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Au-delà de l’atténuation des effets des changements climatiques grâce à des solutions fondées sur la nature

Jay Wilson

Directeur de la production et de l’intendance environnementale, Électricité Canada

Entrevue réalisée avec Bryan Gilvesy, président-directeur général d’ALUS

Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous songez à des solutions fondées sur la nature? Pensez-vous à des espaces naturels, comme des zones boisées, à des cours d’eau ou à des pâturages? Imaginez-vous un endroit lointain – la nature sauvage d’une forêt pluviale côtière ou de la toundra – ou, encore, un lieu plus près de chez vous?

Dans le cadre de mon travail portant sur l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de leurs effets, j’ai entendu beaucoup de discussions concernant des solutions fondées sur la nature. Pourtant, je constate que mes connaissances sur le sujet sont limitées.

Fort heureusement, j’ai trouvé un spécialiste dans le domaine : Bryan Gilvesy, agriculteur, éleveur et président-directeur général d’ALUS. Cet organisme à but non lucratif aide les agriculteurs et les éleveurs comme lui à trouver et à mettre en place des solutions fondées sur la nature. De grandes entreprises, dont plusieurs sont membres d’Électricité Canada, appuient déjà l’approche novatrice adoptée par ALUS pour naturaliser les terres agricoles.

Je voulais savoir comment Bryan s’était engagé dans cette voie, pourquoi les agriculteurs et les éleveurs sont des acteurs essentiels pour la protection des écosystèmes et comment ALUS peut aider les grandes entreprises à atteindre leurs objectifs en matière de climat et de biodiversité.

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Jay Wilson : Bryan, c’est un plaisir de vous rencontrer – j’avais vraiment hâte! Je vous remercie de prendre le temps de discuter avec moi. D’où arrivez-vous aujourd’hui?

Bryan Gilvesy, PDG d’ALUS : Jay, je vous remercie d’avoir organisé cette rencontre virtuelle. J’arrive du comté de Norfolk, immédiatement au sud de Tillsonburg, en Ontario, où j’ai rencontré un agriculteur et éleveur qui est propriétaire d’une exploitation de 350 acres.

JW : Eh bien, entrons dans le vif du sujet! Qu’entend-on par « solutions fondées sur la nature »?

BG : Le concept des « solutions fondées sur la nature » renvoie aux mesures que les collectivités peuvent prendre pour surmonter des difficultés en s’inspirant de l’environnement. Le rôle d’ALUS est de les aider à avoir recours à ce type de solutions pour assainir l’air et l’eau, séquestrer le carbone, limiter l’érosion, atténuer les effets des inondations et des sécheresses et préserver l’habitat des pollinisateurs et de la faune. Pour bien appliquer les solutions fondées sur la nature, on a besoin de trois éléments : des compétences, de l’énergie et une terre. Les agriculteurs possèdent ces trois éléments. De plus, ils comprennent les rythmes de la nature sur leur terre, car c’est là qu’ils vivent et travaillent, et ils peuvent respecter ces rythmes.

JW : Bryan, vous êtes un agriculteur et un éleveur. Comment avezvous découvert les solutions fondées sur la nature? Est-ce un concept que vous avez toujours connu?

BG : C’est un concept que j’ai dû apprendre. Tout a commencé en 2005. Je gérais ma terre et mon bétail du mieux que je pouvais. Il y a sur ma terre un cours d’eau froide. Je voulais faire brouter mon bétail dans un pâturage qui se trouve un peu plus loin sans endommager l’habitat de la truite. Je me suis alors mis à la recherche de programmes d’aide financière, mais le seul financement offert couvrait les mesures de remise en état de l’environnement. Bref, j’aurais pu obtenir un financement uniquement si le cours d’eau avait déjà subi des dommages.

J’ai eu la chance que l’on me présente un groupe de personnes qui se sont efforcées de trouver une solution proactive. Elles m’ont aidé à construire un passage pour que mon bétail puisse traverser le cours d’eau et à aménager une infrastructure pour qu’il reste sur les terres hautes. Je suis ainsi devenu le troisième participant au programme pilote d’ALUS.

J’ai continué de m’impliquer à mesure que le programme prenait de l’ampleur, puis j’ai fini par être nommé président-directeur général. Nous comptons maintenant plus de 1 100 agriculteurs et éleveurs membres répartis dans 33 collectivités un peu partout au Canada. Et notre organisme connaît une croissance rapide.

JW : Je sais que certains membres d’Électricité Canada participent déjà aux activités d’ALUS de différentes façons. Vous avez aussi un programme qui s’adresse aux grandes entreprises – le projet New Acre. Pouvez-vous me dire en quoi il consiste?

BG : Bien entendu. ALUS aide les agriculteurs à mettre au point des solutions fondées sur la nature en mettant à profit leurs connaissances et leurs ressources, mais les grandes entreprises peuvent aussi tirer avantage de ce type de solutions. C’est pourquoi ALUS a créé le projet New Acre, dans le cadre duquel les entreprises commanditaires contribuent au financement de mesures fondées sur la nature acre par acre. Ce concept signifie que l’investissement permet d’apporter de nouvelles améliorations concrètes dans l’une de nos collectivités.

Nous faisons le suivi de dizaines d’indicateurs afin que nos commanditaires soient bien au fait de l’incidence de leur participation. Les grandes entreprises doivent pouvoir mesurer et montrer les retombées de leur travail. Dans notre base de données, nous mesurons, suivons et présentons les caractéristiques de l’écosystème qu’ils ont permis d’améliorer.

JW : Les grandes entreprises subissent énormément de pression pour quantifier les effets de leurs actions – positifs et négatifs – et montrer que les collectivités où elles exercent leurs activités et le monde en général en retirent un avantage net. Vous avez parlé de votre base de données. Est-ce que vous jumelez directement les agriculteurs et les grandes entreprises? Si c’est le cas, comment gérez-vous ce jumelage?

BG : Nous travaillons en collaboration avec les grandes entreprises afin de comprendre où elles veulent avoir une incidence positive et de les jumeler avec des collectivités participantes qui mettent en œuvre le programme. Les projets sont soumis à l’approbation d’un comité consultatif de partenariat local. Ils sont ensuite schématisés dans la base de données d’ALUS et dotés d’un code unique qui s’appliquera à tous les acres associés au bailleur de fonds en question, auquel nous transmettons ensuite un rapport agrégé. Nous savons, à la décimale près, combien il y a d’acres de zones humides, d’habitat du poisson ou de pâturages naturels. Nous pouvons ensuite attribuer ces acres à de grandes entreprises désireuses d’appuyer ce type de projets particuliers.

JW : Donc, les changements climatiques sont l’une de nos plus grandes priorités. Pouvez-vous nous expliquer comment on peut tirer parti des solutions fondées sur la nature pour favoriser l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de leurs effets?

BG : Oui. Les solutions que nous mettons en œuvre permettent d’absorber davantage de carbone dans l’atmosphère. Qu’il s’agisse de planter un arbre, de remettre en état des zones humides, de rétablir des pâturages naturels ou même de simplement modifier la façon dont un agriculteur gère ses cultures, on obtient des avantages sur le plan des émissions de carbone. Ces mesures contribuent aussi à atténuer les effets des inondations et des sécheresses attribuables aux phénomènes météorologiques extrêmes.

JW : Je comprends. Pouvez-vous quantifier ces avantages sous la forme de compensations? C’est là une grande priorité dans le secteur de l’électricité. Le concept le plus important à nos yeux à l’égard de l’« atteinte de la carboneutralité d’ici 2050 » est probablement l’idée de neutralité. En effet, tout indique que nous n’arriverons tout simplement pas à éliminer toutes les émissions. Comment ALUS mesure-t-il ces avantages et les prend-il en compte?

BG : Nous sommes en faveur de cette approche. D’après nous, nos crédits de réduction du carbone sont plus avantageux qu’une traditionnelle compensation des émissions de carbone. Par exemple, dans le cas de la compensation d’émissions de carbone contenu dans le méthane capté sur une décharge, l’entreprise obtient l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre évitées. Mais, dans le cas d’une solution fondée sur la nature, par exemple dans le cadre du projet New Acre, en plus de bénéficier des avantages de la réduction des émissions, les participants y gagnent sur le plan de la biodiversité, de la qualité de l’eau, de la résilience face aux inondations, etc.

Une quantification appropriée s’impose. Pour le projet New Acre, nous avons mis en place un système de quantification perfectionné que nous améliorons constamment. Nous concentrons nos efforts sur trois aspects prioritaires de la quantification : la modélisation du bassin hydrographique, la séquestration du carbone et la biodiversité.

Les retombées positives du programme représentent une superficie de 150 kilomètres carrés à l’échelle du pays et elles continuent d’augmenter. L’important, c’est de veiller à créer les meilleures solutions fondées sur la nature qui soient et à continuer d’améliorer la façon dont nous les quantifions au fur et à mesure.

JW : Avant que nous mettions fin à notre discussion, pourriez-vous recommander à nos lecteurs un ouvrage qui les aiderait à mieux comprendre en quoi consistent les solutions fondées sur la nature?

BG : Bien sûr. Je leur recommanderais de lire le rapport de Nature United intitulé Natural Climate Solutions (publié uniquement en anglais). Comme l’explique ce rapport, en appliquant sur des terres agricoles des solutions fondées sur la nature, on peut générer la plupart des conditions climatiques dont nous aurons besoin pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Le Canada peut bénéficier grandement de ces solutions. L’agriculture se pratique principalement dans le sud du pays. Comme c’est la zone où les Canadiens vivent, travaillent et se divertissent, nous sommes nombreux à pouvoir en être témoins ou en faire l’expérience. En adoptant des solutions fondées sur la nature, on a un effet positif dans les régions où un plus grand nombre de personnes peuvent le constater.

JW : Je vous remercie pour cette conversation captivante! Où nos lecteurs peuvent-ils en apprendre davantage sur ALUS?

BG : C’est moi qui vous remercie. Pour en savoir plus sur ALUS, vous pouvez consulter notre site Web à l’adresse alus.ca/. Pour en savoir plus sur notre projet New Acre, qui met à contribution les grandes entreprises, rendez-vous à newacre.org/. De plus, vous pouvez suivre ALUS sur LinkedIn et Twitter pour vous tenir au courant des dernières nouvelles.

Électricité Canada : Le Réseau 2022

L’échange entre Jay Wilson et Bryan Gilvesy s’est déroulé par vidéoconférence. Leurs propos ont été modifiés par souci de concision et de clarté.

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Grâce au Programme des entreprises partenaires d’Électricité Canada, des entreprises qui proposent une gamme variée de produits et de services, notamment des services-conseils dans tous les segments du secteur de l’électricité, peuvent établir des liens avec les décideurs des membres de l’association de l’ensemble des provinces et des territoires. Les entreprises partenaires peuvent être actuellement établies sur le marché canadien ou chercher un moyen de présenter leurs produits ou services de l'extérieur du pays aux membres d'Électricité Canada.

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