Histoire des théories, C. TITEUX, essai Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier – France.
PEUT ON PARLER DE L’ARCHITECTURE COMME UNE DISCIPLINE UTOPIQUE ? Camille INTHAMOUSSOU inthamoussou.camille@gmail.com « Sans utopie, aucune activité véritablement féconde n’est possible.» Mikhaïl Saltykov-Chtchedrine.
Résumé Cet essai propose une réflexion sur la question de l’architecture mais aussi de l’urbanisme pour essayer de comprendre si ces disciplines sont utopiques, dans le sens où elles sont la représentation d'une réalité idéale et sans défaut d’une ville et de sa composition. Il se compose de deux parties, la première intitulée la ville comme moteur du contexte social qui parle de l’évolution de l’utopie mais aussi de l’incidence qu’elle a pu avoir sur la ville mais aussi l’architecture. La deuxième partie, des cités idéales aux utopies ordinaires apporte une ouverture sur la question en essayant de comprendre ce que l’utopie devient au XXIème siècle. Par la suite, la conclusion amène à avoir une réflexion sur le devenu et le devenir de la discipline.
Introduction De Platon à Rabelais, des récits philosophiques ou romanesques ont fait écho de ces aspirations humanistes à un monde meilleur, plus ou moins imaginaire. Au XVIe siècle, l’anglais Thomas More a 1 crée avec succès le genre littéraire de l’utopie , qui présente l’organisation idéale d’une société parfaite, mais existante, pour souligner les travers du monde réel. Alors que les écrivains utopistes s’attachent à décrire minutieusement le cadre urbain de leurs sociétés idéales, qui mieux que les architectes pourront inventer, et quelquefois construire, la ville idéale ? La fin du XVIIIe siècle verra ainsi l’avènement de l’architecture symbolique et visionnaire des Ledoux, Boullée, Lequeu. « Tout le monde rêve d’une cité idéale. Sauf ceux qui considèrent comme satisfaisante la ville qu’ils habitent. Mais ils sont rares. Aussi rares que ceux qui trouvent parfaite la société dans laquelle ils vivent. Le philosophe dans sa bibliothèque et le déraciné dans son bidonville rêvent d’une ville qui 2 puisse satisfaire aussi bien leur quotidienneté que leurs fantasmes. » .
3
1- Le mot « utopie » est forgé par Thomas More à partir du grec ou-topos, « nulle-part » et eu-topos, « lieu de bonheur ». 2- Michel Ragon, écrivain et critique d’architecture français du XXème siècle, L’homme et les villes 1975. 3- L'Utopie de Thomas More, gravure de Holbein pour une édition de 1518. Camille INTHAMOUSSOU, PEUT ON PARLER DE L’ARCHITECTURE COMME UNE DISCIPLINE UTOPIQUE.
1