Nordheim Sur les pentes du Stephansberg 速
Nordheim - Sur les pentes du Stephansberg
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Le mot du maire
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l y a presque 30 ans, le curé Joseph Truttmann a pris l’initiative de célébrer le 150e anniversaire de la reconstruction de notre église paroissiale Saints-Pierre-et-Paul et de pérenniser l’événement par la publication d’une monographie sur Nordheim.
Et ceci d’autant plus que dans un futur proche, la disparition de nos aînés aura rompu de manière irréversible le lien direct avec les générations qui ont connu et vécu les grands drames du XXe siècle à l’échelle de notre village. Leurs souvenirs et autres récits nous ont beaucoup aidés.
C’était la première fois qu’on s’intéressait de manière aussi approfondie au passé de notre commune, à son histoire, à ses habitants et aux événements qui s’y sont déroulés.
Signalons également que nous avons souhaité accorder une place importante à l’iconographie en choisissant de publier un certain nombre de documents et de photographies anciennes relatives à notre histoire locale. Ils permettront non seulement d’agrémenter la lecture mais aussi et surtout d’illustrer et d’enrichir le propos.
Le curé s’était entouré d’une petite équipe de rédacteurs dont les différentes contributions ont abouti à la parution d’un ouvrage depuis longtemps épuisé. Le titre même annonçait clairement à la fois l’esprit et l’objectif : « Nordheim, un village qui a su garder son âme ».
Enfin, il ne nous reste plus qu’à souhaiter que le lecteur éprouvera autant de plaisir à parcourir cet ouvrage que nous avons eu à le rédiger. Et, sait-on jamais, peut-être la découverte d’une photo jaunie ou le récit d’une anecdote passée éveilleront-ils une émotion ancienne, un souvenir d’enfance qui, émergeant à la claire conscience, fera jaillir une étincelle de bonheur enfouie dans notre oublieuse mémoire.
Il va de soi – et c’est une évidence – un livre n’a pas vocation à épuiser un sujet quel qu’il soit. Il n’est jamais achevé. Depuis la publication de cette monographie, nous avons eu accès à d’autres archives et à des sources nouvelles qui ont permis de reprendre, d’approfondir et d’enrichir certains domaines déjà abordés.
Maurice Heydmann, maire de Nordheim.
Sur ce point, nous avons une grande dette à l’égard de M. Louis Schlaefli, historien reconnu et savant paléographe qui nous a encouragés à remettre l’ouvrage sur le métier. Vous trouverez plusieurs contributions passionnantes de sa part sur une période de notre histoire qui n’avait jamais été explorée jusqu’à ce jour. On peut considérer cet ouvrage comme une suite et un approfondissement du premier. Par ailleurs, l’approche des grandes commémorations – centenaire de la Première Guerre mondiale et 70e anniversaire du débarquement – nous a incités à faire œuvre de mémoire.
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Le village de Nordheim dans les annĂŠes 1950.
Sommaire 6
Le village gee
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Son n histoire histoi hi oire h oi
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La vie communale
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La paroisse
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L’Êglise Saints-Pierre-et-Paul
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La vie scolaire
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La vie rurale
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La vie associative
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Remerciements / Bibliographie
Nordheim
Sur les pentes du Stephansberg
Son histoire Fouilles archéologiques : le temps retrouvé
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a création du dernier lotissement Am neuen Berg en 2007-2008 a permis au Pôle Archéologique Rhénan de procéder à des fouilles qui ont documenté l’histoire de notre commune. Nous ne disposions que de rares vestiges datant du Ier millénaire : un sarcophage mérovingien, quelques tuiles romaines et des monnaies du Bas-Empire. Le mobilier s’est considérablement enrichi grâce à l’étude approfondie d’un terrain de 1,2 ha. Les découvertes ont été nombreuses et ont permis d’identifier trois périodes bien distinctes de notre passé.
L’âge du Bronze final (1350 à 800 avant J.-C.) d Des fleurs dans un sarcophage mérovingien. Cela se passe dans la cour des familles Vix-Merckling.
h Une très belle porte Renaissance qui donne sur le jardin du presbytère. Elle a été découverte lors de la démolition de la grange Hey.
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C’est l’époque la moins documentée. Toutefois deux structures ont été fouillées et ont permis de trouver des tessons de céramiques protohistoriques. La nature exacte des sites et leur fonction n’ont pu être déterminées.
La période gallo-romaine (entre 530 et 850 après J.-C.)
Détail intéressant : lors des travaux de fouilles, les archéologues ont mis à jour des fragments de vases en pierre ollaire, originaire du Massif Alpin. La présence de ce mobilier, de provenance lointaine, semble plaider en faveur d’un milieu social plutôt aisé à l’époque mérovingienne. Le chantier des fouilles a permis d’éclairer plus de 1000 ans d’histoire locale. On pressentait la présence humaine à cette époque mais sans en avoir les preuves ; aujourd’hui on en dispose.
Cette période a permis de mettre en évidence la présence d’un habitat important, surtout autour d’une mare où les occupants puisaient de l’eau. Plus de soixante sites ont été fouillés. Les cabanes abritaient à la fois des activités agropastorales (présence de céréales et de cabanes de stockage) et artisanales (de nombreux « fours lorrains » avec une présence abondante de charbon de bois). Les bâtiments sont de plain-pied, faiblement enfouis avec des poteaux plantés. Ce type de bâtiments est fréquent en Alsace et dans la moitié Nord de la France. Plus de quatrevingt ont été mis à jour, ce qui en fait un des sites les plus denses dans notre région. Elles sont de dimension modeste et varient de 6 à 15 m². À proximité de la mare, on a trouvé des céramiques gallo-romaines ainsi que des monnaies des IIe et IVe siècles après J.-C. Ont été également mis à jour de nombreux éléments de vaisselle romaine et d’ustensiles divers : des couteaux, des louches en bronze, des cruches, des gobelets, des fibules en cuivre et même des armes. On y pratiquait un artisanat traditionnel fort répandu comme le tissage. Des poinçons en os, des fusaïoles en terre cuite en attestent. On y travaillait également le fer, notamment la fabrication de clous de charpente. À noter la mise à jour d’un puits en pierres sèches.
Si la présence humaine est attestée depuis le Ier siècle après J.-C., on sait aujourd’hui que le site s’est véritablement organisé et structuré à partir du IIIe siècle. Sans doute, l’extension future de l’urbanisme vers l’Est et l’organisation d’un nouveau chantier de fouilles permettront-elles d’élargir nos connaissances sur le passé de notre village.
Les fouilles archéologiques ont mis en évidence les plantes et les fruits que cultivaient nos ancêtres et ce, grâce à la carpologie1. Quelques exemples de carporestes découverts sur le site :
céréales : • le blé épeautre (blé d’hiver, robuste, paniable) ; • le blé engrain ; • le blé amidonnier ; • le blé nu (blé de printemps, paniable) ; • l’orge (nourriture du bétail, bière) ; • le seigle (peu exigeant, paniable, bétail).
Le Haut Moyen Âge C’est l’époque au cours de laquelle l’occupation du site apparaît la plus dense au niveau de l’habitat. Il s’agit de cabanes excavées, de bâtiments sur tranchées de fondation. On a mis à jour en outre des silos, des fosses, des greniers et des puits. L’occupation alto médiévale se décline en 3 séquences successives : • la première datant du VIIe siècle : 530-630/650 ; • la seconde, fin du VIIe siècle : 650-700 ; • la troisième, qui va de la fin du VIIe siècle à la moitié du IXe siècle : 650/700 – 800-850.
légumineuses : • • • • •
la féverole ; l’avoine (consommation humaine et animale) ; la lentille (alimentation humaine) ; la vesce (alimentation du bétail) ; l’ers (alimentation du bétail).
fruits : • les noix (huile, alimentation) ; • le raisin (vin, alimentation). 1 La carpologie est la discipline scientifique qui étudie les paléo semences, carporestes (fruits) ou diaspores conservés et découverts en contexte archéologique. À l’intersection de l’archéologie, de la botanique, de l’ethnologie et des sciences agronomiques, la carpologie fait partie de l’archéobotanique, un ensemble de disciplines qui s’intéressent aux vestiges d’origine végétale.
Les cabanes fouillées sont considérées comme des annexes destinées à l’habitat et permettent la pratique d’activités artisanales traditionnelles comme le tissage ou le travail du fer. Elles peuvent également servir de grenier pour conserver les grains au sec.
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Jean Sturm à Nordheim (XVIe siècle) Si notre commune peut s’enorgueillir d’avoir abrité dans ses murs une personnalité exceptionnelle, nul doute, lee grand homme n’est autre que Johannes es Sturmius, un des esprits les plus brillants ants de la Renaissance européenne. Jean Sturm est né à Schleiden, en Rhénanie, le 19 octobre 1507. Élève brillant, il poursuit ses études à Liège et à Louvain. Il est à peine âgé de 20 ans quand l’université lui décerne le titre de Magister (Maître). Le jeune homme possède une excellente connaissance des langues anciennes, comme le latin et le grec, sans oublier la langue hébraïque. Après son séjour belge, on retrouve Jean Sturm à Paris où il étudie à la fois le Droit et la Médecine mais également la rhétorique et la dialectique. C’était l’époque où un esprit brillant et curieux pouvait accéder à une culture quasi universelle. Il est chargé d’assurer des cours de rhétorique au Collège Royal, qui deviendra plus tard le Collège de France. À Paris, il fréquente les milieux intellectuels et cultive des amitiés solides avec des figures éminentes de l’Humanisme européen. Parmi eux, citons Erasme et Budé. Le contexte de l’époque se caractérise par un bouillonnement intellectuel intense qui verra naître la Réforme. Jean Sturm adhère aux idées nouvelles et plaide pour une Église plus ouverte, plus tolérante et qui accepte de se réformer de l’intérieur. Il appartient au camp des modérés et cherche à concilier les forces en présence afin d’éviter un schisme qu’il ne pourra empêcher cependant. Il compte de nombreux amis dans les deux camps. Il se met au service du Cardinal Du Bellay et déploie ses talents de diplomate. Il fréquente la cour du roi François Ier, qui apprécie ses idées religieuses modérées. Le roi de France avait accueilli la Réforme avec une réelle sympathie, ce qui le rapprochait de la position des princes allemands. Les arrière-pensées politiques n’étant sans doute pas absentes chez le monarque français dont le grand rival, défenseur inconditionnel du Catholicisme et de la Papauté, n’était autre que Charles Quint, son ennemi juré. Pourtant, François Ier, en dépit des efforts de Jean Sturm, s’abstiendra d’adhérer à la Réforme. Jean Sturm poursuit une activité intellectuelle intense. Il se passionne pour l’imprimerie et publie les grands auteurs grecs et latins. Il s’intéresse également à tout ce qui touche l’enseignement et à la pédagogie. En 1538, Jean Sturm rejoint Strasbourg où son ami Bucer lui confie le soin de former les futurs pasteurs de l’Église Réformée. C’est dans cette même ville,
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g Médaillon sculpté en hommage
à Jean Sturm sur la façade du Théâtre National de Strasbourg.
eentièrement gagnée à la Réforme, qu’il va fonder une école qui deviendra plus tard une université que nous connaisde nos jours sous le nom de Gymnase sons d Jean Sturm. Il a 33 ans quand il devient chanoine de SaintThomas, la Cathédrale des Réformés. Il se consacre également à la diplomatie. À ce titre, il fréquente tous les Grands de son époque. Il devient conseiller de la reine Élisabeth d’Angleterre et joue un rôle de négociateur entre les protestants français et le roi de Francois Ier. En 1547, Charles Quint défait les troupes des princes allemands réformés. La victoire des catholiques menace le sort des protestants français que Jean Sturm va défendre auprès de son ami, le Cardinal Du Bellay. En 1559 Jean Sturm obtient de l’électeur palatin les dîmes de Nordheim. Rien d’étonnant puisque le village de Nordheim appartenait à la ville de Strasbourg. En effet, Jean Sturm disposait dans notre commune d’une maison de campagne construite par ses étudiants. Il possède aussi un nombre important de terres, de prés et de vignes qu’il n’hésitera pas à engager pour obtenir des prêts qu’il destine à ses amis français et allemands. En 1581, Jean Sturm est démis de ses fonctions de recteur de l’Académie, officiellement en raison de son « grand âge ». Il vit retiré à Nordheim où il poursuit une activité intellectuelle intense et entretient une correspondance avec un grand nombre de politiques, de théologiens et de savants. De fait, Jean Sturm a été victime de la radicalisation de ses amis réformés qui prônait un luthéranisme de combat. La vieillesse du grand humaniste est triste et surtout marquée par la précarité. Il avait perdu tout son patrimoine. En 1582, l’électeur palatin lui propose une chaire à l’université de Heidelberg, mais trop vieux et malade, il est contraint à renoncer à ce poste. En 1587, à l’instar de ses compatriotes, il souffre des violences et des pillages qui sont l’œuvre de soldats brigands qui mettent à sac le village et emmènent bon nombre de gens en Lorraine pour les libérer contre rançon. À la ruine et aux infirmités se rajoutent les malheurs privés. Il perd sa seconde épouse et tous ses enfants vont mourir en bas âge. Finalement, il meurt à Nordheim en mars 1589 et il sera inhumé au cimetière Saint-Gall à Strasbourg.
◆ Où se trouvait la demeure de Jean Sturm ? Dans sa contribution à la monographie sur Nordheim publié en 1985, Christiane Fromager-Gangloff émet plusieurs hypothèses quant à l’emplacement de la propriété de Jean Sturm. Pour ce qui nous concerne, nous pensons que la maison Albert Reysz (S’Meyers), située route des Nobles, une grande demeure aux dimensions imposantes, admirablement située à la porte d’entrée sud est vraisemblablement celle que les étudiants avaient construite pour leur maître. De fait, si le rez-de-chaussée et les étages datent du XVIIIe siècle, la cave en revanche porte une date sur le portail en grès : 1577. Cette date correspond à l’époque où Jean Sturm résidait dans cette demeure. Par ailleurs, sur la même propriété se trouvait la grange dimière où les produits des récoltes étaient collectés. Une dîme dont Jean Sturm était le bénéficiaire.
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Enfin, il y a quelques années encore, on pouvait contempler l’admirable enceinte construite en pierres sèches, un véritable enclos qui protégeait un vignoble aujourd’hui disparu. Quant aux deux autres hypothèses, écartons d’emblée la maison Runtz qui date du XIXe siècle et qui était entièrement complantée en vignes jusqu’au début des années 1820. L’écusson scellé dans le mur de la maison Runtz-Ulrich appartient à l’ancienne propriétaire de laa maison de Joseph Klein, Madame Catherinee Bernard, veuve de Joseph Bernard, régisseurr général des hôpitaux militaires du Haut et du u Bas-Rhin.
Très beau tableau de Jean Sturm, représenté de la main droite levée comme s’il prêtait serment. La longue barbe foisonnante accentue l’austérité du personnage.
g Écusson scellé dans le mur de la maison Runtz-Ulrich. Il s’agit des armoiries de Joseph Bernard. On distingue le B et le J majuscule enlacés ainsi qu’une couronne. Joseph Bernard était régisseur général des hôpitaux militaires du Haut et du Bas-Rhin.
En revanche, au cas où la maison Reysz ne serait pas celle de Jean Sturm, il resterait celle de la famille Gangloff-Ostermann, maison de maître très ancienne, flanquée d’une tourelle admirablement conservée. On y trouve deux dates : 1605 et 1607. L’extraordinaire escalier en gré qui permet d’accéder à la tourelle est donc postérieur à la présence de Sturm sur le site. Resterait l’hypothèse selon laquelle la reconstruction de la maison se soit faite sur l’emplacement même de l’ancienne demeure de Sturm détruite par les Lorrains deux décennies plus tôt. Mais rien n’est moins sûr.
h Remarquable vue de l’entrée du village. Au premier plan, la maison Reysz. À droite, la tuilerie Vix-Lieber. Garé devant le restaurant Speich, un vieux tacot.
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g Carte postale des années 1910. L’école a été reconstruite. Le clocher a encore la flèche primitive.
En 1908, Georges Klein entame son second mandat. François-Joseph Burg est adjoint. Les élus sont Adolphe Hartmann, Joseph Burg, Joseph Dossmann, Ignace Fischer, Georges Fischer, Georges Kratz, Jean Weber, Sébastien Fischer, Pierre Leitz et Aloyse Fend. L’élection du maire et de l’adjoint se fait le 10 décembre 1919. Maire : Georges Klein. Adjoint : François-Joseph Burg. Sont élus Joseph Dossmann, Joseph, fils de Pierre, Burg, Ignace Fischer, Ernest Hartmann, Aloyse Fend, Alphonse Kratz, Paul Speich, Sébastien Fischer, Jules Roos et Alphonse Hartmann. Georges Klein occupera cette fonction pendant plus de 22 ans. Il aura servi à la fois l’administration allemande et française. Il a toujours été élu brillamment. Il meurt le 23 août 1931.
h Le chanoine Delsor, ancien curé de Nordheim, député et sénateur s’exprime devant le monument aux morts où sont gravés les noms des victimes qu’il a si bien connues... La pluie se mêle aux larmes. Nous sommes en 1923.
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Son successeur, Laurent Fischer, propose d’acheter une couronne « à celui qui fut, pendant plus de 22 années sans interruption, maire de Nordheim ». Laurent Fischer est élu maire le 17 mai 1925. Il a été élu de justesse en obtenant 6 voix contre 4 face à Paul Speich au second tour. François-Joseph Burg est élu adjoint. Les conseillers municipaux élus sont Ernest Hartmann, Joseph Burg, Alphonse Hartmann, Paul Speich, François-Joseph Burg, Charles Adam, Alphonse Kratz, Jules Roos, Florent Baehrel, Guillaume Reysz et Florent Schaffner. Il est reconduit dans ses fonctions, le 17 mai 1929, sans grande difficulté. François-Joseph Burg reste adjoint.
La vie e com communale ommu muna nale le
g L 12 mars 1945, Le Nordheim accueille N une revue militaire. u Admirez les belles A petites alsaciennes. p
Néanmoins, le 13 février 1941, le Registre des délibérations reprend pour une courte séance avec un maire désigné par les forces d’occupation. Puis c’est le grand vide jusqu’au 22 juillet 1945 où le nouveau maire est désigné. Il s’agit d’Aloyse Diss, résistant et membre des F.F.I., qui est aux affaires. Aloyse Kratz occupe toujours le poste d’adjoint. Les élus municipaux sont Florent Conrath, Florent Schaffner, Jean Blum, Michel Seyfried, Eugène Fend, Prosper Fischer, Jérôme Hartmann, Xavier Hartmann, Florent Baehrel et Ernest Hiessler.
Les conseillers sont Florent Schaffner, Jules Roos, Guillaume Reysz, Charles Adam, Ernest Hartmann, Paul Speich, Joseph Klein, Alphonse Kratz, Joseph Wolff et Laurent Ostermann. Le 18 mai 1935, c’est Charles Adam qui occupe le siège de maire. L’adjoint désigné est Alphonse Kratz. Tous deux sont agriculteurs. Les élus sont Florent Schaffner, Xavier Hartmann, Prosper Fischer, Jules Brand, Jean Blum, Eugène Fend, Jérôme Hartmann, Michel Seyfried, Florent Baehrel et Florent Conrath. La fin du mandat sera marquée par l’avènement de la Seconde Guerre mondiale qui éclate en 1939. Il préside une dernière fois le conseil municipal le 2 juin 1940. La débâcle de nos armées, l’Armistice, l’occupation allemande mettront un terme au fonctionnement normal de la gestion municipale. Comme pour la plupart des communes, il s’agit d’une période trouble et sombre.
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Nordheim accueille ses libérateurs pendant le terrible hiver 1945. On reconnaît, dans leur tenue traditionnelle, les deux sœurs Jeanne et Marte Speich. À droite, Marie-Louise Ehret.
g Belle photo de la famille Fischer en 1917. On voit Ignace et son épouse Eugénie, en compagnie de leurs quatre enfants : Prosper en uniforme, Marie, Angélique et Clotilde.
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La paroisse
La Réforme : Nordheim, village protestant
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n octobre 1517, Martin Luther affiche 95 propositions de réforme de l’Église catholique sur la porte de l’église de Wittenberg, en Allemagne. C’est le début d’une rupture profonde à l’intérieur du christianisme et donc, le début d’une nouvelle forme de ce dernier, le protestantisme. La Réforme est officielle en 1521. Immédiatement, beaucoup de nos ancêtres se rallient à cette nouvelle façon de croire en Dieu. C’est aussi ce qui s’est passé à Nordheim.
Depuis la Réforme jusqu’en 1681 d Le petit sanctuaire de Betbuch, dans sa solitude hivernale. C’est l’église-mère à laquelle appartenait la paroisse.
La maison Ostermann/Gangloff remarquablement préservée. Un bel exemple d’architecture rurale du XVIIe siècle.
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Nous ne disposons d’aucune donnée chiffrée concernant le nombre de catholiques et de protestants dans le village. Mais il semble qu’une grande partie de nos ancêtres étaient protestants. En effet, durant la guerre des paysans, des habitants de Nordheim ont participé aux combats : c’est le cas de Peter, suivi par tout le village. En conséquence de cette participation, le village a subi de très grands dommages, autant humains - Peter a été pendu à l’entrée de Saverne que matériels - beaucoup d’habitants se sont plaints. Le grand nombre de protestants est attesté par le fait que lorsque Nordheim devint propriété de la ville de Strasbourg en 1545 (après un rachat aux Mullenheim-Rosenbourg), normalement, l’application du « cujus régio, ejus religio » (« tel roi, telle religion »), aurait dû créer au moins des remous. Il n’en a rien été puisque Nordheim bénéficiait de la liberté de religion dès 1542 (donc, il y avait
Trois photos remarquables représentant le merveilleux escalier renaissance de la maison Ostermann/Gangloff.
dans le cimetière catholique délaissé. De toute façon, les enterrements, les mariages et les baptêmes sont interdits à Nordheim, s’ils sont protestants . Mais, il semble que cette série d’interdictions n’ait pas été respectée puisque des baptêmes, des mariages et des enterrements protestants se sont faits à Nordheim pendant cette période !
des protestants à Nordheim) ; ce droit a été renouvelé en 1604 et concernait, très certainement, une très grande majorité de nos ancêtres. L’importance du nombre de protestants à Nordheim, est attestée par le fait que le recteur de l’Académie de Strasbourg, Jean Sturm, lorsqu’il a été démis de ses fonctions est venu vivre à Nordheim, dans une maison que lui auraient bâtie ses étudiants. Cette maison est toujours présente dans le village. Jean Sturm a vécu dans sa nouvelle maison depuis 1576 jusqu’en 1589, date de sa mort. Il est certain que la présence de Jean Sturm n’a pas été sans exercer une puissante influence sur nos ancêtres.
Il a également été interdit aux protestants de faire venir un pasteur et un instituteur protestant. Cependant, si le pasteur vient, pendant toute cette période (jusqu’en 1681) de Dutzenheim, il semble que les enfants aient été instruits par un maître d’école protestant. Il faut ajouter que la lecture de la Bible, au quotidien, était très fortement recommandée aux protestants, donc il fallait au moins savoir lire !
La paix religieuse dure jusqu’en 1617. À cette date, Nordheim, toujours dépendante de Fessenheim-LeBas pour sa partie catholique, a vu arriver un curé très vindicatif : les luthériens sont très régulièrement injuriés lors des sermons et traités de damnés ! Les Nordheimois s’en plaignent, d’autant plus que le curé de Fessenheim réclame aussi le paiement de la dîme ! Nos ancêtres, estimant qu’ils sont protestants, refusent de payer cette redevance ! Le curé de Fessenheim fait appel à l’officialité en 1628 : le tribunal catholique condamne Nordheim à verser la dîme.
Au début du XVIIe siècle, Nordheim eut aussi à subir les affres d’une autre guerre de religion, celle de Trente Ans (1618-1648). Nordheim a été brûlé, au moins partiellement, en 1638, par les Suédois. Les femmes et les enfants ont été envoyés à Kuttolsheim, où il semblait qu’ils soient davantage en sécurité… Les dégâts ont été immenses. Cependant, malgré toutes les oppositions existant entre les deux formes de christianisme, le protestantisme et le catholicisme, on peut observer des mélanges de symboles.
La lutte continue pendant tout le XVIIe siècle. Ainsi, il a été interdit aux protestants d’enterrer leurs morts
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h Le maire Aloyse Diss accueille le nouveau curé Martin Resch en novembre 1945. Cyclistes et cavaliers ont participé au cortège.
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Le 25 novembre 1973, le curé Martin Resch fête son départ ; à sa droite, le maire Eugène Wolff et Joseph Ostermann, conseiller général. À sa gauche, Alphonse Heydmann, président de la chorale et du Conseil de fabrique.
d Admirez ces jeunes souriants, avec leur béret sur la tête. Ils attendent Monseigneur Ruch. Nous sommes le 27 novembre 1935.
Accueil du nouveau curé, le R.P. Robert Hartheiser, le 24 novembre 1974. Au premier plan à droite, l’abbé Lucien Ottmann, originaire de Nordheim.
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Lucien Fischer fête ses 25 ans de prêtrise. À sa droite, le curé Joseph Truttmann. Nous sommes en 1987.
La paroisse
Les fêtes religieuses
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epuis le XVIIe siècle, Nordheim est une paroisse majoritairement catholique. Très longtemps, la pratique religieuse s’avérait massive et rares étaient les personnes qui restaient en dehors de la sphère de l’Église.
h Monseigneur Elchinger bénit les fidèles rassemblés devant l’église. Le curé Martin Resch le précède. On aperçoit la tête d’un servant de messe Joseph Baehrel mort en 1961, à l’âge de 14 ans...
g Admirez ces belles jeunes filles, avec leurs couronnes, chapelet à la main et qui s’apprêtent à recevoir le sacrement de confirmation des mains de Monseigneur Rusch, évêque de Strasbourg le 27 novembre 1935.
d Monseigneur Weber distribue des images pieuses aux enfants qu’il bénit. Au premier plan, on reconnaît Marie-Thérèse Hoenen et sa mère, Madame Fischer avec sa petite-fille Marie-Paule dans les bras. À sa gauche, Madame Anne Gass. (Vers 1958).
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Monseigneur Weber tout sourire arrive dans notre village. En arrière-plan, le mur de soutènement de l’ancien cimetière qui sera déposé pour créer le beau parvis actuel. (Début des années 1960).
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La vie scolaire
L’école des garçons
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omme toutes les communes voisines, Nordheim disposait d’une école depuis fort longtemps. Nous connaissons les noms des instituteurs depuis 1694. Les archives nous renseignent également sur les subventions et autres dépenses engagées pour des réparations et diverses acquisitions. Au cours du XVIIe siècle, des conflits ont éclaté entre la municipalité et les enseignants pour des raisons religieuses. Le fonctionnement de l’école communale n’avait que peu de rapports avec ce qui se passe aujourd’hui. Les niveaux étaient mélangés et confiés à un seul instituteur. Les filles ne fréquentaient pas l’école. Les travaux agricoles rythmaient la vie scolaire. Beaucoup de garçons étaient contraints de quitter les bancs de l’école dès l’âge de 11 ans, âge auquel ils intégraient la vie active comme apprenti ou petit valet dans les grandes fermes.
Photo très ancienne datant des années 18971898 et prise dans la cour de l’école des garçons. Le maître Keiling, absent sur le cliché, devait apprendre à lire, écrire et compter à 61 élèves...
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L’enseignement n’était ni gratuit, ni obligatoire. Les familles contribuaient au traitement de l’instituteur. La participation financière des pauvres était assumée par la municipalité.
Cette délibération apporte de précieux renseignements sur le problème de l’enseignement primaire dans la première moitié du XIXe siècle. Quelques précisions tout d’abord. Nordheim ne disposait à cette époque que d’une seule école, celle des garçons. Située à l’emplacement du bâtiment actuel, elle abritait en outre le corps de garde, la salle d’asile, la mairie ainsi que le logement de l’instituteur. Le bâtiment sera démoli dans les dernières années du XIXe siècle avant d’être reconstruit pour devenir l’école des filles. L’instituteur auquel il est fait référence, n’était autre que Jean-Baptiste Mockers, né à Herrlisheim en 1809. Neveu du célèbre facteur d’orgues Xavier Mockers, auquel on doit les orgues de l’église SaintsPierre-et-Paul. Il avait épousé Madeleine Kratz de Nordheim. Outre ses fonctions d’enseignant, l’instituteur remplissait également les fonctions de secrétaire de mairie et d’organiste. Il meurt le 20 août 1848, à l’âge de trente-neuf ans. Son fils Jean-Baptiste restera à Nordheim où il exercera le métier de commerçant. Le dernier descendant que beaucoup ont encore bien connu, n’est autre que Théodore Mockers, ancien sacristain, mort en 1958. Un chiffre nous interpelle et nous stupéfie à la fois : cent quarante enfants en âge d’être scolarisés. Comment ne pas partager le constat des élus qui estiment « que ce nombre excède les forces d’un seul homme ». Il convient de rappeler cependant que tous les jeunes ne fréquentaient pas l’école en ce temps-là. On peut légitimement se poser la question de l’efficacité d’un enseignement dispensé à un nombre aussi important d’enfants. On remarquera aussi que ce chiffre comptabilise garçons et filles, alors que ces dernières ne seront effectivement scolarisées qu’à partir de 1845 dans leur nouvelle école par les sœurs enseignantes de Saint-Jean-de-Bassel. Cette délibération présente également un intérêt particulier dans la mesure où elle s’inscrit dans un contexte historique précis. On est sous le règne de la monarchie bourgeoise du roi Louis-Philippe (18301848). On y retrouve les traces et l’esprit de la politique ultra-conservatrice de Guizot, Président du Conseil et véritable maître du pays. C’est d’ailleurs sa politique répressive, réactionnaire et hostile à toute réforme qui aboutira à la Révolution de février 1848, entraînant la chute de Louis-Philippe et son exil en Angleterre. C’est ce même Guizot, alors ministre de l’Instruction publique, qui avait jeté les bases de l’enseignement primaire en France en 1833.
L’instituteur était recruté et engagé par la commune. Il recevait un agrément de la part du Recteur de l’Académie de Strasbourg. Le logement n’était pas toujours fourni par la commune. Dans la première moitié du XIXe siècle, la population de Nordheim a beaucoup augmenté. Ce qui n’était pas sans poser des problèmes de structure. L’ancienne école ne pouvait plus accueillir tous les jeunes. C’est pourquoi, le 9 juillet 1843, le conseil municipal de Nordheim se réunit en séance extraordinaire sous la présidence du maire François-Joseph Hartmann. Étaient également présents Michel Burg, adjoint, ainsi que les conseillers au grand complet : Kratz, Dossmann, Krantz, Fischer, Ludwig, Ostermann, Adam, Mosser et Hartmann. Il s’agissait d’aborder le problème de l’école primaire de Nordheim ; voilà ce que dit le registre des délibérations. « Monsieur le maire expose que le nombre des enfants qui fréquentent l’école de Nordheim est trop grand pour que les progrès de l’instruction soient sensibles ; que ce nombre qui est de 140 enfants excède les forces d’un seul homme ; que le nombre des filles en âge de fréquenter l’école peut être porté à environ 80. Que la salle d’école actuelle est trop petite pour contenir les enfants des deux sexes ; que l’instituteur est très mal logé ; qu’en conséquence la séparation des sexes et la création d’une école de filles sont absolument nécessaires ; que le besoin en est vivement senti par les pères de famille ; que cette mesure est conseillée par l’inspection départementale et par l’administration supérieure. Considérant que pour faire face aux frais de première organisation et l’acquisition d’un local pour l’école des filles et pour réparation à la maison d’école actuelle des garçons et le logement de l’instituteur les ressources communales sont insuffisantes ; qu’il existe en ce moment une maison qui pourrait être appropriée à l’école ci-dessus mentionnée moyennant une dépense d’environ 12 000 francs y compris le mobilier de l’école des garçons qui est à refaire. » Le conseil municipal entendu l’exposé du maire, entièrement convaincu que tout est de la plus grande nécessité et arrête à l’unanimité : qu’une coupe extraordinaire de la valeur de 12 000 francs soit accordée dont le produit serait affecté aux dépenses ci-dessus ; arrête en outre que la présente délibération sera transmise immédiatement à Monsieur le Préfet du département avec prière d’y donner une prompte suite. Fait à Nordheim le jour, mois et an que dessus.
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Nordheim - Sur les pentes du Stephansberg
d L’ancienne école des garçons, construite en pierres sèches provenant de la colline.
d L’école des filles en 1922. Au premier rang, les garçons de la grande section maternelle.
Quand les élus se mêlent de pédagogie et de religion … Le 21 février 1937, le conseil municipal, consulté sur l’opportunité de prolonger la durée de la scolarité, délibère en ces termes : « Après une longue délibération, le conseil municipal émet l’avis que la durée scolaire en vigueur jusqu’à présent sufsait complètement à l’instruction des enfants car tous les élèves avaient pu acquérir les connaissances qui leur étaient nécessaires pour la vie. Il n’y a pas d’illettrés ! À la campagne, les enfants de 13 et de 14 ans rendent déjà de grands services aux parents, les lles au ménage, les garçons dans les travaux des champs.
h La classe mixte, qui pose dans la cour, comprend les élèves les plus jeunes de l’école des filles (1933).
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En toute logique, le 22 mai 1938, le conseil municipal « tenant compte des périodes de grand travail dans la commune, répartit les congés agricoles comme suit : du 10 juin au 3 juillet, du 1er au 12 octobre ». En même temps, le Conseil est contre la suppression de la religion. Celle-ci est la tradition de nos ancêtres et nous voulons la transmettre à nos enfants. Nous reconnaissons dans la religion une force morale contre les délits et les crimes qui sont plus nombreux dans les milieux où la religion a disparu. C’est pour ces raisons que le conseil municipal proteste contre la prolongation scolaire et contre la suppression de la religion ».
La vie scolaire
g Des jeunes filles aux larges sourires (vers 1955-1956).
L’école des filles en 1958-1959. Les élèves sont souriantes et bien rangées devant l’église.
f
g L’école des filles en 1946, réunissant les classes d’âge de 1935 à 1939. Au 1er rang, 4e rang de gauche à droite, Mariette Ostermann-Sieffert, future conseillère Régionale.
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Nordheim
Sur les pentes du Stephansberg
La vie rurale
Le ban communal Présentation Le ban de Nordheim a une contenance totale de 649 ha 87 ares 76 centiares. Ce chiffre date de 2010. Il se répartit en trois zones bien distinctes : • du bas du village et dans son prolongement, la plaine, riche et fertile où toutes les cultures réussissent, même en année sèche ; • du pied de la colline, et partant à sa conquête, le vignoble qui s’y épanouit particulièrement bien ; • sur la colline et à son sommet la partie haute du vignoble et, moins bien exposé, balayé par le vent du Nord, le plateau aride où se trouvent les prairies sèches et, plus loin plongeant dans les vallons, les taillis d’acacias et parfois des friches incultes. Le ban communal rejoint ceux de Fessenheim-LeBas et de Kuttolsheim à l’est, situés aux confins du Kochersberg. Avec Kuttolsheim nous rejoignons le nord en longeant le Thalweg du vallon de Kuttolsheim, un endroit préservé où s’épanouissent la faune et la flore sauvages. Prairies de fauche et forêts s’y épanouissent et partent à l’assaut du Goeftberg, avec sa belle chapelle du XVIIe siècle, située sur le ban de Hohengoeft.
d Quand on faisait la moisson avec une lieuse, on relevait les gerbes pour les réunir en petits tas (fin des années 1950).
Avant de plonger dans le vallon du Wackenthal où les céréales reprennent le dessus, nous touchons brièvement au ban communal de Wasselonne que nous apercevons en bas, au creux du vallon, avec au loin Wangenbourg et le sommet du Schneeberg (990 m). En remontant du Goldbuch nous traversons une pinède composée de pins parasols qui semblent s’être égarés sur ces terres pauvres et ingrates avant de retrouver le vignoble que partagent Marlenheim et Nordheim. Nordheim a ainsi la chance de posséder au sein du ban communal une diversité de paysages.
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g Plan cadastral de Nordheim.
Le cadastre fondée sur la mécanisation et le progrès technologique qui vont bouleverser le monde paysan.
Les plans cadastraux les plus anciens remontent au début du XIXe siècle et plus précisément à 1832. Nous disposons des plans et des matrices indiquant les noms de l’ensemble des propriétaires fermiers et des biens leur appartenant.
De fait, en 1960, le conseil municipal décide de procéder à un remaniement foncier sous forme de remembrement communal. Le nombre de paysans ayant sensiblement diminué à cause de l’exode rural, les surfaces attribuées ont considérablement augmenté.
Le document se présente comme suit : « Tableau d’assemblage du plan cadastral parcellaire de la commune de Nordheim terminé sur le terrain le 25 octobre 1832 sous l’administration de M. Choppin d’Arnouville, Préfet, de M. Hartmann, maire, sous la direction de M. le maire, directeur des contributions, M. De Maizey, géomètre en chef et par M. Lambers géomètre de 1ère classe ».
Ce phénomène se poursuivra dans les années 1970 et 1980. À la fin des années 1950, il y avait plus de 100 petits producteurs de lait en 1960, seuls cinq ont subsisté aujourd’hui. L’acquisition de matériel toujours plus performant et plus onéreux nécessite une surface agricole utile toujours plus importante. L’extension permanente du village a également diminué les surfaces destinées aux cultures.
Ce cadastre sera en usage jusqu’en 1914, date à laquelle l’administration allemande procédera à l’élaboration d’un nouveau document ainsi présenté : « Uebersichtsplan der Gemarkung Nordheim, Kreis Molsheim. Die Gemarkung ist in 7 Fluren eingeteilt und hat einen Flächeminhalt von 646.78 Hektar ».
En 2004, le projet du contournement de la ville de Marlenheim a nécessité la mise en œuvre d’un remembrement intercommunal. La diminution constante des exploitants permettra la création de parcelles toujours plus grandes qui faciliteront la mécanisation des cultures et les rendront plus productives.
Une consultation des documents permettra de se rendre compte que notre ban était réparti en 148 lieux-dits différents ! Difficile de s’y retrouver avec une telle complexité. Certains lieux-dits nous renseignent sur les activités qui s’y sont déployées. C’est le cas du Kalkofen, où on disposait de fours à chaux, ou bien le Leimengrub, l’endroit où l’argile est extraite pour fabriquer les briques dans l’ancienne tuilerie Liber-Fix.
Voici le récapitulatif établi en 2010 et concernant les différentes cultures et autres occupations du sol : • terres cultivées, réparties en 4 classes : 312,55 ha • prés de fauche, également en 4 classes : 95.63 ha • vergers, répartis en 2 classes : 7,08 ha • vignes, également en 4 classes : 85,11 ha • bois : taillis acacias - résineux : 75,45 ha • landes et friches : 9,27 ha • jardins : 2,21 ha • chemins : 16,24 ha • terrains à bâtir : 89,24 ha Ces surfaces évoluent peu au fil des années.
Quant aux parcelles, il y en avait pléthore, avec des surfaces fort réduites. Ce morcellement s’explique par le fait que l’immense majorité des habitants de Nordheim vivait de la terre et que, succession après succession, la division des parcelles s’amplifiait. La fin de la guerre sonne le glas de cette agriculture de survie et marque l’avènement d’une ère nouvelle
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Nordheim - Sur les pentes du Stephansberg
En revanche, - et c’est une préoccupation majeure dans le monde agricole - l’extension du village ces dernières décennies, s’est opérée au détriment des surfaces agricoles. Conscient de cette érosion permanente, le conseil municipal a décidé dans le nouveau document d’urbanisme (PLU) de 2012, de freiner l’extension du village et de privilégier la réhabilitation du centre ancien. De ce fait, le village ne devrait plus évoluer sensiblement et conserver son cachet rural dans un site agréable et relativement épargné.
Arrêté de police municipale relatif à la circulation des volailles Nous, maire de la commune de Nordheim Vu l’article.16 de la loi municipale locale du 6.6.1895, Vu l’article.3 du titre XI de la loi du 16-24.8.1790 sur l’organisation judiciaire Vu l’avis du conseil municipal,
Arrêté Article 1 : Il est interdit aux habitants de la commune de Nordheim de laisser circuler librement les volailles entre le 1er avril et le 31 octobre de chaque année. Article 2 : Les infractions au présent arrêté seront constatées par des procès-verbaux et poursuivies conformément aux lois. Article 3 : Le présent arrêté sera publié et afché dans la commune. Article 4 : Tous agents de la force publique sont chargés de l’exécution du présent arrêté. Nordheim, le 25 juin 1953 Le maire, Joseph Ostermann.
Un métier disparu : berger
A
u cours des siècles, un grand nombre de métiers ont disparu. Celui de berger communal en est un exemple. Quelques-uns d’entre nous se souviennent certainement du temps où passaient dans nos rues des personnages pittoresques qui achetaient, colportaient ou vendaient tout et n’importe quoi : cirage, linge, ferraille, fil à coudre, peau de lapin… Quelques-uns aiguisaient couteaux et ciseaux, d’autres réparaient la porcelaine. Il y avait également les vanniers, les sabotiers et les ressemeleurs de chaussures. En hiver, un boucher itinérant venait tuer le cochon chez les paysans. Jusqu’au début des années 1900, il y avait dans chaque commune un métier aujourd’hui disparu, celui de berger communal. Ainsi, il y a eu à Nordheim plusieurs familles qui ont exercé cette fonction de père en fils. Les noms qui reviennent sont toujours les mêmes : les Reinmann, les Wendling, les Heitmann et les Stoll (cette dernière famille venant de Fessenheim-le-Bas). Ces pâtres communaux étaient liés par contrat à la municipalité. Ces contrats spécifiaient de manière précise les droits et devoirs du berger. Nous allons reproduire la convention qui liait Joseph Heidmann à la commune de Nordheim. Source : Jean-Marie Quelqueger.
h Deux grosses charrettes de foins tirées par quatre vaches. On reconnait Joseph Goetz au milieu, à droite Lucien Bohn et Antoine Bisch avec son vélo. Sur la charrette, deux petites têtes blondes et leur maman.
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La vie rurale
g E Eugène Wolff et Lucien Mattern viennent M dde moissonner avec une lieuse tractée u par deux chevaux p (début des années 1950).
L’agriculture En novembre 1829, le maire Hartmann produit la statistique du bétail de la commune en réponse à la circulaire du Préfet du 18 septembre 1829. Désignation du bétail
Observations
Quantité d’hectares en prairie et en luzernes, en pâturage de toutes espèces Le nombre de taureaux
d
Fenaison sur la colline pendant la Seconde Guerre mondiale (années 1940).
Des bœufs pour l’agriculture
1
Des bœufs à l’engraissement
40
Des vaches pour l’agriculture
0
Des vaches à l’engraissement
8
Des veaux
6
Des béliers
30
Des brebis
6
Des moutons
130
Des agneaux
130
Des boucs
Le fourrage est trop rare
70
Des chèvres
0 On n’en élève pas
Des chevaux
0 On n’en élève pas
Dans la même circulaire, le Préfet interroge le maire au sujet de la consommation de viande. Le maire signale que pour la consommation des habitants de la commune, on abat annuellement : Bœufs : 0 – on ne consomme que des vaches Vaches : 50 Veaux : 10 Montons : 40 Agneaux : 10
d Scène de moisson avec 2 vaches, un privilège pour les petits paysans les plus pauvres.
On remarquera que la circulaire ne pose aucune question quant au nombre de chevaux présents dans la commune.
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Nordheim - Sur les pentes du Stephansberg
h Vendanges dans la famille de Germain Weber.
Au XIXe siècle, la population augmente de manière considérable. Les surfaces plantées en font tout autant et passent de 23 000 ha en 1808 à plus de 30 000 ha vingt ans plus tard.
les progrès enregistrés dans la vinification, la limitation stricte des rendements ainsi que la production de vins de meilleure qualité ont permis un développement sensible de la viticulture alsacienne.
En 1870, une nouvelle guerre éclate. La Prusse écrase la France et annexe l’Alsace. Considéré du point de vue allemand, le vignoble alsacien est perçu à juste titre comme un vignoble méridional. Il produit énormément de vin destiné à la consommation du peuple allemand. C’est à cette époque que la surface plantée connaîtra son expansion maximale. Une surface importante qui va s’effondrer de manière rapide au moment de l’apparition du phylloxera qui provoquera une réorganisation totale du vignoble avec l’introduction de plants hybrides extrêmement productifs mais qui produisent un vin de qualité médiocre.
La création de syndicats et de structures professionnelles performantes ont permis de donner de cépages d’Alsace une image plus qualitative. La mise en marché du crémant a contribué à dynamiser et également à valoriser l’image des vins d’Alsace.
Les deux guerres mondiales pèseront également lourdement sur l’activité viti-vinicole en Alsace. Les prix sont bas et on privilégie la culture des céréales bien plus rémunératrice. Cependant, l’essor économique général, l’amélioration des conditions matérielles de la population,
Le terroir et les lieux-dits Le vigneron est connu pour être conservateur. Si on se réfère aux noms des lieux-dits, on ne peut que conrmer cette opinion. Ainsi, certains noms de bans apparaissent très tôt dans les archives. C’est le cas du Zalberg déjà mentionné en 1320. À la même époque, on signalera des vocables toujours en usage même si l’orthographe a évolué. C’est le cas du Vohenloch devenu Pfolloch et de Kireben connu aujourd’hui sous Kirchreben. Il y a également Nothaldenpfadeøqui deviendra plus simplement Nadelpfad.
La vue rurale
Les travaux au quotidien
g Dans la ferme Klein-Speich, on sort le fumier avec quatre chevaux (années 1950).
d C’es C’est estt avec cette charrette char ch arre rett ttee ett ce cheval que Joseph Bohn ramassait le lait dans le village (1946). g Cueillette du houblon dans la cour de la famille François Jaeger en 1958. Le tout dans une bonne humeur contagieuse. Même les jeunes filles participent à la récolte des pommes de terre. Marcelline et sa cousine Marie semblent fières de la tâche accomplie (1944). On remarque qu’il avait bien plu !
f
d
En route pour les champs. À gauche Paul Baehrel, au centre Thecla Bourdin et à droite, Albert Roos.
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Nordheim - Sur les pentes du Stephansberg
Remerciements À Monsieur Louis Schlaefli, À Monsieur Jean-Marie Quelqueger, À Madame Christiane Fromager-Gangloff, Pour leurs précieuses et savantes contributions à cet ouvrage. Sans eux, le projet n’aurait pu être mené à terme. Un grand merci également à Madame Claudine Heussner-Schaeffer et à Madame Alicia Feist qui ont consacré un temps précieux à la saisie des textes. Merci à Virginie Dadez, chef de projet, pour son accompagnement et son expertise. Enfin, toute notre reconnaissance envers les personnes qui ont participé à la construction de cet ouvrage par leur témoignages ou la mise à disposition de leurs photos. Mesdames Nicole Bohn, Marie-Thérèse FischerLorentz, Irène Gangloff, Marie Heydmann, Yvonne Jaeger, Marie-Odile Kieffer, Christiane Merckling-Vix, Hortense Reyser, Marie-Jeanne Stoll, Andrée Weber et Marthe Wolff.
d
Madame Alicia Feist, secrétaire de mairie.
Mesdames et Messieurs Cécile et Joseph Adam, Berthe et Gilbert Burg, Isabelle et Jean-Pierre Burg, Yvonne et Jean Champagne, Marie-Josée et Roger Cupillard, Béatrice et Pascal Diebolt, Marie Duchene et Christian Rätz, Odile et Roger Fels, Suzanne et Lucien Heydmann, Marie-Jeanne et Joseph Klein, Mariette et Gérard Klein, Marie-Paule et Laurent Klein, Marie-Odile et Martin Mattern, Liliane et Hubert Regenass, Marthe et Bernard Schaeffer-Wolff, Béatrice et Robert Scholly, Anne et Sébastien Stoll, Yvonne et René Zerr. Messieurs Albert Adam, Jean-Yves Bohn, André Haettel et Laurent Lienhart. Maurice Heydmann, maire de Nordheim.
Bibliographie • Louis Schlaefli : articles publiés dans différentes revues d’histoire et d’archéologie. • Christiane Fromager-Gangloff : Histoire économique et sociale d’un villages des confins du Kochersberg au XVIIIe siècle. • Jean-Marie Quelqueger : Revue du Kochersberg et autres publications. • Nordheim, un village qui a su garder son âme - ouvrage collectif. • Médard Barth - Der Rebbau im Elsass. • Revue du Kochersberg. • Revue d’histoire et d’archéologie de Saverne. • Archives départementales.
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NORDHEIM
C a n t o n d e Wa s s e l o n n e D’azur au buste de saint pierre à demi-corps tenant de la dextre une clef contournée et de la senestre un livre chargé d’une croix, le tout d’or. Sources : L’armorial des Communes du Bas-Rhin - Commission d’Héraldique du Bas-Rhin