Ensisheim
Un voyage dans le temps
EnSiShEim Un voyage dans le temps
12
Le mot du maire
Q
ui ne s’est jamais interrogé sur l’histoire de sa ville ? Sur ses transformations urbaines ? Son évolution au cours des siècles ? Ses commerces et ses
jardins ? Derrière ces questions, c’est également notre propre histoire que nous interrogeons, nos racines, notre patrimoine, notre identité et notre existence. En cela, se plonger dans l’histoire de sa commune, c’est comme entreprendre un fabuleux voyage à travers les époques et les styles de vies de nos ancêtres. Ce voyage, nous vous proposons de le faire en parcourant page après page l’histoire de la ville d’Ensisheim, grâce aux archives qui ont été conservées et aux mémoires qui ont été ravivées. Ensisheim a su évoluer au cours des années, grâce à ses habitants qui lui ont apporté dynamisme et vitalité. Si d’importantes transformations économiques ont modifié le paysage urbain de la commune, la vie sociale est toujours restée très forte et solidaire. C’est un témoignage de cette histoire humaine et collective qui vous est restitué à travers de nombreux documents iconographiques. Un travail méthodique et minutieux de collecte de documents a été entrepris depuis plusieurs années par de fervents acteurs de la préservation de notre mémoire collective. Des cartes postales, des photographies, des affiches, des archives et des plans vous sont proposés et commentés. Des anecdotes et des témoignages viennent également ponctuer les pages de ce recueil thématique. Que vous soyez natifs d’Ensisheim ou de passage, puisse ce livre vous réunir autour de bons souvenirs et vous émerveiller par le développement de cette commune au destin unique. Merci à toutes celles et ceux qui ont contribué à alimenter nos archives en nous apportant leurs documents avec enthousiasme et confiance. À ceux qui se sont réunis pour retranscrire fidèlement la mémoire de notre ville en effectuant un travail de fourmis. À ceux également qui ont su la mettre en mots pour nous raconter cette histoire, notre histoire, l’histoire d’une ville où chaque époque marque de son empreinte la vie d’une commune chère à ses habitants. Michel Habig, maire d’Ensisheim.
13
ensisheim Un voyage dans le temps
i Les origines L’archéologie et Ensisheim
16
Des siècles d’Histoire à Ensisheim, ancienne capitale siège de la Régence
22
La météorite, cette étoile qui choisit Ensisheim comme point de chute
25
Ensisheim à travers l’Histoire
29
Ensisheim frappe monnaie
33
ii Ensisheim subit les violences des conflits guerriers La Révolution
36
La période napoléonienne et le XIXe siècle
39
La guerre de 1870 : le patriotisme des Ensisheimois
42
La Première Guerre mondiale (1914-1918)
43
La Seconde Guerre mondiale (1939-1945)
55
La guerre d’Indochine
74
La guerre d’Algérie
74
Destins tragiques
77
iii La vie agricole L’agriculture du XIXe siècle à nos jours
78
L’eau
86
Le château d’eau
92
Les forêts sur le ban d’Ensisheim
94
iV La vie économique
© Frédéric Godard.
Les commerces au XXe siècle
14
96
Les artisans au XXe siècle
104
Bistrots, cafés et restaurants
110
Table des matières V La vie communale Les maires d’Ensisheim
iX La vie religieuse 114
Personnages célèbres nés à Ensisheim ou visiteurs d’Ensisheim
116
La santé à Ensisheim
122
Histoire et chronologie du monument aux morts 126 Les ponts d’Ensisheim en images
130
Vi L’industrie Les Mines de Potasse d’Alsace
134
Les Établissements Émile Sautier, fleuron de l’Industrie métallurgique à Ensisheim
143
De nouveaux habitants à Ensisheim
144
THK
149
La maison centrale
151
Le tramway ligne 11 Mulhouse-Ensisheim
159
La tuilerie
163
Vii La vie associative Le Football Club d’Ensisheim (FCE)
166
La société de gymnastique Elisatia
168
Bangalas - association Saint-Martin section de gymnastique
176
La musique municipale d’Ensisheim
180
Histoire du centre de secours des sapeurs-pompiers d’Ensisheim
181
Les conscrits en images
186
Saint-Martin, l’église paroissiale
196
La chapelle Saint-Jean-Baptiste
206
La chapelle du cimetière Saint-Martin
207
La chapelle Saint-Erhard
210
La chapelle Sainte-Thérèse
211
Prêtres ayant exercé à Ensisheim
212
Quatre congrégations de sœurs à Ensisheim
214
X Ensisheim, d’hier à aujourd’hui
218
Xi Ensisheim en poésie Anse Zweisproochig – Ensisheim (bilingue)
240
Im F. C. Ansa Football Club Ensisheim, champion d’Alsace 1945-1946
241
170 Johr ufem wahl 170 ans sur les remparts
242
Ah ! que l’Alsace est belle
243
Xii Cartes postales d’Ensisheim
244
Viii La vie scolaire Les photos de classe en images
188
Les écoles et le collège
193
15
Les origines
I
1 L’archéologie et Ensisheim La topographie Située géographiquement à une quinzaine de kilomètres au nord de Mulhouse, la ville d’Ensisheim s’est établie sur la rive droite de l’Ill, sur une terrasse alluviale formée d’ouest en est par trois formations géologiques différentes : le cône de déjection de la Thur, les terres fertiles de l’Ill et la terrasse aride de la Hardt rouge. La prédominance des cours d’eau (Ill-Thur) et les constituants géologiques des sols (Lehm-Lœss) ont très favorablement contribué à l’implantation humaine en ces lieux.
Crâne avec double trépanation datant de 5 000 ans av. J.-C.
La civilisation rubanée 5 000 ans av. J.-C.
Cette présence humaine nous est d’ailleurs confirmée par les récentes découvertes de deux
sites
préhistoriques
(Néolithique
Ancien), appartenant tous deux à la Civili-
Squelette d’enfant datant de 5 000 ans av. J.-C.
sation de la Céramique Rubanée.
La civilisation néolithique de la céramique
d’Ensisheim, grâce, il est bon de le préciser,
Originaire d’Europe Centrale, cette civilisa-
avaient été généreusement livrés des camions
tion, importatrice de leurs techniques agri-
de terre provenant de ce chantier distant de
coles, de l’élevage (domestication du bœuf, du
8 kilomètres.
porc, du mouton, de la chèvre), de leur type d’habitat et de leurs rites funéraires, a essaimé le nord de la France (Armorique exceptée) à partir du V e millénaire avant notre ère.
à quelques tessons recueillis sur la base aérienne 132 de Colmar-Meyenheim où
Les fouilles de sauvetage, déclenchées inextremis par cette heureuse collecte allaient être à l’origine de la découverte, à la fois d’un village néolithique danubien et d’une
L’appellation rubanée leur a été attribuée du
petite agglomération carolingienne. Cette
fait que le ruban ou la spirale constitue le
station rubanée s’étend sur une légère butte
thème principal de décor reproduit sur leurs
lœssique, enserrée aujourd’hui entre le canal
poteries. Précisons que cette céramique est la
dit “Quatelbach” et la RN 422, au lieu-dit
première à avoir été introduite par l’homme
“les Octrois”, faubourg sud d’Ensisheim.
en Alsace. Au cours de leur longue migration, certains groupes, il y a plus de 6 000 ans, découvrirent ici, au sud d’Ensisheim, plus précisément au lieu-dit les “Octrois et Ratfeld”, les conditions favorables (présence de terres fertiles à proximité de cours d’eau) les prédisposant à une sédentarisation qui, au vu des témoins archéologiques recueillis sur ces sites, permet de déterminer une occupation s’étendant sur près d’un millénaire.
La fouille de ce site exceptionnel a livré un matériel céramique abondant et particulièrement riche dans la variété des formes et décors, s’intégrant dans les quatre phases chronologiques d’occupation danubienne. Cette longue occupation s’affirme par la présence d’une vingtaine de fosses, riches en matériel en pierre et osseux appartenant au rubané ancien, moyen, récent et final (exposé et conservé au Musée historique de la ville de Mulhouse).
Le site rubané des “Octrois ”
À cela s’ajoutent six sépultures d’accroupis, partiellement détruites par les profonds travaux de décapage. Parmi ces sépultures,
Ce site a été découvert fortuitement en 1977,
un squelette d’enfant prélevé intact de son
à l’occasion des travaux d’aménagement des
milieu naturel est aujourd’hui exposé au
nouvelles installations horticoles de la ville
musée d’Ensisheim.
Les origines
17
ensIsheIm ensisheim Un voyage dans le temps
L’époque carolingienne
(Riedisheim) par Joël Schweitzer. Certaines
La fouille du site rubané “les Octrois” (1977
de silos creusés dans le lœss, l’une d’entre
et 1984) a mis en évidence à l’emplacement
elles contenait un ample four de potier.
des huttes danubiennes, tout un ensemble
La fouille de l’ensemble de ces fonds de
d’un village carolingien qui totalise actuelle-
cabanes a livré très peu de céramique. En
ment trente-sept cabanes quadrangulaires de
revanche, certains indices relevés en cours
type “maison-fosses”.
de fouille suggèrent une destruction brutale de
Entaillés dans le lœss, ces fonds de cabanes
ce village, imputée aux invasions hongroises.
accusent des dimensions moyennes de 3,20 mètres sur 2,40 mètres. Leur mode de construction à quatre poteaux d’angles paraît caractéristique du VIII e siècle et constitue une évolution du type retrouvé à Leibersheim
de ces cabanes étaient pourvues de fours ou
Parallèlement au très intéressant village mérovingien de Leibersheim localisé sur les coteaux de Riedisheim, l’agglomération carolingienne d’Ensisheim demeure sans conteste l’une des plus importantes d’Alsace. Les résultats positifs de récentes prospections de surface, réalisées à l’ouest de cette agglomération carolingienne (printemps 1985), nous permettent d’entrevoir une extension probable de celle-ci, ce qui constituerait historiquement l’origine de création du “vieux Ensisheim” d’autrefois.
Céramique carolingienne (cruche tréflée), les Octrois, Ensisheim. © Musée historique de Mulhouse.
Vue d’ensemble des structures carolingiennes, les Octrois, Ensisheim. © Georges Mathieu, 1984.
24
3 La météorite, cette étoile qui choisit Ensisheim comme point de chute Les conditions de la chute de la météorite
Quand la pierre fut trouvée, elle gisait à un mètre
d’Ensisheim nous sont bien connues, retracées
de profondeur dans le sol, comme si Dieu avait
par divers documents et imprimés. Le plus
voulu qu’on la trouve. Et si le bruit s’est entendu
précieux est un manuscrit de la Bibliothèque
jusqu’à Lucerne et Villingen, il fut si fort dans
Nationale et Universitaire de Strasbourg, qui
certains villages, que les gens crurent que des
relate les faits suivants :
maisons s’étaient écroulées.
“En l’An de Grâce 1492, le mercredi d’avant la
Plus tard, le lundi d’après la Sainte-Catherine,
Saint-Martin, le 7 e jour de novembre, se produi-
(26 novembre 1492), la même année, quand
sit un étrange miracle. Ce jour-là donc, entre la
le roi Maximilien vint ici, sa Majesté Royale
11 e et la 12 e heure survint un grand coup de
fit porter la pierre, récemment tombée, dans le
tonnerre et un long vacarme qu’on entendit loin
château, et lorsqu’on l’eut transportée là-dedans,
à la ronde, puis une pierre de 260 livres tomba
sa Majesté en éprouva beaucoup de plaisir et en
des airs sur le ban d’Ensisheim. Et le bruit
parla longuement avec les gens. Il dit que ceux
fut beaucoup plus fort ailleurs qu’ici. Un jeune
d’Ensisheim devaient la prendre et l’emmener
garçon vit s’abattre dans un champ de blé vers le
dans l’église pour l’y suspendre, et qu’il ne fallait
bois situé vers le Rhin et l’Ill près du Gissgang, et
laisser personne en abattre des morceaux. Mais sa
ceci sans faire de mal à l’enfant. Quand le Conseil
majesté en prit quand même deux fragments, un
l’apprit, il se rendit sur place et beaucoup de mor-
qu’il garda pour lui-même, et l’autre qu’il destina
ceaux en furent détachés, ce que le bailli interdit
à l’archiduc Sigismond d’Autriche. Et comme il
ensuite. Il fit amener la pierre dans l’église où on
en avait été décidé, on suspendit la pierre dans
devait la garder, car étant une chose merveilleuse,
le chœur de l’église où elle est encore toujours
et beaucoup de gens vinrent de partout la voir,
accrochée. Et beaucoup de monde vint encore la
et on raconta aussi beaucoup de choses curieuses
contempler”.
au sujet de cette pierre. Les savants eux-mêmes disaient qu’ils ne savaient pas ce dont il s’agissait et qu’une telle pierre tombant du ciel serait quelque chose de surnaturel. Il s’agirait plus sûre-
Météorite tombée aux portes d’Ensisheim le 7 novembre 1492.
ment d’un signe divin dont on n’a jamais auparavant vu, lu ou décrit quelque chose de ressemblant.
Les origines
25
ensIsheIm Un voyage dans le temps
Si le plus beau des documents est la Chronique de Lucerne, les plus extraordinaires sont les imprimés sortis de presse quelques semaines à peine après la chute et rédigés par Sébastien Brandt. Ce sont ses fameuses “lettres volantes” (Flugschrifft) qui utilisent le phénomène d’Ensisheim à des fins tout autres que scientifiques.
Tableau de la chute de la météorite du peintre D. Schilling dans la chronique du journal suisse de Lucerne en 1513.
Anecdote sur la météorite d’Ensisheim Suite à une demande, je soussigné Henri Furstenberger certifie exact ce bref récit d’un petit fait vécu, curieux et peu connu qui s’est passé au palais de la Régence où se trouvait alors la mairie. C’était le mercredi 19 octobre 1949, le matin après 11 heures étant directeur de l’école, j’avais obtenu pour ce jour-là un rendez-vous avec Monsieur le Maire Albert Gross pour régler un problème de matériel scolaire. À mon arrivée, il se trouvait dans la grande salle de la Régence avec une personne observant la météorite. Quand il me vit, il m’appela pour me demander de servir d’interprète, car il ne comprenait pas la jeune dame qui ne s’exprimait qu’en anglais. Elle était une militaire américaine et elle me dit qu’elle venait de Düsseldorf pour voir notre météorite, car elle avait une mission, alors, elle donna à lire une lettre provenant du “Museum of Massachussetts” et signée par le “Director”. En voici, traduite texto, la phrase essentielle : “Vous êtes maintenant en Allemagne. Profitez de cette chance d’être en Europe pour faire des voyages et n’oubliez pas surtout d’aller en France dans la ville d’Ensisheim. Là se trouve la célèbre météorite dont nous n’avons ici qu’un petit fragment, faites le possible pour nous l’amener dans notre musée”. En entendant cette dernière phrase Monsieur le maire éclata de rire. La réponse négative attrista la militaire américaine. Copie-témoignage pour la confrérie des gardiens de la météorite.
28
4 Ensisheim à travers l’histoire Le Moyen Age Après le partage de l’Empire de Charlemagne, Ensisheim se trouva en 843 en Lotharingie, puis en 870 en Germanie. À la tête du Comté d’Alsace siégeaient des descendants des Etichonides (Etichon premier Duc d’Alsace, père de Sainte-Odile), les comtes d’Eguisheim, la famille du futur pape Léon IX (1048). Les Comtés devinrent des Landgraviats avec comme chef-lieu Haguenau pour le Nordgau et bientôt Ensisheim pour le Sundgau. La dynastie des Carolingiens étant dans le déclin, les Empereurs germaniques devinrent puissants. Othon défendit l’occident contre les Normands et les Hongrois et créa en 962 le Saint-Empire Romain Germanique dont Ensisheim allait faire partie jusqu’en 1648.
Siège d’Ensisheim par Louis de Bavière au XIVe siècle.
L’Alsace de Sébastien Münster, datant de 1544. Source : Bibliothèque Universitaire de Strasbourg.
Les origines
29
Les violences des conflits guerriers
II
1 La Révolution
E
n 1789, Ensisheim participa au mouvement révolutionnaire.
Le 28 juillet, les bourgeois élus, réunis à l’hôtel de ville, proclamèrent les réformes.
La période révolutionnaire (1789).
Les “assignats”, papier faisant fonction de monnaie le temps de la Révolution française.
Le 30 août, ils formèrent une milice natio-
En 1794, les cultes religieux furent interdits.
nale qui devait prêter main-forte à la nouvelle
La même année, le 9 messidor (29 juin) le
administration pour l’exécution des décisions.
Comité du Salut Public fit arrêter le Conseil
Le commandement était confié à Monsieur
municipal et le fit conduire à la prison de
le Baron de Cointet pour quatre compagnies
Colmar. La dénonciation ayant été reconnue
de fusiliers et un de grenadiers, au total envi-
calomnieuse, il fut libéré le 22 vendémiaire
ron 160 hommes.
(13 octobre) et put reprendre ses fonctions.
En 1790, les revenus de la ville restèrent nombreux, formés de perceptions sur le vin, le sel,
C’était l’époque de la Terreur. Dès mars 1795, les cultes reprirent.
les Octrois, les amendes, le péage, le droit de
Pendant les guerres de la Révolution et de
bourgeoisie, de manance, de réception des
l’Empire, les nombreux passages de troupes
étrangers, les loyers des jardins communaux,
vers le Rhin n’enrichirent que quelque peu
de la tuilerie, des moulins – supérieur et hors
la ville mais lui amenèrent aussi des blessés,
la ville – le produit du foulon du moulin, la
des malades, des prisonniers tous casés dans
blanchisserie, la glandée, des coupe de bois,
l’ancien collège de jésuites qui d’ailleurs
plus les revenus des villages de Ruelisheim
tomba lentement en ruines ; il contenait 259
et en partie d’Ungersheim, qui dépendaient
lits isolés et 187 lits pour 2 personnes.
de la ville. Le 19 novembre 1793, la municipalité décide de faire démolir toutes les croix : celles du cimetière et celles du chemin de croix vers la léproserie. Trois des cinq cloches d’Ensisheim furent fondues ainsi que des vases d’or et d’argent…
Les violences des conflits guerriers
37
La vie agricole
III
1 L’agriculture du XIXe siècle à nos jours
S
i aujourd’hui nous connaissons une agriculture moderne, sur de grandes superficies, avec des grands
rendements, il n’en était pas de même au XIXe et dans la première moitié du XXe siècle. Deux remembrements successifs à partir des années 1950 ont eu raison d’un parcellaire pléthorique, résultant pour l’essentiel des partages de terres entre les enfants par le biais des héritages. Il était devenu impossible de cultiver l’ensemble des terres agricoles avec les méthodes anciennes devenues désuètes. La traction animale pour les travaux des champs (chevaux, voire bœufs) demandait beaucoup de temps et d’énergie et cela pour des rendements faibles n’assurant plus la pérennité des exploitations.
Scène de vie rurale “des fenaisons” dans les années 1900.
Il était devenu urgent de moderniser pour subsister. Le résultat de cette modernisation est flagrant : la monoculture du maïs se déve loppa très largement avec des rendements re marquables. La diminution des exploitations
Jeanne Brun, dernière bergère d’Ensisheim, faisant paître ses moutons. Elle est décédée en octobre 2015.
en a été la conséquence à la fin du XXe siècle. Sur environ 70 familles qui vivaient exclusi vement de leur terre, il en subsiste moins d’une dizaine, soit environ 7 % en ce début de XXIe siècle.
Entreprise de battage Schmitt, avenue Foch.
Scène de battage à la ferme Goeb, aux Octrois. On reconnaît Lucien Schmitt et la famille Jean-Baptiste Goeb dans les années 1950.
Scène de battage. Vie paysanne “la basse-cour”.
La vie agricole
79
La vie économique
IV
A
u début du XXe siècle, les habitants d’Ensisheim ne manquaient de rien, vu le nombre important de
commerces, d’artisans, d’auberges, de bistrots et de restaurants. On décomptait alors six boucheries-charcuteries, neuf petites épiceries, quatre boulangeries et deux quincailleries. Les artisans travaillaient le fer, le bois, le tissu et le cuir. N’oublions pas les deux horticulteurs ainsi que les vingt-deux auberges, bistrots et restaurants. On trouvait tout à Ensisheim. En ce début de XXIe siècle, il ne reste plus qu’une boucheriecharcuterie, trois boulangeries, un horticulteur, et les auberges, bistrots et restaurants ne sont plus que neuf. Il n’y a plus d’épicerie ni de quincaillerie. Les grandes surfaces, les superettes et bien d’autres raisons ont bouleversé la raison d’être de ces nombreux petits commerces de proximité.
Carte postale datant de 1903 avec sur la gauche l’hôtel-restaurant La Couronne. On remarque que le bâtiment était divisé en deux parties à gauche le café Meyer et à droite La Couronne plus tard réunies en une entité. En médaillon, on voit sur le haut une partie de la rue Jacques Baldé et sur le bas le jardin d’été de La Couronne, aujourd’hui disparu.
1 Les commerces au XXe siècle Épicier - Tabac Albert Kieffer, né le 18/11/1904 1, Grand’Rue actuellement Est Fleurs (SARL), rue de la 1re Armée Boucherie-charcuterie Louis Burck, né le 01/04/1895 2, Grand’Rue puis charcuterie Fritsch puis boucherie-charcuterie Antoine Schmidlin - 2, rue de la 1re Armée Pâtisserie Raymond - 6, Grand’Rue
Pâtisserie Raymond, plus tard Selmersheim, rue de la 1re Armée.
enregistré le 15/06/1936 nouvel enregistrement 15/04/1940 puis pâtisserie Fernand Selmersheim début d’exploitation 01/05/1947 ouverture du salon de thé à partir du 01/01/1956 puis Boulangerie À l’ancien temps
Droguiste Alfred Zumbiehl - rue des Remparts Cycles - articles de pêche Jean Ponta - 4, rue des Remparts Eco épicerie • Henri • puis
Fidèle Mathis, né en 1901
André-Lucie Nehr
puis tabac-presse Selin - 2, rue des Remparts Magasin laine - mercerie Jeanne Wermelinger - 30, rue des Remparts début activités 25/09/1930 fin des activités fin années 1950
Boucherie Jost puis Jenny, actuellement Le Bœuf Rouge, accolée à l’ancienne école des filles, qui est aujourd’hui la mairie. La photographie date du 10 novembre 1918.
La vie économique
97
La vie communale
V
1 Les maires d’Ensisheim Jean-Baptiste Brestch
1792-1803
François-Pierre Dernois
1803-1804
Félix Stirnemann
1805-1811
Baron de Filain de Cointet
1811-1815
Dominique Biehler
1815-1822
De Wradigant
1822-1835
Jacques-Frédéric Titot
1835-1843
Xavier Schlienger
1843-1848
Frédéric-Auguste Titot
1848-1848 conseiller général
Ignace Meyer
1848-1851 conseiller général
Dr Jean-Baptiste Dangel
1851-1880
Xavier Mossmann
1881-1908
Ignace Roth
1908-1914
Jacques Gautier
1914-1914
Dr Édouard Mossmann
1914-1914
Léon Peter
1914-1919
D Édouard Mossmann
1919-1921
Joseph Fricker
1921-1925
Émile Hasselmann
1925-1929
r
Joseph Gullung
1929-1935 député - conseiller général
Joseph Schwartz
1935-1938
Émile Hasselmann
1938-1940
Joseph Gullung
1940-1942
Édouard Mader
1942-1944
Lucien Reinhart
1945-1945
© Frédéric Godard
Lithographie du Palais de la Régence et Conseil souverain au XV e siècle.
L’Hôtel de ville, aujourd’hui.
M. Graff est le premier maire élu démocratiquement après la période d’annexion par les nazis. Les deux maires précédents ont été, de 1942 à fin 1944, Édouard Maeder qui a occupé ce Auguste Graff
1945-1947
Albert Gross
1947-1959
Fernand Selmersheim
1959-1971
Pierre Rapp
1971-1983
Eugène Spiess
1983-1983 conseiller général
Louis Egloff
1983-1988 conseiller général
Guy Paris Vincent Birr Michel Habig
1988-1989
poste arbitrairement par la grâce de l’occupant. De fin 1944 à début 1945, la place de maire fut vacante (combats de la Libération).
Auguste Graff.
Puis, après la Libération, Lucien Reinhart fut nommé “maire de la Libération” par les Forces françaises de l’intérieur (SFI) en attendant les premières élections officielles à l’automne 1945.
1989-1995 conseiller général
Auguste Graff fut le premier maire élu libre-
depuis 1995 député - conseiller général
thèse de la période trouble de la Seconde
ment par les habitants et fermant la parenGuerre mondiale.
La vie communale 115
ensisheim Un voyage dans le temps
2 Personnages célèbres nés à Ensisheim ou visiteurs d’Ensisheim Louis XI
le quatrième et dernier duc de Bourgogne de
Louis XI dit le Prudent est né le 3 juillet 1423
Téméraire a également séjourné à Ensisheim
à Bourges, mort le 30 août 1483 au château
où il a organisé une grande revue de ses
de Plessis-Lès-Tours (Indre et Loire). Il fut roi
troupes après avoir fêté Noël 1473 à Brisach.
de France de 1461 à 1483. La ligne directrice
Il en profita pour confirmer les mesures de
de sa politique fut le renforcement de l’auto-
rigueur prises contre les villes alsaciennes par
rité royale contre les grands féodaux. Alors
le Landvogt Peter von Hagenbach.
la branche des Capétiens – Valois Charles le
qu’il était encore le dauphin du roi Charles VII son père, ce dernier le charge de mener hors du royaume les bandes de routiers appelés aussi les écorcheurs. Il utilise ses compagnies d’armes laissées sans solde, qui vivaient de rapines à son service. Il les conduisit en Suisse et il remporta, le 26 août 1444, la victoire de Pratteln puis se dirigea contre Bâle où se tenait un concile ou l’antipape Félix V Louis XI.
avait été élu. Le Dauphin (futur Louis XI) fut nommé protecteur de l’église par le pape Eugène IV. Il regagna la Haute-Alsace et le 5 septembre 1444 s’établit à Ensisheim. À cette occasion, il négocia le traité dit d’Ensisheim, conduisant à la paix le 26 septembre. Le 7 octobre 1444, il est blessé d’une flèche au siège de Dambach.
Charles le Téméraire Charles de Valois Bourgogne dit le Téméraire. Né à Dijon le 10 ou 11 novembre 1433 mort le 5 janvier 1477 à Nancy. Après Philippe II le Hardi, Jean sans peur et Philippe III le Bon,
Charles le Téméraire.
116
Charles le Téméraire reçoit à Ensisheim une délégation du canton de Berne qui plaide en faveur de la ville de Mulhouse que le duc veut soumettre par la force. Le duc se tient sous un baldaquin orné de l’emblème de la toison d’or, la délégation suisse est à genoux et Pierre de Hagenbach se tient à côté du duc.
Jean Rey.
Louis XIV Né à Saint-Germain en Laye en 1638, roi de France de 1643 à 1715, fils de Louis XIII et d’Anne d’Autriche. L’Alsace a été réunie à la France par le traité de paix signé le 24 octobre 1648 en Westphalie. Elle était, jusqu’au traité, une unité géo-
Jean Rey - Saint Fidèle de Sigmaringen Jean Rey (le fils) naquit en 1577 à Sigmaringen-Principauté de Hohenzollern dans le sud de l’Allemagne.
graphique menée par une mosaïque de seigneuries laïques et ecclésiastiques relevant de l’Empire mais presque indépendante. Les terres des archiducs d’Autriche y occupaient une grande place. Louis XIV, souhaitant établir sa domination en Alsace, décida de créer non pas un parle-
Son père Jean Rey et sa mère Geneviève de
ment comme dans les autres provinces fran-
Rosenberg, nobles et catholiques, lui donnè-
çaises mais un conseil souverain. Crée en sep-
rent une éducation digne de ces deux titres.
tembre 1657, le conseil n’entrera en fonction
Il fit ses études d’avocat à Fribourg en Brisgau,
qu’en 1658 à Ensisheim à la suite des lettres
se rendit en 1609 à Colmar pour perfection-
dépendantes du roi du 26 septembre.
ner ses fonctions de magistrat et fut nommé
Louis XIV.
en 1611. Avocat et conseiller à la cour de justice d’Autriche à Ensisheim, il s’occupa spécialement des indigents, ce qui lui valut le titre d’avocat des pauvres. Néanmoins, sa droiture le poussa à renoncer très vite au barreau et à s’engager chez les capucins sous le nom de Fidèle. Il fut : ~ nommé prêtre à Constance en 1612 ; ~ prédicateur prestigieux et très convaincant au point que les Calvinistes l’assassinèrent le 24 avril 1622 ; ~ béatifié en 1729 par le Pape Benoît XIII et canonisé en 1746 par le Pape Benoît XIV. Aujourd’hui, Saint Fidèle de Sigmaringen est le Saint patron de la Communauté de paroisses sur Ill et Thur regroupant Ensisheim, Meyenheim, Munwiller et Réguisheim.
La vie communale 117
La vie associative
VII
1 Le Football Club d’Ensisheim (FCE)
L
e Football Club d’Ensisheim vit le jour en 1930, grâce à une bande de copains, dont les frères Burglin ainsi
que les dirigeants Jean Bastuck, Armand Beck, Alphonse Bœtsch, Rémy Frantz et Issenlor, avant de former une véritable équipe de football. Par ailleurs, de nombreux joueurs pratiquaient la gymnastique au sein de la société Elisatia. Le FCE gravit vite les échelons du championnat départemental mais cet élan fut freiné par l’incorporation de force et la Seconde Guerre mondiale.
Pendant la saison 1952-1953 en finale pour le titre de Champion d’Alsace de la promotion d’Honneur, l’équipe joue face au FC Bischwiller sur le terrain neutre de Schiltigheim. Résultat : 2 à 1 en faveur des bas-rhinois. Les deux équipes sportivement associées sur la photo, chaque joueur étant côtoyé par un adversaire. On reconnaît les joueurs d’Ensisheim à leurs maillots plus clairs avec un col en V blanc. Debout de gauche à droite : Edmond Haensler, André Scholtz, Kuhn, André Schmitt, Pierre Wilhelm (et entre eux Lucien Muller, futur titulaire de l’équipe de France et des clubs du RC Strasbourg, du Real Madrid et de Barcelone) et Paul Heyer. Accroupis : Pierre Biehler (le valeureux capitaine), Henri Zabinsky (futur joueur professionnel à Sochaux), Robert Fretz, Zechu Zabinsky et Wosniack.
Les hostilités terminées, tout ce monde se
cette époque contre L’ASCA Wittelsheim ?
retrouva au stade de l’Ill (rue Boëllmann)
Plus de 1 000 spectateurs au stade de l’Ill,
et le siège et les vestiaires se trouvèrent au
Staffelfelden - Wittenheim - Bollwiller. En
restaurant Hurst (Ville de Mulhouse) en face de
1958, Ensisheim rétrogradait en promotion,
la prison. Très vite, le FCE monta en première
et sous la présidence de Paul Hestin puis,
division régionale. Il fut sacré champion
Raymond Rittimann connut encore pendant
d’Alsace au stade de Ribeauvillé contre
de longues années de glorieuses périodes.
l’équipe bas-rhinoise de Niederbronn à
Notons encore qu’au moment où le restau-
l’issue de la saison 1949-1950 et accéda en
rant Hurst retrouvait sa place sur les bords de
promotion fraîchement créée. On se sou-
l’Ill, les vestiaires étaient installés au restau-
vient des joueurs de cette époque comme
rant de La Couronne, avant la construction du
Zimmerlé, Staub, Deybach, Rapp, Biehler,
club-house sur le site même du stade. Le FCE
C. Zabinski, Klekotta, Ferro, Ambiehl, Muller
faisait évoluer durant toutes ces années des
et C. Goriseck. Championne du Haut-Rhin
équipes de jeunes dans toutes les catégories
de la promotion à la fin de la saison 1952-
d’âge. La plus notoire était l’équipe junior de
1953, l’équipe d’Ensisheim rencontre sur le
la saison 1952-1953 qui n’a été éliminée de
terrain neutre de Schiltigheim le champion
la coupe d’encouragement qu’en demi-finale
bas-rhinois de Bischwiller avec ses vedettes
par l’US Wittenheim et qui donna de nom-
Lucien Muller et Paco Mathéo.
breux joueurs en équipe première (Gérard
La rencontre fut perdue par 2 buts à 1 mais ponctuée par la montée en division d’honneur
L’équipe 1 du Football Club d’Ensisheim, saison 1970-1971. De gauche à droite : Debout : Richard Ermel, Erwin Janski, Lucien Dickele, Jean-Paul Aubert, Gilbert Gaba et Claude Tugler. Accroupis : Jean-Claude Muller, Michel De Angeli, Jean-Louis Wittig, Rodolphe Krychowski et Robert Rothenbourger.
Rittimann, Claude Fricker, Robert Fretz et Roger Muller).
régionale. L’équipe y fit bonne figure pendant
Ce n’est qu’en 2011 que le FCE fut doté d’un
trois saisons. Elle fut présidée par Jean
stade moderne. Gageons que les générations
Bastuck ; le comité était composé de MM.
futures prendront exemple sur leurs glorieux
Muller, Diebold, Syren, Hurst et par les diri-
aînés, et feront à nouveau triompher les
geants Kulessa, Weber, et Ochs. Qui ne se
couleurs du FCE.
souvient pas des fameux derbys miniers de
La vie associative 167
Cartes postales d’Ensisheim
XII
Carte polychrome datée du 26 août 1897. Salutations d’Ensisheim présentant les vieilles maisons des remparts, le Palais de la Régence, la grande salle du Palais et l’Hôtel de la Couronne.
Carte polychrome rosacée datée du 30 juillet 1898. Salutations d’Ensisheim présentant la prison et le bâtiment cellulaire, une vue de la prison au centre-ville, l’église Saint-Martin et l’Hôtel de la Couronne.
Le 80e anniversaire de la création du corps des sapeurs-pompiers d’Ensisheim le 17 mai 1908. Salutations de la fête de la Corporation des sapeurs-pompiers d’Ensisheim, arrondissement de Guebwiller.
Trèfle à quatre feuilles présentant le Palais de la Régence, la prison, l’Hôtel de la Couronne et la gare.
Cartes postales d’Ensisheim 245
ENSISHEIM
Canton d’Ensisheim De gueules à la fasce d’argent. Sources : L’armorial des Communes du Haut-Rhin - Commission d’Héraldique du Haut-Rhin