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Asher Edelman le loup de Wall Street

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE AU SERVICE DE L’ART

TEXTE [[[ Serge Guertchakoff

A la tête d’ARTBnk, le célèbre financier Asher Edelman qui a inspiré le film Wall Street, tente de conjuguer ses deux passions : l’art contemporain et la gestion de fortune.

Né le 26 novembre 1939, Asher Edelman est un financier et collectionneur d’art qui aura marqué la Suisse romande entre 1988 et 2004. La presse régionale ne parlait que de lui lors de sa tentative de prise de contrôle sur le groupe vaudois Baumgartner Papiers au printemps 1999. Une OPA qui échoua à deux reprises, mais qui précipita la restructuration de ce conglomérat.

Avant cela, ce raider avait quitté Wall Street pour s’établir à Epalinges en 1988 et ouvrir le Musée d’art contemporain de Pully en 1991. Ce fut le premier lieu en Europe à parvenir à organiser des rétrospectives de Robert Mapplethorpe, Jean-Michel Basquiat ou encore Roy Lichtenstein. De quoi justifier celui qui a inspiré le rôle de Gordon Gekko joué par Michael Douglas dans le film Wall Street de le mettre en couverture du magazine Bilan en décembre 1992 sous le titre: «Asher Edelman, le raider en exil». N’ayant pas reçu le soutien financier que les autorités lui auraient promis, il devra malheureusement finir par fermer les portes de son musée en 1995 qui lui coûtait près d’un million de francs par an. Entre-temps, cet entrepreneur américain a finalement décroché la nationalité suisse.

De retour aux Etats-Unis, il y crée la galerie Edelman Arts en 2002. Il lance ArtAssure LLC en 2010, une société de financement et d’investissement exclusivement dédiée au secteur de l’art. Asher Edelman devient en 2019 le président exécutif d’ARTBnk, une société d’évaluation de l’art qui s’appuie sur l’intelligence artificielle. La plateforme se base sur les données disponibles des maisons de vente aux enchères.

1’200 ARTISTES ÉVALUÉS La base de données actuelle d’ARTBnk contient 30’000 artistes. Mais, pour l’heure, cette fintech est en mesure d’évaluer 1’200 artistes. En effet, «cela ne marche qu’avec les artistes présents lors des ventes», nous explique Asher Edelman, rencontré cet été dans les locaux genevois avec un de ses partenaires, Mantor, une plateforme de gérants externes.

Parmi les services mis en place par ARTBnk: une analyse financière d’une page («estimation d’une œuvre d’art et analyse macro-financière») pour aider le collectionneur à décider s’il achète ou s’il vend telle ou telle œuvre;la fintech peut aussi organiser l’obtention d’un crédit sur la collection totale ou sur une seule œuvre d’art. «Nous avons un département qui se charge de cela», indique Philip Bommer, directeur exécutif des opérations européennes, basé dans le canton de Vaud. «Nous acceptons et pouvons honorer des crédits allant de 1 million à 100 millions de francs, cela à des taux d’intérêt autour de 6%, alors que nos rares concurrents proposent des crédits à des taux substantiellement plus élevés.

Autre exemple de service : « Nous avons créé un nouveau service cette année qui propose l’analyse d’une œuvre d’art ou d’un artiste de plusieurs pages, d’un point de vue placement financier uniquement. » Comment fonctionne ce calcul de la valorisation ? «Notre système traverse notre base de données. L’IA sélectionne rapidement des tableaux similaires puis, dans un second temps, il en choisit trois parmi les plus comparables. Comme il y a en moyenne environ six ventes par année, nous utilisons la base de données quand il n’y a pas assez de transactions avec l’artiste concerné», résume Asher Edelman.

Cette fintech fournit au collectionneur un récapitulatif de sa collection d’art qui indique la date d’acquisition, le prix d’acquisition, la valeur actuelle selon ARTBnk, le gain/la perte potentiel-le depuis la date d’acquisition et l’estimation du gain/de la perte sur les douze derniers mois. Autant dire que ce type de services est également très apprécié par les acteurs de gestion de fortune. Le 13 octobre dernier, la fintech suisse theScreener a annoncé un partenariat avec ARTBnk.

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