo Alberini in 1896, a short documentary on Humber I and Queen Marguerite de Savoie’s visit to Florence. Unfortunately, it got lost in History. As a consequence, the oldest movie that got to us is signed by a certain Vittorio Calcina. Also shot in 1896, it shows Pope Leon XIII, surrounded by his guard, blessing the video camera several times.
LE FASCISME CRÉA UN LIEU DE CULTE CINECITTÀ
FASCISM CREATED AN ICONIC PLACE CINECITTÀ
ner la culture populaire italienne. Sur les conseils de son administration, il décide que le cinéma italien, pour rayonner et concurrencer Hollywood, doit se doter de ses propres infrastructures. Un lopin de terre mal défraîchi est alors désigné dans le sud-est de Rome pour accueillir les grands studios du cinéma italien. À partir de 1937, Cinecittà – « la ville du cinéma » – offre tout ce qui est nécessaire décors en tout genre, services techniques et même une école de cinéma. Fellini, Leone ou encore les producteurs de James Bond en ont font leur coqueluche dans les années 1960. Mais tombée en désuétude et bientôt concurrencée par les pays de l’Est, Cinecittà est régulièrement sujette aujourd’hui à des menaces de fermeture, notamment sous la pression de promoteurs immobiliers.
At the end of the 1920’s, Mussolini continues to shape the Italian popular culture. On his administration’s recommandation, he decides that the Italian cinema has to get its own infrastructures in order to shine and compete with Hollywood. An old little piece of land is chosen in south-eastern Rome to establish the great studios of the Italian cinema. Since 1937, Cinecittà – « the city of cinema » - offers everything you need to shoot all types of movies : theaters, various settings, technical services and Bond’s producers praise the place in the 1960’s. Because of the structures in Eastern countries, it felt into disuse and prone to closing, especially by the realestate promoters.
Le truc qui vous a échappé : En 2002, Martin Scorcese reconstruit le Five Points de 1863, quartier niché au cœur de Manhattan, pour les besoins Gangs of New York. Autant qu’on puisse se l’imaginer, le réalisme est saisissant. Sauf que, surprise, toutes les scènes en extérieur n’ont
BERNARDO BERTOLUCCI _ GRAND PARMI LES GRANDS
l’oncle Sam mais bien à Cinecittà, au cœur de l’Italie. New York sur Tibre, vous connaissez ?
The thing you’ve missed : in 2002, Martin Scorcese rebuilds the 1863 Five Points, a little district of Manhattan, for his movie Gangs of New York. Not very hard to imagine, the result is incredible. Surprise, all the exterior scenes were not shot on Uncle Sam’s land but at the Cinecittà, in the heart of Italy. Did you know the Tiber was a New Yorker ?
En mai 2011, Bernardo Bertolucci le Parmesan recevait un cadeau d’anniversaire par négligeable pour ses 70 ans : une Palme d’Or d’Honneur récompensant l’ensemble de son œuvre, Il était une fois dans l’Ouest, Little Buddah ou Le Dernier Tango à Paris pour ne citer que ceux-là. Entre-temps, le réalisateur a aussi réussi le tour de passe-passe de gratter les neuf Oscars pour lesquels concourraient Le dernier empereur teur et Meilleur scénario. Immense réalisateur de celle de Pier Paolo Pasolini qu’il a assisté sur Accattone moins de 18 ans, ne serait-ce que pour la passion des deux hommes pour l’exploitation permanente des ambigüités sexuelles sur toile de fond politique.
BERNARDO BERTOLUCCI _ GREAT AMONG THE GREATEST
In May 2011, Bernardo Bertolucci the Parmesan, received a birthday present for his 70th : an Honorary Golden Palm rewarding his work made of seventeen movies including Once Upon a Time in the West, Little Buddah or Last Tango in Paris, to name a few. In he meantime, the director has achieved the task to win nine Oscars for The Last Emperor, including Best Movie, Best Director and Best Scenario. A to Pier Paolo Pasolini’s who he assisted on Accattone der 18 years old. The two men share a passion for permanently showing sexual ambiguities in political context.
Passion « Instant sex » : Le scénario du Dernier tango à Paris (1972) avec le colossal Marlon Brando n’est autre que la base d’un fantasme récurrent dans le cinéma de Bertolucci : rencontrer une femme dans la rue et avoir un rapport sexuel avec elle sans connaître son nom, une pratique dénommée « Instant sex » par ses amateurs. Lors de la scène de sodomie, l’acte est bien sûr simulé mais les larmes de l’actrice Maria Schneider, elles, sont bien réelles. Choquée par cette scène qu’elle a toujours assimilé à un viol, l’actrice restera fâchée avec Bertolucci jusqu’à sa mort en février 2011.
Passion « Instant sex » : The Last Tango in Paris (1972) scenario with the great Marlon Brando is simply a recurring fantasy in Bertolucci’s cinema : meeting a woman i the street, sleeping with her without knowing her name, a practice named « Instant sex » by its amateurs. During the sodomy scene, the scene is a fake but Maria Schneider’s tears are real. Traumatized by this scene that she assimilated with a rape, the actress remained angry against Bertolucci until her death in February 2011.
LE COMPOSITEUR HORS NORME ENNIO MORRICONE
Si la vie suivait des sentiers cohérents, Ennio Morricone aurait dû être compositeur de musique classique et basta. Sauf que sentier cohérent rime rarement avec argent. Résultat, sans pour autant abandonner le classique, Ennio se fait une raison et ne tarde pas à mettre son talent au service d’une musique plus populaire, celle qu’on retrouve notamment à la télévision dans Sergio Leone, le roi du western spaghetti (voir par ailleurs), lui demande de composer la bande originale de Pour une poignée de dollars une renommé internationale. La carrière d’Ennio explose, ce qui lui vaut de signer au moins une douzaine de BO chaque année, régulièrement pour des monstres sacrés du cinéma italien, de Bellochio à Bertolucci en passant par Pasolini ou Argento. Et
La part obscure de Morricone : Pas forcément de notoriété publique, Ennio Morricone a signé tous un tas de bandes début des années 1970. Et pas pour les derniers des péquenauds en la matière, de The Thing de John Carpenter à L’Exorciste 2 de John Boorman. Et loin de le faire juste pour le fric, Ennio appréciait avant tout la liberté stylistique, moyen de renouer avec ses expérimentations musicales
ET DIEU CRÉA SOPHIA LOREN
THE EXCEPTIONNAL COMPOSER ENNIO MORRICONE
changes in 1964 when Sergio Leone, the king of the spaghetti westerns, asks him to compose the original soundtrack of A Fistful of Dollars. The movie’s success suddenly gives him an international renown. Ennio’s career explodes and each year, he composes a dozen original soundtracks, mostly for the masters of Italian cinema, from Bellochio to Bertolucci, from Pasolini to Argento. In the 1980’s, it’s a full series and Morricone plays for Mlick, Haneke, Polanski, De Palma, Almodovar, Stone and
La rivale : Même âge (elles ont quatre ans d’écart) et mêmes courbes à émouvoir un eunuque, Claudia Cardinale et Sophia Loren ont joué des coudes sur de nombreux castings. Rétrospectivement, on peut dire que Claudia, la native de Tunis, remporta une manche fatidique. Sergio Leone lui Il était une fois dans l’Ouest, trouvant La Cardinale plus crédible. Ça arrive.
La paysanne aux pieds nus. À côté de ça, on peut ajouter Paul Belmondo, Clark Gable ou Marcello Mastroianni, tiré au sort les poules de la coupe du monde 1990 et posé pour le calendrier Pirelli à l’âge de 71 ans.
ses notes pour Malick, Haneke, Polanski, De Palma, Almodóvar, Stone ou encore Tarantino. Au total, Morricone a signé environ
If life was logical, Ennio Morricone should have become a classical composer and basta. Yet, logic usually does not get along with money. As a result, without giving up his classics, Ennio changes his mind and starts a career in popular music,
Pour une génération toute entière, Sophia Loren a longtemps été la beauté ultime, une Napolitaine arborant une chevelure brune abondante dans laquelle on aurait voulu glisser ses mains et des yeux en amandes dans lesquels on aurait voulu ancrer son regard pour toujours. Rejetone d’une sosie de Greta Garbo, dauphine de Miss Italie 1950, auteure d’un des strip-teases les plus mythiques de l’histoire du cinéma dans Hier, aujourd’hui et demain en 1963, Sophia n’était pourtant pas qu’une vulgaire bonnasse. En 1961, elle est ainsi devenue la première à remporter un
Morricone’s dark side : Not as famous as his other pieces, Ennio Morrico signed a bunch of original soundtrack for horror movies in the early 1970’s. But not for amateurs, from John Carpenter’s The Thing to John Boorman’s The Exorcist 2. Not motivated by the money, Ennio liked the stylistic freedom, a way to go back to his musical experiences in the late 1950’s.
AND GOD CREATED SOPHIA LOREN
For a whole generation, Sophia Loren was the ultimate beauty, a Neapolitan with a radiant dark hair in which you wanted to put your hands and almond shaped eyes in which you wanted to dive in for the rest of list for Miss Italy 1950, she performed one of the most iconic strip-tease of the cinema history in Yesterday, Today and Tomorrow in 1963, yet Sophia is not just a the Oscar for a non-english movie, in Two Women. Beside all of this, the bella played with John Wayne, Jean-Paul Belmondo, Clark Gable or Marcello Mastroianni, drew lots for the 1990 World Cup and posed for the Pirelli calendar when she was 71.
The rival : Same age (just four years of difference) and same curves that could move an eunuch, Claudia Cardinale and Sophia Loren competed on several castings. In the aftermath, we can say that Claudia, born in Tunis, won an important round. Sergio Leone gave her the role of Jill McBain in Once Upon a Time in the West, because he thought the Cardinale was more credible. It happens sometimes.
Western Spaghetti, voilà un nom bien cheapos pour
LE WESTERN SPAGHETTI LE CINÉMA À LA SAUCE BOLOGNAISE
Leone eut beau détester cette appellation, on lui accola pourtant la paternité du genre, la faute à son Pour une poignée de dollars sorti en 1964. Caractérisé par beaucoup plus d’action et d’hémoglobine que son cousin américain, le western spaghetti a souvent été assimilé à un dérivé d’opéra, la faute au rôle prépondérant de la musique – souvent signée Morricone pour les meilleurs – dans la narration. Immortalisé par la « Trilogie du dollar » et le duo Terrence Hill, Bud Spencer, le genre a piqué le beau rôle à son modèle pendant une décennie. Et par snober le genre, rattrapé par des dérives de série B mâtinées de comique lourdingue.
SPAGHETTI WESTERN THE BOLOGNESE SAUCE CINEMA
Spaghetti western, a real cheap name to qualify an ephemeral genre. Sergio Leone, who really hated the name, was described as the father of the genre, due to his movie For a Fistful of Dollars in 1964. Characterized by more action and blood than its American cousin, the spaghetti western was often assimilated to a kind of opera, due to the predominance of music – Morricone signed the best ones- in the narration. Immortalized by the «Dollar Trilogy » and the duet Terrence Hill and Bud Spencer, the genre took the best role to its model for a decade. Six hundred movies later – often shot in the Spanish desert of Tabernas- the audience got sick of the genre, and prefered the B-movies with stupid humor.
Les fans du genre : Quentin Tarantino dans sa quête mystique d’hommage au cinéma mondial a choisi le western spaghetti pour son Django Unchained, référence au Django de Sergio Corbucci (1966). De Scorsese à Spielberg en passant par Eastwood, le genre a inspiré les plus grands. Et comme les chiens ne font pas des chats, le western spaghetti a enfanté deux variantes : le western soja à l’est et le western mexicain à l’ouest, Jackie Chan face à Antonio Banderas, étoiles de ninja contre mariachi.
The fans : Quentin Tarantino, in his word cinema tribute, chose the spaghetti western for his last movie Django Unchained, referring to Sergio Corbucco’s Django (1966). From Scorsese to Spielberg and Eastwood, the genre has inspired the greatest of all. Since children are what they are made of, the spaghetti western gave birth to two variants : the soja western in the East and the Mexican western in the west, Jackie Chan facng Antonio Banderas, Ninjas against mariachi.
Quoi de plus logique qu’un réalisateur napolitain pour retracer la vie d’un des politiciens les plus véreux de l’histoire italienne ? Dans son LE CHEF D’ŒUVRE CONTEMPORAIN IL DIVO
THE CONTEMPORARY MASTERPIECE IL DIVO
met en scène la vie de Giulio Andreotti, trois fois président du conseil des ministres et sept fois à la tête d’un gouvernement italien, un exploit pas même égalé par Silvio Berlusconi. Fer de lance de la nouvelle génération de réalisateurs transalpins entre un Gabriele Muccino et un Matteo Garrone, Paolo Sorrentino l’esthète dépeint avec classe les mécanismes socio-économiques subtils d’une Italie rongée par la cor-
La scène culte : À l’heure d’associer forcément, on est tenté de penser à Anita Ekberg et Marcello Mastroianni pataugeant dans la fontaine de Trevi dans La Dolce Vita de Federico Fellini. Mais à chaque époque ses symboles. Et en la matière, la scène d’ouverture d’Il Divo qui passe au crible les têtes de la clique d’Andreotti, n’est pas sans rappeler celle du Reservoir Dog de Tarantino. Au diable le romantisme
type devenu sénateur à vie, petit bonhomme tout rabougri qui n’en est pas moins assoiffé de pouvoir.
sauce des années 2010.
Who else, other than a Neapolitan director, could recount the life of one of the most corrupted politicians in Italian history ? In his movie awarded in Cannes in 2008, Paolo Sorrentino shows Giulio Andreotti’s life, three times President of the Council of Ministers and seven times at the head of the Italian government, a unique exploit that even Silvio Berlusconi could not beat. At the top of this new generation of transalpine directors, between Gabriele Muccino and Matteo Garrone, the esthete Paolo Sorrentino depicts in a very classy way, the subtle socio-economic mecanisms of a highly corrup-
The iconic scene : When thinking about « Italian movie » and « iconic scene » we are tempted to think of Anita Ekberg and Marcello Mastroianni in the Trevi Fountain in Federico Fellini’s La Dolce Vita. Yet, each generation has its symbols. Il Divo’s opening scene, when all of Andreotti’s clique’s faces are examine closely, recalls the one in Tarantino’s Reservoir Dog. The 1960’s romanticism is dead, long live the trading of favours made in 2000’s.
a little stunted guy who became senator for life and still thristing after power.
CAPONE
G A N G La réputation que traînent les rappeurs ricains dans leurs sillages s’emboîte de manière assez évidente avec l’histoire des l’autre, il est toujours question de magouilles, de gros sous, de castagnes et de giclées sanguinolentes. Le parallèle est si établi que certains rappeurs n’hésitent pas à se mettre en scène à la manhabillé en vison période Prohibition pour certains de ses clips ou une Lil’Kim chantant à tue-tête sur le titre « ». D’autres ont poussé l’idée un peu plus loin en adoptant les patronymes d’illustres italo-bandits. Comme Revue d’effectif et parallélisme.
N A M E S S T Y L E
Capone
The American rapper reputation clearly suits Gangster history. One way or the other, it’s always about shady deals, big mone, Most don’t hesitate to Snoop dressed in a Prohibition mink coat for some of his videos or Lil’Kim singing « ». Others went further by adopting the names of infamous Italian bandits
Aux cotés de N.O.R.E., avec qui il formait jadis le duo CNN, Capone s’est longtemps fait reporter des guerres agitant les bas-fonds de son Queens natal. Avec l’immense classique The War Report sorti en 1997, le borough prenait des allures de nouvel Irak via le micro des CNN. Aussi, aujourd’hui, Capone la joue solo. À presque quarante berges, le New-Yorkais est resté le même drôle de gredin : avec sa voix crachée du fond de la gorge et son allure maladive, il chante encore les plaisirs de la vie brutale ambiance : « agile moves to make fragile crews under pressure ». La pression, comme ces accusations
Al Capone
Al Capone est le gangster le plus célèbre d’Amérique. L’homme incarne toute une mythologie, celle des borsalinos et des mitraillettes cachées dans des étuis à violons. Dans les roaring twenties, Capone contrôlait tous les tripots de Chicago et les gavait d’alcool de contrebande. Celui que l’on surnommait « Scarface » pour la balafre qui lui raturait la ganache, était aussi une brute sanguinaire qui faisait dézinguer tous ses ennemis. S’il a fait quelques années de placard en d’un arrêt cardiaque en 1947, en robe de chambre, dans sa villa de Palm Beach. De lui reste un paquet On peut obtenir beaucoup plus avec un mot gentil et un revolver qu’avec un mot gentil tout seul ».
Capone
Aside from N.O.R.E, with whom he formed the CNN duet, Capone has been the reporter of his natal Queens wars for a long time. With the great classic The War Report released in 1997, the borough seemed like the new Iraq from CNN mikes. Now Capone plays it solo. Almost forty, the New Yorker is still the same good old man: with his deep guttural voice and his sick look, he sings about the pleasures of brutal life with « agile moves to make fragile crews under pressure ». Pressure remains, due to accusations of
Al Capone
Al Capone is the most famous gangster in America. The man is a whole myth in himself, the one with borsalinos and submachine guns hidden in a violin case. During the roaring twenties, Capone controlled all the gambling dens smuggling alcohol. The guy that was called « Scarface » for the gash he had on the face, was a bloody brute that knocked off all of his enemies. Although he did a few years in prison at the end of his life, Capone died from a heart attack in 1947, dressed in his house coat, in his Palm Beach villa. He has left behind a lot of movies and a quote : « You can get more with a kind word and a gun, then you can with just a kind word. »
GOTTI
GAMBINO Twin Gambino
Twin Gambino est l’un des membres du groupe Infamous Mobb, porte-étendard des projects cramés de Queensbridge à New York dont sont également originaires les Mobb Deep et Nas. Les Timberland bien plantées dans le macadam du quartier, Twin Gam-
Twin Gambino
Twin Gambino is a member of the Infamous Mobb group, leading the Queensbridge projects in New York where the Mobb Deep and Nas also come from. Their rytelling with smoking and crackling instrumentals in the background. The rapper- also named Big Twinshas done four albums that convey many daily scenes and codes from neighborhood in a « Queensbridge / If you want the problems, we can hurry up and come bury ya » sort of way.
genre qui fait la part belle au storytelling canaille sur des instrus fumeuses et grésillantes. Le rappeur qui se fait également appeler Big Twins compte aujourd’hui quatre albums qu’il faut envisager comme autant de mises en scène de la vie et des codes du quartier façon « Queensbridge / If you want the problems, we can hurry up and come bury ya. »
Carlo Gambino
Ce petit padrino, né comme un pouilleux en Sicile au début du XXe siècle, ne payait pas de mine. Pourtant, Carlo Gambino compte parmi les hommes les plus puissants que New York ait connu. Dans les années 1970, « Don Carlo » était considéré comme le parrain des parrains. L’homme contrôlait ainsi les syndicats de camionneurs de la ville, l’aéroport JFK ou encore tout un tas de boucheries. Malgré ses petits airs bonhomme, Carlito aurait également refroidi un paquet de types. Celui qui préférait parler le dialecte sicilien plutôt que l’anglais aurait, dit-on, inspiré l’auteur Mario Puzo pour imaginer le célèbre personnage de Vito Corleone.
Carlo Gambino
The little padrino, born in seedy Sicily in the early 20th century, did not seem like much. Yet, Carlo Gambino is one of the most powerful men in New York. In the 1970’s, « Don Carlo » was considered the Godfather of the Godfathers. The man controlled the city’s truck drivers’ union, the JFK Airport or a bunch of butchers. Despite his sweet-old-man appearance, Carlito knocked off a few. This one who preferred to speak the Sicilian dialect rather than English, probably inspired the author Mario Puzo’s famous character, Vito Corleone.
Yo Gotti
Yo Gotti
Memphis, ville musée de la musique yankee, berceau d’Elvis et d’Otis Redding. Aussi, la ville du Tennessee s’impose comme un haut lieu hip hop. Là-bas, des types qui roulent les « r » scandent des lyrics pornos Comme si Wes Craven shootait Rocco Siffredi déguisé en animal. Sur ce créneau, voilà Yo Gotti a.k.a « Memphis Yo Gotti », ambassadeur ultime de la ville. Un homme qui ballade l’atmosphère kitscho-apocalyptique de ses corners cul-terreux par-delà le Mississippi. Une icône au folklore intriguant qui, quand elle en fait trop question gourmette blingante écoutez « Sold out cacou du Midwest qu’à un rappeur.
Memphis, the museum city for yankee music, Elvis and Otis Redding’s cribs. The Tennessee city has established itself as a hip hop mecca. There, people rolls their r’s and sing porno lyrics with horror movie music in the background. As if Wes Craven was shooting Rocco Siffredi in an animal costume. On such a track, you have Yo Gotti aka « Memphis Yo Gotti », the city’s ultimate ambassador. A man who rhapsodizes the kitsch-apocalyptic culture found in this corner along the Mississippi. A curious folkloric icon who, when he turns too bling-bling – listen to « Sold Out » – ends up seeming more like a Midwest kid than a rapper.
John Gotti
John Gotti
Two nicknames for the godfather.
Deux surnoms pour un parrain. la peau dure qui, pendant longtemps, n’est pas tombé. Ainsi, le natif du Bronx n’a jamais été inquiété pour le meurtre en plein Manhattan du boss Paul Castellano – ce qui lui avait permis de mettre la main sur la famille Gambino. « Dapper Don », un gredin qui aimait aussi faire le beau devant les objectifs, qu’ils soient plantés près du tribunal ou planqués non loin du Fish Club d’Ozone Park où il tenait réunion. Finalement incarcéré en 1992 (au début, dans une cellule de cinq mètres carrés), Gotti est mort dix ans plus tard. Il est considéré comme le dernier grand parrain de New York.
who did not fall for a long time. This Bronx native was not worried about Paul Castellano’s murder in the heart of Manhattan, which enabled him to take control of the Gambino family. « Dapper Don », a rogue that liked to pose in front of cameras, next to the courts or Ozone Park’s Fish Club where he held his reunions. Finally, he was put in prison in 1992 later. He is considered New York’s last great godfather.
LUCIANO NITTY Ty Nitty
Un autre larron des Infamous Mobb. À l’instar de Twin Gambino, Ty Nitty la joue encore loustic du block, portant beau le De « Mobb Rules » à « après titre. Cela dit, sa monomanie lasse : ses derniers clips comptent moins de cinq mille vues sur YouTube. Solo. Il l’est d’ailleurs d’autant plus après avoir coupé les ponts avec les Infamous Mobb et son pote Prodigy de Mobb Deep – Nitty leur en veut d’avoir colporté une histoire selon laquelle il aurait été pris sous le feu des Capone-N-Noreaga, d’autres pépères de Queens. Les aléas de la thug life.
Frank Nitti
C’est peut-être pour vivre au mieux son rêve américain que le maquignon rital Francesco Raffaele Nitto a choisi de se faire appeler Frank Nitti. Le malfrat est connu pour avoir été le bras droit du célèbre Al Capone du temps de la Prohibition. Il était « L’Exécuteur », celui qui commanditait des meurtres pour assurer le monopole de son boss à Chicago. Succédant à Capone après que ce dernier eût été envoyé à rapidement fait rattraper par la patrouille pour des histoires d’extorsion à Hollywood. Claustrophobe, Nitti a préféré se tirer une balle dans le ciboulot plutôt que pourrir à l’ombre.
Lucky Luciano Ty Nitty
Another member of the Infamous Mobb. Like Twin Gambino, Ty Nitty plays the guy from the block, draped in Mobb Rules » to « , the rapper undertakes the toil song after song. Alone. He was even more abandoned after he left the Infamous Mobb and his friend Prodigy of Mobb Deep. Nitty could not forgive them for revealing that he got shot by the CaponoN-Noreaga, other guys from the Queens. Hazards of thug life.
Frank Nitti
It’s probably because he wanted to live his American dream to the fullest that the Italian horse-dealer Francesco Raffaele Nitto chose to be named Frank Nitti. The bandit was famous for being Al Capone’s right hand man during Prohibition. He was the « executor », the one who organized the murders to assure his boss’ monopoly on Chicago. Succeeding Capone after he had been sent to Alcatraz for tax extortion in Hollywood. Claustrophobic, Nitti preferred to shoot himself rather than being locked up in prison.
En 2002, Christian Anthony Garcia, lyriciste aux grillz carnivores des faubourgs latinos de Houston, Texas, est signé par un label qui lui qu’une Cadillac pour célébrer le deal. Quelques semaines plus tard, voilà le larron délesté : celui qui s’appelle Lucky Luciano à la scène a dépensé sa fortune en « drogue, strip-teaseuses et en steaks pour les barbecues ». Quant à la bagnole, il l’a défoncée. Lâché par le label, la tête brulée décide de se ressaisir et de se faire tout seul. Du coup, ces dernières années, vingtaine de mixtapes chargées en funk sudiste qui s’écoutent aujourd’hui jusqu’au Japon.
Lucky Luciano
Dans la série Boardwalk Empire, Lucky Luciano apparaît comme un jeune chien fou. Spoiler alert : il va devenir roi. Au côté de son pote Meyer Lansky, Luciano va s’imposer dans les années 1930 comme le vrai patron de La Grosse Pomme. Et s’incruster dans les mémoires comme celui qui aura théorisé l’idée de crime organisé. Luciano est notamment à l’origine du
tionalité américaine, le gangster sera renvoyé à Naples dans les années crise cardiaque, il a été enterré à New York, là où était sa vraie vie.
Lucky Luciano
In 2002, Christian Anthony Garcia, lyricist of the carnivorous grills on Houston’s latinos boulevards, signed with a label that gave him ten thousand dollars and a Cadillac to celebrate the deal. A few weeks later, the little thief lost it all: the one named Lucky Luciano had spent his money on « drugs, strip-teases and streaks for BBQs ». and the hothead decided to try it on his own. During those last couple of years, with southern funk that are even listened to in Japan.
Lucky Luciano
In the TV show Boardwalk Empire, Lucky Luciano comes across as a young wild one. Spoiler alert: he is about to become king. Alongside his friend Meyer Lansky, Luciano becomes, in the 1930’s, the Big Apple’s big boss by being considered the one who theorized the idea of organized system in New York. Since he was not an American citizen, he was sent back to died from a heart attack and was buried in New York, where he truly belonged.
GOODIES STREET VIEW
Dans un monde où l’hyper évoquée street culture se dilue chaque jour un peu plus, noyée au milieu de produits dont on ne prend plus le temps d’envisager la valeur, il est un homme qui se triture les méninges pour tenter de séparer le grain de l’ivraie. L’encyclopédique Michael Dupouy est la tête pensante de All Gone, cette grosse Bible qui indexe le meilleur de la culture de la rue et qui sort sa septième édition en 2013. Vieux de la vieille, Dupouy est également l’un des premiers à avoir amarré la street culture à l’univers des marques. Un curriculum vitae ciblé pour un regard avisé.
In a world where street culture has turned mainstream and somehow got lost in the jungle of less and less valuable products, there is a man still trying hard to separate the wheat from the chaff. Michael Dupouy is the brain behind All Gone , the huge Bible for everything street culture has best to offer, whose 7th Edition is due to be published in 2013. Not only an old timer, Dupouy to connect street culture with brands. A top resume for an expert look.
personnelle sur l’évolution récente de la street culture ? Il faut remonter dans le temps pour cerner le sujet. Il y a une trentaine d’années, lorsque la street culture a émergé en France, cela faisait avant tout référence à la culture hip hop, à ses différentes disciplines et au fameux « peace, love and unity ». Plus tard, la donne a progressivement changé. Street culture a souvent rimé avec émulation, compétition et le mercantilisme a comvmencé à hanter les esprits. S’enrichier est devenu le letimotiv de tous (avant on rappait pour se rebeller, aujourd’hui on rappe pour faire de l’argent) et la logique de marché s’est progressivement installée dans toutes les composantes. L’explosion des moyens de communication a exposé cette culture aux yeux de tous, et les marques, ont à leur tour, plongées dedans. Il leur fallait comprendre les codes dans un premier temps, s’entourer de spécialistes, et ainsi faire passer un message qui ne sonnerait pas trop faux. Les indépendants ont ouvert la voie, les corporations ont suivi, et désormais, il est devenu normal que les marquent achètent les talents de tous les acteurs de la scène street, qu’ils soient old timers (on achète de la légititimé) ou new comers (on essaye avant tout de passer pour visionnaires). Je ne crache pas dans la soupe, je fais moi aussi partie de ce système et j’essaye d’en tirer mon épingle du jeu. Tu veux dire que la street culture est devenue hyper marchande ? Évidemment. Aujourd’hui, elle est un bien de consommation comme un autre, elle est mercantile. Comme tout, l’offre s’adapte au revenu : ceux qui ont du pouvoir d’achat iront se payer une œuvre dite « street art » du côté de la FIAC et les autres s’achèteront un porteclef représentant ladite œuvre. On vit dans un monde marchand, il n’y a pas de fatalité ! Moi, c’est quelque chose que je vis très bien. Quels rapports entretiens-tu avec la street culture ? D’où cela vient-il ? Cette culture, c’est toute mon histoire. J’ai grandi avec, et elle a été mon leitmotiv depuis mon adolescence. Je ne veux pas passer pour un vieux con, mais aujourd’hui, la notion d’underground n’existe plus. À ses débuts, cette culture et ses acteurs étaient iconoclastes.
Le mouvement lui même était complètement novateur. Le rap était un genre musical nouveau. en général faisaient de ceux qui s’en sentaient proches, des gens à part. Pas des marginaux, mais des gens qu’on ne comprenait guère aussi facilement qu’aujourd’hui. Ado, j’ai eu la chance de rencontrer très tôt des gens qui avaient un rôle majeur à Paris pour ce mouvement. Et je leur dois tout. J’ai appris à leurs côtés, j’ai découvert les codes, j’ai eu envie des les suivre aux USA, de ramener comme eux, des tas de trucs qu’on ne pouvait pas trouver à Paris à l’époque. Des disques dans un premier temps, des baskets et des sapes dans un second. C’est là que tout a commencer. Entre entre vices et loi du plus fort (la culture street à Paris n’a jamais été pour les enfants de cœur à ses débuts, et je penses que je ne serais pas l’entrepreneur que je suis devenu aujourd’hui sans avoir connu les joies mouvementées des rues Parisiennes) entre envie de posséder un disque et une marque dont ton pote de classe ne connaît même pas l’existence. Et surtout, à un moment donné, j’ai décidé de transformer ce qui était un hobby en métier. Métier que tu as développé au sein de La MJC, une structure créée en mai 2001 avec ton ami Julien Cahn. Que faisiez-vous au départ exactement ? On ne savait pas vraiment ce qu’on voulait faire ! On aimait rassembler, mélanger les gens, faire bouger les choses, à une époque où Paris était très peu propice aux mélanges. Internet ne s’était pas encore démocratisé. On connaissait du monde, on sortait beaucoup, et surtout, on fréquentait beaucoup de gens issus de milieux très différents. Julien et moi étions assez complémentaires à ce niveau. Mode et hip hop ne faisaient pas bon ménage à l’époque, gays et hétéros, techno et rap n’avaient pas d’interaction. La génération « mash-up » n’avait pas encore pris le pouvoir, et nos idées étaient dures à faire passer. Quand on voulait faire une soirée à l’Elysée Montmartre avec à la fois Joey Starr et Pedro Winter dans le même line-up, on nous prenait pour des fous, on nous disait que ça ne marcherait jamais, que les gens auraient « peur ». Ridicule aujourd’hui, mais vérité au début des années 2000. On a commencé comme
How would you describe street culture’s recent evolution? You have to go way back to understand the whole picture. When street culture surfaced in France over thirty years ago, it was mostly referring to hip hop culture, its various disciplines and its famous “peace, love and unity” motto. Then things slowly changed. Street culture started to deal with emulation, competition and economy. Getting rich became the main goal (rappers used to be rebellious, nowadays most of them just do it for the money) and the market logic made its way to every level. The explosion of communication technologies gave street culture a global exposure and brands eventually jumfamiliar with its codes though, thanks to specialists, so their message doesn’t sound too fake. Independents paved the way, companies followed and today it’s natural for brands to recruit street talents, whether old timers (to be associated with their street credibility) or new comers (to be seen as visionary). But I’m not going to bite the hand that feed me, I’m a part of that system myself, so I’m just trying to hold my own and play my cards right. You mean street culture has become hypermarketed? Obviously! Like any other product, it must now match supply and demand: high-income people can afford an expensive so-called “street art” piece at the FIAC, whereas low-income people will buy a cheap key holder representing that very same piece. We live in a global market there is no fatality! That’s something I’m very comfortable with. What is your relationship with street culture? How did it all start for you? This culture is all my life. I grew up with it and it was the leitmotif of my teenage years. I don’t want to sound like an old schmuck, but the very notion of underground doesn’t exist anymore. Those who built this culture were iconoclasts. The movement itself was brand new, rap was a new music type, everybody involved with grafin general were kind of special. I’m not saying they were harder for everybody else to understand them back then. As a teenager, I was fortunate
enough to meet the leaders of that movement here in Paris. I owe them big time. They taught me everything I know, I wanted to follow in their footsteps, go to the United States with them and bring back all kinds of stuff time. First records, then sneakers and clothes. This is how it all started for me, through my passion for rap music and wasn’t made for choirboys back then and I don’t think I would be the entrepreneur I am today if it wasn’t for the tribulations of Paris street life), my desire to own records or wear brands that my own classmates had never heard of. Then at one point, I decided to turn what was just a hobby into a real job. This is how you launched La MJC in 2001 with your friend Julien Cahn. What were you We actually didn’t even know what we wanted to do! We liked bringing people together and move things forward, especially since everybody was pretty narrow-minded in Paris back then. That was before the democratization of the Web. We used to go out all the time and we knew a lot of people from very different backgrounds. Julien and I proved to be very complementary. There was no interaction between fashion and hip hop, gays and straights, electro and rap, etc. The “mash-up” generation had not taken power yet and it wasn’t easy to get our ideas across. People used to say we were crazy when we were trying to throw a party at the Elysée-Montmartre with both Joey Starr and Pedro Winter on the lineup. They said it would never work because people would get “scared”. It sounds stupid today but that’s really how people used to think in the early 2000’s. Anyway, this is how we started, all alone, sending letters to brands we liked, to let them know we had projects they may be interested in. Some never replied and some trusted us right from the start. We knew we had good ideas and good connections, plus we tial people from all kinds of backgrounds to show up to our events. We started to help brands to understand street
ça. Un peu seuls au monde, sans internet, à envoyer des courriers postaux à des marques qu’on aimait bien, pour leur dire qu’on avait des projets pour elles. Certaines n’ont jamais répondues. D’autres ont cru en nous. On savait qu’on avait de bonnes idées, un réseau fort, qu’on maîtrisait les codes pour attirer des gens nos évènements. On s’est mis à aider les marques à comprendre les contours de la street culture et à adapter, en conséquence, leur communication. Nike, BMW et Sony Playstation ont été les premiers à piger notre idée. Douze ans plus tard, je les remercie encore. Comment démarchiez-vous les marques ? Par courrier ! Le vrai ! Et on attendait des semaines avant d’avoir un retour. On expliquait les projets des artistes que l’on voulait présenter, on trouvait qui pouvaient faire co-exister nos projets avec l’histoire marketing ou le nouveau produit du moment. Notre grande première était mémorable. BMW qui venait de racheter Rover, nous a permis de lancer leur nouvelle MINI (que strictement personne n’avait encore vu), trois mois avant la grande première au salon de l’auto, dans une galerie d’art, en plein marais. On avait fait venir WK Interact de New York pour l’occasion, et les œuvres de l’artiste sont devenues l’écrin de présentation de la voiture. On avait réussi à faire ce qu’on voulait: intégrer une marque dans un projet artistique, sans dénaturer le propos de l’artiste, tout en offrant une histoire marketing cohérente pour donner au produit plus de légitimité auprès de la cible visée. J’avais vingttrois ans, Julien vingt ans, on venait de monter notre boite, on passait sur Culture Pub, et douze ans plus tard, on est toujours Vous avez également beaucoup travaillé avec la boutique Colette pour monter des évènements. Comment vous êtes-vous rapprochés ? On a toujours été très admiratifs du magasin et de ce qu’on pouvait y trouver. Une fois de plus, à l’époque, soit tu voyageais, soit tu ne connaissais rien. Quelques magazines japonais ou des The Face pouvaient t’aider un peu, mais la proposition premium en matière
de street culture, peu de gens étaient capables de l’offrir. Pour nous, il n’y avait que deux références en Europe. Hit & Run à Londres (devenu The Hideout depuis) et colette bien entendu. On s’est rapproché de Sarah (directrice artistique de la boutique colette à Paris - ndlr) de manière professionnelle lorsque Stash présentait « Tools of the Trade » chez colette. Grâce à Nike, on eu la possibilité d’organiser l’after show. On offrait des zip-locks qui contenaient des capuchons de bombe et une adresse pour une after-party secrête. Les capuchons te donnaient droit à une conso, les DJ’s étaient tous proches de la famille Nike/ Recon/Stash/Futura. On arrivait gens qu’on admirait à l’époque. C’était presque du rêve. Lorsque Julien est ensuite parti bosser pour Nike, je suis devenu ami de Sarah, et on s’est mis à travailler en plus étroite relation. Sarah et Colette m’ont donné la chance de créer une vraie joint-venture entre La MJC et le magasin avec le site wesoldout.com. Puis sont nées les premières collaborations avec New Balance, et bien entendu, le premier All Gone. Revenons aux produits qui font la street culture. N’assisterions-nous pas à une certaine uniformisation du marché ? Aujourd’hui, tout est recyclage. Au mieux, il y a des évolutions. On n’assiste plus à de véritables inventions. L’émergence des raves, de la culture électronique, du rap, l’avènement du codes des vêtements de sport pour la rue etc les années 1990 cile aujourd’hui de ne pas parler de normalisation. Je le disais au début. L’underground n’est plus. Le Web a tellement mis cette forme culturelle sur un piédestal qu’elle est devenue mainstream, globale. Elle est la culture populaire majeure aujourd’hui. Les rappeurs sont alors qu’ils étaient des parias il y a vingt ans. Attention, je ne dis pas que c’était mieux avant. Au contraire ! C’est juste devenu complètement différent, marchand, calculé, rentable. Mais ça reste excitant, dynamique. D’une culture de marge, on est entré dans une culture de masse. Pour le meilleur et pour le pire.
culture and therefore adjust their communication. Nike, BMW and Sony PlayStation we had in mind. Twelve years later, I’m still thanking them. How did you approach brands? By mail, and I mean real post mail! We usually had to wait for weeks before getting any replies. We used to explain the projects for the artists we were willing to introduce and come up with the best way to match those projects with the marketing strategy or the newest was memorable. BMW had just acquired Rover and let us launch their new MINI car (that no one had ever seen before!) in an art gallery in the heart of Le Marais district, three months prior to the premiere at the Paris Motor Show. We had WK especially for the event and we used his visuals for the car’s presentation box. We managed to get exactly what we were looking for, i.e. merging a brand into an artistic project, without compromising the artist’s vision while crafting the right marketing story to embrace the target audience. I was twentythree, Julien was twenty, we had just started our company and we were already appearing on Culture Pub. Twelve years later we are still very proud of what we accomplished. You have also organized many special events for the Colette concept store, how did you start working with them? We’ve always been admiring their store and all the products they were selling. Once again, back in the days you had to travel to really get into street culture. A couple Japanese magazines or The Face could help, but there was barely any premium access here in Paris. The only two European references to us were Hit & Run in London (now The Hideout) and of course Colette. We professionally approached Sarah (she’s Colette’s Art Director – ed.) during Stash’s “Tools Of The Trade” exhibition at Colette. Thanks to Nike, we had the opportunity to organize the after show. We gave away ziplocks containing spray cans caps and the address to a secret after party. People could exchange the caps for free drinks. All the DJ’s were close to the Nike/Recon/ -
nally doing something with the people we were fans of. It was almost like a dream come true. When Julien got a job at Nike, I became friend with Sarah and we started to work more closely. She gave me a chance to create a real joint venture between La MJC and Colette via the wesoldout.com website. Then came New Balance and of course the Let’s get back to the products that make street culture what it is. Doesn’t the market tend to get more and more standardized? It’s all about recycling now. At the very best, there are some evolutions, but nothing is really created from scratch anymore. The rise of rave parties, electro the streets turned sportswear codes into their own, etc. Compared to the 90s that were such a creative decade, everything seems pretty normalized now. That’s what I was saying, underground doesn’t exist anymore. The Internet put this culture on a pedestal and gave it global exposure. It became mainstream. Rappers are today’s number one trendsetters when they used to be outcasts twenty years ago. Don’t get me wrong though; I’m not saying it was better back then, on the contrary! It’s just got on a whole new level where it has to be marketed and procause everything moves so fast. From a culture on the fringe of society to the most popular one, for the best or worse. What’s your purpose with All Gone? Now that the Internet has brought street culture from a well informed audience to a global audience, the problem is that not everyone has the right tools to analyze or decrypt it. Most people just forward or copy paste press releases and don’t look any further. Only those commenting at the bottom of the page can express their critics or opinions. It’s such a pity! With All Gone, the idea is to offer an annual best of what street culture has to offer. We collect, we select, which means we take the risk to keep only what we think is worth. In a way, we are content curators and editors. Obviously our choices can’t satisfy everybody, but that’s not the point. All
Pour ce qui est du vêtement, le meilleur moyen pour les marques de sortir du lot semble être de rentrer dans le jeu de la collaboration Mais ce n’est pas possible de n'exister qu’à travers une succession de collaborations. Si une marque ne fait que ça, c’est qu’elle souffre d’un grave problème d’identité. Pour durer, la collaboration ne doit être utilisée que sporadiquement, et surtout, avec le bon collaborateur ! Il faut toujours se demander à Revenons à All Gone . Quelle est la raison d’être de l’ouvrage ? Depuis qu’Internet a explosé, la street culture s’est démocratisée. Réservée à un public averti, elle a élargi son audience à l’extrême. Le souci, c’est que tout se propage sans que rien ne soit analysé, ni décrypté. Aujourd’hui, on se contente uniquement de relayer et de copier-coller des communiqués de presse. Le point vue, la critique, ne sont laissés qu’à ceux qui commentent en bas de page. C’est dommage. Avec All Gone, l’idée est de cibler ce que la street culture a offert de mieux sur une année. On fait du tri, on sélectionne. Donc on prend le risque d’éliminer. D’une certaine manière, notre travail des mécontents en faisant des choix. Pour autant, l’objectif principal est ailleurs. All Gone fait également œuvre d’archive : comment dire aujourd’hui, ce qui valait le coup en 2006 ? On ne peut pas répondre à cette question, Google ne peut plus rien dire à ce sujet. All Gone, lui, peut amener une tentative de réponse. De fait, plus les années passent, plus le livre prend du sens. Il montre comment les goûts et les styles changent. Il atteste aussi que les produits majeurs restent souvent les mêmes, même si la rotation des marques change quand même pas mal d’une année sur l’autre. En jetant un coup aux vieilles éditions de All Gone, y a-t-il des tendances de fond qui se dégagent ? Oui bien entendu. J’ai tendance à dire que cela dépend de la situation économique. Dans cette scène, quand les gens sont dans une situation confortable, on assiste à un besoin de retour aux basiques. Et quand on plonge dans la crise, quand les temps deviennent plus durs, on se tourne de
nouveau vers l’excentricité. Aujourd’hui, dans la mesure où la crise bat son plein, l’heure est plutôt au show-off. Comment se goupille le travail de sélection des pièces présentées dans All Gone? Je suis tout ce qui sort, c’est un travail de tous les insThaïlande, je me débrouille Dès que je trouve un produit intéressant, je m'arrange pour en récupérer un exemplaire pour le shooter. Généralement, au moment de démarrer le bouclage du livre, il me manque un tiers des produits. Inutile de cacher que certains produits sont une galère sans nom à récupérer. Cela fait partie des charmes de la construction de cet ouvrage. Il se veut aussi collector que les produits auxquels il rend hommage. Et parfois, il faut faire des pieds et des mains pour les obtenir ! Il t’arrive, parfois, de prendre des coups de pression de la part des marques ? Plus que des coups de pression, je parlerais de suggestions. Mais aujourd’hui, je suis plus solide qu’il y a dix ans, j’arrive à tenir sur mes positions. Le livre a acquis une vraie force ces dernières années et a ainsi renforcé son indépendance. Aujourd’hui, il est devenu une vraie référence pour cette scène. Il est attendu, réclamé. Il est le témoin d’une génération élevée à l’image et qui veut posséder tout ce qu’elle voit. En plus de ton boulot sur All Gone et de tes collaborations avec bon nombre de marques et de boutiques, te reste-t-il un peu de temps pour bosser sur autre chose ? Depuis quelques années, on a développé une marque avec mes amis Pedro Winter et SoMe. Pour la rentrée 2013, on va d’ailleurs lui donner une nouvelle identité et la doter d’un nouveau site. C’est une nouvelle aventure. Très excitante. J’ai aussi un beau projet à mener avec mon pote Edison Chen. L’idée est de mettre en avant des jeunes marques françaises pour le marché asiatique, sous la forme d’une collection capsule, que je mets en place avec lui. J’ai toujours mené mes projets comme ça. L’amitié comme lien fédérateur, puis les synergies viennent d’elles-mêmes.
Gone works also as an archive. How can you know for sure what was in in 2006? You can’t. Google probably lost track and can’t really help you. All Gone is an attempt to answer that question. The more the years go by, the more the book makes sense. It reveals how tastes, trends and styles change. It also proves same, even though brands come and go from a year to another. With a retrospective look at All Gone’s old editions, are there any long-term trends? Of course! I’d say it has to do with the economic situation. When it comes to street culture, people have a need to return to basics when they get comfortable. On the other hand, they become more eccentric when times get hard. Currently, because of the crisis, they are really showing off. How do you select the products displayed in All Gone? I’m checking out everything, it’s a full time job! Even if I’m in in the middle of Thailand, I always manage to check my RSS feeds. Everytime I stumble upon an interesting product, I manage to get a copy so I can shoot it. Most of the time, a third of the products is still missing when book. Needless to say some products are a pain in the ass to get. But that’s also what makes the charm of writing such a book as
collector as the products it pays tribute to. And sometimes you really have to move heaven and earth to get the products! Do the brands ever pressured you? Rather than talking about pressure, let’s say they make suggestions. But I’m way stronger now than what I used to be ten years ago, I can hold my position. The book has obtained a strong credibility over the years that strengthened its independence. It’s now regarded as a real landmark for street culture. People wait and ask for it. It’s the testimony of a generation raised on image who wants to possess everything they can see. Besides All Gone and your many collaborations with brands and stores, do you still have any free time left to work on other projects? I’ve been developping a brand for a few years with my friends Pedro Winter and So-Me. We’re actually going to give it a new identity and a new website later on this year. It’s a wonderful adventure, very exciting. I also have a beautiful project with my buddy Edison Chen. The idea there is to showcase young French brands to the Asian market, via limited edition and temporary collections. That’s how I have always worked: friendship come together naturally.
PHILIPPE PASQUA RAW FLESH Autodidacte, Philippe Pasqua a commencé à exercer son art sur des vieux sacs en toile de la Poste à l’aide de peinture blanche récupérée sur des chantiers. Tableaux, dessins et sculptures, l’artiste dans le panorama de l’art contemporain. Valorisé à la 241ème place du dernier top 500 établi par Artprice et la FIAC, il compte parmi ses mécènes le grand collectionneur José Mugrabi, celui qu’on appelle « L’homme aux huit cent Warhol ». L’accueil est impressionnant ; le ton est donné. Plantée au milieu d’un jardin, voilà une Vanité format XXL – un énorme crâne de plusieurs tonnes, chromé, sur lequel sont posés des papillons –, fruit de la collaboration de Philippe Pasqua avec le fondeur d’art Régis Bocquel. En ce matin de décembre, c’est Martin, l’assistant de Philippe Pasqua, qui dirige la visite. Répartis dans un immense lieu de deux étages, portraits, sculptures et toiles aux formats gigantesques se succèdent. C’est à Saint-Ouen-l’Aumône, à quarante kilomètres de Paris, que l’on trouve le repère de Philippe Pasqua. Le Storage, l’appelle-t-il. Depuis septembre 2010, cet immense hangar de présentation et de stockage – 3 000 m2 aujourd’hui ; 7 000 demain –, son escalier de béton brut et son jardin de sculptures permettent aux professionnels, aux collectionneurs, aux étudiants ou tout simplement aux amateurs d’art de venir « s’immerger dans (son) univers. » Une à deux fois par an, un vernissage réunit même jusqu’à deux mille cinq cent curieux. Lucien Freud ou Francis Bacon dans le choix du support – le portrait – ainsi que dans le style, avec ce coup de pinceau vif et mouvant. L’artiste, lui, se sent plus proche de l’Anglaise Jenny Saville, par la taille de ses œuvres et le rapport de ces dernières au corps humain. Ainsi dans ses séries baptisées « Bloc » ou « Trauma », Pasqua couvre ses immenses toiles de trisomiques, de travestis et autres aveugles. L’homme assume le choix de ses modèles pour lesquels il a une « admiration hors-norme ». Pour les sélectionner, il a usé de tous les stratagèmes, « de la simple annonce sur Internet, à des recherches plus déterminées dans des pays aux alentours pour trouver les modèles qui m’inspiraient le plus. », raconte-t-il. Les portraits interpellent le spectateur. Ils les effraient parfois avec leurs yeux déments, leurs Ces derniers sont même happés, hantés par cette étrange impression de réel qui se dégage des oeuvres. Le critique Pierre Restany, dans Une leçon de liberté dans la peinture (2001), du haut de sa longue barbe, résumait ainsi : « Le monde de Philippe Pasqua, c’est celui de la chair tous azimuts, de la chair dans toutes ses dimensions. » Ce qui intéresse l’artiste chez ses modèles, c’est « leur physique, leur façon d’être, de bouger ». ’alla prima – soit le résultat du premier tique précieuse sur le marché de l’art. On voit alors surgir de
Self-taught, Philippe Pasqua started to work at his art on old canvas bags with white paint taken from construction sites. With paintings, drawings and sculptures, the artist has now become rary art world. At 241 on the most recent top 500 made by Artprice and the FIAC, he has the great collector José Mugrabi as one of his patrons, also known as « The man with eight hundred Warhol» The reception is impressive; the tone is set. Right in the middle of the garden, there is a XXL « Vanité » - an enormous skull of several collaboration with the artist Régis Bocquel. On this December morning, it’s Martin, Philippe Pasqua’s assistant, that gives us a tour. On this two-story building, portraits, sculptures and huge canvas shapes are placed next to each other. It’s in Saint-OuenPasqua’s place. The Storage, as he calls it. Since September 2010, it is this tremendous shed where he presents and stores- 3000 m2 today; 7 000 tomorrow- his raw concrete stairs and his garstudents or anyone interested to “get into (his) world”. Once or twice a year, a preview brings together more than two thouEveryone agrees on the fact that Pasqua shares similar inportrait medium as well as the style, a sharp and shifting brushstroke. The artist feels closer to British Jenny Saville, for the size of her pieces and their relation to the human body. Hence, in series named “Bloc” or “Trauma,” Pasqua covers his huge canvas with people with Down Syndrome, transvestites and other blind ones. To select them, he tried all the tricks, “from the simple post on the Internet, to more structured research , he says. The portraits raise concern. For some, they are scary with insane eyes, bruised bodies. They literally freeze viewers. The viewers are struck and even haunted by the strange realistic impression that emerges from the work. The critic Pierre Restany in Une leçon de liberté dans la peinture (2001), from the top of his beard, explained: “Philippe Pasqua’s world, it’s one of The artist is interested by his models’ “physiques, behavior, movement”. His painting, alla prima the Art market. You can see the simple shadings coming out of the characters, which set both the outline and the primary elements of the composition. Pasqua describes “the uncompleted task’s esthetic” that makes his paintings both present and living at the same time.
ces personnages les hachures sommaires qui déterminent les grandes lignes et les principaux éléments de la composition. Pasqua parle « d’une esthétique de l’inachevé » qui rend ces tableaux si présents et vivants à la fois. Et il n’y a pas que les portraits. Depuis 1987 et son retour à Paris – après une interlude new-yorkaise où il bossa en galerie –, Philippe Pasqua travaille également sur ce fameux thème des Vanités, un panel de natures mortes chargées en allégories qui indes sens et des richesses... face à la certitude de la mort. Pasqua, lui, sublime ses Vanités. Il amasse des crânes humains, les recouvre d’or ou d’argent, puis les gaine de peaux animales qu’il tatoue de paysages lunaires, féériques, où se mêlent dragons et bestioles symbole de l’éphémère. Pasqua s’en justiLes Vanités sont pour moi importantes car elles représentent l’être humain dans son plus simple aspect. » « “Peindre, c’est aimer à nouveau” disait Henry Miller. Avec Pasqua, c’est aimer ce qui n’est pas aimable : l’innommable inaimable. », écrivait le critique Emmanuel Daydé dans le catalogue Paradis Blanc (2002). Il se dégage quelque chose d’insaisissable chez cet homme qui dit n’avoir toujours pas trouvé son identité artistique, un créateur pour qui la peinture représente une sorte de thérapie. Contre une vie trop éphémère et tant sujette aux blessures et à la destruction ? Peut-être bien. Drôle de paradoxe alors quand, en se baladant dans le Storage, entre les Ferrari et les dinosaures T-Rex, on tombe soudain sur cette épitaphe inscrite sur la pierre tombale réalisée par Pasqua lui-même : « Philippe Pasqua, né le 15 juin à Grasse. A commencé à peindre en 1985 et n’a jamais arrêté. »
There are not only portraits. Since 1987 and his return to Paris- after a New York interlude during which he work in a gallery- Philippe Pasqua also works on this famous Vanités with allegories that makes one think about the uselessness of pleasures, senses and wealth…compared with DAMIEN the certainty of death. Pasqua, himself, sublimates his Vanités. He accuHIRST mulates human skulls, covers them with gold or silver and rounds it off VS. with animal skins tattooed with lunar, fairy landscapes where dragons PHILIPPE and mythical animals coexist. When ending the process, the skulls get a PASQUA
SKULL Laurent Strouk Gallery in Paris, until 23rd January Art Stage Singapore, from 24 to 27 January 2013 Art Revolution Taipei from 05 March to 05 May 2013
self: “ The Vanités are important to me because they represent the human being in its simplest form.” “To paint, it’s to love again,” said Henry Miller. With Pasqua, it’s loving the unlovable: the unnamable unlovable”, wrote critic Emmanuel Daydé in the Paradis Blanc (2002) catalog. There is something imperceptible that emerges from this man who claims tity yet, a creator for whom painting is a kind of therapy. Is he opposed to a life that is too ephemeral and prone to injuries and destruction? Probably. It’s a curious paradox when you walk through the Storage, between Ferraris and T-Rex dinosaurs, to suddenly see this epitaph written on a tomb made by Pasqua himself: “Philippe Pasqua, born on 15th June in Grasse. Has started painting in 1985 and never stopped.”
En vingt ans, celui qui aime à dire « J’aime tellement la vie que j’essaie de conjurer la mort par ces œuvres » a exposé dans le monde entier (À l’International Center de Detroit en 1995, à la galerie Martini à Hong-Kong en 1997 ou au Musée d’Art Moderne de Moscou en 2010). En 2006, Mugrabi lui a acheté une centaine de toiles, ce qui a permis à Pasqua d’exister sur la scène internationale. À 47 ans, le travail de Pasqua est aujourd’hui « confronté » à celui d’un autre poids lourd de la catégorie, Damien Hirst, à l’occasion d’une exposition sur le fameux thème des Vanités. Une rencontre que l’on doit à la Galerie Laurent Strouk à Paris, qui a souhaité mettre face à face les recours respectifs de deux éminents artistes de l’époque qui se jouent de la mort en la
In the past twenty years, the man who likes saying “I love life so much that I try to avert death by its works”, has exhibitions all over the world (at the International Center of Detroit in 1995, at the Martini Gallery in Hong-Kong in 1997 or the Modern Art Museum of Moscow in 2010). In 2006, Mugrabi bought about a hundred paintings, which enabled Pasqua to last in the international scene. At 47, Pasqua’s work is being “challenged” by another master of art, Damien Hirst, during an exhibition on the famous Vanités theme. A rendez-vous organized by Laurent Strouk Gallery in Paris, that intended bring the two artists’ conceptions face to face, the two who play with
Stage, la grande foire de Singapour en janvier, puis à Taipei, au printemps aux côtés des grands qu’il côtoie régulièrement désormais, les Jeff Koons, Takashi Murakami et une nouvelle fois, Damien Hirst. Une photo de classe facile pour cimenter un peu plus le poids et la portée de Pasqua sur la scène actuelle.
Art Stage, the great exhibit held in January in Singapore, then in Taipei during the spring, right next to those he is close to now, Jeff Koons, Takashi Murakami and Damien Hirst. A casual class photo that indicates Pasqua’s real
A-TRAK
Alain Macklovitch, plus connu sous le nom d’A-Trak, est réputé pour être l’un des DJs les plus virtuoses que compte aujourd’hui la planète musique. L’histoire d’A-Trak est celle d’un mec hors du commun, un ado devenu champion du monde de DJing à quinze piges, un artiste élevé au rang de passeur de disques et poseurs de scratchs de Kanye West à 22 ans. En fait, le rapport avec la musique et les vinyles d’A-Trak a probablement quelque chose d’aussi naturel que l’est le simple fait de respirer pour n’importe quel autre être humain. Aujourd’hui âgé de 33 ans, le Québécois est de la trempe de ceux qui sont capables de transformer n’importe quel morceau moyen en pépite de métal doré. La manière qu’il a eue – avec le concours d’Armand Van Helden et sous la bannière Duck Sauce – d’hisser Barbara Streisand la rotant frénétiquement son nom sur un beat surchargé, en dit probablement plus que n’importe quel long discours. A-Trak est partout où il faut être : sur toute une série de remix (de Boys grande famille Ed Banger et jamais très loin du duo Chromeo (tiens donc, Dave One, le chanteur, est son grand frère), un coup derrière les platines du festival de Coachella, celles de vers Melbourne pour d’immenses concerts à ciel ouvert. Le temps d’une rencontre, nous sommes revenus d’un astre des scènes hip hop et électro.
Alain Macklovitch, better known as A-Trak, is reputed to be one of the most virtuous DJ the music world has ever known. The story of A-Trak is that of an extra-ordinary guy, a teenager who became champion of the DJ at twenty-two. In fact, A-Trak’s relationship with music and vinyl is probably as natural as breathing. Now at thirty-three, the Montreal-born DJ is of the caliber of those who can turn an average track into gold. The way he – with the help of Armand Van Helden, under the Duck Sauce Streisand from an outdated star into a global icon of cool, frantically blasting her name on a hectic beat, says more than a thousand words. A-Trak is everywhere he needs to be: on a range of remixes (from Boys Noize to the Rapture), alongside the Ed Banger family and never far from the duo Chromeo (hey, hey, Dave One, the singer, is his older brother), the next minute behind the turntables at Coachella, the Standard Hotel Miami or off to Melbourne for a huge ourdoor festival. On meeting, we looked back on the path of a star of the hip-hop and electro scenes.
Quels ont été tes premiers contacts avec une platine ? Mes parents m’on mis au piano très jeune. Je prenais des cours, mais je n’étais pas plus emballé que ça. Dans le même temps, mon frère écoutait beaucoup de rap. C’est avec lui que j’ai entendu mes premiers scratchs. Ensemble, on écoutait les Beastie Boys, The Pharcyde. Et presque naturellement, je me suis installé devant la platine de mon père pour essayer de scratcher. Avec des vinyles ? Yep. Je me rappelle avoir vu les amis de mon frère tenter de scratcher eux aussi sur cette platine. Ça ne marchait pas, ça sautait. Et puis un soir, après l’école, tout seul, j’ai réussi à sortir un scratch ! Je sentais que je comprenais comment faire. J’avais l’impression que c’était mon truc à moi. Quels étaient les vinyles que tu avais à ce moment-là ? Avec mon frère, on achetait surtout des disques de rap. Je me rappelle d’un de mes premiers achats, c’était le premier album de Smif-N-Wessun (un groupe de Brooklyn – ndlr). Mais les premiers vinyles sur lesquels j’ai scratché, ce sont « Songs in the Key of Life » de Stevie Wonder et un 45 tours rouge des Beastie Boys, « Sure Shot ». À cette époque, dans quel genre d’endroit traînais-tu ? À quel genre d’ado ressemblais-tu ? À un enfant : quand j’avais quinze ans, j’avais l’air d’en avoir onze ou douze. Je ne traînais nulle part, j’allais à l’école, je rentrais chez moi, je scratchais. Tu es petit à petit devenu un personnage de la scène hip hop locale, reconnu comme tel ? Avec mon frère, oui. Lui s’occupait des instrus. À Montréal, certains rappent en français, d’autres en anglais. David faisait les beats pour les deux, ce qui m’a permis de commencer à faire des shows. La scène hip hop locale me découvrait. Le journal local publiait des petits articles sur moi, je gagnais des compétitions. Et puis j’ai terminé par remporter les DMC. J’avais 15 ans, ça faisait deux ans que je m’étais mis au scratch.
Sur la page que ce cher Wikipedia te dédie, il est écrit que tu aurais inventé un système de notation du scratching… A cette époque, j’avais une approche de l’apprentissage du scratch tellement encyclopédique que je passais mes journées à apprendre et à inventer des combinaisons. Il y avait quelques scratchs de base, qui étaient des techniques assez générales. J’essayais de décliner ces techniques et d’en inventer toujours plus pour arriver à me construire une espèce de dictionnaire du scratch. Et ce que j’arrivais à créer, je le partageais avec d’autres DJs.
contact with turntables? My parents got me on the piano very young. I took lessons, but I was not very thrilled about that. At the same time, my brother was listening to a lot of rap. I him. Together, we listened to the Beastie Boys, The Pharcyde. And almost instinctively, I turned to my father’s deck to try to scratch. With vinyl? Yep. I remember seeing my brother’s friends try to scratch on the same deck. It didn’t work, it skipped. And then one evening, after school, all alone, I managed to get a scratch! I sensed that I understood how to do it. I had the impression it was the thing for me. What was the vinyl you had at that point? With my brother, we mostly bought rap records. I remember
Après quelques temps, j’ai voulu avoir un véritable inventaire des scratchs. Dans la vidéo un moment donné, on voit un cameraman se baisser pour ramasser quelque chose et le placer devant mes platines. C’était mon fameux inventaire. En gros, c’était une sorte de partition avec tous les noms des tricks que je voulais enchaîner. Ces noms, c’était souvent ceux de DJs qui utilisaient bien le trick en question ou bien ceux de techniques qui existaient. Concrètement, je pouvais caler (du nom de DJ Babu, beatmaker du groupe californien Dilated People – ndlr).
(a group from Brooklyn – ed.). was “Songs in the Key of Life” by Stevie Wonder and a red 45 single of the Beastie Boys, “Sure Shot”. At that time, what kind of place would you hang out? What kind of teenager did you look like?
teen, I looked like I was eleven or twelve. I didn’t hang out anywhere, I went to school, I went home, I scratched.
You gradually became scene, even famous? With my brother, yes. He took care of the instrumentals. In Montreal, some rap in French, other in English. David made the beats for us two, which allowed me to start doing shows. The local hip hop scene discovered me. The local newspaper published short articles about me, I was winning some competitions. And then I ended up years old and I had been scratching for two years.
On your Wikipedia page, it says that you have invented a system of scratching notation… At the time, I had a very encyclopedic approach to learning to scratch that I spent my days learning and inventing combinations. There were some base scratches, which were quite general techniques. I tried to break down these techniques and invent even more for me to be able to build a sort of scratch dictionary. And what I managed to create, I shared with other DJs. After some time, I wanted to have a real inventory of of the DMC in 1997, at some point, you see a cameraman bend down to pick something up and put it in front of my turntables. It was my famous inventory. Basically, it was a kind of score with all of the names of the tricks I wanted to string together. These names were often the DJs who used the certain trick well or the ones then a “transform” and a “short“Babu” (from the name DJ Babu, beatmaker of the California group Dilated People - ed.) In the nerd family of music, you can also draw Kanye West. Not surprisingly you have collaborated. How did that occur? I started working with him in 2004. He had just released his The College Dropout. I was a fan. I bought the “Through the Wire” single that was released several months earlier, I knew his productions for Jay-Z. I was in London for a hip hop party. Kanye was there too, for promotion. By chance, a record store had booked me for a scratch demo for about ten minutes during a showcase where John Legend had also been invited. Kanye, who was there to see his friend John sing, saw me do a trick with “Jigga My Nigga” by Jay-Z. After the show, Kanye and I exchanged a few words. I think he sort of clicked at that moment; on seeing me, he had to say: “If this guy is my DJ, he will do super fat scratches that my audience will appreciate because he uses records that everyone knows.”
Dans la famille nerd de la musique, on peut également piocher Kanye West. Pas étonnant que vous ayez collaboré. Comment cela s’est-il goupillé ? J’ai commencé à bosser avec lui en 2004. Il venait de sortir son premier album, The College Dropout. J’étais fan. J’avais acheté le maxi de Through the Wire qui était sorti plusieurs mois plus tôt, je connaissais ses prods pour Jay-Z. J’étais à Londres pour une soirée hip hop. Kanye, lui, était là pour faire de la promo. Par le hasard des choses, un disquaire m’avait booké pour une démo de scratch d’une dizaine de minutes lors d’un showcase où John Legend était convié. Kanye, qui était là pour voir chanter son pote John, m’a vu faire un passe-passe avec le Jigga My Nigga de Jay-Z. Après le show, nous avons échangé quelques mots. Je crois que Kanye a eu un genre de déclic à ce moment ; en me voyant, il a du se dire : « Si ce type est mon DJ, il pourra faire des scratchs hyper fat que mon public comprendra parce qu’il utilise des disques que tout le monde connaît. » Des mecs de Roc-A-Fella (le label de Jay Z et sur lequel était signé Kanye West à l’époque – ndlr) étaient aussi présents ce jourlà, Damon Dash notamment (le cofondateur du label avec Jay Z – ndlr). J’ai pris le numéro de son assistante et le lendemain je suis allé à la conférence de presse du label, juste avant de prendre mon vol. Là, j’ai retrouvé Kanye. Il m’a demandé qui j’étais concrètement et ce que je faisais exactement dans la vie. C’est marrant, parce que si lui ne me connaissait pas, les autres mecs de son label me connaissaient. Kanye m’a ensuite demandé si j’avais déjà fait des tournées. Je lui ai répondu que j’en avais déjà faites quelques-unes mais seulement avec d’autres potes DJs. Il m’a répondu tout-de-go : « Moi, je te parle de grosses tournées avec des rappeurs. Justement, j’en ai une avec Usher qui démarre cet été. Tu veux devenir mon DJ ? »
Et qu’as-tu répondu ? Il m’a donné le numéro de son manager pour qu’on s’organise… Et donc ? par me trouver une place et je suis parti en tournée américaine pendant deux mois. Je faisais la première partie d’Usher avec Kanye. On jouait devant quinze mille personnes, devant d’Usher qui n’avaient jamais écouté de scratch de leurs vies. Ces shows m’ont permis de présenter ma discipline à un public qui ne la connaissait pas. Cela faisait des années que je bossais dans mon coin, j’étais un des grands DJs de ma niche, mais j’évoluais dans un univers hermétique. Sur la tournée de Kanye, il a fallu que j’apprenne à public qui n’avait aucune référence. Mais, en même temps, je ne pouvais pas faire un show trop simple parce que j’avais toujours cette étiquette de champion du monde de DJing. Avec Kanye West, vous n’avez pas vraiment les mêmes backgrounds. Comment se manifestaient vos différences pendant la tournée ? Après les shows, j’accompagnais Kanye dans des after parties ; à chaque fois, j’étais le seul blanc… Lui, il aime les nanas avec des culs immenses, ce qui n’est pas forcément mon cas. Ceci dit, on faisait la fête de la même manière. Pendant la tournée, on retournait tout ensemble, on rentrait au tour bus à des heures pas possibles. On passait beaucoup de temps à parler musique, on pouvait réciter des lyrics des différentes chansons d’A Tribe Called Quest pendant des heures. Il paraît que c’est donc toi qui a donné à Kanye West l’idée de sampler le morceau « Harder, Better, Faster, Stronger » des Daft Punk… Je lui ai fait découvrir le morceau, je ne lui ai pas conseillé de le sampler. D’ailleurs, je n’étais pas très chaud à l’idée qu’il le sample. Je viens d’une école très nineties où, pendant longtemps, on s’est interdit de sampler des morceaux sortis cinq ans plus tôt (le morceau des Daft Punk est sorti en 2001 sur l’album Discovery et Graduation a été enregistré en 2007 – ndlr).
Some guys from Roc-A-Fella (the label of Jay-Z and that which Kanye was signed at the time – ed.) were also in attendance that day, including Damon Dash (the cofounder of the label with Jay-Z – ed.). I took the number of his assistant and the next day I went to the press conference of the label. There, I met up with Kanye. He asked me who I was in concrete terms and what I did exactly in life. It’s funny, because if he didn’t know me, the other guys from his label knew me. Then Kanye asked me if I had ever done tours. I told him that I already done some but only with other DJ friends. He replied up front:
“Me, I’m talking to you about big tours with rappers. Actually, I have one with Usher that starts this summer. You want to be my DJ?” And what did you say? He gave me the number of his manager to get organized… So then? and I toured America for two Usher with Kanye. We played in front of 15,000 people, in front of 14-year-old girls. They were exclusive fans of Usher and had never heard any scratching in their lives. These shows allowed me to present my discipline to an audience that was unfamiliar with it. I had spent years working in my corner, I was one of the best DJs in my niche, but I was playing in a hermetic universe. On Kanye’s tour, I had to learn to change my routines for an audience that did not have any reference. But, at the same time, I could not do an overly simple show because I still had the world champion DJing title; I had a status and technique to uphold.
With Kanye West, you don’t really have the same backgrounds. How did your differences manifest themselves during the tour? After the shows, I went with Kanye to some after-parties; each time, I was the only white person…He likes chicks with huge asses, which is not necessarily my thing. That said, we still have a lot in common. We party the same way. During the tour, we would all go back together, we would return to the tour bus at impossible hours. We spent a lot of time talking about music, we could recite songs by A Tribe Called Quest for hours. So we’ve been told it was you who gave Kanye West the idea to sample the song “Harder, Better, Faster, Stronger” by Daft Punk? I made him discover the song, I did not recommend he sample it. Besides, I was not very keen on the idea that he samples it. I come from a very nineties school where, for a long time, it was forbidden to sample tracks Daft Punk song was released in 2001 on the album Discovery and Graduation was recorded in 2007 – ed.). I could only sample the stuff that came out thirty years earlier. At the time, when you listened to the Beatnuts, you didn’t know where they sampled their snare and their loops. They brought back old Mexican records, impossible stuff but super fat. It was the culture of “Digging in the Crates.” That
Je ne pouvais sampler que des trucs qui étaient sortis trente ans plus tôt. À l’époque, quand tu écoutais les Beatnuts, tu ne savais pas où ils samplaient leur caisse claire et leurs loops. Ils dépoussiéraient des vieux disques mexicains, des trucs impossibles! C’était la culture du « Digging in the Crates ». C’était ma culture. Aussi, je considérais Kanye comme quelqu’un qui collait à la mentalité nineties. Je ne voulais pas qu’il se mette à sampler un truc nouveau pour lui. Et il connaissait les Daft ? Pas du tout ! Je me souviens très bien du moment où je lui ai fait écouter. On devait être en 2005 ou 2006, je commençais à placer de l’électro dans mes sets. Kanye adorait ça. Dans le genre, je lui ai dit un jour que Swizz Beatz avait samplé « Technologic » des Daft Punk. Il m’a demandé qui c’était. Je lui ai donc fait écouter « Scratch it », le morceau de Busta Rhymes dans lequel il y a le fameux sample. On était dans le tour bus en Allemagne, Kanye a trouvé ça fou et a balancé : « C’est quoi cette voix de robot ? ». Je lui ai parlé des Daft Punk, je lui ai expliqué que c’était le meilleur groupe de tous les temps. Un peu plus tard, à l’hôtel, il m’a demandé de lui jouer d’autres morceaux et je lui ai passé « Harder, Better, Faster, Stronger ». C’est là qu’il m’a dit qu’il voulait le sampler. Ce qui est cool avec Kanye, c’est que l’on a un rapport bidirectionnel. Le mec est l’une de mes idoles, l’un de mes producteurs préférés, mais on peut toujours lui faire découvrir des choses. Et pas qu’en musique. Quand je l’ai rencontré, il ne connaissait rien au streetwear. Moi, je portais des casquettes Flash, des Jordans et lui, il s’habillait en Polo Ralph Lauren, il portait des costumes à sa taille, qui n’étaient pas triple XL. Il voyait le streewear de l’extérieur et ça le fascinait. Il me demandait où j’achetais mes tee-shirts. Et tu n’as pas empêché l’ami Kanye de sampler Daft Punk puisque tu n’aimais pas cette idée ? Au départ, j’étais outré, j’imaginais déjà le backclash. Mes potes allaient dire « La honte, Kanye pense qu’il a découvert un truc mais tout le monde connait Daft Punk ». Plusieurs mois après, il m’a appelé pour me dire qu’il
allait m’envoyer quelque chose par e-mail. C’était l’instrumental de Stronger. Il avait ralenti le tempo, le beat était différent, c’était bizarre, futuriste mais ça restait hip hop ! Dans son entourage, comme dans celui de plein d’artistes de ce calibre, il n’y a généralement que des Yes Men, des types qui disent oui à tout, juste pour faire plaisir. Moi, avec Kanye, j’étais un peu le mec qui disait toujours « Non ça ne va pas, il faut réenregistrer le couplet ». Quand je lui ai dit oui pour Stronger, je crois que ça l’a rassuré. Comment expliques-tu le fait que certains DJs hip hop soient restés au hip hop alors que toi, tu as évolué? J’ai pas mal voyagé, je suis allé beaucoup à New York, en France aussi – quand le titre « Never be alone » de Justice est sorti, je l’ai tout de suite ramené à Montréal. Je sortais en boîte avec mon frère. Avec son groupe Chromeo, il rentrait déjà dans un monde plus indie dance, il faisait des shows avec Bloc Party. Avec eux, j’ai découvert les remix de Boys Noize. C’est ce qui m’a moi-même donné envie de remixer... Penses-tu que l’électro pourra un jour acquérir en Amérique le statut que tu lui confères en Europe ? Oui, c’est juste une question d’éducation. Dans cette optique, je trouve que le travail réalisé par David Guetta est vraiment important. Il a fait deux albums qui ont bien marché aux ÉtatsUnis. Aujourd’hui, on n’est plus surpris lorsqu’un DJ producteur sort son propre album. L’accueil est identique à celui qui serait fait pour le track d’un rappeur. Je crois qu’on peut dire que la place du DJ en tant que tête d’afpartie grâce à Guetta, donc. Tu te sens évidemment plus proche de ce qui se passe en Europe ? Culturellement, oui. Mais j’aime aussi les moments comme ceux où j’ai joué juste avant les son Square Garden à New York. C’était la première fois que cette salle historique accueillait un set de DJs ! J’ai passé mes remix, ce qui veut dire que mes prods ont leur place làbas ! Peut-être que seul 10% du public a capté ce que j’ai passé ce soir-là. Si c’est le cas, c’est déjà ça, j’ai rempli ma mission !
was my culture. And I looked at Kanye like someone stuck in the mentality of the nineties. I didn’t want him to start sampling something new. And he didn’t know all of Daft? Not at all! I remember very well the moment where I made him listen. It must have been in 2005 or 2006, I started putting electro in my sets. Kanye loved it. In the genre, I told him one day that Swizz Beatz had sampled “Technologic” by Daft Punk. He asked me who it was. So I made him listen to “Scratch it” the song by Busta Rhymes where there is the famous sample. We were in the tour bus in Germany, Kanye thought it was crazy, he swayed: “What’s that robot voice?”. I told him about Daft Punk, I explained that it was the best band of all time. A little later, at the hotel, he asked me to play other songs and I gave him “ Harder, Better, Faster, Stronger”. That’s where he told me he wanted to sample it. The cool thing with Kanye is that we have a two-way relationship. The guy is one of my idols, one of my favorite producers, but you can always help him discover things. And not only for music. When I met him, he knew nothing about streetwear. Me, I wore Flash Teddy, some Jordans, and him, he dressed in Ralph Lauren Polo, he wore suits his size, that weren’t XXL. He saw streetwear from the outside and it fascinated him. He asked me where I bough my t-shirts. And you didn’t stop your friend Kanye from sampling Daft Punk when you didn’t like this idea? already imagining the backlash. My friends would say, “The shame, Kanye thinks he discovered something but everyone knows Daft Punk.” Several months later, he called me to tell me he would send me something by email. It was the instrumental of “Stronger.” He slowed the tempo, the beat was different, it was weird, futuristic but still hip hop ! In his entourage, like those of artists
of that caliber, there are generally Yes Men, the types who say yes to everything, just to be cool and pleasant. Me, with Kanye, I was a bit like the guy who always said “No that will not do, we have to rerecord the verse.” I was the only one to tell him that he could sometimes do better. When I said yes to “Stronger” I think it reassured him. How do you explain the fact that some hip hop DJs have stayed hip hop whereas you have evolved? I have traveled a lot, I went to New York a lot, also in France – when the song “Never Be Alone” by Justice was released, I brought it back to Montreal right away. I went clubbing with my brother. With his band Chromeo, he had already returned to a more indie dance world, he did shows with Bloc Party. With them, I discovered the remixes by Boys Noize. This is what gave me the craving to remix… Do you think electro will one day gain the status you bestowed it in Europe? Yes, it’s just a matter of education. I have to say, in this context, the work done by David Guetta is really important. He made two albums that have done well in in the United States. Today, you are not surprised when a DJ producer releases his own album. The reception is the same as it would be for the track of a rapper. I guess you can say that the place of a DJ as headliner has changed in America. Thanks in part to Guetta then. Needless to say you feel closer to what is happening in Europe? Culturally yes. But I also like moments like these where I played right before the Swedish Garden in New York. It was the hosted a DJ set! I played my remix, which means my productions had a spot there! Maybe only 10% of the audience caught what I did that night. If that’s the case, it’s already something,
B Y A L E X I S R A I M B A U LT
LILLA’S PASTIA’S INN
S T Y L I N G V I N C E N T T O K AT L I A N
S H O T AT L E C A R M E N , PA R I S
Que fais-tu ? Je suis directeur artistique pour tout un tas de publications, dans la mode et sur le Web. Je suis aussi fondateur et patron de Shabazz Projects. Et puis je suis designer. Je suis multifonction, en somme.
What do you do? I am artistic director for a bunch of publications, in fashion and on the Web. I am also the founder and head of Shabazz Projects. I am a designer. I multitask, basically.
WWW . GGGIRLSGEIRLSGIRLS . TUMBLR . COM
Mais où est passé le temps perdu ? À la banque, dans les profondeurs de nos découverts. Où sont tes références ? Elles doivent être quelque part entre un minimalisme industriel et une discrète asymétrie. Elles sont aussi à trouver du côté du cuir noir, d’un empattement bien provoquées à partir d’images.
Qui es-tu ? Zeul Neuch, 26 ans, 1,70m, 53 kilos, Vierge ascendant Capricorne. Que fais-tu ? Je dicte les tendances. Surtout en musique – mon petit côté autoritaire, assurément. J’en joue, j’en écoute, j’en parle, j’en vois. Tout ça, tout ça. Quelles sont tes armes ?
Who are you? Zeul Neuch, 26 years old, 1.70m, 53 kilos, Virgo Capricorn rising. What do you do? I call trends. Especially in music I play with it, I listen to it, I talk about, I look at it. What are your weapons? My words – well, my fuss – and my sway.
et mon déhanché. Un doigt où ça ? Sur le bouton « play » parce que, comme Jennifer Lopez, j’aime quand le DJ « play my song, turns it up and turns it on ». marchand de glaces du quartier ? Oui, c’est mon pote. L’été, il t’échange un cône glacé contre un sourire. Il est sympa, Fredo. Sympa mais incompris. Who runs New York ? Mes frères et mes sœurs. Quel est ton enfant perdu préféré ? John Lennon, mon Nowhere boy. Pourquoi les épaulettes existent-elles ? Pour que les Talking Heads puissent être à l’aise. Quelle solution pourrait endiguer le phénomène des maladies nosocomiales ? Une solution saline. Toujours. Et d’ailleurs, pourquoi cette question ? Parce que tu sais que j’ai la bonne réponse.
On the “play” button because, like Jennifer Lopez, I love when the DJ “play my song, turns it up and turns it on.” Should you trust the neighborhood ice cream shop? Yes, they are my friends. In summer, they exchange an ice cream for a smile. He’s nice, Fredo. Nice but misunderstood. Who runs New York? My brothers and my sisters. Who is your favorite lost child? John Lennon, my nowhere boy. Why do shoulder pads exist? So the Talking Heads can be at ease. What solution could curb the phenomenon of nosocomial infections? A saline solution. Always. For that matter, why this question? Because you know I have the right answer.
Est-il sensé de penser que le personnage de Carrie, dans la série Homeland, puisse éventuellement la fermer un jour. Et par quel biais ? Je préfère ne pas répondre. Ça serait trop risqué. Quel est le plus grand personnage de notre temps et pourquoi ? Michael Jordan. Et vous savez tous pourquoi. Tous ! Celui qui ne sait pas ne sait rien.
But where did the time go? At the bank, into the depths of our overdrafts. Where do you get your references? Industrial minimalism, nearly unnoticeable asymmetry, black leather, concrete, outlined serif type, unconscious emotion through image context. Is it reasonable to think that the character Carrie will possibly close a day in the series Homeland ? And by what means ? I prefer not to answer. It would be too risky. of out time and why? Michael Jordan. And you all know why. Everyone! Whoever doesn’t know, knows nothing. Why were Bone Thugs-N-Harmony geniuses? The choice of their stage name speaks for itself. The best name in the world.
Pourquoi les Bone Thugs-NHarmony étaient-ils des génies ? Le choix de leur nom de scène parle pour lui-même. Le meilleur nom du monde.
Did anyone help Marilyn Monroe commit suicide? Hmm. The United States? The United States.
Quelqu’un a-t-il aidé Marylin Monroe à se suicider ? Hum. Les Etats-Unis ? Les États-Unis.
What does “40 Acres and a Mule” really mean? Absolutely nothing, just some bullshit. Otherwise, go ask spike Lee.
Que veut bien dire « 40 Acres and A Mule » ? Absolument rien, juste du bullshit. Nada de chez nada. Sinon, allez demander à Spike Lee.
What happens when you are put between two mirrors? Oh, nothing important I guess. Otherwise, it’s as if you saw pictures of Michael Jordan with the ball in hand everywhere. You see him dribbling to the left, right, front, back…It’s really unsettling. You spin in all directions. It makes you lose your head. You get it a little?
Que se passe-t-il lorsque l’on se place entre deux miroirs ? Oh, rien d’important je crois. Sinon, c’est comme si l’on voyait des images de Michael Jordan la balle en main, partout. On le voit dribbler à gauche, à droite, devant, derrière... C’est hyper déstabilisant. On vrille dans tous les sens. C’est à en perdre la tête. Vous voyez un peu ?
WWW . SOUNDCLOUND . COM / LEONIE PERNET
Qui es-tu ? Un enfant, un lion, un roi et une princesse.
Who are you? A child, a lion, a king and a princess.
Que fais-tu ? Mon travail consiste essentiellement à extirper de mon oreille interne une musique à vocation universelle. Pour ce faire, j’utilise des claviers, un piano, une batterie, mon organe vocal ainsi qu’un ordinateur, tantôt maître de moi, tantôt esclave.
What do you do? My job essentially consists of extracting the music from my inner ear and bring it to a universal scope. To do this, I use keyboards, a piano, drums, my vocal organ as well as a computer, sometimes my own master, sometimes slave.
Dans les stades, comment font les jardiniers pour que les brins d’herbes n’aient pas tous la même couleur ? Ces grands malades utilisent de l’eau oxygénée, ça ne fait pas de doute. Pourquoi la couleur « blanc assé » s’appelle-t-elle « blanc cassé » ? Parce que cette couleur a été mon vieux. Je milite pour un nouveau baptême de cette couleur par elle-même, et elle seule. Le feu est le résultat d’une dégradation visible d’un corps par une réaction chimique exothermique d’oxydation que l’on appelle la « combustion ». Mais alors, qu’est-ce que la
Pourquoi jamais personne ne demande comment va Charlie ? Parce que tout le monde sait déjà que Charlie est complètement fucked up. Sa vie consiste à jouer à cache-cache. Partout. Tout le temps. Si on se met entre deux miroirs, que se passe-t-il ? qu’il y ait des places disponibles... À qui appartient l’avenir ? Aux transgenres.
Photo by Malte Jantzen
Qui es-tu ? Raz Fresco. The Blunted Baker a.k.a Pablo Frescobar.
Who are you? Raz Fresco. The Blunted Baker aka Pablo Frescobar.
Que fais-tu ? Je rappe, je produis des beats et, surtout, je construis un empire, le Bakers Club. Bonus : je fais des ravages en concert, je fume plus d’herbe que n’importe qui et je terrorise les groupies.
What do you do for a living? I rap, make beats, build empires like The Bakers Club, kill live shows, smoke more weed then anyone you know & terrorize groupies!
Justement, où sont
Un argument en faveur des tatouages dans le cou ? La douleur...
WWW . HASSANRAHIM . COM
Photo by Chill Okubo
Who are you? I am Hassan Rahim.
Dans l’évier, pourquoi l’eau tourne-t-elle dans le même sens ? Un enfant, un lion, un roi et une reine.
In stadiums, how do gardeners make the blades of grass have different colors? These sick people use hydrogen peroxide, no doubt. Why is the color “off white” called “off white”? by some fucking colonist, pal. I am campaigning for a new christening of that color for itself, and that color alone. Fire is the result of a visible degradation of a body by an exothermic chemical reaction of oxidation known as “combustion.” But then, The companion of man! (A pun with « femme », which means « woman » in French – ed.) An argument in favor of neck tattoos? The pain… Why does nobody ever ask how is Charlie? Because everybody already knows that Charlie is completely fucked up. His life consists of playing hide and seek. Everywhere. All the time. What happens when you are put between two mirrors? You end up at the nearest mental hospital. Ultimately, there must be places available… To whom belongs the future? To transgender people. In the sink, why does water turn in the same direction? A child, a lion, a king and a queen.
elles étaient toutes posées du côté de notre boulangerie. Elles attendaient de se faire servir quelque chose de bon. On les tient, donc. Bon, on peut bien vous louer certaines d’entre elles, si ça vous dit. On pourrait même organiser une sorte d’échange entre pays. Ça, ça serait incroyable ! Un argument en faveur des tatouages dans le cou ? Cet enfer ! Peut-être que les types qui se font ce genre de tatouages aiment la douleur ou alors qu’ils sont sado-maso. Leurs mères n’ont pas du aujourd’hui, ils doivent avoir besoin d’attention et c’est pour ça qu’ils se tatouent à cet endroit. Haha ! Je rigole, j’en sais rien en fait. Je n’ai jamais été très tatouage donc je ne sais pas du tout. Mais que ces gens changent de style ? Qui est celui qui a inventé les tongs ? Un putain de hippie ! Mens-tu la nuit venue ? Oui, tout le temps. Surtout seulement quand je suis trop fatigué pour rester debout parce que l’on vit une vie de galère ! Comment met-on des éperons ? Mais tu m’as pris pour un cow-boy ? Je n’ai jamais porté d’éperons de ma vie et je n’envisage pas vraiment d’en porter à l’avenir. Je ne suis pas très porté sur l’équitation. En plus, donnait des coups de couteau… pour d’autres… Quelle est la différence entre un plagiat et une contrefaçon ? Le plagiat, c’est emprunter et même voler. La contrefaçon, c’est voler, copier et piquer. Je ne traîne pas avec des mecs qui font ça. De mon côté, e ne fais que dans l’original !
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FACES
Qui es-tu ? Je suis Hassan Rahim.
Where did the girls go? Last time I checked they were all in The Bakery just chilling. Waiting for some goods to get served up. So to answer your question we’ve got em. We can loan you a couple though. Maybe do a foreign exchange program or something. That’d be dope. Can you explain why some people choose to have tatoos on the neck? Nope can’t do it. Maybe they’re pain enthusiasts, sadomasochists. Maybe their mom didn’t hug them and they need more attention. Nah I’m joking. I’ve never been too heavy into the tattoo wave, so I can’t relate. But to each their own though. Do the damn thang! Who’s the guy who A damn hippie! Do you lie at night? Why? Yes, I do that all the time, preferably with a pretty woman. I only LIE when I get too tired to stay up though cause we’re living that grind life! What’s the proper way to put spurs on? Do I look like a cowboy to you? Never wore spurs in my life and don’t really plan on starting. I’m not big on the whole horse-riding wave. Plus the spur is basically like poking the horse with a knife over and over again in its side lol, that’s crucial... I’ll pass on that. What the difference between plagiarism and counterfeit copy? Plagiarism is always borrowing sometimes stealing. Counterfeiting is stealing/biting/ copying. We don’t fuck with counterfeiters! Only the genuine articles on this side!
Who are you? Fabien Hebert. Keffer. Ultimately, it’s still unclear.
Que fais-tu ? D’après Google, des images.
What do you do? Based on Google, some pictures.
Pourquoi a-t-on plusieurs prénoms ? Pour ne pas oublier que l’on a des membres de notre famille morts ou pas loin de l’être.
Why do we have multiple names? As not to forget that we have dead family members or not far from being so.
Quel est le synonyme du mot « synonyme » ? La vie est vraiment trop courte pour cette question.
What is the synonym for the word “synonym”? Life is really too short for this question.
Quand la loi des séries a-t-elle commencé ? Lorsque l’homme a découvert la drogue.
When did Murphy’s Law start? When man discovered drugs.
Pourquoi le compteur d’une 2CV va-t-il seulement jusqu’à 180 km/h ? La marque Citroën avait un dirigeant qui aimait les femmes. À quoi ressemble une boîte noire dans un avion ? Aucune idée puisqu’on ne retrouve jamais cette fameuse boîte noire. Pourquoi appuie-t-on plus fort sur les touches de la télécommande quand les piles sont presque à plat ? L’envie de zapper cette chaîne de merde recharge les piles. Que faisait donc le premier homme qui a découvert que les vaches donnaient du lait ? Il cherchait un truc pour ses Chocapic, non ? Un bon plan à Albuquerque, Nouveau Mexique ? Le Mexique, sans aucun doute.
Que fais-tu ? Je suis une sorte de « General Manager » pour OFive, un média composé d’une chaîne de télévision, d’un site Web, d’un magazine trimestriel et très bientôt d’une radio online. Je manage également un nouveau duo électro qui s’appelle Parade. Et je suis aussi joueur de basket en ligue mineure.
What do you do? I’m kind of the “General Manager” for OFive, a media outlet composed of a television channel, a website, a quarterly magazine, and soon an online radio station. I also manage a new electro duo called Parade. And I am also a basketball player in the minor league.
Tu crois que les moutons rétrécissent quand il pleut ? S’il fait trente degrés, c’est comme dans une machine à laver : ça rétrécit.
Qui es-tu ? Fabien Hebert. Keffer.
D’où vient l’éternité ? De la jeunesse.
Who are you? Tom Brunet.
Where does eternity come from? Youth. Why does the meter of a 2CV only reach 180 km/h? The Citroën brand had a director who loved women. What does a black box in an airplane look like? that famous black box. Why do we press harder on the buttons on a remote when the batteries are almost dead? The urge to the shitty channelhop recharges the batteries. discover that cows gave milk? He was looking for something for his Cocoa Puffs, right? A good plan for Albuquerque, New Mexico? Mexico, without a doubt.
S’il fait zéro degré et que la météo annonce un temps deux fois plus froid po ur le lendemain, quelle température fera-t-il ? Mathématiquement, zéro degré. Mais si l’information vient de la Miss Météo de Canal+, cette dernière voulait certainement dire qu’il fera moins dix degrés.
Do you think that sheep shrink when it rains? If it’s thirty degrees, it’s like a washing machine: it shrinks. If it’s zero degrees and the forecast says it will be twice as cold the next day, what temperature will it be? Mathematically, zero degrees. But if the information comes from the weather girl at Canal+, the latter would certainly say it will be minus ten degrees.
Tu as déjà demandé à un taxi de « suivre la voiture devant »,
Have you ever asked a taxi driver to “follow the car in front,” like in the movies? Yes. To go to a party hahaha! Can’t lose the guy who get you in.
Oui. Pour aller en soirée hahaha ! Faut pas perdre le gars qui te fait
Before dying, we see life
Avant de mourir, on voit
But who told you that? A living person?
que voient-ils du coup ? Mais qui vous a dit ça ? Une personne vivante ? Comment a-t-on donné leurs noms aux signes du Zodiaque ? Il faut évidemment demander aux Chevaliers. Don Quichotte en trois mots ? Trop de champignons ! On n’a rien sans rien. Oui, mais inversement ? L’inverse est faux. Sans rien, on peut aller loin. Taffer. Être malin. Taffer. Les rayures verticales allongent et celles qui sont horizontales élargissent. Quid des carreaux ? Il faut bien choisir le carreau, sinon tu y restes. Et en même temps, je crois que cela devrait revenir à la mode en 2013.
WWW . OFIVE . TV
How did the Zodiac signs get their names? We must obviously ask the Knights. Don Quixote in three words? Too many mushrooms! No pain, no gain. Yes, but vice versa? The inverse is false. Without pain, you can go far. Work. Be clever. Work. Vertical stripes elongate and horizontal stripes widen. What about checkers? Yo have to be careful when you choose checkers. At the same time, I think it should come back into fashion in 2013.
WWW . WORDSFORYOUNGMEN . TUMBLR . COM
WWW . KROUND . COM
Qui es-tu ? Tom Brunet.
Qui es-tu ? Chris Black.
Who are you? Chris Black.
Que fais-tu ? Je suis manager, producteur, stratégiste et je fais aussi du conseil. Et puis j’ai un site : Words For Young Men. C’est une sorte de catalogue de ce que j’aime dans la vie : de l’ancien mannequin Lauren Hutton qui porte une robe rose à Chateau Marmont, en passant par les Smiths.
What do you do? I am manager, producer, strategist, and am on the board. And then I have a website: Words for Young Men. It’s a sort of catalog of what I love in life: from former model Lauren Hutton wearing a pink dress at Chateau Marmont to The Smiths.
Quelle est l’utilité d’une cape de superhéros ? C’est un accessoire qui aide
What is the usefulness of a super hero cape? It’s an accessary that helps
Quel est l’ingrédient principal des nuggets ? Du diesel. Du pur, sans ajout extérieur et bien concentré.
What is the main ingredient in nuggets? Diesel. Pure, without adding to the exterior and well concentrated.
Que collectionnais-tu quand tu étais enfant ? Des cassettes audio, des cartes de baseball et des pochettes d’allumettes.
What did you collect when you were a child? Tapes, baseball cards, and matchbooks.
dans South Park ou dans Les Simpsons ? Et pourquoi ? Dans aucun des deux, je ne mate pas les cartoons. Honnêtement, j’adorerais jouer le personnage d’un voisin ou d’un serveur dans Seinfeld. Le pied total.
Would you prefer to play a role in South Park or in the Simpsons? And why? Neither of them, watch cartoons. Honestly, I would love to play the role of a neighbor or waiter in Seinfeld. That would be it.
Que ferais-tu si tu trouvais cent dollars dans la rue, là, maintenant ? Si je dis que j’achèterais bien un cadeau à quelqu’un, ça se tient ?
What would you do if you found one hundred dollars on the street right now? If I say that I would buy a good gift for someone, would that stand?
Ton dernier mensonge ? « Non, je n’ai pas mangé tous les M&M’s au beurre de cacahuète. Absolument pas. Ça n’est tellement pas mon genre. »
Your last lie? “Non, I didn’t eat all of the peanut M&M’s. Absolutely not. That’s really not my type.”
Une ville dans laquelle tu rêverais d’habiter ? Los Angeles ou Londres.
A city where you dream of living? Los Angeles or London.
Qu’est-ce que la casquette des New York Yankees a-t-elle de si spécial ? C’est tout simplement le meilleur moyen pour représenter la plus belle ville du monde.
Why is the New York Yankees hat so special? It’s simply the best way to represent the most beautiful city in the world.
Où se déroulera la prochaine révolution ? Sur les côtés. Avec un concert des Rolling Stones en arrière-plan.
Where will the next revolution take place? On the sides. With a Rolling Stones concert in the background.
Qui es-tu ? Mordechai Rubinstein a.k.a Mister Mort.
Who are you? Mordechai Rubinstein a.k.a Mister Mort
Que fais-tu ? Je chasse : je déambule dans les rues du monde à la recherche de gens – des hommes, des femmes et des enfants – qui ont du style à revendre.
What do you do? I hunt: I wander the streets of the world in search of people – men, women and children – with style to spare.
Phoebus ou John Smith ? Je ne suis pas certain de savoir qui sont-ils. Disons Phoebus ; le nom est plus intéressant, plus intense, plus complexe, plus cool. Quelle sanction pour tous ces gens qui traînent des pieds dans la rue ? Qu’ils chaussent des pompes à deux sous pendant une semaine. À moins qu’ils ne soient déjà en train de marcher avec. Non, en fait, le mieux serait qu’ils marchent pieds nus. Pieds nus pour sentir la douleur sous leurs pieds de trainards.
Phoebus or John Smith? I’m not certain who they are. Let’s say Phoebus; the name is more interesting, more intense, more cool. What punishment for those people who drag their feet in the street? Wear cheap shoes for a week. Or if they’re already wearing cheap shoes, barefoot. Is Bangkok burning? I’m in NY, I try and stay abreast of current events worldwide
Bangkok est-elle en train de brûler ? Je suis à New York et j’essaie de me tenir au courant de ce qui se passe dans le monde : pour l’instant, aucun signe d’incendie n’est à indiquer du côté de Bangkok. Cela dit, les bordels chauffent toujours.
Bangkok.
Quel est le prochain 21 décembre 2012 ? Aucune idée. Pour l’instant, j’essaye de me décider sur ce que je vais mettre dans ma valise pour mon voyage à Milan de la semaine prochaine. La vie simple.
Can you die from an overdose of Tame Impala? I’ve never listened to them and I’m still alive. The calculation is done quickly.
Peut-on mourir d’une overdose de Tame Impala ? Je ne les ai jamais écoutés et je suis toujours en vie. Le calcul est vite fait. Les semelles de tes chaussures, En crêpe. Question de confort, de goût et surtout de choix de vie. Y a-t-il du monde dans la salle ce soir ? Mon château est prêt à accueillir toutes les ladies du monde !
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What is the next December 21, 2012? No idea. At the moment, I’m trying to decide on what I put in my suitcase for my trip to Milan next week.
The soles of your shoes, crepe or cork? Crepe. Question of comfort, of taste and especially lifestyle. And anyone in the room tonight? My castles pretty quiet save for my ladies cat purring maaaaad.
UB LISHER PUBLISHER Davi adia David dObadia Nelso Nelson Hssa Hassann
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