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Une crise multiple aggrave l’insécurité alimentaire mondiale

En bref La pauvreté augmente partout dans le monde et, pour la première fois depuis sa création en 1990, la courbe de l’indice de développement humain (IDH) est en baisse.

L’Éthiopie est un bon exemple de la complexité de la crise multiple actuelle. Le pays a longtemps été considéré comme porteur d’espoir, véhiculant une image positive d’une évolution visant à l’éradication de la pauvreté. Mais la pandémie a ensuite provoqué un revers. La persistance d’une inflation élevée, l’augmentation de la dette extérieure, une grave sécheresse, la guerre civile dans les régions du nord et les conflits armés dans d’autres régions du pays ont entraîné une aggravation massive de l’insécurité alimentaire.

Avec la crise multiple actuelle, non seulement le besoin de soutien financier est devenu plus important, mais l’écart entre ce dernier et le financement effectivement disponible n’a cessé de se creuser. L’Éthiopie n’est pas seule dans ce cas ; de nombreux autres pays du Sud mondial sont également concernés.

Par cette prise de position, Caritas Suisse demande que la Suisse augmente massivement les moyens financiers qu’elle consacre à lutter contre la crise alimentaire, et qu’elle renforce la coopération internationale. En aidant les pays concernés à se désendetter et en luttant résolument contre la crise climatique, la Suisse peut en outre contribuer à contrecarrer leur évolution négative.

humain (IDH) a baissé. Le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation mondiale de l’alimentation (FAO) tirent également la sonnette d’alarme et préviennent que la faim a fortement augmenté dans le monde. Selon les estimations des organisations, entre 702 et 828 millions de personnes étaient touchées par la faim dans le monde en 2021. 1 Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë est passé de 135 millions à 193 millions entre 2019 et 2021. 2 Les populations d’Afrique subsaharienne sont particulièrement touchées.

La pandémie de Covid-19 a ébranlé l’économie mondiale, entraînant des ruptures dans les chaînes d’approvisionnement et partant, des incertitudes sur les prix des marchés mondiaux. Dans différents pays, les confinements et autres restrictions ont provoqué une stagnation économique. À cette crise économique sont venus s’ajouter des conflits armés et des guerres régionales, tout cela encore aggravé par la crise climatique mondiale. Enfin, la situation s’est encore considérablement aggravée dans de nombreux pays du Sud mondial avec l’éclatement de la guerre en Ukraine au printemps 2022, provoquant partout dans le monde une nouvelle augmentation des prix des céréales, des engrais et des carburants. L’inflation a fortement augmenté, et l’endettement des pays a explosé.

Après le changement de millénaire, la communauté internationale a obtenu quelques résultats dans la lutte contre la pauvreté et la réduction de la faim dans le monde. Pendant un certain temps, on a pu penser que l’on allait atteindre les objectifs ambitieux de développement durable que les États membres de l’ONU s’étaient fixés en 2015 dans le cadre de l’Agenda 2030. L’agenda prévoit notamment d’éradiquer l’extrême pauvreté partout dans le monde, de venir à bout de la faim et de parvenir à la sécurité alimentaire d’ici 2030.

Mais la pandémie de Covid-19 a complètement changé la donne : dans de nombreuses régions du monde, la pauvreté a fortement augmenté. L’évolution positive des années précédentes a été stoppée, ou même, on est revenu en arrière. Les chiffres de la Banque mondiale et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sont explicites : partout dans le monde, l’extrême pauvreté est repartie à la hausse et le développement humain a reculé. En 2020, pour la première fois depuis sa création en 1990, l’indice de développement

Jusqu’ici, la crise alimentaire était principalement due à une répartition inéquitable et à des prix trop élevés. Globalement en effet, il n’y a pas de pénurie alimentaire, mais les denrées alimentaires sont trop chères pour de nombreuses personnes, ou alors elles n’y ont pas accès. Mais étant donné l’augmentation actuelle des prix des engrais et des carburants utilisés dans l’agriculture, il est à craindre que l’on vive une pénurie des denrées alimentaires dans les mois à venir. Si les agriculteurs utilisent moins d’engrais chimiques sans prendre en parallèle des mesures pour maintenir leurs rendements, ceux-ci risquent de s’effondrer. Il est d’ores et déjà prévisible que ce sont les personnes les plus pauvres qui, à nouveau, souffriront le plus de cette pénurie de denrées alimentaires. L’équité alimentaire doit donc être l’objectif premier.

Caritas demande que la Suisse contribue activement, de sa propre initiative et en collaboration avec d’autres États et les institutions des Nations unies, à la lutte contre la crise multiple actuelle dans les pays du Sud. Dans cette prise de position, nous prenons l’exemple de l’Éthiopie pour montrer les conséquences dramatiques que peut avoir l’accumulation de ces différentes crises. Et nous prenons exemple de notre coopération internationale dans ce pays pour mettre en évidence les moyens d’obtenir des changements sur place, à court terme par le biais d’interventions d’aide humanitaire et à plus long terme grâce à des projets de coopération au développement qui permettent d’assurer l’avenir de la population locale.

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