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2_2_3_ DEMANDE D’ATEX POUR LES ARCHES EN PISE DE L’ORANGERIE

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BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

2_2_3 _ Demande d’ATEx pour les arches en pisé de l’Orangerie

Les arches en pisés de l’Orangerie sont considérées par le système réglementaire français comme une technique non traditionnelle. Le bureau de contrôle a demandé la réalisation d’une ATEx de type B pour évaluer les arches en pisé. L’entreprise Le pisé et le bureau d’étude structure Batiserf ont monté le dossier pour présenter le système constructif, le matériau, ses performances et justifier ses aptitudes à l’emploi. La demande d’ATEx a ensuite été examinée à Paris par un comité d’ATEx.

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« Mais malgré la préparation et tout le travail qui a été réalisé en amont, en fait l’ATEx on ne l’a pas obtenue. Parce que la commission a jugé que les conditions de sécurité n’étaient pas suffisantes. On nous a demandé des conditions de sécurité sur ce pisé porteur qui étaient juste exorbitantes. »46

Cette procédure non validée a engendré d’autres complications et des tensions entre les acteurs. L’ATEx défavorable pour les arches en pisé de la commission a été accompagné de réserves et prescriptions de la part du bureau de contrôle, notamment le rajout de poteaux en bois de précautions. Si les murs en pisé venaient à s’affaisser de quelques centimètres, ces poteaux « béquilles » plus court de 2cm et placés non loin des façades, auraient ainsi repris le poids des planchers. Cette condition aurait transformé l’architecture du projet. C’est pourquoi l’équipe de maîtrise d’œuvre et l’entreprise Le pisé se sont battus pour trouver un autre terrain d’entente avec le bureau de contrôle. Cette situation a généré beaucoup de tensions entre les différents acteurs, d’autant plus que la non-validation de la structure pose problème pour l’assurabilité du bâtiment à sa livraison. Il y a donc eu de fortes dissentions entre la maîtrise d’ouvrage et la maitrise d’œuvre à propos de la livraison du bâtiment sans avoir obtenu l’accord positif du bureau de contrôle.

L’alternative trouvée a été une l’accumulation de mesures compensatoires qui a permis finalement de livrer le bâtiment tout en n ’altérant pas les choix architecturaux. Un protocole de surveillance a ainsi été mis en place pour vérifier le bâtiment tout au long de son utilisation. Un géomètre réalise des mesures tous les 3 mois pour signaler un éventuel changement.47

« Voilà enfin on a obtenu le bâtiment qu’on avait dessiné à la bas ! Mais c’était effectivement une procédure assez longue très conflictuelle qui nous a gâché un peu le plaisir de construire cet immeuble, qui reste malgré tout une vraie réussite »48

Ainsi la réalisation d’un ATEx et l’obtention de celui-ci pour un bâtiment en pisé n’est pas une procédure facile. Nous pouvons rapprocher le cas de l’Orangerie avec celui du projet de l’agence TOA à Nanterre, où l’ATEx pour les murs en pisé porteur n’a pas non plus été validé. Sous le poids du bureau de contrôle, les architectes ont dû aussi réadapter leur projet et les murs en pisé sont renforcés par une structure en béton. Leur projet du groupe scolaire Miriam Makeba à Nanterre a été ainsi transformé pour obtenir la validation du bureau de contrôle.Avec ces modifications imposées, les murs en pisé du sousbassement et le mur d’enceinte ne sont pas porteur.49

46 JESKE (Stefan), entretien, 14 décembre 2020, retranscrit en annexe 47 Ibid. 48 Ibid. 49 LUQUAIN (Amélie), La terre crue change d’échelle, Le Moniteur, 19 novembre 2019

L’association Amàco rappelle qu’« une étroite collaboration avec le bureau de contrôle en charge du projet permet une meilleure justification des attentes réglementaires » 50 .

Pour la réalisation de projets en terre crue le travail dès la conception avec le bureau de contrôle permet d’anticiper et de préparer la validation finale des matériaux et de leur mise en œuvre. « Cette validation (par le bureau de contrôle) en amont évite le passage par des certifications expérimentales des performances, relativement coûteuses pour des projets de tailles réduites »51 .

Bilan

Les projets en pisé porteur se confrontent donc à un système normatif et réglementaires dans lesquels les techniques constructives « non traditionnelle » ont recours à des procédures de validation n ’aboutissant pas toujours à un avis favorable et à des conditions d’assurances avantageuses.

L’une des perspectives principales pour le développement de la filière terre crue reste donc l’élaboration d’un moyen d’évaluation des ouvrages en pisé accepté par la C2P (Commission prévention Produits) en tant que techniques courante et la création de modèle référentiel pour répondre aux réglementations.

50 AMACO, Une équipe projet engagée, Cours, Construire en terre crue aujourd’hui, , 2020, FUN MOOC 51 Ibid.

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